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BILAN ARRETS DE COMMERCIALISATION PAGE 1 Bilan ARRÊTS DE COMMERCIALISATION DES MÉDICAMENTS Dix ans d’expérience de la revue Prescrire I l est fâcheux pour un médecin d’apprendre par un patient : « le médicament que vous m’avez prescrit la dernière fois n’existe plus, d’après le pharmacien… ». Fâcheux aussi pour un pharmacien de devoir dire à un patient : « finale- ment, le médicament que j’avais com- mandé pour vous n’existe plus… ». Fréquemment, médecins et phar- maciens se trouvent confrontés à l’arrêt de commercialisation d’un médicament dont ils avaient l’habitude, ou doivent rechercher si un médicament est toujours commercialisé. Difficile de s’y retrouver, car les sources acces- sibles qui recensent précisément les arrêts de commercialisation sont rares, et les informations sont souvent ambiguës. Arrêt de com- mercialisation définitif ? Suspen- sion momentanée de fabrication ? Changement de nom ? Dès les premiers numéros de la revue Prescrire, en 1981, la Rédac- tion s’est donné comme objectif d’apporter l’information man- quante sur les arrêts de commer- cialisation. Et pour ce faire, un dis- positif rédactionnel spécifique a été mis en place, puis régulièrement amélioré. Voici le bilan de l’expérience de ces dix dernières années (1990- 1999), et des éléments de réponse à diverses questions : les arrêts de commercialisation sont-ils de plus en plus nombreux ? Quelles en sont les principales causes ? Les firmes pharmaceutiques ont-elles une obligation d’information rela- tive à ces arrêts de commercialisa- tion ? Quel est le rôle de l’Agence française des produits de santé dans ce domaine ? La France ne dispose pas d’une liste officielle, exhaustive et à jour des médicaments commercialisés sur son territoire. En l’absence d’information fiable des firmes et des autorités adminis- tratives, la Rédaction de la revue Prescrire a mis en place, depuis 1981, un dispositif de détection sys- tématique et de signalement des arrêts de commercialisation. Chaque année, la Rédaction de la revue enregistre environ 200 arrêts de commercialisation pour 200 à 300 nouvelles spéciali- tés commercialisées. La majorité des arrêts de com- mercialisation ont un motif indus- triel. Un petit nombre est lié à un problème de pharmacovigilance. Des firmes discrètes, une Agen- ce française des produits de santé inopérante, des journaux médico- pharmaceutiques peu précis : les arrêts de commercialisation des médicaments semblent n’intéres- ser que les praticiens et les malades… Résumé LA REVUE PRESCRIRE AVRIL 2000/TOME 20 N° 205 PAGES 291-295 L A R E V U E

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BILAN ARRETS DE COMMERCIALISATION • PAGE 1

BilanARRÊTS DE COMMERCIALISATIONDES MÉDICAMENTSDix ans d’expérience de la revue Prescrire

Il est fâcheux pour un médecind’apprendre par un patient :« le médicament que vous m’avez

prescrit la dernière fois n’existe plus,d’après le pharmacien… ». Fâcheuxaussi pour un pharmacien dedevoir dire à un patient : « finale-ment, le médicament que j’avais com-mandé pour vous n’existe plus… ».Fréquemment, médecins et phar-maciens se trouvent confrontés àl’arrêt de commercialisation d’unmédicament dont ils avaientl’habitude, ou doivent recherchersi un médicament est toujourscommercialisé. Difficile de s’yretrouver, car les sources acces-sibles qui recensent précisémentles arrêts de commercialisationsont rares, et les informations sontsouvent ambiguës. Arrêt de com-mercialisation définitif ? Suspen-sion momentanée de fabrication ?Changement de nom ?

Dès les premiers numéros de larevue Prescrire, en 1981, la Rédac-tion s’est donné comme objectifd’apporter l’information man-quante sur les arrêts de commer-cialisation. Et pour ce faire, un dis-positif rédactionnel spécifique a étémis en place, puis régulièrementamélioré.

Voici le bilan de l’expérience deces dix dernières années (1990-1999), et des éléments de réponseà diverses questions : les arrêts decommercialisation sont-ils de plusen plus nombreux ? Quelles ensont les principales causes ? Lesfirmes pharmaceutiques ont-ellesune obligation d’information rela-tive à ces arrêts de commercialisa-tion ? Quel est le rôle de l’Agencefrançaise des produits de santédans ce domaine ?

� La France ne dispose pas d’uneliste officielle, exhaustive et à jourdes médicaments commercialiséssur son territoire.

� En l’absence d’information fiabledes firmes et des autorités adminis-tratives, la Rédaction de la revuePrescrire a mis en place, depuis1981, un dispositif de détection sys-tématique et de signalement desarrêts de commercialisation.

� Chaque année, la Rédaction dela revue enregistre environ

200 arrêts de commercialisationpour 200 à 300 nouvelles spéciali-tés commercialisées.

� La majorité des arrêts de com-mercialisation ont un motif indus-triel. Un petit nombre est lié à unproblème de pharmacovigilance.

� Des firmes discrètes, une Agen-ce française des produits de santéinopérante, des journaux médico-pharmaceutiques peu précis : lesarrêts de commercialisation desmédicaments semblent n’intéres-ser que les praticiens et lesmalades…

Résumé

LA REVUE PRESCRIRE AVRIL 2000/TOME 20 N° 205 • PAGES 291-295

L A R E V U E

Une exhaustivité difficile

Au fil des années, la Rédaction dela revue Prescrire s’est efforcée designaler, le plus rapidement pos-sible, tous les arrêts de commercia-lisation des spécialités commerciali-sées en France, en ville ou àl’hôpital.

Pour en établir le registre, unrédacteur responsable répertorie lesarrêts de commercialisation présu-més, au moyen de nombreusessources : annonces spontanées desfirmes pharmaceutiques adresséespar courrier à la revue Prescrire et/ouà des journaux d’informationmédicopharmaceutique ; mentions“livraison non garantie” (fabrica-tion suspendue ou supprimée)dans le Sempex (a) ; avis des gros-sistes-répartiteurs aux pharmaciensd’officine ; signalements des lec-teurs de la revue Prescrire ; analysedes dossiers des “changements denom”, des “changements divers”,etc. par les rédacteurs du “Rayondes nouveautés” ; analyse des listesde radiation des médicaments rem-boursables aux assurés sociaux etdes spécialités pharmaceutiquesagréées aux collectivités publiéesau Journal Officiel ; etc.

Recouper et vérifier les infor-mations. Il s’agit ensuite derechercher, à l’aide du dictionnaireVidal, du GNP (b), du dictionnaireThera (c), etc. de l’année en courset des années antérieures, la com-position qualitative exacte, la firmepharmaceutique titulaire de l’auto-risation de mise sur le marché, ain-si que les formes pharmaceutiquesdisponibles jusqu’alors.

Dans tous les cas, la Rédactioncontacte la firme concernée, afin defaire confirmer l’arrêt de commer-cialisation de la spécialité, d’en pré-ciser les raisons, l’étendue (enFrance seulement ou dans le mon-de entier), les formes pharmaceu-tiques et dosages restant éventuel-lement disponibles.

Cette vérification minutieuse etindispensable de l’historique dumédicament auprès des firmes estcoûteuse en temps et compétence.Il s’avère parfois difficile de trouver,au sein des firmes, l’interlocuteurcapable de confirmer un éventuel

arrêt de commercialisation. L’en-quête est encore plus délicatelorsque la firme a cessé ses activi-tés : que sont devenues les spéciali-tés auparavant commercialisées ?Ont-elles été vendues à une autrefirme ; et si oui, laquelle ?

Suite à ce travail méthodique devérification, la liste des arrêts decommercialisation confirmés estsaisie, relue et corrigée par le res-ponsable de rubrique et un comitéde lecture restreint. La liste peutalors être intégrée au sein de larubrique “Rayon des nouveautés”de la revue Prescrire.

Réapparitions et change-ments divers. La vie d’un médica-ment ne se termine pas obligatoire-ment à la suite d’un arrêt decommercialisation. Un médicamentpeut réapparaître quelques annéesaprès, sous le même nom ou sousun nom différent, avec la mêmecomposition ou une compositionlégèrement ou très différente, com-mercialisée par la même firme oupar une autre (1). L’équipe de larevue Prescrire surveille le mieuxpossible ces évolutions, malgrél’absence d’information suivie etofficielle sur ce sujet.

Les spécialités qui changent denom sont signalées dans la sous-rubrique “Changements de nom”,avec la précision, s’il y a lieu, dunom de la nouvelle firme exploi-tante. Les modifications de formegalénique et présentation sont pré-sentées dans la sous-rubrique“Changements divers”. Les pertesdu statut de médicament (parexemple leur transformation en“dispositifs médicaux” ou en “pro-duits diététiques”) sont répertoriéesdans la sous-rubrique “Médica-ment or not médicament”. Lesréapparitions dans la sous-rubrique“Réapparitions” ; etc.

1990-1999 : dix ans d’investigation des arrêts de commercialisation

À l’exception des années 1991 et1999, le nombre d’arrêts de com-mercialisation est resté assez stabled’une année à l’autre : un peumoins de 200 par an (voir tableau

page 293). En 1991, 287 spécialitésont cessé d’être commercialisées àla suite de mesures exceptionnellesde maîtrise des dépenses de santédécidées par le ministre de la Santéde l’époque. En 1999, l’améliora-tion du système de détection de larevue Prescrire explique en partie les341 arrêts de commercialisationrecensés. En effet, le renforcementde la capacité de travail de l’équipedu “Rayon des nouveautés” a per-mis un rattrapage d’un retard accu-mulé, un repérage méticuleux desarrêts de commercialisation entemps réel, etc.

Cette quasi-stabilité des arrêts decommercialisation n’est pas corré-lée à l’augmentation, depuis 1996,du nombre de nouvelles spécialitésmises sur le marché et étudiéesdans le “Rayon des nouveautés” ;par exemple : 202 en 1996 ; 247 en1997 ; 312 en 1998 ; 322 en 1999.

La majorité des arrêts decommercialisation ont unmotif industriel. Seule uneminorité des arrêts de commerciali-sation ont lieu pour des raisons depharmacovigilance. La plupart onten fait des motivations indus-trielles.

Lors des enquêtes réaliséesauprès des firmes concernées, lanon-rentabilité est la raison la plussouvent évoquée : le médicamentpeut être devenu obsolète, de l’avismême de la firme ; ou bien les spé-cialités concurrentes ont été mieuxdéfendues sur le plan commercial.Les spécialités à bas prix et faiblevolume de vente, non rentables,sont retirées au profit de spécialitésplus chères et mieux placées sur lemarché.

Des aléas de fabrication sont éga-

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a- Le Sempex, des éditions SEMP, est un cata-logue mis à jour régulièrement qui recense les spé-cialités pharmaceutiques disponibles dans les offi-cines, sous toutes leurs formes pharmaceutiques.SEMP (Société d’Éditions Médico-Pharmaceu-tiques), 2 rue Béranger, 75140 PARIS Cedex 03. b- Le GNP Encyclopédie pratique du médicament,de la société OVP Éditions du Vidal, présente lesspécialités pharmaceutiques classées par famillespharmacothérapeutiques (réf. 5,6). OVP Éditionsdu Vidal, 33 avenue de Wagram, 75854 PARISCedex 17.c- Le Thera, des éditions SEMP, est un dictionnai-re des médicaments conseil et grand public. Ilrépertorie des spécialités non remboursables, noninjectables et non inscrites sur l’une des listes dessubstances vénéneuses, ainsi que des produits deparapharmacie.

lement rapportés : difficultésd’approvisionnement en certainscomposants, modernisation dechaînes de production excluantune spécialité “hors format”, etc.

Les regroupements industrielsaboutissent souvent à des cata-logues comportant des spécialitéssimilaires et directement concur-rentes. Le nouveau groupe phar-maceutique peut alors décider desupprimer les spécialités les moinsrentables, ou les moins connues,ou placées hors des nouveaux axesmarketing du groupe.

Pour les médicaments commercia-lisés avant 1976, la procédure dite de“validation” des dossiers d’autorisa-tion de mise sur le marché (AMM)par l’Agence française des produitsde santé, a entraîné l’arrêt de com-mercialisation de spécialités pourdivers motifs : dossiers d’évaluationfournis à l’époque de la demanded’autorisation initiale s’avérantinsuffisants au regard des exigencesréglementaires actuelles ; formepharmaceutique et/ou dosage deve-nus inadaptés aux choix thérapeu-tiques actuels ; etc. Dans certains cas,l’arrêt de commercialisation d’un“vieux” médicament s’avère moinscoûteux pour la firme que la mise enconformité d’un dossier d’AMM.

Certains motifs évoqués par lesfirmes sont cependant très évasifs,

tels que “choix stratégique du labo-ratoire”, “politique interne” ou“stratégie commerciale”. Dans cescas, on peut se demander si l’inter-locuteur est réellement au courant,ou s’il cherche à cacher quelquechose.

Un petit nombre d’arrêtspour raison de pharmacovigi-lance. Au fil des années, on comp-te toujours des arrêts de commer-cialisation pour raison de pharma-covigilance (voir tableau ci-des-sus) (d).

Ces arrêts de commercialisationconcernent aussi bien des médica-ments récents que des anciens.Deux exemples extrêmes : retraitrapide du marché de la tolcapone(Tasmar°), deux mois seulementaprès sa commercialisation fin1998, en raison d’hépatites fulmi-nantes mortelles (2) ; à l’inverseretrait en 1999 de l’amineptine (Sur-vector°), 21 ans après sa commer-cialisation en 1978, après beaucoupd’atermoiements malgré des casgraves de pharmacodépendanceobservés depuis longtemps (3).

Les effets indésirables motivant leplus souvent des retraits du marchépour raison de pharmacovigilancesont des réactions graves, non dose-dépendantes, difficilement prévi-sibles à partir des propriétés phar-macologiques du médicament :

atteintes hépatiques, atteinteshématologiques, troubles neuropsy-chiatriques, etc. (e). Les classespharmacothérapeutiques en causesont aussi celles fréquemment pres-crites, ou utilisées en automédica-tion : anti-inflammatoires non sté-roïdiens, antibiotiques et anti-infectieux, antipyrétiques et antal-giques, antidépresseurs (f).

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Les arrêts de commercialisation enregistrés de 1990 à 1999par la revue Prescrire

1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

Arrêts 196 287 (1) 188 173 161 162 125 172 191 341 (2)de commercialisation

dont arrêts pour raisons 3 33 (3) 1 1 4 7 11 4 9de pharmacovigilance

Nouvelles spécialités (4) 138 158 139 166 113 142 202 247 312 322

Nombre total de dossiers 412 526 430 423 393 411 452 552 675 894étudiés dans le“Rayon des nouveautés”(5)

1- Ce chiffre correspond pour la moitié des cas à des mesures de maîtrise des dépenses de santé, suite à la demande faite par le ministre de la Santé aux firmes pharmaceu-tiques de diminuer leurs chiffres d’affaires correspondant aux médicaments remboursables.2- Cette augmentation est liée en partie à une amélioration du système de détection tous azimuts de la revue Prescrire, avec un renforcement de la capacité de travail de l’équi-pe du “Rayon des nouveautés”, un rattrapage du retard accumulé, etc.3- Dont 14 suite à des mesures de prévention visant à limiter le risque de transmission à l’homme de l’encéphalite bovine spongiforme (“maladie de la vache folle”), 7 spéciali-tés concernant des cigarettes et poudres pour fumigation à visée “antiasthmatique” et 6 spécialités à base de germandrée petit-chêne.4- Sont comptés ici comme nouvelles spécialités : les nouveaux noms de médicaments vendus en officine (présentés aux médecins généralistes et/ou spécialistes, ou “ciblés”pharmaciens ou grand public) ; les nouveaux noms de médicaments réservés à l’usage hospitalier ; les nouvelles formes, présentations ou nouveaux dosages de médicamentsdéjà commercialisés ; les nouveaux médicaments sous ATU (autorisations temporaires d’utilisation) de cohorte.5- Le nombre de dossiers étudiés sur une année dans le “Rayon des nouveautés” comprend les dossiers des spécialités citées en référence 4 ci-dessus, ceux des changementsde composition, de nom, divers et les arrêts de commercialisation.

d- L’année 1992 fut marquée par 33 cas d’arrêtsde commercialisation pour raison de pharmacovi-gilance ; dont 14 spécialités pour des mesures deprévention visant à limiter le risque de transmis-sion à l’homme de l’encéphalite bovine spongifor-me (“maladie de la vache folle”) (réf. 7), et 7 spé-cialités de cigarettes et poudres pour fumigation àvisée “antiasthmatique” (à base de datura etautres atropiniques), suite aux usages détournésde ces substances (réf. 8). Cette année-là, 6 casd’arrêts de commercialisation ont eu lieu pour desraisons de phytovigilance, suite à l’observation deplusieurs cas d’hépatotoxicité après administra-tion de germandrée petit-chêne (Teucrium cha-maedrys L) (réf. 9).e- Deux médecins français spécialistes en pharma-covigilance ont mené une étude sur les retraits dumarché “pour des raisons de sécurité”, de 1961 à1992, dans différents pays : Allemagne, États-Unis d’Amérique, France et Royaume-Uni(réf. 10). Leurs conclusions sont tout à fait simi-laires à celles que l’on peut tirer des données fran-çaises enregistrées par la revue Prescrire. f- Une thèse d’exercice en pharmacie sur les arrêtsde commercialisation signalés par la revue Pres-crire de 1987 à 1997 met en relief que les retraitspour pharmacovigilance ont été surtout motivéspar des hépatites, des troubles cardiovasculaires,des atteintes hématologiques ; et que les famillespharmacothérapeutiques ou les domaines concer-nés étaient les anti-inflammatoires et antalgiques,la dermatologie, la neurologie et la psychiatrie(réf. 11).

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Lire la rubrique “Arrêts de commercialisation” de la revue Prescrire

A R R Ê T S D EC O M M E R C I A L I S A T I O N

Nous remercions les laboratoires Roussel Diamant,qui, ce mois-ci, nous ont signalé l’arrêt de commer-cialisation d’une de leurs spécialités. Les autresarrêts cités ci-dessous ont été décelés par notrepropre système de détection et vérifiés auprès dechaque laboratoire concerné.

DEXERYL° crème, tube de 150 g – à visée trophique– glycérol + vaseline + paraffine (Lab. Pierre Fabre San-té). Les tubes de 50 g et 250 g restent commercialisés.

FINICOR° solution pour application locale – kéra-tolytique – acide salicylique + acide acétique + procaïne(Lab. Arcis-Toledano).

LOBAMINE° comprimés – à visée “hépatoprotectrice” –méthionine (Lab. Pierre Fabre Dermatologie).Les gélules de Lobamine-Cystéine° (méthionine + cystéine)restent commercialisées.Nous avons déjà signalé l’arrêt de commercialisation dessuppositoires adultes et enfants dans le n° 75.

LUTIONEX° comprimés – progestatif – démégestone(Lab. Roussel Diamant).

NIBIOL° 50 mg comprimés – antibiotique, oxyquino-léine – nitroxoline (Lab. Debat).Les comprimés à 100 mg restent commercialisés.Nous avons déjà signalé l’arrêt de commercialisation dela suspension buvable dans le n°157.

R 1406° solution injectable, ampoules de 10ml – antalgique, morphinomimétique – phénopéridine(Lab. Janssen-Cilag). Les ampoules de 2 ml restent commercialisées, toujoursuniquement à l’hôpital.

SOLIAN° 50 mg comprimés – neuroleptique – amisul-pride (Lab. Synthélabo).La solution injectable et les comprimés à 200 mg (boîte de60) restent commercialisés. Les laboratoires Synthélabocommercialisent aussi, désormais, deux nouveauxdosages de comprimés à 100 mg et 400 mg. Lire page586 du numéro 198.

SURVECTOR° comprimés – “antidépresseur” – aminep-tine (Lab. Servier).Lire notre commentaire dans le numéro 192 page 116.

©LRP

La sous-rubrique “Arrêts de commercialisation” clôt le “Rayon des nouveautés”, juste avant la rubrique “Vigi-lance”. Nous y mentionnons les arrêts de commercialisation en France métropolitaine et/ou DOM-TOM, sansrelever les suspensions de commercialisation momentanées (liées à des difficultés de production, d’approvision-nement en matières premières, de ruptures de stock, etc.). Pour chaque spécialité pharmaceutique supprimée, nous indiquons : le nom de spécialité, le(s) dosage(s) (s’il y alieu de préciser), la forme pharmaceutique, la classe pharmacologique ou thérapeutique, la composition qualita-tive et le nom du laboratoire titulaire de l’autorisation de mise sur le marché (1).

L’introduction distingue lesfirmes pharmaceutiques quiont annoncé spontanémentpar courrier l’arrêt de com-mercialisation d’une ou plu-sieurs de leurs spécialités à larevue Prescrire.

Les principes actifs entrantdans la composition sonténumérés, sans prendre encompte les autres compo-sants (excipients).

Cette mention précise la oules forme(s) pharmaceu-tique(s) de même nom despécialité, déjà signalée(s)dans la rubrique “Arrêts decommercialisation” (avec lenuméro de la revue Prescrireauquel on peut se reporter).

La barre tramée verticalesignale l’arrêt de commercia-lisation d’une spécialité phar-maceutique pour raison depharmacovigilance, avec unrenvoi à un article détaillédans le même numéro oudans un numéro proche de larevue Prescrire.

Le signe ✎ indique les spé-cialités pharmaceutiques quifigurent dans l’édition del’année en cours du Diction-naire Vidal. Le fait de rayer,dans votre Dictionnaire Vidal,les spécialités devant les-quelles apparaît le signe ✎vous permet de tenir à jourun outil documentaire auquelvous vous référez souvent.

Cette mention précise la oules forme(s) pharmaceu-tique(s) et le(s) dosage(s) quirestent commercialisé(s) sousle même nom de spécialité(en précisant la compositionsi celle-ci diffère de la spécia-lité supprimée).

Le maximum de détails vousest donné concernant lesspécialités qui restent com-mercialisées sous le mêmenom ; par exemple : poursui-te de commercialisation àl’hôpital, disponibil ité àl’export, etc.

Améliorer le signalement

Au delà du simple bilan chiffré,diverses observations peuvent êtrefaites à propos des arrêts de com-mercialisation.

Des autorités sanitairesdéfaillantes. Dans la grandemajorité des cas, un médicamentdisparaît sur simple décision des

firmes. Les autorités sanitairesn’interviennent dans les décisionsd’arrêts de commercialisationqu’en cas de problème de pharma-covigilance. Les firmes titulairesd’une AMM doivent, selon l’articleL.604-1 du Code de la santépublique, informer l’Agence desproduits de santé de « toute action(…) engagée pour (…) suspendre la

commercialisation (NDLR : d’unmédicament), le retirer du marché ouen retirer un lot déterminé ». Maiscette information (à supposerqu’elle soit réellement fournie danstous les cas) n’est pas transmise parl’Agence aux professionnels ni aupublic.

En fait, il semble que l’Agencefrançaise des produits de santé, qui

1- Les exemples présentés ici sont issus de divers numéros de la revue.

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octroie les AMM, ne connaît pas laliste exacte des médicaments dontla commercialisation est effective.En France, il n’existe aucunregistre national officiel accessibletenant à jour la liste des médica-ments réellement commerciali-sés (g). C’est ce qui explique quecertaines listes publiées par l’Agen-ce des produits de santé soientexactes du point de vue des médi-caments ayant une AMM (régula-tion industrielle), mais comportentdes erreurs du point de vue de laréalité quotidienne des praticiens etdes malades (h).

Peu de sources fiables. Dans lasituation française actuelle, laconfrontation des diverses sourcesd’information et le contact directavec les firmes pharmaceutiquessont indispensables, afin de vérifierles informations et de recueillir lesdonnées les plus pertinentes. Endehors de la revue Prescrire, lesinformations recensant des arrêtsde commercialisation sont peunombreuses, non exhaustives etpeu fiables : une spécialité pharma-ceutique peut être mentionnéecomme supprimée dans la presseprofessionnelle, alors qu’il s’agit enréalité d’une rupture de stock tem-poraire ; la promotion d’une “nou-veauté” peut dissimuler un simplechangement de nom ou une “réap-parition” ; etc. La plupart du temps,c’est l’absence d’information quicaractérise les arrêts de commercia-lisation.

Des firmes pharmaceutiquessouvent peu loquaces. En 1999par exemple, pour les 341 arrêtsde commercialisation dénombrés,seuls 18 laboratoires pharmaceu-tiques ont annoncé spontanémentpar courrier à la revue Prescrire lasuppression d’une ou plusieurs deleurs spécialités, tandis que121 firmes pharmaceutiques ontdû être interrogées une ou plu-sieurs fois pour la vérification desinformations.

La rubrique “Arrêts de commer-cialisation” est difficile à élaborer,les firmes n’étant pas toujours trèsloquaces sur la suppression de leursspécialités. Certaines craignent quel’annonce hâtive d’un arrêt de com-mercialisation les empêche d’écou-

ler des stocks résiduels ; d’autres nemesurent pas à quel point la sup-pression d’une spécialité, non ren-table et moins importante poureux, peut gêner des patients accou-tumés à cette spécialité et un prati-cien habitué à la prescrire ;quelques-uns comptent sur la dis-crétion d’une suppression en Fran-ce pour continuer à exploiter leurspécialité dans d’autres pays.

Certaines firmes pharmaceutiquesannoncent spontanément par cour-rier la suppression d’une de leursspécialités figurant dans le diction-naire Vidal de l’année en cours ;mais oublient de signaler celle d’unmédicament “plus ancien” disparudepuis de nombreuses années desouvrages, mais toujours utilisé parcertains patients.

Flou autour de l’exportation.L’arrêt de commercialisation enFrance métropolitaine n’impliquepas obligatoirement l’arrêt dans lesDOM-TOM, ni surtout l’arrêt desventes à l’étranger. Les retraits dumarché mondial sont rares ; unexemple parmi les retraits récents :le mibéfradil (Posicor°) (4). Dans laplupart des cas, seuls le marchéfrançais et/ou celui de quelquespays européens sont concernés parla décision des firmes.

Du fait d’autorités nationalesdémunies ou déficientes, les mar-chés peu protégés (africains etd’Europe de l’Est, en particulier)continuent souvent à faire l’objetd’exportations à partir de la France.Les lecteurs de la revue Prescrireexerçant hors de France doiventprendre en compte cette donnée :un arrêt de commercialisation d’unmédicament en France n’est pasforcément synonyme d’arrêt dansleur pays.

Maintenir à jour sa listepersonnelle de médicaments

Le “Rayon des nouveautés” apour objectif d’aider chaque prati-cien à gérer la liste des médica-ments qu’il prescrit, qu’il dispenseou qu’il conseille, en tenant comp-te à la fois des nouveautés, maisaussi des arrêts de commercialisa-tion. La fiabilité de ces informationsest indispensable pour la pratiquequotidienne.

En l’absence d’informationsfiables, précises et exhaustives de lapart des autorités et des industriels,il revient aux professionnels des’organiser pour recueillir cetteinformation.

La revue Prescrire a relevé ce défi :sa sous-rubrique “Arrêts de com-mercialisation” tend à l’exhaustivi-té.

Chaque professionnel doit consa-crer chaque mois du temps àl’entretien raisonné de sa panopliemédicamenteuse. Pour ce quiconcerne les arrêts de commerciali-sation, une à deux (précieuses)minutes peuvent suffire.

Bilan élaboré collectivement par la Rédaction de la revue PrescrireResponsable du dossier : Sophie Pilon

g- Le Journal Officiel ne signale pas les arrêts decommercialisation, mais seulement des listes desspécialités pharmaceutiques radiées de la liste desmédicaments remboursables aux assurés sociaux,et de la liste des médicaments agréés à l’usage descollectivités et divers services publics. Par ailleurs,les firmes ne commercialisent pas obligatoirementtous les médicaments disposant d’une autorisationde mise sur le marché.h- Ainsi, lors de retraits du marché pour des rai-sons de pharmacovigilance, les listes fournies parl’Agence comportent souvent des spécialités quin’ont jamais été commercialisées, ou qui ne lesont plus.

Extraits de la veille documentaire Prescrire.1- Prescrire Rédaction “L’année 1999 desmédicaments” Rev Prescr 1999 ; 20 (202) :57-60.2- Prescrire Rédaction “Retrait de Tasmar°2 mois après sa commercialisation” Rev Pres-cr 1999 ; 19 (191) : 17.3- Prescrire Rédaction “Retrait bienvenu del’amineptine (Survector°)” Rev Prescr 1999 ;19 (192) : 116.4- Prescrire Rédaction “mibéfradil, commer-cialisation avortée en France” Rev Prescr1998 ; 18 (188) : 659.5- Prescrire Rédaction “Guide national deprescription” Rev Prescr 1997 ; 17 (173) : 375.6- Prescrire Rédaction “Comment choisir unguide thérapeutique ?” Rev Prescr 1997 ; 17(173) : 373-374.7- Prescrire Rédaction “Vaches folles (suite)”Rev Prescr 1992 ; 12 (123) : 537-538.8- Prescrire Rédaction “Cigarettes “anti-asthmatiques”” Rev Prescr 1992 ; 12 (121) :415.9- Prescrire Rédaction “Retraits des spéciali-tés à base de germandrée petit-chêne” RevPrescr 1992 ; 12 (121) : 417-418.10- Spriet-Pourra C et Auriche M “Drugwithdrawal from sale” Scrip PJB Publica-tions, London 1995 : 129 pages. Cité dans :“Études des retraits du marché” Rev Prescr1995 ; 15 (157) : 831.11- Pilon S “La mort du médicament –Enquête sur les retraits de la revue Prescrirede 1987 à 1997” Thèse de pharmacien° 98/TOU3/2048, Toulouse, 1998 : 72 pages+ annexes