Bulletin de La Coordination contre La Societe Nucleaire N°1

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    BULLETIN NUMRO 1 1

    Coordination

    contre la socit nuclaire

    Texte de prsentation

    Une coordination nationale de collectifs anti-nuclaires sest consti-tue suite la manifestation parisienne de janvier 2004 afin de ras-sembler, au dpart au sein de la mouvance libertaire, les individus et lesgroupes soucieux de poursuivre une critique de lindustrie nuclaire civile,

    ainsi que de la socit qui la produit et quelle contribue en retour trans-former. Nous souhaitons aussi ne pas ngliger les aspects militaires du nu-claire, que la critique a souvent tendance oublier lheure actuelle, ou identifier de manire un peu trop simpliste avec le nuclaire civil.

    La base minimum daccord pour la constitution de cette coordinationfut le refus des buts et des mthodes du Rseau pour sortir du nuclaire,qui dans la rgression actuelle voudrait se prsenter comme le mouvementanti-nuclaire et la voie raliste pour une sortie terme. A loppos de cerseau-lobby, notre minimum daccord implique :q Duvrer pour une sortie immdiate et inconditionnelle du nuclaire,aussi lgres que soient nos forces, et faibles les chances de voir se ralisercette exigence pourtant minimale devant la folie que constitue une pro-

    longation de cette industrie, quelque forme quelle prenne.q La dfense imprative de notre indpendance et le refus de toute com-plaisance avec quelque appareil politique que ce soit puisque aussi bientous sans exception peuvent tre qualifis de nuclaristes et ont gnrale-ment uvr activement pour imposer cette industrie la socit.q Un mode de fonctionnement bas sur la libre association, la prise de d-cision en commun et le contrle strict de toute dlgation de pouvoir. Bref,le refus de la sparation entre organisateurs et pitaille militante juste bon-ne manifester devant les mdias, voire entre dirigeants et activistes pro-fessionnels.

    Notre but nest pas dacqurir une pseudo-reprsentativit comme

    lobby, en multipliant les signatures ou les adhsions formelles, mais de d-

    Bulletin numro 1Janvier 2006

    SommaireActivitsqParis Page 6

    Tract En attendant les liquida-teurs, faites place aux cobayes !

    qAmiens Page 8Runion-projection. Tract Trainsnuclaires, trains de la mort.

    qReims Page 10Intervention sur le site militairede Moronvilliers. Tract Mourir Moronvilliers.

    qEssonne Page 12Discipline nuclaire, critique dudu nuclaire : les simulations, etc.

    qParis Page 13Tract Retour dexprience,

    par Lonesome cobaye

    qAmiens-Reims Page 15Tract diffus Bac-le-Duc contreles poubelles nuclaires en Meuse.

    Informations Page 16

    qLes luttes en Val Susa, dansle Pimont, contre le TGV.

    Images Page 17qDes vidos contre le nuclaire,par le groupe Louise Becquerel.

    Notes de lecture Page 18qLe complexe nuclaire,

    de Bruno Barrillot.

    qLe Mmento Malville,de Simples Citoyens.

    Retour sur le pass Page 20qLe Carlos, coordination radicale

    antinuclaire des annes 1970.

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    fendre des ides et une critique quechacun puisse sapproprier par lui-

    mme. De tels principes de fonc-tionnement ont port dans lhistoirele nom de dmocratie directe, et lesmultiples formes de rcupration etde dformation quont connues cesprincipes jusquaux appels actuels la dmocratie participative nenous dissuadent pas de revendiquerce nom. Remarquons enfin que lacritique du nuclaire avec ses invi-tables aspects techniques et la sp-cialisation quils imposent exige

    dtre dautant plus vigilants pourviter que ne se reproduisent desrles hirarchiques, comme la figu-re du contre-expert.

    Une des raisons les plus fondesde refuser le nuclaire reste la me-nace dune catastrophe majeure quefait courir la poursuite de cette in-dustrie. Dans une poque de fai-blesse des mouvements sociaux etde rgression des consciences com-me la ntre, o les aspirations une

    transformation sociale mancipatri-ce se font toujours plus vanescen-tes ou dsarmes, cest peut-trelargument qui sera le moins inaudi-ble pour lensemble de la popula-tion, bien que nous sachions depuisTchernobyl linanit des espoirsdans une pdagogie des cata-strophes, et que les inquitudes dif-fuses dbouchent plus aujourdhuisur la demande de protection delEtat que sur la critique et la remise

    en cause.

    La probabilit dune catastrophemajeure en France ne va cesser decrotre dans les annes qui viennentavec la dcision de prolonger de dixans la vie des centrales. Cest entout cas ce que semblent penser lesdirigeants, vu la srie de mesuresquils sont en train de prendre, pr-parant ds maintenant laprs-catas-trophe. Et cest pourquoi la revendi-cation de sortie du nuclaire envingt ou trente ans est particulire-ment inconsquente.

    Cette menace de catastrophenempche pas les dirigeants denvi-sager la possibilit de relances deprogrammes nuclaires civils, l-

    chelle franaise, europenne, et m-me mondiale : avec des centrales detroisime gnration comme lEPRfranco-allemand, de quatrime g-nration comme celle du program-me Inpro de lAgence internationalede lnergie atomique, ou encoreavec des centrales thermonuclairesdont Iter devrait tre le prototype,gres par lAIEA et les Etats lesplus nuclariss de la plante.

    De mme, derrire lcran de fu-

    me des traits sur la non-prolifra-tion des armes nuclaires et sur lin-terdiction de leurs essais grandeurnature, la course lextension et lasophistication de larsenal nuclairereprend de plus belle, course queles cinq puissances qui en dtien-nent officiellement le monopolecomptent contrler pour leur bn-fice exclusif. A ct des bombesdestines terroriser les popula-tions, issues de la Guerre froide, el-les envisagent den construire daut-

    res, beaucoup moins puissantes

    mais plus adaptes aux conditionsdes guerres prventives modernes.En tout tat de cause, lanticipationla plus exacte possible des tendan-ces en train de sinstaller serait desplus utiles.

    Mais la probabilit dun acci-dent majeur nest pas la seule raisondarrter immdiatement lindustrienuclaire. Le fonctionnement nor-mal du nuclaire (sans catastrophemajeure) est insparable de cons-quences sanitaires catastrophiques :pollution par le fonctionnement descentrales, production suicidaire dedchets, avec parmi ceux-ci les cen-

    trales elles-mmes aprs leur arrt.Ce fonctionnement implique ausside nombreux prils connexes tousles stades de la production, qui peu-vent tre autant doccasions dinter-venir en les dnonant : transport etstockage des dchets, dissminationdes sources radioactives, pollutionlors de lextraction des combusti-bles, contaminations diverses destravailleurs du nuclaire (et inci-demment traficotage des embau-

    ches, des conditions de travail etdes normes de scurit), recyclagedes dchets dans lindustrie, lesBtiments et Travaux Publics ; sansoublier les menaces terroristes vis--vis des sites, menaces tout fait cr-dibles, mme si le pouvoir utilisedsormais cette question comme ar-gument central pour sa propagandeet sa politique de militarisation.

    La technologie nuclaire et sondploiement ont aussi, en-dehors de

    leurs implications sanitaires, des

    PRSENTATION

    BULLETIN NUMRO 1 2

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    consquences politiques et sociales,et des effets sur les consciences ab-solument opposs toute aspiration la libert et la dignit humaines,ou la recherche dune autonomieindividuelle et collective relle. Cest raison que lon a pu parler leurspropos de technologies contre-in-surrectionnelles prventives ou deglaciation nuclaire de lhistoiredes socits humaines.

    Lhistoire du nuclaire ft da-bord lhistoire de la Bombe, et delavnement dune forme nouvelleet terrible de domination avec unmonopole tatique sans prcdentsde la puissance et de la violence

    destructrice absolue ; avec aussi lacration par le capitalisme dun pro-cessus technique et bureaucratiqueincontrlable, se dveloppant demanire autonome, et trs difficile arrter rapidement. En cela, et mal-gr leurs diffrences, le nuclaire ci-vil est bien la parfaite continuationdu nuclaire militaire.

    Par le risque quil reprsente, lenuclaire participe aujourdhui lambiance scuritaire au nom de la-

    quelle les individus devraient aban-donner les derniers lambeaux de li-bert quil leur reste ambiance s-curitaire dans un sens qui dpassela scurit en terme de police et du-tilisation dinstruments coercitifs, eto le besoin de protection devantdes catastrophes tant sociales qu-cologiques a toute sa place. Il pro-duit ainsi, par la terreur larve quilinstille, par la dpossession quil in-carne, une mentalit accable et r-signe, bref soumise, et une dpen-

    dance de fait aux spcialistes,jusque dans une hypothtique pha-se darrt et de dmantlement delensemble de la filire.

    Enfin, le nuclaire rpond auxncessits de production massive etcentralise dlectricit des socitsindustrielles modernes.

    Certes, contrairement un argu-mentaire simpliste parfois repris parles antinuclaires radicaux, et para-

    doxalement encourag par la pro-

    pagande des nuclaristes eux-m-mes, une industrie nuclaire civileomniprsente nest pas du tout in-hrente aux socits de consomma-tion de masse modernes : il existenombre de socits de consomma-tion modernes, et non des moind-res, o la part du nuclaire dans laproduction lectrique totale estbeaucoup plus marginale quenFrance (cf les USA), voire inexistan-te (cf lAutriche et le Danemark). Lechantage dEDF sur le nuclaire oula bougie est donc bien avant toutun gros mensonge charg de dissi-muler laberrante exception franai-se en matire de nuclaire.

    Il nen est pas moins vrai etcest pour nous dcisif que lenuclaire est, en France, par sa pro-pagande rcente, et surtout par sonexistence relle, le partenaire privi-lgi dun mode de vie consumris-te et confortablement irresponsable,dune fuite en avant dans laconsommation passive de marchan-dises comme mode de vie la foisrsign et schizophrnique, quontdiffus comme un cancer les der-

    nires dcennies. Il encourage etpermet notre dpendance vis--visde labsurde et misrable confortlectrique (chauffage lectrique,TGV, lectro-mnager, TV, hi-fi, etmaintenant Technologies de linfor-mation et de la communication).

    Dans le monde quont produit lasocit industrielle et chacune deses technologies depuis un demi-sicle et dont le nuclaire est uneespce de concentr, de forme ida-

    le la soumission de chacun aux

    impratifs de lconomie, ses fauxbesoins, sa propagande, a substi-tu la satisfaction des petits caprices

    du consommateur la libert vrita-ble, et a fait oublier la diffrence en-tre les besoins et les dsirs authen-tiques, et les envies manipulespour les marchandises et les gad-gets.

    Au-del du redoutable cas parti-culier du nuclaire, cest en fait laquestion des besoins rels propres une socit qui se trouve au curde notre dmarche critique. Si noussommes opposs au nuclaire et son monde, cest parce que nous

    considrons que seule une socit

    PRSENTATION

    BULLETIN NUMRO 1 3

    O et commentnous joindreCoordination contrela socit nuclairec/o CNT-AIT, BP 46,91103 Corbeil cedex

    qEgrgoreBP 1213 51058 Reims cedex

    qCollectif contrela socit nuclairec/o CNT-AIT, BP 46,91103 Corbeil cedex

    qStop nuclaire Lyonc/o Librairie La Gryffe5, rue Gryphe, 69007 Lyon

    qCollectif libertaireaminois antinuclaireCNT-AIT c/o CTC, 151, rueDejean, 80060 Amiens cedex 9

    qSTABP 1021, 76171 Rouencedex 1

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    en mesure de dfinir ses propresbesoins en dehors de toute consid-ration mercantile et de tout ftichis-me technique pourrait tre relle-ment libre. Certes, la socit ac-tuelle, avec le mode de vie quellegnralise de gr ou de force, nousapparat minemment critiquablenon seulement cause des nuisan-ces et des dangers quelle produitinvitablement, mais aussi causede leffarante pauvret de son usagede la vie ou de sa conception dubonheur et de la richesse humaine.Cest pourquoi, si une chose aussiinvraisemblable quun nuclairesans danger sortait un jour du cha-

    peau dun magicien en blouse blan-che, nous trouverions tout aussi n-cessaire de nous y opposer.

    Nous nignorons videmmentpas qu notre poque limmensemajorit de la population nenvisageplus de remettre en cause le modede vie qui lui est fourni par la pro-duction moderne, et donc la quanti-t aberrante dnergie quelleconsomme, parce quelle en est de-

    venue tout fait dpendante etquelle ne sait plus imaginer autrechose. Devant cette situation, lescologistes dEtat et leurs dupesmettent systmatiquement en avantde prtendues alternatives tech-niques au nuclaire nergies re-nouvelables et conomies dnergie qui permettraient miraculeuse-ment de vivre de la mme manire,et dans le mme monde, mais sansles problmes de pollution et lesrisques de catastrophes. Malheu-

    reusement pour eux ces prtendues

    solutions techniques ne pourrontvraisemblablement que rester mar-ginales et toujours centralises ethors de contrle des populations.Elles ont en ralit pour seulesconsquences de renvoyer dans unavenir indtermin une sortie effec-tive du nuclaire.

    En labsence dun profond bou-leversement de la socit, de sonmode de production, et du mode devie de chacun, bref en labsencedune rvolution, il nexiste toutsimplement pas dalternative tech-nique au nuclaire qui soit satisfai-sante sur le plan cologique. Pourautant, il serait videmment absurde

    de prtendre attendre une rvolu-tion pour mettre un terme la fuiteen avant du nuclaire alors que cel-le-ci risque dtre impose partoutdans le monde.

    Il est donc trs vraisemblableque dans le contexte actuel un arrtde la production dlectricit nu-claire impliquerait une augmenta-tion considrable de la productiondlectricit partir de charbon, degaz, ou de fioul. Et il est bien vi-

    dent que cela reposerait court ter-me dautres problmes environne-mentaux trs graves.

    Si une telle rforme tait dci-de, cela constituerait bien sr ensoi un net progrs de la situation, enrduisant considrablement lesrisques les plus immdiats pesantsur nos ttes. Mais il est trs impro-bable que lEtat franais prenne cet-te dcision de lui-mme. Si parcontre un arrt du nuclaire taitimpos par un mouvement social

    cela tmoignerait dun changement

    considrable, et dune fin de la pas-sivit des populations dpassant detrs loin la seule question nuclaire,et augurant de bouleversements po-litiques beaucoup plus gnraux.

    Cest pourquoi nous pensons

    que la reconstruction dun mouve-ment antinuclaire consquent exi-ge dabord de refuser de considrersous langle exclusivement techni-que le problme social du nuclaireet de mettre au centre de notre cri-tique la question politique. Il sagitdonc de poser dabord la question :Qui dcide ? et de soulever lescandale dune folie impose parlEtat, la fois consquence ultimede la logique utilitariste et quantifi-catrice abstraite du capitalisme mo-

    derne, et choix irrationnel mmedun point de vue conomique.

    Mettre ainsi en avant la questionpolitique cest sefforcer de contri-buer la renaissance de la discus-sion publique autonome de nosconditions de vie en refusant lemonopole de la parole des mdiaset des spcialistes le premier pasindpassable pour voir peut-tre r-apparatre une force sociale suscep-tible de combattre le nuclaire et le

    reste.

    PRSENTATION

    BULLETIN NUMRO 1 4

    La psychologie de masse de lrenuclaire aux Etats-Unis, au cours de laGuerre froide. Eros voil par Thanatos,ou lrotisme refoul et mis au servicede la terreur dEtat.

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    En conclusion de ces quelquesprcisions quant nos raisons derefuser le nuclaire, se pose la ques-tion des perspectives dinterventionsque nous envisageons de suivre etdes buts quil nous semble ralistede poursuivre pour cette coordina-tion. Lcrasement du mouvementanti-nuclaire depuis des annescomme lapparition de menacesplus rcentes que ce soit lenva-hissement de nouvelles technolo-gies (comme les biotechnologies oulinformatique), la dgradation desrapports sociaux et des conditionsdexistence en gnral ou lvolu-tion de la situation conomique et

    politique tout semble concourir faire dtourner la pense de noscontemporains de la menace nu-claire, devant des problmes plusrcents et plus immdiats.

    Il importe de raffirmer quepour tre ancienne la question nenest pas moins toujours aussi actuel-le et que ses conditions gnrales,les problmes quelle pose, se sontaussi transforms, mme si il fautbien constater que pour lessentiel

    nous sommes obligs de rpter en-core et toujours la mme chose, etque le dcouragement qui en rsul-te est certainement une des sourcesde la faiblesse persistante de la cri-tique antinuclaire.

    Toutes les occasions sont bonnesde faire entendre des voies discor-dantes par voie daffiches, tracts,bulletins, interventions, confren-ces-dbats dessayer dinformer etde sensibiliser aux aspects les plusactuels du nuclaire, de stigmatiser

    les innombrables complicits, de

    dmonter les rhtoriques nouvellesou remises au got du jour qui semettent en place, jouant toujoursplus des airs contradictoires poursefforcer de concilier la technologienuclaire par essence ultra-centrali-se et autoritaire avec les formesplus modernes de contrle socialsymbolises par Internet, avec les-quelles la dpossession est certestoujours aussi relle mais plus diffu-se et dissimule derrire le rseauet la participation.

    Il nous faut donc dsormais criti-quer la fois lhabituation la cata-strophe et lendormissement, le sec-ret-dfense et la transparence, la

    culpabilisation par la co-responsabi-lit chre au citoyennisme et la va-lorisation de besoins crs de toutepice. Dans ce contexte, nous nepouvons quuvrer recrer unmouvement antinuclaire qui tentede peser sur la situation, en ouvrantle dbat, en avanant dans la com-prhension des choses (du nuclai-re, de la soumission), en tentant defaire voluer ces questions, tout ensopposant radicalement la lo-

    gique nuclariste.s

    Paris, juin 2005Coordination contrela socit nuclaire

    P.S. Il va de soi que ce texte rend comp-te de ltat actuel de nos discussions etquil reste ouvert.

    PRSENTATION

    BULLETIN NUMRO 1 5

    BrvesAreva : le nuclaire lcole sous couvertdcologie !

    Pour la rentre 2004, le minis-tre de lEducation nationale a

    pondu la circulaire n 2004-110 relative lducation

    lenvironnement pour le dve-loppement durable, laquelle

    est dsormais incluse dans lesprogrammes ds lcole pri-maire. Pour le ministre, elle

    doit sensibiliser les lves aux

    problmes de lcologie, quisont des problmes globaux

    de socit et, par suite, treancre dans toutes les discipli-

    nes afin de les rendre co-responsables. Lintention pa-rat noble, premire vue. Les

    syndicalistes de lEducationnationale, de sensibilit de

    plus en plus cologiste, cest

    bien connu, ont accueilli favo-rablement la circulaire et nh-

    sitent pas, en rgle gnrale,

    lappliquer. Pourtant, il suffitde la survoler pour saisir quel

    est lobjectif rel de lEtat :transformer, ds lenfance, lesfuturs citoyens en coresponsa-

    bles du dsastre en cours et,en plus, faire auprs deux la

    promotion du nuclaire ! Ain-si, cest Areva quest confie,en grande partie, la noble t-

    che de former les matres enmatire dcologie ! q

    Octobre 2005A. D.

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    Aloccasion de la constructionde lEPR Flamanville, le gou-

    vernement annonce grands fraisle premier dbat public sur descentrales nuclaires, accompagndautres sur les lignes trs hautetension et les poubelles nuclaires.Tout cela orchestr par un organis-me pseudo-indpendant, la Com-mission nationale du dbat public.Mais, en ralit, cest lEtat qui est levritable matre du jeu. Lobjectif de

    la Commission le montre bien :Faire que la population participe

    aux discussions des experts.

    Lesquels, cest connu, ne remettentjamais en cause le bien-fond dunuclaire. Le cadre dfini pour lesconfrences le confirme : il sagitdergoter linfini sur des dtailstechniques, en particulier en mati-re de sret, et de passer sous si-lence lessentiel, sous prtexte desecret dfense.

    Ce que lEtat veut nousfaire accepter

    Dsormais, lEtat franais pr-tend aborder la question de la pro-tection des populations face auxdangers potentiels du nuclaire.Mais ce nest quun cran de fumedestin cacher lessentiel : le main-tien et la relance des programmesnuclaires, civils et militaires, l-chelle mondiale, ainsi que laccepta-tion des risques quils engendrent.

    Cest pourquoi, dans ces confren-ces, le problme de la pollutionradioactive normale ou exception-nelle que les installations nuclairessont autorises rejeter nest pasabord. Et encore moins celui durisque daccident majeur toujourspossible, mme en France, avec lesconsquences effroyables quil im-plique : sanitaires, conomiques etsociales. Les rflexions entre spcia-listes regroups autour du program-

    me Sage montrent quel point ils

    sy attendent. Ce programme a eneffet pour objet de faire accepteraux populations la survie en terraincontamin, comme le montre lunedes principales mesures prises : re-lever les normes admissibles pourquelles soient moins contraignan-tes. Paradoxalement, les normes deradioprotection nont pas cess debaisser depuis plus de cinquanteans. La Commission internationalede protection radiologique, elle-m-

    me institution officielle, reconnatquil ny a pas de seuil dinnocuiten matire de radiations : toute do-se comporte des risques. En ralit,par protection, lEtat entend la sien-ne propre et la continuation du nu-claire contre ce qui pourrait le re-mettre en cause. L, les experts encalcul des risques sont indispensa-bles. Sils acceptent dsormais denparler en public, cest pour lescomptabiliser comme nimporte

    quel courtier en assurances visant sauvegarder la compagnie qui lepaye et pour qui les individus nesont que des pions. Et pour justifierlexistence de la socit militariseque le nuclaire ncessite invi-tablement. Le nuclaire, cest avanttout la dictature technologique pournous grer, voire nous trier commedu btail en cas de catastrophe.

    Des dcisions djprises

    LEtat a aujourdhui limpudencede prsenter les confrences sur lenuclaire comme des nouveauts.Or, en matire de comdie, de pri-se de pouls sur le tas et de mise disposition dinformations censu-res, il nen est pas au premier es-sai : des Commissions locales din-formations sur le nuclaire auxConfrences citoyennes sur lesOGM. Inventes par Mauroy, alorsPremier ministre socialiste, en 1981,

    les CLI visaient faire avaler les

    ACTIVITS

    BULLETIN NUMRO 1 6

    En attendant les liquidateurs,*faites place aux cobayes!

    Dmocratie deproximit, modedemploi

    Dcembre 1981La commission peut disposerde lensemble des informa-tions et des tudes en prove-

    nance des promoteurs du pro-jet ainsi que de toutes les pres-criptions qui leur sont noti-

    fies par les administrations

    qui les contrlent, lexclu-sion des secrets industriels etsous rserve des secrets de d-fense nationale et des impra-

    tifs de scurit publique.

    Circulaire sur la cration desCLI, envoye par Mauroy, Premierministre socialiste de Mitterrand,

    aux prfets.

    Fvrier 2002Le dbat vise informer le

    public sur des projets dam-

    nagement dintrt national

    Il est loccasion dapporter desrponses, dans les limites pr-vues par la loi, PAGE 7

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    premiers programmes lectronu-claires aux populations rtives en yfaisant participer les associationscologistes. Pour lessentiel, leur ac-tivit consistait, et consiste toujours, couter les monologues des nu-claristes dEDF et participer desvisites guides de centrales taillessur mesure. La CNDP, cre sur lesconseils du mme Mauroy en 1995,na fait que relooker et gnraliserla recette des CLI. A la diffrencequaujourdhui, lEtat franais faitmine dassocier la population hexa-gonale des dcisions qui engagentle prsent et lavenir de la popula-tion mondiale. Tchernobyl la dj

    montr : le nuclaire ne connat pasles frontires. Les dcisions ont djt prises ailleurs, non seulement auniveau de lEtat franais, mais aussipar le biais daccords entre Etats, deconsortiums et dinstitutions mon-diales qui, comme lAgence interna-tionale de lnergie atomique,** sontleurs promoteurs et les administra-teurs de la course folle au nuclai-re : de lEPR et lIter jusqu la ges-tion plantaire des poubelles radio-

    actives. En ralit, lEtat fait sem-blant de tenir compte des interroga-tions, voire des inquitudes, des po-pulations locales pour leur faire ac-cepter linacceptable et les rendrecoresponsables de choses qui lesdpassent. Cest bien pratique encas de ppin : elles nauront qusen prendre elles-mmes. Et, enattendant dtre envoyes sur le ter-rain comme liquidateurs, elles sontconvies jouer le rle de cobayesdes programmes nuclaires exis-

    tants et venir.

    Des cologistes en malde reconnaissance

    Cest donc dans ces conditionso les individus nont jamais taussi peu de chose, aussi atomisset fouls aux pieds, aussi loignsdes prises de dcisions qui les en-gagent, que la mascarade de la d-mocratie de proximit est mise enplace. Laquelle ncessite des inter-

    locuteurs et la participation de pr-

    tendus dlgus de la socit civi-le. Dans lespoir de jouer lesconseillers du prince, les associa-tions cologistes, comme Green-peace, ont donc accept les condi-tions draconiennes poses par lEtatpour participer la prparation dushow, passant sous silence les ex-priences lamentables du pass enla matire, escamotant la discussionsur le fond, peaufinant les ordres dujour pour cerner les dtails et chica-nant pour faire accepter les expertsde leur choix. Mais la donne du jeunuclaire na pas chang. Il faut tou-te la veulerie intresse des leaderscologistes pour soffusquer aujour-

    dhui que la Commission manie elleaussi la censure et que linstitutionnuclariste ne supporte mme paslide de leur prsence. Au point deles amener se retirer. Il ne pouvaitpas en tre autrement.

    Des enjeux qui ne sontpas les ntres

    A travers ces prtendues discus-sions, lEtat veut nous enchaner des combats qui ne sont pas les n-

    tres. En particulier avec lEPR.Personne ne sait si lEPR fonctionne-ra comme prvu, pas mme les tech-nocrates dEDF qui, derrire lappa-rente sret de leurs propos, avan-cent ttons en terrain min. Surfond de crise de lnergie et daccu-mulation des facteurs de guerre, tous les sens du terme, la course aucontrle et lextension du marchlectronuclaire reprend de plusbelle. Ces enjeux ne sont pas les n-tres et nous refusons de prendre po-

    sition sur des questions qui ne nousconcernent pas, pas plus que de dis-cuter avec ceux qui nous les impo-sent et nous dtournent de toutepossibilit de lutter rellement con-tre le nuclaire et la socit qui legnre. Cest pourquoi nous ne pou-vons quinciter ceux qui refusent lenuclaire saboter, pour le moins,ces espaces dacceptabilit et desoumission lautorit de lEtat. s

    30 octobre 2005

    Le collectif parisien

    ACTIVITS

    BULLETIN NUMRO 1 7

    aux questionsquil pose, sans rechercher le

    consensus Le matre dou-vrage, quant lui, devra sur-tout montrer ultrieurement

    comment il a tenu compte deslments ports au dbat.

    Lobjectif du dbat public initipar la CNDP,par la commissionparlementaire encharge de la loi

    Dmocratie de proximit, Mauroy

    rapporteur.

    Aot 2003Toutes les informations rela-

    tives aux matires nuclairesprsentent dsormais le carac-tre de secret de la dfense na-

    tionale Elles doivent donc t-re classifies et leur diffusiontre strictement restreinte.

    Ministre de lEconomie, arrtprvoyant des sanctions jusqu sept

    ans de prison en cas de divulgation

    de telles donnes, de la fabrication

    au stockage.

    Novembre 2004Bien entendu, le dbat public

    sur le racteur EPR ne sauraittre considr comme un d-

    bat sur lensemble de la ques-tion nuclaire ni de lensemblede la politique franaise ner-

    gtique qui sont bien sr desproblmatiques beaucoup plusvastes.

    Proposition pour un dbatpublic exemplaire sur lEPR,envoye par Greenpeace, Les amis

    de la Terre, le WWF la CNDP.

    * Liquidateurs est le nom donnaux volontaires, en rgle gnraledsigns doffice, chargs dinterve-nir juste aprs lexplosion sur le sitede Tchernobyl.

    ** LAIEA, linstitution nuclaristemondiale, vient de recevoir le prixNobel de la paix pour sa prtenduecontribution la lutte contre la pro-

    lifration des armes nuclaires.

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    Ctait le troisime dbat* quele collectif organisait sur

    Amiens, ce 10 novembre. Une qua-rantaine de personnes avaient fait ledplacement pour discuter du ca-ractre policier et totalitaire de cettenergie, en fonctionnement nor-mal comme lors dune catastropheo seule larme serait apte grerles consquences. Ensuite, il nous afallu voir comment nous noustions habitus cette situation.

    Le film Discipline nuclaire dequelques amis(es) antinuclaires futun bon support notre discussion.Lassistance fit apparatre de profon-des divergences entre dune partceux qui cherchent donner des al-ternatives nergtiques au nuclai-re, mme si celles-ci sont drisoirescomme lolien, et ceux qui souhai-tent parler de rels besoins et dsirs partir dune autre organisation so-

    ciale. Il nous a fallu l supporter lapropagande dun opposant localaux oliennes** mais aussi les r-ponses naves dantinuclaires durseau Sortir du nuclaire et deVerts. Un des principes du collectifdans la tenue dun dbat est quetous les points de vue puissent sex-primer. Nous y avons russi, hormisle RG prsent. La deuxime satisfac-tion, cest lorsque le dbat senlisesur la sortie technique du nuclaireet quun camarade intervient en fai-

    sant cette dclaration :

    Nous ne pouvons continuer dbattre sur la question du com-ment grer les choses. Car agir ain-si, cela nous amne dire ce quenous ferions la place des gouver-nants et gestionnaires de ce mondeou bien dire ces derniers quel-le sauce nous prfrons tre man-gs. Voil une alternative que je re-fuse. Notre collectif se veut libertai-

    re, cest bien de l quil faut partir. Il

    sagit de politiser le dbat, donc deprendre position au sein de ce mon-de qui engendre le nuclaire entreautres saloperies. La seule questionqui mrite dtre pose en pralable tout dbat est : quelle vie mritedtre vcue ? Il est clair que je re-fuse le nuclaire parce que je refusece monde. Je ne cherche pas sa-voir combien il faut doliennespour remplacer une centrale nu-claire ; je dis dabord que la volon-

    t de produire tant dnergie sertavant tout faire tourner des usinesde mort qui produisent gadgets etantidpresseurs. Jaffirme que je naipas besoin du TGV fort gourmanden nergie car je veux prendremon temps. Bref, mme sil ny au-ra jamais de sortie totale du nuclai-re cause des dchets qui sont irr-mdiablement l, il convient daffir-mer notre volont de sortir de cemonde de la domination en nous at-

    taquant tous ses dispositifs. Enpralable dun projet aussi ambi-tieux, il convient de ne pas repren-dre son langage et ses catgories dejugement : nous ne voulons pas du-ne conomie plus verte, nous nevoulons pas demplois cologiques.

    L-dessus, un silence sinstalledans la salle et je demande lassis-tance si ce silence est bien le signedune approbation de ce qui vientdtre dit. Aucune objection ! Mme

    sil faut se garder de trop doptimis-me sur cette raction, elle refltetout de mme un dsir de change-ment, mme si refoul par unmanque de rflexion ou de courage,voire par limpuissance intrioriseet gnralise.

    Certains copains ont object ledbordement sur dautres sujetscomme les OGM ou le citoyennis-me. Ceci est inluctable. A nous de

    rpondre ces questions en tant le

    plus concret possible, sur les causesdes checs et les voies sans issuedes rcuprateurs politicards.Beaucoup dinformations ne sontpas connues du public et certaines

    ractions sont plus mettre sur lecompte de la navet que de la mau-vaise foi ou de la soumission.

    Bien entendu, nous navons paspu discuter des actions mettre enuvre pour saper les intrts mo-raux et financiers des nuclaristes,mais nous sommes srs que ce d-bat y contribuera. A suivre s

    Octobre 2005M., du collectif aminois

    * Ds le dbut, le collectif aminois atenu lier des interventions locales unerflexion critique nationale.

    ** Sur le dpartementde la Somme,plusieurs projets de champs de quatre six oliennes sont prvus. Quelques-unes sont en fonctionnement mais il sa-

    vre que le prfet (gouvernement/Etat)veut de grands camps (en bordure desctes, en mer ou bien encore sous lamer).

    ACTIVITS

    BULLETIN NUMRO 1 8

    Runion du collectif libertaireantinuclaire aminois

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    ACTIVITS

    BULLETIN NUMRO 1 9

    La SNCF transporte, cest son rle, elle nest pas l pour poser desquestions pourvu que cela soit rentable. Cest pour la rentabilit quela SNCF restructure, supprime des lignes, des postes, des trains de voya-geurs ou de fret jugs dficitaires. Alors, comment expliquer que lestransports de dchets nuclaires, les trains renforcs de CRS circulent dunbout lautre du parcours accompagns de cadres de la traction, des ca-dres du transport sont mobiliss chaque relais. Le long des lignes, la sur-veillance est accrue, les polices et gendarmeries sont sur le pied de guer-re. De l penser que ces transports sont subventionns par lEtat, laDfense nationale (donc par notre exploitation) il ny a quun pas. Nous

    qui pensions que les subventions taient interdites par Bruxelles !A une certaine poque, lEtat franais de Ptain ordonnait la SNCF de

    transporter vers lAllemagne dans des wagons bestiaux des voyageurs, g-nant laccomplissement de lordre nouveau prn par Hitler. La direction dela SNCF, sans tat dme, a organis de manire exemplaire ces transports.Mais il y eut des cheminots qui sopposrent, qui entrrent en dsobis-sance. Aujourdhui, pas de raction, le nuclaire avec sa pseudo-propretde faade passe pour la panace au sein des populations, mme sil pollueirrmdiablement la plante pour des millions dannes. Aucun syndicat(conventionnel) ne sest oppos quoi que ce soit. Tout au plus certains,comme SUD, limage de Dominique Malvaud, membres du CNHSCT (LaVoie du raildu 4 avril 2001) qui dclare ne pas tre contre la condition

    dune totale transparence concernant ce type de transport.La SNCF est galement grande consommatrice de nuclaire. Les TGVsont particulirement gourmands, ces trains sont la vitrine de la socit ca-pitaliste, toujours plus loin, toujours plus vite, toujours la recherche demarchs ltranger. Le tout-TGV la SNCF dsertifie des rgions entires :le budget ne permet plus dentretenir les lignes classiques, imposant des li-mitations de vitesse et une offre visant dcourager les voyageurs, parexemple, il faut 1 heure 30 min de plus quil y a 20 ans pour effectuer latransversale Nantes-Lyon, cest plus rapide de faire Nantes-Paris et Paris-Lyon en TGV.

    Le nuclaire est lnergie indispensable de lasservissement la socit.De part ses dangers propres et induits, seule une socit parfaitement po-lice et militarise permet son fonctionnement. Le nuclaire permet soit-

    disant lindpendance nergtique de la France alors que luranium estmaintenant import. Cest lnergie la moins chre car on ne prend pas encompte le dmantlement des centrales en fin de course, les dchets quipolluent dfinitivement la plante. Les opposants aux transports existent. Ily a les pros de la politique qui briguent des siges au parlement ou dans lesministres. Leurs positions sont aussi ambigus que leurs personnalits : ilsarrivent concilier capitalisme et cologie. Il y en a dautres qui sont srsque la socit industrielle dtruit la plante et qui mettent tout en uvrepour la sauver (blocage des transports des dchets ; oppositions limplan-tation de nouvelles centrales ou la prolongation du fonctionnement descentrales existantes ; opposition lenfouissement des dchets nuclaires vie longue). Nous sommes de ceux-ci. q

    Novembre 2004Collectif libertaire antinuclaire aminois

    Trains nuclaires,trains de la mortIl sappelait SbastienIl avait 22 ans

    Il est mort, victime du

    nuclaire et du capitalismepour que vive lavenir.

    BrvesLe syndrome du Golfe la trappe !

    Reprenant la thse sur la ra-diophobie des populations nu-clarises par Tchernobyl, len-qute de lInserm affirme quele stress, d la guerre, ex-

    plique pour lessentiel lessymptmes signals par les v-trans franais, les leucmies

    et les cancers nayant aucunevaleur significative. Rien

    ne dmontre lexistence dunsyndrome du Golfe, a indiquen juillet 2004 le Pr Salomon,

    directeur de lunit de lInserm

    de Bordeaux dpendante de laDfense, prcisant que seul le

    quart des sujets concerns ontparticip lenqute. Or, Avi-

    golfe, lun des lobbies de vt-rans du Golfe et des Balkans,indiquait en septembre 2004,

    que par vtran, le forfait estde 180 euros, pour la radiodes poumons, la prise de sang,

    la consultation et les raresanalyses durines o ils ne re-

    cherchent pas luranium 236,

    dchet radioactif, cancrigneet toxique. Comme la grande

    majorit des maladies nuclai-res mettent des annes, voire

    plus, pour apparatre, lomertanuclariste a de beaux joursdevant elle. Pour les popula-

    tions qui, de lIrak aux Bal-kans, sont arroses duraniumappauvri, il nest bien sr m-

    me pas question denqute q

    Dcembre 2005A. D.

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    Juste avant la dernire rencon-tre de la Coordination contre la

    socit nuclaire, le samedi 10 sep-tembre dans la matine, nous noussommes rendus une bonne ving-taine de personnes Pontfaverger.Rappelons que cette commune abri-te la base militaire de Moronvillierso le CEA pratique des essais ditsfroids en utilisant des rpliques dunmodle de bombe nuclaire o estremplace la matire nuclaire com-

    me le plutonium par de l'uraniumappauvri et parfois quelques gram-mes de plutonium pour voir com-ment ragissent les explosifs chi-miques qui sont dans la bombe.

    Il sagissait avant tout de col-ler laffiche de la coordination,Nuclaire : la voie criminelle, et detenter de rencontrer la populationqui, bien souvent, travaille sur ce si-te en lui distribuant un tract dinfor-

    mations connues* dans le but queles langues se dlient. ce tract d-nonait les conditions de travail dessalaris embauchs par des entrepri-ses sous-traitantes du CEA, vrita-bles trimardeurs du nuclaire mili-taire, mme si ici le vritable dangerest plus dordre chimique que dor-dre nuclaire. Ce tract** se terminaitpar une dnonciation de la course lextension et la sophistication delarsenal nuclaire. Pour nous, lut-ter contre les futures catastrophes

    passe aujourdhui par lexigence dela fermeture de ce site de Moron-

    villiers.

    Ce nest pas la premire fois quedes antinuclaires se rendaient danscette commune ; voici quelques an-nes les portes se refermaient et lesrues se vidaient. L, nous avons, dsnotre arrive, tomb sur la sortie delcole communale. Mme aprsavoir lu notre texte, nous navons

    pas ressenti dagressivit une no-

    table exception prs : Vous voulezque ce canton meure ! de lanti-quaire du coin. Les langues ontcommenc se dlier lorsquun ha-bitant est sorti de sa maison pournous dire quil avait travaill sur lesite (avec la personne de 35 ans quivient de mourir dun cancer) enbleu de travail mais avec des chaus-sures de scurit dans le dmontagedune aire btonne contamine pardes expriences lair libre qui ont

    eu lieu dans les annes 1960-1970.Nous apprenons que dautres per-sonnes viennent de dcder et quedautres sont bien malades.

    Nous ne pouvions pas quitter cevillage sans un contrle de gendar-merie. Cest un site sensible sur-veill en permanence par 21 gen-darmes sur les 24 que compte cettebrigade ! Alors que 4 dentre nousnavaient pas leurs papiers sur eux

    dont 2 mineurs, nous avons t sur-pris de la raction des forces de r-pression qui ne nous ont pas en-nuys, se fiant aux dclarations ora-les des contrls(es). Du jamais vu !Comme quoi, le moral des troupesny est plus s

    Septembre 2005D., dEgrgore

    * La porte de la cuve des essais ditsfroids a saut en novembre 2004, plu-sieurs travailleurs de ce site viennent demourir dun cancer, dautres ont bien des

    soucis de sant Voir Courant alterna-tif149 et 151.

    ** La copie de ce tract est disponible.Ecrire Reims.

    ACTIVITS

    BULLETIN NUMRO 1 10

    Mourir Moronvilliers

    BrvesQui veut la peaude Nuclon ?

    Samedi 15 octobre 2005 lafte de la Science, dans les jar-dins du Snat au Luxem-

    bourg, le stand de lIRSN(Institut de radioprotection etde sret nuclaire) a t as-

    sailli par un Comit de lutteantinuclaire en plein aprs-

    midi. Il sagissait de dnonceren acte linfamie de cette mas-carade o lon prtend expli-

    quer aux enfants, dans la joieet la bonne humeur, que ce quiempoisonne, tue et dpossde

    est bon. Un texte intitul Dubton pour les guignols a ac-compagn un dluge dufs

    pourris et dinsultes essuypar les pdagogues bahis du

    risque radioactif. Notons aus-si qu cette occasion, Nu-clon, mascotte virtuelle

    interactive cense prsenterle travail de lInstitut, nous

    a quitt. Heureusement nousgardons un tmoignage enimage de son exemplaire dvo-

    tion robotise au mensongecontemporain. q

    Janvier 2006P.

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    ACTIVITS

    BULLETIN NUMRO 1 11

    Officiellement, depuis 1996, il ny a plus dessais nu-claires en France, dans leur phase finale, cest--direquil ny a plus de bombe atomique qui explose com-me ce fut le cas dans le Sahara de lAlgrie franaise ou Moruroa en Polynsie.

    Par contre, des essais dits froids sont effectus Pontfaverger-Moronvilliers. Le CEA (Commissariat l-nergie atomique) pratique des explosions en utilisantdes rpliques dun modle de bombe nuclaire o estremplace la matire nuclaire comme le plutonium parde luranium appauvri et, parfois, quelques grammes deplutonium pour voir comment ragissent les explosifschimiques qui sont dans la bombe. A Moronvilliers, laraction en chane qui a lieu lors dun essai grandeurnature na pas lieu. Mais nous sommes loin des essais

    en laboratoire comme lavait dit Chirac en 1996. En ef-fet, ici, il y a priodiquement des explosions qui, aprsavoir t commises lair libre, ont lieu maintenantdans une cuve. En novembre 2004, le couvercle de lacuve a saut et cela a cr une vritable panique sur cesite. Il y a donc eu rejet de poussires duranium ap-pauvri et peut-tre dautres matires tels le bryllium,employ dans les dtonateurs des bombes nuclaires.

    Entendons-nous bien, le vritable danger nest pasici dordre nuclaire mais dordre chimique o quelquesmilligrammes de poussires avales ou inhales peu-vent provoquer des cancers. Dans la rgion, aucune

    tude nest faite sur lventuel impact de ces essais froid sur la sant des populations. Pour obtenir une tel-le tude, il faudrait une relle volont de lutte. LEtatfranais na jamais donn de prcisions sur ces opra-tions lies la sale guerre nuclaire, quil sagisse deMoruroa ou du dsert algrien, quil sagisse des popu-

    lations civiles ou du personnel militaire. Il en allait desa crdibilit pour lensemble de son programme nu-claire.

    De plus, comme dans tout site nuclaire quil soit ci-vil ou militaire, des salaris embauchs par des entre-prises sous-traitantes du CEA (ou dEDF dans le cas decentrales nuclaires) font le sale boulot. Sous couvertdu secret dfense, ces salaris doivent videmment setaire ; ils se taisent dautant plus que le chantage lem-ploi sexerce directement ou implicitement. Or, depuisquelques mois, des travailleurs perdent la vie en vou-lant la gagner pour avoir, par exemple, dtruit aux mar-teaux-piqueurs, sans aucune protection, une aire b-tonne contamine par des expriences lair libre quiont eu lieu dans les annes 1960 et 1970. Dautres ris-quent dans ces prochaines annes davoir de gravesproblmes de sant pour avoir ramass, aprs un essai,

    des chantillons dans les cuves.Il est grand temps que les langues se dlient, que les

    personnes concernes exigent des comptes de lEtat surles consquences de ces essais dits froids. A noter quelassociation Aven (association des vtrans des essaisnuclaires) mne un travail juridique*. Derrire lcrande fume des traits sur la non-prolifration des armesnuclaires et sur linterdiction de leurs essais grandeurnature se cache la course lextension et la sophisti-cation de larsenal nuclaire. Demain, des populationsauront subir des dsastres. Lutter contre ces futurescatastrophes qui nauront rien de naturel passe aujour-

    dhui par lexigence de la fermeture de ce site deMoronvilliers. qSeptembre 2005

    Egrgore

    * Aven http://[email protected] o on peut obtenir la-dresse du dlgu marnaisde cette association : MichelCardon, 27, rue Lecomte-de-lIsle, 51000 Chlons-en-

    Champagne.

    Mourir Moronvilliers

    Nuclaire, la voie criminelle

    Bombardier furtif amricain larguant des bombes nuclaires de poche au cours dessais enAlaska, vers la f in des annes 1990. Pour les besoins de lexprimentation, le plutonium a t rem-

    plac par de luranium appauvri.

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    D

    epuis laccident de Tchernobyl,on sait par exprience que lac-

    cident majeur est possible. EnFrance les autorits et le lobby nu-claire sy attendent et prennent desmesures prventives pour dgagerleurs responsabilits futures. Lemeilleur moyen pour cela, cest deresponsabiliser toute la populationet dassocier cette fin des ONG, in-dividus mdiatiques et communautcivile dans des oprations humani-taires de communications et de pr-vention de la catastrophe. En fait,

    ces oprations ne visent qu lhabi-tuation la catastrophe.

    Ce sont des simulations (com-me Paris ou Belleville/Loire der-nirement) qui savrent tre desentreprises surtout de contrle so-cial totalement inoprantes et in-consquentes en termes sanitaireso le dispositif militaire est quasiabsent, uniquement en arrire-plan,juste pour suggrer quen cas dac-

    cident rel, cest bien les militaireset eux seuls qui mneraient les op-rations de maintien de lordre et nonla scurit civile. Avec le bordel quirgne lors de ces simulations, et ceserait sans doute pire en cas dacci-dent, on comprend pourquoi lesautorits se prparent cacher toutsimplement laccident sils le peu-vent mais, surtout, lencadrer mili-tairement de faon consquente. Leraccourci Socit nuclaire : socitpolicire et militaire prendra alors

    tout son sens.

    Ce sont aussi ces distributions depastilles diode dans les agglomra-tions proches des centrales qui sa-vrent inefficaces si elles ne sontpas prises dans de bonnes condi-tions, 1 2 heures avant lexposi-tion, et inoprantes quelques heuresaprs leur prise. Elles sont senses,en effet, protger de liode radioac-tif afin que celui-ci ne se fixe pas

    sur la thyrode, mais cest masquer

    ainsi toute la gamme des autresradio-lments encore plus dange-reux que sont les csium, thorium,uranium, etc., dont les effets et lesdures de vie sont pires. Un grosbluff donc, vu le secret qui entoure-rait un accident et son rayon dac-tion !

    Ce sont encore dans les mdiasces rvlations au compte-gouttesdes mensonges passs de lEtat etdes nuclocrates. Journaux, radioou tl y vont de leurs entrefilets ou

    missions spectaculaires, procs,etc., qui dcouvrent les dgts aprsles avoir tant tus. Il est ncessaire desinterroger : pourquoi les autoritsacceptent de revenir sur des men-songes passs quils ont tenu bec etongle, comme le fait que les diversessais ou accidents radioactifs nau-rait provoqu aucun dommage.Nous assistons ici aprs le fait ac-compli, et grce une pseudo-transparence, une vaste entreprise

    de manipulation pour lacceptationpar la socit civile toute entire cogrer la future et invitable cata-strophe et ses dgts.

    Ce sont enfin, entres autres, cesplans de rhabilitation des territoi-res contamins en Blarus qui, sebasant sur un manque dtudes sa-nitaires antrieures, refusent dattri-buer laccident de Tchernobyl lesconsquences de maladies causespar la contamination interne. Pour

    les nuclocrates, la contaminationinterne nexiste pas car elle ne peutpas se prouver par des tudes sta-tistiques, ce nest donc que de laradiophobie entretenue par les anti-nuclaires. Le but des nuclocratesest la prparation la survie en mi-lieu contamin, au Blarus commeailleurs, le codex alimentarus quiprconise des normes hautes admis-sibles dans lalimentation en estlillustration. Cette mesure permet-

    trait de minimiser les consquences

    sanitaires dun accident mais aussidaccepter des denres produites enterritoires contamins. Avec lirra-diation industrielle des aliments, pu-diquement nomme ionisation pour

    pas effrayer le plerin, notre envi-ronnement savre des plus radieux.

    Avec la Bombe, nous tions pr-par au risque nuclaire militaire etsa destruction totale qui a engendrce comportement daveuglement :Aprs moi, la fin du monde. Maisle nuclaire en gnral et sa logiquedisciplinaire risque bien dtre en at-tendant la fin de lespoir dun mon-de, celui dun monde humain,

    mancip et autonome, tel quenous le concevons. Cest sans doutepourquoi, lheure o les nuclo-crates remontent de plus belle aufront afin denfoncer plus loin leclou de la domination, lheure oils ressortent leurs armes de prdi-lection (mensonges, manipulations,discours dexperts) que le 14 mars2005, un groupe dindividus anony-mes a interrompu ds son ouvertu-re le sminaire europen Sage* quise tenait Paris. Les nuclocrates

    prsents ont t copieusement arro-ss dufs pourris, de purin et depeinture. Juste retour dexprience,videmment trop symbolique, pourrpondre leur travail de dfensede lindustrie nuclaire. Le texte sui-vant a t laiss sur place. s

    Octobre 2005J. & J., de lEssonne

    ACTIVITS

    BULLETIN NUMRO 1 12

    Discipline nuclaire !

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    Lexprience bilorusse deTchernobyl fait figure davant-garde. Aussi sovitique que

    soit considr laccident davril1986, ses consquences dme-sures nen concernent pas

    moins la fine fleur de latomeoccidental. Un nuclocrate

    averti en vaut deux.* Une peti-te sauterie entre amis au Cnam Paris, le 14 mars 2005 : cest

    lultime tape dun programmenuclaire europen dnommSage (voir ci-contre dans le

    tract). Aboutissement de plusde dix annes de recherches

    dans une Bilorussie dfiniti-vement irradie par laccidentnuclaire de Tchernobyl, ce

    colloque rassemble une im-pressionnante brochette dex-

    perts : les tenants europensde la gestion du risque ma-

    jeur sont tous l, main dans

    la main avec les experts bilo-russes, pour tudier le fait ac-compli de lirrpressible dsas-

    tre nuclaire. Linitiative en re-vient au CEPN (le Centre dtu-

    de sur lvaluation de la pro-tection dans le domaine nu-claire), une pseudo-associa-

    tion la pointe du risque nu-claire. En son sein on retro-uve une soixantaine de tra-

    vailleurs, qui viennent tousdEDF, dAreva et de la Co-

    gema. Les nuclocrates sontsavamment coordonns parune socit prive de commu-

    nication autour du risque,Mutadis Consultant. Les nu-clocrates franais exprimen-

    tent les conditions de vie dansune Bilorussie moribonde,

    main dans la main avec les

    autocrates locaux qui assurentcote que cote la continuit

    de lEtat. Soudain, des insul-tes, des ufs pourris, des gi-cles de faux sang sabattent

    sur lassemble. Et ce tract estlanc s

    Janvier 2006J., de Paris

    * Il faut se prparerau cas o il yaurait un gros ppin. Jacques Lochard,directeur du CEPN (linstitut charg de laradioprotection en France) et coordina-teur de Sage.

    ACTIVITS

    BULLETIN NUMRO 1 13

    Retourdexprience

    Parce quil est inconcevable pour tout pouvoir dassurer lvacua-tion des zones contamines, la catastrophe de Tchernobyl a produithuit millions de cobayes condamns survivre sur des territoires dvasts jamais. Mais elle a aussi produit une nouvelle gnration de nuclocrates,Vous, tout entiers ddis au contrle social. Vous dclarez : Vivre sousTchernobyl, cest rapprendre vivre, vivre autrement, intgrer au quoti-

    dien la prsence de la radioactivit comme composante nouvelle de lexis-

    tence et vous organisez linvisibilit du dsastre. Avec les programmesEthos** et Core**, conduits par lindustrie nuclaire, vous avez, enBilorussie, aid les populations faire comme si elles pouvaient vivrenormalement dans des conditions qui les tuent. Vous appelez cela le dve-loppement durable sous contrainte radiologique. Arms de compteursGeiger et puant la bonne conscience, vous tes alls jusqu expliquer auxfemmes enceintes quelles devraient se rapproprier leur environnement.Riche de votre exprience, la Commission europenne a maintenant besoinde vous pour en appliquer les conclusions ici. Car les Etats europens sesont rendus lvidence : le dveloppement actuel du nuclaire imposedenvisager lventualit dun tel accident. Le projet Sage que vous finali-sez vise anticiper une telle surprise en formant les habituels relais du

    pouvoir (professionnels de lducation et de la sant) une culture de pro-tection radiologique, vritable guide de conduite pour apprendre creveren comptant les becquerels.

    Votre sale boulot prend tout son sens une fois mis en relation avecles dernires dcisions de lEtat : en effet, les illusoires mesures de seuils deradioactivit viennent dtre revues la hausse, normalisant une alimenta-tion et une agriculture irradies. Vous ntes quun rouage de cette vaste en-treprise de camouflage qui consiste accoutumer les esprits au fait accom-pli. Et, dans cette scnographie, il ne manque pas dcologistes collabos(Acro...), de scientifiques marginaliss (Belrad), pour jouer les faire-valoirde ce projet ngationniste. Toute cette affaire vise organiser lacceptationet la confiance sociale ncessaires la relance actuelle des programmes

    nuclaires, civil et militaire (EPR, Iter, uranium appauvri, Laser mgajou-le...). Pour tre pleinement efficace, votre travail de dissi-

    Aux experts nuclaristes europens et leurs sup-pltifs runis au Conservatoire nationale des artset mtiers pour finaliser le programme Sage*

    PAGE 14

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    ACTIVITS

    BULLETIN NUMRO 1 14

    mulation experte se double dun spectacle tlgnique o fi-gurent girophares, blouses blanches et tenues NRBC, la simulation.

    Aujourdhui, dans une station de RER, dans la cour dun hpital, surune base militaire, dans le primtre dune centrale, dans les champs, lessimulations sont partout. La mise en scne militaire de la dfaillance et desa rsolution par des praticiens efficaces sont les deux faces dun mmeprojet de domination. Farde dimages et barde dexperts, la catastrophepeut alors seffacer dans un quotidien ininterrompu dincidents significa-tifs, de disparitions [de sources radioactives] dans le nuclaire de proximi-t, dactes de malveillance, de retours dexprience, daccidents domes-tiqus, de distribution de pastilles diode et damlioration des mthodesdinteraction avec les populations. Bien sr, cette habituation laquellevous travaillez na pas pour finalit dempcher une catastrophe que larmeest dsormais officiellement la seule habilite grer.

    En ralit, elle est l pour ajuster les rapports sociaux au dsastre

    existant et aux suites des catastrophes venir. Comme le conseille lillu-sionniste prestigieux Jacques Lochard : Nous devons occuper le terrain.Nous avons tenu cette fois suivre son conseil et venir couronner, com-me il se doit, votre travail de maquillage en faisant notre retour dexp-rience. q

    Paris, les 14 et 15 mars 2005Lonesome cobaye not so

    far away from Belarus

    * Sage Stratgies pour une culture de protection radiologique pratique en Europe en cas decontamination radioactive suite un accident nuclaire.

    ** Ethos (1996-2001) et Core (lanc en 2002) sont des projets de rhabilitation des conditionsde vie dans les territoires contamins par laccident de Tchernobyl. Tous ces projets sont coor-donns par le CEPN, manation dEDF, du CEA, de la Cogma, dArva et de lIRSN.

    BrvesSolidarit avecles opposant-e-s la biomtrie !

    Dj largement utilise dansles prisons et dans le contrledes flux migratoires, la biom-trie pntre aujourdhui lcole

    sous couvert defficacit etde modernit ncessaire.Des entreprises aux Etats, des

    industriels aux institutionspara-tatiques et internationa-

    les, tout le monde participe au-jourdhui la prolifration decette technique du contrle so-

    cial. La Cnil joue son rle dans

    lacceptation tandis que la Citdes sciences monte une expo-

    sition propagandiste avecSagem Morpho (groupe Sa-

    fran). Une vingtaine de per-sonnes a nanmoins dcid ennovembre dernier de dnoncer

    la prsence de ces machines enles prenant pour cible dans lacantine dun lyce de la valle

    de Chevreuse. Le tract laisssur place invitait les lycens

    sattaquer au contrle non

    pas en tant que dispositif im-pos par une minorit une

    socit par essence libre, maiscomme le fonctionnement nor-

    mal du capitalisme moderne,au travail au supermarch,dans les transports, devant

    son ordinateur. La biomtriey est prsente comme unecomposante parmi dautres

    dun systme scientifique ettechnologique qui est le pre-

    mier obstacle la justice so-ciale et la libert. Trois de

    ces individus passent en pro-cs le 20 janvier au tribunaldEvry. Nous seront avec eux,en esprant que ce procs ne

    soit que le dbut impos et dif-ficile de ce qui pourrait deve-

    nir un front doppositionconsquent. q

    Janvier 2006P.

    PAGE 13

    Prototype davion militaire sans pilote (drone), financ par le Conseil de lEuropeet ralis par le couple franco-allemand, dont le CEA. Le drone est porteur de la bombe E depoche, dj oprationnelle et utilise lors de la dernire guerre du Golfe. Le dtonateur-ampli-

    ficateur, qui peut tre nuclaire, produit des champs lectromagntiques susceptibles dedtruire les communications radio et la vie organique, lchelle de quartiers.

  • 7/31/2019 Bulletin de La Coordination contre La Societe Nucleaire N1

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    Le nuclaire est le scandaledune folie impose par lEtat.Avant quil impose aux populationsle stockage des dchets nuclairessous terre, dans lespace ou dans despays sa solde, nous navons pasdautres choix que de lutter pourlarrt immdiat du nuclaire tout ensachant que seul un mouvement so-cial peut limposer.

    Devoir de mmoire !En aot 1999, le dcret donnant lefeu vert au laboratoire souterrain deBure tait sign par les gestionnairesde lEtat franais. Qui tait au pou-voir cette poque ? La gauche pou-belle, pardon plurielle ! La ministrede lenvironnement, une certaineDominique Voynet, fut cosignatairede ce dcret. En effet, le parti Vertne pouvait pas remettre en cause

    son alliance lectorale avec le PS.Ah, le pouvoir ! Pour quoi faire aujuste ?Le 20 octobre 2001 se droule Lille, Colmar, Lyon, Toulouse etNantes une journe daction antinu-claire sur linitiative du rseau.25000 personnes sont dans la ruedont un nombre non ngligeable depersonnes qui dfilent en scandant :Cochet, Etat, Cogema, tout la

    poubelle(Cochet est le nouveau ti-tulaire du strapontin rserv au Vert

    au sein du pouvoir) et aussi : Ni ro-se, ni vert, arrt immdiat du nu-

    claire.Cest Colmar que les col-lectifs Bure manifestent. Ils y pren-nent la parole. Eux qui ont lhabitu-de de se tourner vers leurs lus lo-caux que lAndra achte dclarent: Alors, on sest tourn vers la crmede nos lus : les ministres. Mais l

    quelle Brzina ! Nous navons d-

    couvert que marionnettes manipu-

    les et sans consistance

    Et aujourdhui ?Rien n'a chang ! Le parti Vert cog-re avec le PS un nombre importantde rgions. En Basse-Normandie, les

    lus Verts ont permis, par leur ab-stention, que le conseil rgional decette rgion se prononce favorable-ment limplantation dune centralenuclaire de type EPR Flamanville.Hier, comme demain, loppositiondes Verts au nuclaire est inverse-ment proportionnelle leur distancedu pouvoir. Un mouvement antinu-claire consquent, sur des basesclaires, ne peut se construire quendehors et mme contre ce parti qui

    sapprte demain sauter dans lecoffre arrire du PS.Mais ne nous leurrons pas, dautreschapelles avec ou sans tiquettesparticipent au sabordage dune luttevritablement antinuclaire. Tels cer-tains lus et autres associations quisoucieux de dmocratie, rclamentun rfrendum local dont la restric-tion gographique na dgal en in-eptie que le bourbier des urnes avecsa dlgation de pouvoirs et de sa-voirs. Mais ce sont aussi ces princi-

    paux lus plus pragmatiques qui serfugient derrire un dbat faire va-loir pour qumander auprs delEtat le triplement de la gamelle nu-claire qui est dj de 9,5 millionsdeuros pour chacun des deux d-partements, affichant clairement leprix de leur soumission.

    La coordination contre lasocit nuclaireCest ainsi que sest constitue une

    coordination nationale de collectifs

    antinuclaires en janvier 2004 afinde rassembler les individus et lesgroupes soucieux de poursuivre unecritique de lindustrie nuclaire, ain-

    si que de la socit qui la produit.Notre base minimum daccord est lerefus des buts et des mthodes duRseau pour sortir du nuclaire quidans la rgression actuelle se pr-sente comme le mouvement anti-nuclaire et la voie raliste pourune sortie terme. A loppos de cerseau-lobby, notre minimum dac-cord implique :q Duvrer pour une sortie imm-diate et inconditionnelle du nuclai-

    re.q La dfense imprative de notre in-dpendance et le refus de toutecomplaisance avec quelquappareilpolitique que ce soit puisquils peu-vent tre tous qualifis de nuclaris-tes.q Un mode de fonctionnement bassur la libre association, la prise dedcision en commun et le contrlestrict de toute dlgation de pouvoir.De tels principes de fonctionnementont port dans lhistoire le nom de

    dmocratie directe.Si vous dsirez en savoir plus sur

    notre coordination, nhsitez pas crire lune de nos adresses ci-des-sous. s

    EgrgoreB.P. 1213 51058 Reims Cedex

    Collectif libertaire aminoisB.P. 617 80006 Amiens

    Coordination contre lasocit nuclaire

    c/o CICP, 21 ter, rue Voltaire

    75011 Paris

    ACTIVITS

    BULLETIN NUMRO 1 15

    Nous voulons encore croire quuneautre socit

    est possible !

    Ce tract a t distribu la manifestation appele par le

    Rseau et dautres lobbies cologistes le 24 septembre2005 Bar-le-Duc, rassemblant environ 6000 personnes.A quelques-uns, nous avions dcid la runion decoordination de Reims dy aller pour exprimer, en touteautonomie, nos propres positions et, partir de l, pourtenter de rencontrer des individus plus radicaux que lesleaders cologistes. Pari tenu, en partie du moins q

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    C

    ela fait plus de 10 ans que lapopulation du Val Susa, dans le

    Pimont, se mobilise contre le projetdune uvre monstrueuse : la ligne grande vitesse Turin-Lyon.

    Le train grande vitesse (TGV etTAV en italien) se veut la pointe delinnovation ferroviaire, et est dfinicomme une tape invitable du pro-grs et de la technologie (aucun po-liticien, aucun journaliste apparu latl ces derniers jours na imaginremettre en discussion le projet).Mais vu que les miracles sont rares,

    il faut en payer le prix : lignes enti-rement nouvelles avec des quaismodifis gomtriquement, une ali-mentation lectrique diffrente etdes cots de manutention trs le-vs.

    Ceci signifierait pour les valsu-sains la destruction de leur terre. Destonnes de bton envahiraient la val-le pour construire une ligne ferro-viaire qui traverserait les villages,trouant par de longs tunnels les pro-

    ches montagnes o se trouvent defortes concentrations damiante, du-ranium et de radon.

    Le tout pour faire circuler plusrapidement des marchandises et deshommes daffaire. Ce qui sest crau cours des annes comme opposi-tion au TAV a t un large mouve-ment qui comprend des gens ordi-

    naires, des groupes cologistes, cer-taines institutions locales et des co-mits de lutte. Ces derniers sont nsdans lintention dinformer tous lesvalsusains du problme Tav et decrer ensemble des moments de lut-te contre le projet.

    Aprs une manifestation oca-nique en juin o plus de trente millepersonnes ont march dans la valleen levant les drapeaux No Tav, lescomits populaires ont donn vie trois rassemblements permanentssur les terrains o devraient com-

    mencer les sondages dans les mon-tagnes (premier pas vers la ralisa-tion des tunnels).

    Ns pour veiller constammentsur la zone, ce sont vite devenus deslieux de rencontre, de socialisation,de confrontation rciproque et depassage des informations. L, jeunes,familles et anciens se retrouventchaque jour, faisant vivre une exp-rience dautogestion qui va au-deldun projet dvastateur. Les rassem-

    blements ont grandi grce lacontribution de chacun, dans la me-sure et la forme de ses possibilits :lun fournissant les siges, lautre unpole chauffer, lun cuisinant etlautre portant un peu de bon vin.Dans ces moments, les gens se don-nent la possibilit de crer un modede vivre non programm par la rou-

    tine quotidienne, la mettant et semettant en discussion. Des person-nes qui peut-tre peu de temps au-paravant ne se seraient pas saluesse parlent prsent, rflchissent, sedisputent et programment ce qui estleur propre dfense et la survie de lavalle.

    Le vif esprit dautogestion, das-sembles et de rassemblements sesttrouv fort faire avec le rle de m-diation des maires et des institutionslocales, ou avec la poigne de fer dela rgion Pimont et du gouverne-ment. Se trouvant pris entre deuxfeux, dune part une population quisoppose au Tav sans si et sans maiset de lautre le sommet de leur partiqui insiste plusieurs reprises pourcommencer les travaux, les maires etles conseils locaux ont cherch ra-

    lentir le temps tout prix. s

    Novembre 2005El Salvanl numro 3

    * Le texte Bas les pattesest extrait de labrochure A toute allure, ralise parQuelques rvolts mtropolitains, dispo-nible sur Internet.

    En dcembre 2005 est n le collectifrhnalpin contre le Lyon-Turin linitia-tive de celles et ceux qui, Valence,Grenoble ou Chambry, ont commenc faire de linformation sur le sujet par desdbats ou des rassemblements.

    Courriel : [email protected]

    INFORMATIONS

    BULLETIN NUMRO 1 16

    Bas les pattes du Val Susa !*BrvesSabotage de la ligneTGV sud-est*Le 23 dcembre au soir, la li-gne TGV Paris-Lyon-Turin at sabote : incendie dundispositif lectrique hauteur

    de Montereau-Fault-Yonne,perturbant le trafic pendant

    plusieurs heures. Solidaritavec le Val Susa en lutte cont-re la construction de la ligne

    de TGV Lyon-Turin. Si noussommes presss de vivre, nous

    crachons aussi sur la vitesserentable. q No Tav

    *Extrait du portail Indymdia

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    IMAGES

    BULLETIN NUMRO 1 17BULLETIN NUMRO 1 17

    Ceci est une simulation30 minutes

    Alors qu Tchernobyl, la cata-strophe fut nie, les diffrents pou-voirs orchestrent aujourdhui sa pri-se en main. Au cur dun monderestructur par la peur, du racteur la cour dcole, du travailleur auxpopulations, la simulation nous ditque laccident aura bien lieu. mmelorsque la mise en scne semble ra-

    te, elle atteint ses buts : la soumis-sion des corps, lhabituation desesprits un monde gr militaire-ment, des individus acteurs de leurpropre servitude.

    Avant le jour C8 minutes 30 secondes

    On nous vaccine, dabord coupsdimages, de mises en scne. Nousdevons apprendre vivre avec lidepermanente de la destruction partiel-le tandis que systmes techniques et

    prouvettes disparaissent derrire leconfort domotique quils entranent.Les choses ont t peses depuislongtemps, les expertises ont ponduleurs contre-expertises en blanc et

    raisonnablement, nous ne pourrionsreculer. Mais ce laboratoire mondedoit fonctionner et malgr la domes-tication en cours, il est fragilis etmenac tous les jours. les attaquesles moins prvisibles et les plus d-vastatrices proviennent de ce quilest dsormais convenu dappeler lefacteur humain. La socit durisque nous apprend donc pointerdes causes, toujours parcellaires,

    pour collectivement expulser le dis-sensus lincertitude la dfaillan-ce

    Retour dexprience5 minutes

    Aujourdhui 14 mars 2005, nousavons interrompu le sminaire euro-pen Sage, les nuclocrates ont tcopieusement arross dufs pour-ris, de purin et de peinture, juste re-tour dexprience videmment tropsymbolique pour rpondre leur

    travail de dfense de lindustrie nu-claireLecture image du tract des

    Lonesome cobayes not so far from

    Belarus.

    Rencontre avec lInstitutde radio-protection et desret nuclaire (IRSN)6 minutes 30 secondes

    Mais encore une fois, je suis extr-

    mement gne, jai aucun brief [],et cest ma conscience profession-nelle, moi je ne mexprime pasquand on ne ma pas demand de lefaire. Charge de communication,EDF Recherche et Developpement.

    Je suis une mascotte virtuelle, jemappelle Nuclon et ma mission,cest de prsenter linstitut de radio-protection et de sret nuclaire.Salon de la recherche et de linnova-

    tion, juin 2005.

    On peut difficilement parler de

    lIRSN sans parler de son grand ma-tre, Pelerin, lhomme qui a arrt lenuage de Tchernobyl aux frontiresde la France. Un travailleur du nu-claire. s

    Novembre 2005Groupe Louise Becquerel

    * Le DVD est disponible prix libre.Pour lobtenir :- Courrier :Collectif contre la socit nuclaire,c/o CNT-AIT, BP 46, 91103 Corbeilcedex- Courriel :

    [email protected]

    Des vidos contre le montagenuclariste*

    Quelques individualits de Paris et dailleurs ont tent dillust-rer en images comment le nuclaire sous ses multiples aspects cons-

    titue un outil central dans le maintien et le dveloppement du contrle so-cial moderne, du travailleur aux populations. Au-del du rsultat mis disposition le film Ceci est une simulation et divers contenus audiovi-suels , le processus mme de bricolage de cet outil de discussion a tcentral. Ce que nous avons finalement qualifi de bulletin du GroupeLouise Becquerel est le fruit dune intense aussi dure que drle exp-rience de montage collectif tal sur plusieurs semaines. Nous nous excu-sons auprs des cobayes qui ont d subir plusieurs projections, mais nousavons prvu de recommencer. s

    Janvier 2006Globe

    Inclus dans le DVDDu mensonge la catastrophe nuclaire1 h 8 min

    Emission radio de T. J. diffuse sur FPP, avec des interviews de

    W. Tchertkoff, M. Fernex, R. Blboch et une rponse gne de

    G. Lochard.

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    NOTES DE LECTURE

    BULLETIN NUMRO 1 18

    Voici un petit livre qui a lemrite dtre la fois synth-tique et prcis sur un sujet vaste etpeu connu chez les anti-nuclaires.Lauteur montre bien comment lesliens entre le nuclaire civil et sesusages militaires existent depuis ladcouverte de la radioactivit jus-qu ses implications internationalesaujourdhui. Depuis les quipes deradiographie X envoys sur le frontde la guerre 1914-18 par Marie Curiejusquaux rcents projets expri-mentaux Laser mgajoule et Iter duCEA.

    Il montre aussi comment tous lesprojets nuclaires civils ont servi deparavent des applications militai-res de latome et impliquent en re-tour des interventions militairespour la scurit de lapprovisionne-ment et des installations. Plus parti-culirement attentif ce qui sestpass en France, il retrace dans sesgrandes lignes comment le CEA,dont le statut exceptionnel en fait

    un Etat dans lEtat ds 1945, orga-

    nisme civil la base, a aussi spon-tanment que discrtement mis auservice des militaires les savoir-faireet les quipements destins laconstitution dune industrie nuclai-re pour ldification en parallle du-ne force de frappe nuclaire, toutesdeux indispensables la grandeurde la France, comme on sait.

    Cest que, du seul point de vuetechnique, la frontire entre nuclai-re civil et militaire est trs tnue. Etcest l que rside lhypocrisie duTrait de non-prolifration (TNP) r-dig en 1968 par les cinq Etat pos-sdant alors officiellement larmeatomique : ce trait interdit aux aut-res Etats de dvelopper un tel arse-nal, tout en les autorisant squi-per de nuclaire des fins paci-

    fiques, qui avec quelques modifica-tions et quipements supplmentai-res peut produire les matires n-cessaires la Bombe. Il ntait pasquestion pour les pays industrialissde se fermer un si juteux march.Aussi, trente-cinq ans aprs, ce TNPest videment un chec complet, laFrance nayant pas t la dernire vendre ses centrales Isral, auPakistan, en Irak ou en Iran, intro-duisant ainsi la mche nuclairedans la poudrire du Moyen-Orient.

    Pour empcher cette prolifration,devenue encore plus dangereuseavec la menace du terrorisme inter-national, les grandes puissances selancent maintenant dans les guerresdu nuclaire civil (seconde guerredIrak, menaces sur lIran et la Coredu Nord).

    Mais lhypocrisie et linconscien-ce sont toujours de mise puisquelindustrie nuclaire militaire conti-

    nue dinnover en diversifiant ses

    produits. Ainsi, ce que des terroris-tes nont pas encore os faire, sa-voir utiliser des bombes sales faitesde matires radioactives, lOtan etles USA lont dj fait en utilisant lesmunitions luranium appauvri auKosovo et en Irak. De mme, cesont les tats-Unis (ainsi quelEurope, travers les retombes

    probables des projets ITER et LaserMgajoule) qui font des recherchessur les mini-nukes, armes nuclai-res de faible puissance utiliser surle champ de bataille.

    La conclusion de Barrillot estclaire et sans ambigut : pour arr-ter la dissmination suicidaire desarmes nuclaires et la dispersionmorbide des radiolments, cestlindustrie nuclaire militaire aussi

    bien que civile quil faut remettre ra-dicalement en cause. Il ajoute quecest une solution que les diploma-tes et les industriels ne sont pas prts

    promouvoir, sans parler des Etatset des militaires fascins par la tou-te-puissance que leur confrent cesengins, et encore moins les contre-experts citoyenno-cologistes du r-seau Sortir du nuclaire qui co-di-tent pourtant ce livre. Mais face tous ces responsables de la fuiteen avant dans la monstruosit et ces

    ralistes qui sidentifient la puis-sance qui les crase, cest la seuleposition raisonnable de ceux quinont aucun pouvoir sur leur exis-tence. Cest tout le mrite de ce livreque de nous aider mieux le com-prendre. s

    Septembre 2005B. L.

    Recension

    Le complexe nuclaire, des liens entrelatome civil et latome militairePar Bruno BarrillotEditions CDRPC/Observatoire des armes nuclaires franaises, 2005

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    Lors des discussions quenous avons menes au sein dela coordination, il a t voqu plusieurs reprises lutilit de reveniraujourdhui avec un regard critiquesur lhistoire du mouvement antinu-claire, la fois pour lutter contrelamnsie gnralise et pour sef-forcer de tirer des leons de lexp-

    rience passe. Le texte mis en lignecet t par le groupe grenobloisPices et main duvre surtoutconnu pour son opposition aux bio-et nanotechnologies apporte unecontribution dun grand intrt cette tche

    La premire qualit du texte est,comme lindique son sous-titre, quilsefforce de mettre en perspectivehistorique lopposition Super-

    phnix des annes 1976-77, la foispar rapport 68 et par rapport auxsuites toujours plus lamentables, durassurant Larzac aux grotesques illu-sions mitterrandiennes. Bref, ce tex-te ne parle pas que du nuclaire,loin de l (ce qui est remarquablepour un texte antinuclaire), maisdabord dune contestation qui ja-mais avant, et jamais depuis [] ne

    fut la fois plus massive et plus ra-

    dicale. Cest--dire quil sagit pour

    les auteurs dun tournant dcisifdans lhistoire rcente, qui pour cet-te raison fut particulirement ni[] et refoul [].

    Il est trs instructif galementde constater quel point tait r-pandue lpoque, mme auprsdes plus modrantistes, une critique

    qui, au-del du nuclaire et traverslui, dnonait la socit qui le pro-duit et quelle contribue en retour

    transformer(cf. la plate-forme de lacoordination) : socit de consom-mation de masse, domination tech-nologique et tatique, etc. On me-sure, ce rappel de latmosphre in-tellectuelle de lpoque, lextrmergression actuelle.

    La deuxime qualit du texte

    est quil prend le temps de dtaillerlhistoire de cette opposition, et da-nalyser les raisons de son chec (entout cas : les raisons qui venaientdelle-mme et pas des forces deson adversaire). Les auteurs satta-chent ainsi dcrire les principalespersonnalits du mouvement etaussi leurs carrires ultrieures. Cenest pas le moindre intrt du texteque de voir dvoils tous ces piteuxrevirements tous ces opposants

    bon teint devenus depuis expertsauprs de bureaucrates dEtat oudentreprises. Plus que de rgle-ments de compte, cest bien daver-tissements dont il sagit : les auteursnous prsentent les cologistesdEtat et leurs amis au berceau, etnous montrent quoi ils ont servi.Par-del lopposition entre violentset non-violents prsente comme laligne de dmarcation de lpoque,cest en effet la question du rapportavec le pouvoir, et donc la concep-tion de la politique, qui est au cent-re du propos.

    Le texte dcrit enfin en dtails

    le droulement des vnements, leshsitations tactiques, les tentativesdorganisation, et surtout les perma-nentes manuvres et manipulationspour garder le contrle dun mou-vement et lorienter dans une direc-tion : celle du mur. Il dcrit aussi,videmment, linsuffisance de sesparticipants, le manque de clair-voyance ou de fermet, puis les re-noncements et linconsquencepurs et simples de la grande majori-

    t aprs lchec de la manifestationde lt 77. Notons les intressantesremarques sur une dmocratie di-recte dautant plus facilement ma-

    nipulable quelle est trop informelle

    pour se donner les moyens de d-fendre ses principes.

    Les auteurs ont visiblementconnu de trs prs tous ces vne-ments, ce qui rend le texte trs vi-vant et sensible. Et il serait fort int-ressant de confronter leur version

    des faits avec dautres tmoignages,pour la confirmer ou la corriger lecas chant. En tout cas, des textesde cette tenue sur les autres grandestapes de la lutte antinuclaire se-raient les bienvenus. Bien sr, leplus important dans ce genre dtu-de historique, cest den tirer lesconclusions pour aujourdhui. s

    Novembre 2005C.

    NOTES DE LECTURE

    BULLETIN NUMRO 1 19

    Le Mmento MalvilleUne histoire des annes soixante-dixPar Simples Citoyens

    37 pages A4 sur deux colonnes, disponible exclusivement sur Internet ladresse www.piecesetmaindoeuvre.com, ou auprs de la coordinationpour le prix des photocopies.

    V i o l e n t emanifestationcontre la cons-truction du si-te nuclaire de

    Plogoff la findes annes 70.

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    20/20

    Le dveloppement forcen ac-tuel de lnergie nuclaire est unchoix irrversible que le capitalismenous impose. De part son fonction-nement, sa nature, lnergie nuclai-re est la caricature dun univers hi-rarchis, technocratis, militaris onous nintervenons en rien. LEtat nerespecte mme plus sa propre lga-lit pour la construction des centra-les nuclaires, louverture des minesduranium, lextension des usines de

    retraitement des dchets, etc.Le choix de lnergie nuclaire,

    de part la concentration des moyensconomiques, technologiques, hu-mains, est loccasion rve pour lecapitalisme de prenniser sa domi-nation sur nos vies. Une centrale nu-claire, une fois construite, ne peuttre dtruite avant vingt ans. Cest iciquun moratoire limit apparat clai-rement comme dmagogique. Lavalse hsitation du PS est bien dans

    la ligne rcupratrice, dmagogique,

    de ce parti attrape-tout. Refuser l-nergie nuclaire serait remettre encause radicalement le capitalisme, cequi fait sourire quand on voit labousculade des cadres socialistes,dans la dbandade forcene de leurapptit de pouvoir. Ne nous trom-pons pas, nous aurons une bombe gauche, une nergie nuclaire gau-che, avec des flics de gauche et desenterrements dmocratiques. Quantau PC, avec ses vues totalitaires et

    bureaucratiques, il ne peut que cau-tionner le dveloppement de lner-gie nuclaire dont il aurait le contr-le. Par ailleurs, le dveloppementactuel des recherches sur lnergiesolaire, sorientant vers de grossesunits de production, montre quelintrt du capital rside dans laconcentration de lnergie, pour gar-der le contrle de sa redistribution.

    La lutte contre le dveloppementde lnergie nuclaire ne peut se

    cantonner dans lopposition lgaliste

    des partis et des syndicats. De m-me, sil est vident que les manifes-tations antinuclaires et cologiquesont rvl lexistence dune contes-tation profonde de cette socit surles bases dun refus de tout centra-lisme, toute hirarchie, contre le tra-vail salari et la consommation ou-trance, ces rassemblements ne peu-vent suffirent stopper le pouvoir. Ilest indispensable dintensifier les ac-tions de sabotage qui touchent di-

    rectement le pouvoir dans ses int-rts conomiques et qui permettentde retarder, voire de stopper la cons-truction des centrales, mines, usineslies au nuclaire.

    Quoi quil en soit, le nuclairenest quun des aspects les plus ap-parents de lexploitation gnralisedu capitalisme qui ne peut tre misen chec que par lauto-organisationdes individus et par la prise en mainde tous les aspects de notre vie quo-

    tidienne. q

    RETOUR SUR LE PASS

    Dans la nuit du 19 novembre 1977, de multiples sabotageseurent lieu travers la France, en particulier dans le Sud-Ouest, contre divers siges et installations de socits prives et pu-bliques, telles quEDF. Il faut dire quelles taient les matres du-vre du plan Messmer, le nouveau programme lectronuclaire quidevait couvrir lHexagone dinstallations nuclaires, en premier lieude centrales nuclaires, sous prtexte de crise ptrolire et dind-pendance nergtique de la France. Furent ainsi viss : la directiondEDF Paris, des garages et des pylnes EDF dans le Lyonnais, lecentre de recherche du CEA et celui dinformatique dEDF dans largion de Toulouse, les bureaux de la mine duranium Lodvedans lHrault, etc. Cest que, malgr le bourrage de crne officielen faveur du nuclaire et le dnigrement, voire la dnonciation lapolice des antinuclaires par la CGT, le refus, parfois radical, duplan dEtat tait lordre du jour et il commenait faire tache d-huile dans les rgions o la population y tait confronte. Cestdans ce contexte quil faut replacer les actions de sabotage de l-

    poque, en particulier celles revendiques par la Coordination auto-nome des rvolts en lutte ouverte contre la socit. Le Carlos futcre par divers groupes affinitaires, dobdience libertaire et auto-nome, pour raliser ensemble des actions radicales, avec efficacitet humour, sans prtendre jouer le rle de modle. Ce qui tait tout leur honneur. s

    Octobre 2005A. D.

    Communiqu du CarlosLibration le 22 novembre 1977

    Filmchauvin sur le nuclaire, sponsoris par lePCF vers 1950, avec Joliot-Curie jouant son prop-re rle de campagnon de route nuclariste de laRsistance.