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LES AMIS DE RAOUL SALAN LE BULLETIN 2 EME TRIMESTRE 2012 ASSOCIATION «LES AMIS DE RAOUL SALAN» 24, rue alain Chartier - 75015 Paris - www.salan.asso.fr - [email protected] 33 - Disparition de Michel Bésineau - Général Challe : entretien en 1972 avec Jean-Michel Meurice - Recension d’ouvrages récents . Jean-Jacques Susini : Confessions du numéro 2 de l’OAS . Guillaume Zeller : Oran 5 juillet 1962, un massacre oublié . Jean-Noël Pancrazi : La Montagne, récit - Lettre du maréchal Juin au général Salan chef de l’OAS - Directive du général Salan, chef de l’OAS - Manuscrit de la déclaration du général Salan à son procès #

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  • LES AMIS DE RAOUL SALAN

    LE BULLETIN

    2EME TRIMESTRE 2012

    ASSOCIATION «LES AMIS DE RAOUL SALAN»24, rue alain Chartier - 75015 Paris - www.salan.asso.fr - [email protected]

    33

    - Disparition de Michel Bésineau

    - Général Challe : entretien en 1972 avec Jean-Michel Meurice

    - Recension d’ouvrages récents . Jean-Jacques Susini : Confessions du numéro 2 de l’OAS . Guillaume Zeller : Oran 5 juillet 1962, un massacre oublié . Jean-Noël Pancrazi : La Montagne, récit

    - Lettre du maréchal Juin au général Salan chef de l’OAS

    - Directive du général Salan, chef de l’OAS

    - Manuscrit de la déclaration du général Salan à son procès

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    Disparition Le capitaine Michel Besineau nous a quittés vendredi 27 mars 2012, en Argentine où il avait

    rejoint son épouse, Nicole, et son beau-père, le général Gardy après la fin de l’Algérie française.

    Les administrateurs de l’association des Amis de Raoul Salan présentent leurs condoléances les

    plus sincères à Nicole Besineau. Michel Besineau était membre de l’association depuis ses

    origines.

    Nous remercions le capitaine Bonelli de nous autoriser à publier l’hommage qu’il a rendu à son

    compagnon du 1er

    Régiment Etranger de Parachutistes. Avec lui, il avait pris part au coup

    d’Alger du 22 avril 1961, ce qui leur avait valu, à tous deux et à dix autres cadres du régiment

    de comparaître les 6, 7 et 8 juillet 1961 devant un tribunal d’exception, le Tribunal militaire

    (dit "petit tribunal", pour le distinguer du Haut Tribunal militaire) institué sur décision du

    général de Gaulle du 3 mai 1961. Ils furent condamnés à deux ans de prison avec sursis et

    exclus de l’armée.

    Michel Besineau

    Michel Besineau, fils d’officier de marine, prépare à « Ginette » le concours de

    l’ESMIA où il est admis en 1946, promotion Général Leclerc, et choisit

    l’infanterie.

    A la sortie de l’Ecole d’Application, breveté Para en juin 49, il rejoint la

    Légion Etrangère et le 1er

    Régiment Etranger à Bel Abbes : une aventure qui

    va durer 12 ans.

    En avril 50, il part pour l’Indochine et est affecté au 3/5 REI, bataillon

    entièrement jauni avec les NUNGS. Ce bataillon, après une période

    opérationnelle dans la région d’Haï Phong, participe à toutes les opérations de

    1951 autour de Thaï Binh puis aux combats de la Rivière Noire. Il y sera

    blessé, trois fois cité et reçoit la Légion d’honneur.

    De retour à Bel Abbes, il encadre au 1er

    Etranger un peloton d’élèves sous-

    officiers, puis, repart en Indochine en 1954.

    Avec le 5ème

    REI, il participe aux derniers combats et assure le repli de Hanoï.

    Nommé aide de camp du Général Cogny, il quitte l’Indochine avec lui en mai

    1955.

    Il regagne alors le 1er

    Etranger et épouse Nicole Gardy, fille du général

    commandant le GAL et obtient son affectation au 1er

    REP.

    Participe à la tête de la compagnie portée aux diverses opérations, débarque à

    Suez où le combat tourne court, il est alors affecté au peloton ALAT de la 10ème

    DP et rejoint, à nouveau, le 1er

    REP jusqu’au putsch des Généraux.

    Bilan : Officier de la légion d’Honneur, titulaire de 7 citations, auxquelles

    s’ajoutent in fine la cassation du grade et la radiation de la légion d’Honneur.

    Désormais, ce sera l’exil : les haines gouvernementales ne désarment pas. Il

    faut quitter l’Espagne. L’Argentine offrira au final un asile sûr et le départ

    pour une nouvelle existence.

    C’est là que le Capitaine Michel Besineau, rétabli dans son grade et dans son

    honneur, va s’éteindre le 29 avril 2012.

    Un saint homme nous a quittés, avec Honneur et Fidélité.

    Dominique Bonelli

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    Arnaud de Gorostarzu qui l’a bien connu –

    son frère Bertand s’est également exilé en

    Argentine – a bien voulu partager quelques

    souvenirs avec les lecteurs du bulletin.

    Arnaud et Bertrand, dans leur enfance, ont

    fréquenté la même institution scolaire que

    Michel Besineau, le collège des jésuites de

    Tivoli à Bordeaux.

    Arnaud se souvient que, lors de la

    cérémonie officielle du 11 novembre 1961

    à Saint Vincent de Thyrosse, son frère

    Bertrand et Michel Besineau ont déposé

    une gerbe tricolore au monument aux

    morts à la mémoire des morts pour la

    Défense de l’Algérie.

    Ultérieurement, Arnaud de Gorostarzu,

    accompagné de son épouse Elizabeth, a

    conduit Michel Besineau, surveillé par la

    police, à l’aéroport de Madrid d’où il s’est

    envolé pour rejoindre son épouse et son

    beau-père en Argentine.

    A Na San, le général Salan décore le fanion de la 10ème

    Compagnie du 3ème

    Bataillon du 5ème

    R.E.I.

    Quelques éléments biographiques supplémentaires complètent cette évocation d’un officier qui

    a observé toute sa vie la devise de la légion étrangère : Honneur et Fidélité.

    Michel Besineau est né le 8 décembre 1927 à Toulon, il est le sixième enfant de Gaston

    Besineau et de son épouse née Jeanne-Marie Pinsolle. Il a trois frères plus âgés et trois soeurs

    dont l’une est sa cadette. L’un de ses frères, Jacques, sera jésuite, grand spécialiste du Japon.

    Son père est officier de marine. Né en 1889, il fait une guerre brillante, après l’Ecole Navale,

    qui lui vaut la Légion d’honneur et une citation à l’ordre de l’Armée en février 1918 pour la

    conduite d’opérations de dragage extrêmement dangereuses. Très bien noté, en particulier par

    l’amiral Castex, le capitaine de vaisseau Besineau prend le commandement du croiseur

    Duquesne sur décret du président de la République du 11 octobre 1939. Le Duquesne fait partie

    de la force X qui se trouve bloquée à Alexandrie de juillet 1940 à juillet 1943. Dégagé des

    cadres à compter du 20 mai 1944, Gaston Besineau rejoint Bordeaux où, à la sortie de la guerre,

    il appartient à la section Industrie de la délégation départementale du Ministère de la

    Reconstruction. Il meurt le 31 juillet 1971 à Arcachon.

    Cet environnement familial conduit Michel Besineau à présenter l’école spéciale militaire

    interarmes qu’il intègre en 1946. Sa promotion, Général Leclerc, comptera 70 morts pour la

    France. Il y a pour camarade Lucien Catelotte qui participera également au coup d’Alger et sera

    condamné avec lui. La légion pour Michel Besineau, ce sera, outre Bel-Abbès, le 3ème

    bataillon

    du 5ème

    R.E.I. en Indochine et le 1er

    R.E.P. en Algérie.

    Lors des journées d’avril 1961, Michel Besineau joue un rôle capital : c’est lui que le général

    Challe, arrivé clandestinement à Alger, envoie dans l’après-midi du 21 avril demander au

    commandant de Saint-Marc de venir le voir. Accompagné de Michel Besineau, Hélie de Saint-

    Marc vient à Alger où il va donner son accord au général Challe (voir le numéro 28 du bulletin).

    Le soir même, Saint-Marc et Besineau et leurs épouses dînent avec le général Saint-Hillier à

    Zéralda.

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    Lors de son procès, le capitaine Besineau dira que ce fut une épreuve particulièrement pénible

    sachant qu’il lui faudrait peut-être procéder à l’arrestation du général le lendemain. Après le

    verdict, Michel Besineau et neuf de ses compagnons, dont le capitaine Rubin de Servens,

    présentent une requête au Conseil d’Etat tendant à l’annulation pour excès de pouvoir de la

    décision du Président de la République créant le tribunal militaire en vertu des pouvoirs donnés

    à celui-ci par l’article 16 de la Constitution. Cette requête est rejetée par l’arrêt rendu

    le 2 mars 1962 (arrêt connu sous le nom d’arrêt Rubin de

    Servens). Le Conseil d’Etat considère en effet que la

    décision du Président de la République est du domaine

    législatif et se déclare donc incompétent. Ce qui se

    discute, d’autant plus que quelques mois plus tard, le

    19 octobre 1962, le Conseil d’Etat annule (par l’arrêt

    "Canal") l’ordonnance créant la Cour Militaire de

    Justice.

    Michel Besineau, surveillé en permanence par la police

    française, rejoint son beau-père en Argentine; il y est

    établi à Misión Tacaaglé au sein d’une population en

    majorité d’indiens guaranis, dans la province de

    Formosa (à l’époque "îlot de calme et de paix dans une

    Amérique du sud en fermentation", dixit le général

    Gardy dans une lettre de 1971 au général Salan), non

    loin de la frontière avec le Paraguay. Ultérieurement,

    Michel et Nicole Besineau s’établissent dans les

    environs de Buenos-Aires.

    Michel Besineau était titulaire de sept citations.

    Fiche extraite du Répertoire des activistes

    à arrêter ou à surveiller

    Venue dans le Constantinois au début de 1958 de Jacques Chaban-Delmas, ministre de la Défense Nationale.

    Michel Besineau est au centre de la photographie, le premier sur la gauche des officiers du 1er

    R.E.P.

    Derrière lui, à gauche, le lieutenant Roger Degueldre. On reconnaît également le général Vanuxem.

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    Le général Challe Le général Challe a été parfois critiqué par des partisans et des acteurs de la résistance française

    en Algérie pour avoir décidé de stopper le coup d’Alger d’avril 1961 au bout de quatre jours.

    Pour comprendre cette décision, il faut lire son livre "Notre Révolte". Un autre document est

    apparu au grand jour cette année. Il s’agit d’un court extrait d’un long entretien filmé avec le

    général Challe réalisé en 1972 par Jean-Michel Meurice. Qui est Jean-Michel Meurice ? C’est

    un peintre, un réalisateur de documentaires et un homme de télévision ; il a été dans les

    "inventeurs" de la chaîne de télévision Arte. En 1960-62, il fait son service militaire comme

    sous-lieutenant à Alger. Il est témoin du coup d’Alger et du massacre de la rue d’Isly. Sur le

    moment, comme beaucoup de militaires du contingent, il est opposé aux "généraux d’Alger". En

    1972, il réalise l’entretien cité qui est interdit de diffusion à la télévision (Pierre Desgraupes,

    opposant à cette censure fut licencié de l’O.R.T.F.). Son point de vue sur la révolte des généraux

    évolue progressivement. En 2012, il réalise un documentaire pour Arte (avec Benjamin Stora

    comme paravent) intitulé "Algérie, notre histoire". Y figurent des entretiens avec le

    commandant de Saint-Marc, le général Challe et le lieutenant Durand-Ruel, ancien du 1er

    R.E.P.

    qui est devenu un ami proche.

    Quelques citations extraites des commentaires de Jean-Michel Meurice :

    - A propos de sa position d’avril 1961 sur le coup d’Alger : "Je saurai plus tard le danger

    des jugements trop rapides"

    - "Ce qui est légal n’est pas toujours légitime"

    - "Malheur aux vaincus. C’est toujours les vainqueurs qui écrivent l’Histoire"

    - A propos des généraux d’Alger : "Je mesurais mieux combien ils avaient fait un choix

    difficile"

    - A propos du général Challe : "Il n’était ni ambitieux ni fanatique (allusion aux propos du

    général de Gaulle lors de son discours du avril 1961) mais tout simplement intègre et

    convaincu"

    Voilà comment un homme honnête, intelligent et sensible en vient à comprendre et à admirer les

    hommes qui, pour ne pas renier leur parole, se sont révoltés et l’ont payé au prix fort.

    Entretien de Jean-Michel Meurice avec le général Challe (transcription de l’enregistrement)

    Le général Challe répond d’une voix sourde aux questions de Jean-Michel Meurice ; il est déjà

    atteint du cancer de la gorge qui l’emportera.

    Je ne suis pas un révolutionnaire professionnel. J’ai peut-être tort mais c’est ainsi. Il a fallu

    beaucoup de choses pour me pousser à la révolte.

    Mais pourtant, en avril 1961, on vous retrouve à la tête du complot.

    Parce qu’entre temps on est encore venu me trouver un certain nombre de fois et qu’on m’a dit

    que l’armée d’Algérie me suivrait si je faisais quelque chose. Et puis que l’on parlait des

    préliminaires d’Evian.

    J’ai pensé qu’avant ce que je considérais comme devant être une catastrophe et qui, à mon

    sens, a été et demeure une catastrophe pour tous les algériens quels qu’ils soient, il fallait que

    je fasse quelque chose. Il fallait que je tienne la parole que j’avais donnée – parce que le

    gouvernement m’en avait prié – cette parole que j’avais donnée à des milliers et des milliers

    de pieds noirs et de musulmans. Et c’est pour tenir cette parole que je suis revenu à Alger en

    révolte contre le gouvernement qui, entre temps, avait changé de politique alors qu’on ne

    change pas de politique dans cette guerre révolutionnaire. Ce n’est pas possible.

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    Aviez-vous préparé le putsch ?

    Non

    Quelles étaient vos chances de succès ?

    Je ne le savais pas en partant. Si le sang

    avait coulé, j’aurais probablement gagné.

    Peut-être ai-je eu tort, le premier jour, de ne

    pas faire procéder à des exécutions

    sommaires. J’ai pensé que ce n’était pas

    nécessaire. C’est tout. Nous n’avons pas

    gagné. Je n’ai pas gagné. C’est tout.

    Je le regrette d’ailleurs pour l’Algérie et pour la France et pour l’Europe. Enfin, c’est ainsi.

    Vous aviez l’impression que vous auriez pu changer le cours de l’histoire ?

    On peut toujours – peut-être – changer le cours de l’histoire.

    Lorsque vous vous êtes rendu et que vous

    avez regagné Paris, quels étaient vos

    sentiments ?

    Là aussi, on m’a donné beaucoup de

    conseils après coup. Mes sentiments ?

    C’est que nous avions perdu et que je ne

    pouvais pas laisser payer tout seuls ceux

    qui s’étaient révoltés sous mon nom. Il est

    normal – ce n’est pas un acte d’héroïsme –

    c’est normal chez un officier moyen.

    J’ai donc pris la décision de me livrer. Si j’avais pensé qu’il y eut encore une chance, la

    moindre chance, je ne me serais pas livré. Puis j’ai pensé que puisqu’il n’y avait plus de

    chance, il fallait que je le fasse.

    Et puis, j’avais une petite arrière-pensée.

    Je me suis dit : Si de Gaulle ne me fait pas

    fusiller tout de suite, ou s’il y a une ombre

    de tribunal, j’aurai encore quelque chose à

    dire, dans mes derniers moments, devant ce

    tribunal. Peut-être que le peuple français

    comprendra. Et vraiment, j’ai été jugé ; je

    n’ai pas été fusillé. J’ai été jugé. J’ai dit ce

    que je croyais devoir dire et on ne m’a pas

    compris. Je le regrette.

    La totalité de l’entretien n’est actuellement pas accessible. Il faut souhaiter qu’elle le devienne

    pour servir à l’histoire de ce temps.

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    Livres publiés récemment

    Confessions du N°2 de l’O.A.S.

    Bertrand Legendre Entretiens avec Jean-Jacques Susini

    Les Arènes 185 p. Février 2012 17€50

    Ce sont les entretiens de Jean-Jacques

    Susini avec un journaliste, ancien du

    Monde, Bernard le Gendre. Ils ont duré

    vingt heures Jean Jacques Susini n’en pas

    été très satisfait. Pour lui son

    interlocuteur « n’a pas compris le sens du

    combat de l’OAS ». Mais au moins cela lui

    a permis de s’exprimer. Alors que depuis

    1962, il n’a pas cessé d’être mis en

    accusation, y compris dans son propre

    camp.

    On a droit d’abord à sa biographie. Corse, né à Alger en 1933 dans une famille modeste, il a

    été très tôt plongé dans la politique. Jeune RPF en 1951, activiste en métropole au moment du

    13mai, de retour à Alger, organisateur avec Ortiz d’un mouvement Algérie Française. Ensuite,

    arrêté après les barricades, il fut condamné à deux ans de prison avec sursis mais prit le

    chemin de l’Espagne pour rejoindre le Général Salan qu’il suit en Algérie au moment du

    putsch. Il passe dans la clandestinité et devient l’un des hauts responsables de l’OAS. Après

    des péripéties, il quitte l’Algérie clandestinement en juillet 1962.

    Sur l’O.A.S., Susini est d’une brutale franchise. Il parle avec sympathie des colonels et

    notamment du colonel Broizat (peu connu) mais estime que les militaires ont accaparé le

    pouvoir alors qu’ils n’étaient pas formés pour un combat souterrain. Et par exemple un

    homme comme Degueldre n’a pas eu l’importance qu’il méritait dans la hiérarchie de

    l’Organisation. Quant au général Salan, dont Susini a été très proche, il le traite avec respect

    mais estime qu’il a été quelque dépassé (notamment en métropole) et qu’il a vécu

    douloureusement les derniers épisodes d’un combat désespéré.

    Ceci n’a pas empêché l’O.A.S. de se développer et de connaitre, fin 1961, des succès en

    pratiquant l’intoxication, l’agit prop et la violence comme levier. Sur ce point, Susini ne

    regrette rien. Ni les exécutions des policiers (voir Gavoury) et des militaires anti-OAS, ni la

    purge qui frappa Leroy et Villard accusés de préparer un putsch interne. Sur ce point, il aurait

    pu se référer aux souvenirs de Jean Morin délégué général du gouvernement qui confirme

    que les deux hommes avaient engagé des contacts imprudents avec le pouvoir officiel les

    poussant à une partition (chimérique) de l’Algérie. Sur d’autres épisodes, le 26 mars, le siège

    de Bab El Oued, l’échec des maquis, les arrestations au sommet, Susini est prudent. Comme

    le souligne son interlocuteur... Reste le gros morceau, les accords à la fin de la guerre

    d’Algérie avec certains représentants du F.L.N. pour que des Européens puissent rester dans

    l’Algérie indépendante.et même partagent le nouveau pouvoir. Ce fut un échec. Aux causes

    multiples. Le gouvernement français ne le soutient pas. Farés (l’un des négociateurs) est un

    personnage falot. L’exode massif des Européens privait l’OAS d’une base solide et il ne lui

    restait que peu d’hommes pour tenir tête aux forces massives du F.L.N.. Cependant là aussi

    les mémoires de Reda Malek (le plus remarquable des négociateurs d’Evian) démontrent que

    le F.L.N. fut très ébranlé par ces accords qui accentuèrent les luttes entre G.P.R.A. et C.N.R.A.

    (mais du côté C.N.R.A. il y avait les forces militaires de Boumedienne). Il faut donc replacer

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    les choses dans leur contexte. Susini a eu le mérite d’arrêter une escalade de plus en plus

    meurtrière et inutile Son entreprise était risquée, voire impossible. Mais il a été très facile

    d’en faire un bouc émissaire. Ceux qui ont vécu sur place (nous insistons) les derniers jours

    de l’Algérie Française sont plus modérés dans leur jugement. Il y eut ensuite l’exil en Italie, le

    dernier attentat sérieux (le mont Faron), la trouble affaire Gorel, un court engagement au

    Front National. Jean-Jacques Susini a été mêlé à ces épisodes. Il lui reste sans doute encore à

    dire… Dans l’ensemble, ce fut un personnage clé, étonnant, sorti d’un roman de Raymond

    Abellio.

    Jean Paul Angelelli

    Oran 5 juillet 1962 Un massacre oublié

    Guillaume Zeller

    Tallandier 223 p. Mars 2012 16,90€

    En jugeant ce livre comme la meilleure synthèse

    écrite sur cette journée sinistre, que l’on ne nous

    accuse pas de complaisance pour le petit-fils du

    général André Zeller. C’est aussi le jugement de

    son préfacier Philippe Labro (étonnant quand on

    se souvient de « Les Feux mal éteints » de 1962)

    évoquant « un massacre oublié » (sous-titre du

    livre). On doit ajouter : pas par tout le monde. Car,

    avant Guillaume Zeller, plusieurs auteurs comme

    Jean Monneret, Geneviève de Ternant, le père de

    Laparre, Madame Ducos-Ader, Serge Lentz en avaient parlé et avaient ouvert des brèches

    dans le barrage officiel. Guillaume Zeller les a lus, les cite, les confronte…D’abord, il évoque

    le passé de cette ville, la plus vivante d’Algérie, parfois un peu caricaturée (Oron et les

    Oronais disaient, imitant leur accent, les Algérois jaloux), ville qui était aussi la plus

    européenne numériquement de toutes les grandes villes d’Algérie. Un peu en retrait sur Alger

    jusqu’en 1959-60, la ville s’embrasa en 1961-62 avec une explosion de violences réciproques

    évoquant – et ce n’est pas un hasard – la guerre civile espagnole qui avait marqué une partie

    de sa population…Terrorisme sans pitié de l’O.A.S. et du F.L.N., dure répression des forces

    de l’ordre. Oran la mort, Oran la maudite… Oran fut d’ailleurs la véritable capitale d’une

    résistance (remarquablement structurée) à la politique officielle. Début juillet 1962, début de

    l’Algérie indépendante, quelques jours de calme… Et, brutalement, le 5 juillet et l’horreur qui

    submerge la ville. Pourquoi cette populace déchaînée contre la population européenne, ces

    enlèvements, ces chasses à l’homme, cette boucherie ?..

    Y a-t-il eu préméditation ? Guillaume Zeller utilise un ton froid pour soulever quelques

    hypothèses qui pour l’instant ne peuvent être prouvées. La plus controversée est celle d’une

    manipulation provenant des forces F.L.N. venues du Maroc, commandée par Boumedienne

    (rejoint par Ben Bella) occupant Tlemcen. Ils avaient intérêt à saper le pouvoir légal (le

    G.P.R.A.) qui s’était fixé à Alger où, notons-le, le préfet avait ordonné un couvre-feu à partir

    de cinq heures de l’après-midi (en plein été !).

    Ce qui est le plus insupportable, c’est l’attitude du chef des troupes françaises à Oran, le

    général Katz, qui commanda à ses milliers d’hommes de rester l’arme au pied sous prétexte

    qu’il ne recevait pas d’ordres supérieurs… Katz, plus tard, essaya de s’en expliquer. Il reçut

    une brillante promotion mais le déshonneur le poursuivra le reste de son existence… A noter

    que, localement, il y eut des désobéissances héroïques comme celle du capitaine Rabah Keliff

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    qui sauva des raflés et fut sanctionné ensuite. Il y eut aussi des musulmans qui intervinrent et

    sauvèrent des gens qu’ils connaissaient.

    Autre sujet très discuté, combien de victimes ? Les autorités algériennes les minimisèrent :

    quelques dizaines. Du côté des survivants, il y eut des surenchères. Jusqu’à 3000 !... La

    confrontation des témoignages, des recherches, des recoupements aboutit à un bilan de 700

    massacrés et disparus ; ce qui en fait la journée la plus meurtrière de toute la guerre d’Algérie.

    Une guerre en principe terminée le 19 mars 1962… Sait-on encore tout ? Pas sûr. Toutes les

    archives, surtout algériennes, sont loin d’être ouvertes… Ce qui est sûr, et le livre de

    Guillaume Zeller y contribue magistralement – d’autant qu’il a été très cité – c’est que, si la

    désinformation continue (des chiffres étonnants sur le nombre d’oranais restés sur place après

    le 5 juillet), le silence n’est plus possible. Ces « morts sans sépulture » sont entrés désormais

    dans la mémoire nationale, au-delà de notre mémoire. Ils n’en sortiront plus.

    Jean-Paul Angelelli

    La Montagne

    Récit

    Jean-Noël Pancrazi

    Gallimard 91 p. Février 2012 10 €

    Jean-Noël Pancrazi est né le 28 avril 1949 à

    Sétif. Son père est comptable, sa mère est

    institutrice. Venu en métropole en 1962, il fait

    ses études à Perpignan puis à la Sorbonne.

    Agrégé, il est professeur de lettres jusqu’en

    1990. Il publie un premier roman à trente ans

    puis obtient le prix Médicis en 1990 pour Les

    Quartiers d’hiver, le prix Valéry Larbaud en

    1994 pour Le silence des passions et le Grand

    Prix du Roman de l’Académie française en

    2006 pour Les Dollars des sables.

    Il est membre du jury du prix Renaudot. Son dernier livre serait passé inaperçu à nos yeux si

    Michel Déon, de l’Académie Française, n’avait attiré notre attention sur ce récit, poignant :

    "Craignez un serrement de cœur".

    Le narrateur a huit ans. Son père est minotier dans une petite ville des Aurès, Il ne suit pas ses

    camarades de classe. Le frère d’un chauffeur les a invités dans la camionnette de la minoterie

    à faire un tour dans la montagne, lieu chargé à leurs yeux de trésors cachés. Une telle

    excursion est interdite en raison des événements. Ils y sont tous égorgés. L’horreur que vivent

    les enfants survivants, les parents des enfants, l’auteur la dit, sans pathos. Et c’est encore plus

    fort.

    Puis c’est l’exode, les parents des petits camarades qui regardent une dernière fois la

    montagne comme si elle pouvait leur rendre leurs fils, l’arrivée dans une métropole bien peu

    accueillante et, dans la classe, la présence, absente mais insistante, de ses camarades disparus.

    Qui dure depuis cinquante ans. Ce souvenir, l’auteur a mis très très longtemps, cinquante ans,

    à l’affronter. Il l’écrit enfin.

    Le récit, transcendant toute récupération politique, est une manifestation supplémentaire que

    le drame de la fin de l’Algérie française ne passe pas. Il laisse des blessures non cicatrisables.

    Bernard Zeller

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    Maréchal Juin au général Salan

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    Transcription de la lettre du maréchal Juin au général Salan

    Paris 7/3/62

    Mon général, on m’a bien remis hier soir 6 mars votre message du 2 mars sur la façon dont

    le Pouvoir entend résoudre aujourd’hui le problème algérien. Vous connaissiez déjà mon

    opinion à ce sujet, ayant fait maintes déclarations qui toutes s’inspirent d’idées et de

    sentiments que nous partageons.

    C’est vous dire qu’en tant que pied noir et plus encore peut-être parce que je suis français,

    combien je comprends votre état d’âme. Je ne l’ai jamais dissimulé ce qui m’a conduit voilà

    plus d’un an 1/2 à rompre avec le pouvoir.

    Je resterai donc dans cette ligne aussi longtemps que ce dit pouvoir ne modifiera pas la

    sienne que j'estime fondée sur des idées fausses plus propres à diviser qu'à rassembler. Je

    demeure inquiet toutefois par les mesures que pourrait prendre le gouvernement en vue de

    faciliter l'introduction en Algérie de forces F.L.N., me réservant de lancer le cas échéant un

    appel pour éviter que la résistance que vous incarnez ne soit acculée, non à un Sedan mais à

    un Dien Bien Phu. Je ne pense pas que notre armée d'Algérie, bien que fortement travaillée

    depuis les événements d'avril dernier, accepte d'un cœur léger d'agir par la violence contre

    la résistance. A quelques exceptions près, elle sera plutôt neutre. Mais de grâce, gardez-vous

    vous-même de la violence en métropole. Elle n'a servi qu'à vous faire accuser de fascisme ce

    qui n'est pas vrai.

    Nous sommes nombreux qui admirons vos efforts courageux. Que Dieu vous aide et vous

    garde.

    A. Juin

    Cette lettre est, à notre connaissance, publiée pour la première fois. Le soutien du maréchal

    Juin à l’action du général Salan, alors chef de l’O.A.S., avec une restriction pour certaines

    formes de celle-ci en métropole, y apparaît explicite.

    Or, lors du procès du général Salan, un peu plus de deux mois après l’envoi de cette lettre, le

    maréchal Juin décide de ne pas se présenter à l’audience à laquelle il est cité. Il fait parvenir

    une note résumant le courrier qu’il avait fait parvenir au président de la République après

    divulgation d’extraits de la lettre au général Salan. Cette note veut être un démenti du contenu

    de celle-ci. Il écrit que c’était une fin de non-recevoir aux sollicitations du général Salan,

    qu’il savait d’avance que son action était vouée à l’échec et que son style s’est laissé

    influencé par la pitié que lui inspire les désespérés

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    Directive du général Salan, chef de l’O.A.S

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    Déclaration du général Salan à son procès

    Première page, de la main du général Salan, de son projet de déclaration devant le Haut tribunal militaire

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    Transcription du projet manuscrit de déclaration

    Monsieur le Président,

    Je suis devant vous pour répondre des actes qui me sont reprochés et puisque vous me

    demandez de m’expliquer, voici ce que j’ai à vous dire.

    Je suis le chef de l’O.A.S. . Etant le chef ma responsabilité est entière ; je la revendique et je

    n’entends pas me soustraire à la ligne de conduite qui fut la mienne pendant quarante-deux

    ans de commandement aux différents échelons de la hiérarchie militaire. Je l’ai du reste

    spécifié, M. le Président, lors du procès du général Jouhaud.

    Ma jeunesse, toute ma carrière, sont marqués par cet Idéal de la France terre d’Empire. J’ai

    voulu être officier colonial, je le suis devenu et je me suis battu pour garder à la Patrie ses

    terres extérieures, mon corps en garde les traces profondes. La France pour moi ne pouvait

    être l’hexagone aux contours harmonieux certes mais à la superficie petite. La France c’était

    tout ce qu’elle avait projeté sur les contrées lointaines, tout ce que son génie, son

    rayonnement, sa générosité avaient apporté à ces populations si heureuses de vivre à l’abri

    de notre drapeau et sous notre protection.

    Texte effectivement prononcé (Le Procès du Général Raoul Salan, p.75, Nouvelles Editions

    Latines, juin 1962)

    Je suis le chef de l’O.A.S.. Ma responsabilité est donc entière. Je la revendique, n’entendant

    pas m’écarter d’une ligne de conduite qui fut la mienne pendant quarante-deux ans de

    commandement.

    Je ne suis pas un chef de bande, mais un général français représentant l’armée victorieuse,

    et non l’armée vaincue.

    A la différence de celui qui vous demande licence de me tuer, j’ai servi le plus souvent hors

    de la métropole. J’ai voulu devenir officier colonial, je le suis devenu. Je me suis battu pour

    garder à la patrie l’empire de Galliéni, de Lyautey et du Père de Foucauld. Mon corps a

    conservé les traces profondes de ce combat.

    J’ai fait rayonner la France aux antipodes. J’ai commandé. J’ai secouru. J’ai distribué. J’ai

    sévi et, par dessus tout, j’ai aimé.

    Amour de cette France souveraine et douce, forte et généreuse, qui portait au loin la

    protection de ses soldats et le message de ses missionnaires.

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    Lettre écrite le 7 avril 1962 par le général Salan chef de l’O.A.S. au président du tribunal

    jugeant le général Jouhaud. (Le général Salan y fait allusion dans le projet de sa déclaration à

    son procès.)

    Alger, le 7 avril 1962

    Monsieur le Président, voici que le général d’armée aérienne, Edmond Jouhaud, est en

    instance de comparaître devant un tribunal français ; le général Jouhaud est d’abord, pour

    moi, un ami, c’est ensuite le compagnon, l’officier général toujours fidèle à sa mission, et

    que j’ai sans cesse rencontré tout au long de sa brillante carrière, dans l’amour commun que

    nous portons à notre patrie.

    Plus et mieux que quiconque, le général Jouhaud connaît l’âme de cette Algérie où il est né.

    Il a vécu au contact de cette population qu’il aime et qu’il défend. Il s’est trouvé à mes côtés

    lorsque nous avons accueilli le général de Gaulle en juin 1958. Il fut, comme moi, présent à

    toutes les cérémonies où s’exprimait l’enthousiasme d’une foule à l’égard du chef de l’Etat

    qui consacrait alors, solennellement, l’idéal et les aspirations des populations d’Algérie.

    C’est parce qu’il voulait rester fidèle à la France, à ses intérêts nord-africains, à sa vocation

    occidentale, et enfin aux engagements de la France envers l’Algérie que le général Jouhaud

    s’est donné à un mouvement de résistance, d’abord sous les ordres du général Challe, puis

    sous les miens.

    Ayant pris la responsabilité pleine et entière de la résistance en Algérie, je tiens à vous faire

    savoir, Monsieur le Président, que le général Jouhaud n’a pas cessé, depuis le 26 avril 1961,

    d’obéir à toutes mes instructions. Les seules initiatives qu’il ait pu prendre dans son

    commandement et dans le cadre de mes directives ont certainement été inspirées par le

    brûlant patriotisme dans lequel nous avons trouvé une source permanente d’espoir, de

    certitude et de volonté.

    Veuillez agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma haute considération.

    Signé : Salan

    Remerciement renouvelé à Maître Olivier Sers qui a fait don à l’Association de l’intégralité du manuscrit

    original du projet de déclaration du général Salan à son procès.

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