De l'oxygène pour l'école 26 02 2013

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1 De l’Oxygène pour l’école Animé par Xavier Breton, Jean-Frédéric Poisson et Frédéric Reiss RAPPORT SUR LECOLE DU GROUPE DE TRAVAIL DU GROUPE UMP

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De l’Oxygène pour l’école

Animé par Xavier Breton, Jean-Frédéric Poisson et Frédéric Reiss

RAPPORT SUR L’ECOLE

DU GROUPE DE TRAVAIL DU GROUPE UMP

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Sommaire

I. Quelle mission pour l’école ?

A. Inventaire des principes idéologiques qui sous-tendent le projet socialiste en matière d’éducation

B. Les principes qui devraient fonder une rénovation de notre école.

II. Redonnons à l’école les moyens d’assurer sa mission.

1/ L’égalité comme refus des différences 2/ La liberté conçue comme un déracinement 3/ L’école au service de la transformation de la société4/ L’élève constructeur du savoir

1/ Revenir à la vocation première de l’école.2/ Restaurer la relation parent-enfant-enseignant 3/ Octroyer une vraie liberté aux acteurs et valoriser la diversité des talents des élèves et des réalités territoriales4/ Faire de l’école « un sanctuaire ouvert »

A. Redonnons toute leur place aux familles et leur autorité aux enseignants.

1 / Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants2 / L’enseignant doit retrouver toute son autorité 3/ Mieux prendre en compte les réalités territoriales

B. Libérons les initiatives

1 / Poursuivre sur la voie de l’autonomie donnée aux établissements 2 / L’évaluation est le corollaire indispensable de l’autonomie

C. Deux priorités d’action

1 / La lutte contre l’échec et le décrochage scolaire2 / Pour une école toujours plus inclusive

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Groupe de travail sur l’école animé par

Xavier BRETON, Jean-Frédéric POISSON et Frédéric REISS

Députés membres

Benoist APPARU

Julien AUBERT

Jean-Pierre BARBIER

Xavier BRETON

Jean-Michel COUVE

Gérald DARMANIN

Olivier DASSAULT

Claude de GANAY

Jean-Pierre DECOOL

Virginie DUBY MULLER

Daniel FASQUELLE

Annie GENEVARD

Guy GEOFFROY

Claude GOASGUEN

Philippe GOSSELIN

Claude GREFF

Michel HEINRICH

Patrick HETZEL

Valérie LACROUTE

Jacques LAMBLIN

Bruno LE MAIRE

Philippe LE RAY

Céleste LETT

Lionel LUCA

Alain MARC

Laurent MARCANGELI

Patrice MARTIN-LALANDE

Dominique NACHURY

Bernard PERRUT

Jean-Frédéric POISSON

Frédéric REISS

André SCHNEIDER

Jean-Marie SERMIER

Jean-Sébastien VIALATTE

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Monsieur Luc CHATEL,

Monsieur Frédéric GUILLAUD,

Madame Anne COFFINIER,

Monsieur Laurent BIGORGNE,

Monsieur Alain REI,

Madame Monique SASSIER

Monsieur Eric CHARBONNIER,

Des représentants des parents d’élèves :

Mme Pascale de LAUZUN, Monsieur

Christophe ABRAHAM .

Monsieur Jean-Jacques HAZAN,

et Mme Cécile BLANCHARD,

Madame Valérie MARTY,

et Madame Myriam MENEZ,

Mme Hélène LE MEUR,

Un représentant de l’ANDEV (Association Nationale des Directeurs Education des

Villes), Monsieur Benoît MAQUEDA

Personnalités auditionnées par le Groupe de travail.

ancien Ministre de l’Education nationale.

essayiste, ancien directeur des études de l’UMP

Directrice générale de la Fondation pour l’école.

Directeur de l’Institut Montaigne

Président du Groupement de défense des idées des directeurs

(GDID)

, Médiatrice de l’Education nationale.

analyste de l'OCDE sur les questions d'éducation

Membre du Conseil national de l’APEL et

, Délégué national de l’ APEL

Président de la FCPE (Fédération des Conseils

de Parents d’Elèves des écoles publiques)

Chargée de Mission

Présidente de la Fédération des Parents d'Elèves de

l'Enseignement Public (PEEP) Secrétaire générale

de la Fédération.

Responsable du Département « Droit des personnes

handicapées » de l’UNAPEI

(Directeur du pôle éducation et petite enfance de

la Mairie de Rosny-sous-Bois)

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Tables rondes syndicats avec des représentants de

la FSU : Madame Valérie SIPAHIMALANI, Monsieur Michel

FOUQUET, Monsieur Daniel LABAQUERE, Monsieur Pierre

GARNIER (SNES, SNEP et SNUipp)

la FAEN : Monsieur Jean-Denis MERLE, SNCL et Madame Céline

VIVIER (SNEP)

Monsieur Frédéric SÈVE, Secrétaire général et Madame

Chantal DEMONQUE, Secrétaire nationale (Sgen-CFDT)

Monsieur Denis Adam, secrétaire fédéral à l’éducation et

Madame Claire KREPPER, secrétaire nationale « Education » du

SE-UNSA.

CSEN : Monsieur Pierre FAVRE, SNE-FGAF (premier degré),

Monsieur J.C. HALTER

Marie-Jeanne PHILIPPE,

Eric LABAYE

Claude THELOT,

Nicole d'ANGLEJAN,

Madame Priscille GARET

Jean-François CHEMAIN,

ancien Recteur de Lille

, Directeur associé chez McKinsey

Conseiller maître honoraire à la Cour des comptes

Directrice des politiques et ressources éducatives d'Apprentis

d'Auteuil et , Chargée de mission.

Enseignant l’histoire en ZEP en banlieue lyonnaise, auteur de

Kiffe la France

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Introduction

Les socialistes n’ont pas de mots assez durs pour qualifier « la casse » de notre système scolaire sur les 5 dernières années… Peut-on raisonnablement penser qu’il y aurait d’un côté ceux qui aiment l’école et de l’autre ceux qui ne l’aimeraient pas ? Les députés du Groupe UMP qui ont souhaité travailler pendant plusieurs mois sur le sujet de la réforme de d’école s’insurgent devant cette vision manichéenne et souhaitent réaffirmer leur profond attachement à l’école de notre République et la confiance qu’ils portent à tous les enseignants qui la font vivre.

Qu’en est-il vraiment ? Nous avons des moyens statistiques fiables et des comparaisons internationales claires qui nous permettent de sortir du misérabilisme ambiant sur ce sujet pour dresser un diagnostic plus nuancé sur l’état de notre école.

Qu’en est-il vraiment ? Nous avons des moyens statistiques fiables et des comparaisons internationales claires qui nous permettent de sortir du misérabilisme ambiant sur ce sujet pour dresser un diagnostic plus nuancé.

La France est 22ème sur 65 en 2009 dans le classement PISA (étude de l’OCDE sur le système éducatif de 65 pays.) : notre pays fait partie d’un peloton, dans lequel de nombreux pays sont au coude à coude. 20 pays se retrouvent entre 481 points (Espagne) et 508 (Pays Bas). Notre système scolaire est bon : il a des défauts et nous ne pouvons pas nous en contenter, mais l’enjeu est de progresser d’un système qui a des atouts vers l’excellence d’un système qui donne sa chance à chaque enfant.

En 2012, 85 % d’une génération a, pour la première fois, atteint le niveau du baccalauréat et le taux d’accès au diplôme vient d’atteindre un record historique avec 77,5 % de bacheliers dans une génération, une progression qui doit beaucoup à la forte hausse du taux d’accès au baccalauréat professionnel, conséquence de l’achèvement de la réforme de cette voie.

Après la mise en place de l’école obligatoire par Jules Ferry, nous avons achevé la seconde phase de la massification de l’enseignement, il s’agit maintenant de réussir

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l’ambition d’une phase de l’école républicaine, celle d’une performance accrue du système éducatif français qui résidera dans une personnalisation de l’enseignement.

En effet, sous l’action conjuguée de la massification scolaire indifférenciée, notamment autour du collège unique, du déclin des valeurs traditionnelles et de difficultés d’intégration, le public accueilli par l’école s’est métamorphosé, sans que notre système éducatif n’évolue en conséquence. Le résultat, c’est que dans de nombreuses classes de France, il est devenu difficile tout simplement de « faire cours » et qu’un pourcentage d’élèves, qui semble incompressible depuis de trop nombreuses années, décroche et quitte notre système scolaire sans aucune qualification.

Le Groupe UMP souhaite prendre toute sa place dans le débat autour de la future loi , c’est la raison pour laquelle un Groupe de travail a été créé, autour de MM Xavier Breton, Jean-Frédéric Poisson et Frédéric Reiss, composé d’une trentaine de Députés, qui ont auditionné de nombreuses personnalités sur le thème de la réforme de l’école.

A la suite de ces nombreuses auditions, ils proposent ici une analyse du projet de loi rédigé par Vincent Peillon et livrent leur vision pour une rénovation de l’école. Il semble tout d’abord que l’on peut distinguer trois principales faiblesses dans notre système. Il va falloir les corriger car notre pays ne peut se contenter des résultats moyens qu’il obtient dans les comparaisons internationales : il en va de l’avenir de notre jeunesse.

1. En premier lieu, le fait que sans que l’on parvienne à le faire baisser, et l’importance d’un

. Un écart se creuse entre les élèves « très performants » et ceux en très grande difficulté, et la France ne parvient plus à corriger les inégalités de départ. La problématique du décrochage scolaire est telle que 15% des élèves sont en grande difficulté pour l’assimilation des savoirs fondamentaux et on sait qu’environ 10% des établissements concentrent les difficultés alors qu’en 2011, 12% des jeunes âgés de 18 à 24 ans ont quitté le système scolaire sans diplôme ou seulement avec le Brevet des collèges.

2. « On a trop chargé la barque » nous a dit le représentant d’un syndicat d’enseignant, comme si on avait chargé l’école de pallier tous les manquements de la société et des familles. La médiatrice de l’éducation fait le même constat : les gens attendent tellement tout de l’école qu’à la moindre contrariété, ils se mettent en situation de la rejeter violemment. Il est paradoxal de constater comme nous l’ont dit plusieurs intervenants, que, depuis que l’on assigne de plus en plus un rôle et des objectifs socio-politiques à l’école

d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République

le nombre d’élèves en très grande difficulté et en difficulté stagne fort déterminisme social dans la réussite des élèves

Les acteurs de l’école sont déboussolés.

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notamment en matière de réduction des inégalités, cette dernière est de plus en plus inégalitaire puisque un enfant d’ouvrier a par exemple aujourd’hui 20 fois moins de chance d’intégrer polytechnique qu’avant 1968.

3. et il a tendance à étouffer les initiatives. En outre, il ne sait pas prendre en compte la diversité des aspirations et des aptitudes des élèves et de leurs familles. Enfin, une nécessaire autonomie des établissements peine à s’imposer dans le paysage. On ne fait pas assez confiance aux professeurs, alors même que l’on sait que l’ « effet-maître » est primordial dans les performances des élèves et les chefs d’établissements n’ont pas les moyens de mettre les meilleurs professeurs devant les élèves les plus en difficulté.

F. Hollande et V. Peillon nous annoncent « une refondation » ce qui devrait se traduire si l’on en croit le dictionnaire, par « une reconstruction des bases et des valeurs nouvelles » : rien de tout cela dans le projet de loi tel qu’il est rédigé. Comme le dit Natacha Polony dans le Figaro du 12 octobre dernier: «

» Les grands principes fondateurs de notre système ne sont pas remis en cause, en revanche un certain nombre d’annonces faites par le ministre de l’éducation nationale nous inquiètent.

Il est urgent de rendre l’école aux Français, cette dernière doit redevenir cette institution qui rassemble les jeunes Français autour des mêmes repères intellectuels et culturels. Alors que le sentiment d’une école à deux vitesses s’impose de plus en plus dans les esprits, il faut prendre acte de l’échec des excès de certains courants pédagogistes et réfléchir à la notion d’une juste égalité devant le système scolaire pour en tirer toutes les conséquences organisationnelles

Le système est trop centralisateur

Trois mois de concertation, des centaines de personnes réunies à la Sorbonne, des débats dans toute la France, et le résultat est tombé par la voix du président lui-même : plus de devoirs à la maison, plus de redoublements, plus de notes. Et pour ne rien gâcher, retour des IUFM et de l'Institut national de la recherche pédagogique, qui ont fait « tant de bien » aux professeurs, et recréation de l'Institut national des programmes, qui a produit des usines à gaz pétries d'idéologie constructiviste. Non, vous n'êtes pas en 1990, mais bien en 2012.

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SYNTHESE DES PROPOSITIONS

Reconnaître et réaffirmer dans la loi que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants et leur redonner toute leur place au sein de l’école.

Mettre en place une formation initiale en alternance avec un véritable coaching des jeunes enseignants par des enseignants expérimentés (pour qui ce tutorat pourrait constituer une perspective d’évolution de carrière) et dont les résultats sont reconnus et instaurer une formation continue régulière tout au long de la carrière des enseignants.

Poursuivre la revalorisation du statut des enseignants qui passe par la poursuite de la revalorisation salariale, commencée sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy et réfléchir à une réforme du statut des enseignants, notamment pour mieux y intégrer la reconnaissance du travail de suivi des élèves.

Aller plus loin dans l’autonomie donnée aux établissements : un vrai statut de directeur d’école doit permette de mettre en œuvre un projet d’établissement et une véritable gestion des ressources éducatives. Les enseignants qui choisissent d’enseigner au sein de l’établissement doivent adhérer au projet éducatif d’établissement.

L’évaluation du système éducatif est essentielle et elle doit être indépendante : il faut revoir le rôle de l’inspection et séparer les fonctions de conseil et de contrôle que l’on donnerait à un organisme indépendant qui pourrait mesurer les performances des élèves et non les méthodes utilisées. 100% des élèves doivent savoir lire à l’issue du CE1

La liste de toutes les propositions détaillées tout au long du rapport découle de ces 5 axes qui sont apparus essentiels pour qui souhaite réformer avec succès notre système scolaire.

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I. Quelle mission pour l’école ?

vision politique de l’école

La réflexion sur la finalité de l’école constitue en effet le préalable inconditionnel à toute réforme.

A. Inventaire des principes idéologiques qui sous-tendent le projet socialiste en matière d’éducation

1/ L’égalité comme refus des différences

L’enjeu de ce chapitre est de proposer une . Comme l’écrit Vincent Peillon dans son , « la définition de l’école à la française ne relève pas de l’évidence. C’est même un projet politique qui continue à être singulier au regard des expériences étrangères. »

Quelles sont les principes idéologiques et anthropologiques qui sous-tendent le projet du gouvernement ? Quels peuvent être les grands principes proposés par l’opposition pour peser sur cette « refondation » ?

L’école est vue par la gauche comme étant prioritairement le lieu du rétablissement de l’égalité des chances. L’enjeu de transformisme social tend ainsi à devenir supérieur à l’enjeu de la transmission des savoirs.

Rapport pour la refondation de l’école

(Rapport de la concertation sur la refondation de l’école, page 23)

« Atteindre l’égalité, objectif historiquement au cœur du projet politique scolaire républicain »

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Or, tout le projet des socialistes repose sur une fausse conception de l'égalité, selon laquelle toute différence est une discrimination à éradiquer.

Au nom de cette conception viciée de l’égalité, on refuse de prendre en compte la diversité des enfants, de leurs aptitudes et aspirations :

Refus de filialisation, Suppression de l’apprentissage à 14 ans, Affirmation quasi dogmatique du collège unique,Maintien de la classe hétérogène (malgré la préconisation par le rapport lui-même de la mise en place de petits groupes de travail pour lutter plus efficacement contre la difficulté scolaire).

Il est assez curieux de constater que depuis que l’école s’est assigné pour mission prioritaire la réduction des inégalités, le système scolaire est devenu de plus en plus inégalitaire.

Il convient donc de réinterroger cette notion d’égalité. Les disparités et les différences sont-elles un problème en tant que telles ? Quel niveau d’inégalité et de différence sommes-nous prêts à accepter ? Comment restaurer une différence créatrice et proposer aux enfants des filières adaptées à leurs besoins ?

(Entretien de Vincent Peillon avec le journal du dimanche, 1er septembre 2012)

L’instauration d’une morale laïque est la mesure emblématique de Vincent Peillon, elle correspond à sa vision de l’école, ainsi qu’il l’a développée dans ses ouvrages (

ou encore ). L’Ecole est pour lui l’instrument pour transformer la

société en éradiquant toute forme de dogme. Elle est le meilleur moyen d’arracher les enfants à leurs déterminismes, sociaux, culturels, familiaux.

Cette volonté d’arracher l’élève correspond à une vision erronée de la liberté. La liberté n’est pas le refus de tout attachement mais le choix d’un meilleur enracinement. Cette volonté d’éloigner le plus possible les enfants de leurs groupes d’appartenances, permet certes de les soustraire à des oppressions bien connues. Mais elles les remplacent par d’autres appartenances, en apparences neutres, mais qui s'avèrent peut-être plus oppressives, quoique à l'insu de tous.

2/ La liberté conçue comme un déracinement

« Arracher l'élève à tous les déterminismes, familial, ethnique, social, intellectuel »

La Révolution française n’est pas terminée, Une religion pour la République : la foi laïque de Ferdinand Buisson

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3/ L’école au service de la transformation de la société

4/ L’élève constructeur du savoir

B. Les principes qui devraient fonder une rénovation de notre école.

1/ Revenir à la vocation première de l’école

« Refonder l’école pour refonder la République »

« Mettre l’enfant au centre du système éducatif » (Célestin Freinet)

(Rapport de la concertation sur la refondation de l’école, page 23)

Avec la lutte contre les stéréotypes, l’instauration d’une morale laïque, ou encore l’éducation sexuelle dès le plus jeune âge, et plus globalement la priorité donnée aux objectifs socio-politiques (formation citoyenne, lutte contre les inégalités), Vincent Peillon fait primer l’éducation sur l’instruction, l’idéologie sur la neutralité.

Il est urgent de dépolitiser l’école et de la recentrer sur son rôle primordial d’instruction et de transmission des connaissances. D’autant que cette instrumentalisation politique de l’école est incompatible avec les prérogatives des parents qui sont les premiers éducateurs et les premiers responsables de l’éducation de leurs enfants.

Si l'Éducation nationale persiste à choisir des méthodes « qui ne marchent pas » -comme la méthode semi-globale pour l’apprentissage de la lecture - c’est parce qu’elle n’a toujours pas fait le deuil des idéologies et plus précisément de l’anthropologie qui les sous-tendent.

En faisant le choix des méthodes constructivistes, tout le système part de l’enfant, plutôt que de s’appuyer sur la relation entre le professeur et l’élève. Or un enfant ne peut pas construire lui-même son propre savoir. Pour devenir libre, il faut d’abord ne pas l’être : l’enfant doit d’abord accepter l’héritage avant de le transformer ; il doit maîtriser le code avant de l’interpréter. La transmission suppose une inégalité de départ entre l’élève et le maître, sans quoi elle n’a plus de raison d’être.

Il ne pourra y avoir de réforme cohérente de l’école sans une clarification préalable des finalités actuelles. L’école est aujourd’hui débordée par de multiples tâches : préparation à la vie professionnelle, formation citoyenne, activités parascolaires, éducation affective et sexuelle, etc…

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Face à ces injonctions contradictoires que l’école ne sait et ne peut gérer, il est plus que jamais nécessaire de rappeler la

En cela, la notion de socle commun de connaissances et de compétences introduite par la loi Fillon de 2005 qui désigne un ensemble de connaissances et de compétences que les élèves doivent maîtriser à l'issue de la scolarité obligatoire pour poursuivre leur formation, construire leur avenir professionnel et réussir leur vie en société est une innovation majeure.

On oublie trop souvent queCe principe figure dans tous les textes de droits nationaux ou internationaux.

Réaffirmer ce principe suppose en premier lieu que l’école n’empiète pas sur le droit des parents. En matière d’éducation à la sexualité par exemple, qui touche aux convictions les plus intimes, l’intervention de l’Etat n’est pas légitime. Comme l’expliquait en son temps Jules Ferry dans

Il s’agit également de tirer toutes les conséquences de ce principe en matière d’organisation scolaire et de garantir aux parents le droit, reconnu par notre Constitution, de choisir librement l’école de leurs enfants.

Le premier défi qui se pose en matière d’organisation est de passer d’un système hypercentralisé qui étouffe les initiatives à un système souple organisé sur le principe de la subsidiarité. Ce qui exige d’assurer le respect de la liberté pédagogique des professeurs et de la liberté d’initiative des directeurs d’établissement. Le rôle de la collectivité territoriale dans l’organisation d’une offre scolaire adaptée aux territoires doit être réaffirmé.

Le deuxième défi est de passer d’une vision égalitariste et uniforme de la réussite des élèves à une différence créatrice : les différences sont des richesses. Cela passe par

vocation première de l’école qui est la transmission ordonnée du savoir en vue de former l’intelligence et de préparer les élèves à l’usage de leur liberté dans la société.

2/ Restaurer la relation parent-enfant-enseignant

les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants.

3/ Octroyer une vraie liberté aux acteurs et valoriser la diversité des talents des élèves et des réalités territoriales

sa lettre aux instituteurs : « vous êtes l’auxiliaire et, à certains égards, le suppléant du père de famille [...]. Au moment de proposer aux élèves un précepte, une maxime quelconque, demandez-vous s’il se trouve à votre connaissance un seul honnête homme qui puisse être froissé de ce que vous allez dire. »

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l’instauration de groupes de niveaux dans les classes ou encore la mise en place de filières différentes mais égales adaptées aux spécificités des élèves.

La jeune génération grandit dans un monde bouleversé en proie à des mutations aussi rapides que profondes :

passage de l’imprimé aux nouvelles technologies, dématérialisation croissante du monde, défi posé par l’intégration de populations immigrées, accès de plus en plus libre et diversifié au savoir, éclatement et recomposition des familles.

C’est un fait, les élèves et la société ont changé. Méconnaître ces évolutions serait une erreur.

Faut-il pour autant, comme le préconise Vincent Peillon dans son rapport, « mettre l’école en harmonie avec les mutations de fond qui touchent notre société » ? Nous ne le pensons pas. En effet, certaines de ces mutations – comme l’accélération du temps et le présentéisme encouragés par les nouvelles technologies de l’information, l’ultra-sollicitation, le morcellement du savoir ou la remise en cause de l’autorité - ne sont pas propices au développement de la pensée, et donc pas à la construction progressive de l’autonomie des élèves.

Il s’agit donc de trouver un juste équilibre entre le souci de prendre en compte ces évolutions et la volonté de préserver la mission fondamentale de l’école qui est la transmission du savoir de génération en génération. A nos yeux, l’école doit rester en dehors des enjeux économiques, politiques, médiatiques. Elle ne doit en aucun cas céder à la tentation utilitariste pour ne pas devenir une fabrique à employabilités. De même, elle doit être protégée de toute l’instrumentalisation politique pour ne pas devenir une machine à transformer la société. L’école doit rester ce lieu privilégié de l’apprentissage du temps long, de la patience, du contact prolongé avec les œuvres, seuls moyens de développer une pensée et d’accéder à la liberté.

Comme nous l’a indiqué Claude Thélot, l’école ne doit pas être un reflet de la société, ni se mettre à la remorque de l’économie.

4/ Faire de l’école « un sanctuaire ouvert »

Elle doit rester un sanctuaire mais un sanctuaire ouvert, et instaurer notamment une collaboration étroite avec les familles.

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La question du numérique

La question du numérique illustre parfaitement cette question épineuse du rapport entre école et mutations de la société.

En vertu de cette sagesse, la question du numérique doit être intégrée non pas comme une fin mais comme un moyen, comme un support dont l’école peut apprendre aux élèves à en maîtriser les usages.

Dans un monde de plus en plus dématérialisé, il convient de protéger l’école du « tout

numérique » et de réaffirmer la nécessaire confrontation à la matière pour l’apprentissage des savoirs, de la patience et de l’effort, le développement des sens.

Il est en effet scientifiquement prouvé que le texte imprimé permet un niveau de concentration, de compréhension et de mémorisation bien supérieur à celle de l’écran. On peut également se poser la question de la relation élèves-professeurs qui ne doit pas être détournée par l’écran. Enfin, le numérique facilite-t-il la hiérarchisation et la structuration des connaissances ? Il est

permis d’en douter.

Pour toutes ces raisons et en vertu du principe de précaution, l’introduction des pédagogies numériques doit se faire de manière circonscrite et prudente.

Dans cette perspective, le numérique peut être utilisé à profit de manière ciblée pour personnaliser certains enseignements comme celui des langues étrangères ou bien maintenir un lien régulier avec les parents (cahier de texte électronique) ou encore s’adresser à des publics particuliers (les élèves handicapées ou les décrocheurs scolaires qui peuvent retrouver motivation et confiance en eux via les nouvelles technologies).

L’école peut aussi être le lieu de l’éducation au numérique et comporter une

sensibilisation aux risques d’un usage non raisonné et immodéré des outils numériques. Manque de sommeil, nervosité, ultra-sollicitation, zapping, intrusion publicitaire, risque d’addiction sont des effets bien connus de l’abus de supports électroniques.

La technique doit être faite pour l’homme et non l’homme pour la technique.

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II. Redonnons à l’école les moyens d’assurer sa mission.

A. Redonnons toute leur place aux familles et leur autorité aux enseignants.

1 / Les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants

Les comparaisons internationales qui ont pu être menées ne montrent aucune corrélation entre l’augmentation des moyens qu’un pays consacre à l’éducation et l’augmentation de l’efficience d’un système éducatif. Pour autant, il existe selon une observation de l’OCDE, une corrélation certaine entre performance d’un système et l’autonomie donnée aux établissements, pour peu que cette autonomie s’accompagne d’une réelle évaluation (inspection portant sur le résultat et non sur la méthode, mesure des performances des élèves effectuée par un organisme indépendant).

Ce sont les équipes de terrain, et la transmission des bonnes pratiques qui font la différence dans les systèmes qui obtiennent les meilleurs résultats.

Nous sommes persuadés que c’est en ouvrant plus largement l’école aux familles, et particulièrement celles qui en sont le plus naturellement éloignées, que l’on aidera au mieux les élèves à réussir.

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Reconnaître et réaffirmer dans la loi que les parents sont les premiers éducateurs de leurs enfants et leur redonner toute leur place au sein de l’école. Des dispositifs comme « La Mallette des parents » qui proposent aux parents qui le souhaitent de se rencontrer en groupe afin de les aider à réinvestir le champ de l’école qui leur fait souvent peur doivent être favorisés.

Prévoir une élection départementale tous les 3 ans des représentants des parents d’élèves

L’ « effet-maître » est primordial dans la réussite des élèves et il est impératif de redonner toute leur place et leur autorité aux enseignants. Les pays qui possèdent les systèmes éducatifs les plus performants ont réussi à combiner les bons processus de sélection et de formation, afin attirer les meilleurs étudiants vers le métier d’enseignant. Ils cultivent également une image prestigieuse du métier d’enseignant auxquels ils offrent, en début de carrière, des rémunérations compétitives.

Sous le quinquennat de Nicolas Sarkozy, la moitié des économies réalisées par le non-renouvellement d’un fonctionnaire sur deux ont été réaffectées à l’augmentation du salaire des jeunes professeurs qui a atteint, l’année dernière, 2000€ brut par an. Il convient de continuer dans cette voie. La nouvelle majorité se lie les mains en embauchant 60 000 enseignants supplémentaires, alors que les crédits qui sont consacrés à ces nouvelles embauches devraient plutôt servir à améliorer la condition des enseignants, notamment des professeurs des écoles.

Prévoir un concours qui permette de déceler la motivation et les « vocations », mieux vaut un jeune motivé qui va se former plutôt qu’un étudiant qui finit par choisir cette voie par défaut, un pré-recrutement doit pouvoir être mis en œuvre, même s’il ne doit pas forcement être le seul moyen d’accès au métier

Mettre en place une formation initiale en alternance avec un véritable coachingdes jeunes enseignants par des enseignants expérimentés (pour qui ce tutorat pourrait constituer une perspective d’évolution de carrière) et dont les résultats sont reconnus et instaurer une formation continue régulière tout au long de la carrière des enseignants

Favoriser la recherche sur l’éducation afin de diffuser les bonnes pratiques (cognisciences, économie de l’éducation, etc.), cette voie pouvant constituer une perspective de carrière pour les professeurs expérimentés. Le Haut conseil de l’Education rappelle d’ailleurs qu’il est important d’assurer un lien étroit entre

2 / L’enseignant doit retrouver toute son autorité

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recherche, expérimentation et formation initiale et continue des enseignants et cela au sein des universités.

Les enseignants doivent avoir les mêmes droits qu’ils exercent à l’école publiqueou dans le privé sous contrat.

Créer des regroupements scolaires. La taille critique nécessaire au bon fonctionnement de l’école primaire ne peut être éludée. La qualité de l’enseignement, si elle résulte avant toute chose de celle du geste pédagogique,dépend pour une grande part de l’organisation de l’action collective et de ses conditions d’exercice. Le regroupement scolaire serait à créer par convention entre l’autorité académique et la (ou les) commune (s) ou intercommunalité (s) concernée (s) après avis du conseil académique de l’Éducation nationale. Le motif principal du regroupement a vocation à être pédagogique, l’objectif suprême restant l’amélioration des apprentissages. Un décret donnerait une définition des regroupements scolaires et surtout conditionnerait leur existence à la volonté de mettre en œuvre un projet éducatif commun : pas de projet, pas de regroupement.

Gérer la problématique des rythmes scolaires au niveau local, notamment autour d’une contractualisation.

C’est la mise en œuvre du principe de subsidiarité qui permettra de redonner touteleur place aux enseignants : ils sont les mieux à même d’adapter leur pédagogie aux réalités qu’ils rencontrent. Il faut donc aller plus loin dans la nécessaire autonomie à donner aux établissements autour d’un chef d’établissement avec un vrai statut.

Création d’un projet éducatif d’établissement signé par les parents, les professeurs, les élèves et les représentants des collectivités territoriales.

3/ Mieux prendre en compte les réalités territoriales

B. Libérons les initiatives

1 / Poursuivre sur la voie de l’autonomie donnée aux établissements

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Donner un vrai statut au directeur d’école, qui lui permette de mettre en œuvre leprojet d’établissement et une véritable gestion des ressources éducatives. Les enseignants qui choisissent d’enseigner au sein de l’établissement doivent adhérer au projet éducatif d’établissement.

Cette autonomie n’est constructive et n’assure une réelle égalité de tous devant le service public de l’enseignement que si elle est évaluée et contrôlée.

Revoir le rôle de l’inspection : séparer les fonctions de conseil et de contrôle que l’on donnerait à un organisme indépendant qui pourrait mesurer les performances des élèves. 100% des élèves doivent savoir lire à l’issue du CE1.

Pour donner corps au principe de la liberté pédagogique inscrit dans la loi d’avril 2005, l’inspection devrait porter d’abord sur le résultat et sur les méthodes seulement en second.

Assouplir encore la carte scolaire afin de permettre aux parents de choisir l’établissement dans lequel ils souhaitent inscrire leur enfant.

Deux priorités se font jour et nous avons la conviction avec beaucoup d’experts, qu’il est possible d’avancer, à moyens constants.

Les moyens doivent être concentrés sur les élèves qui sont en difficulté, tous les élèves doivent savoir lire, écrire et compter à l’issue du CE1 et, ce qui en est bien souvent la conséquence, aucun jeune ne doit sortir du système scolaire sans aucune qualification.

Il existe un consensus sur la priorité qui doit être donnée à l’école primaire et l’acquisition des fondamentaux autour d’un socle commun simplifié.

Recentrer le socle commun de connaissances sur les fondamentaux. L’acquisition du socle doit être évaluée, comme le rappelle le Haut Conseil de l’Education dans son avis sur le Projet de loi.

2 / L’évaluation est le corollaire indispensable de l’autonomie

C. Deux priorités d’action

1 / La lutte contre l’échec et le décrochage scolaire

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Diffuser les méthodes qui marchent : le programme P.A.R.L.E.R. mis en place dans les ZEP à Grenoble donne d’excellents résultats. Comme le détaille l’Institut Montaigne, ce programme montre que les recherches donnent toujours les mêmes résultats sur :

les compétences à travailler de façon prioritaire : la phonologie, le code alphabétique et la compréhension des textes ;

la façon de travailler la plus performante : une approche structurée et le travail en petits groupes de niveaux homogènes.

Créer des « jardins d’éveil » adaptés pour les enfants de moins de 3 ans en particulier dans les zones les plus défavorisées. La scolarisation précoce n’est pas une solution, ses bienfaits sont sujets à polémique chez les professionnels de l’enfance.

Concernant l’absentéisme scolaire, remettre en place un dispositif qui permettede responsabiliser les parents. En effet, l’absentéisme est souvent le premier pas vers le décrochage scolaire. La loi Ciotti avait créé un dispositif gradué et proportionné pour alerter, accompagner, et le cas échéant, sanctionner par la suspension des allocations familiales, les parents dont les enfants auraient été absents à l’école de manière répétée et non justifiée.

Pour les décrocheurs scolaires : mettre en place dans les classes un binôme composé d’un maître et d’un éducateur. L’expérience menée par la Fondation d’Auteuil, a montré que pour les élèves présentant des difficultés d’apprentissage liées à une précarité sociale, il était nécessaire de doubler la compétence : l’une scolaire/ enseignante, l’autre éducative. La présence de l’éducateur permet notamment d’instaurer des travaux en petits groupes et permettre au reste de la classe d’avancer.

Depuis la loi de 2005, beaucoup a été fait pour favoriser l’accueil des élèves en situation de handicap. Jamais un gouvernement n’avait fait autant que le précédent Gouvernement, en faveur des enfants handicapés : en 2012, 214 000 enfants handicapés étaient accueillis à l’école, soit 60% de plus qu’en 2005.

La qualité de l’accompagnement de ces enfants s’est améliorée, avec des personnels plus qualifiés, et mieux considérés. Cela s’est accompagné d’un mouvement de réintégration du traitement de la difficulté, voire de la très grande difficulté au sein des classes par les enseignants. En effet, l’action des RASED a été réinvestie spécifiquement pour intervenir sur les plus graves difficultés d'apprentissage comportementales et

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2 / Pour une école toujours plus inclusive

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psychologiques des élèves et répondre aux situations que les professeurs des écoles ne pouvaient pas gérer dans le cadre des dispositifs d'aide personnalisée.

Il faut continuer à toujours mieux articuler l’aide personnalisée et l’aide spécialisée, en focalisant l’aide spécialisée sur les difficultés graves et persistantes et de maintenir une école inclusive sans surcharger les interventions extérieures. L’aide personnalisée mise en place en 2008 a permis aux enseignants affectés dans les classes de traiter eux-mêmes, en prolongement de la classe, un certain nombre de difficultés d’apprentissage qu’ils ne pouvaient auparavant prendre en charge efficacement, et ceci à raison de 2h par semaine.

Maintenir une aide personnalisée prise en charge par les enseignants en petits groupes, à raison de 2 heures par semaine.

Réfléchir à une solution pérenne pour les Auxiliaires de Vie Scolaire (AVS)

La formation initiale des enseignants doit intégrer la question du handicap

Mettre en place dans chaque rectorat, un professionnel référent qui puisse répondre aux enseignants accueillant dans leur classe, un enfant handicapé.