Rapport Sciences Participatives 2012

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    Rapport remis la Ministre de lEcologie, Janvier 2012

    Lapport des sciences participatives dans la connaissance de la biodiversit

    Gilles Boeuf,* Yves-Marie-Allain** et Michel Bouvier**

    Introduction

    Les Nations Unies avaient dclar lanne 2010 Anne internationale de la biodiversit : pourquoi ? En 2002 lors de la Confrence internationale de Johannesburg il avait t dcid de freiner lrosion de la biodiversit pour 2010 et lEurope avait surenchri stopper cette rosion , nous en sommes loin et en serons loin encore en 2011 ! Au contraire, la situation na jamais t si proccupante (MEA, 2005, Barbault, 2006, Butchart et al., 2010, Barnosky et al., 2011, He et Hubbell, 2011). Les impacts de lhumanit sur son environnement au cours de lhistoire rcente (50 000 dernires annes) sont plus ou moins bien documents dans la littrature scientifique, mais quelques solides donnes existent. Bien entendu, on pourra toujours dire, et pertinemment, que les variations climatiques frquentes au cours des derniers millnaires ont fortement contribu aux mouvements de faunes et flores et leur extinction totale ou partielle (Boeuf, 2008 ; Blondel et al., 2010). Il nen demeure pas moins rel que lhumain porte une forte responsabilit dans nombre de situations. Sil a souvent apport les conditions de la goutte deau qui fait dborder le vase , il est aussi souvent seul en cause, en particulier dans tous les cosystmes insulaires et mme sur le grand continent australien, qui na pas vcu de bouleversement climatique depuis longtemps. Durant des centaines de milliers dannes, les Homo nont pas plus impact leur environnement quun mammifre omnivore de taille comparable (Boeuf, 2010), un sanglier par exemple. Mais en fait, ds la domestication du feu par H. erectus vers 800 000 ans, linfluence a t de plus en plus marque. Rapidement (et nous suivons bien volontiers Lvque et Mounolou en 2001, quand ils prcisent que le mythe du bon sauvage en prend un coup !), lespce sapiens de plus en plus technique, ingnieuse, intelligente, inventive et agressive commence avoir un impact inquitant sur les milieux et dgrader son environnement, souvent de manire irrversible pour la biodiversit. Ceci sacclre considrablement lors de la rvolution nolithique vers 14-10 000 ans avec le premier baby boom li larrt de lexclusif nomadisme et surtout des premires russites de llevage et de lagriculture. Les humains sorganisent en villages puis villes, vers le cinquime millnaire, et se protgent mieux collectivement. La troisime rvolution est industrielle, avec des besoins de plus en plus insenss en matires premires et combustibles fossiles, besoins qui sacclrent avec une population humaine qui a doubl sur 50 ans. Cette poque a t propose comme l anthropocne par Crutzen et Stoermer (2000).

    *Professeur lUniversit Pierre & Marie Curie, Prsident du Musum national dHistoire naturelle, Prsident de lAssociation des Amis de la Massane (Pyrnes orientales), membre du Conseil Scientifique du Patrimoine Naturel et de la Biodiversit auprs du Ministre de lEcologie du Dveloppement Durable, des Transports et du Logement.

    **Conseil gnral de lenvironnement et du dveloppement durable/commission permanente des ressources naturelles, Ministre de lEcologie, du Dveloppement Durable, des Transports et du Logement.

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    Il est bien clair que la biodiversit ne saurait tre reprsente dans sa totalit par le seul inventaire et la description des espces vivantes peuplant un cosystme particulier. Ceci est la diversit spcifique. La biodiversit est beaucoup plus que cela, cest tout lensemble des relations tablies entre les divers tres vivants, entre eux et avec leur environnement (Boeuf, 2008). Elle a aussi t dfinie comme tant toute linformation gntique contenue dans chaque unit lmentaire de diversit (Blondel, 2005), un individu, une espce, une population, un cosystme. En tendant le sujet scientifiquement, nous mettons globalement quatre aspects dans le terme biodiversit aujourdhui (Lvque et Mounolou, 2001 ; Boeuf, 2008) : (1) ltude des mcanismes biologiques fondamentaux permettant dexpliquer la diversit des espces et leurs spcificits et nous obligeant davantage dcortiquer les mcanismes de la spciation et de lvolution, (2) les approches plus rcentes et prometteuses en matire dcologie fonctionnelle et de bio-complexit, incluant ltude des flux de matire et dnergie et les grands cycles biogochimiques, (3) les travaux sur la nature utile pour lhumanit dans ses capacits fournir des aliments, des substances haute valeur ajoute pour des mdicaments, produits cosmtiques, des sondes molculaires ou encore offrir des modles originaux et pertinents pour la recherche fondamentale et finalise, afin de rsoudre des questions agronomiques ou biomdicales (Boeuf, 2008), (4) la mise en place de stratgies de conservation pour prserver et maintenir un patrimoine naturel constituant un hritage naturellement attendu pour/par les gnrations futures. La biodiversit en fait, cest le vivant dans toute sa complexit, cest la fraction vivante de la Nature.

    En estimant les vitesses dvolution, en tentant de prdire les trajectoires possibles et en planifiant les mcanismes lavance, nous pourrions sans doute fortement rduire limpact de lhumain sur les espces et les cosystmes et srieusement amliorer les cots conomiques et sociaux de nos activits sur la nature. En 2001, Palumbi concluait lhumain est devenu la plus puissante force volutive de la Nature . Le climat change et la biodiversit doit sadapter, tout est une question de capacit et de vitesse de raction (Thomas et al. 2004, Barriopedro et al., 2011). Pour suivre cette volution, la collecte des informations ncessaires ces observations implique de mobiliser un trs grand nombre de petites mains pour obtenir des rsultats significatifs (Mathieu, 2011). Ces actions citoyennes permettent de mieux connatre la rpartition et lvolution des populations des espces vivantes, de mieux comprendre les raisons de leur dclin ou de leur expansion, de mieux dfinir les indicateurs de mise en vidence de ces phnomnes et enfin de mieux sensibiliser nos citoyens aux questions environnementales (Happe, 2010), Ils sadressent tous, du naturaliste le plus confirm au simple amoureux de la Nature. Les seules institutions scientifiques et les services de ltat ddis la gestion de lenvironnement ne suffisent pas et les moyens sont limits. De nombreuses sciences naturalistes ne peuvent se passer dun grand volant damateurs , rpartis et dissmins sur le territoire, pour atteindre une masse critique que les sciences physiques par exemple compensent par lutilisation de grands quipements dans un espace confin (Charvolin, 2009). De plus la participation citoyenne est vitale pour maintenir une pression constante sur lurgence et lindispensabilit de ragir et pour un tablissement en commun de ltat de la situation ainsi quune responsabilisation collective.

    Dans cet objectif de connaissance de la biodiversit et de son volution, quel pourrait ou devrait tre lapport des sciences participatives ?

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    Si les expressions de sciences participatives, sciences citoyennes, sciences collaboratives sont rcentes, la participation du public ou du moins de certains publics la prospection, la rcolte de donnes, dchantillons, la connaissance nest pas dhier et remonte en Europe, au moins pour la botanique, au XVIe sicle.

    Ds la prise de possession dun territoire outre-mer par lune des nations europennes, trs vite vont se trouver mis contribution les gouverneurs, le personnel consulaire, les ecclsiastiques, missionnaires, militaires, mdecins, chirurgiens, aventuriers divers et varis Certains seront des naturalistes de qualit, explorant des zones recules, peu ou encore jamais prospectes. Bien que n'appartenant pas une institution scientifique officielle , certains possdent trs souvent une solide culture scientifique caractre assez universel, qui leur permet de dvelopper un fort sens critique, bas sur dexcellentes qualits dobservation et une passion forte.

    Au XVIIIe sicle, une Ordonnance du 9 septembre 1726 de Louis XV enjoignait les capitaines de navire d apporter des graines et plantes des colonies, des pays trangers Pour obtenir des plantes, Duhamel du Monceau fait appel de trs nombreux correspondants que sont les mdecins du roi, les gouverneurs en place dans les possessions franaises dAfrique et d 'Amrique ou les consuls installs au Moyen orient. Au XIXe sicle et au dbut du XXe sicle, plusieurs opuscules sont dits par le Musum national dHistoire naturelle, dont lun au titre explicite : Instruction pour les voyageurs naturalistes et pour les employs dans les colonies sur la manire de recueillir, de conserver et denvoyer les objets dhistoire naturelle. Des listes de plantes et autres objets rapporter sont proposes par les professeurs du Musum.

    A compter de la seconde moiti du XIXe sicle, en France, les socits savantes se dveloppent et face la diversit des mondes naturels, vivant et inerte, les niveaux des connaissances progressent une vitesse exponentielle, et rapidement elles se spcialisent dans un domaine naturaliste plus ou moins spcifique : botanique, entomologie, ornithologie, gologie, minralogie, palontologie Durant cette mme priode, dans les grandes villes franaises sont crs des Musums rgionaux d'Histoire naturelle, et se dveloppent des sorties naturalistes dans toutes les provinces.

    Les publications locales ou rgionales,- botanique, entomologie, gologie- sont rvlatrices du travail d'inventaire effectu par ces rseaux, y compris sur des groupes assez dlaisss actuellement comme les lichens, les mousses (bryophytes), les fougres (ptridophytes) ou encore les algues marines... Les rseaux constitus sont bien identifis avec des runions caractre scientifique assez frquentes, hebdomadaires ou mensuelles. Ils font avancer la connaissance dans de trs nombreuses rgions qui ne possdent pas encore d'Universit. Sur le reste du territoire, le rseau, dense, des instituteurs, des ecclsiastiques, des mdecins ruraux, des vtrinaires de campagne... va tre galement l'un des facteurs de diffusion des sciences, de la formation l'observation naturaliste, de l'encadrement des collecteurs bnvoles, de la collecte de ces informations, des vrifications du bien fond des inventaires et de leur publication.

    Malgr cette abondance de prospecteurs, une trs grande partie des observations et donnes rcoltes ont disparu. Souvent inscrits sur des carnets plus ou moins lisibles pour une tierce personne, ces relevs plus ou moins complets, avec un cadre mthodologique souvent personnel, non reproductible, pas toujours fiable, sont bien souvent trs partiels et difficilement exploitables. Dans les dernires dcennies du XXe sicle, pour des raisons

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    diverses, les associations naturalistes acadmiques ont perdu de leur attrait, les sciences de lobservation ont quelque peu priclit, tant considres comme peu novatrices, trop descriptives, voire sans intrt par les commissions dvaluation des sciences de la vie et par certains comits ditoriaux de grandes revues scientifiques.

    A partir des annes 1960, le travail de fond effectu par de nombreuses associations de dfense de la nature a permis denrayer ce dclin, de renverser la tendance et de recrer des rseaux de naturalistes actifs, effectuant comptages, recensements, observations surtout chez les botanistes, ornithologues et entomologistes. Si les techniques de relevs des observations nont gure volu sur le terrain, la banalisation des outils modernes de communication dont internet, va profondment modifier les possibilits de diffusion des donnes et leur mise disposition pour tous. Devant cette facilit technique, avec des outils informatiques plus conviviaux, une rigueur mthodologique certaine va savrer ncessaire pour tous les acteurs, dont les amateurs (souvent trs clairs ), avec le respect des protocoles dobservation et de rcolte des donnes tant dans les objets observs que dans la manire de les traiter afin de pouvoir les exploiter et en tirer des conclusions les plus pertinentes et tayes. Pour illustrer le lien entre l'histoire des simples inventaires et une reprise actuelle, autorisant proposer des hypothses sur la dynamique des populations, rappelons lexemple de la traverse des Pyrnes (sur mandat napolonien) et l'herbier d'A de Candolle, qui ont donn lieu une rptition comparative 200 ans plus tard, l'initiative d'une association (Terranoos) et la parution dun bel ouvrage. Des articles rcents (2010) dans des revues de vulgarisation comme Terre sauvage (France) ou la Revue durable (Suisse) communiquent sur les sciences participatives, notamment sur les principales actions pilotes par le Musum national dHistoire naturelle. Par ses circulaires, le ministre en charge de lcologie, incite galement les services dconcentrs sappuyer sur des dmarches participatives pour la mise en uvre de certaines politiques dont celle de la stratgie nationale de cration despaces protgs, voire de la stratgie nationale pour la biodiversit. En outre, deux colloques sur les rseaux collaboratifs et les sciences citoyennes ont t organiss Montpellier en 2009, le premier Rseaux collaboratifs et sciences citoyennes sous lgide de lassociation Tela botanica, le second Le rveil du dodo lors des Journes francophones de la biologie de la conservation.

    Ce phnomne de participation du public nest pas propre la France. A ltranger des expriences, dont celles de la Grande-Bretagne, ou celles des Citizen Sciences nord-amricaines cres en 1970, montrent la trs forte implication du public, avec des taux de participation qui peuvent laisser pantois par rapport aux dispositifs franais. Aux Etats-Unis, le Christmas Bird Count, cr en 1900 et pilot par la Socit Audubon est rgulirement reconduit depuis 1900 (Mathieu, 2011) : 10 000 observateurs participatifs ont comptabilis 63 millions doiseaux dans le cadre dun programme qui a soulign, sur une quarantaine dannes, une rgression de 68 % de 20 espces communes. Le programme franais du suivi temporel des oiseaux communs (STOC) en est lquivalent depuis 1989.

    Dans un monde sacrifiant beaucoup la Science, comment rendre justice des approches cognitives lies une approche en plein air , adopter une posture qui jette les bases dune coexistence entre amateurisme et professionnalisme ? Du fait quil nest ni totalement ignorant (la plupart du temps, bien loin de l !), ni totalement professionnel, l amateur trouble limage de la science normale confine et reproductible (Charvolin, 2009). Il est clair aujourdhui que nous manquons de travaux en sociologie sur une rflexion sur ces aspects.

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    Science participative, science citoyenne, science collaborative

    Depuis ces dernires annes, trois expressions dont le point commun est le mot science - science participative, science citoyenne, science collaborative - semblent vouloir se partager ce nouveau mode de participation du public et du grand public, avec souvent une absence de dfinition formelle, des frontires bien floues et, dans leur application, des nuances entre ces sciences pas toujours aises dceler. La caractristique commune de ces trois expressions est de faire appel aux rseaux existants qui veulent bien simpliquer et toute personne volontaire qui accepte de suivre un protocole prdtermin. Les donnes rcoltes sont valides dans un premier temps par des ttes de rseau . La question essentielle est bien souvent qui est linitiateur ?... , de la science au citoyen ou du citoyen la science ?

    Science participative :

    Les sciences participatives nexistent pas sans science, ni sans un organisme scientifique qui a effectu le choix initial du sujet et qui a valid, analys et propos un protocole pour la production de donnes et leur interprtation. Cest un lment de la connaissance scientifique avec un suivi long terme pour obtenir des tendances, condition que les bases dobservation ne soient pas trop profondment modifies dans le temps et que la qualification des observateurs reste galement homogne ou mme samliore dans le temps. Le point fondamental est donc la dure de lobservation (plusieurs annes voire dcennies) afin de pouvoir tirer des tendances : donnes de suivi avec quelques espces cibles dterminantes (oiseaux, papillons, chauves-souris, escargots, grenouilles, orchides.).

    Science citoyenne

    Initiative individuelle ou collective avec des motivations trs diverses et parfois un ct affectif trs marqu. Il est ou non fait appel une dmarche scientifique pour le traitement des donnes. Le problme majeur reste la validation et le traitement des informations qui dans nombre de rseaux caractre associatif peut se faire par la diffusion des donnes et la validation par les pairs. Par ailleurs, cette dmarche peut permettre une sensibilisation et une prise de conscience de certains problmes par le grand public et les pouvoirs publics. Cette science citoyenne doit pouvoir conserver sa libert dinitiative, tout en reconnaissant les limites scientifiques de lexercice.

    Science collaborative

    Pour certains interlocuteurs, la rciprocit de linformation du scientifique vers le producteur de donnes et de ce producteur de donnes vers le scientifique doit tre permanente avec une ncessit absolue dengager un vritable dialogue et une participation sur le long terme du producteur de donnes. Cela oblige le scientifique non seulement tablir des protocoles valids avant de les mettre disposition, mais surtout interprter rgulirement les donnes quil a fait rcolter. La science collaborative institue un vritable partenariat, ce qui nest pas toujours le cas dans certaines expriences de sciences participatives. Il est noter que le ministre en charge de lducation nationale dans ses projets de participation des classes des programmes dobservations et de suivis emploie le terme de science collaborative .

    Ces trois expressions pourraient relever dune querelle assez strile de smantique, mais elles peuvent tre galement rvlatrices de comportements scientifiques, sociologiques voire

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    politiques diffrents. La convergence est, d'une part, le mot science , qu'il faudrait prciser et, d'autre part, une forme de participation dun public marquant un intrt pour une participation active une connaissance naturaliste.

    Le niveau de l'initiative pourrait permettre de trancher entre les qualificatifs de participatif, de citoyen, de collaboratif. Si une instance scientifique recourt des collecteurs de donnes ou des exprimentateurs extrieurs ( diffrencier d'une collaboration entre laboratoires institus) pour mener une recherche qu'elle a dfinie, on peut privilgier la notion de science participative. A l'inverse, si un groupe de personnes, organis ou susceptible de l'tre, engage une action qui l'intresse avec un rsultat qu'on peut qualifier de scientifique, ou qui peut rencontrer l'intrt d'une instance scientifique reconnue, on peut prfrer la notion de science citoyenne. Quant la science collaborative, sa spcificit serait le partage assez gal entre les deux niveaux, instance scientifique et public participant. Mais dans ce dernier cas pourquoi ne pas privilgier lexpression de science partage ?

    La frontire entre ces trois expression n'est certainement pas absolue, et on peut percevoir, travers les exemples rencontrs une progression plutt qu'une rupture de l'une l'autre. Nous nous en tiendrons donc dans nos discussions au terme de sciences participatives .

    En fait, la question essentielle aujourdhui est un encouragement clair et non quivoque sur la sensibilisation dun public plus large la thmatique de la biodiversit et de la connaissance de la nature en crant un appui au dveloppement dun tel mouvement comme moyen complmentaire de la politique de recherche et de gestion dans ces domaines. Une certaine labellisation , ventuellement par voie rglementaire, doit en garantir lintrt tant au plan scientifique que pour les applications que lon peut en tirer jusqu des propositions de modes de gestion de notre environnement plus pertinentes et durables.

    Initiatives existantes

    La lettre de mission (annexe 2) prvoyait un recensement de lensemble des initiatives en cours ou ayant exist. Un tel recensement sest avr fort dlicat raliser devant la dispersion, la disparit, la dure des initiatives lances, tout aussi dlicate lanalyse de chacune dentre elles avec ses forces et faiblesses. De plus, les programmes de sciences participatives et toutes les initiatives apparentes sur le thme de la participation du grand public afin de mieux connatre et suivre lvolution de la biodiversit, ou les rpercussions des changements climatiques sur les espces et habitats en France ne sont gure aiss recenser, faute de dclaration des actions elles-mmes. De plus, entre les initiatives dnommes participatives et qui ne le sont manifestement pas, et celles qui nen portent pas le nom mais qui en ont toute la dmarche, il nest pas ais de faire le tri1. Il a t dcid de ne pas poursuivre trs loin sur les points (1) et (2) de la lettre de mission, ou que trs partiellement, les moyens dinvestigation et le temps consacrer ces aspects rendant le but initialement pos inatteignable. De plus une impartialit absolue tait impossible dans le traitement des apprciations. Malgr lensemble de ces difficults, il a t possible de faire un inventaire sommaire dun certain nombre des initiatives actuelles. Cette dmarche de participation a dj fait lobjet de

    1 Programmes de sciences participatives et initiatives apparentes sur le thme de la biodiversit en France,

    Marine Legrand, octobre 2010.

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    quelques rflexions globales sur les projets "citoyens" d'observation de la biodiversit. Des donnes existent, entre autres, dans deux documents : - celui lanc par le rseau Tela Botanica l'occasion du colloque " Rseaux collaboratifs et sciences citoyennes " Montpellier en octobre 2009, avec la publication dun livret Observons la nature, des rseaux et des sciences pour prserver la biodiversit (44 projets lists et analyss),

    - celle initie par l'IFREE (Institut de formation et de recherche sur l'ducation l'environnement). Publi en mars 2011, le livret sur les sciences participatives vise proposer une typologie des programmes participatifs d'observation de la biodiversit, et prsente les intrts et les contraintes de chacun des 18 projets analyss). De discussions rcentes, il ressort quil y aurait en France aujourdhui prs de 200 initiatives lances !

    Analyse de divers exemples

    Programmes avec donnes de suivi (dmarche co-dductive)

    Certains laboratoires de recherche se sont lancs dans des programmes avec des donnes de suivi et ont ax leurs dmarches sur ces notions organisationnelles nouvelles, dites dmarches co-dductives. Impliquant une ou plusieurs quipes de recherche du Musum national dHistoire naturelle dont celle de Conservation des espces, restauration et suivi des populations , anime par Denis Couvet, avec un partenariat avec un ou plusieurs acteurs associatifs ou/et institutionnels, ces projets scientifiques de sciences participatives sont inscrits dans le cadre plus large du programme dnomm Vigie Nature. Cr en 1989, ce programme Vigie Nature du dpartement scientifique Ecologie et gestion de la biodiversit du Musum fdre des rseaux dobservateurs naturalistes volontaires. Il produit des indicateurs, des cartes, des bilans nationaux, qui constituent de vritables rfrences scientifiques et permettent une meilleure comprhension de ltat de la biodiversit et de son fonctionnement. Les travaux mens ont pris une rsonnance particulire durant lanne mondiale de la biodiversit en 2010. La brochure de lancement du programme prcise Ds le printemps, rendez-vous dans les jardins privs, publics, les balcons en ville, les parcs, les jardins potager pour pister papillons et escargots. Pour les insectes pollinisateurs, le suivi peut tre aussi ralis au-del : sentiers, chemins campagnards.... Petit ou grand, dbutant ou expert, citadin ou campagnard, chacun peut ainsi devenir observateur de la biodiversit. Plus le rseau des contributeurs sera important, plus les informations rcoltes seront pertinentes. Quelques minutes suffisent ! Aprs un tour au jardin, il suffit de sinscrire sur le site de Vigie-Nature www.vigie-nature.fr ou directement : via le site www.noeconservation.org, pour les papillons et les escargots ; sur www.spipoll.fr pout les insectes pollinisateurs ( partir du 21 mai 2010). Les informations collectes seront transmises aux scientifiques du Musum national dHistoire naturelle. Elles permettront de suivre lvolution des populations et de mieux comprendre les impacts des changements climatiques, des modifications du paysage et des pratiques de jardinage .

    Quatre de ces programmes peuvent tre brivement prsents ici : -le programme STOC, lanc en 1989 avec le CRBPO (centre de recherches pour le

    baguage des populations doiseaux) qui le coordonne au sein du Musum national dHistoire naturelle, concerne les oiseaux communs. Il est bas sur une observation (reconnaissance vue ou au son) d'un certain nombre d'espces d'oiseaux communs par des ornithologues bnvoles. L'objet scientifique est de suivre l'volution de populations classes selon leur

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    mode alimentaire. Ainsi, le laboratoire du Musum, pilote de cette opration, a pu objectiver la baisse des populations infodes l'agriculture traditionnelle, et l'augmentation des oiseaux d'espces gnralistes. Cet exemple illustre bien la notion de science participative.

    - le dnombrement des papillons de jardin a t lanc par une association, No Conservation, qui a souhait ensuite intresser le laboratoire antrieurement mentionn, ce qui illustre le passage du citoyen au participatif.

    - le programme Vigie-flore, observatoire citoyen pour le suivi de lvolution temporelle et labondance des plantes communes de France, lanc en 2009, entre le Musum national dHistoire naturelle et Tela Botanica, 1 392 espces observes, 269 observateurs dans 82 dpartements,

    - le programme SPIPOLL (suivi photographique des insectes pollinisateurs), le plus rcemment lanc (mai 2010), en collaboration avec lOPIE (Office pour les Insectes et leur Environnement) s'intresse aux insectes pollinisateurs qu'il s'agit de photographier. Ce dernier programme a fait lobjet de controverses de la part de certains chercheurs qui y ont vu une drive pseudo-scientifique . Dans un premier temps, nest-ce pas une dmarche citoyenne, collaborative, voire sensibilisatrice autant que scientifique ?

    Programmes lis la phnologie

    Parmi les autres programmes lis des observations et inventaires, il y a ceux des donnes phnologiques avec protocole dobservation, restitutions rgulires et interprtations scientifiques des donnes dont par exemple lObservatoire des saisons sous lgide du CNRS ou ceux suivis par le CREA (Centre de recherche sur les cosystmes d'altitude) avec un observatoire des saisons, de la climatologie, des dates de migrations des oiseaux Pour le premier, il a t cr en 2006, par le groupement de recherche systmes dinformation phnologique pour ltude et la gestion des changements climatiques du CNRS de Montpellier, en partenariat avec Plante Sciences, Phenoclim et Tela Botanica. De tels programmes existent ltranger, entre autres en Suisse, sous la responsabilit des services mtorologiques. Mme sils furent raliss sous dautres vocables, les relevs phnologiques existent depuis des sicles, surtout dans les rgions viticoles et leur analyse permet de connatre, entre autres, les variations climatiques des sicles prcdents. En effet, les dates de vendanges (dbut et fin) sont trs informatives sur lvolution du climat, de mme que les floraisons des arbres fruitiers, les dates de rcolte des fruits

    Programmes dinventaires

    Enfin, il est possible de dfinir un troisime groupe, celui des rcoltes de donnes avec un objectif essentiellement quantitatif et spatial. Ces enqutes participatives sont coordonnes le plus souvent de manire exclusive par des acteurs associatifs dont certaines grandes associations comme la LPO (Ligue de protection des oiseaux) et ses dclinaisons rgionales et locales, ou dautres associations trs spcialises dans un groupe (ordre, famille). Dans quelques cas, certaines collectivits territoriales comme les Conseils rgionaux ou gnraux, ont initi et suivent des inventaires de faune, parfois de flore. Des protocoles de relevs sont tablis, avec ou sans lappui officiel dune institution scientifique, et permettent de globaliser les observations et den tirer quelques conclusions. Si le monde des oiseaux est dominant (plus dune quinzaine dexemples en France), il faut noter quelques expriences de collectes de donnes sur dautres groupes comme les chiroptres (chauve-souris), les insectes protgs de Corse, les amphibiens, les reptiles et invertbrs en Bretagne (Bretagne Vivante), les odonates dans la rgion Nord-Pas-de-Calais,

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    la rpartition de la faune sauvage en AlsaceLe monde de la flore semble moins prsent, du moins sous la dnomination de sciences participatives, alors que dimportants rseaux de professionnels et amateurs, tant sur les espces que sur les habitats sont anims par les conservatoires botaniques nationaux. Les donnes obtenues sont de type inventaire et font souvent lobjet de publications ultrieures sous forme datlas, ou de documents divers. Mais la restitution des donnes consolides et interprtes est plus ou moins bien effectue auprs des divers producteurs de donnes.

    Indpendamment des diverses expriences prsentes en annexe 1, il faut ajouter entre autres pour le milieu marin, Cybelle Mditerranee, programme de science participative en mer Mditerrane, Ce projet stale sur plusieurs annes et permet dobserver grande chelle et long terme lvolution de la biodiversit marine, et de mieux comprendre limpact des changements globaux (climatiques et autres) sur lcologie mditerranenne. Cette veille de ltat de sant de la Mer Mditerrane contribue largement sa prservation ainsi qu lducation de ses usagers . Dans le document dit par lassociation Tela Botanica (2009), on trouve encore CapOeRa, pour les ufs de raies, le recensement des requins plerins, Hippo Atlas et Hippo-Thau sur les hippocampes, Doris pour la plonge, Reef check pour les coraux, Fish Watch pour la Mditerrane, les dauphins de la Mer Rouge, lidentification des coraux Une liste plus exhaustive est produite en fin de document. Un site a t trs rcemment ouvert par lAgence des Aires Marines Protges pour les activits dobservations sous-marines, www.observateurs-plonge.fr et un autre est disponible auprs du SINP, http://www.naturefrance.fr/sinp/animation/mer.

    Face ces exemples, multiples et diversifis, se posent rapidement deux questions ;

    - la validation des donnes et parfois des mthodologies exprimentales dlicates appliquer sur le terrain. Cest ici quintervient la question dominante de la formation des collecteurs : certains, dj bien qualifis, doivent recevoir une formation adquate quils transmettront ensuite leur entourage. Le Musum national dHistoire naturelle peut ici jouer un rle dterminant, il en a dj lhabitude dans ses activits denseignement et de recyclage denseignants. Il peut galement assurer et/ou coordonner la formation des participatifs au dmarrage et au meilleur niveau (pourquoi-pas dailleurs en relation avec ses partenaires institutionnels habituels sur des sites en province ou au sein du PRES Paris-Sorbonne ?), ceux-ci ensuite sauto-formant et formant successivement leurs membres.

    - lintgration des nouvelles donnes et les relations avec le Systme dinformation sur la nature et les paysages (SINP) et lInventaire national du patrimoine naturel (INPN). Il est rappel que larticle L 411-5 du code de lenvironnement prcise bien que les inventaires sont conduits sous la responsabilit scientifique du Musum national dHistoire naturelle. . Lapport participatif reprsente donc une valeur ajoute certaine et un enrichissement extraordinaire des bases de donnes. Mais ces activits denrichissement ne peuvent tre effectues sous la seule responsabilit des associations ou des organisations non gouvernementales (ONG), il faut une certification nationale qui, demande et soutenue par le ministre en charge de lcologie, doit tre assure, de faon collgiale, sous lgide de linstitution dont cest lune des missions historiques et qui est dpositaire de collections de rfrences dans de nombreux domaines de la biodiversit, le Musum national dHistoire naturelle.

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    Un exemple nord-amricain

    Lors des troisimes rendez-vous de laccord Canada-France, qui se sont drouls en mars 2011 au Biodme de Montral, et aux contacts tablis en particulier avec Marjolaine Giroux, quelques informations complmentaires peuvent tre proposes. Le site scienceforcitizens.net, fait apparatre une foule de projets trs divers comme Arizona bad eagle nest watch, Globe at night, Old weather, Diving in, Cornell Lab of ornithology, Skywarn La trs active et puissante Citizen Science Alliance (CSA), ne du regroupement de diverses initiatives, coordonne nombre de ces actions.

    Aux Etats-Unis, les questions de base tournent autour de : - Comment la participation est-elle dfinie ? - Comment catgoriser les projets ? - Quelles en sont les retombes ? .

    Le Center for Advancement of Informal Science Education (CAISE) - sorte de participation du public la recherche scientifique (PPRS)-, avec un comit dtude a t cr pour identifier et dcrire l'ventail des projets et activits, dfinir les modles, comprendre et dcrire les impacts pdagogiques et faire des recommandations pour amliorer la conceptualisation et la ralisation de projets futurs.

    Cette participation du public la recherche scientifique implique : - communaut scientifique : donnes, publications, de projets irralisables des projets

    ralisables - citoyen : plaisir, implication sociale, changement, comportements, reconnaissance,

    habilets - culture scientifique : amlioration des connaissances, vocabulaire, mthode

    scientifique - communaut tout entire : rapprochement chercheur-citoyen, qualits des

    discussions

    Lanalyse effectue par Marjolaine Giroux (2011) propose, partir de CAISE, la typologie suivante :

    Bnvolat scientifique

    Science communautaire

    Science citoyenne Science participative

    Bnvole supervis par quipe de recherche, voyage

    Projet initi et men dans la communaut par le citoyen

    Le citoyen collecte les donnes scientifiques de base

    Collabore toutes les tapes du projet, actions, ractions

    Plantaire, projets urgents Echelle locale, besoins locaux

    Grande chelle, projets de recherche

    Petite chelle, besoins locaux

    Priorit RS leve Priorit RS moyenne Priorit RS leve Priorit RS moyenne Priorit ducation moyenne

    Priorit ducation moyenne

    Priorit ducation leve Priorit ducation leve

    Earthwatch.org Atlas des odonates du Qubec

    nestwatch.org usawaterquality.org

    Toutes ces typologies sont bien sr discutables (CAISE, 2009). Pour la science participative, le bnvole collecte les donnes sur un protocole tabli par les chercheurs, le projet est

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    grande chelle et les priorits tant pour la recherche scientifique que pour lducation sont leves. Ces priorits sont dfinies en relation avec lurgence de la situation environnementale.

    Modles de projets de sciences citoyennes

    Etapes du processus scientifique

    Projets de contribution

    Projets de collaboration

    Projets de co-cration

    Dfinir les questions nestwatch Invasive plant atlas X reclam the bay Bibliographie, contexte x Poser des hypothses x Etablir la mthodologie x x Collecter les donnes, chantillonner

    x x x

    Analyser chantillons et donnes

    x x x

    Interprter, tirer les conclusions

    x x

    Diffuser, proposer des actions

    x x x

    Dfinir de nouvelles questions

    x

    Paramtres privilgier Le caractre scientifique de l'objectif. Divers programmes peuvent avoir pour objet un simple inventaire d'espces. L'inventaire implique une connaissance scientifique de base pour scuriser l'identification. Toutefois le rsultat reste limit en termes de recherche. Il peut viser la prsence ou l'absence d'une espce, ou la quantifier (modles dabondance dans le temps). Il peut cadrer un domaine gographique large (commune par exemple, dans l'tablissement des atlas communaux lancs en 2010 par le ministre en charge de lcologie) ou exiger une go-localisation plus prcise, en relation potentielle avec des caractres de milieu. On a l une progression de la dmarche ventuellement de hors-champ science citoyenne, puis participative. Un inventaire renouvel, ou un observatoire permanent ont dj plus de consistance en fournissant une donne d'volution. On ne peut donc les exclure du sujet. La comptence scientifique des participants La validation scientifique des donnes recueillies est ncessaire. Au dpart, les mobilisations bnvoles impliquent souvent des amateurs clairs (ce sont aussi souvent danciens professeurs ou chercheurs, partis la retraite), et souvent connus des chercheurs en activit, ce qui amne la confiance a priori. Dans divers programmes, une formation peut tre apporte. SPIPOLL fournit par exemple en ligne un outil de dtermination, mme si la qualit premire recherche est celle de la photographie. L'utilisation des donnes est aussi raisonne par des tests de vraisemblance ou de cohrence qui peut amener une slection des participants, mme si elle est sociologiquement dlicate . On peut voquer certains outils permettant une collecte plus normalise de donnes, par exemple les bat-boxes (enregistrant les ultrasons caractristiques des diverses espces de chiroptres) voire des reconnaissances automatises d'oiseaux sur enregistrement. Ces outils ont leur limite mais les marges de progrs sont possibles. Une polmique assez violente a t dclenche aprs le lancement de SPIPOLL (suivi photographique des insectes pollinisateurs), en mai 2010 (en partie lie un manque de

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    communication interne entre les scientifiques entomologistes du Musum et les animateurs MNHN/OPIE de laction) avec un groupe de chercheurs belges spcialiss dans les insectes pollinisateurs. Ces derniers ont mme accus le Musum de faire de la pseudoscience ! Tout ceci a atteint un point dorgue dans un numro de la Revue la Recherche au printemps 2011. En fait, il est clair que le millier dinsectes pollinisateurs en France (sur les 1,8 million despces connues, 250 000 sont des pollinisateurs !) reprsente beaucoup plus de difficults didentification que les quelques 100 oiseaux communs , 30 chauve-souris ou la vingtaine de papillons de jardin , recenss dans les tudes prcdentes. Mais par ailleurs, donnons-nous quelque temps pour faire une analyse impartiale du retour de SPIPOLL aprs deux annes dexistence. STOC avait aussi t trs critique lors de son lancement et nul nenvisage aujourdhui de remettre en cause cette action. La loi des grands nombres Un argument de fiabilit avanc par les interlocuteurs est le grand nombre de donnes collectes, notamment en Grande-Bretagne o on voque des centaines de milliers d'observateurs. Le traitement statistique est cens neutraliser les erreurs de dtermination. Cette loi n'est certes pas absolue, et il faut fixer le nombre minimal de donnes pour quelles soient valides, ce qui nest sans doute, statistiquement pas toujours le cas en France, faute du nombre minimum dobservations. L'animation La relation entre le scientifique et les participants peut tre directe, notamment grce Internet. Mais, de nombreux rseaux locaux ou rgionaux se sont dvelopps et peuvent animer, dynamiser, scuriser un programme - parcs naturels, CPIE, (centre permanent dducation lenvironnement), associations spcialises... Ils interviennent en intermdiaire entre grand public (ou adhrents) et la recherche. Mais, ils peuvent tre aussi l'chelon scientifique d'initiative. En fait, il faut pousser en sociologie la rflexion sur les sciences amateurs et la recherche acadmique , afin de bien analyser les conditions de lharmonie ou de lchec entre les deux communauts. Amateurs et professionnels parlent-ils de la mme chose ? En fait, oui, et ils le font bien partir des mmes procdures. Il ny a pas de diffrence de nature du processus entre les activits des amateurs et celles des professionnels, telle que lon pourrait dnigrer lune en parlant damateurisme et de valoriser lautre en parlant dexpertise scientifique (Charvolin, 2009). La diversit de la recherche Aucune institution scientifique ne peut revendiquer un monopole en matire de sciences participatives, et elles ne le font pas. De ce fait, le recensement des initiatives est dlicat et par voie de consquence reste incomplet. Par exemple, le Parc national des Pyrnes, avec l'appui du Conservatoire botanique national correspondant, fait de la prospection dductive (tude pralable des sites prospecter) confie des botanistes bnvoles de l'association des amis du parc national. Cest aussi le cas pour lAssociation des Amis de la Massane qui gre la rserve naturelle du mme nom. Les risques viter

    On ne peut luder plusieurs facteurs entrant en jeu dans le dveloppement des sciences participatives et qui peuvent devenir conflictuels ou entraner une dsaffection du public.

    - Les conflits scientifiques entre les co-dductifs et principalement les taxonomistes (scientifiques et amateurs) par mauvaise comprhension des mthodes et des objectifs des sciences participatives sont frquents. Par exemple pour les sciences participatives labsence de lune des espces cibles est une donne. Par ailleurs, certains domaines ne

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    disposent plus de spcialistes, mme au Musum (par exemple en lichenologie), et l'intrt d'une mobilisation bnvole permet de ne pas s'en dsintresser totalement. On peut ainsi enregistrer un regain d'intrt dans un public plus large, pour la zoologie ou la botanique. Il existe aussi des communauts d amateurs qui ne reconnaissent pas la comptence de certaines institutions et se tournent vers des organismes trangers, cela peut poser des problmes en matire de dpts de types. Cela est dommageable car bien souvent les difficults viennent de conflits relationnels.

    -

    - La recherche du spectaculaire est souvent lie des facilits de communication et des retours financiers plus aiss. Les budgets publics allous la recherche consacre la biodiversit ne sont pas susceptibles d'augmenter sensiblement dans le contexte actuel. Un certain mcnat peut aussi s'exprimer travers certaines initiatives. Cest le cas pour Vigie-Nature. La recherche de crdits peut sans doute inciter faire des propositions autant mdiatiques que scientifiques. Il se pose aussi la question de laccs aux mmes guichets potentiels entre associations et institutions.

    -

    - La saturation des acteurs de terrain et du grand public : il serait utile que des dfinitions claires et acceptes par lensemble des partenaires soient labores avec une charte de bonne conduite afin dviter les confusions, les erreurs, les manipulations ou toutes autres formes qui entraneraient une suspicion des fournisseurs de donnes et dobservations. Rien ne serait pire que la dsaffection du grand public, qui est dj peu mobilis en France sur tous ces sujets.

    -

    - La focalisation sur l'espce, l'individu : la vision de la biodiversit sen trouve tronque, trop simplifie avec le risque de conforter une trs grande majorit de la population dans une approche simpliste et donc rellement errone des enjeux actuels.

    Une coordination gnrale et centralise est-elle souhaitable ?

    Il serait souhaitable que la France puisse tendre vers une vision globale des diverses sollicitations du public pour amliorer les connaissances. Mais, dans le mme temps, il ne faut surtout pas touffer la spontanit de certaines initiatives, ni proposer dhomogniser les techniques mettre en uvre. Mais une meilleure connaissance des initiatives et un partage des donnes pourraient tre envisag afin dviter les programmes redondants ou les groupes taxonomiques orphelins. Dans ce cas une grille d'valuation du caractre de sciences participatives serait utile. Lide de la cration dune structure inspire du Citizen Science Alliance pourrait permettre de jouer ce rle de partenaire fdratif national pour toutes les initiatives franaises. Afin de ne pas crer un nouvel instrument, un tel rle ne pourrait-il pas tre tenu par le Musum national dHistoire naturelle ?

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    Considrations gnrales sur les points (3) et (4) de la lettre de mission Dans une interview donne deux collgues (Gosselin et al., 2010) du Cemagref (Institut de recherche en sciences et technologies pour l'environnement) par Romain Julliard, lun des animateurs essentiels des sciences participatives au Musum, les questions majeures poses taient :

    (1) Pourquoi faire appel au grand public pour suivre l'volution de la nature (biodiversit, mais aussi phnomnes physiologiques, comme dans l'observatoire des saisons) ?

    (2) Quel est l'historique des suivis participatifs ? Dans quel pays est-ce le plus dvelopp ?

    (3) Comment se fait le choix des taxons suivre ? (4) Ces suivis suscitent-ils un engouement rel et durable de la part des scientifiques et de la part du public ?

    (5) N'y a-t-il pas de forts effets observateurs et des risques d'erreurs si les observateurs sont novices ? Si oui, comment les corrige-t-on et comment analyser les donnes ?

    (6) Comment matriser la reprsentativit de l'chantillonnage sur un territoire donn, lorsque les points d'observation sont contraints par le lieu d'habitation des observateurs ?

    (7) Peut-on esprer des rseaux mixtes professionnels/amateurs, les professionnels bouchant les trous du plan d'chantillonnage ?

    (8) Peut-on envisager un rseau professionnel pour valuer l'efficacit des politiques publiques de protection de la biodiversit ?

    (9) Les suivis sont-ils considrs comme un enjeu fort par les dcideurs et plus gnralement par la socit ?

    (10) Les protocoles sont-ils cohrents entre pays ? (11) Quel lien et quelles diffrences entre les suivis participatifs et le SINP (Systme

    d'informations sur la nature et les paysages) ? (12) Le ministre en charge de la Recherche ou le CNRS rflchissent pour leur part

    au montage d'observatoires de recherche en environnement. Ces observatoires permettraient-ils d'valuer les politiques publiques de conservation de la biodiversit ? De cet ensemble de questionnements, logiques et techniques, il ressort soit des interrogations fondamentales et rcurrentes sur le fond des sciences participatives, soit sur des aspects mthodologiques.

    En Hollande comme en Angleterre, dans les pays de culture anglo-saxonne en gnral, les gens sont trs impliqus dans la vie collective, plus que dans les pays de culture latine. Beaucoup d'associations remplissent des fonctions de services publics, et ce, dans tous les domaines. Dans le domaine naturaliste, les observateurs sont donc beaucoup plus faciles mobiliser qu'en France, quels que soient les taxons. Le mouvement associatif est plus fort dans ces pays (par exemple la Royal Society for the Protection of Birds (RSPB) compte plus d'un million de membres, l o la LPO en France en compte un peu plus de 45 000).

    Bien que toute gnralisation soit toujours sujette caution, la diffrence de culture se traduit aussi dans la grande confiance que les observateurs anglo-saxons font dans les protocoles et le projet collectif de suivi. Dans les pays de culture latine en revanche, l'observateur est plus mfiant et se pose trois questions avant de s'engager :

    1. Est-ce que je ne risque pas d'tre instrumentalis ? 2. Ce projet de suivi est-il utile ? 3. Est-ce que je suis utile pour ce suivi ?

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    Si d'autres peuvent le faire aussi bien que lui, l'observateur (potentiel) se passera de le faire. C'est peut-tre une des raisons qui expliquent le succs de l'Observatoire des Papillons de jardins par rapport l'Observatoire des saisons : au-del de la premire motivation, qui est de reconnatre les papillons, il y a le sentiment des observateurs que leur jardin, espace priv, fournira des donnes que nul autre ne pourra obtenir ; alors que le type de donnes de l'Observatoire des saisons, par exemple la date de dbourrement ou de chute des feuilles, ne varie gure d'un jardin l'autre l'chelle d'une commune (Julliard, 2010).

    La question pose Romain Julliard, (unit de recherche de Denis Couvet), tait Faut-il faire appel au grand public pour recenser la biodiversit ? . Ses rponses sont claires (septembre 2010) : Cette dmarche permet aux scientifiques daccumuler une grande quantit de donnes, quils nauraient pas obtenues par eux-mmes . En tant que scientifique responsable des programmes de sciences participatives du Musum, je suis videmment convaincu par cette dmarche. La participation du public au recensement de la biodiversit nous permet en effet d'accumuler une grande quantit de donnes, recueillies dans diffrents sites, et de manire rpte dans le temps. Ces informations, que la communaut scientifique ne peut obtenir seule, sont indispensables pour tudier la dynamique des espces animales et vgtales aux chelles des changements globaux. Les naturalistes amateurs participent depuis longtemps au suivi de la biodiversit. Ce qui change aujourdhui, cest que les quipes scientifiques sinvestissent dans la coordination de ces recensements locaux, et quelles sen servent pour mettre en vidence des phnomnes parfois inattendus. Dabord rserv aux naturalistes expriments, ce partenariat entre scientifiques et observateurs volontaires s'est depuis peu ouvert au grand public. En France, les programmes de sciences dites participatives proposent par exemple de compter les papillons, avec lObservatoire des papillons de Jardin, dtablir des collections photographiques dinsectes pollinisateurs, dans le cadre du Suivi photographique des insectes pollinisateurs, ou encore de surveiller la date o les bourgeons des arbres souvrent, pour lObservatoire des saisons. Plus de 10 000 personnes participent chaque anne ces trois programmes, coordonns au niveau national par des quipes du Musum national dHistoire naturelle et du CNRS. Grce aux donnes recueillies par ces volontaires, on a dcouvert que la plupart des espces de papillons ne sinstallaient pas en ville, mme si elles pouvaient y trouver de la nourriture. linverse, ces tudes indiquent que les communauts dabeilles sont plus diversifies en ville qu la campagne. partir de ce constat, les scientifiques ont mis des hypothses, dont certaines ont t testes avec le public : cest ainsi quen accueillant un levage de chenilles, un petit groupe de volontaires a dmontr que la ville les protgeait de leur principal prdateur, une gupe parasitode. Autre exemple du succs de cette dmarche : en compilant les rsultats de diffrents programmes europens de science participative, des chercheurs ont montr que laire de rpartition des papillons glissait vers le nord trois fois plus vite que celle des oiseaux, mais moins vite que ce quoi on pouvait sattendre, compte tenu du rchauffement climatique. Ces programmes sont donc lorigine de vritables rsultats scientifiques. Mais sont-ils vraiment fiables ? On me pose souvent la question. Les volontaires nont pourtant, mes yeux, pas dautre intrt participer que de faire les choses au mieux. De plus, des tudes ont montr quils ne sinvestissaient dans des programmes de sciences participatives que sils se sentaient aptes le faire, et sils taient convaincus de lutilit de leurs observations. Enfin, lintrt de ces programmes ne dpend pas de la fiabilit de chacune des donnes, mais plutt du respect du protocole dobservation, et de la quantit dinformations rcoltes. Cest en

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    effet la base de donnes dans son ensemble qui est utilise par les scientifiques pour mettre en vidence les transformations en cours dans lenvironnement, et pas chaque donne prise individuellement. Enfin, ces programmes ne servent pas qu gnrer de nouvelles connaissances : ils contribuent aussi veiller lintrt du public pour la nature, et participent, nous lesprons, une meilleure perception des sciences. Ils permettent de plus dassocier la socit civile laccumulation de connaissances scientifiques indispensables la conservation de la biodiversit. On peut sattendre ce que cela donne davantage de lgitimit aux dcisions qui en dcoulent, qui auront ainsi une meilleure chance dtre mises en uvre collectivement .

    Un document de 2010 du ministre en charge de lcologie, Dclinaison rgionale et dmarche participative , prsente des propositions de travail en rseau et de dmarches participatives pour la conception des dclinaisons rgionales de la stratgie nationale de crations des aires protges mtropolitaines. Prcisant les modalits de la concertation, les objectifs y sont dtaills :

    - prendre connaissance de la mthode nationale de travail et poursuivre des travaux lchelle rgionale, - mobiliser des donnes pour examiner et valider des annexes rgionales. Le but est clairement de parvenir tre une force de proposition pour envisager de nouveaux projets daires protges.

    De lentretien avec les responsables de la ligue de protection des oiseaux (LPO) en septembre 2010, il est clairement ressorti que pour divers domaines dinvestigations, lapport des citoyens pouvait trs bien complter les travaux des scientifiques, surtout en matire de biodiversit autour des thmes essentiels, observatoires, indicateurs et scnarios. Cest mme souvent indispensable. Les observateurs citoyens sont lun des moteurs de la valorisation des travaux, exigeants quant une analyse en retour comprhensible par tous : le grand public apporte des donnes aux scientifiques qui doivent en retour fournir des propositions de rponses en matire dindicateurs et de scnarios. Un jeu complet dindicateurs doit permettre une valuation de ltat des services rendus par les cosystmes. La note conclut (Cadi, 2011) : Pour rsumer, trois outils sont donc complmentaires: (i) les citoyens apportent la puissance d'observation ncessaire la construction d'observatoires, (ii) les indicateurs permettent de comprendre et suivre ce bien universel quest la biodiversit, (iii) les scnarios permettent d'anticiper les problmes et ceci pourrait ainsi faciliter la rponse des socits aux difficults environnementales. La LPO est le plus puissant organisme participatif en France.

    De lentretien doctobre 2010 avec les responsables du WWF (Fonds mondial pour la nature) il ressort que diverses actions sont dj en cours comme bleu, blanc, rouge (3 fleurs dans les cultures intensives), le programme ctacs de Mditerrane, les zones de pontes de tortues en Guyane Ils estiment 2-3 millions le nombre de franais naturalistes . Lessentiel touche la qualit de la restitution, et il faut tout faire pour ne pas lasser lobservateur et bien le fidliser. Les observateurs peuvent aussi participer des enqutes dans les magasins, les grandes surfaces (prix, tiquettes, bois exotiques) aussi bien que pour des travaux plus classiques sur le terrain consistant couter les amphibiens, les oiseaux ou encore noter les dates des vendanges. Les responsables de WWF, eux aussi, insistent beaucoup sur le besoin imprieux dindicateurs et sur leur pertinence, cest--dire une recherche constante dadaptation de ces indicateurs aux questions poses et lusage de nouveaux. Les indicateurs actuels sont insuffisants et doivent voluer.

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    De lentretien avec les responsables de Tela Botanica (juin 2011), il est ressorti le fort apport participatif des bnvoles de lAssociation qui comprend prs de 14 000 membres en France aujourdhui. Elle est trs lie galement au MNHN pour sa participation des actions trs concrtes fdres au sein de Vigie-Nature ( Vigie-flore , observatoire de la flore commune, Sauvages de ma rue , Tout savoir sur les herbiers par exemple). Cre en 1999, elle est lun des acteurs majeurs des sciences citoyennes en France et dmontre bien le caractre indispensable de telles organisations. Le public nest plus le simple destinataire de la vulgarisation scientifique et il participe la cration du savoir crit Florian Charvolin dans le Livret de Tela Botanica doctobre 2009, aprs le Colloque de Montpellier cit antrieurement. Linventaire des herbiers de France propose une nouvelle interface de saisies pour 900 collections. Pl@ntScan vise mettre en pratique la reconnaissance automatique dimages de plantes. LAssociation grandit rgulirement et a besoin de ressources financires stables pour lui assurer sa prennit.

    Dans une publication trs rcente, Couvet et ses collaborateurs (2011) rsument la situation : Afin de dvelopper un systme complet dobservation de la biodiversit, les forces et les limites des diffrentes mthodes dobservation doivent tre compares. Nous examinons la pertinence des suivis documentant rgulirement, sur un grand nombre de sites, sur un large territoire, les caractristiques de nombreuses espces dune communaut (abondance des espces, phnologies), caractrisant la variation spatiale fine de la biodiversit. De tels suivis doivent sappuyer sur les sciences participatives, apportant dautres avantages. La mise en relation des variations observes avec les facteurs de changements globaux apporte des connaissances en macro-cologie et en cologie des communauts. Ces suivis extensifs peuvent estimer des effets diffus, facilitant une utilisation raisonne du principe de prcaution. En complment des tudes approfondies menes sur quelques sites, ces suivis sont la base ncessaire la construction de scnarios de biodiversit .

    Les contacts entre scientifiques et participatifs ne sont pas toujours simples tablir : qui connat qui ? La mconnaissance des relles personnes-ressources les plus proches du terrain conduit souvent des retards dans la mise en uvre des projets, voire des checs (Combat, 2010). La question est importante 4 niveaux ;

    1) difficults didentification des ttes de rseaux associatifs des niveaux dintervention supra-locaux,

    2) multiplicit des interlocuteurs associatifs/ mosaque de points dentre institutionnels ,

    3) savoir-faire existant sous-exploit et difficults de communication, 4) difficults de mobiliser les structures institutionnelles, scientifiques ou

    administratives, sur des projets participatifs car elles ne sont gnralement pas values l-dessus.

    Dans une note interne France nature environnement (FNE) de 2010, Combat propose de mettre FNE et le Musum national dHistoire naturelle au centre du dispositif dorganisation des interrelations entre science et participation et ainsi de reprciser le rle dvolu lObservatoire national de la biodiversit du moins dans le domaine participatif . Cet observatoire a t cre dans le cadre de la loi de programmation relative la mise en uvre du Grenelle de lenvironnement, dite loi Grenelle I (loi du 3 aot 2009 - article 25).

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    Conclusions

    Nous connaissons, aujourdhui dposes et archives dans les muses dhistoire naturelle, plus de 1,9 million despces et nous continuons en dcrire entre 16 et 18 000 par an, tout en sachant quil nous en reste de 10 30 fois plus dcouvrir (voir le papier trs rcent de Mora et al., dans PLoS Biology en aot 2011). Nous nen navons plus le temps, nous en aurons perdu la moiti la fin de ce sicle. Il nest pas exceptionnel de voir une espce disparatre entre sa premire collecte et sa description. Et nous avons vu que la biodiversit est bien autre chose que le seul archivage despces ! La question de la restauration (quand elle est possible !) des habitats est essentielle (Ray-Benayas et al., 2009, Vila et al. 2011). Dans leur rapport rcent pour le ministre en charge de lenvironnement, Le Maho et Boucher (2011) reviennent sur la faiblesse des travaux en France concernant le suivi long terme de lvolution de la biodiversit. Suite une proposition du Ministre, ils analysent lintrt de la cration dune Agence de lexpertise de la biodiversit. Aujourdhui le dveloppement des sciences participatives est un fait de socit et le combat permanent pour sauver la biodiversit en est imprgn. Au niveau des collectivits, des organisations institutionnelles diverses, des services du ministre en charge de la protection de la nature, ces sciences participatives sont prsentes et doivent trs srieusement tre prises en considration. Lors du premier Congrs commun des Rserves naturelles de France et des Conservatoires despaces naturels, Aix-les-Bains en avril 2011, leur importance a encore t souligne. Les donnes collectes se rvlent de plus en plus pertinentes et utiles et amnent aujourdhui la publication darticles fondateurs, dans de trs grandes revues, dterminants pour une meilleure prise en compte des grands changements prsents. A ce sujet (1,5 millions dheures dobservations !), le papier de janvier 2012 dans Nature Climate Change est emblmatique, sur les migrations lies la traque climatique des oiseaux et des papillons (Devictor et al., 2012) en Europe de lOuest !

    Lors de la mise en place de la Convention sur la diversit biologique (CBD), le besoin dindicateurs mesureurs de lvolution de la biodiversit stait rapidement fait sentir et nous bnficions aujourdhui dune vingtaine pour atteindre les cibles fixes. Mais seulement lun dentre eux Tendances de labondance et de la distribution des espces nest pas directement reli une exploitation conomique. En France, les donnes dans ce domaine sont totalement lies aux participatifs et leur rle est fondamental. Une tude rcente (Levrel et al., 2010) a mme dmontr que leur apport pouvait se chiffrer (temps pass, qualit du travail fourni, constance...) entre 0,7 et 4,4 millions deuros par an pour ladministration et la recherche ! En fait, ces participations la fourniture de donnes relatives la biodiversit sont essentielles. D Mathieu (2010) propose mme de passer du scientifique citoyen au citoyen scientifique ! L amateur impliqu est un citoyen ordinaire , dot de comptences particulires, quil va mettre au service dune cause publique, hors cadre professionnel. Les documents issus de ces partenariats dsirs peuvent tre trs performants, voir par exemple les cartes de rpartition de plantes en France tablies grce au rseau de Tela Botanica (14 000 participants), les suivis sur les oiseaux de la LPO ou encore de lObservatoire des saisons. Certains scientifiques ont encore des rticences (cf laffaire SPIPOLL voque prcdemment) utiliser des donnes non issues de laboratoires reconnus mais cela change en matire de diversit biologique et de travaux frquents et nombreux sur le terrain. Il persiste la question de la validation des donnes et parfois de mthodologies exprimentales dlicates appliquer sur le terrain. Cest ici quintervient la question dominante de la formation des collecteurs : certains, dj bien qualifis, doivent recevoir une formation adquate quils transmettront ensuite leur entourage. La MNHN peut ici jouer un rle dterminant, il a dj lhabitude dans ses activits denseignement et de

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    recyclage denseignants. Il est clair, ensuite, que le relais doit tre pris au niveau associatif (voir ABC, linventaire des communes de France). Le schma antrieurement brivement dcrit pour les USA avec le CAISE et le SCA prsente beaucoup dintrt, pourrait-il reprsenter un modle dont sinspirerait la France ? Noublions pas que ceci correspond un rel programme de recherche.

    Un autre aspect essentiel qui na pas encore t abord dans le cadre de ce rapport, est la situation dans les territoires franais outre-mer, siges dune extraordinaire diversit en espces et en habitats et pour lesquels leffort participatif nest pas encore suffisamment dvelopp. Des associations locales existent parfois mais ont souvent besoin daides financires et de contacts avec leurs homologues mtropolitains. Ceci est dvelopper, encourager et beaucoup mieux organiser sous lgide tant de lEtat que des collectivits territoriales. En effet, la participation est probablement (cela dpend quand mme des territoires) encore plus organiser quen France : les territoires peuvent tre trs vastes, peu peupls parfois (Caldonie ou Guyane), ou, linverse subir une surdensit de population sur trs peu despace (Runion, Antilles). Les grands organismes de recherche sont moins prsents et les Universits locales (cest aussi vrai en mtropole) nen sont quaux prmices de contacts avec les sciences participatives. Nous devrons donc mettre en uvre des mesures particulires pour gnrer et organiser leffort participatif dans ces territoires.

    Ce monde associatif, si souvent cit au cours de ce court rapport, a bien entendu besoin daides financires : le travail des bnvoles est, par dfinition, non rmunr, mais il faut aussi la prsence danimateurs associatifs professionnels en charge de la conduite des programmes, des relations avec les institutions scientifiques et de diffusion vers le public. La prise en charge de ces cots dans les demandes officielles des laboratoires nest pas toujours simple (ce sont souvent des salaires), encore que lAgence nationale pour la recherche (ANR) reconnaisse de mieux en mieux ces participations. Les associations passent beaucoup de temps (comme dailleurs aussi les chercheurs, mais ceux-ci pour leur fonctionnement, pas pour leur salaire) dans la recherche de fonds et l-aussi une organisation nationale serait probablement souhaitable (collectivits territoriales, fondations prives).

    Il ne saurait ici tre question de privilgier des taxons particuliers par rapport dautres. Tout est une question en effet de comptences existantes, denvie profonde de sintresser certains groupes (les oiseaux par exemple), de relations tablies entre citoyens et scientifiques Si certaines espces (le castor, une toile de mer) ont t dclares clefs de vote de certains cosystmes, et donc y jouant un rle dterminant (Boeuf, 2008), et particulirement pertinentes suivre, un taxon particulier ne saurait tre retenu comme seul indicateur de lvolution des habitats. Certains sont plus intressants que dautres mais la fonctionnalit des espces et habitats est certainement primordiale suivre et nous revenons ces besoins imprieux dindicateurs de changements ou de scnarios de lvolution de la biodiversit. Ici se repose dailleurs la question lancinante du choix du remarqu (plutt que remarquable , la nature nayant fait aucune discrimination !) par rapport au gnral (plutt qu ordinaire ). Quel est lintrt des espces emblmatiques en dehors du fait quil est beaucoup plus facile de mobiliser les citoyens sur les fleurs, les oiseaux ou les papillons que sur les puces ou les vers de terre ? Cest la fois une question dintrt et de comptences. Par ailleurs, les taxonomistes non-professionnels (scientifiques retraits et amateurs bnvoles clairs ) ont t lorigine de plus de la moiti des espces danimaux dcrites entre 1998 et 2007 (Silvertown, 2010, Fontaine et al., 2010). En Europe, 700 nouvelles espces sont dcrites actuellement par an, 4 fois plus vite quil y a deux sicles. Il sorganise en fait une coopration entre les chercheurs qui utilisent

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    les approches molculaires du barcoding (systme international de nomenclature et de phylognie sur des caractres de squences de gnes), et les participatifs toujours trs attachs aux aspects morphologiques. Ils sont toujours indispensables. Durant les Grandes expditions (cf le site de La plante revisite du Musum national dHistoire naturelle, de lInstitut de Recherche pour le Dveloppement et de ProNatura International), rcemment entre autres, Santo 2006 , MozamGascar 2008-2009 , puis bientt Madang 2012 , un appel non ngligeable est fait aux non-professionnels pour la collecte sur le terrain et la dtermination ou la description des spcimens ramens.

    Les travaux de biogographie et de conservation ont absolument besoin de laide des naturalistes, en dehors de la seule participation des professionnels . Pour tre pertinent et fiable, le systme a besoin dun gigantesque nombre de donnes tablies (Devictor et al, 2012), sur de longues priodes et de grandes surfaces. Ceci relance dailleurs le grand intrt de sortir des seules limites nationales, certains pays tant beaucoup plus actifs que dautres en possdant des communauts citoyennes mieux organises et sensibilises (Devictor et al., 2010). Il est impratif de dvelopper ces approches partout !

    Une trs intressante initiative a t lance (Blangy et al., 2011), dnomme ABORINET, pour promouvoir une collaboration troite entre des peuples indignes et des chercheurs pour mieux organiser, planifier, grer intelligemment les activits touristiques, vers des zones plus ou moins sensibles : en fait une gocollaboration . Comment un cotourisme bien pens peut-il la fois ne pas trop dranger des cosystmes avec les populations humaines et non-humaines qui y vivent, leur permettre de se dvelopper harmonieusement et durablement, aider les humains autochtones mieux communiquer et partager entre eux et permettre la collecte de donnes utiles tous pour mieux grer ? Certaines activits touristiques non contrles, par exemple destination de petites les (Boeuf, 2011b), commencent poser de srieux problmes environnementaux et sociaux.

    En fait, le but essentiel de la participation au sens large est double, - avoir accs des donnes non exploitables sans une couverture trs toffe des

    territoires ou des saisons, - dvelopper un outil de sensibilisation du public pour amener les observateurs

    changer leur regard sur la nature et sur la biodiversit et donc, contribuer collectivement une bien meilleure prise en charge de la gestion raisonne et soutenable des cosystmes. Il est clair quun tel objet doit prendre racine et tre relay par lducation scolaire, et ds le plus jeune ge, avec un intrt fortement accru pour les sciences du vivant et de lenvironnement.

    Finalement, la question finale pourrait-tre faudrait-il lgifrer ou rglementer (dcrets, arrts) les divers modes de participations du public aux sciences (participatives, citoyennes, collaboratives) ? . Nous ne le pensons pas, car il faut tout prix conserver le ct spontan dun certain nombre dinitiatives et ne pas brimer lesprit novateur ou innovant par des contraintes rglementaires qui ne pourront que difficilement suivre lvolution des besoins et des innovations. Nanmoins, ne faudrait-il pas trouver une mthode de validation des programmes lancs par des laboratoires appartenant des institutions publiques, voire prives, surtout quand des fonds tant public que privs sont galement recherchs ? Le Musum ne pourrait-il pas jouer ce rle ? Il nous apparat aussi que les diverses initiatives, surtout quand elles prtendent faire de la science participative de manire ouverte, puissent tre enregistres quelque part. A linstar du systme en place aux Etats-Unis, avec la CSA, une coordination gnrale et centralise pourrait tre

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    envisage. Ceci rendrait service au Ministre de lEcologie mais est dbattre avec tous les partenaires, le seul but tant de rellement amliorer la situation actuelle, non de la fragiliser ou de la rendre inoprante.

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    Annexe Quelques exemples de sciences participatives regroupes par grands thmes (Document labor partir dlments fournis par Marine Legrand, octobre 2010)

    Programmes impliquant une ou plusieurs quipes de recherche avec un partenariat avec un ou plusieurs acteurs associatifs ou/et institutionnels : projets scientifiques de sciences participatives :

    Vigie-Nature Rgion : France (essentiellement France mtropolitaine) lanc en 2006 par le MNHN (UMR CNRS/MNHN Conservation des espces, restauration et suivi des populations) et partenaires Date de cration : 2006 (1989 pour le STOC)

    Des nichoirs dans la plaine? Rgion : plaine cralire du Sud de Niort, lanc en 2007 par le CNRS Chiz, Zoodysse, Institut de formation et de recherche sur l'ducation l'environnement (IFREE), poser 3 000 nichoirs en 3 ans .

    Donnes phnologiques avec protocole dobservation et restitutions rgulires et interprtations scientifiques des donnes

    Observatoire des saisons Rgion : France/plaines Lanc en 2006 par : GDR 2968 SIP-GECC / Centre de recherche sur les cosystmes d'altitude CREA/Tela Botanica/Plante Science

    Phnoclim Rgion : France/montagnes Lanc en 2004 par le Centre de recherche sur les cosystmes d'altitude (CREA)

    Phnopiaf Rgion : France/montagnes Lanc en 2006 par le Centre de recherche sur les cosystmes d'altitude (CREA)

    Programmes d'inventaires, de rcoltes de donnes, enqutes participatives coordonnes le plus souvent de manire exclusive par des acteurs associatifs ou institutionnels. La restitution auprs des divers producteurs de donnes est plus ou moins finement effectue. Les donnes obtenues sont de type inventaire et peuvent faire lobjet de publications ultrieures sous forme datlas.

    Donnes phnologiques de lapparition de lautomne Etonnant automne Rgion : Ile de France Lanc en 2009 par Natureparif

    Observatoire de la flore patrimoniale du Pilat Rgion : territoire du PNR du Pilat Lanc en 2007 par le PNR du Pilat avec lappui du Conservatoire botanique national du Massif-Central

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    Sentinelles de la biodiversit Rgion : Nord Pas de calais Lanc en 2008 par : Conseil Rgional avec diffrents acteurs associatifs

    Rseau d'observation des insectes protgs (Corse) Rgion : Corse Lanc en 2006 par lObservatoire conservatoire des insectes de Corse Type de donnes : donnes d'inventaire

    Association des amis du Parc national des Pyrnes Inventaire et cartographie de la flore pyrnenne,

    Atlas participatifs de Bretagne Vivante Rgion : Bretagne Lanc en 2008 par Bretagne Vivante Type de donnes : donnes d'inventaire Deux atlas sont en cours : amphibiens et reptiles (2008-2011) et invertbrs (2009-2012)

    Obsnatu la base Rgion : Franche Comt Lanc en 2009 par LPO Franche Comt

    Faune PACA Rgion : Provence-Alpes-Cte d'Azur Lanc par : LPO Paca

    Faune Aquitaine : "atlas en ligne de la biodiversit rgionale " Rgion : Aquitaine Lanc par : LPO-Aquitaine Type de donnes : donnes d'inventaire

    Enqute hirondelles en Haute-Normandie Rgion : Haute Normandie Lanc par : LPO Haute Normandie, CHENE (Centre d'Hbergement et d'Etude sur la Nature et l'Environnement) et CPN (Clubs Connatre et Protger la Nature) Type de donnes : Donnes d'inventaire croises avec le type d'habitat

    Atlas des oiseaux nicheurs de Midi Pyrnes Rgion : Midi-Pyrnes Lanc en 2007 par Nature Midi-Pyrnes

    Atlas des oiseaux nicheurs du limousin Rgion : Limousin Lanc par : SEPOL, s'appuie en partie sur le protocole de suivi STOC EPS et alimente donc la base STOC.

    Atlas rgional des odonates Rgion : Nord Pas de Calais Lanc en 2003 par le GON (groupe ornithologique et naturaliste du Nord pas de Calais)

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    Enqutes participatives de l'ONEM Rgion : Languedoc-Roussillon Lanc par : Observatoire naturaliste des cosystmes mditerranens

    Bourgogne Base Fauna Rgion : Bourgogne Lanc par : Socit d'histoire naturelle d'Autun

    Avis de recherche (Biodiversit Poitou-Charentes) Rgion : Poitou-Charentes Lanc par : Rseau Partenarial des Acteurs du Patrimoine Naturel de Poitou-Charentes

    Atlas de rpartition de la faune sauvage dAlsace Rgion : Alsace Lanc en 2006 par : ODONAT (Office des donnes naturalistes d'Alsace)

    Pour la faune terrestre, le livret de Tela Botanica donne aussi beaucoup dautres associations, pour les oiseaux, les insectes et plus gnralement la faune, la flore

    Dans les rseaux constitus, il pourrait tre intressant de distinguer les organismes animateurs (CPIE, Espaces Naturels) et les associations spcialises (orchidophiles, OPIE, GRETIA), comportant des citoyens participatifs, auto-forms et formateurs.

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