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  • Creuse-Citron

    Journal de la Creuse libertaire n 37 aot-octobre 2013

    l'afft du cochonnet Petits et grands projets inutiles 2-3 ; Chmage ou

    esclavage Ple-exploi(te) ? 4-5 ; Contrles tous azimuts Puage et expulsions 6 ;

    lagueurs en folie Contrlons les abatteurs ! 7 ; La gueule vert fluo Ces mines

    nous minent 8-9 ; Capitalisme la poubelle Rationalisation ? 1 0-1 1 ;Mauvaises

    frquentations Manger bon 1 2-1 3 ; Mondialisation numrique Internet plein

    la tte 1 4-1 5 ; Biomascarade Chauffe Marcel ! 1 6-1 7 ; Coup de gueule Armez-vous

    franais 1 8-1 9 ;Mauvaises lectures 20 ; Revue de crise 21 ; Rendez-vous 22-

    23 ; La der des der 24

    9

    e

    anne

    Prixlibre

  • 2 l'afft.. .

    VOICI LA COPIE D'UNE LETTRE-TYPE, que le maire de

    Limoges a demand ses chefs de services de distri-

    buer tous les agents municipaux (quelque-uns s'y

    sont refuss). On croit rver tant les arguments sont

    exprims bruts de dcoffrage d'une plaquette publici-

    taire produite par un quelconque cabinet de conseil.

    Mme s'il n'est pas politis, celui qui lit a comprend

    de suite qu'on le prend pour un imbcile, mais peut-

    tre signera-t-il quand mme par peur de reprsailles

    de sa hirarchie s'il ne le fait pas.

    Combien d'employs municipaux ont besoin d'tre en

    correspondance rapide avec toutes les capitales euro-

    pennes o se prennent les grandes dcisions et se pr-

    pare l'avenir du monde ?

    Si la LGV Limoges-Poitiers a, aujourd'hui,

    peut-tre un peu de plomb dans l'aile, ce n'est

    srement pas le cas de la dmocratie locale qui

    se porte comme une fleur. Une fleur de banane,

    s'entend, quand on voit comment certains lus

    locaux avec leur tte le maire socialiste de

    choc de Limoges, Rodet, ont essay d'influencer

    l'enqute d'utilit publique sur ce projet de LGV.

    Inutilit

    publique

    ET MAINTENANT UN FRAGMENT D'UNE LETTRE DU MME MAIRE DE

    LIMOGES l'entte de l'ADM 87 (Association des maires et lus

    du dpartement de la Haute-Vienne) adresse tous les maires

    du 87. Bien sr cette lettre n'a aucunement t valide par le

    bureau de l'ADM87 qui n'a pas t consult.

    La dmarche explique dans le

    courrier montre bien que pour Rodet il s'agit de

    faire une pression maximum dans le dbat pour l'enqute pu-

    blique, il appelle les maires utiliser des fins de promotion

    tous les moyens des communes, bulletin municipal, internet. . .

    inciter les populations intervenir et il propose mme de distri-

    buer aux habitants la lettre-type qu'il a fait lui-mme distribuer

    dans sa mairie .

    Cela faisait suite aux 16 pages du journal Le Populaire, repris

    sur papier glac et disponible en quantit la Chambre de

    Commerce et d'Industrie, au Conseil rgional, au Conseil gn-

    ral et la Mairie de Limoges. Pour l'expo

    Limoges 2025 la Bibliothque de Limoges

    (BFM) c'est 2 camionnettes des 16 pages du

    Popu qui ont t livres !

    Depuis dans le journal de l'agglomration de

    Limoges, les 245 000 habitants ont reu do-

    micile une lettre T renvoyer au Prsident des

    Commissaires-enquteurs pour l'enqute

    publique.

    Toutes les enqutes d'utilit publique que

    nous avons eu l'occasion de suivre concluent

    toujours dans le sens souhait par le pouvoir, porteur du pro-

    jet en cause, mme si les tudes pralables et les enqutes sou-

    lvent des objections incontournables, qu'il s'agisse de la

    viabilit du projet, de son cot, de son impact social et colo-

    gique.

    Les enqutes d'utilit publique sont le pendant technique de la

    dmocratie reprsentative, dans un cas on vous dit donne moi

    ton suffrage et je ferai ce que je veux , dans l'autre on vous dit

    donne moi ton avis, je n'en tiendrai pas compte !

    PATRICK FAURE

  • Mgalomanie territoriale

    . . . du cochonnet - 3

    PENDANT QUE LA VILLE DE GURET sous

    la houlette de son dput-maire colonise

    tout le nord-ouest de la Creuse pour justi-

    fier la Communaut d'agglomration du

    Grand Guret , celle d'Aubusson et son

    maire, tente la mme OPA sur tout le sud

    de la Creuse, obissants, le doigt sur la

    couture du pantalon, aux diktats des tech-

    nocrates europens pour qui il n'y a de

    futur pour l'humanit qu'agglomre

    autour de grandes mtropoles.

    Quand on suit cette logique dans des

    territoires ruraux a donne que Guret ne

    voulant pas se faire bouffer par Limoges

    ni Aubusson par Guret, on va inventer

    des mtropoles locales l o a n'a aucun

    sens. Guret continue btonner sa priph-

    rie en construisant des zones commerciales

    nouvelles pour viser une zone de chalan-

    dise de 100 000 habitants (voir Creuse-Ci-

    tron 36), et Aubusson prtend agglomrer

    20 000 habitants.

    Le problme est que ces dlires ont des

    consquences trs concrtes.

    Aubusson, par exemple, pense installer

    une grande surface en plein centre ville

    qui finira de saper le commerce local,

    construit un centre aqua rcratif ,

    (une piscine de luxe) qui cotera au

    moins 10 millions d'euros, sans parler de

    ses frais de fonctionnement, et aussi un

    boulodrome. Piscine et boulodrome sont

    des projets financs par la communaut

    de communes Aubusson-Felletin, mais

    qui profiteront essentiellement aux

    Aubussonnais.

    Le projet de boulodrome illustre par-

    faitement le fonctionnement dmocra-

    tique de ces regroupements communaux :

    les clubs de ptanque d'Aubusson et de

    Felletin ncessitaient tous deux un local

    couvert pour la pratique de ce sport.

    Le club de Felletin a obtenu la mise

    disposition d'un tunnel agricole, isol sur

    le dessus mais pas encore chauff, le club

    d'Aubusson a obtenu un boulodrome en

    dur, prtendument omnisports. L'un a

    cot 30 000 financ par la mairie, l'autre

    va coter plus de 345 000 , financ hau-

    teur de 142 000 par la com-com (c'est--

    dire par les impts locaux de l'ensemble des

    habitants), devinez lequel.

    La ptanque n'est pas un sport dont on

    dplace les licencis, comme le foot par

    exemple, disons que c'est essentiellement

    un sport de proximit : avec une telle

    somme plusieurs quipement municipaux

    auraient pu tre financs.

    Donnons la parole Aymeric Delaplace,

    prsident de la Ptanque felletinoise :

    En tant que Prsident du Club de

    ptanque de Felletin, je me suis vu invit

    par courrier (ainsi que par tlphone par

    un agent de la Communaut de Com-

    munes Aubusson-Felletin ; regroupant 18

    communes et 60 voix) une runion de

    cette dernire, concernant la future cra-

    tion d'un centre intercommunal omni-sport

    mais ddi la ptanque (terrains cou-

    verts sabls et gravillonns, hauteur de

    plafond 5 mtres, 6 terrains de 12 m par

    3,4 m, une salle annexe de 35 m, pas de

    lieu de stockage de matriel. . . ) .

    Nous nous sommes retrouvs devant le

    fait accompli qu'un projet de Boulodrome

    couvert allait voir le jour Aubusson, en-

    tirement financ par tous les citoyens des

    communes de la com.com !!! Ils ont russi

    faire voter un budget sans aucune dis-

    cussion pralable concernant un rappro-

    chement des autres clubs et l'ont obtenu

    sans savoir quels autres sports allaient

    pouvoir s'y implanter pour appuyer son

    statut de "salle omni-sport". []

    Un rve devenu possible grce au

    concours de M. Vachon (adjoint aux sports,

    entre autres) et du Prsident de la com.com

    qui n'est autre que Michel Moine, Maire

    d'Aubusson, et les vice-Prsidents de la

    com.com. . . Aucun d'entre nous : Prsidents

    d'associations locales, Prsident d'associa-

    tion et dlgus d'organismes dpartemen-

    taux, Professeurs d'EPS, lus et adjoints

    des communes de Felletin, Vallire, etc. , n'a

    pu se faire comprendre dans son problme

    propre, en gnral ni li la pratique de

    son sport en particulier (Escalade, Tir

    l'Arc, etc. ). []

    Concernant les runions prparatoires

    au vote ; nous n'avons rien reu, ni un

    coup de tlphone pour nous prvenir de

    la date et nous nous sommes vu lancer un

    "Les clubs ne sont pas venus. . . " au visage

    de la part de la vice-prsidente en charge

    du dossier. [. . . ]

    Enfin voil, on nous a convoqus (cette

    fois-ci) pour nous informer qu'un tel projet

    dont la presque moiti du budget sera fi-

    nanc par nos impts allait donner un

    boulodrome couvert Aubusson !!!

    Et bien sr, les frais de gestion et de

    fonctionnement du lieu dans leur globalit

    seront pris en charge par l'intercommu-

    nalit !!

    Bref nous nageons en pleine dmocra-

    tie locale. Il faut bien comprendre que les

    instances dirigeantes des communauts

    de communes ne sont pas des instances

    lues. Les reprsentants des communes

    sont simplement dsigns par leurs

    conseils municipaux sans que la popula-

    tion ait un droit de regard, alors que la

    quasi totalit des comptences commu-

    nales sont transfres l'intercommuna-

    lit ! Il est pass le temps o certains

    pouvaient encore croire qu'il tait pos-

    sible de construire une vraie pratique

    dmocratique l'chelon d'une commune.

    Aujourd'hui les dcisions sont prises par

    des non-lus en partenariat avec des auto-

    dsigns experts et spcialistes.

    PATRICK FAURE

    Bouliste lecteur de Creuse-Citron

    La novlangue

    au service du politique

    Aubusson a organis du 11 au 13 juillet

    Les arts dans la rue , je ne rsiste pas

    au plaisir de citer un extrait le la

    prsentation qu'en fait Jrome Bel, sa

    cheville ouvrire.

    Entre tlescopage d'univers et

    mlange des genres. autant de rencontres

    dont l'intense frquence caractrise

    l'poque. comment ne pas se mettre

    l'heure d'une intercommunalit cruciale

    pour nos territoires ruraux et leur

    patrimoine commun cur de ville & de

    village ?

    Car c'est aussi dans un inter

    supplmentaire que chacun peut

    galement tre libre au sud de la

    Creuse. l't venu : et puisque c'est dans

    cet entre des synonymes paradoxaux

    que sont toujours divertir et

    distraire qu'il existe un espace o

    incrire en effet cette 7me dition d'un

    festival pour tous .

    La suite est du mme tonneau, bref j 'y

    pige que pouic. Mais il faut constater,

    logique de la com-com oblige, que sur 19

    manifestations, il y en avait quand mme

    2 Felletin, et tout le reste Aubusson !

    PF

  • 4 - chmage.. .

    UNE ARME DE PARASITES menacerait

    l'tat-providence, on nous l'a souvent

    rpt : les chmeurs, ces feignants qui

    boivent leurs allocs sans se donner la

    peine de chercher du travail ruinent la

    France.

    Une sociologue suisse, Morgane Kueh-

    ni nous informe dans Le Monde Diplo-

    matique du mois de juillet que ses

    compatriotes ont trouv une remde

    miracle pour remettre au boulot ces glan-

    deurs qui nous cotent si cher !

    Les offices de placement suisses,

    quivalent du Ple-Emploi franais

    appliquent une procdure anti-fainantise :

    L'ASSIGNATION AU TRAVAIL qui

    contraint une personne inscrite l'office de

    placement et bnficiant d'allocations

    suivre une mesure active ou programme

    d'emploi temporaire : des heures de boulot

    sans rmunration mais obligatoires.

    Si le chmeur suisse ne les effectue pas

    ou mal (mauvaise notation des chefs), il

    est sanctionn et peut perdre ses indem-

    nits. Ce n'est pas lui qui choisit son tra-

    vail qui peut n'avoir aucun rapport avec

    sa qualification. Il n'est pas pour autant

    dispens de recherche d'emploi. Celle-ci

    conditionne galement l'obtention des

    allocations. Travail non gratifiant et

    recherche d'emploi se conjuguent donc

    pour exercer sur l'individu une pression

    constante. Il doit fournir une double

    preuve de son employabilit , le tra-

    vail nous dit la sociologue tant sacralis

    comme support unique du lien social.

    Le journal cite deux exemples :

    Danila qui a travaill plusieurs annes

    dans une usine, se retrouve au chmage

    quand l'usine ferme. Elle a un petit gar-

    on de deux ans et est enceinte de huit

    mois quand elle rencontre la sociologue.

    Elle est assigne dans une entreprise

    de tri de dchets lectroniques qui fonc-

    tionne uniquement avec des sans

    emplois. Elle passe la journe dmonter

    des tls usages et doit se lever l'aube

    pour confier son fils sa mre. Elle n'ose

    pas dire que son activit met sa grossesse

    en danger car elle risque de perdre ses

    droits aux indemnits.

    Claude, lectricien de 50 ans, est au

    chmage depuis plus d'un an. Il est

    assign dans une universit o il

    exerce son ancienne activit mais il a

    l'impression que ses collgues lui

    rservent le sale boulot : Ce serait plus

    valorisant pour moi si je recevais un

    salaire. Pendant que je suis ici, c'est

    quand mme l'assurance chmage qui

    paie, et pourtant pour le patron qui m'em-

    ploie, je suis un ouvrier, une force sup-

    plmentaire de travail !

    Cette loi sur l'assurance chmage est

    entre en vigueur dbut 2011 . Elle a res-

    treint les conditions d'accs l'assurance

    et les indemnits, durcissement qui

    permet de maintenir un taux de chmage

    officiel bas (4,1 %).

    Parmi les chmeurs bnficiaires de

    l'assurance chmage, 1 3,5 % ont t

    assigns une mesure d'occupation et

    plus de 40 000 ont suivi un programme

    d'emploi temporaire.

    La loi ne fixe aucune directive sur le

    profil des personnes ni ne dfinit un

    temps de chmage partir duquel ces

    mesures doivent tre imposes.

    Tout individu au chmage peut, quels

    que soient son ge, son sexe, son niveau

    de formation se retrouver en situation

    d'assignation partir du moment o il

    bnficie d'indemnits de chmage.

    Un exemple suivre en France et vive

    les camps de travail !

    SAGNA

    Au boulot, les feignants ! ! !

    Abonnement Creuse-Citron

    Les frais denvoi postaux sont de 1 ,25 par numro. Creuse-Citron tant prix libre, vous pouvez ajouter ce

    que vous voulez, sachant que le cot de fabrication dun numro est de 50 cts.

    1 an (4 n) = 5 (frais de port) + . . . (prix libre) / 2 ans (8 n) = 10 (frais de port) + . . . (prix libre)

    20 ans (80 numros) = 100 (frais de port) + . . . (prix libre)

    Indiquez le nombre de numros que vous dsirez recevoir, libellez votre chque lordre de Citron Libre et

    adressez-le Creuse-Citron, BP 2, 23000 Sainte-Feyre.

  • . . . ou esclavage - 5

    Salut !

    Je vais vous conter une petite histoire moderne. J'ai 56 ans. Je suis au Rsa (j'ai pas

    de boulot dans mon coin du Cantal, ou si peu). Bref depuis 3 ans, rien. En mai

    m'arrive une bafouille du Conseil gnral du Cantal me disant de me mettre en

    relation avec Ple-emploi. . . Au bout d'un certain temps (mails. . . ) un mec M. X. me

    rappelle ( Ah ! Enfin je vous ai au tlphone : prambule de politesse) et me pose

    une srie de questions, aprs m'avoir signifi que non il ne pouvait pas me recevoir

    Mauriac, que non il ne pouvait pas me prendre en visiophonie pour une entrevue mais

    qu'on le ferait par tlphone. C'tait dj arriv, soit ! Entre autres, il me demande si

    j'accepte d'aller voir dans ce genre de bote de rinsertion subventionne (tat,

    Europe et plus si affinits) o l'esclavagisme s'abat sur des gens qui n'ont pas le choix.

    Je connais ce systme, j'y ai dj boss dans la Drme.

    Bref, au bout d'un temps plutt long, o je me laisse aller dire ce que j'en pense, il

    me dit : Alors, vous acceptez d'y aller ? Je rponds Oui (aller voir). Il me file

    le RV. S'ensuit une discussion oiseuse sur mes CV ( J'les ai, j'les ai pas. . . ) et enfin

    aimable ( bonsoir ) il raccroche.

    La suite ? (avouez que c'est palpitant) . Je vais au rencard le lendemain (c'tait

    urgent. . . 5 personnes venaient de quitter la bote de rinsertion REAGIR Riom es

    Montagnes).

    Je visite, je discute, je me rvolte de ce que je vois, je dis, en gros, c'est pas pour

    moi . On me dit d'aller l'ATEMR, j'y go, je prends RV, on m'inscrit (plus tard). Je ne

    refuse pas le travail.

    Eh bien ! Savez-vous que :

    - je reois une lettre du Conseil gnral signe Mme Y se proposant de me

    suspendre tout ou partie du Rsa au titre que je ne respecte pas les dispositions

    contenues dans le Projet Personnalis d'Accs l'Emploi (PPAE) *

    Quoi ? C'est quoi a ? Le dernier PPAE que j'ai sign a plus de 6 mois. C'tait avec

    une autre employe P.E. Et les accords correspondaient des critres prcis.

    - en rpondant oui une ou deux propositions de M. Ple-Emploi, j'ai sign !

    (dixit Mme Y ). Et c'est parat-il lgal !!

    J'ai contact des gens de syndicats (CGT) qui n'en savent rien, me renvoient

    d'autres. . . J'ai RV en juillet devant le fameux Conseil . Je peux me faire

    accompagner, mais par qui ?

    Pouvez-vous m'aider ? Il parat qu'on est quelques millions m'a dit l'AS en

    souriant.

    Fraternit

    Jeanne

    * Dcision prise par une quipe pluridisciplinaire dont l'assistante sociale qui me

    suit sur le secteur.

    Contrat de dupe

    LA LETTRE D'UNE LECTRICE DE CREUSE-

    CITRON, en proie la politique

    d'crmage de Ple emploi, que nous

    publions ci-contre, illustre parfaitement

    ce que dtaille Sagna, propos de la

    Suisse, page prcdente.

    Tous les moyens sont bons pour virer

    les demandeurs d'emplois et supprimer

    les allocations du type RSA. On

    apprend dans ce courrier qu'un simple

    entretien tlphonique peut tre

    considr comme un contrat sign !

    Jeanne s'est vue plusieurs fois

    rtorquer par des agents du P.E. ou du

    Conseil gnral : Vous ne croyez

    quand mme pas qu'on va vous verser

    des allocs jusqu' la retraite ? , sous-

    entendu la socit ne va pas continuer

    nourrir des feignants.

    L'entretien, prvu en juillet, a eu lieu.

    Jeanne y tait accompagne par un

    syndicaliste de la CNT pour la soutenir

    et servir de tmoin. Le ton de

    lentrevue tait assez dur et agressif,

    Jeanne n'a pas eu de suspension du

    RSA et a t oblige d'accepter un

    entretien dans une autre bote de

    rinsertion, loin de son domicile.

    Un comit d'aide aux rsistes doit se

    crer dans le Cantal pour accompagner

    les gens dans ce type d'entretien et les

    aider rsister au chantage au travail

    forc qu'on leur fait.

    Le STO (Service du travail

    obligatoire) de sinistre mmoire refait

    partout surface en Europe.

    Soyez modernes : suivez une formation de dlateur social.

  • 6 - contrles tous azimuts

    Des personnes d'horizons divers rfl-

    chissent depuis plusieurs annes ce

    que signifie pucer des animaux, c'est--

    dire les identifier avec une puce lectro-

    nique, et comment s'y opposer.

    CES PERSONNES QUI NE SE SATISFONT pas

    des arguments rabchs ( ce n'est qu'une

    identification de plus ) ont montr

    rcemment leur solidarit des leveurs,

    soumis aux contrles concernant le

    puage de leurs btes, qui refusent de les

    pucer et qui risquent, en ne se soumettant

    pas cette obligation, de perdre les sub-

    ventions agricoles qui leur sont absolu-

    ment ncessaires, aujourd'hui, pour vivre

    et continuer leur activit. Comme dans la

    plupart des activits de nos jours, le tra-

    vail des leveurs est de plus en plus con-

    trl et normalis au dtriment de leur li-

    bert et leur autonomie.

    Deux leveurs du Tarn ont ainsi t

    contrls fin avril dernier par l'admi-

    nistration sur l'identification de leurs bre-

    bis et leurs vaches. Ils ont sign en

    dcembre la dclaration de Montferrier

    dans le cadre de la campagne contre le

    puage lectronique des animaux d'le-

    vage. De fait, le collectif Faut pas

    puer a lanc un appel soutien suite

    au premier contrle et lors du second

    contrle fin mai 2013, alors mme que

    l'administration, jouant de l'intimidation,

    leur avait intim fermement l'ordre de ne

    pas tre accompagn de plus d'une per-

    sonne de leur choix durant le contrle,

    c'est 80 personnes qui sont venues ce

    jour-l soutenir les leveurs. D'autres

    personnes ont manifest leur soutien en

    envoyant un courrier aux instances admi-

    nistratives charges des contrles.

    De mme en Arige, courant mai 2013,

    trois leveuses refusant le puage de

    leurs btes, ont subi un contrle sur

    l'identification de leurs animaux, les

    registres sanitaires, la pharmacie et un

    contrle d'anabolisants sur les vaches.

    70 personnes, prvenues la veille, taient

    prsentes ce jour-l dans la cour de la

    ferme et le contrle se passa plutt bien

    pour les leveuses.

    nos yeux, le fait que les contrles

    soient affronts en groupe est un moyen

    privilgi de poursuivre cette lutte. Ainsi

    les rfractaires se sentent plus lgitimes

    et plus forts dans des moments o il leur

    faut assumer leur hostilit au puage face

    l'autorit ; et tous ceux qui se sentent

    leurs complices, travers par exemple la

    dclaration de Montferrier, ont l'occasion

    de concrtiser leur solidarit.

    La dclaration de Montferrier a jus-

    qu'ici recueilli 40 signatures d'leveurs

    /euses, de 10 dpartements diffrents.

    Environ 200 personnes, notre connais-

    sance, l'ont signe en tant que complices,

    et elle continue de circuler. (Dclara-

    tion du groupe Faut pas pucer (mm

    dans les ordis) .)

    ARMELLE

    Contact : Le Batz, 81140 Saint-Michel-de-

    Vax ou [email protected]

    Y'en a pas un sur cent et pourtant ils existent. . .

    Bussire-Boffy, voyage en Absurdie !

    LE JUGEMENT EN APPEL A CONDAMN le 14

    juin 2013 les yourtes de Bussire-Boffy

    au dmontage sous trois mois, jugement

    assorti d'une amende de 500 euros et de

    75 euros d'astreinte par jour pass ce

    dlai (ce qui constitue, pour l'occasion,

    un loyer de 2 250 euros par mois per-

    cevoir par ltat en cas de maintien sur

    les lieux : les yourtes c'est pas pour les

    pauvres ! ).

    Aprs le jugement de dcembre 2013,

    qui les relaxait des infractions au Code

    de l'urbanisme ou du tourisme, la Cour

    d'appel consacre ici la prsance du Code

    de l'urbanisme sur les droits fondamen-

    taux en s'appuyant sur une jurisprudence

    de 2012 et une rponse ministrielle

    d'avril 2013 une question parlementaire

  • lagueurs en folie - 7

    Collectif des arbres

    de bords de routes

    La CABR s'est constitu au dbut du

    printemps 2013 suite aux travaux

    d'abattage et d'lagage effectus par

    les UTT (units techniques territoriales)

    sur les routes dpartementales de Creuse

    sans conscience professionnelle ni res-

    pect d au milieu naturel. Non pas que

    ces dfauts de conscience fussent nou-

    veaux, mais le Conseil gnral s'est

    depuis peu dot d'engins (dont le lamier)

    qui mettent le massacre porte de tous.

    LA VIOLENCE porte au paysage et la

    nature fit monter au crneau nombre d'asso-

    ciations, de particuliers et de professionnels

    du milieu naturel et du paysage. Une pre-

    mire runion, tenue Ahun, fut l'bauche

    du Cabr. (VoirCreuse-Citron, 36).

    Une entrevue avec le prsident du

    Conseil gnral, M. Lozach, et les agents

    responsables des UTT et de la scurit

    des routes permit au col-

    lectif d'exprimer ses

    dolances quant au respect

    des arbres, des haies, du

    paysage et du milieu natu-

    rel le long des routes

    dpartementales. Le col-

    lectif proposa que les UTT

    prvoient, avant chaque

    intervention annuelle (300

    km de routes chaque fois)

    une expertise des arbres remarquables, de

    la faune et du paysage, ainsi qu'une for-

    mation la taille des arbres pour les 200

    agents concerns. la suite de cette

    runion, il fut propos, au sein du collectif,

    un groupe de travail constitu des associa-

    tions et de particuliers spcialiss dans le

    domaine forestier, dans ceux de la taille

    des arbres, de la faune et du paysage.

    Au mois de juin ce groupe de travail

    labora le synopsis d'un cahier des

    charges pralable l'entretien du bord des

    routes, comme il en existe dj dans cer-

    tains dpartements depuis plus de 20 ans.

    Dbut juillet, une seconde runion avec

    les lus et les responsables techniques

    permis au Cabr de proposer un certains

    nombre d'ides : qu'un comit de pilo-

    tage, constitu de professionnels aguerris,

    encadre les interventions des UTT, que

    soit bannie l'utilisation du lamier au profit

    de la taille manuelle (avec une tron-

    onneuse), qu'il y ait une vision long

    terme de la gestion des arbres et haies des

    bords de routes, que les courriers adres-

    ss aux riverains aient une vise pdago-

    gique plutt que coercitive afin que leur

    choix quant au sort de leurs arbres soit

    guid par l'intelligence et le cur plutt

    que par la peur d'une amende ou l'espoir

    d'un profit financier.

    Les propositions du collectifs furent

    accueillies positivement par les lus de

    l'envirronnement et de l'Agenda 21 pr-

    sents, mais avec nombre de bmols et de

    rticences par les responsables de la scu-

    rit routire, du bitume et du UTT, arguant

    le manque de budget, la susceptibilit des

    agents de terrain, l'usure des routes provo-

    que par la prsence d'arbres, etc.

    Ds septembre les 6 UTT de Creuse

    reprennent le travail et le temps risque de

    manquer pour construire sur des bases

    solides une expertise avant travaux, sans

    compter les rsistances de la pyramide

    bureaucratique. Il est prvu que le collec-

    tif rencontre le Conseil gnral la rent-

    re. Esprons que la graine de conscience

    ait germ.

    P. P. J. (PIERRE, PAUL, JACQUES)

    Prochaine runion du collectif:

    le 21 aot 17 h La Martinche, par-

    king du Centre Martin Nadaud, com-

    mune de Soubrebost (23250).

    sur les yourtes de Bussire-Boffy

    dont l'implantation date de 2006-2007.

    Les inculps, trois familles en yourtes,

    et une famille hospitalire qui a prt son

    terrain, ont dcid de porter l'affaire en

    Cour de cassation pour ne pas laisser

    confirmer une jurisprudence calamiteuse.

    Une souscription a t lance (sur le

    site de Halem) pour accompagner finan-

    cirement ce recours et soutenir les pro-

    jets de dfense d'habitats alternatifs.

    Bussire-Boffy, ce samedi 20 juillet

    2013, le maire, J.-P. Barrire inaugurait,

    entour du gratin des officiels, la station

    de traitement des eaux et l'arrive du haut

    dbit par la fibre optique (on notait

    d'ailleurs la prsence de l'purateur Veo-

    lia et celle de l'agent Orange de France

    Tlcom ! ). Se souvenant de sa promesse

    de campagne en 2008 : On va nettoyer

    ce village de tous ses marginaux et on

    filtrera les entrants , un collectif s'est

    positionn face la mairie o avait lieu

    les discours avec cette banderole :

    Bussire-Boffy contre la discrimina-

    tion locale et natzionale, un village ou-

    vert tous, une terre pour l'humanit.

    Cette petite flure dans ce qui ressem-

    blait un dbut de campagne lectorale

    tait galement accompagne d'un tract

    rappelant que si la commune s'endette sur

    trente ans pour distribuer son eau, par

    l'exclusion de la carte communale, le

    refus de compteur d'eau de nombreuses

    familles constitue une discrimination

    inacceptable et que cette discrimination

    reprsente un cot consquent pour la

    collectivit.

    Aprs ce happening estival, le calen-

    drier juridique de Bussire-Boffy se

    focalise sur la premire dcision de la

    cour de Cassation (vers dcembre) et une

    audience trs attendue au Tribunal admi-

    nistratif qui jugera sur le fond d'un troi-

    sime arrt interdisant le camping sur

    la zone d'implan-

    tation des yourtes,

    arrt suspendu

    depuis juin 2012

    (mais remplac

    illico par un arrt

    fantme, affich

    mais non effec-

    tif).

  • 8 la gueule vert fluo

    Aprs la reprsentation de la pice LImpossible Procs 1, sur un futur accident nuclaire en France,je vous prsente ici les bases de limpossible procs des mines duranium du Limousin. Car lindustrieminire quelle concerne lor, luranium ou les gaz de schiste est avant tout une industrie du dchet.

    LES mInERAIS ExTRAITS des roches du sous-sol ne contiennent que des teneurs faiblesen mtaux, quelques grammes par tonnepour lor, 1 ou 2 kg par tonne pour lura-nium. Chaque tonne de minerai traitelaisse donc derrire elle plus de 999 kg dersidus miniers, chimiquement pollus parles produits de traitement. Ici commence labataille des mots : lorsque vous jetez unepile usage la poubelle, vous rejetez unrsidu? non, moi je rejette un dchettoxique.

    Pour atteindre ce minerai, il faut aussiextraire des roches inutiles, pas assezriches pour tre traites, conomiquementstriles; ces striles sont laisss sur place, labandon en pleine nature. une minesouterraine produit 1 tonne de striles pour1 tonne de minerai ; pour les mines cielouvert, exploites dans de grandes car-rires, ce sont 10 tonnes de striles pour 1 tonne de minerai. Et cest cette dernireforme dexploitation qui est en voguedepuis trente ou quarante ans, car elle estmoins coteuse et sans doute accessoire-ment procure de meilleures conditions detravail aux mineurs Rappelez-vous Zola.mais, quand vous jetez un emballage vide,vous jetez un strile? non, moi je jette undchet, souvent sale.Pour 36000 tonnes duranium produites enLimousin 2, le CEA, devenu Cogma puisArva, nous a laiss 40 millions de tonnesde dchets et 10 millions de tonnes dedchets toxiques, tous plus ou moinsradioactifs, 1500 fois plus de dchets quede produits ! mais cest une histoire dupass et, dailleurs, Arva vient douvrir enHaute-Vienne un muse de la mine. Je suispass devant le btiment un cube de 30mtres de ct et je me pose une ques-

    Limpossible procs des mines

    duranium

    tion: comment les 50 millions de tonnes dedchets radioactifs divers vont entrer dansce petit cube? Pour ceux qui ne sont pasbons en calcul, voici un petit indice: 50 mil-lions de tonnes de roche, cela fait 25 mil-lions de mtres cubes, soit lautoroute entreLimoges et Paris sur 2 mtres de haut!

    Il y a donc tout lieu de penser que cesdchets vont rester stocks sur le territoire,ici et l, au gr de la fantaisie de lindustrieminire, qui nen manque pas. mais quoiressemblent ces dcharges ? De grandstrous souvent les anciennes mines cielouvert mme la roche. Dans cesdcharges, vous ne pourriez pas vider votrepoubelle domestique, interdit, trop pol-luant! Car ces dcharges ne sont mme pasaux normes imposes pour les orduresmnagres.

    De luranium, il y en a toujours eu enLimousin, me direz-vous. En effet, mais deluranium enfoui sous terre, des dizainesde mtres de profondeur et sous forme deroche compacte, peu altre par les eaux.Luranium qui a t extrait, en revanche, seprsente sous la forme de cailloux, concas-ss, remonts la surface et ayant subitoutes sortes dattaques acides. on ne parledonc pas tout fait de la mme chose; il ya la mme diffrence entre luranium natu-rel et luranium extrait quentre du caf engrains et du caf moulu: la couleur qui sortde la cafetire nest pas la mme! Et cestbien la couleur radioactive des eaux duLimousin, des ruisseaux de surface ou descours deau souterrains qui sera la proccu-pation majeure pour les prochains sicles.

    mais que fait la police? Je ne parle pas ldes bleus qui nous guettent au bord de laroute ou qui expulsent les Roms; je parledes polices de lenvironnement, des

    polices vertes pour faire moderne. Ehbien, dans le meilleur des cas, elle ne faitpas grand-chose et parfois rien. Il y a plu-sieurs raisons cela. La premire raison estque pour mettre en vidence des pollutions,il faut inspecter, faire du terrain. La seconderaison est que les polices vertes ne peu-vent agir quen fonction de normes. Pour laradioactivit, les normes sont faites parltat nuclaire, les tablissements publicsnuclaires et lindustrie nuclaire. Ainsi, lamine dHyverneresse Gioux et Crozerejette 1000 fois plus duranium que lemilieu naturel? Cest dans la norme, unpeu comme si la vitesse tait limite 1000 km/h: il y aurait moins de contreve-nants.

    Parfois, le risque devient important ouinacceptable. Cest alors que les servicesde ltat sactivent comme dans un villagede Creuse menac deffondrement : ils tra-cent 3 zones, la zone rouge et son cortgedexpulsions, la zone orange o les habi-tants doivent faire des travaux leurs fraiset la zone verte, qui ne perd rien pour atten-dre. Et cest aux habitants et aux luslocaux que lon demande de respecter et defaire respecter le nouveau rglement. Cestcette situation qui pend au nez de nombreuxvillages miniers dans la rgion.

    Enfin, il parat que le pire nest jamais leplus probable. Sauf dans le domaine despollutions industrielles. En 2018, toutes cesanciennes mines seront abandonnes ltat et aux collectivits territoriales.Quelle chance, vivement les gaz de schiste!

    DomInIQuE

    1.Le 6mai 2013 Tulle et le 21 mai Limoges.2.Ces 36 000 tonnes alimenteraient nos centrales fran-

    aises actuelles durant un peu plus de deux ans

    Boues radio-actives, retiresde ltang de la

    Rhode. On attendque leau pollueschappe o ?

    dans le Vincou !(Haute-Vienne,

    oct. 2010)

  • la gueule vert fluo 9

    Pollutions radioactives autour des sitesdextraction de luranium:trop dopacit, de lacunes, danomalies dans les recensements dArva

    RASSEmBLES dans le Collectif minesduranium, 14 associations demandent desgaranties et la dcontamination compltedes sites aux frais du pollueur.

    Le Collectif Mines duraniumCr en aot 2012, ce collectif rassembledes associations qui luttent contre les effetsenvironnementaux et sanitaires des activi-ts dextraction et de traitement du mineraiduranium en France et au niger. EnFrance, lexploitation minire a pris fin en2001 mais elle a laiss un trs lourd hri-tage de dchets radioactifs et de contamina-tions environnementales. Au niger,lextraction de luranium est, au contraire,en plein dveloppement : aux sites dArlit etdAkokan, en activit depuis les annes1960, sajoutent dsormais la mine dAze -lik et bientt lexploitation de limmensegisement dImouraren.

    Venant de diffrentes rgions (Bretagne,Pays de Loire, Limousin, Auver gne,Bourgogne, Rhne-Alpes), des reprsen-tants de 11 des 14 associations partenairesont fait le dplacement jusquen Corrze.Le prsident dAghir in man na pas pu,cette anne, quitter le niger mais les travauxet projets de lassociation ont t prsentspar Les amis dAghir in man. Par ailleurs, lecollectif sest enrichi depuis 2012 de deuxnouvelles associations (VPEG, de Sane-et-Loire, et SDn Trgor, des Ctes dArmor)et une 3e (association Vites du Lot) ademand rejoindre le collectif.

    Les 18, 19 et 20 mai 2013, le collectifmines duranium sest runi Auriac, enCorrze, linvitation de lassociationlocale Adex. Ces trois journes dchangeet de travail ont permis de dterminer lesActions prioritaires des prochains mois :

    PREMIER AXE: LES STRILES RADIOACTIFSCes dchets radioactifs gnrs parlextraction du minerai duranium ont tlong temps mconnus. Ils ont t accumulsdans des verses, sans contrle ni clture, oudissmins dans le domaine public, utilisscomme remblais pour la construction deroutes, de plates-formes, de cours de ferme,voire mme en soubassement de btimentsou dans des murs dhabitation! En juil-let 2009, en raction la diffusion du docu-mentaire La France contamine 1 qui

    rendait compte du travail ralis par laCriirad et les associations loca les, les autori-ts ont publi une circulaire 2 obligeantArva recenser, sous deux ans, les lieux derutilisation des striles. Prs de quatre ansse sont couls et lon est encore trs loin ducompte.

    Recensement des sites contamins:trop dopacit et trop derreurs!

    manque de transparence: les associa-tions doivent se battre pour obtenir com mu -nication des documents. Elles demandent unaccs aux cartes brutes tablies par Arva partir des relevs radiamtriques hliports,aux donnes dinterprtation, ainsi quauxrsul tats des mesures effectues au sol, encomplment des relevs ariens ;

    manque de fiabilit des rsultats. Lesvrifications effectues sur la base des rsul-tats disponibles rvlent des problmesmtho dologiques proccupants, des lacunesincomprhensibles (ex. de la digue de Saint-Privat), des imprcisions inacceptables (descarts de 200 m sur des localisations).

    Traitement des sites contamins: trop peu, trop lentement!

    Les associations se sont prononces unani-mement pour une dcontamination com -plte des secteurs concerns. La prioderadioactive de luranium 238 tant de4,5 milliards dannes, le temps ne rglerarien, bien au contraire. Les problmes nedoivent pas tre reports sur les gnrationsfutures. Les travaux de dcontaminationdoivent tre strictement encadrs et contr-ls : trop de sites considrs comme assainispar Arva prsentent des pollutions rsi-duelles problmatiques (ex. du site du Para -dou). En application du principe pollueurpayeur, les frais dassainissement doiventtre la charge de lindustriel, en loccur-rence Arva, tant quil est solvable. Il fautque les tats (France et niger) tablissentdes rgles claires, prservant les intrtssanitaires et environnementaux, car lesassociations spuisent dans des combatsingaux avec le pollueur.

    DEUXIME AXE : LES INSTANCESDE CONCERTATION ET DE DIRECTION

    Les participants ont tous soulign lim p -rieuse ncessit dobtenir un minimum degaranties dans le fonctionnement des com-missions locales instaures (ou qui vont treinstaures) autour des anciens sitesdextrac tion ou de traitement du mineraiduranium. Le retour dexprience des asso-

    ciations membres de CLI et autres CLIS meten lumire rtention dinformation, comptesrendus biaiss, manipulations et autres dys-fonctionnements. Le collectif mines dura-nium ne veut ni chambres denregistrementni commissions alibis. Associations et luslocaux doivent pouvoir intervenir dans leprocessus de dcision. Le collectif devraitexploiter une faille dans le dispositif juri-dique. En effet les CLI (Commissionslocales dinformation) sont rserves auxInstal lations nuclaires de base (InB), et lesCSS (Commissions de suivi de site) aux ins-tallations classes pour la protection de len-vironnement mais hors activits nuclaires(cf. Code de lenvironnement). Aucune deces deux instances ne peut donc tre instau-re autour des anciennes mines duraniumou des stockages de striles ou de rsidusdextraction qui sont incontestablement desactivits nuclaires mais sans tre pourautant des InB. Ce vide juridique pourraitpermettre la cration dune structure o lesrapports de force seraient moins dsquili-brs et les rgles de fonctionnement plusdmocratiques.

    un cahier des charges doit tre laborpar le collectif mines duranium au coursdes prochaines semaines. Il servira de baseaux demandes qui seront adresses auministre de lEnvironnement et lAutorit de sret nuclaire. Les autoritsauront ainsi la possibilit de dmontrer queleurs dclarations en faveur de la participa-tion des parties prenantes ne se rsumentpas des oprations de communicationsans rel contenu.

    Collectif mines duranium: Arlette maussan, tl. 04 7059 73 50 Criirad : Bruno Chareyron et Roland Desbordes,

    tl. 0475418250. http://www.criirad.org Liste des associations membres du

    Collectif (mai 2013).Plus dinfos : Reportage diffus sur France 3

    Limousin : http://limousin.france3.fr/2013/05/20/un-collectif-mine-d-uranium-se-forme-pour-connaitre-les-zones radioac-tives-de-la-region-254635.html

    Compte rendu prliminaire (relevsradiamtriques et runion publique) auxrunionss des 18-20 mai 2013.

    Collectif Mines duranium

    Communiqu du 6 juin 2013

    1. Documentaire diffus en fvrier 2009 dans le cadrede lmission Pices conviction.

    2. Circulaire du 22 juillet 2009 sur la gestion desanciennes mines duranium, signe du ministre de lcolo-gie et du prsident de lAutorit de sret nuclaire, rf-rence DGPR/SRT/mSnR/Sn/2009.132.

  • 10 capitalisme la poubelle

    Du sang neuf

    La scne, authentique, sedroule dans une PMEemployant une vingtaine desalaris, dans le secteur de latransformation de produitsagroalimentaires, mais ellepourrait se passer exactement dela mme faon ailleurs, dans untout autre domaine dactivit

    LEnSEmBLE Du PERSonnEL vient dtreconvoqu pour une runion importante.Depuis quelque temps, des bruits courent,et lincertitude se mle un certain fata-lisme doubl dun sentiment de rsigna-tion du type : nous savons bien que cenest pas nous qui dcidons Aprsquelques formules convenues, prononcessur un ton embarrass, le patron dvoileenfin le secret de polichinelle. Au terme dune carrire rondement meneet dune vie entirement consacre au travail et laccumulation de profits malpartags, le bonhomme, mi-paternalistemi-pre fouettard, prend une retraite bienmrite, et annonce quil vient de vendreson entreprise. Il prsente succinctementles repreneurs : il sagit dun groupe din-vestisseurs qui possde dj une dizainede structures semblables celle-ci. Selonlui, il a slectionn les successeurs les plus mme dassurer la prennit de lasocit. mais il y a fort parier quil acd son affaire au plus offrant, lide que

    ses salaris puissent envisager de prendrela suite en crant une SCoP ne lui a mmepas effleur lesprit, tant il croit au pou-voir des dcideurs et de largent roi.

    Les quatre actionnaires principaux de cemystrieux groupe ont fait le dplacementpour loccasion. Jeunes, environ la tren-taine, dynamiques et souriants, ils se pr-sentent rapidement. Puis, percevant uneinquitude palpable chez les salaris, ilsadoptent un discours rassurant, tout enrestant fermes sur les objectifs viss. Pourcela, ils commencent par flatter lassis-tance, en flicitant les employs pour laqualit de leur savoir-faire, le dvouementet limplication dans le travail, et souli-gnent lexistence dune vritable cons -cience professionnelle. Il ny a pas dire,les bougres savent caresser dans le sens dupoil et amadouer leur petit monde. Ils ras-surent encore, en affirmant que toutes lesentreprises quils ont rachetes se sontdveloppes, tant en terme de chiffre daf-faires que deffectifs ; ils ne viennent pasavec lintention de licencier le personnel.nayant aucun moyen de vrifier les chif-fres encourageants cits par le spcialiste,les salaris se contentent dcouter poli-ment. Certains, cependant, se prennentdj rver daugmentations de salaires,de treizime mois, de primes et autresavantages, qui pourraient leur tomber toutchauds entre les mains sans quils aient les rclamer ou se battre pour les obtenir.Les nouveaux dirigeants prcisent, cepen-dant, que les rcompenses seront accor-des en fonction des efforts consentis, aucas par cas ; une sorte de donnant-don-nant qui ne peut tre quun march dedupes, puisque conu sur des rapports in-galitaires. Puis ils rajoutent que le dve-loppement de la socit passe avant toutpar une rorganisation des mthodes deproduction : il faut abandonner certainespratiques artisanales certes pas toujoursbonnes , pour aller vers un processusindustriel soi-disant plus efficace etrationnel. Ils savent, par exprience, quetous ne sadapteront pas, et quil y auraforcment des changements parmi le per-sonnel. Pour rester, il faudra adopter lapolitique de lentreprise. Aprs cesbonnes paroles , chacun retourne sonposte, les commentaires vont bon train.

    Les uns franchement inquiets prtendentavoir mang leur pain blanc, les autrescarrment enthousiastes esprent des vo-lutions, mais tous ont la certitude quunepage vient de se tourner.

    Dans un premier temps, la situation nebouge pas vraiment. Quelques amliora-tions sont apportes avec linstallationdun nouveau matriel, et la mise enuvre de meilleures pratiques en matirede respect des rgles dhygine. Ce qui ensoit nest pas une mauvaise chose et deve-nait mme une ncessit. Puis la gammedes produits fabriqus est restreinte, cer-taines recettes juges pas assez rentablesou trop compliques raliser sont aban-donnes. mais, progressivement, de faoninsidieuse, sans que lon puisse dire quelmoment exact, le systme bascule,lambiance gnrale se dgrade. Le mana-gement accomplit sa mission de rationali-sation et de normalisation outrance. Toutdevient une succession dordres excuteret de rgles imposes sans aucune discus-sion. une quantit impressionnante defiches de suivi remplir vient se rajouter la charge de travail dj consquente. Il enrsulte quune partie non ngligeable de la production tant considre nonconforme doit tre jete. Ainsi, des ali-ments parfaitement sains, mais ne faisantpas le poids, prsentant des dfauts visuelsou approchant de la date limite deconsommation, finissent dans la benne ordures, alors quils pourraient tre bradsou donns des organismes caritatifs.Cest croire que lon prfre engraisserles rats plutt que de nourrir les prcaireset leurs familles. ce moment-l, certainsouvriers prouvent le sentiment de malfaire et culpabilisent, alors que ce sont lesmthodes de travail et les exigences dequalit qui ont chang.

    Les rapports, dj tendus, se durcissentencore un peu plus avec une individualisa-tion des tches et la mise en concurrencedes uns avec les autres. Il faut de la quan-tit, la pression se resserre tous lesniveaux. Le travail est clairement sparen lignes de production indpendantes etpostes attitrs. Si le rle de chacun senretrouve mieux dfini, il en ressort parfoisune impression disolement propice lexacerbation des jalousies et autres

  • capitalisme la poubelle 11

    rancunes. Les disputes sont presque quoti-diennes et touchent autant les bureaux quelatelier : un jour, un intrimaire et un sala-ri en viennent presque aux mains ; unautre, une ouvrire surmene quitte sonposte en pleurant Sans oublier les rap-pels lordre destins calmer les mou-vements dhumeur . Ceux qui osent serebeller se retrouvent dans le bureau dudirecteur, o celui-ci leur explique poli-ment quil ne peut tolrer de tels compor-tements, et que, lorsque lon a la chancedoccuper un emploi, lheure actuelle,on essaie de le garder, puis il termine enprcisant quil reste ouvert au dialogue. Lecontrevenant retourne ensuite sa place,bien heureux de sen tirer avec un simpleavertissement oral.

    Alors, dfaut dlaborer un projet col-lectif de lutte, faute dentente et dexis-tence de conscience de classe, chacun secherche une solution. Les plus gs esp-rent patiemment la retraite. Les plus chan-ceux, celles et ceux qui ont lopportunitde trouver un autre emploi, dmission-nent ; en fait, il sagit, au dbut, des plusdiplms, savoir principalement le per-sonnel administratif. Quant aux autres, ilsserrent les dents et tentent de saccommo-der au mieux de leur sort. malgr le travailingrat et les relations souvent difficiles, ilsne manquent pas une occasion de plaisan-ter, tout est bon pour chapper, mme les-pace dune ou deux minutes, ltau quise resserre.

    Voici presque un an et demi que lentre-prise a chang de main. Aujourdhui, il y aune nouvelle runion. Encore une, cestdevenu une habitude, la socit a attrap la runionnite. Le directeur en placedepuis quelques mois, dcrit la situationqui, selon lui, volue dans le bon sensavec la mise en place dune nouvelle orga-nisation conforme aux attentes du groupedinvestisseurs. Il flicite une quipe pourson implication et incite les autres suivrele bon exemple, puis reparle de rcom-pense pour les plus mritants. Ensuite, ilaborde un sujet qui proccupe plus oumoins tout le monde. En effet, un desouvriers ayant plus de vingt ans dancien-net vient de donner sa dmission. couter le discours officiel, cela ne sembleposer aucun problme ; il est tout fait

    normal de changer demployeur, a per-met denrichir son exprience profession-nelle et dvoluer. Le dpart de ce salariexpriment, polyvalent et particulire-ment obissant (pour ne pas dire plus)nest pas un souci, et dailleurs, si dautresne sont pas satisfaits, la porte est grandeouverte. Pour conclure, le directeur secontente de rajouter que lentreprise abesoin de sang neuf . Dans les rangs, onencaisse en silence. un esprit chagrin sedit alors quen guise de sang, il nescoule plus dans ses veines encrassesquun liquide fatigu saumtre et vis-queux, un vieux jus de proltaire dont laDLC * arrive expiration. mais peuimporte, suite cet apart, le travailreprend. Si certains se pensaient encoreindispensables la bonne marche de labote, les voici rassurs ; ils peuvent pren-dre cong ou se voir pousss vers lext-rieur, sans que cela nentrave les rouagesde cette mcanique infernale.

    Cependant, quelques heures plus tard, lecollgue dmissionnaire se voit convoquau bureau pour un tte--tte avec la direc-tion. Aprs rflexion le ton a chang. Ledirecteur lui rappelle la dure ralit dumarch de lemploi, et le met en garde surles consquences en cas dchec dans sonprojet. Puis il reconnat demi-mot quecest ennuyeux de laisser partir un si bonlment conciliant et toujours disponible.Le propos a chang de nature, il ne sagitplus de recruter du sang neuf, maisdessayer de retenir les comptences et lesavoir-faire. malgr cette odieuse tenta-tive de dstabilisation, le salari a main-

    tenu sa dcision et sen est all se faireexploiter ailleurs, o, semble-t-il, lesconditions sont encore pires.

    Ampute dun autre membre, lentre-prise dmantibule poursuit sa route entitubant dans la mme direction. La ror-ganisation continue et ses consquencesdsastreuses galement. Rien ne sembleen mesure dbranler les certitudes de sesdirigeants, ni lpidmie de dmissions(un quart des effectifs en un peu plus dunan), ni le chiffre daffaires en chute libre.Cet exemple de restructuration marcheforce concerne le passage rat dunePmE de lartisanat lindustrie, mais onpourrait retrouver les mmes causes pro-duisant les mmes effets, aussi bien dansla restructuration des grandes entreprisesde lindustrie ou du commerce, que dansla rforme du service public. Partout, lesnouvelles mthodes de management,mises en uvre au nom de la sacro-sainteproductivit, dshumanisent les relationsprofessionnelles. Partout des hommes etdes femmes se retrouvent isols, casss etbroys par un systme o les lois de lafinance prennent le pas sur le simple bonsens et le respect de lautre.

    or, la dgradation des conditionsdexistence dans le monde du travail estavant tout un problme global qui ne peutse rsoudre seul avec des solutions indivi-duelles, mais bien collectivement, dabordpar une prise de conscience, et ensuite par des luttes communes organises etsolidaires.

    STPHAnE*Date limite de consommation.

  • Pouvez-vous vous prsenter et nous direquel est votre projet sur ce lieu?

    nous habitons en Creuse depuis trente-trois ans et venons de redmarrer sur unnouveau lieu, les Ribires (com mune de LaCelle Dunoise). nous avons achet ce ter-rain et construit le btiment en 2008-2009puis, dans la foule, cr une activit dejardin-restaurant. Cette activit est dansle prolongement de tout ce qui a un senspour nous: le jardin (nous avons toujoursjardin), la nature, la cuisine, une certainequalit de vie ici. En fait nous sommes par-tis de ce qui nous faisait plaisir, nous dfen-dons travers notre projet et notre manirede vivre une certaine ide de la ruralit por-teuse de sens et de nouvelles valeurs.Cest une activit temps plein?

    Pour Henry, cest une activit tempsplein qui comporte deux volets. un voletproduction de lgumes pendant lasemaine, et un volet restaurant qui nefonctionne que le week-end, en pleine sai-son, les vendredis et samedi soirs et ledimanche midi. a na donc rien voiravec un restaurant classique, on est trspeu ouverts, car en amont, on produit demanire trs artisanale, en agriculture bio-logique, tout un tas de lgumes et dherbesaromatiques. nous avons voulu associerlalimentation, la partie restauration,direc tement un jardin potager aveccomme intrt notamment la proximit, lafracheur, la diversit. nous sommes auto-suffisants et refusons tous les aliments tra-fiqus, traits et industriels.

    notre ide de jardin-restaurant est sous-tendue par une conception ouverte de laruralit, par exemple en cultivant deslgumes autres que ceux habituellementcultivs en Creuse : il faut savoir sap -puyer sur la tradition pour lenrichir par denouveaux apports.Tu dis que vous tes autosuffisants. Est-ceque cela inclut galement le restaurant?

    on a une priode difficile en mai-juin.Contrairement ce que les gens peuventpenser, on na pas de problme en hiver caron a tous les lgumes darrire-saison, de

    conservation, les lgumes racines ; on aaussi moins de clients en hiver Au prin-temps, cest plus difficile : on complteauprs de marachers bio, mais lautosuffi-sance reste un objectif. Aujourdhui lesgens ne connaissent plus les lgumes dar-rire-saison et de conservation, ils sonthabitus manger des tomates en dcem-bre, ils ne mangent plus de haricots secs, delentilles, de pois casss. Avec tout cela, plusles courges, les betteraves, les panais, lescarottes, les navets et autres lgumesracines, sans compter les lgumes feuilles,les salades dhiver, bref on a dinfinies pos-sibilits de cuisiner, mme en hiver.

    Auparavant nous faisions le jardincomme la plupart des gens, pendant la bellesaison, en commenant au mois de mai,aprs les saints de glace. Tout se terminanten octobre. on attendait impatiemment leprintemps pour avoir nos premiressalades, alors que maintenant, cet hiver,nous avons eu tout le temps de la salade.Chaque anne on arrive augmenter la pr-cocit, on joue beaucoup sur la diversit, onacclimate les plants, on les protge, on aaussi une petite serre de 18 m2. nous nesommes pas lchelle des marachers,nous sommes jardiniers.Donc, vous ne commercialisez pas voslgumes?

    non, nous ne produisons que pournotre propre consommation et pour le res-taurant. part quelques haricots au sel,nous navons pas de quoi faire desconserves, le restaurant prend tout. Et puisquand on essaye de produire toute lanne,on a moins besoin dengranger pour lhiver.on laisse beaucoup se ressemer les plantesqui sacclimatent et poussent ainsi beau-coup mieux. Il ny a pas plus simple, moinscoteux et plus efficace que ce concept dejardin biologique. Bien sr, il faut arrter defaire le jardin en rangs doignons et de tra-quer tout ce qui dpasse. Quand des saladesmontent nous les laissons fleurir et grainerpour quelles se ressment. nous connais-sons des jardiniers qui nont jamais vu lesfleurs de leurs lgumes!

    Jai vu sur votre site que vous tiez certi-fis AB par Ecocert et que vous avez laisstomber.

    nous sommes des militants de lagri-culture bio, mais ce qui nous intresse cestle bio au sens de la proximit, du naturel,du vrai. Le bio quon traite et emballe pourlui faire parcourir des milliers de kilom-tres est trs discutable. Ds linstallation,nous avons demand la certification co -cert, cela a dur trois ans, avec deux contr -les par an (un sur rendez-vous et uninopin) effectus parfois par des gens quine connaissaient rien au jardin. Il ny avaitpas de cahier des charges pour la restaura-tion bio, il suffisait de dire que les lgumesvenaient dun jardin qui, lui, tait certifi.

    En 2012, un projet de cahier des chargessest profil, a nous a intresss et nousavons demand la certification Ecocert :devis, facture, paiement. Ecocert envoiechaque anne une facture au printemps, onla paye et on attend les visites de contrle.En 2012, nous aurions donc d avoir4 visi tes de contrle, lanne se passe,aucune nouvelle, pas de rendez-vous. Enoctobre, mois de cong pour nous, je pro-pose par courrier Ecocert, puisque lesvisites nont pas eu lieu et quil semble dif-ficile den faire 4 en novembre-dcembre,de reporter tout a en 2013 y compris lepaiement effectu. Cela a dclench unforcing pour effectuer les contrles tout desuite. Ils ont eu une attitude vraimentdominante, ne nous ont pas rpondu parcourrier. nous avons compris que mme siles contrles ne pouvaient pas se faire, lepaiement tant encaiss, ctait pli pour2012 et il faudrait repayer en 2013.moralit : nous avons rsili le contrat quinous liait. la limite, si nous navions riendit, comme nous avions pay, nous pou-vions utiliser le label AB alors que riennavait t vrifi ! Dans le systmeconomi que actuel, tout se rcupre etaujourdhui, dans le bio, il y a beaucoup mditer : 80% du bio est import par lesmmes groupes agroalimentaires quicontribuent la dforestation de la plante.

    Utopaille , cest le nom donn par Henry et Batrice Nguyen leur maison bioclimatique en paille, auto-construite, qui sert de cadre leurs activits de jardiniers et de restaurateurs quelque peu hors normes.

    Utopaille, Utopaille, un jardin-restaurant un jardin-restaurant bio-cologiquebio-cologiqueen Creuseen Creuse

  • mauvaises frquentations 13

    maintenant nous nous sommes rappro-chs de nature et Progrs qui a cr le pre-mier cahier des charges bio, qui a unedmar che associative et participative trsloigne de la dmarche commercialedEcocert o tout se rsume payer pouracheter un label.Nayant plus le label AB, comment pr-senter votre restaurant?

    Depuis trois ans nous tions rfrencs,sur Internet en particulier, comme restau-rant bio, concept auquel nous tenons beau-coup. Du jour au lendemain nous navionsplus lautorisation dutiliser la qualificationbio! Du coup nous avons dpos lamarque jardin-restaurant bio-cologi -que, qui souligne bien que pour nous lanotion de bio est secondaire par rapport lapratique cologiste, o les lgumes que loncuisine ont t cueillis le matin, nont past emballs ni transports.a na donc rien voir avec les normesdes restaurants bio?

    non. Et nous ne le regrettons pas, carlorsque nous nous sommes penchs sur lecahier des charges des restaurants bio,nous avons tout de suite compris que aaller coincer. L, nous nageons en pleinebureaucratie. Il peut y avoir des restau-rants un peu , moyennement oucarrment bio ! Les restaurateurs doi-vent dposer toutes leurs recettes, avec laliste de tous les ingrdients ! Auparavant ilsuffisait dindiquer clairement quels ingr-dients bio taient utiliss, les lgumes cheznous par exemple. En Limousin quatre oucinq restaurants pouvaient saffichercomme restaurants bio. Aujourdhui il nyen a plus un seul.Tu nas plus le droit de dire restaurantbio parce que tu ne payes pas Ecocert !

    Parce que tu ne payes pas, effective-ment ! Et parce que tu ne veux pas passerton temps remplir des papiers, sauf faire tout le temps le mme menu, ce quiest impossible quand tu dpends de tonjardin et aussi de ton feeling : tu ne metspas toujours la mme pice. Cest l o onvoit les dangers de ces tentatives de nor-malisation, qui, mme si elles partent debonnes intentions, finissent par enfermerles gens et leurs pratiques pour les fairetous rentrer dans le mme moule, alorsquon a tellement besoin dimagination,de cration de choses nouvelles, de chosescomplmentaires.

    Chez nous, les gens qui viennent man-ger, ne savent pas ce quils vont manger !nous avons appel a un menu de dcou-verte. on leur dit : faites-nous confiance :

    dune semaine lautre les cho ses chan-gent, la semaine dernire les tomatesntaient pas mres, cette semaine oui,donc le menu est diffrent. Ce menu estbas sur la saisonnalit et sur un rapport deconfiance, on ne vient pas que pour faireun acte de consommation, on vient aussipour dcouvrir, pour tre surpris. noussommes donc deux mille lieues de passerdes heures crire des recettes pour obte-nir un label.Sur votre site vous donnez en exemple desmenus carns, quelle est votre positionpar rapport au vgtarisme?

    Historiquement nous ne sommes pasvgtariens parce que nous sommes desenfants de la campagne, nous continuons consommer des viandes de qualit pro-duites la ferme, mais nous rflchissons nos pratiques et comprenons compltementque des gens puissent tre vgtariens pourtout un tas de raisons, y compris pour desraisons dittiques. mais, dans la manirede prsenter les choses nous avons d met-tre en relief le fait que nous ntions pas unrestaurant exclusivement vgtarien, parceque dans les premiers reportages qui ont tpublis sur nos activits, du fait quon estun restaurant bio, on nous a automatique-ment accol ltiquette vgtarien! Il estvrai que dans nos assiettes, les lgumessont plus mis en valeur que la viande, avecplus de lgumes et moins de viande quedans un resto traditionnel. En fait, nous ser-vons souvent sur demande des menusvgtariens, par contre nous avons plus demal en cuisine avec des menus vgtaliens.Finalement notre offre est un peu para-doxale, les gens ne savent pas ce quilsvont manger mais lorsquils rservent nousleur demandons ce quils naiment pas,sils ont une allergie, sils sont vgtariens.

    nous sommes passionns de vgtaux etpensons quil y a normment de choses dcouvrir et redcouvrir. nous faisonsbeaucoup de mesclun, y compris avec tout

    un tas de vgtaux, de feuilles, qui ne sontpas des salades (pimprenelle, arroches,chnopode, pourpier, baselle etc.).Quelle est votre clientle?

    nous essayons dtre le plus clair et leplus honnte possible par rapport ce quenous proposons. nous voulons avoir duplaisir dans ce que nous faisons, nousessayons de satisfaire des gens qui ontnotre sensibilit ou daider des gens quiont une dmarche de rflexion et de curio-sit sur la nourriture. Par exemple nousavons fait des menus vgtariens pour desnon vgtariens curieux de dcouvrir cettecuisine. on na donc pas vraiment cibl declientle, mais on a souhait exprimenterdes relations diffrentes au jardinage, lacuisine et aux gens.Donc le restaurant marche bien?

    Il marche relativement bien, la priodehivernale est trs calme, on ferme troismois par an, le mois de mai parce qucette poque on na pas grand-chose, lemois doctobre, et du 15 dcembre au15 janvier. Financirement a marchebien, dans le cadre que nous nous sommesdonn : faire quelque chose de cibl, dequalitatif, de petit, ne pas avoir de chargesimportantes en investissements. Au niveauprofessionnel on na pas dquipementcoteux, on travaille dune manire fami-liale, comme dans une table dhte parexemple. on sert 15 personnes maximum,on na pas de cuisinier ni de serveur. onessaye davoir une activit vivrire auto-nome. Dans le mme esprit nous avonsconstruit nous-mmes la maison (bois etpaille). Quand nous nous levons le matinnous navons ni loyer payer, ni dette rembourser, ni salaire provisionner !Comme nous travaillons uniquement surrservation, nous vitons le gaspillage, lesstocks grer, nous navons besoin ni dechambre froide ni de surglateur.

    En rsum, nous sommes passionns parune recherche dalternatives et, pourquoi

    pas, dutopies concrtespour participer et con -tribuer au monde dedemain.

    UTOPAILLELes Ribires 23800La Celle dunoiseTl. 05 55 63 74 45http://www.utopaille.fr

  • 14 mondialisation numrique

    La barbarie qui vient

    Notes complmentaires sur linformatisation du monde

    Dans le numro 35 de Creuse-Citron , une note de lecture taitconsacre au livre La Libertdans le coma du groupe Mar -cuse, et la critique de linforma-tisation-numrisation toujoursplus pousse de la socit.Il faut conseiller, sur le mmesujet, la lecture du livre de CdricBiagini, LEmprise num rique.Comment Internet et les nou-velles technologies ont colonisnos vies , paru rcemment auxditions Lchappe.

    LouVRAGE EST ComPoS partir dunevaste somme documentaire : expriencesdirectes et tmoignages, tudes scienti-fiques de psychologues et sociologues, statistiques, textes critiques ou apolog-tiques, articles de presse (lampleur dutexte plus de 400 pages lie son ambi-tion dexhaustivit, lui fait malheureuse-ment perdre quelque peu en lisibilit).

    Il semploie dcrire en dtail en quoices nouvelles technologies sont toxiques etsont en train dduquer leur manireles nouvelles gnrations avec des cons-quences qui sont absolument sans aucundoute possible catastrophiques pour lespossibilits de la libert et de la responsa-bilit individuelle, donc de tout ventuelmouvement mancipateur venir.

    une place importante est accorde dansle livre la prospective et en tout cas ladescription du prsent immdiat, dans undomaine o les choses voluent trs vite. Ilfaut bien sr toujours rester prudent enmatire de prvisions, mais les hypothsesavances ici sont convaincantes et bientayes : elles indiquent vraisemblablementla direction gnrale que nous prenons.

    Ce qui est donc en cours, cest notam-ment la liquidation radicale de toute lavieille culture notamment la culturecrite travers elle, le langage ; et doncles facults humaines qui en dpendent.

    Dans le roman de Georges orwell,1984, un systme totalitaire entreprend detransformer dlibrment et en profondeurle langage, de crer une novlangue quiserait constitue de telle manire que lonne pourrait plus seulement dire, ni penser,les ides interdites, comme celles delibert, dindividu, etc.

    Depuis soixante et quelques annes,divers totalitarismes politiques, puis la cul-ture de masse des socits dmocra-tiques, ont mis partiellement en pratiquece programme. Les nouvelles technologieset notamment lInternet sont en train de leraliser dans des proportions indites.

    Tout le monde le voit plus ou moins ;cela progresse une vitesse fulgurante eten mme temps pas partout la mmevitesse : beaucoup de secteurs de la socitne se transforment que relativement lente-ment, en tranant les pieds.

    nous sommes en quelque sorte dans unesituation de double pouvoir qui pour-rait donner lillusion confortable que lesconsquences de cette prolifration num-rique sur la psychologie et les facults nesont pas si radicales, quune coexistencesur le long terme de lancien et du nou-veau serait possible. Cest vraisembla-blement une illusion.

    Lancien dont il est ici question : lcritet le langage labor, la pense approfon-die et personnelle, lindividu qui existe enlui-mme avant dexister comme image,reprsentation comme spectacle ; desrap ports humains non mdiatiss et faus-ss par des machines ; tout cela va tretoujours plus condamn survivre aumieux comme marge, comme rsidu plusou moins clandestin et dsarm (on medira bien sr quil en est dj ainsi).

    on peut penser quaucun sicle ne serajamais tellement dshrit par le ciel quilprsente le genre humain tout entier telquil le faudrait pour le despotisme (Benjamin Constant, 1817).

    Il nempche ! Aucune renaissance dessocits humaines, aucune perspectivedavenir, aucune solution relle aux pro-blmes dmesurs qui se posent aujour -dhui (cologiques ou sociaux) ne

    semblent concevables sans sappuyer surcet ancien .

    Cest peu dire quelles seront renduesencore plus difficiles par la prolifrationnumrique et lducation des nouvellesgnrations dans la poubelle qui a nomInternet.

    Dans LEmprise numrique, une desanalyses les plus convaincantes concernelopposition entre lattention soutenueque prsuppose et exige la lecture linairede textes longs, propres la culture pr-numrique, et lhyperattention (leterme est form par analogie avec leconcept psychopathologique dhyperacti-vit) auquel duque la frquentationdInternet et consort caractrise par lafragmentation et la succession rapide depoints dattention diffrents.

    Dans un article intitul Est-ce queGoogle nous rend idiot ?, nicolas Carr adj expos comment la frquentationdInternet lui avait progressivement rendudifficile la lecture de textes longs et exi-geant une concentration soutenue (alorsque Carr est un universitaire appartenant une gnration encore forme par la lec-ture traditionnelle). une fois nest pas cou-

  • tume, ce sont les neurosciences et autressciences cognitives qui sont ici appeles la rescousse pour dcrire prcisment lestransformations de nos facults sous lef-fet de linformatique (pour une foisquelles servent autre chose qu lapolice, on aurait tort de se priver).

    Pour mesurer les consquences sur lesfacults dune technologie, il ne faut pasobserver ce quen font ceux qui ont tforms avant lapparition ou lhgmoniede cette technologie (par exemple ceuxqui ont appris lire, parler et penser avantla gnralisation du numrique), mais biende quoi sont capables ceux qui nont rienconnu dautre et ont t intgralement for-ms par a. Ce qui ne saurait plus tardervu le programme dinformatisation marche force de lcole (ds la mater-nelle) et lomniprsence de ces machinessous toutes leurs formes entre les mains etsous les yeux des plus jeunes (voir toute lapremire partie du livre de Biagini).

    Il est certain que la vraie vie va tredgrade et appauvrie dans des propor-tions considrables par la gnralisationdu numrique. La persistance de qualitset de facults humaines dignes destime,comme la pense libre ou la sensibilit, ettant dautres choses impossibles voqueren quelques mots, deviendra toujours plusun effort et une conqute sur le cours deschoses et lomniprsence des machines etdu virtuel. Bref, les choses les plus l-mentaires et infrapolitiques , seulementcommunment humaines jusqu rcem-ment, sont amenes devenir en elles-mmes dj difficiles daccs : nouspartons de toujours plus bas.

    Bien sr, mme dans un monde encoreplus radicalement envahi que le ntre, lesindividus resteront forms par dautresexpriences: par le monde rel ; ils pourrontencore trouver des occasions et des rencon-tres leur permettant de dvelopper des qua-lits et des facults de lancien monde.

    Lessentiel est de prendre la mesure dela rgression humaine et sociale en cours,par-del les diffrentes hypothses plus oumoins pessimistes sur la profondeur et laradicalit, le caractre total, de cette

    rgression. Et donc den tirer les cons-quences politiques en faisant de la num-risation lennemi numro 1 (ou lamanifestation numro 1, aujourdhui, delennemi de toujours).

    Le danger daffirmations et de prvi-sions aussi sombres, cest de pousserencore davantage au fatalisme. nest-cepas mme lun des principaux argumentsdes militants du numrique : on na pas lechoix, cest comme a, cest lavenir, etc.

    Il me semble que ce dcouragement senourrit dabord du dni et du silence quantau dferlement de ces technologies. Cestdonc bien la premire chose quil fautfaire : dire et manifester clairement sonrefus, avec ses raisons.

    Ce sont videmment eux les plus forts,mais ils nont pas encore tout gagn.Chaque refus pourrait dboucher sur unespace moins compltement colonis, surune base arrire do repartir vers autrechose, et dj sur un point de repli rendantla vie un peu plus vivable. Je parle des-pace, mais cest plus encore des personnesnon infodes aux machines quil sagit detrouver et, si je puis dire, daider comme onpeut se trouver ou se conserver(chez les vieux comme chez les jeunes).

    Par ailleurs, si avec la numrisation dumonde, des ttes et des curs, la domina-tion nous fabrique un monde toujours plustouffant, il est possible quelle prpareaussi son propre suicide. Cest peut-trevers lauto-effondrement de la socitindustrielle que nous nous dirigeons unevitesse difficile imaginer : le problmerestant, bien sr, que nous serons nous,les hommes, la nature sous les ruines.

    on peut douter quune socit de zom-bies du virtuel soit longtemps viable dunequelconque manire. Il est probable parexemple que cette organisation sociale nesoit mme plus capable de former lesenfants de sa propre classe dirigeante, sesfuturs gestionnaires et techniciens, bienttaussi dcervels que le reste de la popula-tion par toutes ces machines. Que lonsonge que les uSA doivent ds prsentimporter des pays mergents lessentielde leurs cadres dirigeants dtat et den-

    treprises, parce quils ne sont plus capa-bles de les lever sur place de faon satis-faisante.

    La sduction quexercent la vie et lesmondes virtuels est au moins en partiela consquence dun appauvrissementpralable du monde rel, que lon parledes paysages ou des rapports humains.

    Comme toujours, la fausse rponse une misre relle accentue encore consi-drablement cette dernire.

    La chose est vraie dans le dtail : cestune faiblesse de la critique avance dansLEmprise numrique lencontre du livre numrique que de magnifier sansnuances le vrai livre et lcrit en gnral.

    En ralit cest aussi parce que lcrit etles usages qui en sont faits sont depuislongtemps, dans leur grande majorit, desralits assez misrables, fort loignes delesprit ou de la libert, quils peuventaujourdhui tre grandement menacs parle numrique.

    En dernire analyse, [] cest lebesoin quon a delle qui cre la star. Cestla misre du besoin, cest la vie morne etanonyme qui voudrait slargir auxdimensions de la vie de cinma. La vieimaginaire de lcran est le produit de cebesoin rel. La star est la projection de cebesoin. (Guy Debord, 1959)

    Il est frappant de constater quel pointla critique situationniste du spectacle sapplique la numrisation du monde, etparticulirement aux consquences psy-chologiques du dveloppement desmondes virtuels . mais une telle ad-quation est en fait logique : la critiquesituationniste a t labore notammentpour critiquer la culture de masse nais-sante ; et le virtuel est le dernier avatar etlaboutissement de cette culture .

    CDRIC

    Cdric Biagini, LEmprise numrique.Comment internet et les nouvelles techno-logies ont coloniss nos vies, paru rcem-ment LEchappe.

    mondialisation numrique 15

  • 16 biomascarade

    De quel bois je me chauffe

    LA GuERRE ConomIQuE nest pas uneimage, les retres de cette guerre ne sontpas plus raffins que ceux qui cumaientles campagnes en dautres temps, lesdvastant comme des nuages de criquets.Dans ce monde o la cupidit rgnante estarme jusquaux dents, il ne fait pas bontre monsieur personne proximit duneplate-forme ptrolire, dune mine dura-nium, dun gisement aurifre, et bientt,dun massif forestier mme europen.

    Quand on regarde les multinationalesles plus puissantes du monde, certainestant plus puissantes que les tats quellesmettent leur disposition par un mlangecomplexe et efficace de lobbying et de

    corruption, on constate que la grandemajorit dentre elles sont des entreprisesnergtiques, surtout ptrolires : pourlanne 2011, dans lordre : Royal DutchShell, Exxon-mobil, Wal-mart Store (unpicier), BP, Sinopec Group (ptrolier chi-nois), China national Petroleum, StateGrid (lectricit chinoise), Chevron,ConocoPhillips (ptrolier amricain),Toyota motors. Sur dix monstres surpuis-sants, sept sont des ptroliers (Total nar-rive quen onzime place). La productiondnergie trs grande chelle condi-tionne la survie mme du systme : sansnergie, pas de transports quasi gratuits,pas de mondialisation, pas de concurrence

    entre les populations les plus pauvres etles plus riches du monde, sans nergiequasi gratuite (parce quelle nintgre niles cots de la pollution, ni ceux duneventuelle dcontamination, ni les royal-ties drisoires verses aux tats vassaux,ni la part vole en tant non dclare de laressource, ni la main-duvre surexploi-te), pas dagneau venant de nouvelle-Zlande moins cher que celui du bergervoisin, pas de stocks roulants, pas detomates chiliennes au supermarch ducoin, pas de fringues moins chres quuneheure de travail, pas de casse internatio-nale du droit du travail, etc. Sans nergiequasi gratuite, capitalisme gros bobo ae !

    Cest fatiguant, les fondamentaux, malheureusement le systme capitaliste est dune monotonie acca-blante. Le principe : investir un max de thunes sur le pillage exhaustif dune ressource par les moyensles plus rapides, dgueulasses et brutaux, ramasser mille fois ce quon a banqu et se tirer en laissantderrire soi des populations ruines sur des pays bousills. Suivant ! Jai de la maille toute frache, surquoi est-ce que je pourrais bien investir?

  • biomascarade 17

    Hlas, les ressources ptrolires flchis-sent, on a probablement dpass le pic deHubbert aux alentours de 2005, ce quiexplique les deux bubons purulents appa-rus ces dernires annes dans luniverssauvage de lnergie : les agrocarburantset le gaz de schiste. Fabriquer les agrocar-burants quon commence trouver danstoutes les stations-service implique den-lever le pain de la bouche de la moiti delhumanit pour le coller recta dans lerservoir de la bagnole de lautre moiti ;quant au gaz de schiste, on a un assez bonretour dexprience sur les alas de cetteexploitation avec les uSA. La bataille faitrage, et on voit mal pourquoi des guignolsqui voient les enfants de Tchernobyl, ceuxde Fukushima et la mare noire du Golfedu mexique comme des dtails se soucie-raient des nappes phratiques. nergiedabord ! Et lnergie, il faut aller la cher-cher avec les dents jusquau fond deschiottes. Surtout quand on peut lestampil-ler renouvelable. Cest l que les beauxmassifs forestiers dits vieillissants quon aen France commencent sentir le vent duboulet.

    Cest que les arbres, cest une putain debiomasse, et quon peut compresser les dchets verts (rsidus dlagage,branches tes des billes, arbres maladesou brls sur pied lors des incendies, sciureet copeaux, etc.) pour en faire de zouliesplaquettes qui alimentent les chaufferiesbois-nergie, lesquelles se multiplient unpeu partout. Pas plus con quautre chose, premire vue, pour produire de llectricitrenouvelable : les branches repoussent,tous les ans des glands germent, allluia.Pour rcuprer cette ressource, le bcheronarrive avec sa trononneuse, il est accom-pagn dun cheval de dbardage au poillustr, il fait de la dentelle, il ne pse gureplus de 80 kilos trononneuse comprise,quant au cheval ce nest pas sa petite tonnequi va tasser les sols.

    CouPEZ! on la refait ! En fait, on estau xxIe sicle, les dchets verts a ne suf-fit pas pour rassasier les usines de pellets,dailleurs cette nouvelle industrie estentre en Bourse en 2011, alors en vrai onva tout simplement faire des coupes blanc sur des feuillus ptants de sant et ce trs grande chelle. ne croyez pas, nafsque vous tes, que la ressource ainsi raseva ltre au profit des indignes : dans le

    morvan, le gigantesque projet dErsciaque va mettre en uvre le groupe IBV :plate-forme de sciage, centrale de cogn-ration de biomasse, se propose aussi deproduire des granuls pour fournir dellectricit en Belgique. Quelquesmorvandiaux ulcrs sopposent et tententde dfendre leurs arbres, ils se confrontentaux flics air connu, si ceux-ci taient lpour autre chose que dfendre les rapinesdes riches contre la peau des pauvres, ase saurait. Dailleurs, selon la logiquecroustillante des PPP, partenariats public-priv, ce projet de pillage hont se fait 75% avec des financements publics. Lesennemis du progrs nont plus qu atten-dre que 170 camions par jour sillonnentleur ex-paradis, et les grumiers, adfonce. Les engins forestiers aussi dail-leurs, il ny a qu voir les lieux aprs leurpassage, ce sont des monstres de 10 20tonnes qui compactent les sols, dfoncentles chemins, crasent tout sur leur pas-sage, causant des dgts parfois irrversi-bles. mais bon, quand on aime le fric, onne compte pas.

    Les chtaigneraie des Cvennes gardoises et lozriennes

    Haro sur les arbres ! Dans les Cvennes,on commence sinquiter que la multina-tionale allemande E.on, 16e plus puis-sante du monde en 2011, installe unecentrale biomasse Gardanne, aveclambi tion dy cramer 800 000 1 millionde tonnes de bois par an. La chtaigneraiedes Cvennes gardoises et lozriennespeut compter ses abattis, elle se trouvedans la zone dapprovisionnement prio-ritaire de lhydre. Inutile de prciserquil nexiste aucun projet de reboisementaprs les coupes. Pour quoi faire, grandsdieux, aprs deux pisodes cvenols, cescollines rases et dfonces auront coulsous forme de boues dans les valles voi-sines, emportant deux ou trois routes, etles derniers irrductibles migreront vers laplaine.

    Et sur le PlateauEt le millevaches ? Ailleurs lonF sasso-cie ces projets sulfureux, en Limousincest la DRAAF qui a dcid de relancerla filire bois feuillus de qualit, tradui-sez augmenter de 20% les coupes de feuil-lus sur le Plateau dj largement enrsin,

    et ce dans le but dapprovisionner leschaufferies bois-nergie installes dans largion. une ptition lance ds janvier arecueilli quelque 3 000 signatures enquelques jours, et depuis, plus rien. De l penser que les industriels tout frais quise sont lancs dans la valorisation decette ressource ont baiss pavillon, il ny aquun pas, mais il faudrait tre naf pour lefranchir. Car le capitalisme napprendjamais, rien, en aucune circonstance. onreproduit donc les conneries dj ralisesailleurs, et depuis le dust bowl ou la rvo-lution verte, les ravages du crtinismeagricole ou industriel sempilent jusquformer une tour branlante qui pourraitbien finir par craser la moiti des espcesvivantes en scroulant.

    Ces trois grands massifs forestiers quiexcitent la convoitise des producteurs depellets et des amateurs de biomasse,morvan, Cvennes et millevaches, sontvidemment sous-peupls, pauvres, vieil-lis, enclavs. Des colonies de lintrieur,en somme, auxquelles il convient dappor-ter les lumires de la civilisation.

    a fait malheureusement un momentque les grandes forts de la plante sonthonteusement massacres. La fort cana-dienne est en train de se faire rogner parles producteurs de pellets, qui rvent de laraser pour fournir prix dami les paysplus pauvres en bois. mais cette ressourcene peut tre considre comme cologiqueque si on reboise aussi sec, car si toutefort est un puits de carbone, les terrainsnus ne valent rien. De surcrot, cramerpour produire de llectricit, le bois estplus polluant que le fuel. or la plupart deces projets grandioses prvoient juste deraser, puis de se casser un peu plus loin etde raser encore. mauvais temps pour lebilan carbone, ce sera pire que de relancerles centrales charbon. Vachement colo-gique ! Greenpeace a commis un rapportassez difiant sur cette nouvelle toquadedes toxicos du tout nergie. Facilementtlchargeable, il sintitule Biomas -carade et explique pourquoi cette res-source risque de dvaster nombre demassifs forestiers pour produire, en pol-luant considrablement, une nergie pluttchre et peu rentable. Ils sont contre lco-logie ou quoi ? En attendant, il va falloirferrailler dur pour dfendre nos arbres.

    LAuREnCE BIBERFELD

  • 18 coup de gueule

    Leur faudrait une bonne guerre, screugneugneu !

    Une grande centrale syndicalesmeut de lamaigrissement dubudget de la guerre, pardon, desarmes. Ben vla t choz cest-yk voudrait dla bidoche la unek-ci si prendrait pas autement,ou ks-t-y qujentrave ke koukaux affaires syndicales?

    mA CHRE ConFDRATIon SynDICALE, lebudget des armes serait misrable ?Genre peau de chagrin. Crise oblige? orlarmement militaire cre des emplois eten ce moment ce serait pain bni pourtous ? Esgourde-voir ma belle, jai ten-dance te croire en pleine crise schizo -phrnique tant tu tapes sur tous les fronts.Je tai vu de mes yeux vu, dans des mani-festations, non pas pacifistes, pas toi, lais-sons a aux gauchistes mous de lagchette, mais contre des guerres ici ou lsuivant tes motions du moment. Peut-treme trompai-je mais je me laissais penserque tu naimais pas les conflits arms ?Gourance?

    Il est vrai, jai, dommage, une bonnemmoire, il me souvient que tu avaismanifest ton inquitude, dj, quand il at question de fermer lunit dgueulassedu sud-ouest qui fabriquait ces joyeux jou-joux rigolos qui amputent les ti nenfantsde pays incertains de lAsie du Sud-Est.Dautant que la fiabilit du matos ne faitaucun doute puisquaujour dhui encore,ce savoir-faire franais, fait merveille,demande Handicap Interna tionalLusine franaise a d fermer, peut-trejuste dlocalise? Dis-moi dans les mani-festations contre telle ou telle guerre (turemarques je ne dis pas conflits, je dis bienguerre, a fait plus mle ou mal : tu peuxavoir un conflit avec ton voisin de paliersans violer sa femme, gorger ses enfantset cramer son appartement). oui, alorsdurant ces manifestations, tu nas pas tsans remarquer des gens, tous habillspareils, avec des drles de bidules quon

    dirait des armes, genre lance-grenades,Flash-ball, tonfas. Casqus, protgscomme des skate-borders, faudrait voir sassurer que tout cela cest bien du mat-riel franais crateur demploi ? Parce quesinon o va-t-on, on se le demande ?Penses-y la prochaine fois quils te cogne-ront sur le ciboulot. Attention, ils ne lefont pas pour faire du mal, cest juste pourque lordre petit-bourgeois rgne, puis ilsle font dmocratiquement, cest cognez-les tous (sauf dans les manifs de laFnSEA/CDJA, mais cest une autre his-toire). Alors tu manifestes pour tout etson contraire. Contre certaines guerres,tout en tinquitant des pertes demploischez les fabricants darmes de pointe latechnologie franaise oblige.

    Tu nas jamais pens crer une sectionsyndicale, religions ? Ben si, une nonnettequi suse les genoux sur le carrelage glacdun couvent, cest toujours a de moinsqui pointe Ple emploi, et en CDI,contrat tacite si je mens je vais en enfer.De plus, cest bon pour le medef, pas decharges patronales, pas de retraites, ni degrves preneuses dotages de paroissiens.Pas de dlocalisations intempestives nonplus.

    Et que je te cre des emploisdans larmement

    Bon allez, jarrte de galjer, puis je tevois bonne fille et moi, pas chiche deconseils, je vais te filer un tuyau de pre-mire. Le plein-emploi tout prix, dansune Europe unie, y en a un qui avait fait lepari. Bien sr, tu connais les jaloux de par-tout, comme il ne sortait pas dune grandecole on la raill, enfin, au dbut. Dsquun jeune entreprenant se lance dans unprojet, faut quon le chagrine. noussommes dans une poque pas si lointaine.Le pays est endett pour une sotte raisonde, rendez-moi a, de la part du voisin,jus qu saigner le peuple genoux. Desbtises de vengeance qui se mange froide.Passons. Le peuple, affam, humili, unkilo de pommes de terre pour une brouet-te de biftons. Le grand nimporte quoi. Jete dis pas la gueule de la cohsion natio-

    nale? notre jeune fougueux, dun coup lesvieux, te dmerde tout a, Et que je te credes emplois dans larmement. Dans lesfabriques dhabits forts seyants, mme siun tantinet uniformes, une voiture du peu-ple, l aussi, uniforme, mais pour tout unchacun. Des crches nationalises enveux-tu en voil, pour que chaque mre,puisse se librer au turbin, merde ! a mereprend, au travail voulais-je dire, sourcedpanouissement. Comme chacun sait. Etbien ma vieille centrale, figure-toi que aa march. mme que lide est tellementjuteuse que, dans sa grande gnrositvisionnaire, et aussi pour rentrer dans sesfrais, fallait bien prouver le matos desusines darmement, il exporte son talent.Parfois contraint de forcer la main, lespeuples sont couards par nature. Trs vite,une fois ces arguties poses, il est facile detrouver des collaborateurs de talent, surplace, pour donner de leur personne lanation. Comme on dit, quand le btimentva tout va ! Alors construisons. En cestemps, pas si lointain, le littoral atlantiquelaisse fort dsirer. Des dunes perte devue. Quelques maigres roseaux des sables.un pin par-ci par-l. Des infrastructuresautoroutires et immobilires laissant dsirer. Aucune chance dattirer le chalandtouriste crateur demplois. Les grands duBTP (Btiments et travaux publics) seremontent les manches et embauchent delouvrier franais. Le savoir-faire est l, aurendez-vous, puis quaujourdhui encoreces ouvrages dart attirent toujours et fontrver les nostalgiques de cette poquebnie. Hlas, comme toujours, il fallut for-cer un peu les feignasses rfractaires aumoindre effort nazional. on invente lePle emploi dalors, qui fut baptis STV(Service du travail volontaire). Certes unpeu plus direct que Ple emploi, ou moinsfaux-cul comme sigle, mais il ny avaitpas encore de communicants alors.Quelques hippies allrent se planquer dansles bois et gurets, mais rien de bienmchant. Des contrleurs asserments,franais, veillrent au retour lordre. aroulait plutt bien cette histoire et unegrande Europe pacifique allait voir le jour.

  • mais voil que des gauchistes ne lenten-dent pas de cette oreille. De ces illuminsqui refusent le progrs quand il est enmarche. Les mmes qui tranent au litjusque pas dheure. Trane-lattes et com-pagnie. Allant jusqu faire pter les voiesferres des TGV dalors. Vite fait, on lesappela terroristes et leurs tronches affi-ches partout. non mais ! Bref, les pluscourageux, de vrais Franais, se remont-rent les manches et au boulot. Comme lestemps taient durs et quil ny avait pas desupermarchs, les piciers, les boulangers,les bouchers, Franais trs travailleurs, sedbrouillrent fort bien pour engrangerdes devises, ce que quelques chagrins ontappel trafics au march noir ? mais anest mm