Clémentine

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Clémentine [i]Juste une histoire simple et une simple histoire…[/i] Clémentine était en train de me faire un de ses gros câlins comme elle les affectionne quand un éclat de voix lui fit tourner la tête. Je n’aime pas beaucoup être interrompu ainsi en plein vol mais la violence des grands était assez inhabituelle pour qu’on puisse s’inquiéter quand même un peu… - Que dalle à branler de ta morale à la con ! J’ai dit que je foutais l’camp aux States en fin de mois, j’y vais, plutôt deux fois qu’une ! Point ! - Ah oui, ducon ? Tu crois pas que t’as oublié quelq’chose dans ta fuite ? - Si tu veux causer des deux gamines, non ! Ras le bol d’être la nounou ! Ca va bien un moment, mais j’suis pas fait pour ces conneries-là ! - Deux gamines ? Des conneries ? C’est comme ça que tu considères ta compagne et ta fille ? Le grand chauve se lève d’un bond, le maigre blond s’encastre dans le fauteuil bancal, prêt à subir l’assaut. Les deux hommes se regardent intensément ; dans son coin, la jeune femme aux longs cheveux, la mère de Clémentine, n’ose pas intervenir. Le silence est pesant, lourd. Moi, je fais toujours un câlin dans les bras de Clémentine, mais ce silence qui s’éternise ne me dit rien qui vaille ! Après de longues secondes, celui qui est debout parle d’une voix contenue : - Très bien, Daniel, très bien… Tu veux jouer au con, je te prends au mot. - Comment ça que tu me prends au mot ? Le grand chauve s’approche dangereusement du fauteuil défoncé dans lequel le dénommé David est toujours en position de défense. - T’en veux pas de tes deux « gamines », n’est-ce pas ? - Je crois que j’te l’ai déjà dit, non ? - Bien, très bien, nous sommes d’accord… Alors, tu ne verras AUCUN inconvénient à me signer un petit papier dans lequel

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Petite histoire gentillette...Un zeste érotique

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Clémentine

[i]Juste une histoire simple et une simple histoire…[/i]

Clémentine était en train de me faire un de ses gros câlins comme elle les affectionne quand un éclat de voix lui fit tourner la tête. Je n’aime pas beaucoup être interrompu ainsi en plein vol mais la violence des grands était assez inhabituelle pour qu’on puisse s’inquiéter quand même un peu…

- Que dalle à branler de ta morale à la con ! J’ai dit que je foutais l’camp aux States en fin de mois, j’y vais, plutôt deux fois qu’une ! Point !

- Ah oui, ducon ? Tu crois pas que t’as oublié quelq’chose dans ta fuite ?- Si tu veux causer des deux gamines, non ! Ras le bol d’être la nounou ! Ca va bien un

moment, mais j’suis pas fait pour ces conneries-là !- Deux gamines ? Des conneries ? C’est comme ça que tu considères ta compagne et ta

fille ?

Le grand chauve se lève d’un bond, le maigre blond s’encastre dans le fauteuil bancal, prêt à subir l’assaut. Les deux hommes se regardent intensément ; dans son coin, la jeune femme aux longs cheveux, la mère de Clémentine, n’ose pas intervenir. Le silence est pesant, lourd. Moi, je fais toujours un câlin dans les bras de Clémentine, mais ce silence qui s’éternise ne me dit rien qui vaille ! Après de longues secondes, celui qui est debout parle d’une voix contenue :

- Très bien, Daniel, très bien… Tu veux jouer au con, je te prends au mot.- Comment ça que tu me prends au mot ?

Le grand chauve s’approche dangereusement du fauteuil défoncé dans lequel le dénommé David est toujours en position de défense.

- T’en veux pas de tes deux « gamines », n’est-ce pas ?- Je crois que j’te l’ai déjà dit, non ?- Bien, très bien, nous sommes d’accord… Alors, tu ne verras AUCUN inconvénient à

me signer un petit papier dans lequel tu abandonnes TOUS tes droits sur tes deux « gamines », n’est-ce pas ?

- Euh ?! C’est quoi, c’t’embrouille, Richard ?- Y a pas d’embrouille, aucune, niet, nada. Tu ne veux pas de ta fille ? Ok ! Moi, j’en

veux, d’ailleurs, je ne me tromperai pas de beaucoup en disant que Clémentine est plus attachée à son parrain, c'est-à-dire, moi, qu’à ta petite personne de père indigne, n’est-ce pas ?

- T’es fatiguant avec tes « n’est-ce pas » !- Peut-être, peut-être, mais t’as pas répondu à ma question ! N'est-ce pas ?

David sent que la question n’est pas anodine, que Richard est sérieux. Très sérieux, trop même. Il veut en avoir le cœur net, il demande alors :

- T’es pas en train de me demander d’être son père à ma place ?- Tiens, pour une fois, tu comprends vite ! Faut dire que, dès que c’est ton intérêt,

David, tes neurones fonctionnent vite !- Tu m’cherches ou quoi ?

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- C’est ta fille que je cherche ! Toi, tu me dégoûtes !- Tu m’cherches, là !- Ecoute, ducon, t’es pas en mesure de rivaliser avec moi, et tu le sais très bien ! N’est-

ce pas ?

David le sait très bien : Richard pourrait sans problème jouer professionnellement au rugby, tant sa carrure est impressionnante. Quant à lui, il est parfait dans le style musico rachitique, cinquante kilos tout mouillé ; c’est d’ailleurs ce qu’il est, un artiste maudit, un bassiste sinistrement incompris. Et cette tournée aux States est une aubaine, mais pas question de s’encombrer ! Surtout s’il y a des groupies en vue ! Je commence à connaître mon gugusse !

Pour le moment, Richard semble être à deux doigts de péter un plomb, et ça peut faire du dégât. Face à lui, je vois distinctement les rouages du cerveau du père indigne fonctionner à pleins tubes.

- Tu veux donc la… paternité de ma fille ? T’es gonflé, toi ! C’est quand même moi, son père !

- Tu veux une baffe ou bien deux ? Toi, son père, laisse-moi rire !- Bon, bon ! Ok, j’ai compris ! Et… euh… combien tu me donnes pour ça ?- Tu veux cinq baffes ou bien six ? Là, tu le démontres à fond : t’es pourri jusqu’à la

moelle !

La main géante de Richard empoigne le col du T-shirt de David. Sans effort apparent, le chauve te soulève le père indigne comme une plume et l’approche de son visage :

- Ecoute-moi bien, ducon, je ne te le redirais pas deux fois ! Estime-toi heureux, tu t’en tires à bon compte, plus de « gamines » dans les pattes, n’est-ce pas ?

- Lâche-moi, lâche-moi !- Pas question, on a à causer entre hommes ! Enfin, ça, je me le demande en ce qui te

concerne !- Tu…- LA FERME ! Et écoute bien !

Clémentine, habituée aux éclats de voix pour un oui ou un non de son père, me fait un gros bisou. J’aime ses gros bisous, même s’ils sont souvent trop baveux ! Mais là, je m’inquiète quand même. Dans son coin, sa mère, une pauvre fille qui n’a pas vraiment eu de chance dans la vie, reste prostrée, totalement dépassée par les événements. Pourtant, il y aurait de quoi à y redire : ces deux hommes sont en train de discuter sans elle de l’avenir de sa fille.

- C’est tout simple à comprendre : on fonce dans une gentille administration, tu signes un papier et hop, tu es libéré de tes deux « gamines ». Ca sera d’autant plus facile que tu n’as même pas été foutu d’aller reconnaître ta fille depuis un an et demi qu'elle est née !

- Ah bon ?- Oui, tu vois que ça peut être simple !

La jeune femme semble sortir de sa torpeur, elle tente d’intervenir :

- Dites, vous deux ! Vous ne croyez pas que j’ai mon mot à dire, non ?- Laura, t’es bien gentille, mais des histoires de père, ça se règle entre hommes !

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- Mais c’est ma fille !!!

L’immense Richard lâche sa proie qui s’affale flasquement dans le fauteuil, puis il se penche vers la jeune femme lui désignant un David assez craintif.

- Laura, franchement, tu crois que, ça, c’est un père pour ta fille ?- C’est vrai que…- Cite-moi UNE seule chose que son soi-disant père ait faite pour sa fille ?- Ben… c’est vrai que…- Franchement, Laura, ne vaut-il pas mieux que JE m’occupe de MA filleule ? Avec toi,

bien sûr !

Là, David essaye de mettre son grain de sel. J’ai toujours pensé qu’il était masochiste, là, j’ai confirmation.

- Eh oh, ma fille, elle habite chez moi !- Mais oui, ducon ! Et qui paye le loyer, l’eau, l’électricité, la bouffe ? Toi, peut-être ?

C’est Laura, et ose me dire le contraire ! Toi, mis à part traîner dans les bars et des salles de dernière catégorie à vouloir épater la galerie, à dragouiller des gonzesses paumées…

- J’ai mon groupe de rock, moi !- Ouais ! Pas un qui tienne correctement debout, tellement qu’ils ont de la bibine dans le

sang ! Et ne parlons même pas des autres substances illicites !

David baisse la tête, rageur. Laura est complètement perdue, elle tripatouille ses longues mèches, signe chez elle qu'elle perd pied. Moi, la situation me convient, je ne compte plus les coups de pied que j’ai pu recevoir de cette rock star en herbe (tiens, là, je me risquerai bien à un petit jeu de mot, mais passons) !

- Très bien, la chose est entendue ! Laura, tu me ramasses tes affaires et celles de la petite, et tu me fais ta valise.

- Hein ? Mais…- Fais ce que je te dis ! N’oublie pas de rembarquer ce qui t’appartient. Moi, je vais aller

faire un petit tour avec mon cher ami et ex-père. Je te phone dès que nous revenons, c'est-à-dire dans deux heures environ.

- Mais… mais… Richard… je…

Le géant pose délicatement ses mains sur les frêles épaules de la jeune femme, il lui sourit :

- Ecoute, Laura, fais ce que je te dis. Tu préfères rester ici dans ce trou à rat ? Soit, tu fais ce que tu veux, mais pas ta fille ! Pas question que ma filleule reste plus longtemps ici, j’ai déjà trop tardé !

- Tu… tu veux que je vienne aussi habiter chez toi ?- Tu as tout compris !

C’est alors que l’autre crétin prouve à nouveau qu’il est décidément masochiste :

- Bien sûr qu’il veut te sauter, ma petite chérie ! Il prend prétexte de ma fille !

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Paf ! J’ai déjà vu des baffes magistrales dans ma vie, mais là, je jurerais que c’est Obélix qui vient de flanquer une mandale à un frêle romain. C’est tout juste si David ne ricoche pas au plafond ! Moi, ça m’amuse ! Je pourrais le faire que je crierais : « Encore » !

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Deux heures plus tard, pile poil, je suis dans les bras de Clémentine, elle-même dans les bras de sa mère, dans la voiture de Richard, direction chez lui. J’aime sa maison, un plaint pied, pas très grande mais agréable à vivre, avec un jardin devant et derrière. J’y suis déjà allé ci et là, Richard s’occupant bien de sa presque fille…

- Pour… pourquoi tu fais tout ça ?- Pourquoi je fais quoi ?- Tu… tu veux être le père de Clé… et que, moi aussi, tu…- Parce que j’en avais marre de vous voir chez cet abruti de con, toi qui gaspilles ta vie

et Clémentine avec un père pareil ! Mettons cartes sur table : je considère ta fille comme la mienne, d’autant que tu sais que j’ai des problèmes de stérilité. Moi, j’ai une maison vide, toi, tu dois de trouver un chez-toi potable. Tu as passé les trois dernières années de ta vie à travailler pour remplir le trou sans fin de ses dettes de fainéant ! Et tout ça pour quoi, dis-moi ? T’as pas un rond de côté ! N'est-ce pas ?

- Tais-toi, s’il te plait, je ne le sais que trop bien…- Et bien, maintenant, ça va changer : tes ronds seront pour toi et ta fille !- Tu ne crois pas que je vais me laisser entretenir par…

Richard coupe sa phrase d’un simple geste :

- On se la joue à la régulière, je participe, tu participes. Ca te convient ?- Oui mais tu me forces la main depuis tout à l’heure…- Désolé, Laura, mais fallait bien prendre les choses en main pour sortir de ce bourbier !

J’aurais d’ailleurs dû le faire plus tôt.- Non, c’est moi qui… enfin… tu comprends ?- Oui et non… Y a un truc que je ne comprends pas, c’est comment tu as pu rester avec

un con pareil ? Et ne me dis pas que c’était parce qu’il était le père de ta fille ! La situation existait avant la naissance de Clé.

La jeune femme se réfugie dans le silence. Il préfère alors ne plus rien dire et de se concentrer sur la route. Quelques minutes plus tard, la voiture s’arrête. Oui, c’est bien la maison en question, je la reconnais sans problème, d’autant que nous y sommes venus, il y a moins d’un mois.

- Pimpin ! Cé Mézon !

Oui, je sais, ma Clémentine, c’est la maison où tu aimes aller, je l’ai reconnu avant toi. Pimpin ! Vous parlez d’un nom ! Mais c’est celui que m’a attribué ma copine ! De plus, elle prononce ça souvent à la limite du « pépé », moi, si jeune ! Pimpin, je vous jure ! Bon, je sais, j’aurais pu tomber plus mal. Mais quand même, Pimpin…

A peine la porte ouverte que Clémentine se précipite vers SA chambre. Richard en a quatre, dont une transformée en bureau. Si j’ai bien compris, cette maison vient de ses parents disparus trop tôt. Ce n’est pas ultra grand (je l’ai déjà dit, il me semble) mais il y a tout de

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même de la place car c’est bien aménagé. La cuisine est assez grande, la salle à manger serait un peu plus spacieuse que ça serait mieux. Mais bon, je ne vais pas trop chicaner…

Clémentine adore sa chambre, faut dire que, comparé à ce qu'elle avait à l’appartement, il n’y a pas photo ! Tiens, je parle déjà au passé… Une mignonne chambre de quatre mètres sur trois environ, avec une fenêtre qui donne sur le jardin et ses arbres, ça change du béton de l’immeuble d’en face !

Le soir tombe vite, je suis au lit avec Clé. Il fait calme ici, pas de voisin hurleur, de bruit pétaradant, tout au plus, le bruit du vent dans les feuilles. Même si la porte de la chambre est fermée, j’entends parfaitement ce que les grands disent, j’ai une très bonne ouie !

- Ta fille dort, on peut donc causer sérieusement.- Oui… mais par quoi commencer ? Tout a été si vite aujourd’hui !- J’aurais dû m’y prendre plus tôt !- Richard, je t’ai déjà dit que c’est moi qui aurais dû prendre les devants !- Ok, on ne va pas se disputer pour ça, n’est-ce pas ?- Oui, tu as raison. Parlons peu mais parlons bien : je ne veux pas être à ta charge, j’ai

un petit boulot, je peux payer ma part et celle de Clé, en attendant de trouver quelque chose, un petit appart ailleurs.

- Laura, deux choses : que tu veuilles payer ta part, soit, je connais ton… enfin, ta probité !

La jeune femme s’agite (je parie que ses yeux lancent des éclairs) et rétorque de suite :

- Dis carrément « orgueil » !- Bon, je connais ton orgueil mal placé, mais pour ta fille, c’est hors de question,

d’autant que je gagne plus que toi.- Merci de me le rappeler !- On met les choses au point, et range ton fichu orgueil, parce que de ce côté, il est

foutument mal placé !- Tu veux insinuer quoi ?- Que t’aurais dû quitter ton musico bien plus tôt que ça ! Mais ce n’est pas le propos !

Je reviens à ce que je disais : tu payes ta part, ok, mais pas celle de ta fille. De plus, tu peux rester ici tant que tu veux, je ne te mets pas à la porte.

- Mais c’est gênant ! - Je t’ai déjà dis que c’était un arrangement.

Là, plus rien. En tendant l’oreille, j’entends des petits bruits étouffés ; il ne me faut pas dix secondes pour identifier des pleurs. Je me demande bien comme se comporte ce géant de deux mètres de Richard face à la petite chose frêle et peu épaisse qu’est Laura, un mètre cinquante cinq à tout casser.

C’est alors qu’un éclair me traverse l’esprit : mais si, je peux ! Je l’ai déjà fait auparavant, il suffit que des coopérateurs (si je puis m’exprimer ainsi) soient dans la pièce que je désire visionner. Or, ça tombe bien, je pense qu’il y en a au moins deux ou trois par là-bas.

Un simple effort de volonté, une bonne concentration, et hop, c’est comme à la télé. Le seul problème est que je suis en caméra fixe : pas moyen de modifier le champ de l’image. Mais bon, c’est mieux que rien !

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C’est bien ce que je pensais : la mère de Clé est en pleurs, elle craque sans doute, des mois, des années à écouler. Mais là où je me suis planté, c’est que Richard la console dans ses bras et ne semble pas du tout gêné, ni embarrassé. Il a tout du grand frère d’ailleurs. J’aurais plutôt imaginé autre chose. Bah, on ne gagne pas à tous les coups. Néanmoins, le meilleur dans l’histoire est que Clémentine est sortie de son cagibi ! Elle sera nettement plus heureuse ici que là-bas. Et pour ça, je ne pense pas me tromper…

Bon, je laisse passer un peu de temps, il y a des scènes que je n’aime pas trop regarder. Je suis peut-être voyeur dans l’âme mais il y a des limites. Alors j’attends, j’essaye de me souvenirs de diverses choses. Il me faut bien constater que les meilleurs moments sont liés à cette maison et certainement pas à l’appartement. C’est un fait indubitable…

Je reviens à mes moutons - pardon - à mes deux adultes. Ah, on dirait que j’arrive pile poil au bon moment. Il n’y a pas à dire, je suis bon dans ce genre de choses. Et même ailleurs…

Ecartant ses longues mèches d’un geste gracieux, Laura lève la tête vers son hôte :

- Je… je couche où ?- Je me demande pourquoi tu poses la question, Laura ! Tu fais comme d’hab quand tu

viens ici !- La chambre d’amis ? - Natürlisch ! De toutes façons, tu veux aller où ? Avec ta fille ? Je ne sais pas si elle va

apprécier. Dans le bureau ? Y a pas vraiment de place, sauf pour un matelas à même le sol. Dans ma chambre ? J’y crois pas de trop. Donc, il te reste la chambre d’amis, celle où tu vas d’habitude. D’ailleurs, je ne comprends pas bien ta question…

- Ben… si tu as des amis qui viennent… tu les mets où dans ce cas ?- On verra quand ça arrivera ! Là, à prime vue, ces prochains temps, je n’ai personne en

vue ! Je t’accorde que, l’année dernière, j’ai reçu du monde, mais depuis trois mois, c’est le calme plat. Peut-être de la visite durant les grandes vacances, et encore, c’est pas sûr !

- Ok…

Elle se lève, passe devant Richard, puis soudain, arrivée à la porte du salon, elle s’arrête, se retourne et dit :

- Merci…- Tu n’as pas à me remercier. Va te coucher, ça te fera le plus grand bien.- Oui, tu as raison, une nuit de sommeil me fera le plus grand bien ! Bonne nuit…- Bonne nuit, Laura.

Les jours passent, Clémentine s’adapte très vite à sa nouvelle vie. La maison se remplit petit à petit de jouets et de peluches, il y a en a partout, dans toutes les pièces, même aux toilettes ! Hier, Richard avait préparé des bagages pour les mettre dans sa voiture, la petite avait d'abord fait la tête. Puis elle a vite compris que ce n’était pas les siens, qu'elle restait là, sur place, dans la maison. A genoux devant elle, sa mère lui avait expliqué que Richard devait partir assez loin pour son travail. La fillette avait protesté, elle ne voulait pas que son parrain s’en aille, ce qui avait beaucoup attendri le géant chauve qui n’était pas très loin.

- Il va revenir dans deux dodos, ma puce !

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- Deux dodos ?- Oui, deux : un, deux ; puis il sera là à nouveau !- Côtente [contente] !

Puis elle était repartit jouer. Laura s’était senti toute chose. Elle avait frémi lorsqu’elle sentit une large main se poser sur son épaule…

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Ca va faire bientôt un peu plus d’un mois maintenant que la maison n’est plus vide, surtout avec les nouvelles peluches ; tout va bien, l’été s’approche doucement, tout ce petit monde est souvent dehors, dans le jardin. Clémentine s’amuse dans la pelouse sous l’œil de sa mère qui, au passage, est en tenue plus que décontractée, c’est le moins que je puisse dire ! Je dirais même que ce sont plutôt ses longs cheveux qui cachent quelque chose que son débardeur ! Richard, de par sa haute stature, doit avoir actuellement une certaine belle vue… D’ailleurs, ces derniers temps, une bonne semaine à présent, j’ai remarqué que Laura n’hésitait plus beaucoup à se balader dans la maison en tenue particulièrement légère, surtout à l’approche de la nuit, ou au sortir de la salle de bain…

Il fait bon en ce début de week-end. Clémentine s’amuse à courir après tout ce qui vole ; elle n’en a pas fini ! Laura épluche une orange qu'elle divise ensuite en quartiers, sa fille adore ce fruit. De son côté, après avoir rangé ses outils de jardinage, Richard, canette en main, regarde les deux femmes.

Je ne sais pas pourquoi mais il y a quelque chose de tendu dans l’air. Il n’y a qu’à voir les regards dérobés des deux grands. Quand lui regarde, elle rougit ; quand elle regarde, il détourne la tête pour regarder ailleurs. Pour l’instant, l’un boit et l’autre en a fini avec son fruit.

- Cléclé ! Viens ici ! Allez !- Poukwâ ?- Viens manger ton orange !- Wi, mama !

Je me demande comment une si petite fille peut engloutir en moins de quelques secondes une orange si grosse ! L’après-midi s’écoule lentement, entre les rires de la fillette et les « un pas en avant et un pas en arrière » des grands… Tant pis pour eux ; moi, je profite de la chaleur du soleil !

Je sens bien qu’il y a toujours quelque chose dans l’air. Clémentine part coucher, avec moi, bien sûr ! Elle ne tarde pas à s’endormir, inconsciente de la tension entre les deux grands. Pour moi, il en va tout autrement, je sais que je serais aux premières loges de l’affrontement qui se prépare. Un quart d’heure plus tard, c’est Laura qui entame la partie :

- Richard, faut qu’on cause !- Ah ? Et de quoi ?- Suis-moi, s’il te plait…

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Elle se dirige vers le salon, ça me convient mieux, je n’en perdrais pas une miette dans cette partie de la maison, j’y existe en au moins dix exemplaires. Richard s’exécute, il s’assied sur le bord d’un fauteuil, tandis que Laura s’empare du canapé.

- Ecoute, Richard, je ne sais plus quoi penser…- Penser sur quoi ?- De toi, de moi, de Clémentine…- Comment ça, toi, moi ? Comment ça, Clémentine ?- Je me suis mal exprimée ; je sais très bien que tu es le père qu’il lui fallait, qu'elle

aurait dû avoir depuis sa naissance, et je t’en suis très reconnaissante.- Justement, c’est le mot… juste…- Reconnaissante ? Oui, je t’en suis reconnaissante ! C’est parfaitement vrai, mais moi,

j’ignore ma place dans tout ça !- Ta place ?- Oui, que vois-tu en moi ? La mère de Clémentine ? Ou bien, la…

Soudain, Laura s’interrompt, elle regarde fixement Richard :

- Attends, attends, je crois que j’ai zappé quelque chose ! Tu voulais dire quoi par : justement, le mot juste ?

- Tu parlais de reconnaissance.- Oui, je sais… mais réponds à ma question, s’il te plait : justement quoi ?

Richard se lève et commence à tourner en rond dans le salon :

- Mets-toi à ma place ! Qu’est-ce que je dois penser quand je te vois déambuler en petite tenue dans la maison, ou carrément en nuisette le soir ? Je ne parle même pas de la douche ou de la baignoire !

- Je… je ne comprends pas…- Tu cherches quoi ? A m’aguicher ? A rembourser ta « dette » ? A moins que tu ne me

prennes pour ton grand frère ?- Mais… c’est pas…- Mets-toi à ma place ! Je suis un homme, moi !

Laura se lève d’un bond et lance :

- Première nouvelle ! Franchement, je me posais des questions sur ton orientation sexuelle, figure-toi ! Pourtant, il y a quelques mois, je n’avais aucun doute !

- Quoi ? Comment ça ?- Oui, Monsieur Richard, j’ai essayé de t’ « aguicher », comme tu dis, et crois-moi que

je me posais des questions alors que tu ne réagissais pas à mes avances ! - Tes avances !?- Ben oui, comme tu ne faisais pas le premier pas, fallait bien que je me mouille, non ?

De part et d’autre de la table basse du salon, les deux grands se taisent et se regardent les yeux dans les yeux. La tournure des événements me plait bien, mais j’ai quelques appréhensions sur le bon déroulement de la suite, je suis en plein dans un de ces moments magiques où tout peut arriver, le meilleur comme le pire… il suffit qu’un seul mot, d’un seul geste pour que tout bascule… Et moi, hélas, je ne peux rien faire… rien…

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C’est Richard qui reprend le service dans cette partie spéciale de tennis ; enfin, c’est l’image que je m’en fais. Sa voix est sourde, il cherche à établir ses certitudes :

- Tes avances ou ta reconnaissance ?- Ecoute, Richard, je te suis reconnaissante, je te suis même très reconnaissante pour

tout ce que tu as fais pour nous, mais…- Mais ?- Mais pas au point d'aller coucher avec toi QUE pour cette raison !

Je suis bien calé, juste au bon endroit pour admirer le spectacle. Décidément, les grands font toujours des circonvolutions, plutôt que d’aller droit au but. Je sens que ça carbure à fond la caisse sous le crâne chauve, et pas qu’un peu. C’est à nouveau Laura qui lance la balle, et après, on me dira qu’une femme, c’est le sexe faible ! Ben voyons !

- Oui… Et pourtant, tu sais, je croyais que… toi aussi… Enfin, dans le temps, tu…- Oui… moi aussi…

Un silence, le géant a les bras ballants, comme assommé, le regard vague. Décidément, les adultes ne savent pas appeler un chat un chat. Enfin, tout au moins, ces deux adultes-là. Dix secondes, peut-être quinze. Laura demande presque timidement :

- Tu… tu veux dire quoi par « moi aussi » ?- Moi, je croyais que tu ne voyais en moi qu’un grand frère, mais parfois… enfin, ton

attitude… je me demandais si, justement, tu ne voyais qu’un grand frère en moi, ou si tu voulais rembourser ta « dette » à ta façon… Je ne comprenais plus…

- On s’est planté, n’est-ce pas ?

Le géant secoue la tête, la jeune femme le regarde intensément. Maintenant, je sens que c’est Richard qui est bien parti ; il me le confirme tout de suite :

- Tu vois, Laura, quand tu as rencontré David, franchement, j’aurais nettement préféré être à sa place… Surtout quand j’ai découvert comment cet abruti te traitait. En étant parrain de Clémentine, quelque part, c’est comme si… enfin… toi et moi… tu comprends, n’est-ce pas ?

- Non, pas vraiment… Je préfère des mots pour le dire, sinon, ça laisse trop de choix possibles, d’incertitude…

- C’est pas facile à dire, surtout que je ne sais pas comment tu vas de prendre ça !- Ecoute, autant crever l’abcès tout de suite, et être fixé, non ?

Encore du silence.

Richard se gratte la tête tout en contournant la table basse. L’air décidé, il pose ses mains sur les bras de Laura. Je songe qu’il pourrait la soulever comme un rien ; toujours ce contraste entre ces deux adultes : la petite chose fragile et le grand machin barraqué.

- Ah et puis, merde ! T’étais la femme de mon copain ! T’étais raide dingue de lui. Lui te faisait des tas de coups en douce, tu ne voyais rien de rien, sauf vers la fin. Moi, ça me désolait, j’avais même honte pour ce con de David.

- Tu le charges drôlement ton "copain" !

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- C’est la stricte vérité, hélas. Pourtant, je le connais depuis la maternelle, tu le sais très bien. Il était bien dans le temps, oui, mais il a mal viré, il y a quatre, cinq ans ; tu n’y es pour rien, d’ailleurs !

- Contente de te l’entendre dire… C’est vrai que, de mon côté, je croyais pouvoir le faire changer. Une idée bien féminine… Je me suis plantée sur toute la ligne ! La seule chose de potable que j’ai réussi à faire, c’est ma fille !

- Tu peux en être fière : c’est une gamine adorable !- Merci, Richard, merci…

L’attitude du géant change doucement, il semble se décontracter peu à peu :

- Tu vois, Laura, ce qui me désole le plus dans l’histoire, c’est que ce con avait une chance incroyable de t’avoir et qu’il n’a même pas su en tenir compte !

- Oh si qu’il en a tenu compte ! J’étais juste bonne à l’entretenir…

Richard resserre plus encore ses larges mains sur les bras de la jeune femme, certains de ses doigts posés sur l’arrondit des épaules. Il reprend d’une voix étrange :

- C’est la seule chose qu’il a vue en toi, ce con ! Bordel de merde, que j’aurais voulu être à sa place, t’avoir à moi, rien qu’à moi, m’occuper rien que de toi !

- Que… tu veux me dire quoi, là, dis !? demande Laura, les yeux grands écarquillés.- Que j’étais raide dingue amoureux de toi, mais que t’étais la femme de mon copain,

que j’avais pas d’espoir parce que t’étais accro à lui ! Voilà c’que je te dis !- Tu… tu étais amoureux… de moi !?- Oui.

Un énorme silence. Moi, j'attends, tranquillement calé dans le vaste canapé avec mes autres coopérateurs. Dommage que je n'ai pas une boîte de pop corn en main…

- Et… et maintenant, Richard ? Et maintenant ? Dis !?- Oui…- Oui, quoi !? Richard, dis-moi !- Oui, je suis toujours raide dingue amoureux de toi !

Tête baissée, Laura sent ses jambes se dérober, il la retient ; elle s’assied au bord du canapé. Elle tremble légèrement, il ne sait pas quoi dire, il enlève ses mains puis il s’agenouille face à elle. Elle lève la tête :

- Pourquoi tu ne l’as pas dit plus tôt ?- Tu crois que c’est facile, Laura ? Il n’y a pas si longtemps, au début que tu vivais ici,

je sentais bien que tu regrettais quand même de l’avoir quitté… Et puis, comment tu aurais pris la chose ? Si je te l’avais avoué, tu serais partie ? Tu aurais cédé par reconnaissance, par pitié ? Je ne veux pas de pitié, pas ça ! Tu comprends ?

- Oui… je comprends… Je veux savoir une chose, Richard…- Tu veux savoir quoi, Laura ?- Tu réponds franchement ?- Je te le promets…- Quand… enfin… quand je me promenais à moitié nue devant toi… à vouloir…

t’aguicher… tu… tu m’as prise pour une… euh… une salope ?

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- Laura, tu sais très bien que je ne pense absolument pas ça de toi… parce que je t’aime, tu sais, tu es…

Sa phrase reste en suspens car la jeune femme lance ses bras autour de son cou et l’embrasse. Happy end, je suis content ! Bon, je ne sais pas si je vais rester là, à regarder leurs mamours… Quoique, ça pourrait être instructif !

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Au petit matin, vers neuf heures, Clémentine se réveille.

- bôzou, Pimpin !

Je lui réponds à ma façon. Elle regarde les murs autour d’elle, visiblement, elle est contente. Tant bien que mal, elle se met debout sur le lit afin de regarder par la fenêtre. Dehors, il y a déjà du soleil et même des oiseaux sur la pelouse. Elle pousse un petit cri de contentement. Avec précaution, elle descend de son lit, elle m’empoigne par la même occasion. Avec un air sérieux, elle ouvre sa porte puis se dirige en trottinant vers la chambre de sa mère. Elle ouvre de grands yeux ronds quand elle découvre que le lit est vide, et surtout, même pas défait.

- A pû mama ?

Elle fronce des sourcils et part directement vers la cuisine. Personne. Elle regarde dans la salle à manger, puis dans le salon. Toujours personne. Boudeuse, me traînant par un bras (et pourtant, moi, je n’y suis pour rien), elle va dans la salle de bain. Personne non plus. Elle met ses petits poings contre ses hanches, intriguée et perplexe. Moi, je pendouille lamentablement le long de sa jambe. Elle repart alors vers dans le couloir, elle passe près de la porte de la chambre de Richard, celle-ci est légèrement entrouverte. Elle s’arrête sur place. Les yeux grands ouverts, elle entre dans la chambre et découvre sa mère et son parrain endormis dans les bras de l’un de l’autre. De surprise, elle me laisse tomber au sol. Puis elle s’approche du lit pour mieux voir. Souriante, Laura est blottie contre la large poitrine de Richard, ses longs cheveux éparpillés sur le torse volumineux, leurs deux respirations sont apaisées, calmes, sereines.

La fillette sourit radieusement, puis elle ressort en chantonnant.

Peu de temps après, elle revient dans la chambre de Richard avec deux tartines maculées de chocolat à tartiner. Sans précaution particulière, elle en pose une sous le nez de sa mère et l’autre sur le torse de son parrain. Réveillés en sursaut, les deux adultes ouvrent les yeux, contemplant une fillette barbouillée de chocolat sous leurs nez.

- Cé tâtine socola !- Euh… merci !- Mâzé ti dézeuné !

Laura a un léger mouvement d’hésitation, elle ne sait pas comment se comporter face au fait que sa fille l’ait surprise au lit dans les bras de Richard. C’est vrai qu’elle dormait tout simplement, mais n’empêche que la situation reste quand même gênante. De plus, pas de secours à attendre de son amant, il agit comme si de rien n’était : il mange la tartine, tout en évitant de se mettre trop de chocolat sur les doigts.

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- Mâzé, mama !- Mange ta tartine, ma chérie, tu lui feras plaisir !- Facile à dire ! Ca me gêne !- On faisait quelque chose de mal ?- Non… mais…- On ne faisait rien de mal, donc pas de problème ! N'est-ce pas ?- J’envie ta façon de voir les choses !

Et Laura mange sa tartine tant bien que mal, sous l’œil attentif de sa fille. A peine la dernière bouchée avalée, la petite demande :

- Mama, mama !- Oui, ma puce ?

Clémentine désigne Richard du bout du doigt, puis questionne :

- Pârin, dodo mama ?- Euh… ah, oui… Richard… euh, ton parrain a fait, hem, dodo… hem… avec maman…- Tu as le don des explications circonstanciées, ma chérie…- C’est ça, fous-toi de moi ! Moi, je ne sais plus où me mettre !- Sous la couette, comme hier soir !- C’est ça, rajoutes-en une louche ! Tu ne m'aides vraiment pas !

La fillette regarde fixement sa mère qui ne sait plus où se mettre. Puis sur son visage se dessine un large sourire :

- Pârin, papa avé mama ?- Euh… je ne comprends pas, ma puce…- A pû pârin !? Cé papa ? - Ben, ma puce, c’est que… Richard… oui, avec maman…- Pârin, nouvo papa à mwa !

Richard se penche vers la fillette, il lui tend les bras, elle se jette dedans, toute joyeuse. Il la soulève au dessus du lit, elle gazouille tout en battant des pieds et des bras, comme un petit oiseau. Peu après, Clémentine vient se nicher entre les deux adultes, ronronnant des tas de "mama" et de "papa". De temps à autre, Laura essuie fugacement une petite larme. Même s’il ne le montre pas, Richard est ému, il s’abstient d’ailleurs de parler pour ne pas révéler une voix enrouée…

Moi, je suis resté à l’entrée de la chambre, lâchement abandonné, mais au vu des circonstances, je lui pardonne sans problème.

Puis les jours sont passés, les semaines, les mois, Clémentine grandit parmi ses peluches, sa maman, son papa et, bien sûr, moi, l'unique. Une petite famille ordinaire, soudée, vivant sous le même toit douillet, loin des tourments extérieurs. Un peu beaucoup rose bonbon, mais ma petite Clé aura tout le temps quand elle sera plus grande de se frotter à un monde cynique, froid et calculateur. Pour l’instant, elle vit toute heureuse dans son petit monde clos et confortable, et elle s’endort chaque soir avec une histoire de son papa, et un gros câlin de sa maman, à moins que ce ne soit l’inverse.

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Et bien sûr, toujours avec moi !

[center]--ooOoo--[/center]

Un grand lit sans dessus-dessous, des draps totalement défaits, deux corps repus. Le soleil filtre à travers les volets, illuminant doucement la pièce. La tête sur le ventre de son amant, ses cheveux épars, elle se tourne vers lui :

- Ah ce que je vois, tu ne faiblis pas malgré les mois, et même les années !- Tu as une piètre opinion des sentiments que je te porte, ma chérie !- Allez, allez ! Comment un grand machin comme toi peut-il être amoureux d'une toute

petite chose comme moi ?- Les extrêmes s'attirent, n'est-ce pas ?- Je commence à la connaître par cœur cette réponse ! Tu manques d'originalité, mon

amour ! Enfin… euh… pas au lit en tout cas !- Tu m'en vois fier et ravi !

Elle tend d'un seul coup ses deux bras vers le plafond :

- Au lit !- Pardon ?- "Tu m'en vois fier et ravi"… au lit…- Oh que c'est fin, ça ! - Nan, c'est Buitoni !

Il secoue la tête tout en soupirant : irrécupérable !

Puis, avec un grand sourire, tendrement, il caresse les longs cheveux, la douce joue. Quelques secondes d'éternité passent… Les yeux au plafond, il constate :

- N'empêche que… je n'aurais jamais cru que tout soit si… facile, finalement.- Comment ça ? Tu veux dire quoi par là ?- Songe un peu qu'il y a maintenant deux ans et un peu plus, tu étais toujours dans son

appart, et moi, tout seul à faire une croix sur toi…- Oui… tu as raison, deux ans… Elles sont passées comme une flèche ! Si j'avais su, je

t'aurais aguiché bien avant !- Oui… et j'aurais dû craquer définitivement bien avant et t'enlever sur le champ !

Elle pouffe, tout en lui frôlant la cuisse de ses ongles :

- J'imagine bien le tableau d'ici ! N'empêche que…- Oui ?- N'empêche qu'on rattrape bien le temps perdu depuis ces deux ans, tu ne crois pas ?

Euh… j'espère néanmoins qu'on n'a pas réveillé la petite !- T'inquiète ! Si elle était réveillée, on l'entendrait déjà d'ici. De plus, sa chambre est

séparée de la nôtre par deux pièces. Alors, même si vous êtes bruyante, Madame, Mademoiselle votre fille n'entend rien !

- Tu me reproches d'être dans le… démonstratif ?

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- Pas du tout ! C'est même très… flatteur pour ma virilité. Même si parfois au début, je me suis demandé si tu n'en rajoutais pas une couche, mais j'ai ensuite découvert que tu te lâchais vraiment à fond.

- Jamais content, ces mâles !- Ah oui ?- Ah oui !

Il se redresse prestement, puis agilement se couche à moitié sur sa compagne :

- Et bien, tu vas voir ça, femelle insatisfaite !- Pff, des promesses, toujours des promesses !

Elle n'a pas le temps d'en dire plus, il l'embrasse fougueusement. Elle sait qu'elle va vivre à nouveau ce merveilleux moment où elle s'abandonne sereinement et totalement à un homme, son homme.

Oui, totalement…

Le soleil filtre de plus en plus à travers les volets, la chambre est baignée de lumière. Deux corps en sueur, elle sur lui, la tête sur ses cuisses, les bras en croix.

- Tu vois, Laura chérie, notre fille dort toujours !- C'est vrai qu'elle a regardé jusqu'au bout ce long dessin-animé, malgré l'heure tardive !- Elle grandit, la petite chose, elle grandit…- Tiens, en parlant de grandir…

Elle commence à taquiner de ses ongles le sexe repus de son homme. Bien qu'il ait déjà donné plus d'une fois ce matin, celui-ci commence à reprendre du poil de la bête.

- Tu n'en as jamais assez, toi ! Tu es pire qu'une chatte en chaleur !- C'est ça, plains-toi ! Si tu n'es pas content, cède donc ta place à un autre ! Il y a des tas

de mecs qui adoreraient être à ta place !- Ben voyons ! Comme si j'étais du style à partager !- C'est égoïste, ça, mon bon monsieur !

Et elle continue son petit manège ; elle adore le pouvoir qu'elle possède sur cette chose molle qui durcit peu à peu, irrésistiblement. Son Richard est proportionné de partout, et ce qu'il a entre les jambes n'est pas une mince affaire. D'ailleurs, la première fois qu'ils avaient fait l'amour, elle avait eu une certaine appréhension. Mais il s'y était pris avec tant de douceur qu'elle fut surprise de l'accueillir sans résistance en elle malgré le calibre. Depuis, elle raffole d'être ainsi comblée, remplie, envahie, parfois saturée, mais tellement heureuse.

Doucement, la tige de chair s'érige, les veines se dessinent petit à petit sous la fine peau délicate, tandis que le gland sort de sa cachette. Lentement mais irrémédiablement, les doigts fins caressent voluptueusement leur proie, celle-ci palpite délicatement. Un doigt plus taquin ou vicieux que les autres s'amuse à explorer la base du frein, soulignant les chauds reliefs.

Puis d'autres ongles voraces impriment leurs marques sur la tige palpitante et tiède, cherchant à conquérir son volume, à tester sa résistance, sa consistance. Alors s'amorce un lent

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mouvement de va-et-vient, d'abord imperceptible, puis de plus en plus marqué, un déplacement fort, puissant, serré.

A présent mouillé de salive, le doigt taquin caresse l'arrondi du gland, le lustrant, le polissant, délicatement, subtilement, tandis qu'un pouce câline sa base. Ludiquement, un ongle pervers s'amuse à entrouvrir le méat, comme pour aller l'explorer plus intimement encore.

Ce petit jeu continue de longues secondes, très voluptueuses, puis une bouche chaude décide d'engloutir le sommet de cette tige de chair palpitante. Une langue soyeuse cajole sensuellement une cime arrondie, tandis que, plus bas, une main s'active encore plus, impérieuse, exigeante. Une dernière lècherie charnelle et sensuelle, un dernier long suçon vicieux et humide, une tige chauffée à blanc, puis le jaillissement final, une interminable délivrance dans un grand râle de plaisir étouffé.

D'autres petites salves tièdes, des lèvres toujours soudées à cette tige qui frémit, frissonnante, un grand corps qui se relâche, une langue qui caresse toujours et encore, cueillant tout, récoltant les moindres parcelles, les moindres miettes, afin de tout prendre et de ne rien laisser…

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Laura prend sa fille sur ses genoux :

- Euh… ehm, tu vois, maman, elle… enfin… elle…- Oui, maman ?- Je… tu…

Richard intervient :

- Ce qu'essaye de t'expliquer ta maman, ma petite Clé, c'est qu'elle va être à nouveau maman, et que tu vas avoir d'ici quelques mois une petite sœur ou un petit frère…

- Une petite sœur ?

La principale concernée, Laura, tente de reprendre la main :

- Euh… oui... une petite sœur ou un petit frère, on ne sait pas encore…

La fillette aborde un sourire radieux, puis d'un seul coup, elle s'assombrit :

- Papa et maman m'aimeront toujours autant ?

Lentement, le géant chauve s'agenouille puis courbe la tête pour être à la hauteur du visage de sa fille :

- Pourquoi veux-tu que ça change ? Tu es notre fille et à ce titre, nous t'aimons.- Oui, mais, la petite sœur, vous allez l'aimer aussi, non ?- Bien sûr. Mais vois-tu, Clémentine, l'amour d'une maman et d'un papa, ce n'est pas

comme un gâteau…- Un gâteau ?

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- Oui, on ne divise pas le gâteau en autant de part qu'il y a d'enfants, de frères ou de sœur. L'amour d'une maman et d'un papa est indivisible, il reste égal pour chaque enfant, quoiqu'il arrive. Il y aura toujours autant d'amour pour toi, rien que pour toi, que tu sois seule ou avec dix frères et sœurs…

- Ah non, j'en veux pas dix, moi !

Le géant chauve rit de bon cœur :

- T'inquiète pas, ma Clé, moi, non plus, j'en veux pas dix !- Tant mieux !

Richard capture la fillette dans ses larges mains, la décollant des genoux de sa mère un peu dépassée. Il l'installe confortablement dans ses bras, Clémentine, ravie, se laisse faire.

- Pour répondre à la question que tu n'as pas encore posée, ta mère et moi, nous avons déjà tout prévu. Nous avons prévu d'aménager le grenier pour faire une nouvelle chambre, comme ça, tu garderas la tienne. Ca te va ?

- Oui !- Mais au début, le bébé dormira dans la chambre d'ami, car quand ils sont tout petits,

les bébés sont très fragiles, il faut être toujours être près pour mieux veiller sur eux afin d'éviter les problèmes. Tu comprends ?

- Oui !- Alors tout va bien !

Et il l'embrasse.

Puis les semaines passent, le ventre de Laura s'arrondit de plus en plus. Un beau jour, une échographie montre qu'il n'y a pas qu'un seul heureux événement, mais deux. A la nouvelle, Richard est d'abord ahuri puis il sourit radieux. Puis d'un coup, il s'inquiète de savoir si sa toute petite Laura saura résister à pareil épreuve !

- Aucun problème, là-dessus, Monsieur, aucun. Il faudra simplement faire un peu plus attention !

- Ok, bien compris. Donc, il faut que ma femme arrête de…- Eh oh ! Je ne suis pas en sucre !- Mais, ma chérie, tu n'es pas…- C'est à moi de décider, non ? T'inquiète pas, ça ira, ce n'est pas la première fois que je

suis enceinte. Oui, je sais, il y en a deux, et alors ? Tout ira bien, tu verras !

Puis quelques semaines plus tard, Clémentine apprend qu'elle aura à la fois une petite sœur et aussi un petit frère. Ca lui convient très bien !

Clémentine dort déjà avec moi depuis longtemps. Laura, telle une toute petite enfant, est sur les genoux de Richard.

- Tu sais, mon chéri, c'était prévisible quand on suit un traitement pour la stérilité.- Je sais… Mais avoir le choix du roi, comme ça, d'un coup !- Tu as peur ? Tu regrettes ?- Non, pourquoi ? - Tu étais très sceptique quand je t'ai parlé du traitement en question…

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Richard tend la main vers la bouteille, et sert les deux verres :

- C'est vrai que je n'y croyais pas de trop… J'avais fini par m'y faire de ne jamais avoir d'enfant. N'empêche que ça a été un peu le parcours du combattant !

- Ne te plains pas, on a réussi du deuxième coup ! C'est rare ! Tu… tu ne regrettes rien, tu es sûr ?

- Pourquoi, ma chérie ? Tout va magnifiquement bien : une merveilleuse petite femme, une adorable fille, un bon boulot, un toit par-dessus, et bientôt deux enfants !

- Tu es sûr ?

Pour toute réponse, il l'embrasse tendrement puis passionnément. Heureuse, elle se laisse aller…

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Clémentine se penche sur les berceaux transparents de la clinique. Elle écarquille les yeux, fait la moue et déclare :

- I'sont moches ! I'sont tout fripé et tout rouge ! Et pis, je sais même pas qui est la fille, qui est le garçon ! C'est nul !

Elle relève la tête, un peu dubitative, puis se repenche sur les berceaux :

- Mais bon, je les aime quand même !

Et elle le prouve durant les mois et les années qui suivent. Moi, doucement mais sûrement, je déserte peu à peu son lit. Puis un beau jour, Clémentine me fait trôner à la place d'honneur de sa chambre, entre lit et bureau. Les jumeaux grandissent sous l'œil amusé et protecteur de la grande sœur.

Sauf quand ils font irruption dans sa chambre ! Alors, là, je peux vous garanti que ça hurle bien !

En parlant d'hurler, Laura a mis un peu la sourdine. Ces deux-là, malgré les années, y vont toujours aussi de bon cœur, et leur chambre ressemble plutôt à un vaste champ de bataille qu'à un paisible dortoir ! Et plus les années passent, plus Laura devient coquine, et Richard qui assume et assure très bien !

Clémentine a toujours su que David existe. Parfois, de temps à autre, rarement, une carte postale très mal écrite lui arrive. Elle reçoit régulièrement avant tout le monde tous les nouveaux titres de celui-ci. Elle les écoute, comme c'est le cas aujourd'hui.

Elle sort de sa chambre, ouvre le frigo pour se servir à boire. Un peu inquiète, sa mère lui demande :

- Et alors ? Euh… comment c'était ?- Pas trop mal… ouais… mais c'est toujours aussi braillard !

Laura n'en saura pas plus.

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Une nouvelle journée, calme et paisible, en ce samedi après-midi. Richard est sur l'ordinateur. Laura est dans le couloir, assise par terre, en train de trier divers livres.

- Oh merde !!!- Eh ? Qu'est-ce qu'il y a, chéri ?- Merde de merde !!!

Laissant les livres au sol, elle se lève précipitamment et se rue dans le bureau :

- Mais quoi ?- C'est David ! Il veut revoir Clémentine. Et il est plutôt menaçant et sûr de lui !- Quoi ?

Elle lit à son tour le message sur l'écran, bouché bée.

- Non !

Et elle se jette sur la vaste poitrine de Richard.

- On ne peut pas laisser faire ça ! Dis !?- Hélas, il a raison, l'animal. Il a tout à fait le droit de revoir "sa" fille, même s'il a

abandonné son droit paternel. Et avec les avocats qu'il peut se payer, il y arrivera sans aucun problème. Surtout, rien qu'à voir Clé, on comprend très vite qui est le père biologique…

- Mais c'est pas possible, c'est injuste ! C'est notre fille !- Je sais, ma chérie, mais on ne peut pas faire autrement que de l'autoriser à rencontrer

Clémentine. Tout au plus, on pourrait retarder les choses en recourant à diverses procédures, mais ça nous coûterait un max, et nous n'avons pas les moyens de lutter financièrement contre lui.

Elle pleure toujours contre lui :

- On… on est obligé de laisser faire ? On… on ne peut rien faire ?- De toute façon, c'est à Clémentine que revient le choix final. Et puis, entre nous, je

vois mal David s'encombrer d'une fillette, surtout connaissant son mode de vie actuel ! Bien que… connaissant ce type, on peut s'attendre à tout !

- On… ne peut vraiment rien faire ?- Tout au plus, on peut expliquer la situation à Clémentine et je…

Il s'arrête net : sur le seuil du bureau, une préado le dévisage :

- C'est le chanteur de Rock, c'est ça ?- Oui, c'est David… il désire te rencontrer le plus vite possible, il sera de retour par ici,

dès lundi soir…- Mercredi, j'ai pas cours.- C'est ce que tu désires ?

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- On va le dire comme ça… On avait prévu d'aller au parc, ce mercredi, il me semble, alors autant en profiter !

Une expression indéchiffrable sur son visage…

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Un parc au soleil printanier, une fillette, un père biologique qui revient d'un lointain continent. Inquiets, Laura et Richard sont restés en retrait, tandis que les jumeaux jouent dans le jardin d'enfant, à deux pas. L'air charmeur, sûr de lui, David s'approche d'elle, fier de sa notoriété acquise, de sa célébrité enfin venue et confirmée :

- Alors, tu ne dis pas bonjour à ton père ?- Tu n’es pas mon père !- Comment ça, "je ne suis pas ton père" !? C'est bien moi, ton seul et unique paternel !- Ah oui ? Où t'étais, toi, mon seul et unique paternel, durant tout ce temps ? T'étais

parti dans tes rêves de rock star ; j'étais qu'un boulet pour toi, une tache dans ta carrière. J'ose même pas songer à maman dans tout ça !

Il écarquille les yeux. Il reprend alors :

- Tout ça, c'est pour toi que je l'ai fait ! Pour que tu sois la fille du célèbre…- Arrête ! Mis à part une vague carte postale ci et là, et encore, qu'est-ce que j'ai été pour

toi ? Un résidu de capote, si j'en crois une interview ? - Euh… je… ce… ce n'était pas toi qui étais visée, tu sais…

Elle le toise du haut de ses 12 ans :

- Toi, t'es rien pour moi. C'est Richard mon père.- Non, ce n'est pas lui, ton père, c'est moi, rien que moi !

Toujours inquiets, Laura et Richard s'approchent un peu. Clémentine regarde David droit dans les yeux et lui assène :

- Un père, c'est celui qui est là quand j'ai besoin de lui. Un père, c'est celui qui m'aime, moi. Un père, c'est celui qui me voit grandir. Pas celui qui a tiré son coup, un beau jour !

Il accuse difficilement le choc. Figés, les trois adultes sont ébahis, mais à divers titres. David riposte :

- T'as pas honte de causer de ça comme ça ? Ce ne sont pas des mots dans la bouche d'une…

- Me fais pas rire ! Toi, le rocker, sex, drug and rock 'n roll, c'est toi qui viens me faire la morale ? Ecoute mieux les paroles de tes chansons, et relis tout ce que tu as pu dire, et ensuite, tu reviendras me parler de déontologie ! T'es surpris ? C'est un mot que j'ai appris, il n'y a pas très longtemps : dé-on-to-lo-gie. Et puis, je te signale, Mister ze moralist, que "résidu de capote", ça ne t'a pas fait moufter !

- Tu connais les paroles de mes chansons ?

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Elle continue de le toiser :

- Ne pavoise pas ! Si j'en connais un rayon sur toi, c'est uniquement pour me confirmer dans l'idée que t'es absolument pas mon père. Franchement, qui voudrait d'un type pareil comme paternel ? Franchement, tu fous la honte !

- Mais, je suis pourtant l'un des plus…- Tu es tout ce que tu veux, mais TU n'es pas MON père !

Et elle lui tourne définitivement le dos :

- Papa, maman, allons-y maintenant. On récupère les jumeaux, on a une balade à faire !- Oui, ma fille… répond, ému, Richard.- Pas de quoi, papa !

Puis elle se colle à lui.

Figé sur place, David voit alors partir loin de sa vue une famille comme il en existe tant d'autres. Une famille dans laquelle existe sa fille. Mais définitivement, ce ne sera pas sa famille.

Alors, lui aussi s'éloigne, avec le vague sentiment d'avoir complètement raté quelque chose…