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BEAUFILS ET FILS Comédie en trois actes

de Raoul PRAXY

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DU MÊME AUTEUR

J E F F COMÉDIE-VAUDEVILLE EN 3 ACTES

4 HOMMES, 4 FEMMES. DURÉE 2 H. 30. UN CABINET DE TRAVAIL

Armand de Lannoy, jeune et brillant avocat, est en même temps un homme très à cheval sur les principes et pour lequel une mésalliance est intolérable ! Marié depuis peu de temps avec Suzy, orpheline de mère, il est persuadé que son beau- père est un grand explorateur, ce qui justifie à ses yeux, qu'il ne l'ait encore jamais vu. Or, Jeff, le père de Suzy est en réalité un personnage pittoresque, sympathique, mais fort peu décoratif, qui vit en fait à Paris de 36 métiers, mais surtout des subsides qu'il vient régulièrement soutirer à sa fille. Au cours d'une de ces visites, Jeff, sur le point d'être surpris par un retour inopiné d'Armand, ne trouve rien de mieux que de se déguiser en femme et de se faire passer pour sa propre sœur, soi-disant mariée en Amérique avec un grand duc exilé. Armand commence par « marcher » à fond, puis découvre la vérité et pour confondre Jeff, le contraint à vivre quelques jours sous sa fausse identité. Le pauvre Jeff est en but aux pires complications, à l'arrivée d'un faux grand-duc engagé par Armand, aux assiduités d'un vieux général gâteux, aux poursuites de sa fiancée Zoë, poissonnière en gros. Tout cela pour le plus grand plaisir des spectateurs, pour qui la pièce n'est qu'un éclat de rire du début à la fin. Tout s'arrange, bien entendu, par le pardon d'Armand et le retour de Jeff à sa fiancée éplorée.

COPYRIGHT 1953 BY RAOUL PRAXY

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BEAUFILS ET FILS Comédie en 3 Actes de Raoul PRAXY

PARIS LIBRAIRIE THÉATRALE

EDITIONS BILLAUDOT, Successeur 3, RUE DE MARIVAUX (2 et 14, Rue de L'Échiquier (10

Tous droits d'exécution publique et de reproduction réservés pour tous pays.

N.B. — Toute copie à la main ou reproduction des rôles est formellement interdite par la loi et passible d'amende.

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« BEAUFILS ET FILS » a été représentée pour la premièrè fois sur la scène du théâtre de la Poti- nière le 16 octobre 1952 avec la distribution sui- vante :

Evelyne, 22 ans ...... Jacqueline GAUTHIER M Dupont-Lévy, 50 ans Mady BERRY La femme de chambre Martine de BRETEUIL Pierre Roland, 30 ans .. Jacques MOREL Le valet de chambre .. Camille GUÉRINI M. Dupont-Lévy, 55 ans Robert SELLER M. Beaufils, 57 ans .... MAURICET Le chauffeur de taxi .. DENNEVILLE

Mise en scène de Jacques Dumesnil Décor de Suzanne Reymond

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BEAUFILS ET FILS

ACTE PREMIER Une chambre d'hôtel luxueuse. Dans le fond, une porte donnant sur le cou-

loir. A gauche, une autre porte ouvrant sur la salle de bains. Meubles indispensables : un di- van-lit, une table, deux fauteuils et un para- vent. Une armoire. Un téléphone.

SCÈNE I

PIERRE — LE VALET Au lever du rideau la scène est vide. Brusque-

ment la porte du fond s'ouvre, livrant passage à un jeune homme, en habit, tout ruisselant d'eau.

Il secoue son chapeau haut-de-forme puis le pose sur une chaise. Il va alors dans la salle de bains et en ressort en s'épongeant la figure avec une serviette.

Après avoir, avec beaucoup de mal, décollé et enlevé son habit, il prend son gilet et le tord.

De la poche de celui-ci tombe sa montre. Il la ramasse, l'écoute, la secoue. Elle ne marche plus ! Alors il va sonner et, en attendant que vienne le valet de chambre, il enlève son faux- col qui d'extra-dur est devenu mou. Et comme il essaie vainement d'enlever sa chemise qui lui colle au corps... on frappe.

PIERRE, essayant de décoller sa chemise. — Entrez. (Au valet de chambre qui vient d'en- trer) Quelle heure est-il ?

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LE VALET, regardant sa montre. — Neuf heu- res cinquante-sept.

PIERRE, affolé. — Dix heures... déjà ! LE VALET. — Non Monsieur : 9 heures 57. Si

à l'âge de Monsieur on n'en est pas encore à trois minutes près, au mien, hélas ! cela compte.

PIERRE, se débattant toujours avec sa manche de chemise. — Dix heures !

LE VALET. — Monsieur est en retard pour son train ? PIERRE. — Quel train ? LE VALET. — Généralement, quand un client

s'inquiète de l'heure comme Monsieur, c'est qu'il a un train à prendre.

PIERRE, toujours aux prises avec sa chemise. — Et cette garce qui me colle au corps !

LE VALET, souriant. — Ah ! ça, dame, quand on a une femme dans la peau ! (Sur un regard furieux de Pierre) Je plaisantais.

PIERRE, désagréable. — Cela vous arrive sou- vent ?

LE VALET. — Je suis plutôt d'un naturel gai ! PIERRE, s'exaspérant avec sa manche de che-

mise. — Je n'y arriverai jamais. LE VALET. — Pas de cette façon-là en tout cas. PIERRE. — Je voudrais bien vous voir à ma

place. LE VALET. — Je n'ai pas l'esprit assez inventif

pour me trouver dans un tel état d'humidité par une sécheresse pareille. Qu'est-ce que Monsieur a bien pu faire pour être ainsi trempé ?

PIERRE, s'énervant toujours. — Si on vous le demande...

LE VALET. — Ce n'est pas en tirant ainsi de toutes ses forces sur cette manche que Monsieur

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arrivera à la décoller. (Joignant le geste à la pa- role) Ce qu'il faut avant tout, c'est tirer douce- ment... comme ça... Ah ! mais que Monsieur ne bouge pas. Quand Monsieur remue son bras, ça recolle forcément. Ah ! (ayant décollé une manche) Et d'une !

PIERRE. — Merci !... Maintenant je me dé- brouillerai tout seul. Vous, prenez cet habit, faites-le sécher, donnez-le à repasser et rappor- tez-le moi. Il me le faut dans dix minutes.

LE VALET, prenant l'habit. — Pour me limi ter ainsi dans le temps, Monsieur ne se rend certainement pas compte de l'état exact... de cet habit... Enfin, pour être agréable à Monsieur, je veux bien essayer... mais je ne réponds de rien.

(Il s'éloigne un peu dans la direction de la porte.)

PIERRE, s'énervant à nouveau. — Ah ! cette manche... cette manche...

LE VALET, s'arrêtant et se retournant. — Je n'ai pas voulu contrarier Monsieur, mais j'étais bien certain que Monsieur ne s'en tirerait pas tout seul.

PIERRE, furieux. — Je ne m'en tire pas — parce que c'est la manche droite et que je ne suis pas gaucher.

LE VALET. — C'est un tort. Si Dieu nous a fait deux mains, c'est pour nous servir aussi bien de l'une que de l'autre. On devrait appren- dre aux enfants dès le plus jeune âge...

PIERRE, l'interrompant. — Au lieu de passer votre temps à discourir, vous feriez mieux de m'aider.

LE VALET, aidant Pierre à décoller sa manche droite. — Qu'est-ce que cela va coûter à Mon- sieur !

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PIERRE, acerbe. — Je n'aime pas beaucoup qu'on me fixe le prix des services qu'on me rend. Vous êtes d'ailleurs payé par l'hôtel...

LE VALET, l'interrompant. — Je ne pensais pas à moi lorsque j'ai dit à Monsieur que cela allait lui coûter cher. Mais... (indiquant le ta- pis) à ce tapis qui commence à s imbiber de façon inquiétante ! (Etant parvenu à décoller l'autre manche) Et de deux !

PIERRE. — Maintenant vite ! mon habit. LE VALET. — L'habit seulement ? PIERRE. — Je ne comprends pas... Sans doute

préparez-vous encore quelque bon mot... quel- que plaisanterie spirituelle ?...

LE VALET. — Pour une fois... non Monsieur ! Il n'y avait là aucun sous-entendu. Je pensais seulement au gilet et au pantalon de Monsieur.

PIERRE, commençant à enlever, debout, son pantalon. — Ah ! mais oui, c'est vrai ! (A lui- même) Je ne me vois pas très bien entrant à l'église avec un pantalon en vrille et suintant de partout.

LE VALET, étonné. — Parce que Monsieur va à l'église ? A quelle messe ?

PIERRE, essayant toujours d'enlever son pan- talon. — A la mienne !

LE VALET. — Monsieur se marie ? PIERRE, même jeu. — Si vous n'y voyez pas

d'inconvénient... (au garçon) Le dos, s'il vous plaît !

LE VALET, presque à lui-même. — Avec plai- sir !... Je crois que j'ai trouvé...

PIERRE. — Qu'est-ce que vous avez trouvé ? LE VALET. — La raison de l'état d'humidité

où se trouve Monsieur. Monsieur ayant enterré

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cette nuit sa vie de garçon, des amis de Mon- sieur l'ont, en manière de plaisanterie, douché tout habillé. Ce n'est évidemment pas une farce très spirituelle. Mais elle est classique !... Quand j'ai enterré la mienne...

PIERRE, toujours aux prises avec son panta- lon. — Vous êtes veuf ?

LE VALET. — Hélas ! non !... Oh ! pardon... J'avais oublié que Monsieur allait prendre fem- me !... Je parlais de ma vie de garçon !

PIERRE. — De garçon d'étage ?... LE VALET. — Non, Monsieur... de garçon toul

court... Quand j'ai enterré ma vie de garçon... (Comme Pierre, ne pouvant parvenir à enle-

ver son pantalon debout, va pour s'asseoir sur le fauteuil)

Ah ! non ! PIERRE. — Qu'est-ce qu'il y a ? LE VALET. — La tapisserie de ce fauteuil est,

paraît-il, très ancienne. Si Monsieur veut s'as- seoir — je parle toujours dans l'intérêt de Mon- sieur et pour que Monsieur n'ait pas d'ennuis avec la Direction — que Monsieur aille dans la salle de bains. Il y trouvera deux chaises en bois qui ne risquent absolument rien !

PIERRE. — Ah ! Vous commencez à m'embê- ter avec votre mobilier.

(Il entre dans la salle de bains.) LE VALET, regardant l'habit de Pierre. — On

jurerait qu'on l'a trempé dans un seau d'eau ! (On frappe) Qu'est-ce que c'est ?... (A travers la porte de la salle de bains) Monsieur ! On a frappé !

VOIX DE PIERRE, derrière la porte. — Eh bien ! Ouvrez !...

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LE VALET. — Bien ! (Le valet va ouvrir. Paraît un chauffeur de

taxi.) SCÈNE II

LE VALET — LE CHAUFFEUR LE CHAUFFEUR. — Salut !... LE VALET. — Bonjour ! LE CHAUFFEUR. — Où est-il ? LE VALET. — Qui ? LE CHAUFFEUR. — Le type que j'ai déposé

devant l'hôtel il y a une demi-heure. LE VALET. — Si c'est le 254 que vous récla-

mez... (indiquant la porte de la salle de bains) Il est là, dans la salle de bains.

LE CHAUFFEUR. — Sans blague !... Ah ! ben alors : celui-là c'est un maniaque... un piqué de l'eau... une espèce d'homme-poisson.

(Il va frapper à la porte de la salle de bains et se recule un peu.)

(Pierre ouvre la porte et lance à toute volée son pantalon que le chauffeur reçoit en pleine figure. Puis Pierre referme la porte.)

Eh là ! eh là ! en voilà des façons ! LE VALET, au chauffeur. — Ce pantalon ne

vous était pas destiné. C'est pour moi... Il faut que j'aille le faire sécher et repasser. (Le lui montrant) Vous vous rendez compte !...

SCÈNE III

LE VALET — LE CHAUFFEUR — PIERRE PIERRE, entrant en peignoir de bain : au

chauffeur. — Vous ! Encore ! Qu'est-ce que vous voulez ?

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LE CHAUFFEUR. — L'adresse de la personne qui est dans ma voiture et que vous m'avez dit de ramener chez elle.

PIERRE. — Pour vous la donner, il faudrait que je la connaisse.

LE CHAUFFEUR. — Alors, comme la personne en question dit que l'émotion lui a fait perdre la mémoire, je ne vois pas très bien comment on peut en sortir... Et moi, Monsieur, j'ai une femme... une femme et cinq enfants — et je ne peux pas continuer à perdre mon temps comme ça, sans compter que mon taxi est une vraie piscine.

PIERRE, voyant le valet qui écoute et regarde, fort intéressé. — Eh bien, qu'est-ce que vous faites là, vous, à nous écouter la bouche ouverte au lieu d'aller vous occuper de mon habit ?

LE VALET. — J'y vais, Monsieur... j'y vais... (Il sort.)

SCÈNE IV

PIERRE — LE CHAUFFEUR PIERRE, au chauffeur. — Combien ? LE CHAUFFEUR. — Ce n'est pas à moi de fixer... PIERRE. — Trois mille... LE CHAUFFEUR. — Avec la détérioration de

mon taxi et le temps perdu, c'est peu. PIERRE. — Quatre ?... LE CHAUFFEUR. — Ça n'a rien d'excessif. PIERRE. — Je vais vous les donner... à condi

lion que vous vous engagiez à me débarrasser de cette personne... Puisqu'elle refuse de vous donner son adresse, conduisez-la où vous vou- drez : aux Buttes-Chaumont, au Parc Montsou-

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