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Bruno Roelants, Eum Hyungsik et Elisa Terrasi, CICOPA LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: un rapport mondial

description

Présentée pour la première fois le 7 octobre à l’occasion du Sommet international des coopératives, l'étude "Coopératives et emploi : un rapport global » réalisée par CICOPA, l'Organisation internationale des coopératives industrielles et de services, traite de l'importance du travail coopératif dans le paysage mondial tant quantitativement que qualitativement.

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Bruno Roelants, Eum Hyungsik et Elisa Terrasi, CICOPA

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI:

un rapport mondial

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COnCERnAnT LES AuTEuRS

Bruno Roelants est Secrétaire Général de CICOPA depuis 2002 et de son organisation régionale CECOP

CICOPA-Europe depuis 2006. Il a travaillé sur des projets de développement en Chine, en Inde et en Europe de

l’Est, et a coordonné le groupe de négociation du mouvement coopératif concernant la Recommandation pour la

promotion des coopératives 2002 (n ° 193) de l’OIT. Il a une maîtrise en études du travail. Il a donné des cours sur

les coopératives en Italie et est co-auteur de Coopératives, territoires et emplois (2011), ainsi que de Capital and

the Debt Trap – Learning from Cooperatives in the Global Crisis (2013). Il a coordonné le rapport Une croissance

Coopérative pour le 21ème siècle (2013).

Eum Hyungsik est Analyste de Données de CICOPA depuis 2009. Il a été le coordonnateur de l’élaboration des

Standards Mondiaux des coopératives sociales entre 2008 et 2011 et a participé à un projet européen sur la

résilience des coopératives à la crise économique en 2012. Il est également doctorant au Centre d’Economie

Sociale de l’Université de Liège en Belgique. En tant que sociologue, il a travaillé sur le débat conceptuel et le

processus d’’institutionnalisation des coopératives, de l’économie sociale et des entreprises sociales, en

particulier en Europe et en Asie de l’Est. Avant de rejoindre CICOPA, il a travaillé comme chercheur et militant

dans l’économie sociale et dans le mouvement coopératif de travail associé en Corée du Sud.

Elisa Terrasi est Responsable du Développement et des Etudes de CICOPA depuis 2011. Elle a coordonné la

rédaction du rapport Les coopératives batisseuses du développement durable de CICOPA (2013) et du rapport

La Résistance du Modèle Coopératif de CECOP – CICOPA Europe. Elle est actuellement en charge du projet

Cooproute qui établit un itinéraire européen de la culture coopérative. Elle a précédemment travaillé en Italie

sur des questions telles que l’économie sociale, les mouvements sociaux, la lutte contre la discrimination, les

migrations et l’identité. Elle est diplomée en anthropologie sociale.

Copyright © 2014, CICOPA & Mouvement Desjardins.

Tous droits réservés

ISBN: 978-2-930816-01-2

Dépot légal: D/2014/13.486/2

Conception graphique: Juan Burgos

Traduction de l’anglais: Francine Ferret

Il est interdit de reproduire cette publication partiellement

ou totalement sans avoir reçu une autorisation préalable

de CICOPA ou du Mouvement Desjardins

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

Les coopératives et l’emploi: un rapport mondial a

été commissionné pour le Sommet international

des coopératives 2014, tenu à Québec du 6 au 9

Octobre 2014

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LISTE DES TABLEAuX

REMERCIEMEnT

SOMMAIRE

CARTE Du MOnDE AVEC LES RÉGIOnS ÉTuDIÉES PEnDAnT LE TRAVAIL DE TERRAIn

CHAPITRE 1. InTRODuCTIOn À L’EMPLOI COOPÉRATIF DAnS LE COnTEXTE MOnDIAL

Objectifs et structure de ce rapport

Les principales tendances mondiales de l’emploi et du chômage, et comment les coopératives semblent s’être démarquées

Définitions clés

Principales caractéristiques et limitations de l’étude

Considérations méthodologiques

CHAPITRE 2. ESTIMATIOnS QuAnTITATIVES DE L’EMPLOI COOPÉRATIF DAnS LE MOnDE

Définition des catégories clés

Estimations actuelles au niveau mondial et dans le G20

Estimations au niveau mondial

Estimations pour le G20

Évolution de l’emploi coopératif dans le temps

Résilience des coopératives à la crise

Évolution de l’emploi depuis 2000 dans quelques pays

CHAPITRE 3. L’EMPLOI COOPÉRATIF: AnALYSE DES 10 RÉGIOnS ÉTuDIÉES

Analyse quantitative

Données générales

Evolution de l’emploi coopératif dans le temps

Contrats et pratiques de travail

Égalité hommes-femmes

Âge

Localisation de l’emploi

Importance de l’emploi par coopérative

Analyse qualitative

L’emploi coopératif sous différents angles d’analyse

Les spécificités de l’emploi coopératif telles qu’elles sont vécues par les personnes elles- mêmes

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TABLE DES MATIÈRES

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CHAPITRE 4EMPLOI COOPÉRATIF ET EnTREPREnEuRIAT COOPÉRATIF

Comment les caractéristiques de l’emploi coopératif ont-elles une incidence sur la durabilité des coopératives et vice versa ?

La durée à long terme de l’emploi

L’attitude du personnel et des membres

Éducation et formation

Constitution de réserves financières

Contribution à la formalisation de l’emploi et de l’économie

La coopération entre travailleurs, usagers, producteurs et autres parties prenantes

Économies d’échelle

Les défis entrepreneuriaux auxquel est confronté l’emploi coopératif

Faire face à l’intensification de la concurrence globale

Combler les faiblesses des compétences de gestion

Relever les défis démographiques et les questions générationnelles

Traiter l’angle mort de la protection du travail

CHAPITRE 5 COnCLuSIOnS ET RECOMMAnDATIOnS

Conclusions

Recommandations

Politique de l’emploi et statistiques

Entrepreneuriat

Normes du travail, transition vers l’économie formelle, la protection sociale et la lutte contre les pseudo-coopératives

Éducation, formation et recherche sur l’emploi coopératif

Politique de développement

BIBLIOGRAPHIE

AnnEXE 1DOnnÉES nATIOnALES

AnnEXE 2InFORMATIOnS DE BASE SuR LES 10 RÉGIOnSEXAMInÉES Au COuRS Du TRAVAIL DE TERRAIn

AnnEXE 3LISTE DES InTERVIEWS

PHOTOS

4.1.

4.2.

5.1.

5.2.

4.1.1.

4.1.2.

4.1.3.

4.1.7.

4.2.1.

4.2.2.

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

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Liste des régions cibles

Nombre d’emplois au sein et dans le cadre des coopératives dans le monde, par continents et par catégorie

L’emploi coopératif dans le G20, par pays et par catégorie

Évolution du nombre total de salariés dans les coopératives canadiennes entre 2000 et 2009

Changements du ratio d’emploi dans les coopératives canadiennes en regard de l’emploi global entre 2000 et 2008

Évolution du nombre de producteurs-membres dans les coopératives canadiennes de production entre 2000 et 2009

Évolution de l’emploi dans les coopératives de travail associé et les coopératives multi-sociétaires entre 2000 et 2013

Changements du ratio d’emploi dans les coopératives françaises en regard de l’emploi global entre 2008 et 2012

Évolution du nombre de producteurs-membres et de salariés dans les coopératives agricoles et de pêche au Japon entre 2001 et 2011

Informations générales sur l’emploi coopératif dans 8 régions

Nombre de coopératives et leur emploi au Pays basque et en Émilie-Romagne, par secteur

Emploi dans les coopératives, Kanagawa, par type de coopérative

Nombre de coopératives de travail associé, de coopératives de personnes âgées et de collectifs de travailleurs à Kanagawa, par secteur

Changements dans l’emploi coopératif et en général au Pays basque de 2006 à 2010

Changements dans l’emploi coopératif et en général en Émilie-Romagne entre 2008 et 2013

Changements dans l’emploi dans les coopératives sociales et en général en Émilie-Romagne entre 2008 et 2013

Changements dans l’emploi coopératif à l’exclusion des coopératives sociales en Émilie-Romagne entre 2008 et 2013

Ratio de contrats de travail régulier et temporaire dans les coopératives, par type de coopératives

Ratio d’hommes et de femmes dans l’emploi coopératif par type de coopératives

Nombre d’emplois coopératifs dans des régions ayant d’importantes zones rurales

Nombre de coopératives et d’emplois dans les coopératives au Québec, au Pays basque et en Emilie-Romagne, par taille des coopératives

TABLEAu 1

TABLEAu 2

TABLEAu 3

TABLEAu 4

TABLEAu 5

TABLEAu 6

TABLEAu 7

TABLEAu 8

TABLEAu 9

TABLEAu 11

TABLEAu 12

TABLEAu 13

TABLEAu 14

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TABLEAu 20

TABLEAu 21

TABLEAu 10

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LISTE DES TABLEAUX

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Les auteurs, qui sont tous trois membres du personnel de CICOPA, souhaitent remercier vivement

toutes les personnes qui ont permis la réalisation de cette étude, notamment tout le personnel,

les travailleurs-membres et les producteurs-membres qui ont accepté d’être interviewés, et de

partager leurs expériences et avis.

Parmi les membres du personnel de CICOPA, méritent d’être remerciés pour leur contribution

concrète: Helen Robinson pour son assistance minutieuse au fil de toute cette période, Leire Luengo

pour son accompagnement courageux dans la conception et la structuration du rapport, et Diana

Dovgan pour avoir partagé la pertinence de ses commentaires et réflexions.

CICOPA a pu compter sur la collaboration inestimable de ses membres et de ses organisations

partenaires de longue date ainsi que de ses contacts locaux pour la préparation du travail sur le

terrain, son suivi et le recueil de nombreuses informations contextuelles dans les 10 régions choisies

aux fins de cette étude. Les auteurs souhaitent exprimer plus spécialement leur gratitude aux

personnes suivantes: Jungdae Na, Université de Hallym (Corée du Sud); Jaeyoung Go, Syndicat

national des coopératives agricoles (Corée du Sud); Sunki Kim, Réseau de coopératives Wonju

(Corée du Sud); Daejin Kim, Hansallim Youngdong (Corée du Sud); Dongyoung Chang, Coopérative

de crédit Balgeum (Corée du Sud); Kyungbae Ji, Institut de recherche pour Gangwon (Corée du

Sud); Université Meiji, Michiyo Imai (Japon); Yoshiko Yamada et Takako Tsuchiya, Union japonaise des

coopératives de travail associé (Japon); Kitaguchi Akiko et Suzuki Kurato, Fédération nationale du

syndicat des coopératives de consommation (Japon); Hyontae Kim, Centre Ritsumeikan d’études

coréennes (Japon); Akira Kurimoto, Institut des coopératives de consommation du Japon (Japon);

Kobayashi Hajime, Institut japonais de recherche générale sur les coopératives (Japon); Asami

Hideaki, Fédération des coopératives de consommation de Kanagawa (Japon); Okada Yuriko,

Association de collectifs de travailleurs (Japon); Kawamura Naoko, Fédération de collectifs de

travailleurs de Kanagawa (Japon); Youko Snaga, Club Seikatsu de l’Union des coopératives de

consommation (Japon); Gianluca Mingozzi et Davide Pieri, Confcooperative Émilie-Romagne (Italie);

Roberta Trovarelli, Legacoop Émilie-Romagne (Italie); Giorgio Benassi, Coop Adriatica (Italie); Guido

Caselli, Unioncamere Émilie-Romagne (Italie); Javier Goienetxea et Lorea Soldevilla, Confédération

basque des coopératives – Konfekoop (Espagne); Santi Merino, Conseil supérieur des coopératives

d’Euskadi (Espagne); Javier Marcos, Mondragon (Espagne); Vishwas Satgar, Athish Satgoor et Andrew

Bennie, Co-operative and Policy Alternative Center – COPAC (Afrique du Sud); Thulani Guliwe,

Department of Economic Development, Gauteng Provincial Government (Afrique du Sud); Mrinal

Gaurav, Gauteng Enterprise Propeller (Afrique du Sud); Rebecca Kemble, United States Federation

of Worker Cooperatives (États-Unis); Adam Chern, Union Cab (États-Unis); Anne Reynolds, Tom

Flory et Lynn Pitman, University of Wisconsin Center for Cooperatives (États-Unis); John E. Peck,

Family Farm Defenders (États-Unis); David Erickson, Cooperative Network in Wisconsin (États-

Unis); Christopher P. Roe, CUNA Mutual Group (États-Unis); Walt Laskos, Credit Union National

Association – CUNA (États-Unis); Alain Bridault, Fédération canadienne des coopératives de travail

- FCCT (Canada); Jean-Pierre Girard, Les Productions LPS (Canada); Joan Lechasseur, Sommet

international des coopératives 2014, Québec; Isabel Faubert Mailloux, Réseau de la coopération du

travail du Québec (Canada); Aline Sun, Mouvement Desjardins (Canada); Michel Clément, Direction

REMERCIEMENTS

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du développement des coopératives, Gouvernement provincial du Québec (Canada); Josée

Tremblay et Marie-Paule Robichaud Villettaz, Conseil québecois de la coopération et de la mutualité

(Canada); Marie Bouchard, Université du Québec à Montréal (Canada); Sybille Mertens, Université

de Liège (Belgique-Canada); Manali Shah, Shalini Ben Trivedi, Meenakshi Ben Vyas et Shaik Parveen,

Self-Employed Women’s Association – SEWA (Inde); João Marcos Silva Martins, Organização

das Cooperativas Brasileiras – OCB (Brésil); Fabiana Bitencourt, Organização das Cooperativas

Brasileiras – OCB - de Paraíba (Brésil); Geraldo López, gouvernement de Paraíba (Brésil); Maria Laura

Coria, Federación de Cooperativas de Trabajo de la República Argentina – Fecootra (Argentine); Dario

Farcy, Confederación Nacional de Cooperativas de Trabajo – CNCT (Argentine); Raul Colombetti,

Casa Cooperativa de Provisión Sunchales (Argentine); Osvaldo Petrilli, Federación de Cooperativas

de Telecomunicaciones de la República Argentina (Argentine); Alfredo Luis Cecchi, gouvernement

de Santa Fe (Argentine).

Nous sommes reconnaissants envers Simel Esim, Responsable de l’Unité coopérative du Bureau

International du Travail (BIT), pour son appui constant pour cette étude depuis son tout début.

Nous souhaitons remercier les personnes suivantes qui nous ont apporté une aide précieuse

dans le recueil de statistiques nationales sur un certain nombre de pays: Theodoor Sparreboom,

économiste et statisticien au BIT; les Directeurs des régions de l’ACI, à savoir Balu Iyer (Asie-

Pacifique), Sifa Shiyoge (Afrique), Manuel Mariño (Amériques) et Klaus Niederlander (Europe); Carlo

Borzaga, Gianluca Salvatori et Chiara Carini (EURICSE); Tran Thu Hang de l’Alliance des coopératives

du Vietnam (VCA); Dirk Lehnhoff du DGRV (Allemagne) et Président de Cooperatives Europe; Ge

Shuyuan et Hu Xudong de la All-China Federation of Supply and Marketing Cooperatives; Zhang

Xiaowu de la All-China Federation of Handicraft Industry Cooperatives; Antesh Kumar de Indian

Farmers Fertiliser Cooperative Limited – IFFCO; Evgeny Suzdaltsev de Centrosojuz (Russie); Eduardo

Fontenla (Argentine); Albert Vingwe (Zimbabwe); Dolly Goh de SNCF (Singapour); Josephine Barraket,

Université de Swinburne (Australie); Melina Morrison, Business Council of Co-operatives and Mutuals

(Australie); Juan Gerardo Dominguez Carrasco, Sociedad Cooperativa de Asesores para el Avance

Social (Mexique); Ilham Nasai, Dekopin, et Robby Tulus, ex Directeur d’ACI Asie-Pacifique (Indonésie);

Dickson Okolo, Directeur Fédéral des Coopératives (Nigéria).

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

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Selon l’OIT, le monde souffre d’un chômage sans précédent (plus de 200 millions de personnes), un chômage des

jeunes dramatique, un niveau historique de migrations, et une très forte présence de l’emploi informel et précaire.

Dans le même temps, le rapport estime que l’emploi coopératif implique au moins 250 millions d’habitants

de la planète, à temps plein ou partiel, selon les données provenant de 74 pays couvrant 79% de la population

mondiale. 26,4 millions de ces personnes travaillent au sein des coopératives, comme salariés (15,6 millions) ou

travailleur-membres (10,8 millions), tandis que 223,6 millions de producteurs organisent leur production dans

le cadre des coopératives. La grande majorité de l’emploi coopératif se trouve au sein du G20, où il représente

près de 12% de l’ensemble de la population active occupée. En analysant les données à partir d’un nombre limité

de pays, l’emploi coopératif semble être demeuré généralement stable à travers les années, et avoir démontré

une résilience particulièrement forte à la crise mondiale qui a éclaté en 2007-2008. En dépit de chiffres encore

modestes relativement parlant, les coopératives de travail associé et les coopératives sociales ont connu une

augmentation très significative de l’emploi.

Le rapport formule enfin une série de recommandations dans les domaines de la politique de l’emploi et des

statistiques, de l’entrepreneuriat, du travail, de l’éducation et de la recherche, ainsi que du développement, qui

visent à renforcer la contribution déjà énorme des coopératives à l’emploi dans le monde.

Une grande partie de l’étude se concentre sur

le travail de terrain que nous avons effectué

dans 10 régions sélectionnées, présentant une

grande diversité en termes d’environnement

socio-économique: Gauteng (Afrique du Sud),

Ahmedabad (Inde), Gangwon (Corée du Sud),

Kanagawa (Japon), Santa Fe (Argentine), Paraiba

(Brésil), Wisconsin (États-Unis), Québec (Canada),

Pays Basque (Espagne) et Émilie-Romagne (Italie).

Ce travail de terrain a confirmé les tendances

mondiales de l’emploi coopératif mentionnées ci-

dessus, et certaines régions sont caractérisées

par des niveaux encore plus élevés, comme

l’Emilie-Romagne avec près de 15% de l’ensemble

de la population active occupée. Il a également

montré que les conditions de travail (salaires,

autres types de rémunération, sécurité au travail,

protection sociale, etc.) sont généralement

au moins aussi bonnes que celles trouvées

dans d’autres entreprises dans des secteurs

comparables, et souvent meilleures. En outre, il a

révélé que l’emploi coopératif est généralement

caractérisé par une durée beaucoup plus élevée

et une répartition géographique plus équilibrée

que la moyenne, et que les coopératives ont

tendance à formaliser l’emploi.

Qualitativement, le travail de terrain a révélé

des caractéristiques distinctives de l’emploi

coopératif, tel qu’il est expérimenté par les

dizaines de personnes travaillant dans ou

dans le cadre de coopératives que nous avons

interviewées, avec une combinaison de: logique

économique, une recherche de l’efficacité, une

flexibilité partagée, un sens de la participation,

un environnement de type familial, la fierté et

la réputation, un fort sentiment d’identité et un

accent sur les valeurs. Nous avons trouvé que

ce mélange de caractéristiques est à la fois

une cause et une conséquence de la viabilité

économique des coopératives. Mais nous avons

également identifié un certain nombre de défis

sérieux qui pourraient affaiblir l’emploi coopératif,

en termes de concurrence, de compétences de

gestion, de normes du travail et de démographie.

SOMMAIRE

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10

JAPOnKAnAGAWA

ÉTATS-unISWISCOnSIn

AFRIQuE Du SuDGAuTEnG

ITALIEÉMILIE-ROMAGnE

CORÉE Du SuDGAnGWOn

CAnADAQuÉBEC

BRÉSILPARAIBA

ESPAGnEPAYS BASQuE

ARGEnTInESAnTA FE

InDEAHMEDABAD

CARTE DU MONDE AVEC LES RÉGIONS ÉTUDIÉES PENDANT LE TRAVAIL DE TERRAIN

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TABLEAu 1 – LISTE DES RÉGIOnS CIBLES

PAYS RÉGIOn nATuRE DE L’unITÉ ADMInISTRATIVE POPuLATIOn

PRInCIPALE ORGAnISATIOn QuI A APPORTÉ

SOn AIDE

JAPOn Kanagawa Préfecture 9.0 millionsJWCU

(membre)

CORÉE Du SuD Gangwon Province 1.6 millionsKFWC

(membre)

AFRIQuE Du SuD Gauteng Province 12.3 millionsCOPAC

(partenaire)

BRÉSIL Paraiba État 3.8 millionsOCB and UNISOL

(membres)

ARGEnTInE Santa Fe Province 3.2 millionsFecootra and CNCT

(member)

ÉTATS-unIS Wisconsin État 5.7 millionsUSFWC

(member)

CAnADA Québec Province 7.9 millions

CWCF (membre) et Mouvement

Desjardins (partenaire)

ITALIE Émilie-Romagne Région 4.4 millionsLegacoop-ANCPL

and Confcooperative

(members)

ESPAGnE Pays Basque Communauté autonome 2.2 millionsKonfecoop

(membre d’un membre)

InDE Ahmedabad District 6.3 millionsSEWA

(partenaire)

CARTE DU MONDE AVEC LES RÉGIONS ÉTUDIÉES PENDANT LE TRAVAIL DE TERRAIN

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

CHAPITRE 1InTRODuCTIOn À L’EMPLOI COOPÉRATIF DAnS LE COnTEXTE MOnDIAL

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL 1 INTRODUCTION À L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE CONTEXTE MONDIAL

13

1.1. OBJECTIFS ET STRuCTuRE DE CE RAPPORT

Ce rapport vise à contribuer à une meilleure compréhension de la contribution des coopératives à l’emploi dans le

monde, et en particulier à:

A formuler une définition de l’emploi coopératif et de ses principales composantes;

A établir une estimation approximative du nombre total d’emplois coopératifs dans le monde et son

pourcentage de la population active occupée mondiale;

A se pencher sur l’évolution de l’emploi coopératif au fil du temps, à la fois au cours de la crise

mondiale qui a éclaté en 2008, et sur un arc de temps plus long comprenant la période pré-crise;

A vérifier les principales tendances de l’emploi coopératif en termes de localisation, à savoir la

répartition entre zones urbaines et rurales, petites villes et grandes villes, et régions centrales et

périphériques;

A comprendre les grandes tendances de l’emploi coopératif en termes de sexe, âge, modes de

recrutement, gestion des ressources humaines, relations avec les syndicats, inclusion sociale, rôle

en termes de formalisation de l’économie, etc;

A saisir les caractères distinctifs de l’emploi coopératif en tant qu’expérience basée sur des

témoignages directs de personnes dont l’emploi est directement lié aux coopératives, et la façon

dont ces caractéristiques interagissent avec la viabilité entrepreneuriale des coopératives.

Comme nous pouvons le voir, les objectifs de cette étude sont à la fois quantitatifs et qualitatifs, et nécessitent donc

à la fois une analyse globale basée sur la plus grande quantité possible de données fiables, et sur un travail de terrain

effectué à la base dans différentes parties du monde.

Dans le reste de CE CHAPITRE, nous examinons d’abord les principales tendances de l’emploi

et du chômage dans le monde d’aujourd’hui et la façon dont les coopératives s’en sont sorties au

cours des dernières années: nous passons ensuite en revue les principales caractéristiques et les

limites de l’étude, et nous explicitons enfin la méthodologie que nous avons utilisée.

LE CHAPITRE 2 présente des estimations quanti t atives de l’emploi coopératif au niveau

mondial.

LE CHAPITRE 3 analyse les données quantitatives et qualitatives recueillies au cours du

travail de terrain dans 10 régions slectionnées à travers le monde, et tente de conceptualiser les

caractéristiques qualitatives clés de l’emploi coopératif.

LE CHAPITRE 4 examine si et dans quelle mesure ces caractéristiques induisent la durabilité

économique des coopératives et vice versa, et analyse les principaux défis qu’engendre la

mondialisation pour l’emploi coopératif.

LE CHAPITRE 5 émet des conclusions et formule une série de recommandations.

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

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1.2. LES PRInCIPALES TEnDAnCES MOnDIALES DE L’EMPLOI ET Du CHôMAGE, ET COMMEnT LES COOPÉRATIVES SEMBLEnT S’êTRE DÉMARQuÉES

Selon les données les plus récentes de l’Organisation

internationale du travail (OIT), près de 202 millions

de personnes étaient sans emploi en 2013 dans le

monde. Ce chiffre révèle une augmentation de près

de 5 millions en regard de l’année précédente (OIT,

2014a). Dans les Tendances mondiales de l’emploi

2013 de l’OIT, celle-ci met en garde contre la nouvelle

poussée du chômage en 2012 et son expansion: « Les

régions qui ont réussi à prévenir une nouvelle hausse

du chômage ont souvent enregistré une dégradation

de la qualité des emplois, avec l’augmentation de

l’emploi vulnérable et du nombre de travailleurs vivant

sous ou tout près du seuil de pauvreté » (OIT, 2013a,

p.11).

Les tendances de l’emploi et du chômage sont

directement liées à des niveaux croissants de

pauvreté et d’exclusion, ainsi que de désertification

économique de régions défavorisées. L’OIT rapporte

que, en dépit d’une légère diminution de la pauvreté

au travail, «Actuellement, environ 397 millions de

travailleurs vivent dans l’extrême pauvreté; 472

millions de travailleurs supplémentaires ne peuvent

pas répondre à leurs besoins de base de façon

régulière » (OIT 2013a, p. 12) et que les déséquilibres

géographiques ont effectivement empiré avec la crise

dans les pays développés, en partie à cause de la bulle

immobilière et la surchauffe dans l’immobilier et les

services financiers avant la crise (2013a OIT, p. 51).

Le taux de chômage des jeunes a atteint le record

historique de 12,6%, soit en chiffres absolus 73,4

millions de jeunes sans emploi en 2013, ou encore

une hausse de 3,5 millions entre 2007 et 2013, et de

0,8 millions entre 2011 et 2013 (OIT, 2013b, p.7). Le

chômage des jeunes est particulièrement élevé dans

l’Union européenne, au Moyen-Orient et en Afrique du

Nord. Il atteint, par exemple, 24,8% en Égypte (2010),

29,3% en Jordanie (2012), 35,3% en Italie (2012), 37,6%

au Portugal (2012), 42,3% en Tunisie (2011), 53,2% en

Espagne (2012) et 55,3% en Grèce (2012)1. En outre,

l’emploi informel demeure omniprésent et la transition

vers un travail décent est lente et difficile (OIT, 2013b,

p.1). Le chômage des jeunes fait courir le risque d’une

génération sacrifiée et est, selon le Secrétaire général

de l’ONU, Ban Ki Moon, « une épidémie qui représente

une grande épreuve pour notre époque »2.

Les données de l’OIT révèlent également que l’emploi

informel constitue plus de 20 pour cent de l’emploi

global. Les pays d’Amérique centrale, notamment,

affichent des taux d’emploi informel de 70 pour cent,

voire plus, et l’Asie du Sud et Sud-Est est loin d’être en

reste (OIT, 2014a, p. 13).

La montée du nombre de migrants en quête d’un

emploi s’accélère. Ils sont des milliers à lutter pour

une vie meilleure aux portes de la plupart des pays

industrialisés: ils seraient, selon l’OIT, 232 millions

de migrants internationaux dans le monde, soit 3,1

pour cent de la population mondiale, dont plus de 90

pour cent sont des travailleurs et leurs familles3. Les

travailleurs migrants sont de plus en plus objet de

débat public et servent souvent de porte-étendard

électoral: la pénalisation des travailleurs migrants

en situation irrégulière et leur vulnérabilité face à

l’exploitation et aux abus appellent des mesures

concrètes en matière de gouvernance mondiale

(NUDH, 2013; OIT, 2014c).

De nombreuses études font état d’inégalités entre

les femmes et les hommes sur le marché du travail:

une récente publication de l’OIT intitulée Tendances

mondiales de l’emploi des femmes révèle que les

femmes affichent des taux de chômage plus élevés

que les hommes et que l’écart s’est creusé entre

2008 et 2012 (OIT, 2012, p. 4). Malgré les progrès dans

l’éducation des filles et des femmes, la ségrégation

professionnelle demeure un trait dominant, même

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL 1 INTRODUCTION À L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE CONTEXTE MONDIAL

15

dans les pays industrialisés (OIT, 2014b, p. 2). Par

exemple, selon une étude de l’institut Women’s Policy

Research aux États-Unis, la ségrégation hommes-

femmes est encore profonde dans ce pays et les

données de 2012 mettent en lumière que seuls six

pour cent de la main-d’œuvre féminine occupent

des métiers non traditionnellement féminins contre

44 pour cent de la main-d’œuvre masculine. La

même étude suggère également que la ségrégation

professionnelle et l’écart salarial sont inversement

corrélés (Hegewisch & Hartmann, 2014).

Au cœur des objectifs de l’agenda de développement

post-2015 figure la promotion d’emplois décents et

qui s’inscrivent dans la continuité, notamment dans

le secteur privé durable. Dans un environnement

économique marqué par des turbulences, la seule

croissance économique semble insuffisante à cette

fin. Les chefs d’Etat et de gouvernement ainsi que les

représentants de haut niveau qui se sont réunis à Rio

de Janeiro en 2012 ont encouragé « le secteur privé à

contribuer au travail décent pour tous et à la création

d’emplois pour les femmes comme pour les hommes,

en particulier pour les jeunes, notamment dans le

cadre de partenariats avec des petites et moyennes

entreprises et des coopératives »4.

L’expansion de la population en âge de travailler,

le déséquilibre environnemental, la rareté des

ressources et la progression de l’urbanisation

entrainent un processus de changement structurel

engendré par l’importance accordée à des

technologies innovantes, l’utilisation d’énergies

renouvelables, des technologies plus respectueuses

du climat et des modes de production plus durables

(OIT, 2012b, p. 1). Par ailleurs, à l’horizon de 2050,

l’économie mondiale devra assurer un niveau de vie

décent à plus de 9 milliards de personnes, dont 70

pour cent vivront en milieu urbain. À cet horizon, une

personne sur trois dans les pays à revenu élevé et une

personne sur cinq dans les pays en développement

aura plus de 60 ans5. C’est pourquoi de nouvelles

opportunités de marché pour satisfaire les besoins

générés par ces changements seront un enjeu pour

les décideurs politiques aux différents niveaux. En

dépit de ce constat, des montants bien maigres de

financements publics sont alloués à des mesures

actives de marché du travail. Dans les pays de l’OCDE,

une moyenne inférieure à 0,6 pour cent du PIB a été

affectée à de telles mesures en 2011 (OIT, 2013a, p. 13).

Il convient de mettre plus fortement en lumière

que le travail et l’emploi ont acquis une signification

sociétale profonde dans le monde d’aujourd’hui.

Selon Aurelio Parisotto, économiste á l’OIT: « Avoir

accès à un travail sûr, productif et convenablement

rémunéré, ce n’est pas juste une question de gagner

un revenu. C’est un moyen important pour les

individus et leur famille de gagner en estime de soi,

de renforcer leur sentiment d’appartenance à une

communauté et d’apporter leur contribution à la

production. La transition vers un développement

inclusif et durable sera impossible si des millions

de personnes se voient refuser la possibilité de

gagner leur vie dans des conditions d’équité et de

dignité »6. L’augmentation des suicides professionnels

constatée dans plusieurs pays industrialisés atteste

de la signification essentielle de l’emploi pour la

vie elle-même. Par exemple, une étude menée au

Royaume-Uni révèle qu’un jeune chômeur sur trois a

envisagé de se suicider7. Une étude réalisée aux États-

Unis constate qu’une majoration de 10 pour cent du

chômage accroît le taux de suicide des hommes de

1,47 pour cent8. Des études réalisées en Italie et en

Espagne font état de données similaires9. Ces études

font également remarquer que le phénomène est plus

sensible parmi les jeunes. Comme nous pouvons le

voir, les conséquences de la montée du chômage, du

sous-emploi et de l’emploi précaire sur la société et

l’économie sont inestimables.

Dans ce contexte, les coopératives auraient fait

montre d’une résilience remarquable à la crise qui

a éclaté au niveau mondial en 2008, notamment

dans le domaine de l’emploi. Ce phénomène a été

souligné publiquement par d’éminentes institutions

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

16

internationales. Dans le message qu’il a adressé

à l’occasion de la Journée internationale des

coopératives en 2013, le Secrétaire général des

Nations Unies, Ban Ki-moon, a mis en exergue que les

coopératives « peuvent aider à construire la résilience

dans tous les domaines socio-économiques en

période d’incertitude mondiale »10.

Selon Guy Ryder, Directeur général de l’OIT, « les

entreprises coopératives sont nées de situations

de crise, et se sont révélées aptes à répondre

directement aux besoins de leurs membres. Elles

restent aujourd’hui tout aussi efficaces lorsqu’elles

peuvent concrétiser leurs idéaux »11. Dans le

prolongement, l’OIT déclare que « les entreprises

coopératives connaissent aujourd’hui un important

essor, s’affirment en tant que solution résiliente et

pertinente qui n’est pas seulement durable mais

aussi opportune »12, les nouvelles coopératives ayant

tendance à mieux survivre que les autres types

d’entreprises (Birchall & Ketilson, 2009, p. 29).

Le rapport Sur la contribution des coopératives à la

sortie de la crise adopté par le Parlement européen

en juillet 2013 souligne leur résilience en termes

d’emploi et de survie, et fait valoir que malgré la

crise, « des coopératives se sont créées dans des

secteurs nouveaux et innovants, et que les preuves

de cette résilience sont nombreuses, notamment

en ce qui concerne les banques coopératives et

les coopératives des secteurs de l’industrie et des

services (coopératives de travail, coopératives

sociales et coopératives composées de PME) »13.

1.3. DÉFInITIOnS CLÉS

Selon la Déclaration sur l’identité coopérative de l’ACI et la Recommandation sur la Promotion des coopératives,

2002 (N° 193) de l’OIT, une coopérative est « une association autonome de personnes volontairement réunies

pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et environnementaux communs au moyen

d’une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement »14: elle est régie

par 7 principes de fonctionnement, à savoir « une adhésion volontaire et ouverte à tous: le contrôle démocratique

exercé par les membres: une participation économique des membres: l’autonomie et l’indépendance: l’éducation,

la formation et l’information: la coopération entre coopératives: l’engagement envers la communauté »: et elle

est guidée par « les valeurs coopératives, à savoir l’entraide, la responsabilité personnelle, la démocratie, l’égalité,

l’équité, la solidarité ainsi qu’une éthique fondée sur l’honnêteté, la transparence, la responsabilité sociale et

l’altruisme »15.

La signification du terme emploi dans le cadre de cette étude suit la définition qu’en donne l’OIT: « l’emploi englobe

tout type de travail, réalisé pour un salaire ou traitement, bénéfices ou gains familiaux »16 et comprend « l’emploi

rémunéré » et « l’emploi pour compte propre », compte tenu que « les employeurs, les personnes travaillant à

leur propre compte et les membres des coopératives de production [c’est nous qui soulignons] devraient être

considérés comme travailleurs indépendants»17.

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL 1 INTRODUCTION À L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE CONTEXTE MONDIAL

17

Cette définition internationale va donc bien au-delà de la seule notion de salariés: elle englobe toutes les activités

économiques rémunérées (en espèces ou en nature) quel que soit le statut du travailleur. Elle est également en

cohérence avec les normes de l’OCDE18.

La notion d’emploi de l’OIT suit une tendance qui s’est affirmée au fil des quatre dernières décennies: parallèlement

à l’aggravation du problème du chômage, l’utilisation du terme « emploi » a été considérablement élargie pour

couvrir tous types d’activités humaines permettant aux personnes d’en obtenir des ressources en espèces ou en

nature. Contrairement à la tendance perceptible dans la société moderne, à savoir que tous les types d’emploi

convergent progressivement vers une relation salarié-employé, nous observons que différentes formes d’emploi

telles que celles de producteurs indépendants ou freelance représentent encore une part importante des formes

de travail reconnues, et sont même en voie d’expansion. Si ces formes sont de plus en plus englobées dans la

notion d’emploi au sens plus large du terme, il est certain qu’elles présentent des traits distinctifs de la notion

d’emploi au sens plus étroit du terme (à savoir la relation employeur-salarié).

En application de la définition de l’emploi de l’OIT énoncée ci-dessus, qui inclut les membres de coopératives de

producteurs, le terme emploi coopératif utilisé dans l’étude renvoie à l’emploi tant au sein que dans le cadre des

coopératives: elle comprend tant les employés et les travailleurs-membres qui travaillent au sein des coopératives

que les producteurs-membres qui travaillent pour leur compte et produisent dans le cadre des coopératives

(lesquelles leur fournissent des services de transformation, commercialisation et/ou fourniture d’intrants) ainsi

que les personnes employées par ces producteurs-membres indépendants.

En effet, les producteurs-membres et leurs coopératives sont mutuellement et directement liés tant en termes

de processus de production que de gouvernance d’entreprise: la coopérative fournit habituellement une

contribution fondamentale au processus de production du producteur-membre, tandis que les producteurs

membres assurent ensemble un contrôle démocratique sur leur coopérative. Nous ne considérons donc pas

l’emploi des producteurs membres comme étant indirectement liés aux coopératives.

Trois types principaux de coopératives sont examinés dans le cadre de cette étude en fonction du

type de membres qui les contrôlent:

A les coopératives d’usagers dont les membres sont des usagers comme, par exemple,

des consommateurs (les coopératives de consommation), des titulaires de comptes (les

banques coopératives et coopératives de crédit), des usagers de services d’électricité

ou de distribution d’eau (les coopératives d’utilité publique);

A les coopératives de travail associé19 et les coopératives sociales20, généralement

composées en majorité de travailleurs-membres, qui sont à la fois propriétaires et

membres du personnel de ces coopératives, à l’exception des coopératives sociales

multi-sociétaires (cf. ci-dessous), où les travailleurs-membres peuvent être une

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

18

minorité; les coopératives de travail associé ont pour mission principale celle de créer

et maintenir des emplois durables; une partie des coopératives sociales se concentre

sur les services à la collectivité (santé, education, services sociaux etc.), tandis qu’une

autre partie se spécialise dans l’insertion par le travail de personnes handicappées ou

désavantagées;

A les coopératives de production, par l’intermédiaire desquelles des producteurs de

biens ou de services (tels que des agriculteurs, des pêcheurs, des conducteurs de taxis,

des artisans, etc.) s’organisent ensemble pour la fourniture d’intrants, la transformation

et la commercialisation.

A En outre, l’étude mentionne également les coopératives multi-sociétaires composées

de plusieurs types de membres qui participent à la gouvernance de la coopérative.

1.4. PRInCIPALES CARACTÉRISTIQuES ET LIMITATIOnS DE L’ÉTuDE

Dans cette étude, qui a duré 15 mois (de juin 2013 à aout

2014), nous essayons d’analyser l’emploi coopératif

dans une perspective intersectorielle et mondiale,

tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif.

En ce qui concerne le volet quantitatif de l’étude, nous

nous proposons d’avancer des estimations plutôt

que des données chiffrées exactes, l’enjeu étant dans

cette phase de mieux cerner l’échelle de l’emploi au

sein ou dans le cadre des coopératives dans le monde.

La finalité de ce travail n’est pas de produire une étude

statistique même si nous estimons que des études

complémentaires sur les coopératives, fondées sur

des données quantitatives, devraient être réalisées en

partenariat avec des universités et d’autres institutions

de recherche.

En ce qui concerne le volet qualitatif, l’étude prend

en considération différents aspects des normes

du travail de l’OIT et de la notion d’emplois décents.

Nous essaierons cependant d’aller au-delà de ces

paramètres pour découvrir les caractéristiques

intrinsèques de l’emploi coopératif en nous servant

d’une nouvelle approche qualitative. Sur la base

d’entrevues de personnes, de leurs avis, commentaires

et sentiments exprimés, nous essaierons de dresser

un tableau de ce que signifie travailler dans ou dans

le cadre d’une coopérative et d’identifier les aspects

propres à l’expérience coopérative, ainsi que l’incidence

de ces aspects sur la durabilité entrepreneuriale des

coopératives.

Cette étude se concentre exclusivement sur les

coopératives. Nous avons délibérément exclu du

champ de notre travail des formes très proches

d’entreprises telles que les entreprises détenues

majoritairement par leurs salariés ou les mutuelles,

de plus en plus regroupées dans les catégories de

« l’économie sociale » et de « l’économie solidaire ».

Les chiffres auraient été plus élevés si nous avions fait

ce choix. Aucune de ces autres formes n’a cependant

de normes internationales claires qui gouvernent

tous les principaux aspects de l’entreprise et à la

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL 1 INTRODUCTION À L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE CONTEXTE MONDIAL

19

fois soient partagées et approuvées universellement

(une caractéristique principale et originale du modèle

coopératif)21. L’intégration de ces formes proches

dans l’étude aurait rendu difficile toute démarcation

claire de l’objet de l’étude tant sur le plan quantitatif

que qualitatif.

L’étude se concentre uniquement sur l’emploi

coopératif direct, qui comprend également, selon notre

définition basée sur la définition de l’OIT de l’emploi,

les producteurs indépendants qui produisent dans le

cadre des coopératives, comme nous l’avons expliqué

ci-dessus. Elle n’analyse pas les emplois indirects, tels

que les emplois à long terme (fournisseurs, services

locaux) induits par la présence de coopératives dans

une collectivité, ni les emplois générés par des prêts

productifs accordés par des coopérat ives de crédit

dans le monde entier. Si nous avions inclus l’emploi

indirect, les estimations quantitati ves auraient

certainement été plus élevées. Cependant, un niveau

beaucoup plus profond et ample d’ana lyse aurait

été nécessaire, ce qui aurait dépassé le temps et les

conditions fixés pour cette recherch e. En outre, le

calcul de l’emploi indirect est, selon l’OIT, extrêmement

difficile à mener à bien de manière fiable 22.

Autant cette étude tient compte des différentes

typologies de coopératives et d’empl oi coopératif,

elle ne comprend pas de classification sectorielle de

l’emploi coopératif, ce qui aurait dépassé les limites

de temps de cette étude.

Nous avons opté pour un ancrage profond à la base car

nous le jugions nécessaire pour dégager un éclairage

en profondeur de la réalité concrète de l’emploi

coopératif. Par conséquent, une partie substantielle

de l’étude se fonde sur du travail de terrain réalisé dans

10 régions sélectionnées présentant des dimensions

géographiques et démographiques comparables qui

ont été choisies en fonction d’un certain nombre de

critères déclinés dans la section 1.5. ci-dessous. Elles

peuvent être vues sur la carte p.10 et sont énumérées

et brièvement décrite dans le tableau 1 p.11. Une

description plus détaillée des 10 régions se trouve

dans l’annexe 2.

1.5. COnSIDÉRATIOnS MÉTHODOLOGIQuES

Dans différentes parties de l’étude, nous avons recours à des méthodes de recherche différentes.

Pour le Chapitre 2 qui traite essentiellement du nombre d’emplois ou d’activités économiques

individuelles créés ou conservés au sein ou dans le cadre des coopératives dans le monde,

nous avons recueilli toutes les sources de données contenant des informations statistiques

sur l’emploi coopératif dans chacun des pays où ces informations étaient accessibles. Notre

première source a été l’autorité statistique nationale, les organismes publics nationaux

compétents ou les organisations coopératives nationales. Nous avons ensuite puisé dans

les travaux de recherche existants sur le sujet. Nous avons, enfin, contacté les organisations

coopératives nationales et leur avons demandé les informations et explications pertinentes

pour interpréter correctement les données. Au fil de cette démarche, nous avons essayé de

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

20

discerner les données en matière d’emploi au sein des coopératives, telles que les salariés

et les travailleurs-membres, d’une part, et l’emploi généré dans le cadre des coopératives,

tel que l’emploi de producteurs et d’artisans, et de leurs propres salariés, d’autre part. Ce

travail de recueil de données a duré pendant toute la période de recherche. Les résultats

sont partiels et portent sur des années différentes selon les pays, sans aller au-delà de la

période 2003-2014. Les résultats ne sont donc que des estimations brutes qui ne peuvent

être considérées comme des données statistiques. L’établissement de données statistiques

sur l’emploi coopératif au niveau mondial exigerait l’existence de politiques publiques qui font

actuellement défaut tant au niveau international que dans de nombreux pays.

Cependant, le calcul de ces estimations est insuffisant pour comprendre les spécificités

de l’emploi coopératif. À cette fin, nous avons effectué une recherche approfondie sur des

régions cibles. Son résultat est principalement utilisé aux Chapitres 3 et 4.

Pour la sélection des régions cibles (voir carte p. 10, le tableau 1 p.11 et l’annexe 2), notre première

étape a été de choisir 10 pays où le système coopératif est bien développé quantitativement

et diversifié, sans perdre de vue la diversité géographique, économique, développementale et

culturelle de ces pays afin de disposer d’un bon échantillon mondial. Parallèlement, nous avons

également choisi des pays dans lesquels nous avions des membres ou partenaires nationaux

disponibles, et une capacité de communication linguistique. Dans une deuxième étape, nous

avons identifié une région dans chacun des pays retenus, où la population locale représente

de 1,5 million à 12 millions d’habitants, et où la densité et la diversité des coopératives sont

plus importantes en regard d’autres régions du même pays. Tout en essayant de nous en tenir

à ce dernier critère, certaines régions ont été retenues pour des considérations spécifiques.

Par exemple, nous avons découvert qu’au Japon, les régions où le secteur coopératif est

relativement plus important et diversifié présentent des caractéristiques très semblables

à celles de la région choisie en Corée du Sud, les deux pays ayant des traditions et des

structures coopératives similaires. Pour éviter l’écueil de la similarité, nous avons choisi une

autre région au Japon où des types de coopératives urbaines, telles que des coopératives de

consommation et de travail associé, se sont fortement développés, à la place des secteurs

d’implantation forte et traditionnelle des coopératives, tels que l’agriculture, la pêche et

la sylviculture. De même, les régions où les coopératives sont les mieux établies au Brésil

présentent des caractéristiques très semblables à celles de la province de Santa Fe, retenue

pour l’Argentine, outre qu’elles sont géographiquement très proches. Nous avons donc choisi

un état du Brésil qui se situe à l’autre extrémité du pays, où le mouvement coopératif n’est pas

encore très fort mais dont le développement est prometteur, alors que son environnement

économique et social est bien différent de celui du Sud du pays plus développé.

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL 1 INTRODUCTION À L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE CONTEXTE MONDIAL

21

Ce type de sélection ne prend pas en compte la représentativité au regard du groupe de

population qui n’a pu être identifié a priori. Au contraire, notre priorité théorique et pratique étant

les coopératives et l’emploi, notre choix pourrait être interprété comme un échantillonnage

théorique (Glaser et Strauss, 2008). Cette mention est particulièrement importante parce

que nous utilisons cette sélection non seulement pour une recherche approfondie en vue

de réunir des données statistiques, mais aussi lors d’entrevues qualitatives de personnes

travaillant dans ou dans le cadre des coopératives.

Les visites et les entrevues ont duré environ une semaine dans chacune des régions

mentionnées ci-dessus, soit un total de 10 semaines d’octobre 2013 à mars 2014. En

tout, nous avons visité, ou eu des entretiens ou des réunions avec 60 coopératives et 13

organisations coopératives dans divers secteurs. 65 interviews individuelles ont été réalisées

outre de nombreux autres contacts, réunions et visites de terrain, impliquant des membres

du personnel remplissant différents rôles et fonctions, ainsi que les producteurs-membres

engagés dans un large éventail de différentes activités économiques. Le travail de terrain

a été préparé en amont pendant plusieurs mois dans chacune des 10 régions et le suivi

de plusieurs contacts locaux s’est prolongé pendant de nombreuses semaines. Plusieurs

centaines de pages de rapports du travail de terrain ont été produites. Les enquêtes ont

été menées à bien par les trois auteurs qui se sont partagé ce travail entre eux en fonction

surtout de leurs capacités linguistiques et de leur connaissance des pays concernés23. Nous

avons également pu compter sur la collaboration de membres de CICOPA ou (comme dans

le cas de l’Afrique du Sud ou de l’Inde), de partenaires de longue date de CICOPA qui nous

ont fourni des informations contextuelles significatives. Au Québec, le partenariat avec le

Mouvement Desjardins a été fondamental.

Dans chacune des 10 régions, nous avons réalisé deux types d’activités de recherche.

En premier lieu, nous avons recueilli des données statistiques sur l’économie régionale en

général et les coopératives dans la région. Nous avons généralement eu des difficultés à

obtenir des informations quantitatives sur les coopératives au niveau régional. Nous avons

donc été appelés à mobiliser toutes les méthodes à la disposition telles que la collaboration

avec le mouvement coopératif régional, l’accès aux bases de données statistiques publiques

et une conjugaison des deux méthodes.

En second lieu, pour identifier les aspects communs et la diversité de l’emploi coopératif,

nous avons mené à bien des interviews qualitatives de personnes travaillant dans ou dans

le cadre des coopératives. Sur la base de méthodes d’interviews ethnographiques (Beaud et

Weber, 2003), nous avons essayé de comprendre les différentes pratiques de travail dans les

coopératives et l’interprétation qu’en donnaient les acteurs eux-mêmes.

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

22

Afin de refléter dans toute la mesure du possible les différents aspects, nous avons essayé de trouver des

personnes à interviewer qui procèdent d’horizons aussi différents que possible tant du point de vue du type

de coopératives dans lesquelles elles sont engagées que de leur profil personnel tels le sexe, l’âge, le statut

du travailleur, sa syndicalisation ou non, et les différents types de relations du travail avec les coopératives

concernées, etc.

Notre méthode d’interview a été semi-dirigée afin d’empêcher que la représentation du chercheur n’influe sur

les personnes interviewées (Alcaras et al. 2009), tout en se concentrant sur des questions d’emploi. Toutes

les interviews ont été enregistrées et partiellement retranscrites, notamment ce qui s’y est exprimé sur les

spécificités de l’emploi coopératif. À l’exception des cas du Japon et de l’Inde pour lesquels nous avons obtenu

l’aide de traducteurs, toutes les autres interviews ont été réalisées dans les langues des régions respectives

(italien, espagnol, portugais, coréen, anglais et français).

Certaines des personnes interviewées ont insisté pour conserver l’anonymat le plus strict, alors que d’autres

ont préféré ne pas être identifiées, et d’aucunes n’avaient pas d’avis tranché sur la question. Nous avons donc

décidé de traiter toutes les personnes interviewées de la même manière, c’est-à-dire en respectant l’anonymat

de leur propos. Nous ne mentionnons donc que la région et le secteur d’activité de la coopérative concernée,

généralement sans évoquer la fonction de la personne au sein de la coopérative, mais en précisant néanmoins

s’il s’agit d’une personne salariée, d’un producteur-membre ou d’un travailleur-membre. Seulement dans le cas

des deux groupes de coopératives, Desjardins et Mondragon, nous faisons mention du groupe dans les citations.

nOTES

1. Cf. CIA World Factbook – 22 juillet 2014, www.cia.gov/library/publications/the-world-factbook/fields/2229.html

2. Cf. article: Ban Ki-moon: Decent jobs for youth are essential to the future we want disponible sur www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/news/WCMS_247476/lang--fr/index

3. Cf. OIT, Migrations de main-d’œuvre: faits et chiffres, disponible sur www.ilo.org/global/about-the-ilo/media-centre/issue-briefs/WCMS_239651/lang--fr/index.htm (date de parution, le 26 mars 2014)

4. Cf. L’avenir que nous voulons: document final adopté au Sommet Rio+20, p. 33, disponible sur www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=A/RES/66/288

5. Cf. Urbanisation: des faits et des chiffres, p. 5, disponible sur: www.un.org/french/ga/istanbul5/kit2.pdf

6. Cf. Éditorial de l’OIT publié le 20 mai, Pourquoi l’emploi et les moyens de subsistance comptent, sur www.ilo.org/global/about-the-ilo/newsroom/comment-analysis/WCMS_213610/lang--fr/index.htm

7. Cf. Haroon Siddique One in 10 young British have nothing to live for, The Guardian, le 2 janvier 2014: www.theguardian.com/society/2014/jan/02/one-in-10-jobless-yougov-poll

8. Cf. Dean Baker The Human Disaster of Unemployment, the New York Times Sunday Review, le 12 mai 2012 www.nytimes.com/2012/05/13/opinion/sunday/the-human-disaster-of-unemployment.html?pagewanted=all

9. Cf. La crisi uccide imprenditori e disoccupati: lo scorso anno si sono tolte la vita 149 persone, La Repubblica,

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LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL 1 INTRODUCTION À L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE CONTEXTE MONDIAL

23

le 15 février 2014, sur www.repubblica.it/economia/2014/02/15/news/crisi_suicidi_lavoro-78655798 et Angeles López La crisis y el desempleo golpean a los jóvenes europeos, El Mundo, 18 septembre 2013 www.elmundo.es/elmundosalud/2013/09/17/noticias/1379444254.html

10. Cf. l’article Cooperatives can build socio-economic resilience during crises – UN officials, www.un.org/apps/news/story.asp?NewsID=45353#.U6q_t7HLMoA

11. Cf. Message de Guy Ryder, Directeur général de l’OIT lors de la Journée internationale des coopératives en 2013, disponible sur www.ilo.org/beirut/media-centre/statements/WCMS_216859/lang--en/index.htm

12. Cf. Déclaration de l’OIT Cooperative enterprises remain strong in times of crisis parue le 9 juillet 2013, à l’occasion de la Journée internationale des cooperatives: www.ilo.org/newyork/speeches-and-statements/WCMS_217368/lang--en/index.htm

13. Cf. Rapport du PE sur www.europarl.europa.eu/sides/getDoc.do?pubRef=-//EP//TEXT+REPORT+A7-2013-0222+0+DOC+XML+V0//FR

14. OIT, Recommandation sur la Promotion des coopératives, 2002 (N° 193), art. 2

15. Ibid., art. 3

16. http://laborsta.ilo.org/applv8/data/iloce.pdf

17. http://laborsta.ilo.org/applv8/data/c2e.html

18. le cadre de l’OIT est “consistant avec le programme des Taux Standardisés du Chômage de l’Organisation pour la Coopération et e Développement Economique, et tous les autres programmes comparatifs qui utilisent les lignes directrices de l’OIT ”. http://laborsta.ilo.org/applv8/data/iloce.pdf

19. Telles que définies par la Déclaration mondiale de CICOPA sur le travail associé coopératif, adoptee par son Assemblée générale en 2003 et par l’Assemblée générale de l’ACI en 2005, disponible sur www.cicopa.coop/IMG/pdf/declaration_approved_by_ica_-_en-2.pdf.

20. Telles que définies par les Standards mondiaux des cooperatives sociales, disponibles sur www.cicopa.coop/IMG/pdf/world_standards_of_social_cooperatives_en.pdf

21. Cf. ACI Déclaration sur l’identité cooperative sur http://ica.coop/en/whats-co-op/co-operative-identity-values-principles, intégrée à la Recommandation de 2002 sur la promotion des coopératives (n° 193) de l’OIT sur www.ilo.org/dyn/normlex/fr/f?p=NORMLEXPUB:12100:0::NO::P12100_ILO_CODE:R193

22. Voir Lall S., 1979, The indirect employment effects of multinational companies in developing countries; Genève: OIT

23. Eum Hyungsik s’est chargé du travail de terrain en Afrique du Sud, Corée du Sud, Japon, Canada et États-Unis; Elisa Terrasi en Italie, Espagne et Inde; et Bruno Roelants au Brésil et en Argentine

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CHAPITRE 2ESTIMATIOnS QuAnTITATIVES DE L’EMPLOI COOPÉRATIF DAnS LE MOnDE

Page 25: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

25

2 ESTIMATIONS QUANTITATIVES DE L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE MONDE

2.1. DÉFInITIOn DES CATÉGORIES CLÉS

Au fil des dernières années, il a été fait état à maintes reprises que 100 millions de personnes dans le monde

devaient leur emploi à des coopératives24. Dans ce chapitre, nous essayons de vérifier cette estimation sur la

base de données statistiques empiriques et de sonder les possibilités d’une analyse plus approfondie compte

tenu que les statistiques sur les coopératives ne sont pas systématiquement produites au niveau mondial, voire

qu’un nombre non négligeable de pays ne disposent pas du tout de telles statistiques. Par ailleurs, les informations

sur l’emploi engendré par les coopératives est plus difficile à déceler que des données générales sur l’emploi,

l’importance de l’emploi assuré par les coopératives n’étant généralement pas pleinement reconnu partout par

les autorités responsables des statistiques comme une valeur ajoutée des coopératives.

Nous avons recueilli des données des collectivités publiques, des organisations coopératives et certaines que

des enquêtes régionales ont permis d’établir, et avons essayé de parvenir à une estimation au niveau mondial et

du G20. Au cours du recueil de ces données, nous avons fait une distinction entre trois catégories, à savoir les

salariés de tous types de coopératives, les travailleurs-membres qui sont plus nombreux dans les coopératives de

travail associé et les coopératives sociales, ainsi que les producteurs-membres des coopératives de production.

A En ce qui concerne la première catégorie, la plupart des coopératives ont leurs propres

salariés pour réaliser les objectifs et les activités économiques qu’ont définis les

membres. Dans ce cas de figure, les coopératives ont recours au même type de forme

de travail que d’autres types d’entreprises, à savoir fondée sur la relation employeur-

salarié. Cette forme de travail est présente dans presque tous les types de coopératives,

même dans les coopératives de travail associé où travaillent ensemble des travailleurs-

membres et non-membres. Ajoutons que ce n’est pas seulement le cas pour les

coopératives de premier degré mais également pour les coopératives de deuxième

degré, les consortiums et les groupes coopératif ainsi que les fédérations nationales et

régionales de coopératives25. Lorsque les informations étaient disponibles, nous avons

pris en considération les salariés des filiales qui sont détenues et controlées par des

coopératives.

A La seconde catégorie, constituée par les travailleurs-membres et dénommée travail

associé26, constitue une part relativement mince de l’emploi coopératif dans le monde,

sans pour autant être insignifiante compte tenu notamment de l’extrême diversité des

secteurs dans lesquels cette catégorie s’est développée, de la taille de ces coopératives,

de l’environnement dans lequel elles sont implantées (milieu rural/urbain) et des pays. Ces

coopératives sont un véritable laboratoire de l’entrepreneuriat et du travail. À cet égard,

nous devrions prendre en considération qu’au début de l’industrialisation au 19ème siècle,

la relation employeur-salarié ne représentait pas une des formes de travail dominantes.

Depuis lors, les personnes ont essayé de créer différentes formes de relations du travail

pour éviter la subordination sur le lieu de travail, pour en encourager l’autonomie et la

prospérité économique. Ces formes innovantes, bien que pas nouvelles, se sont surtout

Page 26: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

26

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

développées dans les coopératives de travail associé. Actuellement, nous ne trouvons

pas seulement des modèles d’emploi innovant traditionnels, que représente le travail

associé, mais aussi de nouvelles vagues de travail innovant telles que les coopératives

sociales, les coopératives multi-sociétaires, les coopératives de communautés, les

collectifs de travailleurs au Japon ou les coopératives d’activité et d’emploi en France,

qui se sont développées pour répondre à de nouveaux besoins et aspirations. Nombre de

ces formes de travail ne sont pas officiellement reconnues en tant que telles. Cependant,

nous pouvons observer qu’elles jouissent de plus en plus d’un cadre juridique propre

au niveau national au titre de modèle coopératif, les aidant ainsi à sauvegarder leurs

spécificités d’emploi tout en bénéficiant de réglementations du travail développées dans

d’autres cadres et formes du travail pour créer et maintenir des conditions de travail

décentes.

A En ce qui concerne la troisième catégorie, constituée de producteurs indépendants, de

nombreuses coopératives jouent un rôle d’interface avec des personnes travaillant en

tant que producteurs individuels à leur compte comme, par exemple, des agriculteurs,

des pêcheurs, des artisans, etc., ou avec des PME, qui comptent partiellement ou

intégralement sur des coopératives pour transformer ou commercialiser leurs produits

ou services, ou leur fournir des intrants clés pour leur production. Dans certains cas

plus rares, nous avons pu obtenir des données sur des personnes employées par

les producteurs individuels ou PME qui sont membres des coopératives. Même si les

coopératives n’emploient pas directement ces personnes, elles mettent à leur disposition

des outils clé de production leur permettant de réaliser leurs activités économiques et

d’accroitre leur compétitivité, contribuant ainsi au maintien et au renforcement de l’emploi

sous ces formes de travail. Dans les statistiques officielles sur l’emploi, les informations

sur cette catégorie sont exclues du calcul de l’emploi coopératif et les producteurs-

membres travaillant pour compte propre sont considérés comme des producteurs

individuels. Aucun lien n’est détectable entre leur métier et les coopératives. Il convient

de souligner que dans de nombreux cas, la coopérative n’est pas la seule entité avec

laquelle le membre réalise ses transactions liées à sa production, mais elle est dans la

plupart des cas la principale. Dans certains cas, c’est la seule.

Comment mesurer la contribution des coopératives à l’emploi dans cette troisième catégorie ?

L’importance de la contribution de la coopérative à l’emploi d’un producteur peut

être très variable et correspond souvent à moins d’un équivalent temps-plein (ETP)

par producteur-membre, mesuré à l’aune du revenu de ce dernier procédant de ses

transactions avec sa coopérative: par exemple, une estimation moyenne de 50%

du total des transaction du producteur a été fournie dans le cas des coopératives

agricoles en Argentine27, mais les ratios estimés peuvent s’élever à 60% ou 70%, par

Page 27: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

27

2 ESTIMATIONS QUANTITATIVES DE L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE MONDE

exemple dans les coopératives de taxis et de transport au Brésil. En Chine, on estime à

58%28 le ratio moyen pour les agriculteurs-membres. Dans certaines régions, comme

le Pays Basque en Espagne ou l’Emilie-Romagne en Italie, le ratio peut atteindre 100%.

Cependant, nous ne pouvons perdre de vue que plus particulièrement dans l’agriculture,

les producteurs travaillent rarement seuls et que les exploitations comptent souvent

deux, trois, voire davantage de personnes qui y travaillent (parents ou employés).

En tout état de cause, les ratios que nous avons trouvés dans la plupart des cas

(50 à 70%, dans certains cas jusqu’à 100%) montrent la relation productive étroite

et quantitativement importante qui existe entre le producteur indépendant et sa

coopérative. Cette relation confirme notre position dans cette étude selon laquelle

nous considérons cette forme d’auto-emploi comme étant directement, et non pas

indirectement, une partie de l’emploi coopératif.

Lors du calcul du nombre de producteurs-membres, nous nous sommes attachés à éviter le double comptage, par

exemple, en ne comptant que les coopératives agricoles engagées dans la transformation et la commercialisation

lorsque les mêmes agriculteurs peuvent être membres d’autres coopératives de production qui leur fournissent

des intrants ou des conseils techniques.

Même si l’estimation du nombre cumulé de personnes constituant l’emploi coopératif nous permettra de toute

évidence de comprendre le rôle et le poids des coopératives dans l’économie en général, il est également

important de distinguer ces trois formes de travail en lien avec les coopératives parce qu’elles illustrent

différentes contributions des coopératives au travail et à l’emploi.

Bien que nous ayons essayé de différencier les trois catégories évoquées ci-dessus, il a parfois été difficile

d’obtenir des données qui permettent d’opérer cette différenciation. Nous devons donc expliquer les limites de

ces estimations:

A Premièrement, lorsque nous avons pu recueillir des données ventilées par types de coopératives,

nous avons essayé d’analyser ce que représente chaque type de coopérative en fonction de ces

trois catégories de travail. Pour les coopératives d’usagers, par exemple, nous nous sommes

limités à compiler des données sur les seuls salariés. Dans le cas des coopératives de production

et de travail associé, nous avons compilé des données sur les salariés et les membres. Cependant,

lorsque nous avons utilisé les données déjà compilées sur l’emploi généré par les coopératives,

nous n’avons pas toujours pu vérifier le caractère des informations qui devraient inclure des

données sur les personnes salariées et les travailleurs-membres29. Dans de tels cas de figure,

nous avons introduit ces informations dans les tableaux sous la rubrique « salariés » uniquement.

A Ensuite, dans le secteur industriel et le secteur des services de plusieurs pays en développement,

lorsque nous avons pu obtenir des données claires sur les travailleurs-membres à la différence

Page 28: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

28

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

des producteurs-membres, nous les avons considérés comme tels. Cette démarche a induit à

considérer comme travailleurs-membres bon nombre de personnes en Inde figurant comme

producteurs-membres de coopératives. Ce choix se voit renforcé par notre observation de la

situation en Inde, où de nombreux travailleurs de coopératives dans des activités industrielles et

artisanales telles que le tissage et le filage à la main ont un statut de producteur-membre mais

sont davantage à considérer comme des travailleurs-membres considérant le type d’organisation

du travail30.

A Enfin, dans de nombreux pays, nous n’avons pas pu rassembler d’informations suffisantes sur les

producteurs-membres travaillant pour compte propre. Par conséquent, bien que nous disposions

de données assez fournies sur cette catégorie en Chine et en Inde, les informations sur les

producteurs-membres ayant un statut d’indépendants demeurent largement incomplètes et

sont loin de couvrir tous les pays.

2.2. ESTIMATIOnS ACTuELLES Au nIVEAu MOnDIAL ET DAnS LE G20

2.2.1. ESTIMATIOnS Au nIVEAu MOnDIAL

Comme le révèle le Tableau 2 ci-dessous, selon nos estimations actuelles, qui reposent sur des données

incomplètes compilées dans 74 pays sur tous les continents, qui regroupent environ 79% de la population

mondiale, l’emploi au sein et dans le cadre des coopératives concerne, pour le moins, 250 millions de

personnes dans le monde31, correspondant à 8,73% de la population active occupée mondiale32. Ce nombre

est sensiblement plus élevé que les 100 millions d’emplois qui avaient été estimés au début des années 1990

et qui a été relayé dans et en dehors du mouvement coopératif depuis lors. De ce chiffre global, près de 26,4

millions de personnes travaillent au sein des coopératives, dont 15,6 millions sont des salariés de coopératives

et 10,8 millions sont des travailleurs-membres. L’emploi dans le cadre des coopératives concerne 223,6 millions

de producteurs individuels ou PME dans le secteur de l’agriculture, de la pêche, de l’industrie, de l’artisanat, des

transports, etc., leur grande majorité étant dans le secteur de l’agriculture.

Géographiquement, les pays asiatiques présentent les chiffres les plus élevés. Les chiffres impressionnants

de Chine et d’Inde permettent d’estimer que l’emploi coopératif, quelle qu’en soit la forme, est beaucoup plus

répandu en Asie que dans d’autres continents. Les pays européens, pour lesquels la disponibilité des données

est meilleure, semblent également se caractériser par un taux élevé d’emploi coopératif, alors que les pays du

continent américain sont légèrement mieux positionnés dans la catégorie des travailleurs-membres.

Page 29: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

29

2 ESTIMATIONS QUANTITATIVES DE L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE MONDE

TABLEAu 2 nombre d’emplois au sein et dans le cadre des coopératives dans le monde, par continents et par catégorie

COnTInEnTS

CATÉGORIE 1 CATÉGORIE 2 CATÉGORIE 3

TOTAL SALARIÉS

TRAVAILLEuRS-

MEMBRES

PRODuCTEuRS-MEMBRES

(Y COMPRIS LEuRS SALARIÉS, QuAnD DOnnÉES DISPOnIBLES)

EuROPE (31) 4.627.853 1.231.102 10.132.252 15.991.207

AFRIQuE (13) 1.467.914 237 5.715.212 7.183.363

ASIE (14) 7.734.113 8.200.505 204.749.940 220.684.558

AMÉRIQuE (15) 1.762.797 1.409.608 3.048.249 6.220.654

OCÉAnIE (1) 26.038 N.D. 34.592 60.630

TOTAL 15.618.715 10.841.452 223.680.245 250.140.412

Les chiffres par pays peuvent être retrouvés dans l’annexe 2

2.2.2. ESTIMATIOnS POuR LE G20

Le G20 représente une part substantielle de l’économie mondiale (85% du PIB mondial) et de la population du

monde (64%). Estimer le niveau de l’emploi généré par les coopératives dans le G20 en général est donc très

pertinent.

L’estimation totale de l’emploi coopératif dans le G20 est légèrement supérieure à 234 millions, soit la grande

majorité des emplois ainsi générés dans le monde. Presque 20 millions de ces emplois sont des emplois au sein

des coopératives, qui se ventilent en 10,7 millions de salariés et 9,2 millions de travailleurs-membres. Les emplois

générés dans le cadre des coopératives sont proches des 214 millions.

Le ratio de l’emploi coopératif, tant au sein des coopératives (salariés et travailleurs-membres) que dans le cadre

des coopératives (producteurs-membres), en regard de l’emploi global est particulièrement élevé en Chine

(21,22%), en Corée du Sud (11,21%), en Inde (10,68%), en Italie (10,90%) et en Turquie (10,35%). Dans l’ensemble du

G20, le ratio de l’emploi coopératif en regard de l’emploi global est de 11,65%.

Page 30: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

30

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

TABLEAu 3L’emploi coopératif dans le G20, par pays et par catégories

PAYS

CATÉGORIE 1 CATÉGORIE 2 CATÉGORIE 3

SALARIÉS

(A)

TRAVAILLEuRS-MEMBRES (B)

PRODuCTEuRS-MEMBRES

(ET LEuRS EMPLOYÉS QuAnD DOnnÉES DISPOnIBLES)

(C )

ARGEnTInE 87.486 177.568 112.086

AuSTRALIE* 26.038 Pas de données 34.592*

BRÉSIL 296.286 259.035 1.114.467

CAnADA 155.427 5.490 520.000

CHInE 2.090.000 650.000 160.000.000

FRAnCE 564.012 21.679 928.000

ALLEMAGnE 890.133 Comptés avec les salariés  1.700.000

InDE 1.215.627 6.845.701 31.291.714

InDOnÉSIE 473.604 Pas de données Pas de données

ITALIE 1.042.490 703.879 749.441

JAPOn 571.117 19.986 4.827.104

MEXIQuE 41.184* Pas de données Pas de données

RuSSIE 235.000 Pas de données 1.100.000

ARABIE SAOuDITE Pas de données Pas de données Pas de données

AFRIQuE Du SuD Pas de données Pas de données Pas de données

CORÉE Du SuD 123.482 1.141 2.642.826

TuRQuIE 98.968 Pas de données 2.463.026

ROYAuME unI 236.000 5.234 158.438

ETATS unIS 967.080 55.140 854.700

Eu 1.582.846 500.310 5.496.373

TOTAL 10.696.780 9.245.163 213.992.767

* Information partielle

Page 31: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

31

2 ESTIMATIONS QUANTITATIVES DE L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE MONDE

TABLEAu 3L’emploi coopératif dans le G20, par pays et par catégories

COunTRYTOTAL nuMBER OF ALL COOPERATIVE

EMPLOYMEnT (A+B+C)

RATE OF EMPLOYMEnT IN COOPERATIVES

(A, B)

OuT OF 2012 TOTAL EMPLOYED POPuLATIOn

(%)

RATE OF ALL COOPERATIVE EMPLOYMEnT

(A, B, C)

OuT OF 2012 TOTAL EMPLOYED POPuLATIOn

(%)

REFEREnCE

YEAR

ARGEnTInE 377.140 1.69 2.40 2008

AuSTRALIE* 60.630 0.23 0.53 2011

BRÉSIL 1.669.788 0.59 1.76 2011

CAnADA 680.917 0.92 3.89 2009

CHInE 162.740.000 0.36 21.22 2013

FRAnCE 1.513.691 2.22 5.87 2010

ALLEMAGnE 2.590.133 2.29 6.47 2012

InDE 39.353.042 2.15 10.51 2009-2010

InDOnÉSIE 473.604 0.43 0.43 2012

ITALIE 2.495.810 7.63 10.90 2011

JAPOn 5.418.207 0.94 8.64 2009-2014

MEXIQuE 41.184 0.08 0.08 2007

RuSSIE 1.335.000 0.33 1.87 2013

ARABIE SAOuDITE

AFRIQuE Du SuD

CORÉE Du SuD 2.767.449 0.50 11.21 2011-2014

TuRQuIE 2.561.994 0.40 10.32 2012

ROYAuME unI 399.672 0.82 1.36 2010

ETATS unIS 1.876.920 0.72 1.32 2007+2011

Eu 7.579.529 2.10 7.63 2009-2010

TOTAL 233.934.710 0.99 11.65

* Information partielle

Page 32: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

32

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

2.3. ÉVOLuTIOn DE L’EMPLOI COOPÉRATIF DAnS LE TEMPS

Si les estimations mentionnées ci-dessus sont d’un intérêt majeur, elles ne révèlent en rien une

augmentation ou une diminution de l’emploi coopératif dans le temps. Nos données sur l’évolution

diachronique sont encore plus rares mais nous essaierons d’analyser les éléments que nous avons

pu recueillir. Nous nous concentrerons en premier lieu sur la résilience des coopératives à la crise

mondiale qui a éclaté en 2008, plus précisément dans le domaine de l’emploi, et tenterons ensuite

de percevoir l’évolution de l’emploi coopératif depuis 2000 dans les quelques pays sur lesquels nous

avons trouvé des informations à cet égard.

2.3.1. RÉSILIEnCE DES COOPÉRATIVES À LA CRISE

Un exemple typique de cette résilience se trouve en

Italie où, selon EURICSE, dès 2008, les coopératives

représentaient 10% du PIB et 11% de l’emploi33.

Le second rapport d’EURICSE, publié en 2013 et

intitulé La coopération en Italie pendant les années

de crise, analyse le développement des coopératives

depuis 2008 et essaie d’identifier, dans la mesure du

possible, comment la réaction des coopératives à

la crise s’est différenciée de celle des autres types

d’entreprises. L’analyse fait observer qu’au cours de

la crise, notamment au fil des premières années, les

modèles de croissance des coopératives ont été

sensiblement différents de ceux des autres formes

d’entreprises et la tendance vaut pour tous les

types de coopératives. Au cours de la période 2008-

2011, on peut parler d’une fonction anticyclique des

coopératives italiennes, qui semble être due presque

intégralement à la différence dans la structure de la

propriété: « La fonction anticyclique des coopératives

est surtout attribuable à leurs objectifs et à leurs

structures de propriété conçus pour satisfaire les

besoins de leurs membres et non pour rémunérer les

investissements de détenteurs de parts »34.

Cette tendance anticyclique est également consignée

dans le Rapport annuel de la coopération en Italie

produit par l’institut de recherche italien CENSIS.

Selon le CENSIS, l’emploi dans les coopératives en

Italie a augmenté de 8% entre 2007 et 2011 alors

qu’il connaissait un recul de 2,3% dans tous les types

d’entreprises. En 2012, l’emploi dans les coopératives

italiennes connaissait une croissance de 2,8%,

soit 36.000 nouveaux emplois créés par rapport

à 2011, portant le chiffre total des emplois dans le

secteur à 1.341.000 (il s’agit d’emplois créés au sein

des coopératives qui n’incluent pas les emplois de

producteurs-membres travaillant pour leur compte

propre). Les emplois dans les coopératives sociales

ont connu une véritable envolée entre 2007 et 2011,

avec une croissance de 17,3%, une tendance qui devait

se confirmer en 2012, avec une augmentation de 4,3%

(CENSIS, 2012)35.

En France, les coopératives de travail associé et

multi-sociétaires (dénommées sociétés coopératives

d’intérêt collectif ) enregistraient en 2013 une

croissance nette de l’emploi de 4% par rapport à

l’année précédente et de 12,5% par rapport à 2009.

Page 33: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

33

2 ESTIMATIONS QUANTITATIVES DE L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE MONDE

Parmi ces emplois, 40% ont été créés dans des

coopératives existantes et 20% dans des start-ups36.

Selon des données récentes, le taux de survie de ces

coopératives après 3 ans était de 82,5% alors qu’il

était de 66% pour toutes les entreprises françaises,

et de 66,5% au terme de 5 années alors qu’il était de

50% pour l’ensemble des entreprises françaises37.

Comment pouvons-nous expliquer la résilience des

coopératives à la crise ? Les enquêtes réalisées

par CICOPA et CECOP-CICOPA Europe sur les

coopératives de travail associé et les coopératives

sociales dans le monde, et de façon plus détaillée

en Europe, laissent apparaître que la résilience

des coopératives est due largement à leur forte

tendance à produire des stratégies innovantes

du point de vue organisationnel, social, technique

et de gestion à trois niveaux: au niveau micro, les

travailleurs-membres prennent rapidement des

décisions face à la crise et elles sont légitimes parce

qu’adoptées démocratiquement; méso, la création

et le développement de groupes horizontaux et

d’entités mutualisées, telles que des institutions

d’accompagnement des entreprises, des

consortiums et des fédérations sont des facteurs

fondamentaux compte tenu que de nombreuses

entreprises coopératives ne pourraient avoir accès

à des services similaires ou à un soutien financier

hors du système coopératif et seraient plus que

probablement beaucoup plus affectées par la

crise actuelle; macro, un régime juridique national

efficace pour les coopératives prévoyant des

dispositions précises propices au développement

de telles entreprises38.

Une étude récemment publiée par l’OIT et intitulée

Résister à la récession: le pouvoir des coopératives

financières (Birchall, 2013) examine la contribution

des coopératives financières lors du contrecoup

de la crise de 2007-2008 et au cours de la période

actuelle d’austérité: si les banques détenues par leurs

investisseurs tendent à être plus instables compte

tenu de la nécessité de maximiser les bénéfices de

leurs actionnaires, les banques coopératives font un

meilleur usage de leurs avoirs, pourtant plus limités,

et accordent des crédits, notamment aux petites

et moyennes entreprises, qui ont des retombées

positives sur la création et le maintien de la richesse

et de l’emploi local.

Dans l’article David contre Goliath – les coopératives

et la crise mondiale39, Claudia Sanchez Bajo suggère un

certain nombre d’explications pour les coopératives en

général en distinguant une approche à court et à long

terme. À court terme, les coopératives 1) reposent sur

les membres et sont donc plus enclines à identifier

de nouvelles activités pour faire face aux pertes et

difficultés; 2) assurent une plus large diffusion des

informations par des instances démocratiques et

consultatives indépendantes des pouvoirs exécutifs;

3) disposent de mécanismes de prise de décision

participative qui leur permettent de prendre des

décisions dures sans sacrifier leur légitimité; 4)

conjuguent la flexibilité et le maintien de l’emploi (au

fil du temps, dans le type de fonction, la gestion, le

déploiement d’autres unités, les compensations, etc.);

5) construisent des réserves communes qui assurent

leur longévité et leur transmission aux générations à

venir. Par ailleurs, dans une perspective à long terme,

les coopératives 1) répondent plus efficacement aux

besoins de la communauté; 2) mettent en œuvre

des mesures de restructuration dans le cadre d’une

pratique normalisée; 3) ont un ancrage territorial et

ont plus tendance à rechercher l’efficacité sur place

qu’à délocaliser.

Page 34: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

34

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

2.3.2. ÉVOLuTIOn DE L’EMPLOI DEPuIS 2000 DAnS QuELQuES PAYS

Tournons notre regard vers une sélection de pays qui disposent de données depuis le début des

années 2000 et constatons les tendances à l’œuvre. Ces pays sont le Canada, la France et le Japon.

CAnADA

Le Tableau 4 révèle un taux de croissance de l’emploi positif et relativement stable dans les coopératives

TABLEAu 4 Évolution du nombre total de salariés au sein des coopératives canadiennes entre 2000 et 2009

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

nB TOTAL DE

SALARIÉS 143.555 145.276 144.330 143.085 146.502 151.025 151.569 152.880 155.253 155.427

Source: Industrie Canada, 2013

En même temps, nous ne devons pas perdre de vue qu’au cours de cette période, l’emploi global au Canada a

connu une croissance substantielle (de 14.764,2 millions en 2000 à 17.125,8 millions en 2008).

Du coup, le ratio d’emploi au sein des coopératives par rapport à la population active employée du Canada a

connu un léger déclin relatif comme en atteste le Tableau 5 ci-dessous.

Page 35: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

35

2 ESTIMATIONS QUANTITATIVES DE L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE MONDE

TABLEAu 5Changements du ratio d’emploi au sein des coopératives canadiennes en regard de l’emploi global entre 2000

et 2008

(%) 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008

TOTAL DES EMPLOIS DAnS LES COOPS/nB

TOTAL D’EMPLOIS0.97 0.97 0.94 0.91 0.92 0.93 0.92 0.91 0.91

Source: Sur la base des données d’Industrie Canada, 2013 et www.laborsta.ilo.org

Le Tableau 6 atteste d’une légère baisse absolue du nombre de producteurs-membres qui, au Canada, comprend

aussi les travailleurs-membres. Ces derniers ne sont cependant, au Canada, que quelque 7.35040: leur nombre n’a

donc pas d’incidence significative sur les chiffres mentionnés ci -dessous. Notons encore qu’une part importante

de ces producteurs-membres se trouve dans le secteur agricole et que l’emploi dans ce secteur au Canada est,

en général, en recul dans des proportions similaires41.

TABLEAu 6 Évolution du nombre de producteurs-membres dans les coopératives canadiennes de production entre 2000

et 2009

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009

nB TOTAL DE PRODuCTEuRS

MEMBRES581.000 590.000 501.000 504.000 467.000 535.000 609.000 611.000 602.000 538.000

Source: Industrie Canada, 2013

Page 36: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

36

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

FRAnCE

Le développement de l’emploi dans les coopératives françaises de travail associé a enregistré une croissance

stable et significative entre 2000 et 2013 comme le révèle le Tableau 7.

TABLEAu 7Évolution de l’emploi dans les coopératives de travail associé et les coopératives multi-sociétaires42 entre 2000 et 2013

2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013

EMP

LOI

32.297 33.493 34.773 34.773 35.272 36.485 36.625 39.772 41.448 40.064 40.138 40.494 42.150 43.676

Source: CG Scop

L’emploi, toutes coopératives confondues, en France, dont les données ne sont disponibles que depuis 2008, a

augmenté plutôt modestement mais cette majoration devrait être interprétée comme une tendance positive à la

lumière de la crise profonde de l’emploi en France.

TABLEAu 8 Changements du ratio d’emploi dans les coopératives françaises en regard de l’emploi global entre 2008 et 2012

2008 2010 2012

nB TOTAL DE SALARIÉS DAnS LES COOPS/nB TOTAL DE SALARIÉS

4.2% 4.4% 4.5%

Source: CoopFR, 2014

Page 37: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

37

2 ESTIMATIONS QUANTITATIVES DE L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE MONDE

JAPOn

Le Tableau 9 met en lumière un recul général des producteurs-membres et des salariés des coopératives agricoles

et de pêche au Japon. À l’instar du Canada, la cause en est probablement la baisse de l’emploi dans le secteur

primaire.

TABLE 9 Évolution du nombre de producteurs-membres et de salariés dans les coopératives agricoles et de pêche au Japon entre 2001 et 2011

PRODuCTEuRS-MEMBRES (AGRICuLTuRE)

PRODuCTEuRS-MEMBRES (PêCHE)

SALARIÉS (AGRICuLTuRE)

SALARIÉS (PêCHE)

2001 5.202.171 267.381 263.342 15.642

2002 5.149.940 260.286 257.645 15.251

2003 5.098.862 252.330 248.015 14.950

2004 5.045.472 244.335 240.435 14.230

2005 4.988.029 232.414 232.981 13.756

2006 4.931.853 225.363 227.729 13.836

2007 4.877.364 217.516 226.008 13.647

2008 4.816.570 205.843 224.063 13.177

2009 4.762.961 189.590 223.329 13.140

2010 4.707.348 178.465 220.781 13.052

2011 4.655.215 171.889 215.807 12.478

Source: www.e-stat.go.jp

Page 38: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

38

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

Nous pouvons conclure de ce qui précède:

A qu’il est difficile d’affirmer que l’emploi dans les coopératives en général a augmenté

ou diminué au cours de la dernière décennie dans les pays mentionnés mais nous

pouvons dire que les chiffres sur l’emploi coopératif présentés dans la section 2.2.

ne permettent pas de conclure à une fluctuation importante mais plutôt au maintien

d’une tendance stable;

A nous pouvons cependant avancer quelques premières hypothèses sur les tendances

de l’emploi à long terme sur la base des données qui précédent:

a le ratio de l’emploi coopératif en regard de la population active occupée totale

semble s’être grosso modo maintenu pendant les 12-13 dernières années;

a on note un lent recul du nombre de producteurs-membres et de salariés dans

le secteur primaire dans les pays industrialisés;

a nous observons une croissance de l’emploi substantielle dans les coopératives

de travail associé et les coopératives sociales, particulièrement importante

dans certains pays caractérisés par une forte présence de coopératives,

comme l’Italie et la France; ceci pourrait être en passe de devenir une tendance

plus large.

Page 39: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

39

2 ESTIMATIONS QUANTITATIVES DE L’EMPLOI COOPÉRATIF DANS LE MONDE

nOTES

24. Selon un recent courier électronique de Hüseyin Polat, fonctionnaire au sein de l’unité de l’OIT, actuellement en retraite, Yves Regis, feu Président de CICOPA, a été le premier à proposer cette estimation lors d’un séminaire de l’OIT à Genève, au début des années 1990. Yves Regis aurait alors évoqué cette estimation de l’emploi coopératif en considérant l’emploi au sens large du terme, tel qu’il est défini au Chapitre 1 (à savoir en incluant les producteurs membres indépendants)

25. Une coopérative de premier degré compte principalement des membres qui sont des personnes physiques à l’exception des coopératives de PME. Une coopérative de deuxième degré est composée de coopératives de premier degré. Un consortium est une forme spécifique de coopérative de deuxième degré, plus répandue en Italie: il peut comprendre des coopératives de deuxième et de troisième degré. Un groupe de coopératives (qui peut comprendre des coopératives de premier, deuxième et troisième degré) est caractérisé par une gouvernance horizontale entre les coopératives de premier degré. Ces groupes peuvent être plus ou moins intégrés, et se voir déléguer démocratiquement par les coopératives de premier degré des compétences plus ou moins étendues à des niveaux plus élevés du groupe

26. CICOPA (2005), Déclaration mondiale sur le travail associé coopératif, cf. www.cicopa.coop

27. Communication d’Eduardo Fontenla, spécialiste des coopératives agricoles en Argentine

28. Communication de Ge Shuyan, All China Federation of Supply and Marketing Cooperatives

29. C’est particulièrement vrai pour l’Europe, continent pour lequel nous avons surtout utilisé les données du Rapport du CIRIEC

30. Nos observations ont été effectuées au cours du projet CICOPA Inde entre 1992 et 1999, et pendant le travail de terrain pour cette étude en mars 2014. Compte tenu du type de processus de production qui est partagé entre le tisserand et les coopératives, les tisserands se trouvent souvent dans une situation intermédiaire entre être travailleurs-membres et producteurs-membres

31. Comme évoqué antérieurement, il convient de rappeler que ce nombre ne représente pas des équivalents temps-plein (ETP). Nous savons que même lorsqu’il s’agit d’emplois générés directement, il ne s’agit pas toujours de travailleurs à temps-plein

32. Données sur l’emploi coopératif dans 74 pays / population active occupée dans 161 countries (source: ILO Laborstat). Parmi les 178 pays cibles de notre étude, dont les populations sont supérieures à 300.000, 17 sont exclues du système Laborstat du BIT

33. Ce ratio comprend tant l’emploi dans les cooperatives que celui dans le champ d’activité des coopératives

34. Citation de la synthèse en anglais sur www.euricse.eu/en/node/2494. Le document intégral (en italien) est disponible sur http://issuu.com/euricse/docs/rapporto_coop_euricse?e=4821371/6437802#search

35. Le rapport ajoute que chaque coopérative emploie en moyenne 17,2 personnes, à savoir 5 fois plus que la moyenne des autres types d’entreprises. La contribution la plus significative des coopératives à l’emploi global vient du secteur des services (23,6% de l’emploi total en Italie), notamment des services de santé et des services sociaux (49,7%), des services de transport et de la logistique (24%), ainsi que des services d’accompagnement des entreprises (15,7%)

36. Communiqué de presse de la CG Scop 2013: dynamisme et pérennité économique pour les Sociétés coopératives et participatives, voir www.les-scop.coop/sites/fr/espace-presse/Bilan_chiffre-2013

37. Cf. communiqué de presse CG Scop 2013: dynamisme et pérennité économique pour les Sociétés coopératives et participatives, disponible en français sur www.les-scop.coop/sites/fr/espace-presse/Bilan_chiffre-2013

38. CICOPA (2012) Une analyse qualitative de la situation économique des membres de CICOPA, 2012, sur www.cicopa.coop/A-qualitative-analysis-on-the,1196.html: CECOP CICOPA-Europe (2012) La résilience du modèle coopératif, sur www.cecop.coop/The-study-The-resilience-of-the

39. Cf. ici: www.unrisd.org/80256B3C005BE6B5/search/8248A910D859F210C1257BAB002F52E2?OpenDocument

40. À savoir 6.858 travailleurs-membres au Québec en 2010 selon les données du Ministère du Développement économique, de l’innovation et de l’Exportation + 475 travailleurs-membres dans le Canada anglophone en 2013 selon les donnés de la Fédération canadienne des coopératives de Travail (CWCF)

41. Au Québec, la baisse de la population agricole a été de 6,2% depuis 2001: voir www.statcan.gc.ca/ca-ra2006/agpop/qc-eng.htm

42. Les données sur les coopératives multi-sociétaires ne concernent que les coopératives membres de CG Scop

Page 40: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

CHAPITRE 3L’EMPLOI COOPÉRATIF: AnALYSE DES 10 RÉGIOnS ÉTuDIÉES

Page 41: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

41

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

3.1. AnALYSE QuAnTITATIVE

Dans ce chapitre, nous nous concentrons sur les 10 régions où nous avons effectué le travail de trerrain. Celles-

ci peuvent être vues sur la carte p.10. Davantage de données sur chacune d’entre elles se trouvent à l’annexe 2.

3.1.1. DOnnÉES GÉnÉRALES

Nous avons compilé des données statistiques sur différents aspects de l’emploi coopératif dans 8

des 10 régions étudiées, c’est-à-dire toutes les régions à l’exception de la provinnce de Gauteng en

Afrique du Sud, où nous n’avons pas pu rassembler suffisamment de données fiables au cours de

la durée de l’enquête, et du district d’Ahmedabad en Inde, où nous nous sommes concentrés sur

le groupe SEWA de coopératives de femmes. Ces données proviennent de statistiques officielles,

de chambres régionales du commerce et de l’industrie, d’organisations coopératives, d’enquêtes

et de coopératives individuelles. S’agissant de données partielles, il est raisonnable de considérer

cette partie de l’étude davantage comme un effort de formulation d’hypothèses que comme des

informations tout à fait représentatives. Pour compléter ces données, nous avons également

recours à des données disponibles sur l’emploi coopératif de la région française du Nord Pas-de-

Calais (Van Gheluwe, J.-L. 2008).

En Émilie-Romagne, le ratio d’emploi généré au sein des coopératives en regard de l’emploi global

(à savoir la population économiquement active moins les chômeurs enregistrés comme tels) est de

8,84%, un ratio impressionnant, et emboîtent le pas à cette région le Pays basque avec 6,24%, Santa

Fe et le Québec avec 2,29% et 2.24% respectivement, Gangwon et Wisconsin avec environ 1% alors

qu’il est de quelque 0,5% à Kanagawa et Paraíba.

Si nous y ajoutons les personnes dont l’emploi est assuré dans le cadre des coopératives, à savoir

celui des producteurs-membres travaillant pour compte propre ainsi que leurs employés, ces ratios

changent carrément, passant de 0,94% à 22,88% à Gangwon: le ratio du Wisconsin grimpe de 0,81%

à 3,08% alors que celui d’Émilie-Romagne passe de 8,84% à 14,93%. Au Pays basque, en revanche,

où la présence des coopératives est particulièrement importante dans l’industrie, les finances et la

distribution, sous forme de coopératives de travail associé plutôt que de coopératives de production,

l’augmentation est moins significative, de 6,24% à 7,35%. Cette même observation est valable pour

le Québec43.

Page 42: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

42

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

TABLEAu 10 Informations générales sur l’emploi coopératif dans 8 régions

SALARIÉS

(A)

TRAVAILLEuRS- MEMBRES

(B)

PRODuCTEuRS

(C)

EMPLOY TOTAL DAnS LES COOPS

(A+B)

EMPLOI COOP TOTAL

(A+B+C)

nB TOTAL D’EMPLOIS

DAnS LA RÉGIOn

(D)

RATIO D’EMPLOI DAnS LES COOPS En REGARD DE

L’EMPLOI TOTAL DAnS LA

RÉGIOn

RATIO DE L’EMPLOI

COOPÉRATIF En REGARD DE L’EMPLOI

GLOBAL DAnS LA RÉGIOn

PAYS BASQuE 1)

18.304

(27.54%)

38.126

(57.36%)

10.040

(15.10%)56.430 66.470 904.400

(2012) 6.24% 7.35%

ÉMILIE-ROMAGnE 2)

70.592

(24.40%)

100.749

(34.82%)

118.000

(40.78%)171.341 289.341 1.937.630

(2011) 8.84% 14.93%

KAnAGAWA 3)18.059

(15.95%)

5.113

(4.52%)

90.067

(79.54%)23.172 113.239 4.682.800

(2012) 0.49% 0.72%

PARAIBA 4) 2.746

(26.10%)

4.206

(39.97%)

3.570

(33.93%)6.952 10.522 1.656.000

(2011) 0.42% 0.64%

QuÉBEC 5)85.092

(64.66%)

5.044

(3.83%)

41.455

(31.50%)90.136 131.591 4.032.200

(2013) 2.24% 3.26%

SAnTA FE 6)13.222

(17.24%)

7.560

(9.86%)

55.900*

(72.90%)20.782 76.682 906.618

(2001) 2.29% 8.46%

WISCOnSIn 7)

23.434

(26.29%)

500

(0.56%)

65.200

(73.15%)23.934 89.134 2.878.300

(2013) 0.81% 3.08%

GAnGWOn 8)7.156

(4.64%)-

147.078

(95.36%)7.156 154.234 674.000

(2014) 1.06% 22.88%

* Dans le cas des coopératives agricoles et laitières de Santa Fe, nous avons pris en considération une estimation du nombre de travailleurs agricoles. Cette agriculture étant très intensive et concentrée dans de grandes exploitations agricoles, la plupart des exploitations engagées dans les coopératives étudiées emploient des travailleurs agricoles.

1) KONFEKOOP, 2013; www.eustat.es; 2) Unioncamere Emilia-Romagna, 2013; www.legacoopemiliaromagna.coop;

Confcooperative Emilia-Romagna, 2013; www.istat.it; 3) www.e-stat.go.jp; données fournies par l’Union japonaise

des coopératives de travail associé (JWCU); Fédération de collectifs de travailleurs de Kanagawa, 2013; Union

japonaise des coopératives de consommation (JCCU), 2013; Réseau coopératif de Kanagawa, 2012; 4) OCB-

Paraíba – Rapport de 2013 (sur la base de données couvrant un tiers des coopératives membres de l’OCB-

Paraíba), www.ibge.gov.br; 5) www.economie.gouv.qc.ca, données fournies par le Groupe Desjardins, www.bdso.

gouv.qc.ca; 6) données élaborées par CICOPA et recueillies au cours de la recherche de terrain, www.santafe.

gov.ar; 7) USDA, 2003; USDA, 2012; données élaborées par CICOPA et recueillies au cours de la recherche de

terrain, www.bls.gov; 8) stat.kosis.kr; Fédération coréenne des coopératives de crédit de proximité, 2013; données

élaborées par CICOPA et recueillies au cours de la recherche de terrain.

Page 43: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

43

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

Soulignons également qu’au Pays basque et en Émilie-Romagne, l’emploi dans les coopératives de travail associé

et les coopératives sociales (dans lesquelles prédominent les travailleurs-membres) est nettement supérieur

au nombre de salariés dans d’autres types de coopératives. Au Pays basque, quelque 70% de l’emploi dans les

coopératives est occupé par des travailleurs-membres qui sont également présents dans la plupart des autres

types de coopératives qui ne sont pas des coopératives de travail associé44.

L’examen du nombre de coopératives et des emplois par secteur révèle que les coopératives dans ces régions

sont présentes dans presque tous les secteurs, même si certains secteurs ont un plus grand nombre de

coopératives45.

TABLEAu 11 nombre de coopératives et leur emploi au Pays basque et en Émilie-Romagne, par secteur

AGRICuLTuRE InDuSTRIE COnSTRuCTIOn SERVICES

PAYS BASQuEnOMBRE DE COOPÉRATIVES 26 340 143 727

nOMBRE D’EMPLOIS 154 20.897 1.242 25.903

ÉMILIE-ROMAGnEnOMBRE DE COOPÉRATIVES 653 727 676 4.187

nOMBRE D’EMPLOIS 10.867 26.944 8.429 125.101

Sources: Mondragon Unibertsitatea, 2013: Unioncamere Emilia-Romagna, 2013

Dans d’autres régions très rurales, les coopératives de production et les banques coopératives sont plus

créatrices d’emplois46. Les coopératives de crédit sont particulièrement présentes au Québec, Wisconsin et

Gangwon. C’est un mouvement qui s’est organisé pour promouvoir la coopération entre les personnes, contrer la

pauvreté et l’isolement de régions éloignées, et en raison d’autres facteurs, alors que ces régions étaient pauvres

et faiblement industrialisées.

Dans le cas de Kanagawa, essentiellement urbain, les coopératives de consommation représentent la part la plus

importante de l’emploi coopératif. Les collectifs de travailleurs, qui peuvent s’assimiler à des coopératives de

travail associé développées par des coopératives de consommation pour valoriser la participation des membres

aux activités des coopératives, représentent 4.000 emplois, notamment des femmes qui étaient auparavant

femmes au foyer. Aux côtés des coopératives de travail associé et de personnes âgées, ces collectifs de

travailleurs jouent un rôle de plus en plus important dans la prestation de services aux personnes âgées et la

revitalisation de la collectivité locale.

Page 44: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

44

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

TABLEAu 12Emploi dans les coopératives, Kanagawa, par type de coopérative

TYPE OF COOPÉRATIVE AnnÉE DE RÉFÉREnCE nOMBRE D’EMPLOIS

COOPS DE COnSOMMATIOn 1) 2012 10.315

COOPS AGRICOLES 2 2011 6.548

COOPS DE PêCHE 2 2011 192

COOPS SYLVICOLES 2 2011 160

COOPS FInAnCIÈRES 3) 734

COLLECTIFS DE TRAVAILLEuRS 4) 2012 4.467

COOPS DE PERSOnnES ÂGÉES 5) 2013 195

COOPS DE TRAVAIL ASSOCIÉ 5) 2013 561

1) JCCU, 2013; 2) www.e-stat.go.jp; 3) Réseau coopératif de Kanagawa, 2012; 4) Fédération des collectifs de travailleurs de Kanagawa, 2013; 5) données fournies par JWCU

TABLEAu 13nombre de coopératives de travail associé, de coopératives de personnes âgées et de collectifs de travailleurs à Kanagawa, par secteur

VEnTE Au PARTICuLIER

SERVICES ALIMEnTAIRES ÉDuCATIOn SOInS CuLTuRE ET

DIVERTISSEMEnTSAuTRES

SERVICES

COOPS DE TRAVAIL ASSOCIÉ 1 3 13 6

COOPS DE PERSOnnES ÂGÉES 11

COLLECTIFS DE TRAVAILLEuRS 10 11 18 108 14

Sources: Fédération des collectifs de travailleurs de Kanagawa, 2013: données fournies par JWCU

Page 45: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

45

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

3.1.2. EVOLuTIOn DE L’EMPLOI COOPÉRATIF DAnS LE TEMPS

Dans les 10 régions étudiées, nous n’avons trouvé des données pertinentes sur plusieurs années consécutives

qu’au Pays basque et en Émilie-Romagne.

PAYS BASQuE

L’emploi dans les coopératives au Pays basque a connu une véritable envolée entre 2000 et 2002, une augmentation

plus réduite entre 2002 et 2008, et un recul important après la crise économique, entre 2008 et 2010.

Si nous comparons les fluctuations de l’emploi dans les coopératives et en général, nous constatons que

l’emploi dans les coopératives n’a pas été moins touché par la crise économique. Le ratio d’emploi coopératif est,

cependant, demeuré relativement stable malgré l’aggravation de la situation économique.

TABLEAu 14 Changements dans l’emploi coopératif et en général au Pays basque de 2006 à 2010

2006 2008 2010

EMPLOI DAnS LA COOPÉRATIOn (A) 49.760 50.359 48.196

EMPLOI En GÉnÉRAL (B) 961.000 987.100 948.900

A/B 5.18% 5.10% 5.08%

Sources: Mondragon Unibertsitatea, 2013: www.eustat.es

Soulignons qu’une part importante de l’emploi coopératif au Pays basque est généré par le groupe Mondragon47,

et que la réduction de l’emploi dans ce groupe s’est réalisée dans une large mesure par l’application de mesures

de redéploiement des travailleurs et de mise en retraite ou en préretraite, sans pertes sèches d’emplois (Sanchez

Bajo & Roelants, 2013, p.p. 203-204).

Page 46: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

46

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

ÉMILIE-ROMAGnE

L’emploi au sein des coopératives (à l’exclusion des producteurs-membres pour compte propre) a connu une

courbe ascendante stable jusqu’en 2012 avant de légèrement reculer en 2012-2013.

Par rapport au nombre total d’emplois, le ratio d’emploi dans les coopératives a baissé en 2011, ce qui ne signifie

pas qu’en chiffres absolus, ce nombre d’emplois soit moindre mais que le nombre total d’emplois a augmenté plus

rapidement que le nombre d’emplois dans les coopératives.

Par ailleurs, malgré le recul de l’emploi dans les coopératives en 2012-2013, le ratio d’emploi dans les coopératives

par rapport à la population active occupée totale de la région était à la hausse. Au cours de ces deux années, le

nombre d’emplois dans les coopératives a décliné mais moins fortement que l’emploi en général.

TABLEAu 15Changements dans l’emploi coopératif et en général en Émilie-Romagne entre 2008 et 2013

2008 2009 2010 2011 2012 2013 20082013

20082013

EMPLOI COOPÉRATIF (A) 166.244 165.506 165.696 167.888 172.217 171.341 3.1% -0.5%

EMPLOI TOTAL (B) 1.979.560 1.955.630 1.942.490 1.974.540 1.968.860 1.937.630 -2.12% -1.59%

A/B 8.40% 8.46% 8.53% 8.50% 8.75% 8.84%

Sources: Unioncamere Emilia-Romagna, 2013: www.istat.it

Page 47: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

47

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

La tendance observée dans les coopératives sociales est encore plus claire. Entre 2008 et 2013, pendant la

crise économique, l’emploi a augmenté constamment en chiffres absolus dans les coopératives sociales. Le

ratio d’emploi des coopératives sociales par rapport au nombre total d’emplois a été constamment en hausse

également.

TABLEAu 16 Changements dans l’emploi dans les coopératives sociales et en général en Émilie-Romagne entre 2008 et 2013

2008 2009 2010 2011 2012 2013 20082013

20122013

EMPLOI DAnS LES COOPÉRATIVES

SOCIALES (A) 34.170 35.884 36.599 37.333 38.156 38.372 12.3% 0.6%

nOMBRE TOTAL D’EMPLOIS (B) 1.979.560 1.955.630 1.942.490 1.974.540 1.968.860 1.937.630 -2.12% -1.59%

A/B 1.73% 1.83% 1.88% 1.89% 1.94% 1.98%

Sources: Unioncamere Emilia-Romagna, 2013: www.istat.it

Le tableau est différent lorsqu’on soustrait le nombre d’emplois dans les coopératives sociales du nombre total

d’emplois dans les coopératives. Le Tableau qui suit atteste d’une chute relativement importante de l’emploi dans

les coopératives autres que sociales en 2009, 2010 et 2013, même si le niveau de l’emploi dans ces coopératives a

connu une augmentation nette (plus modeste que dans les coopératives sociales) pendant la période 2009-2013

dans son ensemble. Cette baisse a été compensée par une hausse de l’emploi dans les coopératives sociales.

Une partie de cette baisse est due à des pertes d’emploi et même à quelques fermetures d’entreprises dans

des cooperatives de travail associé dans le secteur de la construction caractérisées par un plus bas niveau

d’internationalisation que d’autres coopératives dans ce secteur.

TABLEAu 17Changements dans l’emploi coopératif à l’exclusion des coopératives sociales en Émilie-Romagne entre 2008 et 2013

2009 2010 2011 2012 2013

CHAnGEMEnT DAnS L’EMPLOI COOPÉRATIF À L’EXCLuSIOn DES

COOPÉRATIVES SOCIALES -2.452 -525 1.458 3.506 -1.092

Source: Calculs effectués sur la base de données d’Unioncamere Emilia-Romagna, 2013

Page 48: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

48

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

Nous pouvons induire de ces données:

A que les coopératives en Émilie-Romagne ont fait montre d’une meilleure résilience à la

crise en termes d’emploi que l’emploi en général;

A qu’il y a eu un tassement de l’emploi dans les coopératives, à l’exception des

coopératives sociales, en 2009, 2010 et 2013; cependant, en 2012, alors que le

nombre total d’emplois était en recul, l’emploi das les coopératives, sans prendre en

considération les coopératives sociales, augmente;

A une bonne part de la résilience de l’emploi dans les coopératives de la région résulte de

la croissance incessante de l’emploi dans les coopératives sociales.

Ces données sur l’évolution en Emilie-Romagne et au Pays Basque confirment celles faites au

Chapitre 2, section 2.3, sur les tendances au niveau macro, où nous avons vu que qu’une importante

raison de la stabilité et de l’augmentation de l’emploi coopératif, dans quelques pays clé, réside dans

l’augmentation conséquente de l’emploi dans les coopératives de travail associé et des coopératives

sociales.

Page 49: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

49

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

3.1.3. COnTRATS ET PRATIQuES DE TRAVAIL

Le ratio entre contrats de travail régulier et permanent, d’une part, et contrats de travail temporaire, d’autre part

est très variable selon le type de coopératives. Cette variabilité ne semble pas être directement influencée par des

caractéristiques des coopératives, mais plutôt par leurs activités économiques. Comme nous pouvons l’observer

dans le Tableau 18 ci-dessous, les coopératives qui offrent le plus grand nombre de contrats de travail régulier

sont essentiellement les coopératives financières et d’utilité publique48. Les coopératives de consommation

affichent un ratio plus élevé de travailleurs temporaires, en raison des pratiques du travail dans le secteur de la

vente en gros et au détail, dans lequel les entreprises recourent à un nombreux personnel de vente et de livraison.

TABLEAu 18Ratio de contrats de travail régulier et temporaire dans les coopératives, par type de coopératives

RÉGIOn TYPE OF COOPÉRATIVES RÉGuLIER (%) TEMPORAIRE (%)

WISCOnSIn 1) Commercialisation agricole 90.86 9.14

QuÉBEC 2) Finance 89.65 10.35

nORD PAS-DE-CALAIS 3)

Tous types confondus 86.17 13.83

WISCOnSIn 1) Utilité publique 85.68 14.32

WISCOnSIn 1) Crédit, credit agricole 74.66 25.34

WISCOnSIn 1) Autres 66.06 33.94

WISCOnSIn 1) Approvisionnement et services agricoles 63.21 36.79

PAYS BASQuE 4) Tous types confondus 58.16 41.84

KAnAGAWA 5) Sylviculture 52.63 47.37

WISCOnSIn 1) Alimentation 39.37 60.63

KAnAGAWA 6) Consommation 21.73 78.27

KAnAGAWA 5) Agriculture 4.42 95.58

1) USDA, 2003; 2) données fournies par le Groupe Desjardins; 3) Van Gheluwe, J.-L. 2008; 4) Mondragon

Unibertsitatea, 2013; 5) www.e-stat.go.jp; 6) JCCU, 2013.

Nous avons également constaté que le traitement et les conditions de travail des travailleurs temporaires

dépendent dans une large mesure des conditions nationales. Par exemple, les travailleurs temporaires dans

les fermes des producteurs-membres des coopératives agricoles semblent jouir de meilleures conditions

contractuelles et de protection sociale dans la région italienne d’Émilie-Romagne que dans la région argentine

de Santa Fe.

Page 50: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

50

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

En général, les pratiques du travail dans les coopératives diffèrent peu de celles dans d’autres entreprises

engagées dans les mêmes activités. Cependant, lors des entrevues, de nombreuses personnes ont insisté sur

l’identité coopérative dans des pratiques du travail qui se construisent probablement dans la tension entre les

pratiques de travail dans les entreprises en général, d’une part, et l’identité coopérative, d’autre part, comme

nous le verrons dans la section consacrée à l’analyse qualitative plus avant dans ce chapitre.

Si les coopératives des secteurs qui ont des pratiques du travail bien réglementées ou normalisées peuvent

aisément se référer à d’autres entreprises du même secteur, les coopératives de travail associé et multi-

sociétaires, qui ont des relations du travail fondamentalement différentes de la relation classique employeur-

salarié, doivent généralement construire leurs propres pratiques du travail. Il est important pour ces formes

coopératives de disposer de leur propre statut juridique qui réglemente les aspirations d’autogestion de leurs

travailleurs-membres, leur permettant de décider de leurs propres conditions de travail, qui sont cependant

assorties de contraintes institutionnelles pour les protéger.

3.1.4. ÉGALITÉ HOMMES-FEMMES

Les données partielles recueillies lors du travail sur le terrain révèlent que l’équilibre hommes-femmes dans

l’emploi coopératif semble plus influencé par l’activité professionnelle que par le caractère coopératif de

l’entreprise en tant que telle.

Le Tableau 19 appelle une première observation, à

savoir que les trois types différents de coopératives

japonaises caractérisées par la présence de

travailleurs-membres comptent une majorité

absolue de travailleuses. Outre que les collectifs de

travailleurs sont nés d’initiatives de femmes au foyer

dans le cadre de coopératives de consommation,

la présence importante de femmes en leur sein

est imputable aux activités de soins auxquelles

ils se consacrent, et qui ont été progressivement

reconnues comme une nouvelle source d’emploi,

notamment dans les pays industrialisés. Par

ailleurs, le niveau relativement bas des salaires et la

flexibilité des horaires de travail de ces coopératives

semblent peu convenir à ceux qui sont les soutiens

financiers des ménages49. En outre, la plupart des

travailleurs de ces coopératives au Japon ont plus

de 50 ans (coopératives de travail associé: 74,5%

et collectifs de travailleurs: 78,4%). Deuxièmement,

les coopératives financières occupent un ratio

élevé de femmes. Cette tendance est confirmée

par le Québec, le Nord Pas-de-Calais et certaines

coopératives de production de Kanagawa et

Gangwon qui ont intégré des services financiers

dans le cœur de leur métier. Troisièmement, il semble

que les coopératives de production ont relativement

moins de travailleuses que les autres types de

coopératives. Enfin, il est intéressant de noter que les

coopératives de consommation japonaises occupent

une main-d’œuvre masculine importante, mais

cette caractéristique est plus de nature japonaise

que coopérative. Bon nombre de coopératives

de consommation ayant développé des services

de livraison à domicile, nous pouvons supposer

qu’un nombre important de ces salariés masculins

sont des livreurs. Par contre, la coopérative de

consommation italienne Coop Adriatica compte 75%

de femmes dans ses effectifs.

Page 51: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

51

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

TABLEAu 19 Ratio d’hommes et de femmes dans l’emploi coopératif par type de coopératives

RÉGIOn FORME DE TRAVAIL TYPE DE COOPÉRATIVE

HOMMES (%)

FEMMES (%)

KAnAGAWA 1) Travailleurs-membres

Coopératives de personnes âgées 7.69 92.31

KAnAGAWA 2) Travailleurs-membres Collectifs de travailleurs 9.63 90.37

QuÉBEC 3) Salariés Services financiers 27.07 72.93

KAnAGAW A1)Salariés +

Travailleurs-membres

Coopératives de travail associé 30.30 69.70

nORD PAS-DE-CALAIS 4)*

Salariés Services financiers 50.70 49.30

nORD PAS-DE-CALAIS 4)*

Salariés Autres (consommation, artisanat, vente au particulier, etc. 52.90 47.10

PAYS BASQuE 5)Salariés +

Travailleurs-membres

Principalement des coopératives de travail associé et multi-

sociétaires53.70 46.30

KAnAGAWA 6) Salariés Agriculture (services financiers) 59.53 40.47

GAnGWOn 7) Salariés Agriculture (services financiers) 62.46 37.54

nORD PAS-DE-CALAIS 4)*

Salariés + Travailleurs-

membresCoopératives de travail associé 68.70 31.30

KAnAGAWA 8) Salariés Consommation 80.37 19.63

nORD PAS-DE-CALAIS 4)*

Salariés Agriculture 82.00 18.00

GAnGWOn 7) Salariés Pêche (services financiers) 83.65 16.35

KAnAGAWA 6) Salariés Sylviculture 94.38 5.63

* Le ratio d’hommes et de femmes dans le cas du Nord Pas-de-Calais se fonde sur les travailleurs permanents uniquement.

1) Données fournies par JWCU; 2) Fédération des collectifs de travailleurs de Kanagawa, 2013; 3) données fournies par le Groupe Desjardins; 4) Van Gheluwe, J.-L. 2008 5) Mondragon Unibertsitatea, 2013 6) www.e-stat.

go.jp 7) stat.kosis.kr 8) JCCU, 2013

Les caractéristiques de l’activité professionnelle sont aussi sociologiquement liées. L’OIT rapporte à cet égard

que, bien que l’agriculture africaine est principalement gérée par les femmes50, les membres des coopératives

agricoles de ce continent ont tendance à être de façon prépondérante des hommes51.

Page 52: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

52

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

SEWA, Coopératives de femmes

Par définition, la prédominance des femmes est absolue lorsque les coopératives sont nées d’un

mouvement de femmes tel que SEWA (Self-Employed Women’s Association – Association de femmes

indépendantes) au Gujarat, en Inde. Depuis sa création en 1972, SEWA soutient les droits du travail et les

activités économiques des femmes en assurant leur protection légale et leur accès à des services de base.

Il s’agit d’une approche intégrée qui conjugue un syndicat de travailleurs et un mouvement coopératif

qui regroupe 105 coopératives de femmes et plus de 100.000 membres au Gujarat. Elles se déclinent en

catégories dont les principales sont des coopératives agricoles, laitières, de vente, de crédit, de services

et d’artisanat.

3.1.5. ÂGE

Nous ne disposons que de données partielles relatives à l’âge pour la province de Gauteng (Gauteng Provincial

Government, 2013), pour Kanagawa (données fournies par JWCU, Kanagawa Workers’ Collective Fédération, 2013),

pour la province du Québec (données fournies par le Groupe Desjardins) et pour le Pays basque (Mondragon

Unibertsitatea, 2013) dont nous pouvons tirer les conclusions suivantes:

A Les informations soumises par le Groupe Desjardins au Québec et les informations sur

les coopératives en général au Pays basque ne mettent en lumière aucune spécificité

qui différencierait ces données relatives à l’âge de celles d’autres entreprises.

A Les coopératives de travail associé et de personnes âgées et les collectifs de

travailleurs au Japon répondent aux problèmes sociaux d’une société vieillissante. Ces

coopératives offrent des formes alternatives de travail à des personnes âgées.

A Les informations sur les coopératives de Gauteng révèlent le poids important des

personnes âgées dans l’emploi coopératif. Il semble que de nombreuses coopératives

en Afrique du Sud répondent aux besoins d’emploi de personnes âgées qui travaillaient

avant dans le secteur informel.

Page 53: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

53

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

Les coopératives ne semblent donc pas présenter des écarts significatifs d’âge par rapport aux autres entreprises,

sauf lorsqu’elles se proposent plus précisément d’essayer de satisfaire des besoins générés par l’âge.

3.1.6. LOCALISATIOn DE L’EMPLOI

Au Pays basque et en Émilie-Romagne, l’emploi dans les coopératives de travail associé prédomine. Il est bien

réparti entre grands centres urbains, plus petites villes et banlieues mais est plus important dans l’industrie que

dans les services.

Le développement du mouvement des coopératives de crédit au Québec et au Wisconsin a contribué non

seulement à structurer des secteurs financiers forts dans ces régions, mais aussi à développer l’économie

régionale et, par conséquent, l’emploi. En outre, ces systèmes de coopératives de crédit ont créé un nombre élevé

d’emplois directs décentralisés: le siège du Conseil mondial des coopératives d’épargne et de crédit, de la Credit

Union National Association (CUNA) et du Groupe mutuel CUNA se trouve à Madison, Wisconsin, et ce dernier

emploie 1.700 personnes. Le Groupe des caisses Desjardins au Québec emploie plus de 40.000 personnes (2013)

dans la seule province de Québec, dont un bon nombre de personnes dans des caisses situées dans de petites

villes, et la distribution de l’emploi est remarquablement homogène dans les régions du Québec52. La province

rurale de Santa Fe en Argentine est terre d’accueil du siège de la coopérative d’assurance Sancor Seguros (une

spin-off de la coopérative laitière Sancor). Elle compte 1.887 emplois directs dans une très petite ville et est en

interaction intense avec l’agriculture, démontrant ainsi que les régions rurales et l’agriculture ne constituent

pas un handicap pour le développement de l’emploi coopératif dans d’autres secteurs. Au Wisconsin et à Santa

Fe, les coopératives d’utilité publique qui fournissent l’électricité, l’eau et les services de télécommunication aux

zones éloignées sont également d’importantes créatrices d’emplois dans de petits centres urbains et en milieu

rural. Les coopératives de SEWA au Gujarat sont implantées en milieu urbain et rural. Le modèle décentralisé

de l’emploi coopératif est significatif pour le développement local et constitue un facteur de prévention de la

désertification économique et du dépeuplement de zones éloignées.

Page 54: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

54

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

TABLEAu 20 nombre d’emplois coopératifs dans des régions ayant d’importantes zones rurales

COOPS DE PRODuCTIOn

COOPS FInAnCIÈRES

COOPS D’uTILITÉ PuBLIQuE

AuTRES TOTAL

QuÉBEC 1) 22.132 (26.01%) 40.248 (47.30%) 22.712 (26.70%) 85.092

WISCOnSIn 2) 13.355 (56.99%) 6.125 (26.14%) 1.683 (7.18%) 2.271 (9.69%) 23.434

SAnTA FE 3) 8.335 (63.04%) 2.487 (18.81%) 2.000 (15.13%) 400 (3.03%) 13.222

GAnGWOn 4) 5.659 (79.08%) 1.178 (16.46%) 319 (4.46%) 7.156

1) www.economie.gouv.qc.ca; données fournies par le Groupe; 2) USDA, 2003 3) données élaborées par CICOPA au cours de sa recherche sur le terrain; 4) stat.kosis.kr; Fédération coréenne des coopératives de crédit de proximité, 2013; données élaborées par CICOPA sur la base de sa recherche de terrain.

3.1.7. IMPORTAnCE DE L’EMPLOI PAR COOPÉRATIVE

Deux caractéristiques peuvent être induites du Tableau 22.

A La taille des coopératives est un facteur à prendre en considération dans l’évaluation

de la création d’emplois: plus elles sont grandes, plus elles contribuent à la création

d’emplois. Au Québec, alors que 60,78% des coopératives n’ont pas de salariés53, 15

grandes coopératives ou groupes coopératifs assurent 74,11% de l’ensemble de l’emploi

coopératif, dont la plupart est assuré par le Mouvement des caisses Desjardins et deux

grandes coopératives agricoles54.

A Il semble que les types de coopératives ont une incidence sur l’importance de l’emploi.

Dans le cas des petites et moyennes coopératives, l’emploi dans les coopératives

de travail associé et les coopératives sociales semble y être plus substantiel comme

le révèlent le Pays basque et l’Émilie-Romagne, régions dans lesquelles prédomine

d’ailleurs ce genre de coopératives. Cependant, même en ce qui concerne les

coopératives de travail associé et sociales, ce sont les plus grandes qui sont les plus

grandes créatrices d’emplois55.

Page 55: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

55

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

TABLEAu 21

nombre de coopératives et d’emplois au sein des coopératives au Québec, au Pays basque et en Emilie-Romagne, par taille des coopératives

QuÉBEC 1)

TAILLE DES COOPÉRATIVES 0~4 5~49 50~299 300+

nOMBRE DE COOPÉRATIVES

1.735

73.80%

460

19.57%

141

6.00%

15

0.64%

nOMBRE D’EMPLOIS697

0.77%

7.930

8.81%

14.707

16.33%

66.729

74.11%

PAYS BASQuE 2)

TAILLE DES COOPÉRATIVES 0~5 6~50 51~200 200+

nOMBRE DE COOPÉRATIVES

607

48.72%

499

40.05%

102

8.19%

38

3.05%

nOMBRE D’EMPLOIS1.795

3.72%

8.787

18.23%

9.949

20.64%

27.665

57.40%

ÉMILIE-ROMAGnE 3)

TAILLE DES COOPÉRATIVES 0-5 6-49 50-249 250+

nOMBRE DE COOPÉRATIVES

3.328

59.65%

1.718

30.79%

414

7.42%

119

2.13%

nOMBRE D’EMPLOIS3.118

1.82%

30.180

17.61%

42.191

24.62%

95.852

55.94%

1) Données fournies par la Direction du développement des coopératives, Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation; données fournies par le Mouvement Desjardins; 2) Mondragon Unibertsitatea, 2013; 3) Unioncamere Emilia-Romagna, 2013.

3.2. AnALYSE QuALITATIVE

Dans cette section, qui se fonde sur des interviews de personnes travaillant au sein ou dans le cadre de

coopératives, nous essayons d’identifier les spécificités de l’emploi coopératif dans les 10 régions étudiées.

Dans la première partie, nous examinons les conditions de travail et la gestion des ressources humaines,

le recrutement, les salaires, etc. Dans la seconde partie, nous essayons de comprendre ce que pensent des

spécificités de l’emploi coopératif les personnes qui travaillent au sein ou dans le cadre des coopératives. Sur la

base de ces interviews, nous essayons d’identifier les caractéristiques de l’emploi coopératif en nous référant à

la perception, la compréhension, l’évaluation et la comparaison qu’en expriment les personnes concernées en

regard de l’emploi dans d’autres types d’entreprises.

Page 56: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

56

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

3.2.1. L’EMPLOI COOPÉRATIF SOuS DIFFÉREnTS AnGLES D’AnALYSE

COnDITIOnS DE TRAVAIL ET GESTIOn DES RESSOuRCES HuMAInES (RH)

Selon nos propres observations pendant le travail de

terrain dans les 10 régions sélectionnées, les conditions

de travail dans les coopératives semblent généralement

respecter les normes du travail mentionnées dans la

Recommandation sur la promotion des coopératives,

2002 (n ° 193) de l’OIT56.

La plupart des interviews révèlent que les conditions

de travail et la gestion des RH dans les coopératives

sont influencées dans une large mesure par celles qui

prévalent dans le même secteur économique et dans des

entreprises de taille similaire, mais aussi, dans une moindre

mesure, par les spécificités des coopératives. S’il est vrai

que la gestion des RH semble similaire à celle d’autres

types d’entreprises, il convient d’observer que son mode

de mise en œuvre dans les coopératives est différent57.

Quel que soit le type de coopérative, que la priorité soit

accordée à la personne est généralement considéré

comme une spécificité de la gestion coopérative des

RH par les personnes interviewées qui occupent des

fonctions différentes dans l’entreprise. Elle est parfois

perçue comme une forme de relations personnelles plus

conviviale sur le lieu de travail. Elle est parfois assimilée

à un plus grand respect mutuel et un plus grand égard

pour les autres. Plus directement, les coopératives sont

souvent définies comme des organisations économiques

qui valorisent les personnes. Dans les coopératives, il

semble que la valorisation des personnes soit considérée

comme une priorité ou, tout au moins, comme ayant la

même importance que la valeur économique58.

Cependant, bien que confrontées à une concurrence

féroce sur les marchés en perpétuelle mutation et à la

nécessaire adaptation de leurs pratiques de travail à

celles d’autres entreprises dans les mêmes secteurs,

les modes de gestion des RH dans les coopératives

présentent une forte diversité, jusque dans les relations

entre travailleurs et autres parties prenantes. Nous avons

découvert que la gestion des RH dans les coopératives

n’est pas imposée unilatéralement par la direction mais

plutôt construite par des interactions entre la direction

au nom des membres, d’une part, et les travailleurs qui

ont des relations particulières avec les membres, d’autre

part. Par exemple, nous avons perçu des différences

importantes entre la gestion des RH des salariés dans

les coopératives d’usagers et celles de travailleurs dans

les coopératives de travail associé et les coopératives

sociales. Certaines coopératives d’usagers dépendent

principalement des transactions avec leurs membres et,

par conséquent, la performance de ces coopératives est

étroitement liée au maintien et au renforcement de la

relation avec les membres. Si ceci peut être qualifié de

marketing dans d’autres types d’entreprises, il semble

que la double nature du statut des membres en tant

que parties prenantes (en l’occurrence, usagers) et

propriétaires introduise un type original de relation entre

les propriétaires et les salariés. Par conséquent, la marge

disponible pour l’amélioration des conditions de travail

est, en général, fonction de cette relation humaine entre

les usagers-membres et les salariés. Cette marge est

également renforcée par les liens d’amitié, de parentalité

et de voisinage qu’entretiennent les usagers-membres

et les salariés dans leur vie quotidienne au sein de leur

communauté. Par contre, les coopératives de travail

associé doivent résister à une dure concurrence sur le

marché sans pour autant disposer de clients fidèles

dont disposent les coopératives d’usagers, et ont

donc peu de marge additionnelle d’amélioration des

conditions de travail par rapport à leurs concurrents59.

Certaines coopératives de travail associé, notamment

dans des secteurs émergents tels que les services aux

personnes, subissent les mêmes difficultés imposées

par le marché à tous les types d’entreprises. Nous avons

cependant découvert plusieurs stratégies adoptées

par les coopératives pour dépasser ces difficultés qui

permettent non seulement d’engranger des succès

économiques mais de valoriser les conditions de travail

et la gestion des RH.

Page 57: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

57

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

RECRuTEMEnT

Lors du recrutement, il semblerait que les coopératives

donnent de l’importance aux compétences et aptitudes

professionnelles du personnel et à ses affinités avec

la culture coopérative. À l’exception des coopératives

de travail associé, dans lesquelles les travailleurs sont

recrutés à un double titre, à savoir de travailleurs et de

membres (simultanément ou consécutivement), la plupart

des coopératives ont recours aux mêmes techniques de

recrutement que celles d’autres types d’entreprises.

L’officialisation de contrats peut être l’aboutissement de

contacts pendant une période longue entre salariés et

coopératives. Dans certaines coopératives agricoles, on a

souligné que les salariés avaient des antécédents agricoles

au sein de leur famille ou dans leur entourage, et qu’ils

pouvaient ainsi mieux comprendre la dureté du travail dans

l’agriculture60. Dans ces cas, ce n’est pas seulement la

compétence professionnelle qui est retenue mais aussi la

personnalité qui correspond bien à la culture coopérative

et fait souvent partie des éléments d’appréciation d’une

candidature à un poste. Il est également vrai que la part

la plus importante de l’intégration des salariés à la culture

coopérative se réalise après le recrutement, au fil de leur

expérience de travail. Ils découvrent et apprennent ce que

sont les coopératives dans le cadre de leur travail, lors de

différentes réunions et formations.

Une question plus sensible est celle du recrutement de

personnel et professionnels expérimentés à des fonctions

de haut niveau. Lorsque les coopératives se mettent en

quête de personnel expérimenté et professionnellement

qualifié, l’écart salarial, d’une part, et l’ignorance de la

culture coopérative, d’autre part, deviennent un problème

qui peut se convertir en enjeux pour l’identité coopérative.

Nous avons pu néanmoins vérifier l’importance pour les

coopératives, notamment les grandes coopératives,

d’engager des personnes qui aient l’expertise nécessaire

pour prospérer dans un environnement de marché en

mutation constante.

TRAnSFERTS DE PERSOnnEL

Un trait intéressant décelé dans certains groupes

coopératif est un système de transfert de travailleurs

entre les coopératives constituantes du groupe. Le groupe

coopératif Centre Jigyodan du mouvement japonais des

coopératives de travail associé et le groupe Mondragon

en Espagne pratiquent ce type de redéploiement entre

coopératives du groupe. Des directeurs aguerris de

coopératives changent de coopératives au sein d’un même

réseau. Lorsque les salariés de petites coopératives sont

confrontés aux limites de leur ascension professionnelle,

les réseaux de coopératives peuvent leur fournir de

nouvelles possibilités. « Nous avons un grand réseau de

80 coopératives, la fédération a de nombreux salariés

aux différents niveaux d’encadrement. La promotion

professionnelle est donc assurée en interne au sein de

notre réseau »61.

Page 58: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

58

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

SALAIRES ET AuTRES GEnRES DE COMPEnSATIOn

Dans la plupart des cas, les salariés sont relativement bien

rémunérés et jouissent de compensations semblables,

voire légèrement supérieures, à celles octroyées dans

d’autres types d’entreprises du même secteur d’activité

et dont la taille est comparable. Cependant, lorsque

les salaires sont plus élevés que dans d’autres types

d’entreprises, l’explication qu’en ont généralement

donnée les personnes interviewées ne réside dans le fait

qu’elles travaillent dans une coopérative mais dans le

succès économique de leur entreprise coopérative.

Une caractéristique propre du régime salarial dans

les coopératives est la solidarité entre les salariés, et

parfois même avec les membres. Une remarque générale

exprimée dans toutes les interviews est l’écart moindre

dans les coopératives entre les salaires les plus élevés

et les salaires les plus bas. Le même régime salarial peut

être à l’œuvre dans différentes unités du même groupe.

Cependant, la solidarité ne doit pas être idéalisée. Il y

a des cas dans lesquels l’enclenchement mécanique

d’une solidarité plus intense a été bénéfique pour les

services à la personne effectués par des salariés qui se

sont mis en quête de clients moins compliqués parce

que leurs salaires étaient fixés sans la moindre prise en

considération de la difficulté du travail. La mise en œuvre

de la solidarité dans le régime salarial devrait se réaliser

en tenant compte des différentes conditions internes et

externes.

Par ailleurs, la solidarité salariale peut entraver l’embauche

de personnel ayant un profil plus pointu qui peut prétendre

à des niveaux de rémunération plus élevés dans les

entreprises classiques. « Dans les coopératives, il existe

un écart salarial moindre entre la direction et le personnel

ordinaire. Le taux salarial le plus bas est plus élevé que celui

qui prévaut dans la région alors que le salaire supérieur

dans la coopérative est inférieur à celui en vigueur dans la

région… Nous avons donc dans les coopératives de graves

problèmes de rétention du personnel aux fonctions élevées

de responsabilité compte tenu du niveau plus important

des salaires supérieurs dans la région »63.

Des exceptions peuvent cependant parfois être

pratiquées pour des cadres de haut niveau mais cette

pratique a tendance à susciter la controverse au sein

de la coopérative ou du groupe coopératif. La gestion

étant de plus en plus importante dans les entreprises,

nous constatons que les écarts salariaux se creusent,

notamment dans les plus grandes coopératives qui

sont mises en concurrence sur le marché mondial, pour

attirer et maintenir des cadres de haut niveau dans les

coopératives. Les écarts salariaux demeurent cependant

plus limités dans les coopératives que dans la moyenne

du monde des entreprises. « Ma rémunération serait

nettement meilleure si j’étais gestionnaire d’une banque,

un PDG… Je dois travailler trois ans et demi pour gagner

ce que d’autres gagnent en un mois ».

Dans les coopératives d’usagers et surtout dans celles

de producteurs, la question semble plus sensible parmi

les membres que parmi les salariés. Dans certaines

coopératives de production dans lesquelles les

producteurs-membres et les salariés travaillent ensemble

à la production et à la vente de leurs produits, l’écart de

revenus entre les deux groupes peut être problématique.

Plus précisément, pour les petits producteurs confrontés

aux difficultés croissantes du marché mondialisé,

la rémunération plus élevée des salariés peut être

perçue comme une redistribution injuste des résultats

économiques de la coopérative. Au contraire, du point

de vue des salariés, l’insatisfaction des producteurs-

membres face aux écarts de revenus peut être perçue

comme une menace pour les conditions de travail des

salariés et une limitation de leur capacité de gestion.

Lorsque les salaires du personnel des coopératives sont

inférieurs à ceux d’autres types d’entreprises dans les

mêmes secteurs, alors que la taille des entreprises est

similaire, les salariés nous ont dit jouir d’autres types

de compensations, matérielles et non-matérielles. Ces

autres avantages peuvent se décliner, par exemple,

en conditions plus favorables d’accès pour tous les

travailleurs à des régimes de micro-crédit mis à la

Page 59: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

59

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

disposition par des banques coopératives: « Ce sont de

petits services offerts par le consortium aux salariés et

aux membres, comme le prévoit la BCC [banque de crédit

coopératif]..., nous avons financé un projet de micro-

crédit pour les membres des coopératives »64.

Les compensations non-matérielles peuvent inclure

des horaires de travail flexibles permettant un bon

équilibre entre la vie professionnelle et familiale, moins

d’heures supplémentaires, une culture horizontale

et conviviale sur le lieu de travail, une gouvernance

démocratique et participative, une cohérence entre les

valeurs personnelles et celles du travail, etc. Par ailleurs,

certains salariés plus motivés et engagés dans la mission

essentielle de leur coopérative ont semblé accepter

de diminuer leur salaire même si les compensations

matérielles et non-matérielles étaient considérées

insuffisantes. Une travailleuse-membre d’un collectif de

travailleurs au Japon nous confiait: « Les salaires sont un

peu bas, mais en compensation, nous avons le sentiment

de contribuer à la société »65.

Nous pouvons donc affirmer qu’un équilibre entre salaires

et autres types de compensation est un élément clé de

la satisfaction des travailleurs dans les coopératives.

En outre, la motivation des travailleurs est également

cruciale à cet effet.

Nous avons découvert que la compensation non-

matérielle et une forte motivation sont particulièrement

importantes dans les coopératives de travail associé

lors de la phase de démarrage au cours de laquelle la

rémunération matérielle est toujours incertaine. Dans

certains cas, les travailleurs-membres de coopératives

de travail associé ne gagnent pratiquement rien au cours

de la période initiale jusqu’à parvenir à une certaine

stabilisation de leur entreprise. Le capital formé grâce

au sacrifice salarial est qualifié de « capital sueur ». La

transparence du régime salarial facilite l’acceptation

et la mise en œuvre de la contribution des travailleurs-

membres. Il est vrai que le même phénomène prévaut

dans de nombreuses petites start-ups privées dont

les fondateurs acceptent de ne recevoir aucun salaire

pendant un an ou plus, mais dans les coopératives de

travail associé, l’effort est partagé.

Dans certains cas de promotion de coopératives comme

instrument politique de lutte contre la pauvreté et le

chômage, ou de création de coopératives dans des

secteurs émergents comme les services aux personnes,

un niveau moindre de rémunération dans les coopératives

que dans d’autres entreprises du même secteur peut

devenir un problème chronique. Il semble que le modèle

coopératif en tant que tel n’apporte pas de solution à

ces situations mais valorise plutôt la réglementation du

travail dans ces secteurs66.

Parfois, la fierté de travailler dans une coopérative

précise compense les conditions de travail relativement

médiocres. Une tradition historique ou une présence

coopérative dans certaines régions ou certains secteurs

d’intérêt général peut induire chez les personnes une

vision de la coopérative comme gardienne du bien

commun. Il s’agit ici un autre type de motivation du travail

au sein de coopératives. Nous pouvons donc supposer

que, dans ces régions, on peut plus facilement trouver

des personnes mentalement disposées à travailler dans

des coopératives.

Page 60: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

60

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

PROTECTIOn SOCIALE ET SÉCuRITÉ Au TRAVAIL

En général, nous avons constaté que le niveau de

protection sociale des salariés des coopératives est

similaire ou supérieur à celui dont bénéficient les

salariés dans le même secteur et dans le même pays.

La même chose s’applique pour les producteurs-

membres indépendants.

Nous avons également trouvé que le niveau de sécurité

au travail des employés est globalement aux normes

par rapport aux autres entreprises du même secteur

et par pays.

En revanche, une attention plus particulière mérite

d’être prêtée au statut des travailleurs-membres

et à son impact sur la protection sociale. Le fait que

dans de nombreux pays, et plus particulièrement en

Amérique latine, les travailleurs-membres ont un

statut de travailleurs pour compte propre, engendre

des problèmes importants de protection sociale:

lorsque des travailleurs transforment une entreprise

en crise en coopérative, ils perdent leurs acquis de

protection sociale. En Espagne, par contre, l’application

des deux régimes existants (salariés ou indépendants)

prévoit le même niveau de protection sociale, mais

ce n’était pas le cas dans les années 1960 lorsque le

groupe Mondragon a créé son propre système interne

de protection sociale, Lagun Aro, qui, aujourd’hui, est

complémentaire du système national.

Dans le cas de SEWA en Inde, où les travailleurs-

membres sont considérés comme des travailleurs à

leur compte propre, ils ont créé leur propre système

de protection sociale. « Tous les membres de SEWA

sont couverts par une assurance ainsi que leur

famille, elle englobe une assurance-accident, une

assurance-maladie… . SEWA en est le prestataire. Les

mesures de protection des membres se multiplient

avec le temps et concernant les régimes de pension

prévus par le gouvernement central, SEWA joue le rôle

d’intermédiaire »67.

Dans certains pays où le niveau général de protection

sociale des salariés est relativement bien développé,

comme au Royaume-Uni et en Allemagne, sauf

notification contraire, les travailleurs-membres

sont souvent considérés comme des salariés et la

protection sociale prévue pour les salariés s’applique

à tous les travailleurs indépendamment de leur

statut de membres. En France, le statut juridique des

travailleurs-membres dans les coopératives de travail

associé s’assimile largement à celui des salariés avec

cependant plusieurs dérogations qui permettent de

reconnaître les spécificités des travailleurs-membres

tout en leur assurant le niveau de protection sociale

des salariés.

Page 61: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

61

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

RELATIOnS AVEC LES ORGAnISATIOnS SYnDICALES

Les réflexions qui précèdent permettent de mieux

comprendre que les organisations syndicales,

lorsqu’elles traitent de l’emploi coopératif, sont

confrontées à un type spécifique d’emploi qui a une

incidence, à la fois objective et perçue, sur la définition

du salarié et de l’employeur. Cette situation spécifique

est différente de celle que ces organisations

rencontrent habituellement, dans la plupart de leurs

activités. La compréhension de l’emploi coopératif

par les organisations syndicales, le traitement

qu’elles lui réservent, la réaction des travailleurs

des coopératives, et, finalement, la relation entre le

mouvement coopératif et le mouvement syndical

sont influencés par ces éléments.

Parmi les trois catégories différentes de formes

du travail que nous avons analysées dans cette

étude (salarié, travailleur-membre et producteur-

membre travaillant pour compte propre), la première

est, généralement, celle à laquelle se cantonne

l’action syndicale mais elle peut s’étendre aussi,

dans une certaine mesure, à celle des travailleurs-

membres dans les coopératives de travail associé.

Les producteurs-membres sont parfois syndicalisés

également.

Deux attitudes principales à l’égard des syndicats

ont été observées lors des interviews. Dans certaines

coopératives, la plupart des salariés sont syndiqués

et estiment que leurs intérêts sont bien protégés par

les syndicats. Dans d’autres, les salariés expliquent

ne pas ressentir le besoin de se syndiquer. Dans ce

cas de figure, la coopérative leur donne un sentiment

d’appartenance. Comme nous le verrons, les salariés

ont tendance à considérer leurs coopératives comme

une grande famille et résistent à l’introduction

d’un nouvel élément qui pourrait rompre la culture

familiale. Cependant, la perception de la nécessité

d’un syndicat varie selon les fonctions occupées au

sein de la coopérative. Par exemple, dans de grandes

coopératives, les salariés qui ont un rôle subalterne et

occupent des fonctions de nettoyage, de cuisine, de

gardiennage, de transport, etc. peuvent avoir un sens

différent d’appartenance à la coopérative et souhaiter

rejoindre une organisation syndicale pour dépasser le

désavantage de leur fonction vis-à-vis de l’employeur

et vis-à-vis de salariés de plus haut niveau.

Dans certains cas, il est apparu que les syndicats de

salariés de coopératives n’agissent pas seulement

dans l’intérêt de ces derniers mais dans l’intérêt plus

général du secteur économique. Le syndicat japonais

des salariés des coopératives de consommation

organise une campagne pour augmenter les salaires

minima de tous les travailleurs des services en vue

d’améliorer les conditions de travail de leurs membres

en valorisant celles de tous les travailleurs des

services dans le pays.

Au-delà de leurs diverses perceptions concernant

les syndicats et leur rôle de protection, les salariés,

travailleurs-membres ou producteurs-membres de

coopératives ont des difficultés à comprendre la

fonction concrète qu’un syndicat pourrait jouer dans

des négociations et le règlement de conflits au sein de

leur coopérative.

En ce qui concerne les salariés des coopératives, un

salarié d’une coopérative agricole en Émilie-Romagne

nous a confié: « J’ai toujours été syndiqué mais depuis

que je suis dans la coopérative, ma syndicalisation

est dépourvue de sens parce que mes personnes de

contact sont les membres et si j’ai des problèmes, je les

résous directement avec le président de la coopérative.

Si les membres ont un problème, ce problème n’est

pas celui d’une personne mais de la coopérative. Si les

problèmes concernent l’organisation ou les salaires,

Page 62: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

62

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

j’en discute avec le président: il soumet le problème

au conseil d’administration qui se prononce. N’étant

pas moi-même un membre, lorsque j’ai un problème

de travail, j’en parle directement avec le président, qui

accepte ou refuse ma proposition ». Il précise: « Ici,

nous n’avons pas de structure syndicale, il n’y a pas

de conflit avec un seul employeur. Il n’y a personne

avec qui négocier. Le conseil d’administration décide

de majorer les salaires de cent euro »68.

Voici l’exemple d’un producteur-membre d’une

coopérative agricole dans le Pays Basque: « 90% des

membres font partie du syndicat des agriculteurs mais

il n’y a pas de cohérence entre la représentation des

membres et du syndicat. Nous travaillons ensemble,

nous sommes donc pareils et nos intérêts convergent !

Je ne comprends pas, on a beau m’expliquer, je ne

comprends pas. Les dirigeants syndicaux ne sont

peut-être pas membres de coopératives. Il y a des

conflits entre les coopératives et le syndicat »69.

S’agissant des travailleurs-membres, l’un d’eux, qui

travaille dans une coopérative industrielle du groupe

Mondragon explique, par exemple, que dans chaque

coopérative du groupe: « Nous avons des organes de

représentation: le conseil social. Il n’y a pas de syndicat

parce qu’il n’y a pas de conflit entre les propriétaires et

le simple personnel. La logique est différente »70.

Il est rare d’en appeler au syndicat pour résoudre une

situation de conflit dans une coopérative de travail

associé même si les travailleurs-membres jouissent

de tous les droits dont est assortie la syndicalisation,

dont le droit de grève. Au cours de notre travail de

terrain, nous avons relevé un cas de participation à

une grève générale de tous les travailleurs-membres

d’une coopérative québecoise de travail associé pour

l’amélioration des conditions de travail de leur secteur

économique sans pour autant combattre la direction

de leur propre coopérative.

Cependant, précisons que si les travailleurs-membres

ne souhaitent pas se syndiquer, leur position n’est pas

nécessairement antisyndicale. Nous avons entendu de

nombreux témoignages de positions favorables aux

syndicats.

Notons également que bon nombre de coopératives

de travail associé ont été créées par des syndicalistes

et que l’intérêt des syndicats pour ce modèle est

grandissant comme réponse à la délocalisation ou

à la fermeture de sites producteurs d’emplois. Parmi

les pays où nous avons effectué le travail de terrain,

l’alliance de plus en plus étroite entre syndicats et

coopératives de travail associé est particulièrement

forte au Brésil, en Argentine et au Canada.

Les cas de SEWA en Inde, qui est à la fois un syndicat

et une organisation coopérative, ou d’Unisol au Brésil,

une organisation coopérative qui a été créée sous

l’impulsion du syndicat métallurgique ABC, sont très

spécifiques, mais ils montrent que des solutions

existent pour que organisations coopératives et

syndicats coopérent plus étroitement que ce qui est

souvent le cas.

Enfin, le fait que les salariés, travailleurs-membres ou

producteurs-membres de coopératives se syndiquent

est également influencé par l’existence ou non de

conventions collectives nationales qui règlementent

leurs conditions de travail et sont l’aboutissement

de négociations entre le mouvement coopératif et

le syndicat. Parmi les 10 régions étudiées, l’Émilie-

Romagne fait figure d’exception en la matière compte

tenu que les confédérations nationales italiennes de

coopératives sont considérées de plein droit comme

des organisations d’employeurs. Cette situation

conditionnne nécessairement dans une très large

mesure les relations entre le mouvement coopératif

et les syndicats.

Page 63: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

63

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

unE APPROCHE PRuDEnTE ET PROGRESSIVE VIS-À-VIS DE LA CRÉATIOn D’EMPLOIS

Une caractéristique digne d’être soulignée que

nous avons observée dans plusieurs coopératives

pendant le travail de terrain est la manière

extrêmement prudente et progressive par laquelle

les coopératives créent de l’emploi. Par exemple,

au Paraiba, dans le nord du Brésil, la coopérative

laitière Coapecal, basée dans la micro-région rurale

du Cariri Est et jouissant de bonnes performances

économiques, emploie aujourd’hui 250 employés

à temps plein et 100 personnes non salariées à

temps partiel travaillant dans la logistique et les

transports, et fournit une activité économique à

temps plein pour 3 personnes pour chacun des 260

producteurs-membres, le total de ces occupations

correspondant à 4% de la population active occupée

de la micro-région. La coopérative a été créée en

1997 dans le hangar d’un de ses membres, qui a été

successivement agrandi, et sans employés. Toute

la production, ainsi que le travail commercial et

administratif, étaient alors effectués par le noyau

des producteurs-membres fondateurs. C’est

seulement en 2003 que le directeur de Coapecal,

lui-même fils d’un producteur qui a co-fondé la

coopérative, a commencé à devenir salarié de celle-

ci après des années de services non rémunérés. Ce

travail de terrain patient a créé les conditions pour

un grand bond en avant dans la création d’emplois

vers le milieu des années 2000, avec 170 emplois

à temps plein créés en 2005. La deuxième phase

de création d’emplois, entre 2005 et 2013, a connu

une nouvelle augmentation de 170 à 250 salariés à

temps plein, l’augmentation étant principalement

due à l’embauche de commerciaux.

Toujours dans État du Paraiba au Brésil, la

coopérative de transports Coopextremo, située

dans la ville côtière de João Pessoa, était sur le

point de nommer sa première salariée au cours de

notre visite sur le terrain en janvier 2014, environ

7 ans après la fondation de la coopérative. Tout le

travail administratif, y compris la coordination des

travaux de transport, était géré par la présidente

et le secrétaire de la coopérative, toux deux

transporteurs indépendants avec une camionnette.

Ils passaient plusieurs heures par jour à cette tâche

et recevaient une compensation professionnelle de

la part de la coopérative. Selon le président de la

coopérative, la principale raison pour laquelle ils

ont décidé d’embaucher leur première salariée est

qu’ils ont progressivement étendu leurs activités

au tourisme, et ils ne pouvaient plus faire face à la

charge de travail en termes de travail administratif.

De même, ils n’approuvaient que progressivement

l’inclusion de nouveaux membres.

Cette approche très prudente à la création

d’emplois dans la phase initiale est, paradoxalement,

une garantie d’un processus de création d’emplois

important et parfois rapide par la suite. En même

temps, les emplois ou activités économiques qu’ils

créent progressivement sont généralement des

emplois stables et durables.

Page 64: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

64

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

3.2.2. LES SPÉCIFICITÉS DE L’EMPLOI COOPÉRATIF TELLES Qu’ELLES SOnT VÉCuES PAR LES PERSOnnES ELLES-MêMES

Comme nous l’avons vu, l’emploi coopératif comprend des diversités. Chaque lieu de travail est conçu en fonction

d’aspects institutionnels et structurels, que dictent les réglementations, les secteurs, les structures organisationnelles

des différentes coopératives et la position au sein de ces structures. L’emploi coopératif est réalisé par des travailleurs

ou des producteurs qui sont, eux-mêmes, façonnés par leur environnement personnel et social, ainsi que par leurs

expériences personnelles et sociales, et ils ont des engagements à l’égard de leurs coopératives qui pèsent sur leur

propre jugement normatif, la vision qu’ils ont de leur coopérative et de leur profession. On peut dire, en ce sens, que

les spécificités de l’emploi coopératif se façonnent par l’action des personnes dans des conditions institutionnelles

et structurelles données.

L’appréhension des aspects essentiels de l’emploi coopératif à la lumière des catégories institutionnalisées existantes

pourrait reproduire le cadre dominant plutôt que d’éclairer les spécificités de cet emploi. Dans les interviews, nous

nous sommes donc efforcés de comprendre les aspects essentiels de l’emploi coopératif tels que les perçoivent

ses acteurs. Même si les personnes qui travaillent au sein ou dans le cadre des coopératives n’ont pas toujours

conscience de ce lien avec une coopérative, nous avons présumé qu’elles peuvent avoir des idées normatives ou des

jugements d’évaluation sur le travail lié aux coopératives.

Nous avons observé que ces idées sont influencées par leur propre rationalité, à savoir la façon dont elles les

perçoivent comme bonnes (ou mauvaises). Nous avons suivi la classification de Boltanski et Thevenot (1991) en

fonction de différentes logiques de justification construites et mobilisées dans les sociétés modernes occidentales.

La notion de logique de justification proposée par Boltanski et Thevenot ne correspond pas à un ensemble

permanent de valeurs, mais à une construction historique de l’évaluation de l’importance des valeurs dans une

situation donnée. Lorsque les personnes expriment des affirmations normatives ou de valeurs, elles se réfèrent

implicitement ou explicitement à des logiques de justification dans lesquelles ces affirmations gagnent en légitimité.

Elles considèrent un certain mode de justification de leur situation comme plus pertinent que d’autres.

Dans notre étude, nous avons supposé que la perception qu’ont de leur situation les personnes interviewées est

associée à la question de ce que devraient être une coopérative et l’emploi en lien avec une coopérative. Nous

avons classé leurs idées sur l’emploi coopératif en 8 logiques de justification 71, ce qui nous a permis non seulement

de comprendre leurs idées sur l’emploi coopératif mais aussi de cerner les types d’antécédents normatifs que ces

personnes mobilisent pour justifier la spécificité coopérative de leur emploi ou activité économique.

Notons que les personnes pensent différemment en fonction de leur propre logique et des aspects qu’elles

souhaitent souligner parce que toute situation peut être interprétée de différentes façons. Par ailleurs, les points

de vue des personnes sont toujours, dans une certaine mesure, tributaires des conditions dans lesquelles elles

évoluent. C’est pourquoi nous avons analysé comment ces différentes idées sont en lien avec des circonstances

précises, telles que le type et la taille des coopératives, la fonction occupée par les personnes interviewées dans les

coopératives, les secteurs économiques et les pays.

Page 65: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

65

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

PARTICIPATIOn

Dans la logique de justification de la participation, le

contrôle démocratique, qui est une des caractéristiques

essentielles des coopératives en tant qu’ « association

de personnes » (voir définition internationale énoncée

au Chapitre 1, section 1.3. Définitions clé), est élargie aux

questions du travail.

La participation est souvent décrite comme une

procédure de prise de décision et de travail commun.

Exprimer son avis peut être considéré comme une

condition préalable à la participation: « Nous discutons

ensemble d’où nous allons, de ce que nous allons

faire »72, « Nous décidons de tout »73, « Les outils qui vous

permettent, de manière presque ‘obligatoire’, d’engager

les personnes afin que tout un chacun apporte sa

contribution »74. Dans de plus petites coopératives,

« nous pouvons vraiment faire ce que nous voulons…

Nous pouvons réaliser des choses… C’est une grande

possibilité pour nous de grandir, de nous développer »75.

Certaines personnes interviewées comparent cette

situation à celle d’entreprises privées classiques dans

lesquelles « tout ce qu’elles peuvent faire c’est poser

des questions »76. Si leurs supérieurs « refusent, elles

ne peuvent rien y faire »77. Les travailleurs y « sont juste

invités à exécuter »78.

Une condition préalable de la participation est que les

travailleurs « peuvent exprimer librement leur avis »79 et

« les avis des personnes du bas de l’échelle parviennent

aux oreilles des supérieurs »80. La transparence et

les flux d’informations sont également qualifiés de

condition préalable et de résultat de la participation.

« Tous les chiffres de l’entreprise sont accessibles à

tous les membres »81. « Il y a moins de possibilité de

corruption au sein même de la structure »82. Par ailleurs,

la participation exige d’assumer sa responsabilité. « Se

limiter à insister ce n’est le style des coopératives.

Insister, discuter et réaliser par nous-mêmes, ça c’est

le style des coopérative »83. Cette pratique exigeante

alourdit parfois le travail et les travailleurs ont tendance

à en faire trop. Leur travail « ne se termine pas lorsque

les travailleurs ont fini de s’entretenir avec leur client. Il

y a plus … de travail supplémentaire »84 à effectuer pour

participer à plusieurs comités, à des réunions formelles

et informelles. C’est la raison pour laquelle nous

pouvons trouver des employés ordinaires, notamment

dans les coopératives de travail associé, qui « ne sont

pas intéressés par l’appartenance à la coopérative ou

par l’exercice des droits en tant que propriétaires »85.

« Certaines personnes finissent surmenées, d’autres

laissent courir »86. En guise de solution, un dirigeant

Page 66: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

66

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

d’une coopérative de travail associé insiste sur le fait

qu’ « il est important d’expliquer, il faut que les personnes

comprennent qu’elles font partie de la coopérative »87.

La participation n’est pas synonyme de liberté de faire

ce que l’on veut. Elle est limitée par les contraintes

objectives qui pèsent sur l’entreprise. Pour plus de

jugement et d’efficacité dans la participation, les

conditions du marché et les capacités internes doivent

être suffisamment comprises par les membres et les

travailleurs. Sinon, « cette liberté peut conduire les

personnes à faire ce qu’elles veulent, et ça ne fonctionne

pas, l’entreprise périclite »88. Les règles relativement

strictes d’application dans les coopératives et

groupes coopératifs peuvent parfois sembler être en

contradiction avec la liberté et la participation mais il est

important de comprendre que ces règles sont élaborées

par les membres pour développer leur entreprise.

La participation des travailleurs peut conduire à des

échanges et à une prise de décision collective sur les

niveaux salariaux. Un travailleur-membre d’une coopérative

d’ingénierie dans le Wisconsin nous a précisé: « Nous avons

nos propres critères pour décider des salaires, à savoir

l’expérience, les qualifications, les fonctions… nous utilisons

une espèce de formule qui se fonde partiellement sur ce

que nous avons fait dans le passé, sur la performance de

la personne, sur la valeur de sa contribution à l’entreprise.

Nous discutons beaucoup de ces aspects. – Q: Avez-vous

un département des RH qui traite de ces questions ? – R:

Oui, nous avons notre directrice des RH. Et elle ne décide

pas seule, il y a un comité qui est responsable, qui travaille

pour elle. Je crois qu’il y a 6 personnes dans ce comité…

Le comité ne décide pas. Il formule des recommandations,

des suggestions et les soumet au conseil d’administration.

Le conseil d’administration décide. - Q: Donc, logiquement,

tout le monde connaît le montant du salaire des autres ? R:

Oui, c’est très transparent. – Q: C’est normal ? R: Non, ce

n’est pas le cas dans une entreprise privée où vous n’êtes

au courant de rien. Vous n’avez aucune idée du salaire

de votre voisin de travail. Ici, tous les membres sont au

courant… il n’y a pas de secret »89.

Une travailleuse-membre d’une coopérative de

consommation au Pays basque ajoute: « La principale

différence quand on travaille dans une coopérative c’est

qu’on peut participer, on a le sentiment d’apporter des

idées. Dans les entreprises non-coopératives, les choses

sont plus carrées, il n’y a pas de participation, vous ne

pouvez pas changer ou améliorer les choses »90.

FAMILLE

La logique de justification de la famille signifie que les

personnes qui travaillent au sein ou dans le cadre de

coopératives perçoivent leur occupation comme s’ils la

partageaient avec leur famille ou leurs amis parce que le

travail se réalise dans une communauté au sein de laquelle

ils connaissent beaucoup de gens. Par conséquent,

« ils essaient toujours de faire de leur mieux pour les

personnes »91, et ce n’est pas seulement vrai entre salariés

mais également entre les salariés et les usagers-membres,

ou entre les salariés et les producteurs-membres. « De

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67

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

nombreux salariés ont certains de leurs meilleurs amis qui

travaillent ici ou qui sont leurs clients »92.

Une coopérative de crédit coréenne permet à ses

nouveaux salariés de participer à des services de prise

de contact, de visite de leurs membres dans le cadre d’un

programme d’apprentissage pour connaître les membres.

Ce type de programme renforce l’intégration des salariés

à la vie de la coopérative dans laquelle les membres et les

salariés semblent appartenir à la même famille ou être liés

de liens d’amitié plutôt que de développer des relations

commerciales entre clients et prestataires de services.

Se connaître est perçu comme un point de départ de

l’entraide qui peut, à son tour, signifier que si certaines

activités de la coopérative ou du groupe coopératif ne vont

temporairement pas bien, elles peuvent être compensées

par d’autres activités plus florissantes. « Si certaines

activités sombrent dans le rouge, d’autres peuvent

éponger leur déficit »93. On appelle ce genre de culture

« l’esprit d’entraide »94, « une sorte de camaraderie… de

solidarité »95, et « la coopération »96.

Les personnes travaillant dans ou dans le cadre de

coopératives ont souvent le sentiment d’appartenir à

quelque chose de plus large. C’est en fait une réalité

lorsque ce sentiment d’appartenance génère des relations

plus étroites entre les travailleurs et leur coopérative.

« Ils font mieux partie prenante de l’entreprise »97 et « de

quelque chose de plus large »98. Lorsqu’ils « sont invités

à devenir membres, ils ont le sentiment d’appartenir à la

coopérative »99, et « partagent un niveau d’accord général

sur la mission à essayer d’accomplir: les travailleurs et les

membres sont unis »100.

Il ne s’agit pas d’une simple question de sentiment mais

d’une appartenance véritable à une réalité. Le sentiment

d’appartenance favorise des relations plus étroites entre

travailleurs et coopératives. « Pour les membres, si la

coopérative fonctionne bien, tout va pour le mieux. Mais

si elle ne fonctionne pas bien, c’est également beaucoup

plus grave ». La situation est différente de celle « d’une

entreprise non-coopérative qui lorsqu’elle ne fonctionne

pas bien fait porter la responsabilité par l’employeur »101.

Ce sentiment d’appartenance à une famille a une

incidence sur la manière de percevoir l’identité de

l’employeur ultime. Pour les salariés de coopératives de

production, les employeurs ultimes sont la communauté

des producteurs pour compte propre, alors que dans les

coopératives d’usagers, dans lesquelles les membres sont

plus nombreux, l’employeur ultime est la communauté

environnante dans son intégralité. En outre, dans de

nombreux cas, les salariés ont le sentiment d’avoir la

mission d’élargir l’employeur collectif en s’efforçant

de recruter de nouveaux membres et en dynamisant

les membres existants. Un livreur d’une coopérative de

consommation au Japon nous a déclaré: « Généralement,

nous pensons que notre travail est d’initier les membres

pour qu’ils soient véritablement membres et qu’ils

s’engagent dans le mouvement coopératif »102. Le

directeur, qui représente l’employeur collectif, peut les

gratifier pour leur investissement personnel dans la

coopérative et apprécier leur valeur professionnelle,

parce qu’il représente un employeur à long terme, ancré

dans la proximité (une collectivité qui va au-delà du

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68

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

périmètre des membres et comprend la collectivité

dans un sens plus général, passée, présente et future).

Une salariée d’une coopérative de consommation en

Émilie-Romagne a connu un problème après son congé

de maternité: « Je suis revenue alors que personne ne

pouvait prendre soin de mon bébé. Je me suis donc

adressée aux directeurs en expliquant ma situation et

que j’étais disposée à tout abandonner, pour reprendre

éventuellement un travail de simple salariée…, ‘ je peux

aller où vous voulez mais j’ai des obligations, je dois me

libérer à 5 heures pour reprendre mon fils à la crèche’.

Ils m’ont répondu: ‘Tu rêves? Pourquoi abandonner les

efforts que tu as fait pendant toutes ces années?’ »103.

Pour les simples salariés de coopératives de travail

associé, les employeurs sont des collègues de travail,

qui sont également des travailleurs-membres. Un simple

salarié d’une coopérative de travail associé en Émilie-

Romagne nous a confié: « Personnellement, … lorsque je

sais que la personne qui me rémunère travaille toute la

journée pour moi à trier des déchets, je me sens encore

plus encouragé. Celui qui se sacrifie pour travailler là

me paie et j’ai du respect pour lui. Rien que de penser

que mon salaire est payé par une personne qui travaille

toute la journée au milieu de détritus me pousse à me

surpasser »104.

Pour les travailleurs-membres, l’employeur, c’est nous,

les travailleurs-membres, mais même dans ce cas-ci,

ils ont le sentiment qu’ils sont partie intégrante de la

collectivité environnante. Un travailleur-membre d’une

coopérative de Mondragon nous donnait cette réponse:

« Qu’y-a-t-il de spécial dans le travail coopératif ?

R: Faire partie d’un projet qui crée de l’emploi et de la

richesse dans notre environnement »105.

Le dénominateur commun est que l’employeur n’est jamais une personne physique ou morale sans visage, éloignée,

mais est presque toujours local et collectif, et généralement composée de gens simples. Cela ne peut que peser

sur la perception du travail et le comportement sur le lieu de travail, ainsi que sur les formes de médiation qui sont

nécessairement différentes de celles d’autres lieux de travail.

Le revers de la médaille de cet environnement familial est que les salariés se plaignent parfois d’avoir des difficultés

à « déconnecter » du travail lorsqu’ils rentrent chez eux ou lorsqu’ils se retrouvent dans la communauté. Un salarié

d’une coopérative de crédit d’Émilie-Romagne répondait ainsi à nos questions: « Q: Avez-vous beaucoup de travail ?

Vous sentez-vous sous pression ? R: Oui, c’est l’avantage et le désavantage de travailler avec des personnes. Il y a

des personnes avec lesquelles au fil des années, j’ai tissé une relation de respect et de confiance mutuelle dont je suis

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69

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

fier. Cependant, c’est un défi de travailler dans une communauté où vous connaissez tout le monde. Vous essayez

invariablement de faire de votre mieux pour les personnes. Parfois, il est difficile de déconnecter lorsqu’on quitte

le bureau. Vous devenez un point de référence, les personnes dans la rue vous connaissent. Si vous êtes en congé,

vous ne pouvez pas vous rendre au marché du village »106.

ÉCOnOMIE

Une des logiques de justification utilisées par les

personnes pour qualifier les spécificités de l’emploi

coopératif est la composante de l’économie. Nous

avons trouvé deux types de discours sous cette

logique.

Pour certaines personnes, travailler dans une

coopérative semble constituer un désavantage

économique. Une personne a regretté « ne pas jouir

de nombreux avantages que ne peut se permettre une

coopérative car ce sont des ‘coûts auxiliaires’ que la

coopérative ne peut pas assumer »107. Un jeune salarié

disait sur le ton de la plaisanterie que son emploi lui

fournissait: « un salaire bon marché… »108.

D’autres estiment, par contre, que leurs emplois

« sont considérés plus sûrs et plus stables »109. En

milieu rural, le salaire des salariés qui travaillent dans

les coopératives est souvent parmi les meilleurs. Pour

les producteurs-membres qui travaillent dans le cadre

d’une coopérative, celle-ci est souvent perçue comme

une occasion d’augmenter le nombre de leurs clients

ou de mieux commercialiser leur production. Pour des

conducteurs de taxis indépendants, la coopérative est

l’occasion « d’accroître sensiblement le nombre de

clients »110.

Compte tenu de la grande diversité de l’emploi

coopératif, il est difficile de qualifier l’emploi au sein

ou dans le cadre des coopératives d’économiquement

bon ou mauvais. Il est plus important de souligner que

la composante économique de l’emploi coopératif

n’est qu’un des aspects que les travailleurs prennent

en considération, et qu’elle perd de son importance

lorsque d’autres compensations entrent en ligne

de compte. « Parce que j’adore mon travail, qu’il est

concret, il ne s’agit pas seulement d’argent »111. Un

travailleur-membre d’une coopérative industrielle au

Pays basque nous disait: « La rémunération peut être

variable mais ce n’est pas la même chose de recevoir

une rémunération variable dans une compagnie

dont les propriétaires sont ceux qui en bénéficieront

directement »112.

EFFICACITÉ

Les coopératives sont considérées par certaines

personnes interviewées comme des organisations

économiques plus efficaces que d’autres entreprises

parce qu’elles sont moins hiérarchisées, moins

bureaucratiques et plus agiles dans leur prise de

décision. Un membre d’une coopérative de travail

associé constituée par des thérapeutes soignant des

malades mentaux dans le Wisconsin explique l’avantage

de leur structure démocratique, de sa rationalité et de

son efficacité. Il pense que « le modèle et la pratique

de la coopérative de travail associé est plus simple et

plus leste, flexible et résilient parce que nous n’avons

pas des strates excessives de bureaucratie, ce qui

est très cher et inefficace »113. Contrairement aux

Page 70: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

70

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

préjugés qui laissent entendre qu’un processus de

prise de décision démocratique est lent et inefficace,

il souligne que la prise de décision des travailleurs-

membres qui se réalise en confrontant différents

points de vue en tant que prestataires de services,

gestionnaires et propriétaires peut s’avérer être un

mode de fonctionnement plus leste et plus efficace

que « quelqu’un qui viendrait de loin imposer… »114. En

ce sens, il est intéressant d’observer l’efflorescence de

formes coopératives dans les professions libérales et

parmi les entreprises de la connaissance (Westerdahl

et Westlund, 1998).

FLEXIBILITÉ

Dans la perspective de la stabilité de l’emploi, la

flexibilité peut être mal perçue. Cela vaut pour de

nombreuses coopératives comme pour les entreprises

classiques. Cependant, dans certaines coopératives,

la flexibilité dans le travail est une valeur importante

pour conjuguer la vie professionnelle et la vie familiale.

Une travailleuse-membre d’une coopérative de travail

associé dont l’objet est la prestation de services de

soin à des personnes âgées nous a avoué: « Je suis

tout à fait satisfaite. Par exemple, lorsque je dois me

rendre à l’école, comme lors de la journée que l’école

consacre aux parents, je vérifie juste que je ne dois

pas aller chez des clients. Cette heure que je leur

consacre n’est pas rémunérée, c’est une sorte de

flexibilité qui est une satisfaction personnelle »115.

Mais d’un autre coté, la flexibilité dans l’entreprise

a parfois fragilisé les postes des travailleurs en les

divisant en un groupe de travailleurs permanents et

un groupe de travailleurs à la demande, sans stabilité

d’emploi. Comme le suggèrent Boltanski et Chiapello

(1999), la flexibilité est une logique de justification

émergente à l’heure où l’autonomie et la liberté

personnelle prennent de plus en plus d’importance, et

où les nouvelles technologies et la mondialisation de

l’économie les encouragent. Cependant, les pratiques

économiques plus préoccupées par cette logique

de justification ne sont pas toujours suffisamment

institutionnalisées dans le secteur et le champ

d’activité, au-delà du périmètre national, ce qui ébranle

la sécurité sociale et la protection institutionnelle des

travailleurs dans cette situation 116.

Dans nos interviews, la rationalité de la flexibilité est

plus courante dans des secteurs économiques tels

que la construction, les technologies de l’information

et les services aux personnes, ainsi que dans les

nouvelles entreprises qui voient le jour dans le

contexte de la mondialisation.

Un dénominateur commun est que la flexibilité que

l’on trouve dans les cooperatives est une flexibilité qui

est partagée entre travailleurs et membres.

ORIEnTATIOn GuIDÉE PAR LES VALEuRS

Comme évoqué antérieurement, de nombreuses

personnes ne travaillent pas dans des coopératives

pour des raisons strictement économiques.

L’enthousiasme et l’engagement à l’égard de certaines

valeurs sont d’importants vecteurs. Parfois, les

jeunes se lancent dans la création d’une coopérative

« avec beaucoup d’enthousiasme et peu d’argent ».

Pour eux, « travailler dans une coopérative en période

plus favorable permet le partage d’une passion »117.

Travailler avec des consommateurs-membres permet

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71

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

aux salariés de « sentir qu’ils travaillent au milieu du

pouvoir »118.

Les valeurs qui nous ont été transmises sont

diverses. Certains ont insisté sur l’épanouissement

personnel, la coopérative étant le lieu de travail où

ils peuvent grandir et se développer de manière

holistique. D’autres ont souligné le caractère

« éthique », « honnête », « correct » du travail dans une

coopérative. Par exemple, les coopératives de crédit

estiment ne pas se limiter à fournir des services

financiers mais entendent « éduquer leurs clients à

adopter de meilleures pratiques financières »119. La

raison d’être des coopératives étant de servir leurs

membres, elles génèrent du chiffre d’affaires en

offrant des services aux membres sans avoir pour

motivation première d’engranger des bénéfices. Les

innovations techniques et de gestion sont introduites

pour valoriser le service aux membres, pas pour

engranger plus d’argent. Le salarié d’une coopérative

agricole du Wisconsin nous a dit à cet égard: « Il s’agit

plus de servir les membres et ensuite de se demander

si ce que nous faisons a un sens. Vous savez, j’aime

travailler comme le font les autres travailleurs ici,

avec comme préoccupation première celle d’assurer

que les besoins des membres soient satisfaits »120.

Dans une coopérative médicale en Corée du Sud,

un médecin de médecine orientale utilise des

instruments qui, pour des raisons d’hygiène, ne

peuvent être réutilisés, même si plus il y a recours

et plus se creuse le déficit de la coopérative. « Nous

n’avons cependant pas le choix parce que les clients

sont nos membres ! »121 Il s’agit d’un sentiment

particulièrement bien ancré chez les salariés de

coopératives d’usagers et de producteurs mais

également dans les coopératives de travail associé

même si, en l’occurrence, les clients ne sont pas

membres. Dans certaines interviews, on nous a confié

que les coopératives sont des instruments pour créer

un système économique plus digne de confiance et

économiquement plus juste, un effort dans lequel

certains veulent s’engager.

Parfois, le statut de coopérative peut être une

raison pour augmenter le prix du service comme, par

exemple, dans une coopérative de taxis: « Étant en

coopérative, nous jouissons d’une assurance-santé,

d’un excellent entretien de nos véhicules et nous

fournissons un niveau de service de grande qualité »122.

Si la stratégie de communication est bonne, les

personnes ont confiance dans les coopératives et

en paient volontiers les services. Elles peuvent donc

être perçues comme des instruments de création

Page 72: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

72

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

d’un système économique plus juste et plus digne de

confiance. Outre les questions sociales directement

traitées par les coopératives, il est intéressant de

constater que le lien avec une coopérative est une

valeur importante. Cette valeur, travailler pour une

coopérative, devient une source de fierté.

Cependant, ce système fondé sur des valeurs peut

être plus exigeant. Il semble que « les coopératives

doivent en faire plus parce qu’elles sont des

coopératives »123. Une de ces exigences ou plutôt un

caractère intrinsèque est « qu’une coopérative ne doit

pas avoir pour seule priorité son intérêt »124 ou encore

« les coopératives ne sont pas obsédées par leurs

bénéfices »125.

L’insertion par le travail de personnes en difficultés

gérée par des travailleurs de coopératives requiert

une motivation qui est mue par certaines valeurs.

Un travailleur-membre d’une coopérative de travail

associé à Kanagawa, qui pratique l’insertion de

personnes en difficultés sociales, nous a rappelé:

« Certaines personnes ont des difficultés pour

travailler, pour sortir, même de chez elles… Vous

savez, c’est facile de les exclure du groupe mais

notre organisation ne le fait pas, nous essayons de

les intégrer, de travailler avec elles, de prendre les

mesures nécessaires à leur intégration au monde

du travail et à la société. Nous pouvons constater

qu’elles progressent grâce à l’éducation et à nos

encouragements comme, par exemple ‘OK ! Tu peux le

faire, faisons-le ensemble.’ Et ce genre de choses peut

rendre leur vie bien différente. On les voit s’améliorer.

Et ça me motive… alors que lorsque je travaillais [dans

une autre entreprise] à des tâches administratives,

c’était plus un travail de routine »126.

Même certaines personnes peu satisfaites de leur

travail dans leur coopérative et à la recherche d’un

autre emploi essaient de trouver un autre emploi dans

une autre coopérative. Une salariée d’une coopérative

de crédit en Émilie-Romagne, Italie, insatisfaite de son

travail et à la recherche d’un autre emploi nous a dit:

« Je voudrais travailler dans une coopérative sociale

ou un consortium [de coopératives sociales] » 127.

RÉPuTATIOn

Il y a des cas où travailler dans une coopérative

est source de fierté. Les coopératives sont parfois

considérées par les personnes locales comme

un des meilleurs lieux de travail dans leur région.

Elles regroupent des personnes très formées qui

travaillent ensemble pour un salaire stable et décent.

Dans certaines régions où les coopératives jouissent

depuis longtemps d’une forte reconnaissance,

comme en Émilie-Romagne, au Pays basque, au

Québec et dans le Wisconsin, la perception des

coopératives et de leur culture ne s’arrête pas aux

portes des coopératives mais fait partie intégrante

de la culture locale, voire du patrimoine local.

Par ailleurs, dans des pays où les coopératives

sont activement promues par la politique

gouvernementale comme en Afrique du Sud et en

Corée du Sud, le terme « coopérative » devient en soi

un signe d’opportunité. Le rôle de la communication

et de l’éducation est fondamental dans ces situations.

Les coopératives peuvent aussi être mises sur

un piédestal trop élevé et les personnes qui les

entourent ont des difficultés à comprendre qu’elles

peuvent, au même titre que d’autres, subir les

conséquences d’une crise économique, malgré leur

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73

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

résilience. « La Corporation Mondragon a toujours

joui d’une bonne réputation et été considéré comme

exportable. Travailler ici signifie avoir un bon emploi,

qui s’ inscrit dans la durée et est marqué au sceau de

la sécurité. Bon nombre de personnes confrontées

à des problèmes dans d’autres entreprises auraient

des difficultés à imaginer que la nôtre pourrait

s’effondrer »128.

IDEnTITÉ

L’identité dans les coopératives peut se développer

à deux niveaux: au sein de la coopérative et dans le

cadre plus large de la collectivité. Il s’agit à la fois de

l’identité de la personne, de son identification avec la

coopérative et de l’identité de la coopérative en soi.

Les personnes interviewées ont clairement fait

remarquer que leur coopérative avait été un élément

fondamental pour l’insertion et la réhabilitation sociale,

pour la valorisation de l’estime de soi et la confiance en

soi. Une ramasseuse de déchêts qui est travailleuse-

membre d’une coopérative de SEWA en Inde nous a

confié: « On vous voit comme une simple ramasseuse

de déchets [forte stigmatisation sociale]. Avant, je

n’étais qu’une ramasseuse de déchets, aujourd’hui, je

suis une femme de SEWA »129. Une travailleuse d’une

coopérative de soins à la petite enfance de SEWA

nous déclarait: « Avant de rejoindre SEWA, j’étais dans

une situation très critique due à la maladie mentale de

mon mari. Je me battais beaucoup… Les limitations

imposées par ma famille étaient nombreuses ainsi

que son contrôle mais aujourd’hui, je construis ma

propre identité, je fais mes propres choix »130. Une

salariée d’une coopérative de consommation d’Émilie-

Romagne nous a dit: « Mes attentes à l’égard de

l’entreprise est de continuer à être respectée pour ce

que je fais. Je me sens appréciée. J’aime que ce que

je fais soit reconnu. L’estime de mon directeur est une

gratification », et elle a ajouté « je n’échangerais mon

emploi qu’avec celui de mère au foyer »131.

La forte identification entre la personne et son

travail est également perceptible dans l’expérience

de cette travailleuse-membre d’une coopérative de

construction en Émilie-Romagne: « Mon expérience et

celle de mon mari, qui travaille dans une coopérative

ici à Ravenne, est très positive (…). Toute cette

participation, nous la ramenons à la maison. Je parle

tellement de mon travail à la maison, des aspects

sociaux, des activités, de la participation… Cela nous

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74

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

appartient tellement que nous ne nous en rendons pas

compte »132.

Le danger guette bien sûr parce qu’une forte

identification doit être bien gérée par une organisation

du travail adaptée. Un membre d’une coopérative

basque d’éducation nous a dit à cet égard: « Je pense

que la motivation et l’engagement dans le projet

éducatif demeurent inchangés. Avant, je faisais

également partie d’une communauté. Aujourd’hui, je

me sens bien avec le modèle coopératif. Je travaille

sans aucun doute beaucoup plus qu’avant mais

j’assume aussi plus de responsabilités. Je délaisse un

peu ma vie de famille, sans parler de mes temps libres

et de ma vie sociale, voilà quelque chose que je dois

améliorer, mon travail doit être plus efficace »133.

Par ailleurs, une reconnaissance plus profonde au sein

de la coopérative peut provenir d’un engagement dans

des relations plus amicales et plus humaines (comme

nous l’avons entendu à plusieurs reprises), fruit d’une

forte dynamique de participation. Cette dynamique

construit un sens plus aigu de l’identification entre la

personne et sa coopérative. Elle peut se transmettre

de génération en génération, en donnant à la

génération suivante une intégration plus naturelle, une

identification au monde des coopératives. « Mon père

était un membre. J’ai donc appris dans ma jeunesse

à vivre dans un environnement coopératif et j’y ai

toujours été plongé. Mon fils suit la même démarche,

mais… par exemple, mon fils vit cette philosophie

coopérative, c’est ainsi qu’il apprend. »134.

La composante de l’identité qui consolide le lien avec

la communauté au sens large n’est pas étrangère

à la logique de la famille et celle de la réputation

que nous avons abordées et qui alimentent la

culture coopérative. Au fil de leur maturation, elles

peuvent conduire à d’importantes célébrations de la

communauté, ce qui, à son tour, renforce cette culture

et le sens de l’identification entre la communauté et la

coopérative. Se valorise ainsi l’identification entre les

salariés de la coopérative, les travailleurs-membres

et les producteurs-membres, d’une part, et leur

coopérative, d’autre part. Un producteur-membre

d’une coopérative agricole d’Émilie-Romagne nous

disait: « Ici, le 1 mai est la Fête des coopératives. Cela

représente le fait que vous faites partie de quelque

chose, les institutions participent, pas seulement les

institutions locales mais aussi au niveau provincial...

Toute la communauté locale participe. L’engagement

de la communauté est très fort. C’est un moment

de vécu social extrêmement fort. Dans les jours qui

précèdent et qui suivent, différentes initiatives sont

organisées qui marquent la communauté. Des milliers

de personnes participent. C’est une grande valeur

ajoutée qui est utilisée pour assurer le lien avec les

personnes locales, c’est un point de référence de la

communauté locale »135.

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75

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

COMMEnT DES COnDITIOnS SPÉCIFIQuES OnT-ELLES unE InCIDEnCE SuR LES DIFFÉREnTES LOGIQuES DE JuSTIFICATIOn?

Nous partons de l’hypothèse que les caractéristiques de l’emploi coopératif ne sont pas gravées dans le marbre,

mais qu’elles sont plutôt une conjugaison de différents aspects de l’expérience de travail au sein ou dans le

cadre des coopératives à différents moments, et influencent implicitement la manière dont se conjuguent les

différentes logiques de justification.

En ce qui concerne la logique de justification de la participation, la plupart des avis exprimés l’ont

été par des travailleurs-membres dans les coopératives de travail associé. Nous estimons que la

participation des membres n’est pas suffisamment élargie à d’autres types de parties prenantes, ou

pas encore. Nous pouvons cependant constater que certains cadres juridiques permettent déjà à

différentes parties prenantes de devenir membres d’une même coopérative, appelée coopérative

multi-sociétaire, ce qui génère une nouvelle dynamique de gouvernance qui aboutit à la participation

intégrale au sein de la coopérative de toutes les différentes parties prenantes, y compris le personnel

de la coopérative 136.

La logique de justification de la famille est répandue dans les différentes formes de coopératives.

Si le sentiment d’appartenance est plus courant dans les coopératives de travail associé, se

connaître et s’entraider sont des finalités plus souvent évoquées par les salariés de coopératives

d’usagers. Nous pouvons induire de cette observation que dans les coopératives d’usagers, une

relation étroite entre les usagers-membres et les salariés de la même communauté est un élément

important de la gestion des RH et du marketing.

La logique de l’économie est mentionnée explicitement par les membres de coopératives de

production. Dans ces coopératives, l’objectif et la motivation des membres sont principalement de

nature économique. Plus précisément, compte tenu que les membres y travaillent et contactent les

coopératives pour des transactions économiques, l’évaluation qu’ils réalisent de leur travail dans le

cadre des coopératives pourrait se concentrer sur le seul aspect économique et non sur d’autres

aspects qui pourraient être traités sur leur lieu de travail.

La logique de l’orientation guidée par les valeur est perceptible dans toutes les coopératives. Il

est intéressant de constater que de nombreuses déclarations en ce sens proviennent, d’une part,

de coopératives étroitement associées aux initiatives de mouvements sociaux et, d’autre part,

de coopératives qui collaborent avec la société civile et les mouvements sociaux. L’analyse des

motivations du travail dans les coopératives nous donne l’explication du pourquoi ces deux points

sont associés aux expériences personnelles et au patrimoine culturel. Certains travailleurs, qui

mobilisent une logique d’orientation guidée par les valeurs ont vécu des expériences de mouvements

sociaux avant de se tourner vers les coopératives. Certains autres travailleurs ont connu différentes

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76

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

expériences et ont été proches des coopératives dans leurs régions, et les connaissaient donc

avant de s’y engager. Cependant, pour ces travailleurs, il semblerait qu’il y ait parfois des écarts

entre leurs attentes des coopératives dont l’orientation devrait être dictée par leurs valeurs, et la

réalité à laquelle ils sont confrontés.

La logique de la réputation est davantage associée à des régions qu’à des types de coopératives.

Les opinions sur les meilleurs lieux de travail de la région convergent souvent vers les coopératives

relativement importantes en milieu rural. Dans les coopératives d’usagers, sous la pression de la

collectivité environnante, notamment dans des petites villes et des régions rurales où les salariés

font souvent partie de la collectivité, les coopératives se sentent obligées de conserver leurs

salariés, elles le vivent comme une responsabilité. La réputation est un élément plus important

dans les régions où le mouvement coopératif a joué un rôle plus significatif dans le développement

économique et social de leur territoire. Elle est parfois promue par les gouvernements, dans des

régions où les politiques publiques de promotion des coopératives sont plus affirmées.

L’identité semble également être en lien étroit avec la région. Elle est plus tangible là où la culture

coopérative régionale est plus fortement ancrée ainsi que dans les coopératives historiques. Elle

semble plus forte et plus durable que l’identité d’autres types d’entreprises de la même communauté.

Quant à la flexibilité, elle semble présenter deux aspects différents. D’une part, les nouvelles vagues

de coopératives de travail associé, qui ont vu le jour depuis les années 1970, ont été inspirées

par la volonté d’autonomie et d’émancipation exprimée par différentes formes de mouvements

sociaux. Les coopératives de travail associé et leurs formes innovantes plus récentes, telles que les

coopératives multi-sociétaires, les coopératives de proximité et les coopératives françaises d’activité

et d’emploi s’inscrivent dans le prolongement de cette inspiration en mettant à la disposition des

formes d’organisation flexibles et innovantes: dans ces cas de figure, la flexibilité est plus associée

à un type de coopérative. Par ailleurs, avec l’évolution des formes industrielles et la mondialisation

grandissante des marchés, la logique de flexibilité est parfois davantage la résultante du caractère

des activités économiques qui prévalent dans la coopérative. L’internationalisation croissante des

activités économiques de certaines coopératives et de groupes coopératifs soulève des questions

d’équité dans les relations avec les partenaires économiques des coopératives et elles peuvent

avoir une incidence sur la logique de la flexibilité.

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77

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

nOTES

43. Le nombre de producteurs-membres (41.455) a dû être sous-estimé dans les statistiques officielles (données du ministère québequois du Développement économique, de l’Innovation et des Exportations, année de référence 2010). Les membres de coopératives membres de La Coop fédérée étaient déjà 63.000 en 2013 (La Coop fédérée, Rapport annuel 2013)

44. En Espagne, les travailleurs-membres ne sont pas seulement présents dans les coopératives de travail associé mais aussi dans d’autres types de coopératives comme des coopératives de consommation. Eroski, la coopérative de consommation la plus importante du Pays basque emploie 38.420 travailleurs dont 12.620 sont des travailleurs-membres. Cf. www.eroski.es/conoce-eroski/memoria-2012/principales-datos-relevantes-de-2012

45. En 2008, le groupe coopératif Mondragon s’arrogeait une part de 3,6% du PIB du Pays basque et 6,6% de son PIB industriel (OECD 2011, p. 55)

46. Parmi les interviews réalisées, une coopérative d’agriculture biologique située dans une très petite ville du Wisconsin a attiré de nombreux travailleurs et généré, indirectement, de nombreux emplois dans cette zone rurale

47. En 2012, les salariés de Mondragon représentaient 3,7% de l’emploi au Pays basque, soit plus de la moitié du nombre total d’emplois dans les coopératives

48. Les données chiffrées du Tableau 18 sur les coopératives agricoles reflètent bien le contraste entre Kanagawa et le Wisconsin. Nous pouvons supposer que cette différence révèle les différences de gestion des coopératives agricoles au Japon et aux États-Unis. Une autre observation est que, même si les données du Nord Pas-de-Calais représentent tous les types de cooperatives, 53,3% des emplois se trouvent dans le secteur des services financiers: nous pouvons affirmer que les données du Nord Pas-de-Calais reflètent dans une large mesure l’emploi dans les cooperatives financières

49. Le jugement ne peut être unilatéral: si les conditions de travail peuvent être qualifiées conventionnellement de mauvaises à l’aune d’une relation employeur-salarié, nous pouvons y trouver des justifications que nous examinerons dans le chapitre suivant

50. “En ce qui concerne l’agriculture, on estime que les femmes produisent jusqu’à 80% de la nourriture en Afrique. Pourtant, quand il s’agit des intrants et des services agricoles, la part allant aux femmes est maigre: elles ne reçoivent que 7% des services de vulgarisation agricole, moins de 10% de l’offre de crédit pour les petits agriculteurs, et ne possèdent que 1% de la terre”, de OIT (2012) Empower rural Women – end poverty and hunger: the potential of African cooperatives, Brochure du projet CoopAfrica; OIT: Genève, p. 1

51. 30% au Kénya, 40% en Tanzanie and 42% en Ouganda, selon OIT 2012, How women fare in East African cooperatives: the case of Kenya, Tanzania and Uganda; OIT: Genève, p.7

52. Fédération Desjardins (2014): Portrait de la main d’œuvre du mouvement Desjardins au 31 décembre 2013

53. La raison peut en être le manque d’activités ou la prestation bénévole des services administratifs de base par les producteurs-membres ou les usagers-membres

54. Données fournies par la Direction du développement des coopératives, Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation du Québec

55. Ceci a été calculé au niveau national par la CG Scop pour la France, où 59% de l’emploi dans les coopératives de travail associé et dans les sociétés coopératives d’intérêt collectif (l’équivalent français approximatif de coopérative sociale) se trouve dans les entreprises de plus de 50 travailleurs; voir www.les-scop.coop/sites/fr/les-chiffres-cles/

56. Celles-ci comprennent: la Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail, 1998 la convention sur le travail forcé, 1930; la convention sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical, 1948; la convention sur le droit d’organisation et de négociation collective, 1949; la convention sur l’égalité de rémunération, 1951; la convention concernant la sécurité sociale (norme minimum), 1952; la convention sur l’abolition du travail forcé, 1957; la convention concernant la discrimination (emploi et profession), 1958; la convention sur la politique de l’emploi, 1964; la convention sur l’âge minimum, 1973; la convention et la recommandation sur les organisations de travailleurs ruraux, 1975; la convention et la recommandation sur la mise en valeur des ressources humaines, 1975; la recommandation concernant la politique de l’emploi (dispositions complémentaires), 1984; la recommandation sur la création d’emplois dans les petites et moyennes entreprises, 1998; et la convention sur les pires formes de travail des enfants, 1999; voir www.ilo.org/dyn/normlex/fr/f?p=NORMLEXPUB:12100:0::NO::P12100_ILO_CODE:R193

57. Selon Richez-Battesti et al., 2013, p. 87

58. Malgré cette similarité superficielle, cette position affirmée semble être fondamentalement différente de la notion de culture plus humaine du lieu de travail que chérissent de nombreuses entreprises parce que cette notion semble trouver

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78

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

son origine dans l’identité même des coopératives en tant qu’associations de personnes, plutôt que dans une stratégie de culture du lieu de travail ou en encadrement du personnel qui, en général, est subordonné en dernière instance aux intérêts financiers des actionnaires

59. Cf. également Lindenthal (1994), p. 50

60. Employee 2, agriculture service cooperative, Wisconsin, USA

61. Producteur-membre, coopérative agricole, Québec, Canada

62. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (secteur manufacturier), Pays basque, Espagne

63. Salarié (directeur), coopérative financière, Gauteng, Afrique du Sud

64. Travailleur-membre, consortium de coopératives sociales, Émilie-Romagne, Italie

65. Travailleur-membre, collectif de travailleurs (mutuelle d’assurance), Kanagawa, Japon

66. Par exemple, le secteur de la construction au Québec est très réglementé par une commission provinciale tripartite composée d’employeurs, de syndicats et de représentants du gouvernement. La formation et la qualification, les niveaux de salaires, les conditions de travail et la sécurité sociale sont régis par cette commission. Les coopératives peuvent ainsi se positionner, pratiquer un coût du travail similaire à celui des concurrents, la compétitivité se fondant sur les aspects plus techniques et de gestion que sur une baisse des coûts du travail. Par ailleurs, les coopératives engagées dans la prestation de services d’intérêt général, dont les principaux clients sont les collectivités publiques, sont souvent très réglementées par le secteur public. Ces coopératives essaient de négocier avec les collectivités publiques, en coopération ou non avec les organisations syndicales (Cardinale, Migliorin et Zarri, 2014)

67. Travailleurs-membres, coopérative de travail associé (soins à la petite enfance), Ahmedabad, Inde

68. Salarié, coopérative agricole, Émilie-Romagne, Italie

69. Producteur-membre, coopérative agricole, Pays basque, Espagne

70. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (secteur manufacturier), Pays basque, Espagne

71. Nous n’avons cependant pas suivi strictement les catégories originales proposées par Boltanski et Thevenot. Sur la base de l’analyse des interviews, nous avons ajouté une logique de justification fondée sur l’identité

72. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (construction), Émilie-Romagne, Italie

73. Travailleur-membre, collectif de travailleurs (mutuelle d’assurance), Kanagawa, Japan

74. Ancien travailleur-membre, coopérative de travail associé (techniques d’information), Émilie-Romagne, Italie

75. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (prestation de soins), Kanagawa, Japan

76. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (ingénierie), Wisconsin, États-Unis

77. Ibid.

78. Salarié, coopérative de consommation, Émilie-Romagne, Italie

79. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (produits de papier), Paraiba, Brésil

80. Travailleur-membre, coopérative de personnes âgées (prestation de soins), Kanagawa, Japan

81. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (nettoyage, fédération régionale), Kanagawa, Japon

82. Salarié, filiale (mutuelle d’assurance), Wisconsin, États-Unis

83. Travailleur-membre, collectif de travailleurs (mutuelle d’assurance), Kanagawa, Japan

84. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (service de santé mentale), Wisconsin, États-Unis

85. Travailleur-membre 1, coopérative de travail associé (taxi), Wisconsin, États-Unis

86. Travailleur-membre 2, coopérative de travail associé (taxi), Wisconsin, États-Unis

87. Travailleur-membre 3, coopérative de travail associé (taxi), Wisconsin, États-Unis

88. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (nettoyage, fédération régionale), Kanagawa, Japon

89. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (ingénierie), Wisconsin, États-Unis

90. Travailleur-membre, coopérative de consommation, Pays basque, Espagne

91. Salarié, coopérative de crédit, Émilie-Romagne, Italie

92. Salarié 1, coopérative de services agricoles, Wisconsin, États-Unis

93. Travailleur-membre, coopérative de personnes âgées (prestation de soins), Kanagawa, Japon

94. Ibid.

95. Salarié, coopérative d’assurance, Santa Fe, Argentine

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79

3 L’EMPLOI COOPÉRATIF: ANALYSE DES 10 RÉGIONS ÉTUDIÉES

96. Salarié, coopérative sociale (repas à empoter, restauration, restaurant), Gangwon, Corée du Sud

97. Travailleur-membre, coopérative de travail associé ((ingénierie), Wisconsin, États-Unis

98. Salarié 1, coopérative de services agricoles, Wisconsin, États-Unis

99. Travailleur-membre, coopérative de personnes âgées (prestation de soins), Kanagawa, Japon

100. Salarié, coopérative d’agriculture biologique, Wisconsin, États-Unis

101. Salarié, coopérative de travail associé (de services divers), Émilie-Romagne, Italie

102. Salariés, coopérative de consommation, Kanagawa, Japon

103. Salarié, coopérative de consommation, Émilie-Romagne, Italie

104. Salarié, coopérative de travail associé (de services divers), Émilie-Romagne, Italie

105. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (secteur manufacturier), Pays basque, Espagne

106. Salarié, coopérative de crédit, Émilie-Romagne, Italie

107. Salarié, coopérative de travail associé (de services divers), Émilie-Romagne, Italie

108. Salarié 2, coopérative de consommation, Kanagawa, Japon

109. Salarié, coopérative laitière, Santa Fe, Argentine

110. Producteur-membre, coopérative de transport (taxi), Paraiba, Brésil

111. Salarié, coopérative de consommation, Québec, Canada

112. Travailleur-membre, coopérative industrielle, Pays basque, Espagne

113. Travailleur-membre 1, coopérative de travail associé (services de santé mentale), Wisconsin, États-Unis

114. Ibid.

115. Travailleur-membre, coopérative de personnes âgées (soins), Kanagawa, Japon

116. Dans le cas de coopératives de la construction, le problème concerne les travailleurs locaux employés temporairement sur des sites de construction. Nous savons cependant que dans de nombreux pays, il n’existe pas de réglementation qui protège les travailleurs de la construction soumis à ce genre de flexibilité qu’impose la nature même de leur activité économique

117. Ancien travailleur-membre, coopérative de travail associé (techniques de l’information), Émilie-Romagne, Italie

118. Salarié 3, coopérative de consommation, Kanagawa, Japon

119. Salarié, filiale (mutuelle d’assurance), Wisconsin, États-Unis

120. Salarié 1, coopératives de services agricoles, Wisconsin, États-Unis

121. Salarié, coopérative de consommation, Gangwon, Corée du Sud

122. Travailleur-membre 2, coopérative de travail associé (taxi), Wisconsin, États-Unis

123. Travailleur-membre, coopérative sociale (soins à la petite enfance), Émilie-Romagne, Italie

124. Salarié 1, coopérative de consommation, Kanagawa, Japon

125. Travailleur-membre, coopérative de personnes âgées (soins), Kanagawa, Japon

126. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (soins), Kanagawa, Japon

127. Salarié, coopérative de crédit, Émilie-Romagne, Italie

128. Travailleur-membre, coopérative de consommation, Pays basque, Espagne

129. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (éboueuse), Ahmedabad, Inde

130. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (soins à la petite enfance), Ahmedabad, Inde

131. Salarié, coopérative de consommation, Émilie-Romagne, Italie

132. Travailleur-membre, coopérative de travail associé (construction), Émilie-Romagne, Italie

133. Travailleur-membre, coopérative d’éducation, Pays basque, Espagne

134. Producteur-membre, coopérative agricole, Québec, Canada

135. Producteur-membre, coopérative agricole, Émilie-Romagne, Italie

136. En Espagne, les travailleurs-membres de coopératives ne se limitent pas aux coopératives de travail associé. Dans certains autres types de coopératives, les salariés peuvent être membres, travailleurs-membres ou travailleurs-membres. Dans des pays comme la France, le Québec au Canada, l’Italie et la Corée du Sud, il existe des formes juridiques spécifiques de coopératives multi-sociétaires. Celles-ci ont développé un modèle de gouvernance innovant qui permet aux différents acteurs de la collectivité locale de travailler ensemble dans l’intérêt général ou collectif de leur territoire

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CHAPITRE 4EMPLOI COOPÉRATIF ET EnTREPREnEuRIAT COOPÉRATIF

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4 EMPLOI COOPÉRATIF ET ENTREPRENEURIAT COOPÉRATIF

81

Dans la deuxième partie du chapitre précédent, nous avons examiné les traits

spécifiques de l’emploi au sein et dans le cadre des coopératives, sur la base de l’analyse

des visites et des interviews de personnes réalisées au cours du travail de terrain dans

les 10 régions retenues. Nous avons observé une série de caractéristiques de l’emploi

coopératif, malgré l’utilisation prédominante soit du statut de salarié classique soit de

celui d’indépendant.

Dans ce chapitre, nous examinons comment et dans quelle mesure les caractéristiques

de l’emploi coopératif analysées au Chapitre 3 sont propices au développement

entrepreneurial et à la durabilité des coopératives, ainsi que les défis qu’affronte

l’emploi coopératif dans une économie globalisée et dans un environnement mondial

exposé aux crises. Nous nous inspirons ici du matériel réuni lors du travail de terrain et

d’études réalisées antérieurement (Roelants et al. 2011; Zevi et al. 2011; Roelants et al.

2012), ainsi que de la connaissance accumulée par le réseau d’entreprises coopératives

de CICOPA.

Du point de vue de ce qu’est par essence une coopérative, l’emploi coopératif, et toutes ses

caractéristiques que nous avons identifiées dans le chapitre précédent, est difficilement dissociable

de l’entrepreneuriat coopératif. Les deux aspects des coopératives en tant qu’ « associations

autonomes de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins

économiques, sociaux et environnementaux communs » et « dont la propriété est collective et où

le pouvoir est exercé démocratiquement »137 sont l’avers et l’envers d’une même médaille. Ce n’est

qu’en améliorant leur durabilité économique que les coopératives et les groupes coopératif peuvent

assurer la stabilité de l’emploi de leurs salariés et travailleurs-membres à long terme ainsi que les

activités économiques des producteurs indépendants qui en sont membres. Réciproquement,

compte tenu de la nature spécifique d’un éventail de parties prenantes et de la dynamique des

coopératives, la durabilité économique de celles-ci devrait logiquement être directement fonction

du mode de contribution des salariés, des travailleurs-membres et des producteurs indépendants à

leur entreprise, basé sur leur attitude à son égard. Nous devons vérifier cette hypothèse théorique à

la lumière de ce que nous avons observé au cours du travail de terrain et dans nos études antérieures.

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82

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

4.1. COMMEnT LES CARACTÉRISTIQuES DE L’EMPLOI COOPÉRATIF OnT-ELLES unE InCIDEnCE SuR LA DuRABILITÉ DES COOPÉRATIVES ET VICE VERSA?

4.1.1. LA DuRÉE À LOnG TERME DE L’EMPLOI

La finalité des coopératives, dans la plupart des cas, est de s’inscrire dans la durée: la satisfaction des besoins et

aspirations des personnes, qui est au cœur de leur mission, s’inscrit généralement dans la durabilité et le long terme

(emploi, production, consommation, logement, utilisation de services de base, etc.). En outre, les parties prenantes

auxquelles s’adresse la coopérative ne sont pas des personnes isolées mais aussi des catégories de parties prenantes

qui se renouvellent constamment dans la coopérative. Cette rotation lente mais ininterrompue des membres de la

même catégorie de parties prenantes tend à générer des stratégies à long terme de l’entreprise qui peuvent, à leur

tour, favoriser l’emploi à long terme ainsi que d’autres facteurs. La longévité de l’emploi est une tendance que nous

avons pu vérifier dans chacune des 10 régions dans lesquelles nous avons réalisé le travail de terrain, bien que nous

n’ayons pas pu étayer notre propos avec des données quantitatives. Il est évident que cette sécurité de l’emploi n’est

pas absolue et requiert la durabilité de l’entreprise. Cependant, la perception par les travailleurs et les producteurs d’un

emploi ou d’une activité économique stable constitue une base importante de leur attitude vis-à-vis de la coopérative

(cf. 4.1.2. ci-dessous). Un salarié d’une coopérative d’assurance à Santa Fe, Argentine, nous disait: « Les personnes font

habituellement toute leur carrière dans l’entreprise, vous y trouvez des personnes qui y travaillent depuis 30 ans et

plus, et qui continueront jusqu’à l’âge de leur retraite»138.

La même logique anime les producteurs-membres dans une perspective intergénérationnelle. Un membre d’une

coopérative agricole en Émilie-Romagne explique comment il a succédé à son oncle en tant que membre et continue

à percevoir son engagement dans une perspective familiale: « Dans la prise de décision, le membre continue à refléter

la position et les souhaits de sa famille. Je suis officiellement le membre mais la gestion se réalise au niveau familial et

c’est, je crois, la plus belle des choses pour maintenir le statut rural »139.

4.1.2. L’ATTITuDE Du PERSOnnEL ET DES MEMBRES

Les logiques de justification de la participation et de la

famille, que nous trouvons au Chapitre 3, engendrent

une attitude qui peut être porteuse de durabilité

entrepreneuriale.

Premièrement, l’attitude participative engendre un sens

de responsabilité et d’appartenance, tant individuel que

collectif. Une jeune femme qui est travailleuse-membre

d’une coopérative d’artisanat dans une banlieue de

Johannesbourg nous a dit: « Vous détenez votre entreprise,

vous devez en faire quelque chose, elle grandira, s’élèvera

vers un autre niveau… » Mais dans une autre entreprise:

« Je n’ai pas de responsabilités, je vais au travail tous

les jours, juste au travail »140. La prise de conscience de

la rentabilité de la coopérative à laquelle le travailleur

contribue renforce ce sentiment. Un travailleur-membre

d’une coopérative industrielle du groupe Mondragon

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83

4 EMPLOI COOPÉRATIF ET ENTREPRENEURIAT COOPÉRATIF

estime que « tous les modèles sont bons mais la

coopérative est le modèle qui m’attire le plus parce que

ma performance est directement proportionnelle aux

résultats engrangés… Les membres de cette entreprise

sont ceux qui en bénéficient directement le plus »141.

Par exemple, dans des coopératives qui sont en relation

tous les jours avec leurs clients, cette attitude donne des

résultats concrets dans le cadre relationnel, elle valorise

donc la durabilité économique parce que les clients

sont particulièrement bien traités. Une travailleuse-

membre d’une coopérative de consommation du Pays

Basque considère que comparé à un autre hypermarché:

« Pour moi, c’est différent, je sens que je fais partie de

l’entreprise… Je pense que c’est important lorsque vous

y travaillez, que vous consentez des efforts pour mieux

servir votre public »142.

Nous voyons également qu’en période économique

difficile, les travailleurs-membres peuvent décider d’une

diminution temporaire de leur salaire, de l’abandon

d’une partie de la redistribution des excédents, et

même du remboursement partiel de l’endettement de la

coopérative en renonçant à une partie de leurs parts de

capital. La femme que nous avons citée ci-dessus nous a

expliqué que les travailleurs-membres de sa coopérative

ont renoncé à une partie du capital qu’ils détenaient pour

aider à payer les dettes de l’entreprise. La décision a été

prise démocratiquement, par la voie de la consultation, du

débat et d’un vote: « Lors de l’assemblée générale, nous

avons été consultés, on nous a présenté les comptes,

nous avons compris la nécessité de payer et nous avons

voté en ce sens »143. La décision démocratique légitime et

sécurise la mise en œuvre de la mesure.

Si cette attitude est particulièrement bien ancrée chez

les travailleurs-membres, elle est également perceptible

chez les simples salariés, comme le révèle ce salarié

de la coopérative sociale médicale de Wongju, Corée

du Sud, à qui a été posée la question de la différence

entre travailler dans la coopérative et travailler dans

un autre environnement de travail: « C’est différent. Les

compétences ne sont pas différentes mais la mentalité

est différente »144. Un salarié d’une coopérative agricole

dans le Wisconsin aux États-Unis prétend même que

« nous parvenons à réaliser le même travail que d’autres

détaillants, et même plus, avec moins de salariés » et il

ajoute que « nous sommes rémunérés au taux barémique

le plus élevé »145, ce qui constitue certainement un facteur

important de motivation, qui n’est cependant réalisable

que grâce à l’attitude même des salariés envers leur rôle

professionnel.

Cette mentalité permet d’encourager l’initiative

personnelle pour atteindre des objectifs qui ont été

décidés rigoureusement en fonction des nécessités

entrepreneuriales, comme en témoigne une salariée

d’une coopérative de consommation d’Émilie-Romagne

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84

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

concernant l’objectif de sa coopérative «… que je dois

réaliser dans le cadre de règles économiques fixes,

contractuelles… J’ai toute liberté pour décider de comment

je réalise cet objectif. C’est ma responsabilité. La finalité

est de tirer le meilleur de chaque personne. Dans de

nombreuses entreprises privées, je pense qu’on demande

simplement aux travailleurs de réaliser des tâches

précises »146. Un tel sens de l’initiative personnelle est un

facteur important de productivité et d’esprit d’innovation

au sein de l’entreprise.

L’attitude participative du personnel des coopératives

peut également avoir des retombées positives sur la

capacité de la coopérative de pénétrer de nouveaux

marchés (par exemple, en trouvant de nouveaux membres

pour la coopérative de consommation), ou de reconstruire

les marchés existants (comme lors de la transmission

d’entreprises sans successeur ou en crise). Par exemple, les

salariés des coopératives de consommation de Kanagawa,

Japon, profitent des livraisons à domicile pour s’allier de

nouveaux membres et dynamiser les anciens membres.

Le personnel et les membres d’une coopérative laitière au

Paraíba au Brésil, dont la plupart proviennent de villages

reculés, se mobilisent et ont une stratégie de vente très

proactive avec des vendeurs dans toute la région du Nord-

Est du Brésil. Cette caractéristique est particulièrement

importante dans les coopératives de travail associé

qui sont l’aboutissement de la restructuration d’une

entreprise en crise, comme en témoigne une coopérative

de travail associé dans le secteur métallurgique à Santa

Fe, Argentine, pour laquelle les travailleurs-membres qui

se limitaient avant au travail de sous-traitance pour la

principale entreprise métallurgique locale parviennent

progressivement à diversifier leur clientèle et à développer

l’emploi qui est passé de 80 personnes, lors de la

constitution de la coopérative en 1996, à 263 aujourd’hui.

Un autre constat est que cette attitude du personnel

et des producteurs-membres a tendance à enrichir

la confiance que certaines personnes interviewées

estiment être une condition fondamentale de la durabilité

économique de leur coopérative. Par exemple, un

producteur-membre d’une coopérative agricole d’Émilie-

Romagne est convaincu que « le membre doit croire

dans la coopérative: s’il n’a pas confiance en elle, elle ne

grandira pas. – Et comment vous assurer que les membres

aient confiance dans la coopérative ? – Par la valeur de

l’exemple… La transparence, le sérieux, la compétitivité

du marché, des règles claires, transparentes et bien

décodées. Les conditions de service aux membres doivent

être claires »147.

Dans certains cas, cette attitude peut anticiper les

changements dans les besoins des citoyens, la nécessité de

nouveaux services sociaux ou environnementaux. Ceci est

fondamental compte tenu que la satisfaction des besoins

des personnes est la mission même des coopératives et,

par conséquent, leur durabilité économique ne peut être

assurée sans prendre constamment en considération

cette composante. Par exemple, les coopératives sociales

en Italie ont été les premiers prestataires de services

sociaux aux patients du SIDA au début des années 1990,

lorsque le gouvernement n’assurait pas de tels services.

Des salariés isolés mais engagés peuvent anticiper les

changements à venir. Une salariée d’une coopérative de

Page 85: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

85

4 EMPLOI COOPÉRATIF ET ENTREPRENEURIAT COOPÉRATIF

consommation à Kanagawa, Japon, a postulé pour un

emploi, portée par ses convictions environnementales:

« Lorsque j’étudiais à l’université,… j’étais engagée dans

un mouvement écologique. …Ensuite, au cours de ma

recherche d’emploi, j’ai rencontré des coopératives de

consommation. Les coopératives de consommation ne

produisent que les déchets inévitables, » ou, du moins,

« …c’est une vision importante de l’avenir que je veux

construire… Il est important d’imaginer l’avenir et de

le relier à son travail au jour le jour. Je suis aujourd’hui

responsable d’augmenter le nombre de membres »148. Sa

conviction environnementale pourrait devenir un facteur

entrepreneurial fort et innovatif au fil de la prise de

conscience progressive des membres.

4.1.3. ÉDuCATIOn ET FORMATIOn

L’éducation et la formation sont considérées universellement comme une composante clé de la durabilité de l’entreprise

et constituent un des principes coopératifs149. Elles sont fondamentales pour que se conjuguent les deux éléments qui

sont généralement requis du personnel des coopératives (cf. Chapitre 3), à savoir la compétence professionnelle et

la connaissance du mode de fonctionnement des coopératives. Si le recrutement (cf. Chapitre 3) prend la plupart du

temps en considération ces deux dimensions, une éducation et une formation adéquates peuvent garantir une meilleure

intégration entre elles. Investir dans l’éducation et la formation s’est avéré être un facteur fondamental de la durabilité

économique de grand groupes coopératif comme le groupe Mondragon.

Une travailleuse-membre de Mondragon nous a expliqué comment, à l’instar d’autres membres du personnel, elle forme

d’autres travailleurs. « Ici, ce n’est pas le patron qui enseigne mais chacun transmet ce qu’il a appris »150.

L’éducation s’est avérée être d’une importance majeure, par exemple, dans les coopératives de crédit de Corée du Sud

pour dépasser la crise de 1997 et, ensuite, redevenir durables. Alors que de nombreuses coopératives de crédit ont

disparu à cette époque, une coopérative de crédit dont les programmes d’éducation des membres sont meilleurs a

surmonté la tempête, grâce en premier lieu à la fidélité de ses membres au fil des années durant lesquelles elle n’a pas

pu pratiquer de redistribution des bénéfices. L’importance fondamentale d’un tel programme d’éducation est expliquée

par un de ses salariés: « Si de nombreux membres sont des fidèles à tout crin, la plupart des membres nous rejoignent

pour des raisons d’opportunité ou de relation personnelle. C’est pourquoi nous essayons de les éduquer sans relâche.

Sinon, la confiance s’étiolera… Les finances de la coopérative sont soumises à un processus décisionnel lent pour bien

fonctionner. Il est donc difficile pour des coopératives de crédit de se hisser au niveau de la logique bancaire privée. À

mon avis, nous ne pouvons pas rivaliser avec la banque privée en matière de développement de produits et de gros

investissements… Je suis donc convaincu que l’éducation est l’élément le plus important »151.

S’agissant d’éducation et de formation, l’enjeu n’est pas seulement l’éducation et la formation formelle mais également

toute prise de décision qui peut constituer une opportunité importante de former les membres et les salariés. Le filtre

coopératif, un outil développé par une coopérative de services funéraires au Québec permet aux administrateurs de la

coopérative et à ses salariés de réfléchir à leurs décisions à la lumière de leurs valeurs et principes qu’ils conservent

sur une carte (ledit filtre coopératif). Ce simple outil transforme ce processus de prise de décision en une formation

coopérative journalière.

Page 86: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

86

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

4.1.4. COnSTITuTIOn DE RÉSERVES FInAnCIÈRES

La constitution de réserves financières, qui fait

également partie des principes coopératifs152, a révélé

son utilité en temps de crises, et a aidé les coopératives

à tenir pendant plusieurs mois et à conserver leur main-

d’œuvre jusque dans la phase la plus aiguë de la crise.

Grâce également aux parts de capital détenues par

les membres, elles ont joué un rôle fondamental dans

la création d’emplois, compte tenu que les finances

des coopératives échappent aux marchés financiers

(sauf dans quelques cas exceptionnels et de manière

très marginale). Faisons également remarquer que la

mission des coopératives n’est pas la rémunération du

capital mais la satisfaction des besoins et aspirations

des membres: les membres sont donc plus disposés

à utiliser le capital et les réserves pour assurer la

durabilité de l’entreprise que comme un but en lui-

même, et les effets sur l’emploi des salariés sont

positifs, tout comme sur les travailleurs-membres et

les producteurs. Notre travail a également montré

que l’interaction entre le personnel et les membres,

fondée sur une attitude proactive et de dévouement

de la part du personnel, peut être un élément

important dans le processus de renforcement des

réserves financières. Un salarié de la Fédération

Desjardins nous confiait: « Nous sommes reconnus

comme étant une des institutions financières les plus

fortes au monde parce que nous disposons d’une

forte capitalisation: à la vérité ce que nous disons à

nos membres est que nous pourrions redistribuer plus

mais notre institution financière en serait affaiblie. »

Les membres sont réceptifs à ce message parce que

les caisses Desjardins « sont proches des besoins des

membres et les personnes se sentent concernées »153.

La durabilité entrepreneuriale de Desjardins repose

largement sur le dévouement de son personnel mais

en revanche, le groupe assure une sécurité d’emploi à

ses plus de 40.000 travailleurs seulement au Québec,

où il est l’employeur numéro un de la province.

Page 87: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

87

4 EMPLOI COOPÉRATIF ET ENTREPRENEURIAT COOPÉRATIF

4.1.5. COnTRIBuTIOn À LA FORMALISATIOn DE L’EMPLOI ET DE L’ÉCOnOMIE

Aucun projet entrepreneurial n’est estimé

durable économiquement à long terme s’il

n’est pas accompagné d’une démarche

de formalisation. Seulement si elle évolue

dans l’économie formelle, l’entreprise

coopérative peut tisser des partenariats

et relations économiques à long terme. En

outre, les coopératives requièrent un haut

niveau d’institutionnalisation afin de faire

fonctionner correctement leur système de

gouvernance démocratique avec toutes

les garanties nécessaires qui, à leur tour,

font partie intégrante du fonctionnement

entrepreneurial de base: cette dynamique

institutionnalisée ne peut s’ancrer à long

terme dans l’économie informelle.

Depuis leur origine il y a deux siècles, les coopératives ont généralement fourni à leurs travailleurs et producteurs-

membres le niveau de formalisation le plus élevé que leur environnement national leur a permis de réaliser. Nous

pouvons voir, par exemple, que dans les coopératives de femmes de SEWA en Inde, la formalisation progressive

des emplois et activités économiques des femmes-membres a clairement amélioré la durabilité économique de

ces activités et emplois.

Au sein de SEWA, les travailleuses-membres sont officiellement enregistrées dans leurs coopératives, et

encouragées à le faire pour bénéficier d’une reconnaissance pleine et entière, et par ailleurs, avoir un travail et

des revenus réguliers. Cependant, le statut de travailleuse-membre ou de productrice-membre n’est souvent

pas reconnu officiellement. Bien que 90% des travailleurs du Gujarat et pratiquement tous ceux qui travaillent

dans les activités dans lesquelles sont impliquées les coopératives de SEWA (récupération de déchets, artisanat,

construction, etc.) ne sont pas des travailleurs reconnus officiellement, le problème ne relève plus de SEWA

mais d’un niveau plus large, impliquant tous les niveaux de gouvernement. SEWA a assuré le niveau le plus élevé

de formalisation de l’emploi que ses attributions, comme celles de ses coopératives, lui permettent d’octroyer:

l’enregistrement officiel auprès d’une entreprise reconnue officiellement lorsque c’est possible, ainsi que le travail

et les revenus réguliers, autant de conditions qui sont négociés en interne au sein du syndicat de SEWA.

Mais les pays en développement et émergents n’ont pas le monopole de cette tendance à la formalisation. Dans

de nombreux secteurs, comme les services sociaux et la construction, la transition vers la formalisation de

l’économie et de l’emploi est une lutte ardue, même dans les pays développés, et les coopératives semblent y

parvenir dans leur grande majorité. Il s’agit notamment d’un élément important de transparence.

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88

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

Les coopératives répondent progressivement à de nouveaux besoins d’emploi difficiles à satisfaire dans le système

d’emploi actuellement en vigueur, tout en encourageant les personnes à travailler dans l’économie formelle.

Les coopératives françaises d’activité et d’emploi aident les personnes à mettre à l’épreuve et à développer

leur propre projet entrepreneurial tout en bénéficiant d’un statut de salarié et d’une couverture intégrale de

sécurité sociale, et en leur allégeant le fardeau administratif pendant un certain temps. Lorsqu’elles parviennent à

convertir leur propre projet en véritable entreprise, ces personnes peuvent quitter ou rester dans la coopérative.

Un mécanisme est prévu qui permet aux personnes sans emploi de passer progressivement du statut de chômeur

à celui de leur nouvelle activité économique. Ce modèle de coopératives permet à des entrepreneurs individuels

de travailler à leur propre projet individuel dans le cadre d’un système collectif et dans l’économie formelle, et est

une importante innovation organisationnelle.

4.1.6. LA COOPÉRATIOn EnTRE TRAVAILLEuRS, uSAGERS, PRODuCTEuRS ET AuTRES PARTIES PREnAnTES

La tendance actuelle à la création de coopératives

multi-sociétaires, évoquée au Chapitre 3, permet de

conjuguer les intérêts de différents types de parties

prenantes dans une même coopérative, en disposant

d’une pondération des voix aux assemblées générales

et aux conseils d’administration, qui reflète les

différents intérêts engagés, et ce mode coopératif, qui

est une autre innovation organisationnelle clé, peut

être un élément fort de la durabilité de l’entreprise.

La structure permet aux coopératives de répondre

plus efficacement aux besoins de la collectivité en

engageant tous les acteurs clés d’un projet territorial

qui en jouissent de tous les avantages de compétitivité

et durabilité. C’est un des principes fondamentaux

du groupe Mondragon depuis le début des années

1960. Plusieurs coopératives clés du groupe (banque,

université, centres de recherche industrielle,

coopératives d’éducation, coopératives agricoles)

sont multi-sociétaires et comprennent des membres

tels que des consommateurs, des étudiants, des

producteurs agricoles et d’autres coopératives. Elles

intègrent également les travailleurs. Ces coopératives

ne sont pas de simples coopératives qui réunissent

différentes parties prenantes, disposant d’un nombre

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89

4 EMPLOI COOPÉRATIF ET ENTREPRENEURIAT COOPÉRATIF

de voix pondéré lors des assemblées générales

et des conseils d’administration: l’intégration des

travailleurs comme leurs membres au sein de toutes

les coopératives du groupe (et pas seulement des

coopératives de travail associé) s’est avérée être un

vecteur important de leur motivation à participer, dont

les retombées sur la durabilité des coopératives ont

été importantes, ce que nous avons pu vérifier une fois

de plus dans le cadre de ce travail de terrain.

La coopération entre le personnel et les membres

peut également prendre d’autres formes, comme

le recrutement du personnel parmi les personnes

qui ont une expérience de gestion dans le cadre du

conseil d’administration de la coopérative ou du

groupe coopératif, comme en atteste le Mouvement

Desjardins au Québec. Une salariée de la Fédération

Desjardins, l’entité qui coordonne le Mouvement, nous

expliquait qu’elle avait été administratrice d’une caisse

Desjardins avant d’être engagée comme salariée.

Le recrutement parmi les membres, notamment les

administrateurs, est une assurance que les candidats

connaissent l’organisation et le travail, et auront

tendance à mieux comprendre les membres au service

desquels ils seront.

4.1.7. ÉCOnOMIES D’ÉCHELLE

Les coopératives peuvent être considérées comme des agents d’économies d’échelle : il s’agit d’une des

principales caractéristiques entrepreneuriales qui leur permet de satisfaire les besoins et les aspirations des

personnes, en réalisant collectivement ce qui ne peut se faire individuellement ou beaucoup plus difficilement.

Les économies d’échelle des coopératives se caractérisent par un contrôle démocratique et une gouvernance

horizontale, et, comme nous le verrons ci-dessous, sont influencées positivement par l’attitude évoquée de la

participation des membres et du personnel. En revanche, le renforcement et l’élargissement incessants des

économies d’échelle des coopératives sont une des principales raisons de leur durabilité. De telles économies

d’échelle peuvent se développer au sein de coopératives, entre coopératives, ou entre coopératives et d’autres

acteurs. Elles sont fondamentales pour la consolidation de l’emploi coopératif (de personnes travaillant au sein

ou dans le cadre des coopératives) et, vice versa, l’emploi coopératif a tendance à renforcer ces économies

d’échelle.

ÉCOnOMIES D’ÉCHELLE Au SEIn DES COOPÉRATIVES

Le simple fait de coopérer entre producteurs-

membres d’une même coopérative implique de

partager les outils de production. C’est ce que font

des coopératives de pêche en Émilie-Romagne en

se se partageant les bateaux de pêche. Il en va de

même des coopératives agricoles CUMA, au Pays

basque en Espagne, qui partagent des équipements

agricoles entre leurs membres, tels que le font leurs

homologues de l’autre côté de la frontière en France.

Ces pratiques réduisent substantiellement les coûts

des producteurs.

Page 90: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

90

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

Au sein des coopératives de production, les

salariés doivent assurer à leurs membres le soutien

technologique ainsi qu’une information de bonne

qualité et qui soit d’utilisation facile. Un producteur-

membre d’une coopérative agricole en Émilie-

Romagne nous expliquait: « J’ai besoin de toutes les

informations météorologiques et tout savoir sur les

techniques agricoles présentes sur le marché. La

coopérative peut fournir ces informations. Elle est

comme un instituteur pour l’agriculteur… J’appelle le

technicien de la coopérative qui me suggère le produit

à utiliser au meilleur rapport qualité-prix mais pas

parce qu’il doit me vendre un produit (…), et ainsi je

peux parvenir à la saison de la récolte sans le moindre

problème, et en ayant même économisé »154. Un

cercle vertueux se développe donc entre le contrôle

démocratique des membres de la coopérative, le

dévouement des salariés, la capacité des membres

à générer un niveau de production qui assure la

durabilité économique de leur exploitation, la durabilité

économique de la coopérative elle-même et, enfin, la

durabilité de l’emploi des salariés, des producteurs et

de leur famille.

Par contre, avant que la coopérative mentionnée

ci-dessus ne soit établie dans les années 1950,

«chaque agriculteur devait négocier le prix avec le

secteur privé. Cette négociation commerciale n’était

pas toujours facile, l’agriculteur pouvait se faire

manipuler… L’agriculteur était seul face à un acheteur

privé qui avait des contacts avec tout le monde, ce

qui lui donnait un meilleur pouvoir de négociation…

Ce n’est pas le cas dans une coopérative, pourquoi ?

Parce que les règles sont décidées en amont: le

producteur au sein d’une coopérative sait dès le

départ ce que seront ses coûts et ses rentrées »155.

Chaque agriculteur peut donc planifier ses finances,

éviter l’endettement et mieux assurer la durabilité

économique de son exploitation.

Même lorsque des techniciens concurrents peuvent

offrir des services spécialisés à un moindre coût,

engager ceux de la coopérative peut s’avérer être

une stratégie gagnante pour l’agriculteur parce que la

coopérative offre une gamme large de services adapté

à ses besoins, « c’est comme un faisceau de services…

Le résultat de l’opération est toujours meilleur, c’est

ce que nous pouvons offrir… nous avons plus à offrir

que les détaillants spécialisés d’un secteur »156. Les

coopératives peuvent accroître leur échelle lorsque

l’environnement économique le permet, comme en

Argentine où une importante relance agricole a eu

lieu au cours des dernières années. À Santa Fe, une

province d’Argentine qui possède 21% des terres

cultivables et se caractérise par une prédominance

des petites et moyennes exploitations, la coopérative

agricole AFA a 10.000 membres dans cette seule

province et offre un large éventail de services sur de

Page 91: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

91

4 EMPLOI COOPÉRATIF ET ENTREPRENEURIAT COOPÉRATIF

grandes étendues de terre, tout au long de l’année, et

dispose d’une capacité d’entreposage de 3.200.000

tonnes, d’une logistique de transport impressionnante

avec ses 220 camions et ses 57 centres principaux

et secondaires qui emploient quelque 1600 salariés

permanents157. Une telle expansion n’aurait pas été

possible sans une longue tradition de coopératives

dans la province, héritée notamment des immigrants

italiens. AFA a été créée en 1932 par des agriculteurs

dont les moyens étaient modestes et a développé une

forte culture coopérative avec des membres actifs et

le dévouement de ses salariés.

ÉCOnOMIES D’ÉCHELLE EnTRE COOPÉRATIVES

À Kanagawa, Japon, un partenariat s’est créé entre

la coopérative de consommation Club Seikastu

et les collectifs de travailleurs (un type spécial de

coopérative de travail associé qui, comme nous l’avons

vu au Chapitre 3, se caractérise par la présence

d’une majorité de femmes qui ne sont pas le principal

soutien de leur famille mais apportent un revenu

complémentaire à la famille et travaillent souvent à

temps partiel). La coopérative de consommation étant

un des principaux clients des collectifs de travailleurs,

on peut qualifier ce partenariat d’accord de sous-

traitance. Mais la relation au fil du temps est continue

et doit donc être vue comme un partenariat stable et

non une sous-traitance classique. Les collectifs de

travailleurs assurent la gestion des points de vente de

la coopérative de consommation. Le statut de leurs

travailleurs-membres motive ces derniers à offrir des

services de bonne qualité à leurs clients-membres

de la coopérative de consommation, engendrant

ainsi la durabilité des deux associés dans cet accord

entrepreneurial.

Le type le plus significatif d’interaction entre

coopératives aux fins d’économies d’échelle est

incarné par les groupes coopératifs, à savoir des

groupes entrepreneuriaux entre coopératives

caractérisés par une gouvernance horizontale,

entre pairs, et une délégation substantielle mais

démocratique d’attributions entrepreneuriales par

les coopératives du groupe. Parmi les 10 régions

retenues aux fins de l’étude, 3 ont une expérience

importante de telles combinaisons entrepreneuriales:

le groupe Mondragon au Pays basque, le Mouvement

Desjardins au Québec et une série de consortiums de

coopératives en Émilie-Romagne. Dans les trois cas, la

durabilité économique du groupe et des coopératives

qui le constituent a pu être largement vérifiée lors du

travail sur le terrain malgré la situation économique

mondiale particulièrement difficile et certaines

difficultés plus ponctuelles de coopératives et de

certains secteurs d’activité, comme nous le verrons

ci-dessous dans le cas du groupe Mondragon.

Lorsque le dévouement des travailleurs et des

membres peut se conjuguer dans le cadre d’une

entreprise qui compte plus de cent coopératives

(Mondragon) ou plusieurs centaines (Desjardins),

les effets de ce dévouement et de l’interaction

positive sont multipliés. Les données sur ces groupes

économiques, leur chiffre d’affaires, leur rentabilité,

leur capitalisation, leurs parts de marché, leur création

d’emplois et leur longévité, que nous avons pu vérifier

sur le terrain, sont suffisamment éloquentes158.

Ces groupes coopératif doivent cependant parvenir à

un équilibre difficile entre la délégation d’attributions

démocratiquement décidée par les coopératives du

Page 92: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

92

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

groupe, d’une part, et l’autonomie des coopératives

membres, d’autre part. Un travailleur-membre d’un

consortium de coopératives sociales en Emilie-

Romagne, qui regroupe plusieurs coopératives de

base engagées dans des services à la collectivité

et dans l’insertion par le travail de personnes

handicappées et socialement désavantagées, estime

que « nous sommes une structure très particulière…

compte tenu de la délégation de compétences

des coopératives au consortium. Je crois que ce

système est une garantie importante de durabilité

pour les coopératives »159. Par ailleurs, un travailleur-

membre de Laboral Kutxa (anciennement Caja

Laboral), la banque du groupe Mondragon, nous

expliquait que « Mondragon n’est pas une structure

verticale, c’est un réseau. Le président ne donne

pas d’ordres aux coopératives de Mondragon, il n’a

pas de mandat pour dicter ce que les coopératives

doivent faire »160. Cet équilibre est l’essence du

succès des grands groupes coopératifs. Sans cette

délégation démocratique de compétences, ces

importants ensembles entrepreneuriaux ne peuvent

fonctionner en tant que groupes d’entreprises.

Par ailleurs, sans autonomie, la dynamique

de chaque coopérative, qui s’enracine dans la

localité et dans une activité spécialisée précise,

se perdrait et son mode précis d’assurance de la

durabilité entrepreneuriale sombrerait également.

La conjugaison des deux éléments requiert un

investissement impressionnant dans la gouvernance

démocratique au niveau du groupe. Par exemple,

Mondragon organise régulièrement des congrès

auxquels chaque coopérative est représentée et

dispose de voix délibératives proportionnelles au

nombre de travailleurs-membres. « Le congrès est le

point de rencontre de l’ensemble des coopératives

et des membres du projet Mondragon. Ce qui est

présenté au congrès fait l’objet d’un processus en

chaine afin que ce qui est débattu inclue tous les

ingrédients que chaque travailleur-membre souhaite

y apporter »161.

Les groupes coopératifs peuvent également

se doter de mécanismes de solidarité entre les

coopératives qui le constituent. Un consortium de

coopératives sociales en Émilie-Romagne pratique

des transferts de fonds entre coopératives pour

résoudre des problèmes temporaires de trésorerie,

comme évoqué au Chapitre 3. Comme nous l’avons

également vu dans ce chapitre, Mondragon met

en œuvre un système qui permet aux travailleurs

d’une coopérative en difficulté d’être transférés

temporairement ou de manière permanente vers une

autre coopérative du groupe, en maintenant donc

leur motivation et le savoir-faire organisationnel

des coopératives, tout en promouvant fortement la

sécurité de l’emploi. Ces mécanismes de solidarité

Page 93: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

93

4 EMPLOI COOPÉRATIF ET ENTREPRENEURIAT COOPÉRATIF

renforcent en dernière instance la durabilité

économique de tout le groupe coopératif et des

coopératives qui le constituent.

Par ailleurs, une fonction complémentaire des

groupes coopératifs est d’aider à organiser des

fusions entre coopératives qui le constituent,

en essayant d’équilibrer, ici aussi, l’efficacité

économique et l’ancrage dans la collectivité. Le

consortium de coopératives sociales en Émilie-

Romagne mentionné ci-dessus a réalisé une fusion

entre les coopératives constituantes, les réduisant

de 15 à 9 au cours des dernières années. Le

Mouvement Desjardins était composé de quelque

1400 caisses au début des années 1980 et 380

actuellement. Il a assuré que cette diminution

indispensable à sa survie (notamment aux termes

des nouvelles normes Bâle 3) ne se fasse pas aux

dépens des liens étroits entre les caisses et les

régions qu’elles servent, un élément essentiel de

sa raison d’être. 1400 points de service ont été

maintenus dans toute la province de Québec ainsi

que du personnel dans les zones les plus éloignées

de la province.

ÉCOnOMIES D’ÉCHELLE PAR DES PARTEnARIATS AVEC DES EnTITÉS EXTERnES

Le maintien de services de base dans des villages

éloignés est, cependant, très difficile, et Desjardins

consent de grands efforts à cette fin comme nous

l’expliquait un salarié de la Fédération Desjardins, qui

coordonne le Mouvement: « Lorsque nous fermons

un point de service, c’est une tragédie, c’est un lieu

d’opérations de trésorerie qui disparaît, c’est la mort

du village ». En même temps, « nous avons des agences

qui réalisent cinq transactions par semaine… Ce n’est

pas rentable, nous perdons 40.000 dollars par point

de service de ce genre. Ce n’est viable ». Le Mouvement

trouve des solutions alternatives: « Par exemple, nous

tissons des partenariats avec des municipalités,

surtout dans les villages, parce qu’elles ne disposent

pas non plus de beaucoup de ressources. S’il s’agit d’un

petit village, la municipalité a un travailleur à temps

partiel, nous l’engageons pour son autre temps partiel,

il a ainsi un emploi à temps plein. C’est également vrai

avec les services postaux. … avec un peu d’imagination,

nous essayons de nous en sortir. Cela demande de la

créativité. Ce genre de villages est très répandu au

Québec »162. Cette pratique innovative, facilitée par la

créativité engendrée par l’attitude des salariés et des

membres, permet à Desjardins de maintenir sa mission

essentielle, celle de fournir des services financiers à

la population du Québec, notamment dans les villages

les plus éloignés, tout en maintenant la compétitivité

du groupe, qui est un des principaux groupes bancaires

du Canada. En maintenant l’emploi dans des régions

très éloignées, le groupe contribue au maintien de la

vie dans les villages et, donc, au maintien de l’emploi

et à la lutte contre la désertification économique des

régions les plus éloignées du Québec.

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94

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

4.2. DÉFIS EnTREPREnEuRIAuX AuXQuEL EST COnFROnTÉ L’EMPLOI COOPÉRATIF

Les spécificités de l’emploi coopératif, que nous avons identifiées autour de 8 logiques

de justification au chapitre 3, sont confrontées à des défis majeurs qui pourraient

menacer la capacité des coopératives en termes d’emploi. Par ailleurs, ces spécificités

ouvrent de nouvelles possibilités pour les coopératives en répondant aux nouveaux

problèmes émergents de l’emploi.

Les principaux enjeux que, selon notre étude, l’emploi coopératif doit affronter dans le

cadre de la mondialisation actuelle et sont directement liés à la gestion du travail et de

l’emploi sont les suivants.

4.2.1. FAIRE FACE À L’InTEnSIFICATIOn DE LA COnCuRREnCE GLOBALE

Dans une économie mondialisée, les coopératives font face à une concurrence de plus en plus aigue. Pour

survivre, de nombreuses coopératives ont développé des stratégies de revalorisation, afin de rester à la hauteur

de leurs concurrents. Ces stratégies ont, cependant, engendré un processus de restructuration, notamment

dans le domaine de l’emploi. L’intensité des pressions pour restructurer, dans le cadre de la logique de justification

de l’économie évoquée au Chapitre 3, aux dépens des 7 autres logiques de justification qui y sont identifiées, est

très lourde. Céder à de telles pressions peut nuire à la compétitivité des coopératives à long terme, même si à

court terme les améliorations financières peuvent être sensibles.

L’expérience du groupe Mondragon révèle deux aspects intéressants à cet égard. Depuis le lancement de sa

stratégie d’internationalisation au début des années 1990, Mondragon a développé activement des activités

économiques dans d’autres pays en créant des unités de production proches de lieux d’assemblage de grandes

chaînes de production et a fortement souligné que cette stratégie d’internationalisation a été favorable à la

création et à la consolidation d’emplois dans le Pays Basque lui-même163. Le débat s’est alors enclenché

sur la relation avec les travailleurs de pays étrangers qui ne sont pas membres. Le groupe essaie de trouver

progressivement des solutions d’intégration des travailleurs étrangers à son système coopératif.

Le cas de la coopérative Fagor Electrodomesticos, qui est entrée en procédure de liquidation en 2013, révèle

que l’échec économique sur un marché mondialisé n’épargne pas les coopératives malgré leur bonne résilience.

Mais même dans ces cas extrêmes, le groupe est en train de gagner le pari d’organiser le transfert de la plupart

des travailleurs-membres de cette coopérative vers d’autres coopératives du groupe et s’assurer un revenu

suffisant grâce à son propre système de sécurité sociale. Fin juillet 2014, 8 mois après le début du processus

de faillite de cette coopérative, le groupe avait trouvé des solutions pour 76% de ses travailleurs-membres: des

Page 95: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

95

4 EMPLOI COOPÉRATIF ET ENTREPRENEURIAT COOPÉRATIF

1895 travailleurs-membres de Fagor Electrodomesticos, 1050 avaient été transférés vers d’autres coopératives

du groupe et 400 solutions individuelles de mise en préretraite avaient été conclues164. Il y a tout lieu de croire

qu’une solution interviendra pour les 24% restants de travailleurs-membres de la coopérative avant sa liquidation.

Cette expérience illustre le sérieux des défis de la concurrence mondiale et le remède que peut apporter la

structuration des différentes logiques en stratégies coopératives précises aux préjudices générés par la logique

de l’économie, au profit de la soutenabilité entrepreneuriale à long terme.

4.2.2. COMBLER LES FAIBLESSES DES COMPÉTEnCES DE GESTIOn

Lorsqu’elles donnent trop d’importance à la logique

de la famille, de l’orientation guidée par les valeurs

et de la réputation, la coopérative s’expose à des

problèmes économiques. Au fil des dernières

décennies, les coopératives se sont développées

sous l’impulsion forte de mouvements sociaux et

avec le soutien des collectivités publiques compte

tenu de leurs contributions sociales. Ce phénomène

leur a assuré un grand essor dans un grand nombre

de pays et a stimulé des notions voisines telles que

l’économie sociale et l’économie solidaire, ainsi

que l’entreprise sociale et l’entrepreneuriat social.

Mais cet enthousiasme n’est pas toujours épaulé

par des compétences de gestion suffisantes.

Une culture trop familiale au sein des effectifs et

des rémunérations trop généreuses ne peuvent

se conjuguer harmonieusement avec l’intérêt

des membres, l’augmentation des coûts étant

excessive et nuisant à la durabilité entrepreneuriale

à long terme. Une culture trop axée sur les valeurs

peut induire des décisions trop idéalistes que les

membres et la capacité économique des travailleurs

ne peuvent assumer. Une logique de la réputation

promue par les politiques publiques peut attirer la

création de coopératives par des personnes qui n’y

sont pas préparées.

La nécessité est donc profonde de renforcer

les compétences de gestion et la formation

à l’organisation, en équilibrant les impératifs

économiques imposés par le marché et les

différentes logiques de justification qui caractérisent

l’emploi coopératif 165.

Un ancien travailleur-membre d’une coopérative

de TIC en Émilie-Romagne nous déclarait à cet

égard: « Que chacun exprime son avis ne veut

pas nécessairement dire qu’il ait les compétences

adéquates. C’est surtout vrai dans de petites

entreprises où pratiquement personne n’est

compétent, n’a des capacités de gouvernance

nécessaires dans une petite entreprise (…) parce ce

que dans de petites coopératives, il n’y a pas toujours

de gestionnaire »166. La formation à l’organisation

doit corriger cet écueil.

Page 96: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

96

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

4.2.3. RELEVER LES DÉFIS DÉMOGRAPHIQuES ET GÉnÉRATIOnnELS

Un autre défi est celui de la capacité des coopératives, notamment dans les pays industrialisés, à se réadapter

aux environnements économiques post-industriels, caractérisés par des modèles de production qui requièrent

de nombreuses compétences et un secteur des services qui se développe. C’est un sujet très débattu au sein du

groupe Mondragon dont la production industrielle la plus traditionnelle se réalise de plus en plus dans d’autres

pays.

Par ailleurs, il semble difficile de trouver de jeunes dirigeants qui partagent un même esprit collectif et un

engagement guidé par des valeurs. Comment les coopératives peuvent-elles attirer et engendrer des dirigeants

jeunes et dynamiques qui soient capables d’innover dans la tradition coopérative en l’adaptant, et devenir ainsi

les vecteurs de leur génération et de l’avenir ? « La question générationnelle est bien réelle. L’âge moyen des

membres est de 60-70 ans. C’est un problème grave. Je suis le plus jeune au sein du conseil d’administration.

C’est un problème dont nous avons discuté. Le conseil d’administration est confronté à une stratégie politique et,

à la lecture de la liste des membres, on se rend compte que ce problème n’est pas une fiction. », nous a confié un

producteur-membre d’une coopérative agricole en Émilie-Romagne, qui ajoute: « Il y a des jeunes qui s’engagent

dans l’agriculture mais il est difficile de les engager dans les coopératives. Il est difficile de les attirer et de leur

communiquer nos principes »167.

Nous pouvons cependant envisager également que les caractéristiques des coopératives puissent être une

réponse aux questions générationnelles auxquelles sont confrontées toutes les entreprises. Nous pensons

que de nombreuses caractéristiques mises en lumière par les travailleurs des coopératives, notamment des

coopératives de travail associé, sont très semblables à celles de nombreuses entreprises innovantes dans des

secteurs émergents. Il est fondamental pour le mouvement coopératif d’apporter une réponse qui se fonde sur

un modèle entrepreneurial adéquat à ces aspirations nouvelles et innovatrices.

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97

4 EMPLOI COOPÉRATIF ET ENTREPRENEURIAT COOPÉRATIF

Notons aussi que les coopératives peuvent en soi représenter une réponse aux problèmes générationnels qui

sont mentionnés au Chapitre 3. Les coopératives donnent de l’emploi à des personnes plus âgées qui souhaitent

encore travailler non seulement pour des raisons économiques mais pour participer à la vie sociale. Le constat

en a été fait dans les coopératives de travail associé, les coopératives de personnes âgées et les collectifs de

travailleurs au Japon. Dans certains pays et régions, la transition vers la forme coopérative est considérée

comme une alternative pour les entreprises dont les propriétaires se retirent sans successeurs pour prendre la

relève. Enfin, n’oublions pas les coopératives dans des pays où les jeunes sont particulièrement touchés par la

crise comme l’Espagne168.

4.2.4. TRAITER L’AnGLE MORT DE LA PROTECTIOn Du TRAVAIL

Le rôle d’intermédiaires que jouent certains types de

coopératives entre travailleurs ou producteurs et le

marché peut engendrer des problèmes importants

de protection et de sécurité sociale des travailleurs.

Bon nombre de coopératives sont accusées d’être

des instruments de licenciement, d’externalisation et

d’exploitation des travailleurs et petits producteurs.

Leur développement dans des activités du secteur

public et privé dans certains pays s’est accompagné

d’une détérioration des conditions de travail dont la

cause réside dans la perversion de la forme coopérative

et la faiblesse de la réglementation appliquée à ces

formes de travail.

Ce problème est particulièrement aigu au Brésil,

où des milliers de fausses coopératives de travail

associé (mais, à l’époque, légales), jouant le rôle

d’intermédiaires dans la prestation de travail à des

tiers sans autre service, ont vu le jour entre le milieu

des années 1990 et 2012. C’est alors qu’une nouvelle loi

sur les coopératives de travail associé a été approuvée

interdisant d’utiliser la forme coopérative pour faire de

la simple iintermédiation dans la prestation de travail.

Ce problème n’est pas seulement présent au Brésil.

Plusieurs autres pays latino-américains sont en proie

à ce problème comme la Colombie et il commence

à être même perceptible dans d’autres pays où la

réglementation des coopératives est bien développée

mais où l’emploi précaire est particulièrement élevé

comme en Italie ou en Espagne. Outre la perversion

du modèle coopératif en termes d’emploi, c’est le

caractère entrepreneurial des coopératives lui-même

qui se voit nié à travers ce phénomène.

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98

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

nOTES

137. Déclaration sur l’identité coopérative de l’ACI http://ica.coop/en/whats-co-op/co-operative-identity-values-principles incluse dans la Recommandation sur la Promotion des coopératives, 2002 (n° 193) de l’OIT www.ilo.org/dyn/normlex/fr/f?p=NORMLEXPUB:12100:0::NO::P12100_ILO_CODE:R193

138. Salarié, coopérative d’assurance, Santa Fe, Argentine

139. Producteur-membre, coopérative agricole, Émilie-Romagne, Italie

140. Travailleuse-membre, coopérative de travail associé (artisanat), Gauteng, Afrique du Sud

141. Travailleuse-membre, coopérative de travail associé (secteur manufacturier), Pays basque, Espagne

142. Coopérative de consommation Eroski, groupe Mondragon, Pays basque, Espagne

143. Ibid.

144. Salarié, coopérative médico-sociale, Gangwon, Corée du Sud

145. Salarié 1, coopérative de services agricoles, Wisconsin, États-Unis

146. Salarié, coopérative de consommation, Émilie-Romagne, Italie

147. Producteur-membre, coopérative agricole, Émilie-Romagne, Italie

148. Salarié 3, coopérative de consommation, Kanagawa, Japan

149. “Les coopératives fournissent à leurs membres, leurs dirigeants élus, leurs gestionnaires et leurs employés l’éducation et la formation requises pour pouvoir contribuer effectivement au développement de leur coopérative. Elles informent le grand public, en particulier les jeunes et les leaders d’opinion, sur la nature et les avantages de la coopération”, Recommandation sur la Promotion des Coopératives, 2002 (N° 193); Annexe, www.ilo.org/dyn/normlex/fr/f?p=NORMLEXPUB:12100:0::NO::P12100_ILO_CODE:R193

150. Travailleur-membre, coopérative de consommation, Pays basque, Espagne

151. Salarié, coopérative de crédit, Gangwon, Corée

152. Le quatrième principe coopératif stipule que « Les membres allouent des excédents à toutes les finalités suivantes ou à l’une d’entre elles: développer leur coopérative, éventuellement en créant des réserves, dont une partie au moins sera indivisible », voir Recommandation sur la promotion des coopératives, 2002 (n°193) de l’OIT, Annexe

153. Salarié, Fédération des coopératives de crédit, Québec, Canada

154. Producteur-membre, coopérative agricole, Émilie-Romagne, Italie

155. Ibid.

156. Salarié 1, coopérative de services agricoles, Wisconsin, États-Unis

157. Données recueillies lors de la visite de terrain chez AFA à San Genaro, Santa Fe, Argentine

158. Cf. www.desjardins.com et www.mondragon-corporation.com

159. Travailleur-membre, consortium de cooperatives sociales, Émilie-Romagne, Italie

160. Travailleur-membre, cooperative financière, Pays basque, Espagne

161. Interview de José Maria Aldecoa, ex-Président du Groupe Mondragon, réalisée en mars 2002 pour le documentaire produit par CECOP CICOPA-Europe ENSEMBLE – Comment les coopératives résistent à la crise ?, 33’18” à 33’41”, disponible sur: //www.together-thedocumentary.coop/

162. Salarié, Fédération de coopératives de crédit, Québec, Canada

163. Voir le documentaire Ensemble – Comment les coopératives résistent à la crise, 2012, par CECOP CICOPA-Europe, sequence sur Mondragon, see www.together-thedocumentary.coop

164. Courriel personnel de Javier Marcos, Responsable des communications du Groupe Mondragon, le 30 juillet 2014

165. Notons que l’harmonisation n’implique pas d’accorder la même importance à tous les intérêts et toutes les logiques Nous avons rencontré de nombreux cas d’harmonisation arithmétique différente d’intérêts qui paralysent les actions et suscite la méfiance mutuelle. L’harmonisation devrait être la conjugaison de l’action stratégique et du processus participatif. Ce devrait être une compétence essentielle des dirigeants de coopératives

166. Ancien travailleur-membre, coopérative de travail associé (techniques de l’information), Émilie-Romagne, Italie

167. Producteur-membre, coopérative agricole, Émilie-Romagne, Italie

168. see for example www.thenews.coop/39549/news/co-operatives/co-operatives-create-8000-new-jobs-while-unemployment-hits-record-spain/#.U71C_7HLMoA

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CHAPITRE 5COnCLuSIOnS ET RECOMMAnDATIOnS

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5 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

5.1. COnCLuSIOnS

Comme nous l’avons vu au Chapitre 2, le mouvement coopératif génère de l’emploi à temps partiel

et à temps plein pour au moins 250 millions de personnes dans le monde au sein ou dans le cadre

des coopératives, ce qui représente 8,73% de l’emploi dans le monde. 223,6 millions sont des

producteurs pour compte propre (essentiellement dans l’agriculture, mais aussi dans les autres

activités primaires, ainsi que dans les activités secondaires ou tertiaires), qui exercent leurs activités

économiques dans le cadre des coopératives et 26,4 millions sont salariés ou travailleurs-membres

travaillant au sein des coopératives. Le G20 est de loin le gisement le plus important de ces emplois:

l’emploi coopératif représente presque 12% de la population active occupée de ce groupe de

pays. Bien que ces estimations soient probablement inférieures à la réalité, elles sont suffisamment

représentatives pour que l’emploi coopératif soit considéré comme un phénomène très significatif

au niveau de l’emploi dans le monde, et elles doivent faire l’objet d’études plus approfondies.

Tournons notre regard vers les 10 régions de différents pays du monde retenues pour notre travail de terrain. Un

des premiers résultats à souligner, que nous avons vu au Chapitre 3, est le ratio très élevé d’emploi coopératif

en Émilie-Romagne, où il représente près de 15% de la totalité de l’emploi, répartis dans pratiquement tous les

secteurs économiques. L’Émilie-Romagne est un des plus anciens clusters de coopératives dans le monde et un

des plus importants districts industriels en Europe, qui été capable de maintenir sa compétitivité générale malgré

la crise économique que connaît l’Italie. Le niveau particulièrement élevé d’emploi coopératif dans la région est

de bon augure pour le potentiel d’emploi du modèle coopératif ailleurs dans le monde.

En effet, rien en Émilie-Romagne n’est à ce point spécifique qu’il rendrait impossible qu’un ratio semblable

n’apparaisse ailleurs. Gangwon en Corée du Sud en est déjà à un ratio de 23% (essentiellement dans l’agriculture)

et partage peu de traits communs avec l’Émilie-Romagne, tant du point de vue de la structure économique que

des points forts des coopératives respectives. D’autres régions examinées dans le cadre du travail de terrain,

comme le Pays basque en Espagne où le ratio d’emploi coopératif est de près de 7% et la province de Santa Fe en

Argentine dont le ratio est de près de 9%, affichent elles aussi des taux élevés d’emploi coopératif.

Un autre résultat majeur de cette étude est que l’emploi coopératif se caractérise par une répartition relativement

bien équilibrée entre le milieu urbain et le milieu rural (y compris dans d’autres secteurs économiques que

l’agriculture) ainsi qu’entre de grandes métropoles et des villes plus modestes. L’exode rural, la migration de

populations de villes de dimension moyenne vers de plus grandes métropoles, et la désertification économique

de régions périphériques seraient sans doute plus prononcés si les coopératives n’avaient pas encouragé

activement la production et l’emploi au niveau local et n’avaient pas développé des économies d’échelle pour les

gens ordinaires, dépourvus de moyens. Une grande partie de l’emploi coopératif que nous avons identifié au cours

de notre travail de terrain se trouve en milieu rural et dans de petites villes, et pas uniquement dans le secteur

agricole. Cette tendance a bien évidemment un impact fort sur la durabilité de l’emploi indirect (prestataires de

biens et services, services locaux, etc.), ainsi que sur le développement régional en général.

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102

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

L’emploi coopératif se caractérise souvent par

sa longévité qui a également une incidence sur

la stabilité de l’emploi indirect et stimule les

personnes engagées à dépenser davantage et plus

judicieusement, contribuant ainsi à générer une

économie locale dynamique et à opérer des choix

de plus en plus respectueux de l’environnement,

qui favorisent à terme le développement de cette

tendance.

Un aspect spécifique de la durée de l’emploi

coopératif est sa résilience, que nous avons observée

au cours de la crise mondiale qui a éclaté en 2008.

Selon nos constatations, cette résilience a été

renforcée par des facteurs propres à l’entreprise, au

système coopératif (réseaux, groupes et institutions

d’accompagnement mutualisées, etc.) ainsi qu’à une

législation et des politiques publiques ciblées.

Dans l’analyse de l’évolution de l’emploi coopératif

depuis le début des années 2000, dans un certain

nombre de pays et de régions où les données ont

été mises à notre disposition, nous avons constaté

que l’emploi coopératif a plus ou moins maintenu

au fil du temps son ratio de la population active

occupée, un élément significatif compte tenu que

de nombreuses personnes ont rejoint entre-temps

le marché du travail. Le recul des producteurs pour

compte propre dans les coopératives de production

du secteur primaire dans les pays industrialisés

semble suivre la tendance générale à la baisse de

l’emploi dans ce secteur.

Soulignons également qu’une des raisons majeures

pour le maintien du ratio d’emploi coopératif depuis

le début des années 2000 dans certains pays clé

en termes de présence des coopératives, comme

la France, l’Italie et l’Espagne, est la croissance

importante de l’emploi dans les coopératives de

travail associé, les coopératives sociales (ou leur

équivalent) et les coopératives multi-sociétaires,

poussant à la hausse la moyenne de l’emploi

coopératif. Cette forte croissance de l’emploi

est dans une large mesure due aux stratégies de

coopération étroite entre coopératives au niveau

méso. Dans un certain nombre d’autres pays

et régions, bien que les coopératives de travail

associé et les coopératives sociales présentent

encore des niveaux d’emploi plus modestes,

elles se développent rapidement. Par ailleurs, la

grande diversité des secteurs économiques dans

lesquels les coopératives de travail associé et les

coopératives sociales sont engagées en regard

d’autres types de coopératives les convertit en

terrain de mise à l’épreuve de l’entrepreneuriat

coopératif et de l’emploi coopératif en général.

D’autres caractéristiques non négligeables

sont l’accélération de l’insertion par le travail

de personnes handicapées ou socialement

désavantagées, à savoir des emplois qui sont

particulièrement difficile à créer et/ou à consolider,

ainsi que l’intensification des restructurations

d’entreprises en crise ou sans successeurs

en coopératives de travail associé, maintenant

et consolidant ainsi des milliers d’emploi.

Lorsqu’elles sont gérées professionnellement,

et avec l’environnement adéquat en termes de

services d’appui aux entreprises, ces processus de

restructuration ont un taux de survie au terme de 3

ou 5 ans qui est supérieur à celui des entreprises en

général, malgré la prise de risques. Elles sauvent de

nombreux emplois, en créent de nouveaux grâce à

leur croissance renouvelées lorsqu’elles deviennent

coopératives. Une attention particulière devrait

être consacrée au potentiel important d’emploi des

coopératives de travail associé et sociales, en tant

que tel, mais aussi parce qu’une partie de cet emploi

concerne des cas très difficiles.

Les ratios entre contrats permanents et

temporaires, l’équilibre hommes-femmes et la

structure de l’âge sont des dimensions qui suivent

Page 103: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

103

5 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

les tendances sectorielles et nationales, sauf lorsque

les coopératives ont pour mission de répondre

précisément à des besoins d’équilibre hommes-

femmes ou dictés par l’âge comme l’illustrent

bien le mouvement SEWA en Inde, qui développe

des coopératives pour assurer l’émancipation

économique de femmes, ou encore les coopératives

de personnes âgées au Japon, dont la mission est la

prestation de services à une société vieillissante.

La gestion des RH dans les coopératives, même si elle

peut paraître suivre les normes conventionnelles,

est une conjugaison de ces normes et des pratiques

coopératives. Le travail de terrain a notamment

révélé une vision plus centrée sur la personne et une

importance particulière attribuée à la gestion des

relations entre les travailleurs et les autres parties

prenantes. C’est la raison pour laquelle, lors du

recrutement, les paramètres classiques et l’exigence

pour les candidats à l’emploi de comprendre ou

d’apprendre rapidement le mode de fonctionnement

des coopératives sont des dimensions indissociables.

Dans certains groupes coopératifs, nous avons

constaté que le redéploiement temporaire

ou permanent de travailleurs qui, à partir de

coopératives ayant du personnel en excès, sont

transférés vers des coopératives qui en manquent

a valorisé sensiblement la sécurité de l’emploi. Ces

processus exigent un niveau élevé de coordination et

une gestion de haut niveau des RH.

Nous avons observé que la rémunération des salariés

et des travailleurs-membres est du même ordre

de grandeur, voire plus élevée que dans d’autres

entreprises du même secteur et du même pays, et elle

est souvent assortie de compensations matérielles

ou non-matérielles que les personnes interviewées

estiment très importantes. L’écart salarial est

généralement moindre dans les coopératives que

dans d’autres types d’entreprises, et pose parfois un

problème d’embauche de gérants très qualifiés.

La protection sociale et la sécurité au travail

correspondent aux normes en vigueur dans le

secteur ou au niveau national pour les salariés. La

protection sociale des travailleurs-membres dépend

du statut que leur octroie la réglementation du

pays concerné. En Amérique latine, les travailleurs-

membres ont souvent un statut d’indépendants et

jouissent donc d’une protection sociale inférieure

à celle des salariés. Dans d’autres pays, ils sont

considérés comme des salariés et jouissent du

même niveau de protection sociale. Dans certains

pays où les coopératives de travail associé et les

coopératives sociales sont une réalité importante,

tels que l’Italie, l’Espagne et la France, les

travailleurs-membres ont un statut spécial qui leur

assure la même protection sociale que les salariés.

La protection sociale des producteurs indépendants

qui sont membres de coopératives suit dans une

large mesure les conditions nationales pour les

travailleurs indépendants.

Nous avons défini un ensemble de 8 logiques de

justification clés, propres à l’emploi au sein et dans

le cadre des coopératives. Elles concernent le travail

ou l’activité économique, et la conceptualisation

de l’employeur et du salarié ainsi que les relations

entre les membres du personnel, d’une part, et

entre le personnel et la communauté environnante,

d’autre part. Ces logiques de justification sont, en

l’occurrence: 1) l’importance de la participation

sur le lieu de travail; 2) un environnement de travail

de type familial; 3) la raison d’être économique

de l’entreprise; 4) la recherche d’une meilleure

efficacité; 5) un type de flexibilité partagée; 6) la

fierté et la réputation; 7) l’orientation guidée par des

valeurs pratiquées sur le lieu de travail; et 8) l’identité

par l’identification avec la coopérative. Bien que

certaines de ces logiques de justification soient plus

présentes dans certains types de coopératives ou

dans certaines régions, elles tendent à se conjuguer

pour créer un ensemble unique qui différencie

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104

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

l’expérience de l’emploi coopératif de celle d’autres

salariés ou indépendants qui n’entrent pas dans le

cadre d’entreprises coopératives.

Comme nous l’avons expliqué au Chapitre 4, cette

conjugaison de logiques de justification à l’œuvre

dans l’emploi coopératif n’est pas présentée

comme le résultat d’un examen sociologique ou

un simple facteur de qualité de l’emploi, mais

elle est étroitement associée au type distinctif

d’entrepreneuriat qui prévaut dans les coopératives.

Ces 8 logiques de justification tendent à engendrer

des attitudes de la part des salariés, travailleurs-

membres et/ou producteurs indépendants qui

accordent une importance particulière aux besoins

des clients, à la responsabilité économique, à

une dynamique de confiance, à l’autonomie et à la

capacité d’initiative ainsi qu’à un esprit de pionnier et

innovateur; tous ces indicateurs comportementaux

ont une incidence positive sur la santé économique de

l’entreprise. Assurer de bonnes bases à l’application

du 5ème principe coopératif sur l’éducation et la

formation consolide l’avantage compétitif des

coopératives. Ces logiques expliquent par ailleurs le

fait que les coopératives favorisent la constitution

de réserves financières saines et un niveau élevé de

formalisation de l’emploi, qui sont deux éléments

fondamentaux pour une bonne résilience des

coopératives en temps de crise et le succès de leurs

stratégies d’entreprises à long terme.

Ces caractéristiques de l’emploi coopératif semblent

être propices à une interaction positive entre le

personnel des coopératives, leurs producteurs-

membres et leurs usagers-membres. Dans certains

cas, cette dynamique enclenche la création de

coopératives multi-sociétaires qui regroupent

plusieurs parties prenantes au sein d’une même

structure de gouvernance comme elles se sont

développées en Espagne, au Québec et en France et,

dans une certaine mesure, au sein des coopératives

sociales en Italie.

Les économies d’échelle sont particulièrement

recherchées au sein des coopératives depuis la

mutualisation de services jusqu’à la structuration de

groupes coopératifs. La dynamique qu’elles insufflent

tend à renforcer les logiques de justification

de l’emploi coopératif évoquées ci-dessus, et à

engendrer de ce fait un cercle vertueux.

Par ailleurs, l’étude a permis de découvrir quatre défis entrepreneuriaux majeurs pour l’avenir

proche. Premièrement, comment maintenir l’avantage coopératif, y compris les caractéristiques

de l’emploi coopératif mentionnées plus haut, dans une concurrence globale de plus en plus

intense ? Deuxièmement, comment construire de solides compétences de gestion, notamment

en matière de gestion des RH ? Troisièmement, comment relever le défi démographique et

générationnel, s’adapter aux nouveaux paysages post-industriels, à une population vieillissante

et au renouvellement générationnel dans les coopératives ? Quatrièmement, à l’heure d’une

flexibilité et précarité croissante de l’emploi, le danger d’abuser du modèle coopératif pour

échapper aux coûts du travail dans les entreprises en général et mettre en œuvre des accords

de sous-traitance sans autonomie entrepreneuriale, doit être évité pour sauvegarder le modèle

coopératif, y compris en tant qu’entreprise.

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105

5 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

Les résultats de cette étude renforcent les cinq

piliers (participation, identité, durabilité, capital et

cadre juridique) du Plan d’action pour une Décennie

des Coopératives de l’ACI169. La participation et

l’identité ont été identifiées comme 2 des 8 logiques

de justification à travers lesquelles nous avons

caractérisé qualitativement l’emploi coopératif.

La durabilité et le capital ont été mentionnés au

chapitre 4 lorsque nous avons discuté comment

l’emploi coopératif et l’entrepreneuriat coopératif se

renforcent mutuellement. La nécessité d’un cadre

juridique et de politiques publiques appropriés a été

mentionnée à plusieurs reprises dans l’étude, et est

un des principaux objets des recommandations dans

la prochaine et dernière section ci-dessous.

En tout état de cause, le phénomène de l’emploi coopératif est suffisamment significatif,

quantitativement et qualitativement, pour que les organisations internationales, les gouvernements,

les syndicats, les organisations d’employeurs, les ONG, les universités et le mouvement coopératif

lui-même dressent un bilan de l’expérience d’emploi de longue date et de la résilience aux crises

mondiales, notamment en matière de maintien et de renforcement de l’emploi, qui caractérise les

coopératives. Le mouvement coopératif est parvenu à devenir un employeur clé dans le monde et

son potentiel de développement de l’emploi n’a assurément pas encore été pleinement exploité.

Les recommandations suivantes ont pour finalité d’accroître ce potentiel afin de répondre

aux quatre défis entrepreneuriaux que nous avons évoqué plus haut, et permettre ainsi aux

coopératives de répondre efficacement aux besoins de l’emploi au 21ème siècle.

5.2. RECOMMAnDATIOnS

Compte tenu des difficultés persistantes à se remettre de la récente crise financière, y compris le chômage,

la précarité de l’emploi, et l’aggravation des inégalités de revenus, encourager les coopératives qui aident à

créer et à conserver l’emploi décent et durable est essentiel. Les recommandations ci-dessous sont le résultat

de cette étude que CICOPA a menée pendant 15 mois partout dans le monde et dans différents secteurs

coopératifs. Les pays et régions qui suivent les approches recommandées ont tendance à avoir des secteurs

coopératifs florissants qui créent et maintiennent l’emploi de manière efficace.

Actuellement, l’interaction entre les différents acteurs, à savoir les organisations internationales, les

gouvernements à différents niveaux, les syndicats, les organisations d’employeurs, les organisations de la

société civile, les universités et les organisations du mouvement coopératif est fondamentale pour générer

le changement. Les recommandations suivantes requièrent donc la coopération de tous ces acteurs qui sont

invités à apporter leur contribution spécifique.

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106

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

5.2.1. POLITIQuE DE L’EMPLOI ET STATISTIQuES

Les recommandations ci-dessous sont en concordance avec la Recommandation (n°193) sur la promotion des

cooperatives, 2002 de l’OIT, ci après R193 de l’OIT, qui a été approuvée de façon pratiquement unanime entre

gouvernements, organisations d’employeurs et syndicats du monde entier et qui établit que “Des mesures

devraient être adoptées pour promouvoir le potentiel des coopératives dans tous les pays, quel que soit leur niveau

de développement, afin d’aider celles-ci et leurs adhérents à… créer et développer des activités génératrices de

revenus et des emplois décents et durables” (art 4.(a))170.

POLITIQuES ACTIVES Du MARCHÉ Du TRAVAIL

Les autorités publiques devraient inclure l’emploi coopératif dans leurs politiques actives du marché du

travail, en coopération étroite avec les organisations coopératives, et notamment:

A mettre en œuvre des mesures d’information et de formation au modèle coopératif

pour les entrepreneurs potentiels et demandeurs d’emploi, pour les comptables et

chambres de commerce, ainsi que tous les acteurs qui sont autant d’entrepreneurs ou

de demandeurs d’emploi potentiels;

A octroyer des subsides aux entrepreneurs et demandeurs d’emploi potentiels qui

créent ou rejoignent des coopératives comme, par exemple, prévoir le versement des

allocations de chômage sous forme d’une somme forfaitaire correspondant à deux

années d’indemnités (comme le pago único en Espagne) ou le maintien dégressif de

ces indemnités de chômage au cours de la période de création de l’activité économique

(comme le prévoient les dispositions dont bénéficient les coopératives d’activité et

d’emploi en France), ou encore consentir des investissements publics complémentaires

à ceux des membres (comme le prévoit la loi Marcora en Italie). À condition que

l’environnement d’appui aux entreprises dans le système coopératif national est

suffisamment solide, ces subsides se sont révélés être un investissement plutôt qu’un

coût, compte tenu notamment des taxes que la nouvelle coopérative paiera.

CADRE nORMATIF

Les États devraient assurer un cadre normatif adéquat et promouvoir le soutien aux entreprises lors

de la création de coopératives, quel qu’en soit le type ou le secteur, en favorisant celles qui génèrent

plus d’emplois et investissent dans l’amélioration des compétences, en accord avec la R193 de l’OIT qui

établit que “les gouvernements devraient mettre en place une politique et un cadre juridique favorables,

conformes à la nature et à la fonction des coopératives et fondés sur les valeurs et principes coopératifs”

Page 107: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

107

5 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

(Art. 6). Autant tous les secteurs coopératifs sont générateurs d’emploi et devraient être activement

promus, une attention particulière devrait être consacrée aux categories suivantes de cooperatives,

qui sont caractérisées par un taux particulièrement élevé de génération et de consolidation de l’emploi.

A les coopératives de production du secteur primaire et des autres secteurs, du

ramassage des déchets aux services à domicile en passant par la menuiserie et le

commerce, sans oublier les coopératives de professionnels tels que celles entre

médecins, personnel infirmier, etc.;

A les coopératives de travail associé, et plus particulièrement les transmissions

d’entreprises aux employés (voir 5.2.2. ci-dessous); et les coopératives sociales, tant

pour leur capacité à intégrer par le travail les personnes désavantagées, que pour celle

de fournir des services à la collectivité (santé, éducation, environnement, services

sociaux, logement, développement local, etc.), notamment les coopératives multi-

sociétaires.

RECuEIL ET GESTIOn DE DOnnÉES

Comme pour tout autre politique de l’emploi, les données statistiques sont indispensables pour analyser

les tendances nationales et internationales de l’emploi coopératif, et concevoir des politiques publiques

adéquates. Les estimations de l’emploi coopératif fournies dans cette étude sont plus que suffisantes

pour demander que des mesures soient prises à cet égard. Un modèle d’entreprise qui génère plus de 8%

de l’emploi mondial, et près de 12% de l’emploi dans le G20, devrait rapidement devenir l’objet d’études

statistiques nationales et internationales.

Les gouvernements devraient progressivement établir des données statistiques consolidées sur les

salariés et les travailleurs-membres qui travaillent au sein des coopératives, ainsi que sur les producteurs

indépendants de biens et de services qui travaillent dans le cadre des coopératives, en accord avec la

R193 de l’OIT qui établit que “Les politiques nationales devraient notamment …chercher à améliorer les

statistiques nationales sur les coopératives en vue de leur utilisation pour l’élaboration et la mise en oeuvre

de politiques de développement” (Art. 8. 1) (l)). Ces statistiques devraient se ventiler notamment en fonction

de l’âge, du sexe, du type de contrat de travail et du ratio entre travailleurs permanents et temporaires.

Les pouvoirs publics concernés devraient étudier la longévité de l’emploi coopératif dans le cadre d’études

de cas régionaux. Une initiative de ce genre devrait prévoir d’y engager les organisations coopératives,

des universités et des instituts de recherche. La classification sectorielle devrait suivre le système ISIC

(International Standard Industrial Classification of All Economic Activities) des Nations Unies 171.

Au niveau international, l’OIT devrait consolider des statistiques sur la base des statistiques nationales.

Page 108: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

108

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

5.2.2. EnTREPREnEuRIAT

Ce deuxième ensemble de recommandations a pour finalité de développer les différents aspects de

l’entrepreneuriat qui peuvent être propices à la création et à la stabilité de l’emploi au sein et dans le cadre des

coopératives. Elles vont dans le sens de la R193 de l’OIT, qui indique que les coopératives et leurs membres

devraient être aidées à “créer et développer des activités génératrices de revenus et des emplois décents et

durables”, “ mettre en valeur les ressources humaines et développer la connaissance des valeurs, avantages

et bienfaits du mouvement coopératif par le biais de l’éducation et de la formation”, “ développer leur potentiel

économique, y compris leur capacité d’entreprendre et leurs aptitudes à la gestion”, “renforcer la compétitivité

et accéder aux marchés et aux financements institutionnels” et “accroître l’épargne et l’investissement” (Art 4,

(a)-(f)).

PROMOTIOn DE LA PARTICIPATIOn DES SALARIÉS, DES TRAVAILLEuRS-MEMBRES ET DES PRODuCTEuRS InDÉPEnDAnTS DAnS LE CADRE DES COOPÉRATIVES

Les coopératives et leurs organisations devraient investir davantage dans la formation et l’éducation

des salariés des coopératives et, notamment, dans les modes d’interaction entre salariés et membres

compte tenu qu’il ne s’agit pas d’un coût mais d’un investissement dans la dynamique entrepreneuriale.

Les coopératives et leurs organisations devraient, par ailleurs, encourager l’engagement et la participation

du personnel, qui ont démontré leur viabilité entrepreneuriale grâce à la meilleure productivité et capacité

d’innovation qu’ils entraînent.

Les organisations de coopératives devraient favoriser le développement de coopératives multi-sociétaires

qui promeuvent l’intégration, parmi les membres, du personnel, des producteurs, des usagers et des autres

parties prenantes. Les gouvernements devraient approuver des législations qui règlementent ces types de

coopératives en s’inspirant des cadres juridiques en place dans plusieurs pays où elles ont démontré leurs

avantages en termes d’innovation organisationnelle.

Au-delà de la priorité donnée aux salariés de coopératives, aux travailleurs-membres et aux producteurs-

membres indépendants, une attention plus grande devrait être prêtée à la formation et à l’inclusion

d’usagers-membres dans les coopératives d’usagers et multi-sociétaires. Ceci est fondamental pour

assurer le succès à long terme de ces coopératives, les usagers-membres renforçant le caractère

économique et la capacité de génération d’emplois dans leurs coopératives. Les coopératives d’usagers et

leurs fédérations devraient donc se concentrer sur cet objectif clé.

Page 109: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

109

5 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

PROMOTIOn D’ORGAnISATIOnS nATIOnALES ET RÉGIOnALES DE COOPÉRATIVES ET DE LEuRS InSTITuTIOnS D’ACCOMPAGnEMEnT ÉCOnOMIQuE

Les autorités publiques devraient promouvoir la création et le renforcement d’organisations

coopératives dans tous les secteurs de l’économie, à même de négocier des politiques publiques

et des réglementations, tout en développement un rôle d’accompagnement entrepreneurial, en

fournissant de la formation et de l’appui-conseil aux coopératives de base sur des questions

juridiques, des informations sur le marché, la planification économique, les questions de l’emploi

coopératif, les start-ups, l’innovation, l’internationalisation etc. Le cas échéant, elles devraient

également promouvoir des organisations coopératives et des institutions d’appui-conseil

entrepreneuriales spécialisées au niveau régional.

PROMOTIOn DE TRAnSMISSIOnS D’EnTREPRISES AuX TRAVAILLEuRS

Pourvu que les politiques publiques et les cadres normatifs appropriés existent, comme la loi sur

l’économie sociale et solidaire votée récemment en France, le mouvement coopératif est à même de

réaliser efficacement et sur une échelle conséquente des restructurations d’entreprises sans successeurs

et d’entreprises en crise qu’il transforme en coopératives. Le potentiel de telles transmissions dépend

de l’existence du savoir-faire d’organisations coopératives et de professionnels et d’entités spécialisés.

L’accès à ce savoir-faire devrait donc faire partie intégrante des politiques et des partenariats.

La formation et l’information devraient également être mises à la disposition des juristes, des comptables,

des juges et des syndicalistes qui sont engagés dans les transmissions d’entreprises.

PROMOTIOn DES GROuPES COOPÉRATIFS

Les organisations coopératives devraient prêter une importance particulière à la constitution de groupes

coopératifs, à savoir des groupements horizontaux d’entreprises coopératives, y compris au niveau de

la formation et l’éducation impartie aux membres et aux travailleurs à cette fin. Ces regroupements, en

permettant des économies d’échelle qui valorisent les capacités entrepreneuriales, génèrent et renforcent

l’emploi coopératif. Les cadres juridiques devraient donc en permettre l’avènement et le développement.

Les groupes coopératifs devraient être encouragés à coordonner le redéploiement temporaire ou

permanent du personnel d’une coopérative vers d’autres coopératives constituantes du groupe en cas de

nécéssité, comme le réalise le groupe Mondragon.

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110

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

COnSTITuTIOn DE RÉSERVES ET D’InSTRuMEnTS FInAnCIERS nOn BAnCAIRES

La régulation, les politiques et les systèmes privés de promotion de réserves financières dans les coopératives

et d’instruments financiers mutualisés entre coopératives (capital propre, prêts et mécanismes de garantie)

pour le développement de nouvelles coopératives et de coopératives existantes, devraient être valorisés.

Un bon exemple nous est fourni par la loi italienne 59/1992 qui prévoit que 3% de tous les excédents des

coopératives soient obligatoirement versés à des fonds destinés au développement de coopératives.

PROMOTIOn DE L’EnTREPREnEuRIAT COOPÉRATIF PARMI LES JEunES

Des politiques ciblées, ainsi que des mesures et des programmes de soutien en coopération avec

les organisations coopératives, devraient encourager l’emploi coopératif et la création de start-ups

coopératives parmi les jeunes. L’enjeu n’est pas uniquement de fournir de l’emploi aux jeunes mais

aussi d’assurer la relève entre générations au sein des coopératives dans les secteurs traditionnels et

émergents. L’entrepreneuriat des jeunes peut aussi soutenir l’innovation et l’adaptation au changement

dans les coopératives.

Les organisations coopératives devraient renforcer leur collaboration et leurs partenariats avec

des universités et de grandes écoles de commerce pour combler le manque de connaissances des

coopératives chez les jeunes.

PROMOTIOn DE L’EnTREPREnEuRIAT COOPÉRATIF PARMI LES FEMMES

Des politiques ciblées, des mesures et programmes de soutien en coopération avec les organisations

coopératives devraient encourager l’emploi et l’entrepreneuriat coopératifs parmi les femmes, en

concordance avec la R193 de l’OIT qui établit qu’ « Une attention particulière devrait être apportée

à l’accroissement de la participation des femmes à tous les niveaux du mouvement coopératif,

particulièrement au niveau de la gestion et de la direction » (Art. 7. (3)).

Par ailleurs, des mesures et politiques concernant l’emploi à temps partiel, des pratiques tendant à

assurer l’équilibre entre la vie professionnelle et la vie personnelle, et la non-discrimination devraient

s’appliquer en insistant plus précisément sur l’égalité hommes-femmes et l’importance de femmes

actives dans toutes les coopératives.

Page 111: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

111

5 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

5.2.3. nORMES Du TRAVAIL, TRAnSITIOn VERS L’ÉCOnOMIE FORMELLE, PROTECTIOn SOCIALE ET LuTTE COnTRE LES PSEuDO-COOPÉRATIVES

nORMES Du TRAVAIL

L’emploi dans les coopératives devrait respecter les normes du travail établies dans la Recommandation

193 de l’OIT sur la Promotion des coopératives, par l’intermédiaire de politiques nationales adéquates: « Les

politiques nationales devraient notamment… promouvoir les normes fondamentales du travail de l’OIT et la

Déclaration de l’OIT relative aux principes et droits fondamentaux au travail pour tous les travailleurs des

coopératives sans distinction d’aucune sorte » (Art. 8 (1) (a).

COnDITIOnS DE TRAVAIL ET PROTECTIOn SOCIALE

Les organisations coopératives devraient développer un dialogue avec les organisations syndicales et les

pouvoirs publics sur les conditions de travail. Les défis qui se posent actuellement, tels que les conditions

d’emploi précaire, les travailleurs intermittents et les bas salaires dans certains secteurs économiques,

ne peuvent être relevés par les seules coopératives et exigent une coopération systémique entre tous les

acteurs concernés au niveau national.

L’intégration complète et officielle des organisations coopératives au processus de négociation collective,

comme c’est le cas en Italie, est d’une importance majeure. Elle permet de négocier en fonction des

besoins spécifiques des coopératives.

Les personnes ayant un statut de travailleurs pour compte propre qui travaillent dans ou dans le cadre des

coopératives, qu’ils soient travailleurs-membres ou producteurs-membres, devraient être assurés d’un

niveau de protection sociale satisfaisant. Les coopératives devraient, le cas échéant, travailler étroitement

avec les pouvoirs publics pour construire un cadre juridique approprié prévoyant une protection sociale

adéquate.

Les organisations coopératives devraient promouvoir des régimes de protection sociale complémentaires

comme l’ont fait SEWA en Inde et Mondragon en Espagne.

Page 112: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

112

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

FORMALISATIOn DE L’ÉCOnOMIE

La croissance des coopératives et le potentiel qu’elles offrent de transition vers l’économie formelle et

l’emploi formel devraient être reconnus clairement au niveau national et international, comme le souligne

la R193 de l’OIT: « Les gouvernements devraient promouvoir le rôle important des coopératives dans la

transformation d’activités qui ne sont souvent que des activités de survie marginales (parfois désignées

par les termes «économie informelle») en un travail bénéficiant d’une protection juridique et qui s’intègre

pleinement à la vie économique » (Art. 9).

Les pouvoirs publics devraient simplifier les procédures administratives et en faciliter l’accès pour les

coopératives, notamment pour les personnes moins qualifiées et plus particulièrement dans des pays où

l’économie informelle et l’emploi informel sont largement répandus, voire prédominants.

LA LuTTE COnTRE LES PSEuDO-COOPÉRATIVES

Se limiter à un rôle de simples prestataires intermédiaires de travailleurs à des tiers, en fournissant une main-

d’œuvre flexibilisée, sans la moindre stratégie économique autonome, tout en le justifiant par l’emprunt

de la dénomination de coopérative devrait être illégal en application de la R 193 de l’OIT qui établit que:

« Les politiques nationales devraient notamment… faire en sorte que les coopératives ne puissent pas être

créées ou être utilisées aux fins de se soustraire à la législation du travail et ne servent pas à établir des

relations de travail déguisées et lutter contre les pseudo-coopératives violant les droits des travailleurs, en

veillant à ce que le droit du travail soit appliqué dans toutes les entreprises » (art 8 (1) (b)).

5.2.4.

ÉDuCATIOn, FORMATIOn ET RECHERCHE SuR L’EMPLOI COOPÉRATIF

Les systèmes d’éducation nationale devraient promouvoir l’éducation et la formation sur l’emploi coopératif,

en accord avec la R193 de l’OIT qui établit que: « Les politiques nationales devraient notamment … promouvoir

l’enseignement des principes et pratiques coopératifs et la formation y relative, à tous les niveaux appropriés

des systèmes nationaux d’éducation et de formation et dans l’ensemble de la société » (Art. 8. (1) (f). L’éducation

et la formation coopératives devrait se concentrer particulièrement sur les études sur l’entreprise et sur la

gestion des RH, et devraient être accompagnées par de la recherché dans ces disciplines. Les coopératives

devraient développer des pratiques innovatrices en matière de gestion des RH.

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5.2.5.

POLITIQuE DE DÉVELOPPEMEnT

Les pouvoirs publics devraient mettre au cœur de leurs politiques de développement régional le modèle

coopératif. Le travail de terrain réalisé dans le cadre de cette étude a révélé dans quelle mesure une présence

coopérative coordonnée et suffisamment dense a été un facteur essentiel du succès de la transformation

économique de régions comme le Québec, l’Émilie-Romagne et le Pays basque. Les efforts consentis en

ce sens n’ont jamais été un coût mais un investissement couronné de succès. Un effort particulier devrait

être entrepris pour combattre la désertification économique des régions les plus éloignées.

La promotion et le développement des coopératives devraient figurer dans l’Agenda du développement

après 2015 et être mis en œuvre par tous les États membres des Nations Unies en tant que vecteur d’un

emploi inclusif, stable et durable.

nOTES

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113

5 CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS

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AnnEXE 1DOnnÉES nATIOnALES

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121

ANNEXE 1 - DONNÉES NATIONALES

LISTE DES DOnnÉES nATIOnALES AVEC SOuRCES

PAYS

RÉGIOn Du MOnDE /GROuPE DE PAYS

EMPLOYÉSTRAVAILLEuRS-

MEMBRESPRODuCTEuRS-

MEMBRES AnnÉE SOuRCES REMARQuES

AFRIQuE Du SuD

G20/AF N.A N.A N.A

ALGERIE AF 20.000 N.A CEPES, 2012

ALLEMAGnE G20/EU 890.133 1.700.000 2012Communication de Dirk Lehnhoff, DGRV

ARABIE SAOuDITE

G20/AS N.A

ARGEnTInE G20/AM 87.486 177.568 112.086 2008 INAES, 2008

AuSTRALIE G20/OC 26.038 34.592 2010Australian Bureau of Statistics, 2012

Seulement les principals 100 coopératives

AuTRICHE UE 61.999 185.000 2010Comité économique et social européen, 2012

BELGIQuE UE 13.547 N.A 2009Comité économique et social européen, 2012

BOTSWAnA AF 998 Coop Africa, 2009

BRÉSIL G20/AM 296.286 259.035 1.114.467 2011

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CHYPRE UE 5067 N.A 2009Comité économique et social européen, 2012

COLOMBIE AM 126.696 386.138 111.358 2012 Confecoop, 2013

CORÉE Du SuD G20/AS 123.482 1.141 2.642.8262011- 2014

Korean Federation of Community Credit Cooperatives, 2013: Korean Statistical Information Service: Portail des cooperatives, Corée

Sauf cooperatives de consommation

COSTA RICA AM 17.595 18.201 15.113 2012 Infocoop, 2012

CROATIE UE 3.565 2009Comité économique et social européen, 2012

DAnEMARK UE 70.757 4.803 99.000 2009Comité économique et social européen, 2012

Page 122: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

122

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

PAYS

RÉGIOn Du MOnDE /GROuPE DE PAYS

EMPLOYÉSTRAVAILLEuRS-

MEMBRESPRODuCTEuRS-

MEMBRES AnnÉE SOuRCES REMARQuES

EGYPTE AF 866.000 3.617.730 2008 

CEPES, 2012; Ministry of Agriculture, Central Department for Cooperatives, donnée non publiée, Central Agricultural Cooperative Union, Technical Affairs, donnée non publiée, Ministry of Agriculture and Land Reclamation, Land Reclamation Division, General Administration of Cooperative, Environmental and Social Services, donnée non publiée

ESPAGnE UE 290.797 221.844 1.174.0702008- 2012

Comité économique et social européen, 2012;

CEPES (site web)

ESTOnIE UE 9.850 N.A 2009Comité économique et social européen, 2012

ETATS unIS G20/AM 967.080 55.140 854.7002007- 2011

UWCC, 2009: USDA, 2012

ETHIOPIE AF 81.651 115.079 Coop Africa, 2009

FInLAnDE UE 92.600 1.500 167.100 2010Comité économique et social européen, 2012

FRAnCE G20/EU 547.365 38.326 928.000 2010 CoopFR, 2012

GRÈCE EU 14.983 713.714 2010Comité économique et social européen, 2012

GuATEMALA AM N.A 6.781  83.541 2008 INACOP, 2011

HOnGRIE EU 85.682 N.A 2009Comité économique et social européen, 2012

InDE G20/AS 1.215.627 6.845.701 31.291.7142009- 2010

National Cooperative Union of India, 2012

InDOnÉSIE G20/AS 473.604 N.A 2012Ministry of cooperative (site web)

IRAn AS 2.201.228 483.673 1.732.137  Iran Central Chamber of Co-operatives

IRLAnDE EU 43.328 187.7272003- 2005

Comité économique et social européen, 2012

ITALE G20/ UE 1.042.490 703.879 749.441 2011 EURICSE, 2014: CICOPA 2013a

JAPOn G20/AS 571.117 19.986 4.827.1042009- 2014

Japanese Consumers’ Cooperative Union, 2013: CICOPA, 2013b: Portail des statistiques officielles du Japon: Zenrosai (site web): Rokin bank (site web): Credit union (site web): Shinkin bank (site web)

JORDAnIE AS 4.000 N.A 2011 CEPES, 2012

KEnYA AF 303.455 1.500.000   Coop Africa, 2009

LETTOnIE UE 440 7.430 2009Comité économique et social européen, 2012

LITuAnIE UE 8.971 10.670 2009Comité économique et social européen, 2012

LuXEMBOuRG UE 1.933 N.AComité économique et social européen, 2012

MALAISIE AS N.A 141.004 595.500 2012Portail official, Malaysia Co-operative Societies Commission

Page 123: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

123

ANNEXE 1 - DONNÉES NATIONALES

PAYS

RÉGIOn Du MOnDE /GROuPE DE PAYS

EMPLOYÉSTRAVAILLEuRS-

MEMBRESPRODuCTEuRS-

MEMBRES AnnÉE SOuRCES REMARQuES

MALTE UE 250 N.A 2009Comité économique et social européen, 2012

MAROC AF 34.630 353.4942008- 2012

CEPES, 2012: Office du Développement de la Coopération (site web)

MEXIQuE G20/AM 41.184 N.A N.A 2013Communication Juan Gerardo Dominguez Carrasco

Information partielle

MOnGOLIE AS N.A 6716 11.836 2012National Statistical Office of Mongolia, 2013

nÉPAL AS 60.000 700.000 2013Department of cooperative, 2013

nIGERIA AF 100.000

Communication du Dr. D. A. Okolo, Directeur federal des cooperatives, Gouvernement du Nigeria

nORVÈGE Europe Non-UE

22.500 N.A Eurocoop (site web)Seulement

cooperatives de consommation

OuGAnDA AF 10.524 68.909 Coop Africa, 2009

PAnAMA AM N.A 1.833 3.544 2010 IPACOOP, 2013

PARAGuAY AM 13.952 567 21.339 2012Conpacoop, 2012; Collection de données CICOPA 2014

PAYS BAS UE 184.053 806.000 2009Comité économique et social européen, 2012

PEROu AM 6.902 1.218 *** 2008Ministerio de la Produccion, INEI, 2010

Information partielle

PHILIPPInES AS 259.527 1.218 145.098 2013Cooperative Development Authority (site web)

POLOGnE UE 400.000 5.207 2009Comité économique et social européen, 2012

PORTuGAL UE 51.391 85.285 409.594 2009Comité économique et social européen, 2012

RÉPuBLIQuE DOMInICAInE

AM 50.189 3.572 21.801 2009 IDECOOP, 2011

REPuBLIQuE TCHÈQuE

UE 58.178 5.022 1.143.000 2010

Comité économique et social européen, 2012

Association des cooperatives agricole de la Republique tchèque (site web)

ROuMAnIE UE 34.373 58.497 2009Comité économique et social européen, 2012

ROYAuME unI G20/UE 236.000 5.234 158.438 2010 Co-operatives UK, 2011

RuSSIE G20/Non UE Europe

235.000 1.100.000 2013Communication by Evgeny Suzdaltsev, Centrosojuz

RWAnDA AF 8.657 Coop Africa, 2009

SInGAPOuR AS 14.000Communication de Dolly Goh, SNCF

SLOVAQuIE UE 26.090 1.600 78.0682009-2010

Comité économique et social européen, 2012

SLOVÉnIE UE 3.428 2009Comité économique et social européen, 2012

SuÈDE UE 80.264 96.552 275.000 2010Comité économique et social européen, 2012

Page 124: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

124

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

PAYS

RÉGIOn Du MOnDE /GROuPE DE PAYS

EMPLOYÉSTRAVAILLEuRS-

MEMBRESPRODuCTEuRS-

MEMBRES AnnÉE SOuRCES REMARQuES

SWAzILAnD AF 395 Coop Africa, 2009

TAnzAnIE AF 34.949 Coop Africa, 2009

TuRQuIE G20/AS 98.968 2.463.026 2012Communication de Huseyin Polat, National Cooperative Union of Turkey

uKRAInEEurope

Non-UE54.872 Eurocoop (site web)

Seulement cooperatives de consommation

uRuGuAY AM N.A 12.000 20.000 2004 CUDECOOP, 2004

VEnEzuELA AM *** 476.967 108.529 2004 SUNACOOP, 2006

VIETnAM AS 622.560 51.066 340.699Communication de Tran Thu Hang, Vietnam Cooperative Alliance

zAMBIE AF 6.252 60.000 Coop Africa, 2009

zIMBABWE AF 403 237 2013Communication d’Albert Vingwe, Zimbabwe National Co-operative Federation

Only mining coops

SOuRCES

ARGEnTInEINAES, 2008, Las Cooperativas y las Mutuales en la Republica Argentina

AuSTRALIEAustralian Bureau of Statistics, 2012, 2012 Year Book Australia

BRÉSILDiretriz Nacional de Monitoramento e Desenvolvimento de Cooperativas, SESCOOP, 2012, Panorama do cooperativismo brasileiro – ano 2011

CAnADAIndustry Canada, 2013, Co-operatives in Canada in 2009

CHILIDepartamento de Cooperativas del Ministerio de Economia de Chile, 2004, Las cooperativas en Chile

COLOMBIEConfecoop, 2013, Desempeño Sector Cooperativo Colombiano 2012

Page 125: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

125

ANNEXE 1 - DONNÉES NATIONALES

CORÉE Du SuDKorean Statistical Information Service - kosis.kr

Korean Federation of Community Credit Cooperatives, 2013, The Statistics of Community Credit Cooperative

Portal site of cooperative in Korea - www.cooperatives.go.kr

COSTA RICAInfocoop, 2012, Sintesis IV Censo Nacional Cooperativo 2012

EGYPTECEPES, 2012

Ministry of Agriculture, Central Department for Cooperatives, donnée non publiée, Central Agricultural Cooperative Union, Technical Affairs, donnée non publiée, Ministry of Agriculture and Land Reclamation, Land Reclamation Division, General Administration of Cooperative, Environmental and Social Services, donnée non publiée

ESPAGnECEPES (agriculture) www.cepes.es/socios_en_detalle--82--Cooperativas%20Agro-alimentarias%20de%20Espa%C3%B1a

CEPES (fishery) www.cepes.es/socios_en_detalle--91--Federaci%C3%B3n%20Nacional%20de%20Cofrad%C3%ADas%20de%20Pescadores%20%28FNCP%29

ETATS unISUWCC, 2009, Research on the Economic Impact of Cooperatives

USDA, 2012, Cooperative Statistics 2011

FRAnCECoopFR, 2012, Panorama sectoriel des enterprises coopératives – Top 100 des entreprises coopératives 2012

GuATEMALAINACOP, 2011, Estadisticas del Sector Cooperativo – Diciembre de 2010

InDENational Cooperative Union of India, 2012, Indian Cooperative Movement – A Statistical Profile 2012

InDOnESIEMinistry of cooperative - www.depkop.go.id/index.php?option=com_phocadownload&view=file&id=377:data-koperasi-2014&Itemid=93

IRAnIran Central Chamber of Co-operatives, Cooperative Involvement in Different Sectors of the Iranian Economy

ITALIEEURICSE, 2014, La cooperazione italiana negli anni della crisi 2o rapport EURICSE

CICOPA, 2013, Data on worker cooperative Europe (internal data)

Page 126: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

126

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

JAPOnPortal Site of Official Statistics of Japan - www.e-stat.go.jp

CICOPA, 2013, Worldwide data collection on worker, social and artisans’ cooperatives

Japanese Consumers’ Cooperative Union, 2013, Co-op Facts & Figures 2012

Zenrosai - www.zenrosai.coop/english/index.php

Rokin bank - all.rokin.or.jp/english/documents/03_overview_2011E.pdf

Credit union - www.shinyokumiai.or.jp/pdf/keisu1401.pdf

Shinkin bank - www.scbri.jp/toukeimokuji.htm

MALAISIEOfficial portal Malaysia Co-operative Societies Commission - www.skm.gov.my/Gerakan-Koperasi/Statistik-Tahunan-Gerakan-Koperasi.aspx

MOnGOLIENational Statistical Office of Mongolia, 2013, Mongolian Statistical Yearbook 2012

MAROCOffice du Développement de la Coopération - http://odco.gov.ma/index.php?option=com_content&view=article&id=157

nÉPALDepartment of cooperative, 2013, Presentation in the 1st Asia Pacific Cooperative Registars’ Conference

PAnAMAIPACOOP, 2013, Estadísticas del sector cooperativo panameño al 30 de Setiembre de 2010

PARAGuAYConpacoop, 2012, Situacion del cooperativismo Paraguay

Collection de données CICOPA 2014

PEROuMinisterio de la Produccion, INEI, 2010, Las cooperativas en el Peru – Estadisticas economicas y financieras

PHILIPPInESCooperative Development Authority - www.cda.gov.ph/index.php/resources/updates/statistics/264-statistics-as-of-december-31-2013

RÉPuBLIQuE DOMInICAInEIDECOOP, 2011, Estadísticas 2008-2010 del sector cooperativo de República Dominicana

RÉPuBLIQuE TCHÈQuEAgricultural Association of the Czech Republic - www.zscr.cz/onas/struktura-organizace/clenska-struktura-149

Page 127: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

127

ANNEXE 1 - DONNÉES NATIONALES

ROYAuME unI Co-operatives UK, 2011, The UK co-operative economy – Britain’s return to co-operation 2011

uRuGuAYCUDECOOP, 2004, Datos Estadisticos Sobre el Cooperativismo en Uruguay

VEnEzuELASUNACOOP, 2006, Información sobre el cooperativismo venezolano (2004-2005)

InFORMATIOn RÉGIOnALECEPES, 2012, The Cooperative Enterprise in the Mediterranean

Comité économique et social européen, 2012, L’économie sociale dans l’Union européenne

Coop Africa, 2009, Cooperatives in Africa: The age of reconstruction - synthesis of a survey in nine African countries

InFORMATIOn SECTORIELLEEuropcoop - www.eurocoop.org/fr/?option=com_

content&view=article&id=96&Itemid=161&lang=en

Page 128: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

AnnEXE 2InFORMATIOnS DE BASE SuR LES 10 RÉGIOnS EXAMInÉES Au COuRS Du TRAVAIL DE TERRAIn

Page 129: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

ANNEXE 2 - INFORMATIONS DE BASE SUR LES 10 RÉGIONS EXAMINÉES AU COURS DU TRAVAIL DE TERRAIN

AHMEDABAD (GuJARAT), InDE

POPuLATIOn (2011): 7,214,225 (8ème district sur 640)

SuPERFICIE: 8,707 km2

CAPITALE: Ahmedabad

Le district d’Ahmedabad se confond avec la ville du même nom et ses environs. La ville d’Ahmedabad est la

capitale de l’état du Gujarat, sur la côte occidentale de l’Inde. Le district d’Ahmedabad est un des 33 districts

de l’état du Gujarat, qui compte 5% de la population indienne, 16% de sa production industrielle et 22% de ses

exportations. Entre 2001-2002 et 2011-2012, le PIB de l’état a connu un taux de croissance moyen de 10 pour cent

par an. Cette expansion de l’économie de l’état est largement due à la croissance du secteur des services et du

secteur manufacturier. La production du secteur primaire de l’état occupe une part de 11% de la production du

secteur primaire de l’Inde.

Les coopératives, tous secteurs confondus, sont présentes actuellement dans quelque 99% des villages du pays

et 71% des ménages en milieu rural sont membres. Au Gujarat, on dénombre 16.044 coopératives dans plusieurs

secteurs comme l’agriculture, la production laitière, la pêche, le crédit, la consommation, le logement, l’industrie,

les transports, l’irrigation, l’électricité, etc. Dans l’industrie agricole et laitière, les coopératives jouent un rôle

important. La Self-Employed Women’s Association (SEWA), qui organise de nombreuses activités économiques

sous forme de coopératives pour des femmes travaillant pour compte propre, a vu le jour au Gujarat en 1972 et a

encore 30% de ses membres dans cet état.

Les coopératives sont régies par des législations fédérales mais aussi de l’état du Gujarat, plus précisément la loi

de 1961. La mise en œuvre de cette loi est assurée par le Département des coopératives de l’état. 25 sièges de

l’association sont répartis dans le district, chacun ayant un bureau qui figure au registre des sociétés coopératives

du district.

129

ANNEXE 2 - INFORMATIONS DE BASE SUR LES 10 RÉGIONS EXAMINÉES AU COURS DU TRAVAIL DE TERRAIN

Page 130: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

130

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

PAYS BASQuE, ESPAGnE

POPuLATIOn (2011): 2,185,405 (7ème sur 19 régions)

SuPERFICIE: 7,234 km2

CAPITALE: Vitoria-Gasteiz

Le Pays basque est une communauté autonome du Nord de l’Espagne. La région est très industrialisée et a

développé une importante industrie métallurgique depuis la fin du Moyen Âge que justifient ses ressources

considérables en fer et en bois. Ces activités économiques ont décliné au cours des crises économiques des

années 1970 et 1980, ce qui a permis le développement du secteur des services et des nouvelles technologies.

Les industries de service sont également très développées, comme le tourisme et les services financiers. Au

cours de la dernière décennie, le Pays basque a su maintenir des taux de croissance non négligeables ainsi que de

bons niveaux de PIB par habitant. La région a également mieux résisté à la récente crise financière et économique

que les autres régions d’Espagne.

Les premières coopératives ont vu le jour au Pays basque sous forme de coopératives de consommation à la

fin du 19ème siècle. Les coopératives de travail associé se sont surtout développées depuis les années 1950,

notamment grâce à l’essor du groupe Mondragon, actuellement un des plus grands groupes économiques du

pays. En 2012, ce groupe représentait 3,7% des emplois au Pays basque.

Konfekoop (la Confédération basque des coopératives) est une organisation de fédérations sectorielles basques

de coopératives (consommation, agriculture, transport routier, travail, éducation, coopératives bancaires).

Konfekoop représente 868 coopératives de la région. L’organisme de coopération entre le mouvement coopératif

et le gouvernement régional est le CSCE-EKGK (Conseil suprême basque des coopératives) institué par la loi

basque de 1982 sur les coopératives. Il a joué un rôle décisif dans la création de fédérations de coopératives.

Une caractéristique de la législation espagnole sur les coopératives est l’importance des compétences législatives

déléguées aux régions, « comunidades autónomas ». Les coopératives du Pays basque sont régies par la Loi 4/1993

de la « comunidad autónoma » basque. Bien qu’il n’y ait pas de différences substantielles entre les différentes lois

qui régissent les coopératives au sein des « comunidades autónomas », la fiscalité est sensiblement différente

suivant les régions.

Page 131: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

131

ANNEXE 2 - INFORMATIONS DE BASE SUR LES 10 RÉGIONS EXAMINÉES AU COURS DU TRAVAIL DE TERRAIN

ÉMILIE-ROMAGnE, ITALIE

POPuLATIOn (2010): 4,429,766 (6ème région sur 20)

SuPERFICIE: 22,446 km2

CAPITALE: Bologne

L’Émilie-Romagne est située au centre-nord de l’Italie. C’est une des principales régions agricoles du pays.

L’élevage et la production laitière y sont extensifs, et la région dispose d’une importante industrie de transformation

alimentaire et de conditionnement des aliments. La fabrication de voitures et de camions, d’équipements agricoles,

de produits chimiques et pharmaceutiques, de céramiques et de vêtements y est également significative. Son

modèle économique repose sur des clusters et réseaux de petites entreprises au sein desquels les coopératives

jouent un grand rôle. Ce modèle est connu sous le nom de « modèle émilien ». Bologne est un véritable nœud de

communications et d’échanges commerciaux entre le Nord et le Sud de l’Italie, et la région dispose de bonnes

connexions ferroviaires et autoroutières.

Bien que l’histoire des coopératives remonte, dans la région, au 19ème siècle, leur développement s’est accéléré

depuis la Seconde Guerre mondiale grâce à une étroite collaboration entre le gouvernement régional et la société

civile, notamment le mouvement coopératif et les organisations syndicales. Tous les types de coopératives

(agricoles, de consommation, de pêche, de crédit, d’habitation, de travail associé, sociales, etc.) sont actifs dans

la région. Les secteurs dans lesquels les coopératives sont les mieux implantées sont le commerce de détail, la

construction, la production agricole, le logement, le secteur manufacturier et les services sociaux. Dans certains

secteurs comme l’agriculture, la construction et le commerce de détail, les coopératives prédominent.

Le mouvement coopératif italien est dirigé par des organisations fédérales, comme Legacoop, Confcooperative

et AGCI, qui pendant longtemps se sont identifiées à de grandes tendances politiques mais depuis peu coopèrent

de plus en plus au sein de l’Alleanza delle Cooperative Italiane (Alliance des coopératives italiennes).

Les coopératives sont régies par le droit national mais le gouvernement régional a développé des politiques

publiques en leur faveur. La politique économique du gouvernement régional en faveur des coopératives et des

PME a mis en place tout un système solide d’accompagnement pour promouvoir la coopération entre petites

entreprises de plusieurs secteurs économiques, dans lequel le modèle coopératif est un outil important de

coopération entre entreprises.

Page 132: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

132

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

GAnGWOn, CORÉE Du SuD

POPuLATIOn (2012): 1,551,531 (8ème région sur 17)

SuPERFICIE: 20,569 km2

CAPITALE: Chuncheon

Située au Nord-Est de la Corée du Sud, Gangwon est une des provinces les moins industrialisées du pays.

Quatre cinquièmes de la superficie de la province sont occupés par des forêts qui sont exploitées ainsi que les

abondantes ressources minérales. D’autres activités économiques ont pu se développer grâce à l’établissement

de centrales hydroélectriques et thermoélectriques. Les eaux y sont riches en poissons. Suite à la fermeture des

mines de charbon dans le Sud de la province dans les années 1990, le tourisme est devenu le secteur économique

le plus important.

En raison de la situation géographique de la province, tous les types de coopératives du secteur primaire ont connu

une croissance florissante qu’il s’agisse des coopératives agricoles, sylvicoles et de pêche. Les coopératives,

notamment de crédit, ont reçu un important soutien de l’Eglise catholique sous la dictature pendant les années

1970, comme un instrument pédagogique de démocratisation. Les premières coopératives de consommation de

Corée du Sud ont été organisées dans les régions rurales du Sud de la province par des militants défenseurs de

la démocratie dans les années 1970 et 1980. Wonju, une ville située dans le Sud de la province, est qualifiée de

centre du mouvement coopératif coréen.

La province ne dispose pas d’organisations faîtières. Les premiers secteurs dans lesquels les coopératives ont vu

le jour (agriculture, pêche, sylviculture, crédit, notamment de proximité) ont leurs propres fédérations régionales

ou un siège régional de leurs fédérations nationales. Les nouveaux types de coopératives émergentes comme

celles de consommation, de travail associé et sociales, les deux derniers types ayant été légalement reconnus par

la nouvelle loi de 2012 sur les coopératives, n’ont pas encore de réseaux régionaux. Cependant, ces coopératives

participent activement au mouvement de l’économie sociale de la province, qui est coordonné conjointement par

la société civile et les pouvoirs publics.

Il n’existe pas de législation régionale spécifique sur les coopératives. Récemment, le gouvernement provincial

a créé le Centre d’appui à l’économie sociale de Gangwon qui offre différents programmes d’accompagnement

des coopératives et d’autres types d’organisations de l’économie sociale telles que des entreprises sociales,

villageoises etc.

Page 133: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

133

ANNEXE 2 - INFORMATIONS DE BASE SUR LES 10 RÉGIONS EXAMINÉES AU COURS DU TRAVAIL DE TERRAIN

GAuTEnG, AFRIQuE Du SuD

POPuLATIOn (2011): 12,272,263 (1ère province sur 9)

SuPERRFICIE: 18,178 km2 (9ème province sur 9)

CAPITALE: Johannesburg

Gauteng est une province du Nord-Est de l’Afrique du Sud. Si c’est la plus petite province du pays, elle compte

la population la plus nombreuse et occupe la première place dans les activités économiques du pays grâce

essentiellement à la présence de villes telles que Johannesburg et Pretoria, la capitale administrative de l’Afrique

du sud. Si l’urbanisation de la province est considérable, elle a conservé un peu d’agriculture, de cultures

maraîchères et de production laitière. Les activités minières, industrielles, commerciales et financière que génère

sa grande richesse minière ont transformé la province en un centre économique important du pays.

Le secteur coopératif est, depuis le début du 20ème siècle, un vecteur économique bien établi. Se sont tout

d’abord créées des coopératives agricoles dominées par les Blancs. Les coopératives agricoles détenues par

la population noire ont été promues par le gouvernement dans les années 1970 et 1980 dans le cadre des plans

économiques du régime de l’apartheid pour les « homelands ». Outre les coopératives détenues et contrôlées par

les Blancs, des organisations syndicales – faisant fi de l’appartenance à une race – ont essayé de développer des

coopératives dans les années 1980. À la fin de l’apartheid, les gouvernements tant au niveau fédéral que provincial

ont encouragé de plus en plus le secteur en promulguant plusieurs mesures qui lui étaient favorables. La nouvelle

loi sur les coopératives, n° 14 de 2005, a stimulé l’enregistrement de nouvelles coopératives détenues par la

population noire et par des femmes. Elles ont pris la forme de coopératives de travail associé. En 2009, 20% des

coopératives sud-africaines se trouvaient dans la province de Gauteng, la province se hissait au deuxième rang,

derrière celle de KwaZulu-Natal qui en accueillait 26%.

Après que fut voué à l’échec l’organisation nationale faîtière des coopératives, le mouvement a été promu par

des ONG telles que le Co-operative and Policy Alternative Centre (COPAC) qui est actif sur tout le territoire

national mais a son siège dans la province de Gauteng, ainsi que par des organisations sectorielles telles que des

coopératives de crédit.

Les coopératives sont régies par le droit national. Le gouvernement provincial met à la disposition plusieurs

programmes de soutien aux coopératives par l’intermédiaire de Gauteng Enterprise Propellor (GEP). Ces

programmes collaborent étroitement avec des programmes coordonnés au niveau national par le Département

du commerce et de l’industrie dans le cadre de la « Integrated Strategy on the Development and Promotion of

Co-operatives ».

Page 134: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

134

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

KAnAGAWA, JAPOn

POPuLATIOn (2010): 9,029,996 (2ème préfecture sur 47)

SuPERFICIE: 2,415.84 km2

CAPITALE: Yokohama

Kanagawa est située au Sud de Tokyo, confinée entre la Baie de Tokyo à l’Est et l’océan Pacifique au Sud. La moitié

orientale de la préfecture correspond à la région Sud-Ouest de la zone métropolitaine de Tokyo-Yokohama et sa

côte orientale représente une partie importante de la zone industrielle de Keihin. L’intérieur de la préfecture est

une région agricole de production floricole et laitière pour le marché de Tokyo. Le port de Misaki dans la ville de

Miura est un grand centre de pêche de thon et de bonite. Fin des années 1970, la population a considérablement

augmenté dans la préfecture sous la pression de l’expansion industrielle et de l’urbanisation.

À l’instar du Japon en général, un mouvement coopératif diversifié et équilibré s’est développé dans la

préfecture. Dans le secteur primaire, les coopératives agricoles, sylvicoles et de pêche ont joué un grand rôle en

coopération avec les ministères concernés. Les coopératives de consommation et les collectifs de travailleurs,

nés des coopératives de consommation, ont connu une croissance rapide et sont particulièrement forts dans

la préfecture. Des coopératives de travail associé et de personnes âgées sont également implantées. Il existe

deux types de coopératives de crédit et d’autres organisations financières coopératives.

Le mouvement coopératif de Kanagawa a développé des caractéristiques distinctes depuis le milieu des années

1980, comparé au mouvement coopératif japonais en général, avec la création de l’Association de coopération

entre coopératives de Kanagawa, qui a été lancée dans le cadre de la coopération entre les coopératives agricoles,

de pêche et de consommation. Cette initiative a beaucoup grandi depuis la création du Comité de planification

régionale de Kanagawa lors de l’Année internationale des coopératives en 2012 et elle est aujourd’hui en train de

devenir le Réseau coopératif de Kanagawa.

Presque tous les types de coopératives au Japon sont régis par la législation nationale en vigueur dans le

secteur auquel elles appartiennent. Par contre, les coopératives de travail associé et les collectifs de travailleurs

n’ont pas encore de statut légal propre. Il y a peu de programmes de soutien direct aux coopératives mais les

coopératives sont considérées comme des acteurs importants par les politiques publiques qui s’adressent à

certains secteurs économiques tels que le secteur primaire et le secteur financier.

Page 135: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

135

ANNEXE 2 - INFORMATIONS DE BASE SUR LES 10 RÉGIONS EXAMINÉES AU COURS DU TRAVAIL DE TERRAIN

PARAíBA, BRÉSIL

POPuLATIOn (2012): 3,815,171 (13ème état sur 27)

SuPERFICIE: 56,584.6 km2

CAPITALE: João Pessoa

Le Paraíba est un état du Nord-Est du Brésil qui est beaucoup plus pauvre et moins développé que le Sud

industrialisé. Cependant, depuis le début de ce siècle, le Nord-Est a été le témoin d’un développement rapide

grâce aux investissements de l’état. À la différence du reste du Nord-Est, la culture de la canne à sucre y est

presque inexistante pour des raisons géographiques (relief accidenté). Les secteurs importants de l’économie

sont l’élevage, la production textile et l’artisanat traditionnel.

Le mouvement coopératif y est relativement faible, si on le compare avec les états du Sud. Cependant, sa croissance

est constante, dans la foulée du développement économique du Nord-Est du pays. Les principaux secteurs dans

lesquels s’implantent les coopératives sont la santé, l’industrie, les services, l’artisanat (notamment, traditionnel),

l’agriculture et les produits laitiers, ainsi que les transports suivis par le secteur du crédit, des entreprises d’utilité

publique et l’éducation.

La principale organisation coopérative du Paraíba est OCB-Paraíba, l’organisation régionale d’OCB, la plus

importante organisation de coopératives du Brésil. UNISOL, une autre grande organisation de coopératives du

Brésil, est aussi active au Paraíba. Unimed do Brasil, un groupe coopératif de soins de santé dispose également

d’une section importante au Paraíba.

Dans le cadre du système d’OCB mais tout en jouissant d’une certaine autonomie, le système SESCOOP se

consacre à la formation et est financé par un petit pourcentage prélevé sur les salaires des travailleurs des

coopératives. SESCOOP est la version coopérative de SEBRAE destiné aux PME du pays.

Le Brésil a une loi qui régit les coopératives de tous les secteurs. Elle a été approuvée sous le régime militaire, avant

que ne soit établie la constitution démocratique dans les années 1980. En 2012, une loi consacrée uniquement

aux coopératives de travail associé était approuvée, après 8 années de discussions. Bien qu’il aurait été plus

logique de réformer en premier lieu la loi sur les coopératives en général, il a été jugé plus facile et plus urgent

d’approuver une loi sur les coopératives de travail associé pour limiter la prolifération de fausses coopératives

de travail associé (en réalité, des agences de prestation de travail flexibilisé) qui minait littéralement le champ des

coopératives au Brésil.

Page 136: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

136

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

QuÉBEC, CAnADA

POPuLATIOn (2011): 7, 903,001 (2ème des 13 provinces et territoires)

SuPERFICIE: 1,542,056 km2

CAPITALE: Ville de Québec

Le Québec est une province située dans la partie orientale et centrale du Canada. C’est la seule province

essentiellement francophone, dont la langue officielle est le français. Le secteur de la connaissance et les

industries de pointe, telles que l’industrie aérospatiale, les technologies de l’information et les logiciels, le

multimédia occupent une part importante dans l’économie québécoise. Les ressources naturelles comme

les mines et forêts représentent une part significative de l’économie. Avec l’agriculture et la pêche, l’industrie

agroalimentaire occupe une place non négligeable.

Le mouvement coopératif a joué un rôle fondamental dans l’histoire économique, sociale et politique du Québec.

Depuis le début du 20ème siècle, les coopératives de crédit organisées par le mouvement Desjardins et les

coopératives agricoles se sont développées en structurant leur propre secteur dans la société québécoise

et ont été chefs de file du développement des coopératives en général. Entre 1930 et 1945, des réseaux de

coopératives se sont créés dans d’autres secteurs comme la pêche, la sylviculture, la consommation alimentaire,

l’achat de fournitures scolaires et les services funéraires. Le développement de coopératives de travail associé

et de coopératives de consommation s’est intensifié dans les années 1980 dans certaines régions, en étroite

collaboration avec les organisations syndicales. Depuis la fin des années 1980, de nouveaux types de coopératives,

telles que les coopératives actionnaires et celles de solidarité voient le jour.

Le Conseil supérieur de la coopération a été fondé en 1940 par les dirigeants de différents syndicats et groupes

de coopératives. Il s’est transformé en Conseil québécois de la coopération et de la mutualité (CQCM) qui est

composé de 17 fédérations sectorielles qui en sont membres à part entière.

Le partenariat de longue date entre le mouvement coopératif et le gouvernement du Québec est un des facteurs

du succès du mouvement coopératif dans la province. Au sein de ce gouvernement, la Direction du développement

des coopératives du Ministère du Développement économique, de l’Innovation et de l’Exportation est responsable

de l’appui aux coopératives et du respect de la loi qui régit les coopératives au Québec. Le gouvernement du

Québec offre plusieurs programmes financiers et un accompagnement technique aux coopératives en partenariat

avec le mouvement coopératif. Les coopératives de développement régional, essentiellement financées par le

gouvernement, jouent un rôle crucial dans ce soutien technique.

Page 137: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

137

ANNEXE 2 - INFORMATIONS DE BASE SUR LES 10 RÉGIONS EXAMINÉES AU COURS DU TRAVAIL DE TERRAIN

SAnTA FE, ARGEnTInE

POPuLATIOn (2010): 3,194, 537 (3ème province sur 24)

SuPERFICIE: 133,007 km2

CAPITALE: Santa Fe de la Vera Cruz

Santa Fe est une province de plaines dans le Nord-Est de l’Argentine. Économiquement, elle occupe la deuxième

place, notamment grâce à son développement agricole (10% du PIB de la province) et son industrie (22%). Elle

offre un véritable paysage de pampa parsemé de champs de blé, de maïs, de tournesols et de soja. Elle dispose

de nombreux ports céréaliers le long de ses principaux fleuves qui rejoignent le fleuve Rio de la Plata pour se

jeter dans l’océan Atlantique, au Sud de Buenos Aires. Santa Fe a 21% de terres cultivables. Elles permettent de

nourrir un cheptel de 6,5 millions d’animaux. Les principales industries sont associées à l’agriculture: industries

agroalimentaires (farine, huile, produits laitiers) et équipements agricoles. L’industrie métallurgique y est aussi

importante notamment à Villa Constitución où est établi Acindar.

Santa Fe est la province argentine qui connaît la densité la plus élevée de coopératives. Les premières

coopératives y ont été établies dans les premières années du 20ème siècle, souvent par des immigrants italiens

qui y ont introduit la notion même de coopérative. Les coopératives sont surtout agricoles, plus particulièrement

céréalières, laitières et de soja. Un autre secteur significatif est celui des assurances, avec SANCOR Seguros et

La Segunda qui figurent parmi les assureurs les plus importants du pays; ils ont tous deux leur siège à Santa Fe

et ont la plupart de leurs membres dans la province. Une caractéristique importante en Argentine en général

et à Santa Fe en particulier est le poids des coopératives d’utilité publique engagées dans la distribution de

l’eau, de l’électricité et des services de téléphonie. Les premières coopératives de ces secteurs ont vu le jour

dans cette province et ils figurent actuellement parmi les plus forts au niveau national. Enfin, les coopératives

de travail associé sont en plein essor depuis 2002. Elles sont plus de 700 actuellement.

Il y a 3 confédérations de coopératives dans le pays: Coninagro qui regroupe les coopératives agricoles,

Cooperar qui est une confédération intersectorielle et la CNCT qui fédère les coopératives de travail associé.

Elles ont leur siège à Buenos Aires. Elles coopèrent de plus en plus ensemble.

Les coopératives en Argentine sont régies par une loi intersectorielle, et sont enregistrées et promues par

l’organisme de l’économie sociale INAES du gouvernement central. La province de Santa Fe a également un

organisme en charge des coopératives. La plupart des politiques de promotion sont décidées au niveau central.

Page 138: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

138

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

WISCOnSIn, ETATS unIS

POPuLATIOn (2012): 5,726,398 (20ème état sur 50)

SuPERFICIE: 169,639 km2

CAPITALE: Madison

Le Wisconsin est un des états situés au Nord et centre des États-Unis. Son économie est diversifiée bien que trois

secteurs dominent dans des régions précises: le secteur manufacturier dans la ceinture industrielle du Sud-Est,

l’agriculture – notamment, la production laitière – dans les 2/3 du Sud de l’état, le tourisme et les loisirs dans le

Nord, où les arbres sont toujours verts et les lacs nombreux.

Les coopératives jouent depuis longtemps un rôle important dans l’économie rurale de l’état. La première

mutuelle d’assurance urbaine s’y est créée en zone urbaine vers le milieu du 19ème siècle. Au début du 20ème

siècle, une part importante de la fabrication de la crème et du fromage était détenue par les agriculteurs

organisés en coopératives. Dans les années 1930, les coopératives de services de téléphonie et de distribution de

l’électricité ont fourni ces services de base aux régions rurales. Les sièges de Credit Union National Association

(CUNA), CUNA Mutual group et du World Council of Credit Union se trouvent à Madison, capitale de l’état. Les

coopératives de travail associé, les coopératives de consommation et de logement sont très actives et très

proches des mouvements de base. Selon une étude du Centre pour les coopératives de l’Université de Wisconsin,

le Wisconsin serait le deuxième état en ordre d’importance à accueillir des coopératives et compterait 2,7 millions

de membres.

Le Cooperative Network est une organisation intersectorielle qui représente plus de 600 coopératives du

Wisconsin et du Minnesota. Il existe également des réseaux sectoriels et sous-régionaux de coopératives tels

que la Dane Cooperative Alliance dans le comté de Dane.

Aux États-Unis, les coopératives ne jouissent pas d’un statut légal identique au niveau fédéral. Les personnes qui

souhaitent s’organiser en coopérative dans le Wisconsin peuvent créer une entreprise coopérative aux termes

du Chapitre 185 ou une association coopérative sans personnalité morale aux termes du Chapitre 193 des Codes

de l’état du Wisconsin.

Page 139: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

139

ANNEXE 2 - INFORMATIONS DE BASE SUR LES 10 RÉGIONS EXAMINÉES AU COURS DU TRAVAIL DE TERRAIN

REFEREnCES

Encyclopedia Britannica - www.britannica.com

Wikipedia – www.wikipedia.org

GAuTEnG

Gauteng provincial government, 2007, Co-operatives Development Policy, Johannesburg:

Gauteng provincial government

DTI, 2012, Integrated Strategy on the Development and Promotion of Co-operatives, Preto-

ria: the dti

Satgar, V., 2007, The State of the South African Cooperative Sector, Johannesburg: COPAC

QuÉBEC

Canadian Co-operative Association, 2008, Co-ops in Quebec

Conseil québécois de la coopération et de la mutualité, 2013, Rapport d’activités 2012 – Les

coopératives et mutuelles, des entreprises pour un monde meilleur, Québec: CQCM

WISCOnSIn

University of Wisconsin Center for Cooperatives, 2007 (revised in 2014), Cooperatives in

Wisconsin – The Power of Cooperative Action, Madison: UWCC

ÉMILIE-ROMAGnE

Restakis, J. 2007, The Emilian Model – Profile of a Co-operative Economy

PAYS BASQuE

OCDE, 2011, Examens de l’OCDE sur l’innovation régionale: Pays basque, Espagne

Zevi, A., Zanotti, A., Soulage, F. and Zelaia, A., 2011, Beyond the Crisis: Cooperatives, Work,

Finance – Generating Wealth for the Long Term, Bruxelles: Publication CECOP

Informations soumises par Mondragon Corporation, Incidencia de Mondragon en el Euskadi

y Navarra

Page 140: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

AnnEXE 3LISTE DES InTERVIEWS

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141

ANNEXE 3 - LISTE DES INTERVIEWS

PAYS RÉGIOn nOM DE LA COOPÉRATIVE

TYPE DE COOPÉRATIVE

ACTIVITÉ PRInCIPALE

STATuT DE L’InTERVIEWÉ S

EXE

AGE REMARQuES

AFRIQuE Du SuD Gauteng

Tswelelane BakeryCoopérative de travail associé

BoulangerieTravailleur-

membreF senior

Twanano Paper Manufacturing

Coopérative de travail associé

Artisanat, agriculture

Travailleur-membre

F junior

Hlanganani agricultrural

worker cooperative

Coopérative de travail associé

Agriculture Travailleur-

membreM moyen

Pretorium trustCoopérative

d’usagersCrédit Salarié M senior

COREE Du SuD Gangwon

NonghyupFédération de

cooperatives de production

Agriculture, banque

Producteur-membre

M moyen

NonghyupFédération de

cooperatives de production

Agriculture, banque

Salarié M moyen

Wonju food cooperative

Coopérative sociale

Restauration Salariée F junior

Wonju medical cooperative

Coopérative d’usagers

Services médicaux

Salarié M moyen

Balkeum Credit Union

Coopérative d’usagers

Banque Salarié M moyen

JAPOn Kanagawa

Seikastu-Club consumer

cooperative

Coopérative d’usagers

Distribution de nourriture

biologiqueSalarié M junior

Collective interview

Coopérative d’usagers

Distribution de nourriture

biologiqueSalarié M junior

Coopérative d’usagers

Distribution de nourriture

biologiqueSalariée F junior

Center Jigyodan Kanagawa Region

Office

Fédération régionale de

coopératives de travail associé

Fédération régionale

Travailleur-membre

M junior

KokojiCoopérative de travail associé

Soins à la personne

Travailleur-membre

F moyen

Kanagawa senior cooperative

Coopérative sociale

Soins à la personne

Travailleur-membre

F moyen

Workers’ Collective Mutual Insurance

co., ltd

Coopérative de travail associé

AssuranceTravailleur-

membreF senior

Collective interviewCoopérative de

travail associéAssurance

Travailleur-membre

F moyen

Page 142: Cooperatives et emploi un rport mondial fr web 3 10 1pag

142

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

PAYS RÉGIOn nOM DE LA COOPÉRATIVE

TYPE DE COOPÉRATIVE

ACTIVITÉ PRInCIPALE

STATuT DE L’InTERVIEWÉ S

EXE

AGE REMARQuES

ARGEnTInE Santa Fe

SANCOR LacteosCoopérative de

productionProduits laitiers Salarié M senior

SANCOR SegurosCoopérative

d’usagersAssurance Salarié M junior

Cooperativa de Provisión de Agua Potable Sunchales

Coopérative d’usagers

Fourniture d’eau potable

Salariée F junior

FecotelFédération de coopératives

d’usagers

Services de télé- communications

Salarié M moyen

Agricultores Federados Argentinos

Coopérative de production

AgricultureProducteur-

membreF moyen

FESCOE (Santa Fe Federation of Electricity

Cooperatives)

Fédération de coopératives

d’usagers

Fourniture d’électricité

Salarié M junior

7 de mayo worker cooperative

Coopérative de travail associé

MetallurgieTravailleur-

membreM junior

Interview collectif

Coopérative de travail associé

MetallurgieTravailleur-

membreM senior

BRAzIL Paraiba

CoapecalCoopérative de

productionProduits laitiers Salarié M moyen

Taxi cooperative João Pessoa

Coopérative de production

TaxiProducteur-

membreM junior

Coop ExtremoCoopérative de

productionTransport et

tourismeProducteur-

membreM junior

CoopapelCoopérative de travail associé

PapierTravailleur-

membreM senior

Women’s handicraft

cooperative As Cabritas

Coopérative de production

ArtisanatProducteur-

membreF senior

Handicraft cooperative

Coopérative de production

ArtisanatProducteur-

membreF moyen

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143

ANNEXE 3 - LISTE DES INTERVIEWS

PAYS RÉGIOn nOM DE LA COOPÉRATIVE

TYPE DE COOPÉRATIVE

ACTIVITÉ PRInCIPALE

STATuT DE L’InTERVIEWÉ S

EXE

AGE REMARQuES

ITALIEEmilie-

Romagne

CMC RavennaCoopérative de travail associé

ConstructionTravailleur-

membreF moyen

EVOLUZIONI WEBCoopérative de travail associé

TICEx-travailleur-

membreM moyen

COMACER Bagnacavallo

Coopérative de production

AgricultureProducteur-

membreM moyen

RAFAR Multiservice

Coopérative de travail associé

Multi-services Salarié M senior

CREDITO COOPERATIVO

Coopérative d’usagers

Banque Salarié M junior

Lavoratori del Mare Coopérative de

productionPêche

Producteur-membre

M senior

Coop AdriaticaCoopérative

d’usagersDistribution Salarié M moyen

Consorzio Solco Imola

Consortium de coopératives

socialesServices sociaux

Travailleur-membre

M moyen

ZEROCENTOCoopérative

socialeServices sociaux

Travailleur-membre

F junior

ESPAGnE Pays basque

Behi-alde Koop.E.Coopérative de travail associé

Produits laitiersTravailleur-

membreM senior

Mondragon Assembly S.Coop

Coopérative de travail associé

ManufactureTravailleur-

membreM moyen

Eroski Coopérative

d’usagers et de travail associé

DistributionTravailleur-

membreF moyen

Urkide Koop.E.Coopérative de travail associé

EducationTravailleur-

membreM moyen

Laboral Kutxa Koop.E.

Coopérative d’usagers et de travail associé

BanqueTravailleur-

membreM moyen

Fagor Arrasate Koop.E.

Coopérative de travail associé

ManufactureTravailleur-

membreM junior

Garlan S.Coop.Coopérative de

productionAgriculture

Producteur-membre

M moyen

Arizmendi Koop.E.Coopérative de travail associé

EducationTravailleur-

membreM senior

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144

LES COOPÉRATIVES ET L’EMPLOI: UN RAPPORT MONDIAL

PAYS RÉGIOn nOM DE LA COOPÉRATIVE

TYPE DE COOPÉRATIVE

ACTIVITÉ PRInCIPALE

STATuT DE L’InTERVIEWÉ S

EXE

AGE REMARQuES

CAnADA Québec

Desjardins Federation

Groupe de coopératives

d’usagers Banque Salariée F moyen

Constructions ensemble

Coopérative de travail associé

ConstructionTravailleur-

membreM senior

Coopérative funéraire des Deux

Rives

Coopérative d’usagers

Services funéraires

Salariée M senior

La coop Fédérée Coopérative de

productionAgriculture

Producteur-membre

M senior

NovaideCoopérative

socialeServices à la

personneSalariée M senior

ETATS unIS Wisconsin

Isthumus

Coopérative de

travail associéIngégnérie

Travailleur-

membreM moyen

Coopérative de

travail associéIngégnérie Salariée F moyen

Landmark

Coopérative de

productionAgriculture Salarié M moyen

Coopérative de

productionAgriculture Salariée F junior

Union cab

Coopérative de

travail associéTaxi

Travailleur-

membreM senior

Coopérative de

travail associéTaxi

Travailleur-

membreM moyen

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ANNEXE 3 - LISTE DES INTERVIEWS

PAYS RÉGIOn nOM DE LA COOPÉRATIVE

TYPE DE COOPÉRATIVE

ACTIVITÉ PRInCIPALE

STATuT DE L’InTERVIEWÉ S

EXE

AGE REMARQuES

ETATS unIS Wisconsin

Organic Valley

Coopérative de

production

Produits

laitiers,

céréales

Salarié M moyen

Collective

interviewCoopérative de

production

Produits

laitiers,

céréales

Salarié F senior

Center Point

Counseling

Coopérative de

travail associéSanté mentale

Travailleur-

membreM moyen

Collective

interview

Coopérative de

travail associéSanté mentale

Travailleur-

membreM moyen

Coopérative de

travail associéSanté mentale Salariée F moyen

CUNA Mutual

Group

Filiale d’une

fédération de

cooperatives

d’usagers

Assurance Salariée F junior

InDE Ahmedabad

Gitanjali

Coopérative de

travail associéManufacture

Travailleur-

membreF junior

Coopérative de

travail associéManufacture

Travailleur-

membreF moyen

Coopérative de

travail associéManufacture

Travailleur-

membreF moyen

Rachayata coop

Coopérative de

travail associéConstruction

Travailleur-

membreF moyen

Coopérative de

travail associéConstruction

Travailleur-

membreF moyen

Shaishav Balsewa

Child care

Coopérative de

travail associéSoins à l’enfant

Travailleur-

membreF senior

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Corporation Mondragon, Espagne par © Lydie Nesvadba

Emilia Romagna, Italie par © Ken Welsh

Coop Adriatica, Italie

SEWA, Inde

Cooperativa Telefónica de San Genaro, Argentine

Coopnatural, Brésil

Union Cab, États-Unis

SEWA, Inde

Image d’archive de Confcooperative Emilia-Romagna

SEWA, Inde

Coop Adratica, Italie

Corporation Mondragon, Espagne par © Lydie Nesvadba

Wonju Medical Cooperative, Corée du Sud

Tswelelane Bakery, Afrique du Sud

CoopAdratica, Italie

Organic Valley, États-Unis

Cooperar 7 de mayo, Argentine

Wonju Food Cooperative, Corée du Sud

Mouvement Desjardins, Canada par © Claude Cote

SEWA, Inde

Corporation Mondragon, Espagne par © Lydie Nesvadba

AFA, Argentine

Corporation Mondragon, Espagne

Corporation Mondragon, Espagne par © Lydie Nesvadba

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À PROPOS DE CICOPA

CICOPA, une organisation sectorielle de l’Alliance Coopérative internationale, représente les

coopératives industrielles et de services dans le monde entier. Beaucoup de ces coopératives

sont des coopératives de travail associé, c’est-à-dire, des coopératives où les membres sont les

travailleurs de l’entreprise et qui se caractérisent par un type de relation de travail particulier, appelé

“travail associé”, différent de celui des salariés traditionnels ou des indépendants. Une typologie

nouvelle et croissante de coopératives représentées par CICOPA sont les coopératives sociales,

à savoir des coopératives dont la mission est la production de biens et services d’intérêt général.

CICOPA représente également les cooperatives de producteurs indépendants actifs dans l’industrie

et les services.

À PROPOS Du MOuVEMEnT DESJARDInS

Avec ses 45 000 employés, le Mouvement Desjardins est le premier groupe financier coopératif au

Canada et le quatrième au monde, avec un actif de 222 milliards de dollars. Il figure parmi les 100

meilleurs employeurs au Canada selon le palmarès établi par Mediacorp Canada. Pour répondre aux

besoins diversifiés de ses membres et clients, particuliers comme entreprises, sa gamme complète

de produits et de services est offerte par son vaste réseau de points de service, ses plateformes

virtuelles et ses filiales présentes à l’échelle canadienne. Considéré, en Amérique du Nord, comme la

quatrième institution financière la plus sûre selon le magazine Global Finance et la plus solide selon

l’agence d’information financière Bloomberg, Desjardins affiche des ratios de capital et des cotes

de crédit parmi les meilleurs de l’industrie. De concert avec l’Alliance coopérative internationale, le

Mouvement Desjardins accueillera, à Québec, le Sommet international des coopératives, du 6 au 9

octobre 2014.

9 782930 816012