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Carnet de voyage au Japon : DES SOURIS ET DES LIVRES par Geneviève Patte Au Japon, pays industrialisé par excellence, la littérature enfantine vivrait-elle ses derniers beaux jours ? Des Japonais, tournés vers leur histoire, et celle des autres, se posent la question. En 1978, Geneviève Patte nous avait déjà parlé de l'art des livres japonais pour enfants à l'occasion d'une exposition au centre Pompidou*. Aujourd'hui, c'est son voyage au Japon qu'elle raconte. L es signes du Zodiaque semblent habi- tués à porter depuis toujours de ma- gnifiques kimonos de fête. Les moineaux portent allègrement les costumes du théâtre Kabuki. On rencontre aussi beaucoup de chats absorbés dans les tâches ménagères. Mais les personnages les plus importants sont certainement les souris. Je suis au Musée Teien à Tokyo dans une maison du plus pur style art-déco, construite par un architecte français. Dans les différen- tes pièces de cette belle maison d'habitation se tient l'exposition « Les livres pour enfants au Japon de 1600 à 1900 », organisée à l'occasion du Congrès international de l'Ibby. C'est là que je découvre de nouveaux aspects du livre japonais pour enfants. Avant même l'ouverture de la bibliothèque de Clamart en 1965, une amie japonaise m'a fait aimer son pays. Elle m'a fait connaître le meilleur de l'édition japonaise, des éditeurs, des artistes, des critiques litté- raires, des bibliothécaires. J'ai découvert à distance avec elle un Japon passionnant dans sa diversité. Elle a présenté aux enfants de Clamart l'art de l'origami. Ensemble ils ont célébré la « fête des garçons » et la « fête des filles ». Elle leur a fait connaître les kamishibai, cette sorte de petit théâtre de carton que des éditeurs français ont ainsi découvert et se sont mis ensuite à éditer. Avec ses amis artistes, j'ai découvert l'art de ce pays ; mais aussi, paradoxalement, ces Japonais m'ont fait goûter certains aspects de la culture occidentale à travers le regard sympathique et ouvert qu'ils savent porter sur notre monde. (*) Revue des livres pour enfants, n°64, décembre 1978, toujours disponible à la Joie par les livres (France : 17 F, pays étrangers : 20 F, par avion : 25 F). 40 /LA REVUE DESLIVRES POUR ENFANTS

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Carnet de voyage au Japon :

DES SOURISET DES LIVRES

par Geneviève Patte

Au Japon, pays industrialisé par excellence, la littérature enfantinevivrait-elle ses derniers beaux jours ? Des Japonais, tournés vers leur histoire,

et celle des autres, se posent la question.En 1978, Geneviève Patte

nous avait déjà parlé de l'art des livres japonais pour enfantsà l'occasion d'une exposition au centre Pompidou*.

Aujourd'hui, c'est son voyage au Japon qu'elle raconte.

L es signes du Zodiaque semblent habi-tués à porter depuis toujours de ma-

gnifiques kimonos de fête. Les moineauxportent allègrement les costumes du théâtreKabuki. On rencontre aussi beaucoup dechats absorbés dans les tâches ménagères.Mais les personnages les plus importantssont certainement les souris.Je suis au Musée Teien à Tokyo dans unemaison du plus pur style art-déco, construitepar un architecte français. Dans les différen-tes pièces de cette belle maison d'habitationse tient l'exposition « Les livres pour enfantsau Japon de 1600 à 1900 », organisée àl'occasion du Congrès international de l'Ibby.C'est là que je découvre de nouveaux aspectsdu livre japonais pour enfants.

Avant même l'ouverture de la bibliothèque

de Clamart en 1965, une amie japonaisem'a fait aimer son pays. Elle m'a faitconnaître le meilleur de l'édition japonaise,des éditeurs, des artistes, des critiques litté-raires, des bibliothécaires. J'ai découvert àdistance avec elle un Japon passionnantdans sa diversité. Elle a présenté aux enfantsde Clamart l'art de l'origami. Ensemble ilsont célébré la « fête des garçons » et la« fête des filles ». Elle leur a fait connaîtreles kamishibai, cette sorte de petit théâtrede carton que des éditeurs français ont ainsidécouvert et se sont mis ensuite à éditer.Avec ses amis artistes, j'ai découvert l'artde ce pays ; mais aussi, paradoxalement,ces Japonais m'ont fait goûter certainsaspects de la culture occidentale à traversle regard sympathique et ouvert qu'ils saventporter sur notre monde.

(*) Revue des livres pour enfants, n°64, décembre 1978, toujours disponible à la Joie par les livres(France : 17 F, pays étrangers : 20 F, par avion : 25 F).

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Nezumi no sôshi : l'histoire de la souris (Suntory Muséum Collection).

Une longue histoire

Et maintenant, je suis à Tokyo au milieude trois siècles d'histoire du livre pourenfants : une exposition unique par la qualitédes œuvres présentées, mais aussi par cequ'elle nous fait découvrir de la très anciennetradition du livre pour enfants au Japon. LeJapon qui peut sans doute s'enorgueillird'avoir dans ce domaine l'histoire la pluslongue et la plus riche.Le catalogue (consultable à la Joie par leslivres) m'aide à resituer ces trois siècles dansune histoire qui remonte au moins au débutdu XI0 siècle.

C'est bien d'une littérature explicitementpour enfants — « pour femmes et enfants »— qu'il s'agit, et non d'une littératurepopulaire au sens traditionnel du mot.

Au début du XI0 siècle dans Les dits deGenjiiu s'exprime déjà avec beaucoup definesse la problématique du choix de livresà l'intention des enfants. Plusieurs passagesde ce « Proust japonais » sont consacrés auxrapports que les enfants entretiennent avecles livres — texte et illustration ; on y trouveen particulier de longues discussions sur lechoix des livres pour une fille de 7 ans. ' IIne suffit pas que cette littérature soit moraleet didactique, on souhaite qu'elle soit vrai-ment enfantine. C'est bien ce qui frappetout au long de cette exposition, cet art enpleine maturité qui sait être profondémentenfantin.

La culture populaire au Japon atteint unniveau très élevé dès le début du IX0 siècle.A la différence de la plupart des autres pays,la maîtrise de la lecture n'est nullement

( 1 ) Publié chez Gallimard dans La Pléiade, ce livre célèbre faisait partie au moment de sa parutiondu bagage littéraire des jeunes gens et jeunes filles des classes cultivées.

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confinée au cercle des prêtres, des officielset des scribes. Le Japon bénéficie de l'apportformidable de la Chine et de la Corée ; ilest suffisamment proche pour bénéficier deleur influence et suffisamment éloigné pourdévelopper une culture originale. La produc-tion japonaise que je connais m'apparaît, eneffet, profondément différente de celle de sesvoisins chinois. En adoptant un syllabaire,le kana, beaucoup plus simple que les carac-tères chinois, il étend l'alphabétisation et laculture littéraire à un très grand nombre,dont les femmes et les enfants.

L'espace, l'image

On se fait souvent une idée fausse de l'artjaponais. On le croit solennel, froid oudifficile d'accès. Il n'en est rien. Mon igno-rance de cette culture — et surtout de lalangue japonaise — ne m'empêche nullementde goûter les œuvres exposées.Ici, pas de longs discours. Tout est mouve-ment, actions, gestes précis, couleurs. Lesimages donnent beaucoup à voir de manièretrès concrète ; elles fourmillent de détails.Ce sont de véritables documents sur la viequotidienne... même si celle-ci est vécue pardes chats ou des souris.

Je n'ai pas vu en effet dans cette expositionde représentation imagée d'enfants. Maisbeaucoup de souris. Des souris de tousgenres. Une salle entière leur est consacrée,ce qui ne les empêche pas de courir d'unbout à l'autre de l'exposition sous des costu-mes divers J'ai même rencontré des sourisshogun. Les livres pour enfants ont commen-cé au Japon avec les souris. Et on pourrait,m'a-t-on dit, écrire toute une histoire dulivre illustré pour la jeunesse à travers cepersonnage important. Avec elles je trouve,au hasard des livres, des informations trèsprécises sur la manière de préparer le poissonou d'aménager sa maison ou de s'habiller.J'assiste avec fascination aux préparatifsd'un mariage. La précision de la vie, le goûtdu concret et du quotidien donnent à cesœuvres d'art leur caractère enfantin.Le texte tombe en grappes, se mêlant avecà propos et discrétion aux images.

Le déroulement des histoires est très différentdes nôtres parce qu'il a été longtemps repro-duit sur des rouleaux. La page propose unautre découpage du récit, une succession descènes uniques pouvant être plus statiques.Le rouleau, lui, propose un film, une imageen perpétuelle transformation. En haut depage des festons de nuages pour le ciel, enbas de page une bande de terre, des margesqui, au cours des siècles, vont en se stylisant.Beaucoup de ces scènes animées se vivent àl'intérieur des maisons, mais au spectateurque nous sommes l'artiste montre par unevue cavalière l'intérieur et l'extérieur, uneperspective qui ne peut que séduire les jeuneslecteurs rêvant d'être à la fois dedans etdehors.

Des verticales, des horizontales, des diagona-les rythment l'espace de la page, de lamême manière qu'elles rythment l'espace desmaisons japonaises ; c'est la vision que j 'aide mon tatami lorsque je fais l'expériencede vivre dans une auberge traditionnelle deTokyo.

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Hachi-kazuki : la jeune fille couronnée d'un bol.

La traditionet l'actualité

Je remarque aussi des collections de livresde très petits formats, découverts parfois àl'intérieur de statues. Dans l'une, ce sontdes collections d'ouvrages classiques sousforme de « digest ». Sans doute les classiquesà connaître. Dans une autre, qui est unesorte de mémorial pour un jeune adolescent,vraisemblablement sa collection de livres.Toutes ces trouvailles sont des matériauxextraordinaires pour l'histoire des lecturesdes enfants.Des livres miniatures ont été produits enquantité pour figurer aussi dans les exposi-tions de poupées à l'occasion de la fête desfilles. Certains sont dus au talent de trèsgrands artistes, comme Hokusai, par exem-ple.

L'exposition se termine avec la présentationde gravures sur bois qui rappellent lesBilderbogen de Nuremberg ou nos imagesd'Epinal. Mais là il ne s'agit pas d'œuvresanonymes ; les plus grands peintres-illustra-teurs s'y sont exprimés et la plupart de ces

planches sont d'une très grande qualitéartistique.Il y a aussi des jeux, les sugoroku, un genrede jeu de l'oie ou de trictrac, souvent associésà des ouvrages scolaires ou à des romanspopulaires. Un moyen aussi d'apprendre lesbonnes manières aux jeunes filles, ou encoreles cinq vertus cardinales, ou encore de seremémorer le nom des saints bouddhistes.Tout cela présenté de manière colorée.

L'exposition est d'ailleurs une symphonie decouleurs. Non pour ajouter au réalisme, maispour le plaisir de l'œil. Les dominantesvarient d'une salle à l'autre selon les époques.Beaucoup de ces livres, parmi les plusanciens mériteraient d'être réédités tels quels121.Cette plongée dans l'histoire me révèle lacontinuité avec les albums d'aujourd'hui.Ces albums qui disent tant de choses parl'image, ce foisonnement de détails précis,ces actions, ce mouvement qui défilent nonplus sur un rouleau, mais au fil des pages,ces jeux de perspective qui font pénétrerdans l'intimité des maisons et des jardins,cette confiance en l'intelligence du lecteurqui sait bâtir l'histoire à partir des élémentsde l'image, tout cela se retrouve chez Anno,Kasano, Koide ou Yoshida, Hayashi, Yama-waki, Akaba ou Iwamura131.

Dans la ville

D'autres expositions dans Tokyo présententles illustrateurs contemporains. Ainsi, lemusée Chihiro Iwasaki installé dans la mai-son de cette artiste141. Impossible de toutvoir. Il faut essayer de faire venir certainesde ces expositions en France. Le succès decelle qui avait été organisée en 1978 auCentre Pompidou devrait nous inciter àrecommencer.A Tokyo, le temps du congrès, le livre pour

(21 Fukuinkan a d'ailleurs déjà publié sous forme d'album des extraits de Frolic animais, uneœuvre du XIIe siècle.(3) Voir à la suite de cet article la liste des ouvrages japonais traduits en français.(4) Plusieurs de ses albums ont paru au Cerf dans la collection La Rivière enchantée.

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enfant est présent partout. Il sort dans larue. Dans les voitures du métro, on voyageen compagnie de ce bon vieux Babar dans« son costume d'une agréable couleur ver-te », avec Papa Moumine coiffé de soninséparable haut-de-forme, avec le sympathi-que Snoopy et quelques autres vieilles con-naissances. Ces affiches annoncent une expo-sition dans un des plus grands magasins duCentre de Tokyo (voir encadré p.45).Cette exposition est bienvenue dans ce lieude grand passage ouvert à un large public.Les affiches exposées jouent pleinement leurrôle : attirer, séduire, intriguer, amuser,arrêter les gens qui passent. Un grand artque cet art de l'affiche éphémère, efficace.On s'amuse de l'invitation rusée du renardde William Pêne du Bois : « Faites-vous desamis avec les livres » ou du chat d'Ungerertellement plongé dans ses lectures qu'il nesent pas sa queue brûler. On rêve aussi detrouver un moment de bonheur, commeMickey, qui goûte les délices de la lecture,calé dans un bon fauteuil au coin du feu,en compagnie de son chien.Je retrouve l'affiche si intelligente et forteque Seiichi Horiuchi avait préparée en 1978pour annoncer, à travers une série de petitesscènes et dialogues d'enfants, l'exposition delivres japonais du Centre Pompidou. Toutes

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les bibliothèques pour enfants devraient gar-der précieusement ces témoignages d'artis-tes.J'ai plaisir à flâner dans les petites rues quifont le charme de Tokyo. Je les connaissaisdéjà grâce à certains albums de la bibliothè-que de Clamart. Contrastant avec les grandesartères, ces rues étroites sont remplies deboutiques de tous genres, logées dans detoutes petites maisons basses. C'est là quej'ai découvert la librairie Dowaya, très petitepar sa surface mais d'une activité extraordi-naire. Cette librairie est un genre de « Chan-telivre » japonais par la qualité des collec-tions présentées, la compétence du personnel,et aussi par les rencontres organisées. Cejour-là, Mitsumasa Anno y signait ses livres.Un service de vente par correspondanceaccompagne un travail exigeant de sélectiond'ouvrages. Outre un petit secteur d'édition,cette librairie a un département « Bibliothè-que pour enfants ». Une chaîne de supermar-ché a confié à Dowaya l'organisation et lagestion de neuf bibliothèques pour enfantsdans ses grandes surfaces : choix des livres,formation des bibliothécaires, programmesd'animation (contes, marionnettes, exposi-tions itinérantes d'illustrations originales). Ilen naît une presque chaque année. Lesstatistiques sont impressionnantes. En 9 anson totalise 106 000 emprunteurs inscrits etplus de 2 670 000 prêts. Les bibliothèquessont gratuites, et n'importe qui peut s'yinscrire. Elles sont ouvertes tous les jours, ycompris le dimanche et les jours fériés oùles heures d'ouverture sont plus importantes.Quand les grandes surfaces françaisesproposeront-elles un coin-bibliothèque à nosenfants ?

Le château des enfants

Le congrès de l'Ibby se déroule dans « lechâteau des enfants », un grand centre cultu-rel en plein cœur de la ville. Une heureuseidée d'organiser ce congrès au milieu desenfants. J'ai vu « ce château » tous les jours

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envahi par des familles. Elles y trouventd'innombrables ateliers de musique, de pein-ture, et bien d'autres, tous adaptés à l'usageimprovisé d'enfants qui ne font que passer.Les immenses salles de vidéo et de micro-ordinateurs grouillent d'enfants et de pa-rents. Mais, dans cette immense bâtisse, pasde bibliothèque ; c'est le reflet d'une réalitéjaponaise : les bibliothèques publiques pourenfants sont peu nombreuses.

Des parents ont tenu cependant à présenterpour la durée du congrès un « bunko »,institution typique de leur pays (voir page47). Dans cette petite bibliothèque, les en-fants nous accueillent à la japonaise. Ilsfabriquent de leurs mains habiles quelquesorigamis ou autres pliages et nous en fontdon après nous avoir salués.Une mère raconte à des petits des histoires.Des histoires classiques sur des livres qui nele sont pas, car il s'agit d'ouvrages en tissufaits par les parents (j'en verrai très souventpar la suite). A l'origine, il s'agissait, jecrois, de livres destinés aux enfants aveugles.Mais ils ont trouvé un tel succès auprès dupublic voyant que celui-ci les réclame. C'estun plaisir de voir les petits participer avec

Building Directory

Le Châteaudes enfants

L'exposition d'affiches

Cette splendide exposition montre la collection person-

nelle de Hisako Âoki, une spécialiste du Uvre pour

enfants, qui au hasard de ses voyages et de ses

rencontres les a rassemblées : 160 affiches dues pour

la plupart à de grands artistes, sollicitées par des

éditeurs, des musées ou encore par ces organismes

nationaux ou internationaux dont la tâche est de

promouvoir le livre pour enfants. Beaucoup de ces

œuvres sont dues à des organismes américains, anglais,

allemands, mais aussi à des Tchèques, des Polonais,

dont l'art de l'affiche est bien connu. A des pays

d'Asie, comme le Japon bien sûr, mais aussi à d'autres

comme la Malaisie, par exemple.

Ibby France a voulu faire connaître cette collection

unique au public français. Elle en a présenté une

partie au printemps dernier à la Fnac du Forum des

Halles, puis à Saint-Denis de la Réunion. Elle espère

présenter à Paris prochainement la collection complète.

concentration et minutie à toutes les étapesde l'histoire. Les éléments de l'histoire :personnages, objets, sont fixés à l'aide develcro ou de boutons pression. Ecouter unehistoire prend alors un sens nouveau. Onhabille le Petit Chaperon rouge, on luiprépare son panier en y mettant précau-tionneusement une galette et un petit pot debeurre frais. Les couleurs sont vives, latexture douce au toucher. Le geste accompa-gne l'histoire. Un long travail que la confec-tion à l'unité de ces livres. Aussi la mise encommun au bunko est-elle la bienvenue.

Enfin le congrès

Un spectacle muet ouvre cette rencontreinternationale. En attendant le lever durideau, on a tout loisir de contempler,projetées sur un vaste écran, quelques imagessublimes tirées des oeuvres de l'illustrateurAkaba(5). Puis le spectacle commence : il

(5) Gamier a publié de cet artiste Le cheval blanc de Suho, Guerre de samouraïs, La revanche deYoritomo, La Flûte d'Ushitvaka, La millième épée de Benkei.

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évoque par le mime les jeux traditionnels desenfants japonais. Un spectacle magnifique,mais une pancarte conclut sobrement : lesenfants japonais n'ont plus le temps de jouer.La télévision, le travail scolaire envahissentleur vie. Mais alors, tous ces magnifiquesalbums japonais, pour qui sont-ils ?

Le congrès pose le problème de la créationlittéraire pour les enfants : Pourquoi écrivez-vous pour les enfants ? Enfants, pourquoilisez-vous ?(6)

Des artistes de grand renom sont invités àrépondre à la première question. MichaelEnde, Philippa Pearce, Myoko Matsutani,Mitsumasa Anno, Ana Maria Machado, leChinois Yan Wenjing et quelques autres.Pour la première fois, des enfants ont laparole dans une rencontre professionnellequi les concerne. Oser s'exprimer dans uneimmense salle, devant un public d'« ex-perts », est difficile pour un enfant, mêmegrand. Leur témoignage reste une exception.L'évocation de leur carrière de lecteur faiteavec fierté et sincérité est cependant pleined'enseignement.

Dans le congrès, les rencontres informellessont souvent très fécondes. Beaucoup d'i-dées, d'expériences se transmettent de cettemanière. On se fait part des réussites commedes échecs ; on se passe les bons trucs : EllenWaumgana du Zimbabwe et la JaponaiseMyoko Matsuoka se font découvrir mutuelle-ment leurs expériences de « bibliothèquesà domicile ». Somboon Singkamanan deThaïlande explique comment fonctionnentces bibliothèques portatives, qu'on peutmême transporter sur un vélo. Elle est prêteà en communiquer le plan à qui le veut. Oninterroge Ana Maria Machado, écrivain etlibraire au Brésil, sur le succès de la formida-ble campagne de lecture menée dans toutes

les régions rurales et suburbaines de sonpays.

Du côté des éditeursjaponais

Je veux rencontrer chez eux les éditeursqui depuis longtemps nous envoient leurspublications. Ils sont très présents au con-grès, sans s'imposer toutefois. Tadashi Mat-sui, directeur de Fukuinkan, a largementparticipé à l'organisation de l'exposition surl'histoire du livre pour enfants. Quant àMotoh Itoh des éditions Holp, c'est à lamanifestation internationale de la provincede Kyushu qu'il apporte son soutien. Samaison d'édition, après s'être intéressée àl'art populaire du kamishibai'71 recherchedans le monde entier les plus beaux albumspour enfants du XIX0 et de la premièremoitié du XX0 siècle. Il les publie enfac-similés d'une qualité et d'une fidélitéparfaites. Avec émotion, je retrouve dansune petite ville du sud du Japon, des Job,des Brunhoff, des Boutet de Monvel et desBenjamin Rabier « refaits à neuf ».

Cette ouverture, bien japonaise, à l'art et àla culture de l'Occident est flagrante chezFukuinkan181. J'ai l'occasion de passer unaprès midi dans cette maison d'édition dontje ne connais pas d'équivalent dans le monde.Au hasard des salles de travail, je découvre lemeilleur de la recherche éditoriale française,jusqu'au journal « La Hulotte » ou les « Bi-bliothèques de Travail ».J'ai parfois l'impression que le public japo-nais, grâce à des éditeurs comme Holp ouFukuinkan, a une meilleure connaissance dupatrimoine français que mes compatriotes.Le choix des illustrateurs français dans lesdeux volumes de Seiichi Horiuchi consacrés

(6) Voir Revue n°112 (Echos de l'Ibby), n°113 et n°114 pour les exposés de Michael Ende et AnaMaria Machado. Pour les Actes de ce Congrès, voir Echos de l'Ibby dans le présent numéro.(7) A Clamart, nous avons quelques exemples de son travail.(8) Quelques-unes des publications de cette maison sont traduites à l'Ecole des loisirs. La Joie parles livres reçoit régulièrement certaines de leurs collections.

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à cent dix illustrateurs du monde entier191

témoigne d'une immense culture éclairée parune sensibilité d'artiste. Est-ce grâce autravail de découvreur de Seiichi Horiuchique Fukuinkan publie l'œuvre complète deLéopold Chauveau ? Je ne sais"01. Les quatrevolumes reprennent les illustrations en noiret blanc de l'auteur, des illustrations aussisavoureuses que ses histoires. Elles sont iciparticulièrement bien mises en valeur : unereproduction de grande qualité sur un beaupapier et les caractères japonais sont debonne compagnie... En France, qui connaîtLéopold Chauveau ? Un très petit cercle despécialistes. Ses œuvres, toujours jeunes,réjouiraient pourtant les enfants d'aujour-d'hui.

Dans le souci de faire connaître le patrimoinejaponais et de retrouver un nouveau souffle,Fukuinkan a édité aussi une histoire du livrejaponais pour enfants du Moyen Age à 1920.Selon des spécialistes japonais la littératureenfantine a vécu, dans les pays industrialisés,ses derniers beaux jours autour des annéessoixante-dix, même si les livres pour les plusjeunes vont continuer sur leur lancée. Unrenouvellement peut venir des traditions dela littérature populaire, plus proche de laforce de l'oral. C'est à la source de latradition narrative des œuvres du MoyenAge japonais, celle des contes populaires,des mythes et des légendes que ces éditeurssouhaitent aller puiser pour libérer de nouvel-les forces créatrices. Pour les mêmes raisons,le renouveau littéraire pourrait bien, seloneux, venir aussi de certains pays du tiersmonde. Cela explique l'intérêt actuel pourl'histoire de la littérature enfantine et de lalittérature populaire.

Des éditeurs français m'avaient dit quec'était au Japon que se menaient actuelle-ment les expériences les plus dynamiques

dans le domaine du livre pour enfants. J'ensuis de plus en plus persuadée.

L e s b u n k o

J'ai hâte de découvrir les bunko, ces petites« bibliothèques à la maison ». Kyoko Mat-suoka m'invite à visiter le sien. Elle estcritique littéraire, conteuse, traductrice, bi-bliothécaire et auteur mi : elle est un amateur— au sens littéral du mot — de livres pourenfants. C'est tout naturellement qu'elleéprouve le besoin de transformer son bureauen bibliothèque et de l'ouvrir tous les samedisaux enfants du voisinage. Deux cents enfantsviennent régulièrement. Ils se sentent chezeux, prennent le temps de lire, de choisir,d'écouter des histoires. Kyoko a le plaisirde faire connaître les œuvres qu'elle aime etjuge importantes.

J'ai remarqué chez elle un bon nombre delivres en langue étrangère. Elle les présente,les raconte, les montre et elle peut à loisirobserver l'accueil que les enfants leur réser-vent et transmettre ces observations à ceuxqui le désirent. C'est dans cet esprit que lagrande critique littéraire Momoko Ishii avaitouvert son bunko dans les années cinquante ;elle en a raconté l'expérience réussie dansun livre qui a déclenché un véritable mouve-ment à travers tout le pays chez des femmes,essentiellement des mères de familles qui yont vu un excellent moyen d'offrir auxenfants un environnement propice à la lec-ture.

Momoko Ishii avait fait un long voyageaux Etats-Unis et dans d'autres régions dumonde. Elle avait découvert l'importancedes bibliothèques et apprécié l'atmosphèrede liberté qui y règne et favorise une relationpersonnelle avec le livre ; un moyen idéalaussi pour « essayer » de nouveaux livressortant des sentiers battus et faire évoluer

(9) A paraître une étude approfondie de cet ouvrage unique.(10) En fait on a retrouvé, me dit-on, une édition pirate de ses œuvres parues au Japon il y a unequarantaine d'années.(11) Voir Le bain de Mako à l'Ecole des loisirs.

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l'édition. A cette époque, il n'y avait prati-quement pas de bibliothèque pour enfantsau Japon. Momoko Ishii se met donc immé-diatement à l'œuvre ; elle ouvre sa maisonaux enfants. L'impulsion est donnée : lesbunko révèlent aux autorités la nécessité decréer de véritables services pour enfantsdans les bibliothèques publiques. Mais lemouvement est lent. Aujourd'hui encore,90% de la population, me dit-on, n'auraitpas accès à une bibliothèque publique danssa ville.

D'après les bibliothécaires japonais, les bun-ko resteront nécessaires même lorsque le paysaura un réseau suffisant de bibliothèquespubliques : les enfants — ils ont moins de10 ans — en apprécient l'intimité quasifamiliale à l'abri des pressions qui s'exercentsur eux. Parce qu'ils sont petits et faciles àgérer, les bunko se logent partout, jusquedans les temples bouddhistes. Mais la plu-part sont tenus par des mères de famille.La responsabilité d'un bunko donne à cesfemmes un statut social appréciable dans unpays où elles n'ont peut-être pas toujoursleur place. C'est aussi avec un véritableplaisir qu'elles découvrent l'édition pour lajeunesse, un plaisir associé à celui de voirles enfants réagir. Elles progressent ainsidans la connaissance des enfants et celle deslivres.

Les bibliothèques publiques aident les bunkode différentes manières : prêt de livres,conseils, formation, participation financière.Réciproquement, les bunko offrent une infor-mation précise sur les réactions des enfants,leurs souhaits et leurs curiosités. Leurs res-ponsables sont parfois invités à participer auchoix des livres. On les consulte aussi avantl'implantation d'une succursale de quartier.Certains, comme celui de Kyoko Matsuoka,s'associent avec d'autres pour publier d'im-

portantes bibliographies et autres ouvragesde référence. Quatre d'entre eux unissentleur force pour créer à Tokyo un véritablecentre de documentation sur les livres pourenfants. Ainsi les deux réseaux s'aidentmutuellement.

Les bunko sont sans doute les derniersrefuges des enfants qui cherchent à se proté-ger d'une pression sociale écrasante. A leurfaçon, ils recréent une atmosphère familialeoù il fait bon prendre son temps pour serencontrer, écouter des histoires, lire pourle plaisir, sans se préoccuper de l'efficacitéscolaire. Des Japonais visitant nos bibliothè-ques se sont étonnés d'y rencontrer de grands

enfants. Chez eux, seuls les petits et lesenfants en situation de grave échec scolaireont le loisir de fréquenter les bibliothèques.Les bibliothécaires112' constatent amèrementcette défection du public enfantin au momentmême où les bibliothèques publiques sedéveloppent et s'ouvrent à lui. Les éditeurss'interrogent : à quoi bon publier des livrespour les plus de 10 ans ?

La vie des enfants japonais est très dure. Elles'est gravement détériorée ces dix dernièresannées. Grande est leur solitude : où etcomment pourraient-ils rencontrer leurspairs ? Les maisons sont trop petites pouraccueillir les amis ; les familles réduites àleur noyau comptent de moins en moinsd'enfants. Ceux-ci se retrouvent seuls à lamaison devant le poste de télévision. Etcomment trouveraient-ils le temps de jouer,de flâner, d'organiser leurs loisirs comme ilsl'entendent ? Le juku est là qui les guette.Le juku, c'est la préparation intensive auxexamens d'entrée dans la classe supérieure ;ce sont les cours de rattrappage qui terminentla journée. Il faut bien cela pour être à lahauteur des normes qu'exige l'implacablecroissance économique. Toute l'éducation

(12) Cf. l'intéressant témoignage de Yoshiko Kogochi présenté au congrès de l'Ibby et l'étudedocumentée de Yasuko Nakata (Iflal qui m'ont permis de donner des informations plus précises.

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scolaire vise à couler les enfants dans lemoule nécessaire à la prospérité matérielledu pays. Elle cherche à préparer un être« désirable pour la société japonaise » ;même la lecture est soumise à cette compéti-tion. Dans beaucoup d'écoles primaires, onorganise des concours de lecture. Chaquesemaine, le maître fait le compte des pageslues. Tous les ans, à l'automne, a lieuun concours national qui consiste en unerédaction faite à partir d'un livre choisi surune liste préétablie : une vraie aubaine pourles éditeurs des livres sélectionnés. Des mil-liers d'enfants vont se jeter sur ces livres...

HOKKAID

LE J A P 0 N

Des rencontresautour de la lecture

D'autres initiatives, de grande ampleur, nais-sent ici et là. Elles visent à faire de lalecture une activité conviviale susceptible deresserrer les liens familiaux. Les bibliothè-ques publiques sont souvent à l'origine deces vastes mouvements, qui tous manifestentle souci d'associer les parents surtout lesmères à la lecture de leurs enfants ; siles adultes trouvent pour eux-mêmes unvéritable intérêt dans la lecture, ils auront àcœur de la partager avec leurs enfants.

Comme les paysannes lisent peu, le mouve-ment « bibliothèques des mères » organise,dans certaines zones agricoles, une sortede bibliothèque circulante fondée sur unvéritable plan de lecture, proposant aussi deslivres pour enfants. De même, la campagneintitulée : « lire ensemble 20 minutes parjour » invite parents et enfants à se lire deshistoires. La lecture échappe ainsi à lacompétition scolaire et prend une dimensionconviviale qui prépare la voie des bunko.

Ces mouvements et associations provoquentd'immenses rassemblements. Dans une seuleprovince, plus de quatre-vingt-cinq-mille mè-res et enfants participent à la campagne :« 20 minutes de lecture par jour ». Vingt-mille mères de la seule province de Naganoparticipent au programme : la bibliothèquedes mères. Et leur congrès national rassemblesix-mille-cinq-cents d'entre elles.

Je suis invitée à participer à une de cesgrandes rencontres. Elle est organisée, à

N°118- HIVER 1987/ 49

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l'occasion du congrès de l'Ibby, par lapréfecture de Kyushu. L'île est située àl'extrême sud du Japon. Malgré la distance,le gouverneur en personne, accompagné desa suite, « monte » à Tokyo pour remettresolennellement aux cinq étrangers invités àparler une invitation calligraphiée à la maindans la plus pure tradition.

Sur ma route, vers le sud, je n'ai que letemps de m'arrêter brièvement à Kyoto etKobé. A Osaka, je visite le nouvel institutinternational du livre pour enfants avec leregret de ne pouvoir participer aux journéesde travail qui réunissent quelques spécialistesdu monde entier (voir encadré).

A Oita, un millier de parents et d'enseignantsnous attendent. Nous sommes pourtant aucœur des vacances d'été et les conférenciersvenus des Etat-Unis, de Tchécoslovaquie,d'Inde et de France vont parler essentielle-ment d'un travail qui se déroule au-delàdes frontières du Japon. Mais le grandamphithéâtre de la ville est plein et l'ardeurdes débats prouve l'intérêt du public.

Le lendemain, c'est à Kusu, la ville natale del'Andersen japonais, Kurushima Takehiko,que nous nous retrouvons pour y rencontrercette fois-ci une foule d'enfants dans uncentre culturel qui leur est destiné. Des

ateliers, une salle de théâtre et de cinémaautour d'une très belle bibliothèque. Ici desenfants fabriquent des jouets traditionnels,là ils écoutent des histoires. Les parents sontlà aussi attentifs et discrets. Une autre imagedu Japon...

J'aimerais m'attarder dans cette magnifiquerégion volcanique, un univers de contes : iciet là s'échappent des fumées au milieu d'unpaysage de montagnes et de forêts, mais jedois rentrer. •

A Osaka :un Institut internationalpour la littérature enfantine

En 1979, un professeur de l'Université de

don au Gouverneur d'Osaka d'une très riche collection

de livres et revues pour enfants depuis le XIX° siècle :

de là est né l'International Institue for Children's

Literature (HCL), inauguré le 5 mai 1984.

L'Institut d'Osaka réunit tout ce qui s'édite au Japon

pour les enfants, ainsi que les études théoriques et

critiques sur la littérature de jeunesse. Outre ces

ressources documentaires, qui comprennent aussi des

productions de tous les pays, l'Institut organise des

séminaires de formation et des colloques, édite une

revue présentant ses travaux; il s'adresse également

aux enfants avec sa bibliothèque de prêt.

Papier découpé de Mitsumasa Anno. 1982.

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