Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international...

26
Dans le cadre du cours de « Relations Commerce International » … et à l’attention de Mr Bravard

Transcript of Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international...

Page 1: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

Dans le cadre du cours de « Relations Commerce International »… et à l’attention de Mr Bravard

Page 2: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

« Le commerce extérieur, quelle que soit son importance, ne saurait augmenter tout à coup les valeurs nationales, quoiqu’il contribue puissamment à accroître la masse des choses utiles, et par conséquent celle des jouissances. »

David Ricardo

Citation extraite de l’ouvrage:« Des Principes de l’économie politique et de l’impôt » Chapitre VII, page 111 Aux éditions Champs Flammarion.

Introduction

Dans un premier temps une présentation générale (auteur, œuvre, vision et contexte)

Page 3: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

La vision de Ricardo sur l’échange international citation extraite du célèbre ouvrage de Ricardo, Des principes de l’économie politique et de l’impôt, entame le chapitre VII consacré au commerce extérieur, imposant ainsi d’emblée au lecteur une vision libre-échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule à l’aube du monde industriel moderne, son œuvre se situe chronologiquement entre celle d’Adam Smith et celle de Marx (cf encadré 1).

En ce qui s’agit du contexte…Il faut savoir qu’il existe un aspect politique à l’œuvre ricardienne, notamment parce que ses écrits sont rédigés à propos d’un problème concret et en vu d’un résultat précis.Ainsi en 1817 lors de sa publication, l’œuvre de Ricardo est censée répondre, entre autre, à la problématique de la croissance de la rente qui ronge les vieux pays comme l’Angleterre,

Encadré 1 : Mais qui est Ricardo ?

David Ricardo (1772- 1823)

Economiste anglais du XIX e siècle, a également été agent de change et député. Il est considéré comme l'un des économistes les plus influents de l'école classique aux côtés d'Adam Smith et Thomas Malthus.

L'Economiste : Ricardo est un autodidacte de la pensée économique. Il correspond en abondance avec Jeremy Bentham, Thomas Malthus et Jean-Baptiste Say, sur des sujets tels que le rôle des propriétaires terriens dans la société. Il fréquente aussi les milieux intellectuels londoniens, et devient membre du Club d'économie politique de Malthus (Malthus' Political Economy Club) et du Roi des clubs (King of Clubs).En 1815, Ricardo publie Essai sur l'influence des bas prix du blé sur les profits du capital (1815).En 1817, est publiée son œuvre maîtresse, Des principes de l'économie politique et de l'impôt (1817) qu'il modifiera le restant de sa vie. La deuxième édition sort en 1819 et la troisième en 1821. Il meurt d'une otite en 1823 à Gatcombe Park à l'âge de 51 ans, un an après avoir fait un grand tour d'Europe. A son décès, sa fortune était d'environ 725 000 £, une importante somme pour l'époque.

Page 4: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

pour reprendre l’expression de Pierre Dockès auteur de la préface de la troisième ré-édition del’œuvre de Ricardo, qui explicitera clairement par la suite que: la solution provisoire retenue par Ricardo est l’ouverture sur l’extérieur

L’œuvre de Ricardo n’est donc pas consacrée à une étude théorique du commerce international, mais à une critique de la répartition des richesses dans l’Angleterre du début du XIIe siècle. Sa conclusion essentielle est que la rareté des terres fertiles sur les Îles Britanniques provoque la concentration des revenus dans les mains des propriétaires fonciers. Pour répondre à ce problème, il suggère finalement à son pays de renoncer à son agriculture au profit de l’industrie, et d’échanger la production de ses manufactures contre des vivres étrangers.

Encadré 2 : Pour la petite histoire…

La conceptualisation de l’avantage comparatif au début du XIXème siècle s’inscrit dans un débat politique aux aboutissements multiples.

Alors que le Royaume-Uni possède l’agriculture la plus productive du monde, les propriétaires terriens réussissent à faire revoter les Corn Laws, des lois protectionnistes surles céréales.C’est dans ce contexte que Robert Torrens remarque, en vain, que la Grande Bretagne obtiendra davantage de vivres en produisant des biens industriels à échanger qu’en se consacrant elle-même à l’agriculture.

Le raisonnement formel de Ricardo démontre le principe qui préside l’intuition de Robert Torrens. Ainsi à travers l’exemple du vin et du drap (que nous verrons en I.1-), qui est totalement anodin et fait référence à un ancien traité commercial entre l’Angleterre et le Portugal, Ricardo vise en réalité directement les Corn Laws.A l’origine Les Principes de l’économie politique et de l’impôt sont une réflexion non pas sur termes l’échange internationale mais sur la répartition des revenus entre les classes sociales.

Tout au long de son œuvre Ricardo tente, dans un premier temps de démontrer que la hausse de la population (elle triple en un siècle), en alimentant la hausse des prix du grain (principe de rareté), ce qui va concentrer la richesse nationale entre les mains des propriétaires terriens, au détriment des entrepreneurs et que cela affectera la croissance de l’économie du Royaume-Uni (cf tentative de démonstration dans notes personnelles).Dans un second temps, il propose plusieurs solutions dont l’ouverture… Notes personnelles(Une tentative pour expliquer le raisonnement de Ricardo)

_Si on considère que la société se divise en classes sociales : les travailleurs (revenus) et capitalistes (profits), il semble alors que la croissance de la rente ait un impact sur la répartition de revenu entre ses deux classes, de telle manière qu’elle augmente le salaire des travailleurs et diminue ainsi la part de revenu consacré au capital (=profits). _ En effet, les prix du grain augmentant, les salaires de subsistance versés aux travailleurs auraient du être augmentés, et à terme cela aurait rendu le profit presque nul._Or si utilise le modèle de Solow sans progrès technique (même si Ricardo n’en a jamais entendu parler), les conclusions qu’il apporte sont que l’accumulation de capital est facteur decroissance économique et que le taux de croissance de la population joue négativement sur la variation de capital par tête, ainsi l’économie a de plus en plus d’individus et augmente sa richesse jusqu’à l’atteinte du sentier équilibré où l’enrichissement par tête devient nul (on est à l’équilibre, dans un état stationnaire ou point fixe)._ Ricardo veut éviter le ralentissement de la croissance économique à l’approche du sentier équilibré, du à l’augmentation de la population, en rétablissant la part du revenu consacré au capitalistes et ainsi rétablir l’accumulation de capital au Royaume-Uni. Pour remédier à ce problème Ricardo propose l'abrogation des Corn Laws, ce qui permettra un rééquilibrage des prix du grain qui devient peu chère.Ainsi il permet d'empêcher la baisse fatale du taux de profit, le pays reste en dynamique transitionnelle, évitant ainsi l'état stationnaire. D’où au final les raisons se son opposition aux lois protectionnistes. Enfin il propose une solution à ce problème qui est l’ouverture commerciale unilatérale du marché des grains au commerce étranger.Effectivement l’Angleterre doit acquérir ses blés à l’étranger, dans les pays neufs où les coûts de production sont bas et les terres cultivables fertiles. La flèche politique de cette théorie de l’accumulation est donc le libre échange à tout prix, non seulement pour vendre les marchandises de l’industrie britannique, mais pour importer les biens-salaires.

Page 5: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

La justification de Ricardo à l’internationalisation du libre-échange :Cela dit un pays ne peut pratiquer le libre-échange tout seul. C’est ici que la théorie del’avantage comparatif joue un rôle pour convaincre les autres puissances d’ouvrir leurfrontière. Le tout à travers le « théorème des coûts comparatifs » : tous les pays ont intérêt à

Page 6: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

se spécialiser dans la production des biens où leur productivité est relativement la plus forteou la moins faible (cf chap VII). Selon Ricardo un pays a tout avantage à se spécialiser dans le secteur où il détient un avantagecomparatif. De cette théorie ressort deux aspects principaux : c’est un modèle positif car il apour ambition d’expliquer les courants des échanges et à la fois normatif car il démontre quele libre échange aboutit à la meilleure des situations.Voilà dans quelles mesures la base de toute l’analyse libérale, mais aussi le fondement de toute la théorie de la spécialisation internationale se fait. De plus les Principes de Ricardo restent vivants et sont toujours au centre des controverses théoriques et doctrinales. Certaines théories actuelles restent marquées par leur origine ricardienne: comme l’ensemble de la théorie de la monnaie, l’analyse du lien entre le niveau des salaires et le niveau des prix et ce qui nous intéresse plus particulièrement la théorie du commerce internationale.

Dans un second temps on situe le sujet à travers la recherche de la problématique et la mise en place du plan pour y répondre

Si le modèle ricardien du commerce international est un outil extrêmement utile pour réfléchiraux raisons pour lesquelles les échanges se développent et aux effets des échanges internationaux sur le bien-être national.Il paraît donc essentiel de vérifier la validité de ses théories, du fait que Ricardo apporte uneréponse à un problème précis au Royaume-Uni et n’a qu’indirectement pour objectif ladescription des échanges internationaux. De plus considérant les bouleversements qui ont affecté le commerce international, il estlégitime de penser que les théories traditionnelles ne conservent peut être plus leur pertinence.Nous allons donc nous intéresser au cours de notre exposé à la pertinence du modèle ricardien d’échange international, en se demandant si le modèle ricardien correspond à la réalité. Plus précisément, nous tenterons de répondre à la problématique suivante:

Le modèle ricardien fait-il une prédiction correcte des flux internationaux tels qu’ils se présentent dans la réalité ?

Pour y répondre, nous allons opérer à un découpage du commerce international en trois partiedistincte : nous allons distinguer le commerce intrabranche, du commerce interbranche etdu commerce captif. Nous verrons alors dans un premier temps que le modèle ricardienexplique le commerce international interbranche. Puis nous verrons que la théorie desavantages comparatifs n’explique pas le commerce entre les firmes (captif) et seulementqu’en partie le commerce intrabranche.

Encadré 3 : Le plan détaillé

Introduction

I. Le modèle ricardien explique le commerce interbranche

1) Explication et importance du commerce interbranche Dans un premier temps, observons le lien entre le modèle ricardien

et le commerce interbranche Dans un second temps observons l’importance du commerce

interbranche au sein du commerce international

2) Validation empirique du modèle ricardien Les célèbres tests de « première génération » du modèle ricardien Quelques autres tests plus récents

Transition

II. Le modèle ricardien n’explique pas une part importante ducommerce

1) Importance et explication du commerce intrabranche Dans un premier temps nous allons montrer que le commerce

intrabranche est majoritaire dans la part du commerce international … Différenciation entre commerce vertical et horizontal

2) La théorie ricardienne n’explique pas une partie du commerceintrabranche

3) Il n’explique pas le commerce intrafirme … La fragmentation verticale, une claque pour l’hypothèse

d’immobilité internationale des facteurs de production L’explosion du commerce intrafirme

Conclusion

BibliographieAnnexes

Page 7: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

I. Le modèle ricardien explique le commerce interbranche

Page 8: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

Du fait de sa grande simplicité, le modèle ricardien conduit à des conclusions assez peu nuancées : la structure des spécialisations est extrême, puisque aucun pays n’exporte et n’importe simultanément le même bien. On voit donc bien que le modèle ricardien donne une explication aux échanges internationauxet à leur structure. Pour Ricardo, c’est parce que les pays sont différents qu’ils échangent et qu’ils en retirent un bénéfice. On peut donc dire que la théorie ricardienne est basée sur un commerce de différence. Dans la réalité, la théorie ricardienne apparaît pertinente pour expliquer des échanges de produits de secteurs différents entre des pays différents, ces échanges sont appelés commerce interbranche

1) Explication et importance du commerce interbranche

.…Dans un premier temps, observons le lien entre le modèle ricardien et le

commerce interbranche

Pour Ricardo chaque pays a intérêt à se spécialiser dans le bien pour lequel il détient unavantage comparatif, Portugal dans le bien pour lequel sa productivité relative est la plusforte. Le pays a un avantage comparatif dans un produit lorsque le coût comparatif de ceproduit est inférieur au coût comparatif de l’autre pays. L’avantage comparatif résulte enfaites des différences internationales de productivité du travail, il est donc basé sur ladifférence entre les pays. (commerce de différence)

Expliquons brièvement sa démarche par un exemple :

Soit 2 pays le Portugal et l’Angleterre, deux biens le vin et le drap, et un seul facteur deproduction le travail

Portugal Angleterre1unité de vin 1 61 unité de drap 2 3Coût comparatif du vin ½=0,5 6/3=2Coût comparatif du drap 2/1= 2 3/6=0,5

Comme on peut le constater le Portugal à tous les avantages absolus car pour les deux biens ces coûts de production comparatifs sont inférieurs à l’Angleterre, donc selon la théorie des avantages absolus d’Adam Smith, il n’y a pas d’échange mutuellement bénéfique.Avec les avantages comparatifs un commerce mutuellement bénéfique est possible :_ Le Portugal a un avantage comparatif pour le vin puisque son coût comparatif est le plus bas_ L’Angleterre a un avantage comparatif pour le drap

Et selon Ricardo si ces 2 pays se spécialisent où ils ont un avantage comparatif l’échangeinternational mutuellement bénéfique est possible. Le Portugal doit se spécialiser là où sasupériorité est la moins forte et l’Angleterre là où son infériorité est la plus faible.

… Dans un second temps observons l’importance du commerce interbranche ausein du commerce international

Page 9: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

Pour montrer toute l’ampleur de la pertinence du modèle ricardien nous allons montrer l’importance du commerce interbranche dans le commerce international.A partir de la seconde guerre mondiale le commerce est polarisé et hiérarchisé. Les pays développés sont fortement dotés en facteur de production et ils exportent des produits manufacturés à forte valeur ajoutée. Tandis que les pays en voie de développement exportent des produits primaires. Donc les échanges entre les deux catégories économiques de pays sont surtout interbranches.Seulement voilà depuis 1970, la grande division du travail (ou DIT traditionnelle) est remise en cause et on assiste à l’émergence d’une nouvelle DIT où le commerce interbranche perd deson importance face à la croissance des échanges entre pays semblables (surtout les pays développés), il s’agit là de l’explosion du commerce intrabranche (cf 2ème partie). Cette période se caractérise alors par l’hétérogénéité croissante des PED avec l’avènement des NPI (Nouveaux Pays Industrialisés) notamment qui exportent des produits manufacturés se distingue de l’OPEP (Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole) et des PMA (Pays les Moins Avancés), on s’éloigne alors des échanges décrit par Ricardo de par le fait que la majorité sont de même nature.

Cependant depuis quelques années, la part du commerce interbranche remonte dans les échanges, par exemple ceux des Etats Unis puis plus récemment dans ceux de l’Union Européenne, comme le montre ce graphique.

Donc compte tenu de l’importance du commerce interbranche dans le passé et on le voit sur

Page 10: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

ce graphique encore aujourd’hui, la pertinence des théories de Ricardo n’a pas fini de nous impressionnés.

Pour Conclure, on peut dire que le modèle ricardien d’échange international est en mesure d’expliquer une partie du commerce : le commerce interbranche. Bien que certaines conclusions du modèle ricardien soient trop simplistes pour être réalistes, ses prédictions essentielles sont confirmées par de nombreuses études :

« La structure des échanges commerciaux est clairement influencée par les différences relatives de productivité »

2) Validation empirique du modèle ricardien

Si nous venons de voir que théoriquement le modèle ricardien est en mesure d’expliquer le commerce interbranche. Cette conclusion est appuyée par divers tests empiriques.

…Les célèbres tests de « première génération » du modèle ricardien

Ils ont été réalisés autour des années 1950 et 1960, à partir de données comparant lesproductivités sectorielles et la structure du commerce entre les Etats-Unis et le Royaume-Uni.

Le travail pionnier en la matière est celui de G.D.A MacDougall issue de « British and American Exports : A Study Suggested by the Theory of Comparative Costs », Economic Journal, 61, décembre 1951, p. 657-724.

Il fut réalisé en 1952 sur les années 1937 et 1951. Mac Dougall a exclu les échanges entre les Etats Unis et le Royaume Uni parce que les barrières tarifaires d’une même industrie variaientfortement d’un pays à l’autre, ce qui tendait à équilibrer les différences dans la productivité dela main d’œuvre des deux pays. Le fait de ne pas inclure les échanges entre Etats Unis et Royaume Uni n’a pas biaisé le test car ces exportations représentaient moins de 5% de leurs exportations totales. Mac Dougall interprète donc le modèle ricardien de la manière suivante : celui des deux pays qui a un avantage comparatif dans un bien doit avoir une part relativement importante des exportations vers les pays tiers (les marchés mondiaux).

Mac Dougall calcule donc deux rapports pour 25 produits examinés :

- Celui des exportations américaines sur les exportations britanniques vers les marchés tiers (en abscisse sur le schéma)

- Celui des productivités (quantité produite par travailleur) américaines par rapport aux productivités britanniques (en ordonnée sur le schéma)

Test Mac Dougall 1951

Page 11: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

Patrick A. MESSERLIN, « Commerce internationale », Edition Presses universitaires de France, 1998

Mac Dougall trouve une corrélation positive entre ces deux ratios comme le montre le graphique. Plus précisément à chaque fois que le ratio des productivités dépasse 2, le ratio desexportations dépasse un (les Etats Unis ont une part de marché plus grande).Cette première étude empirique semble donc confirmer la théorie de l’avantage comparatif de Ricardo.

Encadré 4 : Dans la tête de Mac Dougall

Glossaire d’économie internationaleSource : www.economie-cours.fr

Vérifications empiriques du modèle de Ricardo …Dernière mise à jour le 5 mai 2010

Le premier test empirique du modèle de Ricardo est celui de Mac Dougall (1951). Il voulait vérifier, dans le cas du Royaume-Uni et des États-Unis, sur des données concernant l'année 1937, si « chaque pays exporte les biens pour lesquels la production par travailleur, comparée avec celle de l'autre pays, est supérieure au rapport des salaires monétaires entre les deux pays. ». À cette époque le rapport des salaires américains aux salaires anglais était approximativement égal à 2 (comme on l’a vu sur le graphique)

Voyons comment le test se rattache à l'exemple de Ricardo. D'après l’équation établie lors des termes de l’échange et différences de salaires, nous avons :

Cette équation signifie : Premièrement qu'un pays exporte le bien pour lequel le rapport de

son salaire moyen à celui du partenaire commercial est inférieur au rapport correspondant des productivités du travail.

Par exemple : le Portugal exporte le vin parce que w*/w est inférieur à aLV/a*LV = (1/a*LV)/(1/aLV). De même, l'Angleterre exporte du drap parce que aLD /a*LD est inférieur à w*/w, cequi est équivalent à w/w* < (1/aLD)/(1/a*LD). Mac Dougall teste cette équation

(Attention les États-Unis remplacent le Portugal dans notre notation).

Deuxièmement, cette inégalité peut se généraliser à plus de deux biens. Par exemple, ajoutons le blé en supposant que :

On voit alors que le Portugal exporte à la fois le vin et le blé, puisque le rapport des salaires est inférieur au rapport des productivités de ces deux biens. Le test de Mac Dougall a pour objectif de vérifier que l'Angleterre (respectivement : les États-Unis) exporte vers les États-Unis (respectivement : l'Angleterre) les biens pour lesquels le rapport des salaires, comparé au rapport des productivités, lui est favorable.

Troisièmement, dans le modèle de Ricardo, les biens sont homogènes (une des hypothèses de concurrence pure et parfaite). Dans la réalité, une catégorie de biens exportés comprend des biens hétérogènes. Par exemple, la catégorie « produits synthétiques » comprend différents produits destinés à des usages différents. Cela signifie qu'on ne doit pas s'attendre à ce que l'Angleterre exporte vers les États-Unis des biens complètement différents de ceux que les États-Unis exportent vers l'Angleterre, mais seulement que chaque pays exporte davantage (plus que son partenaire) les biens pour lesquels le rapport des productivités comparé à celui des salaires lui est favorable.

Quatrièmement, les conclusions du modèle de Ricardo sont « bilatérales » : la prévision porte sur les exportations de l'Angleterre vers le Portugal et sur celles du Portugal vers l'Angleterre. On peut cependant élargir ces conclusions aux exportations de ces deux pays vers le reste du monde. Si l'Angleterre à un avantage comparatif par rapport au Portugal dans la production du drap, on peut s'attendre non seulement à ce qu'elle exporte plus de drap vers le Portugal que le Portugal n'exporte de drap vers l'Angleterre, mais aussi à ce que l'Angleterre exporte plus de drap que le Portugal vers le reste du monde. S'appuyant sur cette généralisation, Mac Dougall va effectuer un test portant sur les exportations multilatérales des États-Unis et du Royaume-Uni et pas seulement sur les exportations bilatérales de ces deux pays.

Les résultats du test de Mac Dougall sont résumés dans le tableau ci-après. Ils révèlent que lesexportations des deux pays sont conformes aux prévisions du modèle du Ricardo. En effet, lorsque que le rapport des productivités (productivité US/productivité UK) est supérieurau rapport des salaires (salaire US/salaire UK), les pourcentages d'exportations américains sont supérieurs aux pourcentages d'exportations anglais. Inversement, lorsque le rapport des productivités est inférieur au rapport des salaires, les pourcentages d'exportations américains sont inférieurs aux pourcentages anglais.

Page 12: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

Test de Mac DOUGALL

Source : Mac DOUGALL, 1951, Tableau 1, page 698

Mac Dougall, en particulier, a refait son test en 1962 sur les deux mêmes pays, mais sur un échantillon contenant 39 industries et concernant l'année 1950. Les résultats qu'il a obtenus confirment à nouveau l'approche de Ricardo

Pour faire la comparaison « termes à termes » avec le modèle de Ricardo, remplacer « Portugal » par « Etats-Unis » et ne pas oublier que dans notre exemple théorique w*/w = 1, alors que dans le cas de l’Angleterre et des Etats-Unis, à l’époque considérée (1937), ce rapport était égal à 2.

Page 13: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

Il y a aussi l’application ultérieure de Bela Balassa issue de « An Empirical Demonstration of Classical Comparative Cost Theory », Review of Economic and Statistic, n°4, août 1963, pp.231-238.

Ainsi cet autre test très connu du modèle de Ricardo porte également sur les exportations américaines et anglaises. Le test de Balassa est effectué avec des données de 1950. Les résultats de Balassa confirment l'existence d'une corrélation entre le rapport des productivités du travail et les performances relatives à l'exportation.

A la fin de la Seconde guerre mondiale, la productivité des entreprises Américaines était largement supérieure pour tous les secteurs à celle de la Grande-Bretagne. L’Amérique avait donc un avantage absolu dans quasi tous les secteurs. Cependant, le montant des exportations

Page 14: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

britanniques était égal à celles des Etats-Unis, s’agissant pour Ricardo des secteurs dans lesquels les Etats-Unis avait en terme de productivité l’avantage le plus bas.Bela Balassa concentre son étude sur le rapport de l’exportation américaine et britannique comparé à la productivité américaine par rapport à la productivité britannique pour 26 industries manufacturières.

Source : Paul Krugman et Maurice Obstfeld, « Economie internationale », Edition Pearson

Ce graphique illustre en abscisse le rapport de productivité et en ordonnée le rapport d’exportation des Etats-Unis et de la Grande- Bretagne (construit selon une échelle logarithmique). Ce graphique confirme la théorie Ricardienne, puisqu’il montre que plus la productivité Américaine est élevée plus les exportations sont élevées. De plus ce graphique, confirme aussi la théorie des avantages comparatifs et infirme celle des avantages absolus. En effet, les Etats-Unis avaient une productivité supérieures aux britanniques dans tous les secteurs, ont aurai donc pu prédire un avantages absolu pour les Etats-Unis dans les exportations. Cependant, selon Ricardo un avantage d’exportation doit être calculé en fonction de la productivité relative d’une industrie qui doit être élevé par rapport à la productivité relative des autres industries. Le graphique nous montre que les exportations Américaines sont plus élevées que les Britanniques quand l’avantage de productivité est au moins deux fois plus élevé.

Pour conclure sur ces deux analyses, citons Alan Deardorf (1985), pour qui les différents tests de l'hypothèse de Ricardo « prouvent » l'importance déterminante des productivités relatives du travail dans les performances relatives à l'exportation des pays, mais ne permettent pas de départager les différents modèles de l'échange.

Page 15: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

En particulier, ces tests ne permettent pas de conclure à une « supériorité » du modèle de Ricardo sur le modèle d'Hecksher-Ohlin en ce qui concerne la capacité à expliquer les flux d'échanges entre les pays (cf partie 2).

… Quelques autres tests plus récents

Les résultats des analyses empiriques récentes sont moins tranchés. Cela s’explique par le développement rapide du commerce mondial et une plus grande spécialisation des pays

( ?!)En effet les degrés d’ouverture au commerce sont tels qu’il est rare que les pays produisent des biens pour lesquels ils possèdent un désavantage comparatif. Il est donc impossible de mesurer leur productivité dans ces secteurs. Par exemple, de nombreux pays ne produisent pas d’avions et il n’existe pas de données sur les quantités de travail unitaire nécessaire à cetteproduction. Toutefois dans la plupart des cas les différences en termes de productivité du travail continuent de jouer un rôle important dans la détermination de la structure des échanges.

On le voit notamment avec l’essor soudain des capacités d’exportation de la Chine. Bien qu’en augmentation rapide la productivité des travailleurs chinois reste encore très inférieure à celles des grandes économies développées (en 1995) et notamment des pays européens. Mais dans certains secteurs d’activités la Chine accuse un retard d’activité plus faible que d’en d’autres et c’est bien dans ces secteurs que la Chine va se spécialiser. C’est ce que montre le tableau, il compare la productivité et le niveau de production de la Chine et de l’Allemagne, deux pays qui comptent parmi les tous premiers exportateurs mondiaux. En 1995 la productivité de la Chine dans l’ensemble de l’industrie ne représentait que 5,2% de celle de l’Allemagne et sa production totale était presque 30% plus faible. Dans le secteur de l’habillement l’Allemagne conserve toujours un avantage absolu très net. Néanmoins l’écart de productivité entre les deux pays était clairement plus réduit, si bien que la Chine disposait d’un avantage comparatif dans ce secteur ; celui-ci lui a permis de développer une spécialisation forte et d’avoir une production de biens d’habillement 8 fois plus importante que celle de l’Allemagne.

Productivité relative

(production/travailleurchinois, en % du niveau allemand)

Production relative

(production de la Chine en % de

la production allemande

Tous les secteurs manufacturiers

5,2 71,6

Secteur de l’habillement 19,7 802,2

Page 16: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

On peut citer Golub et Hseuh en 2000, ils observent qu’une hausse de 1% de

productivité américaine relative génère une augmentation de B% des exportations relatives.

_ Ils estiment B à 0,33 pour le Japon, 0,19 pour l’Allemagne et 0,09 pour la Grande Bretagne. On remarque donc que ce test valide la théorie ricardienne en montrant le lien entre productivités relatives et exportations relatives.

Autre exemple celui de Choudri et Shembri (2002) ou encore P. Guinchard, dans

son œuvre Economie et statistique, janvier 1984, ils analysent les productivités et compétitivités comparées des grands pays industriels comme le Japon, Etats-Unis et Royaume-Uni dans différents secteurs d’activités. Il montre encore une fois que la théorie des avantages comparatifs peut expliquer les échanges internationaux contemporains.

Conclusion partie 1 :

_ A travers cette première partie on peut dire que le modèle ricardien est en mesure d’expliquer une partie importante du commerce international le commerce interbranche, de plus ces tests viennent confirmer sa théorie selon laquelle la DIT est bien organisé selon la loi des avantages comparatifs.

_ La prédiction de base du modèle ricardien : les pays tendent à exporter les biens dans lesquels leur productivité est relativement élevée est donc confirmée par de nombreuses études au fil des années.

Au final même si le modèle ricardien ne suffit pas à expliquer toutes les causes et les conséquences de la mondialisation, ses deux principales prédictions restent pleinement valide : les différences de productivité jouent un rôle essentiel dans la structuration des échanges mondiaux, et ce sont bien les avantages comparatifs qui comptent et non les avantages absolus.

Transition : Le commerce internationale se caractérise aujourd’hui par une coexistence entre un commerce de type interbranche et un commerce de type intrabranche, la question est donc de savoir si la théorie ricardienne est en mesure d’expliquer la totalité de ce commerce.

LOG (exportations des USA/exportations du pays i) = A + B LOG (productivité USA/productivité pays i)

Page 17: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

Nous allons donc voir dans une seconde partie que le modèle ricardien n’explique pas l’ensemble du commerce international puisqu’il n’explique qu’en partie le commerce intrabranche et n’explique pas le commerce intrafirme.

II. Le modèle ricardien n’explique pas une part importante du commerce

Nous allons voir dans cette partie qu’il y a clairement un certain nombre d’aspects sous lesquels le modèle ricardien fait des prévisions erronées. Comme on l’a vu en introduction à la première partie de notre exposé, la simplicité du modèle ricardien fait sa force mais aussi safaiblesse… si on retrouve dans la réalité sa prédiction de base, il prédit aussi un degré extrême de spécialisation qu’on ne retrouve pas dans la réalité. Cela est dû à des insuffisances dans la théorie, si on en croît l’ouvrage de Paul Krugman et Maurice Obstfeld, Economie internationale, 8éme édition, p 44, il s’agit de :

_ L’exclusion des effets du commerce international sur la distribution de revenu à l’intérieur des pays. (Chapitre 4)…Si Ricardo solutionne le problème de la distribution de revenu par le commerce extérieur, il

n’explique pas l’effet inverse _ Le modèle ricardien ne donne aucun rôle aux différences de ressources entre les pays comme facteur d’échange international (Chapitre 4)

… l’influence des dotations en capital et ressources primaires_ Il néglige enfin le rôle des économies d’échelles comme facteurs d’échanges et les comportements stratégiques des entreprises (Chapitre 6)

…De part l’hypothèse de Concurrence Pure et Parfaite.

Par conséquent ce cadre théorique le rend incapable de rendre compte à lui seul de l’ensembledes déterminants et conséquences du commerce mondial.

Dans cette seconde partie il s’agit donc de montrer que le modèle ricardien n’explique pas l’ensemble du commerce international puisqu’il n’explique qu’une partie du commerce intrabranche et n’explique pas le commerce intrafirme.

1) Importance et explication du commerce intrabranche

Dans un premier temps nous allons montrer que le commerceintrabranche est majoritaire dans la part du commerce international

Tout d’abord, le commerce intrabranche, il se définit comme un échange croisé de produits similaires c’est à dire que les pays exportent et importent des produits de la même industrie. L’indicateur le plus utilisé pour mesurer l’importance du commerce intrabranche dans le commerce total est celui de Grubel et Lloyd. Ce coefficient est compris entre 0 et 100 sachant que plus il est proche de 100 plus le commerce intrabranche est développé. Des

Page 18: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

travaux empiriques ont mis en évidence la croissance du commerce intrabranche dans le commerce mondial total puisque tous les pays développés ont connu depuis 1960 une augmentation du coefficient, on estime ainsi à plus de 50 % la part de l’intrabranche dans le commerce total entre pays développés.

Généralement on assimile le commerce intrabranche à un échange entre pays similaires.En effet on observe une croissance des échanges de mêmes biens entre pays développés : les échanges Nord -Nord

TOP 10 du commerce intrabranche (en %), 2000

Allemagne France 88,10

Malaisie Singapour 85,69

France Benelux 82,47

Hollande Benelux 81,73

Allemagne Benelux 80,60

Allemagne Angleterre 79,78

Allemagne Autriche 77,86

France Espagne 77,62

USA Canada 77,55

Taiwan Singapour 77,29

Source : CEPII

L’importance de ce commerce intrabranche montre l’intérêt d’une explication théorique à ce commerce. Souvent on pense que le commerce intrabranche entre pays similaires est un phénomène impossible à expliquer par le modèle ricardien qui a besoin de quelques différences structurelles, de technologies entre les pays pour expliquer les échanges internationaux. En réalité le modèle ricardien est incapable d’expliquer le commerce intrabrance horizontal mais peut expliquer le commerce intrabranche vertical. Il est donc nécessaire de bien différencier ces deux types de commerce intrabranche.

… Différenciation entre commerce vertical et horizontal

Page 19: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

_ Le commerce intrabranche vertical : se définit comme des échanges entre pays similairesde produits similaires différenciés seulement par leurs qualités. Cette approche de l’échange est compatible avec une différence internationale de la qualité de la main d’œuvre et des technologies, chaque pays va développer et exporter un produit d’une certaine qualité en fonction de la qualité de sa main d’œuvre et de son avancement technologique. Donc les pays effectuent une spécialisation qualitative, ils se spécialisent sur un degré de qualité et l’on voit bien que l’on retombe dans les avantages comparatifs ricardiens : le pays a un avantage comparatif sur un produit avec un degré déterminé de qualité.Notons l’importance du commerce intrabranche vertical dans le commerce intrabranche global, par exemple dans les pays de l’Union Européenne 72% du commerce intrabranche est un commerce vertical en 1999.

(Il aurait peut-être était plus judicieux de placer ce paragraphe en première partie mais dansun souci de clarté et de bien distinguer commerce inter et intrabranche, il trouve aussi sa place

ici)

_ Le commerce intrabranche horizontal : se définit comme un échange entre pays similaires de produits similaires différenciés selon les caractéristiques secondaires du produit (objet, forme, marque…). Dans ce type de commerce les pays sont très semblables et les avantages comparatifs n’expliquent pas les échanges.

Pour conclure si la théorie de l’avantage comparatif explique les échanges de produits différents entre pays différents, dans les faits l’essentiel du commerce international se réalise entre pays semblables qui s’échangent des produits substituables, ce qui réduit fortement l’impact de la théorie ricardienne sur la réalité du commerce international d’aujourd’hui. Comment, par exemple, expliquer que l’Allemagne et la France s’échangent mutuellement des voitures ? Cette partie du commerce international semble échapper aux déterminants décrits par la théorie de l’avantage comparatif, et a suscité l’apparition de théories alternatives des nouvelles théories développées dans les années 1970.

2) La théorie ricardienne n’explique pas une partie du commerceintrabranche

Page 20: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

3) Il n’explique pas le commerce intrafirme

L’explication du commerce intrafirme à travers la théorie ricardienne se limite à l’énoné suivant :A l’échelle nationale, toutes les entreprises produisant un même bien n’ont pas nécessairementla même productivité. Par analogie aux pays disposant d’avantages comparatifs, les entreprises disposent d’avantages compétitifs. Il est possible que dans un pays disposant, globalement, d’un désavantage comparatif, et étant donc importateur, quelques entreprises disposent d’un avantage compétitif leur permettant d’exporter ;

… La fragmentation verticale, une claque pour l’hypothèsed’immobilité internationale des facteurs de production

L’analyse est donc très limitée on ne parle pas des formes de stratégie des Firmes Multi-Nationales (FMN) ni de la Division Internationale des Processus Productifs (DIPP)Alors que Ricardo raisonnait dans le cadre d'un échange entre nations, la tendance est à latransnationalisation des échanges en raison de l'importance croissante des firmes multinationales. Les échanges se réalisent moins entre entreprises indépendantes ou entre pays, et de plus en plus « à travers » les pays :

« Firme Multinationale » = « Firme Transnationale »

D’après C. A. Michalet :

« La firme multinationale peut se définir comme une entreprise souvent de grande taille qui, àpartir d’une base nationale, a implanté à l’étranger plusieurs filiales dans plusieurs pays avec une stratégie et une organisation conçues à l’échelle mondiale ».

Il est ainsi de plus en plus difficile de rattacher un produit fini à une seule origine nationale. La mondialisation des marchés a ouvert des perspectives nouvelles aux firmes qui ne se contentent plus d’exporter leurs produits mais vont elles-mêmes s’implanter à l’étranger dans le cadre d’une stratégie de production ou encore de commercialisation. Ces comportements supposent une forte mobilité du capital qui invalide l’hypothèse de départ de Ricardo d’immobilité des facteurs de production au niveau international. On le sait, les échanges de capitaux sont très importants et se sont développés de façon spectaculaire depuis le début des années 80. Les FMN en sont les acteurs principaux en réalisant des IDE (= Investissements Directs à l’Etranger). Ainsi, l’ouverture des économies ne se mesure plus seulement en termes d’importations et d’exportations de marchandises ou de services mais également par une mobilité croissante du capital liée aux stratégies des firmes qui n’hésitent plus à délocaliser des segments (= parties) de leur production et envisagent désormais la fabrication de leur produit à l’échelle internationale, chaque filiale implantée à l’étranger réalisant un stade différent et complémentaire du processus de production. Ce phénomène conduit à une décomposition internationale des processus de production (DIPP).Tout se passe comme si les frontières disparaissaient et que l'optimisation du processus de production se réalisait à l'échelle du monde. La division internationale du travail est donc de moins en moins une division en termes de produits ou de groupes de produits, mais de plus enplus une division en terme d’organisation du travail et de la production, ce qu’ignore totalement le modèle ricardien.

Page 21: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

… L’explosion du commerce intrafirme

C’est ce qui nous amène à se pencher sur le poids de ce commerce captif :Dans un contexte de mondialisation une grande partie du commerce consiste en des échanges intrafirme c'est-à-dire entre les filiales et la maison mère d'une firme multinational :

_ Aujourd’hui, près de 1/3 des exportations françaises de produits industriels sont des ventes de firmes installées en France à des établissements installés à l’étranger et faisant partie du même groupe.

_ Selon une estimation du Centre de Nations Unis sur les sociétés transnationales, le commerce international intrafirme représentait aujourd’hui près d’un tiers de la totalité des échanges mondiaux. Dans le cas des Etats Unis, certains auteurs évaluent les importations liésau commerce intrafirme à 50% des importations américaines totales !

Conclusion générale : … Un oui avec de fortes réserves

D’un point de vu purement scientifique la théorie économique de Ricardo répond à l’objectif de description des phénomènes observés en matière d’échanges internationalesde manière exemplaire de part sa simplicité, sa logique et son aspect prédictif. De plus,

Page 22: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

il répond à une finalité normative, celle de conseiller les agents économiques dans leur choix, notamment l’Etat en matière de politique économique : à savoir le fait qu’il prône le libre-échange.

En définitive, le modèle ricardien, s’appuyant sur un commerce de différence, reflète une partie relativement importante du commerce contemporain, le commerce interbranche. De nombreux tests empiriques sont venus appuyer sa théorie et démontre ainsi sa pertinence.Toutefois, avec l’importance accrue du commerce intrabranche, le modèle de Ricardo semble perdre de son réalisme. En effet il ne peut expliquer que la partie verticale du commerce intrabranche et est limité par ses hypothèses dans l’explication du commerce horizontal. De plus en matière de commerce captif le modèle est absent alors qu’il s’agit de la majorité des échanges internationaux.

Nous avons voulu nous accorder sur une même réponse et suite à un consensus notre avis est qu’on peut donc dire que malgré les profonds changements dans l’organisation du commerce internationale, le modèle décrit par Ricardo n’est pas dénué de sens et permet encore d’expliquer une bonne partie du commerce internationale.

Pour ouvrir le sujet, considérons que les rapports entre la théorie et la réalité soientde deux ordres :

_ D’un côté on a de l’adéquation de l’explication théorique à l’observation empirique.

(Notre exposé dans un souci de pertinence économique se limite à cette analyse)_ Cependant il pourrait être intéressant d’un autre côté d’analyser l’impact de la théoriesur l’histoire des hommes.

(Mais le risque d’être accuser de tomber dans de la géopolitique n’est pas loin!)

Encadré final : Les avantages comparatifs et l’histoire (un petit aperçu)

L’œuvre de Ricardo a fait du Royaume-Uni le lieu de naissance du libre-échange (à distinguer avec les échanges entre nations qui eux existent depuis l’aube de l’humanité) eta inspiré des vagues de libéralisation du commerce international (d’abord vers 1860 puis après 1945). Seulement la description des échanges proposée par Ricardo se retrouveaussi dans la domination commerciale des nations impérialistes au XIXème siècle.

Ainsi si le principe selon lequel le commerce mondial est toujours profitable pour tous est séduisant sur le plan théorique, il est totalement faux sur le plan historique, ne serait-ce que parce que le libre-échange n’est jamais parfait. L’historien Paul Bairoch a décrit les transformations de la production au sein de l’empire britannique et les désastres qu’a pu causer une théorie pour le moins mal comprise

(C’est un peu comme Einstein et la bombe atomique!)

A travers la théorie de Ricardo ce que fera le Royaume-Uni au cours du siècle c’est : Organiser le commerce mondial en termes d’avantages comparatifs. Mais cette organisation n’est pas celle induite par les lois du marché dans un contexte de libre-échange : il s’agit en fait de la mise en place d’une division internationale de la production dans le cadre du plus grand empire de l’histoire.

A l’époque de Ricardo, l’Angleterre est la seule grande puissance à avoir connu la révolution agricole, et son agriculture est donc la plus productive du monde. Elle est pourtant sacrifiée au profit de l’industrie selon la logique décrite par Ricardo, provoquant l’essor de la classe ouvrière et l’urbanisation insalubre de la Révolution industrielle. Autosuffisante au début du XIXe siècle, l’Angleterre dépendra pour plus des deux tiers de l’étranger pour son alimentation au début du siècle suivant.

Inversement, si l’Angleterre a renoncé à son agriculture, une de ses nations « partenaires », ou plutôt colonisées, doit renoncer à son industrie. Alors que l’Inde est le premier producteur de textile du monde, elle voit disparaître entièrement sa production artisanale de tissu qui ne peut faire face à la haute productivité de l’industrie cotonnière britannique. L’Inde va-t-elle produire les vivres dont l’Angleterre a besoin ? Non car l’avantage comparatif du pays n’est paslà. L’Inde voit, au contraire, s’effondrer son agriculture vivrière, sacrifiée par les Britanniques au profit de la culture de produits tropicaux, comme le coton, le jute, ou l’indigo. La culture du pavot est aussi une de ces productions pour lesquelles l’Inde dispose d’un avantage comparatif. La Chine, principale consommatrice potentielle, a fermé ses ports à ce produit dont les dirigeants connaissent les effets désastreux sur la population. L’Angleterre lui livrera donc une « guerre de l'opium » (1838-1842) pour lui imposer ce commerce.

En fait, dans un contexte historique davantage marqué par l’impérialisme que par le libre-échangisme, la détention d’avantages comparatifs par les nations les moins puissantes s’est souvent transformée en véritable malédiction.

Les principaux effets dans le monde (États-Unis, Indes britanniques et Chine) de la spécialisation industrielle du Royaume-Uni et de sa gestion des avantages comparatifs.

Page 23: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

Annexes

Remarque : De nombreux auteurs ont depuis modernisé la notion d’avantages comparatifs notamment en incorporant les conditions de la demande (Linder ou Lassudri-Duchêne) ou une vision dynamique du modèle et ainsi complexifier le modèle de Ricardo afin de le réactualiser et peut-être dans combler les lacunes…

Page 24: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

Bibliographie

_ Les livres :

Paul KRUGMAN et Maurice OBSTFELD, « Economie

internationale », Edition Pearson éducation, 8e édition, 2009

Anne HANAUT et El Mouhoub MOUHOUD, « Economie

internationale », Edition Vuilbert, 2002

David RICARDO, « Des Principes de l’économie politique et d

l’impôt », Edition Champs Flammarion, 1977

_ Les articles :

Bernard Lassudrie-Duchêne et Deniz Ünal-Kesenci « L’avantage

comparatif, notion fondamental et controversée » page 90-104 de l’économie mondiale 2002 (CEPII)

_ Les sites Internet :

le site du CEPII

le site de l’OCDE

www.economie-cours.fr

_ Les cours et travaux dirigés de Relation Commerciale Internationale.

Annexes

Annexe 1 : Modèle ricardien et rattrapage Nord-Sud

Utilisons ce modèle pour analyser la mondialisation : le pays 1 représente le Nord, qui bénéficied’un avantage absolu. Le pays 2 représente le Sud.

On peut d’abord étudier les effets d’une augmentation de la productivité du Sud (d’une réduction de l’avantage absolu du pays 1) sans changement des avantages comparatifs. Il s’agit d’un pur rattrapage, dû par exemple à la diffusion de la technologie.

Celui-ci accroît le pouvoir d’achat et améliore l’utilité des consommateurs du premier pays.Supposons en effet que a1* et a2* baissent tous les deux dans la même proportion. L’offrerelative du bien 2 augmente, donc la courbe d’offre relative se translate vers la gauche, avecpour effet (si la specialisation complète demeure) une augmentation du prix relatif d’équilibre π(Figure 6-3). Il en résulte une amélioration du pouvoir d’achat et de l’utilité des consommateursdu premier pays. D’après (3), le sens d’évolution du salaire relatif ω est indéterminé, mais ilpeut baisser si la demande relative est peu élastique.

On peut de la même manière étudier l’effet de l’arrivée de nouveaux pays émergents ou en développement dans l’échange international. Dans le modèle, cela se traduit par une augmentation de L* (sans changement des paramètres a*). Le résultat, du point de vue du Nord,est toujours une amélioration du prix relatif π, et donc un gain en revenu réel. Les perdants sont les autres pays du Sud, qui étaient déjà spécialisés dans la production de bien 2 et voient leur revenu réel se dégrader. Supposons enfin que le Sud rattrape, mais en réduisant son déavantage comparatif (il tend à devenir comme le Nord, par exemple en s’industrialisant alors que sa productivité agricole ne change pas). Dans le modèle, cela s’analyse comme une baisse de a1*, sans changement pour a2*. La courbe d’offre relative tend à se « tasser ». Cela n’a aucun effet sur les prix d’équilibre tant que le Sud reste totalement spécialisé, mais on peut aboutir à une situation où il cesserait de l’être et produirait du bien 1. Alors, le Nord serait perdant puisque le prix relatif du bien 1 baisserait.

Page 25: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule

Annexe 2 : Les extensions du modèle ricardien

Le modèle souffre d'un manque de réalisme pour plusieurs raisons : tous les biens sont échangés et spécialisation totale, deux biens, techniques de production rigides. Ces limitationspeuvent être levées. _ L'existence de coûts de transport fait qu'un même bien peut être produit dans les deux pays. Il suffit pour cela que :

ai*wi* – ti < ai wi < ai*wi* + tiOù ti est le coût de transport. Les biens non-échangés sont ceux pour lesquels les coûts de transport découragent l'échange. Il n'y a plus spécialisation totale. Plusieurs biens. Lorsqu'il y a N biens, il est possible de les classer selon la productivité relative du pays :

Le pays produira tous les biens pour lesquels son coût de production est inférieur. La structure de la spécialisation dépend ainsi du salaire relatif des deux pays1. Elle reste pour chaque pays fonction des avantages comparatifs, mais la demande intervient également. Plus exactement, l’ordre des biens ne dépend pas de la demande (le pays va toujours produire les biens pour lesquels sa productivité relative est la plus élevée) et la notion d’avantage comparatif demeure donc, mais le partage entre les productions des deux pays en dépend.

_ Continuum de biens : Le modèle à N biens n’est pas très élégant. Dronbusch, Fischer etSamuelson (1977) ont étendu le modèle ricardien au cas d’un continuum de biens, quipermet un traitement plus ramassé. Dans ce cadre, on montre notamment les résultatssuivants :

A l'équilibre, le pays produit les biens pour lesquels son coût deproduction est inférieur au coût de production étranger. Il y a donc gain de l'échange.

Une hausse de la demande relative des biens fabriqués par lepremier pays accroît le salaire réel dans le premier pays et le diminue dans le second. Ilvaut donc mieux être spécialisé dans la production des biens dont la demande estcroissante.

Une hausse de la productivité à l'étranger diminue le salaire réelrelatif du pays mais augmente le salaire réel absolu via la baisse du prix des importationset la hausse du revenu réel qui en résulte. Le rattrapage des pays en développement estdonc favorable au pays industriels, sauf lorsqu’il réduit l’avantage comparatif.

Annexe 3 : Plusieurs facteurs de production :

Une des limites du modèle est que les techniques de production sont rigides, et que laproductivité marginale est constante. Contraire aux hypothèses micro.

Il existe une extension du modèle, le modèle de Ricardo-Viner, dans lequel on représente laproduction de n bien qui requiert tous du travail (mobile entre les secteurs) et un facteurspécifique non mobile (terre pour des produits alimentaires, capital pour les produitsmanufacturés, etc...).

Du fait de la non-mobilité des facteurs spécifiques, la productivité marginale du travail danschaque secteur est décroissante. La frontière des possibilités de production est concave et nonlinéaire.

L'échange pose des problèmes de répartition du revenu (libéralisation est au détriment des facteurs fixes utilisés dans les secteurs importateurs, à l'avantage de ceux utilisés dans les secteurs exportateurs).

Page 26: Dans le cadre du cours de « Relations Commerce ...€¦ · échangiste du commerce international de part les gains à l’échange qu’il procure. La vie de Ricardo s’écoule