Croix Rousse

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La Croix-Rousse est une colline de la ville de Lyon. Mais c'est également un quartier situé sur cette même colline, que l'on distingue en 2 éléments : les pentes (une partie du 1 er arrondissement), et le plateau (4 e arrondissement), qui culmine à 254 mètres.La Croix-Rousse, ancienne commune du département du Rhône, est un quartier original, profondément marqué par son passé de haut-lieu de l'industrie de la soie. À la Révolution, les biens appartenant aux communautés religieuses sont vendus, libérant ainsi un grand nombre de terrains. L'opposition entre les ruraux de Cuire et les citadins de la Croix-Rousse agite alors la commune de Cuire-la-Croix-Rousse. Finalement, en 1797, le Conseil des Cinq-Cents décrète le rattachement de Cuire à Caluire (loi du 5 mai 1797), entérinant ainsi la scission (mais étrangement, il faudra attendre un arrêté du gouvernement consulaire en date du 22 octobre 1802 pour que, de son côté, la commune de la Croix-Rousse soit créée). Au début du xix e siècle, Lyon est la première ville ouvrière de France. L'arrivée massive d'ouvriers de la soie (les Canuts) va alors profondément transformer la Croix-Rousse, marquant son histoire et son urbanisme. La Croix-Rousse devient un haut lieu du tissage industriel de la soie (voir l'article sur l'histoire de la soierie lyonnaise). Pour accueillir les ouvriers (ainsi que leurs familles et leurs métiers à tisser), la construction de lotissements s'accélère (ex : le Clos Dumenge). Il s'agit d'immeubles de 5 ou 6 étages, abritant des appartements/ateliers construits très hauts sous plafond, en fonction de la taille des imposants métiers à tisser Jacquard (en moyenne 4 mètres de hauteur). Ils sont dotés de hautes fenêtres (la lumière facilite le travail de la soie) et d'une soupente (mezzanine utilisée pour la vie de la famille). Les plafonds sont renforcés par des poutres en chêne, dont l'écartement permet de fixer le métier. Sous la pression des lotisseurs qui morcèlent des anciens terrains religieux, l'est de la colline change radicalement de physionomie. Le nombre d'habitants explose et de nouvelles rues apparaissent, parfois de manière anarchique sans que la municipalité ait son mot à dire. En 1818, la Croix-Rousse est élevée au rang de ville. Mais elle est morcelée lorsque le 26 octobre 1832, une ordonnance royale érige les quartiers de Serin et Saint-Clair en communes indépendantes. Ce sera de courte durée puisqu'en 1834, Serin et Saint-Clair sont de nouveau réunies à la commune de la Croix-Rousse.

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La Croix-Rousse est une colline de la ville de Lyon. Mais c'est également un quartier situé sur cette même colline, que l'on distingue en 2 éléments : les pentes (une partie du 1er arrondissement), et le plateau (4e arrondissement), qui culmine à 254 mètres. La Croix-Rousse, ancienne commune du département du Rhône, est un quartier original, profondément marqué par son passé de haut-lieu de l'industrie de la soie. À la Révolution, les biens appartenant aux communautés religieuses sont vendus, libérant ainsi un grand nombre de terrains. L'opposition entre les ruraux de Cuire et les citadins de la Croix-Rousse agite alors la commune de Cuire-la-Croix-Rousse. Finalement, en 1797, le Conseil des Cinq-Cents décrète le rattachement de Cuire à Caluire (loi du 5 mai 1797), entérinant ainsi la scission (mais étrangement, il faudra attendre un arrêté du gouvernement consulaire en date du 22 octobre 1802 pour que, de son côté, la commune de la Croix-Rousse soit créée). Au début du xixe siècle, Lyon est la première ville ouvrière de France. L'arrivée massive d'ouvriers de la soie (les Canuts) va alors profondément transformer la Croix-Rousse, marquant son histoire et son urbanisme. La Croix-Rousse devient un haut lieu du tissage industriel de la soie (voir l'article sur l'histoire de la soierie lyonnaise). Pour accueillir les ouvriers (ainsi que leurs familles et leurs métiers à tisser), la construction de lotissements s'accélère (ex : le Clos Dumenge). Il s'agit d'immeubles de 5 ou 6 étages, abritant des appartements/ateliers construits très hauts sous plafond, en fonction de la taille des imposants métiers à tisser Jacquard (en moyenne 4 mètres de hauteur). Ils sont dotés de hautes fenêtres (la lumière facilite le travail de la soie) et d'une soupente (mezzanine utilisée pour la vie de la famille). Les plafonds sont renforcés par des poutres en chêne, dont l'écartement permet de fixer le métier. Sous la pression des lotisseurs qui morcèlent des anciens terrains religieux, l'est de la colline change radicalement de physionomie. Le nombre d'habitants explose et de nouvelles rues apparaissent, parfois de manière anarchique sans que la municipalité ait son mot à dire. En 1818, la Croix-Rousse est élevée au rang de ville. Mais elle est morcelée lorsque le 26 octobre 1832, une ordonnance royale érige les quartiers de Serin et Saint-Clair en communes indépendantes. Ce sera de courte durée puisqu'en 1834, Serin et Saint-Clair sont de nouveau réunies à la commune de la Croix-Rousse.

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En 1852, la Croix-Rousse, qui compte désormais 30 000 habitants, est rattachée à Lyon (décret impérial du 24 mars 1852). Le préfet Vaïsse va alors entreprendre une série de grands travaux (création du réseau d'eau potable, construction de l'Hôpital de la Croix-Rousse, etc). En 1862, la Croix-Rousse est reliée au centre de Lyon par le premier funiculaire du monde. Il sera rapidement surnommé la "ficelle" par les lyonnais. En 1865, pour faciliter l'intégration de la Croix-Rousse à la ville, les remparts sont détruits, permettant la réalisation du boulevard de l'Empereur. La mairie y est construite, et des arbres sont plantés. Depuis 1952, la colline est traversée par le tunnel routier de la Croix-Rousse, qui relie les quais des bords du Rhône à ceux des bords de la Saône (tracé de la RN6). L'activité du textile a été très fortement marquée par une crise dans les années 1980. Les rares survivants ont réussi en se reconvertissant dans des textiles « techniques » ou très haut de gamme (ex : Prelle, Tassinari, Brochier, Bianchini-Férier). Aujourd'hui encore, la Croix-Rousse est un quartier à l'urbanisme singulier, marqué à la fois par sa géographie (colline), par son histoire (histoire de la soierie lyonnaise), par la permanence du mouvement social et par sa très forte densité d'habitation (l'une des plus élevées d'Europe). Située entre Saône et Rhône dans le prolongement nord de la Presqu'île, la Croix-Rousse est l'une des 2 collines dominant Lyon (l'autre étant la colline de Fourvière). Elle culmine à 250 m (contre 300 m pour Fourvière), soit une petite centaine de mètres au-dessus du reste de la ville. Certains versants, appelés "Balmes" et abimés par l'érosion fluviatile, sont de véritables falaises de 20 à 40 m de hauteur. Des éboulements spectaculaires ont d'ailleurs eu lieu en 1932 et 1977. La colline de la Croix-Rousse est en fait la partie sud d'un plateau qui se poursuit au nord sur les communes de Caluire-et-Cuire, Sathonay-Camp, Rillieux-la-Pape et Fontaines sur Saône. Les pentes de la Croix-Rousse (1er arrondissement) s'étagent depuis la place des Terreaux jusqu'au sommet de la colline. Le quartier des Pentes se caractérise par sa géographie toute en déclivité. Ainsi, certaines artères ont été nommées de manière explicite "montée" (Montée de la Grand'Côte, Montée Saint Sébastien, Montée des Carmélites, Montée Neyret…). La Montée de la Grand'Côte affronte une dénivellation importante en traversant le quartier en un axe méridien. La montée des Carmélites, reprend le parcours de la voie du Rhin. Cette voie romaine allait de Lugdunum vers la Germanie. Au départ de la montée des Carmélites, le Jardin des Plantes offre

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une vue sur la presqu'île et la colline de Fourvière. C'est ici que se trouve l'amphithéâtre antique, autrefois élément constitutif du Sanctuaire fédéral des trois Gaules. Outre ces « montées » et les artères classiques, on trouve de nombreuses traboules, différentes de celles du Vieux Lyon. Ces passages entre immeubles, parfois couverts et constitués de volées d'escaliers, permettent de circuler sur les pentes de manière parfois plus directe. Les pentes est un quartier plus adapté aux piétons qu'à la circulation automobile (rues étroites, en pente, escaliers, sens-uniques, manque de place de stationnement). Le quartier des pentes est également distinct du reste de Lyon par sa culture canut. Il hérite d'une forte culture syndicale et associative issue de l'industrie textile. De nos jours, les pentes restent marquées par une culture informelle et associative qui les rend attractives, notamment auprès des étudiants et artistes. C'est un village rempli d'une culture alternative. Le foncier s'est considérablement revalorisé depuis qu'une importante rénovation et réhabilitation urbaine a été initiée dans les années 1990 et le quartier perd peu à peu son caractère populaire devenant un pôle d'attraction pour les bourgeois-bohème (bobos).