Bresson Agon

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Synthèse sonore et composition musicale: Problématiques et outils d'écriture électroacoustique Jean Bresson, Carlos Agon IRCAM – CNRS UMR STMS 1, place I. Stravinsky 75004 Paris, France {bresson,agon}@ircam.fr Dans cette contribution nous présentons des éléments de réflexion concernant l'écriture électroacoustique, établis en préalable à nos travaux de recherche sur la synthèse sonore en composition musicale assistée par ordinateur (Bresson, 2007). Parallèlement aux problématiques d'ordre technique ou scientifique qui ont pu être traitées durant ces travaux, et avant de nous engager dans la réalisation d'outils de composition adaptés à la création sonore, nous nous sommes en effet posé quelques questions relevant plus des pratiques et théories musicales, sur la façon dont un compositeur, avant même de choisir de manipuler un outil électronique ou informatique, conçoit ou envisage le son : Ce son a-t-il une "forme" préalable qu'il s'agit de mettre à jour ? Est-il nécessairement issu ou dérivé d'un son perçu et préexistant ? Quelle en est la part d'intuition, de logique ? Différentes collaborations et expériences, ainsi qu'une série d'entretiens effectués auprès de compositeurs et théoriciens, nous ont alors permis de dégager un certain nombre de problématiques plus spécifiques que nous essaierons de développer ici. Parmi celles-ci, nous nous intéresserons au positionnement du compositeur par rapport à des notions musicales traditionnelles comme celle d'instrument, d'interprétation ou de partition, ou encore aux problèmes de la notation et des représentations symboliques et sonores en musique. Nous considérerons également différents types d'outils informatiques pour la création électroacoustique en nous intéressant aux approches compositionnelles sous-jacentes, afin de mettre ceux-ci en regard des problématiques précédentes. Par cette démarche nous soulevons des problèmes bien connus des compositeurs et musiciens tournés vers l'électroacoustique, qui poseront les bases théoriques avec lesquelles nous avons essayé de renouer dans le contexte d'environnements modernes de composition assistée par ordinateur. 1. Instruments, interprétation, partitions La synthèse sonore et la composition musicale électroacoustique remettent en cause un certain nombre de notions musicales basées sur le schéma instrumental traditionnel. Cependant, par nécessité ou par commodité, une analogie est souvent maintenue avec ce dernier. Il peut en effet s'avérer préférable de s'appuyer sur des catégories et concepts théoriques établis pour favoriser le développement progressif et cohérent des nouvelles pratiques musicales : "Il me semble important de garder des catégories qui appartiennent au monde traditionnel des instruments, et de les porter dans le domaine de la synthèse, non pas pour retrouver des sons, mais pour établir la continuité d’une culture" (Ph. Manoury). Il est intéressant de s'arrêter en premier lieu sur la notion même d' instrument, fréquemment utilisée dans le domaine de la synthèse sonore ou dans les systèmes de composition utilisant la synthèse sonore. Cette terminologie se trouve notamment être fondamentale dans les nombreux langages et environnements de synthèse sonore de la famille Music N (Mathews 1969), dont Csound (Boulanger 2000) est le principal représentant actuel, qui distinguent dans les processus de synthèse un "orchestre" (ensemble d'instruments, ou modules élémentaires de traitement ou génération de signaux) et une partition (score) supposée activer ces instrument à des dates, durées et avec des paramètres donnés. On retrouve également cette séparation des concepts dans des environnements de plus haut niveau comme le système Chroma (Stroppa 2000) où des classes d'objets également qualifiées d'instruments se réfèrent à des processus de synthèse implicites (notamment sous forme d'instruments Csound) et sont instanciées par des paramètres compositionnels. Cette idée d'instrument de synthèse pose le problème de la lutherie électronique et soulève une autre distinction entre les activités de lutherie et de composition ; distinction qui pourtant, avec la musique électroacoustique, est devenue moins évidente qu'elle ne l'était dans la musique instrumentale. Déterminer si la "lutherie électronique" s'insère ou non dans l'activité compositionnelle est un exemple de question qui distinguera les différentes approches musicales de l'électroacoustique, et les différents outils informatiques dédiés. Dans les systèmes de type Music N que nous venons de citer, par exemple, la création d'instruments est généralement à la charge du compositeur, mais la modularité permise par la séparation entre instruments (processus) et partition (paramètres) en maintient la distinction par rapport au processus de composition à proprement parler. Les technologies et outils de synthèse par modèles physiques, en revanche, intègrent radicalement ces deux activités, puisqu'une partie importante du travail avec ces outils consiste justement à créer des structures physiques virtuelles qui seront mises en vibration : "Le compositeur n'est plus seulement utilisateur d'instruments existants, mais il construit ses instruments" (C. Cadoz). Une autre notion attenante à la précédente est celle d' interprétation. Si la performance électroacoustique n'implique pas nécessairement d'interprète, la perte d'incertitude et de variabilité liée à la suppression de cet intermédiaire est souvent pointée comme une problématique compositionnelle majeure. Ainsi nous avons pu observer chez certains compositeurs des démarches visant ouvertement à réinsérer une forme d'interprétation dans leur approche de l'électroacoustique. Marco Stroppa, par exemple, introduit par la programmation une part d'indéterminisme dans le processus de transfert des données de paramétrage vers les systèmes de synthèse, afin que deux sons issus d'un même processus et avec les mêmes paramètres (c'est-à-dire de deux représentations sonores identiques) soient systématiquement différents, bien

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  • Synthse sonore et composition musicale: Problmatiques et outils d'criture lectroacoustique

    Jean Bresson, Carlos Agon IRCAM CNRS UMR STMS

    1, place I. Stravinsky 75004 Paris, France {bresson,agon}@ircam.fr

    Dans cette contribution nous prsentons des lments de rflexion concernant l'criture lectroacoustique, tablis en pralable nos travaux de recherche sur la synthse sonore en composition musicale assiste par ordinateur (Bresson, 2007). Paralllement aux problmatiques d'ordre technique ou scientifique qui ont pu tre traites durant ces travaux, et avant de nous engager dans la ralisation d'outils de composition adapts la cration sonore, nous nous sommes en effet pos quelques questions relevant plus des pratiques et thories musicales, sur la faon dont un compositeur, avant mme de choisir de manipuler un outil lectronique ou informatique, conoit ou envisage le son : Ce son a-t-il une "forme" pralable qu'il s'agit de mettre jour ? Est-il ncessairement issu ou driv d'un son peru et prexistant ? Quelle en est la part d'intuition, de logique ? Diffrentes collaborations et expriences, ainsi qu'une srie d'entretiens effectus auprs de compositeurs et thoriciens, nous ont alors permis de dgager un certain nombre de problmatiques plus spcifiques que nous essaierons de dvelopper ici. Parmi celles-ci, nous nous intresserons au positionnement du compositeur par rapport des notions musicales traditionnelles comme celle d'instrument, d'interprtation ou de partition, ou encore aux problmes de la notation et des reprsentations symboliques et sonores en musique. Nous considrerons galement diffrents types d'outils informatiques pour la cration lectroacoustique en nous intressant aux approches compositionnelles sous-jacentes, afin de mettre ceux-ci en regard des problmatiques prcdentes. Par cette dmarche nous soulevons des problmes bien connus des compositeurs et musiciens tourns vers l'lectroacoustique, qui poseront les bases thoriques avec lesquelles nous avons essay de renouer dans le contexte d'environnements modernes de composition assiste par ordinateur.

    1. Instruments, interprtation, partitions

    La synthse sonore et la composition musicale lectroacoustique remettent en cause un certain nombre de notions musicales bases sur le schma instrumental traditionnel. Cependant, par ncessit ou par commodit, une analogie est souvent maintenue avec ce dernier. Il peut en effet s'avrer prfrable de s'appuyer sur des catgories et concepts thoriques tablis pour favoriser le dveloppement progressif et cohrent des nouvelles pratiques musicales : "Il me semble important de garder des catgories qui appartiennent au monde traditionnel des instruments, et de les porter dans le domaine de la synthse, non pas pour retrouver des sons, mais pour tablir la continuit dune culture" (Ph. Manoury). Il est intressant de s'arrter en premier lieu sur la notion mme d'instrument, frquemment utilise dans le domaine de la synthse sonore ou dans les systmes de composition utilisant la synthse sonore. Cette terminologie se trouve notamment tre fondamentale dans les nombreux langages et environnements de synthse sonore de la famille Music N (Mathews 1969), dont Csound (Boulanger 2000) est le principal reprsentant actuel, qui distinguent dans les processus de synthse un "orchestre" (ensemble d'instruments, ou modules lmentaires de traitement ou gnration de signaux) et une partition (score) suppose activer ces instrument des dates, dures et avec des paramtres donns. On retrouve galement cette sparation des concepts dans des environnements de plus haut niveau comme le systme Chroma (Stroppa 2000) o des classes d'objets galement qualifies d'instruments se rfrent des processus de synthse implicites (notamment sous forme d'instruments Csound) et sont instancies par des paramtres compositionnels.

    Cette ide d'instrument de synthse pose le problme de la lutherie lectronique et soulve une autre distinction entre les activits de lutherie et de composition ; distinction qui pourtant, avec la musique lectroacoustique, est devenue moins vidente qu'elle ne l'tait dans la musique instrumentale. Dterminer si la "lutherie lectronique" s'insre ou non dans l'activit compositionnelle est un exemple de question qui distinguera les diffrentes approches musicales de l'lectroacoustique, et les diffrents outils informatiques ddis. Dans les systmes de type Music N que nous venons de citer, par exemple, la cration d'instruments est gnralement la charge du compositeur, mais la modularit permise par la sparation entre instruments (processus) et partition (paramtres) en maintient la distinction par rapport au processus de composition proprement parler. Les technologies et outils de synthse par modles physiques, en revanche, intgrent radicalement ces deux activits, puisqu'une partie importante du travail avec ces outils consiste justement crer des structures physiques virtuelles qui seront mises en vibration : "Le compositeur n'est plus seulement utilisateur d'instruments existants, mais il construit ses instruments" (C. Cadoz).

    Une autre notion attenante la prcdente est celle d'interprtation. Si la performance lectroacoustique n'implique pas ncessairement d'interprte, la perte d'incertitude et de variabilit lie la suppression de cet intermdiaire est souvent pointe comme une problmatique compositionnelle majeure. Ainsi nous avons pu observer chez certains compositeurs des dmarches visant ouvertement rinsrer une forme d'interprtation dans leur approche de l'lectroacoustique. Marco Stroppa, par exemple, introduit par la programmation une part d'indterminisme dans le processus de transfert des donnes de paramtrage vers les systmes de synthse, afin que deux sons issus d'un mme processus et avec les mmes paramtres (c'est--dire de deux reprsentations sonores identiques) soient systmatiquement diffrents, bien

  • qu'identifiables comme tant le "mme son". Dans le cadre d'uvres mixtes associant instruments et lectronique, Philippe Manoury dveloppe quant lui le concept de partition virtuelle pour la synthse sonore. Dans son travail, les processus de synthse sont prprogramms, mais certains des paramtres sont indtermins jusqu'au moment de l'interprtation o ils sont extraits ou calculs partir d'analyses et de captation en temps rel du jeu des instrumentistes : "On connat a priori la nature des transformations mais pas les valeurs exactes qui vont les dfinir" (Manoury 1990). A l'origine des systmes de cration musicale en temps rel, il y avait en effet une recherche visant se rapprocher du rapport instrumental la musique, disparu pour un temps avec la synthse sonore : les donnes provenant d'un jeu instrumental rel sont infiniment plus riches et "naturelles'' que si elles avaient t spcifies manuellement ou l'aide de programmes. Ces exemples nous montrent donc que la notion d'interprtation, "synonyme d'absence de prdtermination totale", garde un sens avec la synthse sonore : " partir du moment o la musique qui est codifie est incomplte, elle a besoin d'tre interprte pour exister" (Ph. Manoury). Enfin, l'approche de la synthse par modles physiques, paralllement la notion de lutherie lectronique ou virtuelle, met aussi en avant une notion de geste instrumental inspire du modle d'une interprtation humaine.

    Pour finir, notons que la partition, en tant que contexte d'criture, d'interprtation ou encore d'analyse, et mme si elle n'est pas destine tre lue et interprte directement par un musicien, a elle aussi un rle important jouer dans la musique lectroacoustique. Support musical formel et fdrateur, elle a vocation se doter d'une flexibilit nouvelle afin de permettre l'intgration des diffrentes notions que nous avons voques et l'tablissement de dmarches cohrentes avec la synthse et les techniques lectroacoustiques. Il n'est donc pas sans intrt d'essayer d'entrevoir ce que serait une partition rendant compte formellement et musicalement de processus de synthse et de leurs paramtres. Sans trop entrer dans les dtails quant aux caractristiques d'une telle partition voir par exemple (Ebbeke 1990) nous nous concentrerons ici sur d'autres problmes qui lui sont lis : celui de la notation puis, plus gnralement, des reprsentations symboliques pour le son et la synthse sonore.

    2. Ecriture et notation

    Dufourt (1981) analyse et soutient le rle dterminant de l'criture en tant que mdiation graphique, projection de la musique et du son sur un espace plan (une partition sous une forme ou une autre), dans la formation de la pense musicale. Or il est difficile de parler d'criture sans voquer une forme de notation, ensemble de conventions graphiques associant des signes et leur organisation mutuelle a des paramtres musicaux ou sonores, et permettant de dcrire, lire, transmettre une musique. Par sa fonction de substitution du rel, de reprsentation musicale d'une ralit sonore, la notation musicale joue en effet un rle important dans la manire de penser et formaliser la musique. Des trs nombreux ouvrages et rfrences pourraient ainsi nous rappeler, selon diffrents points de vue, le rle essentiel et structurant de la notation dans la composition musicale et dans la musique crite en gnral.

    Dufourt note galement que depuis toujours la notation est rorganise et redfinie l'introduction de nouveaux paramtres dans la musique, ainsi sous-tendue par la notion de "champ fonctionnel multiples facteurs". Cependant l'absence de consensus existant l'heure actuelle, la fois sur les nouveaux paramtres sonores et les signes qui y seraient associs, semble constituer un obstacle au dveloppement des discours thoriques sur la musique lectroacoustique Ebbeke (1990) propose une discussion documente ce sujet.

    Diffrentes stratgies sont gnralement adoptes pour la notation des partitions lectroacoustiques. En donnant des informations sur des oprations raliser (dclenchement de processus, etc.), on dcrit le "comment faire" de la synthse et l'on se rapproche alors du concept de tablature (realization scores, Thies 1985). En utilisant des symboles graphiques se rapportant des lments perus des structures sonores, on obtient une notation plus proche de l'coute musicale (Listening scores, Thies 1985) mais aussi beaucoup plus approximative. Dans aucun cas la notation ne peut donc rendre compte ou dcrire la ralit complexe ni l'intention compositionnelle porte par le son. "Quand on a de l'lectronique sur une pice instrumentale, on trouve soit une notation purement signaltique (on ne sait pas ce qui va se passer, on a simplement l'lment de dclenchement), soit une reprsentation mimtique [...], mais en aucun cas il n'y a de relle lecture possible du phnomne lectroacoustique" (H. Dufourt). Des descriptions plus compltes des sons et des processus de synthse doivent donc gnralement complter la partition afin de permettre de s'en faire une ide plus prcise et/ou de les reconstruire. "Le problme est qu'une vritable criture, ce n'est pas simplement une notation, mais quelque chose qui intgre toute la thorie. Or ces fonctions sont encore dissocies en informatique musicale : on contrle un ordre, ou un autre, mais on n'a pas cette prise globale, la fois intuitive et rationnelle. Il faudrait avoir l'intuition du son et en mme temps pouvoir dire, en analysant l'criture, ce qui est crit et ce que cela signifie". En effet si l'on considre la notation musicale conventionnelle, et compte tenu de tous les paramtres entrant en jeu dans un phnomne sonore, cette notation n'en rend compte que trs partiellement ( l'aide de dures, de hauteurs et d'intensits), mais permet cependant d'en exprimer l'intention musicale. Rapporte au domaine lectroacoustique, la notation devrait donc galement reprsenter une organisation formelle et abstraite et des sons, tout en induisant les modalits de cette formalisation. Elle permettrait alors la lecture, la comprhension et l'identification des sons perus ou imagins partir de symboles qui les rendraient "manipulables" par la pense, en signifiant la fois les intentions musicales et le rsultat correspondant.

    Il semble alors possible de relativiser la question d'absence de consensus sur la notation lectroacoustique, qui constitue probablement une ouverture sur la constitution de dmarches compositionnelles originales avec la synthse sonore. Pour Malt (2000) la reprsentation symbolique choisie pour cette notation doit en effet correspondre une smantique graphique personnelle, dfinissable par les compositeurs. Au travers de conventions et systmes varis, ceux-ci manifestent ainsi chacun leur manire une approche et un point de vue sur le son et la synthse. Assayag (1993) situe

  • galement la notation en regard de la notion de langage dans le cadre du dveloppement des environnements de composition assiste par ordinateur : "La notation agit avec un logiciel de CAO non seulement comme matrialisation des informations circulant dans le systme mais comme support de l'inventivit formelle. ce titre, la notation devrait tre dote de la mme souplesse, de la mme ouverture (en termes d'extensibilit et de programmabilit) que le langage mme et constituer, terme, le milieu naturel d'exprimentation de l'utilisateur."

    3. Vers des reprsentations symboliques

    Les technologies numriques constituent un lment fondamental dans le questionnement actuel sur la reprsentation symbolique du son. dfaut d'un systme de notation, une reprsentation symbolique devrait en effet permettre de considrer le son abstrait de sa ralit acoustique afin de favoriser sa formalisation dans un contexte musical. Or la reprsentation numrique d'un signal, si elle peut tre considre thoriquement comme symbolique (car compose d'une suite de nombres), ne constitue pas (ou rarement) une reprsentation symbolique "musicale".

    Il est possible de ramener le son un niveau de reprsentation musical en s'appuyant sur des valeurs comme la hauteur, la dure d'vnements, auxquelles sont associes des valeurs de paramtrage pour un systme de synthse. Cependant une spcification plus fine des structures sonores ncessitera souvent une approche plus complexe des paramtres de synthse et de leur reprsentation dans un systme informatique. Les reprsentations statiques, compactes et structures, comme la reprsentation d'un signal par une somme de partiels, peuvent sembler plus mme de porter un sens musical, mais leur caractre symbolique n'est pas assur pour autant : "[...] avant de devenir des symboles, les rgularits extraites [des analyses du signal] sont des candidats potentiels tre des symboles [] Parmi ces formes, ces rgularits, il y a celles qui ont une rsonance avec notre cognitif et celles qui n'en ont pas du tout" (C. Cadoz). Diffrentes tapes d'abstraction et de calcul sont ainsi gnralement ncessaires pour passer (dans un sens ou dans l'autre) d'une reprsentation numrique d'un signal sonore une reprsentation musicale.

    Ce problme a t trait plus ou moins directement diffrentes reprises dans la littrature. Nous nous sommes intresss aux systmes de reprsentation dcrits notamment par A. Camurri et M. Leman dans les annes 1990. Pour Leman (1993), parmi les descriptions musicales (ou manires d'exprimer ou de formaliser un sens musical), la reprsentation acoustique se caractrise par une unit de la forme et du contenu, dans laquelle il n'est pas question d'interprtation ni de convention se rapportant aux symboles. Cette reprsentation correspond donc aux signaux numriques, et par extension aux ventuelles reprsentations analytiques qui en sont issues. Dans une reprsentation symbolique, au contraire, on utilise des signes, des tiquettes se rapportant des objets, et dont la lecture et l'interprtation (ou comprhension de ce quoi ils font rfrence) est ncessaire l'accs au sens. Entre ces deux domaines, le domaine sub-symbolique implique des mcanismes automatiques tablissant une causalit entre les reprsentations acoustiques et symboliques, dans la formation (mentale ou concrte) d'un l'objet reprsent (Camurri, 1991). Mme si ce n'est pas forcment sous forme informatique, les structures musicales passent donc ncessairement par ce niveau sub-symbolique pour accder une ralit sonore. Si les donnes dans le domaine symbolique, porteuses d'information smantique, ont une signification pour l'utilisateur (compositeur) et peuvent tre abstraites de leur contexte (l'ordinateur), dans le domaine sub-symboliques, au contraire, elles n'ont de sens qu'en rapport leur contexte de traitement.

    Au-del de ces conversions systmatiques du symbolique vers le signal, qui ne font qu'viter le problme, une reprsentation symbolique d'un son en tant qu'un objet compositionnel impliquerait donc une conception intermdiaire et flexible, voire une navigation entre les diffrents niveaux de reprsentation. Stroppa et al. (2002) voquent le problme d'un mme objet sonore, considr selon le cas comme "rsultat d'un processus de synthse" ou comme "entit logique musicalement relevante". Ce ne sont pas l deux types d'objets diffrents mais bien un mme objet vu sous deux points de vue diffrents. Encore une fois la dfinition d'un niveau de reprsentation symbolique implique ainsi des considrations d'ordres de grandeur, de rduction de donnes et d'information, mais aussi des choix et apprciations subjectives. Intgrant cela dans un contexte de composition, une reprsentation symbolique complte pourrait se manifester dans une insertion des donnes et processus sub-symboliques l'intrieur de l'espace symbolique des reprsentations musicales. C'est une ide qui sera reprise dans l'approche que nous avons dveloppe avec la CAO et la programmation visuelle (Bresson & Agon 2007). L'abstraction musicale opre dans un processus de synthse sonore ralis dans ce contexte engage en effet une forme de symbolisme, soit par des descriptions et structures de donnes utilises, soit par la hirarchisation des donnes et oprations au travers de processus d'abstraction (au sens informatique du terme).

    4. Outils informatiques et approches musicales

    Aprs des considrations thoriques, nous proposons de mettre ici en regard diffrentes techniques et outils de synthse sonore ou de cration lectroacoustique aux diffrentes problmatiques que nous avons pu rencontrer. Par les paramtres qu'il propose l'utilisateur et ses principes de fonctionnement, un outil a en effet une influence sur les rsultats sonores qu'il engendre mais aussi sur la dmarche compositionnelle qui se cre autour de lui, dminant ainsi une certaine conception de la structure formelle du son et de la manire dont il peut tre apprhend musicalement.

    La plupart des synthtiseurs "traditionnels" sont bass sur des techniques d'chantillonnage, voire de synthse additive ou FM, mais offrent l'utilisateur un contrle principalement bas sur des structures de type "notes" (vnements hauteur, dure et intensit relativement stables). Il s'agit alors pour le compositeur de dcrire une partition, semblable celles que l'on connat dans le domaine instrumental, qui doit simplement tre transcrite dans un format de donnes adapt au processus de synthse en question. La standardisation de ce type de contrle calqu sur le mode instrumental,

  • en particulier grce au protocole MIDI, permet de mettre facilement en oeuvre un tel systme, dans lequel le processus de composition, qui vise l'criture d'une partition, et le processus de synthse sonore, qui "lit" et excute cette partition, sont relativement modulaires et indpendants. C'est galement, dans une moindre mesure, le cas des langages de type Music N, dans lesquels le concept de note est prserv en tant que spcification acoustique, induisant une sparation de la microstructure au niveau du signal, des "instruments" de synthse et de la partition.

    Certains outils de synthse permettent une plus grande ductilit du matriau sonore, et des accs plus complexes aux structures internes du son. Le problme se pose alors de dfinir les abstractions musicales qui permettront de spcifier ces structures sonores. Dans ce contexte, la dmarche d'analyse/synthse sonore (extraction de donnes d'analyse d'un signal sonore, transformation de ces donnes et synthse d'un nouveau signal), outre son intrt scientifique de pour l'identification et la comprhension du rle des diffrents paramtres sonores, s'est avre fondamentale dans beaucoup de dmarches et projets compositionnels (voir le concept de "modle sonore" dans Stroppa et al. 2002). Diffrents outils et technologies comme le vocoder de phase, l'analyse additive ou l'analyse source/filtre ont t largement utiliss par les musiciens pour pallier la complexit du phnomne sonore et des problmes qui en retournent dans la cration de sons de synthse. L'analyse fournit des donnes sonores naturelles (rservoirs de formes temporelles, d'organisations spectrales, ou autres) assurant, mme l'issue d'ventuels traitements musicaux, la richesse et la cohrence des sons synthtiss (Risset 1993). Ces processus d'analyse/traitement/synthse sonore peuvent tre raliss de faon relativement simple et l'aide d'une large palette d'outils et d'algorithmes dans des environnements tels que AudioSculpt (Boogards & Rbel 2004) ou Spear (Klingbeil 2005), qui permettent par ailleurs de contrler graphiquement la localisation et les dtails du traitement des donnes d'analyse.

    De manire gnrale, les donnes d'analyse utilises pour la synthse sonore peuvent tre issues de captations en temps rel, ou de traitements "off-line" sur des sons enregistrs, qui constituent deux approchent bien distinctes. Dans les systmes temps rel, la captation sonore ou gestuelle permet une intgration directe de donnes naturelles dans les processus de synthse. S'il s'agit de l'usage le plus rpandu dans la pratique contemporaine, il n'est pas pour autant le seul pertinent d'un point de vue musical. Dans les environnements "non temps rel" (on parle de temps "diffr"), on considrera ces donnes comme des structures statiques utilises comme matriau initial dans les processus de composition, privilgiant une vision plus globale sur le matriau. Par ailleurs, le temps diffr permet de mettre en uvre des processus plus complexes contrlant le son dans ses moindres dtails, de crer des structures labores l'aide de formalismes temporels avancs et dans une logique d'criture indpendante de la chronologie linaire et immdiate. Les travaux de Jean-Claude Risset se sont notamment positionns dans ce sens : "C'est le temps diffr qui permet d'tendre la microstructure sonore des possibilits de notation et de travail proprement compositionnel" (Risset 1993). Malgr les intrts du contrle de la synthse en temps rel (notamment l'interactivit, ou la compensation des pertes de variabilit et d'imprvu dues l'automatisation), cette caractristique de temps diffr pourvoit ainsi les processus de synthse sonore d'une porte musicale souvent inaccessible dans les systmes temps-rel.

    Une autre approche de la synthse consiste crer des sons sans donnes ni rfrence des sons initiaux. Pour dterminer les paramtres d'une technique ou d'un algorithme de synthse sonore donn, des systmes de contrle de la synthse proposent alors aux compositeurs des reprsentations abstraites ou des conventions graphiques permettant d'augmenter le potentiel musical des reprsentations sonores de bas niveau (souvent prtablies par les processus de synthse sous-jacents). Les techniques spectrales, et en particulier additives, restent les plus utilises. Les paramtres spectraux (temps, frquence, intensit) sont les mmes qui sont utiliss en musique traditionnellement ; Leur reprsentation (mentale, graphique ou mme informatique) en est donc facilite et permet de jouer sur les valeurs et rapports temporels, frquentiels, ou dynamiques dans un contexte musicalement intuitif et relativement familier. Dans cette logique de reprsentation spectrale, les outils purement graphiques rvlent une premire approche radicale, avec une manire de concevoir le son strictement lie la mdiation visuelle et confine dans une reprsentation bidimensionnelle temps / frquence. A la suite des travaux de I. Xenakis, et notamment du systme UPIC, diffrents logiciels ont t crs, permettant de dvelopper cette approche graphique de la synthse sonore, gnralement en parallle des techniques d'analyse/resynthse ex. Sonographe (Lesbros 1996) ou MetaSynth.

    L'tablissement d'abstractions par la modlisation sonore et la structuration des donnes permet d'envisager des organisations formelles plus avances, notamment dans le domaine temporel. Partant d'objets plus ou moins abstraits, reprsentant tout ou partie d'une ralit sonore, diffrentes stratgies permettent alors de composer cette organisation temporelle, par exemple en organisant des vnements dans une structure logique ex. Boxes (Beuriv 2000), ou en interpolant entres diffrents tats d'un gnrateur ex. Diphone (Rodet & Lefevre 1997). Ces exemples, bien que demeurant limits cet gard, s'approchent de l'ide de partition pour la synthse en tant que reprsentation d'une organisation spatiale et temporelle de paramtres sonores. Les environnements de synthse granulaire ou concatnative sont d'autres moyens d'organiser paramtres et entits sonores voir par exemple CataRT (Schwartz et al. 2006). Certains systmes originaux permettent galement d'tendre la conception graphique des dimensions structurelles plus pousses, comme Genesis (Castagne & Cadoz 2002) avec la construction de structures physiques, ou IanniX (Coduys & Ferry 2004) avec une reprsentation graphique ouverte et multiparamtrique.

    5. Conclusion CAO : une autre approche pour la synthse et l'criture lectroacoustique

    En guise de conclusion nous donnons ici un rapide aperu de l'approche que nous avons adopte dans nos travaux. Ceux-ci se situent essentiellement dans le contexte de la Composition Assiste par Ordinateur (CAO), et plus prcisment des environnements programmables dont fait partie OpenMusic (Assayag et al. 1999). Dans ces

  • environnements, l'ordinateur est considr comme un outil permettant non seulement de raliser des taches plus ou moins complexes, mais surtout de formaliser, d'exprimer, de dvelopper des ides ou intuitions musicales. De nombreux environnements entrant dans cette catgorie ont t crs depuis les dbuts de l'informatique musicale : Formes (Rodet & Cointe 1984), Arctic (Dannenberg et al. 1986), Nyquist (Dannenberg 1997), SuperCollider (McCartney 2002) sont des exemples de langages ou extensions de langages de programmation existants permettant de dvelopper des processus musicaux orients vers la synthse sonore. Cependant un environnement comme OpenMusic (qui est un langage de programmation visuel, contrairement aux prcdents) nous a permis de mettre en avant une forme d'expressivit supplmentaire lie notamment aux outils et reprsentations graphiques, mais surtout l'ensemble du savoir faire et dmarches compositionnelles pralables et existant dans cet environnement, et par consquent susceptibles d'interagir avec les processus de synthse sonore.

    Un certain nombre d'outils ont donc t crs dans OpenMusic et permettent de mettre en uvre dans une mme dmarche compositionnelle modles et processus musicaux et sonores, tendant ainsi le domaine la CAO celui de l'lectroacoustique. La notion de modle compositionnel mise en parallle avec celle de modle informatique nous a permis de dvelopper un cadre thorique et fonctionnel pour la composition lectroacoustique, dans lequel le son est reprsent comme un programme, un processus structur (Bresson & Agon 2007). Ce programme est le reflet d'une organisation musicale et d'une intention compositionnelle avant d'tre li, plus ou moins explicitement, un processus de synthse sonore proprement parler. L'abstraction, la modularit, les interfaces graphiques proposes par l'environnement de programmation visuelle permettent de structurer ce programme. La structure fonctionnelle organise donc sa complexit en maintenant une hirarchie entre les abstractions musicales et les processus de bas niveau. En effet nous avons not prcdemment que le caractre symbolique d'une reprsentation du son pouvait tenir la fois des reprsentations des donnes de description sonores, et du traitement symbolique de ces donnes. C'est l'organisation d'une telle structure, dcrivant de manire symbolique les relations et comportements des entits qui la composent, qui permettra de constituer la fois un objet sonore et un objet portant un sens musical "a dynamic structure, where behavioural laws and signal processing configurations combine to define an object capable of being viewed both as a sound producing entity and as a logical object musically meaningful" (Eckel & Gonzalez-Arroyo 1994). Nous retrouvons ici une ide importante dans la CAO telle que nous la concevons, mettant en avant l'quivalence, sinon la prdominance des processus sur les objets musicaux.

    Par l'association de la programmation et des reprsentations graphiques, et mme s'ils n'ont pas pour ambition de rsoudre les nombreuses problmatiques qui ont pu tre souleves, ces outils et cet environnement donnent ainsi aux utilisateurs les moyens de crer une smantique subjective des structures sonores et un niveau symbolique qui leur sont propres, et peut-tre de dvelopper des dmarches compositionnelles se rapprochant d'une criture lectroacoustique.

    Par souci de concision, nous avons ici laiss de ct les questions temporelles dans la synthse et l'criture des sons. Celles-ci prsentent pourtant un intrt majeur, et font l'objet de nos recherches et perspectives actuelles. Des reprsentations temporelles des processus de synthse ont t proposes, notamment utilisant l'diteur de maquettes dans OpenMusic, qui nous ont permis d'intgrer certains aspects de contrle temporel dans le cadre des modles compositionnels orients vers le son et la synthse sonore.

    Remerciements

    En complment d'une littrature riche sur les sujets que nous avons voqus, dont nous avons conscience de ne citer qu'une infime partie, les lments que nous prsentons, comme prcis en introduction, ont t principalement nourris de rencontres avec des compositeurs et thoriciens, parmi lesquels nous souhaiterions remercier en particulier Hugues Dufourt, Philippe Manoury, Claude Cadoz et Marco Stroppa, pour le temps qu'ils nous ont accord l'occasion d'entretiens et de discussions informelles.

    Rfrences

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