Chirurgie du sein et douleur post opératoire
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La douleur post opératoire
après chirurgie ambulatoire
D. FRANCON
DAR , CLUD
Les actualités
www.has-sante.fr
www.anap.fr
Des outils organisationnels et médico économiques sont à disposition
Les actualités
• La chirurgie ambulatoire est un concept organisationnel centré sur le patient, qui repose sur un processus de coordination des acteurs hospitaliers et de ville, de gestion des flux et d’harmonisation des pratiques
• Ce n’est pas une nouvelle technique, l’acte opératoire ou d’exploration est le même que celui effectué en chirurgie classique, mais est organisé dans des conditions d’organisation particulières: « entrée - sortie le jour même »
www.chirurgie-ambulatoire.org
• La chirurgie ambulatoire connait en France une
progression forte et régulière: 32% en 2005; 41% en 2012; 42,3% en 2013
• Pour favoriser son développement: - suppression des bornes basses de certains séjours chirurgicaux au 1er mars 2014 - création d’un DIU de chirurgie ambulatoire - promouvoir la qualité, l’innovation et la sécurité des soins: mise en cohérence d’actions
Mr Jean Debeaupuis, directeur DGOS
Chirurgies réalisables en
ambulatoire: pas de liste!
Les points clés de l’ambulatoire
• Evolution des techniques anesthésiques et chirurgicales pour un acte qui reste identique
• Organisation différente des flux (patients, professionnels de santé, logistiques,…): un chemin clinique identifié
• Communication de l’information ( patients, acteurs de soins)
• Concertation de tous les acteurs ( patient, acteurs de soins, administratifs…): harmonisation de pratiques, programmation
• L’organisation ambulatoire est centrée sur le parcours de soins: un changement de statut pour le patient
Retour au domicile :
maitrise des risques
Douleur en chirurgie ambulatoire
• Incidence de 30% douleur modérée, 5- 10% pour douleur sévère
• 5 à 38% de consultations extra hospitalières, appel IDE libérale ou MG
• Échec de l’ambulatoire lié à la douleur limité (0,3 à 2,6%), 5% réadmission
• Lien entre intensité douleur aiguë et DCPC
• Conséquences: handicap fonctionnel, troubles du sommeil
Les chirurgies les plus à risque douleur à J1:
- Amygdalectomies
- Hémorroïdectomies
- Appendicectomies
- Cholécystectomies
- Chirurgies calcaneum….
- Sous estimation des douleurs sous coelioscopie
- Association nécessaire avec l’ ALR avec anesthésiques locaux
2 exemples de chirurgie ambulatoire
• Chirurgie du sein
• Chirurgie de la hernie inguinale
Chirurgie du sein et douleur post
opératoire
- Habituellement la DPO est modérée avec durée < 48 h
- Une grande variété inter interindividuelle
- C’est une chirurgie qui devrait se faire de plus en plus souvent en hospitalisation courte (« one day surgery ») voire en ambulatoire
•
Chirurgie du sein et risque de
douleur chronique
• • Trois aspects: - syndrome douloureux post mastectomie: 30 à 50% - douleurs myofasciales: 20% - douleurs du sein fantôme: 15%
• . Une physio pathologie incomplètement comprise: - facteurs chirurgicaux: réalisation d’un curage axillaire, préservation du nerf intercostobrachial - facteurs psycho sociaux - lien avec la prise en charge de la douleur aiguë post opératoire (Poleshuck,J Pain 2006,7)
•
Chirurgie du sein en France
• Le cancer du sein représente 79% des chirurgies d’exérèse: activité croissante
• En 2012, les établissements privés ont opéré 44 %, les ES publics 32% et les CLCC 25 % des cancers du sein
• Mastectomie partielle 77%, mastectomie totale 23%
• Le ganglion sentinelle= 47% des gestes axillaires (34% en 2008) avec un taux variable suivant les établissements
(Source bases PMSI ATIH 2012)
La chirurgie du cancer du
sein en ambulatoire
• Seulement 8 % des cancers du sein ont été réalisés en
ambulatoire en 2012 ( contre 49% pour les pathologies non
cancéreuses du sein)
• La mastectomie totale est très peu pratiquée en France en
ambulatoire ( moins de 100 séjours /an soit < 0,5%)
• 4 % des gestes axillaires réalisés en ambulatoire
Source bases PMSI ATIH 2012
Stratégie antalgique péri opératoire
jusqu’ au domicile
- Traitement antalgique multimodal incluant les AL
- Et un traitement anti hyperalgésique pour limiter l’hypersensibilité neuronale (kétamine):PCC
- Limiter les fortes doses péri opératoires d’opiacés
Les associations
médicamenteuses antalgiques
• La morphine, analgésique de référence, a montré ses
limites:
- efficacité limitée sur douleurs aux mouvements
- effets secondaires ( NVPO…)
- hyperalgésie dose dépendante
• En DPO, morphine doit toujours être associée avec au
moins un ANM ( AINS…) et pas seulement avec
paracétamol
• Intérêt des associations additives voire synergiques
Exemples d’associations
synergiques ou additives
• AINS et morphine: épargne 50% et réduction NVPO, sédation et durée iléus post op et scores de douleur
• Corticoides et morphine: réduction NVPO et fatigue
• Kétamine et morphine: synergie prolongée
• Tramadol et morphine: non CI mais ?
• Gabapentine et morphine: oui peut être mais somnolence
• Lidocaine IV et morphine: épargne, scores douleur et moins d’iléus
• Association S. tramadol et paracétamol, AINS et paracétamol, néfopam et AINS
• Association A. tramadol et AINS
• ATTENTION aux associations sétrons et paracétamol ou tramadol, ainsi que aspirine et AINS
(BJA 2011,106 et SFAR 2011)
Les anesthésiques locaux:
plusieurs modalités
d’utilisation
• - Les blocs intercostaux étagés?
• - Le bloc para vertébral thoracique
• - Les infiltrations
• - l’ instillation continue (Perfusion Cicatricielle Continue): - pour les mastectomies +/- curage - elle est débutée en per opératoire - elle est poursuivie jusqu’au domicile - elle est associée aux antalgiques per os
DPO: Anesthésiques locaux
• Les AL ont un effet anti inflammatoire et d’épargne morphinique
• Le soulagement de la douleur post opératoire réduirait le risque métastatique (Page GG, Pain 2001;91)
• AL= Interaction directe sur les cellules cancéreuses ( concentration, molécule, type de cancer) (Anesth Analg;2014,118,1)
• AL= Effet indirect sur les voies de signalisation systémiques: préservation immuno compétence
• L’ALR+/- AG réduirait le risque de récidive du cancer: atténuation de l’effet immunosuppresseur de la chirurgie et de l’AG
Anesthésie/Analgésie loco régionale
- Analyse rétrospective
- 129 mastectomies avec CA
- AG + BPV diminuent par 4
le risque de récidive
ou métastase pendant les
premières années de suivi
( réduction de 17% à 36 mois)
A SUIVRE….
• Réduction scores douleur 48 premières h
• Pas de réduction douleur chronique à 3, 6
et 12 mois post op
• Pas de réduction douleur neuropathique
3,6,12 mois post op
Repos
Mouvement
Étude multicentrique, n = 236
DN4
• Etude rétrospective n= 175 avec chimiothérapie : effet anti hyperalgésique du propofol vs sevoflurane
La DCPC serait moins fréquente avec une anesthésie avec propofol
dans la chirurgie du sein …..!!!!
Incidence globale
= 56%
Propofol = 44%
Sévoflurane= 67%
- Etude prospective randomisée
n= 48 mastectomies avec curage axillaire,
Infiltration continue ropivacaïne 0,5% 2 ml/h vs BPV 20 ml ropivacaïne 0,5%
- Score douleur repos/ mobilisation et consommation morphine identiques
- Score satisfaction patient identique
La Perfusion Cicatricielle
Continue: c’est quoi?
- un cathéter mis en per opératoire
- Un anesthésique local
- Un diffuseur élastomérique
portable
L’anesthésique local:
ropivacaïne (Naropeine® )
- AL de longue durée d’action à résorption lente avec une très bonne tolérance
- Il va diffuser dans la loge de mastectomie dans la paroi musculo aponévrotique pour obtenir une action locale bloquant la génèse du message douloureux
- Le but recherché est la diffusion la plus large possible non systématisé de l’AL pour bloquer les rameaux terminaux nerveux
- L’interruption de la conduction nerveuse par l’AL empêche l’entretien de la réponse douloureuse
- La rupture de la boucle entretenue « douleur-inflammation » permettrait un contrôle de la douleur aiguë et de l’hyperalgésie secondaire
Perfusion Cicatricielle Continue d’un anesthésique
local après mastectomie « one day surgery » :
traitement de la DPO de l’hôpital au domicile
PCC complémentaire à l’analgésie conventionnelle systémique
- débutée en per opératoire
- poursuivie jusqu’au domicile - elle 6
- associée aux antalgiques per os ( paracétamol AINS)
La PCC jusqu’au domicile
douleur en SSPI et à 48 h
Satisfaction globale:
appel téléphonique à 6 mois
Pas d’effet indésirable
-Titration morphinique en SSPI nécessaire:
10% des patientes ( 4 mg en moyenne)
-Traitement par morphine per os après salle de
réveil: 0% des patientes
-Traitement antalgique per os après l’ablation du
cathéter de PCC à la 40ème h: 33 % des patientes
PCC avec AL: innocuité
0,00
0,20
0,40
0,60
0,80
1,00
1,20
1,40
0,00 10,00 20,00 30,00 40,00 50,00
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Temps (h)
congrès SFAR 2013,R578
PCC: analgésie mini invasive
Une ceinture adaptée facilite le retour à domicile
Le risque DPO après chirurgie
de la hernie en ambulatoire
• DPO d’intensité moyenne
• Douleur à la mobilisation
• Risque de DCPC
• Analgésie multimodale anticipée
pour la douleur aiguë et DCPC
• Anesthésiques locaux: Technique bloc ilio
inguinal simple et dénuée d’effets secondaires
Chirurgie hernie: risque rétentionnel
post opératoire
Une complication fréquente: 5 à 26% et plus de
6 % de réhospitalisation
Ambulatoire: une démarche
d’anticipation permanente
Nausées vomissements post opératoires
• L’incidence de NVPO est d’environ 30%, comparable en ambulatoire ou en hospitalisation conventionnelle ( Wilson S, Amb Surg 2009)
• Les facteurs de risque indépendants de NVPO les plus importants sont liés au patient: détection systématique des patientes à haut risque ( score de risque type APFEL) (G1+)
• Le risque de NVPO est multiplié par 2 quand ils sont associés à une anesthésie générale par agent halogéné et à l’utilisation post opératoire de morphiniques: anesthésie IV propofol et épargne morphinique
• Chez les patientes à risque: approche multimodale par un sétron en fin d’intervention, efficacité accrue avec dropéridol et dexaméthasone (G1+)
(Conférence d’experts SFAR 2007)
Rôle du médecin
traitant
La PEC douleur jusqu’au domicile: le
passeport d’un parcours réussi
• C’est un enjeu majeur de l’évolution de l’offre de soins
• Coordination des acteurs hospitaliers et de ville : c’est un acte planifié
• Des recommandations et incitations
nombreuses pour l’ambulatoire: indicateurs d’analyse et de pilotage ( qualité de soins , suivi…) : → douleur
- Importance des documents de sortie pour la continuité des soins à domicile
L’ordonnance de sortie de
l’opéré ambulatoire
• Éducation des patients et soignants
• Prescription antalgiques : premier niveau de prise en
charge
• et Prescription d’un antalgique de secours
• et Prescription pour NVPO
• Prise en compte du traitement habituel
En conclusion
• Le confort du patient doit être assuré: maitrise des
risques
• L’analgésie mini invasive est possible en ambulatoire:
l’innovation est possible
• Les techniques d’analgésie modernes doivent se
poursuivre jusqu’au domicile
• La communication et la formation sont indispensables:
éducation thérapeutique en ambulatoire