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BIBLIOGRAPHIE Aujourd'hui le mo..yen age. Archéologie et vie quotidienne en Frana méridionale, catalogue de l'exposition organisée par le Laboratoire d'archéologie médiévale méditerra- néenne de l'Université de Provence sous la direction de Gabrielle DEMIANS D'ARCHIMBAUD, Aix-en-Provence, 1981, 125 p .. ill., cartes, graphiques. Il n'est plus d'historÎen pour oser mettre cn doute l'apport des documents archéologiques à une connaissance globale du passé, en revanche il en est beaucoup pour hésiter à utiliser eux-mêmes des données qu'ils maîtrisent mal. qu' il ne leur ("st pas toujours possible de critÎquer et qu'il leur est difficile d'intégrer à leur recherche particulière. L'exposition présentée à Sénanque au cours de l'été 1981 aura permis aux historiens. ct à un plus large public passionné par l'archéologie. d'apprécier les résultats encourageants de deux décennies de fouilles dans la région. organisés autour de la fouille exemplaire de Rougiers (dessins et maquette donnaient une idée évocatrice et concrète) avec l'appon du matériel de chamiers moins prestigieux et aussi de nombreux objets isolés qui. valorisés à Sénanque. se remarquent mieux que dans les musées de la région dont ils proviennent (de plus bon nombre de pièces de métal ont été restaurées à l'occasion de l'exposition). Ce n'est pas le moindre intérêt de cette manifestation que d'avoir ainsi rroni ct mis en valeur des objets d'accès pourtant aisé. L'exposition axée sur deux grands thèmes. Cadre de vie (campagne. ville. maison) et Activités (exploitation du terroir. élevage et pêche. activités domestiques. anisanat. verre, céramique. tOilette et parure. alimentation. divertissement, chasse. piété - il manquait guerre) présente un panorama à peu près complet de la vie quotidienne des Provençaux du moyen âge. Ils permettent de mesurer exactement l'appon de la fouille et de se livrer au jeu de la complémentarité (non par les organisateurs car de nombreux documents étaient issus de la recherche historique « normale »): quels SOnt les thèmes la contribution des documents écrits se révèle inférieure. égale ou supérieure à celle de l'archéologie? Cédons un instant à la facilité. que vaut le nO 541. ( épée. fin XIIIt s., fer. 910 mm. lame dissymétrique à gorge et pommeau circulaire » face à un poème de Benrand de Born sur la guerre? Le doyen Michel de BoÜ3rd constatait dans la préface au catalogue d'une exposition parallèle à celle-ci, et tout aussi indispensable à connaître pour 11tistorien du midi l, que cenains 1. Des Burgondes à J3a..yard.' mil/t anJ dt tigt. catalogue de l'exposition organisée par le Centre d'archéologie historique- de-s musées de Gre-noble et de l'Isàe et l'URA 26 du Centre de recherches archéologiques du CNRS sous la dirtction de- Michd COLARDELLE et Jean-François REYNAUD. Grenoble, 1981. 237 p., ill .. cartes. graphiques. ProVtnce Historique. fascicule 142. 1985

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BIBLIOGRAPHIE

Aujourd'hui le mo..yen age. Archéologie et vie quotidienne en Frana méridionale, catalogue de l'exposition organisée par le Laboratoire d'archéologie médiévale méditerra­néenne de l'Université de Provence sous la direction de Gabrielle DEMIANS D 'ARCHIMBAUD, Aix-en-Provence, 1981, 125 p .. ill., cartes, graphiques.

Il n'est plus d'historÎen pour oser mettre cn doute l'apport des documents archéologiques à une connaissance globale du passé, en revanche il en est beaucoup pour hésiter à utiliser eux-mêmes des données qu'ils maîtrisent mal. qu'il ne leur ("st pas toujours possible de critÎquer et qu'il leur est difficile d'intégrer à leur recherche particulière. L'exposition présentée à Sénanque au cours de l'été 1981 aura permis aux historiens. ct à un plus large public passionné par l'archéologie. d'apprécier les résultats encourageants de deux décennies de fouilles dans la région. organisés autour de la fouille exemplaire de Rougiers (dessins et maquette donnaient une idée évocatrice et concrète) avec l'appon du matériel de chamiers moins prestigieux et aussi de nombreux objets isolés qui. valorisés à Sénanque. se remarquent mieux que dans les musées de la région dont ils proviennent (de plus bon nombre de pièces de métal ont été restaurées à l'occasion de l'exposition). Ce n'est pas le moindre intérêt de cette manifestation que d'avoir ainsi rroni ct mis en valeur des objets d'accès pourtant aisé. L'exposition axée sur deux grands thèmes. Cadre de vie (campagne. ville. maison) et Activités (exploitation du terroir. élevage et pêche. activités domestiques. anisanat. verre, céramique. tOilette et parure. alimentation. divertissement, chasse. piété - il manquait guerre) présente un panorama à peu près complet de la vie quotidienne des Provençaux du moyen âge. Ils permettent de mesurer exactement l'appon de la fouille et de se livrer au jeu de la complémentarité (non n~ligée par les organisateurs car de nombreux documents étaient issus de la recherche historique « normale »): quels SOnt les thèmes où la contribution des documents écrits se révèle inférieure. égale ou supérieure à celle de l'archéologie? Cédons un instant à la facilité. que vaut le nO 541. ( épée. fin XIIIt s., fer. 910 mm. lame dissymétrique à gorge et pommeau circulaire » face à un poème d e Benrand de Born sur la guerre? Le doyen Michel de BoÜ3rd constatait dans la préface au catalogue d 'une exposition parallèle à celle-ci, et tout aussi indispensable à connaître pour 11tistorien du midi l , que cenains

1. Des Burgondes à J3a..yard.' mil/t anJ dt m~ytn tigt. catalogue de l'exposition organisée par le Centre d'archéologie historique- de-s musées de Gre-noble et de l'Isàe et l'URA 26 du Centre de recherches archéologiques du CNRS sous la dirtction de- Michd COLARDELLE et Jean-François REYNAUD. Grenoble, 1981. 237 p., ill .. cartes. graphiques.

ProVtnce Historique. fascicule 142. 1985

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historiens et archéologues estimaient l'intégration des documents archéologiques au donné historique « génétiquement impossible» et l'on sait que certains archéologues considèrent que jusqu'au XIII' s. au moins l'apport de la fouille est supérieur à l'apport documentaire, montrant par là, outre un imphialisme prnentieux, une conception de l'Histoire bien nriquée, comme si la vie matérielle rendait compte globalement d'une civilisation; il Y a déjà assel d'impossibilités dans la recherche historique pour que des querelles d'école ne compliquent pas le labeur de l'historien.

Et puisque la sérénité convient à la méditation des grands problèmes, pourquoi ne pas aller lire le poème de Bertrand de Born au sommet de cette montagne sainte de l'archéologie médiévale qu'est devenue la colline de Rougiers ?

Gérard GIORDANENGO.

Marie-Claire AMOUREITI et Georges COMET, Le livre de l'olivier. Aix, Edisud , 1985 , 175 p., très nombr. iilustr. en noir et couleurs.

Enseignants à l'Université de Provence. les auteurs avaient publiés en 1979 un petit ouvrage intitulé L 'olivier en Provenu. Ils livraient aux amoureux de: cet arbre, à la fois symbole de la Méditerranée et si présent dans notre vic quotidienne, le fruit de leurs recherches ct d'une vivante expérience pédagogique avec k s étudiants de 1'« histoire des techniques agraires. )

Le présent livre reprend ce projet. mais en l'amplifiant considérablement. Il constitue une v(ritahle petite encyclopédie de l'olivier. Tout en conservant un style alerte, qui fait qu'on lit ces pages avec beaucoup d'agrément , M.-C. A. et G.C. disent tOut sur l'arbre, son h;.~toire , ses usages si divers (de la nourriture à l'industrie en passant par la pharmacopée), des procédés de la culture, des modes divers de produire l'huile, etc".

Cette culture est exigeante par les multiples façons culturales nkessaires : taille, soins contre les divers parasites , etc. .. Il faut une dizaine d'années pour qu'un plan produise et 3' pour qu'il soit à maturité et pleine production. Le gd peut tuer l'arbre condamnant l'oléiculteur à des années difficiles. Les problèmes économiques et sociaux, y compris les conflits, ne sont d'ailleurs pas oubliés. Et tous ces points sont traités avec ampleur. jusque dans léurs dimensions internationales (cf. p. 7-10, 73 et sv., 93-98 ... ): des cartes, des graphiques facilitent la compréhension.

Ce qui m'a le plus plu : - d'abord une illuscration abondante, très variée, faisant réAéchir, aussi bien

sur le plan des techniques que dans le domaine culturd ; - les encarts de ttxtes, anciens ou rkents, attirant l'attention entre autres sur

quelques permanences, ou piquant une anecdote qui en dit plus qu'un long discours; - l'aspect pratique de l'ouvrage, ainsi une liste de moulins ouverts; - les' multiples clins d'œil complices. telles quelques bonnes recettes

(expérimentées), des comparaisons entre les images du passé lointain et celles des mêmes gestes accomplis naguère ou aujourd'hui (par ex. pour la fabrication de l'huile).

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Sûrement indispensable à l'oléiculteur, car il est à jour sur les grands problèmes posés par la culture de l'arbre et la commercialisation des produits (par ex. pour la concurrence des huiles de grains, moins ch6-es), Le livre de l'Olivier, apportera un grand plaisir au méridional soucieux de mieux s'expliquer ce «fondement d'un paysage fragile J) et de {( sa» civilisation. 11 devrait aussi intéresser le touriste intelligent en lui fournissant un Hément de compréhension plus profonde du « pays» dans lequel il passe ou séjourne.

La conclusion pourrait donner matière à méditation pour tous: « ,_, L'olivier n'est pas ~ulement un arbre éternel, pc(sent comme par miracle pour la joie des yeux des passants. C'est le témoignage d'un labeur incessant et de l'histoire d'un peuple accroché à son identité culturelle, Lorsque ressurgissent infatigablement les pousses d'un arbre mort, elles nous crient qu'il ne faut pas renoncer. Plus perspicace que nous, le vieil arbre se rit d'une prétendue rationalité économique à laquelle nous ajoutons foi si facilement.»

Marcel BERNOS.

Albert GIRAUD. Un lhédlre populaire au temps de Noël. Invenlaire bibliographique des pastorales thédtrales en Provence. Marseille, Edit. du CNRS, 1984,71 p., nombr. ill., Index.

Dans ses quatre pages d'avant-propos. l'autc'ur précise son dessein: être utile à ceux qui voudraient aller plus loin dans le monde de la pastorale: Après un essai de définition et le relevé des problèmes d'analyse qu'elle pose, il en souligne l'importance pour r étude de la littérature populaire.

Puis l'inventaire se divise en 3 panies :

}O Les nativités et pastorales sacrées antérieures à 1842 (48 nO par ordre chronologique) ;

2° Les pastorales théâtrales: textes imprimés (170 nO, par ordre alphabétique); 3° Les pastOrales théâtrales: textes inédits (153 nO, par ordre alphabétique).

Une illustration variée: photos d'acteurs. de personnages, d'affiches dt spectacles. vient agréablement compléter la connaissance du sujet.

Un ouvrage précieux et sans prétention, qui devrait aider non seulement les chercheurs. les provençalistes. mais aussi les historiens de la littérature ou des mentalités.

Une seule question inquiète. non à l'auteur mais à l'éditeur: ce mince fascicule , au demeurant bien présenté. est vendu - une fois encore 1 - à un prix relativement élevé: 78 F pour 71 p. ! Cela gènera la diffusion qui devrait être le but d'une publication. et sans qu'on comprenne très bien la justification. même si le coût de l'édition est effectivement en hausse.

Marcel BERNOS.

1. Il avait birn fallu fairr déjà c«te « dénonciation » pour des ouvrages précédemment édité par le CNRS : le colloqur LA dkouvtrtt dt la Fran(e au XVII' siMe. 1980; La vilh dts morlS. etC

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Claude BARSOTII: Le Music-Hall marseillais de 1815à 1950. Arles, 1984, 147 p.

C'est un petit volume. mais riche. vivant, amusant que nous offre M. Claude Barsotti, sous le titre Le Music-Hall marsti/lais de 1815 à 1950. L'ouvrage compone une panie historique qui apporte peu, une étude des chanteurs et chansonniers qui exhume de nombreux détails parfaitement oubliés et les textes de chansons dont beaucoup sont charmantes. Citerons-nous Ma bruneta de Rodolphe Serre ou le Salu' à l'Estaque de Marius Bibal ?

L'auteur, pour des raisons faciles à comprendre, a été surtout sensible à l'inspiration de gauche, le chansonnier étant parfois plus sévère que son adversaire politique, comme c'est le cas de Michel Capoduro dans sa chanson Vous Î/eJ désarmés.

Autour de la Préfecture, - Un tas de grands mannequins, - Qui se prétendent républicains, - Ne montrèrent pas leur figure. - Il était pourtant certain , - Que ce jour Gour sanglant !), - Annonçait l'heure unique - Pour sauver la République ...

Ce qui étonne le plus le lecteur, c'est la force de l'anticléricalisme. «L'antiCléricalisme, écrit l'auteur, est présent dans presque toutes les chansons politiques (aprrs 1871). et on le trouve même dans des textes où, a priori, il n'a rien à faire. » Ce qui rejoint les conclusions auxquelles nous étions nous-mêmes arrivés que non seulement l'anticléricalisme: a été très vivace à Marseille. mais qu'il a eu la vie dure jusqu'aux alentours de 1930.

L'indemnité parlementaire n'est pas davantage oubliée par nos chansonniers. On sait combien die fit scandale quand le ministère Clemenceau la fit accorder:

Son pas bistias Son pas bistias Non Si son aumenlats Es ptr si regar/ar

Nous aussi , nous nous régalons à lire ces chansons vigoureuses ou à retrouver une photo de l'Alcazar et de la foule qui le fréquentait encore àla fin des années 1950 Mais comme on eût étonné ces poètes de la rue en leur disant qu'ils chantaient en occitan, alors qu'ils croyaient chanter en metrseillais !

P GUIRAL.

Actes des journées d'histoire régionale, Mouans-Sartoux 16, ] 7 mars 1984. (~Le Village », Publication du Centre régional de Documentation occitane, Mouans­Sanoux, 1981 , 214 p. Dix-neuf communications sur le thème du village en Provence orientale et dans

le comté de Nice depuis les origines jusqu'à nos jours (Ies recensements récents, dont celui de 1982, sont utilisés pour situer l'évolution démographique de l'arrière-pays grassois) forment la substance de ce volume.

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Nous ne pouvons en quelques lignes donner la somme des conclusions et

indications de recherches à poursuivre. tant sont importantes et variées les informations recueillies par chaque auteur.

Nous insisurons sur deux communications qui ont particulièrement retenu notre attention, et-d'abord edle de J .. P. Boyer et A. Venturini sur les consulats ruraux dans le ressort de l'évêché de Nice, soit Saint-Manin-Vésubie, Venanson, Montolieu­Villefranche. Peille. Drap. En marge des consulats urbains dont les origines. l'organisation et le déclin Ont fait l'objet de plusieurs études. il existe, dès la seconde moitié du X.IIe siècle. des consulats ruraux qui disparaissent dans le courant du XIII~ et au début du XIve siècle et dont les pouvoirs paraissent se limiter au ban ou police rurale et au mixte empire ou basse justice. On peut les rattacher, sans qu'il y ait influence directe. à ceux du nord de l'Italie et aussi de la région aixoise et de la basse vallée du Rhône; ils diffèrent des « consulats alpins» autour de Seyne et Barcelonnette en ce sens que leur naissance n'est pas liée à une intervention du comte de Provence. La question qui se pose est de savoir si le nombre de ces consulats ruraux n'a pas été plus nombreux, et s'ils Ont touché d'autres zones que celles retenues jusqu'ici.

Se fondant sur les registres judiciaires des évêques de Fréjus actuellement aux archives vaticanes, H. Bresc analyse avec finesse la configuration et les ressources du castrum médiéval du pays à l'ouest de la Siagne: espace extérieur ou terroir. où s'exerce l'activité pastorale, où se trouvent les champs et les ruches, avec les chapelles rurales et un tr~s faible habitat; espace intérieur enserré entre les murailles. où se concentre la population avec ses rues, ses places et ses installations et édifices communautaires et religieux. Dans la période étudiée qui va de 1300 à 1338. on constate une grande pauvreté allant jusqu'à la misère. due à l'absence de productions spécialisées telles que l'huile et le vin se prêtant à l'exportation . La poursuite des recherches pour les années postérieures ne manquera pas de donner de précieux résultats sur l'évolution que les événements généraux (peste. brigandages. etc.) ont pu entraîner au cours de la seconde moitié du XIve siècle.

A la page 79 (communication sur les demeures nobiliaires) il convient de rectifier le passage qui impute à un « prince nd'Antibes la destruction de la cathrorale de cette ville dans le premier quart du XIlt siècle. Ce sont bien les Sarrasins qui en sont les auteurs. L'acte de Raimond Bérenger p~t et de son épouse Douce de 1125, en faveur de l'évêque Mainfroi, le dit en toutes lettres: « Sancte Marie Antipolitane sedis ecclesie dcstructioni. que propter Sarracenorum incursionem evenerat. compacientes ». (G. Doublet, Recueil des actes concernant les éviques d'Antibes, nO LV, p. 59).

Pour conclure. nous nous rallierons à l'opinion exprimée par J.-G. Da Silva (page 237) qui fait 1'« apologie de l'Histoire totale. entière. à laquelle concourt l'Histoire locale et régionale » et, avec lui. nous exprimerons l'espoir que le pays niçois « gagnera certainement à être étudié dans des perspectives qui se sont mieux définies ces dernières années et avec l'apport de travaux voulus par la communauté villageoise elle-même. n

Ernest HIWESHEIMER.

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MAGUEWNE, Sain/-Gilles au XIII' siècle. Le déclin d'une grande cité, Saint-Gilles, 1983, 48 p .. ill. et Saint-Gilles, aux racines de la Croisade contre les Albigeois, éditions Frémie de Ferrières, 1982,96 p. , ill.

On aurait pu. sans aucun scrupule. laisser définitivement l'ignorance du public et le silence du critique s'appesantir sur ces deux petits livres concernant l'histoire médiévale de Saint-Gilles, si l'auteur - par ailleurs poète et dramaturge - n'avait pris le risque d'annoncer de nouvelles publications, dont il est à craindre qu'elles ne soient de la même veine.

La thèse défendue dans l'un et l'autre ouvrage est celle de la grandeur exceptionnelle, à la fois économique et culturelle, du passé saint-gillois au Xil'siècle, brutalement et irrémédiablement brisée, au début du XIII', par la défaite de la dynastie toulousaine face aux croisés du Nord. Aussi l'A. entreprend-elle, dans Sain/­Gilles au XIII' siècle, de démontrer que la ville fut au cœur des événements, en développant un laborieux récit de la croisade et des rivalités politiques européennes des XII' et XIIl' siècles. Sa version, toute personnelle, de faits bien connus et établis depuis longtemps occupe 37 pages. Saint-Gilles, réduit à la portion congrue (4 pages 1), n'y trouve guère son compte. On chercherait vainement un tableau, même succinct, de la vic économique. sociale. administrative de l'agglomération. Le titre ne reflète donc en rien le contenu.

Cene critique formelle n'est toutefois pas. à notre avis, la plus grave que l'on puisse formuler à l'égard de deux opuscules qui fourmillent d'erreurs en tous genres. d'à-peu-près irritants et d'interprttations partisanes difficilement admissibles. De toute tvidence. J'A. méconnaît non seulement les sources , mais également l'historiographie récente. Que n'a-t-elle lu les livres du Père Vicaire, de Christine Thouzdlier, d'Elie Griffe, ou encore la série des Cahiers de Fanjeaux, qui, depuis plus de vingt ans. s'efforcent de présenter des éclairages neufs sur les grands problèmes religieux du Midi médiéval. Leur apport lui eût évité les jugements hâtifs et les appréciations dépassées qu'elle prononce sur l'Inquisit ion, sur les motivations d'Innocent III ou sur l'action des légats pontificaux. On demeure perplexe devant le parti-pris hagiographique {le malheureux Raimond VI. condamné d'avance par le destin, de surcroît accablé d'insultes par les méchants historiem qui n'ont rien compris; Jeanne de Toulouse. autre victime, « fleuron terminal» d'une race martyre ... ) L'exaspération du lecteur est à son comble lorsqu'on lui inflige le sauvetage des « antiques valeurs gréco-romaines » par les (( catholiques» d'Occitanie. lorsque la Papauté est qualifiée de « féodalité » et que le Grand Schisme d'Occident est l'objet d'un contresens manifeste. L'indignation éclate enfin quand on voit embarqués sur cette galère douteuse des historiens comme E. Magnou-Nortier. dont on a soin de déformer la pensée pour cautionner des arguties des plus discutables.

Si certains travaux d'amateurs forcent le respect et l'admiration par la qualité de leur documentation et le sérieux de leur méthode. tel n'est malheureusement pas le cas ici, Ces deux livres n'apportent rien. ils sont même dangereux par la fausse vision de la réalité historique qu'ils risquent d'imposer à des lecteurs non avertis, Il est, pour une fois. salutaire que leur tirage modeste n'en assure qu'une diffusion restreinte.

Danid LE BLEVEC.

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" La Ga/eota d'A rit ». La capture d'une galire catalane en Camargue en 1469. Texte provençal inédit publié, traduit et annoté par Philippe RIGAUD. Arles, Ed. Meselum, 1984. 39 p.

Sou~ forme d'une plaquene de présentation élégante. nous trouvons non pas un récit de « capture» à proprement parler, mais l'édition d'articles extraits des comptes du trésorir, dr la villr d'Arles (CC 208, 209 et 210) ft relatifs aux suites de l'échouage d'une galiote et d'un brigantin majorquins pr~s de l'embouchure du Grand-Rhône. Lr brigantin avait été détruit par la tempête. mais les hommes. au nombre de 96. étaient tous saufs et sc sont constitués prisonniers. car le roi René était alors en guerre contre l'Aragon.

Ont été inscrits en dépense les frais engagés à l'occasion du renflouage de la galiote et d'une ambassade à Aix. Le produit des rançons Ct des remboursements obtenus des prisonniers a été inscrit en recette. Le comte de Provence s'était r~serv~ 20 prisonniers et certains particuliers. auxquels les hommes s' ruient rendus. reçurent aussi leur part. On est surpris de ne trouver aucune mention du profit que la ville a pu retirer du bâtiment renflou~.

L'~dition que donne Ph. Rigaud du texte provençal des articles de compte: int&essant cet: ~pisode et: la traduction française publi~e en regard forment un ensemble de qualit~ très satisfaisante. (Tout au plus notera-t-on qu'à la p. lü,ligne 4, il semble - au vu de la reproduction donn~e en dernière page de couverture - qu'il faille: lire non pas « y agent ». mais « vagent », à rapprocher peut-être de certaines formes anciennes du verbe f( anar )).) Quelques pages de notes introductives regroupent opportun~ment un cenain nombre de renseignements tir~s pour la plupart du texte roit~ et rdatifs à la vie quotidienne (t matérielle.

Pi<rrr SANTONI.

CHRONIQUE

CONGRES D'AVIGNON (5-6 octobre 1981)

Le 3 3t Congrès de la F~dération historique de Provence a réuni une soixantaine: de participants les j et 6 octobre 198j, à la Facult~ des lettres d'Avignon. Après une allocution de bienvenue de M. Chey mol. pr~sident de l'universit~. l'assembl~e g~n~rale ordinaire a ~cout~ la lecture du rapport moral et du rapport financier.

M. Pierre Guiral. conform~ment à l'intention qu'il avait d~clar~e au précédent congrès. s'est d~mis de son mandat de président de la F6:l~ration. M. Philippe Joutard. professeur à l'universit~ de Provence a &:~ ~lu à l'unanimit~ pour lui succ&ler.

Constitu~s ensuite en assemblée générale extraordinaire, les participants ont vot~ à l'unanimit~ les modifications des statuts de la F&lération proposées par le bureau. Est donc ajout~e au premier paragraphe de l'article j la phrase suivante:

« us présidents des sociét~s titulaires sont ès-qualités, membres du bureau ».