Revue annuelle sur l’efficacité du développement · Horia Sohir Debbiche, Ann Defraye, Mbarack...

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Revue annuelle sur l’efficacité du développement ÉDITION 2019 Intégrer l’Afrique, Connecter les personnes Revue annuelle Groupe de la Banque africaine de développement

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Revue annuelle sur l’efficacité du développement ÉDITION 2019Intégrer l’Afrique, Connecter les personnes

Revue annuelle

Groupe de la Banque africaine de développement

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REMERCIEMENTS

La neuvième édition de la Revue annuelle de la Banque africaine de développement (BAD) sur l’efficacité du développement est le fruit d’une excellente collaboration entre le personnel de la plupart des départements de la BAD. Cyril Blet et Charles Mulingi en ont été les responsables, et Augustin Kouadio Adom, Honoré Menzan et Joël Sery ont fourni un soutien statistique précieux. Nous voudrions témoigner notre gratitude à Ken B. Johm, Atsuko Toda, Dana Elhassan, Patience Kuruneri, Tom Owiyo, Maimuna Nalubega, Snott Mukukumira, Ifechukwude Ezinwa, Aïcha Nono, Carine Boukong, Olukanyinsola Oyewole, Carina Sugden, Folorunso David, Adeleke Salami, Rose Mwebaza, Charles Lufumpa, Malek Sefi, Densil Magume, Penelope Jackson, Rim Bekri Bahsoun, Musole Musumali, Ifeyinwa Emelife, Carlos Mollinedo, Ihcen Naceur, Stefan Atchia, Davinah Uwella, Teresa Sarr-Kone, Tahnn Kouakou, Nathaniel Agola, Jean-Guy Afrika, Youssouf Kone, Richard Schiere, Ashraf Ayad, Daniele Amoussou, Gisèle Belem, Walter Odhiambo, Foday Turay, Zodwa Mabuza, Sabri Ben Meftah, Horia Sohir Debbiche, Ann Defraye, Mbarack Diop, Helmi Hmaidi, Clémentine Koné, Brian Mugova, Armand Nzeyimana, Frederik Teufel, Rudolphe Petras, Tatang Ashley Lum, Tanteliniaina Mioratina, Eva Ruganzu, Rafika Amira et Elisa Desbordes-Cisse pour leur contribution au rapport.

Nous remercions tout particulièrement le rédacteur en chef Marcus Cox (Agulhas Applied Knowledge), le graphiste Nadim Guelbi (Créon Design) et les rédactrices Patricia Rogers et Elise Delcroix, pour leur contribution en tant que consultants.

Charles Boamah Vice-président principal Banque africaine de développement

Simon Mizrahi Directeur – Département de la prestation de services, de la gestion de la performance et des résultats Banque africaine de développement

Olivier Shingiro Chef de division – Division de la performance et de la responsabilité institutionnelle Banque africaine de développement

Photo de couverture : La Banque s’est engagée à développer des infrastructures régionales pour relier les pays, accroître les échanges commerciaux et améliorer la compétitivité de l’Afrique. Photo : BAD, Aurélien Gillier

© 2019 Groupe de la Banque africaine de développement

Tous droits réservés. Publié en juin 2019.

Revue annuelle du Groupe de la Banque africaine de développement sur l’efficacité du développement, édition 2019

Les opinions exprimées dans cet ouvrage sont celles des auteurs et ne reflètent pas nécessairement les opinions et politiques de la Banque africaine de développement (BAD), ni celles de son Conseil des gouverneurs ou de son Conseil d’administration et des pays qui y sont représentés.

La BAD et son Conseil d’administration ne garantissent pas l’exactitude des données contenues dans cette publication et déclinent toute responsabilité quant aux conséquences de leur utilisation.

En désignant un territoire ou une zone géographique ou en y faisant référence, ou bien en utilisant le terme « pays » dans le présent document, la BAD n’a pas l’intention d’émettre un jugement sur le statut juridique ou tout autre statut du territoire ou de la zone en question.

La BAD est favorable à l’impression ou la reproduction des informations uniquement à des fins personnelles et non commerciales, à condition qu’elle soit reconnue comme en étant la source. Il est interdit aux usagers de revendre, redistribuer ou créer des produits dérivés à des fins commerciales sans l’approbation expresse et écrite de la BAD.

Note : Dans le présent rapport, le terme « dollar » ou le symbole $ renvoie au dollar des États-Unis (USD).

Groupe de la Banque africaine de développement

Avenue Joseph Anoma - 01 B.P. 1387 Abidjan 01, Côte d’Ivoire Téléphone : (+225) 20 26 10 20

www.afdb.org

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Sommaire

Avant-propos 1Résumé analytique 3Introduction 11

Chapitre 1 Intégrer l’Afrique 15

Une nouvelle ère pour la coopération économique intra-africaine 15Le rôle catalytique de la Banque dans le renforcement de l’intégration régionale 18Stimuler la connectivité des infrastructures et le commerce 19

Chapitre 2 Éclairer L’Afrique et l’alimenter en énergie 23

Connecter les réseaux électriques de l’Afrique pour en améliorer l’accès 23L’impact de la Banque dans la course à l’électrification universelle 26Optimiser les investissements dans le cadre du Nouveau Pacte pour l’énergie en Afrique 29

Chapitre 3 Nourrir l’Afrique 33

Améliorer la sécurité alimentaire grâce à l’intégration des marchés 33Le rôle de catalyseur de la Banque dans la stimulation du développement agricole 36Les étapes pour monter dans les chaînes de valeur agricoles 37

Chapitre 4 Industrialiser l’Afrique 43

Relier les pays pour stimuler la croissance industrielle 43L’appui de la Banque au développement industriel 47Élaborer des plans pour attirer les investissements privés 49

Chapitre 5 Améliorer la qualité de vie des populations africaines 53

Fournir des emplois productifs à une population croissante 53L’impact de la Banque sur l’emploi et l’accès aux services 56Jalons dans la mise en œuvre d’innovations visant à améliorer la vie des populations 58

Chapitre 6 Domaines transversaux et stratégiques 61

Renforcer les institutions pour des économies plus inclusives et plus vertes 61Nouveaux programmes dans les domaines transversaux et stratégiques 66

Chapitre 7 Améliorer notre efficacité et notre impact sur le développement 69

Récolter les résultats d’une Banque qui agit comme « Une seule Banque » 69Maximiser le financement et attirer des talents pour renforcer notre impact 73

Perspectives d’avenir 79

Annexe – Note méthodologique 82

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Sommaire

Liste des encadrés

Encadré 1 Une politique du ciel ouvert 17

Encadré 2 Indice d’ouverture sur les visas en Afrique 17

Encadré 3 Une nouvelle ère de connectivité et d’intégration pour deux pays d’Afrique de l’Ouest 18

Encadré 4 Le point de vue des bénéficiaires 19

Encadré 5 Enseignements retenus : intégrer l’Afrique 20

Encadré 6 Le Mozambique devient un exportateur d’énergie 24

Encadré 7 La Banque lance le premier Indice de réglementation de l’électricité en Afrique 25

Encadré 8 Construire la centrale des données énergétiques de l’Afrique : Africa Energy Portal 25

Encadré 9 Un meilleur accès à l’énergie a un impact pour les femmes en Tanzanie 26

Encadré 10 Améliorer la préparation des projets avec le Fonds des énergies durables pour l’Afrique 27

Encadré 11 Le point de vue des bénéficiaires : L’électrification rurale donne un nouveau souffle aux petites entreprises du Maroc 28

Encadré 12 Enseignements retenus : éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie 29

Encadré 13 Transformer l’agriculture en Éthiopie par l’investissement public 34

Encadré 14 Établir des réserves alimentaires régionales pour atténuer les effets des fluctuations des niveaux de production 35

Encadré 15 Enseignements retenus : nourrir l’Afrique 37

Encadré 16 Le point de vue des bénéficiaires 37

Encadré 17 Transformer l’agriculture africaine 38

Encadré 18 Exploiter le potentiel des drones pour une agriculture de précision en Tunisie 38

Encadré 19 Tirer parti de la technologie pour lutter contre les ravageurs envahissants sur tout le continent 39

Liste des figures

Figure 1 La Banque accroît son orientation stratégique dans cinq domaines prioritaires d’action 11

Figure 2 Les échanges intra-africains restent limités 15

Figure 3 Les entreprises basées en Afrique investissent de plus en plus sur le continent 16

Figure 4 Les High 5 jouent tous un rôle important dans l’intégration du continent 18

Figure 5 Les pays africains, en particulier les plus petits, importent de plus en plus d’électricité de leurs voisins 23

Figure 6 ERI définit des cadres de référence pour la gouvernance de l’électricité dans les pays africains 25

Figure 7 Les pays d’Afrique de l’Est renforcent régulièrement leur capacité d’interconnexion 26

Figure 8 Le plus grand parc éolien d’Afrique fournit aujourd’hui de l’électricité à cinq millions de Kenyans 27

Figure 9 Le volume des cultures exportées a augmenté au cours des 10 dernières années 33

Figure 10 Augmentation de l’insécurité alimentaire par insuffisance des dépenses agricoles 35

Figure 11 L’impact des opérations de la Banque réalisées au Rwanda, 2014–2018 36

Figure 12 Le Top 10 des fabricants africains 43

Figure 13 Les grands pays à revenu intermédiaire représentent la plus grande part de la valeur ajoutée manufacturière 44

Figure 14 La compétitivité des pays africains 45

Figure 15 De nombreux pays africains progressent dans l’amélioration de leur climat des affaires 46

Figure 16 Une croissance démographique en plein essor dans les villes africaines 46

Figure 17 Nos investissements contribuent à l’expansion industrielle du Maroc 47

Figure 18 Dans la plupart des pays, le taux de participation des femmes au marché du travail est inférieur à celui des hommes 55

Figure 19 Évaluer l`impact sur l`emploi du Plan Sénégal émergent 56

Figure 20 Augmentation du nombre de réfugiés et de déplacés en Afrique 63

Figure 21 La Banque accroît son impact sur le développement et améliore son approche de mesure 69

Figure 22 Statut de mise en œuvre des actions enregistrées dans MARS 71

Figure 23 La Banque améliore la qualité de ses projets, tout en accélérant leur mise en œuvre 71

Figure 24 La Banque est confrontée à des défis de portefeuille, tout en améliorant ses acquisitions 72

Figure 25 La Banque travaille à améliorer son niveau de co-financement 73

Figure 26 L’efficience de la Banque dans la gestion de ses opérations est optimisée 75

Figure 27 La Banque se rapproche des clients pour améliorer ses services 76

Figure 28 La Banque accélère le rythme de ses recrutements pour pourvoir ses postes 76

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Encadré 20 Zones économiques spéciales 45

Encadré 21 Collaborer avec le secteur privé 47

Encadré 22 Enseignements retenus : industrialiser l’Afrique 48

Encadré 23 Le point de vue des bénéficiaires 49

Encadré 24 Le Forum de l’investissement en Afrique 49

Encadré 25 Maximiser le rôle de la migration régionale dans le développement de l’Afrique 55

Encadré 26 Le point de vue des bénéficiaires 57

Encadré 27 Enseignements retenus : améliorer la qualité de vie des populations africaines 58

Encadré 28 Le système de suivi électronique du Zimbabwe 62

Encadré 29 Les Fonds d’investissement climatique après dix ans de fonctionnement 64

Encadré 30 Initiative « Du désert à l’énergie » : projet d’électrification rurale de Yeleen 65

Encadré 31 Enseignements retenus : domaines transversaux et stratégiques 66

Encadré 32 Unité des opérations spéciales 72

Encadré 33 Stimuler le développement du secteur privé sur le continent 74

Encadré 34 Initiative Room2Run 75

Liste des tableaux

Tableau 1 Indicateurs de la priorité Intégrer l’Afrique (Niveau 1 et Niveau 2) 16

Tableau 2 Indicateurs de la priorité Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie (Niveau 1 et Niveau 2) 24

Tableau 3 Indicateurs de la priorité Nourrir l’Afrique (Niveau 1 et Niveau 2) 34

Tableau 4 Indicateurs de la priorité Industrialiser l’Afrique (Niveau 1 et Niveau 2) 44

Tableau 5 Indicateurs de la priorité Améliorer la qualité de vie en Afrique (Niveau 1 et Niveau 2) 54

Tableau 6 Indicateurs des questions transversales et stratégiques (Niveau 1 et Niveau 2) 62

Tableau 7 La BAD gère-t-elle ses opérations efficacement ? (Niveau 3) 70

Tableau 8 La BAD est-elle une organisation efficiente ? (Niveau 4) 74

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Créer des emplois pour les jeunes africainsIl est essentiel de mobiliser le dynamisme et l’esprit d’entreprise des jeunes femmes et hommes pour stimuler la croissance économique et réduire la pauvreté. En Éthiopie, l’industrie du textile recrute de plus en plus de travailleurs qualifiés qui peuvent aider à fournir des vêtements à l’ensemble du continent et comme dans le reste monde.

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L ’Afrique est sur le point de réaliser un exploit historique qui pourrait potentiellement libérer sa productivité et assurer une prospérité durable. Cette année, l’accord portant création de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC) est entré en vigueur. Il s’agit d’une étape

cruciale dans l’agenda 2063 de l’Union africaine qui ouvre la voie à un marché africain unifié, capable de produire à grande échelle et de faire face à la concurrence internationale.

Dans le cadre de la ZLEC et d’autres processus d’intégration régionale, l’Afrique éliminera les obstacles à la libre circulation aussi bien des marchandises, des services que des personnes et des capitaux. Cette intégration dynamisera son commerce intérieur, attirera de nouvelles compétences et technologies, et créera ainsi des chaînes de valeur, à l’échelle du continent, intégrées à l’économie mondiale.

À la Banque africaine de développement, nous sommes convaincus que les perspectives d’intégration économique conduiront à une croissance inclusive et à la création d’emplois, plus nombreux et de meilleure qualité pour tous les Africains. L’intégration de l’Afrique est l’une de nos cinq grandes priorités et se trouve être le thème de la Revue annuelle sur l’efficacité du développement de cette année.

Cette Revue montre le potentiel de transformation des investissements que nous avons réalisés au cours des douze derniers mois. Le pont transgambien a concrétisé un vieux rêve de 40 ans, celui de d’améliorer la liaison entre la Gambie et le Sénégal, au bénéfice de 900 000 personnes. L’autoroute Addis-Mombasa offre de nouvelles possibilités de déplacements et d’échanges commerciaux en reliant ces pôles de croissance à un marché est-africain unifié, qui attire de plus en plus les d’investisseurs étrangers.

Nous participons également à la mise en place d’infrastructures immatérielles essentielles pour soutenir l’intégration économique. Nous soutenons l’Union africaine dans l’instauration d’un secrétariat pour la ZLEC. Nous travaillons avec les pays africains et les communautés économiques régionales sur les réformes politiques nécessaires en vue de promouvoir le libre-échange. Et nous œuvrons aux côtés de la Commission économique pour l’Afrique des Nations Unies (UNECA) pour établir l’indice d’intégration régionale en Afrique afin d’en suivre les progrès.

Grâce à ces projets et à d’autres, la Banque a démontré ses atouts dans des projets qui favorisent la connectivité régionale. Nous sommes en mesure d’utiliser notre mandat unique et notre pouvoir mobilisateur pour promouvoir la coopération entre les pays africains, tandis que notre cote de crédit et notre expertise financière nous permettent de structurer des transactions qui débloquent les investissements privés.

Cette Revue démontre l’essor dynamique qui sous-tend la volonté de l’Afrique de parvenir à l’intégration régionale et l’importante contribution de la Banque. Elle met en évidence les leçons que nous avons retenues et nos projets pour intensifier et renforcer notre portefeuille régional dans les années à venir.

Avant-propos

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Akinwumi Ayodeji Adesina

Président, Groupe de la Banque africaine de développement

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Impact de la Banque sur ses cinq grandes prioritésCette carte indique les 2000 localisations géographiques des 376 opérations de la Banque achevées entre 2016 et 2018 dans chacune des High 5.

La Banque demeure déterminée à accroître la transparence de ses opérations. MapAfrica, son outil de géolocalisation, a été remanié pour mettre l’accent sur cinq domaines prioritaires de la stratégie décennale : Éclairer l’Afrique, Nourrir l’Afrique, Industrialiser l’Afrique, Intégrer l’Afrique et Améliorer la qualité de vie des populations en Afrique. Explorez les 9000 localisations de nos projets dans l’optique des High 5 en consultant mapafrica.afdb.org.

Financement total de la BAD par pays

Millions de dollars

Moins de 3030 à 99

100 à 399400 à 700

Plus de 700

Éclairer l’Afrique Nourrir l’AfriqueIndustrialiser l’AfriqueIntégrer l’AfriqueAméliorer la qualité de vie des populations en Afrique

Les High 5s

Suivi des High 5

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Résumé analytique

La Revue annuelle de l’efficacité du développement (RAED) donne une vue d’ensemble du développement de l’Afrique dans chacun des cinq domaines prioritaires (les High 5) de la Banque africaine de développement (la Banque) ainsi que de la contribution de cette dernière à ces progrès. La RAED est un moyen de dresser un bilan de la performance de la Banque par rapport aux cibles définies dans son Cadre de mesure des résultats. Rédigée dans un style clair et accessible, la RAED permet à nos parties prenantes et partenaires d’avoir une meilleure compréhension de nos objectifs, de notre portefeuille et de notre performance.

Le thème de la RAED de cette année est l’intégration de l’Afrique. La dynamique politique en faveur de l’intégration régionale, très forte sur l’ensemble du continent, peut contribuer à la croissance économique et à la réduction de la pauvreté. En 2019, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC) est entrée en vigueur, marquant une étape clé vers la création d’un espace économique unique. Associée à de fortes perspectives de croissance, à une population jeune et à des villes africaines de plus en plus dynamiques, l’intégration renforcera le potentiel économique de l’Afrique. La Banque apporte sa contribution par le biais de ses cinq grandes priorités (les High 5) — Nourrir l’Afrique, Éclairer l’Afrique et l’alimenter en électricité, Industrialiser l’Afrique, Intégrer l’Afrique et Améliorer la qualité de vie des populations africaines — et de ses objectifs à long terme en faveur d’une croissance verte et inclusive.

Dans le présent rapport, nous examinerons d’abord les progrès réalisés par l’Afrique sur la voie d’une plus grande intégration régionale et la façon dont les opérations de la Banque y ont contribué. Nous dresserons ensuite un bilan des progrès réalisés dans les autres High 5, ainsi que sur nos priorités transversales en matière de gouvernance, de fragilité, de genre et de changement climatique, en soulignant leur contribution à l’intégration de l’Afrique. Nous nous pencherons également sur les progrès réalisés par la Banque concernant le Niveau 3 et le Niveau 4 du Cadre de mesure des résultats : améliorer la qualité de son portefeuille et renforcer sa capacité à obtenir des résultats pour ses clients et ses parties prenantes. Dans la dernière section, nous nous intéresserons aux contributions possibles de la Banque au développement de l’Afrique pour les années à venir.

Intégrer l’AfriqueL’intégration économique régionale en Afrique a fait un grand pas en avant avec l’adoption en mars 2018 de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine entré en vigueur en mai 2019. Une meilleure intégration ouvre aux producteurs africains un accès plus grand aux marchés et encourage le commerce et l’investissement, ce qui crée des emplois, stimule la productivité et encourage la diversification. Avec le dynamisme de leur marché de la consommation et de leur marché du travail, les villes africaines sont des pôles d’investissement de plus en plus attractifs. Johannesburg, Casablanca, Le Caire, Lagos et Nairobi figurent parmi les sources et les destinataires les plus importants des investissements intra-africains.

Toutefois, malgré quelques réalisations marquantes, le commerce intra-africain reste faible. Les obstacles aux échanges — notamment le coût élevé du commerce transfrontalier — restent importants. Des efforts notables ont été déployés pour améliorer la connectivité des infrastructures et créer des environnements politiques propices aux entreprises, et les communautés économiques régionales continuent de promouvoir l’harmonisation institutionnelle, mais des progrès restent à faire dans de nombreux domaines.

La Banque est un ardent défenseur de l’intégration économique, du commerce et de l’investissement. Notre Cadre stratégique pour l’intégration régionale soutient la vision de l’Union Africaine pour le continent, l’Agenda 2063, et l’établissement de la ZLEC. En 2018, nos investissements dans les infrastructures ont porté sur 390 km de routes transfrontalières et sur des projets phares comme le pont trans-gambien. Nous avons soutenu aussi des projets visant à améliorer le transport aérien, les liaisons ferroviaires et l’intégration financière. Nos projets ont permis de relier les pays, de renforcer les échanges commerciaux et d’améliorer la compétitivité.

Notre portefeuille croissant de projets régionaux est guidé par notre Cadre stratégique pour l’intégration régionale, et nous travaillons à l’élaboration de documents stratégiques d’intégration pour les cinq régions. Par nos investissements, nous continuerons d’appuyer les liens transfrontaliers, l’accès aux marchés régionaux et mondiaux et les corridors de transport régionaux afin de promouvoir le développement économique et social.

L’intégration économique contribue à développer le potentiel économique de l’Afrique

Nos projets ont relié les pays, augmenté les échanges commerciaux et amélioré la compétitivité

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Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergieLes déficits importants de production et de consommation d’électricité restent préoccupants sur l’ensemble du continent. Une solution qui figure en bonne place dans le programme de développement de l’Afrique est l’intégration régionale de l’énergie, qui peut aider à surmonter les inefficacités des marchés nationaux et à transformer le paysage énergétique. Cependant, cette intégration régionale de l’énergie ne progresse que lentement : à ce jour, 8 % seulement de l’énergie fait l’objet d’échanges transfrontaliers. L’accélération des progrès doit s’appuyer sur de nouveaux investissements et sur une amélioration de l’environnement politique.

En 2018, la part des ménages africains ayant accès à l’énergie est passée à 52 %, de 42 % en 2015. Le continent a également augmenté sa capacité électrique totale installée, y compris en énergie renouvelable. Cependant, l’efficacité de l’infrastructure électrique exige des améliorations majeures. Les projets d’interconnexion permettront aux pays de rationaliser leur capacité de production et d’échanger leur électricité excédentaire. Investir dans la construction et la modernisation des lignes électriques et des postes de transformation contribuera également à réduire les coûts, à améliorer l’accès et la fiabilité et à attirer les investissements.

Au cours de l’année écoulée, la Banque a investi dans un grand éventail de projets énergétiques destinés à améliorer l’accès à une énergie abordable, fiable et verte. Nous avons installé 480 km de lignes de transport d’électricité et 2430 km de lignes de distribution, permettant ainsi à 570 000 personnes d’être raccordées à l’électricité. Nous avons investi activement dans des projets d’énergie renouvelable à grande échelle, notamment en soutenant le parc éolien du lac Turkana au Kenya et la centrale solaire de Ouarzazate au Maroc.

L’intégration des ressources énergétiques en Afrique suppose de beaucoup investir dans des projets d’interconnexion. Pour l’avenir, nous aiderons les pays à réformer leur secteur de l’énergie et à élaborer des projets d’énergie renouvelable. Nous renforcerons également notre soutien aux solutions de cuisson propre et aux solutions énergétiques hors réseau. Dans le cadre du Nouveau Pacte pour l’énergie, nous collaborerons avec les gouvernements, le secteur privé et les initiatives du secteur de l’énergie pour accélérer l’accès universel à l’énergie en Afrique d’ici 2025.

Nourrir l’AfriqueLa transformation du secteur agricole africain est essentielle pour la croissance économique, l’élimination de la pauvreté et la sécurité alimentaire. Cependant, d’importants obstacles empêchent le

continent de valoriser tout son potentiel : fragilité et situation de conflits, résilience limitée au changement climatique et rareté de l’eau, ou dépendance excessive à l’égard de techniques agricoles traditionnelles à faibles rendements. L’essor du commerce régional et l’exploitation des nouvelles technologies contribueront à créer de la valeur ajoutée et à augmenter les revenus.

La balance commerciale nette de l’Afrique s’est sensiblement améliorée. Au cours des dix dernières années, les exportations agricoles ont doublé. Pourtant, les efforts pour réduire l’incidence de la faim et de la malnutrition ont donné des résultats décevants. Plus de 34 % d’enfants de moins de cinq ans souffrent d’un retard de croissance, dont une grande majorité de filles. L’éradication de la faim suppose des politiques plus volontaristes et des investissements plus soutenus.

La Banque a axé ses travaux dans ce domaine en soutenant des initiatives relatives à l’agro-industrie, à l’innovation et à la nutrition. Dans le cadre de la priorité Nourrir l’Afrique — l’un de nos High 5 —, nous avons mis en place une infrastructure capable d’ouvrir aux agriculteurs l’accès à de nouveaux marchés. En 2018, 19 millions de personnes ont bénéficié de nos projets, dont 9,3 millions de femmes. Nous avons construit 3400 km de routes de desserte et fourni 1700 tonnes d’intrants agricoles. Cependant, la lenteur de l’adoption des nouvelles technologies agricoles a freiné nos activités destinées à améliorer la gestion de l’eau et à moderniser les techniques agricoles.

Concernant l’avenir, nous continuerons de mener des initiatives sur tout le continent pour respecter nos engagements au titre de notre priorité Nourrir l’Afrique. Notre vision est celle d’un continent qui connaît la sécurité alimentaire, utilise des technologies avancées, s’adapte de manière créative au changement climatique et favorise l’émergence d’une nouvelle génération d’agripreneurs. En modernisant le secteur agricole, en réalisant l’intégration des marchés et en augmentant la valeur ajoutée des produits, nous contribuerons à éliminer la faim et à améliorer la nutrition en Afrique d’ici à 2025.

Industrialiser l’AfriqueOn observe une dynamique positive en faveur d’une plus grande intégration régionale des chaînes de valeur industrielles et d’une augmentation des investissements intra-africains, mais, bien qu’elle ait doublé en Afrique au cours de la dernière décennie, l’industrie manufacturière reste concentrée dans quelques pays comme l’Afrique du Sud et le Maroc. Le renforcement des liens régionaux et l’adoption de politiques ciblées pourront stimuler la croissance industrielle.

L’intégration énergétique régionale peut aider à surmonter les inefficiences des marchés énergétiques nationaux et transformer le paysage énergétique

La Banque a joué un rôle de premier plan dans le soutien aux initiatives dans l’industrie agroalimentaire, l’innovation et la nutrition

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Les progrès ont été lents en ce qui concerne les principaux indicateurs industriels. La diversification économique en Afrique reste faible, malgré la croissance de certains secteurs non extractifs prometteurs comme le tourisme et les technologies de l’information et de la communication, et de nombreux pays dépendent encore des produits principaux d’exportation. Cependant la compétitivité mondiale de l’Afrique s’améliore. Les investisseurs sont attirés par sa main-d’œuvre croissante, jeune et bon marché. L’Afrique est également devenue un leader dans le domaine de l’argent mobile, qui a contribué à ouvrir un accès au financement à 49 % de la population. Les pays ont cherché à promouvoir la croissance industrielle par diverses approches, notamment en créant des zones économiques spéciales, en soutenant les petites et moyennes entreprises et en intervenant sur certains marchés clés.

Dans le cadre de notre priorité Industrialiser l’Afrique, nous soutenons — en collaboration avec nos partenaires au développement — les entreprises de toutes dimensions et stimulons la productivité sur les chaînes de valeur internationales. En 2018, les projets du secteur privé de la Banque ont bénéficié à 1,2 million de personnes sur l’ensemble du continent — dont la moitié de femmes — et ont amélioré l’accès aux transports de 14 millions de personnes. Pour améliorer la performance, la nécessité de renforcer la diligence des intermédiaires du secteur privé et la mise en place de cadres de suivi et évaluation plus rigoureux ont été mises en évidence. Le Forum de l’investissement en Afrique a joué un rôle de catalyseur dans la mobilisation des ressources pour le développement du secteur privé. La Banque continue d’appuyer les micros, petites et moyennes entreprises, en particulier pour l’accès aux services financiers. Nous investissons également sur des marchés plus difficiles, notamment dans le contexte des pays fragiles ou à faible revenu.

La Banque a des plans ambitieux pour contribuer à relever le PIB industriel de l’Afrique d’ici à 2025. Cet objectif suppose une augmentation des investissements et le déploiement d’un effort concerté des institutions nationales, des banques multilatérales de développement et du secteur privé. Nous continuerons de soutenir les MPME dans les secteurs en transformation, les marchés financiers locaux et les projets qui offrent de nouvelles possibilités de création de revenus.

Améliorer la qualité de vie des populations africainesSi l’Afrique continue de bénéficier d’une forte croissance économique, 40 % des Africains vivent encore en dessous du seuil de pauvreté, et les inégalités restent fortes. Le chômage des jeunes est une préoccupation constante, et, pour répondre à la demande

toujours plus grande d’emplois en Afrique, il faudra maintenir une croissance forte et introduire des changements structurels. L’Afrique a besoin de compétences scientifiques et technologiques pour tirer parti des possibilités qu’offre aujourd’hui la « quatrième révolution industrielle » (4RI). La migration a des incidences sur la disponibilité des compétences, et certains pays comme le Burkina Faso, le Maroc et le Zimbabwe mettent en œuvre des politiques visant à lier la migration à des objectifs de développement. Dans les secteurs sociaux, il convient d’adapter les systèmes éducatifs à l’évolution des besoins de compétences. L’accès à l’eau potable et à l’assainissement en Afrique se caractérise par de grandes disparités entre pays et au sein d’un même pays. Seulement 72 % de la population a accès à de l’eau potable gérée de manière sûre, et 40 % à des installations sanitaires appropriées. Il importe d’investir pour que les pays puissent atteindre leurs objectifs de développement durable.

Nos projets visent à créer de nouvelles opportunités d’emploi et réduisent la pauvreté sur l’ensemble du continent et aident les jeunes, les femmes et les enfants à atteindre leur plein potentiel. En 2018, nous avons fourni des emplois à 1,2 million de personnes et nous travaillons au renforcement des compétences en sciences et en technologie. Notre programme phare, Emplois pour les jeunes, contribuera à faire en sorte que les jeunes acquièrent les compétences dont ils ont besoin pour les emplois de demain. Nous avons fourni à 270 000 personnes un meilleur accès à l’éducation et à 178 000 personnes une formation technique et professionnelle. Nous continuerons de promouvoir l’éducation et l’utilisation des technologies pour améliorer l’accès à la formation, notamment dans le cadre de notre initiative « Des emplois pour les jeunes en Afrique ».

En 2018, nos projets ont permis d’améliorer l’accès à l’eau et à l’assainissement de 8,2 millions de personnes, dont la moitié de femmes. Nous avons apporté un soutien catalytique au secteur de la santé, notamment en aidant à mettre fin à la transmission du virus Ébola et en renforçant les systèmes de santé publique en Afrique de l’Ouest.

Nous continuerons d’aider les jeunes Africains à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour réussir dans leurs emplois et leurs entreprises. Nous intensifions également nos efforts pour promouvoir l’éducation à travers le continent et pour combler les déficits de financement. Nous intensifierons notre action en faveur de l’accès universel à l’eau et à l’assainissement. Ensemble, nos stratégies et nos investissements visent à permettre à des millions de personnes d’obtenir des opportunités d’emploi, d’améliorer leurs moyens de subsistance et de sortir de la pauvreté.

La compétitivité globale de l’Afrique s’améliore

Nous aidons les jeunes Africains à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour réussir dans leurs emplois et leurs entreprises

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Domaines transversaux et stratégiquesAu cours des cinq prochaines années, l’Afrique devrait connaître sa croissance la plus rapide à ce jour. En 2019, parmi les pays au monde dont la croissance sera la plus rapide, près de la moitié sont en Afrique. Dans l’ensemble, selon l’indice Mo Ibrahim, la qualité de la gouvernance s’améliore, mais il reste des défis à relever pour répondre aux besoins d’une population jeune toujours plus nombreuse.

La gouvernance économique et la mobilisation des ressources intérieures se sont améliorées sur l’ensemble du continent. Les pays ont déployé des efforts importants pour renforcer leurs politiques et leurs administrations fiscales. Globalement, les ratios impôts/PIB et épargne/PIB ont augmenté, mais il reste à améliorer l’efficacité de l’utilisation des finances publiques. La corruption, la mauvaise gestion des finances publiques et les flux financiers illicites entravent la capacité des gouvernements à assurer les services sociaux de base.

La Banque a aidé cinq pays membres régionaux à renforcer leurs systèmes de gestion des finances publiques en améliorant l’administration fiscale, la transparence des ressources naturelles et la lutte contre les flux financiers illicites. Elle a aussi aidé cinq pays africains, y compris certains dans des situations fragiles, à améliorer l’efficacité et la transparence de leur gestion des finances publiques, en particulier dans les situations de fragilité, afin d’améliorer les services sociaux et le climat des affaires. Nos projets aident également les pays à renforcer leur résilience au changement climatique et à faciliter l’accès des femmes à des financements qui leur permettent de développer leurs activités.

Les conflits et la fragilité figurent parmi les grands obstacles au développement. Des conflits régionaux qui perdurent ont entraîné le déplacement forcé de millions de personnes. L’an dernier, on comptait 23,9 millions de personnes réfugiées ou déplacées, principalement en raison des conflits dans la région des Grands Lacs, au Soudan du Sud et dans le bassin du Niger. En outre, les conflits peuvent faire obstacle à l’intégration régionale et décourager l’investissement privé. Par le développement du secteur privé, le plaidoyer, l’aide à la mobilisation des ressources intérieures, l’investissement et l’assurance en faveur du climat, nous aidons les pays à faire face à la fragilité.

Le changement climatique représente un risque important pour l’Afrique. Parmi les pays du monde les plus vulnérables, 80 % se trouvent en Afrique. La Banque soutient la gestion des eaux transfrontalières en investissant dans les infrastructures, dans le renforcement des capacités de gestion des ressources et dans la protection des grands bassins fluviaux et lacustres. Elle intègre

dans ses opérations les changements climatiques et la croissance verte. En 2018, la part de la lutte contre le changement climatique dans ses opérations du financement a augmenté, passant de 15 % en 2015 à 32 % en 2018, conformément au Plan d’action climatique II.

L’égalité des genres continue de progresser lentement en Afrique. La discrimination juridique et les normes et stéréotypes sexistes négatifs continuent d’affecter les femmes africaines. Ainsi, alors que plus de la moitié des femmes économiquement actives gagnent leur vie dans le secteur agricole, elles n’ont toujours pas de droits sur la jouissance ou la propriété des biens fonciers. L’égalité dans la participation des femmes à la vie politique demeure, à quelques exceptions près, un défi majeur. Les investissements de la Banque visent à soutenir les femmes et les aider à sortir de la pauvreté, conformément à notre stratégie pour l’égalité entre les genres. Concernant notre soutien aux femmes entrepreneures, nous nous engageons en particulier à améliorer leur accès au financement.

Avoir des résultats sur le développementPour avoir des résultats, la Banque doit être performante. Notre objectif est de maximiser notre impact et d’améliorer la qualité de notre portefeuille en mobilisant davantage de ressources d’investissement mais aussi en attirant et en développant les talents nécessaires.

Avoir un impact sur le développement et améliorer la qualité. Nous nous engageons à améliorer la qualité de notre portefeuille, tant dans nos documents de stratégie pays que dans nos nouvelles opérations. Pour améliorer la qualité et les résultats, nous avons élaboré un Plan d’action d’assurance qualité en 10 points, qui vise à renforcer notre performance, notre responsabilité et notre gouvernance interne. La mise en place de contrats fondés sur la performance et d’un solide système de suivi et d’établissement de rapports vise à renforcer la responsabilisation et notre impact sur le développement. En 2018, nous avons dépassé nos objectifs concernant l’intégration du climat et du genre dans la conception de nos opérations. Notre ratio de décaissement est demeuré stable et nous avons réduit le temps nécessaire à la préparation des projets. Nous continuerons de suivre les résultats des décaissements et de travailler en étroite collaboration avec les pays membres régionaux pour améliorer l’état de préparation des projets et la capacité institutionnelle, et accroître l’attention sur l’impact sur le développement de nos projets.

La discrimination juridique et les normes et stéréotypes sexistes négatifs continuent d’affecter les femmes africaines sur l’ensemble du continent

La gouvernance économique et la mobilisation des ressources intérieures se sont améliorées sur l’ensemble du continent

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Améliorer la performance du portefeuille. La Banque poursuit la mise en œuvre des réformes de passation des marchés et procède à des évaluations approfondies des systèmes de passation des marchés dans les pays membres régionaux. Elle a renforcé sa capacité à superviser son portefeuille et à traiter les opérations non performantes, notamment en recrutant des responsables de l’appui à la mise en œuvre et en créant une Unité des opérations spéciales pour les projets du secteur privé. Toutefois, le nombre d’opérations éligibles à l’annulation a dépassé notre objectif, car certaines d’entre elles ont continué à subir des retards d’exécution dus au non-respect des procédures de décaissement de la Banque et aux difficultés rencontrées pour mobiliser des fonds de cofinancement et/ou de contrepartie.

Une Banque du savoir. En 2018, nous avons présenté un grand nombre de notes d’orientation axées sur des questions transversales et sur la réalisation des High 5. Nous avons dépassé notre objectif en produisant 253 nouveaux produits économiques et sectoriels. Nous avons également lancé des publications phares, telles que Perspectives économiques en Afrique 2018, et poursuivi nos travaux d’harmonisation des normes de recherches statistiques à travers le continent. Nous avons profité de notre position pour organiser des activités de partage des connaissances et de renforcement des capacités, telles que la Conférence économique africaine.

Gérer efficacement nos opérationsLa Banque s’est engagée à gérer ses opérations de manière efficace afin de renforcer son impact et de réaliser les High 5, ses cinq grandes priorités. Nous continuons de collaborer avec nos partenaires pour mobiliser des ressources et fournir une assistance technique. Conformément à nos réformes internes, nous réalisons notre objectif de nous rapprocher de nos clients et de doter notre personnel des compétences et de l’expérience nécessaires pour garantir l’exécution optimale de nos opérations.

Performance financière. La Banque continue de cofinancer des projets avec d’autres organismes et partenaires internationaux de développement, et elle mobilise des fonds par le biais de fonds fiduciaires bilatéraux et multidonateurs. L’an dernier, nous avons ainsi mobilisé 6,95 milliards de dollars auprès du secteur public et 3,23 milliards auprès du secteur privé. Nous mettrons de nouveau l’accent sur l’afflux de capitaux privés afin d’accroître nos ressources et de promouvoir une croissance inclusive et durable. Le revenu total de la Banque a diminué pour s’établir à 173 millions de dollars en 2018, principalement en raison de modifications apportées aux normes comptables. Les agences de notation ont réaffirmé la notation AAA de la Banque avec une perspective stable.

Rapport coût-efficacité. En mettant en œuvre nos réformes internes, nous assurons une gestion plus efficace de la Banque et améliorons le rapport coût-efficacité de nos opérations pour nos clients. Sur ce plan, nos coûts administratifs par rapport à nos décaissements ont diminué par rapport à 2015, mais ont été légèrement plus élevés qu’en 2017 en raison de recrutements

— nécessaires pour mener les réformes en cours — aux niveaux du siège et des bureaux pays. Notre coût au siège a également augmenté légèrement en raison de la hausse des dépenses de sécurité et d’électricité dans les locaux. Nous étudions diverses mesures pour atténuer cette hausse en 2019. Nous poursuivrons la mise en œuvre de notre stratégie numérique afin de réorganiser les processus de la Banque et de l’aider à en faire une « banque intelligente ».

Décentralisation. Nous avons poursuivi la mise en œuvre de réformes visant à rapprocher nos activités de nos clients et de nos parties prenantes. Nous avons rationalisé notre structure au siège et transféré certaines fonctions aux bureaux régionaux et aux bureaux pays, notamment en renforçant notre présence dans les pays en transition. En 2018, nous avons aussi lancé une version révisée de notre matrice de délégation de pouvoirs afin de rationaliser les processus, clarifier la répartition des responsabilités et renforcer la capacité et l’autorité des plateformes régionales et des bureaux pays. Nous disposons aujourd’hui de 41 bureaux pays et de cinq plateformes régionales de développement, d’intégration et de prestation de services, chacune dirigée par un directeur général. Nous avons transféré du personnel de l’administration centrale vers les bureaux régionaux, et 53 % du personnel opérationnel est désormais basé dans les bureaux pays et les plateformes régionales. Nous avons également nommé une nouvelle équipe de 30 responsables pays qui ont été formés à leurs fonctions. Pour optimiser la répartition des compétences et accélérer la décentralisation, nous affinons actuellement la structure matricielle de notre organisation et entreprenons un exercice de redimensionnement des bureaux pays afin d’ajuster les effectifs en fonction des programmes de prêts en cours ou prévus.

Personnel. Nous cherchons à attirer et à retenir les meilleurs talents afin de mettre en œuvre nos plans stratégiques et de réaliser les priorités des High 5. Nous ferons davantage attention à l’engagement professionnel du personnel et à l’efficacité de la direction afin de garantir une exécution aussi efficace et efficiente que possible de nos activités. Nos efforts pour accélérer le recrutement ont donné des résultats positifs, et nous avons intensifié la formation pour renforcer les capacités du personnel et de la hiérarchie. Nous investissons dans le développement du leadership, le mentorat stratégique et l’apprentissage en ligne. Dans nos recrutements, nous avons continué à mettre l’accent sur le renforcement de la diversité, notamment sur le plan du genre, de la langue et de la représentation régionale. Nous nous sommes engagés à réduire l’écart entre les sexes — la proportion de femmes dans le personnel professionnel a atteint le chiffre de 30 % en 2018 — et nous avons introduit des pratiques de recrutement qui tiennent compte du genre.

Nous encourageons une gestion plus efficace de la Banque et un meilleur rapport qualité-prix pour les clients

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Conclusions et perspectivesCette Revue annuelle de l’efficacité du développement montre que la Banque a contribué de façon significative à la promotion de l’intégration régionale et de la transformation économique. Notre action pour améliorer la connectivité de l’infrastructure, accroître l’accès aux services, renforcer les compétences et encourager la coopération régionale ouvre de nouvelles opportunités pour les populations de l’ensemble de l’Afrique.

Les réformes internes de la Banque ont permis de renforcer la responsabilisation, de rationaliser les processus et de favoriser les talents et la diversité de notre personnel. En conséquence,

la qualité de nos opérations a continué de s’améliorer. Nous continuerons de mettre l’accent sur la gestion efficiente de nos activités afin de fournir de meilleures prestations et d’atteindre nos High 5.

Pour l’avenir, nous élaborons de nouvelles approches visant à favoriser la responsabilisation, l’innovation et l’impact sur le développement. Notre objectif est de mobiliser des fonds du secteur privé afin d’améliorer notre capacité à stimuler la transformation économique. En collaboration avec nos pays membres régionaux et nos partenaires au développement, nous continuerons de nous concentrer sur la réalisation de nos cinq grandes priorités (les High 5) et les ODD.

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Accélérer la circulation des marchandisesLe développement d’infrastructures matérielles et immatérielles améliore la connectivité et l’intégration régionales. Un poste de frontière à guichet unique élimine la nécessité pour les voyageurs et les marchandises de s’arrêter deux fois, de chaque côté de la frontière entre Namanga et Tanzanie, ce qui leur permet d’effectuer les formalités de franchissement de la frontière beaucoup plus rapidement.

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Introduction

Chaque année, la Revue annuelle de l’efficacité du développement (RAED) donne un aperçu du développement de l’Afrique et évalue la contribution à ces progrès de la Banque africaine de développement (la Banque). Outil important, la RAED nous aide à faire le point sur les domaines dans lesquels nous sommes performants et ceux où nous pouvons mieux faire.

En 2018, l’Afrique a fait des progrès importants pour surmonter les obstacles au commerce, à la croissance et au développement. L’adoption de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC) montre que le continent est prêt à entrer dans une nouvelle ère de coopération économique. Avec de fortes perspectives de croissance, la jeunesse de la population et le dynamisme croissant des villes africaines, l’intégration économique régionale peut contribuer à propulser le continent vers la transformation économique. La Banque entend jouer un rôle central dans la valorisation de ce potentiel et aider l’Afrique à atteindre ses Objectifs de développement durable.

1 Pour un examen plus détaillé de la manière dont les stratégies des High 5 contribuent au double objectif de croissance inclusive et de croissance verte de la Banque et dont la RAED suit les progrès accomplis par rapport au CMR, on se reportera à l’annexe méthodologique.

La RAED évalue les progrès accomplis par rapport au Cadre de mesure des résultats (CMR) 2016–2025, qui permet à la Banque de suivre la contribution de ses activités à ses cinq grandes priorités (les High 5) — Nourrir l’Afrique, Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie, Industrialiser l’Afrique, Intégrer l’Afrique et Améliorer la qualité de vie des populations africaines — et à ses objectifs à long terme de promouvoir une croissance verte et inclusive (voir figure 11). Il mesure également les progrès que nous avons réalisés dans le renforcement de notre portefeuille et dans la réforme de nos systèmes et processus internes, qui nous aident à mieux nous positionner pour obtenir des résultats de développement pour l’Afrique.

La RAED vise à donner à nos parties prenantes et à nos partenaires une bonne compréhension de nos objectifs, de notre portefeuille et de notre performance. Rédigé dans un langage accessible, elle offre une description claire des progrès réalisés en Afrique dans les domaines prioritaires des High 5 et sur les questions transversales.

Figure 1 La Banque accroît son orientation stratégique dans cinq domaines prioritaires d’action

CROISSANCE INCLUSIVE

NIVEAU 3 – LA BAD GÈRE-T-ELLE EFFICACEMENT SES OPÉRATIONS ?Améliorer la qualité et la rapidité

d’exécution des opérationsRenforcer l’impact des opérations

sur le développementGarantir une bonne performance

du portefeuilleServices de la connaissance

et consultatifs

NIVEAU 4 – LA GESTION INTERNE DE LA BAD EST-ELLE EFFICIENTE ?Améliorer la performance financière

et mobiliser les ressourcesSe rapprocher des clients Optimiser le rapport coût-efficacité Impliquer le personnel pour une meilleure performance

CROISSANCE VERTE

NIVEAU 1 – QUELS PROGRÈS DE DÉVELOPPEMENT L’AFRIQUE EST-ELLE EN TRAIN DE RÉALISER ?Éclairer l’Afrique

et l’alimenter en énergieNourrir l’Afrique Industrialiser l’Afrique Intégrer l’Afrique Améliorer la qualité de vie des populations africaines

Questions stratégiques et transversales

NIVEAU 2 – QUEL IMPACT SUR LE DÉVELOPPEMENT ONT LES OPÉRATIONS DE LA BANQUE ?Éclairer l’Afrique

et l’alimenter en énergieNourrir l’Afrique Industrialiser l’Afrique Intégrer l’Afrique Améliorer la qualité de vie des populations africaines

Questions stratégiques et transversales

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Introduction

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Grâce à des évaluations par rapport à des cibles mesurables et assorties d’échéances, elle donne un aperçu de la situation où nous nous trouvons dans la poursuite de nos objectifs et des domaines dans lesquels nous devons accélérer nos efforts. La RAED est au service de notre engagement en faveur de la transparence et de la responsabilité.

Le thème de la RAED de cette année est l’intégration. Une plus grande intégration à l’échelle du continent peut être un moteur de la croissance économique et un moyen de réduire la pauvreté. Nous examinerons les progrès accomplis vers la réalisation de cet objectif et expliquerons comment nos activités y contribuent. La RAED dresse également un bilan des progrès réalisés dans les quatre autres domaines prioritaires de nos High 5, et sur les questions transversales que sont la gouvernance, la fragilité, le genre et le changement climatique, y compris sous l’angle de leur contribution aux objectifs de notre priorité Intégrer l’Afrique.

Le chapitre 1 de la présente RAED est consacré à l’intégration de l’Afrique ; les chapitres 2 à 6 examinent les autres High 5 et les priorités transversales. Chacun de ces chapitres est structuré autour des indicateurs de Niveau 1 et de Niveau 2 du CMR.

◗ Le Niveau 1 suit les progrès d’ensemble du développement. Les cibles annuelles sont des étapes vers la réalisation des objectifs de la Banque pour l’Afrique à l’horizon 2025, tels qu’ils sont définis dans les High 5. Elles portent, par exemple, sur le coût du commerce transfrontalier ou sur le nombre de pays ayant une politique libérale en matière de visas.

◗ Le Niveau 2 mesure la contribution de la Banque à ces résultats de développement, notamment grâce à un ensemble d’objectifs intermédiaires qui rapportent les résultats de nos projets aux objectifs pour 2025 et aux résultats de développement au sens large. À titre d’exemple, nous indiquons la longueur des routes et des lignes de transport d’électricité transfrontalières construites, qui faciliteront les échanges commerciaux et la coopération sur le continent. Les résultats des opérations présentés dans ce rapport sont une moyenne de la performance des trois dernières années.

Le chapitre 7, qui porte plus particulièrement sur la Banque elle-même, utilise les indicateurs de Niveau 3 et de Niveau 4 du CMR.

◗ Le Niveau 3 examine l’efficacité avec laquelle nous gérons notre portefeuille pour obtenir des résultats de développement durables. Il analyse les progrès réalisés par rapport à des indicateurs mesurant l’impact sur le développement, la qualité et la rapidité des opérations, l’amélioration de la performance du portefeuille et la qualité de nos services de connaissances.

◗ Le Niveau 4 montre à quel point nous sommes efficaces en tant qu’organisation. Nous examinons les progrès réalisés sur le plan du rapport coût-efficacité, de la gestion et du recrutement du personnel, et de la décentralisation, ainsi que les autres efforts déployés pour optimiser nos ressources vis-à-vis de nos clients et actionnaires. Il comprend également des objectifs en matière de mobilisation des ressources. Nos efforts pour catalyser le financement du secteur public et du secteur privé nous permettent d’obtenir des résultats de développement et d’accélérer la poursuite des objectifs de développement durable (ODD).

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Introduction

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Faciliter la libre circulation des personnesLa politique libérale des visas est une étape essentielle vers une Afrique plus intégrée. Elle contribue à combler les lacunes en compétences sur le marché du travail, à promouvoir l’esprit d’entreprise, à diversifier l’économie, à ajouter de la valeur aux services, à attirer les investissements et à renforcer la compétitivité.

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Chapitre 1

Intégrer l’Afrique

L’intégration économique régionale en Afrique a fait un grand pas en avant avec l’adoption de l’Accord établissant l’Accord de zone de libre-échange continentale africaine (ZLEC) qui est entrée en vigueur en mai 2019. Une plus grande intégration donnera aux producteurs africains un accès à des marchés plus vastes et encouragera le commerce et l’investissement, ce qui créera des emplois, stimulera la productivité

et encouragera la diversification. En outre, avec le dynamisme de leur marché de la consommation et de leur marché du travail, les villes africaines deviendront des lieux d’investissement de plus en plus attrayants.

Toutefois, en dehors de quelques réalisations marquantes, le commerce intra-africain reste faible. Des obstacles importants demeurent, tel que le coût élevé des échanges transfrontaliers. Des efforts notables ont été faits pour améliorer la connectivité de l’infrastructure et créer des environnements politiques propices aux entreprises. Les communautés économiques régionales continuent de promouvoir l’intégration, mais des progrès restent à faire dans de nombreux domaines. La Banque est un grand défenseur de l’intégration économique, du commerce et de l’investissement. Notre cadre stratégique d’intégration régionale soutient l’Agenda 2063 de l’Union africaine et l’établissement de la zone de libre-échange continentale africaine. Grâce à nos investissements, nous continuerons d’améliorer les opportunités sociales et économiques sur l’ensemble du continent.

Ouvrir une nouvelle ère pour les échanges et la coopération économique intra-africaineL’intégration économique régionale africaine a été relancée en mars 2018 avec l’adoption de l’Accord établissant la zone de libre-échange continentale africaine. Ayant atteint son seuil de ratification, l’accord sera opérationnel en juillet 2019. Il ouvre la voie pour faire de l’Afrique — avec plus d’un milliard de consommateurs et un PIB combiné de plus de 2500 milliards de dollars — la plus grande zone de libre-échange au monde.

Le commerce intra-africain est un moteur du développement social et économique. Il génère un potentiel à forte valeur ajoutée pour l’industrie manufacturière, le transfert de connaissances, la croissance de la productivité et la création d’emplois. L’élargissement de l’accès aux marchés régionaux et internationaux génère des revenus supplémentaires pour les Africains et contribue à réduire la pauvreté.

En engageant les pays à supprimer les droits de douane sur 90 % des biens, à libéraliser les droits de douane sur les services et à s’attaquer à d’autres obstacles non tarifaires, l’Accord sur la zone de libre-échange

Le commerce intra-africain génère un potentiel à forte valeur ajoutée pour l’industrie manufacturière, le transfert de connaissances, la croissance de la productivité et la création d’emplois.

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Commerce intra-africain (milliards de $)

Commerce intra- africain (%)

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Figure 2 Les échanges intra-africains restent limités

Source : Centre du commerce international

Le commerce intra-africain en pourcentage du commerce total(en %) 2017

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Chapitre 1 – Intégrer l’Afrique

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continentale africaine devrait sensiblement accroître la valeur des échanges et de l’investissement intra-africains. Selon la Banque, le commerce intra-africain pourraient augmenter de 15 % si les droits de douane bilatéraux appliqués aujourd’hui en Afrique étaient éliminés et si les règles d’origine restaient simples et transparentes.

La zone de libre-échange continentale africaine n’est qu’un élément d’une architecture de coopération économique régionale qui se met en place. Elle est complétée par d’autres initiatives continentales, notamment le plan d’actions pour Stimuler le commerce intra-africain, le Protocole sur la libre circulation des personnes, le droit de

résidence et le droit d’établissement, et le Marché unique africain du transport aérien (SAATM).

Malgré ces réalisations marquantes, les échanges intra-africains restent faibles, à 14,4 %, et ils affichent une baisse dans les pays à faible revenu, où le chiffre est passé de 22,6 % en 2015 à 20,4 % en 2018. En comparaison, le commerce interrégional en Asie représente 59 % du total des échanges. La médiocrité des infrastructures, les obstacles non tarifaires et l’absence de volonté politique pour relever les défis qui entravent le commerce intra-africain sont autant de freins aux progrès dans ce domaine.

Les chiffres ne prennent pas en compte la part importante du commerce informel entre pays, dont une grande partie est le fait des femmes et des jeunes. Dans la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), par exemple, on estime que le commerce informel représente un tiers du total des échanges à l’intérieur de la région.

Les obstacles au commerce intra-africain restent importants. Le coût des échanges transfrontaliers reste élevé, à 2384 de dollars bien qu’il ait légèrement baissé en 2017. Des efforts notables ont été faits pour améliorer la connectivité des infrastructures sur l’ensemble du continent. En abaissant les droits de douane, en levant les obstacles non tarifaires au commerce et en renforçant l’intégration financière, la ZLEC aidera à réduire le temps de traitement et les coûts du commerce transfrontalier et à favoriser la libre circulation des personnes, des biens et des services.

L’intégration économique régionale sera davantage renforcée par un certain nombre de tendances macroéconomiques et démographiques. Une baisse des cours mondiaux des produits de base et les progrès technologiques encourageront la diversification dans les pays qui dépendent de produits à faible valeur. Des réformes structurelles peuvent créer un environnement politique propice

Villes d'origine des IDE, total des IDE sortants

Villes de destination des IDE, total des IDE entrants

Multinationales africaines locales (2005)

Tous les investissements entre les villes africaines

TangerCasablanca

Johannesbourg

Port Louis

Dakar LagosLagos

Cape Town

Dar es Salaam

Caire

NairobiAbidjan

Figure 3 Les entreprises basées en Afrique investissent de plus en plus sur le continent

Source : BAD, L’État des villes africaines

IDE entre villes africaines (2003–2016)

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Chapitre 1 – Intégrer l’Afrique

Tableau 1 Indicateurs de la priorité Intégrer l’Afrique (Niveau 1 et Niveau 2)

INDICATEUR ENSEMBLE DES PAYS AFRICAINS PAYS FAD

INDICATEURS DE LA PRIORITÉ INTÉGRER L’AFRIQUE — LES PROGRÈS EN AFRIQUE (NIVEAU 1)

Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

Commerce intra-africain en proportion du commerce total (%) 14,6 14,4 17 23 22,6 20,4

Coûts des échanges transfrontaliers ($) 2 384 2 384 2 254 1 950 2 675 2 675

Note moyenne d’intégration des communautés économiques régionales (0 bas – 1 haut)

0,47 .. 0,51 0,6 .. ..

Pays intégrés en profondeur et en largeur (nombre selon indice) 19 .. 20 22 15 ..

Pays dotés d’une politique ouverte en matière de visa (nombre) 13 11 25 54 11 10

INDICATEURS DE LA PRIORITÉ INTÉGRER L’AFRIQUE — LES CONTRIBUTIONS DE LA BAD (NIVEAU 2)

Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

Transport – Routes transfrontalières construites ou réhabilitées (km) 380 390 983 9 830 380 390

Énergie – lignes de transmission transfrontalières construites, etc. (km) .. 7 360 3 600 .. 6

Atteint 95 % ou plus de la cible de 2018 Atteint moins de 95 % de la cible de 2018 mais supérieur à la valeur de référence Atteint moins que la valeur de référence Les données ne sont pas disponibles pour mesurer les progrès

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à la croissance des entreprises ; comme l’illustrent les banques panafricaines. Enfin, l’urbanisation rapide crée de nouveaux marchés de la consommation et du travail, qui attirent les investisseurs.

Pour ces diverses raisons, les villes africaines deviennent des destinations de plus en plus attrayantes pour les investisseurs. On observe d’ailleurs une augmentation significative des investissements transfrontaliers en Afrique. Dans son Rapport sur les investissements intra-africains : Un premier aperçu, la Banque note que les investissements transfrontaliers ont atteint 12 milliards de dollars en 2018, contre 2 milliards en 2010. La figure 3 montre les flux intra-africains entre les villes. Parmi les principales villes à la fois sources et bénéficiaires d’investissements, le rapport sur L’État des villes africaines 2018 mentionne Johannesburg, Casablanca, Le Caire, Lagos et Nairobi.

Le rôle des communautés économiques régionalesUn nombre croissant de pays africains s’efforcent de renforcer les liens qui les unissent en développant leurs relations commerciales et de coopération économique. Les Communautés économiques régionales (CER) du continent, qui continuent de promouvoir l’intégration économique régionale de leurs membres, jouent un rôle important en défendant le développement des infrastructures régionales. L’indicateur pertinent n’a pas été mis à jour, car nous attendons la nouvelle édition de l’Indice de l’intégration régionale africaine pour cette année.

Les chevauchements dans la composition et les mandats des CER ont donné lieu à diverses conceptions de l’intégration sur le continent. La Communauté de l’Afrique de l’Est a fait de grands progrès dans le développement du commerce transfrontalier et le soutien à la libre circulation des personnes. En Afrique centrale et occidentale, les unions monétaires favorisent l’intégration financière et macroéconomique. Ce sont là quelques-uns des efforts ambitieux déployés pour permettre aux pays d’être plus profondément et largement intégrés.

Le renforcement de l’intégration économique et de la coopération permet également aux pays africains de s’unir pour relever des défis communs. Le rapport de la BAD sur les Perspectives économiques de l’Afrique 2019 note que l’intégration profite à l’offre de biens publics régionaux, notamment en établissant des structures de gouvernance financière, des pools énergétiques, l’ouverture des marchés du transport aérien (voir encadré 1) et l’ouverture des frontières.

Les voyages intra-africains devraient augmenter considérablement au cours des prochaines décennies, en proportion de l’augmentation des revenus moyens et de la sécurité de l’emploi dans une classe

moyenne en pleine croissance. Selon l’Institution Brookings, plus de 10 millions d’Africains traversent déjà les frontières nationales chaque année. D’ici à 2030, les dépenses de consommation consacrées au tourisme, à l’hôtellerie et aux loisirs en Afrique devraient atteindre les 261,8 milliards de dollars, soit près du double de leur niveau de 2015. Le continent a fait des progrès constants en matière de liberté de circulation et de libéralisation des politiques de visas (voir encadré 2). Onze des 54 pays d’Afrique ont aujourd’hui une politique des visas libérale, contre 10 en 2017. Toutefois, la performance globale a décliné en raison de l’évolution des relations politiques entre les pays et des menaces à leur sécurité. C’est notamment le cas du Mali, du Burundi et du Cap-Vert, qui avaient une politique de visas libérale en 2015. Les postes-frontières à guichet unique (OSBP) facilitent également la libre circulation des personnes et des marchandises à travers le continent. On compte aujourd’hui 76 OSBP en Afrique, et d’autres sont prévus. Avant 2009, il n’en existait aucun.

Encadré 1 Une politique du ciel ouvert

En Afrique, le transport aérien a tendance à être très concentré et dominé par des transporteurs publics en situation de monopole, ce qui a un effet préjudiciable sur les coûts, la diversification des itinéraires, l’intégration des marchés, la sûreté et la sécurité et le développement des infrastructures. Ainsi, le volume des voyages aériens en Afrique est beaucoup plus faible que dans d’autres régions du monde.

Le Traité sur le marché unique du transport aérien africain vise à déréglementer le secteur. Il garantira que les vols transfrontaliers dans les pays signataires seront considérés comme des vols intérieurs. Ce qui réduira les tarifs, augmentera le confort des voyageurs et stimulera la croissance économique grâce au transport aérien et au tourisme. Le traité a été signé par 22 pays qui représentent 75 % du transport aérien intra-africain.

Encadré 2 Indice d’ouverture sur les visas en Afrique

L’Indice d’ouverture sur les visas en Afrique est le fruit d’une collaboration entre la Banque et l’Union africaine qui montre dans quelle mesure les pays africains sont ouverts aux voyages des citoyens d’autres pays africains, et quels pays proposent un accès sans visa ou avec visa à l’arrivée. Depuis 2016, cet indice est un outil puissant pour encourager les pays à réformer leurs régimes de visas. La libéralisation des politiques de visas se poursuit dans les blocs régionaux et sur l’ensemble du continent, conformément au protocole sur la libre circulation des personnes. Un quart de tous les pays accueillent désormais sans visa les citoyens des autres pays africains.

Un élément clé de l’intégration consiste à faciliter la circulation des personnes. Avec des politiques de visas plus libérales, les pays profiteront ainsi des avantages économiques que leur apportera l’ouverture de leurs frontières, que ce soit sur le plan du tourisme, des investissements ou des possibilités d’activités économiques.

L’Afrique fait des progrès constants en matière de liberté de circulation et de libéralisation des politiques de visas

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Le rôle de catalyseur de la Banque dans le renforcement de l’intégration régionaleDepuis une dizaine d’années, l’Afrique a fait des progrès importants sur la voie de l’intégration économique régionale, mais le processus reste complexe. La Banque est au centre des efforts visant à assurer le succès de la ZLEC. En avril 2019, elle a approuvé une subvention d’appui institutionnel de 4,8 millions de dollars à l’Union africaine pour aider à accélérer la mise en œuvre de l’accord. Elle a également

investi plus d’un milliard de dollars pour soutenir le financement du commerce africain.

Comme le montre la figure 4, l’ensemble des High 5 joue un rôle essentiel en faveur de l’intégration. Les quatre prochains chapitres mettront en évidence le rôle de chacune de ces grandes priorités dans la réalisation de l’intégration régionale.

L’engagement de la Banque au service de l’Afrique a permis de créer des pools énergétiques régionaux et d’en harmoniser les aspects réglementaires afin de faciliter l’accès des populations et des entreprises à une énergie fiable, d’un coût abordable et verte, nécessaire à leur prospérité. L’action de la Banque en faveur de l’agro-industrie et de la gestion des ressources naturelles transfrontalières contribue à renforcer l’intégration des chaînes d’approvisionnement et la coopération régionale, et, ainsi, à lutter contre la faim et la malnutrition. La mise en place d’infrastructures matérielles et l’adoption de mesures visant à améliorer le climat des affaires aideront les pays à s’industrialiser et à commercer avec leurs voisins. Enfin, l’amélioration du marché du travail et le renforcement des compétences ouvrent de nouvelles opportunités aux populations de toute l’Afrique.

Nous continuons d’investir dans le développement des infrastructures pour relier les pays entre eux, accroître les échanges commerciaux et améliorer la compétitivité des pays. Les projets de la Banque ont permis de construire ou de réhabiliter 390 km de routes transfrontalières, soit plus que les 380 km livrés en 2015. Nous avons également investi dans des OSBP, qui, associés à l’amélioration des routes, réduisent considérablement le temps et le coût des échanges transfrontaliers.

En Afrique de l’Ouest, nous avons contribué à la réhabilitation de l’une des autoroutes prioritaires de l’Union économique et monétaire ouest-africaine reliant le Togo et le Burkina Faso. Nous avons également financé le pont historique tans-gambien, inauguré en janvier 2019, qui relie la Gambie et le Sénégal (voir encadré 3).

En Afrique centrale, nous avons soutenu la construction de la route de Ketta, qui a permis d’améliorer le volume des échanges entre le Congo-Brazzaville et le Cameroun. En Afrique de l’Est, nous avons collaboré avec des partenaires pour cofinancer l’amélioration d’un tronçon de la grande autoroute transafricaine reliant Le Caire au Cap. Ce projet a permis de créer de nouveaux centres commerciaux au Kenya et d’attirer de nouveaux investissements en Éthiopie.

En dehors des infrastructures routières, la Banque a soutenu des projets visant à améliorer l’efficacité et la compétitivité du transport

Encadré 3 Une nouvelle ère de connectivité et d’intégration pour deux pays d’Afrique de l’Ouest

La Banque a soutenu la construction du pont historique transgambien et deux postes frontières à guichet unique, qui ont ouvert en janvier 2019. Le projet doit permettre de réduire les coûts de transport, de développer les échanges commerciaux et de rapprocher des populations jusqu’ici isolées.

Long de 942 mètres, le pont enjambe le fleuve Gambie, offrant une alternative plus sûre et plus rapide aux traversées en bac. Il améliorera la fluidité du trafic entre le nord et le sud de la Gambie et du Sénégal. Il ouvrira de nouvelles possibilités au commerce infrarégional et au développement socio-économique sur le corridor entre Dakar et Lagos. Les OSBP réduiront les formalités douanières aux frontières, ce qui améliorera les échanges commerciaux et les opportunités d’activités économiques.

La phase II du projet comprendra la réhabilitation de 137 km de route au Sénégal et le renforcement du revêtement sur 24 km de route en Gambie.

Nous investissons dans le développement d’infrastructures pour relier les pays, accroître les échanges commerciaux et améliorer leur compétitivité

Figure 4 Les High 5 jouent tous un rôle important dans l’intégration du continent

Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie• Créer des marchés régionaux

de l’énergie et des lignes de transport d’énergie

• Harmoniser les aspects réglementaires et techniques de la coopération régionale en matière de réseau

Industrialiser l’Afrique• Construire une infrastructure

matérielle assurant la connectivité

• Mettre en place une infrastructure immatérielle : tarifs douaniers, politiques fiscales, environnement des affaires

Améliorer la qualité de vie des populations africaines• Améliorer l’efficacité du marché

du travail régional pour répondre aux besoins en capital humain

• Renforcer les compétences par l’éducation, la formation et la certification au niveau régional

Nourrir l’Afrique• Mettre en place une

coopération transfrontalière en matière de gestion des ressources en eau

• Intégrer les agro-industries dans les chaînes d’approvisionnement et de valeur régionales

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Chapitre 1 – Intégrer l’Afrique

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aérien sur le continent. Au Maroc, ses investissements ont permis de réhabiliter les aérogares de Fès et de Marrakech, d’améliorer les conditions d’accueil des passagers et d’augmenter les capacités.

Pour l’avenir, la Banque a financé des études de faisabilité pour développer le corridor routier Lagos-Abidjan et moderniser le chemin de fer trans-maghrébin. Ces deux projets stimuleront l’intégration économique régionale.

Dans ses projets en cours, la Banque soutient le développement des infrastructures de transport dans le corridor de Nacala — qui stimuleront la croissance économique du Mozambique et du Malawi — et la création d’une liaison ferroviaire entre l’Angola et la Zambie. Nos investissements, qui financent la route et le pont ferroviaire de Kazungula sur le fleuve Zambèze, et des OSBP au Botswana et en Zambie, améliorent la connectivité entre ces deux pays enclavés et avec le port de Durban. Nous encourageons également la coopération régionale et soutenons les relations commerciales et touristiques entre le Kenya et la Tanzanie par l’amélioration des routes et la création d’OSBP (voir encadré 4). En favorisant la circulation transfrontalière des personnes et des biens entre les pays, nos investissements favorisent le développement du secteur privé, le tourisme et la production agricole.

Dans le secteur de l’énergie, les projets de la Banque ont financé la construction de 7 kilomètres de lignes de transport transfrontalières. L’un des grands objectifs des projets de connectivité électrique de la Banque a été de relier les pays du bassin du Nil et de soutenir certains des ambitieux projets d’énergie renouvelable en Afrique de l’Est. Ces projets sont décrits plus en détail dans le chapitre Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie. Nous nous attendons également à progresser sur cet indicateur avec l’achèvement des programmes régionaux en cours, comme l’autoroute de l’électricité Éthiopie-Kenya, qui prévoit la construction de 1068 km de lignes de transport et devrait être opérationnelle en 2019.

Notre soutien aux communautés économiques régionales en matière d’harmonisation des politiques, lois, réglementations et cadres institutionnels relatifs aux ressources naturelles contribuera à promouvoir un environnement favorable aux investissements, au développement des infrastructures et à la création de nouveaux marchés transfrontaliers. Dans la Communauté de l’Afrique de l’Est et dans la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest, nous avons appuyé l’harmonisation des politiques, des réglementations et des cadres institutionnels relatifs au pétrole.

Une autre forme d’intégration consiste dans le développement de biens publics régionaux dans les pays. Par l’intermédiaire du Programme pour le développement des infrastructures en Afrique (PDIA), les financements de la Banque favorisent la coordination des politiques et des réglementations en matière d’infrastructure sur tout le continent. La Semaine annuelle du PDI-A de l’an dernier a été axée sur les principes de bonne gouvernance régissant la bonne exécution des projets d’infrastructure et leur clôture financière.

La Banque s’est également employée à améliorer et à normaliser les systèmes de paiement dans quatre pays d’Afrique de l’Ouest et à les harmoniser avec ceux du Ghana et du Nigeria. Le projet a permis au Libéria, à la Gambie, à la Guinée et à la Sierra Leone de procéder à d’importantes mises à niveau de leurs systèmes, ce qui a favorisé l’automatisation des transferts de fonds et des échanges de valeurs entre pays. L’amélioration des systèmes de paiement a permis d’améliorer le recouvrement des recettes publiques et le développement du secteur privé.

Stimuler la connectivité des infrastructures et le commerceLe Cadre stratégique d’intégration régionale de la Banque (CSIR 2018–25) qui soutient l’Agenda 2063 de l’Union africaine et l’Accord continental de libre-échange africain oriente les activités de la Banque pour l’intégration de l’Afrique. Soucieuse de promouvoir le développement économique et social, la Banque investit dans des initiatives qui améliorent les liens transfrontaliers, renforcent l’accès aux marchés régionaux et mondiaux et améliorent les couloirs de transport régionaux.

Encadré 4 Le point de vue des bénéficiaires

Le soutien de la Banque permet de franchir plus rapidement et plus facilement la frontière entre la Tanzanie et le Kenya. La mise en place d’un nouveau poste frontière à guichet unique à Namanga, parallèlement à la construction de 240 km de route entre Arusha en Tanzanie et Athi River au Kenya, a favorisé les affaires et le tourisme dans la région.

Naftali Mzota, chauffeur de la navette, explique qu’il lui fallait un temps énorme pour franchir la frontière avec son autobus et ses passagers. Le passage se fait désormais en quelques minutes. « Au début, franchir la frontière était un problème parce qu’il y avait deux frontières. Vous alliez à l’immigration et aux douanes en Tanzanie, puis vous passiez du côté kenyan pour répéter le même processus. Cela prenait entre une heure et demie et deux heures. Maintenant, les passagers qui viennent de Tanzanie présentent leurs documents au Kenya et poursuivent leur voyage après 20 à 30 minutes environ. C’est vraiment un progrès. La Banque africaine de développement a facilité les démarches, et les gens d’ici apprécient l’agrandissement du poste frontière. »

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Notre cadre stratégique s’articule autour de trois piliers destinés à accroître l’intégration régionale.

◗ Le premier pilier — condition préalable à la réalisation des autres — est la connectivité de l’infrastructure. Nous mettrons l’accent sur la connectivité régionale et sur les échanges et les investissements transfrontaliers grâce à des pools énergétiques intégrés et à des infrastructures de transport et de TIC.

◗ Le deuxième pilier est le commerce et l’investissement. Nous sommes déterminés à renforcer les marchés régionaux et à ouvrir des débouchés commerciaux aux pays enclavés. Par ce pilier, nous cherchons à accroître la compétitivité de l’Afrique et à approfondir le commerce intra-africain et les investissements du secteur privé. Nous appuyons également le renforcement des capacités, et les politiques et réformes de réglementation.

◗ Le troisième pilier, qui porte sur l’intégration du secteur financier, insiste plus particulièrement sur le secteur privé. Dans le cadre de ce pilier, nous nous engageons à accroître le cofinancement pour combler les lacunes en matière de financement et d’investissement sur l’ensemble du continent.

Au cours des sept prochaines années, la Banque aura besoin, selon les estimations, d’environ 12,4 milliards de dollars pour financer ses activités d’intégration régionale. Guidée par le Cadre stratégique pour l’intégration régionale, elle travaille, pour les cinq régions, à l’élaboration de documents de stratégie d’intégration

régionale (DSIR), qui orienteront ses activités d’intégration dans chaque région. Le DSIR pour l’Afrique de l’Est (2018–22) a été approuvé en septembre 2018, met l’accent sur le développement des infrastructures régionales et le renforcement des politiques et des institutions afin de favoriser l’intégration des marchés, l’investissement et le développement des chaînes de valeur. Les DSIR pour l’Afrique centrale et l’Afrique du Nord sont à l’état d’ébauche ; et les DSIR pour les autres régions sont encore en cours d’élaboration.

Projets récemment approuvésLa Banque soutient des projets visant à relier entre eux les marchés régionaux d’Afrique de l’Est et avec le port de Dar es-Salaam. En 2018, nous avons approuvé 322,4 millions de dollars de prêts et de dons au Burundi et à la Tanzanie pour des projets qui renforcent l’intégration régionale et le commerce dans la Communauté de l’Afrique de l’Est grâce à une amélioration des transports transfrontaliers. Ces projets permettront de désenclaver les zones rurales, de réduire les temps et les coûts de déplacement et d’améliorer la sécurité routière.

En Afrique de l’Ouest, la Banque investit dans la connectivité des infrastructures régionales afin de réduire la vulnérabilité aux conflits et de stimuler le redressement économique après conflits. Avec l’Union européenne (UE) et le gouvernement du Mali, la Banque investit dans l’amélioration de 285,8 km d’autoroute transsaharienne sur la section Bourem-Kidal. Le projet permettra de désenclaver la région de Kidal. L’accroissement des échanges commerciaux et l’amélioration de l’accessibilité contribueront à consolider la paix et à développer des opportunités socio-économiques pour les populations vulnérables.

Avec l’UE et la Banque européenne d’investissement (BEI), la Banque a approuvé l’octroi d’un prêt de 41,6 millions de dollars pour aménager un tronçon de 67,1 km sur la route de l’Union du fleuve Mano ; le projet permettra de relier le sud-est du Liberia et la partie occidentale de la Côte d’Ivoire, de stimuler les échanges intracommunautaires et

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Ce qui a bien fonctionné Ce qui n’a pas si bien fonctionné

Renforcer le suivi des opérations régionalesPour garantir l’efficacité des projets régionaux, il importe de disposer de bons systèmes de suivi-évaluation (S&E) axés sur les résultats. Une évaluation indépendante de BDEV en Afrique de l’Est révèle que les faiblesses des cadres de S&E ont été un obstacle majeur pour environ 20 projets. La Banque devrait accorder une attention particulière aux systèmes de S&E des projets multinationaux.

Améliorer les délais d’exécution des projets pour en assurer l’efficacitéUne évaluation rigoureuse des risques est nécessaire lors de la phase de conception des projets multinationaux afin d’éviter les retards et d’obtenir des résultats. Un examen de quatre projets dans la région d’Afrique centrale montre que les difficultés rencontrées pour satisfaire aux exigences relatives aux décaissements ont entraîné des retards moyens de deux ans. Pour soutenir la réalisation des projets régionaux, la Banque devrait veiller à ce que soient en place, dès le départ, des mesures d’atténuation des risques suffisantes.

Garantir un engagement politique fort en faveur des projets régionauxLes résultats à terme des projets régionaux exigent un engagement politique soutenu de la part des États membres concernés. Une évaluation du bureau d’évaluation indépendant de la Banque de six projets d’interconnexion électrique montre que la réussite de ces opérations s’explique en grande partie par l’engagement politique des gouvernements et l’étroite coopération entre les services publics.

Promouvoir le respect des accords dans les opérations régionalesPour une mise en œuvre réussie et des résultats durables, toutes les parties prenantes doivent respecter les conditions du projet. Les gouvernements kenyan et éthiopien mettent en œuvre des mesures de contrôle de la charge à l’essieu sur le corridor Mombasa-Nairobi-Addis-Abeba. La Banque doit continuer à promouvoir l’harmonisation des limites de la charge à l’essieu entre les deux pays afin d’assurer la fluidité des flux de camions en transit et assurer la durabilité de l’investissement.

Nous investissons dans des initiatives qui améliorent les liens transfrontaliers, renforcent l’accès aux marchés régionaux et mondiaux et améliorent les couloirs de transport régionaux

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régionaux en améliorant les conditions de transport, et de faciliter la libre circulation des biens et des personnes.

La Banque s’efforce également de réduire l’isolement de certains pays et d’ouvrir des débouchés commerciaux aux pays enclavés. Avec l’UE, nous investissons 57 millions de dollars pour améliorer 62 km sur la route Boké-Québo reliant la Guinée et la Guinée-Bissau. Desservant une zone à fort potentiel agricole et minier, la route rejoindra l’autoroute transafricaine 7 Dakar-Lagos. Elle réduira l’isolement des deux pays et renforcera l’intégration et les échanges infrarégionaux.

À Madagascar, nous investissons dans le développement du réseau routier du pays pour désenclaver le sud et le relier aux ports d’Ehoala et de Tuléar. Le projet stimulera le potentiel agricole de la région en créant des ouvertures sur le Mozambique et sur d’autres pays de l’océan Indien.

La Banque a investi 37,5 millions de dollars dans le port de la Zone économique spéciale du Gabon pour la construction et l’exploitation d’un terminal de marchandises d’une capacité de 4 millions de tonnes. L’investissement porte également sur un dépôt d’hydrocarbures et une installation de stockage de conteneurs dans le port d’Owendo.

Au Maroc, nous soutenons l’extension de l’aéroport international de Rabat Salé pour répondre aux besoins croissants des acteurs économiques du pays en matière de trafic passagers et de logistique. Cet investissement contribuera également à la création d’environ 1700 emplois directs.

Conformément à son engagement en faveur de la connectivité électrique, la Banque continue de soutenir le Programme d’action subsidiaire des lacs équatoriaux du Nil en investissant dans l’interconnexion électrique Burundi-Rwanda (des détails sont disponibles dans la section Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie).

Elle a accordé un prêt supplémentaire pour l’autoroute électrique Éthiopie-Kenya, qui facilitera les échanges d’électricité et fournira une électricité fiable, à des tarifs abordables pour alimenter les industries des deux pays. Environ 3100 GWh/an d’électricité à faible coût viendront s’ajouter au réseau, ce qui profitera à 1,4 million de ménages et à 920 000 petites entreprises.

Nous continuerons à travailler avec les communautés économiques régionales, les gouvernements nationaux, les donateurs internationaux et le secteur privé pour réaliser l’intégration de l’Afrique. Grâce à notre Cadre stratégique pour l’intégration régionale (2018–2025), nous mettrons en place l’infrastructure régionale nécessaire, favoriserons le commerce et l’investissement régionaux et renforcerons l’intégration financière. Pour renforcer les opportunités de développement économique et social en Afrique, nous soutiendrons l’ambitieux Agenda 2063 du continent et la ZLEC.

La Banque s’emploie à réduire l’isolement et à donner aux pays sans littoral des opportunités commerciales

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Exporter de l’énergie vers les pays d’Afrique australeLa demande d’énergie augmente dans les pays d’Afrique australe. Pour répondre à cette demande régionale, le Mozambique exporte maintenant son surplus d’électricité, tout en continuant d’élargir, avec notre soutien, l’accès à l’électricité à davantage de personnes dans la région de Dondo.

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Chapitre 2

Éclairer L’Afrique et l’alimenter en énergie

L’énergie est au cœur du développement des pays. Elle aide les entreprises à prospérer, assure des services essentiels et rend les sociétés plus sûres, notamment pour les femmes et les filles. Une énergie fiable et abordable encourage l’investissement, la croissance et la création d’emplois. L’énergie est également la clé de la transition de l’Afrique vers une croissance verte. Il importe d’exploiter le riche potentiel du continent en matière d’énergies renouvelables

afin de remédier aux pénuries chroniques de capacité et d’atteindre les Objectifs du développement durable.

L’intégration régionale de l’énergie occupe une place importante dans le programme de développement de l’Afrique. Actuellement, 8 % seulement de l’énergie fait l’objet d’échanges transfrontaliers, mais ce pourcentage ne cesse de croître. L’accès à l’électricité s’améliore également ; 52 % de la population des pays africains ont maintenant accès à l’électricité. La Banque aide l’Afrique à intégrer ses ressources énergétiques, à accroître sa capacité en énergies renouvelables et à améliorer l’accès à une énergie fiable à un coût abordable. D’importants projets d’interconnexion et d’énergies renouvelables sont en cours. La Banque s’est engagée à travailler avec les gouvernements, les organisations régionales et le secteur privé pour identifier les projets prioritaires et accélérer l’intégration des systèmes électriques en Afrique.

Connecter les réseaux électriques de l’Afrique pour en améliorer l’accèsL’Afrique est riche en énergies naturelles mais la répartition de cette richesse est inégale. Alors que les grands pays disposent d’une abondance d’options, les petits pays n’ont pas les dimensions ni les ressources nécessaires pour compter uniquement sur leurs ressources nationales. L’intégration énergétique régionale, par la création de pools énergétiques, contribue à redresser cet équilibre et à transformer le paysage énergétique de l’Afrique.

Les corridors énergétiques africains stimulent le commerce et l’industrieL’intégration régionale de l’énergie figure en bonne place dans les priorités du programme de développement de l’Afrique. Elle favorise la sécurité énergétique par l’intégration des marchés et le développement d’infrastructures transfrontalières. Elle permet aux pays de développer leurs systèmes énergétiques de manière plus collaborative et d’éviter les inefficacités des petits marchés en réduisant les coûts et en augmentant l’accès. Le Nouveau Pacte de la Banque pour l’énergie en Afrique souligne que l’intégration régionale de l’énergie peut réduire jusqu’à 15 % les coûts d’investissement et le prix de l’électricité, ce qui profite aux entreprises comme aux consommateurs. Et elle génère des économies d’échelle qui sont attrayantes pour les investisseurs.

Figure 5 Les pays africains, en particulier les plus petits, importent de plus en plus d’électricité de leurs voisins

Part d’électricité importée par pays en %, 2016

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TunisieLibye

OugandaTanzanie

CongoKenya

Afrique du SudGhana

RwandaGabonMaroc

ZambieBurundi

MaliZimbabwe

Burkina FasoLesotho

BotswanaNiger

EswatiniNamibie

MozambiqueTogo

Bénin

Source: Agence internationale de l’énergie (IEA)

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Chapitre 2 – Éclairer L’Afrique et l’alimenter en énergie

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Toutefois, l’intégration énergétique régionale a progressé lentement. Les mesures politiques d’encouragement ont connu un succès mitigé en raison de la nature complexe et de longue durée des projets d’intégration régionale.

Il existe aujourd’hui cinq pools énergétiques régionaux en Afrique. Dans les diverses régions d’Afrique, moins de 8 % de l’énergie franchit actuellement les frontières (selon McKinsey & Company), mais les échanges transfrontaliers ne cessent de se développer. Les pays sont de plus en plus dépendants des importations d’énergie ; certains pays importent aujourd’hui plus de la moitié de leurs

ressources énergétiques (voir figure 5). Grâce aux pools énergétiques régionaux, les pays qui sont producteurs excédentaires, comme le Mozambique, peuvent exporter leur énergie pour répondre à la demande croissante des pays voisins (voir encadré 6).

Malgré l’expansion du commerce de l’énergie, il subsiste de graves déficits de capacités, qui sont progressivement comblés par de nouveaux investissements. En 2018, l’Afrique a atteint une capacité électrique totale installée de 191 GW, dont 37 GW de capacité renouvelable. Dans les années à venir, d’importants investissements seront réalisés dans la capacité du continent en

Encadré 6 Le Mozambique devient un exportateur d’énergie

Le Mozambique produit presque trois fois plus d’électricité qu’il n’en consomme. L’excédent est exporté vers les pays voisins par le biais de grands projets de transport tels que la dorsale électrique Nord-Sud, qui relie le centre au sud du pays, puis à l’Afrique du Sud, et, par-delà le Mozambique à l’interconnexion de-Zambie.

La transmission efficiente de l’énergie reste un défi en raison de l’immensité du pays et de sa faible densité démographique. Pour ces raisons, alors que l’électricité excédentaire est exportée, jusqu’à 85% de l’électricité consommée est ensuite réimportée par le biais d’Eskom en Afrique du Sud.

La demande pour cette électricité excédentaire devrait augmenter. Le Mozambique cherche donc à développer et à diversifier ses sources d’énergie. Le barrage de Cahora Bassa sur le fleuve Zambèze représente actuellement plus de 80 % de sa production électrique. Le pays a mis en service plusieurs centrales thermiques au gaz et explore de nombreuses possibilités en matière d’énergie solaire et éolienne. Sa première centrale solaire publique, d’une capacité de 40 MW, a été mise en service en 2017.

Tableau 2 Indicateurs de la priorité Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie (Niveau 1 et Niveau 2)

INDICATEUR ENSEMBLE DES PAYS AFRICAINS PAYS FAD

INDICATEURS DE LA PRIORITÉ ÉCLAIRER L’AFRIQUE ET L’ALIMENTER EN ÉNERGIE — LES PROGRÈS EN AFRIQUE (NIVEAU 1)

Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

Part de la population ayant accès à l’électricité (% de la population) 42 52 59 97 24 36

Part de la population ayant accès à des solutions de cuisson propre (% de la population)

32 29 52 97 10 12

Capacité électrique nette installée (GW) 168 191 217 330 31 34

Capacité d’électricité renouvelable installée (GW) 33 37 51 92 20 21

Perte d’électricité dans la transmission, la distribution et la collecte (%) 15 17,1 13,5 10 16,8 16,6

INDICATEURS DE LA PRIORITÉ ÉCLAIRER L’AFRIQUE ET L’ALIMENTER EN ÉNERGIE — LES CONTRIBUTIONS DE LA BAD (NIVEAU 2)

Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

Puissance électrique installée (MW) 490 447 880 8 800 80 30

Puissance électrique renouvelable installée (MW) 24 197 560 5 600 20 7

Personnes disposant d’une connexion électrique nouvelle1 (milliers) 72,5 570 2 400 24 000 72,5 566

— dont les femmes 36 261 1 200 12 000 36 262

Personnes disposant d’une connexion par système hors réseau (milliers) .. .. 1 200 12 000 .. ..

— dont les femmes .. .. 600 6 000 .. ..

Personnes disposant d’un nouvel accès à des solutions de cuisson propres (milliers)

.. .. 3 200 32 000 .. ..

— dont les femmes .. .. 1 600 16 000 .. ..

Lignes de distribution électrique nouvelles ou améliorées (km) 875 2 430 3 520 35 200 875 2 400

Lignes de transmission électrique nouvelles ou améliorées (km) 69 480 576 5 760 69 450

Émissions de CO2 réduites (milliers de tonnes par an) 17,3 719 1 800 18 000 10,2 649

Atteint 95 % ou plus de la cible de 2018 Atteint moins de 95 % de la cible de 2018 mais supérieur à la valeur de référence Atteint moins que la valeur de référence Les données ne sont pas disponibles pour mesurer les progrès

1 Il existe différentes définitions pour évaluer le nombre de personnes disposant de nouvelles connexions électriques. Celle utilisée ici correspond à la définition donnée dans le Cadre de mesure des résultats du Groupe de la Banque et le New Deal on Energy : elle mesure le nombre de personnes raccordées à l’électricité par des lignes de distribution uniquement.

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énergies renouvelables, par exemple avec les projets d’énergie solaire Redstone en Afrique du Sud et Kopere au Kenya.

L’efficacité des infrastructures électriques de l’Afrique reste un sujet de préoccupation. En 2018, les pertes d’électricité dues au transport, à la distribution et à la collecte ont atteint en moyenne 17,1 % contre 15 % en 2015. Le vieillissement des infrastructures, les inefficiences dans la distribution de l’énergie et la planification du système électrique, ainsi que la vulnérabilité des réseaux à la falsification, ont tous contribué à cette baisse. Les pays africains devront accroître leurs investissements dans la maintenance de leurs infrastructures électriques pour améliorer l’accès à une énergie fiable. Le nouvel Indice de réglementation de l’électricité (ERI) vise à encourager cet investissement en mettant l’accent sur les questions d’infrastructure et de gouvernance dans ce secteur (voir encadré 7).

La disponibilité des données est un facteur clé pour accroitre les investissements nécessaires dans le secteur de l’énergie en Afrique. C’est pourquoi la Banque a crée l’Africa Energy Portal. Le portail fournit des données simples et fiables à toutes les parties prenantes, y compris les investisseurs et les gouvernements (voir encadré 8).

L’accès des ménages à l’électricitéGlobalement, la part de la population ayant accès à l’électricité en Afrique a augmenté, passant de 42 % en 2015 à 52 % en 2018 et, pour les pays à faible revenu, de 24 % en 2015 à 36 % en

L’intégration énergétique régionale a le potentiel de réduire les investissements et les coûts d’énergie jusqu’à 15 %

Encadré 7 La Banque lance le premier Indice de réglementation de l’électricité en Afrique

L’approvisionnement en électricité à travers l’Afrique est progressivement en train de se restructurer grâce à l’émergence de producteurs d’énergie indépendants et des initiatives prises spécifiques à chaque pays. La Banque appuie cette tendance. Afin d’encourager l’investissement dans le secteur, elle a lancé le premier Indice de réglementation de l’électricité (ERI) pour l’Afrique.

Les pays africains ont fait d’énormes progrès dans l’élaboration de cadres réglementaires solides pour leurs secteurs de l’électricité. Sur les 15 pays inclus dans l’ERI 2018, tous ont mis en place des cadres juridiques et réglementaires établissant des régulateurs. L’Ouganda et la Namibie se classent en tête de l’indice (voir figure 6) parce que les actions et décisions de leurs régulateurs ont eu une influence positive sur la performance des services publics. Cependant, les progrès ont été inégaux et il reste à faire pour renforcer l’indépendance réglementaire. L’indice encouragera le secteur africain de l’électricité à se pencher sur ses performances réglementaires et à établir des cadres réglementaires en conformité avec les normes internationales et les meilleures pratiques en renforçant la transparence, la prévisibilité et la bonne gouvernance du secteur de l’électricité.

Encadré 8 Construire la centrale des données énergétiques de l’Afrique : Africa Energy Portal

L’énergie est un élément essentiel du déficit de financement global de l’Afrique. Comment peut-on montrer les besoins de financement en Afrique ? Comment créer la bonne plate-forme pour mobiliser les investissements afin de combler le déficit énergétique ? Cela nécessite des données fiables qui fournissent une connaissance adéquate des opportunités et des défis du secteur de l’énergie du continent.

C’est ce qui a motivé la Banque a lancé l’Africa Energy Portal (AEP) en 2018. Ce portail fournit un accès virtuel et une plate-forme interactive pour accéder aux données sur l’énergie et au partage des connaissances entre les parties prenantes du secteur de l’énergie en Afrique.

La niche unique du portail réside dans sa capacité à réunir divers acteurs afin de créer une base de données puissante dans le secteur de l’énergie. Parmi les partenaires figurent entre autres, l’Association des services d’électricité en Afrique, le Forum africain pour les régulateurs des services publics, la Commission africaine de l’énergie, l’Agence internationale de l’énergie, l’Agence internationale des énergies renouvelables, le Pool énergétique de l’Afrique de l’Ouest et le Conseil mondial de l’énergie.

Figure 6 ERI définit des cadres de référence pour la gouvernance de l’électricité dans les pays africains

Indice de réglementation de l’électricité (ERI), 2018

0 0.2 0.4 0.6 0.8 1.0

GambieZimbabwe

LesothoCôte d'Ivoire

SénégalTogo

Afrique du SudCameroun

KenyaMalawiGhana

NigeriaTanzanieNamibie

Ouganda

0.25 < ERI ≤ 0.50 0.50 < ERI ≤ 0.75 ERI > 0.75

Source : BAD, Indice de réglementation de l’électricité (ERI) en Afrique

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2018. Bien que l’accès à l’électricité en Afrique reste inférieur à la moyenne mondiale, la croissance de ce secteur a été supérieure celle de la population depuis l’année dernière. Ainsi, la demande en électricité en Afrique devrait tripler d’ici 2030, ce qui implique qu’une forte augmentation des investissements sera nécessaire pour parvenir à l’électrification universelle d’ici 2030, comme le préconise l’ODD 7.

A quelques exceptions près, l’accès à des solutions de cuisson propres est limité dans la plupart des pays en développement. À travers l’Afrique, la proportion de la population ayant accès à des solutions de cuisson propres a globalement baissé, pour passer à 29 %, mais elle a augmenté à 12 % pour les pays à faible revenu. Bien que les conséquences sur le climat et sur la santé de l’utilisation de

combustibles solides pour la cuisine soient importantes, même les ménages qui ont accès à des solutions de cuisson propres continuent souvent à utiliser des combustibles solides en parallèle, en raison de la pénurie de gaz et de son prix abordable.

L’impact de la Banque dans la course à l’électrification universelleLa Banque s’est engagée à fournir une énergie plus abondante et plus propre à tous les Africains. Notre Stratégie décennale (2013–2022) reconnaît que la satisfaction des besoins énergétiques de l’Afrique est indispensable au développement économique et à la réduction de la pauvreté. Et dans le cadre du Nouveau Pacte pour l’énergie, nous nous efforçons de promouvoir les réformes et les investissements dans le secteur.

Pour concrétiser nos engagements, nous investissons dans un large éventail de projets énergétiques sur tout le continent. En collaboration avec les gouvernements et le secteur privé dans le cadre d’autres initiatives multipartites, la Banque s’emploie à identifier des projets prioritaires et à lever des financements pour accélérer l’intégration des systèmes électriques africains et développer l’accès à une énergie propre et abordable.

En 2018, nous avons réalisé 480 km de lignes de transport d’électricité nouvelles ou améliorées, contre 69 km en 2015, et 2430 km de lignes de distribution d’électricité nouvelles ou améliorées, contre 875 km en 2015. La modernisation des réseaux de distribution en Tanzanie, en Ouganda, en Guinée, au Nigéria et au Cap-Vert a amélioré l’accès à l’énergie en fournissant une électricité plus fiable et moins chère. Au total, nos investissements ont permis à 570 000 personnes de bénéficier de nouveaux raccordements électriques, dont 261 000 femmes. En Tanzanie, notre projet d’électrification a bénéficié aux

La part de la population ayant accès à l’électricité en Afrique a augmenté

Encadré 9 Un meilleur accès à l’énergie a un impact pour les femmes en Tanzanie

L’électrification des communautés rurales dans les régions d’Arusha, Mwanza et Shinyanga en Tanzanie a eu un impact transformateur sur la vie des femmes.

Plus de 129 000 ménages ont bénéficié pour la première fois d’un accès à l’électricité. Plus de 18 200 industries agro-alimentaires et entreprises sont connectés et de nombreuses petites et moyennes entreprises ont ainsi vu le jour. Dans une des zones du projet, le nombre de moulins à grains est passé de 3 moulins à diesel à 24 moulins à électricité et le prix du grain est passé de 3500 TZS/kg à 2000 TZS/kg — augmenté et le prix des céréales a baissé ; ce qui profitera aux femmes qui assument la charge du traitement manuel des céréales au niveau du ménage.

Grâce au projet, les services de santé, d’éducation et de sécurité se sont améliorés pour les femmes et les filles dans les zones électrifiées. Au dispensaire du village de Mwambola, on effectue en moyenne quatre livraisons de nuit par semaine. Avant l’électrification, toutes les femmes enceintes qui se rendaient au dispensaire la nuit étaient dirigées vers l’hôpital de Misungwi, situé à plus de 6 km du village. Les filles ont amélioré leurs résultats à l’école. Les femmes et les filles sont désormais mieux à même de suivre leurs études, de travailler dans leur entreprise et d’assumer leurs responsabilités sociales en toute sécurité en fin de soirée comme la nuit.

Les projets d’interconnexion fournissent une électricité fiable et moins chère

Figure 7 Les pays d’Afrique de l’Est renforcent régulièrement leur capacité d’interconnexion

OUGANDAR.D.

CONGO

TANZANIE

KENYA

LESSOS

ISINYA

NAMANGA

ARUSHA

TORORO BUJAGALI

MIRAMA

SHANGO

RUSUMO FALLS

NYAKANAZI

RUBAVU

LAC VICTORIA

LACTANGANYIKA

LACÉDOUARD

LACKIVU

GISENYI

GOMA

BUHAMBA

KARONGIKIGOMA

GITEGABUJUMBURA

RUSIZI 3

MBARARA

BURUNDI

RWANDA

BIREMBO

Achevé

ExistantEn construction

Source : BAD

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communautés rurales et fait une énorme différence pour les femmes (voir encadré 9).

Les projets d’interconnexion augmentent la capacité, réduisent les coûts et améliorent l’accès à l’énergie. Ils fournissent une électricité fiable et moins chère et réduisent la dépendance à l’égard des coûteuses centrales thermiques alimentées au fioul. En Afrique de l’Est, le Programme d’action des lacs équatoriaux du Nil (NELSAP) et l’interconnexion des réseaux électriques des pays des lacs équatoriaux du Nil (voir figure 7) permettra à cinq pays de partager leurs réserves de capacité et d’augmenter ainsi considérablement leur capacité de transport d’électricité par la construction et la modernisation de lignes électriques et de postes de transformation.

De même, dans la région de l’Afrique de l’Ouest, le projet d’interconnexion des réseaux électriques de la Côte d’Ivoire, du Libéria, de la Sierra Leone et de la Guinée, avec une capacité de transmission allant jusqu’à 290 MW, permettra de créer un marché régional dynamique de l’électricité et d’accroître l’accès pour environ 24 millions de personnes. Ces investissements permettront de réduire les coûts, d’améliorer l’accès et la fiabilité et d’attirer des investissements.

Dans l’ensemble, nous avons installé en 2018 447 MW de nouvelle puissance totale, contre 490 MW en 2015. Des problèmes de préparation et de passations de marchés inadéquats ont entraîné des retards et une augmentation considérable des coûts de certains projets de production d’énergie, notamment celui du parc éolien du lac Turkana au Kenya, qui est maintenant opérationnel (voir la figure 8). Les infrastructures limitées et vieillissantes, la solvabilité des services publics, les processus de passation de marchés et les désaccords relatifs aux ordres de priorité ont également affecté la disponibilité de financement pour les projets de production d’énergies renouvelables.

Nous avons redoublé d’efforts en 2018 pour remédier aux faibles niveaux de production et de consommation d’énergie sur l’ensemble du continent. Nous avons lancé la première édition du Marché de l’énergie en Afrique (MEA) — dans le cadre du Nouveau Pacte pour l’énergie. Le MEA réunit des acteurs publics et privés et la société civile, y compris des organismes gouvernementaux, des partenaires au développement et des investisseurs dans le secteur de l’énergie pour discuter des questions d’investissement, d’infrastructures, de gouvernance et de renforcement des capacités. Nous avons également investi dans des projets qui devraient contribuer à augmenter sensiblement la capacité dans un proche avenir, notamment avec le projet de centrale électrique de Medupi (4764 MW) en Afrique du Sud, et le programme d’électrification rurale globale du Maroc (1270 MW).

Figure 8 Le plus grand parc éolien d’Afrique fournit aujourd’hui de l’électricité à cinq millions de Kenyans

Loiyangalani

LacTurkana Mont

Kulai

Concession

Sous-stationélectrique

île du Sud

10 km6 miles

Source: Lake Turkana Wind Power Ltd (ltwp.co.ke)

365 éoliennes

436 km lignes de transmission

310 MW d’énergie propre

1 million de foyers connectés

Encadré 10 Améliorer la préparation des projets avec le Fonds des énergies durables pour l’Afrique

Le Fonds des énergies durables pour l’Afrique (FEDA), fonds fiduciaire multi-donateurs administré par la Banque, vise à promouvoir l’accès à l’énergie et le développement économique local en débloquant des investissements dans des projets d’énergie renouvelable et d’efficacité énergétique à petite et moyenne échelle. Les options de financement disponibles par le biais du FEDA comprennent des dons pour la préparation de projets, des prises de participation et des dons pour la création d’un environnement favorable.

Parmi les projets soutenus par le FEDA, citons la préparation du projet hydroélectrique de Saltinho en Guinée-Bissau (40 MW) ; le parc éolien de Makambako en Tanzanie, d’une capacité estimée à 50 MW (prise de participation) ; le soutien aux gouvernements pour créer un environnement favorable aux programmes de mini-réseaux verts (GMGs) ; et des programmes en Gambie, au Burkina Faso et en République démocratique du Congo.

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En exploitant les fonds disponibles tels que le Fonds des énergies durables pour l’Afrique (voir encadré 10), nous investissons également dans une meilleure préparation des projets, y compris en finançant des études de faisabilité, élément essentiel pour améliorer la qualité et l’efficacité des projets.

Sur la nouvelle puissance installée en 2018, 197 MW étaient des énergies renouvelables. Pour honorer nos engagements dans le cadre du Nouveau Pacte de l’Énergie en Afrique, la Banque a investi activement dans des projets d’énergie renouvelable à grande échelle. Nos investissements dans la production d’électricité en 2018, généreront jusqu’à 60 % de la capacité électrique installée à partir de sources renouvelables. En Zambie, elle a investi dans une centrale hydroélectrique de 120 MW. Au Maroc, la phase 1 du projet du complexe solaire de Noor Ouarzazate, d’une capacité installée de 160 MW, assure l’approvisionnement en électricité d’un demi-million de personnes (voir encadré 11). Nous avons également, co-investi, avec le Fonds d’investissement climatique, dans l’un des plus grands projets d’énergie éolienne en Afrique du Sud, le Sere Wind Farm Project, de 100 MW.

La Banque a également participé à l’investissement le plus important de l’histoire du Kenya. La centrale éolienne du lac Turkana, qui a coûté 680 millions de dollars, a été mise en service en mars 2019, connectant une ligne de transport de 436 km au réseau national. Avec ses 365 éoliennes, cette centrale — la plus grande et la plus efficace d’Afrique — produira 310 MW d’électricité fiable, c’est-à-dire assez pour alimenter un million de foyers (voir figure 8).

En mettant l’accent sur les investissements dans les énergies renouvelables, nous avons réduit les émissions de CO2 de 719 000 tonnes en 2018, soit nettement plus que les 17 300 tonnes atteint en 2015.

Le gaz naturel pourrait contribuer à une plus grande intégration économique en Afrique grâce à une utilisation accrue sur le marché intérieur et aux échanges transfrontaliers de gaz et de ses dérivés, tels que l’électricité et le gaz de cuisson en bouteille. En 2018, la Banque a soutenu le dialogue politique sur l’utilisation nationale du gaz naturel dans les régions d’Afrique orientale et occidentale à la suite de nouvelles découvertes.

Nous n’avons pas encore terminé les opérations visant à raccorder les populations à des systèmes hors réseau ou à fournir un accès à la cuisson propre. Nous travaillons toutefois dans ces domaines conformément à notre engagement en faveur de l’accès à l’énergie par le biais d’énergies renouvelables décentralisées dans le cadre du Nouveau Pacte pour l’énergie en Afrique. En 2017, la Banque a lancé l’initiative d’une révolution énergétique hors réseau pour développer des mini-réseaux écologiques et des systèmes solaires domestiques. Elle fournit déjà une assistance technique à l’appui de cette initiative dans des pays comme le Togo. En 2018, elle a également commencé à financer des investissements du secteur privé dans les énergies renouvelables (voir la section sur les nouveaux programmes ci-dessous).

Nous avons récemment approuvé le financement d’un projet d’assistance technique en matière de cuisson propre, qui sera testé au Cameroun, au Ghana et au Kenya. Il favorisera le développement de solutions de cuisson propre, soutiendra les petites et moyennes entreprises et créera des emplois pour les jeunes.

La Banque a également approuvé un investissement de 30 millions de dollars dans le Fonds d’accès à l’énergie hors réseau pour l’inclusion énergétique ; d’ici à 2025, 75 millions de foyers auront accès à des solutions d’énergie hors réseau. En favorisant l’utilisation d’énergies propres plutôt que de combustibles fossiles pour alimenter les populations, le Fonds

Encadré 11 Le point de vue des bénéficiaires : L’électrification rurale donne un nouveau souffle aux petites entreprises du Maroc

Les investissements de la Banque ont contribué à transformer la vie des propriétaires de petites entreprises dans les zones rurales du Maroc. À la fin de 2017, près de 12,7 millions de Marocains ont été raccordés au réseau.

Mohamed Dakhni, 32 ans, soudeur à Douar Bou Azza, a vu son entreprise décoller. « L’électricité m’a permis de créer des choses et j’ai pu développer mon activité en élargissant ma clientèle. Je peux gagner plus et vivre mieux », dit-il avec un large sourire.

Ahmed Hassani, originaire de la même région, a vécu une expérience similaire. Ce père de quatre enfants a transformé une parcelle de terre héritée de ses parents en installant un système d’irrigation alimenté à l’électricité. « C’était le désert total quand je suis arrivé ici en 2010, » se souvient-il. « Maintenant, l’électricité a résolu mes problèmes de pompage et d’irrigation. Avec l’approvisionnement constant en eau de mon champ, la production n’a cessé d’augmenter. » Ahmed emploie aujourd’hui quatre ou cinq travailleurs saisonniers pour ses récoltes.

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devrait réduire jusqu’à 8 millions de tonnes d’émissions de CO2 au cours de sa durée de vie.

Optimiser les investissements dans le cadre du Nouveau Pacte pour l’énergie en AfriqueLe Nouveau Pacte pour l’énergie en Afrique est un partenariat qui s’est fixé l’objectif ambitieux de réaliser l’accès universel à l’énergie en Afrique d’ici 2025. Conformément à l’objectif de la Banque de soutenir l’intégration régionale, le Nouveau Pacte fournit un appui financier, technique et juridique pour accélérer le développement de projets énergétiques régionaux.

Dans le cadre du Nouveau Pacte, nous collaborons avec les organisations régionales pour surmonter les obstacles à l’intégration énergétique régionale. Nous renforçons les capacités, encourageons les échanges et le dialogue et soutenons les initiatives qui vont dans le sens d’une harmonisation technique et réglementaire. La Banque s’efforcera de mettre en place un financement accéléré pour les projets régionaux de grande envergure et utilisera ses fonds propres pour mobiliser d’autres financements en faveur de projets régionaux.

Nouveaux programmes pour alimenter le continent en énergieParmi les projets qu’elle a récemment approuvés, la Banque appuiera la réforme du secteur de l’énergie au Burkina Faso, ce qui permettra d’améliorer la gouvernance du secteur, de développer l’accès à l’énergie, notamment dans les zones rurales, et d’accroître les investissements dans le secteur énergétique. Avec d’autres donateurs, nous avons engagé 20,8 millions de dollars.

Au Rwanda, nous finançons la construction de 795 km de lignes moyenne tension et de 7317 km de lignes basse tension dans

le cadre de la phase II du Programme d’expansion de l’accès à l’électricité (SEAP II), d’un montant de 265,32 millions de dollars. Il s’agit du premier projet de financement de la Banque axé sur les résultats, qui vise à faire en sorte que d’ici à 2024 tous les ménages, centres de santé, écoles et entreprises du Rwanda seront raccordés à une électricité fiable.

En Côte d’Ivoire, nous soutenons le premier investissement hors réseau du secteur privé autonome visant à faciliter le déploiement de kits de systèmes solaires domestiques qui répondront aux besoins énergétiques de 700 000 foyers, principalement en zone rurale. En Afrique du Sud, nous investirons 221 millions de dollars dans le projet de four solaire de Redstone, d’une capacité de 100 MW, qui contribuera à la transition de l’Afrique du Sud vers les énergies renouvelables et améliorera son bouquet énergétique, tout en augmentant l’offre et l’accès. Au Kenya, nous avons approuvé 18,17 millions de dollars pour le projet d’énergie solaire de Kopere et nous mobilisons des ressources supplémentaires dans le cadre du Programme d’expansion des énergies renouvelables du Fonds d’investissement climatique. Ce projet concernera environ 600 000 personnes et économisera 1081 kt CO2éq d’émissions de gaz à effet de serre par an.

Avec le Fonds vert pour le climat (FVC), nous cofinançons le cadre de financement des énergies renouvelables de la Zambie, qui financera 100 MW de projets d’énergies renouvelables dans le cadre de sa politique nationale en matière de règlement tarifaire pour les sources d’énergies renouvelables. Le pays pourra diversifier une production énergétique qui, actuellement, dépend fortement de l’hydroélectricité.

Au Sénégal, nous avons engagé 58,02 millions de dollars pour financer une double centrale à cycle combiné de 120 MW à Malicounda. Cette centrale augmentera la charge de base

Encadré 12 Enseign

ements reten

us : éclairer l’A

frique et l’alimenter en

 énergie

Ce qui a bien fonctionné Ce qui n’a pas bien fonctionné

Coordonner les projets énergétiques régionaux pour progresser de concertLa réussite des projets régionaux exige des mécanismes solides de coordination et d’engagement qui faisaient défaut dans le projet d’interconnexion NELSAP. Par conséquent, les pays ont réalisé des progrès inégaux et l’interconnexion ne s’est pas faite. Des institutions régionales fortes ont un rôle clé à jouer en matière de coordination et de réglementation.

Fixer des délais réalistes pour obtenir des résultatsIl importe de fixer des délais réalistes pour assurer une mise en œuvre efficace des projets. Une évaluation groupée des projets d’interconnexion de la Banque montre que les délais étaient trop optimistes et que les accords ne comportaient pas de dispositions visant à motiver les emprunteurs à remplir les conditions de prêt. Il est indispensable de procéder à une analyse et à une évaluation solides des risques potentiels afin de limiter au minimum les retards susceptibles d’affecter le calendrier et les coûts des projets.

Soutien politique de haut niveau dans le cadre des régions et des paysDans les projets multinationaux, la coopération régionale doit pouvoir s’appuyer sur un engagement politique fort, qui garantit des résultats durables. L’engagement politique des gouvernements concernés et la coopération étroite entre les services publics dans le projet d’interconnexion Éthiopie-Djibouti ont contribué à la réussite du projet. Le respect par toutes les parties des accords qui sous-tendent les opérations multinationales est une condition préalable au succès des opérations.

Un dialogue renforcé pour une base solide en vue de l’appropriation des projets et la durabilité des résultatsLe projet d’électrification rurale en Guinée a bénéficié de la part du gouvernement d’un engagement fort dans le secteur énergétique du pays. Un fort sentiment d’appropriation s’est développé tout au long du projet, chez le président de la République aussi bien que dans les populations bénéficiaires. Pour assurer la réussite d’un projet, il importe d’encourager la concertation avec la population et la participation des autorités et de la société civile.

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nécessaire pour renforcer la stabilité du réseau et facilitera l’ajout d’un plus grand nombre d’énergies renouvelables.

Nous accordons également deux dons dans le cadre du SEFA : 1,5 million de dollars pour aider le Ghana à surmonter les obstacles techniques, financiers, réglementaires et institutionnels qui entravent le renforcement des investissements dans les énergies renouvelables, et 1,5 million de dollars pour aider le gouvernement

nigérian à mettre en œuvre la phase 1 de son programme d’acquisition d’énergie solaire de 1 GW par un producteur indépendant d’électricité sur le réseau de l’État de Jigawa.

La Banque a placé l’atténuation des conséquences du changement climatique et l’autonomisation de l’Afrique au premier rang de ses priorités. Grâce à son appui à l’intégration énergétique régionale, elle a mené des projets qui améliorent l’accès à l’électricité et en réduisent le coût pour les entreprises et les populations sur l’ensemble du continent. Nous avons réalisé et continuons de financer des projets d’interconnexion et des projets d’énergies renouvelables à grande échelle. Nous nous concentrerons de plus en plus sur des solutions de cuisson décentralisées et propres hors réseau. Dans le cadre du Nouveau Pacte, nous continuerons de collaborer avec les gouvernements, le secteur privé et les initiatives du secteur de l’énergie pour atteindre notre objectif d’accès universel à l’énergie en Afrique d’ici 2025.

La Banque a placé l’atténuation des conséquences du changement climatique et l’autonomisation de l’Afrique au premier rang de ses priorités.

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Chapitre 2 – Éclairer L’Afrique et l’alimenter en énergie

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Améliorer l’état nutritionnel des Africains grâce à l’intégrationDans le cadre de sa stratégie Nourrir l’Afrique, la Banque soutient des opérations favorisant l’intégration régionale qui renforcent les liens entre les centres de production, de distribution et de consommation des systèmes alimentaires dans le but de garantir que les excédents alimentaires d’une région puissent équilibrer les déficits alimentaires des autres.

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Chapitre 3

Nourrir l’Afrique

La transformation du secteur agricole africain joue un rôle essentiel dans la croissance économique, l’élimination de la pauvreté et la sécurité alimentaire, mais le continent est confronté à des obstacles importants qui l’empêchent de réaliser son potentiel. Stimuler le commerce régional et exploiter les nouvelles technologies contribueront à créer de la valeur ajoutée et à augmenter les revenus.

Ce chapitre montre que la balance commerciale agricole nette de l’Afrique s’est sensiblement améliorée, mais que les progrès pour réduire l’incidence de la faim et de la malnutrition restent lents. La Banque a joué un rôle de premier plan en soutenant des initiatives en matière d’agro-industrie, d’innovation et de nutrition. En 2018, 19 millions de personnes ont bénéficié de ses projets. Cependant, il reste encore beaucoup à faire pour atteindre l’objectif de Nourrir l’Afrique et d’éliminer la faim d’ici 2025.

Améliorer la sécurité alimentaire grâce à l’intégration des marchésAvec plus d’un quart des terres arables et 65 % des terres non cultivées de la planète, l’Afrique possède un vaste potentiel agricole. De nombreux Africains dépendent de l’agriculture pour leur subsistance. La transformation du secteur agricole africain a un rôle essentiel à jouer dans la croissance économique, l’élimination de la pauvreté et la sécurité alimentaire.

Dans la réalisation de son potentiel, le continent se heurte à d’importants obstacles. Les techniques agricoles traditionnelles des petits exploitants maintiennent les rendements à un faible niveau. Les conflits et les phénomènes climatiques extrêmes ont commencé à éroder les progrès réalisés en matière de sécurité alimentaire et d’amélioration de la nutrition. L’eau demeure une ressource rare dans de nombreuses régions. Les technologies existent pour stimuler la production et la productivité, mais, pour répondre à l’ampleur de l’ambition, elles doivent s’appuyer sur des politiques fortes et des investissements conséquents.

Il est indispensable en outre de relier les producteurs agricoles le long des corridors régionaux afin de réaliser des économies d’échelle et de rapprocher les producteurs des acheteurs. La Zone de libre-échange continentale en Afrique offrira aux producteurs africains un accès à des marchés plus vastes, ce qui contribuera à ajouter de la valeur aux produits agricoles, augmentera les revenus et accroîtra la sécurité alimentaire.

De grands progrès ont été observés dans la balance commerciale agricole nette de l’Afrique qui est passée de -38,9 milliards de dollars en 2015 à -24,8 milliards en 2018. Au cours des dix dernières années, les exportations agricoles des pays africains ont presque doublé (voir figure 9). Malgré cela, le déficit commercial des pays à faible revenu a légèrement augmenté.

La transformation du secteur agricole africain joue un rôle essentiel dans la croissance économique, l’élimination de la pauvreté et la sécurité alimentaire

Figure 9 Le volume des cultures exportées a augmenté au cours des 10 dernières années

Cultures exportées par typeMilliards de $

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15

30

45

60

Racines, tubercules et produits dérivés

Boissons et épicesSucre, édulcorants et produits dérivésCéréales et produits céréaliers

Bétail et produits dérivésGraines oléagineuses et produits dérivésFruits, noix et produits dérivésLégumes et produits dérivés

20162012200820042000Source : FAO

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Bien que l’agriculture soit pour l’essentiel une activité du secteur privé, elle ne peut réussir sa transformation qu’en s’appuyant sur des

institutions, des investissements et des politiques nationales. Les pays du continent se sont lancés dans une réforme agricole par le biais du — (PDDAA) et se sont engagés à atteindre un objectif de dépenses publiques dans le secteur agricole de 10 %. Malgré tout, les progrès ont été lents dans presque tous les pays, hormis le Burundi, le Burkina Faso, la République Démocratique du Congo, l’Ethiopie, le Ghana, la Guinée, Madagascar, la Zambie, le Mali et le Malawi (voir encadré 13).

Les rendements des cultures ont connu une tendance à la hausse au cours des dernières années. Toutefois, en 2018, les rendements céréaliers moyens sont descendus à 1,5 tonne par hectare, en Afrique, soit en dessous des niveaux de 2015. Cela est probablement dû à la sécheresse, la menace du légionnaire d’automne et l’indisponibilité de variétés améliorées. Des initiatives visant à lutter contre ces causes et à identifier de nouvelles technologies pour aider les petits exploitants sont en cours sur l’ensemble du continent (voir encadré 19). La productivité agricole a atteint 1692 dollars par travailleur, contre 1544 dollars en 2015, mais elle reste inférieure à l’objectif. Ces données suggèrent que des investissements importants ainsi que l’adoption de bonnes pratiques agricoles sont nécessaires pour répondre à l’ambition de l’Afrique de transformer son secteur agricole.

Encadré 13 Transformer l’agriculture en Éthiopie par l’investissement public

L’Éthiopie a enregistré une croissance économique remarquable au cours des dix dernières années. Depuis le milieu des années 1990, le gouvernement éthiopien a placé l’agriculture au cœur de sa politique de développement et a maintenu un investissement public soutenu dans le secteur. Entre 2005 et 2015, il a été l’un des cinq pays africains — avec le Malawi, le Niger, le Mali et le Burkina Faso — à atteindre l’objectif du Programme global de développement de l’agriculture en Afrique, à savoir consacrer 10 % des dépenses publiques annuelles à l’agriculture. L’ambitieux Plan quinquennal de croissance et de transformation du pays met l’accent sur le secteur agricole.

Grâce à cette attention soutenue, la production agricole a doublé en dix ans, réduisant ainsi l’insécurité alimentaire. L’utilisation d’intrants agricoles modernes (engrais et semences améliorées) s’est beaucoup développée grâce à un système de vulgarisation financé par l’État. Le pays a également créé environ 15 000 centres de formation agricole en zone rurale. Le nouveau Plan national d’adaptation vise à renforcer les efforts visant à réduire la vulnérabilité du pays aux effets du changement climatique en mettant l’accent sur les secteurs les plus vulnérables tels que l’agriculture, les forêts et l’eau, afin d’améliorer la productivité agricole et la gestion des ressources naturelles.

Tableau 3 Indicateurs de la priorité Nourrir l’Afrique (Niveau 1 et Niveau 2)

INDICATEUR ENSEMBLE DES PAYS AFRICAINS PAYS FAD

INDICATEURS NOURRIR L’AFRIQUE — LES PROGRÈS EN AFRIQUE (NIVEAU 1) Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

Nombre de personnes souffrant de la faim/malnutrition (millions) 240 240 168 Vers 0 172,8 195,8

Productivité du travail agricole ($ US constant de 2010 par agriculteur) 1 544 1 692 2 020 3 130 689 852

Rendement des céréales (tonne/hectare) 1,6 1,5 2,0 2,8 1,3 1,3

Prévalence du retard de croissance chez les enfants de moins de cinq ans (%) 25,2 34,1 22,9 17,5 25,8 34,9

— dont les filles 32,4 32,4 29,4 22,5 35,3 35,3

Solde commercial agricole net de l’Afrique (milliards de $/an) -38,9 -24,8 -27,2 Vers 0 -0,7 3,5

Part de la valeur mondiale de produits agricoles clés transformés en Afrique (%)

10,3 11 19 38 9,3 11

Consommation d’engrais (kilogrammes par hectare de terres arables) 25 25 30 40 14 14

INDICATEURS NOURRIR L’AFRIQUE — LES CONTRIBUTIONS DE LA BAD (NIVEAU 2) Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

Personnes bénéficiant des progrès en agriculture (millions) 6 19,0 6,3 63 5 19,0

— dont les femmes 2,9 9,3 3,1 31 2,6 9,3

Terres dotées d’un système amélioré de gestion de l’eau (milliers d’ha) 45,5 20,9 47,8 478 20,3 16,6

Population rurale utilisant des technologies agricoles améliorées (millions) 0,6 0,1 0,63 6,3 0,6 0,1

— dont les femmes 0,3 0,06 0,31 3,1 0,3 0,06

Intrants agricoles fournis, notamment les engrais et les semences (milliers de tonnes)

0,6 1,7 1,7 17,4 0,6 1,7

Routes de dessertes construites ou réhabilitées (km) 800 3 400 1 500 15 000 800 3 300

Atteint 95 % ou plus de la cible de 2018 Atteint moins de 95 % de la cible de 2018 mais supérieur à la valeur de référence Atteint moins que la valeur de référence Les données ne sont pas disponibles pour mesurer les progrès

Les exportations agricoles des pays africains ont presque doublé

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Chapitre 3 – Nourrir l’Afrique

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Les investissements dans la recherche agricole et dans les politiques de promotion de l’innovation technologique demeurent insuffisants. Accroître l’accès des agriculteurs à de nouvelles technologies — par exemple à des variétés de semences résilientes au climat — capables de les faire progresser dans la chaîne de valeur agricole, demeure un défi majeur, notamment en raison de la difficulté de développer ce secteur. La part de l’Afrique dans la valeur marchande des principaux produits transformés a légèrement augmenté, passant de 10,3 % en 2015 à 11 % en 2018. La consommation d’engrais est restée constante depuis 2015, à 25 kg par hectare. Davantage d’investissement dans ces intrants aura un impact positif sur la productivité agricole.

Augmentation de la faim dans le mondeLa faim dans le monde s’est aggravée ces dernières années, sous l’effet d’une multiplication des conflits et de la fréquence d’épisodes climatiques extrêmes. En Afrique, ces facteurs, associés à la croissance démographique, ont exercé des pressions sur la disponibilité et la fertilité des terres, et sur l’accès à l’eau.

Malgré des engagements tels que la Déclaration de Malabo, la Décennie des Nations Unies pour la promotion de la nutrition et le mouvement sur le renforcement de la nutrition, auxquels 40 pays

africains sont parties prenantes, il reste encore beaucoup à faire. Sur l’ensemble du continent, 240 millions de personnes souffrent de la faim et de la malnutrition. Un chiffre qui a augmenté au cours des trois dernières années (voir figure 10). 34 % d’enfants de moins de 5 ans souffrent d’un retard de croissance — contre 25,2 % en 2015 — dont une grande majorité de filles (32,4 %). Des efforts importants (voir l’encadré 14, par exemple) sont nécessaires pour accélérer la réalisation des ODD et réaliser l’ambition d’éliminer la faim et la malnutrition d’ici 2025.

Figure 10 Augmentation de l’insécurité alimentaire par insuffisance des dépenses agricoles

Sources : FAO, ReSAKSS

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Afrique Centrale Afrique de l’Est Afrique du Nord Afrique australe Afrique de l’Ouest

3 3,1 3,54,9 3,9 3,6 3,7 3,7 3 3,2 3,3 3,4

2 1,9 2,3 1,74,4 3,6 3,8

6,7

Insécurité alimentaire sévère (% de la population totale) Dépense publique en agriculture (% de la dépense totale)

Encadré 14 Établir des réserves alimentaires régionales pour atténuer les effets des fluctuations des niveaux de production

Les plans régionaux de stockage alimentaire d’urgence permettent aux pays de limiter les conséquences des pénuries de production intérieure. La Réserve régionale de sécurité alimentaire de la CEDEAO, créée en février 2013, constitue une troisième ligne de défense pour la prévention et la gestion des crises alimentaires, à côté des stocks locaux et nationaux de sécurité alimentaire. Le plan de financement du pool, qui dispose d’une capacité d’intervention de 410 000 tonnes, repose sur une combinaison de ressources nationales, régionales et internationales.

Les stocks alimentaires présentent l’avantage supplémentaire de contribuer à l’adaptation au changement climatique. Ils amortissent les effets des fluctuations de l’offre sur les prix et peuvent améliorer l’efficacité et réduire les coûts par rapport aux réserves nationales. Ils fonctionnent surtout bien quand ils s’inscrivent dans des stratégies de sécurité alimentaire et des systèmes d’alerte précoce.

Des investissements importants ainsi que l’adoption de bonnes pratiques agricoles sont nécessaires pour répondre à l’ambition de l’Afrique de transformer son secteur agricole

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Le rôle de catalyseur de la Banque dans la stimulation du développement agricole La transformation du secteur agricole nécessite des politiques plus volontaristes et des niveaux d’investissement accrus. La Banque collabore avec des partenaires internationaux et avec le secteur privé pour améliorer et intégrer le secteur agricole africain afin d’améliorer les moyens de subsistance, réduire la pauvreté et améliorer la sécurité alimentaire.

Dans le cadre de la grande stratégie « Nourrir l’Afrique », nous visons à améliorer la vie de millions d’Africains en augmentant les rendements et les revenus des petits exploitants, en aidant les femmes à accéder à la terre et en proposant des formations pour intégrer les jeunes dans le secteur agricole. Nous avons apporté une contribution considérable à la mise en place d’infrastructures essentielles qui permettent aux agriculteurs d’accéder à de nouveaux marchés. Nous intervenons par-delà les frontières nationales pour protéger les ressources naturelles vitales, comme au Congo, aux abords des bassins du lac Tchad et du fleuve Niger.

En 2018, 19 millions de personnes ont bénéficié d’une amélioration de l’agriculture grâce à nos projets, soit bien au-delà de notre objectif de 6,3 millions. Sur ce total, on compte 9,3 millions de femmes, soit trois fois plus que notre objectif. Pour le seul Kenya, nos interventions ont permis d’améliorer la vie de 2 millions de personnes, dont 1164 ménages dirigés par des femmes.

La Banque s’emploie également à atténuer l’insécurité alimentaire et à préparer les populations aux phénomènes climatiques futurs. Elle

a démontré sa capacité à obtenir des résultats en temps voulu dans des situations d’urgence. Au Burundi, nous avons cofinancé, avec le Fonds pour l’environnement mondial, la remise en état des terres dégradées, la formation des populations aux meilleures pratiques agricoles et l’amélioration de leur capacité à recueillir des données sur le changement climatique. Au Malawi, la Banque a apporté un appui budgétaire pour aider à atténuer la crise alimentaire du pays. Son intervention a contribué à mobiliser des fonds auprès d’autres donateurs internationaux et à alimenter convenablement plus de 2 millions de personnes.

Le développement de l’infrastructure rurale joue un rôle crucial pour encourager l’intégration régionale, augmenter les rendements, relier les marchés et améliorer les moyens de subsistance. Grâce à nos projets, 3400 km de routes de desserte ont été construits ou réhabilités, contre 800 km en 2015, soit plus du double de notre objectif, fixé à 1500 km. Nos projets, au Nigeria et au Rwanda, pour améliorer l’infrastructure rurale ont permis de réduire les temps de déplacement et d’augmenter les revenus, mais aussi d’améliorer l’accès à l’approvisionnement en eau et à l’assainissement, aux entreprises d’accéder aux services financiers et de former les agriculteurs en vue d’améliorer leur productivité agricole (voir figure 11).

Le soutien à la recherche agricole, en vue d’améliorer les technologies et les pratiques sur le continent, a conduit à une augmentation des rendements et des revenus. Nous avons fourni 1,7 mille tonnes d’intrants agricoles (engrais, semences, etc.), contre 0,6 mille tonnes en 2015. En 2018, la Banque a également organisé des débats pour stimuler la production de semences et la production agricole en Afrique orientale et australe. Un plan d’action a ainsi été élaboré pour accélérer la diffusion des semences et stimuler les échanges commerciaux.

La mauvaise qualité des infrastructures agricoles et l’insuffisance des évaluations des besoins des bénéficiaires et des consultations ont conduit à la lenteur de l’adoption des nouvelles technologies agricoles. Au Kenya, par exemple, une infrastructure d’irrigation incomplète sur le terrain a poussé les agriculteurs à continuer à utiliser des méthodes d’irrigation rudimentaires. Par conséquent, nous avons apporté notre soutien, avec succès, à ce que 100 000 personnes, dans les zones rurales, utilisent des technologies agricoles améliorées.

Nous intervenons par-delà les frontières nationales pour protéger les ressources naturelles vitales

La Banque s’emploie également à préparer les populations aux phénomènes climatiques futurs

Le développement de l’infrastructure rurale joue un rôle crucial pour encourager l’intégration régionale, augmenter les rendements, relier les marchés et améliorer les moyens de subsistance

Figure 11 L’impact des opérations de la Banque réalisées au Rwanda, 2014–2018

86 unités de commercialisation et de production rurales construites

78 412 personnes de milieu rural formées

10 000 ha de terres reboisées

et aménagées 57 400 MPME bénéficiant de services financiers

190 950 agriculteurs bénéficiant

de la productivité agricole

715 000 personnes ayant

accès à des services d’approvisionnement

en eau et d’assainissement

582 000 personnes ayant un meilleur

accès aux transports

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Notre engagement auprès du GCRAI et d’autres centres d’excellence en tant que pactes dans le cadre du programme Technologies pour la transformation de l’agriculture (TAAT) (voir plus loin) a permis de développer de nouvelles variétés de cultures et de soutenir la production d’outils agricoles et d’équipements de première transformation. Le projet du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (GCRAI) a contribué au développement de nouvelles variétés de culture et a soutenu la production de prototypes d’outils agricoles. La Banque continuera de mettre l’accent sur la promotion de technologies agricoles nouvelles et modernes.

Une meilleure gestion de l’eau est essentielle au développement de l’agriculture en Afrique, en particulier en raison du régime pluviométrique irrégulier et de l’intensification des effets du changement climatique. Notre travail d’amélioration de la gestion de l’eau a concerné 20 900 hectares de terres avec une gestion améliorée de l’eau. Les opérations futures contribueront au succès de cet objectif, en promouvant de nouvelles techniques d’irrigation de

précision et en travaillant en collaboration avec les agriculteurs et les autorités publiques.

Au Kenya, à Madagascar et au Maroc, nos projets ont permis d’améliorer l’irrigation et de moderniser les infrastructures hydrauliques. Dans le bassin du lac Tchad, nous avons augmenté les revenus de 1,5 million de personnes grâce à des projets d’amélioration de la gestion de l’eau et de sécurisation des activités économiques. La sur exploitation de l’eau, la mauvaise gestion et le changement climatique ont considérablement réduit son écosystème vital ; autant de facteurs qui affectent les activités de subsistance, notamment la production piscicole.

Les étapes pour monter dans les chaînes de valeur agricoles La BAD défend la vision d’un continent qui connaît la sécurité alimentaire, utilise des technologies de pointe, s’adapte de manière créative au changement climatique et forme une nouvelle génération

Encadré 15 Enseig

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Ce qui a bien fonctionné Ce qui n’a pas bien fonctionné

Évaluer les options optimales dès le stade de la conception Dans le Projet d’accès et de mobilité en milieu rural au Nigeria, une modification de la conception de la chaussée en raison des exigences locales concernant la résistance aux changements climatiques a entraîné un triplement des coûts. Le problème aurait pu être évité si toutes les options avaient été évaluées au stade de la conception du projet. Pour les projets d’infrastructure rurale, il importe de procéder à une solide analyse des coûts du cycle de vie afin de garantir le meilleur rapport coût-efficacité.

Coordonner la mesure de la performance et les rapports y afférentsL’absence d’un système harmonisé de Suivi et d’évaluation (S&E) a rendu difficile la coordination de notre projet régional sur la gestion durable du bétail endémique de ruminants en Afrique de l’Ouest (PROGEBE). Les projets multi-pays nécessitent des systèmes régionaux de S&E bien coordonnés, capables d’assurer une mesure efficace des résultats globaux et de faciliter l’évaluation des performances économiques et financières des programmes régionaux.

Procéder à une analyse détaillée de la chaîne de valeur agricoleLes projets portant sur la chaîne de valeur agricole exigent une analyse solide et complète au stade de leur conception et de leur mise en œuvre. Le projet multinational du GCRAI a adopté l’approche d’une plate-forme de recherche et d’innovation qui a amélioré l’accès aux technologies et aux innovations les mieux adaptées, ce qui a entraîné en définitive une augmentation de la productivité et des revenus sur les quatre chaînes de valeur prioritaires du Programme global de développement de l’Agriculture en Afrique (manioc, maïs, riz et blé).

Gérer les futurs fonds affectés aux ressources naturelles transfrontalièresLa Banque soutient un certain nombre d’initiatives en matière de ressources transfrontalières, comme le Fonds forestier du bassin du Congo. Ces fonds de type ouvert nécessitent des mécanismes de coordination souples et adaptatifs. Ils doivent chercher à promouvoir l’innovation et adopter une approche participative en travaillant en lien avec les populations dans la gestion de leurs ressources naturelles de base.

Encadré 16 Le point de vue des bénéficiaires

Entre 1980 et 2000, le Kenya a perdu près de 50 % de son couvert forestier suite à un déboisement intensif, à la production de charbon de bois et au défrichage à grande échelle pour créer des plantations de thé. Cette tendance menace non seulement la survie de milliers d’espèces animales et végétales mais également la survie des populations de la région.

Le projet d’appui au développement des zones vertes, qui a reçu 38,8 millions de dollars de la Banque, a permis de replanter plus de 14 000 hectares de forêt et de former les agriculteurs locaux aux techniques agricoles modernes. Ann Ruto, agricultrice du village de Simotwet, dans la vallée du Rift, a pu augmenter sa production laitière et commencer à cultiver des légumes. « Ce projet a changé ma vie. Il m’a rendue optimiste pour l’avenir », a-t-elle déclaré. Ses revenus ayant augmenté, cette mère de quatre enfants peut maintenant envoyer ses enfants à l’école privée.

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d’« agripreneurs », des agriculteurs entrepreneurs, y compris des jeunes et des femmes, ayant l’esprit d’entreprise, capables de hisser l’agriculture à un niveau supérieur. Dans le cadre de notre stratégie Nourrir l’Afrique, nous soutenons des projets et des initiatives à même de transformer les chaînes d’approvisionnement agricoles (voir encadré 17).

Stimuler la productivité agricole en Afrique par la technologieLa Banque a cherché activement, sur tout le continent, à tirer parti du potentiel des technologies pour dynamiser les chaînes de valeur agricoles. L’utilisation des drones, des tracteurs automatisés, de l’intelligence artificielle, de la robotique et des chaînes de blocs va transformer l’agriculture (voir encadré 18). L’agriculture intelligente et l’innovation technologique stimuleront la productivité, mais exigeront également une éducation, une connectivité et un financement appropriés.

Le cadre des Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine (TTAA) de la Banque vise à élargir l’accès aux technologies

capables d’accroître la productivité agricole, et notamment aux variétés de cultures à haut rendement et biofortifiées comme le maïs résistant à la sécheresse, le haricot à haute teneur en fer et blé. Il se fixe de mettre des technologies alimentaires améliorées à disposition de 40 millions d’agriculteurs d’ici à 2025.

À ce jour, les TTAA ont réussi à promouvoir l’harmonisation régionale des politiques et réglementations en matière de semences dans les blocs économiques régionaux, ce qui contribuera à ouvrir les marchés des semences et le commerce transfrontalier. En outre, l’initiative Enable Youth a été mise en œuvre dans 19 pays pour soutenir les projets agro-industriels menés par des jeunes dans un certain nombre de chaînes de valeur.

Nouveaux programmesDans le cadre de l’intensification de nos interventions dans le secteur agricole, conformément à notre stratégie Nourrir l’Afrique, nous avons approuvé une série de projets axés sur l’amélioration de la production et de la productivité.

Nous mettons fortement l’accent sur le développement des chaînes de valeur agricoles et sur l’augmentation des revenus. Au Maroc, nous avons soutenu à hauteur de 241,58 millions de dollars le développement inclusif et durable des chaînes de valeur agricoles. Le programme créera des emplois dans les zones rurales, augmentera les exportations agricoles, améliorera la gestion de l’eau et mobilisera des investissements privés dans le secteur agricole.

Encadré 18 Exploiter le potentiel des drones pour une agriculture de précision en Tunisie

Les drones peuvent être un réel atout pour stimuler la productivité agricole, en particulier dans les régions reculées ou difficiles d’accès. Ils réduisent les risques pour les travailleurs, diminuent les coûts d’exploitation et fournissent des capacités de collecte de données de haute qualité.

En 2018, la Tunisie, la ville métropolitaine de Busan et la Banque africaine de développement ont signé un accord pour lancer un projet pilote d’un million de dollars portant sur l’utilisation de drones pour améliorer la gestion des projets agricoles. Le projet permettra de former 32 jeunes Tunisiens disposant de quatre drones.

Les drones fourniront des données rapides et précises sur le secteur agricole ce qui permettra d’améliorer la gestion des projets, d’accélérer leur mise en œuvre et de faciliter la prise de décision.

L’objectif de TTAA est de mettre des technologies alimentaires améliorées à disposition de 40 millions d’agriculteurs d’ici à 2025

Encadré 17 Transformer l’agriculture africaine

Dans le cadre de la stratégie Nourrir l’Afrique, la Banque met en place des zones spéciales de transformation agro-industrielle (SAPZ) pour encourager la transformation des produits agricoles sur l’ensemble du continent. L’objectif de ces zones est d’attirer les investissements du secteur privé et de stimuler la productivité par la concentration des activités agro-industrielles. Elles ont une forte composante d’amélioration des compétences ; elles aideront à créer des entrepreneurs et des emplois, augmenteront la production alimentaire et ajouteront de la valeur à la production agricole.

En 2018, la Banque a approuvé un financement pour la création de zones de transformation agro-alimentaire en Éthiopie et au Togo, et il est prévu de les étendre à 15 pays au cours des prochaines années. Le projet de zone de transformation agro-alimentaire au Togo vise à limiter les importations de riz, de maïs, de soja et de volaille. Il stimulera la productivité agricole et améliorera l’accès aux marchés locaux, notamment en reliant le Togo aux corridors nord du Ghana et du Nigeria. Il entend également stimuler les exportations, notamment de noix de cajou et de sésame.

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Chapitre 3 – Nourrir l’Afrique

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Encadré 19 Tirer parti de la technologie pour lutter contre les ravageurs envahissants sur tout le continent

Dans le cadre des TTAA, la Banque et l’Institut international d’agriculture tropicale, a lancé une initiative à l’échelle du continent pour mobiliser les efforts régionaux visant à arrêter la propagation de la chenille légionnaire d’automne, un ravageur envahissant qui menace les réserves alimentaires et le revenu de millions de petits exploitants africains. Cette chenille est un ravageur transfrontalier dangereux avec une capacité migratoire naturelle et donc une forte propension à se propager. En l’absence d’interventions appropriées, elle pourrait entraîner des pertes de rendement du maïs pouvant atteindre 53% dans 12 pays africains d’ici cinq ans. La valeur de ces pertes est estimée entre 2,48 et 6,19 milliards de dollars. L’initiative vise à identifier de nouvelles technologies pour lutter contre ce ravageur, et à les diffuser auprès des petits exploitants agricoles à travers le continent. En collaboration avec 15 sociétés semencières privées, cette initiative atteindra 1,5 million d’agriculteurs dans la région de l’Afrique australe avec 6 000 tonnes métriques de variétés de maïs traitées au pesticide résistant à la sécheresse pour lutter contre la légionnaire d’automne.

Afin de créer des emplois et d’améliorer le revenu des ménages, la Banque a également accordé un prêt de 97,87 millions de dollars au Cameroun pour soutenir l’élevage et la production piscicole. Le projet contribuera à la modernisation de la production de bœuf, de porc et de poisson en renforçant les normes et la compétitivité dans les principales chaînes de valeur. Il vise également à améliorer sensiblement l’alimentation et la nutrition dans le pays.

Nous travaillons activement pour soutenir l’agro-industrie et le secteur privé. Dans la deuxième phase d’un projet en collaboration avec la société d’engrais nigériane Indorama Eleme Fertilizer & Chemical Ltd, nous accordons un prêt de premier rang de 100 millions de dollars pour aider l’entreprise à doubler sa production annuelle d’engrais, ce qui permettra de réduire le coût des engrais, d’accroître les rendements et de réduire la forte dépendance du Nigeria vis-à-vis des importations alimentaires. Le Fonds pour l’accélération du développement agricole lancera également 12 nouveaux projets en faveur des petites et moyennes entreprises agro-industrielles de six pays africains.

Au Soudan, la Banque a approuvé son premier investissement dans le secteur privé sous la forme d’un prêt de 75 millions de dollars au DAL Group, l’un des plus importants groupes agro-alimentaires du pays. Cet investissement devrait contribuer de manière significative à la sécurité alimentaire, au remplacement des importations de produits alimentaires, à la création d’emplois grâce à une production et à une distribution locales accrues, ainsi qu’au renforcement des liens avec les petits exploitants.

Sur tout le continent, nous nous efforçons d’améliorer les moyens de subsistance dans une perspective durable ainsi que la sécurité alimentaire. Au Kenya, nous soutenons un projet de reboisement visant à améliorer la conservation des forêts, augmenter les revenus des ménages et renforcer la sécurité alimentaire. En Érythrée, nous nous efforçons d’améliorer la résistance à la sécheresse, la production et la productivité des cultures et du bétail, et d’accroître les opportunités dans l’agriculture et l’agro-industrie. Et au Soudan, nous investissons 42 millions de dollars pour soutenir le Plan national d’investissement dans l’agriculture.

Dans le bassin du Niger, PaGoDA, un partenariat composé de la Banque, du Fonds vert pour le climat, du Fonds pour l’environnement mondial, du Fonds d’investissement climatique et de l’Union européenne, mobilisera 218 millions de dollars pour financer le programme pour le développement intégré et l’adaptation au changement climatique. Cet effort vise à renforcer la résilience de l’écosystème du fleuve Niger et de sa population par une gestion durable des ressources.

La Banque a approuvé une prise de participation de 15 millions de dollars dans le Fonds de sécurité alimentaire en Afrique pour appuyer les PME agro-industrielles et accroître la sécurité alimentaire en Afrique. Le fonds ciblera des pays mal desservis comme le Sénégal, le Rwanda et le Mali et devrait créer au moins 20 emplois directs pour chaque million de dollars investi. Le projet profitera à plus de 14 000 petits exploitants agricoles, et bénéficiera aux femmes à hauteur d’au moins 40 % en termes d’opportunités d’emplois.

La Banque s’est engagée à accroître son soutien aux questions de nutrition. En décembre 2018, elle a lancé le Plan d’action multisectoriel pour la nutrition 2018–2025, qui vise à catalyser les investissements en faveur de la nutrition dans l’agriculture, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, et les projets sociaux et sanitaires. Elle a également lancé l’initiative African Leaders for Nutrition (ALN), soutenue par la Fondation Bill et Melinda Gates, qui invite les chefs d’État, les ministres des finances et d’éminents dirigeants à prendre des initiatives et à faire preuve d’un engagement politique à haut niveau pour mettre fin à la malnutrition en Afrique. L’approbation par l’Union africaine de l’initiative ALN confirme cet engagement. En 2019, l’ALN a lancé la carte de mesure de la responsabilité du continent face à la nutrition, qui mettra en évidence les progrès réalisés par chaque pays et fournira un aperçu sélectif des progrès réalisés à l’échelle du continent. Grâce au financement de Big Win Philanthropy et de la Fondation Aliko Dangote, la Banque s’emploie également à fournir un appui technique aux interventions nutritionnelles classiques et à jeter les bases d’investissements multisectoriels axés sur la nutrition.

Avec l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, nous avons signé un accord visant à réunir

Sur tout le continent, nous nous efforçons d’améliorer les moyens de subsistance dans une perspective durable ainsi que la sécurité alimentaire

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jusqu’à 100 millions de dollars sur cinq ans afin de soutenir des activités conjointes destinées à améliorer la qualité et l’impact des investissements dans la sécurité alimentaire, la nutrition, la protection sociale, l’agriculture, les forêts, la pêche et le développement rural.

Dans le cadre de l’initiative Enable Youth, la Banque s’est engagée à encourager une nouvelle génération d’agripreneurs et d’agriculteurs

commerciaux en Afrique. Au cours des prochaines années, plus de 10 000 agripreneurs devraient bénéficier d’activités de plaidoyer et de renforcement des capacités. Pour le seul Soudan, 2000 agripreneurs et 1900 entreprises dirigées par des jeunes — et 50 % des bénéficiaires seront des femmes — devraient voir le jour. La Banque hébergera également un fonds fiduciaire Rockefeller de 3 millions de dollars pour stimuler les emplois agricoles et l’emploi des jeunes en Afrique.

Pour l’avenir, nous soutenons les efforts de leadership déployés sur le continent pour respecter nos engagements dans le cadre des High 5 au titre de la priorité Nourrir l’Afrique. L’accent que nous mettons sur la modernisation du secteur agricole, l’intégration des marchés et l’augmentation de la valeur ajoutée des produits nous aidera à éliminer la faim et à améliorer la nutrition en Afrique d’ici 2025.

Au cours des prochaines années, plus de 10 000 agripreneurs devraient bénéficier d’activités de plaidoyer et de renforcement des capacités

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Investir dans des infrastructures importantes et transformatricesLes industries du continent ont besoin d’une alimentation électrique régulière et abordable. En Guinée, nous exploitons les sources d’énergie hydroélectrique pour construire des barrages qui réduisent le coût moyen de production d’électricité, ce qui renforcent la position de la Guinée en tant que plaque tournante régionale.

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Chapitre 4

Industrialiser l’Afrique

L’industrie joue un rôle fondamental dans le développement économique. Elle augmente la valeur créée dans une économie, stimule la productivité et crée des emplois. Bien que la part du secteur manufacturier ait doublé en Afrique au cours de la dernière décennie, sa valeur reste concentrée pour l’essentiel dans quelques pays, comme l’Afrique du Sud et le Maroc. Toutefois, des tendances positives ont été observées

dans le sens d’une plus grande intégration régionale des chaînes de valeur industrielles et d’une augmentation des investissements intra-africains. Le renforcement des liens régionaux est un moyen de stimuler la croissance industrielle.

La compétitivité mondiale de l’Afrique s’améliore, et 49 % de la population a désormais accès au financement. Toutefois, en ce qui concerne les principaux indicateurs industriels, les progrès ont été lents. La diversification économique de l’Afrique reste faible, malgré la croissance de certains secteurs non extractifs prometteurs comme le tourisme et les TIC. En 2018, les projets du secteur privé de la Banque ont bénéficié à 1,2 million de personnes sur le continent, dont la moitié de femmes. La Banque continue de soutenir les micro-, petites et moyennes entreprises (MPME) et de promouvoir, dans le secteur industriel, des projets transformateurs à haute valeur.

Relier les pays pour stimuler la croissance industrielleL’industrie joue un rôle essentiel dans le développement. Elle stimule la productivité, ajoute de la valeur économique et crée des emplois. Elle améliore la balance commerciale en créant des biens pour l’exportation et une concurrence locale pour les importations. Dans toute l’Afrique, les pays ont cherché à promouvoir la croissance industrielle par divers moyens, notamment par la création de Zones économiques spéciales (ZES), le soutien aux PME et des interventions sur certains marchés clés.

Le renforcement des liens régionaux est un facteur indispensable du développement industriel de l’Afrique. Il favorise le transfert transfrontalier de technologies, améliore les pratiques de production, ouvre aux producteurs des marchés plus vastes et leur permet de réaliser des économies d’échelle.

On observe en Afrique des tendances positives en faveur d’une plus grande intégration économique. Les entreprises sont de plus en plus reliées entre elles par des structures de propriété transfrontalières et des plaques tournantes régionales. Selon le Rapport sur les investissements intra-africains : un premier aperçu, de la Banque,

les investissements intra-africains sont une source de plus en plus grande d’Investissements directs étrangers (IDE) dans la région, l’Afrique du Sud et le Maroc venant en tête. L’Accord sur la ZLEC a la capacité de renforcer cette tendance et d’encourager le commerce et les investissements intra-africains.

Si la part du secteur manufacturier a doublé en Afrique au cours de la dernière décennie, il reste concentré dans quelques pays seulement. En valeur, les deux tiers de l’industrie manufacturière africaine se situent dans quatre pays seulement — Algérie, Afrique du Sud, Nigeria et Égypte —, et cette situation est restée relativement stable au cours des dix dernières années (voir figure 12 et 13).

Figure 12 Le Top 10 des fabricants africains

Industrie manufacturière, valeur ajoutée en $ constant 2010

20172008

Algérie

Afrique du Sud

Égypte, Rép. Arabe

Nigeria

Maroc

Tunisie

Kenya

Rép.dém. du Congo

Cameroun

Côte d'Ivoire

Algérie

Afrique du Sud

Nigeria

Égypte, Rép. Arabe

Maroc

Tunisie

Rép.dém. du Congo

Kenya

Cameroun

Côte d'Ivoire

Source : Banque mondiale

Les entreprises sont de plus en plus reliées entre elles par des structures de propriété transfrontalières et des plaques tournantes régionales

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Sur tout le continent, on observe une augmentation constante du nombre de grandes entreprises qui innovent sur leurs marchés et génèrent une valeur réelle. Toutefois, l’Afrique est, sur ce plan, à la

traîne par rapport à d’autres régions émergentes : pour une grande part, son secteur manufacturier est encore à petite échelle et il reste fragmenté. Dans le même temps, les PME représentent 77 % de tous les emplois en Afrique et jusqu’à la moitié du PIB dans certains pays.

En ce qui concerne les principaux indicateurs de croissance industrielle, l’Afrique progresse lentement. La formation brute de capital fixe est passée de 504 milliards de dollars en 2015 à 535 milliards aujourd’hui. Le produit intérieur brut industriel a légèrement augmenté, de 619 milliards de dollars en 2015 à 627 milliards en 2018. La valeur ajoutée du secteur manufacturier a également augmenté, de 222 milliards de dollars, en 2015, à 231 milliards de dollars.

Le continent connaît également une croissance rapide des services commercialisables tels que le tourisme, les TIC et les services administratifs à distance, ainsi que l’agro-industrie et l’horticulture, de sorte que la part du secteur manufacturier dans le PIB est en baisse. Ces autres secteurs, qui proposent des produits d’exportation à forte valeur ajoutée, peuvent encore accroître la compétitivité internationale de l’Afrique. En outre, ils créent des emplois et partagent de nombreuses caractéristiques avec le secteur manufacturier. Enfin, ils peuvent bénéficier de mesures conçues pour accélérer la croissance de la productivité et l’échelle de l’industrie manufacturière : amélioration de la logistique, amélioration des

Figure 13 Les grands pays à revenu intermédiaire représentent la plus grande part de la valeur ajoutée manufacturière

Valeur ajoutée manufacturière en %, 2017

0

5

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Source : Banque mondiale

Tableau 4 Indicateurs de la priorité Industrialiser l’Afrique (Niveau 1 et Niveau 2)

INDICATEUR ENSEMBLE DES PAYS AFRICAINS PAYS FAD

INDICATEURS DE LA PRIORITÉ INDUSTRIALISER L’AFRIQUE — LES PROGRÈS EN AFRIQUE (NIVEAU 1)

Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

Formation brute de capital fixe (milliards de $ constants de 2010) 504 535 764 1 370 138 155

Produit intérieur brut industriel (milliards de $ constants de 2010) 619 627 952 1 728 113 133

Valeur ajoutée du secteur manufacturier (milliards de $ constants de 2010) 222 231 290 450 46 46

Indice de diversification économique (1 bas – 0 haut) 0,62 0,63 0,61 0,60 0,64 0,65

Indice de compétitivité globale de l’Afrique (1 bas – 7 haut) 3,64 3,65 3,81 4,20 3,48 3,48

Accès au financement (% de la population adulte) 37 49 44 60 24 26

Indice de la performance de la logistique (1 bas – 5 haut) 2,5 2,5 2,7 3,0 2,42 2,44

INDICATEURS DE LA PRIORITÉ INDUSTRIALISER L’AFRIQUE — LES CONTRIBUTIONS DE LA BAD (NIVEAU 2)

Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

Personnes bénéficiant des projets des entités dans lesquelles la Banque investit (millions)

1,9 1,2 2,1 20,9 0,6 0,8

— dont les femmes 0,96 0,60 1,05 10,5 0,3 0,4

Recettes publiques découlant des projets d’investissement (millions de $) 331 394 597 5 965 81 48

Effets sur les PME (chiffre d’affaires des investissements) (millions de $) 68 356 306 3 060 65 157

Propriétaires-exploitants individuels, MPME fournissant des services financiers (milliers)

57 154 57 570 55 125

Personnes ayant un meilleur accès aux transports (millions) 8,6 14 10 100 8,6 9,0

— dont les femmes 4,4 7 5 50 4,4 4,5

Routes construites, réhabilitées ou entretenues (km) 2 100 1 021 2 900 29 000 2 000 695

Atteint 95 % ou plus de la cible de 2018 Atteint moins de 95 % de la cible de 2018 mais supérieur à la valeur de référence Atteint moins que la valeur de référence Les données ne sont pas disponibles pour mesurer les progrès

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Chapitre 4 – Industrialiser l’Afrique

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infrastructures, investissement dans les compétences et mise en place de politiques visant à promouvoir les exportations.

Malgré la croissance des secteurs non manufacturiers, la diversification économique — mesurée sur une échelle de 0 (élevée) à 1 (faible) — est passée de 0,62 en 2015 à 0,63 en 2018. De nombreuses économies africaines restent dépendantes d’un petit nombre de produits primaires d’exportation. Toutefois, on observe des signes encourageants de l’émergence de nouvelles industries, telles que le cuir en Éthiopie, l’habillement au Lesotho et les produits pharmaceutiques en Afrique de l’Est. Certains pays, comme l’Éthiopie et le Rwanda, ont utilisé les Zones économiques spéciales pour diversifier activement leurs portefeuilles d’exportation (voir encadré 22).

L’Afrique devient une destination de plus en plus attrayante pour les investissements étrangers. Les entreprises asiatiques délocalisent leur fabrication vers l’Afrique, et les investisseurs occidentaux sont attirés par la main-d’œuvre de plus en plus nombreuse, jeune et peu coûteuse. L’Afrique du Sud et le Maroc, en particulier, attirent des niveaux élevés d’IDE.

En conséquence, la position de l’Afrique dans l’indice de compétitivité mondiale est en hausse (voir figure 14). Le climat des affaires s’améliore rapidement, ce qui rend les pays africains plus compétitifs et plus attrayants pour les investisseurs mondiaux (voir figure 15). Les bons résultats du PIB en Afrique de l’Est, en particulier, en font une destination attrayante pour les investissements. Selon le Rapport sur l’investissement dans le monde 2018 de la CNUCED, l’IDE au Kenya a augmenté de 71 % en raison d’une demande de services de TIC et d’incitations fiscales accordées par le gouvernement aux investisseurs étrangers.

Le développement industriel est fortement tributaire du développement des infrastructures énergétiques, routières et ferroviaires. La performance de la logistique sur le continent (mesurée sur une échelle de 1 à 5) est stable depuis 2015, à 2,5. La Banque estime que le déficit d’infrastructure de l’Afrique se situe entre 130 et 170 milliards de dollars par an. Pour combler ce déficit, il faudra trouver des moyens novateurs de mobiliser de nouvelles sources de financement, notamment par le biais de partenariats public-privé.

L’accès au financement s’est amélioré pour 49 % de la population, dépassant l’objectif de 44%. L’Afrique mène la voie en matière d’argent mobile, ce qui a contribué de manière significative à améliorer l’inclusion financière. Selon McKinsey & Company, il existe plus de 100 millions de comptes d’argent mobile actifs sur le continent. Les services d’argent mobile se sont étendus à un grand nombre d’autres services : crédit, assurance et transferts de fonds transfrontaliers. Les banques traditionnelles et les FinTech entrent maintenant sur ce marché.

Les villes, pôles de croissance du développement industrielLes villes contribuent à faciliter la croissance dans des secteurs économiques critiques et à stimuler la transformation structurelle. Des villes comme Le Caire, Lagos, Johannesbourg et Nairobi ont ouvert la voie pour attirer les IDE, faciliter le commerce international et relier l’Afrique aux chaînes de valeur mondiales. L’Afrique connaît une croissance explosive de ses villes (voir figure 16), avec une population urbaine qui devrait atteindre 50 % de la population totale en 2030, contre 36% en 2016.

Encadré 20 Zones économiques spéciales

Un certain nombre de pays africains utilisent les Zones économiques spéciales pour attirer les IDE et stimuler la production industrielle. Les ZES bénéficient d’investissements publics dans l’amélioration des infrastructures, de barrières tarifaires nettement moins élevées à l’importation et à l’exportation et d’avantages fiscaux initiaux qui compensent les coûts de démarrage.

La ZES de Kigali, au Rwanda, a attiré de plus en plus d’IDE. Elle accorde aux entreprises une défiscalisation durant 10 ans, fournit des services publics fiables tels que l’énergie, l’eau et l’assainissement, avec des coûts de connexion initiaux subventionnés et des infrastructures de haute qualité telles que des routes d’accès et l’Internet par fibre optique. Les entreprises des zones spéciales bénéficient également de la facilitation des échanges, notamment des procédures douanières accélérées, en plus de l’amélioration du climat des affaires dans le pays.Récemment, cela a permis d’attirer 20 millions de dollars grâce à l’implantation d’une usine d’assemblage de véhicules Volkswagen.

Coûts pour lesa�aires de ladélinquance

et de la violence

Transparence des politiquesgouvernemen-

tales

E�ciencedes dépenses

gouver-nementales

Con�ance du public

dans la classe politique

Diversi�cation des fonds

publics

0

1

2

3

4

5

6

7

Tous paysPays africains prédéterminés

Pire

Meilleur

Rwanda

Éthiopie

Mauritanie

Afrique du SudZimbabwe

NigériaTchad

Source : Forum économique mondial

Figure 14 La compétitivité des pays africains

Indice de compétitivité mondiale, 2017–2018

Les pays africains font d’énormes progrès dans l’amélioration du climat des affaires

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Figure 15 De nombreux pays africains progressent dans l’amélioration de leur climat des affaires

2018

2019

190 Classement faible Classement supérieur 1

Cameroun165

Cameroun166

Togo156

Togo137

Eswatini117

Djibouti99

Maroc60

Maurice20

Kenya61

Rwanda29

Côte d’ivoire122

Djibouti141

Eswatini112

Kenya81

Maroc64

Rwanda40

Maurice24

Côte d’ivoire142

Classement de la facilité à faire des affaires(chaque point représente un pays)

Source : Banque mondiale

Figure 16 Une croissance démographique en plein essor dans les villes africaines

-20% 0% 20% 40% 60% 80% 100% 120% 140% 160%

20 m

10 m

Tripoli (Libye)

Nouakchott(Mauritanie)

Alexandrie (Égypte)

Caire(Égypte)

Brazzaville (Congo Rep.)

Pointe-Noire (Congo Rep.)

Yaoundé (Cameroun)

Mbuji-Mayi (RDC)

Kinshasa (RDC)

Dar es Salaam (Tanzanie)Addis Ababa (Éthiopie)

Mogadishu (Somalie)

Kampala (Ouganda)Khartoum (Soudan)

Accra (Ghana)

Abuja (Nigéria)Lagos (Nigéria) Ouagadougou (Burkina Faso)

Niamey (Niger)

Luanda (Angola)Durban (Afrique du Sud)

Lusaka (Zambie)

Antananarivo (Madagascar)

Afrique du Nord

Afrique Centrale

Afrique de l’Est

Afrique de l’Ouest

Afrique australe

La populationdouble de tailleentre 2018–35

En croissanceEn déclin

Abidjan (Côte d’Ivoire)

Nairobi (Kenya)

Chaque cercle représente une villeTaille du cercle = population 2018

Croissance démographique prévue pour les villes africaines, 2018–2035% de variation (villes de plus d’un million d’habitants)

Source : ONU, Perspectives démographiques

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Toutefois, les importants déficits d’infrastructures empêchent les villes de profiter pleinement des avantages de la concentration urbaine et de la connectivité. Pour développer leur infrastructure matérielle et leur capital social, promouvoir les TIC, introduire une politique de zonage et mettre en œuvre des stratégies qui en feront des centres essentiels de production, les villes africaines doivent renforcer leurs politiques et leurs institutions.

L’appui de la Banque au développement industrielDans le cadre de la priorité Industrialiser l’Afrique – l’une des cinq priorités des High 5 — nous œuvrons, avec nos partenaires au développement, à soutenir les entreprises de toutes tailles et à promouvoir la productivité dans les chaînes de valeur internationales. Nous avons investi dans des projets industriels à forte valeur qui favorisent la transformation des économies africaines. Les infrastructures inadéquates restreignant l’accès aux zones rurales, la réglementation des services financiers et les taux d’intérêt élevés appliqués aux prêts aux PME sont quelques-uns des problèmes qui nous ont empêchés de toucher davantage de bénéficiaires. Par

exemple, les bénéficiaires d’une ligne de crédit accordée à une banque commerciale nigériane pour rétrocession à des PME, ont indiqué que les taux d’intérêt élevés étaient coûteux pour leurs entreprises.

Malgré cela, nos investissements ont permis d’améliorer la vie des populations sur le continent et de soutenir la croissance des MPME. En 2018, 1,2 million de personnes ont bénéficié de projets d’investissement, soit moins que notre objectif de 2,1 millions, dont 0,6 million de femmes. Des infrastructures inadéquates restreignant l’accès aux zones rurales, la réglementation des services financiers et les taux d’intérêt élevés appliqués aux prêts des PME figurent parmi les problèmes qui nous ont empêché d’atteindre davantage de bénéficiaires. A titre d’exemple, les bénéficiaires d’une marge de crédit, accordée à une banque commerciale nigériane pour rétrocession à des PME, ont indiqué que les taux d’intérêt élevés étaient coûteux pour leurs entreprises.

Encadré 21 Collaborer avec le secteur privé

Au Maroc, nous avons accordé un prêt de premier rang de 250 millions de dollars pour financer le programme d’investissement de l’Office chérifien des phosphates (OCP), premier producteur-exportateur mondial de phosphates.

L’investissement a permis à l’OCP d’augmenter sa capacité de production sur son site de Jorf et de mettre en place un système de production intégré qui conduit à réduire les coûts de transport des roches, d’éliminer la pollution, de limiter la consommation d’eau et d’améliorer sur le site l’accès à l’énergie électrique. Il a permis en outre de créer des emplois, d’améliorer le transport ferroviaire et d’augmenter l’accessibilité à l’électricité et à l’eau pour la population environnante.

L’OCP a apporté une part significative au PIB et aux recettes publiques du Maroc. Grâce aux salaires et aux possibilités d’emploi, il a contribué à réduire la pauvreté. Il a également financé la formation de 1200 jeunes à l’entrepreneuriat et soutenu 30 start-ups sur 3 mois.

Figure 17 Nos investissements contribuent à l’expansion industrielle du Maroc

DERNIERS RÉSULTATS

20 450 personnes directement employées par l’entreprise

$360 millions de dollars générés en revenus fiscaux

4,3 % de contribution au PIB

30 % de la part de l’Afrique dans les exportations totales d’engrais

OPTIMISER LES INVESTISSEMENTS

Programme d’investissement

de 5 milliards de dollars

sur 10 ans

250 millions de dollars

de la BAD

Groupe OCP Phosphates L’un des plus grands

producteurs-exportateurs de phosphates au monde

12 millions de tonnes d’engrais phosphatés par an

35 millions de tonnes de phosphate par an

Nous investissons dans des marchés plus difficiles, notamment dans des contextes à faible revenu et fragiles

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Nos projets d’investissement ont également généré un chiffre d’affaires pour les PME-PMI de 356 millions de dollars, contre 68 millions en 2015, soit bien au-delà de notre objectif de 306 millions.

En collaboration avec le Mécanisme d’amélioration des modalités de crédit au secteur privé, financé par le FAD, nous investissons dans des marchés plus difficiles, notamment dans des contextes à faible revenu et fragiles. Ces efforts sont complétés par des opérations axées sur les politiques, les produits du savoir, le dialogue politique et le renforcement des capacités, ainsi que par des investissements stratégiques dans des infrastructures clés : l’énergie à un coût abordable, l’eau potable et les réseaux de transport. Par exemple, nos conseils stratégiques auprès du gouvernement zambien sur les liens intersectoriels entre les secteurs de l’extraction et l’économie, au sens large, ont amélioré le cadre budgétaire 2020/2021. Ensemble, ces intrants catalysent le développement du secteur privé et améliorent l’accès des producteurs africains aux chaînes de valeur régionales et mondiales.

En 2018, 154 000 propriétaires-exploitants et MPME ont bénéficié de services financiers, soit plus du double de notre objectif. Parmi ces bénéficiaires, 81 % se trouvaient dans des pays à faible revenu. La Youth Empowerment Facility au Zimbabwe a amélioré l’accès au financement des jeunes chefs d’entreprise. En Ouganda, notre ligne de crédit pour la Housing Finance Bank Limited a aidé plus de 110 projets de construction et amélioré la confiance des services financiers dans les prêts au financement du logement et aux PME. Au Nigeria, une ligne de crédit accordée à la Fidelity Bank a permis à cette dernière d’accorder des prêts à moyen terme à environ 57 PME. En conséquence, des milliers de nouveaux emplois ont été créés et 900 000 personnes ont bénéficié d’une électricité plus fiable.

En 2018 ceux-ci ont généré 394 millions de dollars de recettes publiques supplémentaires, contre 331 millions en 2015, soit une amélioration de 118 millions de dollars par rapport à l’an dernier. Un soutien accru au développement du secteur privé sur le continent peut accroître la valeur de la production et des exportations — et, en conséquence, les recettes publiques —, et avoir des retombées positives plus larges pour les populations environnantes (Voir l’exemple du Maroc, encadré 21 et figure 17).

La Banque accorde une attention particulière aux investissements qui contribuent à l’intégration continentale. Ainsi, une ligne de crédit accordée à Ecobank Transnational Incorporated a permis à la Volta River Authority au Ghana d’étendre ses activités de production et de distribution d’électricité aux clients domestiques, industriels et commerciaux des pays voisins : Côte d’Ivoire, Togo, Bénin et Burkina Faso. À Walvis Bay, en Namibie, un nouveau terminal à conteneurs servira de plate-forme logistique régionale et augmentera les échanges avec le reste du monde (voir encadré 23).

Au cours des dix dernières années, la Banque a investi plus de 35 milliards de dollars dans les infrastructures, et elle continuera de soutenir les infrastructures publiques et privées, notamment les ports et les aéroports, qui relient les villes à l’économie mondiale.

Les projets de la Banque ont permis à 14 millions de personnes de disposer d’un meilleur accès aux transports — soit plus

Les projets de la Banque ont permis à 14 millions de personnes de disposer d’un meilleur accès aux transports

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Ce qui a bien fonctionné Ce qui n’a pas bien fonctionné

Garantir la capacité institutionnelle des intermédiaires pour une mise en œuvre efficaceIl est crucial, dans la conception du soutien financier, de procéder à un diagnostic approfondi des contraintes et de la capacité des intermédiaires du secteur privé. Le soutien que nous avons apporté à un intermédiaire nigérian pour rétrocéder des prêts à des PME dans le cadre de notre ligne de crédit a été entravé par l’absence de structures de gouvernance d’entreprise et par la faible capacité de gestion de la ligne de crédit. En raison de la faiblesse des prêts rétrocédés, la Banque a annulé la ligne de crédit.

Démontrer les résultats des opérations du secteur privé L’appui aux PME par le biais d’intermédiaires nécessite des systèmes de suivi et d’évaluation solides. La synthèse des évaluations, réalisée par le Bureau d’évaluation indépendant du développement de la Banque, des opérations du secteur privé, mises en œuvre par les institutions de financement du développement, montre que le manque de données sur la situation initiale et sur les résultats est un facteur clé qui empêche d’évaluer l’efficacité du soutien apporté aux PME. Dans le cadre de son programme d’assurance qualité pour les opérations non souveraines, la Banque s’emploie actuellement à améliorer la conception des projets.

Siéger au conseil d’administration des sociétés d’investissement La représentation de la Banque dans les conseils d’administration des entreprises dans lesquelles elle investit offre la possibilité de maximiser la valeur. Notre rôle au sein du conseil d’administration d’une société financière impliquée dans le logement à coût modéré nous a permis de réorienter les activités de la société et de renforcer sa gouvernance d’entreprise. Nous reproduisons maintenant cette approche dans des projets similaires.

Améliorer l’efficacité des projets d’infrastructure en dialoguant avec les paysUn dialogue impliquant toutes les parties prenantes est la clé d’une mise en œuvre réussie d’un projet. Le Groupe de travail sur le secteur des transports au Ghana a permis à la Banque et à d’autres partenaires de partager leurs expériences et de tirer les leçons des meilleures pratiques. Des réunions fréquentes avec les parties prenantes ont servi de plate-forme pour aborder les nouvelles questions qui se posaient et s’assurer que la mise en œuvre des projets était sur la bonne voie.

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que l’objectif de 10 millions — dont la moitié de femmes. Nos projets ont permis de construire, réhabiliter ou entretenir 1021 km de routes, dont 695 km dans les pays à faible revenu. À titre d’exemple, les investissements de la Banque dans le projet de réfection de la route Jima-Mizan en Éthiopie ont facilité l’intégration des marchés entre zones urbaines et rurales et amélioré l’accès aux services de santé et d’éducation dans la région.

Élaborer des plans pour attirer les investissements privésDans le cadre de la Stratégie pour l’industrialisation de l’Afrique, la Banque entend contribuer à augmenter le PIB industriel de l’Afrique de 130 % d’ici 2025, faisant passer le PIB global de l’Afrique de 2200 à 4600 milliards de dollars. Pour atteindre ce niveau d’investissement, il faut que les institutions nationales, les banques multilatérales de développement et le secteur privé établissent de vastes partenariats et déploient un effort concerté.

Le développement du secteur privé crée des emplois et des possibilités de croissance verte et inclusive. Pour la Banque, le développement de ce secteur est un élément essentiel pour la réalisation des High 5 dans les cinq domaines prioritaires. Nous jouons un rôle de catalyseur dans la mobilisation de ressources financières en faveur du développement du secteur privé, par exemple par le biais du Forum de l’investissement en Afrique (voir encadré 24).

Des projets nouvellement approuvés La Banque soutient activement l’innovation sur l’ensemble du continent. Nous avons fourni 30 millions de dollars au projet de Fonds d’innovation pour le Rwanda afin de soutenir les PME technologiques de la Communauté de l’Afrique de l’Est. Le Fonds soutiendra plus de 150 entreprises, ce qui créera 2000 emplois directs et 6000 emplois indirects sur 10 ans. Il contribuera également au renforcement des capacités des incubateurs et des accélérateurs, facilitera les réseaux d’investisseurs providentiels et formera des entrepreneurs dans toute la région.

Dans le cadre de notre programme d’investissement « Boost Africa » — en collaboration avec l’Union européenne et la Banque européenne d’investissement — nous avons pris une participation de 7,5 millions de dollars à l’Africa Tech Ventures Fund, ce qui stimulera sur le continent les opérations des start-ups technologiques à forte capacité de développement.

Nous continuerons de soutenir les PME des secteurs transformateurs. Nous avons approuvé une ligne de crédit de 9,66 millions de dollars pour la Banque sahélo-saharienne pour l’investissement et le commerce au Mali. Notre ligne de crédit de financement du commerce extérieur de 100 millions de dollars à la Banco Angolano de Investimentos (Banque angolaise d’investissement) renforcera également nos filiales au Cap-Vert et à São Tomé e Príncipe.

Encadré 24 Le Forum de l’investissement en Afrique

Le Forum de l’investissement en Afrique est un marché novateur de l’investissement axé sur les transactions et conçu pour catalyser les investissements en Afrique. Le premier forum, qui s’est tenu à Johannesbourg, en Afrique du Sud, en novembre 2018, a réuni 350 investisseurs de 53 pays, ainsi que des responsables politiques et gouvernementaux de 30 pays africains et de 23 pays étrangers.

Au cours du Forum, 49 projets, d’une valeur de 38,7 milliards de dollars, ont attiré des investissements. Parmi ces projets, citons le protocole d’accord de 2,6 milliards de dollars signé entre le Ghana et l’Afrique du Sud pour le développement et le financement du Skytrain d’Accra Ai ; un accord de coopération de 400 millions de dollars entre Africa50 et le gouvernement du Rwanda pour développer et financer la cité de l’innovation de Kigali ; un accord de 800 millions de dollars entre la Banque, Africa50 et les gouvernements de la RDC et du Congo pour développer et financer le premier pont routier et ferroviaire reliant Kinshasa à Brazzaville.

Encadré 23 Le point de vue des bénéficiaires

Le nouveau terminal à conteneurs de Walvis Bay, en Namibie, servira de plate-forme logistique régionale et permettra de développer les échanges commerciaux avec le reste du monde.

George Doeseb, 49 ans, originaire de la région, est grutier dans le port depuis 10 ans. Il est enthousiasmé par les travaux d’agrandissement, qui ouvriront la voie à de meilleurs emplois et à des augmentations de salaires, ce qui lui permettra de payer les frais de scolarité de ses deux enfants. « Je me réjouis du projet en cours, car j’aurai l’occasion d’acquérir de nouvelles compétences et de devenir grutier principal ; mon revenu augmentera nettement, et je pourrai mettre de l’argent de côté », a dit M. Doeseb.

L’appui de la Banque financera également l’achat d’équipements portuaires modernes et la formation des pilotes et des opérateurs sur le nouveau terminal. Le port est un élément clé de l’infrastructure au service de l’intégration régionale de l’Afrique.

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S’appuyant sur les succès remportés dans 38 pays, la Banque a approuvé un investissement supplémentaire dans le Fonds africain de garantie pour les PME afin de renforcer les petites et moyennes entreprises et de stimuler l’entreprise privée et la création d’emplois durables. Elle a également approuvé un soutien au développement du secteur privé au Cap-Vert et une prise de participation dans le Maghreb Private Equity Fund IV pour accélérer le développement en Afrique subsaharienne des entreprises nord-africaines de moyenne capitalisation à fort potentiel de croissance.

La Banque soutient le développement des marchés de capitaux locaux. Nous avons accordé un prêt de premier rang de 10 millions de dollars à l’African Local Currency Bond Fund pour soutenir les investisseurs institutionnels nationaux et les MPME. Nous avons également approuvé une prise de participation de 10 millions de dollars dans le Fonds pour l’approfondissement du secteur financier africain afin de fournir aux institutions financières du capital de deuxième catégorie.

Partout sur le continent, nous soutenons des projets qui non seulement réduiront les temps de trajet et les coûts, mais ouvriront de nouvelles opportunités de générer des revenus. Au Sénégal, nous avons investi 103 millions de dollars pour la réhabilitation de la route Senoba-Ziguinchor-Mpack, qui améliorera en outre les liaisons avec la Guinée-Bissau voisine. En Côte d’Ivoire, nous avons approuvé 329 millions d’euros pour transformer 88 km de routes.

En Ouganda, nous avons approuvé l’octroi de 229,5 millions de dollars au projet de voie express Kampala-Jinja, longue de 95 km, qui renforcera la position de l’Ouganda en tant que plaque tournante régionale de transit. Au Cameroun, dans le cadre du programme d’appui au secteur des transports, nous avons approuvé 17,96 millions d’euros pour financer la construction d’un périphérique dans le nord-ouest du pays. Et au Bénin, nous appuierons la réfection d’un tronçon de 210 km sur la route du coton Djougou-Pehunco-Banikoara, projet qui améliorera la compétitivité de l’industrie cotonnière du pays.

En Afrique du Sud, la Banque a approuvé pour plus de 100 millions de dollars de prêts à SA Taxi Development Finance Limited pour soutenir la croissance des exploitants de minibus-taxis, qui représentent 69 % de tous les déplacements en transports publics en Afrique du Sud. Ce prêt contribuera également à attirer des financements par des banques commerciales internationales.

En œuvrant pour l’industrialisation de l’Afrique, nous concentrons notre aide sur la promotion de politiques industrielles qui ont fait leurs preuves et sur la création de zones économiques spéciales qui renforceront l’industrie. Nous continuerons de collaborer avec nos partenaires pour soutenir l’infrastructure afin de catalyser davantage d’investissements du secteur privé et contribuer à la transformation des économies africaines.

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Fournir des compétences aux jeunesAvec une jeunesse africaine estimée à 830 millions d’ici 2050, les besoins en matière de compétences adaptées au marché de l’emploi, en particulier dans les domaines de la science et des technologies de pointe, deviennent cruciaux. La Banque offre aux étudiants burkinabés des compétences directement adaptées à la demande du marché du travail.

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Chapitre 5

Améliorer la qualité de vie des populations africaines

L’amélioration de la qualité de vie des populations africaines est au cœur de l’action de la Banque. Alors que la population du continent augmente, nous nous efforçons de faire en sorte que les Africains acquièrent les compétences nécessaires pour occuper des emplois décents et créer des entreprises viables dans l’économie mondiale. Nous aidons les pays à augmenter l’accès des populations à des services de qualité

dans des domaines comme la santé, l’éducation, l’eau et l’assainissement, services essentiels pour améliorer la vie de tous les Africains.

Nous montrerons dans ce chapitre que si l’Afrique accélère sa croissance économique, 40% des Africains vivent encore en dessous du seuil de pauvreté et les inégalités restent élevées. Pour répondre à la demande d’emplois en Afrique, il faudra maintenir une croissance économique forte et introduire des changements structurels. La Banque collabore avec les gouvernements, les établissements d’enseignement supérieur et le secteur privé pour développer les compétences en sciences et en technologie. En 2018, nos projets ont fourni des emplois à 1,2 million de personnes et amélioré l’accès à l’eau et à l’assainissement à 8,2 millions de personnes.

Fournir des emplois productifs à une population croissanteAu cours des deux dernières décennies, l’Afrique a connu une croissance rapide, qui devrait se poursuivre à l’avenir. Toutefois, cette croissance s’est produite sans création en proportion des emplois qui auraient permis de faire reculer la pauvreté. Aujourd’hui encore, 40 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté. Pour lutter contre ce fléau, la croissance doit devenir plus inclusive et bénéficier aux zones géographiques reculées et aux groupes sociaux les plus pauvres. La réduction des inégalités est essentielle pour lutter contre la pauvreté. Pourtant, les inégalités de revenu restent élevées, avec un coefficient de Gini de 41 (sur une échelle de 0 à 100).

Les politiques de réduction de la pauvreté doivent s’accompagner de mesures destinées à réduire les inégalités de revenu. Ainsi, une protection sociale bien ciblée, des efforts pour accroître la productivité dans le secteur informel et une fiscalité progressive peuvent contribuer à réduire les disparités de revenu. Des données ventilées sur les inégalités peuvent éclairer les orientations politiques à prendre.

La population africaine en âge de travailler augmente rapidement, ce qui intensifie la demande pressante d’emplois décents. En 2018, le taux de chômage des jeunes était de 14 %, contre 8,3 % pour l’ensemble de la population. Pour les jeunes femmes, il est de 15 % : les femmes se heurtant à des obstacles supplémentaires sur le marché du travail où leur taux de participation est inférieur à celui des hommes (voir figure 18). Malgré cela, des pays comme le Rwanda, Madagascar et le Mozambique ont beaucoup fait progresser la part des femmes dans la population active.

Les jeunes, et en particulier les jeunes filles, travaillent le plus souvent dans le secteur informel. L’Afrique détient le record du monde du travail informel, estimé à environ 72 % hors secteur agricole. Le travail y est précaire, les salaires et la productivité y sont faibles, ce qui rend d’autant plus difficile l’éradication de la pauvreté.

L’avenir du travailPour répondre à la demande croissante d’emplois en Afrique, il importe de maintenir une croissance économique forte et d’introduire des réformes structurelles. Le continent accuse un retard de productivité important par rapport à l’Asie et à d’autres régions en développement.

Les technologies associées à la « quatrième révolution industrielle » (la 4RI) — c’est-à-dire technologies de l’information et de la communication (TIC), intelligence artificielle, robotique et apprentissage machine — offrent à la fois des opportunités et des

Les politiques de réduction de la pauvreté doivent s’accompagner de mesures destinées à réduire les inégalités de revenu

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défis pour l’Afrique. La 4RI peut accélérer le développement et libérer le potentiel entrepreneurial de la jeunesse africaine, accroître la productivité et appuyer la transformation dans des secteurs tels que l’agriculture, les services, le secteur manufacturier et les infrastructures, mais elle changera aussi fondamentalement la nature du travail, rendant moins viable la croissance traditionnelle tirée par le secteur manufacturier. Pour tirer parti des possibilités qu’offre la 4RI, l’Afrique doit se préparer, notamment en acquérant les compétences scientifiques et technologiques nécessaires.

La gig economy — l’économie des « petits boulots numériques » — est devenue une source importante de travail. Les plates-formes numériques offrent de nouvelles opportunités aux producteurs artisanaux, qu’elles relient aux marchés régionaux et internationaux.

Les décideurs politiques devront réagir avec souplesse à l’évolution de la nature du travail, en investissant dans des secteurs transformateurs et créateurs d’emplois, et en prenant des mesures pour améliorer les conditions des travailleurs dans la « gig economy ».

Les systèmes éducatifs doivent s’adapter à l’évolution des compétences requises. Le manque de compétences et l’inadéquation des compétences constituent une contrainte majeure pour les entreprises africaines. De nombreux diplômés possèdent des compétences qui ne sont pas adaptées aux besoins du marché de l’emploi. Seulement 2 % des diplômés des universités africaines ont des diplômes en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques (les STEM, ou STIM). Or, des compétences dans ces disciplines sont une exigence cruciale dans le monde de la 4RI, et trop rares sont les scientifiques africains travaillant dans des secteurs à même de stimuler la transformation économique.

Le système éducatif africain aura besoin d’un soutien adéquat par le biais de mécanismes de financement novateurs, y compris la mobilisation des ressources nationales et la participation du public,

Les décideurs politiques devront investir dans des secteurs transformateurs et créateurs d’emplois

Tableau 5 Indicateurs de la priorité Améliorer la qualité de vie en Afrique (Niveau 1 et Niveau 2)

INDICATEUR ENSEMBLE DES PAYS AFRICAINS PAYS FAD

INDICATEURS DE LA PRIORITÉ AMÉLIORER LA QUALITÉ DE VIE EN AFRIQUE — LES PROGRÈS EN AFRIQUE (NIVEAU 1)

Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

Population vivant en dessous du seuil de pauvreté (%) 42 40 39 32 45 43

Inégalités de revenus (Indice de Gini) 41 41 40 38 41 42

Taux de chômage des jeunes (%) 14 14 13 11 10,3 10,2

— dont les jeunes filles 16,5 15 15,5 13,0 12,2 11,6

Taux de chômage (%) 8,9 8,3 8 7 6 6

— dont les femmes 9,8 9,7 9,3 8,0 8 8

Scolarisation dans l’enseignement technique/professionnel (%) 11 11 11 12 8 8

— dont les femmes 9 9 9 10 7 7

Scolarisation (%) 62 62 64 68 59 59

— dont les femmes 59,2 60 60,9 65 56 57

Accès à des services d’eau potable sainement gérés (% de la population) 72 72 75 83 64 66

Accès à des équipements sanitaires sainement gérés (% de la population) 39 40 40 43 25 26

INDICATEURS DE LA PRIORITÉ AMÉLIORER LA QUALITÉ DE VIE EN AFRIQUE — LES CONTRIBUTIONS DE LA BAD (NIVEAU 2)

Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

Emplois directs créés (millions) 1 1,2 1,06 10,6 1 1,2

— dont pour les femmes 0,6 0,6 0,53 5,3 0,3 0,6

Emplois indirects et induits créés (millions) .. .. 0,82 8,2 .. ..

— dont pour les femmes .. .. 0,41 4,1 .. ..

Personnes formées par les opérations de la Banque (milliers) 290 178 900 9 000 290 170

— dont les femmes 118,9 89 450 4 500 79,6 85

Personnes bénéficiant d’un meilleur accès à l’éducation (millions) 0,38 0,27 0,38 3,8 0,38 0,18

— dont les femmes 0,24 0,12 0,19 1,9 0,24 0,08

Personnes disposant d’un accès nouveau ou amélioré à l’eau et à l’assainissement (millions)

2,03 8,2 3,62 36,2 1,23 8,2

— dont les femmes 1,01 4,0 1,8 18 0,60 4,0

Atteint 95 % ou plus de la cible de 2018 Atteint moins de 95 % de la cible de 2018 mais supérieur à la valeur de référence Atteint moins que la valeur de référence Les données ne sont pas disponibles pour mesurer les progrès

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pour améliorer son efficience et son efficacité. Les estimations montrent que l’Afrique aura besoin de 40 milliards de dollars supplémentaires pour atteindre les objectifs de développement durable en matière d’éducation d’ici 2030.

Globalement, 62 % des enfants (dont 60 % de femmes/filles) sont actuellement scolarisés. Or, 11 % seulement des jeunes suivent des formations techniques ou professionnelles, et la proportion est de 9 % pour les jeunes femmes. L’Angola, la Libye, le Cameroun et l’Égypte viennent en tête, avec la plus forte proportion de jeunes et de femmes inscrits dans des formations techniques ou professionnelles.

MigrationLa migration a des conséquences directes sur les compétences disponibles en Afrique. En dehors des migrations dues aux conflits, les jeunes professionnels émigrent vers d’autres pays africains et hors du continent en quête de meilleures perspectives d’emploi et d’une meilleure qualité de vie. Dans les deux cas, la pauvreté est un moteur. Cependant, pour peu que les bonnes politiques soient en place, la migration intra-régionale peut contribuer à réduire la pauvreté (voir encadré 25).

Accès aux services de baseL’accès aux services de base est une composante essentielle de la qualité de la vie. Or, l’accès à l’eau potable et à l’assainissement en Afrique présente de grandes disparités selon les pays et à l’intérieur de chaque pays. Seulement 72 % de la population a accès à de l’eau potable gérée de manière sûre et 40 % a accès à des installations sanitaires gérées de manière sûre. Dans l’ensemble, l’accès est plus élevé en Afrique du Nord que sur le reste du continent. En ce qui concerne l’accès à l’eau potable, les variations d’un pays à l’autre vont de 100 % à Maurice à 19 % en Érythrée.

Des écarts importants subsistent entre les taux d’accès des villes et ceux des communautés rurales. Les changements climatiques entraînent une augmentation de l’incidence des sécheresses et des inondations, ce qui rend plus difficile encore la fourniture des services de base. L’Afrique a besoin de réformer sa gouvernance des

Avec les bonnes politiques en place, la migration intra-régionale peut contribuer à réduire la pauvreté

Encadré 25 Maximiser le rôle de la migration régionale dans le développement de l’Afrique

La migration est de plus en plus perçue en termes positifs en Afrique. En grande partie intrarégionale, elle peut contribuer à la réduction de la pauvreté, par exemple par le biais des transferts de fonds. Selon un rapport OCDE-OIT de 2018, l’immigration contribue au PIB à hauteur de 7 % en moyenne, l’éventail allant d’environ 1 % au Ghana à 19 % en Côte d’Ivoire.

Plusieurs pays, comme le Burkina Faso, le Maroc et le Zimbabwe, mettent en œuvre des politiques visant à lier la migration à des objectifs de développement : apporter un soutien aux familles, réduire les coûts des transferts de fonds et créer des mécanismes pour canaliser ces envois vers l’investissement productif. Ils travaillent également avec la diaspora et aident les migrants de retour dans leur pays. L’intégration des immigrants et l’investissement dans un meilleur accès aux services, à l’éducation et aux droits du travail contribueront aussi à maximiser les avantages de l’immigration.

De plus en plus d’efforts sont déployés à l’échelle du continent pour soutenir les apports positifs de la migration. La Banque s’est associée à d’autres banques multilatérales de développement pour coordonner l’aide à la migration économique et au déplacement forcé, et notre troisième Forum africain annuel pour la résilience s’est concentré sur la migration et la fragilité. L’Accord sur la ZLEC soutient également la libre circulation des Africains dans le but de renforcer les liens régionaux et la croissance économique.

Figure 18 Dans la plupart des pays, le taux de participation des femmes au marché du travail est inférieur à celui des hommes

Participation au marché du travail selon le genre , 2017

0 20 40 60 80 100

Femmes Hommes Total

AlgérieSomalie

Égypte, Rép. ArabeSoudan

MarocTunisie

LibyeMauritanie

ComoresSão Tomé-et-Príncipe

GabonEswatiniSénégal

Côte d'IvoireNigéria

MauriceAfrique du Sud

GambieDjibouti

Cap-VertLibéria

Guinée équatorialeSierra LeoneBurkina Faso

NamibieLesotho

MaliKenya

République centrafricaineTchad

GuinéeGuinée-Bissau

OugandaBotswana

Rép. CongoNigerBénin

ZambieRép. Dém. du Congo

CamerounSoudan du Sud

MalawiGhana

AngolaTogo

ÉrythréeZimbabwe

ÉthiopieTanzanieBurundi

MozambiqueMadagascar

Rwanda

Source: Organisation internationale du travail (ILO)

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ressources naturelles et d’investir dans l’infrastructure pour garantir l’accès de tous aux services. On estime à 13 milliards de dollars par an l’effort nécessaire pour atteindre les ODD concernant l’accès universel à l’eau et à l’assainissement.

L’impact de la Banque sur l’emploi et l’accès aux servicesLe portefeuille de projets de la Banque crée de nouvelles possibilités d’emploi et réduit la pauvreté en Afrique. En 2018, nous avons dépassé nos objectifs en matière d’emplois, créant

1,2 million d’emplois directs, dont la moitié pour des femmes. Des emplois nouveaux sont également créés indirectement ou induits par nos opérations.

Durant les dix dernières années, nos projets ont contribué à fournir aux populations rurales et mal desservies un accès à des services financiers et commerciaux à coûts abordables. Ils ont contribué à créer 45 900 emplois en Tunisie et près de 66 000 en Égypte. En Tanzanie, notre action pour aider les entrepreneurs à accéder aux services financiers a permis de créer près de 210 000 emplois ; au Ghana, notre action en faveur de la transformation de l’agriculture a créé 118 000 emplois.

Une étude sur l’impact de nos investissements au Sénégal, entre 2014 et 2018, a révélé qu’ils avaient créé 186 000 emplois dans des secteurs prioritaires. L’appui de la Banque a contribué à 15 % de ces emplois (voir figure 19). L’évaluation continue de l’impact de nos investissements sur l’emploi aidera à répondre aux demandes d’une population en augmentation croissante.

L’Afrique a besoin de réformer sa gouvernance des ressources naturelles et d’investir dans l’infrastructure pour garantir l’accès de tous aux services

Figure 19 Évaluer l`impact sur l`emploi du Plan Sénégal émergent

Nos investissementsau Sénégal

Optimisation des investissements Emplois

187 000 emplois soutenus,dont 66 300 pour les femmes

Agroalimentaire

Industries

Construction et énergie

Economie numérique

Services

63 100 emplois

21 300 emplois

9700 emplois

540 emplois

92 300 emplois

Le secteur des services a bénéficié indirectementdes investissements de la Banque

Lignes : financement total aux secteurs proportionnels à l’épaisseur, avec desinvestissements spécifiques de la BAD

indiqués en vert

La part des emplois créés par lesactivités soutenues par la Banque

est indiquée en vert

116millions de $investis par la BAD

148millions de $du Gouvernement

du Sénégal

Mesurer l’impact sur le développement : Pour mieux mesurer son impact sur le développement, la Banque a mis en place l’approche de l’impact sur le développement—une méthode innovante pour évaluer dans quelle mesure les ressources investies ont des effets sur la croissance économique et la création d’emplois. Au Sénégal, nous avons utilisé un modèle d’équilibre général calculable pour évaluer notre contribution à l’emploi par le biais de nos investissements de 2014 à 2018.

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Chapitre 5 – Améliorer la qualité de vie des populations africaines

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Lors du Sommet de l’innovation en Afrique, qui s’est tenu à Kigali au Rwanda, nous avons lancé le Laboratoire d’innovation « Des emplois pour les jeunes en Afrique », dont l’objectif est de promouvoir les compétences et l’apprentissage et de créer des liens entre les organisations qui soutiennent la création d’entreprises à fort potentiel en Afrique. En collaboration avec le Fonds d’assistance au secteur privé, une plate-forme électronique est actuellement en phase de pilotage ; elle est conçue comme un marché à guichet unique, à l’échelle du continent, destinée aux incubateurs, accélérateurs et entrepreneurs.

Grâce à notre travail sur l’éducation et le développement des compétences, nous veillons à ce que les pays du continent soient équipés pour répondre aux besoins émergents de la 4RI et tirer parti des opportunités qu’elle offre. Au cours des 15 dernières années, les projets de la Banque dans le domaine de l’éducation ont investi plus de 1,64 milliard de dollars dans des programmes qui ont permis à 6 millions de jeunes et de femmes en Afrique d’acquérir les compétences nécessaires pour les emplois de demain.

Nos activités se sont concentrées sur le renforcement des compétences en STEM par des investissements dans des centres régionaux de connaissances et d’excellence, le dialogue politique et la mise en œuvre de programmes phares. Cette action contribuera à favoriser les possibilités de partage des connaissances par-delà les frontières, d’encourager l’innovation et de favoriser les liens avec les réseaux mondiaux.

La Banque a accueilli en Égypte le troisième Forum africain de l’innovation en science et en technologie, dialogue politique qui a débouché sur une déclaration ministérielle soulignant la nécessité de créer un Fonds africain de l’éducation. Nous avons également apporté notre soutien, en Afrique de l’Ouest, à l’amélioration de l’enseignement supérieur et à l’harmonisation des systèmes en vue d’améliorer l’intégration entre pays de la région.

En 2018, nos projets ont permis à 270 000 personnes de bénéficier d’un meilleur accès à l’éducation, dont 120 000 femmes. Nous avons également dispensé une formation technique et professionnelle dans toute l’Afrique : 178 000 personnes ont été formées grâce aux opérations de la Banque, dont 89 000 femmes. Il est nécessaire d’investir de manière soutenue dans les infrastructures d’enseignement technique et professionnel, tant matérielles qu’immatérielles, pour doter les jeunes de compétences adaptées aux besoins du marché du travail. Notre stratégie « Des emplois pour les jeunes en Afrique » vise à créer des opportunités par l’éducation et la formation, et à promouvoir un environnement favorable à l’esprit d’entreprise.

Pour promouvoir plus activement l’éducation à travers le continent et combler le déficit de financement, nous avons été à l’initiative de la création d’un Fonds africain pour l’éducation (AEF). En 2018, nous avons réalisé, en collaboration avec l’Association pour le développement de l’éducation en Afrique (ADEA), une étude de faisabilité qui a montré que l’AEF était faisable et que les gouvernements africains et autres parties prenantes de l’éducation s’y intéressaient vivement. Revitaliser et transformer les systèmes éducatifs pour soutenir une croissance inclusive et un développement durable est un engagement clé des ministres africains et des partenaires au développement.

Grâce à notre travail dans 22 pays du continent, nous avons soutenu l’utilisation des TIC dans l’éducation et la formation. Par exemple, notre projet d’Université virtuelle africaine a enregistré 23 095 étudiants dans des centres de téléapprentissage en ligne de tous les pays.

En 2018, environ 500 jeunes de cinq pays ont bénéficié d’une formation dans le cadre de notre programme Coding for Employment (Codage pour l’emploi). Au Malawi, nos projets contribuent à améliorer la qualité et la pertinence des compétences scientifiques, technologiques et industrielles pour la création d’emplois et l’employabilité des diplômés (voir encadré 26). En Guinée équatoriale, nous avons soutenu des formations techniques et professionnelles innovantes pour cadres moyens et supérieurs.

Nous avons également un portefeuille de projets visant à améliorer l’accès aux services de base essentiels. Nous finançons des projets

Les projets de la Banque dans le domaine de l’éducation ont investi plus de 1,64 milliard de dollars dans des programmes qui ont bénéficié à 6 millions de jeunes et de femmes

Encadré 26 Le point de vue des bénéficiaires

La Banque soutient l’éducation et la création d’emplois au Malawi, conformément à la stratégie de croissance et de développement du pays. Nous avons accordé un don de 14 millions de dollars pour le programme Enseignement supérieur, sciences et technologie (ESST).

Twambilire Mwambembe est étudiante en métrologie à l’université du Malawi : « Ce qui m’a poussée à faire des relevés quantitatifs, c’est de constater qu’il n’y avait pas beaucoup de femmes dans ce domaine ; ce qui m’a motivée. » L’appui de la Banque à l’ESST comprend des bourses d’étude, qui profitent pour 40 % à des femmes. « Sans l’aide du programme, je ne sais pas comment j’aurais pu financer mes études », déclare Mwambembe.

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d’alimentation en eau et d’assainissement dans les zones rurales et urbaines. En 2018, nous avons dépassé notre objectif en fournissant à 8,2 millions de personnes un accès nouveau ou amélioré à l’eau et à l’assainissement, dont la moitié sont des femmes.

Sur tout le continent, nos projets ont construit des infrastructures et mis en place un soutien institutionnel pour améliorer l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène. En Gambie, la construction de nouveaux systèmes d’alimentation en eau et d’assainissement a permis d’améliorer l’accès à l’eau et aux installations sanitaires respectivement à 65 000 et 19 750 personnes dans les zones concernées. Le projet comprenait également une importante campagne pour l’éducation à la santé publique et le renforcement des capacités institutionnelles.

En collaboration avec l’Agence française de développement (AFD) dans les régions de Dosso et de Tillaberi au Niger, nous avons fourni de l’eau et des installations sanitaires améliorées à 265 000 personnes. Les projets ont porté notamment sur la construction de 266 nouveaux forages et plus de 4000 latrines ; ils ont permis aussi de mettre en place de nouveaux réseaux d’eau potable et de former des ouvriers du bâtiment, des des travailleuses de proximité et des enseignantes.

Notre soutien a également contribué à répondre à des situations d’urgence. En Côte d’Ivoire, nous avons réagi aux inondations en finançant la construction et la remise en état d’infrastructures prioritaires de régulation des inondations, notamment des retenues d’eau et des blocs sanitaires publics, ainsi que la gestion et le traitement des déchets solides. Au Soudan, nous avons amélioré

l’accès à l’eau de plus de 750 000 personnes pour soutenir la reconstruction du pays et la paix. Bon nombre de nos projets prévoient aussi le renforcement des capacités, la planification des investissements et une sensibilisation à la santé publique.

L’appui de la Banque aux secteurs de la santé et de l’assainissement a joué un rôle de catalyseur. En Afrique de l’Ouest, notre soutien à la formation des agents de santé et à la construction d’installations sanitaires a contribué à mettre fin à la propagation d’Ébola et à renforcer les systèmes de santé publique. En Ouganda, l’amélioration des installations sanitaires publiques dans la division de Kawempe, à Kampala a permis de réduire l’incidence de la typhoïde, du choléra et de la diarrhée ; plus de 165 000 personnes en ont profité. Au Ghana, 89 200 personnes ont bénéficié de projets visant à améliorer l’assainissement et la gestion des déchets dans les bidonvilles.

Jalons dans la mise en œuvre d’innovations visant à améliorer la vie des populations

Initiatives et projets en aide à l’emploi pour les jeunesDans le cadre de la Stratégie de la Banque pour l’emploi des jeunes en Afrique (2016–2025), nous renforçons le soutien à l’emploi et à l’esprit d’entreprise. Au cours des 10 prochaines années, nous entendons créer 25 millions d’emplois et aider 50 millions de jeunes en les armant des compétences nécessaires. Nous finançons des programmes pour soutenir cette stratégie et créons des partenariats afin d’améliorer les opportunités pour les jeunes sur l’ensemble du continent.

Notre programme Codage pour l’emploi créera 130 centres d’excellence et formera 234 000 jeunes d’ici à 2020. Nos collaborations avec Rockefeller, Microsoft, Facebook et Safaricom permettront de proposer aux femmes et aux jeunes une formation en TIC axée sur la demande. La Banque travaille également avec

Nos projets ont construit des infrastructures et mis en place un soutien institutionnel pour améliorer l’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à l’hygiène

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Ce qui a bien fonctionné Ce qui n’a pas bien fonctionné

S’assurer de la participation des intervenants locauxPour la mise en œuvre des projets et la durabilité de leurs résultats, il importe d’établir des partenariats avec les collectivités locales et les parties prenantes au niveau communautaire. Dans notre projet d’accès à l’eau au Darfour, le fait de concentrer notre engagement sur les autorités nationales sans concertation avec les autorités locales a entraîné des retards. La Banque devra veiller à ce que les projets intègrent activement les parties prenantes au niveau local.

Maximiser l’impact par une meilleure coordination des activités du projetIl est indispensable d’assurer une bonne coordination entre l’alimentation en eau et l’assainissement si l’on veut récolter pleinement les bénéfices sanitaires d’un projet. Au Mozambique, le manque de coordination entre les différents secteurs publics a entravé la capacité de la Banque à améliorer l’accès à l’eau potable et à l’assainissement. La Banque devrait soutenir une meilleure coordination entre les diverses institutions et parties prenantes du secteur de l’eau et de l’assainissement au cours de la mise en œuvre des projets.

Établir une coopération des partenariats efficaces dans le cadre de programmes régionaux Les programmes régionaux de santé exigent des mécanismes de collaboration efficaces associés à des modalités de mise en œuvre souples et adaptables. Le recours à l’Organisation mondiale de la santé pour coordonner toutes les parties prenantes a permis de réagir efficacement à l’épidémie du virus Ébola. La Banque devrait encourager de telles approches, en particulier dans les pays confrontés à des problèmes de capacité.

Choisir la technologie appropriée au niveau de la conception du projetLe succès d’un projet peut dépendre du choix d’une technologie appropriée au niveau de sa conception. En Gambie, l’utilisation de systèmes de pompage solaires pour l’approvisionnement en eau, plutôt que de systèmes électriques, s’est révélée rentable, fiable, conviviale et adaptée aux zones rurales.

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Chapitre 5 – Améliorer la qualité de vie des populations africaines

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l’Institut africain de mathématiques et de sciences à la création, en Afrique, d’une institution de recherche menée par l’industrie. Notre partenariat avec la Fondation Ford offrira une formation à 100 PME pour améliorer les relations commerciales des femmes et des jeunes du secteur pétrolier et gazier en Ouganda et au Kenya.

Nous nous efforçons de rendre l’agriculture plus attrayante pour les jeunes, en inversant la fuite des compétences à travers le continent. Depuis 2016, nous avons investi plus de 800 millions de dollars pour aider les jeunes entrepreneurs en agriculture de plus de 15 pays. Au cours des 10 prochaines années, nous prévoyons de mobiliser plus de 1,5 milliard de dollars par an en soutien aux agripreneurs.

Initiatives et projets dans le secteur socialLa Banque continuera d’appuyer des initiatives et des projets visant à améliorer la santé et la qualité des services sociaux. Nous utiliserons notre position de partenaire de confiance et notre pouvoir de rassemblement pour renforcer la collaboration entre secteurs et utiliserons des technologies intelligentes pour relever les défis d’un accès limité à l’eau et à l’assainissement.

En même temps que la Facilité africaine de l’eau (FAE), nous avons signé un accord de financement de 14,5 millions de dollars avec la Fondation Bill et Melinda Gates (BMGF) pour contribuer à relever le défi de l’assainissement, en particulier pour les populations urbaines pauvres. Nous préparerons des projets pour suivre les investissements tout au long de la chaîne de valeur de l’assainissement, et, par ailleurs, nous évaluerons la faisabilité de créer un Fonds d’investissement pour l’assainissement urbain en Afrique (AUSIF) afin de renforcer les investissements dans l’assainissement.

Nous avons appelé à accroître les investissements dans le secteur de la santé pour parvenir à une couverture universelle. Le Plan d’action multisectoriel pour la nutrition (2018–2025) de la Banque vise à réduire de 40 % le nombre d’enfants en retard de croissance sur le continent d’ici 2025. Notre objectif est de donner une dimension nutritionnelle à nos investissements dans les secteurs de l’eau, de l’assainissement et de l’hygiène.

Projets nouvellement approuvésAu Maroc, en 2018, nous avons approuvé pour 96 millions de dollars de projets visant à améliorer l’accès des jeunes et des femmes au marché du travail, notamment en contribuant à améliorer la qualité des emplois et à créer des centres de formation professionnelle. Au Sénégal, nous soutenons les chaînes d’approvisionnement agricoles et investissons dans l’énergie, l’eau et les infrastructures de transport, au bénéfice de 3 millions de personnes. Au Malawi, nous accordons un don de 15 millions de dollars pour créer des emplois et améliorer les moyens de subsistance de près de 300 000 personnes.

En RDC, notre soutien de 84 millions de dollars contribuera à mettre en place des chaînes responsables d’approvisionnement en minerai de cobalt et aidera 6250 personnes à réintégrer le secteur agricole. Le projet aidera également les enfants exclus du système scolaire et menacés d’exclusion sociale, vulnérables à l’exploitation et exposés aux conflits armés.

Dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement, nous fournirons 62 millions de dollars pour financer le projet d’alimentation en eau et d’assainissement des villes stratégiques en Ouganda. Prévu pour couvrir 10 villes sur cinq ans, il aidera le gouvernement à assurer une alimentation en eau potable et l’assainissement pour 390 000 personnes, ce qui améliorera leur santé et leur productivité. Au Gabon, notre soutien de 86 millions de dollars contribuera à réduire le déficit en eau potable à Grand Libreville, au profit de 920 000 personnes. À Eswatini, nous avons approuvé un prêt de 52 millions de dollars pour des services d’eau et d’assainissement qui amélioreront la vie de plus de 67 000 personnes.

En collaboration avec la Banque européenne d’investissement et le Fonds de l’OPEP pour le développement international, nous apporterons 130 millions de dollars de financement supplémentaire au Programme d’approvisionnement en eau et d’assainissement durables afin d’améliorer l’accès aux services d’alimentation en eau de 1,5 million de Rwandais.

En Tunisie, nous apporterons 88 millions de dollars pour aider les villes de moins de 10 000 habitants à améliorer leurs systèmes d’assainissement et à créer des emplois pour les jeunes. Au Maroc, nous avons approuvé un prêt de 132 millions de dollars pour financer des investissements dans le traitement de l’eau qui amélioreront l’alimentation en eau potable de 2,5 millions de personnes.

Au Kenya, nos prêts, d’un montant de 267 millions de dollars, permettront d’achever les travaux de construction du barrage de Thwake et de stocker 681 millions de m3 d’eau, qui seront utilisables pour la production d’électricité, l’irrigation et la consommation humaine. Nous investissons également 71 millions de dollars dans l’amélioration des égouts, dans le bassin de la rivière Nairobi, projet qui profitera à 500 000 personnes.

En Éthiopie, la Banque a approuvé un don de 123 millions de dollars pour renforcer la transparence et la responsabilisation, et améliorer la participation des citoyens à la fourniture des services de base.

Dans le cadre de notre Stratégie pour l’emploi des jeunes en Afrique, nous continuerons d’aider les jeunes Africains à acquérir les compétences dont ils ont besoin pour réussir dans leurs emplois et leurs entreprises. Nous intensifierons également notre action en faveur de l’accès universel à l’eau et à l’assainissement. Ensemble, nos stratégies et nos investissements permettront à des millions de personnes de trouver un emploi, d’améliorer leurs moyens de subsistance et de moins subir la pauvreté.

Nous nous efforçons à rendre l’agriculture plus attrayante pour les jeunes, en inversant la fuite des compétences à travers le continent

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Renforcer l’environnement des affairesLes pays africains progressent rapidement dans l’amélioration de leurs systèmes de gestion du secteur public, mais la gouvernance reste un défi dans de nombreux domaines. La Banque fournit un appui institutionnel pour renforcer les institutions ouvertes et responsables.

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Chapitre 6

Domaines transversaux et stratégiques

La Banque intègre dans ses opérations, ses travaux sur les connaissances et son dialogue sur les politiques, un ensemble de dimensions transversales et stratégiques afin de maximiser le rendement de ses investissements dans le développement : gouvernance et renforcement institutionnel, fragilité, changement climatique et égalité des genres. Autant de questions cruciales par rapport à nos High 5, aux ODD et à notre

objectif d’ensemble de promouvoir, en Afrique, une croissance verte et inclusive.

L’Afrique fait des progrès constants dans bon nombre de ces domaines transversaux. Dans l’ensemble, la qualité de la gouvernance s’est améliorée, même s’il reste des défis à relever pour répondre aux besoins d’une population jeune en croissance rapide. La Banque aide les pays africains à améliorer l’efficacité et la transparence de leur Gestion des finances publiques (GFP), en particulier dans les situations fragiles, à soutenir les services sociaux et à améliorer le climat des affaires. Nos projets aident les pays à renforcer leur résilience au changement climatique et à faciliter l’accès des femmes au financement pour qu’elles puissent mieux développer leurs entreprises.

Renforcer les institutions pour des économies plus inclusives et plus vertes

La croissance économique sur le continentLa croissance économique en Afrique devrait se développer à moyen terme, en raison de l’amélioration de la situation budgétaire et du recul de l’inflation. En 2019, près de la moitié des dix économies les plus dynamiques se situeront en Afrique. Selon les Perspectives économiques en Afrique 2019 de la Banque, les moteurs de la croissance se rééquilibrent progressivement ; la contribution de l’investissement à la croissance du PIB réel a nettement augmenté, passant de 14 % en 2015 à 48 % en 2018, tandis que la contribution de la consommation, historiquement la principale source de croissance, est passée de 55 % en 2015 à 48 % en 2018. Les efforts pour promouvoir l’intégration et le commerce, comme l’accord sur la ZLEC, continueront d’accroître les opportunités de croissance tirées par le secteur privé.

En 2018, la croissance moyenne du produit intérieur brut réel a été de 3,5 % et, dans les pays à faible revenu, de 5,6 %. L’Éthiopie, le Rwanda, le Ghana, la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Bénin, le Kenya, l’Ouganda et le Burkina Faso sont parmi les pays du continent dont la croissance est la plus rapide et qui continueront d’afficher une forte croissance. Le PIB par habitant (en dollars constants 2010) est passé en Afrique à 2001 dollars. La poursuite des réformes et de l’intégration contribuera à améliorer les moyens de subsistance et la productivité.

Notre Stratégie décennale est axée sur une croissance inclusive et durable. Pour veiller à ce que nos investissements soient les plus efficaces possibles, nous prenons en compte les questions transversales en lien avec la durabilité : gouvernance et renforcement des institutions, fragilité, changement climatique et égalité des genres.

Gouvernance et renforcement des institutionsDans l’ensemble, les progrès de l’Afrique en matière de gouvernance restent lents. L’indice Mo Ibrahim sur la gouvernance africaine classe l’Afrique à 50 sur une échelle de 0 à 100. Au cours de la dernière décennie, trois Africains sur quatre ont vécu dans des pays où la gouvernance publique s’est améliorée, les progrès les plus importants ayant été enregistrés en Côte d’Ivoire, au Maroc et au Kenya.

Toutefois, le continent sera confronté à des défis liés aux attentes croissantes d’une population jeune de plus en plus nombreuse, attentes qui portent notamment sur la demande d’éducation et d’opportunités économiques. Les indicateurs clés de développement ne suivent pas le rythme de la croissance économique. La situation de l’éducation s’est dégradée dans une moitié des pays

Le continent devra relever les défis associés aux attentes d’une population jeune en croissance rapide

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Chapitre 6 – Domaines transversaux et stratégiques

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africains au cours des cinq dernières années, et la détérioration de l’environnement des affaires empêche la population de prospérer, malgré une croissance économique soutenue.

La gouvernance macroéconomique et la mobilisation des ressources intérieures se sont améliorées. Alors que la dette augmente sur

l’ensemble du continent, 16 pays sont considérés comme à haut risque de surendettement. D’après les Perspectives économiques en Afrique 2019, le ratio moyen dette publique/PIB est de 53 %, avec de grandes variations selon les pays. Il n’y a donc pas de risque systémique de crise de la dette. La poursuite de l’amélioration de la gestion des dépenses publiques et de la mobilisation des recettes peut contribuer à mieux tirer parti de la dette pour attirer des investissements privés et renforcer les marchés intérieurs de capitaux. À cette fin, la Banque a lancé l’Indice obligataire africain pour encourager les investissements dans des obligations en monnaie nationale africaine et soutenir l’intégration des marchés de capitaux africains afin de faciliter les cotations croisées entre bourses de valeurs.

Les pays ont déployé des efforts considérables pour renforcer leurs politiques et leurs administrations fiscales, et plusieurs d’entre eux ont réussi à consolider leur situation budgétaire. Dans l’ensemble, les ratios impôts/PIB et épargne/PIB ont respectivement augmenté de 14.3% à 15.8% et de 15.5% à 16.0% entre 2006 et 2016, mais il importe d’améliorer l’efficience des finances publiques. La corruption, la mauvaise gestion des finances publiques et les flux financiers

La corruption, la mauvaise gestion des finances publiques (GFP) et les flux financiers illicites entravent la capacité des gouvernements à fournir les services sociaux de base

Encadré 28 Le système de suivi électronique du Zimbabwe

L’appui de la Banque à l’Administration fiscale du Zimbabwe a porté notamment sur l’amélioration des TIC — Système de suivi électronique du fret (ECTS), système d’exploration et d’analyse des données et infrastructure de serveurs Super Cluster — mais aussi sur des programmes de formation du personnel pour améliorer le recouvrement efficient et efficace des impôts.

Système efficace de lutte contre la contrebande et la fraude en matière de transit, l’ECTS augmente les recettes du Trésor ; à la suite de son lancement, la perception des taxes a augmenté de 25,6 % entre avril 2016 et avril 2017. En mai 2017, il a augmenté de 1,8 % et en juin de 6,4 %. L’ECTS a également réduit la congestion aux points d’entrée en éliminant les contrôles physiques, les scanners et les escortes, ce qui a permis de réduire les coûts opérationnels.

Le Gouvernement zimbabwéen continuera de mettre en œuvre des stratégies pour lutter contre la corruption et accroître les recettes.

Tableau 6 Indicateurs des questions transversales et stratégiques (Niveau 1 et Niveau 2)

INDICATEUR ENSEMBLE DES PAYS AFRICAINS PAYS FAD

INDICATEURS DES QUESTIONS TRANSVERSALES ET STRATÉGIQUES — LES PROGRÈS EN AFRIQUE (NIVEAU 1)

Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

Croissance du produit intérieur brut (%) 3,6 3,5 3,8 4,2 5,1 5,6

PIB par habitant ($ constant de 2010) 1 941 2 001 2 157 2 660 791 876

Indice Mo Ibrahim de la gouvernance africaine (échelle 0 bas –100 haut) 50 50 51 52 47 48

Recettes budgétaires fiscales et non fiscales (pourcentage du PIB) 16,1 16,5 16,7 18,0 13,1 14,1

Indice d’inégalité entre les genres (0 bas – 1 haut) 0,53 0,52 0,49 0,40 0,59 0,57

Efficacité de la production (émissions de kg de CO2 par $ constant de 2010 de PIB) 0,55 0,57 0,42 0,12 0,28 0,29

Résilience aux chocs liés à l’eau (indice de 0 vers le haut – faible résilience)1 3,5 4,0 3,68 4,10 2,21 2,28

Nombre de réfugiés et de déplacés intérieurs (millions) 17,5 23,9 12,3 Vers 0 16,1 21,2

INDICATEURS DES QUESTIONS TRANSVERSALES ET STRATÉGIQUES — LES CONTRIBUTIONS DE LA BAD (NIVEAU 2)

Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

Pays bénéficiant d’une amélioration de la qualité de gestion budgétaire et financière (nombre ↔ EPIP)

6 4 3 38 5 3

Pays bénéficiant d’une amélioration de la transparence et de la responsabilisation dans le secteur public (nombre ↔ EPIP)

5 4 1 6 4 4

Pays bénéficiant d’une amélioration des systèmes de passation de marchés (nombre ↔ EPIP)

2 1 3 36 1 1

Pays bénéficiant d’une amélioration de l’environnement concurrentiel (nombre ↔ EPIP)

3 2 1 15 2 1

Atteint 95 % ou plus de la cible de 2018 Atteint moins de 95 % de la cible de 2018 mais supérieur à la valeur de référence Atteint moins que la valeur de référence Les données ne sont pas disponibles pour mesurer les progrès

1 La méthodologie utilisée pour cet indicateur rend compte des progrès annuels et ne prend pas en compte le niveau de référence.

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Chapitre 6 – Domaines transversaux et stratégiques

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illicites entravent la capacité des gouvernements à fournir les services sociaux de base.

La Banque a contribué à renforcer les systèmes de GFP dans les pays membres régionaux en améliorant les systèmes d’administration fiscale et la transparence sur les ressources naturelles, et en luttant contre les flux financiers illicites. Par exemple, nous avons soutenu la mise en place d’une autorité fiscale et de systèmes modernes de gestion des douanes au Libéria, entraînant une augmentation des recettes fiscales nationales de 14 % de 2010/2011 à 2015/2016 ; établi et rendu opérationnels des mécanismes pour lutter contre la fraude douanière à Madagascar avec un ratio recettes fiscales/PIB qui a atteint 11,4 % en 2017, contre 10,8 % l’année précédente ; et réduit les procédures de dédouanement de 96 heures en 2012 à 72 heures en 2015 en Guinée grâce à l’installation d’un système automatisé. (L’encadré 28 décrit notre soutien au Zimbabwe dans ce domaine.)

Globalement, les recettes fiscales et non fiscales ont augmenté, atteignant 16,5 % du PIB en moyenne contre 16,1 % en 2015. Pour les pays à faible revenu, les recettes sont passées de 13,1 % à 14,1 % du PIB. Nous avons aidé quatre pays à améliorer la qualité de leur gestion budgétaire et financière, soit plus que notre objectif, et quatre autres à améliorer la transparence et la responsabilité dans le secteur public, soit largement plus que notre cible. Nous avons aidé un pays à améliorer ses systèmes de passation de marchés.

Au Tchad, par exemple, notre soutien a contribué à améliorer l’efficacité et la transparence de la gestion des finances publiques, à accroître l’efficacité des dépenses publiques et à améliorer la mobilisation des recettes. Un nouveau code général des impôts et un nouveau code des marchés publics ont été adoptés, ainsi qu’une nouvelle loi de révision budgétaire et un code de la transparence et de la bonne gouvernance pour la GFP. En conséquence, la part des dépenses sociales en pourcentage des dépenses budgétaires totales ont atteint environ 22 % en 2015, soit bien au-delà de l’objectif fixé à 19 %.

Au Soudan, notre soutien a renforcé la capacité de gestion de la dette grâce à l’installation et à la mise à niveau d’un logiciel de gestion de la dette et au renforcement de la capacité de gestion de la dette des ministères, aux niveaux fédéral et sous-national et de la Banque centrale, en veillant à ce que plus de 50 % des 45 stagiaires soient des femmes.

Cependant, une évaluation du bureau de l’évaluation indépendante du développement de la Banque de nos programmes d’appui budgétaire a également révélé plusieurs facteurs limitant notre influence sur la trajectoire ou la vitesse des réformes. Celles-ci comprenaient l’impossibilité de fournir un ensemble complet de mesures de soutien, allant du dialogue sur les politiques à l’analyse et l’assistance technique en plus du soutien financier, et la capacité limitée des pays à mettre en œuvre les réformes.

Nos programmes ont renforcé la capacité du secteur public à encourager le développement du secteur privé. Nous avons dépassé

notre objectif en aidant deux pays à améliorer leur environnement concurrentiel.

Au Mozambique, la Banque, à travers une opération basée sur un programme de mesures, a appuyé la mise en place d’un guichet unique électronique pour l’immatriculation des entreprises, l’enregistrement auprès des autorités fiscales et des régimes sociaux, et la révision de la stratégie nationale en faveur des PME. Ces mesures ont élargi les possibilités de création ou de développement des entreprises et des emplois, en particulier pour les jeunes, les femmes et les MPME. Elles ont également amélioré la position du pays sur l’Indice de gouvernance des ressources naturelles 2017, en renforçant la transparence des industries extractives conformément aux normes de l’ITIE. Au Ghana, l’appui de la Banque a aidé le pays à améliorer son indice de compétitivité mondiale 2017–2018.

Sortir de la fragilitéLa fragilité en Afrique prend une dimension transfrontalière de plus en plus sensible. La mauvaise gestion des ressources naturelles, les maladies et les conflits traversent les frontières nationales, avec des

La mauvaise gestion des ressources naturelles, les maladies et les conflits traversent les frontières nationales, avec des conséquences sur l’ensemble d’une région

Figure 20 Augmentation du nombre de réfugiés et de déplacés en Afrique

Réfugiés et personnes déplacées à l’intérieur de leur pays millions de personnes, 2010–2017

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Afrique Centrale Afrique de l’Est Afrique du Nord Afrique australe Afrique de l'Ouest

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conséquences sur l’ensemble d’une région. Cette migration a lieu à la fois en Afrique et hors d’Afrique vers l’Europe. En outre, les contextes de fragilité, de conflit et de violence peuvent nuire aux efforts d’intégration régionale et décourager les investissements privés.

En 2018, on comptait 23,9 millions de ● personnes réfugiées ou déplacées, contre 17,5 millions en 2015. Les crises en cours dans la région des Grands Lacs, au Soudan du Sud et dans le bassin du Niger ont contribué en grande partie à cette explosion (voir figure 20).

La Banque est déterminée à renforcer la résilience face à la fragilité sur l’ensemble du continent. Notre objectif est de nous attaquer aux causes profondes, notamment le changement climatique, les migrations et les conflits régionaux. Nous avons aidé les pays membres régionaux qui sortent d’un conflit ou sont menacés de fragilité à renforcer leurs principales institutions de gouvernance économique, notamment pour améliorer les systèmes de contrôle budgétaire, accroître la transparence et la responsabilité dans l’utilisation des ressources publiques, moderniser les systèmes fiscaux pour mieux mobiliser les ressources intérieures, soutenir le développement du secteur privé, promouvoir le commerce transfrontalier et aider à la négociation de contrats internationaux et au règlement des litiges.

Dans les pays en transition comme le Tchad, la Guinée, Madagascar et la République centrafricaine, nous avons aidé les gouvernements à rétablir les fonctions essentielles de l’État en ce qui concerne la perception des recettes et la gestion des finances publiques, et à mettre en place des filets de sécurité sociale durables pour réduire la vulnérabilité. À Madagascar, notre soutien aux réformes de la gestion économique a contribué à élargir l’espace budgétaire, permettant ainsi au gouvernement d’investir dans les secteurs sociaux prioritaires, tels que l’éducation, la santé et les services des eaux.

L’an dernier, nous avons lancé une Évaluation sur la résilience et la fragilité pour prévenir la fragilité des pays. Nous avons également accueilli à Abidjan le deuxième Forum africain pour la résilience afin

d’encourager des partenariats et des débats à même de renforcer la résilience des populations les plus vulnérables.

En outre, nous avons approuvé une prise de participation de 25 millions de dollars dans la Banque pour le commerce et le développement afin d’étendre les activités de cette dernière dans des contextes fragiles, notamment au Burundi, en République démocratique du Congo, en Somalie et au Soudan. Notre programme « Dites non à la famine » a répondu aux besoins humanitaires immédiats de 800 000 Somaliens touchés par la sécheresse et la famine.

Adaptation au changement climatique Le changement climatique représente un risque important pour l’Afrique. Quatre des cinq pays du monde les plus vulnérables aux changements climatiques se trouvent en Afrique. Les niveaux élevés de pauvreté, l’insécurité alimentaire, les filets de sécurité limités, la mauvaise gestion des ressources naturelles et la forte dépendance à l’égard de l’agriculture de subsistance augmentent la vulnérabilité des pays africains. Les impacts climatiques affectent déjà des millions de personnes sur le continent, compromettant la productivité agricole et faisant basculer ces personnes dans la faim et la malnutrition.

De plus en plus de pays étant confrontés à des pénuries d’eau, il importe de mettre en place des stratégies d’adaptation pour renforcer la résilience aux chocs liés à l’eau. La Banque apporte son soutien à la gestion et au développement des eaux transfrontalières en investissant dans les infrastructures, le renforcement des capacités de gestion des ressources et la protection des bassins fluviaux et lacustres essentiels. (Voir la section Nourrir l’Afrique.) La Facilité africaine de l’eau est le principal instrument par lequel nous soutenons ces projets. La

Les impacts climatiques affectent déjà des millions de personnes sur le continent

Encadré 29 Les Fonds d’investissement climatique après dix ans de fonctionnement

En 2018, les Fonds d’investissement climatique (FIC) ont fêté leurs 10 années d’existence. Au cours de la dernière décennie, les FIC se sont efforcés d’intégrer le financement de la lutte contre le changement climatique et de catalyser des transformations à l’échelle mondiale. En Afrique, la Banque et les Fonds d’investissement climatique travaillent de concert pour engager des investissements dans les énergies renouvelables, la foresterie et les solutions de résilience. La Banque a ainsi engagé environ 830 millions de dollars d’investissements dans les FIC, qui ont mobilisé 12,3 milliards de dollars supplémentaires de cofinancement de la part de financeurs des secteurs public et privé.

Ces projets comprennent des investissements dans l’énergie éolienne, géothermique et solaire qui amélioreront l’accès à l’énergie, réduiront les émissions de gaz à effet de serre et créeront des emplois. Au Maroc, un investissement de la Banque de 512 millions de dollars permettra de construire trois parcs éoliens et des installations de stockage d’eau, et de raccorder 75 000 foyers au réseau. En Afrique du Sud, notre investissement dans l’énergie solaire à concentration devrait créer avec le temps plus de 1400 emplois verts.

Au Ghana, nous soutenons la restauration et la plantation durable de 11 700 hectares de réserves forestières dégradées, processus qui créera 1100 emplois et améliorera la séquestration du carbone. Nos projets au Mozambique renforceront la capacité des communautés à faire face aux effets néfastes du changement climatique et entraîneront une augmentation de 150 % des revenus des petits exploitants agricoles et des entrepreneurs ruraux de la région en les aidant à mieux résister aux effets négatifs du changement climatique.

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Banque collabore également avec l’Africa Risk Capacity, le Fonds vert pour le climat et le Fonds pour l’environnement mondial afin de fournir aux pays une assurance contre les risques de sécheresse et de conditions climatiques adverses dans le cadre de l’Alliance financière africaine de lutte contre le changement climatique.

Bien que l’Afrique représente moins de 4 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, elle a encore beaucoup à faire pour améliorer son efficience dans ce domaine ; selon l’indicateur d’efficacité de la production, le continent produit 0,57 kg de CO2 par dollar de PIB. Certains pays, comme l’Afrique du Sud ou le Nigeria, sont encore trop dépendants des centrales à charbon ou des générateurs diesel.

La Banque a intégré le changement climatique et la croissance verte dans ses opérations. Nous avons aidé à renforcer les capacités de 14 centres climatiques nationaux, contribuant ainsi à mettre en place des systèmes d’alerte rapide à 300 millions de personnes. Nous travaillons de plus en plus avec des partenaires tels que les Fonds d’investissement climatique afin de mobiliser des financements pour investir dans des programmes liés au climat et aux énergies renouvelables (voir encadré 29). Les énergies renouvelables et les solutions hors réseau peuvent transformer la vie des communautés rurales et réduire les émissions de carbone (voir encadré 30). La Banque encourage également les centres financiers africains à réorienter leurs portefeuilles vers des investissements résilients au climat et à faible émission de carbone.

La question de l’égalité des genresL’indice d’inégalité entre les genres en Afrique est de 0,52 sur une échelle de 0 à 1, ce qui représente un progrès lent vers l’égalité. Ce chiffre montre que les femmes continuent de se heurter à un grand nombre d’obstacles dans leur participation à la vie économique, notamment à des discriminations légales

et à des normes et stéréotypes sexistes négatifs. Les femmes prennent également en charge une part disproportionnée des soins aux enfants, aux malades et aux personnes âgées. Parmi les femmes économiquement actives, plus de la moitié gagnent leur vie dans le secteur agricole et, souvent, elles sont les principales productrices et transformatrices d’aliments ; malgré cela, elles n’ont toujours pas de droits sur l’utilisation ou la propriété des terres. Par ailleurs, la participation des femmes à la vie politique demeure — à quelques exceptions près — très inégalitaire.

Les investissements de la Banque visent, conformément à sa Stratégie du genre, à soutenir les femmes et à les aider à sortir de la pauvreté. En 2017, nous avons mis en place un système de marqueurs de genre qui a considérablement amélioré l’intégration de cette dimension dans les objectifs, les résultats ou les produits de nos projets. Ce système nous aidera de plus en plus à formuler des activités et des objectifs spécifiques pour autonomiser les femmes et promouvoir l’égalité entre les sexes dans nos opérations.

Notre projet de santé au Soudan met particulièrement l’accent sur l’amélioration de la santé des femmes, notamment par la formation de 40 000 professionnelles de santé de proximité et par l’utilisation novatrice de la téléphonie mobile pour partager les informations sanitaires. Ce projet, qui accorde une grande place à la santé maternelle et reproductive ainsi qu’à la détection et au traitement précoces du cancer, est conforme à la politique soudanaise d’autonomisation des femmes.

La Banque s’est également engagée à améliorer l’accès des femmes au financement. En Tunisie, nous cherchons à élargir l’accès des groupes en situation vulnérable aux services financiers, en particulier pour les femmes et les jeunes. Le programme a amélioré l’accès aux prêts des femmes chefs d’entreprise grâce à la mise en place de produits de financement qui leur sont destinées.

L’Action positive pour le financement en faveur des femmes en Afrique (AFAWA), menée par la Banque, vise à réunir 300 millions

L’égalité dans la participation des femmes à la vie politique demeure un défi majeur en Afrique

Encadré 30 Initiative « Du désert à l’énergie » : projet d’électrification rurale de Yeleen

La pénurie d’énergie demeure un obstacle important au développement de l’Afrique. Pour y répondre, la Banque a lancé une initiative solaire dans le désert, appelée « Du désert à l’énergie », qui s’étendant sur toute la région du Sahel, devrait fournir 10 GW d’énergie solaire d’ici 2025 et alimenter en électricité verte 250 millions de personnes. Cette initiative, fruit d’une collaboration avec le Fonds vert pour le climat, permettra de mobiliser des capitaux du secteur privé grâce à un financement mixte.

Le projet d’électrification rurale de Yeleen est le premier à avoir été engagé dans le cadre de cette initiative. Grâce à des systèmes photovoltaïques décentralisés, il fournira une énergie hors réseau à 150 000 foyers du Burkina Faso. Les populations rurales auront accès à 100 % d’énergie renouvelable, pour une période d’environ 16 heures par jour. Le projet réduira les émissions de CO2 de 15 500 tonnes par an en moyenne et contribuera au développement du secteur agricole dans les zones rurales.

Les énergies renouvelables et les solutions hors réseau peuvent transformer la vie des communautés rurales et réduire les émissions de carbone

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de dollars et à en mobiliser 3 milliards d’ici 2025 pour mettre en place des services financiers et non financiers destinés aux femmes d’affaires. En partenariat avec la Fondation Entreprenarium, nous travaillons à former 1000 femmes entrepreneurs dans cinq pays ; 400 ont déjà été formées en Côte d’Ivoire, au Gabon et au Kenya. L’AFAWA s’associe également à l’Initiative de financement en faveur des femmes entrepreneurs pour mobiliser des ressources de façon à faire face aux contraintes financières et non-financières auxquelles sont confrontées les PME dirigées par des femmes en Afrique.

En cohérence avec l’AFAWA, nous avons lancé l’Initiative Fashionomics Africa, axée sur la capacité des industries culturelles et créatives africaines à stimuler la création d’emplois et promouvoir l’autonomisation économique des femmes. À l’heure actuelle, plus de 500 entrepreneurs du textile et de la mode ont été formés, dont 70 % de femmes. Nous développons également le marché numérique de Fashionomics Africa et son application mobile, avec des fonctionnalités de e-commerce ; une phase pilote est en cours dans cinq pays africains (Côte d’Ivoire, Éthiopie, Nigeria, Afrique du Sud et Kenya).

Nous avons également créé deux centres d’incubation pour soutenir des entreprises technologiques dirigées par des femmes au Rwanda et au Soudan. En Afrique de l’Ouest, nous travaillons avec 16 femmes entrepreneurs à développer leurs activités dans le secteur de l’énergie.

La Banque met actuellement en place un portail de données en ligne sur l’égalité des genres ; il constituera pour les pays membres régionaux une plate-forme ouverte donnant accès aux principales statistiques relatives à l’égalité des genres et aidera le personnel à

produire des données ventilées par sexe, à accéder à des graphiques prêts à la publication et à suivre les effets de leurs opérations sur les questions de genre.

Nouveaux programmes dans les domaines transversaux et stratégiquesLe renforcement de la bonne gouvernance en Afrique est une dimension essentielle de l’intégration régionale. En 2018, la Banque a accordé la priorité aux programmes qui contribuent à améliorer la gouvernance institutionnelle, à relever les normes de gestion des finances publiques et à harmoniser les cadres politiques.

En 2018, nous avons approuvé un nouveau programme visant à soutenir les travaux du Mécanisme africain d’évaluation par les pairs en faveur de l’intégration régionale, et notamment la recherche pour promouvoir les meilleures pratiques en matière d’intégration régionale et d’harmonisation des politiques. Nous avons également approuvé deux projets, au Ghana et en Côte d’Ivoire, qui amélioreront la coordination entre les secteurs du cacao des deux pays.

En Namibie, nous avons approuvé 217,8 millions de dollars pour renforcer la gestion des finances publiques et la qualité des dépenses du secteur public. L’appui de la Banque permettra d’améliorer le recouvrement des recettes, l’efficience des dépenses publiques et la gestion de la dette, et de faciliter les investissements pour le développement du secteur industriel et des PME. Il mettra également en place les bases de l’industrialisation grâce à des réformes de l’environnement des affaires.

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Ce qui a bien fonctionné Ce qui n’a pas bien fonctionné

Maintenir l’engagement à conduire les réformes Les réformes structurelles exigent une approche soutenue et globale, qui consolide les acquis sur plusieurs années. Au Zimbabwe, la Banque a soutenu un projet institutionnel visant à renforcer la transparence et la responsabilité dans la passation des marchés publics et la gestion des ressources minérales. Bien que les capacités aient été renforcées, les résultats recherchés n’ont pas été pleinement atteints, ce qui témoigne du caractère politiquement sensible des réformes, qui nécessitaient une approche globale et soutenue, plutôt qu’une approche à court terme. Pour mener ses réformes structurelles, la Banque doit donner la priorité aux programmes à moyen et à long terme.

Assurer une plus grande coordination entre les partenaires au développement Lors d’un projet visant à améliorer la gestion des finances publiques au Libéria, les partenaires au développement n’avaient pas à leur disposition de cadre de rapport de suivi et d’évaluation harmonisé. Par conséquent, les exigences multiples des bailleurs de fonds ont initialement entravé le suivi et les comptes-rendus de résultats dans les délais impartis ; ces problèmes ont dû alors être résolus au moment de la mise en œuvre. S’assurer d’une bonne coordination entre les bailleurs de fonds, à tous les niveaux de la mise en œuvre des projets, du suivi et de l’élaboration des rapports est capital pour l’obtention de meilleurs résultats.

Se concentrer sur la réalisation des objectifs stratégiques du pays L’appui au renforcement institutionnel est plus efficace lorsque les mesures de réforme sont ciblées et clairement liées au programme de réformes d’un pays. Au Malawi, la Banque a contribué à renforcer la mobilisation des recettes grâce à la modernisation des systèmes de gestion douanière, au renforcement des capacités et à la mise en œuvre de la législation. Ces mesures ont permis de réduire le temps de dédouanement pour les échanges transfrontaliers de 2 à 3 jours en 2013 à 2 heures en 2017, et d’améliorer l’environnement des affaires.

Se concentrer sur le rôle d’influence La Banque peut jouer un rôle central en veillant à ce que son appui budgétaire donne des résultats. Dans le cadre de notre soutien au programme de la gestion des finances publiques au Ghana et au programme de compétitivité des secteurs privé et de l’énergie, la Banque, à travers son bureau pays, a été étroitement associée au dialogue politique avec le gouvernement et d’autres partenaires au développement, notamment la Banque mondiale et le FMI, afin de veiller à ce que les autorités soient en bonne voie pour mettre en œuvre les réformes du secteur de l’énergie et d’autres réformes de GFP. Au cours du programme, des progrès ont été accomplis, le déficit budgétaire ayant été réduit au-delà de l’objectif envisagé.

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Nous continuons à soutenir la mobilisation des ressources intérieures sur l’ensemble du continent. Au Lesotho, nous avons signé un accord de prêt pour soutenir la modernisation fiscale et renforcer l’efficacité de l’administration des impôts. En RDC, nous avons engagé 21,4 millions de dollars pour consolider les gains de la réforme fiscale en augmentant la mobilisation des ressources et en renforçant la responsabilisation.

Au Niger, nous avons engagé 42,7 millions de dollars à l’appui des réformes et du programme de résilience économique du pays. Ces actions amélioreront la mobilisation fiscale, la transparence du système de passation des marchés, l’accès à l’électricité et à l’eau, la productivité agro-pastorale et l’autonomisation des femmes. Elles soutiendront également la création d’emplois et la protection de l’environnement.

La Banque s’emploie à édifier des économies inclusives et durables. En Égypte, nous appuyons la mise en œuvre du programme de développement à moyen terme du gouvernement, programme qui vise à jeter les bases d’une croissance économique inclusive et autonome. En Tanzanie, la Banque collabore avec le gouvernement pour bâtir une économie résiliente tirée par le secteur privé, en améliorant la gouvernance économique et financière. Au Tchad, nous avons approuvé 20,9 millions de dollars pour soutenir une reprise économique durable grâce à une meilleure gestion des finances publiques et à un meilleur climat d’investissement.

Au Gabon, nous avons approuvé 72 millions de dollars pour contribuer à une croissance forte et inclusive en améliorant le

climat d’investissement, en renforçant la capacité institutionnelle et en diversifiant l’économie. Nous avons également approuvé un montant supplémentaire de 113,2 millions de dollars pour renforcer l’assainissement des finances publiques, réduire le déficit budgétaire et accroître les recettes non pétrolières.

Au Cameroun, la Banque a approuvé 170 millions de dollars pour accélérer la croissance et réduire la pauvreté et le chômage. Cette aide permettra de consolider les dépenses publiques et de renforcer la gouvernance et la compétitivité dans les secteurs productifs. Elle contribuera également à améliorer la qualité des routes et des infrastructures énergétiques, ainsi que de l’environnement juridique et réglementaire.

La Banque contribue à renforcer la résilience des populations et des écosystèmes du bassin du Niger par une gestion durable des ressources, notamment en réduisant l’envasement et en aidant les populations à s’adapter aux changements climatiques.

Pour obtenir des résultats durables à l’échelle voulue, nous continuerons de nous concentrer, lors de la conception de nos programmes, sur les domaines transversaux et stratégiques. Nous restons déterminés à améliorer la gouvernance économique et la transparence en aidant les pays à mieux mobiliser et gérer leurs ressources intérieures et à renforcer leur résilience face à la fragilité et aux changements climatiques, et à veiller à ce que l’égalité des genres soit prise en compte dans toutes nos opérations. Ces orientations permettront à nos investissements dans les High 5 de produire la transformation économique attendue et d’atteindre les ODD.

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Renforcer l’industrie du bâtimentLe secteur des infrastructures est un moteur de croissance économique. Il soutient les emplois et offre aux industries des espaces pour la production de biens qui sont vendus sur tout le continent. Au Burkina Faso, nous étendons le réseau électrique pour fournir de l’énergie aux ménages et aux entreprises.

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Chapitre 7

Améliorer notre efficacité et notre impact sur le développement

La qualité de la performance est une condition essentielle pour obtenir des résultats. À la Banque, notre objectif est de maximiser notre impact et d’améliorer la qualité de notre portefeuille en mobilisant davantage de ressources d’investissement, mais aussi en attirant et en développant les talents dont nous avons besoin.

Le présent chapitre montre que, globalement, la Banque a réalisé d’importants progrès qui lui permettent d’obtenir de meilleurs résultats de développement et d’accroître sa valeur ajoutée. Nous restons attachés à l’amélioration continue de la qualité de nos opérations grâce à des réformes efficaces. Nous avons réalisé de grandes avancées en veillant à ce que les questions transversales, comme le genre et le climat, soient prises en compte dans la conception de nos programmes (le financement pour le climat représente aujourd’hui 33 % de nos approbations). Nos réformes internes ont conduit à renforcer la responsabilisation, rationaliser les processus et encourager les talents et la diversité au sein de notre personnel. Nous avons réussi à étendre notre empreinte au niveau des bureaux pays et des bureaux régionaux, ce qui nous a rapprochés de nos clients et nous a permis d’obtenir de meilleurs résultats dans la réalisation de nos cinq grandes priorités (les High 5) et dans la poursuite des Objectifs de développement durable (ODD).

1 Ce chiffre exclut les fonds spéciaux.

Récolter les résultats d’une Banque qui agit comme « Une seule Banque »En 2018, la Banque a poursuivi la mise en œuvre de ses réformes internes afin de gagner en efficacité dans la réalisation de ses High 5. Elle a mis l’accent sur le renforcement de ses capacités, notamment au niveau des bureaux pays, sur la responsabilisation et sur l’harmonisation des normes et des processus pour faire en sorte que nous agissions en tant qu’ « Une seule Banque ». Nous avons maintenant une présence régionale plus forte, avec 41 bureaux pays, ce qui nous permet de travailler au plus près des parties prenantes de nos projets et d’obtenir de meilleurs résultats de développement.

Avoir un impact en renforçant la responsabilisation En 2018, la Banque a approuvé des projets d’une valeur de 8,7 milliards de dollars (6226 millions d’UC)1, soit une augmentation de 14 % par rapport à 2017. La soutenabilité de la dette et les questions socioéconomiques demeurent fréquentes dans certains pays membres, mais nous avons déployé des efforts considérables au cours de l’année pour améliorer l’état de préparation des projets et rationaliser leur exécution.

Nous nous efforçons d’aligner nos projets sur les objectifs de la Stratégie décennale (2013–2022) par le biais des priorités de nos High 5. Nos rapports d’achèvement de projet montrent que 89 % des

Notre plus forte présence régionale nous permet de travailler au plus près des parties prenantes de nos projets et d’obtenir de meilleurs résultats de développement

Figure 21 La Banque accroît son impact sur le développement et améliore son approche de mesure

Opérations ayant atteint les résultats prévus de développement

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Opérations achevées avec des résultats durables

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Opérations achevées avec un rapport remis dans les temps

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● opérations achevées ont donné les résultats de développement escomptés, ce qui se rapproche de notre objectif de 92 %, et que 91 % de nos ● opérations achevées ont donné des résultats durables. Nos RAP identifient les enseignements à retenir pour améliorer d’une année à l’autre la conception et la mise en œuvre des projets.

L’Évaluation indépendante du développement (IDEV) de la Banque évalue également les RAP de manière indépendante afin d’apprécier la fiabilité des évaluations des équipes opérationnelles. Bien qu’il manque malheureusement des données pour les ● RAP évalués de manière indépendante en 2018, l’IDEV a fourni pour 2016 et 2017 des chiffres qui se situent respectivement à 78 % et à 76 % des RAP évalués jugés satisfaisants et supérieurs à l’achèvement ; ce qui démontre le niveau relatif de réalisme des auto-évaluations.

Nous élaborons actuellement de nouvelles approches pour renforcer la responsabilisation et l’impact sur le développement, notamment sous la forme de projets axés sur les résultats, où les fonds sont

décaissés en fonction de ce qui a été effectivement réalisé. Ces instruments financiers visent également à accroître la durabilité des projets. En 2018, nous avons approuvé nos tout premiers projets de financement axés sur les résultats, l’un au Maroc pour améliorer l’accès à l’emploi et au développement des compétences, l’autre au Rwanda pour développer l’accès à des sources d’énergie fiables sur réseau et hors réseau.

Nous avons élaboré un plan d’action pour l’assurance qualité afin d’améliorer la qualité et les résultats de nos opérations. Ce plan d’action prioritaire en dix points est fondé sur une évaluation des systèmes existants de gestion et d’assurance qualité. Il introduit des réformes à court et à moyen terme (2019–2021) qui comprendront le renforcement des compétences du personnel opérationnel par le biais d’une Académie des opérations, l’amélioration de la préparation des projets, l’assurance d’une meilleure qualité à l’entrée, l’amélioration des outils et pratiques de gestion des résultats, la promotion d’une approche plus active de la supervision et l’amélioration de la planification, de la budgétisation et de la performance.

Tableau 7 La BAD gère-t-elle ses opérations efficacement ? (Niveau 3)

INDICATEUR BAD FAD

Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible Référence 2015

Derniers chiffres 20182018 2025

ACCROÎTRE L’IMPACT SUR LE DÉVELOPPEMENT

Opérations ayant atteint les résultats prévus de développement (%) 90 89 92 >95 90 86

Opérations évaluées satisfaisantes à leur achèvement par une entité indépendante1 (%)

77 .. 78 >80 63 ..

Opérations achevées avec des résultats durables (%) 90 91 91 >93 90 96

Opérations achevées avec un rapport remis dans les temps (%) 60 85 90 >95 64 86

EXÉCUTER DES OPÉRATIONS DE QUALITÉ EN TEMPS OPPORTUN

Qualité des documents de stratégie pays (échelle 1 bas – 4 haut) 3 3,1 3,2 >3,7 3 3

Qualité des nouvelles opérations (échelle 1 bas – 4 haut) 3,3 3,3 3,4 >3,7 3,3 3,3

Délai entre la note conceptuelle et le premier décaissement (mois) 21,9 21 19 >11,0 23,9 21,3

Opérations comportant des mesures d’atténuation satisfaisantes (%) 87 80 89 >95 92 68

Nouvelles opérations dont la conception prend en compte le genre2 (%) 75 87 81 >95 84 86

Nouveaux projets dont la conception tient compte des questions climatiques (%) 75 85 81 >95 90 85

RENFORCER LA PERFORMANCE DU PORTEFEUILLE

Taux de décaissement du portefeuille en cours (%) 21 21,9 22 24 18 18,6

Temps d’acquisition des biens et travaux (mois) 8,5 6,5 7,8 6 8,5 6,5

Contrats d’acquisition utilisant les systèmes nationaux (% de la valeur) 0 21 6 20 0 21

Opérations non performantes – Opérations à risque (%) 15 8 13 8 18 10

Opérations non performantes – Opérations éligibles à l’annulation (%) 25 27 21 12 31 32

Projets confrontés à des défis de mise en œuvre et à des retards (%) 29 23 25 15 29 27

Fourniture dans les temps des rapports des portefeuilles pays (%) 57 52 62 75 65 69

REHAUSSER LES SERVICES DE CONNAISSANCES ET DE CONSEILS

Nouvelles études économiques et sectoriels et documents connexes (nombre) 122 253 151 217 110  232

Nous avons atteint totalement ou à 90 % la cible de 2018 Nous avons atteint entre 80 % et 90 % de la cible de 2018 Nous avons atteint moins de 80 % de la cible de 2018 Les données font défaut pour mesurer le progrès

1 Données de référence mises à jour sur la base de l’évaluation indépendante de 52 opérations.2 La méthodologie est en cours de révision avec la mise en œuvre du Système de marqueurs de genre.

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Chapitre 7 – Améliorer notre efficacité et notre impact sur le développement

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Nous utilisons les résultats des évaluations pour améliorer la qualité et l’impact de nos prêts, et nous suivons chaque trimestre la mise en œuvre des recommandations d’évaluation adoptées par le biais du Système d’enregistrement des actions de la Direction (MARS). Depuis le lancement de MARS en 2017, la Banque a porté de 32 % à 65 % la part des actions menées à bien en réponse aux recommandations (voir figure 22), ce qui permet de s’assurer que les nouveaux projets et les nouvelles stratégies tirent parti des enseignements du passé.

Nos réformes internes ont fait d’une priorité l’établissement de rapports en temps opportun. L’an dernier, nous avons porté la proportion ● d’opérations achevées avec un rapport remis dans les temps à 85 %. La Banque se classe aujourd’hui au 4e rang des banques multilatérales de développement selon l’Indice indépendant de transparence de l’aide. Ce rang reflète nos capacités opérationnelles et l’efficacité de nos systèmes et processus. Sur notre nouveau portail de données, nous fournissons en temps opportuns des rapports précis et complets sur les activités de développement ; nous opérons actuellement une transition vers des rapports de résultats en temps réel.

Gérer les opérations pour assurer l’efficacité du développementAu cours de l’année écoulée, la Banque a approuvé de nouveaux cadres stratégiques nationaux et régionaux visant à améliorer l’impact et la qualité de ses travaux. La ● qualité des Documents de stratégie pays (DSP) a été évaluée à 3,1 dans nos revues sur l’état de préparation, contre 3 en 2015 ; cette échelle de 1 à 4 évalue la conformité, les procédures et les facteurs financiers. La ● qualité des nouvelles opérations a été évaluée à 3,3, comme en 2015. Nous nous attendons à ce que ce chiffre s’améliore avec l’adoption d’un nouvel outil d’évaluation des résultats et une revue des normes de qualité à l’entrée pour les DSP.

La réduction des retards dans la préparation des projets contribue à leur efficacité. En effet, le ● délai entre la note conceptuelle et le premier décaissement a été de 21 mois, contre 21,9 mois en 2015. Notre ● taux de décaissement est demeuré stable à 21,9 %, soit presque notre objectif de 22 %. Nous continuerons de suivre la performance des décaissements et de collaborer étroitement avec les pays membres régionaux pour améliorer l’état de préparation des projets et la capacité institutionnelle.

Dans la conception des projets, nous accordons une attention particulière aux questions transversales afin de garantir la durabilité des résultats. En ce qui concerne le genre, 87 % des ● nouvelles opérations intègrent cette dimension au stade de leur conception, soit mieux que notre objectif de 81 %. Nous continuons de veiller à ce que cette question soit pleinement prise en compte dans la

conception des projets et dans tous les rapports d’évaluation de projets. Nous avons déployé neuf spécialistes du genre dans les bureaux régionaux et notre système de marqueurs de genre garantit que des mesures de lutte contre les inégalités entre les genres soient sont prises en compte dans l’élaboration des politiques, la stratégie, le renforcement des capacités, la conformité et la gestion des connaissances, ainsi que dans la mobilisation des ressources. Le Plan d’actions sur l’engagement de la Banque avec la société civile, actuellement à l’étude, devrait être finalisé en 2019. La Banque a également entièrement mis en place une Division de la société civile et déployé du personnel dans les régions pour soutenir l’intégration des organisations de la société civile et des communautés dans

Figure 22 Statut de mise en œuvre des actions enregistrées dans MARS

Achevés En cours En suspens

0%

20%

40%

60%

80%

100%

Fév. 2019Sept. 2018Mar. 2018Sept. 2017

671 692 776 847

• La taille du cercle est proportionnelle au nombre d'actionsauxquelles la Direction s'est engagée depuis 2012.

Nous continuons de veiller à ce que la question du genre soit pleinement prise en compte dans la conception des projets et dans tous les rapports d’évaluation de projets

Figure 23 La Banque améliore la qualité de ses projets, tout en accélérant leur mise en œuvre

Qualité des documents de stratégie pays

(échelle 1–4)

Délai entre la note conceptuelle et le premier décaissement

(mois)

Opérations comportant des mesures d’atténuation satisfaisantes

(%)

Nouvelles opérations dont la conception prend en compte

le genre (%)

Nouveaux projets dont la conception tient compte des questions

climatiques (%)

2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Cible Réalisé

2,8

3,43,1

1815

21

76

85

9280

87 87

70

85 87

Revu

e A

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019

71

Chapitre 7 – Améliorer notre efficacité et notre impact sur le développement

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les projets et programmes de la Banque. Les efforts en cours pour renforcer l’engagement de la Banque auprès des OSC contribueront à promouvoir l’inclusion, et à maximiser l’impact et la durabilité de nos programmes de développement.

En matière d’environnement, 80 % de nos ● opérations ont été assorties de mesures satisfaisantes d’atténuation des risques environnementaux/sociaux, contre 87 % en 2015 et 90 % en 2017. Cette baisse de performance est attribuée au manque de ressources adéquates pour soutenir l’acquisition des projets ainsi que leur mise en œuvre pour évaluer l’efficacité des mesures d’atténuation.

Par ailleurs, 85 % de nos ● nouvelles opérations intègrent le climat au stade de leur conception, ce qui est supérieur à notre objectif de 81 %. Conformément à notre Plan d’action II sur le changement climatique (2016–2020), nous collaborons avec les mécanismes mondiaux de financement de la lutte contre le changement climatique pour cofinancer les projets de la Banque dans le domaine de la production d’énergies renouvelables, de l’efficacité énergétique, des transports durables et de la gestion durable des ressources naturelles. Collectivement, ces actions accompagneront la

transition du continent vers une croissance et un développement peu producteurs de carbone et résilients au climat.

Renforcer la performance du portefeuilleLa Banque poursuit la mise en œuvre de réformes en matière de passation des marchés et procède à des évaluations approfondies et au renforcement des capacités des systèmes d’acquisition dans les pays membres régionaux. En conséquence, nous avons augmenté notre part de ● contrats utilisant des systèmes nationaux, qui est passée de zéro en 2015 à 21 % de la valeur en 2018. Le ● délai d’acquisition des biens et des travaux a été de 6,5 mois en 2018, contre 8,5 mois en 2015, soit mieux que notre objectif de 7,8 mois. Nous continuerons d’assurer un soutien quotidien aux projets pour renforcer les capacités et améliorer la qualité.

En 2018, 23 % de nos ● projets ont connu des difficultés et des retards de mise en œuvre, ce qui représente une amélioration significative par rapport à 2015 suite aux efforts proactifs de nettoyage du portefeuille. La part de nos ● opérations éligibles à l’annulation a été de 27 % en 2018, ce qui est en-dessous de notre référence de 2015, mais une amélioration de notre chiffre de 2017 (29 %).

L’état d’avancement des projets continue d’être affecté par les retards dans la mobilisation des fonds de contrepartie nationaux, les difficultés de mobilisation des fonds par les cofinanciers, la lenteur dans l’exécution des contrats de projets et les retards dans le traitement et la transmission des demandes de paiement qui s’expliquent par le non-respect des règles et procédures de la Banque. La direction continuera à surveiller la performance de son portefeuille grâce à une supervision vigoureuse des projets et à des réunions périodiques avec les autorités nationales.

La Banque a accru sa capacité à superviser son portefeuille et à traiter les opérations non performantes. Entre autres mesures, elle a recruté des responsables pour l’appui à la mise en œuvre et a créé une Unité des opérations spéciales (SOU) pour les projets du secteur privé (voir encadré 32).

La Banque continuera de suivre activement son portefeuille, en prenant des mesures correctives et en annulant les opérations non performantes afin de continuer à améliorer sa performance. Grâce aux mesures prises, certains projets qui devaient être annulés ont été remis sur les rails, et les premiers décaissements sont en cours de traitement. Grâce à nos efforts pour améliorer la gestion des risques à l’étape de la planification et de la conception des projets, 8 % seulement des projets ont été classés ● à risque, soit moins qu’en 2015.

L’an dernier, 52 % de nos ● rapports de performance sur le portefeuille pays ont été achevés dans les temps. Ces rapports annuels vérifient la santé de nos portefeuilles dans les pays. Les rapports en suspens ont été retardés en raison de difficultés de traitement, mais, compte tenu de la capacité accrue des responsables pays et des chargés de programme, ils devraient être prêts pour 2019.

Encadré 32 Unité des opérations spéciales

En 2016, la Banque a créé une Unité des opérations spéciales (SOU) pour améliorer les projets du secteur privé en difficulté. L’Unité cherche à préserver la valeur financière des investissements et parallèlement, à atténuer le risque pour la réputation, améliorer l’impact sur le développement et partager les meilleures pratiques.

En intervenant rapidement sur les prêts non performants, l’Unité a dépassé ses objectifs en matière de recouvrement de prêts en 2018. Six projets d’un montant total de 317 millions de dollars (228,15 millions d’UC) sont actuellement à différents niveaux d’intervention. Il y a de fortes chances que deux d’entre eux soient transférés vers un autre mécanisme financier et de gestion, ce qui réduira le ratio des prêts non performants.

Figure 24 La Banque est confrontée à des défis de portefeuille, tout en améliorant ses acquisitions

Taux de décaissement du portefeuille en cours

(%)

Temps d’acquisition des biens et travaux

(mois)

Opérations non performantes – Opérations à risque

(%)

Opérations non performantes – Opérations éligibles à l’annulation

(%)

Fourniture dans les temps des rapports des portefeuilles pays

(%)

2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Cible Réalisé

24

9

18

8

48

11

7

23

17

68

21,9

6,5

8

27

52

72

Chapitre 7 – Améliorer notre efficacité et notre impact sur le développement

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Nous générons des connaissances qui aident à mieux comprendre les défis du développement, à améliorer l’efficacité des opérations et à éclairer la conception des programmes

Devenir une banque du savoirLa Banque joue un rôle de premier plan en matière de recherches économiques et statistiques sur l’ensemble du continent. En collaborant avec un large éventail de partenaires, nous générons des connaissances qui aident à mieux comprendre les défis du développement, à améliorer l’efficacité des opérations et à éclairer la conception des programmes.

En 2018, nous avons présenté un grand nombre de notes d’orientation portant sur des questions intersectorielles et sur la réalisation des High 5. Nous avons lancé des publications phares, telles que Perspectives économiques en Afrique 2018, et soutenu l’intégration en tentant d’harmoniser les informations statistiques recueillies sur tout le continent et en lançant des initiatives telles que l’autoroute africaine de l’information et la plate-forme OpenData. Nous avons également mis à profit notre position pour organiser des activités de partage des connaissances et de renforcement des capacités à l’appui de l’intégration régionale, telles que la Conférence économique africaine.

Nous avons également fourni un renforcement des capacités et une assistance technique à nos pays membres régionaux pour améliorer la mise en œuvre opérationnelle. Plus de 500 membres d’unités d’éxecution de projets répartis dans dix pays ont bénéficié d’ateliers de formations fiduciaires en 2018. Des dialogues et des formations sur les politiques ont été organisés dans des domaines tels que la gestion fiscale, les partenariats public-privé, le changement climatique et d’autres thèmes pertinents.

En 2018, nous avons produit 253 ● nouvelles études économiques et sectorielles, dépassant ainsi notre objectif de 151. Il peut s’agir, par exemple d’une évaluation de l’impact du Plan Sénégal émergent sur l’emploi, d’une étude sur la facilitation du commerce et la compétitivité des exportations en Angola, ou encore d’une étude sur la création d’emplois et le renforcement du capital humain.

Maximiser le financement et attirer des talents pour renforcer notre impactLa Banque s’est engagée à gérer efficacement ses opérations afin d’en accroître l’impact et d’atteindre les cinq grandes priorités. Nous continuons à travailler avec nos partenaires pour mobiliser des ressources et fournir une assistance technique. Conformément aux réformes internes, nous nous rapprochons de nos clients et dotons notre personnel des compétences et de l’expérience nécessaires pour qu’il mène nos opérations de manière optimale.

En 2018, la Banque a décaissé 6067 millions de dollars (4365 millions d’UC). Nous mobilisons les financements des secteurs public et privé pour renforcer notre impact, tout en veillant à la meilleure utilisation possible des ressources de nos clients.

Catalyser les ressources du développement et améliorer la gestion financièreLa Banque continue de cofinancer des projets avec d’autres organismes internationaux de développement. L’an dernier, 6,95 milliards de dollars (5,04 milliards d’UC) ont été ● mobilisés auprès du secteur public, par rapport à un objectif fixé à 7,5 milliards de dollars (5,3 milliards d’UC). Ce montant comprend 104 millions de dollars de l’Union européenne et de la BEI pour le projet de réhabilitation routière au Sénégal, et 149 millions de dollars de la Banque mondiale et du FMI pour l’appui aux réformes et au programme de résilience économique au Niger.

La Banque mobilise également des fonds par l’intermédiaire de fonds fiduciaires bilatéraux et multidonateurs. En 2018, nous avons ainsi mobilisé 234 millions de dollars, dont une contribution de la Fondation Bill & Melinda Gates, pour soutenir le Fonds pour l’inclusion numérique en Afrique, et la contribution de la Commission européenne au Fonds fiduciaire pour les infrastructures en Somalie.

Pour promouvoir une croissance inclusive et durable, nous faisons également appel au financement du secteur privé en partageant les risques d’investissement (voir encadré 26 dans le chapitre 4). Ceci contribue à mobiliser davantage de capitaux privés et à stimuler la transformation économique. En 2018, nous n’avons mobilisé que 3,3 milliards de dollars (2,36 milliards d’UC) de ● ressources auprès du secteur privé, contre 8,2 milliards en 2015, par rapport à un objectif de 9 milliards (6,4 milliards d’UC). Ce chiffre est meilleur

Figure 25 La Banque travaille à améliorer son niveau de co-financement

Engagements de la Banque en relation avec le climat

(%)

Revenu total de la Banque (millions d’UC)

Ressources mobilisées d’entités du secteur public

(milliards d’UC)

Ressources mobilisées d’entités du secteur privé

(milliards d’UC)

2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Cible Réalisé

93,2

271124,7

3,5

5,35,0

5,8 6,4

2,4

1532 40

Pour promouvoir une croissance inclusive et durable, nous faisons également appel au financement du secteur privé

Revu

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sur l’Efficacité

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73

Chapitre 7 – Améliorer notre efficacité et notre impact sur le développement

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qu’en 2017, mais il est inférieur aux prévisions parce que plusieurs projets n’ont pas été clôturés financièrement à la fin de 2018. L’absence d’études techniques, les retards dans l’obtention des fonds pour la préparation des projets et les problèmes de viabilité des projets ont également affecté les performances. Par exemple, deux projets d’une valeur de 92 millions d’UC ont été reportés à 2019 afin de résoudre certains problèmes de risque et d’audit avec les clients.

Nous intervenons activement pour que ces investissements se concrétisent cette année. Notre Facilité en faveur du secteur privé contribue à accroître le volume du financement dans les pays à faible revenu, et nous avons introduit de nouvelles politiques pour guider et optimiser nos projets du secteur privé (voir encadré 33). Nous prenons également des mesures pour catalyser davantage d’investissements privés provenant de nouvelles sources de capitaux, telles que les compagnies d’assurance (voir encadré 34).

Le ● revenu total de la Banque a été de 173 millions de dollars (124,7 millions d’UC) en 2018, soit une baisse par rapport aux 365 millions dollars en 2017. Cette diminution s’explique en grande

Tableau 8 La BAD est-elle une organisation efficiente ? (Niveau 4)

INDICATEUR Référence 2015

Derniers chiffres 2018

Cible

2018 2019 2020 2025

SE RAPPROCHER DES CLIENTS POUR AMÉLIORER LE SERVICE

Part du personnel professionnel basé dans les bureaux nationaux et régionaux (%) 40 53 54 58 63 85

Projets gérés depuis les bureaux nationaux (%) 60 77 68 70 73 85

AMÉLIORER LA PERFORMANCE FINANCIÈRE ET MOBILISER LES RESSOURCES

Engagements de la Banque en relation avec le climat1 (%) 15 32 32 35 40 ..

Revenu total de la Banque (millions d’UC) 93,2 124,7 271 271 271 2710

Ressources mobilisées d’entités du secteur public (milliards d’UC) 3,5 5 5,3 5,3 5,3 53

Ressources mobilisées d’entités du secteur privé (milliards d’UC) 5,8 2,4 6,4 6,4 6,4 64

AMÉLIORER LE RAPPORT COÛT/EFFICACITÉ

Coûts administratifs pour 1 million d’UC dépensé (milliers d’UC) 98,9 91 95 94 93 87

Coût de l’environnement de travail par personne (milliers d’UC) 3,6 3,5 3 3 3 3

Coût de préparation d’un projet de prêt (milliers d’UC) 85,6 128 83 83 82 78

Coût de soutien à la mise en œuvre des projets (milliers d’UC) 19,7 28 19 19 19 18

IMPLIQUER LE PERSONNEL POUR UNE MEILLEURE PERFORMANCE

Indice d’engagement du personnel2 (%) 64 .. 70 72 74 83

Indice de l’efficacité de la direction (%) 48 .. 54 56 58 68

Proportion de femmes dans le personnel (%) 26,7 30 30 31 32 38

Proportion de femmes dans le personnel de direction (%) 29,4 26 32 33 34 38

Taux de vacance net de postes professionnels (%) 16 12 14 13 13 9

Durée de recrutement moyen des nouveaux personnels (jours) 223 116 183 170 157 90

Personnel professionnel chargé des opérations (%) 67 66 68 68 69 70

Nous avons atteint totalement ou à 90 % la cible de 2018 Nous avons atteint entre 80 % et 90 % de la cible de 2018 Nous avons atteint moins de 80 % de la cible de 2018 Les données font défaut pour mesurer le progrès

1 L’unité de mesure de cet indicateur est passée du suivi du volume des engagements à la mesure de la part des engagements de la Banque liés au climat par rapport au total de ses engagements. Ceci reflète les objectifs fixés dans le plan d’action 2016–2020 sur les changements climatiques approuvé par le Conseil d’administration en 2017. Aux fins de l’exercice ADER, l’objectif de 40 % est maintenu inchangé jusqu’en 2020. De nouveaux objectifs seront déterminés pour la période 2021–2025.

2 Corrections — La RAED 2018 contenait une erreur sur la valeur de cet indicateur. La valeur de la référence 2015 était de 64, non de 73. La valeur de la cible 2018 était de 70, non de 75 et celle de la cible 2019 était de 72, non 76.

Encadré 33 Stimuler le développement du secteur privé sur le continent

Le guichet secteur privé de la Banque vise à accélérer la transformation du continent par divers mécanismes d’appui financier : prêts, lignes de crédit, garanties, financements mixtes, prises de participation et financements commerciaux. Il contribue à maximiser l’impact catalytique des ressources de la Banque tout en favorisant une croissance inclusive et verte dans les pays membres régionaux. Il permet également d’accroître les financements dans les cinq grands domaines prioritaires (High 5) de la Banque.

En septembre 2018, la Banque a approuvé sa politique relative aux opérations non souveraines, qui complète son Cadre stratégique d’ensemble pour le développement du secteur privé et oriente ses activités de prêt au secteur privé. La nouvelle politique permettra de veiller à ce que les projets soient bien préparés, techniquement, économiquement et financièrement solides, durables sur le plan environnemental et social, et capables de produire des résultats de développement significatifs.

74

Chapitre 7 – Améliorer notre efficacité et notre impact sur le développement

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partie par des changements de normes comptables et par les effets d’une valorisation défavorable du marché. À la suite des exercices de révision de la notation de juillet 2018, les agences de notation ont réaffirmé la notation AAA de la Banque avec perspective stable, ce qui confirme la solidité du capital de la Banque, sa gestion financière prudente, ses liquidités élevées, son statut de créancier privilégié et l’appui solide de ses actionnaires. Malgré la qualité de ce profil, les paramètres prudentiels de la Banque atteignent les seuils de déclenchement d’une augmentation de capital, prévue lors de l’approbation de la sixième augmentation générale de capital (AGC-VI).

Financement pour le climatLa Banque continue de renforcer son soutien aux pays en développement dans le sens d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre et d’une meilleure résilience face aux effets des changements climatiques. En 2018, nous avons consacré 32 % de nos engagements au ● financement pour le climat, atteignant ainsi notre objectif de 23 %. Nous sommes donc en passe d’atteindre l’objectif que nous nous sommes fixés dans le deuxième Plan d’action sur le changement climatique (2016–2020), à savoir consacrer 40 % du total des approbations annuelles au financement du climat d’ici à 2020. Nous mobilisons également des financements auprès de fonds internationaux pour le climat et du secteur privé pour poursuivre nos objectifs dans ce domaine. Cette année, par exemple, nous avons obtenu notre première approbation du Fonds vert pour le climat, qui apportera une aide au Cadre de financement des énergies renouvelables en Zambie.

Améliorer le rapport coût-efficacitéEn mettant en œuvre des réformes internes, nous encourageons une gestion plus efficiente de la Banque et offrons à nos clients un meilleur rapport coût-efficacité. Sur ce plan, nos ● coûts administratifs par million d’UC décaissés ont diminué, passant de 98 900 UC en 2015 à 91 000 en 2018. C’est plus qu’en 2017, année où les décaissements avaient atteint un niveau record et où les coûts d’exploitation n’avaient augmenté que modérément. Cette année, la poursuite des réformes et l’achèvement des recrutements essentiels au niveau des bureaux pays ont augmenté nos coûts, mais ceux-ci restent inférieurs à notre objectif.

Le coût de notre ● environnement de travail par poste a été de 4868 USD (3500 UC) en 2018, soit une légère augmentation par rapport à 2017 en raison des coûts plus élevés de la sécurité des bâtiments et de l’électricité. Nous réfléchissons aux mesures à prendre pour atténuer ces coûts en 2019.

Le ● coût de préparation d’un projet de prêt est passé de 126 500 USD en 2017 à 178 000 USD (128 000 UC), et le ● coût d’appui à la

mise en œuvre du projet se situe à 39 000 USD (28 000 UC), contre 28 400 dollars en 2017. Ce chiffre s’explique par une augmentation du volume de travail liée aux travaux sur les connaissances et au développement commercial que nous entreprenons ainsi qu’à l’accroissement net de nos effectifs par recrutement, d’augmentations de salaire au mérite et de dépenses de consultants pour réaliser les grandes priorités du programme de travail. Nous sommes déterminés à étudier les moyens de réaliser des économies dans la mise en œuvre du programme de travail de la Banque.

Nous poursuivrons la mise en œuvre de notre stratégie numérique afin de réorganiser les processus de la Banque et de contribuer à

Encadré 34 Initiative Room2Run

Le G20 et le G7 ont appelé les banques multilatérales de développement à explorer des moyens novateurs d’optimiser leurs bilans afin d’atteindre les 2500 milliards de dollars annuels nécessaires pour réaliser les objectifs de développement durable. Il s’agit notamment de prendre des mesures pour catalyser davantage l’investissement privé, en particulier sur les marchés à haut risque, et de puiser dans des sources de capitaux plus importantes, comme les fonds de pension, les fonds souverains et les compagnies d’assurance.

Dans le cadre de son initiative « Room2Run », la Banque collabore avec l’Africa Trade Insurance Agency pour encourager les assureurs britanniques à soutenir les marchés africains. L’assurance-crédit est un instrument qui suppose un marché spécialisé dont la pénétration est actuellement faible en Afrique, mais qui pourrait jouer un rôle plus actif.

La Banque a également conclu sa toute première opération de titrisation synthétique avec le Mariner Investment Group et Africa50. Couvrant un portefeuille de 1 milliard de dollars de prêts de la Banque en faveur des infrastructures et du secteur financier, elle aura un impact positif sur le ratio capital ajusté/risque et sur le taux d’utilisation du capital risque de Standard and Poor’s ; elle se traduira par une marge de manœuvre supplémentaire de plus de 1 milliard de dollars pour les prêts.

Figure 26 L’efficience de la Banque dans la gestion de ses opérations est optimisée

Coûts administratifs pour 1 million d’UC décaissés

(’000 UC)

Coût de l’environnement de travail par poste

(‘000 UC)

Coût de préparation d’un projet de prêt

(‘000 UC)

Coût du soutien à la mise en œuvre des projets

(‘000 UC)

2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Cible Réalisé

92

3,7

71

92

3

81

91

4

128

28

19

28

Nous sommes déterminés à étudier les moyens de réaliser des économies dans la mise en œuvre du programme de travail de la Banque

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019

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Chapitre 7 – Améliorer notre efficacité et notre impact sur le développement

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en faire une « banque intelligente ». Ce volet comprend la mise à niveau de notre infrastructure informatique en appui aux réformes de la Banque et à la réalisation des High 5. Dans l’ensemble, il nous aidera à améliorer nos opérations et notre efficience, notre prestation de services, notre gouvernance et la mobilisation des ressources nationales.

Rapprocher la Banque de ses clientsLa réforme de notre structure pour nous rapprocher de nos clients et pouvoir atteindre nos High 5 est un aspect essentiel de nos réformes.

Nous disposons désormais de cinq plateformes régionales de développement, d’intégration et de prestation de services,

dirigées chacune par un directeur général. Ces bureaux régionaux regroupent les experts sectoriels compétents et les fonctions et capacités administratives pertinentes selon un modèle de services partagés qui permet d’intervenir rapidement dans les pays. Nous avons également rationalisé notre structure au siège et transféré certaines fonctions aux bureaux régionaux et aux bureaux pays, et nous avons accru notre présence dans les pays en transition.

En outre, pour accélérer la décentralisation et assurer le bon dimensionnement et le bon mélange de compétences dans les bureaux régionaux et les bureaux pays, la direction a affiné la structure organisationnelle de sa Matrice de délégation de pouvoirs. Cette structure clarifie la répartition des responsabilités entre

le siège, les régions et les complexes sectoriels, et renforce en conséquence la capacité et l’autorité des bureaux régionaux et des bureaux pays. Le personnel sera mieux à même de travailler de façon transversale, et la rationalisation des structures favorisera la cohérence entre les responsables de projets et les spécialistes sectoriels.

Notre ● personnel opérationnel est basé à 53 % dans les bureaux pays et les bureaux régionaux, soit un peu moins que notre objectif de 54 %. Cette nouvelle configuration nous permet de renforcer le dialogue politique avec les pays membres régionaux et les organismes donateurs. Toutes les fonctions fiduciaires pertinentes (acquisitions, gestion financière et décaissements) et tout le personnel opérationnel, y compris les responsables et les chefs de projet, seront transférés dans les bureaux pays et les bureaux régionaux. En raison de ces changements, 77 % de nos ● projets sont gérés par les bureaux pays, soit plus que notre objectif de 68 %.

Afin d’optimiser encore la répartition des compétences, un exercice de redimensionnement des bureaux pays est en cours pour aligner leurs effectifs sur les programmes de prêts en cours et prévus, les besoins du portefeuille et le budget nécessaire pour faire face à l’augmentation attendue des activités du programme de travail.

Engagement, perfectionnement et productivité du personnelNous visons à attirer et à retenir les meilleurs talents afin de mettre en œuvre nos plans stratégiques et réaliser nos cinq grandes priorités (High 5). Nous accordons une attention particulière à ● l’engagement du personnel et à ● l’efficacité de la direction afin de mener nos opérations de la façon la plus efficace et la plus efficiente possible. Nous mettrons à jour les indicateurs pertinents après la réalisation de notre enquête auprès du personnel, initiée cette année. Dans le cadre des réformes internes, nous avons progressivement augmenté le personnel dans les bureaux régionaux et les bureaux pays.

Grâce à nos efforts pour accélérer le recrutement, le ● délai pour pourvoir les postes vacants est passé à 116 jours, contre 223 en 2015. Le ● taux net de postes vacants pour le personnel professionnel a également diminué, passant à 12 %, contre 28 % en 2017. Le taux brut global de vacance de postes de la Banque est passé de 24 % en 2017 à 14 % en 2018. Des efforts sont actuellement menés pour pourvoir les postes encore vacants et réduire le taux de vacance à 10 % au cours de l’année 2019.

Figure 27 La Banque se rapproche des clients pour améliorer ses services

Part de personnel opérationnel basé dans les bureaux pays et régionaux

(%)

Projets gérés depuis les bureaux pays (%)

2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Cible Réalisé

39

50

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77Toutes les fonctions fiduciaires pertinentes et tout le personnel opérationnel, y compris les responsables et les chefs de projet, seront transférés dans les bureaux pays et les bureaux régionaux

Figure 28 La Banque accélère le rythme de ses recrutements pour pourvoir ses postes

Part de femmes dans le personnel professionnel

(%)

Part de personnel de direction féminin

(%)

Postes professionnels non pourvus

(%)

Part du personnel professionnel dans les opérations

(%)

2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021

Cible Réalisé

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La proportion du ● personnel professionnel travaillant sur les opérations était de 66 %, soit un peu moins que l’objectif de 68 %.

Pour renforcer les capacités du personnel et de la direction, nous avons intensifié la formation. En particulier, nous avons encouragé le développement de compétences et de connaissances pour le dialogue sur les politiques stratégiques. Pour optimiser la performance, nous avons lancé deux programmes phares de formation (Relations sociales et Ateliers haute performance), auxquels 755 personnes ont participé.

Nous investissons également dans le développement du leadership, le mentorat stratégique et l’apprentissage en ligne. En 2019, soucieux d’avoir des normes communes et d’assurer la qualité dans la préparation des projets, nous lancerons une Académie des opérations et un programme obligatoire de formation et de certification pour tout le personnel opérationnel, ainsi qu’un programme d’échange de responsables pays. Nous élaborons également un programme pour l’Académie du personnel.

La Banque a formé plus de 950 personnes à PRINCE2 et a lancé les certifications Lean Six Sigma (ceintures jaune et verte) pour améliorer la performance du portefeuille et l’efficacité des processus. Cinquante membres du personnel ont jusqu’ici été certifiés à ces deux niveaux. Cette certification permettra au personnel d’acquérir les connaissances, les compétences et les techniques et outils nécessaires pour gérer les programmes de la Banque avec efficacité et efficience. La Banque continuera d’intégrer les compétences et les capacités de son personnel dans les profils des consultants en développement chargés d’améliorer les politiques et les pratiques des clients et de favoriser la réalisation des High 5.

Promouvoir la diversité du personnelDans notre processus de recrutement, nous avons continué d’accorder la priorité à la diversité, notamment sur le plan du genre, de la langue et de la représentation régionale. Nous sommes décidés à

réduire l’écart entre les genres et, dans les recrutements en cours, nous avons adopté des pratiques qui tiennent compte de cet aspect. En 2018, la part des ● femmes dans le personnel professionnel était de 30 % et, dans celle du ● personnel de direction de 26 %. D’ici à 2025, nous comptons parvenir au chiffre de 38 % de femmes dans les fonctions de direction et dans les fonctions techniques et professionnelles.

Pour y parvenir, nous avons lancé une Women Leadership Academy et nous collaborons avec Economic Dividends for Gender Equality (EDGE) à la création d’un lieu de travail optimal pour la diversité des genres grâce au lancement d’une série d’initiatives.

ConclusionLa Banque progresse : elle obtient de meilleurs résultats de développement et améliore la valeur de ses opérations. Nous nous sommes attachés à renforcer la responsabilisation et à encourager l’innovation. Nous avons relevé notre ambition dans la mobilisation du financement du secteur privé afin d’obtenir un plus grand impact dans nos pays membres régionaux. Nous avons renforcé notre présence dans les bureaux pays et les bureaux régionaux pour obtenir de meilleurs résultats de développement et travailler au plus près de nos clients. Et nous avons continué d’œuvrer pour faire de la Banque une institution simplifiée et efficace, dotée d’un personnel compétent et responsable, capable d’obtenir des résultats au service de l’Afrique.

Nous œuvrons pour faire de la Banque une institution simplifiée et efficace, dotée d’un personnel compétent et responsable, capable d’obtenir des résultats au service de l’Afrique

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Chapitre 7 – Améliorer notre efficacité et notre impact sur le développement

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Financer les villes africainesLes villes soutiennent la croissance dans des secteurs économiques critiques et stimulent la transformation structurelle, attirant les investissements étrangers directs, facilitant le commerce international et reliant l’Afrique aux chaînes de valeur mondiales. La Banque s’efforce de surmonter les importants déficits d’infrastructure dans les villes.

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Perspectives d’avenir

La dynamique en faveur de l’intégration économique régionale en Afrique n’a jamais été aussi forte. L’adoption de l’Accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine marque le début d’une nouvelle ère de coopération économique. Des progrès notables ont également été accomplis dans la connectivité des infrastructures et dans la mise en place d’infrastructures immatérielles nécessaires pour

encourager la libre circulation des biens, des services et des flux financiers.

Plus l’Afrique avance dans la lutte contre la fragmentation économique et vers l’édification d’un marché intégré, plus les entreprises africaines ont des chances de devenir productives et compétitives, et de créer des emplois en conséquence.

La Banque a été, et continuera d’être, un champion de l’intégration économique, du commerce et de l’investissement. Nous jouons un rôle clé dans le financement des initiatives d’intégration régionale, en étroite collaboration avec les communautés économiques régionales et leurs gouvernements membres. Nous utilisons en outre, notre pouvoir mobilisateur, en tant que première institution africaine de financement du développement, pour réunir les parties prenantes africaines afin de résoudre les problèmes de politique régionale.

Notre rôle dans la promotion de l’intégration régionaleCette Revue annuelle sur l’efficacité du développement montre que la Banque africaine de développement a joué un rôle important dans la promotion de l’intégration régionale et la transformation économique. Notre action pour améliorer la connectivité des infrastructures, accroître l’accès aux services, renforcer les compétences et promouvoir la coopération régionale offre des opportunités nouvelles pour les populations sur l’ensemble du continent.

Intégrer l’Afrique – La Banque est un champion de l’intégration économique régionale, du commerce et de l’investissement. Notre Cadre stratégique pour l’intégration régionale (2018–2025) appuie l’Agenda 2063 de l’Union africaine et l’établissement de la ZLEC. En 2018, nous avons investi dans les infrastructures — notamment dans la construction de 390 km de routes transfrontalières et dans des projets phares comme le pont trans-gambien — pour améliorer les liaisons transnationales, améliorer l’accès aux marchés régionaux et mondiaux et promouvoir les corridors de transport régionaux. Nous avons également soutenu des biens publics régionaux comme l’intégration financière. Nous continuerons d’œuvrer à l’intégration de l’Afrique en collaboration avec les communautés économiques régionales, les gouvernements nationaux, les donateurs internationaux et le secteur privé. Par nos investissements, nous soutiendrons la libre circulation des biens et des personnes afin d’offrir de meilleures opportunités sociales et économiques sur l’ensemble du continent.

Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie – Nous nous engageons à fournir à tous les Africains une énergie propre, à un prix abordable et source de transformations. Dans le cadre du Nouveau Pacte pour l’énergie, nous collaborons avec les gouvernements, le secteur privé et les parties prenantes pour encourager les réformes et les investissements dans ce secteur. L’an dernier, nous avons réalisé et financé des projets d’interconnexion et des projets d’énergies renouvelables à grande échelle. Nous avons installé 480 km de lignes de transport et 2430 km de lignes de distribution qui ont permis de raccorder 570 000 personnes à l’électricité. En ce qui concerne l’intégration énergétique régionale, nous continuerons de soutenir les projets qui améliorent l’accès à l’électricité et en réduisent le coût pour les entreprises et les collectivités, notamment en prévoyant des modes de financement accélérés pour les projets régionaux à grande échelle. Avec les organisations régionales, nous travaillons au renforcement des capacités, à la promotion des échanges et au dialogue, et soutenons les initiatives visant à faciliter l’harmonisation technique et réglementaire. Conformément à nos engagements, nous continuerons d’intensifier et d’accélérer nos efforts pour soutenir les énergies renouvelables hors réseau et les solutions de cuisson propre.

Nourrir l’Afrique – La Banque a joué un rôle de premier plan en appuyant des initiatives en matière d’agro-industrie, d’innovation et de nutrition sur l’ensemble du continent. Nous collaborons avec des partenaires internationaux et avec le secteur privé pour renforcer et intégrer le secteur agricole africain et, ainsi, améliorer les moyens de

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subsistance, réduire la pauvreté et améliorer la sécurité alimentaire. En 2018, 19 millions de personnes ont bénéficié de nos projets. Nous avons investi dans des infrastructures essentielles pour permettre aux agriculteurs d’accéder à de nouveaux marchés et nous avons œuvré pour la protection des ressources naturelles par-delà les frontières nationales. Pour respecter ses engagements au titre de cette grande priorité qu’est Nourrir l’Afrique, la Banque continuera d’encourager les nouvelles technologies et les techniques agricoles modernes afin de favoriser l’émergence d’une nouvelle génération d’« agripreneurs » et stimuler la productivité agricole et les chaînes de valeur.

Industrialiser l’Afrique – Dans le cadre de cette priorité, nous travaillons, avec nos partenaires au développement, pour soutenir les entreprises de toutes tailles et promouvoir la productivité le long des chaînes de valeur internationales. En 2018, les projets du secteur privé de la Banque ont bénéficié à 1,2 million de personnes sur le continent, dont la moitié de femmes. La Banque continuera de soutenir l’innovation et les MPME dans les secteurs en mutation, et de collaborer avec ses partenaires pour soutenir les infrastructures, développer les marchés de capitaux locaux et encourager des politiques industrielles efficaces afin de mobiliser davantage d’investissements auprès du secteur privé et contribuer à la transformation des économies africaines. Nous continuerons d’investir sur des marchés plus difficiles, notamment dans le contexte de pays fragiles ou à faible revenu.

Améliorer la qualité de vie des populations africaines – L’amélioration de la qualité de vie des populations africaines est au cœur de l’action de la Banque. Nous collaborons avec les gouvernements, les établissements d’enseignement et le secteur privé pour renforcer les compétences en sciences et en technologie. En 2018, nos projets ont fourni des emplois à 1,2 million de personnes et amélioré l’accès à l’eau et à l’assainissement à 8,2 millions de personnes. Dans le cadre de notre stratégie pour l’emploi des jeunes en Afrique, nous renforçons notre soutien à l’emploi et à l’esprit d’entreprise en finançant des programmes visant à augmenter les chances des jeunes sur le continent. Au cours de la période à venir, nous intensifierons notre action en faveur de l’amélioration de la santé et de l’accès universel à l’eau et à l’assainissement. Ensemble, nos stratégies et nos investissements permettront à des millions de personnes de trouver un emploi, d’améliorer leurs moyens de subsistance et de sortir de la pauvreté.

Domaines transversaux et stratégiques : gouvernance, genre, fragilité et changement climatique – La Banque accorde une

attention particulière à certaines questions transversales — égalité des genres, fragilité, changement climatique et gouvernance — afin de maximiser ses retours sur investissements en faveur du développement. Nous aidons les pays à mobiliser des ressources domestiques et à améliorer l’efficacité et la transparence de leur gestion des finances publiques, en particulier dans des contextes fragiles. Nos projets aident les pays à renforcer leur résilience aux changements climatiques et aident les femmes à accéder au financement et à développer leurs entreprises. Nous continuerons d’accorder la priorité à l’inclusion et à la durabilité dans toutes nos activités, et d’intégrer des questions transversales et stratégiques dans nos opérations afin de favoriser la transformation économique et d’atteindre les objectifs de développement durable.

La performance de la BanqueLa Banque cherche constamment à améliorer sa performance. La RAED montre que nous avons accompli des progrès importants dans l’amélioration de nos résultats de développement et l’accroissement de la valeur de nos activités.

Nos réformes internes ont permis d’accroître la responsabilisation, de rationaliser les processus et d’encourager les talents et la diversité au sein de notre personnel. Il reste à faire pour améliorer la qualité de notre portefeuille. Nous adoptons à cette fin de nouveaux outils pour évaluer les résultats et continuons d’examiner les normes de qualité à l’entrée pour les documents de stratégie pays. Nous continuerons de mettre l’accent sur la gestion efficace de nos activités afin d’obtenir les meilleurs résultats.

Nous avons accru notre capacité à superviser notre portefeuille et à traiter les opérations non performantes. Nous continuerons de mettre en œuvre des réformes sur la passation des marchés et nous nous efforcerons d’améliorer le rapport coût-efficacité. Nous travaillerons également avec les pays membres régionaux à améliorer l’état de préparation des projets et la capacité institutionnelle.

La Banque joue un rôle important de leader en matière de connaissances. Dans ce travail, nous cherchons à comprendre les problèmes du développement, à améliorer l’efficacité opérationnelle et à éclairer la conception des programmes. Nous utiliserons notre pouvoir mobilisateur et notre position unique pour mener des recherches économiques et statistiques de haute qualité sur le continent.

Conformément à nos réformes internes, nous nous rapprochons de nos clients et renforçons la capacité de notre personnel à fournir des opérations de haute qualité. Nous avons réussi à étendre notre présence dans les bureaux pays et les bureaux régionaux, ce qui nous permet de travailler au plus près des parties prenantes aux projets. Nous continuerons d’harmoniser nos normes et nos processus afin d’obtenir de meilleurs résultats.

Ensemble, nos stratégies et nos investissements permettront à des millions de personnes de trouver un emploi, d’améliorer leurs moyens de subsistance et de sortir de la pauvreté

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Nous nous efforçons d’attirer et de retenir les meilleurs talents. Nous continuons d’optimiser la répartition des compétences entre les bureaux pays et d’affiner notre structure matricielle pour veiller à répondre au mieux aux exigences des projets. Nous avons intensifié la formation pour renforcer les capacités du personnel et de la direction, et nous continuerons d’accorder la priorité à la diversité dans nos efforts pour réduire l’écart entre les genres au sein de notre personnel de direction.

Pour l’avenir, nous élaborons de nouvelles approches visant à encourager la responsabilisation, l’innovation et l’impact sur le développement. Notre objectif est de mobiliser des fonds auprès du secteur privé afin d’améliorer notre capacité à stimuler la transformation économique. En collaboration avec nos pays membres régionaux et nos partenaires au développement, nous continuerons de nous concentrer sur la réalisation de nos 5 grandes priorités (les High 5) et des ODD.

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Annexe – Note méthodologique

Cette note décrit comment la Banque évalue et rend compte des progrès réalisés dans la RAED.

Mesurer l’efficacité de la Banque pour le développement est une entreprise complexe. Au cours des années, notre compréhension du développement s’est élargie. Nous reconnaissons que la croissance

économique est une part essentielle du processus ; qu’elle fournit aux ménages des moyens de subsistance et des opportunités, et aux gouvernements les moyens d’investir dans les biens et services publics. Mais le développement consiste également à donner aux gens les moyens de réaliser leurs besoins et leurs aspirations, au moyen notamment de l’éducation, d’une santé améliorée et d’une adhésion à des communautés plus sûres et plus solidaires.

Un des défis méthodologiques de la mesure de l’impact sur le développement relève de l’attribution — il s’agit de la difficulté d’assigner les bons résultats de développement à une seule institution partenaire au développement. Les résultats de développement ne sont pas simplement attribuables à des interventions spécifiques mais à une combinaison de facteurs externes et de décisions prises par de multiples acteurs, dont les gouvernements, les entreprises, les familles et les agences de développement. La contribution d’une seule intervention ou d’une seule institution à un résultat particulier ne peut pas être isolée de ces autres facteurs ni être évaluée avec un haut niveau de certitude.

Pour relever ces défis méthodologiques, nous utilisons un Cadre de mesure des résultats (CMR) à quatre niveaux qui suit la performance de la Banque dans la réalisation de ses objectifs. Le niveau 1 assure le

Figure A Le CMR se fonde sur 4 niveaux pour évaluer l’efficacité de la Banque en matière de développement

NIVEAU 1 – QUELS SONT LES PROGRÈS ACCOMPLIS PAR L’AFRIQUE SUR LE PLAN DU DÉVELOPPEMENT ?

NIVEAU 2 – DANS QUELLE MESURE LA BAD CONTRIBUE-T-ELLE EFFICACEMENT AU DÉVELOPPEMENT DE L’AFRIQUE ?

NIVEAU 3 – LA BAD GÈRE T-ELLE EFFICACEMENT SES OPÉRATIONS ?

NIVEAU 4 – LA BAD SE GÈRE-T-ELLE DE FAÇON EFFICIENTE ?

Figure B La Banque renforce son orientation stratégique sur cinq domaines d’action prioritaires

CROISSANCE INCLUSIVE

NIVEAU 3 – LA BAD GÈRE-T-ELLE EFFICACEMENT SES OPÉRATIONS ?Améliorer la qualité et la rapidité

d’exécution des opérationsRenforcer l’impact des opérations

sur le développementGarantir une bonne performance

du portefeuilleServices de la connaissance

et consultatifs

NIVEAU 4 – LA GESTION INTERNE DE LA BAD EST-ELLE EFFICIENTE ?Améliorer la performance financière

et mobiliser les ressourcesSe rapprocher des clients Optimiser le rapport coût-efficacité Impliquer le personnel pour une meilleure performance

CROISSANCE VERTE

NIVEAU 1 – QUELS PROGRÈS DE DÉVELOPPEMENT L’AFRIQUE EST-ELLE EN TRAIN DE RÉALISER ?Éclairer l’Afrique

et l’alimenter en énergieNourrir l’Afrique Industrialiser l’Afrique Intégrer l’Afrique Améliorer la qualité de vie des populations africaines

Questions stratégiques et transversales

NIVEAU 2 – QUEL IMPACT SUR LE DÉVELOPPEMENT ONT LES OPÉRATIONS DE LA BANQUE ?Éclairer l’Afrique

et l’alimenter en énergieNourrir l’Afrique Industrialiser l’Afrique Intégrer l’Afrique Améliorer la qualité de vie des populations africaines

Questions stratégiques et transversales

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Annexe – Note méthodologique

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suivi des progrès de développement en Afrique. Le niveau 2 mesure les contributions de la Banque au développement de l’Afrique à travers toutes ses opérations. Le niveau 3 évalue la qualité des opérations de la Banque et le niveau 4 examine l’efficacité de la Banque en tant qu’organisation (voir figure A).

En assurant le suivi de la performance dans ses quatre niveaux, le CMR procure une image complète de l’efficacité de la Banque en matière de développement. Il fournit également à la Direction de la Banque un outil lui permettant d’évaluer les forces et les faiblesses de l’organisation, et de mettre en œuvre les priorités internes de la Banque avec plus d’efficacité et d’efficience.

L’édition 2019 de la RAED suit les progrès grâce au CMR (2016–2025) approuvé par les Conseil des directeurs de la Banque en avril 20171. Ce nouveau CMR innove en alignant verticalement les niveaux 1 et 2, tous deux organisés en fonction des High 5 — les cinq domaines prioritaires de la Banque — et de la Stratégie décennale. Une telle conception contribue à renforcer les liens conceptuels entre les défis du développement de l’Afrique (niveau 1) et les interventions de la Banque pour y répondre (niveau 2). Cela facilite également l’analyse de chaque domaine et le compte rendu des progrès. Ainsi, le CMR intègre les cinq objectifs de la Banque et les domaines stratégiques transversaux dans une vision globale de ce que la Banque entend réaliser. L’annexe A du CMR fournit une description détaillée des logiques d’intervention du CMR ainsi que des critères de chacun des indicateurs suivis.

Le CMR aide la Banque à suivre les progrès accomplis dans la réalisation de ses stratégies internes telles qu’elles sont définies dans la Stratégie décennale, les High 5 et le programme de réformes internes de la Banque. La figure B présente un schéma de ces priorités internes pour les quatre niveaux du CMR et l’encadré ci-dessous explique comment la RAED suit les progrès vers le double objectif de la Banque de croissance inclusive et de croissance verte.

Niveau 1 : Suivre les progrès de l’Afrique en matière de développementLes indicateurs de niveau 1 du CMR rendent compte des résultats de développement à long terme procurant un contexte élargi pour nos pays membres régionaux. Pour le niveau 1, les progrès ne sont pas attribuables à la Banque ; ce sont le résultat d’efforts collectifs des pays, des partenaires au développement et du secteur privé. Les indicateurs du niveau 1 sont conformes aux High 5 et aux priorités transversales et stratégiques.

Les données pour les indicateurs de niveau 1 proviennent des données statistiques internationales disponibles (par exemple, les données produites par la FAO, l’AIE, le FMI et la Banque mondiale),

1 Groupe de la Banque Africaine de Développement, Le cadre de mesure des résultats du Groupe de la Banque 2016–2025, Réalisation des Cinq grandes priorités, Accroître l’impact de la Banque sur le développement, avril 2017, disponible sur le site web de la Banque.

identifiées en coordination avec le département des statistiques de la Banque. Les rapports de la RAED se fondent sur les dernières données disponibles et présentent des données ventilées sur les pays FAD. L’Annexe B du document du CMR comprend des détails quant aux sources et aux calculs pour chaque indicateur.

Niveau 2 : Mesurer l’impact des opérations financées par la BanqueL’impact sur le développement des opérations achevées est évalué par le biais de rapports d’achèvement de projet (RAP) individuels pour les opérations du secteur public et de rapports de supervision élargie (RSE) pour les opérations du secteur privé, qui incluent des informations et des données révélant dans quelles mesures les opérations de la Banque ont atteint les objectifs de développement prévus. Ces informations portent notamment sur les réalisations des projets (par exemple, le nombre de kilomètres de route construites), les résultats (par exemple, la réduction du temps de trajet) et, en général, les bénéficiaires du projet (par exemple, le nombre de personnes ayant bénéficié d’un meilleur accès aux routes).

Afin d’évaluer l’impact de la Banque sur le développement sur l’année 2018, la RAED présente des données sous la forme d’une moyenne de trois ans couvrant la période 2016–2018 afin d’éviter la variabilité des données. La partie inférieure des tableaux 1 à 6 couvrant les indicateurs de niveau 2 présente les données agrégées provenant de tous les RAP et RSE de cette période : 224 projets exécutés aussi bien dans les pays BAD que dans les pays FAD, avec des données, pour les pays FAD uniquement, présentées séparément pour chaque tableau.

La Banque africaine de développement est la première banque multilatérale de développement à avoir choisi de présenter un rapport portant exclusivement sur sa propre contribution et non pas sur une contribution globale du projet, qui inclurait ses cofinanciers. Étant donné que nos interventions sont de plus en plus cofinancées avec d’autres partenaires au développement, un rapport sur le volume total des produits ne permettrait pas de rendre suffisamment compte de l’apport financier de la Banque et entraînerait une double comptabilisation. Les produits sont donc estimés au prorata en tenant compte du niveau de soutien financier de la Banque par rapport au coût total du projet.

A cet égard, le projet de centrale solaire thermique d’Ain Beni Mathar au Maroc, qui a fait l’objet d’un rapport d’achèvement en 2016, est un exemple concret. Ce projet a permis la construction 165 km de lignes de transport. Avec un apport de 390 millions de dollars sur une enveloppe totale de 569 millions de dollars, la Banque a contribué à hauteur de 68 % au financement du projet. Sur la base de son approche d’attribution proportionnelle, la Banque déclarera avoir contribué à 68 % des 165 km de lignes de transport, soit à 112 km seulement.

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Annexe – Note méthodologique

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Niveau 3 et Niveau 4 : Évaluer l’efficience et l’efficacité de la BanqueÊtre en mesure de présenter un bilan de la performance est l’un des objectifs principaux de la RAED. Le chapitre 7 de la RAED expose les progrès pour les niveaux 3 et 4 du CMR.

Le niveau 3 du CMR suit la qualité du portefeuille des opérations de la Banque. Il accorde une importance spéciale aux principaux facteurs de performance identifiés dans dans le cadre des réformes internes de la Banque : augmentation de l’impact des opérations

sur le développement, conception d’opérations de haute qualité et exécutées dans les délais, amélioration de la performance du portefeuille et optimisation des services du savoir (voir figure B).

Le niveau 4 du CMR évalue l’efficacité institutionnelle de la Banque en assurant le suivi des progrès dans (i) le rapprochement de la Banque de ses clients ; (ii) l’amélioration de la performance financière et la mobilisation de ressources ; (iii) l’optimisation du rapport qualité/prix de la Banque ; et (iv) la mobilisation du personnel pour une meilleure performance.

Encadré A Comment le CMR suit-il le double objectif de la Banque de croissance inclusive et de croissance verte ?

Le CMR continuera de suivre les progrès réalisés dans la réalisation du double objectif de croissance inclusive et de croissance verte de la Banque prévue dans la Stratégie décennale 2013–2022 pour la transformation de l’Afrique. Parce que ce sont des domaines complexes de développement, ils sont suivis à plusieurs niveaux du CMR. La section ci-dessous résume la logique adoptée par le CMR ; davantage de détails seront fournis dans l’édition 2017 de la Revue annuelle de l’efficacité du développement.

Croissance inclusive – Le progrès vers une croissance inclusive est défini en fonction de ses quatre dimensions clés – l’inclusion économique, l’inclusion sociale, l’inclusion spatiale et l’inclusion politique :

◗ Inclusion économique : Réduction de la pauvreté et des inégalités de revenu. L’Afrique présente certains des taux d’inégalité de revenu les plus élevés au monde. Au fur et à mesure que les économies africaines se développent, les bénéfices de cette croissance tendent à toucher une partie étroite de la population. Réduire la pauvreté tout en assurant une répartition plus équitable de la richesse est un moyen de promouvoir une plus grande inclusion économique et de maintenir le rythme de la croissance. Elle est mesurée par trois indicateurs : le PIB par habitant, la pauvreté et l’inégalité des revenus (coefficient de Gini).

◗ Inclusion spatiale : Élargir l’accès aux services de base. L’inclusion spatiale consiste à s’assurer que les communautés profitent de la croissance partout où elles vivent. Une façon d’y arriver est de faire en sorte que tout le monde ait accès à certains des services de base qui créent des possibilités économiques pour tous : accès aux routes, à l’électricité, à l’eau et aux services de santé.

◗ Inclusion sociale : Garantir l’égalité des chances pour tous. L’inclusion sociale consiste à s’assurer que chacun peut contribuer et peut bénéficier de la croissance. En dehors de l’agriculture, par exemple, seulement 8,5 % des emplois sont occupés par des femmes ; et le chômage des jeunes s’établit à 14 %. Le CMR suit l’inclusion sociale en mesurant les populations bénéficiaires de la croissance (éducation et santé) et leur contribution sur le marché du travail.

◗ Inclusion politique : Assurer une représentation large. L’inclusion politique exige des institutions solides et responsables qui assurent une représentation démocratique et large de ses citoyens. Cela est mesuré à travers des indicateurs qui suivent la gouvernance (indice Mo Ibrahim), la qualité des institutions (indicateurs du CPIA) et leur capacité à assurer une large représentation (fiscalité et inclusion des femmes).

Transition vers la croissance verte – La croissance verte est mesurée à partir de trois dimensions importantes :

◗ Renforcer la résilience et s’adapter à un environnement en mutation. L’Afrique connaît déjà des changements environnementaux majeurs tels que l’augmentation des conditions météorologiques violentes, causée par une combinaison de la variabilité du climat et de l’activité humaine. Renforcer la capacité des pays à faire face à ces chocs externes est fondamental pour soutenir la croissance et le développement. Cela est mesuré dans le CMR par le biais de deux indicateurs indirects : i) le nombre de personnes souffrant de la faim et de la malnutrition, et ii) la résilience aux chocs hydriques.

◗ Gérer les ressources naturelles efficacement et durablement. La croissance verte signifie que les ressources naturelles renouvelables, telles que la terre, les forêts, l’eau, la pêche et les sources d’énergie propres, sont développées et utilisées de manière durable. Les énergies non renouvelables telles que le pétrole et les minéraux doivent être produites de manière rentable, stimuler l’innovation et maximiser la performance pour le développement. L’utilisation de techniques de production efficaces, en particulier dans le secteur manufacturier, ajoutera de la valeur et améliorera la compétitivité de l’Afrique. Ces dimensions sont mesurées dans le CMR par deux indicateurs indirects : i) productivité agricole et ii) rendement céréalier.

◗ Promouvoir les infrastructures durables, réduire les déchets et la pollution. La croissance verte signifie également une gestion efficace des processus de développement, afin de réduire la pollution et les déchets. Les dommages causés à l’environnement naturel entraînent des coûts considérables, tant pour les secteurs économiques comme l’agriculture ou la pêche, que pour la population directement, par la pollution de l’air ou de l’eau potable. La gestion intelligente des déchets peut aider à maintenir des taux de croissance élevés et à éviter les impacts négatifs sur les collectivités. Ces dimensions sont mesurées dans le CMR de façon indirecte par : i) les émissions de CO2 par rapport au PIB et ii) la capacité de production d’énergie renouvelable.

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Annexe – Note méthodologique

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Les données relatives aux niveaux 3 et 4 sont issues des systèmes de gestion de l’information de la Banque et confirmées par les départements pertinents internes. L’Annexe A du CMR donne une description détaillée des objectifs et des critères de chaque indicateur utilisé pour suivre la performance aux niveaux 3 et 4. La source de chaque indicateur est indiquée dans l’Annexe B du CMR.

Suivre la performance dans la duréeDans la RAED, la performance est résumée en un tableau de bord qui utilise un système de feux tricolores pour indiquer si la Banque a atteint ou a manqué ses cibles pour les quatre niveaux du CMR. Les cibles annuelles découlent directement des cibles 2025 existantes pour chaque indicateur.

Des couleurs — vert (●), orange (●) ou rouge (●) — sont assignées pour chaque indicateur. Pour les niveaux 1 et 2, un feu vert est apposé quand l’indicateur a atteint 95 % ou plus de la cible de 2018, un jaune signale qu’il a atteint moins de 95 % de la cible de 2018 mais qu’il dépasse les valeurs de référence ; un rouge indique qu’il a atteint moins que la valeur de référence. Pour les niveaux 3 et 4, un feu vert indique que la Banque a atteint plus de 90 % de la cible de 2018 ; un jaune signale qu’elle a atteint 80 % à 90 % de la cible de 2018 et un rouge signifie qu’elle est en dessous de 80 % de la cible de 2018. Pour tous les niveaux de mesure, la couleur grise (●) indique que les données ne sont pas disponibles.

Révision du CMRPour assurer sa pertinence par rapport aux priorités de la Banque, le CMR est révisé tous les trois ans. Cette révision est synchronisée

avec le processus de réapprovisionnement du FAD, lui permettant de prendre en compte les besoins spécifiques des pays du FAD et leurs priorités. Les principes appliqués à cette révision comprennent : cesser de suivre les indicateurs qui ont atteint 100 % et qui ne peuvent plus progresser ; suivre les priorités de développement émergentes en correspondance croissante avec les objectifs de la Banque ; ajuster l’orientation de la trajectoire sur les cibles annuelles pour atteindre la cible de 2025.

De nouvelles approches pour mesurer l’impact sur le développementOutre les méthodes décrites ci-dessus, la Banque développe des approches plus novatrices pour évaluer son impact sur le développement. Une de ces approches est l’Approche de l’impact sur le développement, qui permettra à la Banque de quantifier son impact sur le développement social et économique de ses opérations sur le continent. Par exemple, à partir des matrices de comptabilité sociale, l’Approche pourra non seulement mesurer les effets directs au niveau de l’investissement et/ou du projet (par exemple, les personnes recrutées au titre du projet lui-même), mais aussi évaluer les effets indirects (notamment les emplois créés dans la chaîne d’approvisionnement) et induits (emplois créés eu égard aux salaires dépensés par les personnes employées directement ou indirectement). En substance, grâce à l’Approche de l’impact sur le développement, la Banque suit l’évolution de ses investissements dans une économie et mesure les effets sur le développement. Les données présentées dans ce document sont tirées des travaux pilotes réalisés à partir du portefeuille de la Banque pour le Sénégal (voir la figure 19 au chapitre 5).

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Annexe – Note méthodologique

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18 Revue annuelle

Groupe de la Banque africaine de développement

Revue annuelle sur l’efficacité du développement ÉDITION 2018« Made in Africa » : industrialiser le continent

Revue annuelle

Groupe de la Banque africaine de développement

Revue annuelle sur l’efficacité du développement ÉDITION 2017Transformer l’Afrique : réaliser son potentiel agricole

Revue 2017 sur l’efficacité du développementEAU

Groupe de la Banque africaine de développement

Revue thématique

Revue sur l’efficacité du développement Édition 2016AGRICULTURE

Groupe de la Banque africaine de développement

Revue thématique

La collection des Revues sur l’efficacité du développement de la Banque

Revues thématiques

Revues synthétiques des résultats pays

Revues annuelles

REVUE SYNTHÉTIQUEDES RÉSULTATS 2018

ÉGYPTE

REVUE SYNTHÉTIQUE DES RÉSULTATS

ÉDITION 2018

MOZAMBIQUE

Groupe de la Banque africaine de développementAvenue Joseph Anoma - 01 B.P. 1387 Abidjan 01, Côte d’Ivoire www.afdb.org

À propos de cette publication

Depuis 2011, la Banque africaine de développement (BAD ou la Banque) produit une Revue annuelle sur l’efficacité du développement qui évalue l’ensemble de sa contribution aux résultats obtenus en Afrique en matière de développement. La revue annuelle est complétée par une série de revues thématiques traitant des activités de la BAD dans les États membres régionaux.

La présente Revue synthétique des résultats pays, qui porte sur le Mozambique, fait partie d’une série de revues synthétiques qui examinent les opérations en cours dans un pays membre régional. La BAD se réjouit du haut niveau du dialogue qu’elle a pu instaurer avec les autorités mozambicaines en vue de la préparation de cette revue. Cela témoigne de la qualité de la collaboration qui subsiste entre l’institution et le pays.

À l’instar des autres revues sur l’efficacité du développement, le présent rapport est destiné au grand public et vise à renforcer la transparence et la responsabilité de notre institution à l’égard de nos partenaires. Il innove par sa concision et l’accent qu’il met sur les Top 5 de la BAD. Il constitue également un important outil de gestion supplémentaire pour faciliter l’amélioration permanente de nos opérations et de notre organisation.

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Revue annuelle

Revue annuelle sur l’efficacité du développement ÉDITION 2013Vers une croissance durable en Afrique

Groupe de la Banque africaine de développement

Revue annuelle sur l’efficacité du développement ÉDITION 2014Vers la transformation de l’Afrique

Revue annuelle

Groupe de la Banque africaine de développement

Revue annuelle

Groupe de la Banque africaine de développement

Revue annuelle sur l’efficacité du développement ÉDITION 2016Accélérer le rythme du changement

Revue annuelle

Groupe de la Banque africaine de développement

Revue annuelle sur l’efficacité du développement ÉDITION 2015L’innovation comme accélérateur du développement

Groupe de la Banque africaine de développement

Revue sur l’efficacité du développement ÉDITION 2012ÉTATS FRAGILES ET PAYS TOUCHÉS PAR UN CONFLIT

Revue thématiqueRevue thématique

Revue sur l’efficacité du développement Édition 2014ÉNERGIE

Groupe de la Banque africaine de développement

Revue sur l’efficacité du développement ÉDITION 2012GOUVERNANCE

Groupe de la Banque africaine de développement

Revue thématique

Groupe de la Banque africaine de développement

Revue sur l’efficacité du développement ÉDITION 2012PROMOUVOIR L’INTÉGRATION RÉGIONALE

Revue thématique

Revue synthétique des résultats paysÉDITION 2017

CAMEROUN

REVUE SYNTHÉTIQUE DES RÉSULTATS

2007–2018

GUINÉE

Groupe de la Banque africaine de développementAvenue Joseph Anoma - 01 B.P. 1387 Abidjan 01, Côte d’Ivoire www.afdb.org

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À propos de cette publication

Depuis 2011, la Banque africaine de développement (BAD ou la Banque) produit une Revue annuelle sur l’efficacité du développement qui évalue l’ensemble de sa contribution aux résultats obtenus en Afrique en matière de développement. La revue annuelle est complétée par une série de revues thématiques traitant des activités de la BAD dans les États membres régionaux.

La présente Revue synthétique des résultats pays fait partie d’une série de revues synthétiques qui examinent les opérations en cours dans un pays membre régional. La BAD se réjouit du haut niveau du dialogue qu’elle a pu instaurer avec les autorités guinéennes en vue de la préparation de cette revue. Cela témoigne de la qualité de la collaboration qui subsiste entre l’institution et le pays.

À l’instar des autres revues sur l’efficacité du développement, le présent rapport est destiné au grand public et vise à renforcer la transparence et la responsabilité de notre institution à l’égard de nos partenaires. Il innove par sa concision et l’accent qu’il met sur les High 5 de la BAD. Il constitue également un important outil de gestion supplémentaire pour faciliter l’amélioration permanente de nos opérations et de notre organisation.

Revue synthétique des résultats paysÉDITION 2017

TANZANIE

Banque africaine de développement Avenue Joseph Anoma - 01 B.P. 1387 Abidjan 01, Côte d’Ivoire www.afdb.org

À propos de cette publication

Depuis 2011 la Banque produit une Revue annuelle sur l’efficacité du

développement qui évalue l’ensemble de sa contribution aux résultats obtenus

en Afrique en matière de développement. La revue annuelle est complétée par

une série de revues thématiques diverses, traitant des activités de la BAD dans

les pays membres régionaux (PMR).

La présente publication fait partie d’une série de revues synthétiques qui

examiner les opérations en cours dans les pays membres régionaux. La Banque

se réjouit du niveau de dialogue qui s’est instauré avec l’État camerounais

pour la production de cette revue. Cela souligne la qualité du partenariat entre

l’institution et le pays.

À l’instar des autres Revues sur l’efficacité du développement, le présent

rapport est destiné au grand public et vise à renforcer la transparence et la

responsabilité de notre institution à l’attention de nos partenaires. Il innove

par sa concision et son accent sur les domaines prioritaires de la Banque,

les High 5. Il constitue également un important outil de gestion supplémentaire

pour faciliter l’amélioration permanente de nos opérations et de notre

organisation.

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Banque africaine de développement

Avenue Joseph Anoma - 01 B.P. 1387 Abidjan 01, Côte d’Ivoire

www.afdb.org

Au sujet de cette publicationLa Revue annuelle 2019 sur l’efficacité du développement (RAED) est un rapport exhaustif sur la performance de la Banque africaine de développement (BAD). La RAED offre un aperçu des tendances en matière de développement en Afrique, et montre comment les opérations de la BAD ont contribué aux résultats en matière de développement sur ce continent. L’édition de cette année reflète la nouvelle orientation de la BAD sur une combinaison de priorités essentielles dans le cadre de la Stratégie à dix ans : les « High 5 ». La revue analyse également la manière dont la BAD gère ses opérations et sa propre organisation. La RAED sera complétée par des études plus détaillées de certains secteurs ou domaines thématiques particuliers et une analyse de la situation dans des pays choisis.

Au sujet du Groupe de la Banque africaine de développementLe Groupe de la BAD est une banque multilatérale de développement comprenant 54 pays africains et 26 pays non africains. Le principal objectif du Groupe de la BAD est de contribuer au développement économique et au progrès social durable de ses membres régionaux, individuellement et collectivement. Pour ce faire, il appuie financièrement un large éventail de projets et programmes de développement, sous forme de prêts aux secteurs public (y compris des prêts à l’appui de réformes) et privé, de prises de participation, d’assistance technique dans le cadre de projets et de programmes de soutien institutionnel, d’investissements publics et privés, d’appui à l’élaboration de politiques et plans nationaux de développement, et d’aide d’urgence.