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L’école hors - les - murs Équilibre en région Poitou-Charentes Point de vue sur les artistes bénéficiaires du RMI Musiciens cherchent soutiens à la diffusion Creative Activity For Everyone - Irlande Sur la piste du Théâtre du Campagnol débat Ouverture d’un débat sur le Droit à l’initiative à partir de l’expérience du Sous-Marin de Vitrolles L’école hors - les - murs Équilibre en région Poitou-Charentes Point de vue sur les artistes bénéficiaires du RMI Musiciens cherchent soutiens à la diffusion Creative Activity For Everyone - Irlande Sur la piste du Théâtre du Campagnol N° 7 - Mars 1998 PAROLES DE NOUVEAUX ACTEURS CULTURELS LOCAUX DOSSIER DOSSIER la lettre la lettre 7

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L’école hors-les-murs

Équilibre en région Poitou-CharentesPoint de vue sur les artistes bénéficiaires du RMIMusiciens cherchent soutiens à la diffusionCreative Activity For Everyone - IrlandeSur la piste du Théâtre du Campagnol

débatOuverture d’un débat sur

le Droit à l’initiativeà partir de l’expérience du Sous-Marin de Vitrolles

L’école hors-les-murs

Équilibre en région Poitou-CharentesPoint de vue sur les artistes bénéficiaires du RMIMusiciens cherchent soutiens à la diffusionCreative Activity For Everyone - IrlandeSur la piste du Théâtre du Campagnol

N°7

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1998

PA R O L E S D E N O U V E A U X A C T E U R S C U LT U R E L S L O C A U X

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Àlire les récits des acteurs culturels présentés dans ce numéro, on a vraiment du malà se convaincre que notre société serait en panne. Partout où se tournent nos

regards, nous découvrons un foisonnement d’idées, d’envies, d’efforts et d’énergie, des tré-sors d’inventivité déployés par les membres de la société civile pour créer sur leur territoiredu lien, de l’espoir et du vivant, du vibrant.

Si panne il y a, sa source doit plutôt provenir d’un mauvais dosage des fluides que d’undéfaut d’usinage des pièces et rouages mécaniques. Les moteurs sont prêts à tourner, maisdemandent à être correctement huilés et alimentés par un carburant non polluant.Daniel Redler, de l’association Arfacs, nous montre dans son “point de vue” que lenombre de jeunes artistes bénéficiaires du RMI va croissant. Et la plupart ont le désird’exploiter cette aide individuelle pour construire un projet professionnel très souventtourné vers une création d’activité. Dans le même temps, les besoins d’accompagnement àces créations augmentent, mais se mettent difficilement en place.L’expérience du Sous-Marin de Vitrolles, qui nous donne l’occasion d’ouvrir un débat sur leDroit à l’initiative, témoigne de la capacité des jeunes à bâtir des espaces publics de convivia-lité mêlant adroitement des visées de prévention, d’insertion et d’expression culturelle, et ledommage causé à dix années d’efforts par l’apparition de brusques revirements politiques.Les aléas de la riche et longue vie du Théâtre du Campagnol soulignent, eux aussi, despossibles frictions entre pouvoirs locaux et opérateurs culturels. Des milliers de spectateursont vu leur mémoire revivre dans les spectacles du Campagnol, des centaines d’enseignantset d’acteurs sociaux ont sollicité la compagnie pour les former aux techniques théâtrales,qu’ils désiraient exploiter dans le cadre de leur travail éducatif. Mais par deux fois, les élusdes communes sur lesquelles était implanté le théâtre ont remis en question le soutien muni-cipal, et la compagnie a dû reprendre la route.

On se dit qu’il faudrait peu de choses pour que tout bouge. L’intelligence et la pertinencedes projets qui s’inventent à tous les niveaux, depuis des axes de développement localconstruits autour de la valorisation du patrimoine architectural et surtout humain en Poitou-Charentes, jusqu’à des interventions culturelles permettant à l’école de sortir de ses murs(comme le plan de réussite scolaire autour du livre à Mulhouse, ou simplement une actionautour du thème des pirates initiée par un petit équipement culturel sur le XIIIe arrondisse-ment de Paris), nous indiquent que le progrès social, à l’échelle locale, peut être en grandepartie conduit par les gens directement concernés.Mais ces acteurs se sentent parfois impuissants et décontenancés face à la permanente dis-continuité de l’action publique, et les options contradictoires prises aux différents échelonsnationaux et territoriaux. Aussi, pour que les initiatives s’épanouissent, il faut que le politiqueparvienne à soutenir et accompagner celles qui savent recueillir une large adhésion des usa-gers, des citoyens auxquels elles s’adressent. Tâche sans doute difficile, mais qui nous paraîtessentielle pour que le gaspillage des talents et des énergies ne devienne pas une fatalité.

Bruno Colin, Réjane Sourisseau, Luc de Larminat

2 Culture & Proximité n°7

édito

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3Culture & Proximité n°7

SOMMAIR

E

Le Musée Imaginaire - Paris XIIIe

Ville de Mulhouse

Dispositifs institutionnels

Se documenter en mesure

La Bibliothèque Nationale des Fanzines

Pour une culture régionale d’aujourd’hui

Le petit monde de Pougne-Hérisson

Restauration architecturale et narcissique

Faire vivre le patrimoine

Le village et son château

ÉQUILIBRE EN REGION POITOU-CHARENTES

Le dialogue et le partenariat au cœur de l’aménagement culturel de la Région

CDM/SERVIDOC à Dissay

La Fanzinothèque de Poitiers

UPCP/MÉTIVE à Parthenay

Ateliers Paroles de Rue à Pougne-Hérisson

Le Club Marpen à Tusson

La ville de Rochefort

Le Château d’Oiron

6

9

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18

19

DOSSIER : L’ECOLE HORS LES MURS

Un projet d’animation théâtrale avec les écoles

Un plan pour la réussite scolaire autour du livre

Coopération Education-Culture, quelques repères

ADDIM 89

DEFI Jeunes

Ile-de-France

ACTES-IF

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32

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45

46

47

MUSICIENS CHERCHENT SOUTIENS - LA DIFFUSION

Une production de disques au niveau local

Un soutien national aux jeunes créateurs

Les Polysonies d’Ile-de-France

L’aide de réseaux régionaux

Daniel Redler, Arfacs - Art & Société

POINT DE VUE

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DEBAT

Ouverture d’un débat sur le “Droit à l’initiative”

21 Des porteurs de projets culturels bénéficiaires du RMI,signe de mutations socio-économiques qu’il est urgent d’accompagner

Sur la piste du Théâtre du Campagnol

L’HISTOIRE D’UNE COMPAGNIE

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CAFE (Creative Activity For Everyone) - Irlande

UNE EXPERIENCE EUROPEENNE

La créativité, c’est l’affaire de tous49

À partir de l’expérience du Sous-Marin de Vitrolles

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4 Culture & Proximité n°7

A n n o n c e s

TRAVERSIERESla revue de presse des acteurs culturels

... est destinée à toutes celles et tous ceuxqui ont à connaître, à titre personnel ou professionnel,

l'actualité artistique et culturelle.

TRAVERSIERES est interdisciplinaire et transversale.Elle s'adresse à l'ensemble des entreprises et des équipes,

sans distinction de taille ou de pratique.Elle ne prétend nullement fournir aux "spécialistes", qui ont

bien d'autres moyens d'accès à l'information, la synthèse de presse de leurdiscipline, mais au contraire élargir le champ de vision de chacun

en proposant périodiquement l'essentiel de ce qui se passe "ailleurs".

TRAVERSIERES permet de gagner un temps précieuxdans la lecture de la presse écrite, tout en améliorant, entre autres,la connaissance mutuelle des pratiques des uns et des autres.

TRAVERSIERES est accessible à tous, par adhésion-abonnement,

pour un coût modique.

Scènes nationales, centres culturels, compagnies dramatiques ouchorégraphiques, formations musicales, bibliothèques,

comités d'entreprise,élus et techniciens des collectivités territoriales,

administrations, associations, écoles d'arts, musées (…)trouvent dans TRAVERSIERES, depuis septembre 1994,

la synthèse de presse qui leur faisait défaut.

BULLETIN D'ABONNEMENTpour 1 an (20 numéros) : 1 200 Fpour 6 mois (10 numéros) : 700 Fles 3 derniers numéros : 120 F

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TRAVERSIERES - 27, rue du Faubourg Montmartre - 75009 ParisTél : 01 48 24 27 75 - Fax : 01 48 24 23 91

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Coordination Luc de Larminat

Équilibre en régionPoitou-Charentes

5Culture & Proximité n°7

«Horizons calmes, paysages d’une grande variété mais toujoursmesurés, sans rien de heurté ni de criard, beautés discrètes,nuances... Le pays d’Ouest n’accroche pas, on ne l’aime pas d’un seul coup defoudre, mais d’une affection lente, progressive et qui dure. » C’est ainsi qu’un écri-vain local, Ernest Perrochon, célébrait sa terre natale : la région Poitou-Charentes.

Historiquement terre d’affrontements et de passages entre le Nord et le Sud, larégion Poitou-Charentes puise aujourd’hui les sources de son identité dans cemétissage séculaire. Sur 25 000 km2, de la Gâtine au Poitou jusqu’aux plateauxondulés de la Saintonge, les 4 départements de la région (Charente, Charente-Maritime, Deux-Sèvres, Vienne) constituent un vaste espace à dominante ruraleoù rayonnent 4 pôles urbanisés (Niort, Poitiers, Angoulême, La Rochelle) detaille moyenne (100 000 hab.) et d’influence comparable. La répartition de lapopulation (1,6 million) est équilibrée entre le milieu rural et les pôles urbains.

Nous avons choisi, pour ce numéro, de présenter quelques expériences cul-turelles patrimoniales monumentales et ethnologiques.

Nous ouvrons ce dossier sur un aperçu de la vie artistique picto-charentaiseet sur deux lieux de mémoire liés à des pratiques culturelles : le développe-ment d’un centre de ressources unique sur la chanson française et lesmusiques actuelles à Dissay, et la Fanzinothèque de Poitiers ou l’histoire de lamusique et de la bande dessinée.

Autour du patrimoine régional, l’UPCP/Métive à Parthenay anime et fait exis-ter dans sa diversité culturelle tout un territoire, à Pougne-Hérisson le patri-moine oral suscite une dynamique locale. Le Club Marpen, à Tusson, marie defaçon exemplaire la réhabilitation d’un site rural et l’insertion de jeunes en dif-ficulté. Enfin, la restauration et l’animation du patrimoine monumental donneun nouvel élan à une ville (Rochefort), à un village et à un château (Oiron).

Chacun de ces projets se pose la question de son utilité sociale et de ses réso-nances sur la vie des hommes installés sur ce territoire, essayant d’apporter desréponses à la question du nécessaire lien entre développement culturel et déve-loppement économique et social.

Équilibre en région Poitou-Charentes

Remerciements à Jean-Louis Patheiron (Premier’Acte), Isabelle Chaigne (Confort Moderne), Jean-Luc Terradillos (Actualité Poitou-Charentes)

Coordination Luc de Larminat

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Équilibre en Poitou-CharentesÉquilibre en Poitou-Charentes

6 Culture & Proximité n°7

Un aménagement culturel duterritoire équilibré, un soutien àla création qui a toujours privilégié lafidélité et le travail sur le long termeavec des artistes, des politiques de for-mation qui doivent permettre à cha-cun, et à tous les moments de sa vie,de bénéficier d’une formation artis-tique ; la région Poitou-Charentes secaractérise par cette capacité desacteurs culturels à toujours maintenirle dialogue et le partenariat afin deconstruire un développement durable.

Le compagnonnage culturel en Poitou-CharentesÀ l’image du développement de

réseaux de villes ou des nombreux“pays” qui se sont constitués en Poitou-Charentes, le souci de maintenir cetéquilibre territorial “naturel” est aucœur de toutes les démarches institu-tionnelles d’aménagement du territoire.Avec quatre scènes nationales (unedans chaque département), des théâtresmissionnés articulés avec un réseau desalles (le Second Cercle), et de nom-breuses salles de spectacle dans unerégion de 1,6 million d’habitants, lemaillage de l’espace culturel régionalsuit la même dynamique d’équilibre.Mais c’est surtout dans la réelle

capacité de dialogue des partenairesengagés que le développement cultu-

rel régional trouve ses pointsd’ancrage. En Poitou-Charentes, lemultipartenariat n’est pas un vain mot.Conçu en effet comme un véritableprocessus d’intégration, le projet cultu-rel s’inscrit dans la durée. Il s’appuie etse nourrit des initiatives et des rela-tions tissées entre chaque acteur régio-nal. En 1996, la région Poitou-Charentes était la première de Francepour le pourcentage des communesrassemblées en structures intercommu-nales à fiscalité propre. C’est aussi lesquatre chefs-lieux réunis dans unréseau partenarial efficace, AIRE 198(addition des codes des quatredéparte ments : 16, 17, 79, 86). Les

outils traditionnels d’aménagement duterritoire (Contrats de Plan État-Région,Conventions de Dévelop pement cultu-rel, Contrats de ville, Contrats de rura-lité) ont ainsi été déclinés et adaptésà l’ensemble du territoire. À travers lesoutien à la formation, l’information,la création, l’animation et la diffusion,la région porte l’écho d’une certaineidée de la démocratisation culturelleet de la citoyenneté.

Des formations artistiques pour tousLa volonté de développer la forma-

tion artistique à tous les niveaux et àtous les instants de la vie est un des

À la suite d’entretiens avec Madame Claudine Trougnou, adjointe du directeur de la DRAC(Direction régionale des Affaires culturelles) Poitou-Charentes et Monsieur Gaël Rias,directeur de l’ARDIAMC (Association régionale de développement d’informations etd’actions musicales et chorégraphiques), se dégagent quelques grandes lignes de l’identitéet de la vie culturelle dans cette région.

Le dialogue et le partenariat au de la région

c P

Aulnay - Comité Régional de Tourisme Poitou-Charentes

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Équilibre en Poitou-CharentesÉquilibre en Poitou-Charentes

7Culture & Proximité n°7

moments forts de la politique culturelleen Poitou-Charentes. La formation estconçue comme un puissant levierd’intégration sociale et professionnelle.À titre d’exemple, par la réalisationd’un réseau d’écoles de musiquerelayé par deux centres de formation(CFMI, Centre de formation de musi-ciens intervenants et le CESMD, Centred’études supérieures de Musique et deDanse), le territoire se dote d’un vivierrégional de professionnels et d’ama-teurs qualifiés. Ainsi l’attention est por-tée à la formation tant initiale que pro-fessionnelle, ou encore à la formationcontinue professionnelle. C’est aussi enaccentuant les opérations conjointesavec les collectivités locales, l’univer-sité, l’Éducation nationale ou laDirection du Travail que des actionsvont éclore sur le terrain. Avec l’Éduca-tion Nationale, ce sont des formationspour le personnel en lien avec lesartistes : ainsi un stage de danses’adressera tout autant aux enseignantsqu’à des danseurs professionnels pourles former à intervenir à l’école. Ce tra-vail permet de rapprocher équipementsculturels et enseignement général. PourClaudine Trougnou, « il n’y a pas dedichotomie entre la formation et la pro-duction, ces deux domaines ne sontpas étanches. Pour les formations à lamédiation culturelle, après un ensei-gnement théorique, les stagiaires sonten lien avec des professionnels sur leterrain, développant ainsi une forme decompagnonnage particulièrement effi-cace ». En Poitou-Charentes, la trans-versalité des projets et des compé-tences est non seulement une impé-rieuse nécessité mais c’est aussi et sur-

tout une réalité. En soutenant parexemple la création de résidencesd’artistes en milieu rural, la collectivitérégionale complète judicieusement lesdispositifs traditionnels mis en placepar ailleurs. C’est le cas du choré-graphe Pierre Doussaint installé enrésidence depuis janvier dernier dansla vallée du Thouet et qui rayonnerapendant six mois sur un territoire de40 km. Cette initiative croisera les pro-blématiques de formation, d’encadre-ment des pratiques, de création (sur lethème de l’Opéra-cirque) et de diffu-sion. Elle associera tout à la fois leslieux de diffusion, les écoles, collèges,lycées, ainsi que tous les danseurs pro-fessionnels, semi-professionnels etamateurs (en partenariat avec l’associa-tion Métive à Parthenay pour la dansetraditionnelle), invités à travailler ausein de la compagnie. Quel plus belhommage à l’expression choré gra -phique contemporaine que celui de larendre accessible au plus grandnombre dans l’espace du quotidien ?

Un partenariat authentique et fidèleQu’il s’agisse de patri-

moine ou de spectaclevivant, le souci de mettreles compétences en syner-gie est constant. C’est unvrai travail collectif auquelne se substitue aucune desstructures régionales. Cesont en revanche ces bras-sages d’idées et d’hommes,d’horizons si divers, quimettent un projet en mou-vement. Ainsi la valorisa-

u n

cœur de l’aménagement culturel Poitou-Charentes

Blandine Delcroix

tion du patrimoine monumental n’ad’intérêt que dans une perspectivehumaine et vivante. En soutenant cesinitiatives pluridimensionnelles, il estvrai que la région Poitou-Charentes asu là encore se départir des clivagesclassiques du développement culturel.Comme tient à le rappeler Gaël Rias,directeur de l’ARDIAMC : « Pourquoidépenser les deniers publics sur la res-tauration d’un château ou d’uneabbaye si dans le même temps ondélaisse les forces vives d’une région,celles-là même qui vont faire que larégion est en mouvement ? »Les outils de création et de diffusion

régionaux parmi lesquels il est impératifde citer l’Orchestre de Poitou-Charentes(composé à 70 % d’enseignants), laChapelle Royale en résidence sous ladirection d’Herreweghe ou bien encorele Ballet Atlantique de Régine Chopinot(BARC), conduisent quotidiennementun vrai travail de proximité avec lespopulations locales. Le BARC s’atta-chant également à valoriser les compa-

fiFresque de Saint-Savin - Comité régional de Tourisme Poitou-Charentes

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Équilibre en Poitou-CharentesÉquilibre en Poitou-Charentes

8 Culture & Proximité n°7

LE SITE WEB DE PREMIER’ACTEDepuis 1984, l’Agence Premier’Acte assiste

les entreprises culturelles dans leur création,leur développement et leur diversification,sous la forme de ce qu’elle appelle le « com-pagnonnage actif ». Leur spécialité : la gestionet l’économie dans le secteur culturel. Études,conseils, accompagnements, audits, forma-tions, l’agence développe depuis quelquesmois un site Internet afin d’optimiser les res-sources culturelles en les mettant en réseau,en faisant circuler l’information. On y trouveLa lettre d’info de Premier’Acte, les chiffres del’année, les formations, les questions-réponses, les services…

Contact : Premier’Acte3, Place Prosper-Mérimée - 86000 Poitiers

Tél : 05 49 88 07 20 - Fax : 05 49 88 12 60Web : http://WWW.1acte.com

gnies régionales (les créations de lacompagnie Alice de Lux par exempleont été permises grâce à la mise à dispo-sition pour l’occasion de ses danseurs).C’est aussi le cas d’Ars Nova (ensemblede musique contemporaine) installé enPoitou-Charentes, et qui enthousiasmed’année en année un public devenufidèle après s’être montré curieux. C’est sans doute dans la fidélité ren-

due à tous les acteurs du développe-ment culturel que l’identité régionale dePoitou-Charentes se cristallise ; fidélitéqui donne sens à des projets conçusdans la durée, portés vers l’avenir touten éveillant la mémoire. Dans cet esprit,un appel à projets régional a été lancécette année sur la valorisation de tous leslieux jacquaires (1999 sera l’année jubi-laire de Saint-Jacques de Compostelle)par des animations en arts plastiques,théâtre, musique et danse. L’authenticitéqui s’installe dans les relations entre lespartenaires d’un même projet est unedes forces du milieu rural.De conclure avec Gaël Rias sur ce qui

caractérise cette région : « Avoir enviede construire et de poser les briquesles unes après les autres pour que lemur soit solide. »

LE CREIDODans le cadre de sa mission de service au

public, l’ARDIAMC a orienté un pan de sesactivités vers l’information et l’orientation. Pourrépondre de la façon la plus pertinente qui soitaux quelques 15 000 appels reçus annuelle-ment, l’association régionale développe unvaste chantier : la création d’un centre régionald’information et d’orientation (CREIDO). Enconcertation avec les ANPE de la région, ils’agit d’orienter les professionnels et amateursde la musique et de la danse vers les nouvellesfilières et métiers qui se développent dans lesecteur culturel. La demande est enregistrée etsurtout traitée. Là encore, le CREIDO soulignela complémentarité régionale des compétencesdes structures mises en réseau.

Contact : ARDIAMC - Gaël Rias91, Bd du Grand Cerf - 86000 Poitiers

Tél : 05 49 55 33 19 - Fax : 05 49 55 39 89

fi

TROIS EXEMPLES DE RESEAUX D’INFORMATIONS ET DE COMPETENCES

DIALOGUE ET PARTENARIAT POUR LA CONSTITUTION DU POLE REGIONAL DES MUSIQUES ACTUELLES

Dans le contexte de l’émergence du secteur des musiques actuelles comme nouveauchamp culturel et artistique au sein des politiques locales et nationales, de la structuration deses acteurs et de la prise de conscience des enjeux que représentent les pratiques amateurs, lesoutien à la création artistique... un pôle régional des musiques actuelles s’est constitué en1995. Objectifs : favoriser le développement de la vie musicale en Poitou-Charentes (créa-tion, répétition, formation et diffusion), participer à la structuration du secteur des musiquesactuelles et permettre leur reconnaissance par un nombre croissant de partenaires institution-nels. Il favorise l’échange et la circulation d’informations entre les différents acteurs concer-nés par ces musiques (représentants d’institutions, d’associations et d’équipements consacrésen tout ou partie à ces musiques, musiciens…). Trois principaux axes ont été définis, qui sontla circulation de l’information régionale, la valorisation des acteurs régionaux (secrétariatd’artistes…) et la connaissance du secteur des musiques actuelles (enquêtes, études…).

L’originalité de ce pôle est de ne pas avoir créé une structure de plus, mais d’avoir jouésur la complémentarité des différents acteurs et des compétences. Il n’est pas une instancedécisionnelle du secteur des musiques actuelles. C’est dans ce souci de travailler ensemble,dans ce véritable brassage d’idées, de travail en réseau, que ce pôle régional sera une réelleforce de proposition.

Comité de pilotage : La Nef (Angoulême), le Confort Moderne et Jazz à Poitiers, Métive àParthenay, West rock à Cognac, l’ARDIAMC et une délégation départe mentale à la musiqueet à la danse. Le ministère de la Culture, le conseil régional et l’association Aire 198 sontassociés au comité de pilotage. Les Francofolies sont invitées à participer à ses travaux.

Contact : Xavier Migeot - (chargé de mission) - Tél/Fax : 05 49 03 35 92

CONTACTSCFMI : 05 49 52 00 16BARC : 05 46 41 17 75

AIRE 198 : 05 49 52 36 39Ars Nova : 05 49 30 09 25

Conseil régional : 05 49 55 77 00CESMD : 05 49 60 21 79

DRAC : Hôtel de Rochefort - 102, Grand’Rue86020 Poitiers - Tél : 05 49 36 30 30

DRJS : BP 456 - 14 bd Chasseigne86020 Poitiers - Tél : 05 49 37 08 80

Le dialogue et le partenariat au cœur de l’aménagement culturel de la Région (suite)

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Équilibre en Poitou-CharentesCDM / SERVIDOC à Dissay

Équilibre en Poitou-Charentes

9Culture & Proximité n°7

annuel est d’environ850 000 francs. Il com-prend également unréseau actif de béné-voles. Olivier Fougères

vend bien sûr des livres (édités en Franceou importés) et quelques disques etadresses des dossiers thématiques (de50 à 200 pages exhaustives) ou des ren-seignements sur mesure. Pour les rece-voir il faut adhérer (100 F par an). Il y a400 adhérents. Ces derniers ont égale-ment la possibilité de consulter surplace*). Son public : « un tiers dejeunes (les goûts évoluant avec lesmodes musicales, après une fortedemande sur le punk et l’alternatif, onvoit arriver des demandes sur latechno), un tiers de fans (d’un artiste,d’un thème, d’une période en parti-culier), un tiers de socioculturels (asso-ciations, disco ou bibliothécaires quicherchent de la doc pour monter uneexposition). » Formateur, il accueillechaque année des stagiaires (docu-mentalistes, par exemple) de tousles horizons :

Se documenter en mesure

Un Centre de Documentation Musicale (CDM)unique sur la chanson française, le rock, lejazz et les musiques ethniques.

CONTACTCDM Servidoc - Olivier Fougère

86130 Dissay Tél : 05 49 62 56 41 - Fax : 05 49 52 67 39

DOSSIERS THEMATIQUES AU 27 FEVRIER 1998

La Techno : revue de presse 1995/199898 pages - 160 FLe Tango : volume 1Présentation de l’Argentine. Bibliographie.Index des auteurs. Lexique. Filmographie.109 pages - 160 FLe Tango : volume 2Les interprètes du Tango141 pages - 195 FLe Zouc : le retour au sourcePrésentation des Antilles. Les origines du Zouc.Ses rythmes. Du “doudouisme” au Zouc. LeZouc et le modernisme. Les différents artistesantillais. Kassav. Bibliographie.90 pages - 155 FLe Raï : la révolte qui fait danserLe raï et ses principaux artistes.90 pages - 160 FL’industrie du disque :L’historique. Tous les acteurs, du créateur auconsommateur. La fabrication. Les majors etleurs stratégies. Les indépendants. Une réflexionsur l’avenir du disque. Glossaire. La liste desinstitutions et des organismes professionnels.160 pages - 220 FNote : Si d’autres thèmes vous intéressent,n’hésitez pas à les contacter pour leur proposer.

Olivier Bailly

Olivier Fougère de CDM Servidoc

«Q uelle que soit la passiondéveloppée, je l’ai

moins menée en fonction des mes goûtsque pour mettre les gens en relation etpour que l’information circule, qu’elleserve.» Pour certains, Olivier Fougère« ne vend que de l’information » ; pourles autres, c’est une mine. Pour qui-conque a l’occasion d’échanger deuxmots avec lui c’est un passionné qui a sujoindre l’utile à l’agréable. L’utile : unelibrairie et un centre de documentationqui fonctionnent par correspondance etcontiennent plus de 15 000 livres etautant de dossiers sur absolument toutce qui concerne les musiques vivantes,de la world aux jazz, de la chanson aurock (biographies, monographies, antho-logies, partitions, recueils de paroles,albums de photo…). L’agréable, mainte-nant : une ferme en pleine campagnepoitevine. « Je suis rural, expliqueOlivier Fougère, le lien avec les racinesest primordial. Aujourd’hui on voit quedes projets de qualité se réalisent parcequ’il y a des intersections, des “inter-cantonalités”. Ça dépasse le stade du vil-lage ou du département. » Et Servidocest un vrai projet de qualité qui existedepuis quinze ans, complètement privé,sur lequel vivent et travaillent trois per-sonnes et dont le coût de fonctionnement

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Équilibre en Poitou-CharentesLa FANZINOTHÈQUE à Poitiers

Équilibre en Poitou-Charentes

10 Culture & Proximité n°7

En 1989, à la demande du conseilcommunal des jeunes, la munici-palité confie à Didier Bourgoin, connupour sa passion et ses connaissancesencyclopédiques dans ce domaine (enparticulier sur le genre le plus repré-senté, le rock), la création et la gestiond’un espace dédié aux fanzines. Dès ledépart, l’idée de patrimoine était pré-sente. Les fanzines ont une histoire et leréel intérêt documentaire qu’ils repré-sentent pour l’histoire de la musique oude la bande dessinée devait êtreexploité en tant que tel. Il fallait dépas-ser la fonction classique d’une biblio-thèque de prêt. En huit ans, la fanzino-thèque est devenue un lieu unique qui apermis de conforter ce support “alterna-tif et subversif” comme un maillonindispensable de la création musicale,de la bande dessinée, et de la presse.

Une chaîne de fabrication de fans« Si les fanzines (de fanatic et de

magazine) naissent en 1930 aux États-Unis (le mot a été inventé par les fansde science-fiction qui voulaient échan-ger des informations) ils n’arriventqu’en 1960 en France et prennent leuressor dans les années 1970.C’est une revue amateur à caractère

spécialisé.Amateur : celui qui aime, qui est

bénévole, qui réalise avec peu demoyens techniques. L’objectif dequelqu’un qui fait un fanzine est deparler de ce qu’il aime, c’est une formede communication personnelle. Trèssouvent derrière un fanzine il y a uneassociation qui fait de nombreuseschoses (production, concerts, magasinde disques, création…).

À caractère spécialisé : c’est sa raisond’être, il n’est jamais généraliste. Sonactualité, c’est la découverte, il estobligé de se réinventer constamment. Le

fanzine doit parler de choses que l’on netrouve pas ailleurs ; c’est en grande par-tie pour cela qu’il existe. Entre celui quile lit et celui qui l’écrit, qui le confec-tionne, qui l’édite, c’est une toute petitechaîne, c’est un média de proximité.Si la moitié des fanzines ont comme

objet la musique ou la bande dessinée, ilen existe sur le graphisme, la micro-infor-matique, sur le cinéma, la vidéo. Leslimites du genre se sont élargies et nesont pas toujours faciles à déterminer.Certains sont passés (les Inrock) ou rêvent

d’être en kiosque. Même si l’état d’espritreste toujours le même, maintenant, il y aune grande diversification dans la façonmême d’envisager le fanzine.Par exemple, les fanzines de bandes

dessinées sont de l’auto-édition, cesont des dessinateurs qui s’éditent àcompte d’auteurs. Avec le peu derevues de bandes dessinées qui exis-tent, le fanzine est le premier supportde ceux qui veulent débuter.

Une mise en lien de cette presseBibliothèque, centre de ressource, le

long travail d’investigation et d’enquêtede la fanzinothèque a permis de créerune première base de données sur lesmusiques amplifiées, de nouvelles surd’autres sujets suivront dès qu’on enaura les moyens. Chaque fanzine(100 par mois) qui arrive est dépouilléde toutes ses informations (titres,contacts, dossiers, thèmes, discogra-phies, auteurs…), tout est traité, enregis-tré et classé. Cette base de données estconsultée par des journalistes, desartistes, des fans de musiques ou debandes dessinées, par des maisons dedisques ou d’édition, par les autres fan-zines et même par la BibliothèqueNationale. Ce travail d’analyse nous

La Bibliothèque Nationale des Fanzines

À Poitiers, un fonds de 10 000 fanzines rend compte d’une presse riche etfoisonnante, de son histoire et de sa structuration. Petit tour à la fanzinothèqueavec son créateur, Didier Bourgoin.

PRES DE 500 000 LECTEURS DE FANZINES !

La fanzinothèque gère un fonds de10 000 titres.Nombre en circulation en France réper -torié : 1000 titres, dont 500 sur la musique,30 % de renouvellement par an.Le fanzine moyen en France : tiré à 500 ex.,trimestriel, fonctionne en dépôt-vente (une cin-quantaine répartis sur la france pour les plusorganisés). Sa durée de vie est limitée (le sep-tième numéro est souvent fatal) mais elle a ten-dance à augmenter ces dernières années.Certains fanzines existent depuis 15 ans.

DocumentationAnnuaire des fanzines (sur commande),exposition sur “les 20 ans de petite presserock en France”, une histoire des fanzinesdans la revue Rage n°32

Photo : Collection Fanzinothèque

Luc de Larminat

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Équilibre en Poitou-CharentesLa FANZINOTHÈQUE à Poitiers

Équilibre en Poitou-Charentes

Octopus, 3 000 exemplaires. « Un fan-zine ne fait qu’exprimer des engouementssans jugement critique, sans volonté decreuser un peu l’analyse et la réflexion.Mais aussi il se veut authentique, sincèreet désintéressé (sans but lucratif). »

Philippe Doussot dans Écouter Voir (parution : Avril 98)

Entretien avec Olivier Bailly

Abus dangereux, Montauban, 52numéros depuis 1987, « le plus brillantexemple d’un éclectisme aussi généra-liste que spécialisé. Ils ont aussi crée unlabel et une boutique de disques ».

Didier Bourgoin dans Rage, n°32

LA FANZINOTHÈQUE AU CONFORT MODERNE

C’est en 1985 que l’association l’Oreille est Hardie investit à mi-chemin entre le centre-villeet la faculté de Poitiers les entrepôts d’électroménager désaffectés du Confort 2 000, qui bientôtsera appelé le Confort Moderne.Né en 1985 d’une équipe de jeunes pour mener à bien dans un lieu adapté les projets artis-tiques dont ils rêvaient : concerts de musiques rock, diffusion de fanzines, locaux de répétition,images vidéo, arts plastiques, design… ce lieu, depuis 10 ans, fait se rencontrer musique et artcontemporain, des publics différents, démontre que l’échange est possible. La programmationmusicale cherche la découverte et les révélations tout comme l’espace d’art contemporain de1 000 m2 situé à côté. Mais c’est aussi un restaurant, un label de disque, la Fanzinothèque, lesoutien dans leur développement des groupes locaux et régionaux, l’ouverture à des domainesartistiques comme le cinéma expérimental, la vidéo, le théâtre ou l’implication dans desgrandes causes (l’exclusion, le mouvement des chômeurs, des intermittents du spectacle, luttecontre le sida…) qui font du Confort Moderne un lieu novateur. Il fut considéré dans les années80 comme l’un des pionniers des “nouvelles aventures culturelles”.

Contact : Confort Moderne - Tél : 05 49 46 08 08

LE KIOSKASINE A LA MEDIATHÈQUE

Les fanzines ont fait leur entrée officielle à la médiathèque de Poitiers. Un espace spécifique leurest consacré avec une trentaine de fanzines, Le Kioskasine. Pour le directeur, Jean-Marie Compte,« Les bibliothèques n’ont pas l’habitude de proposer ce type de publications, alors que par rapportà l’idée d’ouverture et de liberté que doivent proposer ces équipements, il devient évident que lesfanzines ont leur place ici. De plus, les pratiques du public dans les bibliothèques montrent que cesont des lieux de sociabilité forts, notamment pour les jeunes. Il me paraissait essentiel de leur pro-poser à côté des autres publications, une presse qui s’adresse plus spécifiquement à eux dans des

domaines qui les touchent particulièrement. Le Kioskasine fonc-tionne extrêmement bien et nous nous sommes aperçus que celadépassait le public jeune traditionnel de cette presse, pour tou-cher tous les publics. »En renforçant leur réseau de distribution, la médiathèque ren-force l’économie de ces supports. Il ne reste plus que d’autresbiblio thèques se laissent convaincre !

Contact : Médiathèque F. Mitterrand - Jean-MarieCompte

BP 619 - 86022 Poitiers cedexTél : 05 49 52 31 51 - Fax : 05 49 52 31 60

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CONTACTLa Fanzinothèque

Didier et Marie Bourgoin185, rue du Faubourg du Pont-Neuf

86000 PoitiersTél : 05 49 46 85 58 / Fax : 05 49 61 30 34

E-mail : @welcom.vitrin.comSite net : www.welcom.vitrin.com//fanzino

permet également de faire un peumieux connaître cette presse et ses créa-teurs lors d’occasions comme le FestivalInternational de bandes dessinéesd’Angoulême qui nous confie la gestionde l’espace des fanzines. Mais c’estaussi un premier partenariat avecJeunesse et Sport Poitou-Charentes pourofficialiser un peu notre rôle de conseilauprès des créateurs de fanzines.

Améliorer sa distributionLes soutiens publics dont pourraient

bénéficier les fanzines sont de plu-sieurs ordres. Celui qui me paraît trèsimportant, c’est d’ouvrir plus le réseaude distribution auprès notamment desbibliothèques qui devraient créer desespaces pour cette presse, à l’image dece que vient de faire la médiathèquede Poitiers. Il faut renforcer ce que faitle Centre national des Lettres quireconnaît certains titres de bandes des-sinées et les aide un peu financière-ment. Cela fait partie de leur missionque d’aider la jeune création. Pour lesautres, ce peut être le soutien d’unemunicipalité, d’une structure socio-culturelle, du ministère de la Jeunesseet des Sports (au travers des “Défisjeunes”) ou d’une entreprise sur dumatériel, de l’imprimerie. Cela doittoujours rester des aides d’ordre tech-nique ou financière. Mais ces struc-tures ne doivent ni impulser l’idée, nise mêler de la partie éditoriale.Les fanzines existent parce qu’il y a

une envie forte d’écrire, de défendredes choses, de communiquer. C’estde la passion ou ce n’est pas un fan-zine. Il faut que cela reste libre,imparfait, revendicateur, fait par lesgens de A à Z. »

Photo : Olivier Neuillé - Médiathèque François Mitterrand

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Équilibre en Poitou-CharentesUPCP / METIVE à Parthenay

Équilibre en Poitou-Charentes

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Grâce à une mobilisation très forte du réseauassociatif régional Métive (“moisson” enPoitevin) et de la volonté politique du maire deParthenay, Michel Hervé, la Maison desCultures de Pays, créée en 1993, favorise lamise en valeur et l’insertion des cultures dePays dans la création contemporaine.

UPCP/Métive : un projet et des hommes

L’Union Pour la Culture populaire(UPCP) est née voilà maintenant30 ans, à l’initiative d’associations dela région Poitou-Charentes et de laVendée, qui agissaient pour la défenseet la promotion de la culture poite-vine-saintongeaise. Aujourd’hui, ellefédère 50 associations qui regroupentde 15 à 350 bénévoles. Elles sontnombreuses dans la Vienne, les Deux-Sèvres et en Vendée, un peu moins enCharente et Charente-Maritime ettotalisent trois mille bénévoles. « Ungrand nombre d’enseignants et d’insti-tuteurs ont été à l’origine de ces asso-ciations-là, mais aussi heureusementdes personnes issues du milieu agri-cole et ouvrier » rappelle DominiquePassebon, responsable de l’informa-tion à Métive. « Des jeunes et des étu-diants sont venus grossir les rangs. Lesassociations développent leurs activi-tés dans un village rural ou dans unegrande ville, rayonnant parfois sur uncanton ou sur toute la région. Le faitd’avoir rassemblé, unifié ce mouve-ment-là a permis à ces forces d’êtreentendues. » Toutes ces associationsont pour volonté de valoriser laculture régionale dans un sensd’ouverture, vers la culture des autresrégions de France et du Monde.« Cerner sa propre identité, plutôt quede l’ériger avec chauvinisme, prendrepleinement conscience des racines,des particularismes de sa culture(musicale, linguistique) » précise Jean-Pierre Tissanié, président de l’UPCP.

« Le creuset de Métive »

Métive a été créée en1992. Elle a pour voca-tion de mettre en applica-tion le projet de l’UPCP. Toutel’équipe de la Maison des Cultures dePays a une expérience associative etune bonne connaissance du projet.Elle fait appel aussi à des techniciensdu son, de l’éclairage, à des artistes,des musiciens, des conteurs... Desexpériences ont ainsi grandi dans lecreuset de Métive. L’UPCP reste lastructure qui gère le projet culturel etmène les négociations avec les parte-naires institutionnels. La philosophiede départ est toujours la même, c’est-à-dire valoriser l’identité culturelle enprenant appui sur une meilleureconnaissance, voire une réappropria-tion de tout ce qui constitue le patri-moine culturel poitevin-saintongeais,favoriser les pratiques culturelles artis-tiques autour de la musique, de ladanse, des arts de la parole et enfinsusciter la création et la diffusion nour-rie de ce patrimoine culturel.

Mémoire de la culture du peupleLe patrimoine culturel est pris au sens

large, c’est-à-dire tout ce qui constitueles caractéristiques d’une culture. Celapeut-être le patrimoine de la pierre, unsavoir-faire de l’architecture d’habita-tion traditionnelle que certaines asso-ciations essayent de raviver auprès desartisans. Tel est le cas de Vivre au Paysdont la vocation est d’aider les gens àrestaurer la maison de Pays qu’ils ont

achetée. C’est aussi surtout le patri-moine au sens des connaissances etsavoir-faire autour de l’oralité, de lalangue, de la danse, de la musique,autour des arts de la parole, des pra-tiques, et de la mythologie.

« Si l’on ne prend pas garde, si lachaîne naturelle de la transmission secasse, affirme Dominique Passebon,lesconnaissances peuvent se perdre. Il estnécessaire de consigner le témoignagedes anciens, transmis de bouche-à-oreille, qui sont la mémoire de laculture du peuple. » C’est ce qu’a sentiAndré Pacher dans les années 60.Fondateur de l’UPCP, il fut à l’origined’un vaste mouvement de recherche etde la sauvegarde documentaire avecen 1971 l’opération OSTOP, opéra-tion-sauvetage-tradition-orale-pay-sanne. Des jeunes et des moins jeunesvont aller sur le terrain pêcher de véri-tables trésors, « un ancien qui jouaitdu violon, Madame Machin quiconnaissait des chansons... » Desquantités de témoignages vont êtreainsi enregistrés sur des cassettes oudans le meilleur des cas sur desbandes UHER ou Revox. Dans cecadre ont été collectés 8 à 10 000heures d’enquêtes en son, 40 à 45 000clichés, 800 heures de bandes vidéosliés à la culture orale auxquels s’ajou-tent 5 500 ouvrages, des brochures,des notes, des cahiers de chansons.

Pour une culture régionale d’aujourd’hui

Photo : Jean-Louis Neveu - Collection Métive

Frédérique Planet

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Équilibre en Poitou-CharentesUPCP / METIVE à Parthenay

Équilibre en Poitou-Charentes

Providence Bouteau, dite Maguesite Photo : Collection Métive

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Town-Net , BBS In ternet .Métive devrait intégrer lesite Internet de Parthenaycet été. En rentrant dansl’ère des nouvelles tech-nologies, l ’associat ionsigni f ie également sonengagement pour uneculture régionale en prise

avec la moderni té e touverte à l’extérieur.

Des gens motivés continuent d’ailleursde faire ce travail sur la mémoirecollec tive dans des associations. C’estle cas par exemple d’ARCUP à Cerisayqui a conçu avec les habitants despetits fascicules, les Cahiers de laMémoire du Ceriséain.

Cultures traditionnelles sur Internet

Un des projets de Métive est devalor i ser ce t te documentat ioninédite, considérable, qui doit êtreprogressivement informatisée, voirenumérisée pour une mise à disposi-t ion plus large du publ ic. Cet teannée, Métive doit devenir aussipôle associé BNF (Bibl io thèquenationale de France). Une conven-tion sera signée prochainement pourtrois ans entre la FAMDT (Fédé -ration des associations de musiqueset de danses traditionnelles) dont

Métive est membre, et la BNF.L’équipe du Cerdo (Centred’études, de recher che etde documentat ion surl’oralité) a tout d’abord tra-vai l lé sur un corpus dechansons traditionnelles, àpar t i r du réper to i re deRachel le Grimaud et deProvidence Bouteau. 10 CDont été réal isés , d’autressur l’Avant-deux, une dansetraditionnelle du Poitou, sont enpréparation.

« Notre projet d’acquérir un ser-veur es t d ’a i l leurs confor té parParthenay qui est entrée en 1996dans l’ère des NTIC (Nouvelles tech-nologies de l’information et de lacommunication) avec le projet Villenumérisée », indique DominiquePassebon. Différents réseaux ont étémis à la disposition du public : In-

METIVEMaison des Cultures de Pays Salle de création : 100 à 250 placesStudio son numériqueStudio audiovisuel Betacam SPCentre d’études, de recherche et de documentation sur l’oralité (CERDO)Hall d’expositionSalles de réunionsThéâtre en plein air (250 places)Budget : 4, 5 MF (1997)Autofinancement = 30 % (ateliers formation, entrées spectacles...)Principaux partenaires financiersMinistère de la Culture : 970 000Conseil régional Poitou-Charentes : 570 000La ville de Parthenay : 500 000Conseil général des Deux-Sèvres : 175 000Syndicat mixte du Pays de Gâtine : 50 000Emploi :19 salariés (2 temps-plein))4 emplois jeunes (à venir)Contrats réguliers pour 6 intermittents du spectacle (techniciens)Plus de 120 contrats d’artistes par anProduction d’un magazine régional Rimajhes etd’une revue nationale La Mandragore

GESTE S.A.Structure commerciale et juridique créée en 1992 par UPCP• Geste édition : édition de livres• Geste scénique : régie spectacle, vente et location de matérielCA de 8,90 MF pour 199612 salariés à temps pleinContrats réguliers : 4 intermittents du spectacle

Photo : Jean-Louis Neveu - Collection Métive

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Rendez-vous annuelsLes Feux de St-Jacques : janvier à mai 98

Le Festival d’animation rurale : avril à octobre 98Le Festival “De Bouche à Oreille” : 13 au 23 août 98

Collection Métive

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Équilibre en Poitou-CharentesUPCP / METIVE à Parthenay

Équilibre en Poitou-Charentes

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QUESTIONS A JANY ROUGERPrésident de l’UPCP (1981/1989),

maire adjoint à la Culture de Parthenay et directeur de la FAMDT

Quelle est la politique culturelle de Parthenay ?« Il y a à la base une philosophie du déve-loppement. Tout notre travail d’élus consiste àtransformer les citoyens en acteurs, acteurs dela vie sociale ou culturelle. C’est l’axe majeurde l’action culturelle de Michel Hervé, mairede la ville depuis 1979, qui passe par “uneprise de conscience positive de l’identitécultu relle” favorisant une politique culturellede l’imagination. 12 à 13 % du budget sontconsacrés à la culture et un service culturel aété mis en place dès 1985 pour développerl’animation. À la différence d’autres com-munes, nous ne mettons pas en place uneprogrammation, mais sommes à l’écoute desprojets associatifs à qui nous apportons uneaide logistique (technique, administrative,financière...). C’est un choix culturel. »

Quelle est le rôle de la municipalité dans lacréation de la Maison des Cultures de Pays ?« Le projet d’un équipement culturel étaitdéjà inscrit dans les statuts de l’UPCP.En 1985, la municipalité a eu envie de soute-nir cette initiative qui participait à la valorisa-tion du patrimoine et de l’identité culturelle deParthenay et de la région. Il s’agissait de pro-mouvoir la culture régionale, élément d’unegrande curiosité. La Maison des Cultures dePays n’a vu le jour qu’en 1993. Un parachu-tage aurait risqué de déséquilibrer le tissu asso-ciatif local. C’est pourquoi une action de préfi-guration a été mise en place avec le festival"De Bouche à Oreille" en 1987 pour rompreavec l’image folklorique "paille dans lessabots" et arriver à construire un festival quidonne une autre image des musiques tradition-nelles, souvent métissées, pariant sur la ren-contre des publics et la modernité. »

CONTACT Métive - Dominique PassebonMaison des Cultures de Pays

1, rue de la Vau-St-Jacques - BP 0379 201 Parthenay cedex

Tél : 05 49 94 90 70 - Fax : 05 49 94 90 71E-mail : [email protected]

Favoriser les pratiquesculturelles artistiques

L’action de Métive est aussi de tou-cher les gens qui sont les relais del’information, les enseignants parexemple, lorsqu’ils ont envie d’intégrerla culture régionale dans leur pro-gramme. « Nous leur proposons desstages autour du conte, de l’oralité, dela musique dans le cadre d’une anima-tion ou d’un projet plus élaboré (classenaturelle, classe du patrimoine),explique Dominique Passebon, lesinterventions se font à Parthenay et danstoute la région. Métive met aussi enœuvre des stages d’été, des ateliers deformation (violon, accordéon, chant)dans les écoles de musique municipalesou dans des conservatoires de région » .À l’heure actuelle 500 élèves sont ins-crits dans des ateliers gérés par Métive,450 dans des ateliers animés par lesassociations. Pour les encadrer, Métivea un formateur à plein temps et 6 vaca-taires qui interviennent en danse, accor-déon, violon, harpe selon les demandes.

Des musiques traditionnelles et métissées

La création et la diffusion de l’exis-tant constitue le troisième axe dedéveloppement de Métive. Deuxtemps forts : les Feux de St-Jacques,un rendez-vous par mois d’octobre àjuin, et le fest ival De Bouche àOreille, en août. Le premier a cetteparticularité de se faire conjointement

avec une des associations deParthenay, Gonzo Collectif, dans lecadre du label Scènes de MusiquesActuelles, et d’ouvrir la programma-tion à toutes les musiques rock, jazz,et musiques tradit ionnelles. DeBouche à Oreille , le festival desmusiques traditionnelles et métissées,a lieu en Gâtine et à Parthenay. Ilpeut proposer de la musique tradi-tionnelle dans ce qu’elle a de plusenracinée, ethnique, pour fairedécouvrir des musiques particulièresdu bocage poitevin ou encore d’ungroupe musical turc, tunisien ou qué-becois. Mais aussi de la musique tra-ditionnelle hexagonale avec musi-ciens amateurs ou professionnels, quicréent parfois avec des musiciensjazz ou rock (Occidentale de Fanfare,Hundsbuam Miserablige) ou encoreune création à la commande.

Pour Jean-Pierre Tissanié, Présidentde l’UPCP, il est important de « pou-voir faire ressentir toutes les caracté-ristiques d’une culture pour qu’ellesoit utilisée sous des formes contem-poraines par des artistes, qu’elle nesoit pas vécue comme une référencede musée, mais prenne vie dans unprojet ». Et d’ajouter : « Notre voca-tion est aussi de travailler avec toutesles personnes qui ont des projets etcette même préoccupation de valori-ser le patrimoine régional. »

Photo : Jean-Louis NeveuCollection Métivefi

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Équilibre en Poitou-CharentesAteliers Parole de Rue à Pougne-Hérisson

Équilibre en Poitou-Charentes

Quand le monde du conte, à travers leconteur et comédien Yannick Jaulin, participeà la dynamique d’un village.

Frédérique Planet

conteur musical et théâtral sont abor-dées (mise en scène, jeu dramatique,chant, musique, mouvement…). Lesparticipants viennent d’ailleurs sou-vent de loin. En contrepoint et pourtravailler sur le champ du local, deschantiers d’écriture et d’initiation auconte ont été ouverts pour les ama-teurs. Les enfants ne sont pas oubliésdans l’histoire. L’atelier “Paroles derue” a en projet des classes de conteavec des enfants de Chevilly-Larueen région parisienne, avec laquelleest jumelée Pougne-Hérisson.

15Culture & Proximité n°7

sonorités toutes de ron-deur et de drôler ie :Hier “Pougne-Hérisson” et “La vie desroses”, aujourd’hui“Rien que du beaumonde”.

Au-delà de l’aspect spectaculaireet cocasse de la biennale, cet teannée c’est l’Euro-vœu (« Deux ansavant l’Euro, Pougne-Hérisson esttoujours en avance »), une structurepermanente L’atelier “Paroles derue” a été créé, en 1996, pour aiderà la création de spectacles et organi-ser des formations autour de l’ora-l i té. Pour que le parlanjhe vive,« parce qu’il y a nécessité d’ouvrirdes pistes, des sillons culturels enmil ieu rural », a f f i rme YannickJaulin. Des stages sontorganisés avec le sou-tien de l’AFDAS pourdonner aux comédienset conteurs profession-nels des out i l s pourcons -truire leur spec-tacle. Parce qu’il s’agitd’une discipline nou-velle entre le théâtre derue, le show-bizz et leconte façon ancienne,toutes les spécificités du

CONTACTAtelier Paroles de Rue

Frédérique Pariset - Cécile Renault79130 Pougne-Hérisson

Tél : 05 49 63 79 37 - Fax : 05 49 95 67 24E-mail : [email protected]

Le Nombril du Monde

Qui aurait pensé qu’un jourla pet i te commune dePougne-Hérisson (400 habitants) enPays de Gât ine devienne « LeNombri l du Monde » et drainejusqu’à 4 000 visiteurs et artistespour célébrer cet événement mémo-rable au 15 août ? C’était sans comp-ter avec l’esprit facétieux d’un enfantdu Pays, le comédien et conteurYannick Jaulin pour que la magieopère. « I l se di t , même ic i àPougne-Hérisson, que toutes les his-toires du monde sont parties d’ici, dela mine, il y a très longtemps. Il sedit qu’elles reviennent incognito,oiseaux de passage sur les épaulesd’étranges humains mâcheurs demots. » C’était sans compter aussisur le soutien audacieux du maire dePougne-Hérisson, Bernard Bouleau,et une participation active des habi-tants depuis 1992. Le petit monde dePougne-Hérisson se retrouve au fildes spectacles de Yannick Jaulin, quimêle avec bonheur le français et leparlanjhe (patois du Poitou) aux

Le petit monde de Pougne-Hérisson

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Équilibre en Poitou-CharentesLe CLUB MARPEN à Tusson

Équilibre en Poitou-Charentes

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E n 1968, au sein de l’associa-tion Marpen (le nom vient de

la forteresse de Merpins vieux bourgà Cognac) un groupe d’adolescentspassionnés d’archéologie et adhérentsà l ’Union Rempart portent leurréflexion sur le devenir de l’architec-ture rurale. L’abandon, dans lesannées 1970, de ces villages, provo-qué par l’exode des populations versles pôles urbains les transforme envéritable champ de ruine. Un villageretient plus précisément leur atten-tion, Tusson. L’association va se lan-cer dans une expérience particulière-ment exigeante où il s’agira autant« de restaurer des témoignages denotre histoire, que de construire oureconstruire des hommes ».Son directeur, Jackie Flaud, artisan decette histoire depuis ses débuts, nousdonne quelques clés de cette réussite.

Sauver le patrimoine rural« À Tusson, village de 350 habitants,l’architecture témoigne d’un passé his-torique riche qui va du néolithique auXXe siècle. Jusqu’aux années 1950, ilresta une place marchande riche que lamécanisation de l’agriculture verras’éteindre et qui transformera brutale-ment la vie économique. En un demi-siècle, sa population se réduit de 1200à 350 habitants, son patrimoine trèsriche se perd, le village se meurt douce-ment. Des personnes du village, l’abbéDucouret et le maire, M. Vinzent,demandent à l’association de fairequelque chose.En 1976, le ministère de la Culture,dans le cadre du 7e plan, sélectionneTusson (avec 3 autres villages dePoitou-Charentes) pour faire partied’une opération pilote appelée “valori-

sation des zones rurales”. L’idée :concentrer des moyens en réhabilita-tion et en animation du bâti sur un vil-lage par département afin d’en faireune opération exemplaire.L’association Marpen conduit les opé-rations de 1976 à 1980, l’ensemble dubourg de Tusson est “site inscrit” (équi-valent sites protégés). Quatre-vingt-dixdossiers de subventions sont instruits etles premiers Chantiers Internationaux dejeunes bénévoles (qui ont encore lieutous les ans) restaurent ce qui deviendrale Musée de la vie rurale. Le villagereprend un peu de vie.

(Re)construire des maisons et des hommesMais pour l’association, le travailparaît inachevé, elle veut aller plus loindans sa démarche culturelle (mieuxrestaurer), économique (développer letourisme, l’animation, l’emploi) maiségalement sociale (aider par des forma-tions qualifiantes des gens en souf-france). Les années 1980 avec leur

cortège de difficultés sociales, de chô-mage, nous conduisent à associer dansle projet de réhabilitation du bâti unedynamique de développement socialpar la formation et l’insertion profes-sionnelle de jeunes et d’adultes en dif-ficulté. C’est un des premiers ChantierÉcole du patrimoine poussant l’inser-tion jusqu’à donner une formationqualifiante. Depuis 15 ans, ce sontquarante personnes par an qui obtien-nent ainsi une qualification.Le Chantier École du patrimoineconsiste à permettre à des personnesen difficultés, jeunes et adultes (âgésde 16 à 60 ans), de conduire un pro-cessus d’insertion sociale et profes-sionnelle à partir de la réhabilitationet de l’animation du patrimoine. Ledispositif pédagogique (voir encadréci-contre) est bien rodé maintenant etsur ces quatre dernières années, letaux de réussite des candidats présen-tés par Marpen aux épreuves du CAPest de l’ordre de 80 %, soit nettementsupérieur à la moyenne nationale. Ils

En vingt ans de présence dans le village de Tusson, dans le Ruffécois, l’associationMarpen a développé un concept qui fait figure de modèle. Leur projet de réhabilitationpatrimoniale et de réutilisation du site rural a toujours lié le développement culturelau développement social.

Restauration architecturale

et narcissique*

Construction d’un mur. Activité pédagogique - Collection Club Marpen

Luc de Larminat

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Équilibre en Poitou-CharentesLe CLUB MARPEN à Tusson

Équilibre en Poitou-Charentes

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participent à la sauvegarde d’un vil-lage mais aussi en aménageant leurpropre gîte d’hébergement, ils se res-ponsabilisent davantage. La formationqualifiante permet à la plupart detrouver un travail après. Pour d’autresce sera dans les activités créées etmaintenant gérées par l’associationcomme le Musée, les gîtes d’héberge-ment, les prestations de services, larestauration, l’animation de classespatrimoine. Ces activités d’animationdu site s’autofinancent à 65 %.

Un tissu économique qui reprend vieEn vingt années de présence àTusson, Marpen a réhabilité et créédes maisons d’habitation, des granges,des fours à pain, le Musée de la vierurale, cinq gîtes (50 lits), la Maisondu patrimoine et le Jardin monastiquemédiéval. Huit mille personnes ontvisité Tusson en 1997, plus de troismille se sont déplacées à la fête dupatrimoine, le café-restaurant et l’épi-cerie ont rouvert, des artisans revien-

ADRESSES UTILESUnion R.E.M.P.A.R.T

Union des associations pour la réhabilitation et l’entretien des monuments et

du patrimoine artistiqueCréée en 1966, elle regroupe 150 asso-

ciations locales qui ont la volonté de res-taurer et de faire revivre un élément dupatrimoine, qui agissent toutes suivant lesprincipes du bénévolat. Véritable réseauau service du patrimoine et du dévelop-pement local. Services : recrutement desbénévoles, formations, chantiers d’inser-tion, classe du patrimoine, promotion etréutilisation des sites, édition “patrimoinevivant”, colloques.

Contact : Union R.E.M.P.A.R.T1, rue des Guillemites - 75004 Paris

Tél : 01 42 71 96 55 / Fax : 01 42 71 73 00Atelier de pédagogie personnalisée

Objectif : répondre de façon perma-nente, individualisée et contractuelle auxdemandes de formations de personnesengagées dans un projet professionnel.

Contact : Atelier de pédagogie personnalisée3, place A. Briand - 16700 Ruffec

Tél/Fax : 05 45 31 36 75Association Chantier École

Contact : Denis Maier6, rue du Docteur Mallet - 15300 Murat

Tél : 05 71 20 04 51

Le Chantier-École se définit « autour d’unedémarche pédagogique où s’articulent unedimension formation, acquisition de savoir-êtreet/ou de savoir-faire, et une dimension produc-tions, les réalisations effectuées durant la for-mation ayant vocation à être utilisées. Le chan-tier-école, au sens strict, se spécifie par l’utili-sation de la démarche de formation-produc-tion pour une action concrète et tangible detransformation de l’espace naturel ou bâti ». Ilen existe partout, dans des châteaux ou desquartiers urbains. À Tusson, Le chantier-écoledu Patrimoine est agréé par la Direction régio-nale à la Formation professionnelle, en tantque centre de Formation aux métiers de laréhabilitation. À ce titre, MARPEN accueille unpublic de 16-25 ans (programme AGIR) etd’adultes dans le cadre de la formation perma-nente, ainsi engagés dans un cycle de forma-tion de 24 mois ou plus, préparatoire aux CAPmenuiserie, charpente, maçonnerie et taille depierre, réunissant les corps de métiers à l’ori-gine de la construction du village. La pédago-gie a pour base la prise en compte de l’indi-

CONTACT Club Marpen - Jackie Flaud53, rue d’Angoulême - 16100 Cognac

Tél : 05 45 82 87 95 - Fax : 05 45 36 19 89à Tusson : 05 45 31 71 55

Extrait “projet pédagogique”du Chantier-École de Tusson

nent : ce sont ainsiune quarantained’emplois qui renais-sent au village.Depuis 3 ans, despersonnes commen-cent à revenir pourcréer des activités,s’impliquer dans leprojet global. La dynamique lancée ily a vingt ans commence à porter sesfruits. Mais l’activité de Marpen nes’arrête pas à Tusson : les sites alen-tours sont aussi restaurés, car c’esttout un espace qu’il faut faire revivresi l’on veut retrouver une plus grandedynamique à l’échelle du “pays”.Nous pouvons développer encoredavantage les activités économiques,les stages scolaires, les animationsculturelles et nous en avons encorepour 20 ans de réhabilitation! Pari gagné mais toujours fragile carcela nécessite du temps et il n’estpas toujours facile de faire com-prendre aux nombreux partenairespublics que ce type de projet est fait

vidu, sa valorisation dans l’œuvre accomplie.Elle s’appuie sur une équipe permanente com-posée de formateurs techniques ayant uneréelle expérience de l’artisanat et de la réhabi-litation, de travailleurs sociaux et de personneschargées de l’accueil. Enfin le partenariat avecl’atelier Pédagogique du Ruffécois permetl’intervention, au sein même de la structure,d’enseignants en français et maths. Lesméthodes d’enseignement tiennent compte duparcours de leurs stagiaires qui ont connu denombreux échecs scolaires dans le systèmeclassique. C’est donc un système de formationpersonnalisée qui est mis en place, chaqueélève est pris en compte dans sa globalité(centres d’intérêt, vécu…) Les caractéristiquesdes constructions sur lesquelles interviennentles ateliers du Chantier École : • être des supports de développement local,générateurs de richesse pour la collectivité,

• être d’une réelle qualité architecturale etconstituer des témoignages de l’histoire du “pays”,• être reconnus comme tel par les déci-deurs financiers.

* LA FORMATION QUALIFIANTE DU CHANTIER-ECOLE DE TUSSON

Taille d’une fontaine - Collection Club Marpen

d’avancées mais aussi de reculs.Malgré nos acquis il faut toujoursconvaincre, renégocier. Pourtant, ilest évident que dans notre région,la réhabi l i ta t ion du patr imoineconstitue l’enjeu du siècle à venir,mais à une condition, que soient glo-balisés développement culturel etdéveloppement social. »

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Équilibre en Poitou-CharentesLa ville de Rochefort

Équilibre en Poitou-Charentes

Émilie Giandre

Affiliée depuis 1974 au réseaunational des Villes d’Art et

d’Histoire, Rochefort développe toutau long de l’année une véritable poli-tique d’animation de son patrimoine.La municipalité s’est ainsi engagéedepuis une vingtaine d’années dansune politique systématique de réutili-sation de son patrimoine bâti : la miseen valeur de l’architecture du centre-ville datant du XVIIe siècle, la restau-ration de la Corderie royale de 1976à 1988, la Grande Poudrière del’Arsenal achevée récemment. LaCorderie royale devenue CentreInternational de la Mer, l ieu demémoire et de vie consacré à la meret à l’activité maritime (expositions,documentations…) permet d’accueillirun nombre de touristes croissant maisaussi de conserver nombre d’emploisartisanaux. Ainsi depuis un an, on

La restauration et l’animation de son patrimoinemonumental sortent Rochefort de sa torpeur.

peut visiter un vaste chantier, celui dereconstruction de la frégate de LaFayette l’Hermione. Véritable spec-tacle qui offre au public la possibilitéde découvrir les techniques deconstruction navale du XVIIIe siècle.Dix ans de travail seront nécessairesaux charpentiers, forgerons, calfats…pour reconstruire cette répliqueexacte de la frégate d’origine. Pour lesRochefortais et leur maire, cette dyna-mique autour de la restauration de laville devait permettre de faire renaîtreleur cité un peu somnolente. Depuis10 ans, au sein du musée d’Art etd’Histoire, un service d’animation dupatrimoine de la vil le a été créé(visites guidées, circuits touristiques)en sus de l’Office du Tourisme. Ceservice organise depuis plusieursannées La Nuit du Patrimoine, laveille de la Journée nationale du patri-

moine, avec desballades musicalesnocturnes. Tous leshabitants y partici-pent en ornantleurs fenêtres depetites bougies. Lethéâtre de laCoupe d’Or, ins-tallé dans unthéâtre à l’italiennedu XVIIIe siècle estun important lieude diffusion, deproduction et decréation. Chaque

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année, il organise deux fêtes popu-laires : “résonances”, concerts franco-phones pendant sept jours et “La fêtedans la ville” organisée en juin sur unejournée, qui est une fête déguisée avecune référence culturelle imposée,comme Rochefort-New-York l’annéedernière qui a attiré vingt mille per-sonnes. Tous les équipements culturelset les deux cents associations (cultu-relles, sociales, caritatives, sportives)participent à cette dynamique lancéeautour de la restauration du patri-moine. 300 à 400 000 visiteurs sur lesite de la Corderie, 25 000 personnesdans les rues pour la “Nuit duPatrimoine”, amélioration du cadre devie, essor économique lié à l’implanta-tion de nouvelles entreprises attiréespar cette région en pleine évolution,cette volonté d’exploiter le patrimoineexistant a complètement changél’image de Rochefort et de ses28 000 habitants.

CONTACTS La Corderie royaleCentre international de la Mer

BP 108 - 17303 RochefortTél : 05 46 87 01 90 - Fax : 05 46 99 02 16

La Coupe d’Or101, rue de la République

17300 RochefortTél : 05 46 82 15 10

Le Musée d’Art et d’Histoire63, avenue Charles de Gaulle

17300 RochefortTél : 05 46 99 83 99

Service du patrimoineTél : 05 46 99 57 17

La Corderie Royale, Rochefort Comité Régional de Tourisme Poitou-Charentes

Maquette de L’Hermione - Photo : Bernard Henry

Faire vivre le patrimoine

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Équilibre en Poitou-CharentesLe CHÂTEAU d’OIRON

Équilibre en Poitou-Charentes

Le village et son château

Olivier Bailly

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Proche de Poitiers, d’Angers et deTours, le village d’Oiron (envi-

ron un millier d’habitants) possède unchâteau datant du XVIe siècle. Depuisjuin 1993, cette petite merveilleRenaissance connaît un second souffleen accueillant une exposition perma-nente d’art contemporain. Depuis jan-vier 1997, le château et la collectionsont administrés par Laurent Heulot (dela Caisse nationale des monuments his-toriques et des sites) et ce qui ne pour-rait être qu’un musée de plus s’avère enfait une « machine à recréer du liensocial ». Ce sont deux commandespubliques qui ont permis de recréer

une véritable communication entre lesOironnais et leur château. En 1993,Raoul Marek, avec eux, réalise un ser-vice de table à tirage limité, « La salle àmanger d’Oiron » : 150 assiettes com-portant sur leur plat la découpe devisages, verres gravés d’initiales auto-graphes et serviettes arborant lesempreintes digitales des mains gauchessont autant de signes de reconnais-sance, d’appartenance et de conni-vence des premiers Oironnais qui ontrépondu présent à l’invitation del’artiste. Chaque année, le 30 juin, ilssont invités par l’association RM 30 juinà partager un repas pris en commundans « leur » château. Depuis 1994,Christian Boltanski, quant à lui, photo-graphie chaque année les classes del’école. Son travail, les Écoliersd’Oiron, s’enrichit régulièrement etprend place sur les cimaises du châteautandis qu’un exemplaire revient auxfamilles. Les fréquentes résidencesd’artistes permettent aussi une bonneinteraction ainsi que certaines initia-tives. Christine Barrière, chargée decommunication du château, sesouvient : « Lors des dix jours de l’artcontemporain, en avril dernier, nousavions sorti l’art du château. Le gara-giste avait accepté de nettoyer sa vitrineet d’y faire trôner un but de handball envitrail, “Panem et circenses” de WimDevoye. Cette année, continue-t-elle,l’épicier nous a prêté son hangar pourla retransmission d’une performancequi aura lieu en mai dans le château. »

BALADE A LA JOURNEE DES PRATIQUES AMATEURS

Au détour d’un champ de vignes au norddes Deux-Sèvres, le village d’Oiron sedécouvre paisible au rythme des vendanges.Mais c’est sans compter sur l’extraordinairemétissage culturel qui se produit chaque pre-mier dimanche de juin dans ce site de vigne-rons. Le château d’Oiron, sa collégiale, sonparc aux essences subtiles, et l’ensemble duvillage, sont le théâtre d’un jour des pratiquesmusicales et chorégraphiques amateurs.

Mue par un esprit de convivialité exem-plaire, s’appuyant sur tous les réseaux exis-tants y compris sur les quelque deuxcents bénévoles d’Oiron, cette manifesta-tion régionale initiée par l’ARDIAMC il y a10 ans, rassemble un nombre croissant degroupes (on en dénombrait 105 en 1997) etde publics de tout poil (12 000 personnesl’année dernière !)

Du chant grégorien au trash, tous lesrépertoires et toutes les esthétiques entrenten résonance et se métissent... tout commeles publics. Blandine Delcroix

Les habitants d’Oiron et l’art contemporain associésà la restauration d’un château du XVIe/XVIIe siècle.

CONTACT Château d’OironChristine Barrière - 79100 Oiron

Tél : 05 49 96 57 42 - Fax : 05 49 96 52 56

Decentre Acentre 92 : Tom Shannon - Photo : D. Von Shaewen

Façade du Château d’Oiron Photo : L. Lecat

Outre ces expositions temporaires,Oiron s’est également ouvert à desjournées de formation à l’histoire del’art. Nul doute que les élèves, lesartistes ou les simples touristes sontun potentiel économique pour laville dont l’unique hôtel s’est déjàagrandi et dont la restauration est àl’avenant. Mais c’est encore insuffi-sant, même si, constate le maire,Pierre Piot, « l’association des Amisd’Oiron a l’intention de créer desstructures d’accueil ».

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A n n o n c e s

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Daniel Redler,directeur d’Arfacs, président d’Art et Société

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L’avis d’un acteur culturel sur des notions qui lui sont chères,

comme le lien social, la proximité, les rencontres artistiques, la

médiation, les métissages, la solidarité, la démocratie, la

participation, le bien collectif, le service public, la convivialité,

le développement communautaire, l’alternative économique.

.................................................................

L’association Arfacs, que nous avions rapidement présentée dans Culture & Proximité n° 6, aété créée début 1991 par des professionnels de l’action culturelle et de l’action sociale afin delutter contre l’exclusion des artistes et des acteurs culturels, et pour contribuer au

développement de l’emploi dans ce secteur. Arfacs se donne pour objectif de générer les moyensd’une « démarginalisation » socio-économique des activités culturelles et d’une promotion despersonnes : en participant aux différents dispositifs d’insertion et de lutte contre l’exclusion parl’accompagnement au projet, en développant des actions de formation adaptées aux secteursconcernés correspondant à un marché existant ou potentiel, en aidant à la création demanifestations et d’événements culturels, en proposant des interventions d’animation ou d’actionculturelle, en créant les structures économiques (entreprise d’insertion par l’économique, parexemple) pouvant servir de relais et d’outils à l’insertion. Dans sa démarche, Arfacs s’appuie sur lapédagogie de projet. Démarche centrée sur l’engagement, le désir de la personne à exister dans unacte social et dans sa capacité à convoquer et utiliser toutes les ressources qui sont les siennes.Démarche également centrée sur l’humanisation de l’économie, c’est-à-dire sur la prise en comptede cette dernière dans le cadre d’une « économie sociale », une économie « au service del’homme ».

Arfacs est également l’une des structures à l’initiative de la création d’Art et Société, un regroupe-ment national de réflexion et d’action pour l’insertion des artistes, qui organise une circulation desinformations, déclenche des rencontres régionales pour démultiplier les confrontations et approfon-dir les réflexions. Daniel Redler, directeur d’Arfacs et président d’Art et Société, a également étéinvité du comité de pilotage d’une étude sur les bénéficiaires du RMI ayant une activité ou un pro-jet artistique. Cette étude donne des informations statistiques complétant les analyses qu’il a pumener dans le cadre de l’expérience d’Arfacs, qui accueille plus de 400 bénéficiaires par an.

Le nombre de porteurs de projets artistiques, disposant d’un niveau de formation initial élevé,semble croître régulièrement, bien que les perspectives de débouchés en termes de créationd’entreprises et d’emploi restent assez fermées, en l’absence de dispositifs d’accompagnementadaptés et de dispositifs institutionnels de soutien à la création d’activités dans ce secteur. Le RMIserait ainsi en passe de devenir un “sous-statut” d’artiste. Il paraît urgent de prendre ce problème àbras-le-corps, en particulier dans le cadre des réflexions menées sur l’activation des dépenses pas-sives, et des débats qui entoureront le projet de loi contre l’exclusion.

Daniel Redler,directeur d’Arfacs, président d’Art et Société

Dans les pages suivantes, Daniel Redler soulignel’importance de soutenir et accompagner les porteursde projets de services culturels bénéficiaires du RMI

Contact : Daniel Redler - Arfacs24, bd. du Jeu de Paume - 34000 Montpellier

Tél : 04 67 58 54 15 - Fax : 04 67 58 49 03

Point de vue

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d’urgence, apportant des ressources à des personnesen réelle difficulté, connaissant d’importantes fai-blesses sur le plan professionnel. Depuis 1992, nousconstatons que les données ont changé, le niveaud’études et de qualification des bénéficiaires étant,en moyenne, de plus en plus élevé.Dans le domaine artistique, une sorte de“culture” du RMI s’est déclarée, dont la significa-tion n’est pas à interpréter à la légère. Elle est lacontrepartie d’une absence d’offres sur le marchédu travail et de l’emploi. Les jeunes, en particu-lier, ont le sentiment que leur avenir professionnelest bloqué. Il n’en ressentent pas moins le besoinde s’émanciper de leur famille, de devenir indé-pendants, d’accéder à un statut social.Aussi, des personnes s’emparent du RMI pourfaire quelque chose, disposer de temps pour existeret se faire connaître dans certains milieux. À titreindicatif, c’est aujourd’hui le seul moyen pour bonnombre de plasticiens de continuer à peindre et des’inscrire dans des réseaux, ou c’est l’instrumentutilisé par des amateurs de théâtre pour créer unejeune compagnie, car ils pensent avoir peu dechances d’intégrer une troupe professionnelle. Le RMI leur apparaît comme une solution précaire,difficile à vivre. Ils ressentent un malaise face à cequi devient progressivement un échec, une peur etune révolte d’être obligés de se réorienter vers

d’autres secteurs profession-nels, et dans tous les casd’accepter emploi ou activiténettement en dessous de ceque devrait leur ouvrir la for-

mation effectuée et les compétences techniquesacquises. Mais en même temps, cette solution, bienque transitoire, leur ouvre un espace de liberté ;liberté de pouvoir construire un projet, projet devie autant que projet d’activité, ces deux aspectsétant liés et inséparables.Le projet culturel est toujours d’analyse com-plexe, pouvant se tourner plutôt vers la création,ou plutôt vers l’action. La création n’a pas d’autrefinalité qu’elle-même ; l’artiste souhaite êtrereconnu et vivre de la production de ses œuvres,mais son premier souci est de trouver le moyend’exprimer ce qu’il a à dire. L’action, en revanche,vise un rapport d’échanges avec des usagers, un

Des porteurs de projets culturelsbénéficiaires du RMI…

public, des clients, et a pour ambition essentiellela recherche d’un statut social. Les projets culturels tournés vers l’action ontnette ment tendance à se développer, ce qui est lesigne, à mon avis, d’un net renversement de pers-pectives en cette fin de siècle sur les fonctions de laculture, sur la nature de l’activité culturelle. Depuisune cinquantaine d’années, elle a plutôt été penséesous l’angle de l’idéologie, que l’on retrouve expri-mée par exemple au travers des mouvements del’éducation populaire, ou à partir du couple créa-tion/diffusion autour duquel se focalisent les poli-tiques publiques, la commande institutionnelle. Mais les porteurs de projets d’activités sont trèsrarement pris en compte, en tant que tels. Il estclair que la culture peut être aujourd’hui conçuecomme un service, comme un ensemble de ser-vices, dépassant alors les problématiques de l’idéo-logie et du couple création/diffusion. Pourtant onne pose pas vraiment les questions essentielles : dequoi et comment vivent les porteurs de projets cul-turels ? Sont-ils formés à monter des projets, àcomprendre et maîtriser les éléments qui ordon-nent les structurations de l’échange ?Il est étonnant que les actions visant à former etsoutenir ces porteurs de projets ne soient presquejamais financées par la Culture. L’accompagnementde bénéficiaires du RMI se présente dès lors commeune sorte de laboratoire de réflexion et d’expérimen-tation sur les services culturels de demain. L’entrée«insertion» permet en effet d’embrasser directementun ensemble de questions, car ce champ a bienpour vocation de traiter les difficultés qu’un publica de trouver, dans son secteur professionnel propre,des débouchés à ses compétences, à ses forma-tions, et en plus, ici, à son engagement.La Culture, au sens du tissu formé par les diffé-rents acteurs et décideurs de ce domaine, ne peutplus ignorer que sa responsabilité est bien plusglobale que celle de favoriser l’éclosion et la diffu-sion des œuvres, de former les esprits et de dyna-miser le lien social, et, même si ces rôles restentprépondérants, elle se doit aussi de participer,avec les partenaires institutionnels et ceux de lasociété civile, à la réflexion de ce que pourraitêtre une action et une économie de « servicescultu rels », lesquels s’inscriraient à la fois dans unrenouvellement de la demande culturelle, et à lafois dans les stratégies de développement local.

Les porteurs de projet sont trèsrarement pris en compte

«Quand le Revenu minimum d’insertion aété institué, il permettait de répondre à des situations

Point de vue

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Les résultats de l’étude réalisée par Temsis pourla Préfecture de Paris, la Délégation interministé-rielle pour le RMI et le ministère de la Culture, met-tent bien en évidence le nombre important debénéficiaires du RMI se référant aux métiers artis-tiques et technico-artistiques, le haut niveau de for-mation initiale de ces personnes, la très grande pré-carité de l’emploi qui reste attachée à ce secteur, etl’insuffisance de réponses. (voir page suivante)L’offre d’insertion a de grandes difficultés àprendre en compte et valider la demande d’inser-tion du bénéficiaire. Elle a du mal à se situer entreune réponse de type socioculturel (par exempledonner quelques moyens pour élaborer une expo-sition), et une réponse plus strictement écono-mique (recherche d’emplois et projets de créateursd’activités), en passant par l’aide individuelle àl’acquisition de moyens (financement de press-book, de CD, achat d’instruments, etc.) ou par lefinancement de formations dont la pertinence estparfois difficile à juger par les acteurs du secteursocial. C’est cette situation qui nous semble com-porter un risque majeur, celui, à terme, de créer etd’entretenir une confusion entre le droit au béné-fice du RMI et un quelconque statut ou plutôtsous-statut d’artiste.Il est donc urgent de générer des actions adap-tées à la spécificité et à l’identité de ce secteur.Ces actions, tout en ouvrant des solutions socio-professionnelles individuelles, devraient formerl’exemple de l’émergence d’un secteur de nou-veaux services dont la culture serait le pivot prin-cipal, et qui, tout en s’articulant autour de lanotion de développement local, permettraitd’accompagner les graves turbulences qui agitentles secteurs de l’économie et de l’emploi, enrépondant à des besoins et des demandes qui nes’expriment pas facilement.Parmi les projets que nous avons pu suivre, ontrouve, pêle-mêle : l’animation d’ateliers danse etla création de spectacles, le management et lapromotion de groupes musicaux, la création degaleries d’exposition, l’organisation d’ateliers sco-laires, la création de journaux écrits ou audiovi-suels, de photothèques, l’initiation à l’art contem-porain de publics défavorisés, la restauration ou lacréation de vitraux, l’ébénisterie, la peinture sur T-Shirt, la vente de produits d’artisanat, des cours demusique, des studios d’enregistrement et l’organi-

sation de concerts, des animations de quartierautour de l’urbanisme, des animations culturellesen milieu rural, des stages de développement cor-porel, l’organisation d’événements culturels…Notre réflexion et notre expérience, et lesdemandes des bénéficiaires, nous ont conduits àexpérimenter différents types de réponses qui sedéclinent en quatre points principaux : l’évalua-tion des projets, l’accompagnement, le soutien àla création d’activité, une bourse d’emplois. Lessoutiens proposés passent par des formulessouples comprenant entretiens individuels, mise àdisposition d’outils de travail, facilitation dudémarrage et du test d’activités par la notion de“couveuse d’entreprises culturelles” offrant desservices multiples (secrétariat, conseils d’experts,prêts de locaux, documentation, etc.)Mais rien n’est simple, etles mutations auxquellesnotre monde doit répondredépassent souvent de beau-coup ce que nous avonsappris à repérer. La nais-sance du regroupementnational “Art et Société”, et le projet que nousavons d’aider à la création et à l’animation deréseaux locaux destinés à soutenir des projetsd’entreprises dans le secteur de l’économie cul-turelle, sont tout autant d’efforts que nousengageons pour mutualiser les compétences etles énergies de tous ceux qui se préoccupentde ces questions, et souhaitent promouvoir lesnécessaires mutations.

L’Art et la Culture comme expression del’Homme, nous connaissions depuis longtemps.Ces mêmes concepts comme moyens d’éducation,de développement personnel et d’intégrationsociale, nous en avons bâti les théories en début desiècle, et en avons développé les actions après ledernier conflit mondial. Aujourd’hui, il s’agit defaire face à une nouvelle réalité, celle du statut dutravail et de l’emploi dans un univers technolo-gique qui restreint la place de l’homme autant dansla production industrielle que dans les services. Etc’est en référence à cette réalité que l’on doit pen-ser et peut être inventer le rôle économique desdomaines artistiques et culturels, sans en dénaturerni la fonction sociale ni la finalité humaine.»

…signe de mutations socio-économiquesqu’il est urgent d’accompagner.

L’émergence d’un secteur denouveaux services dont la

culture serait le pivot principal

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LES BENEFICIAIRES DU RMI AYANT UNE ACTIVITE OU UN PROJET ARTISTIQUE

Étude réalisée par Temsis, pour le ministère de la Culture, Délégation auDéveloppement et aux Formations, département de l’Économie et desFormations, pour la Délégation interministérielle au RMI, et pour le départe-ment de Paris. Janvier 1998.

Quelques éléments relevés dans la note de synthèse du rapport d’étude(cette note ou le rapport complet pouvant être obtenus auprès de l’un oul’autre des commanditaires de l’étude) :• Ils représentent environ 3,4 % des allocataires du RMI, avec une forteconcentration à Paris et dans quelques départements du Midi. Estimés à35 000 personnes, la population active référencée dans les métiers concer-nés étant de 220 000 personnes.• Ce sont des personnes plutôt jeunes, vivant souvent seules et d’un assezhaut niveau de formation initiale. À noter que près des 3/4 des artistes allo-cataires ont déjà une expérience artistique.• Cinq profils d’artistes sont esquissés : l’artiste cherchant à vendre sesprestations ou ses productions (30 %), l’allocataire cherchant à trouver unemploi dans le secteur culturel (20 %), l’allocataire cherchant ou prêt àaccepter un « boulot alimentaire » (20 %), l’artiste qui cherche une voiealternative dans le secteur culturel en montant un projet (20 %), l’allocatairedont la situation semble bloquée (10 %).• Les pratiques d’accompagnement et d’aide à l’insertion de cette popula-tion sont problématiques. Du point de vue des travailleurs sociaux, cettepopulation d’allocataires nécessite un traitement social différencié, assezdélicat. Globalement, sauf dans quelques départements, les actions spéci-fiques en direction de cette population sont encore peu développées. Lesdispositifs qui existent ne touchent que peu d’allocataires et sont assez peuconnus des travailleurs sociaux. Les moyens financiers dont disposent lesstructures d’accompagnement à l’insertion sont rarement proportionnés autravail réalisé, et nécessitent des partenariats multiples.• Comme pistes de réflexion et de travail :– En amont, sensibiliser les différents responsables départementaux et lesComités locaux d’insertion sur la spécificité de cette population.– Développer des plates-formes locales d’insertion, impliquer les réseauxassociatifs du secteur culturel et ceux de l’économie solidaire.– Impliquer davantage les acteurs culturels, comme monter des « réseauxde métiers » permettant de répondre aux besoins ponctuels d’entreprises despectacle, multiplier les lieux et occasions d’exposition, développer lesinterventions artistiques en milieu scolaire…– Il conviendrait de réfléchir à un « statut intermédiaire » assurant unecouverture sociale, qui permettrait souvent aux plasticiens de sortir du RMIet développer une activité légale.

Point de vue

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T andis que le statut de l’enfant consommateur s’affirme dèsson plus jeune âge, il semble que l’on fasse peu de cas de

ses capacités créatrices. Ainsi, concernant moins de 1% des élèves,la loi de 1988, donnant pour la première fois un cadre obligatoireaux enseignements artistiques à l’école, est peu appliquée. Face aupoids des disciplines scientifiques, l’Éducation nationale reste dansson ensemble réfractaire à l’éveil des sens.

Reléguée au rang des vœux pieux, l’intervention d’artistes à l’écoleproduit pourtant des effets bénéfiques non seulement sur les enfants,les classes, mais aussi, lorsqu’ils sortent des murs, sur la vie d’unquartier et même d’une ville. Pour en témoigner, nous avons analysédeux de ces trop rares initiatives. À Paris, en dépit de la modestie deson budget, avec le projet du Musée Imaginaire, élèves, équipespédagogiques, associations, parents, commerçants, habitants sontdevenus complices d’une fiction collective où les pirates ont fourni leprétexte à de multiples événements. À Mulhouse, grâce à unevolonté municipale forte, un partenariat éducatif se tisse entre ensei-gnants, bibliothécaires, artistes, institutions… Autour d’actions dedécouverte du livre et de la lecture, tous se mobilisent pour la réus-site scolaire des enfants de la ville.

Pour clôturer ce dossier, nous vous proposons un éventail des dis-positifs de coopération Éducation-Culture. Car si paradoxalement lerejet de certaines disciplines, notamment artistiques, se constatesouvent à l’école, les interventions culturelles proposent des sensi-bilisations séduisantes et provoquent parfois une réconciliationavec l’école elle-même : au-delà de l’acquisition des savoirs,l’élève y explore les dimensions propres au bonheur de l’enfance,tels l’amusement, l’imagination, le rêve. Convaincu de leurs vertus,le philosophe Gaston Bachelard n’écrivait-il pas : « Un être rêveurheureux de rêver, actif dans sa rêverie, tient une vérité de l’être, unavenir de l’être humain. »*

* La Flamme d’une chandelle, Gaston Bachelard, PUF 1961

L’école hors-les-mursCoordination : Réjane Sourisseau

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DOSSIER

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Un projet d’animation théâtrale avec les écolesle Musée Imaginaire

INFOS COMPLÉMENTAIRES• Autrefois nommée la Dame de Canton,l’authentique jonque fabriquée en Chine quiarbore aujourd’hui le pavillon GuinguettePirate est installée depuis 1995 le long desquais de la Seine. Depuis 97, en plus desconcerts (en moyenne 3 par semaine), ladiffusion culturelle s’est diversifiée : soiréesthématiques, festival événement, activitésjeune public… Co-gérée par une association etune SARL, elle emploie 11 salariés (6 pourl’association et 5 pour la SARL).• Association loi 1901, le Théâtre du Tohu-Bohu né en 95, se consacre à la création (LeBricoleur d’histoires, Au pays des Boulons), laformation (ateliers) et l’animation théâtrale enmilieu scolaire (l’Atelier des contes àBesançon, la Grotte des contes à Dijon)• Partenaires financiers Musée ima ginaire :DRAC=40 kF, DDJS=10 kF, FAS=30 kF,CAF=20 kF, contribution écoles=15 kF, créditsZEP=1 kF (Ile-de-France)+DDJS Doubs= 15 kF

Réjane Sourisseau

Riche en promesses, le MuséeImaginaire est le nom du projet

né de la rencontre entre Julie de Muer,chargée du développement de laGuinguette Pirate, jonque spectaclesamarrée aux pieds de la Bibliothèquenationale, et Loïc Deschamps, directeurde la compagnie Tohu-Bohu, originairede Besançon, spécialisée dans le théâtrejeune public. Tous deux décident d’ani-mer le quartier Patay-Tolbiac (Paris,XIIIe) à partir d’interventions en directiondes scolaires. Les objectifs ? Ouvrirl’école sur son environnement et inciterdes personnes de tous horizons à segreffer sur un canevas initial grâce à unepréparation très en amont. Pour Julie,responsable des opérations, « la tramenarrative, axée sur la recherche d’un tré-sor de pirates, était à la fois le prétextepour “faire l’école autrement“ et poursemer une “zizanie“ dans le quartier enintroduisant l’imaginaire dans le quoti-dien. Ne me demandez pas s’il s’agitd’un projet ou social, ou pédagogique,ou ludique, ou culturel. Il est tout cela àla fois. C’est cette unité que je reven-dique. » Fi des clivages ! Pour Loïc,après un essai transformé à Dijon, sur lethème des sorcières, l’envie était de tra-vailler à nouveau avec les écoles, selonun principe : faire participer. « Nousne vendons pas un produit fini, affirme-t-il, l’histoire qu’on propose au départest un simple squelette. Il ne prendcorps qu’avec la participation de tous.Ce qui nous intéresse, c’est construireensemble, au jour le jour. »Début 97, démarre le tour des parte-naires possibles : écoles, structuressociales et culturelles des alentours…L’intervention suscite des idéesd’actions connexes (p. 31). Deux desquatre écoles primaires visitées sont

sélectionnées : l’école Château-des-Rentiers, en Zone d’Éducation priori-taire et celle située 30, place Jeanned’Arc, soit près de 500 enfants.L’été est mis à profit pour réaménagerle projet en fonction des diverses sugges-tions et pour planifier le déroulement quialliera la rigueur à la fantaisie. Répartissur deux mois, les quatre cycles pro-grammés ont été ponctués par des

réunions avec les enseignants afind’assurer un suivi pédagogique perma-nent (p. 32). À partir d’octobre, lesenfants sont invités dans différents lieuxculturels (la Guinguette, les Voûtes, leLierre) à écouter les récits des Fabu -lologues (alias Tohu-Bohu). Passant aussidans les classes, ces derniers répandentune incroyable nouvelle : des piratessont actuellement à la recherche d’untrésor. Tout le monde se lance sur lapiste. Aussitôt, les phénomènes les plusextravagants s’enchaînent : apparitionde pirates sur le toit d’une école, pré-sence d’objets curieux dans les classes,échanges de morceaux de plan dans lesrues, remise de clés du trésor par descommerçants… De fil en aiguille, lesenfants réalisent que les pirates sont enfait les personnages d’un écrivain (p. 30).Et depuis le final, sous un grand chapi-teau, pour fêter la victoire contre Willyle Borgne, tout semble rentré dansl’ordre. En apparence…

À bord de la Guinguette, convertie en Musée Imaginaire, les 4 Fabulologues racontent leurs souvenirs de voyage

CONTACT Guinguette Pirate36, rue Château-des-Rentiers - 75013 Paris

Tél : 01 53 82 02 04 - Fax : 01 53 82 04 06Tohu-Bohu

6, rue Auguste Grange - 25870 MonceyTél/Fax : 03 81 62 51 28

Conçu par la Guinguette Pirate et le Théâtre duTohu-Bohu, le projet du Musée Imaginaire a rythmédeux mois de la vie de deux écoles du XIIIe arrondisse-ment de Paris et du quartier.

La guinguette

PIRATEThéâtre du

TOHU-BOHU &

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l’organisation de sa classe en coopérative, pourla possibilité qu’il offrait aux enfants d’exercerleur curiosité et de montrer la variété de leurstalents, il souhaitait qu’ils apprennent à être auto-nomes, à monter des projets, à travaillerensemble. Prendre des responsabilités, rendredes comptes par rapport à ses engagements, allervers les autres, ne sont pas des apprentissagesqu’on fait à l’école habituellement. Et pourtant,c’est ça aussi, être citoyen. »

père était cuisinier sur unbateau de pirates. À la fin,j’y croyais presque ! Et puis,le jour J est arrivé. La mai-son était remplie d’enfants,tous assis sagement. Unvrai bonheur ! Ça leur aplu, les a intrigués : par lasuite j’ai dû revoir deux fillettes qui voulaientdémêler le vrai du faux. Il y aura sûrement desprolongements puisque j’ai proposé d’assurer dusoutien scolaire avec l’une des classes.

Ce projet est positif, parce que inhabituel etqu’il reste un jeu. La participation des adultes etdes enfants me rappelle l’héritage de Freinet, cetinstituteur du début du siècle, qui fut l’un despremiers dans l’histoire de la pédagogie à avoirdéveloppé les méthodes actives. Connu pour

En s’offrant comme partenaire techniquedu projet, le Théâtre du Lierre entérine sa capa-cité d’ouverture au quartier.

Implantée au Théâtre du Lierredepuis 15 ans, la compagnie du

Lierre, dirigée par le metteur en scèneFarid Paya, s’est au départ consacrée àses propres créations. Depuis ces der-nières années, le Lierre ne se contenteplus d’être un lieu d’exploitation : ils’est ouvert à des compagnies amiespour devenir aussi lieu de recherche etde rencontres, organise de nombreusesséances pour des collèges et lycées. Ilcherche aussi à se faire connaître duquartier : travail en direction des per-sonnes accueillies par l’Armée duSalut ou le foyer SNCF tout proches,organisation de stages gratuits l’étédernier qui se poursuivent aujour -d’hui… et collaboration réussie avecle projet du Musée Imaginaire.

Une mise en scène de rue : les enfants échangent desmorceaux du plan du trésor avec les pirates

« Nous avions déjà pensé travailler avec laGuinguette, en y organisant des dîners de pre-mière par exemple… Mais quand le projet a étéprésenté, n’ayant pas de programmation jeunepublic, on ne voyait pas comment s’impliquer.Or, en raison de travaux imprévus, la poursuitedes séances avec les Fabulologues n’était pluspossible sur le bateau. Nous nous sommes pro-posés pour les accueillir gratuitement. Le projetm’a passionnée tout de suite. Gamine, j’auraisrêvé de vivre une telle aventure. En tant quecompagnie, on s’est senti solidaire. Sans notreaide, la suite du projet aurait peut-être été com-promise. Ça a été un peu un casse-tête, maisnous nous sommes donné les moyens de conci-lier la vie du théâtre, les répétitions de la compa-gnie et l’accueil des enfants. Nous avons changénotre emploi du temps pour ouvrir le théâtre dès

le matin. Il a fallu aussi s’occuper de la sécurité(déclarations de responsabilité civile, assurance,décharges…) On a même un peu participé àl’intrigue : c’est le régisseur qui donnait par télé-phone une énigme à un gamin. C’était un plaisirde voir les enfants dans cet état d’excitation, horsde l’école. Ils nous prenaient en affection, en tantque témoins de leur aventure. Par la suite, le lieua servi de repaire aux Tohu-Bohu, lorsque qu’ilsavaient besoin de se changer, de se réunir. Onleur a prêté des accessoires… Ça restera unexcellent souvenir. Au départ, ce fut délicat pourconvaincre le metteur en scène, c’était le débutdu processus de création. Mais, on a prouvéqu’en s’organisant, il peut se passer autre choseque des répétitions privées dans un théâtre. Àl’avenir, si on souhaite s’engager dans un autreprojet, ce sera plus facile, le CA nous suivra. »

Maïa Vaynes, chargée de relations publiques

Jacqueline, membre de l’association Bourgoin (voir p. 31)

Reçues chez Jacqueline pour récupérer une des clés dutrésor, deux classes découvrent la langue des signes. Plaisirpartagé qui devrait se prolonger par du soutien scolaire.

« Quand j’ai su qu’une histoire de pirates setramait, j’ai vraiment eu envie d’y participer, defaire quelque chose avec les enfants du quartier.Avec le temps, on perd le contact avec eux. LesTohu-Bohu m’ont proposé de recevoir desenfants pour leur remettre une des clés du trésor.J’ai pensé utiliser la langue des signes –j’enseigne les mathématiques à des adolescentssourds – pour leur faire déchiffrer une énigmeavant de leur remettre la clé. J’ai préparé lesséances avec les instituteurs. Pour les CM 1,c’était l’apprentissage de l’alphabet dactylogra-phique et une phrase en langue des signes(L.S.F.), pour les CP juste quelques mots en L.S.F.pour désigner les membres de leur famille ou desanimaux. Seulement, il me fallait broder une his-toire. J’ai dû faire marcher mon imagination…Alors, j’ai inventé : mon arrière-arrière-grand-

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Les jeux du hasardPremière troupe de théâtre pro-grammée à la Guinguette Pirate, laCompagnie des Filles de Joie y fait laconnaissance des Tohu-Bohu. « Unsoir, raconte Nicolas Jaillet, son fon-dateur, j’étais en retard. Spontané -ment, Tohu-Bohu a fait patienter lepublic en entonnant des chants demarins. Notre spectacle s’appelait LaMer à boire ! Ça s’est si bien passéqu’ils nous ont précédés pour lesreprésentations qui ont suivi. Depuis,on a gardé un préambule chanté quia créé une connivence décontractéeavec les spectateurs. En tournant dansles bars, les hôpitaux psychiatriques,on avait énormément appris : il fautsans cesse s’adapter à la configura-tion du lieu. La rencontre avec Tohu-Bohu a été une autre étape de notreévolution. On s’était promis de tra-vailler ensemble.

Isidro, à la manière de ThéséeUn jour, ils m’ont demandé dejouer Isidro. Dans l’histoire, c’estl’écrivain qui a quitté son île parceque les pirates se sont échappés deson roman. Il puise dans ce qui se vitdans le XIIIe la matière pour en pour-suivre la rédaction. Les enfants se

voient devenir les héros d’une his-toire qui s’écrit à leur insu, qu’ilslisent chaque matin dans le Carnetd’Isidro tenu en fait par les institu-teurs . Le processus es t for t !Omniprésent mais invisible, un peucomme Thésée dans Phèdre, Isidroest devenu primordial. Les enfantsl’ont réclamé. Même si ce n’était pasprévu, il a fallu le faire apparaîtrephysiquement. L’idée était de théâ-traliser la mise en scène pour garderle mystère du personnage. Dans lesécoles, j’ai donc surgi du trésor.Nous avions répété, il y avait unetrame, mais j’ai dû improviser. J’enai peu l’habitude, contrairement àTohu-Bohu très à l ’aise dans cegenre d’exercice.

Inventer pour continuer à croireCette apparition, en rupture avecle style très direct des Fabulologues,a déçu certains enfants. Une classe amenacé de ne plus vouloir jouer.Mais Tohu-Bohu a su se servir decette mini-dépression pour réamor-cer la pompe. C’est encore sous lapression des enfants que j ’ai dûréapparaître au final sous le chapi-teau. La démarche est expérimentale

C’est Isidro-l’écrivain qui surgit du trésor, au beau milieu de la cour d’école

au sens où les enfants ont réellementcontribué à écrire l’histoire. Dans lefond, ils avaient toujours envie decont inuer à croire , parce qu’unmonde avec des pira tes es t unmonde plus beau. Comment conti-nuer à faire croire ? Cette questionest au cœur de la démarche deTohu-Bohu et de tout artiste qui veutraconter des histoires. Isidro est lesymbole de cette dialectique entre laréal i té e t la f ic t ion. Avec mestroupes, j ’ai aussi joué pour desenfants. On sent dans les classes oùrègne une forte discipline une sortede frustration. I ls auraient envied’exprimer leur joie mais aussi leurinquiétude : ils assistent à l’un destout premiers spectacles de leur vie.À chaque fois, il faut réinventer l’artde raconter, expliquer par exemplepourquoi ils sont dans l’ombre etnous dans la lumière. C’est reveniraux racines premières du spectacle,renouer avec ses ins t incts . Lesenfants sont toujours là pour rappe-ler à l’ordre. Je leur en suis infini-ment reconnaissant.

Contact : Association Labo - N. Jaillet73, av. Arnold Netter - 75012 Paris

Tél : 01 43 44 12 10

En incarnant le personnage d’Isidro-l’écrivain, Nicolas Jaillet, comédien, enrichit sa réflexion sur lesformes de narration théâtrales. Présentation des rouages de l’intrigue.

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Associé au projet du Musée Imaginaire par le biais d’un atelier sculpture animé par Tohu-Bohu, le centresocial Chevaleret réoriente depuis ses propositions pour les jeunes et espère collaborer avec des écoles.

Contact : Centre Social Chevaleret1/3, rue Eugène Oudiné - 75013 Paris

Tél : 01 45 83 42 97

Au sud du XIIIe, il y a une dizained’années, un collectif d’habitants semobilise pour sauvegarder le quartierBourgoin-Nationale menacé de destruction.De cette action de résistance, qui aboutit auclassement de la zone, restera l’envie deprolonger le plaisir d’être ensemble.L’association Inter-National-Bourgoin estnée, qui scelle la convivialité des rapports devoisinage. Composée d’une cinquantaine debénévoles, elle organise depuis 10 ans laFête des Vendanges, véritable événementdans le quartier. D’autre part, les “chanteurs-réalistes“ Vania et Jules y animentrégulièrement une chorale. Située àproximité de l’école du Château-des-Rentiers, l’association apporte parfois uneaide à des projets éducatifs pour les élèves, etquelques-uns de ses membres ont des enfants

L’association de quartier Bourgoin relance sa chorale avec des chants de marins.

La machine à voyager

D’emblée enthousiasmée par le projet duMusée Imaginaire, Martine Salmon, animatricesocioculturelle du Centre social Chevaleret,décide, en lien avec Tohu-Bohu, d’y participerpar le biais d’un atelier sculpture. Animé parRégis, comédien, et Tonio, technicien, l’atelierdémarre fin septembre. Il est suivi une fois parsemaine par une demi-douzaine de jeunes del’accompagnement scolaire.« Pour ce petit groupe de jeunes, expliqueMartine Salmon, l’objectif était, à partir dematériaux de récupération, de réalisercollectivement un objet qui pourrait être exposés’ils le désiraient le soir du final. Cinq ont tenujusqu’au bout. Tout en apprenant à manipulerdes techniques dangereuses comme la soudure àl’arc, ils ont fabriqué une “machine à voyagerdans tous les pays à la vitesse que l’on veut“. Ilsétaient fiers de la présenter sous le chapiteau. Ilsl’ont mise en scène en racontant une histoireimaginaire de sa fabrication et ont fini par unevente aux enchères fictive !

Motiver les jeunes

Auparavant, nos animations avec les jeunesn’avaient pas très bien fonctionné. Déjà, ils onttant de travail qu’il est difficile de leur proposerdes activités périscolaires. Ensuite, nos actionsont été menées avec des animateurs polyvalentspour qui il est difficile de tenir uniquement surdes qualités relationnelles. Les jeunes de l’atelierm’ont beaucoup parlé du technicien. Certainsreviennent aujourd’hui, pour l’instant avec les 6-11 ans. Ils sont en attente. Du coup, ça m’aamenée à me dire que pour continuer à lesintéresser, il faut repartir sur un atelierspécifique. Je crois que la recette, c’est de réunirdes intervenants qui combinent savoir-faire etqualité de contact. J’ai proposé à un habitantd’animer un atelier de sculpture sur polystyrène.Ça peut être l’occasion d’intéresser un bénévoleet de faire participer des jeunes à desconstructions de décors pour les fêtes dequartier. Dans cette cité plutôt repliée, mon rôleest de créer toute l’énergie possible entrehabitants, bénévoles…

Un projet d’envergure

Tout l’intérêt du projet était de se dérouler surle quartier. L’intervention des Tohu-Bohu apermis de coordonner tout un ensemble depersonnes, pour que chacun puisse participer deprès ou de loin. Des liens se sont créés danstous les sens. Je sais par des amis dont lesenfants sont dans les écoles concernées que touta pris des proportions assez inattendues, jusqu’àdevenir omniprésent dans les foyers. Au niveaudu centre de loisirs, on a eu envie de rejoindrele thème proposé, sans le doubler, et on a choisile thème de l’eau dans tous ses états. Lorsquej’ai reçu une classe pour leur remettre une clé,c’était l’excitation la plus totale. Jusqu'à présent,mes liens avec les écoles se résument, dans lecadre de l’accompagnement scolaire, à de raresrencontres avec des enseignants. Pourquoi nepas imaginer de travailler dans un autre lieu,comme un centre social ? »

qui y sont inscrits. En accord avec ladirectrice, elle les met en relation avecl’équipe du projet du Musée imaginaire.L’envie de participer débouche sur unechorale, coanimée par Vania, Jules et lesTohu-Bohu. Pendant deux mois, unevingtaine de personnes, de 30 à 60 ans, seréunissent pour entonner des chants demarins, qui seront présentés sous lechapiteau lors du final. « En début d’année, nous étions à larecherche d’un nouveau répertoire pournotre chorale, raconte Yolaine Farcet ,actuelle présidente de l’association, ceprojet lui a donné un nouvel élan. C’étaitun moment très sympathique. Il fallaitpréserver le secret, car certains avaient desenfants impliqués dans l’histoire. Sous lechapiteau, ça a été un succès formidable, il

y avait un monde fou ! Ça a laissé destraces, puisque maintenant Vania etJules ont intégré des chants demarins à leur répertoire. Ça nouslaissera des bons souvenirs.Imaginez : le plombier dupassage a escaladé lemur de l’écoledéguisé en pirate ! C’estla première fois qu’oncollaborait avec desgens de l’extérieur, lachorale a fourni lesupport. On a étépartants. Ce projetmontre qu’onpeut intéresserdes gens de tousbords, des habitants lambda de la ville. »

MUSEE IMAGINAIRE A PARIS

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Des effets indéniablesMajoritairement séduits, les ensei-gnants, intéressés personnellementpar le projet, déclarent avoir pu touten suivant la même trame communetrouver des prolongements propres àleur classe (95 %*) : dessins, cartes,rédactions… Cette liberté d’adapta-tion, appréciée, s’est concrétiséegrâce à l’extraordinaire réceptivitédes enfants. Le projet leur a donnéenvie de par t ic iper à la c lasse(85 %), de lire, d’écrire à tel pointqu’une enseignante s ’ interrogeencore sur « ce déclic qui a mobiliséautant d’attention ».Du coup, les progrès en expressionécrite et orale ont été significatifs(80 %). Une enseignante souligne :« En prenant du sens, l’écriture deve-nait presque naturelle. Les barrièreset blocages se sont ef facés. J ’aiobservé un réinvestissement positif etintell igent des savoirs acquis enamont. » Ainsi, pirates et grammaireont fait bon ménage !

Au-delà des exploitations pédago-giques au sens strict, à l’unanimité,les inst i tuteurs revendiquent unapport essentiel du projet : avoir sti-mulé la prise de parole, l’écoute etl’échange. « Ce fut, déclare l’und’eux, pour des CP vierges de toutelecture et d’écriture, un bain d’oralphénoménal. »Rendant les enfants solidaires, l’évé-nement a soudé les classes. « C’estincroyable, s’étonne un enseignant, à6 ans, âge égocentrique, être capablecollectivement de mettre au point unestratégie pour rouler des pirates ! »Même surprise pour l’une de ses col-lègues : « J’avais essayé sans succès demettre au point une pédagogie diffé-renciée pour unifier les deux niveauxdifférents de ma classe, mais avec ceprojet-là, ça a marché, parce que tousles enfants ont été mis en valeur. » Cepouvoir fédérateur s’est répercuté surtoute l’école : au moment des récréa-tions, la cour était en effervescence.

La fréquence des sorties (adaptée à95%) a procuré à chaque classe sesmoments magiques : la poésie desobjets du Musée Imaginaire sur laGuinguette Pirate (séance appréciéeà 95 %) pour les uns, Théâtre duLierre pour les autres… Pour la moi-tié des enseignants, elles ont favoriséla découverte du quartier, des lieuxet des personnes. « C’était motivant,s’enthousiasme l’un d’eux, de voirtoutes ces personnes extérieures segreffer au projet. On intriguait lescommerçants en sortant déguisésdans la rue. Les enfants communi-quaient. Le projet a permis des ren-contres. On en est arrivé à recevoirtrès naturellement l’autre école pourla reconstitution du plan. »Par ces circonstances inhabituelles,les enfants ont pu dévoiler des quali-tés parfois étouffées par le contextescolaire normal. En particulier, lapart de rêve et d’aventure a donnélibre cours à leur intarissable pouvoird’imagination. Si les enfants se sontsans doute étonnés eux-mêmes, plu-sieurs enseignants reconnaissentavoir découvert certains de leursélèves. Au bout du compte, pour untiers des enseignants, le rapport-maître-élève a été modifié. « Il m’asemblé, déclare l’un d’eux, que notrerelation s’humanisait. » Le péda-gogue devenait l’adulte avec qui lesenfants vivaient une aventure. « Cesont les enfants qui nous emme-naient, dit une enseignante, i lsétaient franchement acteurs, maisquand on revenait à l’école, chacunreprenait son rôle. »

L’enquête réalisée par les organisateurs auprès de la vingtaine d’enseignants des deux écolesconcernées, les témoignages issus des réunions régulières et de divers entretiens avec les équipespédagogiques donnent une mesure de la réussite du projet du Musée Imaginaire. Synthèse.

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parents a bien réagi. L’école ne pourrait pasvivre à ce rythme toute l’année. Il faut êtredisponible, prêts à intervenir… Personnen’imaginait que cela absorberait autant lesesprits ! Mais c’était formidable. J’auraisregretté de ne pas avoir vécu cette expé-rience avant mon départ en retraite : çabouillonnait ! Il n’y a rien de pire qued’avoir la sensation d’une école qui ne vitque derrière ses murs. »

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Mobiliser toute l’école« En juin dernier, pour justifier auprès de

l’Administration le temps qui serait consacréau projet à la rentrée, nous l’avons inscritdans notre projet d’école, axé sur l’expres-sion écrite et orale. Le souci légitime del’inspecteur était que les intervenants neremplacent pas les instituteurs et que nousgardions la maîtrise du projet pédagogique.L’école ne doit pas tout attendre de l’exté-rieur pour passionner les enfants.

Sur 14 instituteurs, 12 (faute de place) ontété volontaires pour participer. Le squelettede l’intrigue, chargé de propositions, afourni à chacun, en fonction de son degréd’investissement, un support pour trouverdes prolongements avec ses élèves. Des tra-vaux d’une grande richesse sont sortis desclasses. Les enfants de toute l’école en par-laient énormément. Ç’aurait été dommaged’en mettre arbitrairement à l’écart.Un bouillonnement imprévu

Il se passait quantité d’événements dontj ’étais souvent la seule au courant à

l’avance. Mon rôle était de faire circulertoutes les informations, de coordonner lesplannings, de veiller à ce que les règles desécurité soient respectées lors des déplace-ments – ça a été le cas… J’ai dû aussirépondre à quelques parents inquiets quantau suivi du programme, à ceux qui reliaientles difficultés de leur enfant aux histoires depirates. C’était l’occasion pour eux de res-sort ir leurs angoisses. La majori té des

Responsable auprès de l’Inspection du suivi des programmes, garant de la sécurité des enfants, interlocuteur référent pour les parents, agent de liaison entre artistes et instituteurs, le rôle des directrices des deux écoles impliquées a été essentiel à la réussite du projet.

Entretien avec Mme Cordin, directrice de l’école 30, place Jeanne d’Arc, 340 élèves.

Pacte narratif ou manipulation ?Bien que jugé judicieux par les ensei-gnants (90%), le choix du thème despirates a suscité chez la moitié desenfants des réactions de peur, sentimentambivalent capable de stimuler ou d’inhi-ber. Si les enfants ont bien vécu l’histoire(90%), l’un d’eux s’interroge en cestermes : « En tant qu’enseignant commeen tant qu’homme, je me suis demandéjusqu’où on pouvait laisser croire. Nousavons touché une dimension fondamen-tale de l’enfant : son imagination. A-t-onle droit de faire intrusion aussi profondé-ment dans leurs vies ? Le statut du maître,d’adulte référent s’est trouvé en porte-à-faux. » Fallait-il avouer que tout celan’était que conte pour rassurer ? Les avis

sont restés partagés. Pour les uns, cespeurs font partie de l’univers enfantin, leprojet n’a fait que leur donner l’occasionde s’exprimer et peut-être de les dompter.Pour d’autres, il n’y avait pas abus deconfiance, les enfants faisaient semblantde croire. Ils pouvaient rompre le pactenarratif conclu avec les fabulologues sil’histoire ne les intéressait plus.

Les améliorations possiblesSortir de la routine, expérimenter unmode de travail inconnu a conduitnombre d’enseignants (68 %) à réinterro-ger leurs pratiques professionnelles. Lerythme parfois soutenu a impliqué plus detravail (68 %), donné à certains le senti-

ment d’être submergé, et créé des inquié-tudes quant au respect du programme(16 %). Avec le recul, certains ensei-gnants pensent que les prolongementspédagogiques d’un tel projet pourraientêtre encore davantage creusés, de mêmeque des adaptations éventuelles par rap-port aux tranches d’âge (21%). Quant àl’unique séance d’initiation au théâtre,elle a donné l’envie de poursuivre.« Je pense que rétrospectivement,conclut un instituteur, les enfantspourront dire que c’est la plus belleaventure qu’il leur ait été donné devivre à l’école. »* Les pourcentages indiqués sont issus des résultatsdes questionnaires diffusés auprès des enseignants.

MUSEE IMAGINAIRE A PARIS

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Au départ, il y a cette idée :faire sortir l’école de son tableaunoir, l’obliger aussi, en quelque sorte,à être au pied du mur, dans la rue,dans la ville, mais aussi sur les lieuxde mémoire, musées, théâtres, centresculturels, et autres points de rencontre.À Mulhouse, l’école a pris les bottesde sept lieues pour une destinationprécise : la « réussite scolaire ». Cemot que Denis Rambaud, adjoint aumaire, ne consi-dère pas commeun simple sloganest avant tout, unpremier pas versle dialogue.

Une charte departenariat« On a mis, nous dit-il, toutes noscapacités en commun pour cette “réus-site scolaire” alors que rien administrati-vement ne nous oblige à le faire. Il nousa paru important que chacun, dans ladiscussion, puisse interpeller l’autre surson domaine de compétence.Interpeller, discuter, dialoguer, maisaussi construire, envisager un nouveauvisage de la ville, n’a en soi rien d’évi-dent. Le partenariat n’est pas une idéesimple. N’est pas partenaire qui veut : laloi d’orientation pour l’école de 1989(voir p. 38), nous a fait prendreconscience de la nécessité du partena-riat. Cette loi a instauré un débat quinous a permis d’aller plus loin, notam-ment en créant la CPC (Commissionpermanente de concertation) dontj’assure la présidence et qui réunit tousles partenaires pour les travaux dans lesécoles. Ce partenariat n’est pas qu’unedéclaration de “bonnes intentions”. Destas de gens se sont effectivement mis àtravailler ensemble. »Après le vote, en 1994, du Contrat

de Ville, le Fonds d’action sociale, laCaisse d’allocations familiales, leConseil Général, la municipalité etl’État ont signé en 1995 une charte departenariat pour la réussite scolaire.Trois axes sont prioritaires : l’apprentis-sage du langage (lecture, écriture), lacréation des BCD (BibliothèquesCentres documentaires) dans les écolesélémentaires et maternelles, et le parte-nariat éducatif : mobilisation desparents et intervenants extérieurs.

Plan BCD et classes lectureSortir l’école hors les murs, agrandirl’espace de tout apprentissage, c’estaussi accepter une remise en question« L’idée, explique Sarah Hurter,conservateur à la Média thèque deMulhouse, c’est de mettre en contactles enseignants avec des profession-nels du livre autres que des bibliothé-caires, c’est montrer, par exemple, lechemin de la librairie – les livres desti-nés aux BCD, achetés sur des créditsattribués par la ville, sont choisis avecl’aide des bibliothécaires ou directe-ment auprès du libraire local. C’estmettre en place des actions lecture-écriture associant enseignants, biblio-thécaires et intervenants variés(cf p. 35). Depuis deux ans, on a crééles “classes lectures” pour insuffler unedynamique forte autour du livre. Cetteinitiative comprend des actions sur leterrain, la formation de parents béné-voles, l’accueil de classes “transplan-tées”, étape prolongée dans une struc-ture d’accueil aménagée, le centre duWaldeck situé sur les hauteurs deMulhouse. Comme on ne peut pass’installer définitivement dans un lieud’accueil, on a créé une BCD mobilequi sert également à la formation desparents et des enseignants. Pour lesrallyes-lecture, organisés en fin

Un plan pour la réussite scolaireautour du livre

d’année, ou les défis-lecture qui ontlieu chaque printemps pour fêter l’écri-ture, toutes les escales sont bonnes.Parfois ce sont des vagabondages dansdes lieux emblématiques, comme laFilature où s’organisent les grandesrencontres musicales, le Tram, pourconnaître l’histoire des transports, oula Maison de la Céramique. Aprèstoutes ces actions, on a incité lesenfants à revenir nous voir après laclasse. On s’est aperçu que même lesplus jeunes revenaient spontanémentet qu’ils s’exprimaient différemment.Ils parlaient des livres et ils en par-laient bien. Pour nous, adultes, quiparlons si mal de l’enfance, c’est laplus belle des leçons ! »

À Mulhouse, grâce à une volonté municipale forte, les partenaires sociaux, culturels et éducatifs de laville se mobilisent pour placer la réussite scolaire au rang des priorités. Autour du livre et de la lecture,un travail exemplaire est engagé.

Valérie Marchand

CONTACTSHôtel de ville - 2, rue Pierre et Marie Curie

68062 Mulhouse Cedex Tél : 03 88 46 48 48Médiathèque - 19, Grand Rue - BP 1109

68100 Mulhouse Cedex Tél 03 89 46 52 88

Atelier calligraphie : Denise Lach

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Thierry Christmann, illustrateur pour les éditions Milan, a été le coéquipier deJacques Lindecker. Pour lui, l’intérêt du projet réside sur le long terme :

« J’essaye de montrer auxélèves comment je travaille. Jepasse des diapos de l’évolutiond’un dessin détaillant les diffé-rentes étapes qui vont del’esquisse à la mise en couleur,puis je leur explique qu’il y ades gens derrière le livre. Cetteprésentation sert à ce qu’ils nesoient pas découragés dans leurprocessus de création. L’intérêtdu plan de réussite scolaire,

c’est de permettre à des créateurs de sortir de leur tour d’ivoire et d’agir à long terme. Le secondintérêt, c’est de retrouver la notion d’un réel échange. En général, lorsque j’illustre un livre, j’aiaffaire à mon éditeur et je ne travaille pas avec un écrivain. Là, les choses sont différentes. Le dia-logue est toujours enrichissant quand on ouvre des fenêtres dans la tête des enfants. »

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Pour ouvrir toutes grandes les portes de l’expression et de lacommunication, des artistes, des conteurs bénévoles mènent desactions de sensibilisation aux métiers du livre.

Pour Jacques Lindecker, auteur pour lajeunesse, la reconstruction de soi passe parla réconciliation avec une identité qui n’estplus sous influence du petit écran :

« Les “classes lectures” auxquelles je participe pro-posent à l’enfant de se plonger pendant une semainedans un bain de lecture dans un lieu en dehors del’école, comme au centre Waldeck qui se situe en périphérie de la ville. Dans ce lieu, on a amenéune BCD mobile afin que chacun puisse trouver les livres dont il avait besoin. On y a monté diffé-rents ateliers et on a initié l’enfant aux étapes successives de la fabrication d’un livre. Mon rôle estcelui d’un accompagnateur. Je leur apprends à créer des personnages, à composer des dialogues, àfranchir toutes les barrières qu’ils ont parfois vis-à-vis du langage. La lecture a vraiment un rôled’intégration. Paradoxalement, ce sont les enfants les plus pauvres qui ont une télé dans leurchambre. En général, ils n’ont pas de livre chez eux. Leur imaginaire est entièrement dominé parce qu’ils voient à la télévision. J’essaye donc de les réconcilier avec leur identité. La télé, c’est unfacteur d’exclusion terrible. Nous, on leur sert de boîte à idée. On leur montre qu’ils n’ont pas àsubir le monde qui les entoure et qu’il y a en eux des ressources qu’ils ignorent. »

Graveur et lithographe, Marc Gadaintervient depuis trois ans en milieuscolaire, notamment à la Médiathèquede Mulhouse, où il vient d’initier lesenfants à la confection d’ex-libris :

« Depuis maintenant trois ans, je participeau projet de réussite scolaire. Cette aventurem’a autant remis en question que les enfants.Cette initiation, peu coûteuse financièrement,permet aux enfants de visualiser un patrimoinequ’ils ignorent, puis de faire parler leur imagi-nation. Au début, il y a un travail qui est des-tiné à la BCD de leur école. On part d’unmonogramme en essayant d’associer la lettreet l’image. L’ex-libris ajoute une plus-value aulivre. Cela crée un lien affectif, personnalise lalecture. Pour qu’un enfant aille au livre, il fautqu’il se sente en confiance et qu’il l’intègredans son univers. Ce qui est essentiel, c’est demontrer aux enfants qu’on peut respecter lelivre et qu’avec peu de moyens on peut créerson propre imaginaire. »

À l’âge d’être grand-père, Henri Pfendler, conteur bénévole,intervient dans l’opération “1,2,3, contez” :

« Cela fait cinq ans que j’interviens dans les bibliothèques et lesécoles. Au départ, je n’avais pas de dispositions particulières. Je n’avaisjamais raconté d’histoires à mes enfants. J’ai donc suivi quelquesstages de formation technique. Le but du jeu, c’est d’oublier le livre.C’est de faire de chaque enfant un interlocuteur, un compagnon de jeu,le relais en quelque sorte d’une transmission qui, je l’espère, conti-nuera après nous… » Marie-Hélène Gendrin, Conteuse

REUSSITE SCOLAIRE A MULHOUSE

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Homme de terrain, Hamadi Ajilil’est à plus d’un titre, d’abord auservice Éducation de la ville deMulhouse où il exerce différentes fonctions,avant de rejoindre l’équipe mise enplace par Denis Rambaud pour menerle plan pour la réussite scolaire. Pour ceMulhousien d’adoption, profondémentsensible au travail d’équipe : « Le par-tenariat éducatif, c’est un peu une ges-tion intelligente du conflit. Il faut réap-prendre à chacun à tenir compte desautres et d’autre part à s’exposer. Etrepartenaire, c’est être responsable. C’estaussi s’accepter soi-même et oser semontrer. Ce n’est donc pas un acte àsens unique, mais un véritable engage-ment vers l’autre. C’est également uneépreuve pas toujours facile à vivre. Lesenseignants et les acteurs associatifs n’ysont pas particulièrement préparés.Certains éprouvent des difficultés àmontrer ce qu’ils savent faire.

En finir avec un discours à sens uniqueLa principale difficulté, c’est de pas-ser d’un métier très structuré à l’inté-rieur de l’école à une prise de parole,et donc à une remise en question.Cela bien sûr est loin d’être évident.On apprend à enseigner, mais onn’apprend pas à aller discuter avec lesparents. Notre priorité a donc été "unpartenariat pluridisciplinaire". Ainsi,un projet ne prend vie et n’est validéque s’il s’inscrit dans une démarchepartenariale. Chacun doit donc trou-ver un interlocuteur et entreprendredes recherches de dialogue. Parallèle -ment, les partenaires signataires de la

charte ont décidé de travaillerensemble autour d’objectifs, de priori-tés et de diagnostics communs. Ils sesont engagés à mobiliser les moyensnécessaires pour y parvenir. Pour cefaire, ils disposent d’un outil de dia-gnostic et d’aide à la décision :l’Observatoire de la réussite scolaire.Créé à l’ init iative de la vil le deMulhouse et de l’Éducation nationale,il permet une photographie et uneanalyse de la situation des écoles dela ville, du CE2 à la 6 e.

Des avancées localesPour contrer l’échec scolaire, ilfaut localiser la difficulté et remonterainsi au plus près de son histoire. Lerôle du coordonnateur consiste àmettre en œuvre la charte selon sesaxes prioritaires. À ce titre, il assure

Nommé par la ville, l’État et le Fas, Hamadi Ajili exerce les fonctionsde coordonnateur. Il est chargé d’orchestrer les actions mises enplace dans le cadre de la charte pour la réussite scolaire.

le lien entre les partenaires et les ins-titutions. On a voulu apprendre auxuns et aux autres à t ravai l lerensemble et inculquer par exemplel’idée que lire, c’était agir et partici-per à la vie de la cité. Ainsi, lesclasses lectures sont une collabora-tion réussie entre le scolaire et lepériscolaire. Au-delà de la multipli-cat ion et la diversi f icat ion desactions éducatives, le fait de débattreau niveau de cette petite ville de lanature même de l’école, c’est déjàune avancée considérable. Jusqu’àprésent, les partenaires locaux ontprivilégié l’action et le savoir-fairepar rapport à la communication del’expérience de Mulhouse. La réus-site scolaire, la culture, c’est l’affairede tous à condition de bien cerner lademande de chacun. »

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Instituteur depuis quinze ans àl’école Brossolette, Patrick Febvay-Choffel, ce Vosgien expatrié àMulhouse, connaît son quartiercomme sa poche : « Il fait partie demon histoire. C’est aussi un peu laraison pour laquelle je n’ai pashésité. Dès qu’on nous a présenté le“plan de réussite scolaire”, je me suislancé dans l’aventure.

De nombreuses casquettesLa première année a été une annéede réflexion. On a créé une fonctionque j’occupe actuellement : un demi-poste d’enseignant qui permet d’être làau moment où il faut. Mon rôle ? Faireen sorte qu’il y ait une réelle osmoseentre les parents, les enfants, les ensei-gnants et les associations. Comme jetravaille à mi-temps, je bénéficie d’unedouble casquette. Je suis à la foisenseignant et animateur, intervenant etcoordonnateur. Il faut vous dire quec’est la première fois qu’il y a un réelpartenariat entre les financeurs. Audépart, cela n’a pas été simple. Il afallu “essuyer des plâtres”, organiserdes réunions, expliquer à chacun quel’on agissait dans l’intérêt de l’enfant.

Une pédagogie à deux vitessesEt puis, on a eu une idée. Nous vou-lions décaler les horaires de façonque les activités d’éveil soient beau-coup plus efficaces. Il nous a paruimportant que le temps biologique del’enfance soit pris en compte. Lecontrat d’aménagement du temps del’enfant est une particularité pédago-gique qui permet à chaque enfant de

progresser à son rythme. On a doncréduit l’horaire hebdomadaire à25 heures et on a diminué lesvacances de six jours. De 10 heures àmidi, les enfants se consacrent à desactivités d’acquisition, c’est-à-dire àun apprentissage qui exige de l’atten-tion et de la mémoire. Le créneau quiva de 15 à 17 heures, est réservé auxactivités de “réinvestissement”. Onmet en pratique ce qu’on a apprisrécemment ou on revient sur ce quin’a pas été compris.

Initiations artistiquesPour préparer les élèves à cet appro-fondissement, on a prévu, entre 13h30et 14h40, un moment de détente. Cetteheure propose une vingtaine d’activitéspériscolaires. Chaque enfant s’inscrit à3 activités différentes par semaine. Cesactivités leur donnent la possibilité defaire autre chose et autrement,d’apprendre librement et spontanémentde nouvelles expressions artistiques(conte, cirque, théâtre, danse, photo,poterie etc.). Ces initiations ont lieudans le quartier avec la participationdes associations locales. Une navette aspécialement été mise en place afin defaciliter les déplacements et pour queles enfants apprennent à aller vers laculture. Une restitution commune deces projets a lieu sous forme de spec-tacle ou d’expositions. Cette année, ce

sera une comédie musicale superviséepar un compositeur professionnel.

Ouvrir son temps à d’autres horizonsEnfin, on a prévu un petit déjeunertournant qui a lieu trois fois par tri-mestre et qui associe les parents et lesenfants. Pour nous, cette première ren-contre est essentielle. Les enfants arri-vent, quand ils veulent, entre 8 h 30 et9 heures, choisissent les différents ate-liers auxquels ils vont participer(puzzles, livres, jeux de société, infor-matique). Le but, c’est d’être moinsstressé. C’est d’apprendre à envisagerl’école sous un angle différent. Ce pre-mier accueil est donc un moment departage. C’est un apprentissage à laconvivialité, dans la diversité. »

Patrick Febvay-Choffel occupe à mi-temps un poste d’enseignantmobile, récemment créé. Il expérimente, en lien avec ses collègues,le “contrat d’aménagement du temps de l’enfant”.

CONTACT École élémentaire 51, rue Pierre Brossolette

68200 MulhouseTél : 03 89 52 25 45

LES CONTRATS ARVEJPrincipe

Signé entre une collectivité et l’État, engénéral pour 3 ans, le contrat ARVEJ(Aménagement des Rythmes de Vie del’Enfant et du Jeune) consiste à organiser pourles jeunes d’une commune (de la maternelleau lycée) des activités sportives et culturellesainsi que des temps de détente et de repos. Ilspeuvent s’appliquer à des entités géogra-phiques variées, du quartier au département.Initiés par les ministères de l’Éducationnationale, de la Jeunesse et des Sports et dela Culture (circulaire du 31/10/95), lescontrats ARVEJ sont expérimentés sur plus dedeux cents sites.FinancementLe financement conséquent de la collecti-vité est complété par celui du ministère de laJeunesse et des Sports, éventuellement de laCulture auquel peuvent s’ajouter le FAS, laCAF, les MSA (Mutuelles sociales agricoles).

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PANORAMA DES PRINCIPAUX

DISPOSITIFS

L’ATELIER DE PRATIQUE ARTISTIQUE

PrincipeL’atelier de pratique artistique a pourvocation de faire découvrir une disci-pline artistique à des élèves dans lecadre des activités scolaires. Dans le pri-maire, il se déroule pendant le tempsdes cours (dans ou hors l ’école).L’ensemble de la classe participe à unesérie d’ateliers (en moyenne une cin-quantaine d’heures par an) coanimés parun créateur et l’enseignant.

FinancementPour bénéficier d’un financement dela DRAC, l’artiste intervenant dans l’ate-lier doit être reconnu par cette dernièrecomme professionnel.

LA CLASSE CULTURELLE

PrincipeSur le modèle des classes de décou-verte de type classe verte ou classe deneige, la c lasse cul turel le es t uneclasse transplantée qui vise à immergerles enfants dans un lieu patrimonial oude création artistique contemporainependant une semaine (loi du 14 sep-tembre 1989).Expériences d’une grande richesse, lesclasses culturelles sont complexes àmonter et supposent une grande motiva-tion du lieu d’accueil et de l’instituteur(organisation de l’hébergement, montagefinancier avec des partenaires de régionsdifférentes…) C’est pourquoi apparais-sent les classes culturelles de proximité,fonctionnant sur le même principe, maissans transplantation.

FinancementEn plus de l ’a ide appor tée parl’Inspection académique et la DRAC dela région d’accueil (dépenses d’inter-vention des professionnels), la munici-pal i té dont dépend l ’école peutprendre en charge les frais d’héberge-ment, de transport et d’encadrement.La participation des parents est généra-lement sollicitée.

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— Quel est le rôle de la missionculturelle d’une académie ?

Le rôle de la cellule action culturelled’une académie est de gérer le suivides enseignements et pratiques artis-tiques (ateliers, options…), d’impulserdes activités culturelles dans les éta-blissements scolaires.

— Quelles sont les objectifs d’uneintervention culturelle à l’école ?

L’objectif est de faire vivre des pro-jets qui permettent aux élèves d’accé-der plus sûrement, culturellement ethumainement au monde qui est ou quisera le leur. L’objectif, c’est aussid’offrir une part de créativité auxélèves, chose rare dans le parcoursscolaire. Le but de l’intervention d’uncomédien n’est pas de former de futursacteurs, mais d’aider des élèves às’exprimer de façon personnelle etmieux encore à être, tout “simple-ment“. Une discipline artistique peutêtre un support pour de nombreusesdécouvertes. Par exemple, travaillerautour de l’opéra, ce n’est pas seule-

ment montrer le spectacle dans saphase finale. Cela peut être fairedécouvrir que l’opéra représente unesoixantaine de corps de métiers.

— Quelles sont les possibilités deformation pour un enseignant ?

Pour que des actions culturellesaient une réalité, il faut que les ensei-gnants soient préparés, car la présenced’un intervenant extérieur bouscule lescomportements et les habitudes. Cesont des métiers différents et chacundoit respecter le travail de l’autre. Pourque l’enseignant inscrive l’action dansla durée, il faut aussi qu’il développeses compétences dans le domaineconcerné. Or, la sensibilisation auxdisciplines artistiques n’est pas prévuedans la formation des enseignants (àpart pour les professeurs de dessin oud’arts plastiques.) A priori, la formationdont un enseignant dispose en cinémapar exemple, c’est celle qu’il s’est don-née. Outre ces possibilités de forma-tion d’ordre privé, les enseignants peu-vent parfois bénéficier des plans deformation dispensés par les académies.

Concernant à peine 1 % des élèves de l’Éducation nationale, les parte-nariats entre écoles, artistes et établissements culturels restent rares. Le point sur différents dispositifs et l’avis de Jean-Marie Tourratier,responsable de la mission action culturelle du rectorat de Paris.

CoopérationÉducation ---

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LE JUMELAGE

PrincipeLe jumelage désigne la collaborationrégulière entre une structure culturelle et unou plusieurs établissements scolaires (circu-laire du 30 mars 92). Visant à prolongerdans la durée l’ouverture d’une école surson environnement culturel de proximité, lejumelage intervient généralement en prolon-gement d’une première action communeréussie. Il concerne l’ensemble des élèvesd’un ou plusieurs établissements. Trèsvariées, les activités menées dans le cadred’un jumelage (qui se formalise par la signa-ture d’une convention pluriannuelle) vontde la rencontre avec des artistes à la forma-tion des enseignants…

Financement Heures supplémentaires d’ensei-gnants, mise à disposition de personnelsculturels, crédits spécifiques attribuéspar le rectorat, la collectivité territorialedont dépend l’école…

LES SITES EXPÉRIMENTAUX D’ÉDUCATION ARTISTIQUE

PrincipeInitiés par les ministères de la Culture,Éducation nationale et Jeunesse et Sports,les sites expérimentaux d’éducation artis-tique (au nombre d’une vingtaine), consis-tent à proposer, sur un territoire préalable-ment défini (quartier, canton, ville…) desparcours artistiques et culturels à tous lesenfants d’une classe d’âge.

Défini conjointement par les enseignantset les structures culturelles existant sur lepérimètre choisi, un parcours comprendune vingtaine d’heures d’interventionréparties sur l’ensemble de l’année. Ilaboutit en général à une production desenfants : exposition, journal…

FinancementLes financements spécifiques accor-dés à cette expérimentation complètentles apports des partenaires locaux :DRAC, DDJS, ville, structures cultu-relles impliquées…

— Quelles sont les pistes pour finan-cer des interventions culturelles ?

Dans le cas des ateliers de pratiquesartistiques, c’est la DRAC qui rémunèrel’intervenant sur la base de 20 kF par an,3 heures par semaine, à raison de 32semaines par an. Mais l’enveloppe desDRAC n’est pas extensible, c’est un sys-tème à budget fermé. Du coup, pour cetype d’action comme pour d’autres, onne doit pas se leurrer, le plus souvent ilfaut additionner les possibilités et lespartenaires. Il est de notoriété publiqueque certains ateliers existent sans leconcours de la DRAC. Du côté de l’aca-démie, il est possible d’allouer unvolume d’heures supplémentaires àl’enseignant en fonction de sa politique.Du côté des écoles, une partie du bud-

get du projet d’établissement peut êtreattribué à l’intervenant. Des partenairespeuvent être mis à contribution enterme technique : mise à dispositiond’un local par une mairie, prêt de maté-riel par un théâtre… Enfin, il faut tenterde solli citer le secteur privé. Sur cer-taines opérations, j’ai eu le concours deFrance Télécom ou du Crédit Mutuel.

Comme le soulignait HélèneMathieu*, alors Inspecteur général del’Éducation nationale, quitter le terrainde l’expérimentation, voilà ce quel’on peut souhaiter aux pionniers del’éducation artistique.

--- CultureQuelques repères

PETITE BIBLIOGRAPHIE*Éducation artistique et développement cul-turel, dossier spécial édité par l’Observatoiredes politiques culturelles, supplément aun° 8, été 1994.Direct, lettre de la Délégation au développe-ment et aux formations du ministère de laCulture, n° 23, novembre 96.Le Monde de l’Éducation, Libérer l’Art,n° 243, décembre 1996.Guide de la danse et de l’action culturelle,édité par la Cité de la Musique, Paris, 1997.

CONTACTAcadémie de Paris - Action culturelle

94, avenue Gambetta - 75984 Paris Cedex 20Tél :01 44 62 40 61 - Fax : 01 44 52 470 50

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La compagnie théâtrale de Jean-Claude Penchenat, depuis plus de 20 ans,se porte à la rencontre des habitants de la cité pour renouer avec la mémoire,partager des points de vue, transmettre la passion.

Là où le Campagnol est passé, persistent des empreintes vives et colorées.

aux techniques du théâtre. Celaconduit le Campagnol à s’installer dansles locaux d’une piscine désaffectée duquartier de la Butte Rouge, que lamunicipalité met à sa disposition.Pendant trois années, le Campagnol

lance un projet d’animation intituléUne ville se raconte. Le projet consis-tait à recueillir la mémoire des habi-tants de cette ville, et à théâtraliser cesrécits par des groupes d’amateurs,constitués en ateliers réguliers et ani-més par les comédiens de la compa-gnie. Au printemps 1980, le projetaboutit à une grande fête sur unesemaine, à laquelle participent lesassociations de la ville, sur le thème« Une ville se raconte, une ville se ren-contre. » Les soixante participants de laFoire aux conteurs donnent, sousdiverses formes théâtrales, les récits devies enregistrés, en racontant lamémoire de la ville, de la Belle Époqueà nos jours, en passant par la guerrede 14-18, les congés payés, etc. Uneautre manifestation, le P’tit bal dusamedi soir, réunit sur la place del’église une quarantaine de personnesqui jouent (sans parler) et dansent surune bande musicale durant une tren-taine de minutes. Ces deux manifesta-tions réuniront comédiens amateurs etprofessionnels. Une ville se racontedevient une association loi 1901, indé-pendante du Théâtre du Campagnol,qui assure un travail de formation desamateurs (enfants, adolescents,adultes), animée par des comédiensprofessionnels en liaison avec les créa-tions de la Compagnie. Aujourd’hui,l’association compte 305 adhérents,organise sur l’année 11 ateliers de for-mation et de création, 12 stages endirection des amateurs, 10 ateliers en

C o-fondateur avec ArianeMnouchkine, en 1964, du

Théâtre du Soleil, Jean-ClaudePenchenat s’engage en 1975, à lademande de comédiens de la troupe,dans la mise en scène. Son adaptationdu Triomphe de l’Amour de Marivauxconnaît le succès et marque le début del’histoire artistique de la compagnieThéâtre du Campagnol, qui se prolongeavec une adaptation du roman deCharles Dickens, David Copperfield,dont la production est budgétairementet techniquement soutenue par leThéâtre du Soleil, Ariane Mnouchkinetournant alors son Molière.

Une ville se raconte, le temps d’un p’tit bal du samedi soir

En 1977, un groupe de professeursdu lycée de Châtenay-Malabry solliciteJean-Claude Penchenat pour organiserà leur intention des stages de formation

La compagnie théâtrale de Jean-Claude Penchenat, depuis plus de 20 ans,se porte à la rencontre des habitants de la cité pour renouer avec la mémoire,partager des points de vue, transmettre la passion.

Là où le Campagnol est passé persistent des empreintes vives et colorées.

milieu scolaire, emploie un peu plusde 20 artistes intermittents, 1 adminis-tratrice et 2 personnes attachées à lacoordination et à l’administration.L’idée du spectacle sur le Bal, qui

fera la réputation internationale duCampagnol, prit forme à l’occasion dutravail intensif de la compagnie sur leP’tit bal du samedi soir.Le Bal est créé en 1981 dans un han-

gar de la zone industrielle d’Antony.235 représentations, 145 000 specta-teurs, une tournée nationale et interna-tionale, une adaptation pour le cinémaréalisée par Ettore Scola.Sur proposition du ministère de la

Culture, la compagnie crée un Centredramatique national. Elle signe uneconvention avec les villes de Châtenay-Malabry, Antony, Bagneux et Palaiseau,et s’engage à produire une création etdes ateliers de formation pour les ama-teurs dans chaque ville. Les difficultésliées au fonctionnement (équiper deslieux dont la fonction première n’est pasd’accueillir du théâtre, ni de recevoir dupublic) amènent la compagnie à envisa-ger son implantation dans un lieu fixe.En 1985, la piscine est aménagée en un

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Sur l a p i s te du

Théâ t re d

La piscine de Châtenay-Malabry

Thierry Lavignon, responsable desrelations avec le public au Théâtre duCampagnol, a récemment rédigé un rap-port d’étude dans le cadre d’un stage deformation à la médiation artistique etculturelle, organisé par la Maison de laCulture de Metz. Ce rapport, intitulé« Petites histoires du public cherchentgrandes rencontres avec le théâtre : lethéâtre est-il toujours au service dupublic ? » retrace l’histoire de la compa-gnie et problématise la fonction contem-poraine d’un théâtre de création en priseconstante avec la vie de la cité. Extraits.

Photo : Alain Fonteray

Aziz ArbiaPhoto (détail) : Alain Chatenet

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« Nous sommes partis, magnétophone enmain, à la recherche de la mémoire de laville. Nous avons recueilli, en particulier, lesrécits de personnes âgées, surtout dans lacité de la Butte Rouge, qui nous ontraconté “36”– I’époque de la construction dela cité et de la piscine –, leur jeunesse et lemoment où, jeunes mariés, ils se sontinstallés dans la cité-jardin modèle, un rêvede confort après l’unique pièce oùs’entassaient meubles et enfants. Et puis laguerre, les avions alliés tombant dans lesbois de Verrières, la résistance à la française,la débrouille, les pommes de terre cultivéesclandestinement ; plus gravement, les enfantsjuifs ou les rebelles du S.T.O. cachés dans lescabanes à outils, I’épicière dénonciatricetuée au milieu de la route nationale etl’autobus faisant un détour pour éviter lecorps exposé toute la journée ; et milleincidents, repris dans les divers récits quis’entrelacent, constituent l’histoireparticulière de l’Occupation à Châtenay,

du Campagno lvéritable lieu de théâtre, avec une sallede 350 places et une petite salle de90 places, une salle de répétition, desbureaux, un costumier, un atelier, ungrand hall pour accueillir le public. LeCentre dramatique de la Banlieue Sud yrestera jusqu’en 1992, et produira unequinzaine de spectacles à la piscine toutau long de cette période.

dans une civilisation encore villageoise devoisinage, de fêtes communes, de solidaritéd’un peti t jardin à l ’autre. Et puis laLibération, le passage de la DivisionLeclerc, qui a laissé son nom à la Nationale,les débuts de la “société de consommation“.À côté des souvenirs, des récits d’aujourd’huiracontent la solitude et l’ennui des jeunes, ladégradation de la cité, les querelles desmères autour des bacs à sable, tout ce quifait “la vraie vie” d’aujourd’hui, desbanlieues où les vergers épuisés meurentderrière des murs croulants, en attendantqu’on nettoie tout pour y construire unecité “d’urgence” ou “de standing”,consolidant les ghettos sociaux. Tout cematériau humain, toute cette mémoirevivante, une centaine de Châtenaysiens detous âges ont appris à les transposerthéâtralement en suivant régulièrement uneou deux fois par semaine, les ateliers animéspar Jean-Claude et par un certain nombre decomédiens du Campagnol. »

Faute d’avoir l’exclusivité entre elles,les villes partenaires se désengagent peuà peu. Châtenay-Malabry reste la seuleville partenaire, mais la situation avec lamunicipalité se dégrade pour des raisonsfinancières et humaines (l’élu à laCulture et le responsable des Affairesculturelles, qui ont milité pour installerle Campagnol, ne sont plus en place). Lelieu est partagé avec la Mairie qui y pro-gramme ses activités. Arrive le momentoù l’activité de diffusion est incompa-tible avec celle de création artistique. Lemaire souhaitant une salle des fêtes plusqu’un Centre dramatique national, Jean-Claude Penchenat décide de ne pasrenouveler la convention avec la ville, etpart pour de nouvelles aventures.

La boutique de théâtre est ouverte le “Dimanche”

Le Centre d’Action culturelle deCorbeil-Essonnes vient de fermer à lasuite d’un conflit entre la direction et lepersonnel lorsque le Campagnol quitteChâtenay-Malabry. Une rencontre

Thierry Lavignon

Extrait de l’ouvrage collectif le Bal réalisé par la Compagnie

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Le CAC de Corbeil-Essonnes

Photo : Alain Fonteray

avec l’équipe municipale permetd’envisager une installation de la com-pagnie dans ce bâtiment de 4 600 m2

pour en faire un lieu de création.Pendant les travaux de réaménage-

ment, le Campagnol travaille hors lesmurs, adaptant les spectacles aux lieuxculturels de la ville (médiathèque, MJC,maisons de quartier, conservatoire…),inventant des formes théâtrales pourrencontrer et surprendre le public là oùil est (dans les appartements, les écoles,les entreprises…), rouvrant un pas-de-porte désaffecté en boutique-théâtre.L’arrivée du Campagnol ne fait pas

l’unanimité au sein du conseil munici-pal, ni du côté de la population. Il étaitdonc important pour le Centre drama-tique national d’avoir une présence phy-sique dans la ville, pour rencontrer,expliquer et convaincre. L’expériencenous montre la difficulté pour les gens àpousser la porte des lieux culturels. Laboutique est, par nature, un espace àdimension humaine. Il est donc plusfacile, pour une partie du public, defranchir la porte et d’être accueilli parune personne de l’équipe de relationavec le public. Ce lieu est repensécomme un espace ludique, convivial, etqui donne à voir et à entendre ce qui estcaché aux spectateurs : coulisses,métiers du théâtre.Tout au long de la saison 1993, une

multitude d’activités sont présentées dansla boutique :- une dizaine d’expositions liées à

l’histoire du Campagnol ou à l’actualitédu théâtre ;- des « cartes blanches » proposées à

des comédiens, des auteurs, metteurs enscène, ou toute autre personnalité.C’est aussi un lieu d’information sur la

programmation des autres structures cultu-relles du département, et un endroit oùl’on peut regarder des vidéos de spectacleset lire des revues ou pièces de théâtre.Pendant ces deux années de fonc-

tionnement, cet espace a joué unrôle déterminant dans l’ancrage duprojet artistique avec la population.

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La philosophie de la compagniepeut s’illustrer au travers d’un desderniers projets d’action culturellequ’e l le développera à Corbei l -Essonnes : la venue du Théâtre de laMer de Marseille, et son spectacleBaisers d’hirondelles.Dans un premier temps, Akel

Akian, met teur en scène de laCompagnie, rencontre plusieurs foisdans l ’année les responsablesd’associations des structures cultu-relles et les relais du Campagnol.Un mois avant les représentationsau théâtre, arrivée des trois comé-diens du spectacle et de la décora-trice pendant une semaine.

Leur programme se composed’une série de représentations depetites formes théâtrales, issues duspectacle, jouées en soirée danstrois familles, dans les trois quartierspériphériques de Corbeil, et reprisesdans les trois Maisons de quartier.Pour ces soirées, les Maisons dequartier s’appuient sur leurs relaispour l’organisation et la convivialité(aménagement de l’espace public,préparation du goûter ou du buf-fet...). Toutes ces rencontres permet-tent des contacts très riches entre lescomédiens e t les habi tants , lespublics des Maisons de quart ierdécident d’une date commune pourvenir au théâtre.Cette soirée est organisée avec le

sout ien de la munic ipal i té , quiprend en charge 120 places à prixréduit, et organise des navettes audépart des Maisons de quartier pourse rendre au théâtre. Cette soirée estmémorable, la salle du théâtre « a levisage de la ville », tout d’un couple public traditionnel du théâtre voitsurgir une foule, qui franchit pour lapremière fois les portes d’un lieu quide leur point de vue n’était pas poureux. Durant tout le spectacle, beau-coup d’émotion passe du public auplateau et vice versa. L’équipe duthéâtre a le sentiment que ce spec-tacle rapproche des publics quis’ignoraient, voire se craignaient.Ce spectacle sera le dernier de la

saison du Campagnol au théâtre deCorbeil-Essonnes, suite à la remunici-palisation du lieu par Serge Dassault,nouveau maire de la ville. Ce dernierdécide de réduire la subvention de50 % de l’année en cours, et surtout laconvention qu’il soumet au Centredramatique national n’est pas compa-tible avec la mission de service publicliée à son travail.Malgré la formidable mobilisation

du public de Corbeil-Essonnes, maisaussi de toute Ia région (10 000 per-sonnes ont signé une pétition desoutien au Campagnol), et les inter-ventions très fermes du ministre dela Culture, le Campagnol quit teCorbeil-Essonnes au mois de sep-

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« On se régalait au TNP, on y allait entrecopains. Quand j’y repense, l’arrivée deJ.C. Penchenat, ici, à Corbeil-Essonnes,c’était un peu l’esprit du TNP retrouvé. Avecmon métier de peintre, j’allais un peu moinsau théâtre ; on se spécialise… c’est malheu-reux car on devrait rester à l’écoute. L’arrivéedu Campagnol a été une chance. Alors,quand j’ai vu que la municipalité laissait par-tir un théâtre de cette qualité, ce théâtre decréation, j’ai bondit ! Mon côté utopique,c’est de penser que nous devons élargir àune société différente. Aussi, l’abandon de cethéâtre m’a mis en colère. J’ai pris position etje me suis décidé à agir. Je défends en réalitéles mêmes choses… finalement on seretrouve dans cette résistance à une évolu-tion de la société où tout disparaît : la cul-ture, le théâtre, les peintres… On trouveratoujours des théâtres, des peintres, mais pasau profit du plus grand nombre. Avec l’asso-ciation, les contacts, les réunions ont per-turbé ma vie, mais j’ai réagi. J’ai invité mesamis dans mon atelier parce que l’on n’avaitpas de lieu pour se réunir. Maintenant, on

parle dans mon atelier, on parle du théâtre,et je ne défends même plus ma corporation !Au fond on n’est peut être pas fait pour êtreautant que ça dans sa tour d’ivoire. Lesobjectifs de l’Association sont de faire aimerle théâtre, mais pas n’importe lequel. LeC.D.N., on le connaît, pour nous il était àl’origine d’une grande convivialité, trèsimportante dans une ville comme Corbeil, oùil y a des exclus, des difficultés... L’idéalserait que le Campagnol revienne. Pour lemoment, nous allons voir du théâtre ailleurs,nous accueillons du théâtre en appartement.La culture c’est une donnée fondamentale dela vie politique, j’en suis convaincu.

Les temps changent, la connaissance gran-dit, la réflexion est plus pointue, les gens ontbesoin de rencontres avec des équipes artis-tiques. Ils pensent que le théâtre, en tant quelieu convivial, peut être un élément majeurdu mieux vivre. Cet élément doit être pris encompte par les politiques et ils ne le font passuffisamment. Les budgets culturels sont tou-jours les parents pauvres. »

Contact : 01 60 88 16 71

Environ 3 500 personnes franchissentla porte pour : parler, échanger, lais-ser leur adresse pour être tenues aucourant des activités du Centre dra-matique national.Les grands axes de la politique des

re la t ions avec le publ ic duCampagnol se fondent entre autressur les spectacles-rencontres, petitesformes théâtrales facilement trans-portables et techniquement auto-nomes, les ateliers de formationd’amateurs, les stages annuels deformation pour les enseignants, lesAteliers de pratiques artistiques etles jumelages avec des établisse-ments scolaires…

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André Leglatain : Président de l’Association de Spectateurs “À Dimanche”; créée à la suite du départ forcé du Campagnol de Corbeil-Essonnes

Photos : Alain Chatenet

Sur la piste du

Théâtre du Campagnol

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La Mère en Gueule est dirigée parun enseignant détaché à la Maison del’information, de la formation et del’insertion pour suivre le projet,François Soufflet, et soutenue par despersonnalités, dont Rolande Trempé,universitaire et historienne nationale-ment reconnue comme la spécialistedu monde minier. Elle regroupe d’oreset déjà de nombreuses structureslocales : des municipalités, des asso-ciations, des syndicats. En mai 1997,l’association a lancé un appel à lapopulation pour recueillir des dessins,des photographies, des cartes pos-tales, des chansons, des articles, dessouvenirs… de l’époque industrielle.Les appels, nombreux, ont permis

de démarrer la constitution d’un fondsdocumentaire qui alimentera lescontenus des spectacles, expositions,conférences, ouvrages, CD-ROM…projetés par l’association.Dans le début du mois d’avril 1998,

les comédiens du Campagnol com-menceront leurs interventions auprèsdes habitants en réalisant des lec-tures en appartement chez une qua-rantaine de personnes, qui aurontelles-mêmes invité chacune unequinzaine de leurs amis.

* * *

Le campagnol est un petit rongeurdoué pour se reproduire… Malgré lesdéconvenues que la compagnie a puconnaître dans ses relations avecquelques élus locaux, lorsqu’elle s’estpar deux fois “installée” à demeure,elle poursuit sa route et laisse sur sonsillage des empreintes inscrites dans lamémoire de ceux qu’elle a rencontrés.

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« J’ai rencontré le Campagnol sur la Foirede Corbeil. Deux comédiens jouaient un spec-tacle-rencontre : “Un maître nageur”, mise enscène Laurent Serrano. Ce spectacle a été pourmoi un vrai coup de foudre. J’étais très tou-chée. Je me suis dit que le théâtre pouvaitm’aider à combattre beaucoup de choses.J’attendais tellement votre venue, et la ren-contre a eu lieu grâce à ce spectacle. Après lareprésentation, les comédiens étaient là pourécouter les gens, leur parler, les rencontrer.L’image du théâtre que j’avais ne correspon-dait pas à celle que le Campagnol me mon-trait. Pour moi c’était un monde fermé,magique, un univers qui pouvait être très beaumais dans lequel je ne pouvais pas rentrer etencore moins participer. Je n’imaginais pastous les liens que l’on pouvait créer à partird’un spectacle, notamment dans le sens de larencontre avec des élèves.

Dans l’option théâtre du collège, il n’y avaitpas de budget pour rémunérer un professionnel.Heureusement que les comédiens venaient, çame rassurait et m’a aidée à commencer.

Puis il y a eu “Le voyage à Rome”, créationcollective du Campagnol qui a été le début d’unlong travail de réflexion sur le rapport des élèvesau théâtre. La forme de ce spectacle s’adaptaitparfaitement à la rencontre, les gamins étaientémerveillés que les acteurs puissent partagerleur repas à la fin de la représentation (elle seterminait par la mise en place d’un banquet surscène, les comédiens après les saluts apportantaux spectateurs à boire et à manger).

Aux répétitions, des liens s’étaient créés avecles élèves, les comédiens nous faisaient mêmedes clins d’œil pendant le spectacle… Commej’aurai aimé avoir, pendant mon parcours sco-laire, une rencontre aussi forte que celle que maclasse a eue avec la compagnie ! »

tembre 1996 et se voit confier unemiss ion de Centre Dramat iqueNational de la Banlieue.En octobre 1996, une association de

spectateurs naît de la volonté d’habi-tants de Corbeil-Essonnes et de laRégion qui se sont indignés de la déci-sion brutale de la nouvelle municipalité.Elle prend comme nom A Dimanche,titre d’une série de récits joués enappartement (écrit par Évelyne Loew,Georges Buisson, Alain Grasset, MyriamTanan et Jean-Claude Penchenat,160 représentations dans la région).Ils prennent comme devise la phrase

de Jean Dasté, qui accueillait le publicdu Théâtre de Corbeil-Essonnes « Quevive le Théâtre qui éveille, qui éclaireet qui rassemble. »

Rendez-vous lundi avec La Mère en Gueule

Aujourd’hui, l’équipe du Campagnolest transitoirement implantée sur le sitede la Villette à Paris, ses bureaux ins-tallés dans des bâtiments préfabriqués,et une petite salle de répétition étantmise à leur disposition pour préparerleurs futures créations. Elle poursuitégalement ses interventions de spec-tacles-rencontres, de formations, d’ani-

Évelyne Capo, professeur de lettres au collège La Nacelle de Corbeil-Essonnes,responsable de l’option théâtre et de l’atelier de pratique artistique.

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mations, notamment dans des lycéeset collèges d’Ile-de-France.Prochainement, le Campagnol enga-

gera un travail de longue haleine avecdes associations du Creusot et deMontceau-les-Mines, pour, fidèle àson histoire, bâtir avec les habitants unspectacle commémoratif pour le cen-tenaire des grandes grèves qui agitè-rent le bassin minier de 1899 à 1901.La demande faite au Campagnol

d’intervenir sur ce territoire provientde l’initiative d’une association récem-ment créée, La mère en gueule, dontle but principal est la valorisation del’histoire sociale du bassin minier, his-toire s’exprimant au travers d’actionsculturelles tournées sur le réveil de lamémoire, et devant rapidement deve-nir des ferments de développementlocal.

Le bassin minier du Creusot

Essai des bribes de costumes (stock Campagnol) - Photo : Alain Chatenet

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Extrait de l’éditorial de La Gazette du Centenaire n°2,

journal de l’association La Mère en GueuleÉric Commeau, vice-président de l’association,

adjoint à la Culture de Montceau

« La Mère En Gueule, ce personnage du fonddu puits, terreur des enfants du Bassin minier,retrouve aujourd’hui une nouvelle jeunesse. Et seslettres de noblesse ! Le choix de ce patronymepour notre association n’était bien évidemment pas innocent. Montceau-les-Mines est née ducharbon et du travail des hommes ; un travail dur qui a forgé les caractères, les relations sociales,et créé un état d’esprit particulier en même temps qu’il modelait les paysages et l’organisationspatiale de nos communes. Toute cette mémoire, certains ont voulu, de bonne ou de mauvaisefoi, la mettre entre parenthèses, sinon l’effacer au nom des évolutions nécessaires, de la“modernité”. Le pari de La Mère en Gueule, c’est de faire resurgir cette mémoire des oubliettes oùd’aucuns voulaient la maintenir. Sans nostalgie larmoyante (oh, le bon vieux temps !), nipasséisme. La volonté des initiateurs de l’association, c’est de regarder notre passé en face,comprendre d’où nous venons pour essayer de savoir où nous allons. »

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CONTACT Théâtre du CampagnolThierry Lavignon

EPPV - Cité administrative - Bât G211, avenue Jean Jaurès - 75019 Paris

Tél : 01 42 06 00 25 - Fax : 01 42 06 13 78

Serait-ce une chance pour ceuxqu’elle visitera demain ? Elle pose entout cas, pour Thierry Lavignon, desquestions essentielles : « Il est impor-tant que les femmes et les hommespolitiques s’expriment sur la placequ’ils entendent donner à la cultureaujourd’hui, aussi bien au plus hautniveau de l’État qu’à l’échelon de lacité, et ce qu’ils souhaitent laissercomme héritage culturel aux généra-tions futures. Il est urgent que lesthéâtres redeviennent des lieux devie, d’aventure, de recherche,ouverts sur la ville. »

*Pour en savoir plus sur le Campagnol :Le Théâtre du Campagnol d’Évelyne Ertel, ««Éd. Nizet

« Les plus beaux souvenirs de ces vingt dernières années, sont les moments privilégiés où dans des temps assez courts, l’ensemble de l’équipe se mobilise sur des projets un peu fous comme les rendez-vous

du Pediluve à Châtenay-Malabry ou les rencontres Musique-Théâtre à Corbeil-Essonnes (Le Fil d’Ariane).

C’est dans ce type d’interventions que se mesurent les forces d’une troupe de théâtre.

En quinze jours, on doit pouvoir inventer de toutes pièces un spectacle.

Le public sent cette urgence et cette vitalité qui, quelquefois, disparaissent

de spectacles plus médités.

Là, le risque est présent et le théâtre sans filet doit coexister à tout prix

avec des projets de longue haleine.

Pour ces interventions, il faut avoir sous la main costumes, accessoires, lumières, et des professionnels (costumiers,

musiciens,techniciens...) hautement inspirés et prêts à s’amuser, à jouer.

Ce qui est, il faut hélas le rappeler en ces temps grisâtres, notre fonctionessentielle : donner des forces, activer l’imaginaire, la fantaisie des gens qui

attendent de nous des mots, des gestes, des chants irremplaçables. »

Jean-Claude Penchenatpour les 20 ans du Campagnol

Essai de maquillages - Photo : Alain Chatenet

Sur la piste du

Théâtre du Campagnol

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L es pratiques musicales arriventen tête des pratiques art is-

t iques amateur des Français, enple in essor depuis la f in desannées 70. Selon les tranches d’âge,ent re un quar t e t la moi t ié desFrançais se sont essayés à jouerd’un instrument de musique, le plussouvent le piano et la guitare*.

Pour une large part, cette situations’explique par l’engouement suscité par les musiques actuelles. Pour les uns, cette pra-tique reste souvent de l’ordre du plaisir et du loisir ; pour les autres, ce sera le désir d’enfaire un métier. Se pose alors la question des lieux où il est possible de pratiquer, de seformer. Certains souhaitent trouver un public, sans prétendre à une rémunération,d’autres encore tentent de vivre de leur musique, de se professionnaliser**. Vers quellesstructures peuvent se tourner ces milliers de musiciens ? Quelles aides sont susceptiblesd’apporter les institutions, les associations, les scènes de musiques actuelles ? Commentles soutenir ? Jusqu’où ?

Nous présentons quelques réponses récentes données ici et là, des actions souventlocales, s’attelant à la diffusion de groupes amateur ou en voie de professionnalisation.De la scène à la production discographique, ces initiatives sont une chance donnée àcertains de faire leurs premiers pas vers le monde professionnel. Elles permettent auxgroupes de progresser et contribuent à la vitalité des musiques vivantes.

*Les amateurs, enquête sur les pratiques artistiques des Français - Olivier Donnat - La Documentation Française - 1996.**Pour ce qui concerne les aides du Fonds de soutien, du Fair, de la Sacem, de l’Adami, de la Spedidam, de la SCPP, dela SPPF, du FCM, du Printemps de Bourges et d’autres exemples régionaux, vous pouvez vous reporter à deux dossiers trèscomplets dans Fusibles n°10 et 11(le Bulletin de liaison des musiques actuelles Nord-Pas-de-Calais - 2, rue des Buisses,59800 Lille) : “Nouveaux talents : les outils de l’émergence”.

Olivier Bailly, Réjane Sourisseau, Luc de Larminat

Musicienscherchent soutiens

La diffusion

Olivier Bailly, Réjane Sourisseau, Luc de Larminat

Master Class à West Rock - Photo : Pierre Ruaud

Concert au Café Julien

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Ni subvention, ni mécénat« Le système que nous avons mis

en place, explique le responsable del’ADDIM 89, Patrick Bacot, n’est pasdu mécénat, c’est une forme de prêt.Ce que nous offrons aux musiciens,c’est notre capacité à négocier uneligne de trésorerie auprès de notrebanque, ce qu’ils ne peuvent pasfaire. Le secteur des musiquesactuelles s’inscrit dans une économiede marché, qui est celle de l’industriedu disque, et il existe de nombreuxprofessionnels dont c’est le métier( labels, s tudio d’enregistrement,sociétés civiles…), donc je ne pensepas que ce soit une bonne chose dedistribuer sous forme d’aide ou desubvention 50 à 100 000 F par an àdes groupes sans fixer des règles.Mais il est nécessaire que des initia-tives soient prises en amont du sec-teur professionnel, à un niveau plusaccessible. Nous restons à notreplace, celle qui donne un coup depouce à des musiciens locaux, quin’ont pas encore accès aux labels,pour produire leur premier disque. Iln’existe donc pas à l’ADDIM, delignes budgétaires spécifiques pourproduire ces disques, nous avonsjuste une autorisation de la part denotre administration à un découvertmaximum de 250 000 francs qu’ils’agit de combler à chaque fois avecla vente des disques. De 95 à 97,nous avons produit environ une ving-taine d’albums. Le but de lamanœuvre : au bout de deux ans,nous devons récupérer l’argent prêté,le groupe se chargeant de vendre sesdisques. Nous fixons comme limitedeux ans parce que après, le disquen’est plus d’actualité et le groupe n’a

plus l’énergie suffisante pour sebattre pour lui, et avant il fautlaisser au système de distributionle temps de porter ses fruits.

Un système de distribution régionaleSi les groupes respectent leurs

engagements, on peut enchaînersur d’autres disques. À l’inverse, àun moment donné, la chaîne peutcomplètement s’arrêter si deux outrois groupes bénéficiaires del’opération ne se prennent pas enmain pour écouler leur stock dedisques. Les groupes savent ques’ils ne nous rendent pas lasomme que nous leur avons prê-tée, c’est de l’argent en moinspour produire d’autres musiciens.Je pense qu’il existe un micromarché

pour un groupe amateur ou en voie deprofessionnalisation. Il peut avoir un bonpublic régional. Notre ambition est d’êtrele tremplin qui le mènera vers l’écono-mie traditionnelle du disque. Le systèmede distribution de ces CD est artisanal etuniquement régional. Il repose à la foissur un système de réseau basé dans ledépartement, un système de vente parcorrespondance et par les groupes eux-mêmes, en fin de concerts.

Bénéfices et progrès des groupesNous avons constaté, en faisant le

bilan des ventes d’un des premiersdisques auquel nous avions participé,que nous étions bénéficiaires : sur untirage de 1 000 CD, pour équilibrer lebudget, il suffit avec un prix de vente de100 F d’en écouler 700 sur deux ans.Parfois il a suffi d’en vendre 500 pour

que l’opération soit blanche. Au cas oùil se vend plus de disques qu’il estnécessaire pour équilibrer la production,le surplus va au groupe car nous necherchons pas à récupérer l’éventuelbénéfice. On considère qu’un groupe“mérite” qu’on passe du temps à sortirun tel matériel de promotion (pressagedu disque, affiches, etc.) à partir dumoment où son projet est clair, qu’il ades objectifs. Quel sens donnent-ils à cetravail de production ? On joue le rôlede conseil et, outre les ventes dedisques, le point positif de la formule,c’est qu’elle rend les groupes acteurs deleur développement musical tout en leurpermettant de vivre une première expé-rience qui les fait progresser. » O.B.

Depuis 1996, l’Association départementale pour le développement et l’initiative de la musique et de la dansede l’Yonne (ADDIM 89) offre un relais de trésorerie à de jeunes groupes souhaitant produire des disques.

Une production de disques au niveau local

CONTACTADDIM 89

Route de Saint-Georges - 89000 Perrigny. Tél : 03 86 72 85 25 - Fax : 03 86 72 85 26

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Bourses et chèques-conseilsDéfi Jeunes est une initiative lancée

par le ministère de la Jeunesse et desSports. Depuis 1987, ce dispositif asoutenu 5 000 projets « originaux et/ouinnovants » dans tous les domaines(culture, solidarité, sciences et tech-niques, sports-aventures-nature, socié -té). Il est destiné à aider des jeunes de15 à 18 ans et de 18 à 25 ans (l’accèsdevrait s’élargir jusqu’à 28 ans) parl’octroi d’une bourse. La premièretranche d’âge en reçoit une pouvantatteindre les 10 000 F, la seconde (quidoit pour un tiers au moins financerelle-même son projet) reçoit de 10 à50 000 F. En 1990, Défi Jeunes devientun Groupement d’intérêt public (GIP) :60 % des sommes versées aux lauréatsviennent du Ministère, les 40 % restantde partenaires privés. Le jeune, quidépose son idée à la Direction départe -mentale de la Jeunesse et des Sports(DDJS) est guidé puis accompagné àfinaliser son idée ou trouver des par-rains. On peut également lui attribuerdes chèques-conseils ou le mettre encontact avec un partenaire techniquecomme les Francofolies de La Rochelle.

Du soutien aux pratiques culturelles…« Les prat iques des jeunes,

explique Françoise Gaudin, chargéede mission à Défi Jeunes, sont essen-tiellement concentrées sur le cinémaet la musique. » De fait, 50 % desprojets présentés sont culturels. En cequi concerne la musique, ils sontsouvent cantonnés à la production deCD dest inés à promouvoir ungroupe. « Les jeunes doivent-ils lesproduire en quantité, comment, pourquel usage, nous y réfléchissons »,

commente Françoise Gaudin. Maisl’on recense d’autres types d’initia-tives, tel des festivals multiculturelscomme I’m a J Nation (Roissy-en-Brie, Seine-et-Marne) axé à la fois surle graph, la musique et les sports deglisse, et dont le but est la décou-verte de jeunes talents. L’associationorganisatrice, Kilowatt, a réussi à éla-borer un projet à l’échelle départe-mentale et à bénéficier de nom-breuses aides institutionnelles ou pri-vées ainsi que de la présence denombreux bénévoles.

… à la création d’activitésCette initiative qui a donc reçu une

bourse Défi Jeunes a dû être approu-vée par un jury. Il y en a un par ré -gion, constitué de membres de lapresse quotidienne régionale, destélés ou radios locales, des points infojeunesse, des Adiam (Associationsdépartementales d’informations musi-cales), etc. Une fois l’argent versé,l’utilisation de ce financement auxfins prévues est vérifiée par la remised’un rapport d’activité : « S’agissantdes créations d’activité, nous réfléchis-sons à la mise en place d’un soutiencomplémentaire tel que les Anglaispeuvent le pratiquer en partenariatavec British Telecom. » Parmi les pro-jets, 65 % ont pour but la profession-nalisation dont 20 % seulement abou-tissent à la création d’activité. Quedeviennent les 45 % restants ? : « LeCentre d’Etude de l’Emploi mène uneenquête vers les anciens lauréats poursavoir ce qu’ils deviennent. » D’ores etdéjà, quelques-uns d’entre eux seregroupent au sein du RéseauInitiative : « Celui-ci, affirme Françoise

Gaudin, travaille avec le GIP ainsiqu’avec cent vingt correspondantslocaux Défi Jeunes. »

Vers un rapprochement avec les DRAC ?Le ministère de la Jeunesse et des

Sports et celui de la Culture sont sur unmême domaine. « L’on pourrait doncse mettre d’accord, conclut FrançoiseGaudin, sur des critères communs dedéfinition de première création. Le GIPDéfi Jeunes est le seul organisme natio-nal à soutenir la jeune création. L’aideapportée par le ministère de la Culture,par l’intermédiaire des DRAC, seconcentre plutôt sur des projets qui ontdéjà fait leurs preuves. Il serait souhai-table que les DRAC participent plus lar-gement aux jurys Défi Jeunes. » O. B.

La moitié des projets soutenus par Défi Jeunes, dispositif national initié par le ministère de la Jeunesse et desSports, sont culturels. Parmi les multiples activités, l’aide à la production de CD ou de spectacles est fréquente.

Un soutien national aux jeunes créateurs

CONTACT GIP Défi Jeunes62, rue Saint-Lazare

75009 ParisTél : 01 40 82 97 97 - Fax : 01 40 82 97 98

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D idier Monin, à l’initiative duprojet (chargé de mission res-

ponsable de développements de projets),Jean-Marc Maunas (production desconcerts, organisation technique et lienentre salles et artistes), Irma Souk(Chargée de communication) constituentl’équipe d’Éclats d’artistes, une structurequi coordonne les huit associationsimpliquées dans les Polysonies d’Ile-de-France. Les objectifs : la promotion desjeunes artistes musiciens, le développe-ment d’opérations de diffusion et l’élar-gissement des publics pour les musiquesactuelles. « C’est, explique DidierMonin, un label de musique vivante quisoutient uniquement des groupes nonsignés et qui ont décidé de faire de lamusique leur métier. »

Fédérer Paris et la banlieue« Dans chaque département, une

structure professionnelle est chargéed’organiser des concerts (huit à neufconcerts par département) pour chaqueplateau de trois groupes sélectionnéspar style musical. Le travail de ces huitstructures aboutit à la réalisation d’unevéritable tournée sur toute l’Ile-de-France (27 dates en 1997, 50 prévuesen 1998) avec un concert final à Paris,histoire de rameuter les professionnels(médias et producteurs scéniques oudiscographiques). Les concerts ont tou-jours lieu dans des salles partenaires duréseau et choisies en fonction de leurpolitique artistique volontariste. LesPolysonies ont reçu en 1998 50 000 Fde la DRAC, 20 000 francs de laSacem, le soutien de quelques Adiamet de quelques municipalités éclairées,mais nous sommes encore loin d’unecomplète reconnaissance de l’ensembledes pouvoirs publics en ce qui

concerne les musiques actuelles. Sansparler du conseil régional d’Ile-de-France totalement absent de ce style demusiques. On espère, suite aux élec-tions, pouvoir rencontrer de nouveauxélus moins élitistes que les précédents.En fait, cette histoire n’aurait jamais puexister sans le soutien d’un sponsorHANDI-TERRE, entreprise d’insertionqui crée des emplois en récupérant descartouches d’imprimante vides et quin’a rien à voir avec la musique. J’airencontré la responsable qui, séduitepar l’opération, a décidé de nous sou-tenir dès le début. Tout comme FIP quia pris le risque de s’engager aux côtésdes Polysonies dès la première date,ce qui est quand même sacrémentcourageux. Cette radio parrainel’ensemble des concerts. »

Un coup de pouce au parcours des groupes« Les Polysonies ne sont pas un trem-

plin au sens strict : même si on procède àune sélection sur démos [maquettes demorceaux] et sur lecture de biographies,il n’y a pas de compétition surscène, les groupes ontconscience que c’est une aven-ture collective. Le fait que celane soit pas une opération ponc-tuelle mais qui dure toutel’année favorise ce souci“d’avancer tous ensembles”.Chaque structure* vote pour ungroupe sur des critères tech-niques et artistiques. Les troispremiers sont invités. On leurexplique le fonctionnement desPolysonies et on leur donneleurs premières dates. Nousinsistons auprès des groupespour que leur seul objectif ne

soit pas la signature sur un label, maisbien de se perfectionner, de tourner,de faire de la scène, la suite viendraen temps et heure. Ils se dynamisentpar ce biais, s’organisent pour se pro-fessionnaliser, trouver un managerpour certains, ou des dates et finissentpar intéresser éditeurs ou labels. C’estle but de cette action... » O. B.

Longtemps évoquée, l’idée d’un réseau francilien de promotion de jeunes artistes semble bien amorcéeavec les Polysonies d’Ile-de-France. Ainsi fédérées, huit associations professionnelles et une quinzaine desalles donnent leur chance à de jeunes artistes-musiciens.

SALLES PARTENAIRESDES POLYSONIES

Le Cadran Omnibus (Colombes), laPêche (Montreuil), le Rack’Am (Brétigny-sur-Orge), le Radazik (les Ulis), la MJCde Rambouillet, le Café de la plage(Maurepas), l’Ile brune (Vigneux-sur-Seine),le Centre Culturel de Jouy-le-Moutiers,l’EMB (Sannois), la Luciole (Herblay), laMPT de Noisiel, le Nip’s (Saint-Ouen-l’Aumône), l’Espace Sedaine (Paris).

Les Polysonies d’Ile-de-France

CONTACTLes Polysonies d’Ile-de-France30, rue Damrémont - 75018 Paris

Tél/Fax : 01 42 23 76 44

*Fred Jiskra, Le Réseau (92) - Héloïse Dallez et ThierryDuval le CRY (78) - Philippe Cadiot, Glubo et C° (93) -Loïc Agnesod, Mairie de Paris (75) - Christian Legras, Dessi belles musiques (77) - Hervé Le Guern, Studio 3/4 (95) -Jean-Luc Paris, CSC Avara (94) - Gwarr, Saskwash (91) -Didier Monin, Éclat d’Artistes.

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Le chaînon manquant en Ile-de-FranceDepuis quelques années se créent en

France des réseaux de salles, d’associa-tions, d’organisateurs autour des mu -siques actuelles et amplifiées - Des dé -par te men taux (CRY 78, ré seau 92, etc.),des régionaux (UDCM, Raoul…) et unnational (FEDUROCK) - Il en manquaitun de dimension régionale en Ile-de-France, complémentaire des autresréseaux. Sept salles composent l’associa-tion Actes-IF. « Nous sommes réunisautour d’une charte professionnelle, artis-tique et sociale, fondée sur nos propresprincipes de fonctionnement. » Valoriserles échanges d’informations et l’imageculturelle, artistique et professionnellede ces salles, constituer une force denégociation vis-à-vis des partenaires(institutions, administrations, banques,tourneurs, etc.) sont quelques-uns desobjectifs de ce réseau. Un de leurs axesde travail est de valoriser et de soutenir lajeune création artistique.

Susciter le débat sur le statutdes artistes préprofessionnels« Nous militons farouchement pour

l’intégration des artistes en voie de pro-fessionnalisation. Ils n’ont pas de statut,ni de régime social, explique JérômeGuyon, coordinateur d’Actes-IF.Pourtant ils tournent ! Les lieux adhé-rents du réseau n’ont pas les moyens derétribuer tous les musiciens au cachet.La solution, pour les préprofessionnels,qui représentent une part importantedes groupes programmés dans les petitslieux, pourrait être la rémunération autaux horaire, fondée sur le temps effectifpassé sur scène, équivalant en général àdeux heures. Il s’agit alors d’un contratde coréalisation établi entre la salle etl’artiste. Le minimum garanti est unerémunération au taux horaire, assortid’un pourcentage sur la billetterie. Cemode de rémunération intermédiaireprésente plusieurs avantages. La salleassume ses obligations d’employeur ensignant un contrat de travail et en déli-

L’aide de réseaux régionaux

Depuis deux ans un réseau de salles de spectacle en Ile-de-France, Actes-IF, se structure. Une de leurspropositions : réfléchir à un mode de rétribution spécifique pour les groupes dits “préprofessionnels” quiprend en compte leur situation d’artistes en développement.

En PACA, l’UDCM s’agrandit et gère maintenant le “Tour en Région”.

L’UDCM est un réseau de sallesde concert, créé en 1995 dans

les Bouches-du-Rhône, qui a développéses actions autour de 2 axes de travail :- l’organisation de réunions de tra-

vail autour de sujets divers ou de pro-jets avec les responsables des salles ;- la production et la coordination

de tournées départementales avec ungroupe local et un groupe invité(Zebda, Sandoval, Gnawa Diffusion,Amparanoïa…).« Ces artistes ne sont pas anodins. Ils

parlent de ce qui importe dans notredépartement : la rencontre, l’échange,

CONTACT Actes-IF7-15, avenue de la Porte de la Villette

75019 ParisTél/Fax : 01 40 36 13 06

CONTACT UDCMUnion des diffuseurs de création musicalePascale Severac et Max Tran-Ngoc

14, rue du 141e RIA - 13003 MarseilleTél : 04 91 64 81 36

vrant une fiche de paie. Elle lutte contrele travail clandestin, dont les préprofes-sionnels sont les principales victimes, etainsi couvre socialement le musicien.C’est un pis-aller avec lequel nous nesommes ni dans ni hors la loi. Nousespérons susciter le débat sur le statutdes artistes en voie de professionnalisa-tion, et les conditions de leur diffusion.Le but de ce projet est de tendre à latransparence économique et sociale. Ilfaut également arrêter de fonctionnersur l’achat de contrats de cession fan-tômes à des associations sans licenceafin que tout le monde soit salarié carchacun y gagnera : les salles, les artisteset surtout ceux qui débutent. »

l’enrichissement mutuel par la mise encommun de traditions différentes. »En 1998, l’UDCM garde son sigle et

devient Union des diffuseurs de créa-tions musicales. Ce réseau maintenantrégional élargit son activité et reprendla gestion du Tour en Région, projet ini-tié et développé par l’ARCAM depuis4 ans. Le Tour en Région est une opéra-tion qui s’adresse à des groupes de larégion PACA. Une aide financière estapportée à une vingtaine de salles quiprogramment ces groupes (auparavantsélectionnés suivant des critères bienprécis). Des outils de communication

sont réalisés et mis à disposition desgroupes (affiches, fiches techniques,CD), ainsi qu’un dispositif pédagogique(accès gratuit aux formations mises enplace par l’ARCAM). La coordination etle suivi des concerts assurés lors decette opération permettent de réaliserun vrai travail de développement decarrières d’artistes.

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L oïc Lecomte, porteur du projet,directeur et programmateur du

lieu a toujours mené une politique dediffusion professionnelle ambitieuse,donné les moyens à des artistes debénéficier d’un véritable lieu de créa-tion et soutenu l’évolution de jeunesartistes issus du département ou de larégion bas-normande.L’objectif exigeant de ces aides

apportées aux musiciens en devenir :être réellement un moyen d’élargir lespratiques musicales, dynamiser lesmusiques actuelles sur le départementet qu’elles soient profitables au déve-loppement qualitatif des musiciens.

Susciter l’intérêt des découvertes« Au début, nous programmions

des scènes ouvertes à tous, sans cri-tères de sélection et gratuites pour lepublic. Le système se voulait souple àl’inverse de la programmation exi-geante du week-end. L’inégalité desprestations artistiques amateur nerépondait pas pleinement à notreintention de départ et le public seclairsemait au fil de ces rencontres, ilnous fallut repenser totalement leconcept. Maintenant les concertsdécouvertes font parties de la pro-grammation au même titre que lesgroupes professionnels. Ils bénéficientde la même forme de communicationet le public sait ainsi ce qu’il vientvoir. Nous négocions des cachets quinous permettent d’établir une tarifica-tion faible et incitative envers ladécouverte de jeunes talents : soit 20francs, soit gratuit pour les abonnéstrois fois par trimestre. Nous noussentons capables de défendre lesgroupes sélectionnés et nous les rece-vons avec le même accueil humain ettechnique que les artistes reconnus.Résultat : le public revient en

nombre, nous avons entre 100 et250 personnes à ces soirées. L’intérêtréel de la découverte est réenclenché.C’est une logique de développementou sinon c’est l’auberge espagnole etpersonne ne s’y retrouve. Il faut susci-ter l’intérêt.Nous avons aussi un système de

« carte blanche » qui s’adresse à unart iste-musicien n’ayant pas degroupe régulier et qui a un projet decréation. Nous lui donnons lesmoyens (soutien financier, logistiqueet technique), sur plusieurs semaines,de mettre en œuvre une soirée musi-cale unique et expérimentale. Uneautre formule de résidence permetd’offrir à des jeunes artistes la possi-bilité de travailler à la Luciole pourcréer leur spectacle.

Les Biennales des artistes ornaisLes Biennales musicales ornaises

sont nées de la volonté de créer unevitrine départementale de toutes lesmusiques actuelles afin de favoriser lareconnaissance de talents nouveaux etconfirmés, issus de l’Orne. Ainsi sixgroupes sélectionnés dans des genresvariés (chanson, funk, groove, pop,blues…) se succèdent pendant deuxjours sur la scène de la Luciole. Lepublic, les organisateurs régionaux(plus de 400 invités), les profession-nels, les radios et la presse sont invitésà les découvrir. Ils auront reçu aupara-vant un CD compilation de cesgroupes (enregistré à la Luciole), unvrai travail d’attaché de presse. C’estun moyen privilégié d’établir un pre-mier contact, un futur contrat ou toutsimplement de prendre la températureambiante de la scène musicaleornaise. Nous ne jouons pas le rôle demanager, nous sommes là pour com-pléter les besoins de chacun.

Donner à voir la différence comme une richesseLa Luciole est devenue le lieu de

proximité incontournable pour quiveut réaliser une maquette, faire unepremière scène, qui veut être soutenudans sa démarche, prendre desconseils sur les associations, lescontrats… C’est proposer aussi autrechose que de la diffusion, de laconsommation de concert, c’est uneprise sur le quotidien, sur les richessesartistiques locales. Certains se sontprofessionnalisés, des talents se sontrévélés. La qualité et le nombre desmusiciens sur la région ont progressé.Il y a dix ans, on avait quelquesgroupes et musiciens sur Alençon,maintenant il y a plus de 400 prati-quants amateurs et plus de40 groupes répertoriés. À partir dumoment où un lieu donne à voir, àentendre, à rêver, indéniablementcette part de rêve donne l’envie à cer-tains de pratiquer un instrument, voirede former un groupe pour suivre lessillons de leurs aînés. Après, toutdépendra de la capacité de chacun àdévelopper son potentiel. Mais quoiqu’il en soit les gens auront essayé,auront une culture musicale. Ici, lepublic se réunit autour d’une pro-grammation forte et éclectique quirassemble toutes les catégories socio-professionnelles. Un lieu commecelui-là réduit la fracture sociale et lesdifférences de générations. Tous vien-nent pour chercher un peu de rêve, devie, et de plaisir. C’est un apprentis-sage de la tolérance qui donne à voirque la différence est une richesse. »

Orne to be alive !Des scènes ouvertes aux cartes blanches, en passant par les tremplins et les Biennales musicales ornaises,la Luciole à Alençon ne manque pas d’idées pour soutenir les jeunes musiciens. Son activité recouvretout autant la diffusion de professionnels que l’aide au développement des artistes.

CONTACT La Luciole - Loïc Lecomte171, rue de Bretagne - 61000 Alençon

Tél : 02 33 32 83 33 - Fax : 02 33 32 84 34

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LA CREATIVITE,

C’EST L’AFFAIRE DE TOUSLA CREATIVITE, LA CREATIVITE,

C’EST L’AFFAIRE DE TOUS

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Circulation des artistes et des idées, échanges entre professionnels hors desfrontières nationales, activités des réseauxculturels européens, forums interculturels,nouvelles formations, nouveaux métiers…

une expérienceeuropéenne

Pionnière dans le domaine des “Community arts”, l’organisationnon gouvernementale CAFE (activités créatives pour tous) est fon-dée en 1984 à l’initiative de “community arts workers” pour fédérerleurs projets. Les objectifs prioritaires sont de rompre l’isolementdes personnes à l’aide d’une pratique artistique collective visantune transformation des rapports sociaux, et de promouvoir l’égalitéculturelle et sociale. Fondée au départ sur une base importante devolontariat, CAFE va progressivement monter une équipe de sala-riés, obtenir des subventions de l’Arts Council et du ministère desArts. En 1995, ce dernier lui confie une étude-action, reconduite en1996 pour évaluer l’impact de l’action culturelle sur le chômage delongue durée et développer de nouveaux modèles d’intervention.C’est la reconnaissance de l’originalité des Community Arts et deleur méthode de travail.

Nous présentons dans les pages qui suivent l’historique deCAFE, les valeurs et principes qui déterminent ses actions, la for-mation qualifiante de formateurs qu’elle a mise en place en 1996(“Learning Wheel”, la roue de l’apprentissage), et l’une des opéra-tions qu’elle a initiées : une parade pour la Saint-Patrick produisantun lien nouveau entre les différentes populations des quartiers.

Frédérique Planet

Les communities arts

• Community artsUn processus dans lequel un groupe de personnestravaille avec un ou deux artistes pour élaborer unedéclaration collective qui amènera un changementsocial, économique et environnemental.• Community ArtUn travail fondé sur une forme d’art spécifique.• Community artistUn artiste qui travaille en community arts.

• Community workerUn animateur travaillant en community.

Source : Lettre Banlieues d’Europe

P

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Dès sa nomination en 1995comme ministre pour les Arts,

la Culture et la Langue gaélique,Michael D. Higgins va s’engager dansune « démarche pour influencer laclasse politique et les décisionnairesen vue de placer les arts au cœurmême de nos préoccupations écono-miques et sociales » car L’Irlande a leplus haut taux de chômeurs de longuedurée dans l’OCDE. Depuis lesannées 80, il n’a cessé d’augmenter etconcerne actuellement une personnesur dix. Suivant les conclusions duLivre blanc de la Commission (1993),le Ministre a souhaité explorer desmodèles d’action inventifs, élaboréshors du champ des structures institu-tionnelles et fondés sur des activitésartistiques. Il demande donc à CAFEde procéder à une étude-action pourcerner le degré de sensibilisation àl’art des chômeurs de longue durée,identifier les obstacles à la fréquenta-tion d’événements culturels ou à lapratique artistique, explorer égalementle potentiel d’une intervention fondéesur les activités culturelles et artis-tiques afin de développer des modèlesd’action pour le futur.

L’article 27 de la déclaration des droits de l’homme

Comme le souligne Michael D.Higgins dans un rapport réalisé parCAFE « il était cependant clair dès ledébut que notre objectif n’était pas dedonner aux participants une qualifica-tion artistique pour qu’ils trouvent unemploi dans ce domaine, mais plutôt deleur permettre un accès à l’art et uneprise de contact avec d’autres personneset groupes pour leur épanouissement. »

La première phase de l’étude-actions’intitulait AAI 1 – Art Awareness Inter -vention 1 (sensibilisation à l’art) – et s’estdéroulée de janvier à juin 1995. Elle

reconnaît que la participation dans lavie culturelle de la communauté est undroit fondamental (Art. 27 de laDéclaration universelle des droits del’Homme). L’accès à tous les moyensd’expression, à la fois individuels et col-lectifs, permet non seulement aux per-sonnes de contribuer à la culture etde participer à la vie de la com-munauté, mais aussi, et encoreplus fondamentalement, demettre en œuvre son proprepotentiel créatif.

Une enquête de proximité L’enquête est lancée au niveau

local sous le nom de “Have a go !”(Essayez ! ) . CAFE met en placeune équipe d’enquêteurs locauxdans 12 villes de 6 000 à 76 000habitants, déterminés de manièreconsensuelle entre CAFE, le Ministère,et la Confédération irlandaise dessyndicats. Une égale représentationdes villes en zone rurale et zoneurbaine, ainsi qu’une parité entrevilles ayant des structures artistiquesdéveloppées et celles qui n’en ontpas, sont respectées. La méthodolo-gie a été la suivante. Dans un pre-mier temps, une enquête a été réali-sée à partir d’un questionnaire pourrecueillir des données à la fois quan-titatives et qualitatives sur la partici-pation à la vie culturelle des chô-meurs de longue durée, de moins de30 ans, et leurs attentes en matièrede pratiques artistiques. Dans undeuxième temps, l’analyse s’est affi-née en créant des discussions avecdes groupes participant aux ateliersmis en place (céramique, percussion,théâtre, vidéo, écriture...)

Les principales conclusions del’enquête ont révélé que les chô-meurs ne collaboraient habituelle-ment à aucune activité artistique

organisée, mais que leur participationaux ateliers-tests avait été particuliè-rement appréciée, et générait deseffets positifs : plaisir de partager untravail en groupe et de rencontrer lesautres, de s’exprimer, d’avoir unevision plus large du monde des artsgrâce à la palette des propositions quileur ont été faites, de produire, des’amuser… L’art, qui était extérieur àeux, devenait quelque chose que l’onexpérimente, que l’on vit.

Mise en place de groupes pilotesPour consol ider les acquis de

AAI 1, une deuxième phase est miseen route par CAFE l ’é té 96, e tjusqu’à fin 98, toujours sous l’égidedu ministère des Arts. CAFE a mis enplace sept groupes pilotes, encadréspar un formateur à temps pleinrecruté au niveau local et un artiste,dans les villes de Cork, Drogheda,Galway, Kilbarrack, Limerick, NewRoss et Sligo. Les ateliers de vidéo, dethéâtre, d’écriture… sont encoreexpérimentaux. Ils doivent être unmarchepied pour reprendreconfiance, retrouver des motivations,choisir un stage professionnel quali-f iant . Deux cents chômeurs delongue durée sont concernés.

Drogheda

Dublin

New-Ross

WexfordCork

Tralee

Limerick

Ennis

Galway

Sligo

Une enquête-action sur douze villes irlandaises pour explorerl ’ impact d ’ intervent ions art ist iques en d i rect ion deschômeurs de longue durée.

Sites de l’enquête-action (AAI 1)

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variété artistique. À titre d’exemples, je citerailes ateliers de musique traditionnelle, dedanse-contact, de théâtre, d’arts graphiques ouencore d’écriture. En fait une effervescenceincroyable d’énergies et de projets, souventsinguliers. Nos adhérents sont des animateursd’ateliers ou des particuliers (60 %), desgroupes ou des collectivités (40 %). Les pers-pectives d’avenir ? À long terme, nous espé-rons atteindre le double d’adhérents en créantplus d’activités, d’emplois, et en leur permet-tant aussi de se perfectionner. Les possibilitéssont grandes et la tendance pour cette annéeest de développer l’activité de nos membres.

L’évaluation de l’impact social est nécessaire

Parallèlement aux stages de formation pourles community arts workers que nous organi-sons, nous sommes soucieux de mener unepolitique d’évaluation de l’impact social descommunity arts. Récemment CAFE a organiséune conférence avec Comedia, un centre derecherche britannique, leader dans les poli-tiques culturelles. Toute action et prospectiverequiert des outils d’évaluation très pointus etnous avons souhaité porter cette interroga-tion sur la place publique. »

CAFE est avec Macnas, Theatre Omnibus et AlternativeEntertainment une des plus importantes organisations en Irlande decommunity arts. Travailleur artistique pendant 9 ans dans le quartiernord de Dublin, fondateur de l’école de samba Happy City SambaSchool, Mel MacGiobiún est dans l’équipe de CAFE depuisnovembre 1995, en tant qu’Art development worker.

51Culture & Proximité n°7

une expérienceeuropéenne

« CAFE, Creative Activity For Everyone, aété créé en 1984. Les community arts wor-kers en sont à l’origine. Ils ont senti la néces-sité de s’organiser pour maintenir le contactentre eux, mettre en place des formations etservir de centre de ressources aux commu-nity arts workers. Le développement localétait aussi au cœur des projets. L’organisa-tion, qui a fonctionné au départ sur une basetrès forte de volontariat, a bénéficié en 1987de subventions du Arts Council, puis defonds privés venant du mécénat ou encore desubventions de ministères comme ceux del’Emploi et de l’Environnement, concernéspar le développement social.

L’activité créatrice, une force de changement

Nous affirmons que la créativité collectiveest une force de changement dans la société.Il nous apparaît essentiel à nous, communityarts workers, de donner à chacun les moyensde développer sa personnalité, ses potentiali-tés, finalement son talent individuel. L’activitéartistique permet cela, développer sa créati-vité, s’ouvrir aux autres et se dépasser soi-même. Chacun peut ainsi découvrir, inventerson propre moyen d’être acteur dans la

société. Parce que noussommes des individus évo-luant dans un environne-ment, nous avons besoin desentir notre appartenance àune communauté. Cela peutprendre la forme d’une pra-tique active, artistique, danscette communauté.

Nous avons été effectivement les premiersà nous engager dans cette démarche de déve-loppement social et local dans les années 80.Dans d’autres pays d’Europe, l’État était plusinterventionniste. Il y a cependant un paral-lélisme entre notre action et celle menée enGrande-Bretagne dans les années 84 avec laCommunity Arts Work.

Consolider les réseaux locauxNous travaillons toujours dans cette pers-

pective de proximité, dans cette mise enréseau des énergies locales (institutionnelles,associatives, individuelles). Malgré notre désirde nous implanter sur tout le territoire, y com-pris rural, nos adhérents sont principalementdans les centres urbains de Dublin, Cork,Limerick, Galway ou encore dans des villesplus petites comme Drogheda, Wexford… Le

monde rural, malheureu-sement, reste un peu enarrière. Notre implanta-tion suit en fait principa-lement la courbe du chô-mage, de la pauvreté, etd’une population trèsjeune : 50 % de la popu-lation irlandaise a moinsde 35 ans. Des chiffresqui nous rapprochentdes moyennes espagnoleet yougoslave ! Nousavons actuellement200 adhérents, qui cou-vrent une très grande

CAFE se donne pour mission de rétablir, à partir de l’activitécréatrice, une égalité culturelle et sociale. Entretien avecMel MacGiobiún.

CONTACTCAFE - Mel MacGiobiún

143, Townsend Street - Dublin 2 - IrelandTél : (01) 677 0330 - Fax : (01) 671 3268

E-mail : [email protected]

Man Alive - Drogheda (AAI 2) - Spectacle sur le thème de la justice et de l’égalité

Man Alive - Drogheda - (AAI 2) - Percussions avec Bisi Adigun

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L a première session du pro-gramme Learning Wheel, qui

a pour objectif de former des inter-venants artistiques, s’est déroulée àDubl in d ’octobre 1996 à sep -tembre 1997. Vingt personnes ontparticipé au stage, des communityartists en grande majorité irlandaisenseignant dans des écoles, descentres culturels ou sociaux, dansdes services jeunesse, voire dans leshôpitaux. La mise en place du pro-gramme t radui t la volonté del’équipe de CAFE de donner une for-mation adaptée aux Community Artsworkers qui le plus souvent tra-vai l lent en direct ion de publ icsdemandant une attention particu-lière et une pédagogie confirmée :adolescents soignés à la méthadone,jeunes quittant l’école prématuré-ment, adultes handicapés…

Démultiplier les compétencesL’enseignement fondé sur la per-

sonnalité du participant conjugueapproche théorique, prat ique etcréat iv i té . I l s ’ag i t égalementd’entendre d’autres expérienceset modes d’intervention, explorerles modes créatifs de penser, defa i re , de di r iger . Pour LearningWheel, CAFE a obtenu les subven-tions de l’Arts Council et du Fondssocial européen, dans le cadre duprogramme d’initiative communau-ta i re ADAPT, une des a ides àl’emploi et à l’insertion.

Learning Wheel n’est cependant pas lapremière initiative de CAFE dans lechamp de la formation. Dès 1990,l’équipe avait senti la nécessité d’élabo-rer un programme d’enseignement pourles animateurs des ateliers communau-taires, qui le plus souvent manquaient decompétences pédagogiques pour tra-vailler avec les groupes.

Des échanges avec l’EuropeAvec Learning Wheel, un grand pas

est franchi. Le projet de formation a étémûri et va nettement plus loin que leprécédent. Il met l’accent sur laconnais sance des pratiques artistiquesmulticulturelles et l’apprentissage lorsde placements alternatifs à l’étranger, auDanemark, en Finlande ou en Grande-Bretagne. Très récemment un échange aeu lieu avec deux associations danoises,Daghojskolen (Silkeborg) et KulturKaelderen (Randers) qui offrent partici-pation et stages, à travers les arts, auxréfugiés et émigrés. Avec aussiFablevision à Glasgow, Écosse. En tra-vaillant avec les gens d’autres cultures,les participants enrichissent leur expé-

CAFE lance une formation de formateursartistiques adaptée aux enjeux del’activité créatrice : “Learning Wheel”, laroue de l’apprentissage.

52 Culture & Proximité n°7

QUELQUES RESULTATS DE L’ENQUETE MENEE PAR CAFE

Activités artistiques ?Une préférence marquée pour la vidéo,la photographie, le théâtre et la danseArts plastiques

Poterie 25 %Peinture 21 %Sculpture 17 %Masques/marionnettes 14 %Pyrotechnie 11 %Peinture murale 6 %

Spectacle vivantThéâtre/danse 42 %Animations de rue/parades 17 %Musique/chant 17 %Percussions 8 %

Arts de la communicationVidéo 47 %Photographie 45 %Écriture 12 %

La vision de l’art ?Pour les participants des ateliers-tests,

il s’avère que plus l’on dispose d’uneexpérience de l’activité artistique, et plusla perception de l’art est positive.Vue négative :

«Il faut avoir des dons / l’art est pourles bourgeois, les gens bien éduqués, lessnobs, l’élite. »Vue positive :

«On peut créer / permet de s’exprimeret de communiquer / c’est une chance /une façon de vivre. »

Les motivations ?Les participants des ateliers-tests ont été

attirés par «besoin de m’investir dansquelque chose qui m’évite la routine / sor-tir de chez moi / quelque part où aller. »

L’important est de participer à uneactivité de groupe. « Je suis venu voirce que vous faisiez / amusant / rencon-trer des gens nouveaux. »

Les ateliers ouvrent des perspectives. « Créer / apprendre quelque chose denouveau / retrouver confiance / avoir unpasse-temps. »

Le désir de poursuivre domine. « Je nepensais pas pouvoir m’investir, et puis jeme suis pris au jeu / J’ai beaucoup aimé,je veux le faire chez moi / les stages sonttrop courts, et nous manquons d’équipe-ments au niveau local. »

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53Culture & Proximité n°7

une expérienceeuropéenne

Lucy Tonney enseigne les arts graphiques,principalement à des jeunes ou des adultesqui ont des difficultés pour apprendre. Sa par-ticipation au stage Learning Wheel lui a per-mis de consolider ses connaissances etd’acquérir de nouveaux outils pédagogiques.

Commencer par soi-même« Avant ma part icipation au stage

Learning Wheel je n’avais qu’une idée vaguesur la nature d’une bonne pratique. Cetteformation me permet d’avoir des repères, deconsolider mes connaissances et de savoirprécisément ce qui est juste. J’ai confianceen moi maintenant et je sais que mon travailen tant qu’artiste des community arts, a uneréelle valeur. Je travaille principalementavec des personnes qui ont des besoins spé-cifiques, notamment avec un groupe auCentre social de Siol , deux fois parsemaine. J’ai éminement conscience que labase d’un bon travail commence par soi-même. Je dois être capable de comprendrequi je suis avec les groupes et je pense quecette prise de conscience est la clé.

Découvrir ses maladressesJe viens d’avoir une expérience avec un

groupe dont c’était le premier atelier.L’ambiance était plutôt au rire et au bavar-dage. Un des participants arriva en retard,avec sa guitare qu’il laissa immédiatementdans un coin. J’ai tout de suite senti qu’iln’avait nullement l’intention de prendre part àl’atelier. Nous nous sommes présentés et je luiai expliqué le programme de l’après-midi. Ilest resté assis tranquillement pendant uneheure, jouant avec le matériel. Six mois plustôt, je me serais approchée de lui, j’auraisessayé de lui dire quelque chose de drôle - quiaurait été plutôt ridicule - et lui aurais genti-ment conseillé de participer. Au lieu de cela,je n’ai rien dit. J’ai tenu compte de lui, toutsimplement. Je l’ai vu se lever et aller retrou-ver les autres. Si je lui avait dit ce qu’il ne fal-lait pas faire, j’aurais bien pu l’agresser, enve-nimer sa timidité, et le dissuader même decontinuer l’atelier. Dans mes ateliers j’avaisaussi souvent l’habitude de demander aux par-ticipants de parler de leur travail. C’était uneerreur, une intrusion très malhabile car monintervention pouvait bloquer ce désir, en faitsouhaité, de s’exprimer librement.

Un professeur d’arts graphiques, Lucy Tonney, témoigne… La créativité, une révélation

Je sens que j’ai beaucoup à apprendrecette année. Bien sûr ma pratique ne chan-gera pas du jour au lendemain mais cestage me donne déjà une direction pourmon travail. J’ai eu aussi une très impor-tante révélation en ce qui concerne la créa-tivité. Ici je travaille avec des pinceaux,des crayons, et une multitude d’autres ins-truments et je ne m’étais pas aperçue com-bien ces éléments pouvaient être puissants,influents. Ce n’est que lors d’un déplace-ment à l’étranger que j’ai soudainementréalisé ce que nous voulons signifier endisant que l’art est un langage visuel. À uneépoque où de multiples théories sur l’intel-ligence gagnent en crédibilité et où notresystème éducatif a tant besoin d’une révi-sion importante, il m’apparaît que le bien-fait de toutes ces expressions artistiques(peinture, musique, danse, théâtre…) pourl’ensemble de la société devient de plus enplus clair. Je pense que nous sommes sur lebon chemin et que notre travail commeanimateurs et “facilitateurs” est porteurd’avenir dans nos systèmes éducatifs etsociaux et dans le monde entier. »

rience et sont confrontés aux problèmesdu racisme et de l’inégalité raciale. Unspectacle de musique et de lumière aété monté en juillet dernier à Limerickpour créer de la solidarité entre la villeet Mostar, entre les communautés bos-niaque et irlandaise. Deux mille cinqcents étoiles ont été réalisées, accro-chées au pont de O’Halloran et dédiéesaux enfants bosniaques.

“Comment les médias perçoivent le racisme”, par le dessinateur Evans

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INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES SUR CAFE

PersonnelDirection : 10 personnes Équipe administrative : 8 à temps pleinPublication : CAFE News (bimensuel)

Financements de CAFE- Fonds européens, de 95 à 98 : Pour “Learning Wheel” : Programme Pic ADAPT (95 à 97) = 270.000 EcusPour AAI 2 :Fonds social européen, article 6 (96 à 98) : 413.600 EcusFonds européen de Développement régional (FEDER),programme de développement local urbain et rural (objectif 2) = 70 000 IR£ (2 ans)- Ministère de l’Art, de la Culture et de la Langue gaélique (créé en 1958) = 70 000 IR£- Arts Council = 60 000 IR£ (livres irlandaises) en 1997 et 95 000 IR£ en 98

RepèresCréés en 1958, le FEDER et le FSE sont des instruments financiers communautaires pourla cohésion économique et sociale.- Le FEDER a pour objectif de réduire les écarts de développement entre les régionsdans le cadre des programmes établis avec les États membres et les autorités locales. Ilparticipe au financement d’investissements productifs, en infrastructures, dans le domainede l’éducation et de la santé (zones objectif 1), d’actions contribuant à la recherche et audéveloppement, d’opérations collectives de soutien à l’activité économique.- Le FSE a pour mission de lutter contre le chomâge, faciliter l’accès au marché dutravail, promouvoir l’égalité des chances, favoriser le développement de l’emploi. Ledéveloppement des compétences et qualifications, notamment pour aider l’adaptation destravailleurs aux mutations, la lutte contre l’exclusion sont à présent de son ressort. Son actionest centrée sur la formation professionnelle et les aides à l’embauche.

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Le 17 mars, toute l’Irlande fête laSaint-Patrick, saint patron de

l’Ile. À Dublin, le réseau ICON, sou-tenu par CAFE, organise une grandeparade, s’inspirant d’une légende cel-tique : le chaudron d’Aifric (Aifric’scauldron). S’y mêlent des influencesafricaines et afro-brésiliennes.

Le projet est mené dans les quartiersnord de la ville (North Inner City), unquartier où plus de sept cents africainsde l’Ouest viennent de trouver asile.Depuis plusieurs mois, deux centcinquante jeunes et adultes participentà des ateliers de percussions, de danse,de chants, de fabrication de costumeset d’accessoires. Le projet artistique,coordonné par Mel MacGiobiún, ras-semble des artistes de talent : unmaître de samba Dudu Tucci, unedanseuse brésilienne, FernandaAmaral, une costumière, Pamela Hill,Jim Hughes de Belfast avec sesconstructions flottantes, des artistesafricains comme Bisi Adigun duNigeria, Camilla Dorcey du Lesotho,des danseurs africains de Liverpool, legroupe Motsibi ; également des com-munity arts workers, des élèves issusde deux écoles de Samba, la ZEB deLiverpool et la Happy Samba CitySamba School de Dublin... Plus decent cinquante personnes défileront.

ICON (Inner City OrganisationNetwork) est un réseau d’associa-tions, de groupes et de communities,créé il y a cinq ans. Sur le terrain dela lutte contre le traffic de l’héroïneet du soutien aux toxicomanes ouanciens toxicomanes, elle s’investitdans le champ de la formation et del’emploi, œuvre pour le développe-ment culturel et artistique.

“Le chaudron d’Aifric” : CAFE coordonne le projetartistique de la parade

une expérienceeuropéenne

« La parade, pour l’équipede CAFE, est une occasionsupplémentaire de mettre lesgens en lien et de créer dessolidarités autour d’uneapproche multiculturelle dela vie des quartiers. Elle estaussi un grand moment fes-tif, à vivre ensemble. »

Parade “brésilienne” pour la Saint Patrick en 1997

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55Culture & Proximité n°7

L e Sous-Marin, lieu de concert, entreprise d’insertion par l’économiqueet d’accompagnement de projets de jeunes, a récemment été délogé des

locaux municipaux qu’il exploitait à Vitrolles par la nouvelle majorité Frontnational. Nous connaissons depuis plusieurs années cette initiative et sommesparticulièrement attachés à l’énergie et l’engagement proprement « résistant »de l’équipe qui l’anime. Aussi, le droit de réponse demandé par la municipalitésur l’article que nous avions publié dans Culture & Proximité n°6, (p. 64), nousinvite à développer ici quelques-unes de nos positions.

On a beaucoup entendu parler du Sous-Marin ces derniers mois. Or, à notrehumble avis, ce qui mérite d’être dit sur cette aventure humaine a été un peulaissé de côté, alors que sa propulsion sur le devant de la scène politique etmédiatique devait fournir l’occasion de mettre en lumière l’exemplarité de sadémarche. La fermeture d’un équipement consacré aux jeunes et à la culture estun événement qui prend valeur de symbole, parmi d’autres, des orientationsidéologiques et des méthodes employées par le Front national pour la gestiondes affaires locales. En ce sens, il éveille l’attention, intéresse les grands médias.Mais qui se préoccupera demain de cette initiative associative, lorsque lescontingences de l’actualité emporteront l’attention de l’opinion vers d’autreshorizons ? Et qui s’inquiète des nombreux Sous-Marins qui subissent un traite-ment approchant dans d’autres villes de France, même si les options politiquesde leurs élus sont théoriquement plus nuancées ?

La véritable portée symbolique de l’histoire du Sous-Marin ne se résume pasuniquement à l’édification d’une opposition entre les milieux culturels et leFront national. Elle nous livre des enseignements sur certains dysfonctionne-ments de l’organisation de la vie dans la cité, en amplifiant la résonance d’uneproblématique aujourd’hui cruciale : la pression pouvant être exercée par lesdécideurs locaux dans leur exercice du pouvoir sur les initiatives de citoyens.

L’actualité vitrollaise nous donne ainsi matière pour illustrer quelquesthèmes d’un débat sur le droit à l’initiative, s’adressant à l’ensemble du corpssocial. L’histoire du Sous-Marin nous montre à quel point l’absence de ce Droitpeut engendrer un gaspillage invraisemblable des capacités d’une jeunessegénéreuse, citoyenne et responsable, à inventer de nouvelles activités produc-trices d’économie locale, de rencontres culturelles et de lien social.

Ouverture d’un débat sur le Droit à l’initiative, à partir de

l’expérience du Sous-Marin de Vitrolles

DÉBAT

Bruno Colin

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année, ils obtiennent une première reconnaissance par lesélus de leur travail, et reçoivent, via le Centre communalde Prévention de la Délinquance, une subvention de30 000 F pour organiser une série de soirées et deconcerts dans la salle Gilles Camus de Vitrolles, quideviendra plus tard le Sous-Marin.Réussissant à gérer ces fonds au plus serré, ils parvien-

dront à garder un petit budget pour prolonger après l’étédes activités au rythme d’un concert par mois. L’accueil dupublic se fait avec les moyens du bord, c’est-à-dire dansune salle dépourvue de chaises, de tables et d’installationstechniques. Ils risquent de perdre 4 à 6 000 F à chaque soi-rée, mais les 120 spectateurs qu’ils enregistrent enmoyenne leur permettent d’équilibrer approximativementles dépenses artistiques.À cette époque, l’association commence à s’étoffer et est

animée par l’énergie bénévole d’un noyau dur d’unedizaine de personnes. Les trois initiateurs poursuivent enmême temps leur cheminement professionnel. Le premiersuit une licence d’information et de communication à laFaculté de Lettres, et une maîtrise des Sciences etTechniques, option image et son. Le deuxième est embau-ché comme maquettiste ou sur divers petits boulots dansdifférentes entreprises. Le troisième alterne entre périodesde chômage, travail en usine, animation pour enfants pourdes classes vertes ou des Maisons de quartier.

Les projets de création d’activités socio-économiques etcultu relles ont besoin de se tester. Ils ont généralementbesoin de disposer d’espaces, de lieux où ces tests pour-ront s’organiser. Il ne s’agit donc pas uniquement de sallesde réunions, mais de lieux où l’on peut fabriquer quelquechose (atelier), et où l’on peut recevoir des visiteurs (pourune exposition, un spectacle, une réception, un repas…).Le mouvement des friches industrielles occupées par dejeunes artistes, pour en faire des lieux de création et dediffusion artistique aussi bien que des espaces de confron-tations, de croisement de publics, témoignent de cettevolonté de disposer d’un toit pour organiser la rencontreentre une offre nouvelle et des usagers afin de la valider.La mise à disposition de petits budgets, faisant l’objet

d’une contractualisation précise mais d’accès relative-ment aisé et rapide (contrats types évitant la complexitéde certains formulaires, existence de crédits relais pouréviter de longs délais de règlement), est également sou-haitable pour couvrir certains frais relatifs à la fabricationd’un produit ou à l’organisation d’une manifestationpublique, même modeste.

56 Culture & Proximité n°7

L e Sous-Marin est à l’origine une initiative militantede jeunes. Cette expérience témoigne des dyna-

miques portées par la jeunesse, de son désir de s’engagerdans la vie sociale, pour faire entendre et reconnaître desidées, des valeurs dans lesquelles elle se reconnaît, pourfaire naître des espaces publics de rencontres, de débats, decréation, ouverts à tous.

En 1987 , trois jeunes Vitrollais de 17-18 ans (Loïc Taniou,Thierry Curbelie, Alain Pozzo Di Borgo), lycéens, se lancentdans l’organisation de concerts, pour permettre à desgroupes musicaux engagés, qui savent décrire le quotidiende la vie urbaine, militer contre la ségrégation, la xénopho-bie et le racisme, de prendre la parole. Ils réalisent égale-ment des émissions pour des radios associatives antira-cistes et antifascistes, comme Radio Bayard à Vitrolles,Radio Galère à Marseille.On peut citer, comme groupes programmés, Les

Béruriers Noirs, encore peu connus à l’époque, ou l’organi-sation à la salle des fêtes de Vitrolles d’un concert antira-ciste, avec Parabellum, Nuclear Device, Ludwig Von 88…,manifestation qu’ils intitulent : « Pour les droits de l’indi-vidu et de la jeunesse ».

L’ouverture d’un débat sur le Droit à l’initiative néces-site, en préalable, quelque pétition de principe. Il s’agit desavoir si l’on admet, si l’on reconnaît ou si l’on croit, queles personnes qui vivent au quotidien dans un environne-ment soumis à de fortes tensions sociales sont les mieux àmême d’inventer des réponses aux besoins de leurs conci-toyens, de produire de nouvelles activités pour améliorerleur cadre de vie.La question primordiale est par conséquent celle de la

confiance, les moyens mis en œuvre pour favoriser ledéploiement des initiatives en découlent. Et si confiance ily a, elle suppose que les décideurs, les agents du dévelop-pement local, sauront se porter à l’écoute des dynamiquescollectives des habitants, des projets et des ambitionsqu’ils formulent.

En 1989 , Loïc, Thierry et Alain créent l’associationDestination Demain pour développer leurs activités :organisation de concerts, ventes de 45 Tours ou K7 auto-produits et de fanzines. En juillet-août de cette même

DÉBATle Droit à l’initiative, à partir de l’expérience

du Sous-Marin de Vitrolles

Déclarer, prôner la confiance ?Écouter, prendre en compte les initiatives d’habitants ?

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le Droit à l’initiative, à partir de l’expériencedu Sous-Marin de Vitrolles

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En 1990 , l’arrivée d’un nouveau directeur au service socio-éducatif de la ville de Vitrolles va donner un coup d’accéléra-teur au projet. Il comprend que les jeunes de DestinationDemain ont beaucoup de mal à travailler correctement dans unespace sombre, non équipé, « glauque et presque indécent »,selon leurs propres termes, pour recevoir du public. L’espaceest situé en sous-sol, appelé « Sous-Marin » par les employésmunicipaux à la suite d’inondations.Dans les négociations qui vont suivre, les directeurs des

Maisons de quartier soutiennent l’équipe, même si l’on dis-tinguera dans leurs propos quelques accents de récupéra-tion, certains textes formalisant cet appui comme unedémarche liée à l’insertion des jeunes. « On a rigolé enlisant ça, nous diront les fondateurs du Sous-Marin, car onsavait s’insérer tout seuls. »Une nouvelle étape de leur projet global va pouvoir se

construire : une école de rock, ouverte aux groupes musi-caux de Vitrolles. Le Sous-Marin met gracieusement la salleà leur disposition, une ou plusieurs fois par semaine, et desintervenants artistiques ou techniques les aident à travaillerles répétitions, la mise en scène, à enregistrer leurs produc-tions. Seuls ces intervenants sont rémunérés, l’ensemble del’équipe restant bénévole. Des échanges artistiques s’orga-nisent avec d’autres groupes résidant à Mörfelden-Walldorf, ville allemande jumelée avec Vitrolles.C’est pour les fondateurs du Sous-Marin le début d’une

réelle reconnaissance de l’intérêt culturel et social de leursactivités : le Maire, Jean-Jacques Anglade, signe avecDestination Demain une convention, porte la subvention à60 000 F, laquelle va être complétée par une aide duconseil général de 30 000 F. La salle leur est mise à disposi-tion, ainsi qu’un équipement de sonorisation, et des inter-ventions de techniciens de la ville. Les subventions leur per-mettent de s’informatiser, apprendre à utiliser eux-mêmescet outil, qui leur sera très rapidement précieux pour com-poser leurs dossiers, leurs affiches, tracts, etc.

À l’issue d’une phase de test réussie, la prolongation del’expérience doit conforter la mise à disposition d’outils de

travail. Bien qu’il soit nécessaire à chacune des phases dedéveloppement d’une initiative, s’élargissant et se précisanttout à la fois au fur et à mesure des évolutions, le contratest ici fondamental.Pour éviter aux auteurs d’une initiative d’être emprison-

nés derrière la sempiternelle connotation d’assistance quis’accroche à l’idée de subvention, il est indispensable dereconnaître, au travers du contrat, que la collectivitépublique déclare avoir besoin du service rendu par l’asso-ciation, tandis que cette dernière s’engage à rendre un ser-vice conforme aux besoins et demandes des usagers. C’estdéjà l’idée de « délégation de service public » qui se profile,sans encore renvoyer au système complexe de convention-nement que ce terme évoque.La mise à disposition contractuelle, sur une période plus

longue que la phase de test, d’outils de production, revêt éga-lement des aspects intéressants sur le plan de la formation.Les dynamiques de projet, l’expérience de la création d’activi-tés permettent en effet à leurs auteurs de réaliser des appren-tissages rapides et adaptés aux situations ; car les acquisitionsprogressives de compétences (gestion, utilisation de l’outilinformatique, répartition des rôles et responsabilités au seind’une équipe, etc.) s’accomplissent au fil de l’action, en sur-montant telle ou telle difficulté, en franchissant une étape…chacun de ces actes ayant une influence concrète et immé-diate sur les résultats, le développement des activités.En plus de cette mise à disposition d’outils de travail,

l’ouverture d’un droit d’accès à des conseils ou des forma-tions facilitant la maîtrise de ces outils (formations ponc-tuelles, in situ, liées aux besoins précis de l’activité), peutfavoriser la productivité, la réussite de l’initiative. Ce quinous renvoie à l’idée de dispositifs d’accompagnement indi-vidualisés, à la carte, des initiatives socio-économiques. Cesdispositifs ont souvent du mal à se mettre en place, ou, quandils existent, à faire reconnaître leur importance et obtenir lesfinancements requis.

En 1992 , l’équipe du Sous-Marin prend connaissance del’existence du programme interministériel café-musiques,

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Promouvoir la valeur du “test” d’activités ?Faciliter les mises à disposition d’espacesadaptés et de budgets pour couvrir les frais deproduction, afin d’offrir à des collectifs nedisposant pas de capital, de ressources propresinitiales, la possibilité de produire de l’activitéet d’accueillir, de rencontrer des usagers ?

Nécessité du contrat et de la clarification desengagements réciproques?Mise à disposition d’outils de travail et de production, et si possible d’unaccompagnement-formation individualisé pouraider à maîtriser ces outils ?

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qui pourrait lui permettre de faire reconnaître la dimensionculturelle de ses activités, et mobiliser des soutiens finan-ciers de l’État pour entreprendre une transformation de lasalle et en faire une vraie salle de spectacle. Elle réalisealors un dossier complet, comprenant un descriptif du pro-jet, des plans de réaménagement de la salle, des comptesprévisionnels, qu’elle transmet à la Direction régionale desAffaires culturelles (DRAC).Le conseiller à l’action culturelle de la DRAC en charge

de la politique de la Ville reconnaît la qualité de leur dos-sier, leur recommande de convaincre dorénavant la ville deVitrolles, et se déclare prêt à participer aux négociations.Quelque temps plus tard, alors qu’ils n’ont pas encore

obtenu de rendez-vous auprès des responsables munici-paux, ils se voient invités à une réception organisée parl’Office municipal de la Culture (OMC). Ils découvrent làune plaquette de quelques pages, sommaire et sanscontenu véritable, présentant un projet de café-musiquesinitié par l’OMC. Furieux de n’être pas même mentionnésdans ce document, de voir une sorte de rivalité ou de non-coordination entre les services culturels et socio-éducatifsse manifester ainsi, ils jettent à terre les documents avantde quitter bruyamment la salle.Il ne faudra que quelques jours pour qu’ils se voient

convoqués à une réunion avec le directeur de cabinet, lesmaires adjoints chargés de la jeunesse et de la culture, àl’issue de laquelle un accord de principe sera conclu pourmettre le projet du Sous Marin sérieusement à l’étude.Deux ans seront nécessaires pour aboutir à l’ouverture

du café-musiques en octobre 1994. Pendant ces deuxannées, les aides au fonctionnement seront maintenues.Un architecte est mandaté par la ville pour travailler surles plans, « mais il n’écoutait rien de ce qu’on disait. Il ajuste amélioré nos plans, nous prévoyait une sono de ker-messe… avec trois spots pour éclairer la salle ». L’Agencedes lieux musicaux et de spectacle, mandatée par leministère de la Culture pour accompagner les projets decafés-musiques, permettra de mettre en exergue les exi-gences techniques pour un accueil public de qualité.Les travaux d’aménagement coûteront environ un mil-

lion de francs, financés pour un tiers par la ville, un tierspar l’État (ministère de la Culture), un tiers par leconseil général des Bouches-du-Rhône pour l’équipe-ment son et lumière.

Quand la preuve est faite de la capacité d’équipes associa-tives à conduire des activités répondant à des besoins et desdemandes d’habitants, la structuration et le développement

de celles-ci n’en sont pas pour autant résolues et restent com-plexes, en particulier lorsque l’édification d’un équipementrelativement sophistiqué est requise. Des négociations doiventêtre menées avec divers partenaires institutionnels, et les por-teurs de projets sont rarement rompus à ce genre d’exercice.Pour le Sous-Marin, un faisceau de circonstances a permis

d’aboutir : une collectivité locale rassurée par une expé-rience de collaboration avec l’association, qui a permis devalider le sérieux et l’efficacité de son travail, un pro-gramme d’État spécifiquement adapté à ce genre de projet,et la présence sur le territoire d’un représentant du minis-tère de la Culture particulièrement volontaire pour animerle programme et le faire fonctionner. En ce qui concerne les cafés-musiques, rappelons briève-

ment, pour mémoire, que ce programme interministériel futlancé en 1991, à la suite d’un séminaire gouvernemental surles problèmes des banlieues urbaines : parmi différentesmesures, les cafés-musiques devaient être des projetsd’équipements où « l’essentiel est qu’ils soient gérés par uneéquipe de jeunes du quartier et que les horaires d’ouverture soientconçus pour accueillir du public en soirée » (Lettre de Matignon,février 1991).Quatre à cinq années plus tard, ce programme avait per-

mis de soutenir la création ou la rénovation d’une soixan-taine d’équipements, implantés sur (ou en lisière) de quar-tiers d’habitat social, en centre-ville tout en élaborant desprojets avec les associations développant des activités surles quartiers périphériques, ou encore en milieu rural.Devant la complexité du montage institutionnel et entre-

preneurial de ces structures, qui demandent pour établirleur équilibre économique une gestion attentive de leurfonctionnement, de leur productivité, et l’instauration deconventions de financement avec des partenaires publics, lecahier des charges des cafés-musiques s’est peu à peu assou-pli. La plupart des créations ont été impulsées par desmunicipalités, des associations structurées de longue date,ou des entrepreneurs culturels forts de plusieurs annéesd’expérience professionnelle.Le Sous-Marin, quant à lui, fait partie de ces quelques

rares expériences, dénombrables sur les doigts d’une main,répondant de très près aux objectifs initiaux du pro-gramme inter ministériel : des jeunes qui se professionnali-sent et parviennent à maîtriser la coordination et la gestiond’une entreprise complexe, mêlant des objectifs écono-miques, culturels et sociaux.Pour l’État comme pour la collectivité locale, les fonda-

teurs du Sous-Marin ont réalisé d’importants investisse-ments bénévoles, développé des compétences et des éner-

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première année, 60 000 l’année suivante, 40 000 la troi-sième année. En réalité, la subvention passera à 100 000 Fsur cette troisième année, conformément aux nouvellesorientations du ministère de la Culture, qui décide en 1997de soutenir au fonctionnement les Scènes de musiquesactuelles sur des durées conventionnelles de trois ans, avecau minimum 100 000 F par an.En 1996 et 1997, la subvention de la ville sera réévaluée et

portée à 200 000 F, l’engagement du Sous-Marin dans le débatpolitique ayant sans doute été plus remarqué que la qualitéet l’adéquation de son offre aux demandes des usagers.Les fondateurs des Productions du Sous-Marin, associa-

tion créée pour gérer le café-musiques, vont travaillerbénévolement et subsister grâce au RMI les deux premièresannées. Ils parviendront peu à peu à se rémunérer unesemaine par mois, puis à temps plein en utilisant les CIE(Contrats initiative emploi), lancés par le gouvernementd’Alain Juppé. Leur rémunération, aujourd’hui encore, n’apas dépassé la base du SMIC.Leurs activités se déclinent en plusieurs axes :- un espace de création et de diffusion artistique, avec

programmation de qualité, aide aux groupes régionaux etde la ville en particulier, ateliers de répétition, d’apprentis-sage et de pratique des musiques actuelles ;- un espace d’accueil, animé grâce à des collaborations avec

de nombreuses associations culturelles et sociales locales ouMaisons de quartier, un accompagnement de projets jeunesou associatifs, un lieu de vie conçu comme « l’arbre àpalabres » africain, régulièrement ouvert sur la ville ;- une entreprise, qui se préoccupe d’insertion par l’éco-

nomique (l’agrément « entreprise d’insertion » de laDirection départementale du travail a été obtenu en 94,demandé par les jeunes Sous-Mariniers pour remettre ensituation de travail, et sur des activités motivantes, desjeunes de leur entourage connaissant la même situationde précarité qu’eux quelque temps auparavant), génèredes emplois, s’insère dans le tissu de l’économie locale etdes commerçants du quartier.On note, dans les pratiques du Sous-Marin :- valorisation des subventions comme moyens de

réduire les tarifs d’accès aux spectacles, qui vontde 70 F à la gratuité pour les jeunes les plus démunis ;- formation professionnelle des jeunes et accompa-

gnement social ;- ouverture, respect des usagers, un lieu idéal pour

permettre de mieux adapter l’offre publique en matièred’équipements et d’animations aux attentes et aux pra-tiques des usagers.

gies telles qu’ils ont été en mesure de répondre aux attentesinstitutionnelles, menant à bien un projet en prise directeavec les problèmes sociaux et les demandes culturellesd’une partie de la population.À un tel stade, il faut se hâter de renverser le discours

dominant. Ce ne sont pas les porteurs de projets qui sontredevables aux pouvoirs publics des aides financières obte-nues, mais c’est au contraire la collectivité publique qui estredevable aux porteurs de projets de s’être montrés capablesde formuler une réponse adaptée aux besoins du public.Quand les élus frontistes de Vitrolles « récupèrent » cet

outil de travail, que reste-t-il aux jeunes du Sous-Marin encontrepartie des efforts et du temps passé pour mener à termele projet d’aménagement ? Le droit de se mettre à genoux etrecommencer, trouver un autre local, renégocier des créditsd’investissement ? Les entreprises de second œuvre et lesvendeurs de matériel ont été payés, la municipalité retrouveun bâtiment rénové et des installations cofinancées par l’Étatet le département… et les Sous-Mariniers sont remerciés !Est-il indécent d’imaginer qu’il serait possible de :

Enfin, pour ceux qui initient des projets sans que toute-fois ces derniers ne s’inscrivent dans des programmes-cadre, ne pourrait-on :

En 1994 , lors de l’ouverture du café-musiques, une conven-tion élaborée par le Sous-Marin à l’aide de conseillers juri-diques, bâtie sur le principe du contrat d’affermage, est pro-posée à la Mairie. Elle n’acceptera pas le document en l’état,mais dressera néanmoins une convention de 30 pages, pré-voyant la mise à disposition des locaux et une aide au fonc-tionnement de 100 000 F, cela sur une période de trois ans,renouvelable selon le principe du 3-6-9.Pour le fonctionnement, une aide dégressive de l’État

intervient également, sur la base théorique de 80 000 F la fi

Valoriser les investissements immatériels (tempsde travail) des bénévoles associatifs ?Prévoir contractuellement desdédommagements pour le cas où le droitd’exploitation de l’outil de travail dont ils aurontconduit la création leur serait ôté ?

Concevoir des cadres souples d’aide à l’investissement pouvant s’adapter àla variété des initiatives ?

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Les budgets restent modiques et ne permettent pas destabiliser complètement le fonctionnement économiquede la structure, sécuriser les emplois, faire face à uneéventuelle chute de fréquentation sur un spectacle, ce àquoi tout programmateur est un jour confronté. Aussi,dans son rapport d’assemblée générale de l’année 1996,le Sous-Marin demande pour 1997 à être soutenu par unepolitique volontariste. Car : « Il ne faut pas oublier quenos structures ont pour objectif, à travers les activitésproposées dans le domaine culturel et leur engagementau quotidien avec les acteurs de la société civile, deréduire les inégalités et de lutter contre les exclusions. »Notre expérience et notre connaissance du réseau des

cafés-musiques, acquise au terme de cinq années de tra-vail de contacts avec leurs responsables et d’analyses deleurs activités, nous permettent de reconnaître et affir-mer l’excellente qualité du bilan du Sous-Marin en find’année 1996, tant au niveau du mixage des activitéséconomiques, sociales et culturelles, que des résultatsenregistrés en terme de gestion. (Le lecteur peut consul-ter, pour plus d’informations, le hors série de Culture &Proximité intitulé « Bilan, économie et programmationdes cafés-musiques en 95 », édité par Opale).Le taux de financement de l’activité par le chiffre

d’affaires est de 50 %, ce qui place le Sous-Marin dansune très bonne moyenne par rapport aux cafés-musiques,et au meilleur niveau par rapport à l’ensemble des éta-blissements culturels.Leurs résultats parlent d’eux-mêmes. Sur ses deux pre-

mières saisons, le Sous-Marin totalise 14 000 entréespour 80 concerts, soit pour une salle de 200 places untaux de fréquentation de 85 %. L’association compte700 adhérents, 20 bénévoles actifs. Environ 30 associa-tions locales ont engagé avec le Sous-Marin des copro-ductions, et les groupes locaux ont bénéficié de l’équipe-ment et d’un accompagnement pour un total d’environ800 heures de répétition.L’origine des spectateurs et adhérents n’a pas fait

l’objet d’une étude précise, mais leur répartition est esti-mée à un tiers de Vitrollais, un tiers sur Aix et sa périphé-rie, un tiers sur Marseille et ses environs.

Les équipements à vocation culturelle et sociale ne peu-vent économiquement subsister qu’avec l’appui du secteurpublic, et en particulier de la collectivité locale. Si à la direc-tion des affaires de la collectivité les têtes changent, les prio-rités en matière culturelle et sociale changent aussi. Peuimporte qu’une relation saine, aboutie, entre offre et

demande locale se soit instaurée, la légitimité que confère aupouvoir exécutif l’élection au suffrage universel lui donne leloisir de réorienter ses soutiens, ses attributions de crédit.Les 14 000 spectateurs et les 700 adhérents du Sous-Marinne comptent pas, ils n’ont rien à dire. Ces participants, cesusagers, doivent assumer les conséquences du choix popu-laire caractérisé par l’issue du scrutin majoritaire. Le faitd’exprimer par un acte de consommation leurs demandes,et leur besoin d’accéder à la pratique culturelle, n’est pas unmessage valide et perçu comme tel. Le bulletin de vote amanifestement beaucoup plus de poids et de valeur quel’usage et la participation. Alors, le seul message que les res-ponsables du Sous-Marin sont en mesure d’adresser à leursconcitoyens, au travers de leurs bulletins actuels d’informa-tion, c’est « Vous plaignez pas, votez ! »Rétablir un droit à l’obtention d’aides au fonctionnement

pour des activités socio-économiques à dominante cultu-relle, qui ne peuvent en aucune manière équilibrer leurscomptes sur la base des règles simples du Marché, est unsujet très délicat. Car les élus ou les administrateurs des dif-férentes collectivités publiques resteront toujours détenteursdu pouvoir de décision quant à l’utilisation des fonds qu’illeur a été donné de gérer par mandat. Et la maîtrise du sec-teur culturel, qui véhicule des idées et des valeurs, reste tou-jours plus convoitée par les politiques que d’autres services,d’autres activités répondant à des besoins de la populationréputés plus essentiels ou urgents, moins sensibles.Il devrait pourtant être possible, pour contrebalancer les

systèmes de financement de l’action culturelle essentielle-ment basés sur le principe bien connu du « fait du Prince »,de définir des indicateurs plus objectifs de quantification(même s’ils ne peuvent pas évidemment écarter totalementl’influence des appréciations subjectives) pour valider l’uti-lité d’une activité, le degré d’assentiment des usagers :heures d’ouverture et fréquentation, entrées aux spectacles,heures de répétition ?Dans le cas du Sous-Marin, une subvention de 200 000 F,

pour une ville de 38 000 habitants, c’est un peu plus de 5 Fpar habitant et par an. Pour permettre à des jeunes Vitrollaisd’accéder plus aisément à 2 500 entrées au spectacle (untiers du public et sur une année), est-ce trop cher payer ?En établissant des comparaisons avec d’autres villes, avec

d’autres types d’équipements culturels, on s’apercevraitrapidement que cette participation des contribuables estbien modique, et pourrait aisément être réévaluée.Cette instauration d’indicateurs de mesure ne pourrait

résoudre la question des options politiques prises aux diffé-rents échelons territoriaux de pouvoir. Mais elle pourrait

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donner aux diverses collectivités publiques des instrumentsd’évaluation des besoins, permettant, par exemple, auDépartement, à la Région et à l’État, de calculer le montantminimum de leur participation, s’ils souhaitent assumerl’équilibre de fonctionnement de l’initiative en cas de défec-tion de la municipalité.Elle permettrait également d’inscrire dans les différents

contrats, comme celui passé entre la collectivité locale etl’association gestionnaire, un montant minimum et unsystème automatique de réévaluation du montant annuelen fonction des résultats obtenus en terme de participa-tion des usagers.

En janvier 1997 , le Sous-Marin renforce son action mili-tante, pour prévenir des dangers de l’élection possible duFront national. De multiples soirées de rencontres et dedébat sont organisées, ainsi qu’un concert avec Noir Désir,Massilia Sound System, No One Is Innocent, Ludwig Von 88et des groupes de Vitrolles, suivis par une rencontre desartistes avec les jeunes.Le Front national envisageait dans son programme

d’ouvrir un lieu pour les jeunes en centre-ville, mais nementionnait pas le Sous-Marin. Une opposition, de fond,était bien évidemment latente. Après son élection, l’équipede Catherine Mégret se met en place, laisse passer les élec-tions législatives, et ne traite pas immédiatement la ques-tion du Sous-Marin. La convention liant la ville de Vitrolles àl’association, qui arrivait à échéance en juin 97, aurait dûêtre dénoncée 3 mois à l’avance. La majorité municipale nes’en est pas rendu compte, et dès lors la convention étaitautomatiquement reconduite jusqu’à l’an 2000.Le Sous-Marin choisit alors, après réflexion, de demander

à la ville sa subvention annuelle, considérant que cettedémarche revenait à solliciter un soutien auprès des contri-buables vitrollais, et non auprès du Front national. Si ellerefusait, la nouvelle équipe municipale devrait en expliquerpubliquement les raisons.À l’issue d’un conseil municipal en juin, les associations

de Vitrolles voient leurs subventions diminuées de moitié,et celle du Sous-Marin est supprimée. Dans une conférence

de presse, la municipalité va rendre publiques ces déci-sions. Le Sous-Marin en organise une à son tour, où sontprésents le député, des représentants de la DRAC et duConseil général, qui sera suivie en juillet par une rencontreentre les fondateurs du Sous-Marin et le ministre de laCulture, Catherine Trautmann. La DRAC et le Conseil géné-ral vont s’engager à combler la perte de subvention de laville, en apportant 100 000 F chacun.À l’automne l’affrontement se précise. Le samedi

4 octobre, le Sous-Marin organise un concert de soutien auStadium de Vitrolles avec entre autres Noir Désir etMassilia Sound System pour 4 500 personnes. La municipa-lité n’a pas réussi à annuler le concert, mais ce jour même,le mari de Madame le Maire, Bruno Mégret, déclare à latélévision qu’au Sous-Marin « la drogue circule sous lemanteau ». Par la suite, les arguments se développerontégalement autour du fait que le Sous-Marin programmedes groupes incitant à la violence et à la délinquance,réveillant ainsi « les mauvais instincts de la jeunesse ».Le lundi 6 octobre, les locaux du Sous-Marin sont

murés et des employés municipaux s’y introduisent pourfouiller les archives et les fichiers informatiques. Tandisque l’huissier visite les bureaux, des employés munici-paux prétendent découvrir derrière le bar trois barrettesde haschich et trois faux billets de 50 F, qu’ils remettentà la sortie à la Police nationale.Le 7 octobre, le Sous-Marin publie un tract qu’il distri-

bue aux Vitrollais. Face aux accusations d’incivisme, deviolence et de délinquance, le Sous-Marin répondqu’aucune plainte de parents, de riverains, de commer-çants… n’a été déposée au commissariat de Vitrollesdepuis leur ouverture. Contre l’accusation de « manquede transparence, détournement de fonds publics », ilsrépondent que leurs comptes, établis par leur expert-comptable, ont été remis par quatre fois à la Mairie avecpreuves. Contre les accusations portant sur l’alcool et lesboissons, ils rappellent être titulaires d’une licence, avoircontinuellement mené une action de prévention contrel’alcoolisme, la toxicomanie et le Sida.Une bataille juridique va s’engager, sur laquelle il ne

nous semble pas nécessaire de s’étendre. Des plaintesont été portées par le président des Productions duSous-Marin pour propos calomnieux envers les respon-sables et salariés de l’établissement… mais les interven-tions de la commission communale de sécurité auront ledernier mot. La situation est bien évidemment intenable,on le comprend, pour les jeunes du Sous-Marin, quin’auront aucune latitude pour fournir les rapports de

Introduire, en partie, dans les contratsassociations-collectivités publiques, des réévaluations des aides publiques aufonctionnement en fonction d’indicateurs quantifiant les volumes deservices rendus aux usagers ?

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sécurité manquants, par exemple la vérification desextincteurs, mettre éventuellement en œuvre quelquestravaux complémentaires de rénovation.Les jeunes remettent donc symboliquement les clés à la

municipalité, en présence de la presse, le 12 novembre.Depuis, les responsables du Sous-Marin ont envisagé

de se réinstaller dans d’autres locaux sur la ville deVitrolles, la prise en charge de l’achat et de l’aménage-ment de cet espace ayant été évoquée par le conseilgénéral et le ministère de la Culture, un complémentpouvant être apporté par un appel à souscription orga-nisé par la Fondation de France. Des aides au fonction-nement pourraient également être attribuées par leMinistère et les conseils général et régional, mais pourl’instant rien n’a été entériné. L’équipe est encore loind’avoir terminé le dossier pour préparer cette éventua-lité, qui restera très complexe, prendra inévitablementbeaucoup de temps. De plus, dans leurs dernierscontacts avec les institutions, les montants des aidesprévues commençaient à être revus à la baisse.Les Sous-Mariniers, à la fin du mois de mars 1998, ont

achevé leur tournée sur le thème Musique etCitoyenneté dans de multiples lieux de concerts du pays.Ils considèrent avoir été très bien accueillis, tant parles lieux eux-mêmes, que par les associations et lesé lus locaux, et en commentent a ins i le résultat :« Apparemment, nous manquons d’espace de parole enFrance. Elle a été confisquée, il faut la redonner. On sentpartout une volonté de réagir, et le plaisir d’associer unedimension festive aux temps consacrés aux luttessociales. Mais il y a encore beaucoup de travail à accom-plir pour activer de nouveaux réseaux de solidarité, lesfaire entendre, et pour cela construire des argumen-taires toujours plus clairs et plus précis. »

Qu’en est-il aujourd’hui de l’aventure du Sous-Marin ?Des jeunes cassés, épuisés d’avoir été soumis à tant depressions. Plusieurs années avaient été nécessaires pourprofessionnaliser l’équipe, régler, harmoniser les rapportsentre les salariés et les bénévoles. L’année 1996, malgré dif-férentes remises en cause, des difficultés budgétaires per-sistantes qui ne permettaient pas, par exemple, de dégagerquelque budget que ce fût pour l’affichage, avait néan-moins consacré l’aboutissement d’une dizaine d’annéesd’efforts. Le lieu était fréquenté, fonctionnait bien, parve-

nait à fabriquer l’alchimie de la convivialité et à conjuguercréation d’emplois, prévention sociale et expression cultu-relle des habitants.Aujourd’hui, les fondateurs du Sous-Marin considèrent

que l’équipe est en pleine implosion. Des projets de concertssont reportés, les conditions de travail sont détestables, denouvelles tensions naissent au sein de l’équipe elle-même.Au lecteur de se faire une idée sur ce que nous avons

appelé, en introduction, un véritable gaspillage des énergiescitoyennes de la jeunesse. Certes, l’expérience qu’ontconnue ces porteurs de projets leur donnera des armes pourprolonger leur parcours professionnel.Mais n’ont-ils pas besoin, aujourd’hui, d’être protégés,

suivis, accompagnés, pour ne pas prendre en pleine face lesaggressions issues du jeu politique et de l’absence d’unDroit à l’initiative cohérent, juste, équitable ? Les respon-sables politiques et institutionnels peuvent-ils les laisserseuls s’engager dans un processus de création d’un nouveaulieu à Vitrolles, qui sera en permanence soumis aux pres-sions de la municipalité ? L’argent ici ne suffit plus, il fautdes boucliers, des systèmes de protection, des conseils éclai-rés et des engagements des détenteurs de pouvoir pour queles porteurs de projets socio-économiques ne soient pastransformés en balles de ping-pong entre les raquettes despolitiques et des médias.Doit-on les aider à quitter Vitrolles, en les dégageant de tout

sentiment de culpabilité par rapport à cette impression qu’ilspourraient avoir de déserter la scène du combat citoyen ?Ce n’est pas là la vraie question. La vraie question est

dans la suppression des moyens qui leur sont donnés pourconstruire, avec leurs usagers, avec les jeunes, des espacesdécents de vie sociale. Ils peuvent recréer un Sous-Marinailleurs, sur une autre ville, et leurs usagers sauront lessuivre. Encore faudra-t-il, si tel est le cas, qu’on ne lesoublie pas, et que la machine administrative sache accom-pagner et garantir un peu plus rapidement que de cou-tume. Car il faut faire vite.

Vos contributions à ce débat, comme à l’accoutumée, sontles bienvenues.

Protéger les porteurs de projets des conflits de puissance au milieu desquels ils seronttoujours perdus et perdants ?

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du Sous-Marin de Vitrolles

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63Culture & Proximité n°7

A n n o n c e s

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64 Culture & Proximité n°7

Droit de réponse

• Le théâtre 95 de Cergy-Pontoise rechercheUN(E) ADMINISTRATEUR(TRICE) de préférence âgé(e) de plus de 35 ansMissions :- responsabilité du personnel et de la gestion administrative et financière,- relation avec les pouvoirs publics et la profession,Type de contrat : CDI

Candidatures : envoi CV + lettre de motivation àJoël Dragutin, directeur

Théâtre 95 - BP 98 - 95021 Cergy-Pontoise cedex - Fax : 01 30 38 73 32

• L’Arsenal, salle de spectacle, Metz, cherche son :RÉGISSEUR LUMIÈRE- Formation requise : Bac + 2, formation électronique (BEP, BTS…), pratique d’unelangue étrangère, maîtrise de l’informatique (dessin technique, bureautique…)- Expérience professionnelle : 5 ans d’expérience dans un poste similaire, pra-tique des jeux d’orgues-pupitrage- Profil de poste : responsabilité globale du service lumière, coordinationd’une équipe technique lumière, prise en charge du parc lumière, exploi-tation des régies.

Candidatures (lettre + CV) à : M. Larpenteur, Directeur général

Avenue Ney - 57000 Metz - Renseignements : 03 87 39 92 00

• L’association “Les Amis de l’Écomusée” d’Alsace propose un poste de :CHARGE DE MISSION- Profil : technicien rodé aux circuits de financements publics, expérience dudéveloppement local, capacité de montage et de négociation de dossiers- Missions : - se tenir informé des aides et concours publics existants- rédaction des projets, suivi administratif- pilotage du suivi interne- gestion des conventions existantes

Contact : Les amis de l’ÉcomuséeBP 71 - 68190 Ungersheim - Tél : 03 89 74 44 74

• Chargé de développement culturel (Bac + 5 et formation en gestion deprojet culturel). Responsable 4 ans d’une association d’appui aux projets inter-culturels, médiateur dans le cadre des Transculturelles de Roubaix.Cherche poste de médiateur ou administrateur au sein d’une municipalité,

association ou centre culturel en Ile-de-France. Aptitude à la coordination deprojets, à la gestion. Connaissance des dispositifs politiques de la Ville, dumilieu associatif notamment issu de l’immigration.

Contact : Bertrand Turquety28, rue Hermel - 75018 Paris - Tél : 01 42 55 11 85

Of fres d’emploiPetites annonces

Demande d’emploi

Nous avions publié, dans Culture &Proximité n° 6, le texte intégral du der-nier bulletin d’information de l’entre-prise culturelle et sociale « LesProductions du Sous-Marin » sous letitre Le Sous-Marin refait surface par-tout en France.M. Hubert Fayard, premier adjoint

au maire de Vitrolles, nous « requiert »de publier le droit de réponse suivant :

« Contrairement à vos affirmations,les deux arrêtés municipaux prisconcernant l’association “Les produc-tions du Sous-Marin” sur :

- la fermeture pour raison de sécu-rité (le 5 mars n’ayant pas réponduaux normes de sécurité exigées parla commission communale de sécu-rité), le secret sur la nullité de laconvention liant la ville au Sous-Marin (celui-ci n’ayant pas respectéses engagements notamment en refu-sant de transmettre les comptes del’association visés par un commis-saire aux comptes, condition sinequa non de la convention).

Ces deux arrêtés sont légaux, lameilleure preuve c’est qu’à ce jour,le préfet n’a pas saisi le tribunaladministratif.

Les locaux municipaux, autrefoisgérés par le Sous-Marin, sont encours d’aménagement, et prochaine-ment une Cyber Maison de quartier yprendra place. »

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65Culture & Proximité n°7

Appels à projets

• La Fondation MACIF, sous l’égide du Pôle européendes fondations de l’économie sociale, lance un :

Appel à projets intitulé “Les jeunes, l’emploi et l’écono-mie sociale”, en direction des jeunes ayant entre 18 et30 ans. Les projets sélectionnés auront pour finalité lacréation d’emplois durables et qualifiés dans les domainesdes services sociaux et de la vie quotidienne, du cadre devie et de l’environnement, de la culture et des loisirs. Lesprojets transposables dans d’autres pays de l’Union euro-péenne seront particulièrement appréciés. Ils pourront êtreconçus par un jeune ou un groupe de jeunes, une struc-ture de l’économie sociale mais aussi une organisationsyndicale, une collectivité territoriale, un établissementscolaire ou une université.

Dossier de candidature :à retirer dans tous les points d’accueil du réseau MACIF

ou auprès des organismes paritaires. Dépôt des candidatures avant le 31/08/98

Le Mousse au chocolatSpectacle à biscuire

Sculpteur de l’éphémère, Boris Tissot met enscène un monde poétique attachant avec des maté-riaux simples empruntés au quotidien (sucre, biscuits,chocolat). À l’occasion d’une création avec le Théâtreà Bretelles et Anne Quesmand, un spectacle, LeMousse au chocolat, spectacle à biscuire vous faitdécouvrir un monde musical et odorant qui s’adresse àtous, petits et grands gourmands.

Biscotto, Tarabiscotte et l’OgreBiscotto, petit mousse d’un bateau naufragé, doit

avec l’aide de la fée Tarabiscotte, qu’il a lui-même sus-citée (le cuisinier est un magicien, la cuisine une alchi-mie) ruser pour n’être pas dévoré par l’ogre vorace etpressé. Impuissant à lui enseigner les délices de lagourmandise et les cheminements de la patience, il lepiège en lui livrant sa toute dernière création : une nou-velle et délicieuse fiancée avec laquelle il a auparavantcomploté. Ce spectacle, interprété par deux comédiensenchanteurs, des gâteaux à taille humaine, permet devoyager dans un univers poétique, ludique, féerique oùse mêlent ombres chinoises, cinéma 16 mm, musique,lanterne magique, chanson et cuisson en direct.

• Le Centre de la Chanson (théâtre de Vanves) présentedans le cadre de la découverte de nouveaux interprètes :

Le concours “Vive la reprise !” 1998 ouvert aux chan-teurs interprètes professionnels ou amateurs, français ouétrangers sans limites d’âge chantant en langue française,et n’ayant pas enregistré de disque sur une major.Inscriptions et règlement complet sur demande :

Contact : “Vive la reprise !”1998Centre de la Chanson

24, rue Geoffroy l’Asnier - 75004 ParisTél : 01 42 72 28 99

Le Mousse au Chocolat cherche escaleCe spectacle sera créé au Théâtre Dunois le 17, 18 et

19 juin 1998. La suite vous appartient, vous pouvezl’accueillir aussi dans votre lieu afin qu’il puisse rencon-trer d’autres esprits gourmands.

Contact :Boris Tissot - Tél : 01 43 67 88 90

Théâtre à Bretelle - Tél : 01 45 31 33 11Théâtre Dunois - 108, rue du Chevaleret - 75013 Paris

Début de tournée

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Page 66: Couverture XP.N°7 Couverture XP.N°7 25/09/14 10:34 Page3 la … · 2018. 2. 28. · 4 Culture & Proximité n°7 A n n o n c e s TRAVERSIERES la revue de presse des acteurs culturels...

58 F (TTC franco de port)n°4l Chemins de traverse en Pays de la Loireinitiatives d’entreprises, histoires de paroles, culture et pays…

l Musiques actuelles en résidencel Du mécénat au partenariat :solidarité associations - entreprises

l Sociétés à but non lucratif, en Europe, une question de statut ?

58 F (TTC franco de port)n°6

l Musiques et danses traditionnelles et ateliers d’écriture en Languedoc-Rousillon

l Le renouveau du ball Scènes musicales sur la toilel L’avis de René Rizzardo sur les sociétés à but non lucratif

l Dynamiques des réseaux européens

l Des Alsaciens sans frontièresfriche, l’art dans la nature ou les bars…

l Régies de quartierentre paroles et mémoires

l Des cafés-musiques aux scènes de musiques actuelles

H o r s - s é r i e

Bilan : Économie et programmation

des cafés-musiques Banlieues d’Europe

58 F (TTC franco de port)

58 F (TTC franco de port)

58 F (TTC franco de port)

l Balade en région Centredanse, associations de quartier, musées atypiques…

l Vidéos Des Pays et des Quartiersl Les cafés-musiques

pour l’emploi des jeunesl Les réseaux de l’économie

solidaire en mouvement

l Arrimages en pays bretonschamps de sculptures, café-livres, cafés-cabarets...

l Livres en campagnedes relais-livres aux villages du livre

l Actualité des scènes de musiquesactuelles et des cafés-musiques

l Utilité sociale des associations culturelles

l Horizons culturels en Nord-Pas-de-Calaisthéâtre citoyen, cinéma et vidéo,intercommunalité...

l Rencontres artistiques et santé mentalede douleurs en désirs

l Les réseaux de l’économie solidaire en mouvement

l Des Zones pour tous ?

n°3

l Politiques culturelles en Europel Hip-hop opéral Politique culturelle belgel L’art dans les quartiersl Politique culturelle françaisel L’artiste dans les quartiersl Quartiers en crisel Tables rondesl Politique culturelle européennel Réseaux

l Tableau générall Indicateurs économiquesl Programmationavis d’artistes, liste des spectacles

Vies entre vuesl Des habitants, accompagnés par des photographes professionnels, nous donnent à voir et à lire des images de leur ville et de leur vie

n°5

85 F (TTC franco de port)n°1

95 F (TTC franco de port)n°3

120 F (TTC franco de port)n°2

n°258 F (TTC franco de port)

n°1

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Réédition - F

évrier 98

Réédition - F

évrier 98

OPALE - 46, rue des Cinq Diamants - 75013 PARIS - Tél : 01 45 65 20 00 - Fax : 01 45 65 23 00 - E-mail : [email protected]

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l Et chaque année...2 numéros hors-série thématiques

l Chaque saison

Région Des lieux vivants, des initiatives culturelles inédites

Dossier Les liens culturels au cœur des mutations humaines et socio-économiques

Actualité des SMAC et Cafés-musiques

Débat Entre lois et pratiques, recherche de nouvelles perspectives

l Chemins de traverse en Pays de la Loireinitiatives d’entreprises, histoires de paroles, culture et pays…

l Musiques actuelles en résidencel Du mécénat au partenariat :solidarité associations - entreprises

l Sociétés à but non lucratif, en Europe, une question de statut ?

l Politiques culturelles en Europel Hip-hop opéral Politique culturelle belgel L’art dans les quartiersl Politique culturelle françaisel L’artiste dans les quartiersl Quartiers en crisel Tables rondesl Politique culturelle européennel Réseaux

Consacrée à des témoignages et des échanges de points devue, la lettre trimestrielle Culture & Proximité se veut un

instrument de liaison entre tous ceux qui ont fait le pari de placerl’expression artistique au centre des projets de développement local

dans nos quartiers de villes et dans nos villages.

Elle apporte des outils de réflexion et d’action aux élus,représentants de l’État, entrepreneurs et professionnels de la

culture, travailleurs sociaux… et citoyens curieux.

Direction de la publicationBruno Colin

Comité de rédaction Luc de Larminat

Réjane Sourisseau Bruno Colin

Ont collaboré à ce numéro Blandine Delcroix, Frédérique Planet,

Émilie Giandre, Valérie Marchand, Thierry Lavignon, Olivier Bailly

Couverture, mise en page Pierre Henri Fabre

Photo de couverture (Détail)Alain Chatenet

RelectureBernard TeboulImprimerie

COMPÉDIT BEAUREGARD

Photos page 5 (petites de droite à gauche) ; P. Lecat, Comité Régional de Tourisme Poitou-Charentes

(Fond) ; Jean-Louis Neveu, Collection Métive Photos page 25 à 31 : Anaïs Masson

Photos page 32 et 37 : Christian Flag

Dépot légal : Mars 1998

Commission paritaire : 77319 ASISSN : 1253 - 0816

Reproduction interdite sans l’autorisation de la revue

COMMUNAUTÉ EUROPÉENNEFonds social européen

La Lettre ”Culture & Proximité” est réalisée par l’association OPALE, avec le soutien

• du ministère de la Culture et de la Communication• du Fonds Social Européen• de la Délégation Interministérielle à la Ville• du Fonds d’Action Sociale

Nouveaux Tarifs

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Dans tous les cas, vous recevrez une facture correspondant à votre paiementTout règlement par chèque doit être libellé à l’ordre d’OPALE et joint à la commande

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Institutions, organismes, sociétés soit : 350 F (TTC)

Particuliers (-20%) soit : 280 F (TTC)

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Commande groupée au numéro, à partir de 5 exemplaires (-10 à -30%), nous consulter

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Prix du numéro : 58 Fla

lettre

la let

tre

P A R O L E S D E N O U V E A U X A C T E U R S C U L T U R E L S L O C A U X

organisation pour projets alternatifs d'entreprises

Editions

N°7

- M

ars

1998

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