Le commerce équitable en Corée du Sud

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LES FAIR-TROTTEURS LES RÊVERIES DES PROMENEURS SOLIDAIRES

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Nos projets en Corée du Sud

Méthode d’analyse.

C’est à partir d’un constat plurisectoriel que nous dégageons les enjeux spécifiques au commerce équitable en Corée du Sud. Plus précisément, nous procédons de la manière suivante.

1- Nous établissons d’abord un état des lieux plurisectoriel de la Corée du Sud (économique, environnemental, politique et social).2- Ensuite, nous cherchons à déduire de ces différents constats l’impact sur le développement du commerce équitable. Ainsi, nous pouvons mieux comprendre les forces et les faiblesses de la Corée du Sud.3- À partir de là, nous pouvons étudier ces forces et ces faiblesses par rapport au commerce équitable et, de là, proposer des solutions et des pistes pour son développement en Corée du Sud.

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L’état des lieux économique de la Corée du Sud.

La Corée du Sud est le plus grand des dragons asiatiques en terme de poids économique (13ème puissance économique mondiale) avec une phase spectaculaire de croissance grâce à une relation étroite entre le secteur

économique et le secteur politique.

Comment ?Dans les années 1950, la Corée du Sud commence une phase de restriction sur les importations pour encourager le développement commercial de ses propres industries. Une vingtaine d’années plus tard, tout le développement du

pays est basé sur l’essor des exportations et sur la mise en place d’industries lourdes soutenues financièrement par l’État.

Émergent alors les chaebols, des grands ensembles d’entreprises qui deviennent le moteur de l’économie sud-coréenne (Samsung, Hyundai, LG Group, Groupe SK, Lotte, Posco, GS Group).

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Mais…La crise économique asiatique de 1997 révèle au grand jour les fragilités du modèle de développement de la

Corée du Sud tourné vers les exportations avec des entreprises extrêmement endettées et dépendantes des prêts étrangers et des interventions étatiques en cas de défaillance. C’est aussi l’occasion de remettre profondément en cause la place et le rôle des chaebols dans l’économie sud-coréenne avec la nécessité de recentrer leurs activités, de leur imposer d’importants efforts de désendettement et de les transformer en holding pour limiter les risques

d’une crise financière.

Cela marque la volonté de promouvoir une compétition plus juste sur le marché tout en le sécurisant et lui conférant des principes.

C’est en cela que l’économie coréenne est selon nous un terreau de

prédilection pour le développement du commerce équitable.

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L’état des lieux environnemental de la Corée du Sud.

1- Une société de plus en plus sensibilisée par les questions environnementales (multiplication des associations de défense de l’environnement depuis les années 80).2- Des exemples nationaux inspirants : l’île de Jeju a accueilli le congrès mondial de la nature en septembre 2012, un symposium de 10 jours pendant lesquels des experts ont échangé des idées pour répondre aux problèmes écologiques urgents. L’ambition de l’île est de devenir la capitale mondiale de l’environnement avec d’immenses parcs éoliens au nord-est de l’île.3- Un intérêt politique pour l’économie verte : volonté affichée du président Lee Myung-Bak de nettoyer quatre grands fleuves coréens pour réduire le risque des inondations, de financer des maisons vertes économes en énergie et de soutenir financièrement la construction et l’utilisation de véhicules hybrides.

1- Une consommation d’énergie et une émission de dioxyde de carbone environ trois fois supérieure à la moyenne mondiale. C’est moins le fait de la consommation des ménages que de celle d’un tissu industriel très important.2- À peine 3% de la production d’électricité provenant des énergies renouvelables. 3- L’une des plus fortes densités de population au monde (presque 500 habitants par kilomètre carré) due à un phénomène généralisé et massif d’urbanisation (Séoul, troisième ville la plus peuplée du monde).4- De graves défis environnementaux (surpêche, pollution des mers, anthropisation généralisée, menace de la biodiversité, assèchement des marais). 5- Pour l’instant, le pari globalement mis en échec d’une croissance verte.

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Par conséquent, si les autorités politiques cherchent à répondre aux problématiques environnementales, c’est toujours en cherchant à ménager leurs intérêts économiques. Cependant, la mise en place de ces politiques

implique une mobilisation de plus en plus importante pour l’environnement et, sans doute malgré elle, inculque une façon de penser le développement

économique de façon différente.

C’est aussi en cela que la Corée du Sud est un terreau de prédilection pour le développement du commerce

équitable.

En août 2008, le président Lee annonce une stratégie « faible carbone, croissance verte » pour réduire les émissions de dioxyde de carbone et créer des emplois à travers un vaste plan d’aménagement des quatre principaux fleuves

coréens.

L’idée est de faire d’une pierre deux coups : lutter contre les inondations et aménager les berges des fleuves pour le tourisme d’une part et améliorer la qualité de l’eau en draguant les sédiments au fond des fleuves d’autre part.

Le résultat est selon plusieurs spécialistes une catastrophe écologique sans précédent en Corée du Sud : importants surcoûts à cause de défauts de construction, soupçons de corruption, destruction irréversible des écosystèmes, plantes aquatiques dévastées par le dragage des sédiments.

Un exemple symptomatique…

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L’état des lieux politique de la Corée du Sud.

D’abord, les Coréens vivent une profonde crise intérieure et extérieure : la crise économique et l’escalade militaire provoquée au nord par Kim Jong-un. Ce double constat implique :• Une droitisation de la société avec l’élection de Park Chung-hee en 2012, fille de l’ancien dictateur et membre du

parti conservateur (Saenuri), appelée aussi la « dame de fer coréenne ». • Une augmentation très significative des problèmes raciaux (conditions de travail abusives à l’encontre des

travailleurs migrants, attaques raciales de cibercitoyens coréens contre Jasmin Lee, née aux Philippines et première députée naturalisée du pays).

• Un renforcement de l’autorité de l’État : face à la menace du nord, les Coréens plébiscitent plutôt une attitude de très grande fermeté. L’élection de Donald Trump amène aussi le gouvernement à repenser son plan de défense qui repose encore pour une grande partie sur le déploiement des troupes américaines sur le territoire.

En un premier temps, tous ces marqueurs ne vont pas dans le bon sens pour le développement du commerce équitable en Corée.

Si l’on s’intéresse à la politique coréenne, on note un bouleversement très récent mais profond.

Mais…

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On constate aussi un autre phénomène très différent et beaucoup plus intéressant pour le développement du commerce équitable :

• Un très fort besoin de liberté et un rejet de l’establishment politique : ce phénomène mondial est aussi effectif en Corée du Sud. D’une part, ce besoin de liberté se traduit dans une libéralisation économique à marche forcée (laissez-faire économique, réduction de la bureaucratie, accords de libre échange, plans d’économie créative). D’autre part, les Coréens se retrouvent de moins en moins dans les partis traditionnels, à savoir la Saenuri (parti républicain) et le PDU (parti démocrate) et choisissent de plus en plus de candidats indépendants à des postes clés (élection du candidat indépendant Park Won-Soon à la mairie de Séoul en 2011).

• Une mobilisation politique de plus en plus importante des citoyens : lorsque nous étions en Corée, nous avons vécu une crise politique sans précédent. Des millions de coréens défilaient tous les samedis soirs dans les rues en demandant la destitution de la présidente Park, au cœur d’une immense affaire de corruption. Nous avons été les témoins d’un réveil de la jeunesse coréenne et d’une mobilisation politique sans précédent contre des élites corrompues. Il est trop tôt pour connaître les réelles conséquences de cet événement mais une chose est sûre : le peuple coréen sait être révolutionnaire et descendre en masse dans les rues pour faire entendre sa voix.

• Une conscience sociale émergente et une volonté de rayonner sur le monde : en octobre 2011, Park Won-Soon, ancien défenseur des droits de l’homme et candidat indépendant, a été élu maire de Séoul, mettant fin à une décennie de domination politique de la droite dans la capitale. Après le président, le maire de Séoul est le second personnage le plus puissant en Corée du Sud. Ainsi, la victoire de Park Won-Soon, un candidat sans passé politique, a été considérée comme un signal d’alarme par les principaux partis sud-coréens. Connu pour avoir promu une chaîne de boutiques d’articles d’occasion destinées aux pauvres, Park s’est présenté comme le premier « maire social » de la nation. La Corée du Sud offre une protection sociale minime et l’écart se creuse entre riches et pauvres. Les sondages montrent que Park a bénéficié du soutien de jeunes électeurs déçus par les partis traditionnels, qui satisfont les besoins des chaebols, avant ceux de la population. Le nouveau maire a mis fin aux énormes projets de construction soutenus par ses prédécesseurs et a commencé à lancer des initiatives populaires, comme les fermes urbaines.

Par conséquent, le commerce équitable pourrait trouver en Corée du Sud un terrain politique favorable pour son développement, du moins beaucoup plus que ce que les apparences peuvent

laisser présager.

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L’état des lieux social de la Corée du Sud.

De plus, nous posons pour plusieurs raisons l’hypothèse que la société coréenne serait culturellement plus réceptive aux valeurs et aux idées du commerce équitable.

Les arguments POUR

1- Le confucianisme : religion d’État de la dynastie Choson, le confucianisme constitue toujours un socle éthique dans l’esprit de la plupart des Coréens. C’est pourquoi les Coréens sont très réceptifs à une morale basée sur la justice, l’éducation et l’humanitarisme. Confucius fut le premier enseignant à ouvrir son écoles à tous les étudiants sur le seul critère de la volonté d’apprendre. De plus, le confucianisme va de pair avec le culte des ancêtres et, par conséquent, de la tradition. C’est précisément les valeurs que porte le commerce équitable.

2- Le bouddhisme coréen et le christianisme : les morales chrétienne et bouddhique ont de nombreux points de convergences avec les valeurs portées par le commerce équitable.

3- Le chamanisme : le chamanisme a influencé en profondeur la spiritualité coréenne. Par conséquent, la nature garde quelque chose de sacré et doit être protégée.

Les arguments CONTRE

1- Une vie de compétition : la société coréenne est prise dans un tourbillon de compétitions (scolaires, physiques, financières, sociales). Très souvent, les marginaux sont laissés sur le côté de la route.

2- Une course permanente : tout va très vite en Corée du Sud si bien que les coréens prévoient et planifient tout. Rien est laissé au hasard. Par conséquent, il y a une méconnaissance grandissante des consommateurs urbains coréens à l’égard des circuits de production et de distribution. En effet, tant qu’il y a quelque chose de rapide et de bon à consommer, tout va bien. Pour le reste, il n’y a pas le temps. En Corée du Sud, le mode de vie ppalli ppalli (lent) disparaît progressivement et la « slow food » se perd. Ce développement à marche forcée met à mal toute maîtrise, condition pourtant sine qua non au développement du commerce équitable.

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Après ce constat plurisectoriel, il est clair que la Corée du Sud est un terrain de prédilection pour le développement du commerce équitable.

Maintenant, il est nécessaire de trouver des solutions et des pistes pour l’avenir. Les Fair-Trotteurs en proposent par exemple quelques unes…

Créer des microsphères de mode de vie ppalli ppalli pour redécouvrir le goût des aliments et revenir à la « slow

food ».

Développer le commerce équitable grâce à des marchés porteurs comme le marché des cosmétiques. Ce marché

est de plus en plus polarisé avec la crise économique entre les marques de luxe pour une clientèle peu affectée par la crise et les cosmétiques de masse. Cette situation laisse une place aux marchés de niche comme les cosmétiques

issus du bio et du commerce équitable (Karawan Authentic).

Pour augmenter la taille du marché du commerce équitable en Corée du Sud, il faut accroître la sensibilité des Coréens au concept et procurer plus d’informations et de services aux entreprises intéressées pour importer et vendre leurs produits Fairtrade sur le marché coréen. Cela passe par la

création de villes, d’écoles, d’universités et d’églises commerce équitable.

Faire de Séoul une ville Fairtrade grâce à l’impulsion donnée par le maire Park Won-Soon. Il s’agit en un

premier temps d’accroître le nombre d’événements qui rassemblent tous les importateurs de fairtrade, accueillir des débats politiques pour sensibiliser les législateurs, inciter par tous les moyens l’augmentation des cafés et des magasins qui vendent des produits du commerce

équitable.

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Les acteurs du commerce équitable en Corée du Sud. (En 2010, les consommateurs coréens ont dépensé deux millions d’euros dans des produits certifiés Fairtrade).

Korea Fair Trade Commission

Née en 1981, la KFTC doit sécuriser un marché juste qui suit des principes, promouvoir une compétition juste sur le marché et

aide l’innovation business. Il s’agit de lutter contre la concentration du pouvoir économique (chaebol) et pour les programmes éducatifs pour une consommation raisonnable.

WFTO Asia

WFTO Asia n’est pas présent directement en Corée du Sud. En tant qu’acteur de premier plan du développement du commerce

équitable dans le monde, WFTO encourage les progrès du commerce équitable en Corée et soutient la KFTA (Korea Fair

Trade Association) dans son travail. Beautiful Store, une chaîne coréenne de magasins équitables, importe les produits d’artisans membres de WFTO Asia. Elle a été fondée par Park Won-Soon,

le maire de Séoul.

Korea Fair Trade Association (KFTA)

En 2011, sept organisations de commerce équitable ont formé le KCFTO (Korea Council of Fair Trade Organizations) pour accueillir un évènement pour le World Fair Trade Day en Corée (deuxième samedi du mois de mai tous les ans). La KFTO est une entité de Fairtrade

International (organisation fairtrade de labellisation qui procure des certifications aux produits). L’association regroupe :

1- Des consumer cooperatives comme iCoop Cooperative et Dure Cooperative. 2- Des fondations qui importent des produits (Beautiful Coffee affilié au réseau Beautiful Store).3- Des entreprises sociales (G:ru, marque de textile solidaire). 4- Des organisations non gouvernementales (Korea Food for the Hungry International).

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