Bertrand Lavoie - C’est moi le profC’est moi le prof ! Licence enqc-13-45989-62696-602287...

D O M I N I Q U E E T C O M P A G N I Eroman lime

Marie Demers

Bertrand Lavoie C’est moi le prof !

Licence enqc-13-45989-62696-602287 accordée le 13 juin 2016 à École des Bons-Vents

À mon grand-père,

Harold Demers

Illustrations : Julien Castanié


Marie Demers

Julie (ma chatte rousse)Douce, paresseuse et ronronnante,voici la plus belle des chattes… et la plus attachante.

Léo Brabant (mon meilleur ami)

Fidèle, drôle et champion de jeux vidéo,

c’est pour ça que je l’aime, mon Léo !

Bertrand Lavoie (moi)Génial, intelligent et entêté, ce sont quelques-unes de mes nombreuses qualités !

Les héros

Madame ReblochonQuand notre directrice rigole encore moins que pas du tout,il faut s’attendre à de terribles conséquences… Bouh !

Monsieur Beauregard

Sérieux et patient,c’est ce qu’il faut

quand on est enseignant.

La grosse LuluGourmande, forte et dissipée,ses passe-temps préférés, c’est manger et cuisiner !

5

CHAPITRE 1

Julie, mon tortellini favori

– Ouvrez vos manuels

à la page 21!

Tout le monde soupire.

Surtout moi. Monsieur

Beauregard, notre

enseignant, soupire aussi,

6

mais pour d’autres raisons.

Il est découragé… de nous

enseigner.

Personne n’aime l’école.

Surtout pas moi, Bertrand

Lavoie. Je suis en 2e année

et je sais déjà tout. Lire.

Écrire. Compter jusqu’à

1 000 ! Je ne comprends

pas pourquoi je dois

gaspiller mes journées

à réciter les tables de calcul

7

mental et à faire des

dictées. Je ne suis pas

le seul à m’ennuyer.

Au lieu d’étudier…

� La grosse Lulu dessine

un cœur en chocolat

sur son pupitre.

� Laura fait des boules

avec la cire de ses oreilles.

� André tire les tresses

de Sandra qui réplique

en lui pinçant les narines.

8

� Sylvie soulève

un dictionnaire pour

raffermir ses biceps.

1-2, 1-2, 1-2…

� Mon meilleur ami,

Léo Brabant, joue à un jeu

vidéo derrière son cahier

de mathématiques.

� Moi, j’écris un poème

sur ma chatte Julie qui

commence par « Julie,

mon tortellini favori ».


9

Tandis que j’essaie

de trouver autre chose

que « pourri » pour rimer

avec « favori », monsieur

Beauregard demande :

– Deux prunes plus

trois prunes, ça fait combien

de prunes ?

+ = ?

10

– J’sais pas, mais je préfère

les ananas ! réplique

la grosse Lulu.

Tout le monde rigole et

un pli de mécontentement

apparaît sur le front

de notre enseignant.

– Deux ananas plus trois

ANANAS, ça fait combien

d’ANANAS ?

+ =?

11

– Ma mère dit que manger

des ananas, ça fait pousser

les cheveux. C’est vrai,

monsieur ?

– Non, euh, oui. Peut-être,

Sylvie.

Monsieur Beauregard

semble vraiment contrarié,

mais je préfère m’occuper

de mon poème « Julie, tu es

plus belle que du macaroni

gris. »?

12

– Léo, ferme ton jeu vidéo !

Récitons ensemble le verbe

écouter à l’imparfait !

J’écoutais, tu écoutais…

Sandra se met à crier

parce qu’André colorie

le bout de ses tresses avec

un crayon-feutre bleu.

Deux nouveaux plis

apparaissent sur le front

de notre enseignant.

14

– Soyez attentifs !

C’est l’heure de la dictée.

Là, c’est moi qui rouspète :

– Pas encore une dictée !

On en a fait une hier !

Les joues de notre

enseignant s’enflamment.

Ça sent l’explosion…

– Vous n’avez pas envie

de travailler ? Vous n’avez

plus besoin de moi ?

Alors, débrouillez-vous !

15

À votre tour d’enseigner

si vous êtes si intelligents !

Monsieur Beauregard

ramasse son cartable,

son imperméable marron

et disparaît en claquant

la porte.

CLAC !

17

CHAPITRE 2

Une réforme de génie !

Un silence de fourmi

s’installe dans la classe.

Les élèves se regardent,

la bouche ouverte, les yeux

écarquillés. C’est la grosse

Lulu qui parle en premier :

18

– Il exagère, monsieur

Beauregard… J’aime juste

pas les prunes !

– Maintenant qu’il est parti,

plus besoin d’aller à l’école,

déclare André.

– Cool, je vais pouvoir

passer tout mon temps

à m’entraîner, se réjouit

Sylvie qui rêve de devenir

lutteuse.

19

– Je ne peux pas retourner

à la maison comme ça !

proteste Sandra. Mes parents

ne me le permettront pas !

– Les miens non plus !

– Qu’est-ce qu’on fait

alors ? demande Léo

en fermant son jeu vidéo.

S’il éteint son jeu vidéo, ça

veut dire que c’est important.

– J’ai une idée ! s’exclame

Lulu. Et si on allait à l’école,

20

mais qu’on ne faisait rien

durant les cours ?

– Rien faire ?

On va s’ennuyer

encore plus ! riposte André.

– On pourrait apporter

nos livres préférés ?

propose Simone.

– Mais j’n’aime pas lire,

moi, répond Laura.

Chacun y va de

ses propres solutions.

21

Ce n’est plus qu’une

question de temps avant

que la classe ne se transforme

en champ de bataille.

Je dois intervenir. Parce que,

moi, Bertrand Lavoie, je suis

vraiment bon pour résoudre

les conflits ! Je me lève.

– Chhhuuut ! Ça ne sert

à rien de se chicaner ! Vous

savez bien que madame

Reblochon (la directrice

de l’école) ne nous laissera

pas faire n’importe quoi !

– Bertrand a raison,

renchérit Léo.

Je pose mon fessier

sur le bureau de monsieur

Beauregard et déclare :

23

– L’école, c’est fait pour

apprendre. On ne peut pas

TOUT changer, mais

on peut… euh… on peut…

Vite, je dois trouver

une idée de génie.

Allez, Bertrand !

– On peut lancer

une réforme !

– C’est quoi une réforme ?

demande André.

– Ça se mange ? fait Lulu.

!!

???

?

!

24

– C’est pour nous mettre

en forme ? questionne

Sylvie.

La vérité, c’est que j’ai

entendu ce mot-là à la télé

hier. Maman m’a expliqué

la signification, mais

je ne m’en souviens plus

très bien. N’empêche,

ça avait l’air intelligent.

Heureusement que Léo

vient à ma rescousse :

???

25

– Une réforme, c’est

comme une transformation

très, très importante. Après,

les choses ne sont

plus du tout pareilles.

Je continue :

– On peut s’enseigner

entre nous des trucs que

les adultes ne comprennent

pas. Pourquoi on

n’inventerait pas

nos propres matières ?

26

– Des matières comme

quoi ? lance quelqu’un.

– Je ne sais pas, moi !

À chacun de trouver

ce qu’il veut enseigner !

27

CHAPITRE 3

Le super programme

Là, tout le monde se met

à penser, penser, penser.

Sandra tortille ses tresses.

André griffonne des idées

avec son crayon-feutre

bleu. Un doigt dans l’oreille,

28

Laura réfléchit.

Léo mâchonne son stylo.

Sylvie étire ses tibias.

Finalement, nous organisons

un super programme :

� Géographie intergalactique (Léo)

� Animaux de compagnie

et zoologie (André)

� Français farfelu (moi)

� Papier mâché et sculpture (Simone)

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� Lutte gréco-romaine (Sylvie)

� Mathématiques dynamiques (la grosse Lulu)

� Anglais et karaoké (Laura)

Contents et confiants,

nous nous dirigeons vers

le bureau de madame

Reblochon pour lui

présenter notre réforme.

***La directrice sursaute

lorsque nous envahissons

30

son bureau. Son secrétaire

crie :

– Il est strictement défendu

d’importuner madame

Reblochon ! Il faut prendre

rendez-vous !

– Je m’en charge, monsieur

Bombardier, dit-elle, laissez-

les entrer. Alors, les enfants !

Que se passe-t-il ?

– Monsieur Beauregard

est parti parce qu’il préfère


31

les prunes et qu’il voudrait

qu’on l’écoute à l’imparfait,

explique la grosse Lulu.

– Pardon ?

Je sens que je dois

intervenir :

– Après avoir discuté

en équipe, on a décidé de

lancer une réforme scolaire.

– Une RÉFORME ?

– Tout à fait, madame

Reblochon. À partir de

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maintenant, on s’occupera

nous-mêmes

de notre éducation !

La directrice s’exclame :

– Alors, les 2e années,

vous pensez vraiment que

vous apprendrez mieux

sans monsieur Beauregard ?

Je réponds avec assurance :

– Oui !

– OUIIIII ! renchérit

toute la classe.

33

Madame Reblochon éclate

d’un rire tonitruant.

– D’accord les enfants,

vous avez une semaine pour

me le prouver. Toutefois,

si votre réforme

ne fonctionne pas,

les conséquences seront…

Elle pose un regard noir

sur chacun d’entre nous

avant de conclure :

34

– Les conséquences seront

TERRIBLES…

35

CHAPITRE 4

Des croquettes au dindon

– Jullliiiiiiie ? Juliiiiiiiie !

Je cherche ma chatte

pour lui raconter

ma journée, mais je tombe

plutôt sur maman.

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– Bonjour, Bertrand !

Et puis, comment ça a été

à l’école ?

– Bien, bien…

Maman qui sait-

tout-devine-tout me

regarde avec les sourcils

en accent circonflexe.

Ça veut dire qu’elle se

doute de quelque chose.

– Bertrand, j’ai reçu

un appel de votre directrice.

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– Ah…

– Aurais-tu quelque chose

à me raconter ?

– …

– Bertrand ! Comment avez-

vous pu décourager autant

monsieur Beauregard ?

– C’est à cause

des ananas…

– Des ananas ? !

– Ben oui…

38

Maman pose une main

sur sa hanche.

– Et qu’est-ce que

vous allez bien pouvoir

vous enseigner entre vous ?

– Hé, ho, petite maman !

Ce n’est pas parce

qu’on est des enfants qu’on

ne connaît pas des trucs

importants ! Léo sait battre

la dragonne-araignée

du niveau 8 du château

39

des chevaliers-fantômes.

Sylvie peut marcher

sur les mains pendant

15 secondes. Simone

fabrique des animaux

en papier mâché et moi….

– D’accord, d’accord.

De toute façon, comme vous

l’a dit madame Reblochon,

vous avez une semaine pour

faire vos preuves. Sinon…


40

– Terribles… Oui, je sais.

Maman semble inquiète.

Je pose un baiser bruyant

sur ses joues pour la rassurer.

– Bon, viens mon Bertrand,

c’est l’heure de souper.

Ton père nous a préparé

des croquettes au dindon.

Wahou ! J’adore ça !

Et ma chatte Julie aussi.

Je vais lui garder la plus

grosse croquette.


41

CHAPITRE 5

Choubichka Choubichka

– Allez hop, Bertrand !

Réveille-toi, on part bientôt

pour l’école !

Je frotte mes yeux

encore remplis de rêves.

Sur mon lit traîne une feuille

42

de papier. On peut y lire :

« Le français farfelu

de Bertrand Lavoie. »

Malheureusement, il n’y a

rien d’autre d’écrit. Hier soir,

au lieu de planifier

mon cours, je me suis

endormi… Oups. Tant pis,

j’improviserai !

Je marche le plus vite

possible en direction

de l’école tout en prenant

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soin d’éviter de piler

sur les lignes du trottoir.

– Bertrand, ralentis !

grommelle maman.

Pour une fois, je suis

vraiment excité à l’idée

d’aller en classe. Ça risque

d’être vraiment rigolo…

***Nous commençons

par Léo et son cours de

géographie intergalactique.


44

Il nous apprend que

les extraterrestres ne sont

pas verts comme tout

le monde le croit, mais

plutôt rayés orange et

rouge. (Mais il ne peut pas

nous expliquer pourquoi.)

Léo nous révèle aussi que

les extraterrestres ne vivent

pas sur la planète Mars,

mais sur une étoile appelée

Choubichka Choubichka.

45

En langue extraterrestre,

ça signifie « là où vivent

les bonshommes

rayés orange et

rouge ». Comme

Léo n’a plus rien

à dire, il nous laisse dessiner

des extraterrestres jusqu’à

la fin de la période. Super !

Durant le cours portant sur

les animaux de compagnie

et la zoologie, André nous

46

présente Mélanie, sa souris.

Il explique que si elle est

blanche et que ses yeux

sont rouges, c’est parce

qu’elle est albinos.

Mélanie, la souris albinos,

ne produit pas suffisamment

de mélanine. Et la mélanine,

c’est ce qui donne la couleur

à la peau. Intéressant…

– Mais moi, je viens

du Gabon, et ma peau est

47

toute noire. Est-ce que ça

veut dire que ma mélanine

à moi est noire ? demande

Sandra.

– Non… Oui… J’sais pas,

bredouille André.

Sylvie marmonne quelque

chose comme « tu devrais

le savoir puisque

c’est toi le prof ».

André repose

Mélanie dans

48

sa cage et retourne

s’asseoir.

C’est à mon tour

d’enseigner mon cours

de français farfelu.

Un frisson me traverse

la colonne vertébrale tandis

que je m’avance devant

mes copains (ou plutôt

mes élèves !). Ils m’observent

avec des pupilles en forme

de point d’interrogation.

50

J’ai une pensée pour

monsieur Beauregard, qui

doit affronter ces mêmes

pupilles tous les jours…

Armé d’une craie, j’écris

sur le tableau noir :

Je pointe du doigt

le premier mot et nous

récitons tous ensemble :

Cour de franssait farphelu.

Issi, on écri come on veu.

Lé règle d’ortografe, cé phini.


51

« Cours de français farfelu.

Ici, on écrit comme on veut.

Les règles d’orthographe,

c’est fini. »

Paola lève la main.

– Alors, on peut vraiment

écrire tout ce qu’on veut

comme on veut ?

– Oui, tant que les sons

restent équivalents.

Par exemple, on peut

épeler « girafe » comme ça :

52

« g-i-r-a-p-h-e » ou

« g-i-r-r-a-f-e », ou encore

« g-i-r-a-f-f-e ». Vous pouvez

même changer

l’orthographe

de vos prénoms !

Moi, j’ai décidé d’écrire

mon nom d’une autre façon :

« Bèrtrent Lavoyx. »

J’inscris mon nouveau

nom au tableau et

mes élèves éclatent de rire.

53

– Comme devoir,

vous devez composer

un poème comique.

La seule règle, c’est d’écrire

des rimes amusantes.

Les points d’interrogation

dans les pupilles

de mes copains ont disparu.

Ils sont remplacés par

des étincelles d’excitation…

Bèrtrent Lavoyx

55

CHAPITRE 6

Les mathématiques dynamiques

Le lendemain matin,

Simone nous montre

comment fabriquer

des pieuvres en papier

mâché. Puis, nous apprenons

à raffermir notre fessier

56

grâce aux exercices

de Sylvie.

Vient ensuite le tour

de la grosse Lulu

et des mathématiques

(la matière que je déteste

le plus)… Il est presque midi

et André rouspète qu’il est

temps d’aller dîner.

– T’inquiète pas,

mon cours ne se déroule

pas ici, mais dans

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la cafétéria, dit Lulu

d’un air mystérieux.

Puis, elle hurle :

– Allez, dépêchez-vous,

le dernier arrivé ressemble

à une crotte de nez !

Au lieu de faire la queue

avec nous, notre nouvelle

prof de math se dirige

vers la cuisine.

Sur le tableau noir, le menu

du jour nous fait saliver :

58

Une fois attablé, André

agrippe sa fourchette, prêt

à attaquer son assiette.

– Non ! Il faut attendre

Lulu ! proteste Léo.

Avant qu’André ne puisse

rouspéter, un grand de

6e année se plante devant

notre table. C’est Arthur,

– Saucisses variées

– Tarte aux pommes– Frites mayonnaise

59

le grand frère de Lulu.

Celle-ci arrive une seconde

plus tard, transportant

deux plateaux remplis

de saucisses de toutes

les couleurs. Lulu prend

son air important.


60

– Mon frère et moi,

on fait un concours tous

les vendredis. On l’appelle

« Que le plus nourri

gagne ! » Préparez-vous à

assister à un impressionnant

duel entre Lulu Vaillant

et Arthur Vaillant.

La semaine dernière,

c’est mon frère qui a gagné

en engouffrant 24 popsicles

à la banane.

61

– Ma langue est restée

jaune pendant quatre jours !

déclare fièrement Arthur.

– Aujourd’hui, je prends

ma revanche, continue Lulu.

Et mon adversaire n’a qu’à

bien se tenir, parce que

ma spécialité, c’est le salé !

Abasourdis, nous

regardons les plateaux

débordants de saucisses.

Quel rapport avec

?? ?

62

les mathématiques ?

Lulu devine notre

questionnement silencieux.

– Votre travail, c’est de

compter ! Vous verrez, c’est

plutôt compliqué. On mange

très vite et vous devrez

garder le compte. Ce sera

votre premier exercice de

mathématiques dynamiques !

Wahou ! Enfin, un cours de

mathématiques intéressant !


63

Moi, je vote pour la grosse

Lulu. J’ai envie qu’elle

gagne contre un grand

de 6e année ! Prof Lulu

nous explique comment

comptabiliser les points :

� Saucisse verte (aux épinards)

= 2 points

� Saucisse rouge (aux tomates)

= 3 points

� Saucisse jaune (au fromage)

= 4 points

64

Laura annonce le départ :

– À vos marques…

prêêêêêêêts ? PARTEZ !

65

CHAPITRE 7

Vingt-trois saucisses multicolores

Lulu empoigne

une première saucisse

au fromage qui descend

à toute vitesse le long

de sa gorge. Stratégique,

Arthur en saisit deux

66

dans chaque poing

et fait des mouvements

de va-et-vient, de l’assiette à

sa bouche. Lulu, impitoyable,

maintient le rythme,

une saucisse à la fois.

Nous faisons bruyamment

le décompte des saucisses

avalées et celui des points

obtenus ! Curieux,

des élèves des autres

classes s’approchent pour

67

assister à la compétition.

L’excitation est

à son comble. « Allez, Lulu !

T’es capable. » « Go, Arthur,

tu vas l’avoir ! »

Le rythme de nos deux

candidats diminue. 15 !

Les coups de mâchoires

d’Arthur ralentissent. 17 !

Lulu fait descendre

ses bouchées avec

de longues gorgées de jus

d’orange. 18 ! Arthur

s’effondre à bout de souffle.

– Ça y est, j’abandonne !

J’en peux plus !

Nous applaudissons

à tout rompre.

– C’est 23 saucisses

pour Lulu ! : 8 au fromage,

7 aux tomates et 8 aux

épinards. Ça fait 69 points

pour Lulu ! YAHOOOOOO !

– Et 19 saucisses

pour Arthur ! : 4 au fromage,

9 aux tomates et 6 aux

épinards ! Ça fait 55 points

70

pour Arthur. Lulu est donc

la grande gagnante !

Bon joueur, Arthur

tend la main à sa sœur :

– C’est bon, tu as

gagné… cette fois-ci !

Nous sommes très fiers

de notre enseignante

de mathématiques.

Une chose est certaine,

compter n’aura jamais été

aussi divertissant.


71

Nous, les 2e années,

nous sommes les pros

de la réforme !

***– MAIS QU’EST-CE

QUI SE PASSE ICI ?

Notre directrice

ne rigole plus du tout.

La cafétéria est sens dessus

dessous. Des bouts

de saucisses traînent

par terre entre de longues

72

coulées de jus d’orange.

Les chaises et les tables

sont dispersées.

Je prends la parole,

parce que je suis vraiment,

VRAIMENT bon pour

résoudre les conflits.

– Madame Reblochon,

ne vous inquiétez pas !

Nous sommes en plein

cours de mathématiques

dynamiques…

73

– PARDON ?

Les yeux de la directrice

sortent de leur orbite.

Ça alors ! Elle ressemble

à une extraterrestre

de Choubichka Choubichka.

En plus, elle a des rayures !

Moi, Bertrand Lavoie,

je commence à me sentir

mal. C’est vrai que nous

avons fait tout un dégât…

74

Heureusement, mon fidèle

ami Léo intervient :

– Madame Reblochon,

nous avons fait

un décompte de saucisses

très compliqué ! Nous nous

excusons. Mais je vous jure

que nous n’avons jamais eu

autant de plaisir à calculer !

– Bon…Vous allez tout

nettoyer. Plus de folies !

C’est compris ? Je vous ai

75

à l’œil, les 2e années.

Souvenez-vous que

les conséquences pourraient

être…

– Terribles, murmure Léo.

OUPS !

77

CHAPITRE 8

Cheezwhiz et Ratakapapouère

– AYAYAYAYE.

ARRÊTEEEUUU, SYLVIE !

hurle Laura.

Sylvie tient les jambes

de Laura emprisonnées

entre les siennes. Sa tête est

78

plantée sous l’aisselle

de notre prof de lutte

gréco-romaine.

– Ça, c’est la prise de l’ours

enragé, explique Sylvie.

Elle consiste à immobiliser

79

l’adversaire dans

une position extrêmement

inconfortable.

– AAAAAAAAARGH !

Sylvie lâche Laura qui,

rouge de colère, se masse

le cou et les épaules.

– Non, mais tu es folle

ou quoi ?

– Hé, ho, c’est la prise

de l’ours enragé, j’y peux

rien, moi.


80

– C’est pas une raison

pour m’étrangler !

– Bon, ça suffit les chichis !

André, c’est ton tour.

Je vais vous montrer la prise

de la lionne en furie.

Tremblotant, André s’avance

vers notre enseignante.

***– Léo, répète après moi,

demande Laura. I am, you

are, he or she is.

81

– I ham, you or,

CHEEZWHIZ.

– Léééo… Ce n’est pas

ce que j’ai dit. D’abord,

en anglais ham, ça veut dire

« jambon ». Quant à am

sans h, c’est le verbe

« être ».

– I HAM, I AM, hurle Léo.

C’est pareil, voyons !

– Non, soupire Laura.

Comme She is et


She is = Cheezwhiz

82

Cheezwhiz ne sont pas

la même chose.

***Léo distribue des copies

d’un air sérieux.

Aujourd’hui, en géographie

intergalactique, nous avons

droit à un examen surprise.

Je retourne la feuille et lis

83

Je lève les yeux

de ma copie et regarde

les copains. Léo, derrière

le pupitre de l’enseignant,

nous encourage

1. Que se passera-t-il à 12 h 27, le 14 avril 2046, sur la planète Choubichka Choubichka ?

2. Qui sont les PlouBlouploublouchkis ?

3. Que fait un Rakapatapouère ?

4. Quel est le nom de mon grand-père ?

????

84

d’un sourire. Les autres,

la bouche grande ouverte,

fixent les questions

impossibles de Léo.

Tout ce que je sais, c’est

que son grand-papa

s’appelle Harold…

– Mais Léo, comment

veux-tu qu’on sache ce que

fait un Ratakapapouère ?

– Tut, tut, tut, me corrige

Léo. Un Rakapatapouère.

85

– Franchement ! Ce test,

c’est n’importe quoi !

dit Sylvie.

– Pardon ?? C’est moi

le prof. Et je ne casse le cou

de personne, contrairement

à TOI, Sylvie Guingois !

Sylvie menace de lui faire

le croc-en-jambe du léopard

noir. Alors, Léo se tait sur-le-

champ. Mais de la fumée

lui sort par les oreilles.

86

Je pousse un long soupir.

C’est encore à moi,

Bertrand Lavoie, régleur

de conflits, d’intervenir.

– Allez, les cocos !!!

On essaye de s’entendre

un peu ? Vous savez que

notre réforme scolaire

DOIT réussir…. Sinon


– TERRIBLES ! répond

la classe en même temps.

87

CHAPITRE 9

Poux laids contre poulets

Tout s’est bien déroulé

aujourd’hui. Simone nous

a montré comment

confectionner des chiens

saucisses en pâte

à modeler. Puis, avec Laura,

88

on a chanté à tue-tête

le dernier succès des Bébés

éclatés, le groupe

de hip-hop de l’heure.

Laura a rappé le dernier

couplet :

« Les bébés éclatés,

oué, oué, y veulent

pas s’habiller, oué,

oué, y vont faire

des pâtés, oué, oué. »

:

:

S u T

S

"

"

u T

u

u

T

89

C’est à mon tour

d’enseigner. Je dois rendre

les copies corrigées

des poèmes comiques.

Le hic, c’est que je n’ai rien

compris. Alors, j’ai vite

abandonné la correction.

Mais, je ne veux pas

que les copains me traitent

de mauvais prof. C’était

mon idée, le français farfelu.

Je dois déchiffrer

90

leurs créations. Pour gagner

du temps, je propose :

– Que diriez-vous

de présenter vos poèmes

rigolos à toute la classe ?

Qui se porte volontaire ?

Excitée, Lulu se lève,

prend une craie et transcrit

son poème au tableau :

Mont poux laid adorrezTa poix tryne, tè kuices, tézèles,

91

Toulè joue re, poure tout joure,SensalmonèleSeront des gusse té, sa vous rez, desvos ré

Lulu se retourne et,

très fière, s’écrie :

– Alors, c’est bien, non ?

Tous les élèves gigotent

sur leur siège, mal à l’aise.

Moi, j’encourage la grosse

Lulu :


92

– Super… Super... Surtout

le deuxième vers !

– Mais que pensez-vous

de la fin ? demande Lulu.

– Euh, j’ai trouvé ça très

triste, dit Léo. J’ai failli

pleurer…

– Quoi ?

– Très, très, très triste,

insiste Léo.

Interloquée, Lulu s’exclame :


93

– Vous n’avez rien

compris à mon poème,

n’est-ce pas ?

– Ben… ça parle de poux

qui sont laids, non ?

tente Laura.

– Mais non, pas de poux

qui sont laids, de POULET !

L’oiseau qui ne sait pas

voler ! Ce qu’on mange

pour souper !

94

D’un air rageur, Lulu écrit :

Mon poulet adoréTa poitrine, tes cuisses, tes ailes,Tous les jours, pour toujours,Sans salmonelleSeront dégustées, savourées, dévorées.

– Alors ? Vous comprenez

maintenant ? insiste Lulu.

95

– Pfffff… Cette idée

aussi d’écrire n’importe

comment, marmonne Léo.

Là, je me fâche.

– Lulu, ton poème

est excellent.

Léo, c’est ton problème

si tu ne comprends rien

au français farfelu !

– Ben moi non plus

j’y comprends rien ! beugle

Sandra.

96

Une chicane-tempête

balaie la classe. Lulu et moi

contre tous les autres.

La directrice entre en coup

de vent dans la classe.

– Qu’est-ce qui se passe

encore ici ?

97

CHAPITRE 10

La terrible conséquence

Madame Reblochon

rigole encore moins

que pas du tout.

– Vous savez quel jour

on est aujourd’hui ?

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Restons calmes. Muets.

Ça va barder.

– Non ? Je vais vous le dire,

moi, quel jour on est.

C’est le jour J. Le jour

où vous devez me montrer

que la réforme scolaire est

un succès sans précédent.

Ne rien dire, ne rien dire,

ne rien dire.

– Et en ce jour où

vous devez me prouver


99

que vous vous débrouillez

mieux seuls, je vous

entends hurler des histoires

de poissons !

– De poulets,

corrige Sandra.

Nous lançons un regard

noir à Sandra.

– Quel est donc le bilan

de votre réforme ? reprend

la directrice. Un poignet

tordu, une cafétéria

100

en désordre, des querelles,

des poèmes impossibles à

comprendre, des mauvaises

notes en géographie…

Et puis quoi encore !

– Je crois que c’est tout,

madame Reblochon,

remarque Laura de sa voix

de souris.

– Eh bien, je vous avais

avertis… Les conséquences

seront terribles !

101

Monstrueuses !

Horripilantes !

– Horripiquoi ?

me chuchote Sylvie à l’oreille.

– Voilà. Vos conséquences,

les voici. Non seulement

votre réforme scolaire

est terminée, mais en plus…

Nos cœurs battent très

fort. Que se passera-t-il ?

Serons-nous forcés

de nettoyer les urinoirs avec

102

nos brosses à dents ? Obligés

de manger des choux

de Bruxelles aux navets

dans une sauce

aux betteraves ?

TOC ! TOC ! TOC !

Quelqu’un cogne très fort

à la porte.

– Ah ! Ah ! Ah ! La voilà,

votre CONSÉQUENCE !

s’exclame madame

Reblochon.

104

Une silhouette étrange

vêtue d’un grand manteau

marron apparaît devant

nous. Elle est grande,

large… épeurante.

Un capuchon dissimule

son visage. Un monstre !?

Mon cœur va sortir

de ma poitrine tellement

je suis énervé ! Léo serre

ma main dans la sienne.

André se dissimule derrière

105

Sandra qui se cache

derrière Sylvie.

Brusquement, l’épouvantail

marron arrache sa cape

et hurle : « SURPRISE ! »

FIOUUUUU, C’EST

MONSIEUR BEAUREGARD !

Sans bien savoir pourquoi,

nous applaudissons,

heureux et soulagés.

Enseigner, c’est plus

compliqué qu’on ne

Clap !Clap !

Clap !

106

le pensait. Ça ne tente plus

à personne de préparer

des cours, de corriger et

surtout, surtout, d’entendre

rouspéter les élèves.

– Tiens, tiens. Vous n’êtes

pas déçus de me voir ?

– NOONNNNN !

– Alors cette réforme ?

– Ça marche pas !

s’écrie Sylvie.

– C’est pourri ! dit Lulu.

107

– Vous êtes donc prêts

pour mon retour ? Vous allez

m’écouter maintenant ?

Être plus gentils ? Patients ?

Obéissants ?

– OOUUIIIII… Promis,

monsieur Beauregard !!!

Monsieur Beauregard

lance un clin d’œil

amusé à madame

Reblochon. Quelque

chose me dit

108

que ces deux-là avaient tout

planifié depuis le début.

Ils ne sont pas fâchés

du tout… même qu’ils se

retiennent pour ne pas

éclater de rire.

– C’est tant mieux,

reprend le prof, parce que

j’ai justement préparé

un cours spécial aujourd’hui.

Notre enseignant sort

dans le corridor et revient

109

quelques minutes plus tard

avec trois énormes bols

débordants de popcorn

coloré. Du popcorn jaune,

du popcorn brun caramel

et du popcorn rouge

betterave.

– Lulu, je dois admettre

que tu m’as inspiré.

Êtes-vous prêts pour

un cours de mathématiques

dynamiques ?

110

Marie DemersEnfant, Marie Demers adorait

la soupe aux crocodiles tout comme Bertrand. C’était même son repas

préféré ! Même si elle a grandi depuis, la jeune auteure conserve plusieurs

points en commun avec son personnage : une envie

sincère de rendre le monde meilleur, un côté espiègle et, surtout, une

imagination débordante !

Aux éditions Dominique et compagnie, Marie Demers

a également écrit Zoé, détective de l’amour, un album illustré plein

d’humour et C’est moi qui décide !, dans la série « Bertrand Lavoie ».

Visite notre site Internet pour en savoir plussur nos auteurs, nos illustrateurs et nos collections :

dominiqueetcompagnie.com

111

DANS LA MÊME SÉRIE

C'est moi qui décide !Pour moi, Bertrand Lavoie, tant que

j’ai maman, papa, les batailles de nouilles, Léo (mon meilleur ami), Julie

(ma chatte rousse) et de la crème glacée aux guimauves multicolores, tout va très, très bien. Enfin, tout allait bien jusqu’à ce que… le premier ministre

démissionne ! Qui va le remplacer ? Tout à coup, un éclair de génie me traverse l’esprit… Un roman hyper dynamique.

Catalogage avant publication de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et Bibliothèque et Archives Canada

Demers, Marie, 1986-C'est moi, le prof !(Collection Grand roman lime; 16)Pour enfants de 7 ans et plus.ISBN 978-2-89686-471-3

I. Castanié, Julien, 1983- . II. Titre.

PS8607.E563C47 2013 jC843'.6 C2013-940787-1PS9607.E563C47 2013

Aucune édition, impression, adaptation ou reproduction de ce texte, par quelque procédé que ce soit, tant électroniqueque mécanique, en particulier par photocopie ou par microfilm ne peut être faite sans l’autorisation écrite de l’éditeur.

© Les éditions Héritage inc. 2013Tous droits réservés

Direction littéraire et artistique : Agnès HuguetRévision et correction : Danielle PatenaudeConception graphique : Nancy Jacques

Dépôt légal : 3e trimestre 2013Bibliothèque et Archives nationales du QuébecBibliothèque et Archives Canada

Dominique et compagnie300, rue ArranSaint-Lambert (Québec) J4R 1K5Téléphone : 514 875-0327Télécopieur : 450 672-5448Courriel : dominiqueetcompagnie@editionsheritage.comwww.dominiqueetcompagnie.com

Imprimé au Canada

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise du Fonds du livre du Canada et par le Conseil des Arts du Canada.

Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Québec par l’entremise du Programme de crédit d’impôt – SODEC – Programme d’aide à l’édition de livres.

Achevé d’imprimer en juillet 2013 sur les presses de

Imprimerie Payette & Simms inc. à Saint-Lambert (Québec)


C’est moi, Bertrand

Lavoie. Je suis en 2e année et je sais

déjà tout. Lire. Écrire. Et compter jusqu’à

1 000 ! Je ne comprends pas pourquoi je dois gaspiller mes journées à réciter les tables

de calcul mental et à faire des dictées. D’ailleurs,

je ne suis pas le seul…

Un roman extra rigolo !

Illustrations : Julien Castanié

dominiqueetcompagnie.comCanada | France | Belgique | SuisseLicence enqc-13-45989-62696-602287 accordée le 13 juin 2016 à

École des Bons-Vents

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