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B É Z I E R S

HERAULT (34)

Joseph GIRY

EDITIONS S.A.E.P. COLMAR-INGERSHEIM

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LIMINAIRE

Nous sommes heureux d'adresser nos très vifs remerciements à Mme G. d'Andoque de Sériège qui a rédigé une partie du texte historique, à M. J. Brémond qui a écrit le Béziers moderne, à M. M. Deloupy qui a dessiné les culs-de-lampe et à M. R. Cavalié qui a exécuté les plans de visites et d'itinéraires.

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HISTOIRE DE BEZIERS

Tout prédestinait le site de Béziers à devenir la place d'une ville importante et cela dès les temps les plus anciens.

Le Massif Central, dans son dernier ressaut à 1100 mètres d'altitude, faisant ligne de partage des eaux, est à 40 km au Nord-Ouest. La mer est à 12 km au Sud-Est ; elle était eencore plus proche dans l'antiquité. Un fleuve côtier, l'Orb, a enrichi la plaine d'alluvions fertiles. Et, dominant son cours et un gué, une terrasse de 70 mètres de hauteur, favorise la surveillance et la défense.

Ajoutons que le sel, cette denrée primordiale de l'alimentation, se déposait facilement le long du lit- toral lagunaire, que les avant-monts des Cévennes ont quelques filons miniers et que c'est là que se re- lient les grandes régions du Sud-Ouest européen, par ce « sinus gallicus», où l'homme, à toute époque de son histoire, a tracé sa route.

Cette route littorale est parcourue d'étranges légendes. Ne dit-on pas que le héros Hercule, venant de Tyr en Phénicie et se rendant en Espagne, est passé par là? Diodore de Sicile et Denys d'Halicar- nasse prétendent même que c'est lui qui a appris aux indigènes à labourer et à construire des villes.

Une autre route antique, se croisant à Béziers avec la précédente, conduit de la mer à la montagne : c'est le sel et le minerai qu'elle devait acheminer. Elle est jalonnée par les cachettes de fondeur de Murviel-lèz-Béziers et de Cazouls-lèz-Béziers de l'époque du bronze. Préhistoire et Protohistoire

Il est certain que l'homme de la préhistoire est passé par là, comme l'ont révélé des outils primitifs, ou «artefacts», trouvés sur les terrasses quaternaires de la région de Capestang et datant de quelques 300 000 ans. Sur les pentes d'Ensérune, on a mis au jour récemment, un campement d'époque solu- tréenne vieux de 30.000 ans.

C'est en construisant le pont canal, en 1855, au lieu-dit «la chambre verte», que fut déccouverte, à 4,90m de profondeur, une tombe de type chalcolithique pouvant remonter à 3800 ans environ. Les observations faites à l'époque concluaient même à la présence, en cet endroit, d'une agglomération qui aurait gardé le gué primitif de l'Orb.

On prétend que c'est au XVI siècle avant J.-C. que les Ligures, refoulés d'Espagne par une invasion de Caulois, franchirent les Pyrénées pour occuper une vaste région jusqu'à l'Arno en Italie.

Les Ibères à leur tour occupent notre région et ce sont eux, probablement, qui fondent Béziers au VII siècle avant J.-C.

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D'où viennent-ils? peut-être d'Ibérie en Asie. Le géographe Strabon, qui vivait au I siècle avant J.-C., nous dit que les Turdetans faisaient remonter à plus de 6000 ans l'établissement des Ibères dans l'Ouest de l'Espagne.

Mais de Béziers même que dit-on ? Se référant à des sources du VI siècle avant J.-C., Avienus parle d'une ville Besara, ruinée dès cette époque, et qui existait donc avant cette date.

Elle faisait partie d'une confédération de cités ibériques, enveloppant l'Espagne et le Sud de la Gaule jusqu'au fleuve Hérault.

Que dire de ces noms mêmes de Béziers et de Biterrois, donné à ses habitants? Certains ont voulu faire dériver le nom de la ville d'un nom sémitique «betharam», la maison du pain ou la maison de la vigne. Nous pensons y voir plutôt un mot celtique «beteris», la maison du gué. Signalons pour mé- moire que Strabon parle de «Baitera», Pomponius Mela de «Baeterra», Ptolémée de «Boetira», Etienne de Byzance de «Baetarra», Sénèque de «Blitera» et la carte de Peutinger de «Beteris».

La plus ancienne preuve de l'antiquité de Béziers nous est fournie par les fouilles qui ont été ré- alisées soit par Caïlet, lors de la construction des Halles, à la fin du siècle dernier, soit par Coulouma, près de la poste, à 6m de profondeur, soit par Gondard sur le plan St Louis en 1957, soit par nous- mêmes, sur la place de la Madeleine en 1945 et près du chevet de cette église en 1974. Cette dernière prospection nous a permis d'observer une stratigraphie régulière qui descendait jusqu'à 3,60m de profondeur, où nous avons rencontré le cailloutis du diluvium quaternaire, sur lequel les premiers ha- bitants s'étaient installés.

Directement placé sur cette terrasse glaciaire se trouvait donc un sol archéologique que nous avons daté du V I I siècle avant J.-C.

Ce sol était excessivement riche en tessons de poterie et en foyers. Ceux-ci, très rapprochés les uns des autres, démontraient que cette population primitive était à l'étroit et vivait sur un espace exigu ; il devait donc sans doute être déjà limité par un rempart. Les restes de maisons consistaient simplement en torchis ; elles n'étaient donc pas encore bâties en pierres, comme il en était, à la même époque, à Ensérune et à Mont-Laurès, l'antique Narbonne.

Ces premiers témoins d'une cité nous permettent d'affirmer que Béziers est une des plus vieilles vil- les de France. Il n'est pas sans intérêt de signaler qu'à cette époque le commerce avec la Méditerranée était déjà

florissant, comme le révèle la découverte d'amphores grecques et de coupes ioniennes. Les grecs d'Asie, après avoir affronté les risques d'une longue traversée de bout en bout de la Méditerranée, amenaient donc déjà ce vin, qui devait faire plus tard la richesse de notre région. Au même moment les corinthiens abordaient également sur nos côtes, comme le prouve le beau fragment de vase à pal- mettes, trouvé sur la place Saint-Félix (les halles actuelles).

Dans les niveaux supérieurs, datés du V I siècle, les amphores sont encore très abondantes ; el- les proviennent de Grèce, d'Etrurie, de Carthage, d'Espagne, de Marseille. On sent que l'oppidum de Béziers intensifie les rapports commerciaux avec les vieux peuples de la mer. Et l'on commence à voir apparaître ces belles coupes attiques, à figures noires d'abord, à figures rouges ensuite. Citons princi- palement cette coupe grecque complète, du V siècle, que nous avons trouvée en 1945 à 2,50m de pro- fondeur, au milieu de la place de la Madeleine. Le sujet central représente Hercule nu s'appuyant sur sa massue, près d'un autel, tandis qu'une victoire s'apprète à le couronner; à l'extérieur ce sont des satyres barbus, couronnés de lierre et des hétaïres assises, à leur toilette.

Ce qui nous a le plus frappé dans le sondage de 1974, pourtant fort restreint, c'est de rencontrer autant de débris d'amphores vinaires de Marseille, qui s'échelonnent du VI au III siècle. Il semble qu'à cette époque c'est cette ville qui capte Béziers dans sa zone d'influence, en vue de se procurer par

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troc, en échange de son vin, les céréales de notre riche plaine, le sel de nos côtes lagunaires et les mé- taux des mines cévénoles. Les céréales étaient alors certainement stockées dans des silos. De nombreux ont été trouvés en plu-

sieurs points de la ville, comme sous l'ancien Hôpital Mage (aux H.L.M. du boulevard d'Angleterre) et sous l'ancien Collège. Mais nous nous demandons s'ils étaient tous antiques, après la découverte de vingt silos datés seulement du Moyen Age, que nous venons de faire près de Saint-Jacques. Il n'en reste pas moins que les silos de la ville ibérique ont dû être nombreux et restent à découvrir.

A observer la densité des foyers dans les couches profondes du dernier sondage près de la Made- leine, nous supposions que la ville était déjà à l'étroit dans des remparts au V I I siècle. Les fouil- les de Gondard à l'Ouest de Saint-Nazaire avaient conclu à un système défensif au III siècle; il est fort possible que cette dernière fortification ait été élevée seulement à la suite de descentes de Celtes.

C'est en analysant ces fouilles effectuées près de la Madeleine, que nous avons pu refaire une partie de l'histoire de Béziers révélée par ces témoins, modestes mais sûrs, que sont de simples tessons de poterie. Aussi souhaitons-nous qu'on puisse effectuer un jour une fouille exhaustive sur une assez grande surface, afin de préciser cette histoire primitive de la ville, avec son étendue, son commerce, ses monuments, éventuellement sa Nécropole, qui a dû être aussi importante que celles d'Ensérune ou de Pézenas et qui dort en quelque quartier, sans doute du côté de Saint-Aphrodise.

En dehors de ces témoins archéologiques, d'autres documents, provenant des textes, nous permet- tent de cerner davantage l'histoire de Béziers ; c'est alors que nous quittons la période si imprécise de la protohistoire.

Les Volques C'est vers 281 avant J.-C. que les Volques sont nommés pour la première fois ; c'est une tribu de la

nation des Kimri, ou Cimbres, qui appartenait à la même famille que les Gaulois. Deux groupes des- cendent par le Rhône vers le Sud ; les Tectosages occupent l'Ouest et prennent Toulouse pour capitale, les Arécomiques s'installent à l'Est avec Nîmes pour capitale. Leur frontière commune est le fleuve Hérault. C'est donc au groupe des Tectosages qu'appartient Béziers.

L'arrivée des Volques dans le midi, entre 250 et 230, renforça les rapports entre le monde celtique et le monde méditerranéen, tous deux si opposés.

Cette occupation gauloise va durer près de 150 ans. Il est peut-être bon de rappeler qu'un de ces chefs gaulois, du nom de Brennus, dont le bouclier est

célèbre parmi les sportifs biterrois, lança plusieurs expéditions en Grèce et se rendit tristement célè- bre par le pillage du sanctuaire de Delphes, en 278. C'est d'ailleurs là que ses troupes, prises par un orage, furent affolées par la foudre - cet élément du ciel qu'elles voyaient leur tomber sur la tête - fu- rent mises en déroute et que Brennus se suicida.

Le passage d'Hannibal Pendant la même période, en 218 avant J.-C. exactement, Béziers voit arriver sous ses remparts

Hannibal et cette armada terrible qui allait affronter les Romains chez eux. Il y avait là des hommes d'une autre race, au teint basané, et surtout ces 34 éléphants, auxquels aucun rempart, aucune porte de ville ne pouvait résister. Venant de Carthage, près de Tunis, ils avaient longé la longue côte d'Afri- que, franchi le détroit de Gilbratar, remonté l'Espagne et, suivant le littoral gaulois, se présentaient devant Béziers après avoir contourné par le Nord l'étang de Capestang. Ils empruntaient la vieille voie héracléenne.

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Cet événement dut frapper l'esprit des indigènes. Ne désigne-t-on pas une simple pierre qui se dresse sur le vieille route de Bessan, comme monument d'Hannibal; de l'autre côté de l'Hérault, une fontaine (la fon Mingau) passe pour avoir abreuvé les éléphants.

Comme le suggèrent les textes, il est possible que Béziers ait pû négocier le libre passage du chef punique sans qu'elle ait eû à combattre.

Epoque romaine Cent ans après, exactement en 118, sous le consulat de Lucius Porcius Cato et de Quintus Marcius

Rex, le Sénat romain déclare la fondation d'une colonie à Narbonne. Il faut dès lors qu'une route serve la conquête. Le grand axe Italie-Espagne est établi selon les exi-

gences du génie romain. C'est le proconsul Domitius Aenobarbus qui dirige les travaux de cette voie qui va s'appeler domitienne, du nom de son fondateur. Elle a 6 mètres de large. Après avoir franchi l'Hérault, probablement sur un pont de pierre qui a été détruit, puis remplacé au Moyen Age par le pont, dit romain, de Saint-Thibéry, elle se dirige en ligne droite vers Béziers, qu'elle atteint par l'ave- nue Saint-Saens. Elle longe la ville antique par l'Est, descend dans le ravin de Canterelle et franchit l'Orb en amont du gué primitif, dont nous avons parlé.

Il n'y avait peut-être là, tout d'abord, qu'un passage aménagé, comme nous le croyons, après avoir aperçu une chaussée empierrée, lors d'un défoncement sur la rive droite du fleuve, en amont du pont actuel. Le franchissement, avons-nous remarqué, se faisait en biais, ce qui est bien conforme à l'usage ancien.

Tout permet de supposer que ce gué fut remplacé très tôt par un pont de pierre : il n'y en a malheu- reusement plus de trace. On a bien prétendu que le pont actuel avait une origine romaine ; nous ne le pensons pas : ni l'appareil de pierre, ni son tracé sinueux ne le laissent croire.

Béziers était à 12 milles de Saint-Thibéry (l'antique Cessero) et à 16 milles de Narbonne. Rappe- lons que le mille romain valait 1473 mètres.

La voie étant tracée et jalonnée de milliaires, comme celui qui a été trouvé récemment au sud de Narbonne, Rome peut désormais étendre son influence sur sa nouvelle colonie.

C'était en 1 2 1 déjà que les armées romaines s'étaient emparées de la région biterroise et que les consuls, Manlius en 120, Aurelius Cotta en 119 et Quintus Marcius Rex en 118, y avaient établi l'or- dre romain.

Avec sa diplomatie coutumière, Rome s'allie avec les Tectosages en leur conférant le titre de «fédé- rés»; c'est-à-dire qu'ils conservent leurs anciennes lois mais payent redevances en terres, argent et hommes. Les premiers colons arrivent, recevant un tiers des terres.

C'est alors que cesse la fédération volque. Ce premier siècle de colonisation ne se passe pas sans désordres : c'est la victoire de Marius contre

les Cimbres en 102, la révolte des Helviens en 83 et en 82 celle des Allobroges, qui menacent Nar- bonne. Nous pouvons même supposer, d'après Tite-Live, que Béziers fut saccagée en 105 par cette armée

de Cimbres et de Teutons, qui dévastèrent toute la Gaule jusqu'aux Pyrénées. Mais Rome avons-nous dit a déjà des alliés dans la place. Elle a accepté que les chefs indigènes con-

servent leur titre de roi et puissent même frapper monnaie. Ce sont ces médailles conservées par la So- ciété archéologique de Béziers, qui nous font connaître le nom de ces rois indigènes, à la solde de Rome, au début du I siècle avant J.-C. : Loukotiknos Bokios, Kaiantolos, Amytos, Bitouios, Riganti- kos. C'est le premier monnayage de bronze qui ait été frappé en Gaule. Il dût cesser au milieu du I siècle avant J.-C. avec la fondation de la colonie.

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Pendant les guerres civiles du temps de Marius et de Sylla, plusieurs peuples, désireux de recouvrer leur liberté, prirent les armes en faveur de Sertorius et assiégèrent Narbonne. Mais Pompée dompte la révolte et établit en -76, des colonies militaires, dont celle de Béziers qui porte le nom de «Civitas biterrensium», « Baeterra» ou « Bliterra Septimanorum». Cette dernière dénomination lui venait de ce que la colonie fut composée de vétérans de la septième légion, qui s'étaient couverts de gloire en Egypte. N'en rapportèrent-ils pas le chameau comme la mascotte du régiment? La colonie de Béziers

Ce n'est qu'en -46 qu'une colonie de droit latin est fondée sur le site de l'ancien oppidum volque de Béziers, qui porte désormais le nom de son ancien fondateur Jules César : «Colonia Urbs Julia Baeter- rae». La nouvelle colonie a été inscrite dans la tribu urbaine Pupinia, une des plus anciennes de Rome : elle recevait ainsi ses premiers quartiers de noblesse.

Et en -10 les biterrois bénéficient du titre si envié de citoyens romains. Que reste-t-il de la ville indigène ? aucune trace, si ce n'est dans les strates profondes du sous-sol bi-

terrois. La cité dût être entièrement détruite lors de l'implantation de la ville romaine. Au début, Béziers est, pour Rome, avant tout une citadelle qui garde et surveille un carrefour de

voies, le passage de l'Orb où elles se croisent obligatoirement. Il n'y a pas alors de rempart ; du moins aucun élément n'en a été retrouvé. Il est possible qu'il n'ait pas existé pour cette période primitive, puisqu'à l'époque triumvirale où la ville a été construite, il n'y avait pas lieu de se défendre contre les indigènes.

Quelques troubles apparaissent bien en -26, mais ils sont vite matés par le consul Valerius Messala Corvinus. C'est alors que commence une ère de prospérité exceptionnelle, favorisée par la «pax romana»,

cette fameuse paix romaine, qui va apporter à notre région 450 ans de tranquillité et de stabilité. Auguste tient à Narbonne une assemblée générale de la contrée, où il maintient l'usage pour cette

province de ne payer qu'un tribut réel, tandis que Belgique, Celtique et Aquitaine furent assujettis à un cens personnel. Il fait élever à Narbonne un temple au dieu du vent Circius, ce vent d'aquilon, par- fois si violent et si froid. Qui sait si le village de Cers, proche de Béziers, ne serait pas le lieu d'un au- tre temple dédié à ce dieu.

Puisque nous parlons du vent, rappelons que celui qui vient de l'est et qui gonflait les voiles des ba- teaux grecs, abordant sur nos côtes dès le VI siècle avant J.-C., porte le nom caractéristique de grec.

C'est sous Auguste que se crée à Béziers, calquée sur celle de Rome, la première hiérarchie munici- pale formée de Duumvirs, Ediles, Questeurs.

C'est lui qui cède la narbonnaise au peuple romain et la fait gouverner par des proconsuls. En re- connaissance, les habitants de Béziers lui élèvent un temple et, après sa mort, en consacrent un autre à Livie Drusille sa femme, qui prit le nom de Julie.

D'autres monuments viennent embellir la ville: Forum, Capitole, Amphithéâtre. Pour desservir les autels sont créés des collèges de prêtres municipaux, attachés à la personne du

prince vivant: Augustes, Flamines, Sévirs augustales ; et de prêtresses, dites Flaminiques, chargées du culte des impératrices. Le Forum

C'est le Forum qui dût faire l'objet des premières faveurs impériales. On a pu le situer entre les rues des Anciens combattants et de la Rôtisserie. Il devait avoir 1 29 mè-

tres sur 77 mètres, et comportait un portique avec colonnes doriques, comme le prouvent des débris

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d'architecture exhumés. Dans la partie nord se trouvait la zone sacrée avec de riches et abondantes sculptures. Enfin à l'ouest vers la rue P. Riquet se trouvait le Marché.

Les portraits impériaux C'est dans cette dernière rue, exactement dans les caves de la maison Gasc, à 3 mètres de profon-

deur, que fut découverte, en 1844, une véritable mine d'antiques. Il y avait là les têtes d'Auguste, de Livie, d'Octavie la jeune, d'Agrippa, de Lucius César l'aîné des Princes de la jeunesse, de l'empereur Tibère, de Drusus le jeune son fils et une tête colossale de l'empereur Antonin le Pieux ainsi que des parties de bras, de mains, un pied colossal et des marbres de revêtement et d'encadrement.

D'après ces portraits on s'aperçoit que la famille impériale est largement représentée. Il est proba- ble que ces marbres, d'une conservation parfaite, devaient se dresser dans les niches d'un temple sur le Forum. On pense que ces têtes magnifiques ont été sculptées à Béziers même.

Mais ne vous attendez pas à pouvoir admirer ces morceaux de sculpture, parmi les plus beaux de la statuaire romaine, dans quelque musée biterrois. Ils ont été achetés en 1845 par le Chevalier du Mège au profit de la ville de Toulouse où ils se trouvent exposés au Musée Saint-Raymond.

En 1869 on trouvait dans la maison voisine un pied colossal en marbre. Ces découvertes nous permettent d'évoquer la splendeur de ce Forum biterrois, digne d'une grande Cité. On peut se demander pourquoi ces têtes et débris de marbre se trouvaient rassemblés dans cette

sorte de chambre secrète. Nous pensons que c'est le fait des desservants du temple impérial, qui ont voulu cacher ces statues, vénérées comme des dieux, au moment où s'implantait, dans la région, le christianisme qui combattait les idoles.

Près de là, dans la rue Flourens, il a été découvert également des débris de statues colossales d'Apollon et de Jupiter Olympien. Celui-ci devait avoir son temple dans une partie du Forum.

Statue de Pépézuc La statue romaine la plus célèbre à Béziers est certainement celle dite de Pépézuc, qui se dresse à

l'entrée de la rue Française. Elle se trouvait là dès 1348. A chaque événement important elle était honorée d'une façon spéciale.

Tantôt on la couvrait d'oripeaux, tantôt on la badigeonnait; en particulier lors de la fête des Cari- tachs à l'Ascension. Ce jour-là des corps de métier inclinaient devant elle leurs bannières et on l'habil- lait en guerrier. En effet elle était censée représenter un héros sauveur de Béziers, alors que les An- glais, en 1355, s'étaient emparés de la ville. Ce capitaine de la milice biterroise s'appelait Monpezuc.

La tête de cette statue a subi plusieurs avatars puisqu'on la signale en 1587 dans l'escalier de l'an- cien Hôtel de Ville de Montpellier. On remarquera que celle qui couronne actuellement la statue a été rajoutée et est trop petite pour elle.

On croit pouvoir identifier cette statue de marbre pour celle d'Auguste et nous nous demandons si la tête qui a été découverte rue Paul Riquet et que l'on attribue à Auguste ne serait pas la sienne.

On signalait autrefois sur la place de l'Hôtel de Ville une fontaine avec colosse ; là encore le complé- ment serait peut-être à chercher dans les débris de la rue Paul Riquet. Le Capitole

Certains ont voulu situer le Capitole à l'emplacement de Saint-Nazaire. Nous serions portés à le croire, car nous nous souvenons d'un angle de monument romain important, qui parut à l'occasion de fouilles effectuées à l'entrée de la rue de la Juiverie. D'après les fameux dessins effectués par Anne de

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Achevé d'imprimer sur les presses de l'imprimerie S.A.E.P. Colmar-Ingersheim le 13 novembre 1974

dépôt légal 4e trimestre 1974 Imp. n° 563

De cet ouvrage il a été tiré 200 exemplaires de luxe numérotés de 1 à 200

et 10 exemplaires hors commerce numérotés de 1 à X qui constituent l'édition originale.

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