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Haute Ecole Léonard de Vinci Voie Cardijn 10 1348 Louvain-La-Neuve Linotte Marie Département préscolaire Comment favoriser l'estime de soi chez les enfants allophones ou en situation fragile? Travail de fin d'études en vue de l'obtention du titre de "Bachelier d'institutrice préscolaire" Option: "français langue d'enseignement et diversité culturelle" Madame E. Marichal et Madame I. Goies Année académique 2015 - 2016

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Haute Ecole Léonard de Vinci

Voie Cardijn 10 – 1348 Louvain-La-Neuve

Linotte Marie

Département préscolaire

Comment favoriser l'estime de soi chez les enfants allophones

ou en situation fragile?

Travail de fin d'études en vue de l'obtention du titre de

"Bachelier d'institutrice préscolaire"

Option: "français langue d'enseignement et diversité culturelle"

Madame E. Marichal et Madame I. Goies

Année académique 2015 - 2016

J'adresse mes remerciements aux personnes qui

m'ont aidée à la réalisation de ce travail.

En premier lieu, je tiens à remercier Madame E.

Marichal ainsi que Madame I. Goies, professeurs

à l'ENCBW. En tant que responsables de l'option

"français langue d'enseignement et diversité

culturelle", elles m'ont guidée dans mon travail et

m'ont aidée à trouver des solutions pour avancer.

Je remercie également mes différents maitres de

stages qui ont répondu à toutes mes questions,

ainsi que toutes les personnes qui ont pris de leur

temps afin de relire ce travail.

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Table des matières

Table des matières ...................................................................................................................... 3

Introduction générale .................................................................................................................. 4

Première partie: Mon parcours professionnel ............................................................................. 6

Chapitre 1: Avant l'ENCBW… ............................................................................................... 6

Chapitre 2: Ma première année à l'ENCBW ........................................................................... 6

Chapitre 3: La continuité de mon parcours ............................................................................. 8

Chapitre 4: Dernière étape de mon parcours .......................................................................... 9

Ligne du temps ......................................................................................................................... 11

Deuxième partie: Contenu lié à l'option ................................................................................... 12

1. Contexte de stage et émergence de la question .......................................................... 12

2. Qu'est-ce que l'estime de soi? .................................................................................... 12

3. Les éléments clés de l'estime de soi ........................................................................... 15

a. Le sentiment de sécurité ......................................................................................... 16

b. Le sentiment d'individualité et d'identité................................................................ 16

c. Le sentiment d'appartenance .................................................................................. 17

d. Le sentiment de compétence .................................................................................. 18

e. Le sentiment des responsabilités ............................................................................ 18

4. Quelle forme d'estime de soi chez les enfants allophones ou en situation fragile? ... 19

5. Pistes pour favoriser l'estime de soi à l'école ............................................................. 21

6. Activités sur l'estime de soi ....................................................................................... 23

Totems des animaux ...................................................................................................... 23

La mascotte .................................................................................................................... 25

Contes sur moi ............................................................................................................... 26

Conclusion ................................................................................................................................ 27

Bibliographie ............................................................................................................................ 29

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Introduction générale

"S'aimer soi-même est le début d'une histoire d'amour qui durera toute une vie" Oscar Wilde

Etant actuellement en troisième normal préscolaire à l'Ecole Normale Catholique du

Brabant Wallon, il m'a été demandé de choisir une thématique ainsi qu'une question à laquelle

répondre lors de mon travail de fin d'études en lien avec l'option choisie en début d'année.

Ayant choisi "français langue d'enseignement et diversité culturelle", j'ai été

confrontée à des enfants venant d'horizons différents dont certains ne parlaient pas le français.

Je voulais trouver un sujet qui soit motivant, intéressant et qui puisse m'apporter un plus sur le

plan tant personnel que professionnel.

Suite à mes stages, à différentes observations et à un attrait particulier, il en est ressorti

la thématique de l'estime de soi.

Je pense, en effet, que l'estime de soi est un réel problème présent chez les enfants et donc

dans nos classes d'école maternelle; plus encore lorsqu'on rencontre des enfants venant

d'horizons différents. Il est donc important de les aider à se valoriser afin qu'ils puissent

s'épanouir et trouver leur place dans notre société.

Nous évoluons et les enfants grandissent dans une société qui se veut de plus en plus

individualiste et compétitrice. Afin d'y trouver sa place, il est essentiel d'avoir une bonne

estime et du respect envers soi-même. La connaissance de soi est alors indispensable.

Mes différents stages à Bruxelles cette année ont confirmé le choix de ma

problématique. En effet, travailler avec des élèves venant de diverses origines est très

intéressant et enrichissant et je pense que c'est dans ce milieu qu'on perçoit le mieux l'estime

de soi chez un enfant.

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Mon travail sera divisé en deux grandes parties.

La première partie sera constituée de mon parcours professionnel. J'y relaterai les différents

moments marquants qui ont eu lieu lors de mes trois années à l'ENCBW et j'expliquerai les

origines de ma motivation.

La seconde partie du travail développera ma thématique de départ.

Je présenterai les différentes composantes de l'estime de soi que j'analyserai par la suite avec

celle des enfants allophones ou en situation fragile. J'y exposerai également quelques activités

réalisées en classe de stage.

Après cela, vous trouverez la conclusion qui me permettra de finir ce travail tout en me

mettant en projet pour les années futures.

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Première partie: Mon parcours professionnel

Chapitre 1: Avant l'ENCBW…

Je n'ai pas choisi mes études au hasard, elles sonnent comme une évidence depuis

ma plus tendre enfance. J'ai toujours dit que je voulais être institutrice maternelle et c'est ce

que je suis en train de devenir.

Ayant invariablement voulu travailler avec les enfants, j'ai mis toutes les chances de

mon côté. A 16 ans, j'ai eu l'opportunité de suivre une formation afin d'obtenir mon brevet

d'animatrice. Une formation qui s'est déroulée sur un an et qui m'a permis de rencontrer

différents professionnels de l'enfance. Brevet en poche, j'ai alors commencé à travailler

tous les étés en tant qu'animatrice dans les plaines communales. Certes, ce ne sont pas les

mêmes objectifs que l'enseignement, mais j'ai pu m'apercevoir que j'avais un contact

simple et bienveillant avec les enfants.

Lors de mon passage en cinquième humanité, je me suis tournée vers une nouvelle

orientation. J'ai en effet changé d'école et d'option; je suis passée en technique sociale.

Cette décision était évidemment en lien avec mon avenir. Lors de ces deux dernières

années, j'ai eu la chance de pouvoir faire des stages dans des milieux différents et d'ainsi,

confirmer mon choix. J'ai fait un stage dans une crèche, dans une classe de 3ème primaire et

dans une classe de 2e/3e maternelle. C'est lors de ce dernier que je me suis le plus épanouie

et que je me suis sentie vraiment à ma place. De surcroît, j'étais réellement intéressée à

l'école par des cours comme "psychologie" ou "formation sociale".

Après toutes ces observations, les étés en tant qu'animatrice et mon diplôme de fin

d'études secondaires obtenu, je suis venue m'inscrire à la Haute école. Et c'est là que tout a

commencé.

Chapitre 2: Ma première année à l'ENCBW

Je dois avouer que franchir le cap d'une nouvelle étape de ma vie était stressant,

mais je n'arrivais pas en terrain inconnu simplement par le fait que je n'arrivais pas seule.

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Je suis arrivée à l'école avec l'envie d'apprendre et de devenir une institutrice maternelle

créative qui puisse développer de nombreuses compétences chez les enfants tout en

m'assurant que chacun trouve sa place dans la société et dans son propre environnement.

En un mot, je voulais acquérir toutes les compétences afin de devenir un professionnel de

l'enseignement. (Paquay L., 2001)

Ce début d'année fut marqué par les trois jours à l'école du cirque ainsi que par mon

premier blocus.

Lors de la formation à l'école du cirque, nous avons pu tester différents ateliers qui nous

plaçaient en tant qu'apprenants. J'ai découvert certaines techniques comme celle de l'accro-

gym, de la marche sur un câble, du ruban ou du diabolo. Techniques que j'ai pu exploiter

avec les enfants lors de mon stage de psychomotricité.

Plus simplement, j'ai aussi rencontré les personnes avec qui j'allais cohabiter pendant les

trois prochaines années.

Après plusieurs mois de cours où je suis devenue petit à petit un maitre instruit (Paquay L.,

2001), est arrivé le temps du blocus. Concernant cette première épreuve d'examens, j'y ai

fait face avec anxiété. Cependant, j'ai pu maitriser cette peur. J'ai trouvé une méthode de

travail qui me convenait et je l'utilise toujours.

L'évènement le plus important de cette première année a forcément été mon stage.

En tant que maitre instruit et praticien artisan (Paquay L., 2001), j'ai été plongée pour la

première fois dans le métier. Ce stage, je l'ai fait seule contrairement aux autres étudiants

en binôme. Malheureusement, il ne s'est pas passé comme je le voulais. J'ai eu un problème

de communication avec mon maitre de stage, problème qui s'est ressenti durant les deux

semaines. Alors, en tant que praticien réflexif et personne (Paquay L., 2001), je me suis

remise en question. Je me suis demandée si j'aimais vraiment faire ce métier et surtout, si

j'étais faite pour ça. J'ai alors pris rendez-vous dans un centre d'orientation pour finalement

décider de continuer dans cette voie. Pendant cette période, je pense avoir grandi. Je me

suis rendue compte que choisir et trouver des études qui nous conviennent n'est pas aussi

aisé qu'on le pense et qu'il faut travailler sur soi, se poser des questions pour trouver sa

voie.

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J'ai terminé cette année avec un examen de mathématiques en seconde session, que j'ai

réussie et qui m'a permis de passer en deuxième afin de poursuivre mon parcours.

Chapitre 3: La continuité de mon parcours

C'est lors de cette deuxième année que j'ai évolué le plus en tant que maitre instruit

(Paquay L., 2001). Notamment lors du module sur le projet, en début d'année, et grâce aux

différents cours comme psychologie des apprentissages ou psychologie du développement.

Ces cours avaient plus de sens pour moi que ceux de première, sûrement grâce à la

pratique déjà acquise.

Un des évènements marquants de cette année a été mon stage. Je l'appréhendais, à

tort. J'ai agi en tant que maitre instruit, praticien artisan et praticien réflexif (Paquay L.,

2001) afin de le réussir. J'étais en recherche d'outils me permettant de m'extérioriser, d'être

plus théâtrale devant les enfants afin de mieux cadrer le groupe et d'être plus proche d'eux.

C'est également lors de ce stage que j'ai mis en pratique le module de début d'année en

créant mon premier projet avec mes petits élèves. Grâce à cela, je sais que plus tard, je

travaillerai de cette manière. C'est une pratique qui développe de nombreuses compétences

chez les enfants et ils en sont d'autant plus motivés.

Depuis le début de ma formation, je souhaitais vivre une expérience à l'étranger.

C'est donc naturellement, en tant qu'acteur social (Paquay L., 2001), que j'ai posé ma

candidature pour partir en semaine internationale. J'ai pu me rendre à Haderslev au

Danemark. Cette semaine m'a permis de grandir en tant que personne (Paquay L., 2001),

car partir seule dans un pays dont on ne parle pas la langue est une épreuve. J'ai appris à

être plus autonome et à me débrouiller. Ce voyage m'a également ouvert les yeux sur les

pédagogies qui se pratiquent ailleurs. J'y ai découvert plusieurs aspects d'un autre système,

avec des éléments que je mettrai sûrement en place plus tard, comme le fait de travailler à

l'extérieur ou de permettre aux enfants de s'essayer à tout avant de choisir ce qu'ils veulent

faire.

En fin d'année, nous avons eu un voyage scolaire à Dworp. J'y ai rencontré de

nouvelles personnes qui m'ont aidée à construire mon parcours et qui continueront

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certainement à le faire. J'y ai également été placée en tant que praticien réflexif (Paquay L.,

2001). En effet, nous sommes revenus sur nos différents stages et j'ai pu établir une liste

des compétences déjà acquises comme le fait de pratiquer des ateliers tournants, la

pédagogie du projet, gérer le groupe classe, mener des rituels et des transitions, réaliser des

préparations, adapter mes activités à l'âge des enfants ou encore leur donner du sens. Je

sais maintenant vers quels choix pédagogiques je souhaite me tourner, notamment avec la

pédagogie active, la pédagogie du projet ou l'apprentissage en classe-ateliers. Et, chose

importante également, nous avons pris du bon temps tous ensemble, entre deux périodes de

stress.

J'ai terminé mon année sans seconde session, mais je n'ai malheureusement pas pu

partir en Erasmus, ce que je regrette le plus. Néanmoins, je me dis que si ce n'est pas

arrivé, c'est certainement pour une bonne raison.

Chapitre 4: Dernière étape de mon parcours

Lors de cette dernière année, j'ai créé et exploité de nouveaux outils que je

continuerai à utiliser plus tard. Grâce à cela, je me suis mise en projet de praticien artisan

et de praticien réflexif (Paquay L., 2001).

Le cours de média, à l'école, a aussi fait de moi un maitre instruit. (Paquay L., 2001). En

effet, j'ai découvert de nouvelles techniques audio-visuelles pour la création d'un film.

Le stage le plus important, pour moi, a été celui de janvier, en 3ème maternelle.

J'avais des craintes, mais elles se sont envolées dès le premier jour. J'ai pu utiliser et

façonner toutes mes compétences professionnelles. J'ai d'abord dû me placer en tant que

technicien. (Paquay L., 2001). En effet, lors de la réalisation de mon projet, j'ai utilisé de

nouvelles techniques afin de monter et réaliser un magasin. J'ai également appris à

travailler en collectif avec les autres stagiaires et le corps enseignant, car nos maitres de

stage travaillaient ensemble et s'engageaient dans des projets communs. En tant qu'acteur

social (Paquay L., 2001), j'ai été un partenaire engagé qui s'impliquait dans les différents

projets collectifs. J'ai aussi eu la chance de pouvoir assister à plusieurs concertations ainsi

qu'aux réunions de parents.

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Le stage de psychomotricité restera également gravé dans ma mémoire. Pour la

première fois, je me retrouvais seule. De plus, je n'avais jamais vu ni l'école ni les enfants,

mais je me suis adaptée sans problème majeur. Et grâce à ces trois ans de pratique, où j'ai

pu tester différentes approches, je sais que cela me conviendrait de devenir maitre spécial

de psychomotricité. C'est l'approche différente que l'on a avec les enfants qui me plait.

Lors de ce stage, j'ai été un praticien artisan. (Paquay L., 2001)

En début de cette dernière année, nous avons dû choisir une option à partir de

laquelle nous écririons notre TFE. Sans aucune hésitation, je me suis tournée vers l'option

"français langue d'enseignement et diversité culturelle". Je la trouve nécessaire à notre

formation et elle devrait faire partie intégrante de notre cursus. En Belgique, comme

partout ailleurs il me semble, nous sommes confrontés, dans nos classes, à une

augmentation d'enfants venant d'horizons différents. Je trouve qu'il est alors primordial de

les aider à s'accepter tels qu'ils sont, à trouver leur place dans notre société et à s'épanouir.

Certains enfants arrivent chez nous sans parler notre langue, une position pleine

d'incompréhensions. Il est donc important de pouvoir leur enseigner le français tout en les

faisant progresser dans les différentes matières.

Une de mes motivations concernant cette option est également le fait que je sois très attirée

par la diversité culturelle. Je pense que nous avons tous à apprendre des autres et que ces

enfants ont beaucoup à nous offrir. Souhaitant aller à l'étranger, cette option me sera

également très utile. De plus, habitant à proximité de Bruxelles, c'est sans doute dans des

écoles accueillant de nombreux élèves d'horizons différents que je serai amenée à postuler.

Je veux donc avoir un maximum de ressources, de connaissances et de compétences afin

de les aider au mieux. Mon dernier stage à Schaerbeek a fait évoluer mon choix. Je me suis

retrouvée face à des enfants venant d'horizons totalement différents. Mais même s'ils

parlaient le français pour la plupart, il y avait toujours une différence culturelle entre eux.

Pour finir, mon cours d'inégalités scolaires et sociales a confirmé mon choix. J'y ai

découvert toute la difficulté de certains parents à entrer dans le système de l'école et à aider

leurs enfants à grandir. Nous avons eu plusieurs témoignages d'enfants qui mentaient au

sujet de leur famille, de leur vie tout simplement. Ils manquaient d'estime de soi et

essayaient de se faire passer pour plus qu'ils n'étaient au lieu d'être fiers de ce qu'ils avaient

déjà. Tout cela a renforcé mon envie de travailler cette option afin de découvrir de

nouvelles ressources. Lors de cette option, je me suis retrouvée en tant que praticien

réflexif et acteur social. (Paquay L., 2001)

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Ligne du temps

Ma deuxième année

Ma troisième année

Ma première année

Nouveaux cours

et blocus

Maitre instruit

Remise en question

Praticien réflexif et

personne

Stage

Maitre instruit et

praticien artisan

Ecole du

cirque

Module projet,

psychologie des

apprentissages et du

développement

Maitre instruit

Stage

Praticien artisan

et praticien

réflexif

Semaine

internationale

Acteur social et

personne

Dworp

Praticien

réflexif

Cours de média

Maitre instruit

et technicien

Stage de

psychomotricité

Praticien artisan

Nouveaux outils

Praticien artisan

et praticien

réflexif

Stage de janvier

Technicien et

acteur social

Module et stage

optionnel

Praticien réflexif

et acteur social

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Deuxième partie: Contenu lié à l'option

1. Contexte de stage et émergence de la question

Comme précisé au début de mon travail, j'ai choisi comme thématique l'estime de

soi chez les enfants et plus particulièrement chez les enfants allophones.

En effet, lors de mon dernier stage réalisé à Schaerbeek, j'ai pu observer que certains

enfants étaient mis de côté, car ils ne parlaient pas le français et n'étaient pas reconnus aux

yeux des autres. C'est pourquoi j'ai décidé de m'intéresser à ce sujet afin de connaître les

différents facteurs qui entrent en jeu et de trouver des pistes pour favoriser l'estime de soi

chez ces enfants.

Je commencerai tout d'abord par confronter quelques définitions afin de pouvoir

mieux comprendre l'estime de soi et ce qu'elle représente.

Par après, je dégagerai les composantes essentielles à développer chez un enfant afin qu'il

ait une bonne vision de lui-même. Ce qui m'amènera ensuite à vous parler de l'estime de

soi chez des enfants allophones grâce au cadre théorique posé auparavant. Enfin, je

donnerai quelques pistes pratiques pour la classe et je terminerai par vous présenter

plusieurs activités que j'ai réalisées avec des enfants de 3ème maternelle.

2. Qu'est-ce que l'estime de soi?

La notion d'estime de soi est une notion assez complexe à définir et une seule définition ne

suffirait pas à cerner l'ensemble du sujet. J'ai donc relevé plusieurs définitions afin d'en

faire une personnelle par la suite.

D'après le dictionnaire du Petit Larousse illustré (2012): "L'estime est une opinion

favorable que l'on porte sur quelqu'un ou sur quelque chose."

Selon Germain Duclos, "Sentiment favorable né de la bonne opinion qu'on a de son mérite

et de sa valeur. […] Il faut donc poser un jugement pour déterminer sa propre valeur ou

avoir une opinion de soi-même. Transposée dans le langage courant, l'expression estime

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de soi signifie donc juger de sa valeur personnelle." (cité par Association Générale des

Enseignants des Ecoles et classes Maternelles publiques, 2016, p.8)

Le psychologue social Morris Rosenberg a collaboré de manière considérable à

l'essor de la notion de l'estime de soi. Il a créé une échelle qui permet à l'individu de se

situer par rapport à ses valeurs, l'échelle de Rosenberg.

Voici sa définition de l'estime de soi: "L'estime de soi élevée est un indicateur

d'acceptation, de tolérance et de satisfaction personnelle à l'égard de soi tout en excluant

les sentiments de supériorité et de perfection." (cité par Estime de soi, Estime des autres,

s.d.)

Suite à de nombreuses lectures et à ces définitions, j'ai pu m'en faire une

personnelle.

D'après moi, l'estime de soi est un jugement, une évaluation de nos propres valeurs, qui

peut être positif ou négatif. C'est un travail intérieur, notre conscience de soi. L'estime de

soi est variable et fluctue en fonction de notre environnement extérieur. Ce dernier

comprend tant les différents domaines de compétences que notre entourage social. L'estime

de soi, c'est également se dire "je suis capable de" et aimer sa propre personne.

Beaucoup de personnes confondent l'estime de soi et la confiance en soi. Certes, ces

deux notions sont étroitement liées, mais elles ne résultent pas d'une même origine. En

effet, la confiance en soi est une composante de l'estime de soi. De plus, elles se

développent diversement. (Bruno Hourst, 2015, p.28)

Selon B. Hourst, la confiance en soi correspond à nos actions et appuie notre désir

d'essayer de nouvelles conduites. C'est notre capacité à se dire qu'on est capable de

surmonter telle ou telle situation parce qu'on a déjà eu à faire à d'autres expériences.

Contrairement à l'estime de soi qui est un travail interne, à la vision de soi.

Il faut savoir que le nourrisson, à la naissance, dispose d'une confiance en soi absolue. Tout

est mis en œuvre pour qu'il se développe sans entraves. Cependant, il n'a aucune

conscience de lui et tout reste à bâtir. (2015, pp.28-29)

Il est à noter qu'un enfant peut avoir une bonne confiance en lui, il est capable d'affronter

de nouvelles situations sans craintes, mais une faible estime de lui.

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Dans le but d'aider mes futurs élèves à développer leur estime d'eux-mêmes, je me suis

mise en recherche afin de connaître les différentes composantes d'une bonne estime de soi.

Selon l'ASBL Educa Santé, il en existe six.

La hauteur: avoir une estime de soi équilibrée (ni trop élevée ni trop infime) permet

d'effectuer de bonnes actions et d'éprouver un certain bien-être.

La stabilité: c'est l'aptitude à réagir aux incidents quotidiens. La stabilité est divisée

en quatre critères.1

Haute estime de soi stable Haute estime de soi instable

Peu de fluctuations de l'estime de soi au quotidien

Fluctuations importantes de l'estime de soi en

réponse à des situations quotidiennes

Peu d'énergie consacrée à l'autopromotion Beaucoup d'énergie consacrée à l'autopromotion

Peu d'énergie consacrée à se défendre ou à se

justifier des critiques ou échecs lorsqu'ils sont

mineurs

Beaucoup d'énergie consacrée à se défendre ou à se

justifier des critiques ou échecs même s'ils sont

mineurs

Écoute rationnelle des critiques Écoute émotionnelle des critiques

Basse estime de soi stable Basse estime de soi instable

Peu de fluctuations d'estime de soi au quotidien

Fluctuations vers le haut possibles

États émotionnels régulièrement négatifs États émotionnels mixtes: négatifs mais avec des

moments positifs

Peu d'efforts pour augmenter l'estime de soi Efforts pour augmenter l'estime de soi

Impact émotionnel du feed-back, mais peu de

conséquences comportementales

Impact émotionnel du feed-back, et conséquences

comportementales d'ajustement

Conviction de l'inutilité de la poursuite d'objectifs

personnels

Désirabilité sociale détournant des intérêts

personnels

L'harmonie: c'est le fait de s'essayer à une multitude de domaines et à ne pas se

limiter à un seul.

L'autonomie: c'est accorder plus d'importance à des valeurs intimes plutôt qu'à

des valeurs dépendantes de la société.

1 André, C., Lelord, F. (1999). L'estime de soi – S'aimer pour mieux vivre avec les autres, pp. 66-72

15

L'énergie: c'est la facilité à recevoir pacifiquement les remarques.

Place de l'estime de soi dans sa vie: c'est l'égalité entre le jugement des autres et

ma vision de moi-même.

3. Les éléments clés de l'estime de soi

Dans le but de mieux cerner l'estime de soi, je me suis demandée quels étaient les

facteurs qui entraient en ligne de compte dans sa construction et plus particulièrement chez

les enfants qui se trouvaient dans ma classe de stage. A partir de quoi les enfants entre 5 et

6 ans construisent-ils leur estime d'eux-mêmes et de quoi ont-ils besoin afin d'avoir une

bonne vision d'eux-mêmes? J'ai tenté de répondre à la question grâce à mes différentes

recherches.

Pour ce faire, j'ai mis en lien chaque élément clé avec l'étape du développement qui s'y

rapporte.

Selon la plupart des auteurs, il existe quatre composantes à développer; on retrouve le

sentiment de sécurité, celui d'identité, celui d'appartenance et celui de compétence.

Cependant, Bruno Hourst en a ajouté une de plus qui est le sentiment des responsabilités,

que je développerai également.

Avant cela, il faut savoir que selon J. David, le concept de soi s'établit vers l'âge de

deux ans. L'enfant s'affirme et commence à avoir une idée précise de ce qu'il veut. Il

découvre sa capacité à pouvoir refuser certaines choses. Il commence à se fixer des limites

et sait ce qu'il ne veut pas faire.

Vers 3-4 ans, l'opposition devient plus catégorique. Il peut rester bloqué sur un "non" et

provoquer les adultes ainsi que les limites de ses parents. (2015)

D'après C. Foussard, c'est lors de cette période que l'enfant va apprendre à faire des

sélections et comprendre que son opinion est signifiante. (2014, p.9)

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a. Le sentiment de sécurité

Comme l'explique Bruno Hourst, "Développer et entretenir chez l'enfant un

sentiment de sécurité sera la base essentielle sur

laquelle pourront se construire les autres éléments de

l'estime de soi." (2016, p.59)

Selon Maslow, pour qu'un bambin,

s'épanouisse, il doit ressentir un sentiment de sécurité.

Contrairement, un enfant qui vit dans une situation

d'inquiétude et d'agitation pourra développer des

difficultés au niveau psychique et faire obstacle à une

bonne estime de soi. (cité par B. Hourst, 2016, p.59)

Pyramide de Maslow

D'après B. Hourst, le besoin primaire d'un nourrisson est la prise en compte de ses

désirs physiologiques afin de lui prouver que son nouvel entourage est sécurisé. Cette

nécessité existe durant toute notre vie. (2016, p.61)

Un enfant d'âge préscolaire va donc avoir besoin d'un cadre structuré et de sentir les limites

afin de pouvoir évoluer. Il faudra également répondre à d'autres de ses besoins

physiologiques comme manger ou dormir.

De plus, lui construire une atmosphère affective est nécessaire à l'élaboration de son estime

de soi. Dans le but d'un bon équilibre moral, il est également important que son entourage

social soit apaisant et rationnel.

D'une certaine manière, le sentiment de sécurité est vu comme le support sur lequel l'enfant

construira son estime. (Bruno Hourst, 2016, p.63-65)

b. Le sentiment d'individualité et d'identité

Selon B. Hourst, quand le besoin de sûreté est établi, l'enfant pourra stimuler celui

d'individualité et d'identité. Il va acquérir des connaissances plus concrètes sur sa personne

physique, son influence et ses envies. En développant sa connaissance de lui, à travers

diverses activités, il pourra réellement prendre conscience de sa valeur personnelle. C'est

17

donc grâce à cette prise de conscience que se développera son sentiment d'identité. (2016,

p.73)

Il pourra ainsi s'aimer lui-même et se découvrira comme un être à part entière. (Francine

Delenne, 2012)

Selon H. Bee et D. Boyd, vers la fin de sa troisième maternelle, un enfant entre 5 et

6 ans est capable de se décrire et de décrire qui il est. Cependant, son esquisse de concept

de soi reste très concrète. Il ne se concentre encore que sur des traits perceptibles plutôt

que sur des caractéristiques intérieures. Il sait dire où il vit, ce qu'il aime faire, qui sont ses

amis, mais se limite aux apparences au lieu de parler de ses qualités internes.

De plus, sa vision de ses autres camarades se réduit à un classement en fonction de

l'apparence physique, fille ou garçon, grand ou petit. (H. Bee, D. Boyd,2003, pp.168-169)

Il deviendra, petit à petit, plus apte à s'évaluer par rapport aux autres. (Francine Delenne,

2012)

Il découvrira également son moi sexué avec l'apprentissage du concept de genre et des

rôles sexués. (H. Bee, D. Boyd, 2003, pp.169-170)

c. Le sentiment d'appartenance

Toujours selon B. Hourst, le sentiment d'appartenance se construit dès que l'enfant

fréquente son entourage social. Premièrement à travers son appartenance familiale et

ensuite, lorsqu'il grandira, à travers son intégration à d'autres groupes.

C'est grâce à ce sentiment qu'il développera sa façon d'interférer avec ses camarades. En

étant avec ces derniers, il se sentira appréciable et respecté. (2016, p.85)

Lors de cette période transitoire, l'enfant va poursuivre son développement en y

ajoutant son son moi émotionnel qui est la capacité à gérer ses sentiments tout en y

ajoutant une nouvelle composante qui est l'empathie. Il sera alors capable de se rendre

compte des émotions des autres et de les comprendre.

Il découvrira également son moi social grâce aux relations avec ses pairs et son

entourage familial. Le sentiment d'appartenance chez un enfant de 5-6 ans sera

18

principalement le fait d'avoir son groupe d'ami, d'être apprécié par les autres enfants de la

classe. Il commencera à comprendre les différents rôles qu'il peut avoir dans ces relations

comme par exemple celui du "chef" ou de "l'associé". Il va prendre sa place dans son

réseau social en prenant conscience de ceux qui l'entourent comme ses parents ou son

institutrice. (H. Bee, D. Boyd,2003, pp168-171)

d. Le sentiment de compétence

Très tôt, l'enfant exercera son sentiment de compétence. Son entourage aura comme

rôle de l'encourager, sans pour autant le contraindre avec des actions démesurées qui

diminueront son estime de soi.

Pour favoriser ce sentiment, il est important de lui offrir le choix d'un grand nombre

d'activités dans lesquelles il se sentira valorisé. Il est toutefois nécessaire que ces activités

se trouvent dans sa zone proximale de développement.

Cette sensation de réussite face à un obstacle aura une implication dans beaucoup

d'évènements comme prendre une décision, sa motivation, ses engagements ou encore ses

objectifs. (Bruno Hourst, 2016, p.101)

e. Le sentiment des responsabilités

Selon B. Hourst, pendant la construction d'un sentiment de compétence, l'enfant va se

rendre compte qu'il est apte à avoir des objectifs concrets et qu'il peut terminer ce qu'il

entreprend. Dès lors, il s'impliquera dans ses engagements et pratiquera l'autodiscipline. Il

est nécessaire que par l'acquisition de responsabilités, l'enfant sente qu'on a confiance en

lui. C'est avec ce sentiment que son estime se développera. (2016, p.117)

Je suis consciente que ces quatre facteurs ne représentent pas tout le développement

de l'estime de soi, car de nombreux autres entrent en ligne de compte, mais je pense que les

éléments repris ci-dessus forment la base de celle-ci, qu'elle soit positive ou négative, et

qu'il est nécessaire d'y prêter attention.

19

De plus, d'après J. David, un enfant d'âge préscolaire ne peut pas encore avoir une

bonne estime de lui. Il n'a pas encore totalement construit sa conscience interne. Il n'est pas

capable de mettre en lien les différentes parties de sa personnalité; néanmoins, il est apte à

dire ce qu'il sait faire ou non. (2015)

4. Quelle forme d'estime de soi chez les enfants allophones ou en situation

fragile?

Je souhaite plus particulièrement m'intéresser à ces enfants-là, car c'est à eux que

j'ai fait face lors de mon stage. En effet, j'ai été confrontée à trois enfants qui ne parlaient

pas du tout le français et à une petite dizaine d'enfants vulnérables. Je voudrais savoir s'ils

ont une bonne ou une mauvaise estime d'eux-mêmes.

Voyons tout d'abord ce qu'est un enfant allophone et un enfant en situation fragile.

Selon la Fédération Wallonie-Bruxelles, dans les deux cas, il s'agit d'un enfant qui ne

maitrise pas la langue d'enseignement. Un enfant allophone, c'est un enfant qui découvre le

français. Il peut avoir été à l'école dans une autre langue et connait donc le contexte

scolaire comme il peut ne jamais avoir été à l'école et il est alors nécessaire de tout lui

apprendre.

Un enfant en situation fragile est un enfant qui comprend le français utilisé

quotidiennement, mais qui ne fait pas la distinction entre le langage oral et écrit et qui a un

vocabulaire limité. Il ne maitrise pas assez la langue pour faire face aux apprentissages.

(s.d., pp. 4-13)

Comme nous l'avons vu précédemment, il existe quatre composantes nécessaires

afin de développer une bonne estime de soi. Voyons, en fonction de celles-ci, comment

l'estime de soi chez un enfant allophone ou fragilisé se situe. Après avoir partagé mes

observations en classe de stage avec ma maitre de stage, nous avons validé les observations

suivantes: (Depaepe, D., 2016)

20

Le sentiment de sécurité

Un enfant ne peut pas se sentir en sécurité si tous ses besoins physiologiques ne sont

pas pris en compte.

A l'école maternelle, un élève qui ne parle pas la langue ne pourra pas se sentir rassuré. Il y

aura une insécurité linguistique. Il ne saura pas s'exprimer ou faire comprendre ses besoins

comme manger, aller aux toilettes ou encore vouloir ses parents. Il ne saisira pas les

différentes règles mises en place afin de veiller à sa sécurité et se sentira en danger sans

pouvoir exprimer ses peurs.

Le sentiment d'identité

Un enfant qui ne parle pas la langue française aura des difficultés à construire son

sentiment d'identité.

En effet, selon Mensa-Schrèque, M-F., il n'arrivera pas à se sentir unique dans ce qu'il fait

et dans ses réussites sans se comparer un minimum avec les autres. Ce sont des enfants qui

auront tendance à se décrire de façon négative et qui utiliseront souvent l'égoïsme. (2016,

pp.49-51)

De plus, l'élève est amené à produire toute une série d'activités tant sociales

qu'intellectuelles à travers lesquelles il développe son savoir-faire et ses qualités.

Cependant, s'il ne comprend pas ce qu'on lui demande, il n'arrivera pas à construire ses

points forts.

Sentiment d'appartenance

Selon B. Hourst, le développement d'un enfant ne peut se produire que dans un

environnement social qui soit logique pour lui. Il est nécessaire à son développement qu'il

possède une culture et qu'il la connaisse. (2016, p.85)

Il est également possible que certains élèves ne lui laissent pas la chance de s'exprimer et

d'exister, car "de toute façon il/elle ne parle pas français". Avec une telle indifférence,

l'enfant ne se sentira jamais reconnu par les autres.

En ne sachant pas communiquer avec les autres, l'enfant n'arrivera pas à s'intégrer dans un

groupe. Il ne sera pas capable de prendre sa place et les autres auront tendance à le rejeter.

21

D'après Marie-Thérèse Zerbato-Poudou, l'estime de soi chez un bambin de l'école

maternelle est intimement rattachée à la vision que portent ses camardes, à l'acceptation par

ces derniers ou encore à l'intégration d'un clan. L'arrivée à l'école maternelle est perçue

comme un challenge. En effet, cette collectivité comporte un règlement et divers modes

d'échanges que l'enfant devra intégrer et utiliser à bon escient. (citée par Association

Générale des Enseignants des Ecoles et classes Maternelles publiques, 2016, p.6)

Sentiment de compétence

Petit à petit, un enfant se familiarisera avec l'école et tout ce qu'elle engendre. Il

comprendra alors pourquoi il y est et ce qu'on attend de lui.

Cependant, avant d'y arriver, l'enfant va essayer de saisir le sens de ce qu'on lui demande

sans pour autant y arriver. Avec un enfant allophone ou en situation fragile, il se retrouvera

donc face à des situations au-dessus de ses moyens qui entraineront des échecs. Quand il se

rendra compte que les autres comprennent ce qu'on leur demande et qu'ils réussissent plus

aisément, il aura tendance à se renfermer et à se dire qu'il est moins compétent ou à faire

des bêtises pour attirer l'attention sur lui.

Ainsi, on peut facilement remarquer que les enfants allophones n'auront pas une bonne

estime d'eux-mêmes en arrivant à l'école maternelle, dans un environnement qu'ils ne

connaissent pas. Il sera alors important de veiller sur eux et de leur proposer des activités

adaptées afin de remplir les différentes composantes de l'estime de soi, pour qu'ils puissent

s'y développer de manière harmonieuse.

5. Pistes pour favoriser l'estime de soi à l'école

Comme précisé auparavant, l'estime de soi dépend de plusieurs composantes à

développer chez un enfant. Cependant, cela ne se fait pas tout seul. Suite à de nombreuses

lectures, j'ai pu dégager certaines idées ou activités qui permettent d'y arriver. Je vais donc

vous présenter quelques pistes.

22

Tout d'abord, concernant le sentiment de sécurité, il est important que l'enfant qui

arrive dans notre classe se sente rassuré. Pour ce faire, il existe différents moyens pour y

parvenir. Premièrement, il est important de poser une structure claire et des règles à suivre

ainsi que des rituels qui le sécuriseront. Il faut savoir que les enfants ont besoin de limites

sinon ils deviennent plus rapidement anxieux et craintifs. Ensuite, il faut lui montrer qu'on

est à son écoute et qu'on est là pour lui, même si on ne comprend pas ce qu'il dit ou qu'il

parle dans sa langue. Un moyen de le réconforter peut être d'apprendre quelques mots de

base dans sa langue afin de le comprendre et de lui répondre avec des mots qu'il connait.

On peut également tenter une approche avec des images. En stage, j'ai veillé à ce que

chaque enfant se sente en sécurité en faisant, plusieurs fois par jour, un rappel des règles et

en les rassurant sur qui j'étais et sur ce que je venais faire avec eux. J'utilisais également

beaucoup la gestuelle afin de me faire comprendre par les enfants allophones. Il est aussi

nécessaire que les parents se sentent rassurés et concernés. Il faut que l'enfant ait bien

mangé, qu'il soit propre, qu'il ait dormi,… A partir du moment où l'enfant et ses parents se

sentent rassurés, celui-ci pourra alors construire son estime de lui.

Ensuite, il existe plusieurs pistes afin de développer le sentiment d'identité chez

l'enfant. De manière générale, il est nécessaire de l'accepter tel qu'il est avec ses faiblesses

et ses forces, tout en valorisant ces dernières. Il faut également amener l'enfant à s'accepter

comme il est et à être fier de lui au travers de nombreuses activités sur la connaissance de

soi. Lors de mon stage, j'ai valorisé les compétences de chaque enfant en les faisant

remarquer aux autres et je les ai acceptés tel qu'ils étaient. Il est important de lui laisser la

possibilité de s'essayer dans divers domaines et de l'encourager ou de l'accompagner dans

ce qu'il fait.

Concernant le sentiment d'appartenance, l'enfant doit sentir qu'il fait partie d'un

groupe, notamment celui de groupe classe, et qu'il existe au sein de celui-ci. Pour cela, il

faut le laisser exprimer ses émotions et les reconnaître, même si on ne les accepte pas

toujours (violence à cause de la colère par exemple). Il doit également prendre conscience

qu'il fait partie d'une histoire familiale et culturelle, en réalisant par exemple un arbre

généalogique afin qu'il puisse répondre à la question "à quoi j'appartiens" ou en le laissant

présenter aux autres des éléments typiques de sa culture ou d'où il vient. Favoriser la

coopération permet aussi aux enfants de développer leur sentiment d'appartenance grâce à

un groupe de travail par exemple. En stage, j'ai proposé des activités, soit en grand groupe

23

où chaque enfant était interpellé afin qu'il se sente reconnu ou en petits groupes de travail

afin que les enfants puissent s'aider. J'ai également travaillé sur les sentiments que les

enfants pouvaient ressentir au travers de différentes situations. Ils ont également pu

m'expliquer d'où ils venaient et quelles étaient leurs origines. De plus, il est possible de

mettre en place un tutorat afin que l'élève qui arrive soit entrainé par un autre pour les

activités de la classe ou dans la cour de récréation.

Enfin, concernant le sentiment de compétence, il est primordial que les activités

proposées à l'enfant se trouvent dans sa zone proximale de développement. Dans le cas

contraire, il risque de se dévaloriser et de ne plus essayer, car "de toute façon, il n'y

arrivera pas". Il est également essentiel que l'élève comprenne que l'apprentissage se fait

par essais-erreurs et que c'est grâce à ces dernières qu'on évolue. Il faut aussi lui faire

comprendre qu'il n'y a pas que les compétences intellectuelles et qu'il réussit, par exemple,

très bien en psychomotricité, lorsqu'on fait un bricolage ou encore une activité musicale.

C'est pourquoi, lors de mon stage, j'ai proposé des activités relevant de différents domaines

afin qu'ils puissent s'y retrouver. Je les ai également adaptées aux différents niveaux des

enfants afin qu'ils évoluent à leur rythme sans se décourager.

6. Activités sur l'estime de soi

Lors de mon stage en "français langue d'enseignement et diversité culturelle", j'ai

effectué plusieurs activités dans le but de développer l'estime de soi chez mes élèves. Je

vais vous en présenter deux qui me semblent particulièrement intéressantes: "les totems

des animaux" et "la mascotte", activité réalisée en fin de journée afin de valoriser les

enfants sur ce qu'ils ont fait. Je vous parlerai également d'un outil que je souhaiterais

utiliser dans ma future classe intitulé: "Contes sur moi".

Totems des animaux

Lors de cette activité, j'ai présenté différentes cartes d'animaux aux enfants. Je leur

ai expliqué que chacun allait recevoir sa carte, avec son animal totem qui le représenterait

lui. Je voulais que chaque enfant puisse avoir un sentiment d'identité et qu'il comprenne

qu'il est unique.

24

Cependant, je leur ai précisé qu'ils n'allaient pas avoir n'importe quel animal. Ils auraient

un animal dont le nom rime avec leur prénom.

Pour la présentation des cartes, j'ai réuni les enfants au coin rassemblement afin

d'avoir un climat d'écoute positif.

J'ai ensuite présenté chaque animal en demandant aux enfants avec quel prénom il rimait.

Je laissais alors passer un peu de temps puis je donnais la carte à l'enfant. Je voulais qu'il se

sente reconnu et qu'il existe au sein de la classe, c'est pourquoi j'ai fait l'activité en grand

groupe, afin que chacun puisse se rendre compte de tous ceux qui participent à la vie de la

classe. Les enfants étaient impatients d'avoir leurs cartes et ils s'applaudissaient à chaque

fois que l'un d'entre eux recevait sa carte. De plus, cette activité permettait également de

travailler le langage notamment avec les rimes tout en s'appuyant sur quelque chose de

personnel. Les élèves allophones ne comprenaient pas qu'ils avaient un animal qui rimait

avec leur prénom, cependant, ils montraient une certaine fierté à la recevoir et à la montrer

aux autres.

Grâce à ces cartes animaux, mon objectif était de développer le sentiment de

compétence chez mes petits élèves.

En effet, pour chaque enfant, j'avais imprimé l'animal en grand que j'avais ensuite découpé

en plusieurs pièces. J'ai affiché pour chacun un support avec en-dessous leur nom et

l'image en petit (pour qu'ils puissent se reconnaître). Chaque jour, en fin de journée, je

demandais aux enfants de m'expliquer quelque chose qu'ils avaient appris, retenu ou

découvert. Ils recevaient alors une pièce de leur animal qu'ils pouvaient aller accrocher à

leur support. Au fur et à mesure de la semaine, les enfants pouvaient donc se rendre

compte qu'ils étaient capables et qu'ils savaient faire plus de choses qu'ils ne pensaient.

Leur sentiment de compétence, composante essentielle de l'estime de soi, était donc

valorisé

Toujours grâce à leurs animaux, j'ai voulu développer la façon dont ils ressentaient

et exprimaient leurs émotions tout en travaillant une activité de langage afin de développer

ce dernier chez les enfants vulnérables ou allophones.

Pour ce faire, ils ont transformé leur animal en une marionnette. Ainsi, les enfants qui

avaient plus de difficultés à s'exprimer osaient exposer leurs émotions à travers la

marionnette. C'était elle qui ressentait alors les choses et non l'enfant. Cette activité leur

25

permettait aux enfants d'établir une meilleure connaissance d'eux-mêmes et d'être reconnu

face à leurs sentiments. Grâce à cette activité, plusieurs enfants qui ne parlaient pas

beaucoup se sont exprimés. Les enfants allophones ont également dit quelques mots même

si ce n'était pas toujours compréhensible.

J'aurais également voulu créer avec eux un masque totem. Ils auraient ainsi pu

écrire une histoire en groupe et la présenter devant leurs camarades. Ils auraient été fiers de

montrer ce qu'ils avaient créé et leurs sentiments de compétence et d'identité en auraient

été décuplés. Cette activité peut également stimuler le sentiment d'appartenance, car les

enfants font partie d'un groupe, ils ont quelque chose qui peut les rassembler et ils

travaillent en coopération.

La mascotte

La mascotte n'est pas une activité en tant que telle, mais apparait quotidiennement

en classe.

En effet, chaque jour un enfant repartait avec une des deux mascottes de la classe. Il y avait

soit Monsieur Roger, pour un enfant qui avait bien travaillé, soit Madame Gentillesse, qui

comme son nom l'indique, était pour un enfant qui avait fait une bonne action, avait été

gentil ou encore avait aidé un copain.

Il faut savoir que l'utilisation de cette mascotte ne se faisait pas dans le sens de

punition/récompense, mais plutôt dans le sens d'une valorisation. Elle permettait de mettre

un enfant en valeur pour ce qu'il avait fait, par exemple pour un effort fourni de la part d'un

élève ayant des difficultés ou pour un élève qui au contraire a des facilités, et qui s'est

surpassé. Ou simplement pour un enfant qui avait osé s'affirmer dans le groupe ou bien

encore pour un enfant qui avait aidé un camarde à nettoyer ou ranger la classe. En stage, je

veillais à ce que chaque enfant puisse l'avoir au moins une fois sur la période de temps où

j'étais là.

L'objectif de cette activité était que chaque élève puisse être reconnu aux yeux des autres

pour quelque chose de bien, ainsi que d'être fier de lui.

26

Grâce à ce rituel, les enfants ont pu être fiers d'eux et de ce qu'ils avaient fait, en plus d'être

reconnus aux yeux des autres. C'est également un encouragement à continuer dans cette

voie. Concernant les enfants allophones, cette activité leur permettaient de voir que j'étais

attentive à leurs progrès et que j'en tenais compte. Je leur disais qu'ils avaient bien travaillé

et que j'avais vu qu'ils faisaient des efforts. De plus, ils étaient mis en valeur par rapport

aux autres et ces derniers allaient vers eux grâce à la mascotte.

Contes sur moi

Lors de mes recherches d'activités sur l'estime de soi à développer pendant mon

stage, j'ai trouvé un outil intéressant et enrichissant. Faute de temps, je n'ai

malheureusement pas pu l'utiliser, mais je compte m'en servir dès que j'aurai ma classe. Il

s'agit de la mallette d'activités canadienne "Contes sur moi". C'est un programme de

promotion des compétences sociales qui est divisé en cinq thématiques, dont deux

m'intéressent particulièrement: une qui travaille l'estime de soi et l'autre qui parle de la

reconnaissance et de l'expression des sentiments.

Ces activités permettent aux enfants d'apprendre à se connaître eux-mêmes et à

reconnaitre leurs valeurs. On y retrouve notamment l'activité du portrait où les élèves se

regardent dans un miroir, dessinent leur visage puis doivent expliquer ce qu'ils aiment et ce

qu'ils trouvent unique chez eux. On y propose également une activité où les enfants

expriment leurs différentes qualités, et ce dont ils sont fiers de savoir faire.

27

Conclusion

Suite aux différentes recherches et expériences réalisées dans ma classe de stage en

3ème maternelle, j'ai pu confirmer que l'estime de soi est essentielle pour l'être humain et

plus particulièrement pour les enfants durant leur scolarité.

L'estime de soi est une notion assez complexe à comprendre. Il s'agit de la manière

dont l'enfant juge sa valeur personnelle. Cette valeur est variable et fluctue en fonction de

divers facteurs.

Cependant, il existe quatre composantes essentielles qui la constituent qui sont: le

sentiment de sécurité, la connaissance de soi ou le sentiment d'identité, le sentiment

d'appartenance et le sentiment de compétence. Elles servent de support à la construction de

l'estime de soi chez l'enfant.

De plus, il est nécessaire de savoir qu'un enfant d'âge préscolaire ne peut pas encore avoir

une réelle estime de soi. Il est capable de se décrire, de se comparer aux autres, mais il n'est

pas encore apte à faire de liens entre les différents traits de sa personnalité. Néanmoins, son

estime de lui est déjà en construction et il est important de ne pas la briser.

Concernant les enfants allophones, ceux qui ne parlent pas la langue

d'enseignement, ils auront plus de difficultés à construire leur estime. En effet, ils arrivent

dans un environnement inconnu avec de nouvelles règles, une autre langue, des autres

groupes et ils vont devoir s'y intégrer et s'épanouir afin de trouver leur place dans cette

nouvelle société.

En tant que future institutrice maternelle, il me semble indispensable de tenir

compte de cette composante qui régit nos comportements et plus simplement, nos vies. Je

souhaite en effet développer certaines valeurs comme le respect, le partage, la politesse ou

encore l'amitié et la coopération et je pense que pour cela, l'estime de soi est nécessaire.

Mon objectif était de trouver des solutions pour favoriser l'estime de soi chez les

enfants. Je pense avoir atteint une partie de celui-ci en réalisant ce travail et en me mettant

en recherche de différents outils.

28

Cependant, je suis consciente qu'il s'agit d'un travail de longue haleine qui nécessite une

grande connaissance de ses élèves, du temps, un climat de classe positif ainsi qu'une

attention particulière à chacun d'eux.

Il est nécessaire de ne pas oublier qu'aucun outil ni qu'aucun moyen socio-affectif

ne sera parfait tel quel et qu'il faudra, à chaque fois, l'adapter à l'enfant face auquel on se

trouve.

Chacun d'entre nous a le droit d'essayer, de se tromper ou de tester des choses pour

améliorer sa propre vie et celle des autres.

Au terme de ce travail, je pense avoir avancé dans ma problématique grâce à toutes

ces recherches, ainsi qu'aux différents cours dont nous avons bénéficié.

Je suis certaine que cela m'aidera tant dans ma vie personnelle que professionnelle avec

mes petits élèves. Bien évidemment, il me faudra du temps afin d'acquérir une certaine

expérience dans le domaine et l'enrichissement des outils à mettre en place se fera au fur et

à mesure de mes expériences avec les enfants et tout au long de mon parcours. Tout en

sachant que je ne suis qu'au début d'une démarche de réflexion qui se poursuivra et

s'étoffera, j'ai envie de l'approfondir en commençant notamment par réfléchir à comment

favoriser l'estime de soi chez des enfants différents ou souffrants d'un trouble.

Ce travail est la conclusion d'études riches en enseignements, en investissements

personnels et j'espère qu'au travers ces quelques pages, on puisse distinguer le

professionnel que je souhaite être.

29

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Editions Odile Jacob

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