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CITÉ PRODUCTIVE | INTÉGRATION DE L’AGRICULTURE AU PAYSAGE URBAIN ET AU BÂTI DANS UN ENSEMBLE D’HABITATION EN BANLIEUE DE DAKAR Essai (projet) soumis en vue de l’obtention du grade de M. Arch. Andrée-Anne ROY Superviseur : André Casault ____________________ École d’architecture Université Laval 2013

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CITÉ PRODUCTIVE | INTÉGRATION DE L’AGRICULTURE AU PAYSAGE URBAIN ET

AU BÂTI DANS UN ENSEMBLE D’HABITATION EN BANLIEUE DE DAKAR

Essai (projet) soumis en vue de l’obtention du grade de M. Arch.

Andrée-Anne ROY

Superviseur : André Casault ____________________

École d’architecture

Université Laval

2013

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar i

RÉSUMÉ Le quartier de Diamalaye, situé à la limite de l’expansion urbaine de la ville de Dakar, au

Sénégal, est un secteur à caractère agricole qui s’urbanise de plus en plus rapidement. Des

parcelles utilisées depuis fort longtemps pour la production maraîchère et pour l’élevage y sont

vendues à des fins de construction résidentielle, solution jugée plus rentable à court terme par

les producteurs maraîchers, mais qui est une menace pour la préservation de l’environnement et

pour la sécurité alimentaire du quartier. De plus, près de la moitié des habitants de ce quartier

élèvent des animaux et pratiquent la culture à l’intérieur de leur maison. Ces pratiques agricoles

ne sont pas nécessairement intégrées de manière adéquate aux habitations et peuvent causer

des problèmes sanitaires dus à la proximité des animaux avec l’humain, ou encore des

problèmes de productivité liés à la proximité entre animaux et espaces de culture. Un projet

d’ensemble d’habitation destiné aux agriculteurs du quartier permet d’explorer la manière

d’intégrer l'agriculture au développement urbain du quartier de Diamalaye afin de maximiser les

espaces de culture et d'élevage à l'intérieur comme à l'extérieur des habitations. Ce projet

interviendra autant à l’échelle urbaine, par l’étude des limites entre espace agricole et espace

urbain afin de protéger les terres cultivables, qu’à l’échelle du bâti, par la conception d’espaces

d’élevage et de culture à l’intérieur des habitations plus adaptés et plus productifs.

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MEMBRES DU JURY André Casault Architecte et professeur à l’École d’architecture de l’Université Laval

Geneviève Vachon Architecte et professeure à l’École d’architecture de l’Université Laval

Olivier Bourgeois Architecte associé - Bourgeois / Lechasseur architectes

Bernard Serge Gagné Architecte associé - ABCP architecture

Guillaume Pelletier Architecte – Atelier Pierre Thibault

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AVANT-PROPOS Je tiens tout d’abord à remercier mes précieux collaborateurs sur le terrain:

Les partenaires de l’Institut africain de gestion urbaine (IAGU): Salimata Wone, Ndeye

Fatou Gueye, Moussa Sy et le Dr Ayao Missohou pour le partage de leurs

connaissances dans le secteur de l’agriculture urbaine au Sénégal et en Afrique de

l’Ouest;

Les membres de l’Association des Petits Aviculteurs de Malika (APAM) : M. Aw, le

président de l’Association ainsi que MM Abdoulaye Marone, Demba Sow et Mamadou

Laye Sène, qui m’ont fait visiter leurs poulaillers et permis de mieux comprendre le

contexte avicole et le contexte maraîcher de Malika;

Les gestionnaires de la Pépinière de Patte d’Oie/HLM, MM Ousseynou Seck et Bamba

N’gom, pour leurs connaissances horticoles et pour m’avoir permis de visiter leur

pépinière;

Les vétérinaires M Alassane Wade et Dr Konaté, pour m’avoir fait visiter des élevages

urbains dans la banlieue dakaroise;

M Youga Niang, du Centre de développement horticole de Dakar, pour le partage de ses

connaissances horticoles et pour la visite du Centre;

Le Dr Bitar, médecin vétérinaire, pour m’avoir fait visiter des élevages urbains dans la

ville de Dakar;

Les habitants du quartier Diamalaye, qui ont accepté de répondre aux enquêtes et qui

nous ont permis de photographier leurs installations agricoles.

Un énorme merci également au Groupe Habitats et Cultures, plus particulièrement à André

Casault, Denise Piché et Émilie Pinard, sans qui tout ceci n’aurait pu être possible et qui m’ont

été d’une grande aide tout au long de mes recherches.

Évidemment, j’aimerais remercier ma famille et mes amis d’avoir été une source de réconfort

tout au long de mon parcours universitaire, et plus particulièrement durant cette dernière année.

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TABLE DES MATIÈRES

RÉSUMÉ I

MEMBRES DU JURY II

AVANT-PROPOS III

TABLES DES MATIÈRES IV

LISTE DES FIGURES V

INTRODUCTION 1

1 | PRATIQUES AGRICOLES ET VILLES : LE CAS DE DAKAR 2

1.1 | ENJEUX FONCIERS ET PRÉSERVATION DES ESPACES AGRICOLES 3 1.2 | PROXIMITÉ DES RESSOURCES ET RASSEMBLEMENT DES PRODUCTEURS 3 1.3 | L’AGRICULTURE URBAINE À DIAMALAYE : SITUATION ACTUELLE 5

1.3.1 | LE MARAÎCHAGE 6 1.3.2 | L’AVICULTURE 8

2 | INTÉGRATION DE L’AGRICULTURE AU PAYSAGE URBAIN 11

2.1 | CONNEXION DES ESPACES AGRICOLES À LA VILLE 11 2.2 | ESPACES DE CIRCULATION 14

3 | INTÉGRATION DE L’AGRICULTURE À L’HABITAT SÉNÉGALAIS 15

3.1 | DESCRIPTION DE L’HABITAT SÉNÉGALAIS 15 3.2 | DISPOSITION DES ESPACES AGRICOLES DANS L’HABITATION 18 3.3 | LES FAÇADES PRODUCTIVES ET LEUR INTÉGRATION À L’HABITATION 20

4 | LE PROJET : UNE CITÉ PRODUCTIVE POUR LE QUARTIER DIAMALAYE 22

4.1 | DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE 23 4.2 | UNE ZONE MARAÎCHÈRE EN VOIE DE DISPARITION 24 4.3 | UN ENSEMBLE D’HABITATION INTÉGRANT AGRICULTURE ET BÂTI 26 4.4 | UNE HABITATION AGRICOLE EN QUATRE ÉTAPES 29

4.4.1 | ÉTAPE 1 29 4.4.2 | ÉTAPE 2 31 4.4.3 | ÉTAPE 3 33 4.4.4 | ÉTAPE 4 34

CONCLUSION 35

BIBLIOGRAPHIE 36

ANNEXES 39

ANNEXE 1 | RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE À DIAMALAYE EFFECTUÉE À L’ÉTÉ 2012 40 ANNEXE 2 | COMPTES RENDUS DE RENCONTRE 43 ANNEXE 3 | TYPOLOGIES D’ABRIS POUR ANIMAUX 68 ANNEXE 4 | ANALYSE DU SITE D’INTERVENTION 75 ANNEXE 5 | PLANCHES TELLES QUE PRÉSENTÉES À LA CRITIQUE FINALE 77

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LISTE DES FIGURES

FIGURE 1 : Principales limites à l’urbanisation (Source : Andrée-Anne Roy) 5

FIGURE 2 : Zones agricoles du quartier Diamalaye (Source : Andrée-Anne Roy) 6

FIGURE 3 : Zone de culture au nord du quartier Diamalaye (Source : Groupe habitats et cultures, automne 2011) 7 FIGURE 4 : Poulailler type de Malika (Source : Groupe habitats et cultures, été 2012) 9

FIGURE 5 : Limite dense (Thick edge) (Source: Viljoen, 2005; 184) 11

FIGURE 6 : Limite double (Dual nature edge) (Source : Viljoen, 2005; 185) 12

FIGURE 7 : Limite mince (Thin edge) (Source : Viljoen, 2005; 186) 12

FIGURE 8 : Limite topographique (Topographical edge) (Source : Viljoen, 2005; 187) 13

FIGURE 9 : Typologies de la concession et de la villa (Source : Croquis : Andrée-Anne Roy; Photos : Poirier, 2012) 16

FIGURE 10 : Évolution d’une habitation de Malika, de 2003 à 2011 (Source : Émilie Pinard) 17

FIGURE 11 : Types d’ouvertures présentes dans le quartier Diamalaye (Source : Groupe habitats et cultures, automne 2011) 18 FIGURE 12 : Typologies d’abris pour animaux (Source : Croquis : Andrée-Anne Roy; Photos : Groupe habitats et cultures, été 2012) 19 FIGURE 13 : Protection des arbres fruitiers et des espaces de culture (Source : Groupe habitats et cultures, été 2012) 20

FIGURE 14 : Localisation du quartier Diamalaye (Source : Andrée-Anne Roy) 22

FIGURE 15 : Localisation du site (Source : Andrée-Anne Roy) 22

FIGURE 16 : Le site d’intervention, à la limite entre espace agricole et espace bâti (Source : Groupe habitats et cultures, automne 2011) 22

FIGURE 17 : Schéma de concepts (Source : Andrée-Anne Roy) 23

FIGURE 18 : Espaces agricoles près du site (Source : Andrée-Anne Roy) 25

FIGURE 19 : Évolution du bâti autour du site (Source : Andrée-Anne Roy) 25

FIGURE 20 : Gradation des espaces de circulation (Source : Andrée-Anne Roy) 25

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FIGURE 21 : Infrastructures et commerces (Source : Andrée-Anne Roy) 25

FIGURE 22 : Étapes d’implantation du projet (Source : Andrée-Anne Roy) 27

FIGURE 23 : Vue de la rue centrale (Source : Andrée-Anne Roy) 28

FIGURE 24 : Les habitations proposées font face au quartier existant (Source : Andrée-Anne Roy) 28

FIGURE 25 : Une ruelle permettant d’accéder aux espaces agricoles (Source : Andrée-Anne Roy) 28

FIGURE 26 : Le marché et l’espace communautaire (Source : Andrée-Anne Roy) 28

FIGURE 27 : Étape 1 de l’évolution de la maison (Source : Andrée-Anne Roy) 29

FIGURE 28 : Bacs de culture amovibles intégrés aux fenêtres (Source : Andrée-Anne Roy) 30

FIGURE 29 : Étape 2 de l’évolution de la maison (Source : Andrée-Anne Roy) 31

FIGURE 30 : Vue sur la cour (Source : Andrée-Anne Roy) 32

FIGURE 31 : Abri des animaux (Source : Andrée-Anne Roy) 32

FIGURE 32 : Mur productif (Source : Andrée-Anne Roy) 32

FIGURE 33 : Systèmes de façades productives (Source : Andrée-Anne Roy) 32

FIGURE 30 : Étape 3 de l’évolution de la maison (Source : Andrée-Anne Roy) 33

FIGURE 35 : Étape 4 de l’évolution de la maison (Source : Andrée-Anne Roy) 34

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INTRODUCTION Le quartier de Diamalaye, situé à la limite de l’expansion urbaine de la ville de Dakar, au

Sénégal, est un secteur à caractère agricole qui s’urbanise de plus en plus rapidement. Des

parcelles, utilisées depuis fort longtemps pour la production maraîchère et pour l’élevage, y sont

vendues à des fins de construction résidentielle, solution jugée plus rentable à court terme par

les producteurs maraîchers, mais qui est une menace pour la préservation de l’environnement et

pour la sécurité alimentaire du quartier. De plus, près de la moitié des habitants du quartier

élèvent des animaux à l’intérieur de leur maison, et quelques-uns y cultivent également des

légumes, des plantes aromatiques et des arbres fruitiers. Ces pratiques agricoles ne sont pas

nécessairement intégrées de manière adéquate à l’intérieur des habitations et peuvent causer

des problèmes sanitaires dus à la proximité des animaux avec l’humain, ou encore des

problèmes de productivité liés à la proximité entre animaux et espaces de culture (Smith, 2004).

Ces problématiques présentes dans le quartier permettent d’aborder la question d’une

intégration simple, efficace et productive de l’agriculture au paysage urbain et au bâti.

Un projet d’ensemble d’habitation destiné aux agriculteurs du quartier, situé sur un terrain à la

limite entre le bâti et les terres cultivables, permet d’explorer la question suivante : de quelle

manière intégrer l'agriculture au développement urbain du quartier de Diamalaye afin de

maximiser les espaces de culture et d'élevage à l'intérieur comme à l'extérieur des habitations?

Le projet nécessitera deux échelles d’intervention. Tout d’abord, les notions de limite et de

connexion des espaces agricoles avec l’espace urbain permettront de déterminer la manière la

plus appropriée de délimiter les espaces agricoles dans le quartier afin de contribuer à leur

protection. Ensuite, une étude plus précise de l’habitat sénégalais et de sa cohabitation avec

l’agriculture permettra de déterminer des méthodes de conception des espaces d’élevage et de

culture à l’intérieur des habitations plus adaptés et plus productifs.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 2

1 | PRATIQUES AGRICOLES ET VILLES : LE CAS DE DAKAR

« Urban agriculture is an industry located within (intra-urban) or on the fringe (peri-urban)

of a town, a city or a metropolis, which grows and raises, processes and distributes a

diversity of food and non-food products, (re-)using largely human and material resources,

products and services found in and around that urban area, and in turn supplying human

and material resources, products and services largely to that urban area. » (Mougeot

2010; 10)

L’agriculture urbaine, telle que définie par Mougeot, est fortement présente dans l’agglomération

urbaine de Dakar. En effet, un important pourcentage de la population dakaroise pratique un

type d’activité agricole à l’intérieur des limites urbaines (Smith, 2004). Dans un contexte comme

celui de Dakar, où la croissance de la ville se fait de manière très rapide et où l’accès aux

aliments pour les citadins est plus difficile, l’importance de l’auto-approvisionnement des villes

en denrées alimentaires est indéniable (Mougeot, 2005). L’agriculture urbaine permet d’assurer

la sécurité alimentaire des ménages urbains, et dans certains cas, de procurer un revenu

supplémentaire pour les familles. Elle permet également de créer de nombreux emplois en

milieu urbain, tout en contribuant à la préservation de l’environnement par l’amélioration de la

qualité de l’air, par la réutilisation de déchets solides et liquides dans l’agriculture et par la lutte

contre l’érosion des sols, entre autres (Smith, 2004). Selon Doucouré et Fleury (2004 ; 77),

l’agriculture urbaine peut contribuer à rendre les villes plus habitables et donc plus durables :

« Plus habitables, parce qu'une fraction de leur population se trouvera légitimée dans sa

présence et que l'agriculture permet d'introduire, à bon compte, la nature dans la ville. Plus

durables, parce que l'équité reste le fondement le plus sûr de la paix sociale, établie sur la

reconnaissance réciproque de la légitimité des groupes constitutifs de la société urbaine. »

Toutefois certaines contraintes mettent un frein à l’application de mesures favorisant l’agriculture

urbaine, entre autres les enjeux liés à l’accès au foncier et à la préservation des espaces

agricoles.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 3

1.1 | ENJEUX FONCIERS ET PRÉSERVATION DES ESPACES AGRICOLES

En Afrique de l’Ouest, on dénote de nombreuses ambigüités au niveau des droits fonciers,

principalement dues à une cohabitation tendue entre les droits coutumiers, régis par le chef de

quartier, et les droits constitutionnels, régis par l’État et les mairies. La vente de terrains ainsi

que le zonage ne sont pas nécessairement gérés par le pouvoir public, ce qui fait qu’il est plus

difficile de contrôler le développement des villes. En milieu urbain, l'achat d'une parcelle pour la

construction de logements est généralement plus rentable que l'exploitation du même terrain à

des fins agricoles, faisant en sorte que peu de gens voient l’utilité à court terme de conserver

ces espaces productifs (Smith, 2004). Toutefois, selon Redwood (2009), plus d’importance

devrait être accordée à la préservation de ces espaces, car présentement, le développement

immobilier crée une pression négative sur le mode de vie de populations dépendantes de

l’agriculture locale pour se nourrir. Le pouvoir public privilégie souvent le développement

économique au développement social, et ne règlemente pas la protection des espaces

agricoles. De plus, les populations qui pourraient bénéficier de l’agriculture urbaine sont peu

représentées auprès du pouvoir public, et ne peuvent donc pas faire valoir leurs droits auprès

des autorités (Smith, 2004).

Tous ces facteurs font en sorte que de plus en plus d’espaces agricoles encore utilisés dans les

espaces urbains et périurbains sont menacés de disparition : « … la constructibilité incontrôlée

en zone ouverte périurbaine constitue un processus d'autodestruction de l'espace agricole. »

(Doucouré et Fleury, 2004 ; 74). En contrepartie, la création ou la préservation d’espaces

agricoles en ville peut causer des problèmes liés au vol des produits ou des bêtes, ainsi qu’à la

divagation des animaux, qui peut entraîner des dégâts sur les parcelles cultivées, un autre enjeu

qui met un frein au développement de l’agriculture urbaine en Afrique de l’Ouest. (Smith, 2004)

L’intégration de zones dédiées à l’agriculture dans la planification urbaine serait donc une

manière d’assurer la sécurité alimentaire des populations locales ainsi que de créer un cadre de

vie plus durable. Des précautions devront toutefois être prises afin d’assurer une bonne

cohabitation entre espaces d’élevages et espaces de culture.

1.2 | PROXIMITÉ DES RESSOURCES ET RASSEMBLEMENT DES PRODUCTEURS

La proximité des ressources est un des avantages de la pratique agricole en milieu urbain. Les

producteurs sont plus près des marchés et des opportunités commerciales, évitant ainsi la perte

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 4

de produits périssables dû à l’absence de systèmes d’entreposage et de réfrigération adéquats.

L’accès aux services de crédit, aux intrants (abreuvoirs, mangeoires, nourritures, semences,

engrais, etc.), à l’électricité, à l’eau, aux services d’appui (vétérinaire, maintenance, etc.) et à la

formation est également plus facile en milieu urbain (Viljoen, 2005). Le positionnement

géographique est avantageux pour faciliter tout le processus post-élevage, et plus

particulièrement dans le cas de l’élevage de poulets (abatage, déplumage, pesage, étiquetage

et stockage à proximité). Selon les vétérinaires locaux, il est souvent plus rentable d’élever en

ville qu’en milieu rural car il y a moins de maladies, plus d’oxygène lorsque les élevages sont en

hauteur et moins de contacts avec les élevages situés autour.1

Toutefois, l’agriculture urbaine implique une cohabitation plus étroite entre humains, animaux

d’élevages et zones de culture qu’en milieu rural. Les élevages urbains peuvent être des

sources de nuisances sonores et olfactives et les animaux peuvent également manger ou

piétiner les cultures, puisqu’ils circulent souvent librement dans l’espace public. Cette proximité

est également une source de pollution considérable et peut contaminer les nappes phréatiques

si elle est mal gérée (Smith, 2004). L’intégration élevage-horticulture doit donc être réalisée de

manière adéquate afin d’éviter ces différents problèmes, et cette pratique est d’ailleurs facilitée

par le rassemblement de producteurs. Lorsque plusieurs producteurs agricoles se rassemblent,

il est plus facile pour eux de délimiter des zones de pâturage communes pour les animaux et de

réutiliser les déjections animales dans la production maraîchère, par exemple, puisque les coûts

liés aux investissements de base et au transport peuvent être ainsi partagés. (Fall, Diao,

Bastianelli et Nianogo, 2004).

Le rassemblement des producteurs leur permet également de pallier aux contraintes de la

production individuelle, entre autres par l’acquisition de plus grandes superficies de terrain. Ce

rassemblement peut permettre de diminuer les vols et les nuisances, de diminuer le risque de

déguerpissement, et d’éliminer des problèmes liés à l’évacuation des déchets (Smith, 2004).

« Farmer co-operatives can benefit from organisational economies of scale and conduct

activities which the individual would find hard to achieve in isolation. Marketing, financing, and

technical assistance can be provided through this co-operation. It can also ensure the farmer or

enterprise has an almost guaranteed market for the produce within certain quality standards. »

(Petts, 2005; 70). Le rassemblement des producteurs peut donc permettre de séparer les

dépenses relatives à l’achat de terrains, à l’achat en gros de semences et d’engrais ainsi qu’à la

1 Voir l’Annexe 2C – Première visite d’élevages urbains

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 5

mise en place d’un système de compostage, investissements qui peuvent être ainsi plus

importants que lorsqu’effectués de manière individuelle. Le fait de rassembler les ressources et

les producteurs, en plus de créer une économie de moyens, crée une économie de temps

considérable permettant d’améliorer la productivité des agriculteurs, par un partage des tâches

plus efficace.

1.3 | L’AGRICULTURE URBAINE À DIAMALAYE : SITUATION ACTUELLE

Le quartier de Diamalaye, faisant partie de la commune d’arrondissement de Malika, est un

quartier situé à la limite de l’urbanisation de Dakar, à proximité de grands espaces agricoles. Le

développement du quartier est limité par la présence de la décharge municipale de Mbeubeuss

du côté est, par la présence d’une zone inondable du côté ouest, ainsi que par les espaces

agricoles au nord et nord-ouest (Voir Figure 1). Ces espaces agricoles se font toutefois de plus

en plus empiéter par la spéculation foncière et par le développement de projets immobiliers

dans le quartier.

FIGURE 1 : Principales limites à l’urbanisation (Source : Andrée-Anne Roy)

« L’urbanisation galopante accroît la compétition dans l’accès aux ressources et réduit

considérablement les superficies cultivables au profit des infrastructures et des

habitations. L’annonce par les autorités étatiques de la fermeture de la décharge de

Mbeubeuss a favorisé la spéculation foncière dans cette zone. … Les parcelles

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 6

maraîchères du site de Mbeubeuss-Ouest sont totalement morcelées et vendues par les

propriétaires terriens. Les rares maraîchers qui y travaillent encore peuvent être expulsés

à tout moment par les nouveaux acquéreurs. » (Cissé, 2012; 213)

Les activités agricoles qui y sont pratiquées sont essentiellement le maraîchage et l’aviculture

(Voir Figure 2), bien que des gens élèvent des animaux et cultivent des plantes à l’intérieur

même de leurs habitations.

FIGURE 2 : Zones agricoles du quartier Diamalaye (Source : Andrée-Anne Roy)

1.3.1 | LE MARAÎCHAGE

Le quartier de Diamalaye se situe dans la zone des Niayes, une zone de dépressions traversant

le nord du Sénégal et propice à la production agricole :

« Le site de Malika fait partie de la Grande Niaye qui représente environ 200 000 ha

entre l’embouchure du fleuve Sénégal et la presqu’île du Cap-Vert. Elle est composée

d’une succession de dépressions allongées imbriquées dans un système dunaire sur

lequel venaient se raccorder perpendiculairement des axes alluviaux plus ou moins

fonctionnels. Cette zone est devenue la première région économique du Sénégal,

produisant de nos jours 80 % de la production horticole. » (Cissé, 2012 ; 193)

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 7

Toute la section au nord du quartier Diamalaye est utilisée à des fins agricoles (Voir Figure 2 et

3) par des maraîchers qui y cultivent des oignons, de la salade, des patates, de l’oseille, du

chou, des carottes, du bissap, de la menthe, des tomates, des aubergines et des navets sur de

petites parcelles totalisant environ 300 m2 par producteurs. (Cissé, 2012; 197) Ces produits sont

destinés à la vente, dans le quartier ou au marché de Malika, ainsi qu’à la consommation

personnelle. Suite à une enquête réalisée dans le quartier Diamalaye à l’été 20122, on dénote

qu’environ 20% des habitants du quartier cultivent dans ces espaces. Il est toutefois difficile pour

les producteurs maraîchers d’être rentable car les dépenses liées à la production agricole, soit

l’achat de semences, d’engrais et d’équipements, sont dispendieuses compte tenu de la faible

capacité d'investissement des producteurs, faisant en sorte qu’ils ne peuvent pas produire en

grande quantité par année :

« … à cause de la cherté des intrants, des risques liés à l’environnement de la

décharge et à leurs faibles capacités d’investissement, certains petits producteurs ne font

qu’une campagne par an. Ils finissent par délaisser l’activité, suite aux pertes subies,

pour se reconvertir dans le commerce des produits maraîchers ». Bien que profitant

souvent à certains producteurs, l’activité confine souvent à la pauvreté d’autres

producteurs qui s’y accrochent malgré des revenus souvent dérisoires dans le but,

soutiennent-ils, de préserver un héritage. » (Cissé, 2012; 202)

FIGURE 3: Zone de culture au nord du quartier Diamalaye (Source : Groupe habitats et cultures, automne 2011)

Certains éléments bâtis sont nécessaires à la pratique du maraîchage et peuvent contribuer à

augmenter l’investissement de départ des producteurs agricoles. Un espace de stockage

d’environ 5 à 6 m2 permettant de ranger l’outillage (hilaires, joues, arrosoirs, machettes, etc.)

nécessaire aux différentes tâches (binage, désherbage, émondage, sarclage, repiquage, etc.) 2 Voir l’Annexe 1 pour les résultats détaillés

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 8

est généralement requis puisque les champs ne sont pas nécessairement situés à proximité des

habitations des maraîchers. Une chambre pour un gardien peut également être requise puisque

ce qui est récolté a parfois une grande valeur et est donc plus propice au vol. Dans ce cas, les

employés qui s’occupent des champs durant la journée peuvent rester durant la nuit si une

chambre leur est fournie, ou les champs peuvent être surveillés par des gens qui ont besoin

d’un endroit où loger.3

Pour ce qui est de la fertilisation des sols, les déjections animales sont souvent utilisées afin de

diminuer les coûts relatifs aux engrais chimiques. L’élevage en ville permet de récupérer plus

facilement les déjections des animaux que dans un élevage rural extensif, où les animaux sont

en liberté. Les fientes de volailles sont d’ailleurs très utilisées, puisqu’il y a de nombreux

poulaillers à Malika. Toutefois, elles peuvent brûler les terres et doivent donc être compostées

avec de la paille ou des débris végétaux avant d’être utilisées. Les coques d’arachide broyées

sont également beaucoup utilisées et permettent d’aérer le sol.4

1.3.2 | L’AVICULTURE

Il y a dans le même secteur un nombre important de producteurs avicoles (Voir Figure 2, page

6). L’aviculture est d’ailleurs une industrie très importante dans la ville de Dakar. « L’aviculture à

Dakar représente presque 33% de la production nationale et répond à 65-70% de la demande

nationale en poulets. Une étude effectuée en 1997 sur la consommation des ménages estime

que les productions de volaille suburbaine représentent 7% de la consommation de Dakar. »

(Diop Gueye, Seck Wone et Sy, 2009 ; 27) La taille des élevages avicoles dans ce secteur

varient grandement, passant du petit éleveur ayant quelques poulets à la maison jusqu’aux

grands éleveurs industriels :

« On distingue deux types d’exploitations à Dakar : les élevages urbains localisés dans

Dakar et caractérisés par de petits effectifs (50 à 1000 poulets de chair ou 100 à 800

pondeuses par bande) et les élevages périurbains (dans un rayon d’environ 50 km

autour de Dakar) où les effectifs varient entre 500 et plus de 20 000 sujets par bandes.

Les élevages urbains, de taille moyenne à réduite, sont installés à domicile et sont

directement gérés par le propriétaire. La production est généralement commercialisée

3 Voir l’Annexe 2F – Entretien avec un maraîcher de Malika. 4 Voir l’Annexe 2C – Première visite d’élevages urbains

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 9

dans le voisinage. La principale contrainte de ce type d’élevage est la disponibilité

d’espace. » (Diop Gueye, Seck Wone et Sy, 2009 ; 27)

Il y a généralement deux types d’élevages de poulets dans ce secteur, soit l’élevage de poulets

de chair, pour la viande, et l’élevage de poules pondeuses. Pour les poulets de chair, cela prend

environ 45 jours d’élevage avant de pouvoir vendre, mais cela prend environ 70 jours quand on

considère le cycle total (nettoyage du local, attente, réception des poulets, élevage, vente,

nettoyage). Cela permet de faire environ de 5 à 6 productions par année. Pour les poules

pondeuses, elles sont « conservées » pendant 2 ans avant d’être remplacées. Elles

commencent à produire des œufs au bout de 4 mois.5

Les poulets ne doivent toutefois pas être situés trop près des habitations, principalement pour

une question d’odeur. Les poulaillers doivent être conçus de manière à avoir une bonne

ventilation naturelle en tout temps pour éviter que les poulets aient trop chauds. Toutefois, des

dispositifs permettant de bloquer le vent, comme des toiles de plastique, sont placés dans les

ouvertures lors du démarrage de l’élevage, puisque les poussins ont besoin de beaucoup plus

de chaleur que les poulets adultes. (Voir Figure 4) Les poulaillers sont souvent jumelés à une

habitation ou à une chambre pour le propriétaire ou pour l’employé chargé de s’occuper des

poulets, ce qui permet d’avoir une surveillance constante, comme pour le maraîchage.6

FIGURE 4 : Poulailler type de Malika (Source : Groupe habitats et cultures, été 2012)

5 Voir l’Annexe 2A – Première rencontre avec l’Association des Petits Aviculteurs de Malika (APAM) et visite de poulaillers 6 Idem.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 10

La production avicole près du quartier Diamalaye fait présentement face à plusieurs

problématiques, notamment un problème d'écoulement des produits dû à un manque d'espaces

de conservation de la marchandise, un problème d'approvisionnement en eau, puisque les

aviculteurs manquent de fonds pour se brancher au réseau d'eau potable, ainsi qu’un manque

de formation des aviculteurs (CISSÉ, 2012). Il y a également parfois des problèmes

d’infiltrations d’eau dans les poulaillers durant la saison des pluies, et l’humidité ainsi créée peut

éventuellement provoquer la mortalité chez les poulets. Le rassemblement des producteurs

pourrait permettre de pallier à ces différents problèmes par la création de locaux communs et

par le rassemblement des moyens financiers pour augmenter les capacités d’investissement

des producteurs agricoles.

En bref, le rassemblement des producteurs agricoles, maraîchers comme aviculteurs pourrait

permettre de pallier aux problèmes que subissent présentement les producteurs agricoles du

quartier Diamalaye. En se regroupant, ces producteurs agricoles augmenteraient leur capacité

d’investissement et pourraient plus facilement séparer entre eux les coûts requis pour

l’acquisition d’intrants, pour la construction et la réparation de bâtiments nécessaires à la

pratique agricole ainsi que pour l’acquisition de parcelles. Ce rassemblement permettrait

également une réutilisation plus efficace des déjections animales pour la production maraîchère,

puisque les espaces de cultures et les espaces d’élevages seraient liés entre eux, en plus de

faciliter le partage de connaissances entre les agriculteurs.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 11

2 | INTÉGRATION DE L’AGRICULTURE AU PAYSAGE URBAIN

2.1 | CONNEXION DES ESPACES AGRICOLES À LA VILLE

Diocouré et Fleury (2004 ; 74) affirment qu’il est important de créer une séparation claire entre

l’espace agricole ouvert et l’espace bâti afin d’en assurer leur préservation: « Le maintien

durable des espaces ouverts suppose de séparer strictement, à l'intérieur des espaces

agricoles, les champs au sens strict, rigoureusement inconstructibles, excepté un bâti très léger,

et les zones de construction légitime. » Viljoen (2005 ; 158) prône plutôt la création d’un espace

de transition entre l’espace public de la ville et l’espace plus privé de l’espace agricole : «The

edges of urban agriculture sites form boundaries between the public realm of the street and the

private realm of market gardens. They also offer the potential to become occupied.» Ces

espaces de transitions deviennent alors des espaces d’échanges publics ou semi-publics.

L’occupation de ces frontières permet de mieux connecter les espaces agricoles au reste de la

ville (Viljoen, 2005). Toutefois, dans un contexte comme celui de Diamalaye, où la spéculation

foncière et très forte et où il est presque impossible pour les autorités de contrôler le

développement immobilier, une séparation claire entre l’espace bâti et l’espace agricole serait à

privilégier afin d’éviter que les gens construisent sur les terres agricoles à conserver.

FIGURE 5: Limite dense (Thick edge) (Source: Viljoen, 2005; 184)

Viljoen (2005), propose quatre types de limites pouvant séparer les zones d’agriculture urbaine

de l’espace urbain selon différents degrés de sécurité ou d’ouverture souhaités. Tout d’abord, la limite dense (Voir Figure 5) est une limite presque infranchissable bien que perméable au

niveau visuel, et permet ainsi de bien délimiter physiquement l’espace agricole de l’espace

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 12

public, tout en conservant un lien visuel entre ces deux types d’espaces : «Thick edges

accommodate different types of inhabitation, separating private and public space and in so

doing add to the urban experience. » (Viljoen, 2005; 184). Le caractère changeant de l’utilisation

qui est faite de cette limite change également la perception de l’espace qui est situé derrière. Ce

type de limite peut aussi permettre l’insertion d’autres fonctions (Viljoen, 2005). À titre

d’exemple, une succession de clôtures métalliques placées devant les espaces agricoles

pourrait permettre de faire sécher des vêtements.

FIGURE 6: Limite double (Dual nature edge) (Source : Viljoen, 2005; 185)

Le deuxième type de limite, la limite double (Voir Figure 6), permet de séparer les vues

donnant sur les espaces agricoles et sur la ville et offre donc un espace de transition entre

l’espace de la ville et les espaces agricoles. «This transition from a rural or natural condition to

an urban condition, which occurs in plan, is not unlike the articulation of space made by the

classical division of a building vertically into base, piano nobile and attic. » (Viljoen, 2005; 185)

Des fenêtres permettent de cadrer des vues au caractère différent, soit agricoles, soit urbaines.

En regardant un espace productif d’une fenêtre ou d’une terrasse, l’observateur peut obtenir un

sentiment de propriété et d’appartenance envers l’espace agricole (Viljoen, 2005).

FIGURE 7: Limite mince (Thin edge) (Source : Viljoen, 2005; 186)

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 13

La limite mince, ici illustrée par la création d’un mur de trois mètres (Voir Figure 7), permet une

série de divisions spatiales. Ce mur peut marquer à la fois une voie de circulation longeant

l’espace agricole et une frontière entre l’espace agricole et la ville. L’ombre créée par ce mur

peut permettre de créer une zone de confort, une manière d’occuper l’espace et de créer des

fonctions tout en permettant d’admirer le paysage changeant de l’espace agricole (Viljoen,

2005).

« At ground level, the space between the wall and buildings is perceived as an urban

area, like an urban square, or plaza, bounded and contained by walls and buildings. This

space has an urban quality and intensity. On the other side of the wall, a person is

shielded from the adjoining buildings and their view is concentrated towards the market

garden. The wall intensifies the contrast between an urban and rural condition.

Pedestrians moving from one side of the wall to the other experience this contrast. »

(Viljoen, 2005; 186)

FIGURE 8: Limite topographique (Topographical edge) (Source : Viljoen, 2005; 187)

Finalement, la limite topographique, souvent créée par le nivèlement des terrains afin de

faciliter les pratiques agricoles (Voir Figure 8), permet de varier les vues sur les espaces

d’agriculture, soit de les révéler à certains endroits et de les cacher à d’autres. « A sense of

expectation is provoked in passers-by. … By accentuating changes in the natural topography,

a pedestrian’s awareness of the specific character of the place is enhanced and measure is

given to the landscape. » (Viljoen, 2005; 187).

La limite double serait à privilégier dans le cadre d’un projet d’ensemble d’habitation, puisqu’elle

permet à l’occupant d’avoir un sentiment d’appartenance tant à l’espace public et à la vie de

quartier qu’à l’espace agricole adjacent. La limite mince et la limite topographique seraient

toutefois plus adaptées à la délimitation de l’espace agricole avec des circulations secondaires,

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 14

afin de permettre un contact plus important entre l’espace de circulation et l’espace agricole,

sans toutefois être trop liés avec l’espace public comme tel.

2.2 | ESPACES DE CIRCULATION

La création de sentiers traversant les espaces agricoles permet de relier les espaces publics

aux espaces privés en plus de rapprocher les promeneurs de la nature (Viljoen, 2005). Il faut

toutefois éviter de trop subdiviser les espaces de cultures par des sentiers afin de conserver de

grandes étendues agricoles et assurer ainsi une plus grande productivité (Minimum cost

housing group, 2005). Les espaces de circulations à l’intérieur ou adjacents aux espaces

agricoles peuvent devenir eux aussi des espaces productifs, entre autres par la création de

petites zones de culture dans les terre-pleins ou par la plantation d’arbres fruitiers dans la rue,

afin de pallier au problème de compétitivité entre espaces de circulation et espaces de

production (Dubbeling, Bracalenti et Lagorio, 2009).

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 15

3 | L’INTÉGRATION DE L’AGRICULTURE À L’HABITAT SÉNÉGALAIS L’intégration de l’agriculture dans les habitations sénégalaises n’est pas une pratique nouvelle.

De nombreux ménages élèvent des animaux tels que des moutons, des poules ou des chèvres

à l’intérieur de leurs maisons ou y cultivent des aliments, des plantes ou des arbres fruitiers.

L’élevage de quelques moutons à l’intérieur de la maison est le type d’élevage le plus répandu,

et plus particulièrement chez les musulmans, qui en achètent un ou deux par année en prévision

d’un baptême ou de la Tabaski, une fête musulmane importante (Casault, 2006 ; 28). Toutefois,

ces pratiques agricoles ne sont pas nécessairement intégrées de manière adéquate à l’intérieur

des habitations et peuvent causer des problèmes sanitaires par la proximité des animaux avec

l’humain, ou encore des problèmes de productivité liés à la proximité entre animaux et espaces

de culture (Smith, 2004). Il importe tout d’abord de comprendre comment est composé l’habitat

sénégalais afin de proposer des manières plus adaptées et productives d’y intégrer des

pratiques agricoles.

3.1 | DESCRIPTION DE L’HABITAT SÉNÉGALAIS

L’habitat sénégalais est fortement influencé par les croyances religieuses, le climat et la notion

de famille. La famille sénégalaise est généralement composée du chef de famille, ses épouses,

leurs jeunes enfants, les filles non mariées, les fils adultes et leurs épouses ainsi que la mère du

chef de famille.

« Voilà l’origine de la famille étendue (négro-africaine). On ne reste pas seul; on vit

groupé, c’est la loi de la nature, celle de la vie. Plus on est nombreux, plus la force est

élevée et plus il est aisé de résister aux malheurs et aux dangers qui nous guettent; de là

la graduation des forces. De l’individu, on passe au cercle familial, de la famille au

lignage, du lignage au clan, du clan à la tribu, de la tribu à l’ethnie, de l’ethnie à la cité, de

la cité aux cités. C’est la loi du plus grand nombre. » (Alabi Fassassi, 1997; 111).

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 16

Cette solidarité familiale fait en sorte que les gens habitant en ville se doivent d’accueillir les

membres de leur famille, que ce soit pour une visite ou pour se trouver un emploi saisonnier, ce

qui crée donc une densification imprévue de l’habitat (Osmont, s.d).

FIGURE 9: Typologies de la concession et de la villa (Source : Croquis : Andrée-Anne Roy; Photos : Poirier, 2012)

La concession (Voir Figure 9), typologie d’habitation la plus courante au Sénégal, est constituée

d’un terrain délimité par un mur d’enceinte dans lequel se retrouvent de petits pavillons disposés

autour d’une cour centrale, qui est l’espace de vie et de socialisation. « La cour africaine a en

effet une dimension physique, mais sa conception relève de la cosmogonie et de la cosmologie.

Là apparaît la dimension psychique de la cour. Car elle n’est pas le centre de la maison …

mais le sens de la vie. » (Alabi Fassassi, 1997; 14). Les maisons sont généralement introverties,

n’ayant presque pas d’ouvertures donnant sur l’espace public pour des questions d’intimité et de

préservation des vues sur les espaces intérieurs (Alabi Fassassi, 1997). Plus d’importance est

accordée à l’espace d’entrée : « Dans les concessions africaines, les entrées sont des accès. Il

n’y a pas de notion d’entrée et de sortie; toute pénétration d’un ensemble bâti est accès. Les

accès sont multiples et leur situation s’ordonne selon les données cosmologiques et

cosmogoniques. » (Alabi Fassassi, 1997; 14). En opposition, les espaces intérieurs sont souvent

sombres et de petite taille. Les éléments bâtis de la concession sont hétérogènes et sont

construits et modifiés au fil du temps et des besoins de la famille qui évoluent (Osmont, s.d.).

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 17

Éventuellement, un étage peut être ajouté afin de placer les animaux sur les toits ou pour y

ajouter de nouvelles pièces. La cuisine, quant à elle, est située au centre de l’habitation et est en

quelque sorte un carrefour, où toutes les femmes de la maison peuvent participer au repas. « La

cuisine est le lieu de rassemblement des membres de la famille étendue (famille africaine) où

l’on assiste aux taquineries des adultes et à l’éclat de rire des enfants. » (Alabi Fassassi, 1997;

14).

La typologie de la villa (Voir Figure 9), à l’opposition de la concession, est une typologie

d’habitation plus récente et plus densément construite, occupant généralement toute la parcelle.

Ce type d’habitation est souvent construit en une étape et ses pièces sont construites autour

d’une petite cour ou d’un corridor, qui est généralement un espace central couvert et sombre.

Cette typologie d’habitation, dans le quartier Diamalaye, est souvent composée de un à deux

étages avec un toit-terrasse accessible.

FIGURE 10 : Évolution d’une habitation de Malika, de 2003 à 2011 (Source : Émilie Pinard)

Dans la Figure 10, l’évolution d’une habitation sénégalaise type est représentée. Quelques

pièces sont construites au départ, généralement quelques chambres et le bloc sanitaire, et plus

les besoins et les moyens financiers de la famille augmentent, plus de pièces supplémentaires

sont ajoutés. Ces pièces peuvent servir tour à tour de rangement, de cuisine, de salon pour

recevoir les invités ou encore d’abri pour les animaux d’élevage. (Hanson, 1998)

Les ouvertures des maisons donnant sur l’espace public sont généralement de petites tailles et

sont souvent fermées pour des questions d’intimité par rapport à l’espace public ou encore pour

Rez-de-chaussée Étage

2003 2006 2007 2011

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 18

des raisons de sécurité (Voir Figure 11). Ce manque d’ouverture sur l’extérieur occasionne une

mauvaise ventilation des pièces intérieures qui sont souvent très chaudes.

FIGURE 11 : Types d’ouvertures présentes dans le quartier Diamalaye (Source : Groupe habitats et cultures, automne 2011)

3.2 | DISPOSITION DES ESPACES AGRICOLES DANS L’HABITATION

Selon l’enquête sur les pratiques agricoles réalisées à l’été 20127, environ 45% des habitants de

Diamalaye ont des animaux d’élevage dans leur habitation. Ces animaux sont majoritairement

des moutons (75%) et des poulets (45%), mais il y a également des chèvres, des lapins, des

canards, des oies et des pigeons. Les principales raisons énoncées pour élever ces animaux à

la maison sont pour le plaisir d’élever, par tradition, pour assurer une sécurité financière à la

famille et pour les fêtes. Il y a également un petit nombre de personnes (environ 10%) qui

pratique le maraîchage à l’intérieur de l’enceinte de leur maison, généralement à même le sol de

la cour intérieure ou dans des contenants.

Généralement, les animaux, que ce soit moutons, chèvres, poulets, lapins ou pigeons, sont

élevés dans la cour, dans leur abris respectifs, placés plus ou moins à proximité des espaces

d’habitation. Les abris peuvent être de petits bâtiments en blocs de béton (moutons et poulets),

des espaces couverts clôturés ou non (moutons et chèvres), ou encore des ensembles de

7 Voir l’Annexe 1 pour les résultats détaillés

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 19

cages (poulets, lapins, pigeons, etc.).8 (Voir Figure 12) Parfois, il y a également des animaux

dans des pièces en construction, et ces abris ont donc souvent un caractère plus temporaire.

Les animaux peuvent également se retrouver sur les toits terrasses des habitations, et sont

donc moins liés avec les espaces de vie.

FIGURE 12: Typologies d'abris pour animaux (Source : Croquis : Andrée-Anne Roy; Photos : Groupe habitats et cultures, été 2012)

Toutefois, ces pratiques agricoles sont souvent mal intégrées aux habitations. Les espaces

réservés aux animaux sont souvent trop étroits pour le nombre d’animaux qui y sont placés.

Certains animaux n’ont pas d’espace suffisant pour pouvoir marcher durant la journée ou sont

attachés en tout temps. Les abris sont mal ventilés, des infiltrations d’eau peuvent survenir

durant la saison des pluies et les cultures ne sont pas bien protégées contre les animaux. De

plus, les principales raisons pour lesquelles les gens n’élèvent pas d’animaux, après le manque

de ressources financières, sont le manque d’espace dans la maison ou encore le manque de

sécurité (vols, etc.) Trois éléments à la base de la conception d’abris pour les animaux peuvent

être tirés de ces problématiques, soit la sécurité, la bonne ventilation de l’abri et la protection

8 Voir l’Annexe 3 pour plus de détails

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 20

contre le soleil et la pluie. Des mesures architecturales répondant à ces enjeux doivent donc

être envisagées.

Pour ce qui est des espaces dédiés à la culture, ceux-ci sont pratiqués à même le sol dans la

cour, ou encore dans des contenants recyclés placés au sol. Les espaces de culture et même

les arbres fruitiers doivent être protégés, ce qui est d’ailleurs souvent le cas dans le quartier, afin

d’éviter que les animaux en divagation ne les abîment. Des éléments recyclés tels que des

plaques de tôles, des blocs de béton ou des grillages métalliques sont placés autour des arbres

et des espaces de culture afin de les protéger des animaux (Voir Figure 13).

FIGURE 13 : Protection des arbres fruitiers et des espaces de culture (Source : Groupe habitats et cultures, été 2012)

3.3 | LES FAÇADES PRODUCTIVES ET LEUR INTÉGRATION À L’HABITATION

Les façades de bâtiment peuvent agir comme support aux activités agricoles, par l’ajout de

supports pour plantes grimpantes ou encore de bacs de plantation verticaux. Un avantage

important de l’utilisation de façades végétalisés dans l’habitation est la réduction de la chaleur à

l’intérieur du bâtiment, ce qui est particulièrement avantageux dans un climat chaud comme

celui du Sénégal en permettant de rafraîchir les espaces et de réduire la chaleur à l'intérieur des

habitations. En effet, une couche d'air est emprisonnée dans la masse de végétation, ce qui

donne à la façade un caractère isolant. L'ombre créée par les plantes permet également de

réduire la température à la surface du mur et le phénomène d'évapotranspiration des plantes

permet de rafraîchir l'air environnant. (Hopkins et Goodwin, 2011) La capacité thermique de la

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 21

façade végétalisée dépend de la densité de végétation et du type de plantes utilisée. Il importe

donc de choisir le système et les espèces de plantes en fonction des résultats escomptés. Les

murs végétalisés permettent également de protéger les façades contre les intempéries et les

rayons UV et contribuent à améliorer la qualité de l’air. (Hopkins et Goodwin, 2011)

Ce type d’installation permet également de varier les expériences vécues à l’intérieur du

bâtiment ainsi que d’agir comme occultation solaire. Cette surface agit comme un tissu, filtrant la

lumière, en plus de se modifier constamment au rythme de la croissance des plantes et des

saisons, procurant une expérience agréable pour le passant comme pour les habitants. Ce type

de façade agit également comme continuité de l’espace agricole sur le bâti, et permet ainsi de

lier l’espace agricole à l’espace public (Viljoen, 2005).

Le mur, en plus d’être un support à la production agricole, peut également être un espace de

services connexes, comme la cueillette et l’emmagasinement des eaux de pluie. Il peut

également permettre de filtrer la lumière et de laisser passer le vent afin d’augmenter le confort

des occupants (Honing, 2009). Ce type de façade productive pourrait être intégré dans un

ensemble d’habitation où une certaine densification de l’habitat est requise et où peu d’espace

au sol est disponible pour la plantation.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 22

4 | LE PROJET : UNE CITÉ PRODUCTIVE POUR LE QUARTIER DIAMALAYE

FIGURE 14: Localisation du quartier Diamalaye FIGURE 15: Localisation du site (Source : Andrée-Anne Roy) (Source : Andrée-Anne Roy)

FIGURE 16 : Le site d’intervention, à la limite entre espace agricole et espace bâti (Source : Groupe habitats et cultures, automne 2011)

Le site du projet se retrouve à la limite entre le bâti et les terres agricoles du quartier Diamalaye

(Voir Figures 14 à 16). Ce site d’une superficie de 30 000 m2, actuellement utilisé pour la culture

maraîchère, est menacé de disparaître au profit de la construction d’habitations. La mission du

projet consiste donc à développer un ensemble d’habitation intégrant l’agriculture, afin d'éviter la

perte de terres agricoles importantes pour la sécurité alimentaire des habitants du quartier tout

en maximisant les espaces d’élevage et de culture à l’intérieur comme à l’extérieur des

habitations. La conception de limites entre les espaces agricoles et l’espace public permet

également de répondre aux enjeux de protection des terres agricoles et de sécurité de ces

espaces. Le cadre de vie des habitants du quartier sera amélioré par une présence accrue de

végétation sur le site et par une disposition plus adaptée des espaces d’élevage et de culture à

l’intérieur des maisons, évitant ainsi les problèmes liés à la salubrité et la sécurité des lieux.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 23

FIGURE 17: Schéma de concepts (Source : Andrée-Anne Roy)

Tel que discuté dans le chapitre 1.2, le rassemblement des ressources et des services agricoles

dans un ensemble d’habitation représente une économie de temps et de moyens pour les

producteurs maraîchers, ce qui leur permettra d’améliorer leur productivité et ainsi mettre en

évidence l’importance de conserver ces espaces agricoles d’un point de vue financier (Voir

Figure 17). Le projet d’ensemble d’habitation, situé à la limite entre de grands espaces agricoles

et le quartier presque complètement construit, servira de zone de transition entre ces deux

espaces et permettra d’explorer une nouvelle manière de construire, par une cohabitation entre

bâti et agriculture. L’ensemble d’habitation proposé, destiné principalement aux maraîchers et

aux éleveurs du quartier Diamalaye, comprend une quarantaine d’habitations. Il intègre des

services communs, tels qu’un marché, un espace communautaire, des espaces de travail pour

les maraîchers, des espaces de rangement, un poulailler communautaire et un système de

compostage. Les espaces de production agricole situés à l’intérieur des habitations sont

maximisés par la ségrégation des espaces d’élevage (moutons, poulets, oies, canards, lapins,

etc.), des espaces de culture (micro-jardins, bac de plantation, arbres fruitiers, plantes

grimpantes, etc.) et des espaces de vie.

4.1 | DÉMARCHE MÉTHODOLOGIQUE

Plusieurs démarches ont été entamées à l’été 2012 lors d’un stage sur le terrain. Tout d’abord,

une enquête dans le quartier Diamalaye a été réalisée afin d’obtenir plus d’informations sur le

contexte agricole du quartier ainsi que sur les pratiques actuelles et le lien entre agriculture et

bâti. Les enquêtes ont été effectuées dans près de 200 maisons choisies au hasard dans le

quartier, à raison d’une maison sur deux. Ces enquêtes ont permis d’obtenir plus d’informations

concernant le nombre de personnes pratiquant des activités agricoles dans le quartier, à

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 24

l’intérieur comme à l’extérieur de leurs habitations, les animaux élevés (type, nombre, etc.) et le

type d’arbres et de plantes cultivées ainsi que les raisons pour lesquelles les gens pratiquent ou

ne pratiquent pas l’agriculture, entre autres.9 L’analyse des données de l’enquête a permis de

mieux comprendre le contexte agricole du quartier en ayant une meilleure connaissance des

espèces d’animaux, d’arbres et de plantes présents dans les habitations ainsi que leur nombre

en moyenne. De plus, ces enquêtes ont permis de faire la recension des types d’abris pour

animaux ainsi que de la disposition des espaces de cultures et d’élevage à l’intérieur des

habitations, à l’aide de croquis et de photos. Par la suite, des visites d’élevages urbains et des

rencontres avec des éleveurs, des maraichers, des vétérinaires, des professeurs et des

chercheurs du domaine agricole au Sénégal ont permis de mieux comprendre le contexte

agricole de la ville de Dakar et les besoins des producteurs et des animaux en terme d’espace

bâti et de disposition des espaces. Une analyse de système de murs végétalisés a permis de

développer différents systèmes de culture verticale pouvant être intégrés au projet d’ensemble

d’habitation.

4.2 | UNE ZONE MARAÎCHÈRE EN VOIE DE DISPARITION

Le site choisi pour l’essai (projet) est situé dans la zone nord du quartier Diamalaye à Dakar, où

des activités agricoles y sont présentement pratiquées.10 Le site est composé de plusieurs

parcelles de cultures (Voir Figure 18) et comprend également quelques habitations en

périphérie. Tel que démontré sur la Figure 19, le site choisi pour le projet se densifie

rapidement. En un peu plus de dix ans, le nombre d’habitations a considérablement augmenté

autour du site et les gens commencent de plus en plus à construire des habitations sur des

terres agricoles toujours fertiles. Un projet de promoteur immobilier est d’ailleurs prévu sur la

moitié sud du site. (Voir Figure 1, page 5) Ce projet envisage la création de 42 lots, sans

préservation de parcelles dédiées à l’agriculture, ce qui cause la perte de terres agricoles

précieuses pour la sécurité alimentaire du quartier.

Le quartier Diamalaye est desservi par une route asphaltée, la seule route qui permet de relier le

quartier à la ville de Dakar. Puisque l’ensemble du quartier est construit sur le sable, aucune

route n’est pavée. Les rues du quartier, en plus d’être des espaces de circulation pour les

charrettes et les piétons, sont également considérées comme des espaces de vie. En effet, la

9 Voir l’Annexe 2 pour les résultats détaillés 10 Voir l’Annexe 4 pour l’analyse de site détaillée

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 25

rue est utilisée par les habitants du quartier comme un espace de socialisation, de repos ou de

travail. C’est également un espace de jeu pour les enfants et un espace de circulation et de

repos pour les animaux. Les chèvres y circulent librement tandis que les moutons sont souvent

attachés près de la maison, puisque ces derniers sont plus susceptibles d’être volés. Les rues

ensoleillées sont peu fréquentées car trop chaudes durant la journée, tandis qu’il y a plus

d’animation dans les rues lorsqu’elles sont ombragées, soit par la présence d’arbres ou de

bâtiments de plus grande hauteur. Les gens peuvent également construire de petits abris dans

la rue afin de se protéger du soleil lors de rassemblements sociaux ou afin de créer un petit étal

de marché ombragé Le site se trouve près de voies de circulation importantes pour le quartier,

et d’espaces où les gens se rassemblent à l’ombre durant la journée pour socialiser, ce qui est

propice au développement d’espaces commerciaux et communautaires. (Voir Figure 20) Il y a

d’ailleurs quelques petits commerces, comme des étals de marché et des boutiques, qui sont

implantées le long de ces deux axes. (Voir Figure 21)

FIGURE 18: Espaces agricoles près du site FIGURE 19: Évolution du bâti autour du site (Source : Andrée-Anne Roy) (Source : Andrée-Anne Roy)

FIGURE 20: Gradation des espaces de circulation FIGURE 21: Infrastructures et commerces (Source : Andrée-Anne Roy) (Source : Andrée-Anne Roy)

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 26

Différents types de commerces et d’infrastructures sont présents dans le quartier11, mais peu de

services sont destinés aux agriculteurs malgré leur présence importante dans le secteur. Une

boutique pour les aviculteurs est située à proximité du quartier, de l’autre côté de la route

nationale, tandis que pour se procurer des équipements pour le maraîchage, les producteurs

doivent se déplacer à 30 min de route pour acheter leurs semences, engrais et équipements.

L’implantation de ressources agricoles est donc un besoin pour les éleveurs et les maraîchers

du quartier.

4.3 | UN ENSEMBLE D’HABITATION INTÉGRANT AGRICULTURE ET BÂTI

L’ensemble d’habitation proposé est principalement destiné aux agriculteurs et éleveurs du

quartier Diamalaye qui désirent augmenter la productivité de leurs activités agricoles, ou aux

ménages qui souhaitent débuter une activité agricole. Le projet comprend une quarantaine

d’unités d’habitation de un à deux étages, occupant chacune une superficie d’environ 125 m2 au

sol. Ces habitations intègreront différentes principes d’agriculture urbaine tels que des espaces

destinés à l’élevage (moutons, chèvres, poulets, etc) ainsi que différents espaces de culture

(murs productifs, tables de micro-jardinage, bacs de plantation, treillis, pergolas servant de

support aux plantes grimpantes, arbres fruitiers, etc). De plus, chaque habitation sera en lien

direct avec les espaces agricoles communs, grâce à une porte de service donnant à l’arrière de

l’habitation.

La Figure 22 représente les différentes étapes mises en œuvre lors de la conception du plan

d’implantation, de manière à protéger certains espaces agricoles tout en favorisant le

développement immobilier du quartier. Ces différentes étapes pourraient éventuellement être

répétées dans la création d’autres projets du même type, visant à protéger les espaces

agricoles péri-urbains menacés par la pression foncière.

Tout d’abord, les habitations seront disposées autour des zones agricoles à préserver de

manière à créer une limite entre l’espace public et les espaces agricoles et ainsi protéger les

terres fertiles de la spéculation foncière. (Voir l’Étape 1 de la Figure 22 et la Figure 24) La limite

double, correspondant ici aux habitations, est alors utilisée. Les habitants auront à la fois un lien

visuel et physique entre l’espace public de la rue à l’avant et l’espace agricole à l’arrière.

Ensuite, la création d’une rue sur un sentier déjà existant sur le site permet de séparer l’espace 11 Voir l’Annexe 4 pour l’analyse de site détaillée

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 27

agricole en deux parties. La première partie, la zone la plus au sud du projet, sera destinée à la

culture de jardins communautaires, dont les récoltes seront majoritairement dédiées à la

consommation personnelle ou à la vente en plus petites quantités. L’espace au nord est

constitué quant à lui de parcelles plus grandes, dédiées à la vente en plus grand volume. (Voir

l’Étape 2 de la Figure 22 et la Figure 23)

FIGURE 22 : Étapes d’implantation du projet (Source : Andrée-Anne Roy)

Afin de pallier au manque actuel de ressources agricoles dans le quartier, différents services

sont mis à la disposition des agriculteurs dans le projet. D’abord, l’ajout de deux poulaillers

communautaires permet un accès plus facile à la production pour les aviculteurs qui démarrent

dans le domaine et qui n’ont qu’une faible capacité d’investissement de départ. Un espace

réservé au compostage est aussi implanté sur le site et permet d’utiliser les déchets produits par

les animaux pour engraisser les champs, et donc d’utiliser les ressources en boucle fermée. Par

exemple, les déjections animales provenant des habitations et des poulaillers pourront être

amenées dans le système de compostage communautaire, et pourront être utilisés pour fertiliser

les grands espaces maraîchers ou les espaces de cultures dans les habitations. Les espaces de

rangements communs, permettant de ranger les matériaux et les intrants, et les espaces

couverts destinés au repos et au travail (tri et la transformation des légumes) sont situés au

cœur des espaces agricoles, afin de ne pas avoir de liens directs avec les espaces d’habitation.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 28

Des ruelles de services étroites créées entre les îlots d’habitation permettent aux piétons

d’accéder aux espaces agricoles (Voir Figure 25) tandis que des voies de service situées en

périphérie des espaces agricoles permettent aux charrettes d’y accéder. Cette voie de service

permet également la collecte du fumier dans les habitations pour alimenter le système de

compostage. Une haie vive permettra de séparer l’espace agricole de cette circulation de

services, à la manière d’une limite mince. Les espaces agricoles seront ainsi connectés aux

espaces publics, sans toutefois favoriser la continuité du développement immobilier (Voir l’Étape

3 de la Figure 22).

FIGURE 23: Vue de la rue centrale (Source : Andrée-Anne Roy)

FIGURE 24 : Les habitations proposées font face au quartier existant (Source : Andrée-Anne Roy)

FIGURE 25 : Une ruelle permettant d’accéder aux espaces agricoles (Source : Andrée-Anne Roy)

FIGURE 26 : Le marché et l’espace communautaire (Source : Andrée-Anne Roy)

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Finalement, la dernière étape consiste à créer un espace public à l’entrée de ce nouveau projet

d’habitation, et d’ainsi créer un lien entre les zones agricoles et le reste du quartier. Un espace

de marché et une boutique seront implantés à cet endroit, le long de la rue passante, pour que

les producteurs puissent vendre leurs produits et acheter leurs ressources (nourriture, outils,

équipements agricoles, etc.) dans un même endroit. (Voir Figure 26) L’ajout d’un espace

communautaire, qui est actuellement l’un des besoins du quartier, ainsi que d’un centre de

formation en agriculture, permettront de former les gens ayant peu de connaissances dans le

domaine et de servir d’espaces de démonstration de nouvelles techniques agricoles. Un champ

de démonstration est d’ailleurs situé à proximité du centre de formation. (Voir l’Étape 4 de la

Figure 22).

4.4 | UNE HABITATION AGRICOLE EN QUATRE ÉTAPES

L’habitation est conçue afin d’évoluer avec le temps, à l’image des maisons du quartier qui sont

construites au fur et à mesure de l’évolution des besoins des ménages et de leurs moyens

financiers. La matérialité utilisée pour l’habitation, soit la mise en valeur d’un système de

poteaux-poutres avec remplissage, est liée aux pratiques constructives présentes dans le

quartier, rappelant le caractère d’évolution constante. Quatre étapes d’évolution de l’habitation

sont donc suggérées dans ce projet.

4.4.1 | ÉTAPE 1

FIGURE 27: Étape 1 de l'évolution de l'habitation (Source : Andrée-Anne Roy)

La première étape d’évolution (Voir Figure 27) équivaut à une habitation de base, comprenant

les pièces qui sont habituellement construites en premier dans une concession type du quartier,

soit deux chambres accolées au mur d’enceinte avant ainsi qu’une cuisine et un bloc sanitaire

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 30

(douche et toilette) sur le mur d’enceinte arrière. Cette manière de construire permet de

minimiser le nombre de murs à ériger, le mur d’enceinte correspondant au mur d’une pièce. Ces

pièces sont disposées autour d’une cour en sable dans laquelle il y a un abri temporaire pour

animaux. D’autres éléments sont également intégrés lors de cette étape :

Des toitures en pente permettent la récupération des eaux pluie, et sont surélevées afin

d’éviter la surchauffe dans les pièces. Le vent pouvant circuler entre le plafond en béton

de la pièce et la toiture en métal, la surchauffe dans les pièces en est donc grandement

diminuée.

La structure peut se désassembler afin de suivre l’évolution de la maison.

Des bacs de culture amovibles sont intégrés aux ouvertures en façades. (Voir Figure 28)

La création de plusieurs ouvertures étroites plutôt qu’une seule ouverture ponctuelle

permet de protéger les vues sur l’intérieur tout en créant un apport d’air mieux réparti à

l’intérieur des pièces. De plus, la petite taille des fenêtres permet d’éviter l’utilisation de

barreaux dans les fenêtres pour une question de sécurité. Un système de persiennes est

placé à l’intérieur de ces fenêtres pour plus d’intimité.

FIGURE 28 : Bacs de culture amovibles intégrés aux fenêtres (Source : Andrée-Anne Roy)

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 31

4.4.2 | ÉTAPE 2

FIGURE 29 : Étape 2 de l'évolution de l'habitation (Source : Andrée-Anne Roy)

La deuxième étape (Voir Figure 29) consiste à densifier le rez-de-chaussée par l’ajout d’une

chambre et de locaux de rangement. Voici les différents éléments ajoutés lors de cette étape :

La cour est dallée, et un comptoir ainsi qu’un banc pour les travaux quotidiens, comme la

préparation des repas et la lessive, y sont ajoutés. (Voir Figure 30)

Un bac de plantations pour arbres ou arbustes est placé au centre de la cour, juxtaposé

au banc.

Un bac de récupération des eaux de pluie est placé sous le comptoir.

Un escalier est ajouté permettant d’accéder à la terrasse.

L’abri pour animaux est alors déplacé sur la terrasse. Cet abri est un petit bâtiment

pouvant s’adapter autant aux moutons qu’aux poulets, les deux types d’animaux qui sont

le plus souvent élevés dans le quartier et qui demandent souvent le plus d’espaces.

Puisque les besoins en ventilation diffèrent selon le type d’animal, ou encore selon l’âge

des poulets, des volets ajustables permettent de varier les grandeurs des ouvertures

selon les besoins en ventilation requis. Cet abri est donc un bâtiment hybride entre

l’enclos en bloc de béton pour les moutons et le grand poulailler. (Voir Figure 31)

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 32

FIGURE 30: Vue sur la cour FIGURE 31: Abri des animaux FIGURE 32: Mur productif (Source : Andrée-Anne Roy) (Source : Andrée-Anne Roy) (Source : Andrée-Anne Roy)

Les autres animaux, tels que les canards, les oies et les pigeons, pourraient

éventuellement être élevés dans de petits abris situés à proximité du grand abri pour

moutons ou pour poulets.

Des tables de micro-jardinage sont placées sur le toit, et des contenants de culture sont

placés à la base des tables afin de récupérer l’eau. L’espace réservé aux animaux est

ainsi séparé de l’espace de culture par l’escalier.

FIGURE 33 : Systèmes de façades productives (Source : Andrée-Anne Roy)

Un système de lattes horizontales supportées par un cadre en métal et comprenant un

bac de culture à la base pour plantes grimpantes permet de créer une façade ventilée.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 33

Les lattes peuvent être faites de divers matériaux tels que du bois, des branches, du

métal ou encore de divers éléments recyclés, permettant ainsi d’accommoder tous les

types de budget (Voir Figure 32 et 33).

Le système de lattes continue sur le toit-terrasse sous la forme d’une pergola, et permet

ainsi de créer une zone d’ombre pour le travail (tri ou transformation des légumes) ou

encore pour le repos.

Un deuxième système, composé de bacs de cultures superposés avec des lattes en

hauteur, permet de cultiver différents types de produits alimentaires, tels que des

tomates, des concombres, de la menthe, de la salade, des oignons verts, des piments,

par exemple, jusqu’à une hauteur facilement accessible pour la récolte (Voir Figure 32 et

33).

Les deux types de systèmes de façades productives peuvent être modifiées et

interchangés en fonction des types de cultures privilégiés par la famille (plantes

grimpantes ou légumes par exemple).

4.4.3 | ÉTAPE 3

FIGURE 34 : Étape 3 de l'évolution de l'habitation (Source : Andrée-Anne Roy)

Lors de cette étape (Voir Figure 34), deux chambres supplémentaires sont ajoutées à l’étage

ainsi qu’un rangement pour l’équipement agricole entre les deux chambres. Un système de

façade productive est également ajouté sur le mur aveugle de la cour. (Voir Figure 30)

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 34

4.3.4 | ÉTAPE 4

FIGURE 35 : Étape 4 de l'évolution de l'habitation (Source : Andrée-Anne Roy)

Finalement, lors de cette dernière étape, (Voir Figure 35) un escalier permettant d’accéder à la

terrasse est ajouté et les tables de micro-jardinage ainsi que la pergola sont déplacées sur le toit

créé lors de l’étape 3. Un autre toit est ajouté au-dessus de l’escalier afin d’éviter l’infiltration

d’eau dans la cage d’escalier lors de la saison des pluies. L’habitation pourrait éventuellement

continuer de se densifier de la même manière, soit en continuant de construire des pièces en

hauteur, afin de garder un seul bloc densifié à l’avant et ainsi permettre de conserver la cour

intérieure à l’arrière près de l’extérieur.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 35

CONCLUSION

Cet essai (projet) permet de repenser le développement immobilier au Sénégal, et même

ailleurs, afin d’y intégrer les espaces agricoles nécessaires à l’approvisionnement en nourriture

des villes. La création d’un ensemble d’habitation dans ce contexte permet de mettre en valeur

ces espaces agricoles et pourra servir de modèle d’intégration de l’agriculture à l’habitation, tout

en répondant aux demandes grandissantes en terme de logement. Il permet également de

démontrer qu’il peut être possible de cultiver des aliments et d’élever des animaux même si

l’habitation est densément construite et qu’il y a peu d’espace au sol. Développer un complexe

d’habitation intégrant l’agriculture permet d’assurer la sécurité alimentaire des populations de

Diamalaye en préservant des espaces agricoles et en maximisant les espaces d’élevage et de

culture, tout en répondant aux besoins en termes d’habitation et de densification urbaine, qui

deviennent de plus en plus pressants.

Toutefois, certains éléments auraient mérité d’être étudiés plus en profondeur dans le cadre de

cet essai-projet. Par exemple, les procédés bioclimatiques permettant de rendre plus agréables

les espaces à l’intérieur de l’habitation auraient pu être étudiés davantage afin de créer une

habitation optimale au niveau du confort des habitants. De plus, la notion de rue productive n’a

été que très peu intégrée dans le projet et aurait mérité d’être plus élaborée afin de créer une

continuité plus importante entre espace agricole et espace public. Des boutiques et des espaces

communautaires auraient mérité d’être intégrés dans le développement du projet afin d’animer

les rues et de rendre le développement immobilier moins rigide.

De plus, un manque de connaissances techniques au niveau de l’agriculture et de l’horticulture a

probablement limité l’exploration de l’intégration de l’agriculture à l’habitation. Dans de futures

recherches, le travail en partenariat avec des agronomes et des horticulteurs pourrait aider à

pousser cette idée d’intégration de l’agriculture au bâti encore plus loin.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 36

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Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 39

ANNEXES 1 | RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE À DIAMALAYE EFFECTUÉE À L’ÉTÉ 2012

2 | COMPTES RENDUS DE RENCONTRE

3 | TYPOLOGIES D’ABRIS POUR ANIMAUX

4 | ANALYSE DU SITE D’INTERVENTION

5 | PLANCHES TELLES QUE PRÉSENTÉES À LA CRITIQUE FINALE

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ANNEXE 1 | RÉSULTATS DE L’ENQUÊTE À DIAMALAYE EFFECTUÉE À L’ÉTÉ 2012 ÉLEVAGE DOMESTIQUE:

OUI

NON

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CULTURE DOMESTIQUE:

ARBRES FRUITIERS

ManguiersCitronniersSapotiersCorossolCerisiersBananiersGrenadineMandariniers

OUI

NON

MARAÎCHAGE

BissapMentheSaladeOignons Thé TomatesOseilleManioc

PLANTES ET ARBRES

Plantes et arbres médicinauxPlantes ornementalesAloe veraeCactusNime Taba naané

Maïs Patates Chou Poireaux Navets

PapayersCocotiersPomme cannelleVignesFruit de la passionOrangersGoyavesGuerté toubab

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AGRICULTURE À L’EXTÉRIEUR DES HABITATIONS:

| Le plus souvent, les gens sont proprié-taires, locataires ou employés de poulaillers situés dans le quartier même

ÉLEVAGE

CULTURE

| Certains possèdent également des animaux situés dans leur village d’ori-gine, appartenant à leur famille (vaches, moutons, chèvres, chevaux)

| D’autres élèvent des animaux chez leur voisin, par manque d’espace

DANS LE QUARTIER

OignonsSaladePatatesOseilleChouCarottesBissapMentheTomatesAuberginesNavets

AU VILLAGE OU EN MILIEU RURAL

ArachideMilHaricotsBissapRizManiocMaïsPastèques

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ANNEXE 2 | COMPTES RENDUS DE RENCONTRE 2A – PREMIÈRE RENCONTRE AVEC L’ASSOCIATION DES PETITS AVICULTEURS DE MALIKA (APAM) ET VISITE DE POULAILLERS

31 MAI 2012 | RENCONTRE AVEC M. AW, PRÉSIDENT DE L’ASSOCIATION DES PETITS AVICULTEURS DE MALIKA, (APAM) ABDOULAYE MARONE, VICE-PRÉSIDENT, DEMBA SOW, TRÉSORIER ET MAMADOU LAYE SÈNE, MEMBRE DE L’APAM ET CONSEILLER MUNICIPAL

1 - Est-ce que l’Association des Petits Aviculteurs de Malika (APAM) fait partie d’un réseau d’agriculture plus grand? Sinon, pourquoi ne font-ils pas partie de ces réseaux? L’APAM fait également partie, à l’échelle nationale, de la Fédération des acteurs de la filière avicole

(FAFA). M. Aw en est le vice-président, tandis que le secrétaire général de l’APAM en est le trésorier.

2 - Quel est le rendement habituel des productions?

Pour les poulets de chair, cela prend environ 45 jours d’élevage avant de pouvoir vendre, mais cela prend

environ 70 jours quand on considère le cycle total (nettoyage du local, attente, réception des poulets,

élevage, vente, nouveau nettoyage). Cela permet de faire environ de 5 à 6 productions par année. Pour

les poules pondeuses, elles sont remplacées au bout de 2 ans. Elles commencent à produire des œufs au

bout de 4 mois.

3 - Où est-ce que les aviculteurs achètent la nourriture pour les poulets, les poussins, les équipements, etc.

SEDIMA : un fournisseur d’intrants et d’aliments pour l’aviculture (poussins de chair et de ponte, aliments

pour poussins de chair et de ponte, matériel pour l’aviculture, etc.).

NMA : autre fournisseur en intrants et en aliments pour les aviculteurs

L’APAM, par le biais du dépôt d’aliment financé par l’IAGU, vend des poussins, des aliments (pour poulets

de chair et poules pondeuses) et du matériel avicole à ses membres exclusivement. Il y a un tarif réduit

pour le transport de 100 francs par sac. La trésorerie de l’association fait les achats à la SEDIMA. Le local

du dépôt d’aliment est loué et un employé est chargé de surveiller le dépôt d’aliments.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 44

4 - Où les produits sont-ils revendus?

Les producteurs vendent au marché ou à des particuliers. Le système de vente est très peu organisé,

puisque informel, ce qui fait que les producteurs ne vendent pas leurs produits toujours au même endroits

ou aux mêmes commerçants.

Différents facteurs pourrait expliquer la surproduction (Ce serait probablement plus un problème de

commercialisation que de production):

Le manque d’espaces pour réfrigérer les carcasses ainsi que les pannes de courant

fréquentes font en sorte que les produits ne peuvent être gardés longtemps par les

commerçants. Ceux-ci ne prennent alors qu’un petit nombre de poulets afin d’éviter

les pertes.

Les entreprises qui produisent les poussins, telles que la SEDIMA, ne régulent pas le

marché. Ils produisent de grande quantité de poussins sans se soucier de la

demande.

Les «crises économiques» surtout durant la période de l’hivernage, font en sorte que

les gens achètent moins de poulet.

5 - À quoi ressemblent les installations ? Qu’est-ce qui est nécessaire au niveau bâti?

Besoin d’une bonne ventilation naturelle, pour éviter la chaleur;

Besoin d’un toit étanche pour la période de l’hivernage;

Visite de trois poulaillers de Malika (Voir Figures 13 et 14) : o Des toiles sont placées sur les fenêtres quand les poulets sont jeunes pour bloquer le

vent, mais sont enlevées lorsque les poulets sont plus vieux (les poulets sont plus

gros et donc plus entassés, et produisent donc plus de chaleur);

o Tout est peint en blanc à l’intérieur;

o Auvents au-dessus des fenêtres;

o Fenêtres grillagées de tous les côtés + ouvertures entre les blocs de béton dans le

haut des murs;

o Plancher du poulailler plus haut à cause des inondations (dans les zones inondables);

o Boîte de carton dépliée pour éviter que les poules sortent (besoin d’un sas?);

o 550 poulets dans 70 m2;

o Environ 1 sac de nourriture par jour à 2 mois (Besoin d’un espace de stockage assez

grand);

o Local de rangement / stockage de nourriture;

o Chambre pour l’employé;

o Robinet (accès à l’eau potable);

o Fond : copeaux de bois ou coquilles d’arachides (utilisé aussi au champ);

o Casiers pour pondre.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 45

Vue extérieure du poulailler Vue intérieure du poulailler

6 - Qui élève? Les propriétaires? Des locataires? Des employés?

Certains propriétaires de poulailler engagent des employés pour s’occuper de leur poulailler. 95% des

aviculteurs sont locataires de leurs poulaillers. Plusieurs poulaillers sont divisés pour permettre à plusieurs

aviculteurs d’y louer de petits espaces séparés.

7 - Comment fonctionnent la surveillance et la sécurité des poulaillers?

Les poulaillers sont souvent jumelés à une habitation ou à une chambre pour le propriétaire ou pour

l’employé chargé de s’occuper du poulailler, ce qui permet d’avoir une surveillance constante.

8 - Comment s’approvisionnent-ils en eau?

Certains aviculteurs sont branchés au réseau d’eau potable tandis que d’autres n’y ont pas accès.

Certaines demandes d’accès au réseau d’eau potable avaient été envoyées à l’IAGU, mais cela n’a

jamais abouti, manque de financement. Les poulaillers qui disposent de robinets ont moins de problèmes

de maladies et de mortalité liées à l’eau. Les aviculteurs se partagent l’eau courante lorsque possible,

mais cela fait en sorte que les factures d’eau montent rapidement. (Lorsque la consommation en eau

dépasse 20 m3, le tarif triple, et ainsi de suite)

9 - Quels sont les problèmes liés à l’aviculture à Malika?

Contamination de la viande par l’eau d’abreuvement (proximité de la décharge)

Manque de formation : La plupart des aviculteurs qui commencent une production

n’ont pas de formation dans le domaine avicole.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 46

Compétition : La SEDIMA a le presque monopole du marché de l’aviculture (elle

produit de 60 à 70% des œufs du Sénégal), ce qui fait en sorte que les petits

producteurs doivent baisser leur prix pour pouvoir vendre. Mais la SEDIMA est en

même temps le principal fournisseur au niveau de l’aviculture. C’est le plus grand

compétiteur tout en étant le seul fournisseur. Les aviculteurs croient qu’il y a besoin

d’un changement de politique à ce niveau afin d’assurer la pérennité de leurs

activités.

Poussée de l’urbanisation :

o Selon les aviculteurs, des zones devraient être réservées par l’État pour

l’élevage dans les zones des Niayes pour éviter que les habitations se

construisent autour des poulaillers. Les poulaillers au centre des quartiers

peuvent, selon eux, devenir des problèmes de santé publique.

o Leur solution serait de construire un poulailler commun pour tous les

membres de l’APAM sur le bord du littoral pour assurer la pérennité des

activités avicoles à Malika sans nuire à la population. (Selon moi, ce serait

une solution à court terme seulement, si l’on se fie au rythme où va

l’urbanisation. Les poulaillers entourés d’habitation à Malika aujourd’hui

étaient situés dans des champs il y a à peine 15 ans.)

Pour ce qui est du programme de micro-crédit, ce sont 21 aviculteurs de l'APAM qui ont bénéficié de ce

programme. Les membres de l'APAM que nous avons rencontré aimeraient bien que l'IAGU continue le

programme de micro-crédit pour une question d'équité entre les membres (l'APAM comprend environ 100

membres), mais nous n'avons pas su si les membres que nous avons rencontré avaient personnellement

bénéficié du programme. Le programme est actuellement bloqué en raison du non-paiement d'un des

bénéficiaires. Éventuellement, l'APAM voudrait gérer elle même le programme de micro-crédit afin de

faire circuler l'argent à l'intérieur de l'APAM au lieu d'avoir à chaque fois à rembourser l'IAGU.

Cité productive | Intégration de l’agriculture au paysage urbain et au bâti dans un ensemble d’habitation en banlieue de Dakar 47

2B – VISITE DE LA PÉPINIÈRE DE PATTE D’OIE HLM

6 JUIN 2012 | RENCONTRE AVEC M. OUSSEYNOU SECK, CHEF DE LA DIVISION DES ESPACES

VERTS À LA VILLE DE DAKAR, BAMBA N’GOM, TECHNICIEN AMÉNAGISTE À LA VILLE DE DAKAR,

ET NDIAYA TRAORÉ, FORMATRICE SUR LE MICRO-JARDINAGE

L’objectif à la base du projet était de fournir des plantes à moindre coût à la Ville de Dakar pour reverdir

les espaces verts. Les partenaires principaux sont Réseau Plus et l’IAGU. Réseau Plus a fourni de petits

équipements à la pépinière (brouettes, pelles, etc.) Quelques employés sont là à tous les jours, il y a 4

techniciens de la ville qui travaille à la pépinière ainsi que 5 personnes de la Commune d’arrondissement

du Grand Yoff. La main-d’œuvre est non spécialisée et formée sur place.

1 - Que cultive-t-on à la pépinière?

Pour le micro-jardinage, on cultive essentiellement des produits comestibles (tomates, salades, menthe,

oignons verts, concombres, etc.) La combinaison de culture (ex : salade et tomate) permet d’améliorer la

productivité des tables. Des tables de micro-jardinage appartiennent à la direction de l’horticulture. Ils font

des tests de compostage et d’engrais avec des coques d’arachide, des résidus de riz et du fumier.

Éventuellement, des arbres fruitiers seront cultivés à la pépinière. Certaines personnes cultivent de petits

arbustes à la pépinière, mais n’ont pas besoin de louer les espaces. Les lots entre les différentes

catégories de boutures doivent être bien délimités et séparés par de petites allées. Les allées doivent être

large et dégagées entre les tables de micro-jardinage pour permettre le nettoyage et faciliter la circulation,

mais pour l’instant, les femmes y place des cruches de 10 litres d’eau servant à la culture.

Tables d'essais de substrats et de compost

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Allées entre les sections de boutures Micro-jardinage entre les allées

2 - Quels sont les besoins en terme de bâti et d’équipement pour la pépinière?

Un conteneur permet de ranger tout le matériel nécessaire à la pépinière. Il est prévu éventuellement de

diviser le conteneur en deux, pour faire un bureau de coordination et un espace de vente. Pour l’instant, il

n’y a pas assez de vente pour justifier la création d’un tel espace. Il y a un petit bureau dans le conteneur,

mais il n’est que très rarement utilisé. Il y a aussi un petit abri extérieur qui permet de faire pousser les

plantes d’ombres et qui est également le lieu de repos et de rencontre principal pour les employés de la

pépinière.

Abri extérieur

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3 - Comment se fait la surveillance de la pépinière?

Il n’y a pas eu de problèmes de sécurité jusqu’à maintenant sur le site, et il n’y a donc pas besoin d’avoir

un gardien. Des gens avaient été engagés au début pour la sécurité, mais travaillent maintenant comme

ouvriers sur la pépinière. Tout le matériel est rangé dans le conteneur qui est verrouillé à chaque soir. Le

site est également exposé, ce qui empêche les malfaiteurs de s’infiltrer dans la pépinière.

4 – Comment se fait l’accès à l’eau potable?

Il y a deux pompes permettant de puiser l’eau de puits. Une demande a été faite auprès de la SDE pour

avoir un branchement au réseau d’eau potable.

5 - Y’a-t-il un système de compostage mis en place à la pépinière? Si oui, comment ça fonctionne?

La pépinière a commencé il y a peu de temps à faire du compost. Le compost est composé de résidus de

filao et de fumier, deux ingrédients assez dispendieux et durs à trouver. Cela prend environ 1 mois à faire,

tout dépendant de la facilité d’accès à l’eau. La pépinière voudrait qu’éventuellement les femmes utilisent

le compost plutôt que l’engrais. La pépinière aimerait pouvoir disposer d’un grand terrain où il serait

possible de produire du compost à plus grande échelle. Certaines matières organiques pourraient être

déposées sur ce site au lieu de se retrouver à la décharge de Mbeubeuss.

Compostage à la pépinière

Des femmes du quartier ont été formées à la pépinière sur le micro-jardinage. Elles sont toujours sur

place puisque les gestionnaires de la pépinière se doivent de les encadrer après leur avoir donné la

formation. Les femmes ne veulent pas non plus quitter car le site de la pépinière leur donne beaucoup de

visibilité (proximité de l’autoroute) et elles vendent bien à cet emplacement. Au départ, une table a été

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donnée à chaque femme participant au programme. Une formation a été donnée afin de savoir comment

fabriquer une table et les femmes désirant plus de tables pouvait construire leurs tables elles-mêmes.

Plusieurs objets de récupération sont également utilisés, en plus des tables, pour le micro-jardinage,

comme les pneus, les bassines, les bouteilles, etc. Les femmes participant au programme font partie

groupement féminin appelé « Centre de production communautaire » comprenant une quinzaine de

femmes. Les tables sont faites de bois de récupération (palettes) et recouvertes d’une toile de plastique.

Un trou est pratiqué à l’une des extrémités pour faciliter le drainage. On peut placer une plante sous la

sortie du drain afin de ne pas perdre l’eau.

Objets de récupération utilisés pour le micro-jardinage Dispositif de récupération de l'eau

6 - Est-ce que les personnes qui cultivent ici cultivent également à la maison?

Un petit nombre de femmes, après les formations, ont amené leurs tables de micro-jardinage à la maison

au lieu de les laisser à la pépinière. Peu de femmes ont fait cela car elles ont peu d’espace à la maison

pour cette fin (Les maisons sont à peu près de 150 m2).

7 – Quels sont les points forts du projet?

Le dynamise et la volonté des gens qui travaillent à la pépinière sont une des principales raisons du

succès de la pépinière. L’implication de la Ville dans le projet est également importante. (M. Seck et M.

N’gom sont extrêmement impliqués dans la pépinière et passe beaucoup de temps là-bas. Ce sont des

gens vraiment passionnés qui ont a cœur la réussite de la pépinière.)

8 – Quels sont les problèmes rencontrés?

Le premier site convoité pour le projet était situé à Hann Bel-Air, mais les habitants de Patte d’Oie HLM

avaient manifesté leur intérêt pour accueillir le projet. Toutefois, peut-être qu’une petite partie de la

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population n’était pas au courant ou n’était pas d’accord, car la population a causé certains problèmes à la

pépinière. Par exemple, les femmes qui ont des tables de micro-jardinage à la pépinière ne devaient être

là que temporairement. Un autre emplacement avait été prévu dès le début du projet pour accueillir le

micro-jardinage, mais la population ne veut pas que le micro-jardinage soit déplacé sur un autre terrain. Il

y aurait probablement des problèmes internes dans le quartier. Il y a eu au début du projet un problème

d’accès à l’eau. La pompe qui leur permettait de recueillir l’eau de leur puits était brisée. Ils devaient alors

acheter de l’eau pour arroser les plantes et les arbustes. Le seul problème pour la rentabilité était le

manque d’eau, mais maintenant que ce problème est réglé, tout devrait bien aller. La pépinière

commence à cultiver des arbres (cocotiers), puisqu’elle ne pouvait pas avant à cause du manque d’eau.

La pépinière a l’intention de former des groupes de jeunes hommes afin de créer de petites pépinières

dans le quartier, mais ces jeunes ne semblent pas avoir beaucoup d’intérêt pour la chose.

9 - Est-ce que le projet est là pour rester?

Les gestionnaires du projet, M. Seck et M. N’gom, veulent que le projet puisse marcher sans les

partenaires. Le partenariat vient à échéance en juillet. Ils affirment qu’ils ont tout ce qu’il faut pour réussir :

de la volonté, des gens, de la compétence. Ils vont commencer à vendre certaines plantes d’ornement à

rabais à des particuliers afin de pouvoir pérenniser le projet

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2C – PREMIÈRE VISITE D’ÉLEVAGES URBAINS

13 JUIN 2012 | VISITES D’ÉLEVAGES EN MILIEU URBAIN AVEC M. ALASSANE WADE ET LE DR

KONATÉ, VÉTÉRINAIRES À LA NMA

1 - Quels sont les besoins en terme d’équipements et de bâti des poulaillers?

Ceux qui n’ont pas de bons poulaillers n’élèvent pas durant l’hivernage à cause de la pluie. Si le toit n’est

pas étanche, l’eau se mélange aux fientes et cause des maladies et de la mortalité.

2 - De quoi est faite la litière ?

De sciures de copeaux, de sciures de paille de riz ou de sciures d’arachide. Cette dernière est toutefois

moins absorbante.

3 - Comment se fait la ventilation des poulaillers en milieu urbain?

La ventilation se fait en fonction du lever du soleil et des vents dominants.

4 - Y’a-t-il des risques pour la santé humaine ou animale de l’élevage en milieu urbain?

Il y a des risques, surtout liés à l’odeur. Il n’y a pas de risques de maladies liés à la cohabitation ou aux

contacts entre les humains et les animaux. Les maladies sont transmises seulement si l’animal est

mangé. Les poulets doivent être plus loin ou pas à la même hauteur que l’habitation, mais les moutons

peuvent être à la même hauteur que l’habitation, même à côté de la chambre ou de la cuisine. Les

moutons doivent pouvoir sortir se promener. Ils ont besoin de ventilation, mais moins que les poulets.

5 - Quels sont les avantages et les inconvénients de l’aviculture urbaine par rapport à l’aviculture en milieu rural?

C’est plus rentable d’élever en ville qu’en milieu rural car il y a moins de maladies, plus d’oxygène lorsque

les élevages sont en hauteur et moins de contacts avec les élevages autour. Les poulets grossissent

généralement plus rapidement. L’accès à l’eau, à la nourriture et aux équipements pour l’élevage

(abreuvoirs, mangeoires) est plus facile et le positionnement géographique est avantageux pour faciliter

tout le processus post-élevage. (Abatage, déplumage, pesage, étiquetage et stockage à proximité). Il est

plus facile également d’écouler les produits. Les associations d’éleveurs sont concentrés dans la zone et

les trajets d’écoulement sont plus courts (chemin de fer, route, etc.) En milieu rural les marchés et les

services sont plus loin et il y fait souvent plus chaud (les poulets ne mangent pas s’il fait trop chaud). La

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proximité et le contact direct entre l’animal et le propriétaire est souvent considéré comme un avantage

pour les éleveurs.

6 - Comment les producteurs commencent-ils leur production?

Ils prennent un prêt pour démarrer ou ils commencent par leurs propres moyens.

7 - Pourquoi choisissent-ils cette activité ?

Ils choisissent cette activité soit parce qu’ils aiment les animaux, ou pour une question de rentabilité, pour

s’occuper.

8 - Qu’est-ce que les éleveurs en retirent?

Une production de 100 sujets pour 40 jours coûtent 150 000, et donne environ 237 000 de revenus, ce qui

donne environ 90 000/mois pour un ménage en moyenne.

1ERE VISITE : MOUTONS ET POULETS SUR LE TOIT À THIAROYE

Élevage de moutons (15) au 3e étage. L‘habitation se trouve au rez-de-chaussée et au premier étage, et

le deuxième étage est en construction.

4 pièces fermées + terrasse (un espace pour les moutons, un poulailler et un espace de stockage)

La sœur du propriétaire élève aussi des poulets sur cet étage. Ils ont un projet de poulailler de pondeuse.

Pour réaliser ce projet, ils auront besoin d’une bonne étanchéité pour le plancher et de diminuer le

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nombre de moutons (une partie de la terrasse où vont les moutons durant la journée sera utilisée pour le

nouveau poulailler). Les moutons coûtent plus chers à élever que les poules.

Il y a 3 mangeoires en tout : une pour les aliments humides, une pour la paille et une pour l’eau. Une

mangeoire se trouve sur la terrasse et les deux autres à l’intérieur de l’enclos.

Les moutons sur la terrasse

9 - Comment se fait l’étanchéité du toit et du plancher ?

Le plancher de l’endroit où dorment les moutons est composé d’un tapis en goudron, de ciment et de

carreaux.

10 - Comment se fait la ventilation de l’enclos des moutons et du poulailler?

Le muret de l’enclos des moutons est à 40 cm de hauteur, tout le reste est ouvert (grillage). Il y a une

ouverture également sur le mur parallèle.

11 - Comment se fait l’approvisionnement en eau ?

Accès à l’eau potable par un robinet.

12 - Comment se fait la gestion des déchets ?

La litière est changée au 2 semaines. Des jeunes en charrette viennent ramasser la litière.

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13 - Est-ce que la litière est récupérée pour la culture ?

Tout est récupéré. La litière de mouton (humus) est réutilisée dans la production maraichère.

14 - Quels sont les avantages et les inconvénients de l’élevage urbain par rapport à l’élevage en milieu rural?

Il est plus facile de trouver la nourriture en milieu rural (Pas besoin de toujours acheter, les animaux

peuvent aller paître dans les champs), mais la nourriture en milieu urbain est de meilleure qualité. Plus de

contact avec les animaux lorsqu’ils sont à l’intérieur même de la maison (Bonne chose) On peut vendre

les animaux plus chers en ville. Il n’y a pas de problèmes d’odeur, c’est bien géré. Les moutons sont

souvent lavés et désinfectés.

2E VISITE : PIGEONNIER SUR LE TOIT À THIAROYE

Élevage d’à peu près 300 pigeons. Il y a deux espèces de pigeons : le pigeon blond et le pigeon

voyageur.

Il y a un couple de pigeons par case. Chaque box contient une race (Il ne faut pas les mélanger).

Les parents restent enfermés tandis que les enfants sont libérés. Cela évite de perdre les parents.

Il y a des perchoirs un peu partout sur le toit.

Les pigeons ne se vendent pas très bien. C’est plutôt un produit de luxe, ce sont les hôtels et les

restaurants qui sont les principaux acheteurs. On élève les pigeons à cause de la passion.

Il n’y a pas beaucoup de ventilation dans l’espace.

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3E VISITE : POULAILLER DANS UNE ÉCURIE À MBAO

15 - Quels sont les besoins en terme d’équipements et de bâti de ce type de production?

Lampe pour chauffer la nuit pour produire plus vite (les poules mangent la nuit et grossissent plus vite.)

16 - Comment se fait l’approvisionnement en eau ?

Il doit aller acheter l’eau.

17 - Est-ce que la litière est récupérée pour la culture ?

Les fientes sont mises en tas et arrosées chaque jour pendant 1 mois (décomposition du fumier, le faire

fermenter)

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2D – DEUXIÈME RENCONTRE AVEC L’ASSOCIATION DES PETITS AVICULTEURS DE MALIKA (APAM)

15 JUIN 2012 | RENCONTRE AVEC ABDOULAYE MARONE, DEMBA SOW ET MAMADOU LAYE SÈNE

ET VISITE D’UN POULAILLER SUR UN TOIT À MALIKA

1 - Serait-il possible de connaître à peu près le nombre d’aviculteurs selon l’importance de leur production?

Les commandes varient de 150 à 600 poussins. Quelques fois, certains en commandent 1500, ça varie.

La majorité commande environ 150 à 200 poussins. Certains achètent 200 au 2 semaines, ce qui leur

permet de toujours pouvoir vendre.

2 - Quels sont les plans de développement ou de renforcements de l’APAM ?

Remises sur les sacs Fait partie de leurs prochains projets.

Ristourne : Quelqu’un achète 20-30 sacs de nourriture, il a une remise dessus

Acheter des médicaments

Chercher des partenaires qui pourraient les aider

Aider les membres à vendre leurs produits (les produits ne peuvent pas être vendus au dépôt

actuellement).

3 - Comment avez-vous commencé l’élevage de poulets?

Abdoulaye Marone : Il était enseignant, il voulait une activité plus libre, sans pression. Il avait des terrains

hérités de ses parents. Il y pratique l’aviculture (environ 3000 poulets) et le maraîchage. (Note : il faisait

partie avant de l’Association des maraîchers à Malika, mais il y a un problème de leadership dans

l’association (conflits de génération, jalousie, etc.)

4 - Pourquoi avez-vous choisi de pratiquer l’aviculture ?

Mamadou Laye Sène : Recherche de profit, passion. Il a 200-300 poules pondeuses, et peut en avoir

jusqu’à 500. Il cherche des fonds pour compléter.

5 - Quels sont vos plans futurs ? (Augmentation de la production, diversification, agrandissements, etc.)

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Abdoulaye Marone : Il voudrait élever des moutons, voudrait déménager pour avoir plus de terrain,

voudrait avoir un peu de tout dans la maison.

VISITE D’UN POULAILLER SUR LA TERRASSE D’UNE MAISON DE TROIS ÉTAGES, À MALIKA

Intérieur du poulailler Vue sur les zones cultivées à l'intérieur de la concession

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2E– VISITE DU CENTRE DE DÉVELOPPEMENT HORTICOLE À DAKAR

19 JUILLET 2012 | RENCONTRE AVEC YOUGA NIANG AU CDH

Ce qui est étudié au centre : le maraîchage, l’arboriculture fruitière, les plantes ornementales. Il y a

également des spécialistes en irrigation.

1 - Quelle est la meilleure période pour cultiver?

La production est plus favorable en période fraîche. Certaines espaces poussent bien durant l’hivernage :

le gombo, l’oseille, l’aubergine amère. Il y a plus de parasites à l’hivernage donc certaines espèces

résistent moins bien.

2 - Quel type de plantation peut-on cultiver à proximité de la décharge ou sur la décharge?

M. Niang avait conseillé de planter une bande d’arbres qui résistent à la salinité autour de la langue salée

qui jouxte la décharge (du côté de Keur Massar) afin de délimiter la zone et d’empêcher la progression de

cette langue salée. Les espèces pouvant être utilisées dans cette zone sont le tamaris, le filao, etc.

3 - Quel type de sol ou de substrat est favorable à la culture? Quelles sont les alternatives? (Ex : micro-jardins, etc.)

Il y a deux types de micro-jardin au centre : la culture sur substrat solide et la culture hydroponique (feuille

de polystyrène, éponge, …) Le substrat solide est faite de coque d’arachide, de balle de riz et de latérite.

On cultive surtout la menthe et la laitue dans le micro-jardin. On peut également cultiver dans des pneus,

dans des caisses de poissons, dans des bassines, mais on doit éviter ce qui est en fer, car la rouille peut

causer des dégâts aux plantes. Il y a des poches de terre salée dans toute la zone des Niayes.

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4 - Qu’est-ce qui peut être utilisé comme engrais pour les champs et les potagers?

Le micro (liquide rouge) et le macro (liquide blanc) sont les deux engrais chimiques généralement utilisés

pour la culture. Il y a également un engrais bio, l’huile de neem, qui peut être utilisé. Les bouses

d’animaux peuvent également être utilisées. C’est plus difficile de récupérer le lisier dans un élevage

extensif (bœufs ou moutons en liberté par exemple). Les fientes de volailles sont très utilisées, mais

peuvent brûler les terres. Elles doivent être compostées avec de la paille ou des débris végétaux avant

d’être utilisées. Les coques d’arachide broyées sont également beaucoup utilisées et permettent d’aérer

le sol.

5 - Étudiez-vous les techniques de compostage au centre? Qu’est-ce qui peut être utilisé pour faire le compost?

Non, il y a un seulement un employé qui récolte les branches de filao tombées par terre pour les revendre.

6 - Étudiez-vous les dispositifs de récupération des eaux au centre? Quelles techniques peuvent être utilisées pour récupérer les eaux?

Il n’y a pas de dispositifs au centre même, ils utilisent des puits pour irriguer leurs terres. Il y a dans le

centre du pays des bassins de rétention. Ces bassins sont efficaces dans les zones argileuses. L’eau

peut être conservée dans ces bassins pendant plusieurs mois. Il n’y a pas beaucoup de ces bassins dans

la zone des Niayes.

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2F – ENTRETIEN AVEC UN MARAÎCHER DE MALIKA

22 JUILLET 2012 | RENCONTRE AVEC ABDOULAYE MARONE

1 - Comment se fait la répartition et l’acquisition de terres agricoles en général? Comment avez-vous acquis votre terre?

La plupart des maraîchers ont acquis leurs terres par un héritage familial (c’est son cas), mais d’autres on

acheté directement du propriétaire.

2 - En plus de l’association des maraîchers, est-ce que les producteurs de Malika font partie des réseaux d’agriculture? Sinon, pourquoi ne font-ils pas partie de ces réseaux?

Le réseau à l’échelle nationale s’appelle le Cadre National de concertation des ruraux (CNCR).

L’association des maraîchers de Malika sait que cette association existe, mais ils ne sont pas intéressés à

s’associer à eux.

3 - Qu’est-ce que vous cultivez dans vos champs?

Il cultive des oignons verts et de la patate.

4 - Quel est le rendement habituel de vos productions?

Pendant l’hivernage, ils ne produisent généralement pas les légumes puisqu’il fait trop chaud, il y a plus

d’insectes et de rongeurs. La culture n’est donc pas aussi efficace durant cette période. En général, il

produit de 4 à 5 cultures par année, mais ça dépend de ce qui est produit. Par exemple, les carottes et les

navets sont plus longs à produire, donc il y a moins de récoltes par an.

5 - Où vos produits sont-ils revendus?

Cela fonctionne par des intermédiaires. Les marchandes achètent les produits des maraîchers et vont les

revendre ailleurs.

6 - Où est-ce que vous achetez ce que ça prend (engrais, semences, outils, etc.)?

Il y a des magasins qui vendent les semences. Les plus grands sont situés à Thiaroye, à 30 minutes de

Malika. Les engrais et les outils peuvent être achetés à Malika. Il utilise également les fientes de ses

poulets dans ses champs.

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7 - Où est-ce que vous vous approvisionnez en eau?

Il s’approvisionne dans ses puits qui sont équipés de pompes.

8 - Qu’utilisez-vous comme engrais et comme pesticide?

Des engrais chimiques, du fumier de l’élevage (fientes de volailles)

9 - Comment fonctionne la surveillance des terres?

Il a un champ qui est entouré d’un mur et deux autres qui ne sont pas cloisonnés. Parfois, ce qui est

récolté a une très grande valeur et les gens viennent les voler. On peut demander aux gens qui

s’occupent des champs de rester durant la nuit si on fournit une chambre, ou si des gens ont besoin d’un

endroit où loger, on peut leur faire surveiller les champs.

10 - Qu’est-ce qui est nécessaire au niveau bâti (locaux de stockage, etc.)?

Une chambre pour le gardien, un local de stockage de 5-6 m2.

11 - Quels outils, quelles techniques utilisez-vous?

Outils traditionnels hilaires, mains, autres outils traditionnels locaux. L’arrosage peut aussi se faire à la

main.

12 - Quels sont les problèmes liés à l’agriculture? (Rentabilité, qualité de l’eau, eau salée, qualité des sols, etc.)

Problème de l’avancée de l’urbanisation qui menace les terres, pression pour vendre ses terres, problème

pour la pérennité du maraîchage.

Salinisation le sel gagne de plus en plus certaines zones

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2G – DEUXIÈME VISITE D’ÉLEVAGES URBAINS AVEC LE DR BITAR

5 AOÛT 2012 | VISITES EFFECTUÉES AVEC LE DR BITAR, VÉTÉRINAIRE

1ERE VISITE : ÉLEVAGE DE MOUTON DANS UNE PETIT COUR DERRIÈRE LA MAISON :

1 - Quels sont les inconvénients d’élever en ville? Quels sont les problèmes rencontrés?

Dans certains quartiers, les gens se plaignent du bruit des moutons, mais la plupart du temps, les gens

ont eux-mêmes des moutons, donc ce n’est pas très problématique.

2 - Y’a-t-il des problèmes liés à l’hivernage?

Durant l’hivernage, c’est mouillé.

3 - Quelles sont les tâches à effectuer?

Donner la nourriture et l’eau, enlever la litière et nettoyer les moutons.

4 - Quel type de litière est utilisée/recommandée? Combien doit-on en mettre? À quelle fréquence doit-elle être changée? Comment se débarrasse-t-on de la litière?

Les copeaux doivent être changés tous les mois, mais cela dépend de la période. Ce peut être plus

souvent durant l’hivernage ou lorsqu’il y a beaucoup de moutons. Un jeune vient enlever les copeaux et le

donne au camion-poubelle. Il lave les moutons au même moment.

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5 - Quel type de nourriture est utilisé? Quelle quantité doit-être donnée par jour? Combien doit-il y avoir de mangeoires? Comment se fait l’approvisionnement en nourriture?

Pour la nourriture, on utilise de la fane d’arachide, fourni à volonté dans des mangeoires. On utilise

également des soins (?) concentrés donnés dans des bols.

6 - De quoi est composée la toiture?

La toiture est en ardoise sur deux niveaux de toiture.

7 - Comment se fait la ventilation? Quel type d’ouvertures doivent être utilisées?

La différence des niveaux de toiture permet de créer un certain mouvement de ventilation. De plus,

l’enclos est composé seulement de muret et est largement ouvert vers la cour, donc pas de problème de

ventilation apparent.

8 - Comment se fait l’approvisionnement en eau?

Robinet dans la maison

9 - Comment se fait la sécurité?

Moutons situés dans la cour à l’arrière de la maison (Pas d’accès direct à l’extérieur)

2E VISITE : ÉLEVAGE DE MOUTONS ET DE PLUSIEURS POULETS DANS LA COUR ARRIÈRE :

Moutons dans la cour Poulailler par-dessus l'enclos des moutons

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Lors de la visite, les moutons étaient dans la cour en train d’être lavés, mais selon le Dr Bitar, il n’y avait

pas assez de soleil pour les laver. Il y avait trois poulaillers dont un intégré dans l’enclos des moutons, en

hauteur.

10 - De quoi est composée la toiture?

En ardoise

11 - Comment se fait la ventilation? Quel type d’ouvertures doivent être utilisées?

Grandes ouvertures vers la cour intérieure sur deux côtés.

12 - Comment se fait l’approvisionnement en eau?

Robinet dans la maison

13 - Comment se fait la sécurité?

Moutons situés dans la cour à l’arrière de la maison (Pas d’accès direct à l’extérieur)

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3E VISITE : 50 MOUTONS ET 100 CANARDS DANS UNE GRANDE COUR.

Une dizaine de moutons par enclos

Il y avait environ 10 moutons par enclos. Les moutons doivent pouvoir se promener de préférence et il y

avait suffisamment d’espace à cet endroit pour le faire.

Espace extérieur pour les moutons Espace pour les canards

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4E VISITE : ÉLEVAGE DE MOUTON À L’INTÉRIEUR DE LA MAISON

Dans cette dernière maison, on retrouvait trois enclos pour les moutons et un espace de stockage.

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ANNEXE 3 | TYPOLOGIES D’ABRIS POUR ANIMAUX ABRIS POUR MOUTONS

Dans la cour2 moutons

Sous l’escalier1 mouton

Dans la cour3 moutons

TYPOLOGIE 1 : ABSENCE D’ABRI

TYPOLOGIE 2 : TOITURE SEULEMENT

2 moutonsDans la cour

3 moutonsÀ l’extérieur de la maison

13 moutonsAu centre de la cour

6 moutonsDans la cour

Enclos dans la cour

11 moutons dans deux enclos (environ 5 par enclos)

1 moutonEnclos dans la cour

_Colonnes de bois_Matériaux de toiture: matériaux souples (tissus, toiles plastiques, etc.) ou tôle_Dans un cas, plantes grimpantes sur la toiture

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TYPOLOGIE 3 : ABRI EN MATÉRIAUX LÉGERS

_Matériaux de toiture: matériaux souples (tissus, toiles plastiques, etc.) ou tôle_Matériaux des murets: filets, grillages métalliques, tôles, matériaux recyclés, etc.

Dans la cour

4 moutons

Dans la cour

2 moutons

Dans la cour

2 moutons

Dans la cour

9 moutons

Dans la cour

6 moutons dans deux enclos (3 moutons par enclos)

Dans la cour

4 moutons

Dans la cour

5 moutons

Dans la cour

2 moutons

Dans la cour

1 mouton

Devant la maison

7 moutons

Dans la cour

6 moutons

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TYPOLOGIE 4 : MURETS EN BLOCS DE BÉTON

_Poutres et colonnes en bois ou métal_Murets en blocs de béton_Toiture en tôle ou en toile_Porte en bois, en métal, matériaux recyclés, etc.

Enclos dans la cour

3 moutons 7 moutons répartis dans

3 enclos (environ 2 par

enclos)

Enclos sur le toit

Enclos dans la cour Enclos dans la cour

7 moutons 5 moutons

Enclos sur le toit

5 moutons

Enclos dans la cour

1 mouton

Enclos dans la cour

11 moutons dans deux enclos

(environ 5 par enclos) Enclos dans la cour

5 moutons

_Murs en blocs de béton_Ouvertures laissées entre les blocs de béton pour la ventilation_Toiture: tôle et blocs de béton pour faire tenir les blocs_Porte en métal ou en matériaux recyclés

TYPOLOGIE 5 : ABRI EN BLOCS DE BÉTON

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TYPOLOGIE 6 : SOUS L’ESCALIER

TYPOLOGIE 7 : DANS UNE PIÈCE

Sous l’escalier (Dehors devant la maison durant la journée)

4 moutons

Sous l’escalier

6 moutons dans deux enclos

(3 moutons par enclos)

Pièce en construction

1 mouton

Pièce au rdc

4 moutons

Dans une pièce au rdc

2 moutons

Sous l’escalier

6 moutons dans deux enclos (3 moutons

par enclos)

Dans la cour

2 moutons

Dans une pièce

à l’étage

13 moutons

Dans une pièce au rdc

4 moutons

Dans une pièce au rdc

4 moutons

Dans la cour

2 moutons

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ABRIS POUR POULETS

TYPOLOGIE 1 : PETITS ABRIS

Dans la cour

Dans la cour

1 poulet

Dans la cour

2 poulets

Dans la cour

8 poulets

Dans la cour et sur la terrasse

Dans le corridor

Quelques poussins (Autres poulets à l’arrière)

Dans la cour

9 poulets

Dans l’abri des moutons

6 poulets

Dans la cour

7 poulets

Dans la cour

2 poulets

_Blocs de béton, bois, tôle, matériaux recyclés, boîtes de carton, etc.

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TYPOLOGIE 2 : ABRIS MOYENS

_Blocs de béton, bois, tôle, matériaux recyclés, boîtes de carton, etc.

Dans la cour

Dans la cour

Sur le toit

3 poulets

Sur le toit

2 poulets

Dans la cour

2 poulets

Dans la cour

25 pouletsDans la cour

Dans deux pièces

de la maison

4 poulets

Dans la cour

3 poulets

Dans la cour

25 poulets

Dans la cour

5 poulets

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TYPOLOGIE 3 : GRANDS POULAILLERS

50 sur le toit, 50 dans la maison (poussins)

100 poulets

Sur le toit

Pas de poulets pour l’instant,

normalement 100 Une pièce de la maison

Pas de poulets pour l’instant

Sur le toit

150 poulets

Dans la cour

100 poulets

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ANNEXE 4 | ANALYSE DU SITE D’INTERVENTION PRESSION FONCIÈRE ESPACES DE CIRCULATION

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ZONES AGRICOLES INFRASTRUCTURES ET COMMERCES

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ANNEXE 5 | PLANCHES TELLES QUE PRÉSENTÉES À LA CRITIQUE FINALE