corée du nord

12
CORÉE DU NORD Article écrit par Valérie GELÉZEAU, Jin-Mieung LI Prise de vue La Corée du Nord (République populaire démocratique de Corée, R.P.D.C., Choson minjujui immin konghwaguk), fondée en 1948, est un pays totalitaire, un des plus fermés au monde, où règne la famille Kim, Kim Il-sung de 1948 à 1994, son fils Kim Jong-il de 1994 à 2011, puis le fils de celui-ci, Kim Jong-un. L'idéologie de la R.P.D.C. est le juche, qui se traduit par une économie autonome (autarcie) et une défense nationale indépendante. Très montagneux et soumis à un climat hivernal rigoureux, le pays est certes désavantagé sur le plan agricole, mais on y trouvait la quasi-totalité des installations industrielles et hydroélectriques laissées par le colonisateur japonais, faisant de lui un État beaucoup plus développé que le Sud agricole jusqu'à la fin des années 1960. La guerre de Corée, provoquée par Kim Il-sung, n'eut pour conséquence que ruines et hémorragie démographique. La capitale Pyongyang comptait 3,25 millions d'habitants en 2008, et une dizaine de villes plus de 300 000 habitants. Les autorités maintiennent la politique de la dispersion démographique. Malgré les plans successifs, dont les objectifs étaient irréalistes, l'industrie et l'agriculture ne firent pas de progrès substantiel faute de technologie, d'énergie, de matières premières, et d'investissements. Qui plus est, le régime maintient près d'un million de jeunes au service militaire durant plus de cinq ans. Tous les secteurs économiques sont nationalisés, organisés en coopératives, dirigés par le parti unique, le Parti du travail. La population, endoctrinée, mobilisée pour des travaux irrationnels, souffre de grave carence alimentaire chronique. Le régime cultive cependant l'ambition de faire du pays une puissance nucléaire, menaçant ainsi l'équilibre de la paix régionale et mondiale. Corée du Nord Carte politique de la Corée du Nord(2005 Encyclopædia Universalis France S.A.) Corée du Nord : drapeau Corée (Rép. pop. dém.) (1948). Bandes horizontales bleue, rouge, bleue (paix et socialisme), séparées par de fines bandes blanches (couleur traditionnelle de la Corée). Dans le rouge, côté guindant, un disque blanc (taeguk, symbole de l'univers) frappé de l'étoile rouge du parti ouvrier.(2005 Encyclopædia Universalis France S.A.) Jin-Mieung LI I- Géographie Limitée au sud par la zone démilitarisée (D.M.Z.), frontière fermée qui la sépare de la Corée du Sud depuis 1953, au nord par les fleuves Yalu (Amnok) et Tumen (Tuman) formant les frontières avec la Chine, la Corée du Nord, un des derniers pays communistes de la planète, est un peu plus grande que la Corée du Sud (122 000 km 2 ) et plus de deux fois moins peuplée (23,34 millions d’habitants selon le dernier recensement de 2008, effectué avec l’assistance de l’O.N.U. ; il n’y avait pas eu de recensement depuis 1993). Depuis les réformes chinoises (1978) et la chute du bloc soviétique, la Corée du Nord, plus développée que le Sud jusque dans les années 1970 mais mal connue en raison de l'incertitude statistique, est confrontée à une grave crise de son système fondé sur l'idéologie du juche qui prône l'autonomie politico-militaire et l'autarcie économique. Fils du « Grand Leader » Kim Il-sung (dirigeant jusqu'à sa mort en 1994), Kim Jong-il s'est

description

Lien inclus : escalade des mots en Corée du Nord.Mon site : http://magouillesland.perso.sfr.fr

Transcript of corée du nord

Page 1: corée du nord

CORÉE DU NORD

Article écrit par Valérie GELÉZEAU, Jin-Mieung LI

Prise de vue

La Corée du Nord (République populaire démocratique de Corée, R.P.D.C., Choson minjujui imminkonghwaguk), fondée en 1948, est un pays totalitaire, un des plus fermés au monde, où règne la famille Kim,Kim Il-sung de 1948 à 1994, son fils Kim Jong-il de 1994 à 2011, puis le fils de celui-ci, Kim Jong-un.L'idéologie de la R.P.D.C. est le juche, qui se traduit par une économie autonome (autarcie) et une défensenationale indépendante.

Très montagneux et soumis à un climat hivernal rigoureux, le pays est certes désavantagé sur le planagricole, mais on y trouvait la quasi-totalité des installations industrielles et hydroélectriques laissées par lecolonisateur japonais, faisant de lui un État beaucoup plus développé que le Sud agricole jusqu'à la fin desannées 1960.

La guerre de Corée, provoquée par Kim Il-sung, n'eut pour conséquence que ruines et hémorragiedémographique. La capitale Pyongyang comptait 3,25 millions d'habitants en 2008, et une dizaine de villesplus de 300 000 habitants. Les autorités maintiennent la politique de la dispersion démographique.

Malgré les plans successifs, dont les objectifs étaient irréalistes, l'industrie et l'agriculture ne firent pasde progrès substantiel faute de technologie, d'énergie, de matières premières, et d'investissements. Qui plusest, le régime maintient près d'un million de jeunes au service militaire durant plus de cinq ans.

Tous les secteurs économiques sont nationalisés, organisés en coopératives, dirigés par le parti unique,le Parti du travail. La population, endoctrinée, mobilisée pour des travaux irrationnels, souffre de gravecarence alimentaire chronique.

Le régime cultive cependant l'ambition de faire du pays une puissance nucléaire, menaçant ainsil'équilibre de la paix régionale et mondiale.

Corée du Nord

Carte politique de la Corée du Nord(2005 Encyclopædia Universalis France S.A.)

Corée du Nord : drapeau

Corée (Rép. pop. dém.) (1948). Bandes horizontales bleue, rouge, bleue (paix et socialisme),séparées par de fines bandes blanches (couleur traditionnelle de la Corée). Dans le rouge, côtéguindant, un disque blanc (taeguk, symbole de l'univers) frappé de l'étoile rouge du partiouvrier.(2005 Encyclopædia Universalis France S.A.)

Jin-Mieung LI

I- Géographie

Limitée au sud par la zone démilitarisée (D.M.Z.), frontière fermée qui la sépare de la Corée du Sud depuis 1953, au nord par les fleuves Yalu (Amnok) et Tumen (Tuman) formant les frontières avec la Chine, la Corée du Nord, un des derniers pays communistes de la planète, est un peu plus grande que la Corée du Sud (122 000 km2) et plus de deux fois moins peuplée (23,34 millions d’habitants selon le dernier recensement de 2008, effectué avec l’assistance de l’O.N.U. ; il n’y avait pas eu de recensement depuis 1993). Depuis les réformes chinoises (1978) et la chute du bloc soviétique, la Corée du Nord, plus développée que le Sud jusque dans les années 1970 mais mal connue en raison de l'incertitude statistique, est confrontée à une grave crise de son système fondé sur l'idéologie du juche qui prône l'autonomie politico-militaire et l'autarcie économique. Fils du « Grand Leader » Kim Il-sung (dirigeant jusqu'à sa mort en 1994), Kim Jong-il s'est

thierry
Autocollant
Lien vers : escalades des mots en Corée du Nord
Page 2: corée du nord

appuyé sur l'armée pour assurer son contrôle sur le pays, qu'il a toutefois engagé sur la voie des réformeséconomiques en 1998.

Tandis que se met difficilement en place un régime mixte introduisant certains éléments de capitalisme,la Corée du Nord présente aujourd'hui des indicateurs de développement atypiques : elle conjugue en effetune grande pauvreté (un P.N.B. par habitant estimé à moins de 1 000 dollars en 2004), une crise alimentairechronique (plus d'un tiers des Nord-Coréens souffrent de malnutrition), un taux de chômage beaucoup plusimportant que les chiffres officiels et une faible productivité, avec une économie industrielle (38 p. 100 duP.N.B. au secteur secondaire), un taux d'accroissement naturel faible (0,85 p. 100) et un tauxd'alphabétisation proche de 100 p. 100 pour les plus de dix ans. Malgré une amélioration depuis 1995, lessignes d'une crise persistante sont manifestes : le taux d'urbanisation est estimé à 63 p. 100 en 2008 etl'espérance de vie, qui bien que s'étant redressée depuis 1999, a baissé depuis le début des années 1990(plus de 74 ans en 1991 ; 69,3 ans en 2008).

Richesses et contraintes des montagnes nord-coréennes

La Corée du Nord se présente comme un pays plus continental que maritime. Les espaces montagneux,prolongements méridionaux des hauts plateaux de Mandchourie orientale, représentent plus de 80 p. 100 deson territoire. L'intérieur du pays est occupé par le plateau basaltique de Kaema, qui porte le point culminantde la péninsule, le mont Paektu (2 744 m), partagé entre la Corée du Nord et la Chine depuis 1962, maisdont l'importance spirituelle comme lieu du mythe fondateur du peuple coréen continue d'animer unecontroverse frontalière à laquelle prend également part la Corée du Sud. À l'ouest, la chaîne de Nangnim,véritable barrière intérieure du pays aux sommets culminants à plus de 2 000 m, forme la principale ligne departage des eaux, tandis qu'à l'est, la structure continue de la chaîne de Hamgyong ne s'interrompt que parle corridor de Wonsan, principale voie de communication entre l'est et l'ouest. Formés essentiellement dematériaux cristallins (granite et gneiss) et creusés d'étroites vallées, ces ensembles montagneux regorgentde richesses minières (fer et cuivre) et énergétiques (charbon au nord-est, énorme potentiel hydroélectrique)qui ont constitué la base du développement industriel dès l'époque japonaise.

Hormis le Tumen, qui s'écoule d'ouest en est, les principaux fleuves nord-coréens (le Yalu, le Ch'ongch'onet le Taedong) se jettent dans la mer Jaune et ont formé les seules plaines importantes du pays. Lescontraintes d'un climat dans l'ensemble plus froid (moyennes de janvier partout négatives) et moins humidequ'au Sud limitent la production agricole à une seule récolte annuelle.

Contrôle spatial de la population et dynamiques du peuplement

Mises en place en 1958 sur le modèle chinois, les communes, rurales ou urbaines, et qui comptentjusqu'à trois cents familles, sont à la base de la vie socio-économique de la Corée du Nord, structurantl'ensemble de la vie quotidienne où domine le principe de la subordination des individus à l'intérêt commun.D'autres organisations spécifiques, comme l'inminban (communauté de voisinage comptant une vingtaine defamilles), assurent la surveillance de la population, qui n'a pas d'accès à l'information extérieure.

Le territoire nord-coréen se caractérise aussi par une ségrégation socio-spatiale à l'échelle nationale, ducentre politico-social – la capitale Pyongyang est le lieu de résidence des élites et des cadres du Parti – auxprovinces centrales où se situent la plupart des camps de travail, qui détiendraient environ cent cinquantemille personnes au milieu des années 2000. Le contrôle des migrations intérieures qui, depuis le début desannées 2000, a permis d'apporter aux plaines agricoles occidentales de la main-d'œuvre venue du Nord etde l'Est, a entraîné le développement d'un réseau urbain plus équilibré qu'au Sud, malgré la prééminence dePyongyang qui, avec environ 3 millions d'habitants en 2005 et située au cœur d'une région densémentpeuplée (plus de 200 hab./km2), devance nettement les deux villes secondaires, Namp'o et Hamhŭng (plusde 700 000 habitants). À côté de villes qui ont accueilli les zones économiques spéciales des réformes de1998 (Kaesong et Sinŭiju), les autres villes de plus de 300 000 habitants (Hamhŭng, Ch'ongjin et Wonsan)sont les pôles industriels de la côte est, importante concentration de peuplement (un peu moins d'un tiers dela population totale).

Page 3: corée du nord

Transformation des espaces économiques

S'appuyant sur une planification centralisée de type soviétique, le modèle de croissance nord-coréen aprivilégié les industries lourdes. Véritablement lancée après la reconstruction qui a suivi la guerre de Corée(1950-1953), l'industrialisation a bénéficié des infrastructures laissées par les Japonais et de l'aide chinoiseet soviétique. Durement affecté par la crise, le secteur secondaire repose principalement sur l'industrieminière et la machinerie lourde (dont une importante production d'armes), assurées par les entreprisesd'État. Traditionnellement structuré autour de deux grandes régions, celle de Pyongyang et les grands pôlesd'industrie lourde de la côte est, l'espace industriel nord-coréen a été transformé par le développement deszones économiques spéciales périphériques (Rajin-Sonbong créée en 1991, puis Sinŭiju, Kaesong et le montKŭmgang en 2002) et la croissance économique de la côte ouest.

Au total, la surface agricole utile couvre un peu plus d'un cinquième du territoire (2,1 millionsd'hectares), dont 30 p. 100 de rizières (contre 60 p. 100 en Corée du Sud). Après la réforme agraire de 1946puis la collectivisation des terres achevée en 1958, l'État a développé une agriculture industrielle, entraînantl'utilisation massive d'engrais qui a abouti, dans certaines zones, à un empoisonnement des sols par lessulfates.

Bien qu'entièrement électrifiées dès la fin des années 1950 et bénéficiant d'un réseau d'irrigation installéavec l'aide soviétique dans les années 1960 et 1970, les campagnes, pourtant déjà bien mécanisées à la findes années 1970, ont été confrontées à une dégradation considérable de leurs infrastructures et de leurséquipements. L'ampleur de la déforestation, accélérant l'érosion des sols, n'est pas étrangère à la violencedes inondations récurrentes que connaît le pays depuis le milieu des années 1990 et qui ont officiellementjustifié l'appel à l'aide internationale en 1995. Sur fond de crise alimentaire persistante (la productioncéréalière aurait été divisée par deux depuis la fin des années 1980), la famine de 1995-1998 aurait faitenviron un million de morts. L'autorisation des marchés ruraux (1998) et la réforme financière (2002)encourageant la production rizicole ont permis d'enrayer la crise. Mais la Corée du Nord, dont la productionde céréales est très fluctuante en fonction des aléas climatiques et insuffisante par rapport aux besoins, esttoujours dépendante de l'aide alimentaire extérieure, surtout fournie par la Chine et la Corée du Sud.

Corée du Nord : villes et infrastructures

Hiérarchie urbaine et principales infrastructures en Corée du Nord.(2009 EncyclopædiaUniversalis France S.A.)

Le secteur tertiaire repose principalement sur les activités d'encadrement, notamment l'armée (quiabsorbe environ un tiers du P.N.B.), dont les fonctions s'étendent à la gestion civile des populations et dontl'importance s'est accrue après la prise de pouvoir officielle de Kim Jong-il en 1998.

Les régions de la Corée du Nord

Articulée sur les hauts plateaux de Kaema et les chaînes de Mach'ollyong, de Nangnim et de Hamgyong,la région centrale (qui couvre la province de Yanggang), aux faibles densités (moins de 50 hab./km2), estprincipalement vouée à la sylviculture et aux activités minières. Cette région, difficile d'accès, et dont lespopulations sont terriblement affectées par la crise, s'oppose à deux régions littorales où se concentrent lesactivités.

Limitée à un mince couloir de communication ne permettant pas de véritable développement agricole, la côte orientale est structurée, du nord au sud, par quatre grands complexes industrialo-urbains : la région industrielle de Ch'ongjin (chimie, sidérurgie, chantiers navals, port), bornée au nord par la zone frontalière de libre échange de Rajin-Sonbong, la région de Kimch'aek (sidérurgie), le doublet Hamhŭng-Hŭngnam (chimie, textile, machinerie, port) et la région de Wonsan (chimie, chantiers navals, base navale). À l'ouest du pays, la capitale Pyongyang, hyper-centre politique, domine, avec son avant-port Namp'o (sidérurgie, chantiers navals, raffinage), une région dotée de complexes lourds (complexe sidérurgique de Hwangha) et comprenant d'autres grandes villes industrielles (Sariwon et Pyongsan). À côté de cet ensemble moins touché par la crise que le reste du pays et accueillant de grands travaux (autoroute, aménagement du fleuve Taedong), le bassin du moyen Ch'ongch'on, où se sont développées les industries de matériel lourd et où se

Page 4: corée du nord

situe le centre de recherches nucléaires de Yongbyon, apparaît comme un pôle économique plus secondaire.

S'il est aujourd'hui difficile de connaître l'état exact de ces vieilles régions industrielles dont les usines netourneraient, dans certains endroits, pas à plus de 50 p. 100 de leurs capacités, les régions frontalières,mieux connues, traduisent les dynamiques en cours liées à la fois à la situation géopolitique, à la crise et auxréformes engagées. La frontière avec la Chine, zone de passage des réfugiés nord-coréens (estimésaujourd'hui entre 15 000 et 50 000 personnes), est désormais traversée par des flux commerciaux nonnégligeables. La zone industrielle de Rajin-Sonbong souffre des difficultés de mise en place du programmede développement russo-sino-nord-coréen du fleuve Tumen, mais celle de Sinŭiju, par laquelle transite lamajorité des exportations nord-coréennes, a déjà accueilli de nombreuses entreprises. À l'autre extrémité dupays, la région proche de la D.M.Z., qui concentre la majeure partie des effectifs de l'armée nord-coréenne(la cinquième du monde avec plus d'un million d'hommes), accueille les deux zones développées par unefiliale du chaebol sud-coréen Hyundai, qui sont le résultat concret de la politique d'engagement de la Coréedu Sud à l'égard du Nord : huit mille ouvriers nord-coréens travaillent dans les treize usines d'industrieslégères de la zone industrielle de Kaesong, tandis que la zone touristique du mont Kŭmgang a accueilli plusd'un million de visiteurs depuis le lancement du circuit touristique en 1998.

Fermée au monde et habitée d'un sentiment extrême d'insécurité face à ses puissants voisins, la Coréedu Nord (qui est entrée à l'O.N.U. en 1991 en même temps que la Corée du Sud) encourt de nombreusessanctions de la part de la communauté internationale tant pour des raisons éthiques et politiques (droits del'homme) que militaire (prolifération nucléaire) et économique (trafics de drogue et d'armes). Devenue unÉtat nucléaire depuis l'essai du 9 octobre 2006, la Corée du Nord constitue un espace convoité par la Chine(son premier partenaire commercial avec un peu plus de 50 p. 100 du commerce extérieur nord-coréen) et laCorée du Sud (deuxième partenaire commercial), qui accompagnent les réformes, tandis que les États-Unissont revenus en 2001 à la politique de l'endiguement.

Valérie GELÉZEAU

II- Histoire

Fondation de la République populaire démocratique de Corée

En 1945, l'armée soviétique, qui occupait la partie nord de la péninsule, reconnut le Comité populairecomme pouvoir représentatif des Coréens. Dès octobre, Kim Il-sung, né le 15 avril 1912, apparut devant lafoule. Le 8 février 1946, Kim Il-sung, alors secrétaire général du Parti du travail (Parti communiste au début)fondé le 10 octobre 1945, devint président du Comité populaire provisoire. À la suite des élections généralesdu 19 février 1947 fut formée une Assemblée populaire dont l'exécutif fut le Comité populaire, avec Kim à satête.

Après la fondation de la république de Corée au Sud le 15 août 1948, le Nord organisa, le 25 août, lesélections de 572 députés à l'Assemblée populaire suprême, qui se réunit le 1er septembre pour la premièrefois, adopta une Constitution et désigna Kim Premier ministre. La R.P.D.C. fut proclamée le 9 septembre1948. L'armée populaire fut mise en place le 8 février 1949, après le départ des troupes soviétiques.

C'est à cette époque que Pak Hon-yong, leader des forces gauchistes dans la partie sud, se réfugia auNord et devint vice-Premier ministre. Après la « guerre de libération de la patrie » (guerre de Corée,1950-1953), déclenchée par Kim Il-sung le 25 juin 1950, qui fut un désastre, il fallait désigner les coupables.En août 1953, Pak et treize autres dirigeants venus du Sud furent arrêtés, onze d'entre eux exécutés. En1958, les dirigeants des factions pro-chinoise et pro-soviétique tentèrent de prendre le pouvoir. Mais ilsfurent éliminés par les partisans de Kim, réclamant la « renaissance par ses propres forces » (charyokkaengsaeng). De là fut définitivement établi un système monolithique sous la direction incontestée de KimIl-sung.

Page 5: corée du nord

Kim Il-sung, 1958

Le chef d'État nord-coréen Kim Il-sung (1912-1994) au moment de l'évacuation des troupeschinoises du pays (1958). Déclencheur en 1950 de la guerre de Corée, il ne cessa de renforcer saposition au pouvoir, devenant président de la République en 1972 et acceptant le titre degénéralissime en 1992.(Hulton Getty)

Un État socialiste et totalitaire

Dénonçant le révisionnisme et l'hégémonisme soviétiques et se méfiant de la révolution culturelle enChine, le régime pratiqua une politique d'équidistance à l'égard de ces pays. Il appliqua une politique visantà construire un pays indépendant en matière d'économie (autosuffisance) et de défense nationale. Pour cefaire, le régime lança, en 1963, le mouvement « à l'allure de Ch'ollima » (cheval légendaire capable deparcourir 1 000 lieues en une journée) afin d'inciter les masses au travail. Dans la même optique, Kimadopta, en mars 1967, l'idéologie juche (ne compter que sur ses propres forces) ou « kimilsungisme », quideviendra une espèce de « religion d'État ». Le 27 décembre 1972, la Corée du Nord adopta une nouvelleConstitution d'après laquelle Kim Il-sung, Premier ministre jusqu'alors, prit le titre de président de laRépublique, et Pyongyang, capitale provisoire, devint la « capitale révolutionnaire ». La Constitution futrévisée, de nouveau, en avril 1992 et en septembre 1998.

Statue de Kim Il-sung, Pyongyang

Prosternation devant la statue de bronze, d'une hauteur de 20 mètres, représentant Kim Il-sung,le «pilier du pays», à Pyongyang.(T. Waltham/ Robert Harding World Imagery/ Getty)

Le régime est caractérisé par la présence de proches parents de Kim aux postes clés. Kim Jong-il(1942-2011), fils du président et de sa première épouse décédée en 1949, entra sur la scène politique àpartir de 1972 grâce au mouvement des petits groupes des « trois révolutions » : idéologique(endoctrinement des masses), culturelle et technologique. Kim junior apparut comme le successeur de sonpère vers la fin des années 1970. Lors du VIe congrès du Parti du travail en octobre 1980, Kim Jong-il « cherdirigeant » devint l'un des cinq membres du présidium du bureau politique du comité central du parti. Mais lerégime avait du mal à le faire reconnaître en tant que successeur de son père par ses alliés étrangers.

Après le décès de son père, Kim Jong-il prend les rênes du pouvoir. En décembre 1994, il est nommécommandant suprême des armées. Homme secret, Kim junior apparaît rarement en public et ne reçoitpratiquement pas de visiteurs étrangers, ce qui amène les spécialistes à s'interroger sur sa personnalité, sesintentions et ses capacités à diriger le pays. En attendant la fin du deuil national de trois ans décrété pour leprésident défunt, on spéculait sur la date de sa prise de fonctions à la tête de l'État et du parti. À la suite dela disparition des vieux compagnons de Kim Il-sung, Kim junior a procédé à la promotion de centaines degénéraux et a placé ses proches à des postes de commande dans les armées. Le 8 octobre 1997, il estdésigné secrétaire général du Parti du travail, et enfin, il accède à la présidence de la commission de laDéfense et au poste de chef de l'État lors de la réunion plénière de l'Assemblée populaire (Parlement) enseptembre 1998. Ainsi, il est à la tête des trois appareils fondamentaux du régime nord-coréen : l'État, leparti et l'armée.

Kim Jong-il, 2003

En Corée du Nord, c'est le comité central du Parti des travailleurs, ou son bureau politique, quiprend les décisions. En fait, Kim Jong-il, fils du « Grand Leader » Kim Il-sung, dirige seul le paysdepuis 1994, comme son père avant lui.(AFP/ Getty Images)

Le Parti du travail, fondé le 10 octobre 1945, a la prérogative sur tout l'appareil étatique. Il est dirigé parle comité central (145 membres), qui comprend le secrétariat, le bureau politique, dont l'instance suprêmeest le présidium (5 membres) créé en 1985, et différentes commissions. Le comité central conduit lapolitique, planifie et dirige l'économie. Le congrès du parti a lieu tous les dix ans environ. En 2006, le Parti dutravail compte 3,2 millions de membres. Il est dirigé par Kim Jong-Il, élu secrétaire général, en 1997 et en2003.

Page 6: corée du nord

Le pouvoir législatif est détenu par l'Assemblée populaire suprême (A.P.S.), composée de 687 députésélus pour cinq ans, le 3 août 2003. Les candidats sont désignés par le parti unique, et ils recueillent unrésultat proche de 100 p. 100 des votants. L'A.P.S. est dirigée par le présidium dont le président assume lerôle de chef de l'État d'après la Constitution du 27 décembre 1972. Le président du présidium de l'A.P.S. estKim Yong-nam. C'est lui qui représente l'État nord-coréen, et reçoit la créance des représentants étrangers.Le président est assisté par le Comité populaire dont relève le Conseil d'administration, pouvoir exécutifdirigé par un Premier ministre.

La Cour suprême dépend de la présidence de la République, et les magistrats des tribunaux sontdésignés par l'Assemblée populaire.

Sur le plan diplomatique, Pyongyang est lié, depuis 1961, par des accords d'alliance avec la Chine etl'U.R.S.S., mais a dû habilement équilibrer ses rapports avec ses grands frères lorsqu'ils se disputaient sur laquestion de l'hégémonie. Pyongyang s'est trouvé isolé quand Séoul a établi des relations diplomatiques avecl'U.R.S.S., et avec ses pays satellites. Ces relations ont continué après la chute du bloc de l'Est. La Corée duNord est abandonnée par son ex-alliée, l'U.R.S.S., puis la Russie qui, elle-même en difficulté économique,exige désormais que le pétrole qu'elle fournit à Pyongyang soit payé en devises et au prix du marché.Pyongyang s'est alors efforcé de se rapprocher davantage de Pékin. Kim Il-sung s'est rendu en Chine enseptembre 1990 et en octobre 1991.

Son fils y est allé en mai 2000, et a demandé à Pékin une aide alimentaire de 800 millions de dollars,puis de nouveau en janvier et en octobre 2001, puis en avril 2004, pour visiter les zones économiques libreset étudier les réformes économiques. En juillet-août 2001, il s'est rendu en Russie, où son voyage a duré unevingtaine de jours, car il a voyagé en train spécial comme à son habitude. Le président chinois Jiang Jemin aeffectué un voyage en Corée du Nord en septembre 2001 et le Premier ministre chinois Wen Jiabao enoctobre 2003. Le président Hu Jintao s'est rendu à Pyongyang du 28 au 30 octobre 2005 à l'occasion du60e anniversaire de la fondation du Parti du travail.

Du 23 au 25 octobre 2000, Madeleine Albright, secrétaire d'État américain, a fait une visite historique àPyongyang afin de discuter sur la question du nucléaire.

Le Premier ministre japonais Koizumi Junichiro a effectué une visite surprise à Pyongyang le17 septembre 2002. Par cette visite sans protocole, pour la première fois en tant que chef du gouvernementjaponais, il a obtenu des informations sur les Japonais kidnappés dans les années 1970 par les servicessecrets nord-coréens. Par la suite, cinq Japonaises, épouses de Nord-Coréens, ont été autorisées à allervisiter leur famille au Japon, mais elles ne sont pas retournées en Corée du Nord. Il existe encore des cas nonrésolus. Le Premier ministre Abe Shinzo (2006-2007) fait de cette affaire des kidnappés l'action prioritaire deson gouvernement à l'égard de Pyongyang. La fin de la décennie de 2000 est marquée par des rumeursconcernant l’état de santé de Kim Jong-il, absent durant plusieurs mois de la scène politique en 2008. Lanomination de son troisième fils Kim Jong-un au bureau politique du parti et à la commission militaire, enseptembre 2010, entérine le statut de dauphin de celui-ci. En décembre 2011, à la mort de Kim Jong-il, ilsuccède effectivement à son père, héritant d'un pays en pleine mutation.

III- Économie et société

L'économie nord-coréenne est fondée sur la nationalisation et la collectivisation à 100 p. 100, achevéesen 1958. Elle est centralisée, planifiée et dirigée par le Parti du travail.

Dans ce « paradis socialiste », l'individu est pris en charge par l'État, de la naissance à la mort. Lascolarisation et les soins médicaux sont gratuits ; il n'y a pas d'impôt. L'habillement et l'alimentation sontrationnés mais à bas prix ; le logement est attribué contre un loyer modique. En revanche, les salaires sonttrès bas ; les produits de luxe, vendus dans les magasins, sont hors de prix ; les gens n'ont pas le droit decirculer librement et sont soumis à un endoctrinement et à un travail forcé afin de réaliser les objectifs fixés.Sous un totalitarisme anachronique, le culte des Kim père et fils est poussé à son paroxysme.

La Corée du Nord a connu une forte diminution de sa population pendant la guerre de Corée. Elle comptait 9,7 millions d'habitants en 1949, mais seulement 9 millions en 1955 puisque, en plus des morts dus

Page 7: corée du nord

à la guerre, près d'un million de personnes avaient fui le régime communiste pour aller s'installer au Sud.Depuis lors, la population s'est accrue à un rythme rapide, pour atteindre 23,3 millions d'habitants en 2008,avec un taux d'accroissement annuel de 0,85 p. 100. On estime à près d'un million et demi le nombre depersonnes mortes de la famine entre 1995 et 2005.

Le Nord était favorisé, au départ, par la présence des industries lourdes que les Japonais y avaientlaissées. En 1945, il produisait 92 p. 100 de l'électricité, 86 p. 100 des combustibles, 82 p. 100 des produitschimiques, 78 p. 100 des minerais de la péninsule. Pyongyang bénéficia aussi de l'aide économique de sesalliés socialistes pour un montant total de 1 845 millions de dollars courants pour la période 1945-1960,378 millions pour 1961-1970, 725 millions pour 1971-1980, soit un total de 2 948 millions de dollars dont52 p. 100 en provenance d'U.R.S.S. et 31 p. 100 de Chine.

Avant la guerre, le pouvoir a lancé deux plans annuels de développement (1947 et 1948) et un planbiennal (1949-1950) et, après la guerre, il a mis en œuvre un plan triennal (1954-1956), un plan quinquennal(1957-1961), un plan septennal (1961-1967) prolongé jusqu'en 1970, suivi de trois autres plans septennaux(1971-1976 avec une année de réajustement, 1978-1984, 1985-1991). Depuis 1991, Pyongyang ne pratiqueplus le plan.

Le P.N.B. est passé de 1,4 milliard de dollars (125 dollars/hab.) à 22,8 milliards (1 065 dollars/hab.) entre1961 et 1990, puis a baissé à 10 milliards en 2005. L'économie nord-coréenne, après avoir enregistré untaux de croissance remarquable avec 8,5 p. 100 en moyenne par an en 1961-1970, a subi ensuite unedécélération accentuée, puis une croissance négative jusqu’en 2005. La crise financière mondiale de 2008,laissant craindre une éventuelle réduction de l’aide étrangère, inquiète Pyongyang qui dépend de celle-cipour survivre.

La superficie des terres cultivées était de 2,1 millions d'hectares en 1987, dont 12 p. 100 appartenaientaux fermes d'État, et le reste était partagé par 3 843 coopératives agricoles. Le climat est rude. Laproduction agricole n'est plus suffisante à cause du manque d'engrais chimique et de fréquentesinondations. La quantité de céréales manquante est estimée à 2 millions de tonnes par an. Les famines ontobligé les autorités à réduire la ration de riz, de 600 grammes par jour pour un homme en 1985 à450 grammes en 1992, puis à 300 grammes en 1997.

Le commerce est nationalisé, et le commerce extérieur ne joue qu'un rôle secondaire, répondant auxseuls besoins de la réalisation des plans. La valeur des exportations oscille autour de 1,6 milliard de dollarspar an et celle des importations de 2,9 milliards de dollars entre 1990 et 2005. Les principaux partenairesdes exportations sont la Chine (45,6 p. 100), la Corée du Sud (20,2 p. 100) et le Japon (12,9 p. 100) en 2004 ;ceux des importations, la Chine (32,9 p. 100), la Thaïlande (10,7 p. 100), le Japon (4,8 p. 100).

Le système de Daean, lancé en 1961, fait du comité du Parti du travail l'organe de gestion desentreprises. La croissance industrielle a été très forte dans les années 1950-1960, puis le rythme s'estralenti : 39,2 p. 100 en moyenne par an en 1954-1960, 12,8 p. 100 en 1961-1970, 16,3 p. 100 en 1971-1976et 12,2 p. 100 en 1978-1984. Elle est capable de produire des équipements lourds tels que machines-outils,presses lourdes, tracteurs, excavatrices, véhicules. Pourtant les Nord-Coréens s'aperçurent que ni l'U.R.S.S.ni les pays socialistes de l'Europe de l'Est n'étaient en mesure de lui fournir de nouvelles technologies. Alors,ils s'adressèrent au Japon et aux pays européens, ce qui entraîna un endettement. La dette extérieure passade 3,4 milliards de dollars en 1978 à 7,8 milliards en 1990, dont 2,7 milliards à l'égard des pays occidentaux.Pyongyang fut déclaré en cessation de paiement en août 1987.

La Corée du Nord souffre des conséquences de son isolement international et de la pénurie alimentaire.Ainsi, la quantité de pétrole fournie par la Russie est passée de 800 000 tonnes en 1987 à 400 000 en 1990.Aujourd'hui les usines vieillottes tournent au-dessous de 30 p. 100 de leur capacité, faute d'énergie.L'impasse dans laquelle se trouve Pyongyang se traduit par de nombreuses défections, de simples citoyensaux plus hauts dirigeants. La plupart de ces transfuges vivent en Corée du Sud, et quelques-uns auxÉtats-Unis.

Malgré les aides alimentaires d'organismes internationaux comme la F.A.O., l'O.M.S., l'U.N.I.C.E.F., Médecins sans frontières, et de pays comme la Corée du Sud, le Japon et les États-Unis, ou l'Union européenne (420 millions d'euros d'aide économique entre 1995 et 2005), les Nord-Coréens souffrent d'une carence alimentaire aiguë, à la suite des inondations successives qui ont détruit une grande partie des

Page 8: corée du nord

récoltes depuis 1995.

Le 22 avril 2004, une énorme explosion, due à la collision de deux trains chargés de produits chimiques,s'est produite à Ryongchon, près de la frontière sino-coréenne, faisant 170 morts, 1 300 blessés et8 000 sinistrés. Pyongyang a bénéficié de l'aide internationale pour les sinistrés.

Dans ce pays socialiste, ce qui n'est pas fourni par l'État coûte très cher. Un travailleur nord-coréenperçoit un salaire mensuel « symbolique » de 3 000 wons pour son travail, qui est obligatoire. Pour survivre,il faut 50 000 wons pour une famille de quatre personnes, 100 000 wons pour une vie plus décente. Tous leshabitants cultivent leur lopin de terre pour produire des fruits ou des légumes, ou élèvent quelques animauxdomestiques qu'ils peuvent vendre au marché privé. Les marchés ruraux sont autorisés depuis 1998 dans lecadre des réformes économiques.

Alors que la majeure partie de la population vit dans la misère, souffrant des pénuries alimentaires, cen'est pas le cas des cadres du Parti, des services secrets, des organismes qui sont en contact avec lesCoréens du Sud. Les aides extérieures sont détournées de leur but initial. La corruption est généralisée.

Certains Nord-Coréens réussissent à s'enfuir en trompant les gardes frontières entre la Chine et la Coréedu Nord. Le nombre total des réfugiés vivant au Sud atteint 6 000 personnes. Regroupés dans uneassociation, ils sont aidés par le gouvernement sud-coréen et par les Églises, mais leur intégration n'est pastoujours facile, car ils ignorent le système capitaliste et la compétition.

IV- Les relations inter-coréennes

De la confrontation au dialogue

Le 38e parallèle demeure un reliquat de la guerre froide. Au nord de cette zone démilitarisée de4 kilomètres de largeur sur une longueur de 346 kilomètres, la Corée du Nord dispose d'une puissante arméede près d'un million d'hommes ; au sud, la Corée du Sud possède une armée de 688 000 hommes, et lesÉtats-Unis maintiennent 29 500 soldats. Depuis 1953, les invectives et les dialogues de sourd se succèdent,ponctués par des événements tragiques provoqués par le Nord : le détournement d'avions civils sud-coréensvers Pyongyang en 1958 et en 1969 et d'un avion civil japonais en 1970 ; l'envoi de trente et un commandospour assassiner le président Park en janvier 1968 ; la capture d'un navire de renseignement américain, lePueblo, en février 1968 et un avion de renseignements américain EC 121 abattu en avril 1969 ; des tunnels,creusés sous la zone démilitarisée, découverts en 1974 ; l'assassinat de deux soldats américains à coups dehache en août 1976 ; l'explosion d'un Boeing de la K.A.L., en Birmanie, en novembre 1987 (115 disparus)due à une bombe qui avait été posée par des terroristes nord-coréens, dont un membre fut arrêté et jugé àSéoul.

Toutefois, dans ce climat très tendu, le Nord et le Sud ont établi dans différents domaines des contactsqui, jusqu'en 1992, n'ont pas donné de résultats tangibles, sauf en 1972, 1984-1985, 1991-1992.

Dans le domaine sportif, les deux pays ont tenté de former une équipe commune, pour n'y parvenirqu'en 1991, l'année pendant laquelle une équipe conjointe de tennis de table a participé au 41e Championnatdu monde, en avril-mai à Chiba au Japon, et une autre au 6e Championnat mondial de football junior, en juinau Portugal, arborant un drapeau à l'effigie de la péninsule coréenne sans la ligne de démarcation. L'équipeféminine de tennis de table, sous le nom de Korea, a même remporté une victoire historique, en battant cellede Chine. Arirang, la chanson folklorique coréenne la plus populaire, a été jouée en guise d'hymne national,suscitant l'émotion de tous les Coréens de chaque côté du 38e parallèle.

Dans le domaine civil, savants et artistes du Nord et du Sud ont noué des contacts à l'étranger : en Chinepopulaire, où il y a une région autonome (à Yuanben) des Coréens, au Japon, en Europe et aux États-Unis. Ennovembre 1991, une délégation de femmes nord-coréennes, conduite par Yo Yon-gu, a franchi le38e parallèle pour participer à un séminaire organisé par les femmes sud-coréennes.

Page 9: corée du nord

Dans le domaine commercial, il y a eu un seul contact entre les hommes d'affaires du Nord et du Suddans un pays tiers en 1989, mais le nombre des contacts est passé à 11 en 1990 et à 118 en 1991. Le27 juillet 1991, un cargo chargé de 5 000 tonnes de riz sud-coréen a quitté le port de Mokp'o au Sud àdestination de Najin au Nord. En échange, les Nord-Coréens ont livré 30 000 tonnes de charbon et11 000 tonnes de ciment. C'est le premier échange commercial direct entre le Nord et le Sud ; auparavant ilexistait seulement un commerce indirect, via Hong Kong et la Chine. Pyongyang a invité aussi les dirigeantsdes groupes sud-coréens : Hyundai en 1990, T'ongil en 1991, Daewoo en 1992. En janvier 1992, Pyongyanga annoncé la création de zones franches industrielles à Najin et à Ch'ongjin. Ces mesures prouvaient lavolonté de Pyongyang d'introduire les capitaux sud-coréens et étrangers, mais cette initiative timide nedonna pas de résultat significatif.

Dans le domaine humanitaire, les Croix-Rouges des deux Corées menaient, depuis 1971, desnégociations sur la question des familles séparées. Le 30 août 1972, les représentants de la Croix-Rouge duSud se rendirent à Pyongyang. Les négociations se poursuivirent jusqu'en 1977 en vain. Toutefois, en 1984,le Nord accorda au Sud une aide alimentaire à la suite d'une inondation. Le Sud l'accepta uniquement pourgarder le contact avec le Nord. Entre le 20 et le 23 septembre 1985, les Croix-Rouges des deux Coréesorganisèrent une visite simultanée à Séoul et à Pyongyang des familles séparées : 151 membres comprenantla délégation, une troupe d'artistes, des journalistes et une cinquantaine de membre des familles séparéespour chaque partie.

Les relations au niveau gouvernemental ont pris une tournure spectaculaire en 1991. En 1972 déjà, leprésident Park Chung-hee avait reçu à Séoul le vice-Premier ministre du Nord, Pak Chung-chol et le présidentKim Il-sung avait eu un entretien avec Lee Hu-rak, directeur du K.C.I.A. Puis, Pyongyang et Séoul publièrent,le 4 juillet, un communiqué commun affirmant leur volonté de réunification. Un comité de coordinationNord-Sud fut créé par la suite. Jusqu'en 1977, il s'est réuni plusieurs fois avant de disparaître complètement.

C'est en 1989 que les deux parties reprirent les négociations sur une rencontre des Premiers ministres.Elles parvinrent finalement à un accord en juillet 1990. Ainsi, lors de la première rencontre des pourparlersde haut niveau (5-7 sept. 1990), le Premier ministre nord-coréen, Yon Hyong-muk, accompagné de90 personnes, a franchi le 38e parallèle pour se rendre à Séoul. C'était la première fois qu'une visite avait lieuà ce niveau depuis 1948. Yon fut reçu par le président Roh Tae-woo. La deuxième rencontre eut lieu àPyongyang (20-24 oct.). À cette occasion, le Premier ministre sud-coréen, Kang Yong-hun, eut un entretienavec le président Kim Il-sung. Après la troisième rencontre à Séoul (12-15 déc. 1990), les pourparlers furentsuspendus pendant un an.

Entre-temps, en mai 1991, il était clair que la Corée du Sud entrerait à l'O.N.U. sans problème, la Chinepopulaire ayant affirmé son intention de ne pas user de son droit de veto. La Corée du Nord décida alors deposer, elle aussi, sa candidature en renonçant à demander l'entrée commune des deux Corées (comme unseul pays) à l'O.N.U. Les deux Corées sont entrées simultanément à l'O.N.U. le 17 septembre 1991.

Quant aux pourparlers de haut niveau, Pyongyang ajourna la quatrième rencontre prévue en août 1991sous prétexte qu'il y avait danger de contamination par les Sud-Coréens, quelques cas de choléra ayant étésignalés à ce moment-là, mais, en réalité, dans l'attente de l'issue du coup d'État manqué à Moscou.

Les pourparlers furent repris pour la quatrième fois à Pyongyang avec le nouveau Premier ministresud-coréen Chung Won-shik (23-24 oct.). C'est lors de la cinquième rencontre (12-13 déc.) à Séoul que lesdeux Premiers ministres aboutirent, le 13 décembre 1991, à un « accord sur la réconciliation, lanon-agression, la collaboration et les échanges entre le Nord et le Sud ». Accord-cadre qualifiéd'« historique », le pacte stipule plusieurs points importants des relations entre les deux parties, mais il restelettre morte. Les relations au niveau gouvernemental se trouvent au point mort depuis le décès de KimIl-sung survenu en juillet 1994, malgré quelques investissements sud-coréens au Nord et les échangescommerciaux qui prennent de l'ampleur.

Amorce de relations concrètes

Les relations entre le Sud et le Nord sont plus actives dans les domaines culturel et économique. Le quotidien sud-coréen Choong'ang Ilbo a pu envoyer quatre missions culturelles en Corée du Nord en

Page 10: corée du nord

1997-1998. Le fondateur du groupe Hyundai, Chung Ju-yung, originaire d'un village qui se situe juste au nordde la ligne de démarcation, a franchi celle-ci, le 16 mai 1998, pour une visite d'une semaine avec, en cadeau,cinq cents vaches chargées sur une cinquantaine de camions. Il est le premier homme d'affaires à avoirfranchi cette ligne. Lors de sa deuxième visite au Nord (27-31 oct. 1998) avec un autre troupeau de cinq centune vaches et une vingtaine de voitures en cadeau, il a rencontré le dirigeant nord-coréen Kim Jong-il ; il estune des rares personnalités étrangères qui aient pu le rencontrer depuis qu'il se trouve à la tête du pays.

Dès son arrivée au pouvoir, le président sud-coréen Kim Dae-jung a pratiqué une politique dite « dusoleil » (sunshine policy) à l'égard du Nord. Soutenu également par le préjugé favorable du Nord à son égard,son gouvernement a réussi à obtenir la faveur de Pyongyang. C'est la raison pour laquelle a pu avoir lieu unerencontre historique avec le dirigeant du Nord Kim Jong-il les 13-14 juin 2000. C'était l'occasion pour celui-cide donner une image différente de lui-même à l'opinion mondiale : détendu, affable, confiant et éloquent.Cette rencontre au sommet a permis d'organiser la visite croisée des familles séparées (cent cinquante pourchaque partie) les 15-17 août et une deuxième en novembre 2000.

Quant à l'aide économique, le gouvernement de Kim Dae-jung (1998-2003) a fourni à la Corée du Nord1,1 million de tonnes de riz et 950 000 tonnes d'engrais. Celui de Roh Moo-hyun (2003-2008) a accordé auNord une aide économique sous forme de riz, de ciment, d'engrais, de matériels de construction. Leministère sud-coréen de la Réunification a expliqué que le riz donné au Nord est du riz coréen dont le prix estcinq fois plus élevé que celui qu'on trouve sur le marché international. L'utilisation du riz sud-coréen consistenon seulement à aider le Nord, mais aussi à soutenir l'agriculture sud-coréenne. L'aide a été accéléréenotamment à la suite de graves inondations au Nord en août 2006.

Dans le secteur privé, le groupe sud-coréen Hyundai Asan (filiale de Hyundai chargée de la coopérationNord-Sud) organise la tournée touristique des Sud-Coréens dans les monts Kûmgang à une cinquantaine dekilomètres au nord de la ligne de démarcation, sur la côte est, à partir de novembre 1998 avec deuxpaquebots en partance du port de Donghae, situé un peu au sud de la zone démilitarisée. En février 2003,Hyundai inaugure la tournée touristique sur le même site par voie terrestre. Entre novembre 1998 etseptembre 2006, 1,3 million de Sud-Coréens ont ainsi visité les monts au Nord. Pour cela, Hyundai a payéaux autorités nord-coréennes 451 millions de dollars en espèces.

En août 2000, Hyundai a signé, avec les autorités de Pyongyang, un contrat exclusif sur sept grandsprojets contre 500 millions de dollars. Le groupe a investi 346 millions de dollars sur le site touristique deKûmgang et le site industriel de Kaesông, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de la ligne dedémarcation, inauguré en juin 2004.

Sur le site industriel de Kaesông, une dizaine d'entreprises sud-coréennes ont implanté des usines detransformation de matières premières apportées du Sud. Après les mandats de deux présidents favorables àla réconciliation avec la Corée du Nord, l’arrivée au pouvoir à Séoul, en 2008, du conservateur LeeMyung-bak change la donne. Plusieurs incidents militaires interviennent d’ailleurs durant le mandat de cedernier : torpillage d’une corvette sud-coréenne par un sous-marin nord-coréen en mars 2010, tirs d’artilleriede l’armée nord-coréenne contre une île sud-coréenne en novembre de la même année.

Sommet intercoréen à Pyongyang, 2007

Un grand spectacle de propagande dans le stade de Pyongyang, à l'occasion du deuxièmesommet intercoréen en octobre 2007.(Pool/ Getty)

V- La question de l'arme nucléaire nord-coréenne

Ce qui est paradoxal, c'est que le Nord n'a cessé de faire des tentatives d'infiltration de ses agents dansla partie méridionale de la péninsule tandis qu'il négociait avec le groupe Hyundai sur le plan économique, etmalgré une certaine bonne volonté du gouvernement de Kim Dae-jung dans le cadre de sa « politique dusoleil » vis-à-vis du Nord. Pyongyang n'a jamais abandonné son objectif nucléaire, alors même que leshabitants souffrent d'une grave pénurie alimentaire. Tout cela constitue autant d'éléments d'instabilité quipèsent sur la péninsule coréenne et qui laissent supposer que la réunification n'est pas pour demain.

Page 11: corée du nord

Concernant les armes nucléaires, le Nord était soupçonné d'abriter, dès 1985, à Yongbyon, à90 kilomètres au nord de Pyongyang, des installations destinées à fabriquer la bombe atomique. En dépit decela, Pyongyang adhère au Traité de non-prolifération nucléaire (T.N.P.) le 12 décembre 1985. Cette affaire,connue depuis 1987, rebondit en 1991. Afin de dénucléariser la péninsule, le Sud accepta le retrait desarmes nucléaires américaines, lequel s'est discrètement achevé le 18 décembre 1991. Le 31, les deuxparties parvinrent à un accord de dénucléarisation. En outre, le Nord signa, en janvier 1992, un accord surl'inspection de ses installations par l'Agence internationale de l'énergie atomique (A.I.E.A.).

Le 12 mars 1993, Pyongyang annonça son intention de quitter le T.N.P. En avril, le président sud-coréenKim Young-sam proposa des pourparlers quadripartites (États-Unis, deux Corées et Chine) en vue deconclure un traité de paix qui remplacerait l'armistice de 1953. Le 13 juin 1994, Pyongyang présenta àl'A.I.E.A. la déclaration de son retrait du T.N.P. Quelques réunions eurent lieu ensuite entre les représentantsdes quatre pays. Pendant ce temps, on découvrait, le 18 septembre 1996, l'infiltration de commandosnord-coréens dans la province du Kangwon, à une centaine de kilomètres au sud de la ligne de démarcation,s'échappant d'un sous-marin échoué. En juin 1998, un autre sous-marin nord-coréen s'est fait prendre dansles filets d'un pêcheur sud-coréen, avec à son bord neuf hommes qui s'étaient donné la mort ; un autresubmersible (avec un corps à l'intérieur) a été découvert au sud de la péninsule en décembre 1998.

Quant à la question du programme nucléaire nord-coréen, Washington et Pyongyang sont parvenusaprès de multiples péripéties, le 21 octobre 1994, à Genève, à un accord qui prévoyait le gel du programmeen échange de la fourniture de deux centrales nucléaires civiles et de pétrole. À cet effet, il a été créé, enmars 1995, la K.E.D.O. (Korean Peninsular Energy Development Organisation), organisme chargé d'exécuterl'accord de 1994. Séoul allait financer 70 p. 100 de ce programme. La K.E.D.O. a inauguré le début destravaux de construction d'une centrale nucléaire civile à Komho dans la province du Hamgyong du Sud enCorée du Nord, le 19 août 1997, en présence des délégations des pays concernés (Corée du Sud, États-Uniset Japon). Le maître d'œuvre de la construction était Korea Electric Power Co. Mais, pour autant, Pyongyangn'a pas renoncé à perfectionner ses systèmes d'armement. Le 31 août 1998, la Corée du Nord a réussi àlancer un missile balistique à trois étages d'une portée de 1 500 kilomètres, à la surprise générale. Il asurvolé le territoire japonais près de Hokkaido avant de s'abîmer dans le Pacifique.

Le 7 septembre 1999, le président américain Bill Clinton a décidé d'assouplir les sanctions économiquescontre Pyongyang, une première depuis la fin de la guerre de Corée. Mais l'arrivée au pouvoir de GeorgeBush a marqué un tournant. Le régime de Pyongyang a très mal pris sa déclaration du 29 janvier 2002,plaçant la Corée du Nord dans l'axe du Mal avec l'Irak et l'Iran. Pyongyang a rompu les négociations à six(Chine, deux Corées, États-Unis, Japon et Russie), à peine entamées, pour régler la question nucléaire.

Le 16 octobre 2002, après la visite de l'émissaire du président Bush à Pyongyang, Washington a affirméque le régime conduisait un programme secret d'enrichissement, cette fois avec du plutonium. Cetteallégation a été admise par Pyongyang. Le régime a été soupçonné aussi de fournir des armes à certainspays du Moyen-Orient.

Le 14 novembre 2002, la K.E.D.O. a annoncé l'arrêt des livraisons de pétrole, puis a suspendu laconstruction des deux centrales nucléaires à eau légère (difficiles à détourner à des fins militaires).Pyongyang a expulsé les inspecteurs de l'A.I.E.A. en décembre 2002 et, le 10 janvier 2003, s'est retiréeffectivement du T.N.P. et a affirmé commencer l'extraction de l'uranium de huit mille barres de combustiblenucléaire. Le 13 mai, Pyongyang a annulé l'accord, signé en décembre 1991 avec Séoul, destiné à exclureles armes nucléaires dans la péninsule.

La première conférence à six pays a eu lieu à Pékin en août 2003 afin de trouver une solution pour leprogramme nucléaire nord-coréen. Après quatre autres séries de rencontres en 2004 et 2005, la conférenceà six s'est trouvée dans l'impasse.

Le 10 février 2005 déjà, Pyongyang a déclaré officiellement s'être dotée de la bombe atomique. Le1er mai, Pyongyang a lancé des missiles en mer du Japon (mer de l'Est). Le 11 mai 2005, le régime a annoncél'achèvement de l'extraction de huit mille barres d'uranium du réacteur nucléaire de Yongbyon. En mai 2006,le directeur de l'A.I.E.A. a déclaré que Pyongyang posséderait six bombes nucléaires.

Les États-Unis, le Japon et l'Australie ont appliqué des sanctions en représailles des tirs de sept missiles nord-coréens qui se sont abîmés en mer du Japon le 5 juillet 2006. Peu après, le Conseil de sécurité de

Page 12: corée du nord

l'O.N.U. a adopté une résolution condamnant ces tirs. Le 18 août, la télévision américaine a annoncé lapréparation d'un essai nucléaire par la Corée du Nord.

Le 9 octobre 2006 à 9 h 35 (heure locale), la Corée du Nord a procédé à un essai nucléaire souterraindans la province du Hamgyong du Nord, d'une capacité inférieure à 1 kilotonne (15 kt pour Hiroshima). LaCorée du Nord est devenue ainsi la 9e puissance nucléaire du monde. Le caractère nucléaire de l'essai a étéconfirmé par les échantillons collectés dans l'air près du site par un avion de surveillance américain WC-135.Pyongyang avait prévenu Pékin, son allié, vingt minutes avant l'essai. Pékin avait transmis l'information àWashington, à Séoul et à Tōkyō.

Cet essai nucléaire a stupéfait le monde entier et provoqué un tollé général. Tōkyō, qui avait instaurédes sanctions financières à l'égard de Pyongyang depuis juillet, a réagi vivement en adoptant un embargototal sur tous les échanges commerciaux avec la Corée du Nord.

Le 14 octobre 2006, le Conseil de sécurité de l'O.N.U. a adopté, à l'unanimité, des sanctionséconomiques et commerciales à l'égard de Pyongyang, en se référant aux dispositifs de l'article 7 de laCharte des Nations unies. Elles ont été approuvées par l'Assemblée générale par la résolution 1718. Celle-ciprévoit un embargo sur les armes et matériels connexes, les matériels liés à la technologie nucléaire ou àcelle des missiles, ainsi que sur les produits de luxe. Elle appelle tous les États à coopérer pour assurer lerespect de ces embargos, y compris par l'inspection de toute cargaison à destination ou en provenance de laCorée du Nord. Cet embargo est notamment destiné à empêcher le transfert technologique de la Corée duNord vers d'autres pays désireux de posséder l'arme nucléaire. Il risque toutefois de rendre encore pluspénible la vie de la population nord-coréenne qui souffre déjà gravement de carence alimentaire voire defamine. Pour la communauté internationale, le risque majeur est celui de la prolifération nucléaire.

(Cf. Corées-Du rapprochement à la défiance.)

Jin-Mieung LI

Bibliographie

Géographie• C. ARMSTRONG, The Koreas, Routledge, Londres, 2006

• C. BALAIZE, La Péninsule coréenne, Nathan, Paris, 1993

• S. COLIN, « Difficile coopération régionale en Asie orientale : progrès, problèmes et enjeux du programme Tumen », in Asie orientale :intégrations régionales, C. Taillard dir., Les Indes savantes, Paris, vol. 2., 2004, pp. 357-375

• B. CUMINGS, North Korea : Another Country, New Press, New York, 2004

• A. DELISSEN, « La Corée », in R. Brunet dir., Géographie Universelle. Chine, Japon, Corée, Belin-Reclus, Paris, 1994

• F. GALGANO & E. PALKA dir., North Korea. Geographic Perspectives, McGraw-Hill Company, 2004

• S. KIM dir., The North Korean System in the Post-Cold War Era, Palgrave McMillan, Londres, 2001

• J. MORILLOT & D. MALOVIC, Évadés de Corée du Nord : témoignages, Belfond, Paris

• SOCIÉTÉ GÉOGRAPHIQUE DE LA CORÉE, Corée. Espace et société, Kyohaksa, Séoul, 2005 (trad. F. Boulesteix & Jae-kyong Lee).

Histoire• J. BECKER, La Famine en Corée du Nord, L'Esprit frappeur, Paris, 1998

• J.-P. BRULE, La Corée du Nord de Kim Il-sung, Barre-Dayez, 1982

• S. C. CHEONG, Idéologie et système en Corée du Nord, de Kim Il-sung à Kim Jong-il, L'Harmattan, 1997

• FEDERAL RESEARCH DIVISION (Library of Congress), North Korea, A Country Study, Washington, 1994

• KANG CHOL-HWAN & P. RIGOULOT, Les Aquariums de Pyongyang, dix ans au goulag nord-coréen, Robert Laffont, Paris, 2000

• PUKHAN YON'GUSO (Centre de recherches sur la Corée du Nord), Pukhan ch'ongnam (Aperçu global sur la Corée du Nord), Séoul,1983 et 1994

• R. A. SCALAPINO dir., North Korea Today, New York, 1963

• R. A. SCALAPINO & LEE CHONG-SIK, Communism in Korea, 2 vol., Berkeley, 1972.