Démarches Participatives: Critères d'attribution et exemples de projets soutenus.

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Fondation de France - 2012 Page 1 sur 4 Appui méthodologique « démarches participatives » Entre adhésion et coproduction La nécessité d’être plus attentif à la parole des bénéficiaires, d’être vigilant au respect de leurs droits, de davantage associer les publics et les populations aux décisions qui les concernent constitue aujourd’hui une évidence dans tous les secteurs de l’action. Elle est relayée dans différentes lois qui évoquent à la fois le droit individuel d’être consulté et de donner son avis mais aussi un droit collectif à l’expression sur les réponses apportées, tant dans le domaine institutionnel que dans les projets qui concernent le territoire et son aménagement. Dans ce contexte général, le terme de participation a pris un sens très large et il est utilisé pour décrire plusieurs formes de participations qu’il est important de distinguer : l’adhésion des personnes au projet qui les concerne. L’impact principal recherché est de permettre aux personnes concernées de s’exprimer, de susciter leur adhésion et leur mobilisation active, de favoriser une individualisation de l’action, de leur permettre d’entrer avec leur singularité dans le cadre du projet proposé. Elle est fortement encouragée dans les appels à projets de la Fondation de France et fait partie des critères souvent retenus pour juger la qualité d’une action. Elle n’est pas concernée par l’aide méthodologique démarche participative. Exemples : Une action de sensibilisation sur l’environnement prévoit un travail en plusieurs groupes débattant chacun d’un sujet précis. Dans ce cadre, l’animateur est vigilant à susciter l’intérêt, l’appropriation par les participants et les temps collectifs de travail sont l’occasion d’échanges approfondis. Une structure d’insertion met en place des ateliers favorisant certains réapprentissages. Elle questionne chacun pour connaître ses préférences et adapter au mieux le rythme de travail aux salariés en insertion. Des bilans réguliers sont faits avec chaque personne. Une structure accueillant des personnes âgées est vigilante à recueillir et analyser les souhaits et goûts de chaque arrivant en matière d’animation afin d’adapter les propositions qui lui seront faites. la « coproduction » des projets avec les usagers. Cette forme de participation concernée par l’aide méthodologique « démarches participatives » a pour enjeu et impact principal de construire ou faire évoluer significativement le projet ou le cadre de l’action en associant les publics concernés. Cette démarche peut s’intégrer à toutes les phases du projet : définition, conception, pilotage, évaluation. Elle prend des formes diverses selon qu’elle est réalisée dans un cadre restreint (par exemple au sein d’un d’établissement qui mobilise un groupe de

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Dans le cadre d’une initiative sociale ou culturelle, laisser aux personnes concernées la liberté de concrétiser leurs avis et leurs envies n’est pas toujours simple. Cette prise d’autonomie collective constitue pourtant le meilleur tremplin à leur épanouissement. Voici pourquoi la démarche participative est ancrée au cœur de la Fondation de France depuis plus de 20 ans.

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Appui méthodologique « démarches participatives »

Entre adhésion et coproduction La nécessité d’être plus attentif à la parole des bénéficiaires, d’être vigilant au respect de leurs droits, de davantage associer les publics et les populations aux décisions qui les concernent constitue aujourd’hui une évidence dans tous les secteurs de l’action. Elle est relayée dans différentes lois qui évoquent à la fois le droit individuel d’être consulté et de donner son avis mais aussi un droit collectif à l’expression sur les réponses apportées, tant dans le domaine institutionnel que dans les projets qui concernent le territoire et son aménagement. Dans ce contexte général, le terme de participation a pris un sens très large et il est utilisé pour décrire plusieurs formes de participations qu’il est important de distinguer :

l’adhésion des personnes au projet qui les concerne. L’impact principal recherché est de permettre aux personnes concernées de s’exprimer, de susciter leur adhésion et leur mobilisation active, de favoriser une individualisation de l’action, de leur permettre d’entrer avec leur singularité dans le cadre du projet proposé. Elle est fortement encouragée dans les appels à projets de la Fondation de France et fait partie des critères souvent retenus pour juger la qualité d’une action. Elle n’est pas concernée par l’aide méthodologique démarche participative.

Exemples :

Une action de sensibilisation sur l’environnement prévoit un travail en plusieurs groupes débattant chacun d’un sujet précis. Dans ce cadre, l’animateur est vigilant à susciter l’intérêt, l’appropriation par les participants et les temps collectifs de travail sont l’occasion d’échanges approfondis.

Une structure d’insertion met en place des ateliers favorisant certains réapprentissages. Elle questionne chacun pour connaître ses préférences et adapter au mieux le rythme de travail aux salariés en insertion. Des bilans réguliers sont faits avec chaque personne.

Une structure accueillant des personnes âgées est vigilante à recueillir et analyser les souhaits et goûts de chaque arrivant en matière d’animation afin d’adapter les propositions qui lui seront faites.

la « coproduction » des projets avec les usagers. Cette forme de participation concernée par l’aide méthodologique « démarches participatives » a pour enjeu et impact principal de construire ou faire évoluer significativement le projet ou le cadre de l’action en associant les publics concernés. Cette démarche peut s’intégrer à toutes les phases du projet : définition, conception, pilotage, évaluation. Elle prend des formes diverses selon qu’elle est réalisée dans un cadre restreint (par exemple au sein d’un d’établissement qui mobilise un groupe de

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personnes) ou dans le cadre de démarches plus larges qui mettent en jeu de nombreux acteurs sur un territoire.

Exemples :

Une association impliquant des personnes souffrant de maladies psychiques et des soignants élabore avec un certain nombre de malades un projet de création d’appartements thérapeutiques. La démarche de coproduction amène à définir ensemble l’aménagement des futurs appartements mais aussi les règles de fonctionnement au sein de cet espace de vie et les responsabilités de chacun, professionnels et futurs habitants.

Dans un quartier d’habitat social, une expérimentation associe un groupe d’habitants, le bailleur social, les prestataires dans la définition d’une action commune visant à améliorer la propreté du quartier. Chaque acteur identifie ses besoins, ses contraintes et le rôle qu’il peut jouer dans l’action. Les différentes propositions sont examinées et les choix sont validés collectivement.

Une association impliquant personnes marginalisées et militants associatifs organise la coproduction d’un film visant à mieux faire connaître le vécu des gens de la rue et à permettre un débat avec les institutions sur les réponses pertinentes à apporter. Tout au long de la démarche, les choix de thèmes et de structuration du film sont débattus dans un groupe impliquant les personnes concernées (personnes marginalisées, acteurs associatifs, réalisateur du film).

Une aide optionnelle intégrée dans les appels à projets

La mise en place de ces démarches participatives de coproduction est souvent plus difficile qu’il n’y paraît. L’expérience montre en effet qu’elles nécessitent le développement de méthodes et d’outils, notamment quand on souhaite que la démarche permette d’inclure des personnes vulnérables ou marginalisées. Afin d’encourager les démarches de coproduction de projet avec ces publics, une aide complémentaire « démarches participatives » est proposée aux porteurs de projets qui répondent

aux appels à projets signalés par l’icône

4 critères pour obtenir l’aide optionnelle

La démarche favorise la coproduction ou le portage collectif du projet Les

bénéficiaires peuvent influencer le projet ou les choix qui le structurent. Exemples :

Un club thérapeutique rassemble des patients souffrant de troubles psychiques et des soignants autour d’activités diverses (activités sportives, vide greniers, vente de crêpes…). Habitants de la presqu’île de Crozon, les membres sont confrontés à l’enclavement de leur territoire. Dépourvus de véhicule, à l’écart des axes de passage de l’autocar, des transports en commun encore trop rares, les déplacements à but thérapeutique sont difficiles. Le club propose la mutualisation d’une voiture pour toute activité qu’elle soit liée au club, médicale ou personnelle. Reposant sur le volontariat et l’entraide, les « chauffeurs », eux-mêmes membres, conduisent d’autres usagers à leur destination. C’est une réelle responsabilité qui entraine un retour à l’autonomie.

Dans un quartier au tissu associatif très dense, « La case de santé » associe un programme de santé ouvert à tous et un lieu de vie géré en quasi autonomie par « chibanis » (les anciens en arabe) vieux travailleurs maghrébins rencontrant différentes difficultés. Le projet favorise la mixité et restaure les relations sociales entre les générations.

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Dans le Périgord, un groupe de 16 femmes de 55 à 80 ans fait un pari : vivre leur vieillesse dans un lieu agréable, respectueux de l’environnement, en bonne compagnie. Membres de l’association Lo Paratge (le partage, en occitan), elles préfigurent la coopérative d’habitants qui permet de mutualiser le financement et la gestion du lieu tout en s’émancipant de la spéculation immobilière.

La démarche s’appuie sur des instances, des temps de travail collectifs, des méthodes

et des outils qui permettent à chacun d’avoir un rôle et des responsabilités. Exemples :

La concertation avec les habitants dans le quartier est structurée de manière précise avec des échéances régulières, un mode de préparation et d’animation qui vérifie que les habitants puissent s’exprimer d’une manière satisfaisante. La démarche a prévu qu’une association aille à la rencontre des personnes isolées du secteur.

La mise en place d’un système de transport solidaire s’élabore à partir d’un groupe rassemblant usagers patients et personnels hospitaliers qui se réunit de manière très régulière tout au long de la démarche (idée initiale, formalisation du projet, négociations du financement, réalisation du règlement de fonctionnement, etc).

Les « Enfants du canal » proposent d’embaucher des « travailleurs pairs » pour accompagner d’autres personnes toujours en situation de grande précarité lors des maraudes et dans le bus abri. Régulièrement, ils participent aux différentes instances : conseil d’administration, réunion d’équipe et de bénévoles, rencontres avec les autres acteurs de terrain et les partenaires.

La démarche permet la participation de personnes marginalisées ou vulnérables

(dynamique de qualification, reconnaissance des aptitudes et apports de chacun, identification des freins et mise en œuvre de moyens spécifiques, etc.)

Exemples :

Pour prendre en compte leurs difficultés d’expression en public et leur sentiment fréquent de

dévalorisation, un projet de médiation entre institutions chargées de l’emploi et demandeurs

d’emploi part d’un travail de groupe visant à aider ces derniers à affirmer leurs points de vue, à

identifier les questions qu’ils souhaitent mettre en débat. L’animateur de la démarche qui a une expérience de travail avec les personnes exclues porte une vigilance particulière à ce travail initial

de sécurisation et de construction d’une parole commune.

Le projet implique une trentaine de personnes : un groupe d’« anciens » de la rue, membres de « Zon’Art », des jeunes en errance et des membres d’autres associations. Des groupes de travail se réunissent régulièrement pour l’écriture, la réalisation, le montage et le budget. La démarche est fondamentalement collective. Elle met en avant les valeurs et la créativité des populations errantes. En devenant acteurs du projet, la création de ce film les incite à reprendre la main sur leur vie et développe l’estime de soi.

L’aide est affectée au financement des coûts spécifiques induits par la démarche

participative et (ou) à ceux liés au développement d’outils et de méthodologies participatives.

Cette aide complémentaire vise à favoriser le développement des savoir-faire et à prendre en compte les coûts spécifiques générés par ce type de démarche. Elle est destinée à financer :

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- un appui méthodologique (formation/action, aide d’un consultant)

- des échanges de savoirs et d’expériences entre associations

- des coûts directement induits par la participation (frais de déplacements des participants, garde d’enfants, etc.)

Exemples :

Un groupe regroupant malades psychiques et soignants a fait la visite d’une structure d’un autre département ayant mise en œuvre le même type de projet participatif (appartement thérapeutique) pour un échange de savoirs. L’aide a été affectée à la location d’un gîte, la prise en charge des déplacements.

Un groupe de personnes sans abri inscrits dans un projet local a pu aller à Rennes et Bordeaux rencontrer des associations qui mènent le même type de démarche. L’aide a pris en charge les coûts des ces déplacements.

Un consultant a été choisi pour son expérience de mobilisation des publics en précarité. Il accompagne l’expérience de mobilisation collective (représentants de l’association, de la mairie, des habitants et des personnes de la rue) destinée à élaborer des réponses aux difficultés vécues par les personnes vivant dans la rue. L’aide a permis de financer son intervention.

A noter que la Fondation de France privilégiera les projets dont la démarche participative de « coproduction » lui paraît porteuse d’un intérêt particulier, au regard des pratiques existantes dans chaque secteur d’activité.

Comment postuler ?

Directement au sein des appels à projets concernés signalés par l’icône --------------------------------------