AVRIL 2010 // L'INDICE BOHÉMIEN // COPIE 7

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Avril 2010 - copie sept gratuit le journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue Le show de La Motte célèbre ses 15 ans! ISSN 1920-6488 L'Indice bohémien cahier spécial réno-déco-écolo pages centrales EXPOSITION DE GAÉTANE GODBOUT À LA SALLE AUGUSTIN-CHÉNIER 7 BASCULE REPREND LA ROUTE 22 DES PROJETS DU CONSERVATOIRE DE MUSIQUE 24 D-RIC, LE RAPPEUR TÉMISCAMIEN 28

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Journal culturel de l'Abitibi-Témiscamingue

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Avril 2010 - copie sept

g r a t u i t

le journal culturel de l’Abitibi-Témiscamingue

Le show de La Motte

célèbre ses 15 ans!

ISSN 1920-6488 L'Indice bohémien

cahier spécial réno-déco-écolo

pages centrales

exposition de Gaétane Godbout

à la salle augustin-Chénier

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bascule reprend la route

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des projets du conservatoire

de musique24

d-ric, le rappeur témiscamien

28

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2 L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

Du visible à l’invisibleDiane AugerJusqu’au 9 mai 2010Centre d’exposition de Rouyn-Noranda

Voir à traversGaétane GodboutDu 9 avril au 16 mai 2010Vernissage le dimanche 10 avril - 14 hSalle Augustin-Chénier (Ville-Marie)

Mes bijoux de familleMarie-Pier ValiquetteDu 9 avril au 16 mai 2010Vernissage le dimanche 10 avril à 14 hSalle Augustin-Chénier (Ville-Marie)

Paysage en peintureExposition des élèves de M. Claude FerronDu 29 avril au 28 mai 2010Vernissage le 29 avril MRC Vallée-de-l’Or

HumourSylvain Larocque29 avril - 20 hThéâtre du cuivre (Rouyn-Noranda)29 avril 201020 hThéâtre de poche (La Sarre)

Hypnose 101Pierre-Olivier Cyr28 avril - 19 h 30Théâtre Télébec (Val-d’Or)30 avril - 20 hThéâtre du cuivre (Rouyn-Noranda)

1-2 GO!Chantal Fleury1er avril - 19 h 30Théâtre Télébec (Val-d’Or)

Jean-Claude GélinasBistro La Maîtresse16 avril - 22 hBistro La Maîtresse (La Sarre)

Gare au gros nounoursMario Jean20 et 21 avril - 19 h 30Théâtre Télébec (Val-d’Or)22 avril - 20 hSalle de spectacles Desjardins (La Sarre)23 avril - 20 hThéâtre du Rift (Ville-Marie)24 et 25 avril - 20 hThéâtre du cuivre (Rouyn-Noranda)

ImprovisationLa Soirée de l’improvisation à Rouyn-Noranda8 avril - 20 h15 avril - 20 h23 avril - 20 hPetit Théâtre du Vieux Noranda

LittératureHeure du conte10 avril - 15 hBibliothèque municipale de Rouyn-Noranda

Lancement du livre L’habit ne fait pas le clown (roman jeunesse)Stéphane Laroche7 avril - « 5 à 7 »Bibliothèque municipale de Val-d’Or

avril 2010calendrier culturel gracieuseté du Conseil de la culture

de l’Abitibi-Témiscamingue

CinémaLes dames en bleuClaude Demers1er avril - 20 hThéâtre du Rift (Ville-Marie)

FestimoComité organisateur du Festimo10 avril Projection pour la famille à 14 hCabaret-cinéma dès 18 h 30Salle des Pionniers (La Motte)

DanseFestimoBaila! Tanz! Danza...Danse!Groupe Momentum Danse16 avril - 20 hThéâtre du cuivre (Rouyn-Noranda) ExpositionLove PlusJasmin Guimont FortinJusqu’au 4 avrilSalle Augustin-Chénier (Ville-Marie)

ExpireRenée BélandJusqu’au 4 avril 2010Salle Augustin-Chénier (Ville-Marie)

Éclipse agricoleMarie-Ève MartelJusqu’au 4 avril 2010Centre d’exposition d’Amos

Emmène-moiMarie-Ève PettigrewJusqu’au 11 avril 2010L’Écart.. . lieu d’art actuel (Rouyn-Noranda)

La faillePaul Brunet et Thierry Arcand-BosséJusqu’au 11 avril 2010L’Écart.. . lieu d’art actuel (Rouyn-Noranda)

Si loin si proche, misère et grandeur de peuples méconnusJusqu’au 18 avril 2010Centre d’exposition de Val-d’Or

Monde parallèle, l’architecture de la survieBoja VasicJusqu’au 18 avril 2010Centre d’exposition de Val-d’Or

L’Abyssinie d’aujourd’huiÉmilie LaverdièreJusqu’au 18 avril 2010Centre d’exposition de Val-d’Or

Conversations des dîneursMartine SavardJusqu’au 30 avril 2010Café bistro Chez Bob (Rouyn-Noranda)

Les vols de la mortAlejandra BasanesDu 1er avril au 2 mai 2010Maison de la cultureCentre d’art Rotary de La Sarre

La quête - histoire d’équilibreKarine HébertJusqu’au 9 mai 2010Centre d’exposition de Rouyn-Noranda

Verts ciels!Guy LavigueurJusqu’au 9 mai 2010Centre d’exposition de Rouyn-Noranda

L’oralité de la poésieJournée mondiale du livre et du droit d’auteur23 avril - 13 h 30 à 15 h 30Salle du conseil de l’Hôtel de ville de La Sarre.

MusiqueGilles et Nicole en souper-spectacle2-3-9-10-16-17 avril - 18 hLe Paradis de l’érable (Rouyn-Noranda)

LUBIK en première partie de Xavier Caféine3 avril - 21 hBistro La Maîtresse (La Sarre)

Xavier Cafeine3 avril - 22 hBistro La Maîtresse (La Sarre)

Orchestre symphonique régional Abitibi-Témiscamingue7 avril - 20 hThéâtre des Eskers (Amos)8 avril - 20 hThéâtre du cuivre (Rouyn-Noranda)10 avril - 20 hSalle de spectacles Desjardins (La Sarre)11 avril - 19 h 30Théâtre Télébec (Val-d’Or)

Suzie Arioli8 avril - 20 hThéâtre des Eskers (Amos)10 avril - 19 h 30Théâtre Télébec (Val-d’Or)

Boom Desjardins8 avril - 20 hThéâtre des Eskers (Amos)15 avril - 20 hSalle de spectacles Desjardins (La Sarre)16 avril - 19 h 30Théâtre Télébec (Val-d’Or)17 avril - 20 hThéâtre du cuivre (Rouyn-Noranda)

Bernard Adamus9 avril - 22 hBistro La Maîtresse (La Sarre)

Conservatoire de musique de Val-d’OrConcert des classes de saxophone et de violoncelle9 avril - 19 hSalle Félix-Leclerc (Val-d’Or)

Concert des classes de cuivres10 avril - 11 hSalle Félix-Leclerc (Val-d’Or)

Concert de la classe de flûte10 avril 2010 - 14 hSalle Félix-Leclerc (Val-d’Or)

Concert des grands ensembles du Conservatoire18 avril - 14 hThéâtre Télébec (Val-d’Or)

Concert des classes de piano23 avril 2010 - 19 hSalle 301, Conservatoire (Val-d’Or)

Série La Relève24 avril - 14 hLocal 5024, UQAT (Amos)

FiestangoDu 12 au 16 avrilAgora des Arts (Rouyn-Noranda)17 avril - 14 hThéâtre Télébec (Val-d’Or)

Sékwé17 avril - 20 hAgora des Arts (Rouyn-Noranda)

Alain Lefèvre30 avril - 19 h 30Théâtre Télébec (Val-d’Or)

Show acoustique Folk-rock et attitude punk!17 avril - 21 hSalle Éclosion Triolet (Rouyn-Noranda)

Dode (en première partie, Les Brimbales)17 avrilCabaret de la dernière chance (Rouyn-Noranda)

Passage oublié - Saltarello24 avril - 21 hBistro La Maîtresse (La Sarre)

Party de fin d’année hiver 2010Crash ton rock & Les Anodins30 avrilBistro de l’UQAT (Rouyn-Noranda)

ThéâtreFaits pour s’aimer6 avril - 19 h 30Théâtre Télébec (Val-d’Or)7 avril - 20 hThéâtre du cuivre (Rouyn-Noranda)8 avril - 20 hSalle de spectacles Desjardins (La Sarre)

Night Lights 9 avril - 20 hThéâtre du cuivre (Rouyn-Noranda)

La chasse... mon oeil!Les Badins de La Corne17 avril - 20 hSalle Héritage de La Motte

Le Procès musical9 avril - 17 h et 19 h 3010 avril - 13 h et 15 h 30Théâtre de poche (La Sarre)

C’est un beau roman9 avril - 17 h et 19 h 3010 avril - 13 h et 15 h 30Théâtre de poche (La Sarre)

Patrimoine et histoireJournée Info1er avril - 13 h 30 à 15 hSociété d’histoire et du patrimoine de la région de La Sarre

AutresSpectacle du Jour de la Terre (Variété)22 avril - 19 hAuditorium de l’École D’Iberville (Rouyn-Noranda)

15e Show de La Motte24 avril - 20 hSalle Héritage (La Motte)

Pour que votre activité soit affichée dans ce calendrier, vous devez l’inscrire vous-même dans le calendrier du site Internet du Conseil de la culture de l’Abitibi-Témiscamingue au www.ccat.qc.ca. L’Indice bohémien n’est pas responsable des erreurs ou des omissions d’inscription de votre part. Merci de votre collaboration et de votre compréhension.

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3L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

L’Indice bohémien est un indice qui permet de mesurer la qualité de vie, la tolérance et la créativité culturelle d’une ville et d’une région.

RÉDACTION ET PRODUCTION

Journalistes : Véronic Beaulé, Francesca Bénédict, Doris Blackburn, Martin Blais, Mélanie Boutin-Chartier, Denis Carrier, Chloé BP, Cindy Caouette, Philippe Gaudet, Staifany Gonthier, Karine Lacroix, Winä Jacob, Philippe Lebel, Valérie Lemay, Margot Lemire, Marie-Hélène Massy-Émond, Philippe Marquis, Paul-Antoine Martel, Christian Matte, Marie-Joe Morin, Karine Murphy, Mélanie Nadeau, Noyzemaker, Ariane Ouellet, Sophie Ouellet, Stéphane Racicot, Julie Thibeault.

réviseurs-correcteurs : Lucette Jacob, Paul-Antoine Martel et Karine Murphy, Micheline Plante.

rédactrice en chef Winä [email protected]

Coordination et ventes publicitairesMaurice [email protected]

GraphismeMise en page et publicités : Le Canapé communication [email protected]

L’Indice bohémien est publié 10 fois l’an. Il est distribué gratui-tement par La Coopérative du journal culturel de l’Abitibi- Témiscamingue.

Fondée en novembre 2006

Membres du conseil d’administration : Chloé Beaulé-Poitras, Winä Jacob, Ariane Gendron, Renaud Martel, Martin Villemure, Jenny Corriveau, Julie Goulet, Sophie Ouellet

150, avenue du LacRouyn-Noranda, Québec J9X 1C1téléphone : 819 763-2677télécopieur : 819 [email protected]

Ce journal est imprimé sur un papier recyclé contenant 40 % de fibres postconsommation.

Marcher pour avancer dans la vie, marcher pour découvrir de nouveaux horizons, marcher pour prendre l’air, marcher pour se ren-dre au point B, marcher pour faire de l’exercice, marcher pour faire bouger les choses, et une fois par année, marcher pour éliminer le racisme. Depuis 10 ans, le Centre d’amitié autochtone de Val-d’Or organise la Marche Gabriel- Commanda et invite la population à s’unir en marchant dans les rues de la ville, à brandir leurs pancartes et slogans pacifistes en marchant main dans la main.

La force d’une masse étant ce qu’elle est, c’est en s’unissant qu’il sera possible de venir à bout du racisme et de faire de nos deux peuples un seul groupe au sein duquel règne le respect et la com-préhension de nos différences.

Mais ça, c’est seulement une journée par année. Qu’en est-il des 364 autres?

Voisinage absentEn région, on se targue souvent de se connaître les uns les autres et d’être plus proche de son voi-sin que ne le sont les urbains des grands centres. Pourtant, il y a des voisins qu’on connaît moins bien que d’autres, et c’est trop souvent le cas dans les relations entre allochtones et autochtones. Après plus de 300 ans de cohabi-tation, on pourrait imaginer qu’on aurait eu le temps de faire plus ample connaissance.

Et pourquoi donc n’avons-nous pas tous traversé la clôture pour

nous serrer la pince? Il y a pro-bablement plusieurs réponses à cette question, mais les préjugés que nous entretenons les uns envers les autres y sont sûrement pour beaucoup. Il existe une mul-titude d’idées préconçues véhicu-lées autant chez les Algonquins que chez les non-autochtones qui font qu’on craint, méprise et par-fois glorifie indûment l’autre. Cer-tains de ces préjugés sont basés sur des réalités historiques, et sont profondément enracinés dans les croyances populaires, ce qui attise le ressentiment des « blancs » envers les Anishnabes et vice versa, car le racisme existe bel et bien dans les deux commu-nautés. D’autres viennent d’une méconnaissance sociohistorique de l’autre et de ce qui l’a façonné ainsi. Si l’on connaissait mieux le passé de chacun et notre passé commun, il serait plus facile de tisser des liens et de comprendre les réalités et différences de cha-cun. C’est quand même incroya-ble que dans une région comme la nôtre, il n’existe pas de cours d’histoire régionale et d’histoire autochtone obligatoire pour tous! Comment pouvons-nous travailler de pair quand trop souvent l’autre nous est inconnu?

Si les racines des préjugés sont parfois réelles, les fruits sont la plupart du temps imaginaires, ce qui fait que plusieurs de nos peurs, ressentiments et méfian-ces ne sont basés sur rien de concret, outre la crainte de l’in-connu. Lorsqu’on entretient un préjugé, on le gonfle, on le bonifie jusqu’à ce qu’il soit assez gros pour nous faire réellement peur, lui qui pourtant au départ n’était qu’une impression. C’est un peu comme les ombres chinoises, qui nous font voir un hamster en gros monstre poilu et féroce... pourtant, lorsqu’on se donne le temps de regarder les choses de plus près, on découvre une petite créature inoffensive. Si on

se donnait la chance de mieux se regarder les uns les autres, peut-être qu’on verrait qu’au fond, ce qui nous différencie est minime et que cette différence pourrait nous apporter beaucoup.

Un pas en avantCeci étant dit, que pouvons-nous faire, maintenant, pour nous défaire de ces préjugés et pour nous rapprocher? Il est mainte-nant temps d’ouvrir la clôture pour aller voir l’autre et faire des choses ensemble, pas un à côté de l’autre, mais dans une volon-té commune. Le Centre d’amitié autochtone fait de beaux efforts en ce sens depuis des années en organisant des activités, des événements et des occasions où autochtones et allochtones peu-vent se rencontrer. Il est temps d’aller au-delà des idées qu’on se fait pour partir à la découverte de l’autre. Une découverte réelle, pas simplement une curiosité exotique, mais une volonté d’être ensemble et égaux. C’est quand même ironique que les Québécois soient reconnus pour être de bons et cordiaux touristes, qui appren-nent à dire « Bonjour », « Merci », « Au revoir » et quelques autres mots dans la langue du pays par politesse envers la culture locale, et que nous connaissions si peu de mots algonquins. Nos villes commencent à peine à introduire cette langue sur ses oriflammes, menus de restaurant, affiches...

Ce rapprochement entre les peu-ples se fera aussi quand nos autorités seront prêtes à créer des liens réels et complets de fra-ternité, de partage économique et d’échanges culturels entre nos deux nations. Les liens économi-ques sont établis depuis des siè-cles; il nous reste – à nous et à nos décideurs – à travailler sur le reste et à découvrir que nous pou-vons être beaucoup plus l’un pour l’autre que des partenaires finan-ciers. Comment pouvons-nous aspirer à vivre ensemble sans par-tage équitable des ressources? C’est un peu comme si on avait décidé d’agrandir notre terrain sans consulter notre voisin.

L’espoir de la jeunesseAprès tout ce temps de cohabi-tation sur un même territoire, on peut tout de même voir un chan-gement s’opérer, surtout chez les plus jeunes, eux qui se côtoient régulièrement à la garderie et sur les bancs d’école et qui appren-nent à se connaître avant même de savoir qu’ils sont différents.

ÉvénementsLe Show de La Motte........ 4 10 000e journée du Cabaret 27

Général.................................... 5Musique ..... 5, 26, 28, 29, 30, 31 Histoire et patrimoine .............. 6Arts visuels .............................. 7Cinéma ............................... 8, 11Littérature ................................ 9Arts de la scène 21, 22, 23, 24, 25Diffuseur ..... ............. 26, 27, 28

ChroniquesSociétés d’histoire et de généalogie .................. 6Critique littéraire ................. 9Une Abitibienne au village ... 10La culture dans mes mots .. 11Humeur ............................ 11Chronique jeu ................... 12Chronique culinaire ............ 27Critique CD ................... 30, 31Cahier spécial ......... 13 à 20

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eéditorialEN COUVERTURE :

LE SHOW DE LA MOTTEPHOTO : ARIANE OUELLET

ExPOSITION DE GAÉTANE GODBOUTPHOTO : COURTOISIE DE L’ARTISTE

BASCULE SUR LA ROUTEPHOTO : ARIANE OUELLET

LE CONSERVATOIREPHOTO : PAUL BRINDAMOUR

D-RIC PHOTO : COURTOISIE DE L’ARTISTE

NOS DEUX SOLITUDES MAIN DANS LA MAIN > Winä JaCob - [email protected]

Ils se regardent avec d’autres yeux, ceux qui ne sont pas encore teintés... et il est primordial de préserver ce regard.

La grande majorité des parti-cipants à la Marche Gabriel- Commanda étant en bas âge, ça augure bien pour les années qui viennent. Si les jeunes ont réussi à éduquer leurs parents en ce qui a trait au recyclage et à d’autres changements sociaux, souhai-tons qu’ils y parviennent aussi pour ce qui est des relations interraciales en région. Et avec le temps mourront les préjugés des autres générations.

Alors marchons, et tant et aussi longtemps que nous marcherons ensemble, nous pourrons croire que tout est possible.

PRÉCISION

Une petite erreur nous a empêché d’indiquer le nom des participantes à la murale valdorienne qui ornera, en compagnie de milliers d’autres oeuvres, l’une des pyramides d’Égypte dans le cadre du pro-jet Le Marathon des Miles de l’Art. Ainsi, on pouvait voir, de gauche à droite, Suzanne Otis, Marie-Ève Lévesque, Céline Brochu, Élisabeth Di-Méglio, Micheline Plante, Marie- Andrée Brisebois, Lee Lovsin et Jadwiga Dunin Borkowska. Édith Brisebois et Christine Perreault ont également par-ticipé au projet mais n’appa-raissaient pas sur la photo.

SI ON SE DONNAIT LA CHANCE DE MIEUX SE REGARDER LES UNS LES AUTRES, PEUT-êTRE QU’ON VERRAIT QU’AU FOND, CE QUI NOUS DIFFÉRENCIE EST MINIME ET QUE CETTE DIF-FÉRENCE POURRAIT NOUS APPORTER BEAUCOUP.

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4 L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

« Qu’est-ce qu’on sait faire, nous autres? », s’est demandé, il y a une quinzaine d’années, le comité organisateur de l’époque, compo-sé de Margot Lemire, Paul Ouellet, Valérie Jacob et Jocelyne Wheel-house. À La Motte, ça jouait de la musique et ça chantait depuis des générations. « Il y a toujours une histoire qui en précède une autre, rien ne commence jamais à partir de rien », explique Margot Lemire, toujours aux premières loges de l’organisation de cette grande fête communautaire.

Joyeuse corvée!C’est dans un esprit de corvée

de village que l’événement a pris forme. « Un village qui fête ensem-ble se reconnaît, ajoute l’organisa-trice et poète. Ça permet de créer une ouverture dans la commu-nauté. Accueillir du monde chez soi, ça nous oblige aussi à nous dépasser. Nous, on a misé sur ce qu’on savait faire de plus beau. »

Une des idées derrière le Show de La Motte est la transmission du patrimoine vivant. Au cours des premières éditions, on a pu voir des grands-parents monter sur scène, ceux-là mêmes par qui la musique a été transmise aux générations suivantes. Après, ce

fut le tour des enfants de prendre la scène d’assaut, pour ainsi pren-dre leur pouvoir et exprimer qui ils sont. « Quand on a un talent, il faut l’afficher, l’offrir, le dévelop-per; c’est notre mission », raconte Margot.

Tricoté serré« Le show de La Motte, ce n’est pas un concours d’aptitudes, on invite du monde qu’on aime », explique Margot Lemire. C’est ainsi que des artistes comme Pierre Labrèche, Marie-Hélène Massy-Émond et Amélie Marcotte y ont foulé les planches pour la pre-mière fois, sans compter d’autres

plus connus comme Geneviève et Matthieu, Anodadjay et Antoine Bertrand, qui sont passés par là pour ajouter leur couleur et leur passion aux différents bouquets. « On demande aux artistes de révéler qui ils sont, de franchir leurs limites », confie Margot. Le plus beau dans tout ça, c’est que le public suit, plus ouvert et plus critique à la fois, mais capable de risquer, toujours curieux et tou-jours au rendez-vous d’année en année.

Il faut dire que les spectateurs en ont pour leur argent : une riche variété de prestations allant de la poésie à la danse, du conte à la performance en passant par l’hu-mour, le cirque et la chanson, le tout dans une ambiance des plus

chaleureuses, au cœur d’une égli-se revampée par les bons soins de la communauté et de l’architecte Dominique Tonetti, soucieuse de préserver l’âme du lieu.

Pour Margot Lemire, il n’y a pas de doute, le Show de La Motte est une formule gagnante pour le village et pour le monde rural : « Après 15 ans, on voit tout ce que ça a généré chez nous et autour. » Installation de jeunes familles et d’artistes, activités agricoles et touristiques nouvel-les : le village est plus vivant que jamais. « Le show a fait qu’on a resserré le tissu social du village; notre réseau est beaucoup plus fort qu’avant, c’est quelque chose qu’on a réussi. » www.lapariole.com

événement

DU DÉFICIT à LA POSTÉRITÉLe Show de La Motte célèbre ses 15 ans

« ACCUEILLIR DU MONDE CHEz SOI, çA NOUS OBLIGE AUSSI à NOUS DÉPASSER. NOUS, ON A MISÉ SUR CE QU’ON SAVAIT FAIRE DE PLUS BEAU. » - MARGOT LEMIRE

> ariane ouellet

C’est en cherchant une façon de combler le déficit engendré par les fêtes du 75e anniversaire du village qu’a germé l’idée d’organiser pour la première fois un événement qui est devenu un incontournable de la vie culturelle régionale. Le 24 avril prochain, à la Salle Héritage, le show de La Motte célèbrera son 15e anni-versaire sous le thème « On lève de terre! »

Dylan Perron, 2009

Pierre Labrèche, animation du 14e show de La Motte, 2009

performance d’Andréanne Boulanger, 2009

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comité organisateur du show de lamotte

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5L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

général

Colloque sur la place de la culture

AMOS EN MODE RÉFLEXION

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> Christian matte

Première ville de la région à se doter d’une politique culturelle, en 1995, Amos marque de façon claire l’importance qu’elle accorde à la préservation de sa façon unique de voir le monde et de l’habiter. Après avoir révisé cette politique 2008 et l’avoir accompagnée d’un plan d’action, voilà que la Commission des arts et de la culture convie ceux qui gravitent de près ou de loin autour de la culture à un colloque qui se tiendra le 15 mai prochain.

Lors de cette journée, l’impact de la culture sur la qualité de vie et sur le développement économique sera abordé. « Nous aurons deux conférenciers, dont l’identité est à confirmer, annonce le directeur du Service des loisirs de la Ville d’Amos, Bernard Blais. Le premier sera d’une municipalité compara-ble à Amos et qui a une politique culturelle et un plan d’action, ce qui permettra d’avoir plusieurs exemples à suivre. Nous aurons aussi quelqu’un qui va donner

plus de détails sur les impacts économiques de la culture dans un milieu tel que le nôtre. »

Ratisser large, pour une vision communeLes participants seront aussi appelés à travailler en atelier. « Nous voulons que les gens se positionnent, affirme M. Blais, pour déterminer comment ils voient le domaine culturel pré-sentement et dans le futur, bref, pour tenter d’imaginer comment

la culture peut s’articuler autour du milieu social, économique et communautaire. »

Afin que cette journée soit ras-sembleuse, vus les sujets qui seront abordés, il va sans dire que les responsables du colloque vont solliciter des gens de toute la MRC, des organismes de déve-loppement et du secteur privé. « C’est sûr qu’Amos sera davan-tage au centre des discussions, mais les villes environnantes

profitent tout autant de nos infras-tructures et activités culturelles, alors il faut les inclure, explique M. Blais. Pour avoir un débat populaire intéressant sur le sujet, il faut ratisser large. Nous allons aussi accorder de l’importance au

secteur privé, car il y a des diffu-seurs culturels parmi eux et de grands amateurs de culture; ils ont leur mot à dire. »

Le comité organisateur, est composé outre M. Blais, du pré-sident de la Commission des arts et de la culture d’Amos, Pierre Laliber té, ainsi que de Mario Brunet, Sylvie Tremblay, Linda Poulin, Jocelyn Lapierre et Mathieu Larochelle.

« LES VILLES ENVIRON-NANTES PROFITENT TOUT AUTANT DE NOS INFRASTRUCTURES ET ACTIVITÉS CULTURELLES, ALORS IL FAUT LES INCLURE »

BEAUCOUP DE VAL-D’OR SUR ESPACE ÉMERGENCE VOLUME 1

musique

Espace Émergence est un espace web qui a été conçu par la compagnie Disques RSB pour per-mettre aux artistes émergents et indépendants de se faire connaître et de rendre leurs produits disponibles au public. Si la plate-forme obtenue offre déjà une belle visibilité à un bon nombre d’artistes de la relève, la compilation Espace Émergence permet en plus à certains d’entre eux de bénéficier d’un outil promotionnel inté-ressant pour se faire entendre.

Sur le total des 24 chansons figurant sur les deux disques de la compilation, on retrouve les pièces de trois artistes originaires de Val-d’Or : Assise dans ma tête (Michèle O), J’ai envie de to (Marc-Antoine Larche) et In tha bus (MC LaSauce). Il s’agit là d’une proportion qui en dit long sur le talent d’ici!

« C’est touchant de faire partie des « élus » de cette compilation », témoigne Michèle O. Elle a

également un bon mot à l’endroit des instiga-teurs du projet et tous ceux qui y ont travaillé, soulignant qu’ils croient en eux, artistes émer-gents, les aiment et leur donnent une belle visibilité, « ce qui est toujours très apprécié ». Même son de cloche du côté de Marc-Antoine Larche : « Ce recueil de chansons circule un peu partout et fait connaître notre travail à un nouveau public. », déclare celui qui connaît unedébut 2010 très positif, avec notamment une participation au Festival Vue sur la relève et la finale du concours de chanson Ma Première Place-des-Arts à venir en mai.

La compilation Espace Émergence est dispo-nible gratuitement, pour un temps limité, à l’adresse suivante :

www.espace-emergence.com/ee-vol-1.html

> karine murphy

Trois artistes valdoriens sont en vedette dans une compilation nommée Espace Émergence Volume 1, sortie le 5 mars dernier. MC LaSauce, Marc- Antoine Larche et Michèle O figurent sur l’album double lancé par le site internet du même nom.

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6 L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

histoire et patrimoine Chronique des sociétés d’histoire et de généalogie de l’a-t

Parmi ces changements, on trouve des projets devenus maintenant des incontournables pour le Témiscamingue. Pensons à l’aménage-ment du Théâtre du Rift, à la création des Éditions Z’ailées qui publie des auteurs d’ici et d’ailleurs, ou encore à la naissance de l’Atelier Cent Pressions. De même, de nouveaux sites patrimoniaux ont été mis en valeur, tels que le Domaine Breen et le Musée de la Gare. Enfin, des ententes de développement culturel ont été conclues avec le ministère de la Culture et des Communications. Tous ces projets ont bénéficié de l’effervescence du milieu culturel suscité par la mise en place de la première politique, en 1995.

Recenser, analyser, consulter, planifier…Actualiser une politique culturelle n’est pas simple, c’est un travail de longue haleine qui demande la collaboration de tout le milieu culturel. D’abord, un portrait de la situation actuelle sera réalisé dans le but d’émettre un diagnostic de ce milieu, en tenant compte des forces, des faiblesses et des besoins. Afin que la politique soit représentative des organismes et des artistes œuvrant dans les différents secteurs d’ac-tivité, des consultations auront lieu pour valider les constats établis.

« Concrètement, une politique culturelle, c’est prendre la photo de la situation culturelle de notre MRC pour mieux l’analyser et ensuite ressortir des axes de développement et des actions qui viendront répondre aux besoins exprimés par les artistes et les organismes culturels du Témiscamingue. » explique Réal Couture, président de la Commission culturelle. Pour mener à bien cette démarche, un comité de travail a été formé, composé de Réal Couture, Fany Drolet, Jean-Jacques Lachapelle, Julie Gagnon et Lyna Pine, tous membres de la Commission culturelle. Alain Guimond, agent de développement à Ville- Marie, complète ce comité en tant que représentant du milieu munici-pal. Ils auront la tâche de chapeauter la démarche d’actualisation de la politique en travaillant de concert avec l’agente de développement culturel de la MRC.

Selon le plan de travail, la MRC devrait voir naître sa nouvelle politique culturelle dès 2011 et ainsi favoriser la mise en place de nouveaux projets répondant aux besoins identifiés par le milieu culturel.

Le document le plus ancien définissant sommairement la frontière entre le Québec et l’Ontario date de 1791. Un arrêté en Conseil de l’Angleterre du 24 août 1791 (article 2) fixa la frontière entre les deux Canada, au nord du lac Témiscamingue, comme suit : « […] à partir de la tête du lac par une ligne allant franc nord jusqu’à ce qu’elle atteigne la limite de la Hudson’s Bay » (Rapport Dorion, vol. 222.1, p. 18). Comme le disent si bien les auteurs du Rapport Dorion, « cette frontière entre les deux Canada n’était ni précise ni complète ». Elle comportait deux problèmes, l’un au sud et l’autre au nord.

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En mars, la Commission culturelle témiscamienne jetait les bases d’un vaste chantier afin de réaliser l’actualisa-tion de sa politique culturelle, en vigueur depuis 1995. La MRC, par le biais de la Commission culturelle, se devait de mettre à jour cette politique afin de se doter d’une vision d’ensemble du milieu culturel actuel, qui a vécu de nombreux changements significatifs depuis les quinze dernières années.

ENSEMBLE POUR LA CULTUREUne nouvelle politique culturelle pour le Témis en 2011

AUX FRONTIèRES DE LA CLARTÉIl a fallu des années pour séparer clairement le Québec et l’Ontario

PAR DENIS CARRIER, SOCIÉTÉ D’HISTOIRE ET DU PATRIMOINE DU CANTON DE NÉDÉLEC

Atlas du Canada. Département des Mines et Relevées Techniques, carte 109

Le problème au sud provenait de la morpholo-gie du lac, surtout à l’embouchure de la rivière Blanche. Il avait été facile pour les arpenteurs, en remontant la rivière des Outaouais et tout le long du lac, d’établir l’endroit le plus profond qui devenait la frontière. Mais il en allait tout autrement à la tête du lac. À sa partie nord, il est d’une largeur allant de huit à dix kilomètres, et son pourtour varie selon les caprices des saisons et de son niveau, voire de la direction et de l’intensité des vents. Comment alors établir un point de départ d’où se diriger ensuite franc nord?

Quand on négocie la frontièreLe problème septentrional de ce segment de frontière posait, lui, un problème en raison du flou du libellé de l’article 2 de l’arrêté en Conseil. Que voulait dire « jusqu’à la ligne limite de la Hudson’s Bay »? La « Hudson’s Bay » de l’article 2 pouvait être entendue de deux façons. On pou-vait l’interpréter comme une référence au rivage de la baie d’Hudson, même s’il aurait alors fallu parler de « baie James », première entité marine rencontrée si on se dirige franc nord. On pouvait aussi interpréter cette expression comme étant la limite sud du territoire de la Compagnie de la Baie d’Hudson, qui n’avait jamais été clairement délimité. On a donc tranché en considérant la

limite nord de ce segment de frontière comme étant la ligne de partage des eaux entre le versant arctique et le versant atlantique, la fameuse « Abitibi » des Amérindiens.

Le problème du point de départ au sud n’a pas été réglé aussi facilement. Les arpenteurs O’Henly et O’Dwyer, chargés de son tracé, ne purent arriver à une entente, l’arpenteur du Québec voulant prendre la rivière Blanche, et celui d’Ontario préférant évidemment la rivière des Quinze, chacun sachant sur quelle immense distance allait ensuite courir cette droite. Ce sont finalement les législateurs des deux provinces qui ont dû trancher.

La décision rendue fut d’établir la frontière à mi-chemin entre la rivière Blanche et la rivière Des-Quinze. Mais voilà, alors que la rive ouest de la rivière des Quinze est assez abrupte pour être clairement définie, il en allait bien autre-ment pour la rivière Blanche. La rive fut finale-ment définie à partir d’un gros clou planté dans une souche (textuellement : « Nail in a stump »), détail historique que l’on peut voir sur une carte des Archives publiques du Canada datant de décembre 1875, et dont une copie se trouve à Ville-Marie.

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Photo de l’auteur et de la souche dans laquelle le clou servant de point de départ aurait été planté

Carte 08-Y, 53-1-144 Archives Nationales, Rouyn

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7L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

Entre conscience et subconscience, l’œuvre qui surgitC’est en répétant le trajet aller-retour entre Rouyn-Noranda et Val d’Or, chemin mille fois parcouru jusqu’à l’usure, que la préoccupa-tion de l’artiste s’est lentement tournée vers cet état étrange qui nous habite lorsqu’on conduit une voiture à travers un paysage trop

connu. La répétition des mêmes états d’âme, des mêmes émo-tions, des mêmes souvenirs qui ressurgissent, entre la conscien-ce et l’inconscience. On regarde sans voir, on entend sans écou-ter, on se trouve à la fois présent et absent, absorbé dans des pen-sées diverses. Ce qu’elle avait cru un jour du temps perdu s’est alors

transformé en atelier mouvant, lieu de création et d’inspiration, transformant le décor trop familier en tableaux d’une grande poésie. Le cadre de sa fenêtre d’auto est devenu un viseur par lequel East-Malartic ou le lave-auto sont deve-nus des œuvres d’art.

Le travail plastique de Gaétane

Godbout en est principalement un de matière. On sent un plaisir évident à la superposition des couches, des textures, mêlant sur fond d’acrylique des jeux de cire d’abeille gravés, modulés, frottés, rehaussés de touches de peinture à l’huile. C’est une œuvre sensi-ble et intuitive, à l’image de l’ar-tiste, qui ne se laisse pas saisir au premier coup d’œil, un travail qui demande une certaine len-teur, voire le silence, pour que la poésie de chaque petit détail, de la pâleur à l’obscurité, se révèle dans sa profondeur.

Après avoir travaillé longtemps à partir de pierres de fées ou d’ob-jets troqués avec le public, God-bout délaisse l’esthétique rela-tionnelle pour explorer maintenant un univers beaucoup plus intime, recherchant la simplicité et l’épu-ration, évoquant une certaine solitude sereine. On sent l’artis-te imprégnée par son territoire, les vastes ciels, les paysages ouverts, en pleine contemplation.

Gaétane Godbout est enseignante en arts plastiques au Cégep de l’Abitibi-Témiscamingue et prési-dente de l’Écart, lieu d’art actuel. Elle a participé à de nombreu-ses expositions solos et collecti-ves, symposiums et résidences d’artistes en plus de réaliser six œuvres d’art publiques. Elle a été récipiendaire en 2008 du Prix « artiste régional » de la Biennale d’art miniature de Ville-Marie.

salle.augustinchenier.net

arts visuels

Critique de l’exposition de Gaétane Godbout

VOIR à TRAVERS L’ORDINAIREON SENT L’ARTISTE IMPRÉGNÉE PAR SON TERRITOIRE, LES VASTES CIELS, LES PAYSAGES OUVERTS, EN PLEINE CONTEMPLATION

> ariane ouellet

La Salle Augustin-Chénier de Ville-Marie accueillera du 8 avril au 16 mai 2010 l’exposition Voir à travers de l’artiste Gaétane Godbout; une vingtaine d’œuvres de formats variés ayant comme thème « les déplacements ».

Merci à tous nos collaborateurs.

Détail d’une œuvre de Gaétane Godbout

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8 L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

cinéma

Nous nous sommes laissés le mois dernier sur la promesse de l’Abbé Proulx dans le film En pays neuf (1937), à savoir que le colon venu en Abitibi labourerait un enfer mais récolterait un paradis. Cette fois-ci, près de quarante ans après cette prophétie habilement bredouillée, on marche dans le sillage du pionnier du cinéma direct Pierre Perreault et de son ami Bernard Gosselin venus filmer le Cycle abitibien, qui comprend quatre films parus entre 1975 et 1980.

Alors que les dires de l’Abbé Proulx laissaient entendre que les colons ne finiraient jamais d’accourir vers ce pays pittoresque et ne voudraient jamais le quitter, la première image du Cycle abitibien nous dit de ses mille mots tout le contraire : sur un dix-roues est chargée une maison qui quitte tranquillement le paysage rural, ne laissant rien derrière elle sauf un brouillard épais.

Pierre Perreault dit du personnage principal du Cycle abitibien qu’il est « l’incarnation du goût du Royaume que j’ai toujours poursuivi dans tous mes films [...], le cultivateur le plus fantastique que tu puisses imaginer ». Hauris Lalancette, du haut de ses cinq pieds, fait porter sa voix à travers les champs de l’Abitibi-Est en un cri qui dénonce la misère que doivent se résoudre à manger les cultiva-teurs de la région, alors que leurs récoltes sont dévalorisées par le gouvernement, qu’on mange en Abitibi le bœuf de l’Ouest et les patates d’ailleurs et qu’on exporte les profits tirés des mines et des forêts à Toronto ou à New York. Le choix que donne le gouvernement aux cultivateurs à cette époque est en fait une impasse : l’exil ou le bien-être social?

Dans Un royaume vous attend (1975), Hauris voit près de chez lui les terres qui furent défrichées par ses pairs être reboisées en épi-nette, et constate que l’avenir qu’on réserve à celui qui habite cette terre est celui d’un simple exécutant dépendant des intérêts privés. C’est loin de la liberté qui était supposée attendre ces hommes quand ils sont montés dans le Nord pour coloniser le « royaume ».

Dans Gens d’Abitibi (1980), Hauris fait campagne comme candidat du Parti Québécois en 1973, alors que la bureaucratie de l’époque tente de regagner la confiance des Abitibiens désenchantés en leur faisant miroiter la possibilité de bâtir un autre royaume, plus au nord, à la Baie-James. C’est plutôt le doute et l’impression qu’on les méprise en les exploitant qui surgissent chez plusieurs, dont Hauris, qui s’écrie qu’on ne doit pas renvoyer des gens en exil, mais plutôt donner l’appui nécessaire et mérité à l’émancipation du cultivateur. Un bureaucrate venu représenter la Société de déve-loppement de la Baie-James essaie de charmer les Abitibiens qu’il veut envoyer là-bas en leur disant que « ceux qui ont humanisé le sol de l’Abitibi, qui ont été les héros des pages immortelles de l’abatis, nous montrent qu’ils sont toujours vivants et qu’ils font non seulement partie d’une race qui ne sait pas mourir, mais d’une race qui ayant fait vivre ce pays, l’ayant porté dans son cœur, ne veut pas le laisser mourir. » Ce à quoi Hauris n’a qu’à répondre : « mais on a mal dans l’corps, on a mal aux trippes, on a mal aux nerfs, on a mal partout! »

Pour voir un des films du Cycle abitibien : www.onf.ca/film/royaume_vous_attend/

vues sur le nord

CULTIVER LA LIBERTÉ> MARTIN BLAIS

Merci à Emploi Québec, précieux partenaire depuis juin 2009

Image tirée du film Un royaume vous attend, de Pierre Perreault et Bernard Gosselin. Le film fut produit par l’ONF. On y voit Hauris Lalancette.

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9L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

Si vous éprouvez un intérêt pour la culture autochtone et les relations entre les différents peuples, et qu’en plus, vous aimez bien vous détendre avec un roman policier entre les mains, alors permettez-moi de vous suggérer la trilogie de l’auteur abitibien André Pratte. Il semblerait que les forêts autour de McWatters soient particulière-ment riches en inspiration.

Vous ne retrouverez pas ici l’image habituelle de calme, tranquillité et sérénité associée à la vie dans le Nord, une vie simple rythmée par les saisons où l’on se réchauffe entre amis autour d’un bon feu. Que nenni. Monsieur Pratte situe ses personnages dans les forêts du Nord, à la Baie James, dans le grand Nord, à chaque fois dans une aire géographiquement res-treinte où il semblerait que les cri-mes crapuleux pullulent parmi les arbres et les tempêtes de neige.

La lenteur de l’action reflète un pays pris dans la neige, qui tisse patiemment les fils de ses histoi-res, mais chaque histoire s’avère pleine de rebondissements et de détours.

Quel que soit le tome que vous lisez (l’ordre importe peu), l’auteur vous amène à comprendre ce qui a poussé les méchants vers le chemin qu’ils ont pris, aussi bien les anciens enfants maltraités que les anciens combattants de Louis Riel, maltraités eux aussi. Mais, il s’agit toujours d’individus bagarreurs, des blancs qui règlent leurs comptes avec la société. Les Autochtones, qui vivent avec ces intrusions, se retrouvent pris dans les événements comme dans une toile d’araignée, spectateurs, victimes et parfois acteurs, tout comme les blancs auxquels ils se mêlent. Le personnage principal, lui, a quitté la police pour acheter

Ce dernier ouvrage vient s’ajouter aux 2 premiers tomes (Croâ et Okîskwow), parus respectivement en 2008 et 2009. Le sympathique écrivain, qui a longtemps fait car-rière en enseignement, a accepté de nous parler de son oeuvre ainsi que de sa région d’origine.

Né à Rouyn dans les années 1950, Pratte déménage en Outaouais à l’âge de 6 ans. C’est toutefois clair pour l’enfant et l’adolescent qu’il devient que son futur se déroulera dans sa région natale. « Je me sou-viens d’avoir souvent croisé à Hull un autobus qui affichait Rouyn- Noranda comme destination, se rappelle l’auteur. Je me disais à chaque fois « Un jour, je serai sur cet autobus. » C’est finalement arrivé le 7 septembre 1990, et il

n’est jamais parti depuis.

Inspirants espacesLorsqu’il est question de l’inspi-ration que lui apporte l’Abitibi, Pratte se montre particulièrement loquace. « Pour moi, l’Abitibi sera toujours le pays des grands espa-ces, de la neige et du froid, des longues veillées auprès du feu, des rêveries au son du bois qui éclate dans le poêle de la cuisine, confie-t-il. Bien sûr, je suis un peu nostalgique, mais je recherche toujours ce sentiment de paix et cette chaleur humaine que l’on a malheureusement troqués pour une console vidéo ou un cinéma maison. Ce paradis, je le revis, dans mes romans. »

Récipiendaire du prix Coup de

littérature

> FranCesCa bénédiCt

« Il est seul maintenant, et il le voit bien dans les yeux

derrière les fenêtres. » (p.356, Okîskwow)

critique littéraire

TRILOGIE D’ANDRÉ PRATTE

un comptoir de traite, mais il ne peut s’empêcher de revenir à ses anciennes fonctions et au pas-sage, l’auteur brosse un tableau des relations entre les comptoirs indépendants, les postes de traite et la Hudson’s Bay Com-pany. Ce policier, qui n’arrive pas vraiment à changer de métier, se fait souvent assommer alors qu’il cherche à arrêter les méchants. Il devient attachant par son huma-nité… Ces personnages surpre-nants donnent lieu à une étude des comportements humains qui révèle la finesse d’analyse psy-chologique de l’auteur.

Les personnages traversent sans encombre d’un univers à l’autre, du monde des légendes au monde « réel », sur fond de mythes et de légendes autochto-nes, mais aussi de savoirs ances-

traux. Le mélange de fiction et de réalité permet à certaines scènes d’horreur poussées à l’extrême de devenir humoristiques : « De la grosse marmite, sur le poêle à bois, dépassent un avant-bras et une main, qui semblent inviter à venir serrer la pince, à brasser l’abominable ragout. » (Okîskwow, p.275).

Malgré une écriture un peu lour-de, qui manque de poésie, qui ne

provoque pas l’imaginaire, il est difficile de lâcher les personna-ges même à la fin d’un chapitre… j’ai lu les trois livres en rafale ! L’auteur donne à voir que rien ni personne n’est jamais com-plètement bon ou complètement mauvais, et que la vie est faite de teintes de gris. Ceci dit, je ne regarderai plus de la même façon la forêt d’Aiguebelle, les monts Kékéko ou le pont sur la Kinojé-vis !

Pratte, André. Croâ, Montréal : Michel Brûlé, 2008, 400 p.

Pratte, André. Okîskwow, Montréal : Michel Brûlé, 2009, 370 p.

Pratte, André. Tupilaq, Montréal : Michel Brûlé, 2010, 370 p.

Entrevue avec l’auteur rouynorandien André Pratte

ÉCRIRE ICI EN S’INSPIRANT D’ICI

> philippe Gaudet

Les citoyens de Rouyn-Noranda l’ignorent peut-être, mais l’écrivain André Pratte est un fier résident de leur ville. Non, l’éditorialiste en chef de La Presse n’est pas devenu auteur à fiction et il est encore moins déménagé en Abitibi. Nous parlons ici de l’auteur d’une trilogie san-glante et effrayante qui vient d’être complétée par la parution, le 24 février dernier, du roman policier Tupilaq. coeur du Festival du roman policier

de Saint-Pacôme en 2008, Pratte apprécie grandement la reconnais-sance du public. « Le fait que les gens apprécient mes romans est définitivement le carburant dont j’ai besoin pour continuer à faire le plus beau métier du monde », avoue-t-il. Et du carburant, l’écri-vain en a eu besoin pour écrire son impressionnante trilogie. Lorsque questionné sur les sources de son inspiration, il répond en exposant ses passions : « L’idée me vient tout d’abord d’une fascination pour l’histoire, celle de nos ancêtres, celle des peuplades autochtones, des grands espaces du Nord évi-demment, ainsi que celle de cette grande aventure humaine que fut la vie des trappeurs et coureurs des bois. » C’est littéralement au cœur de cette fascination qu’André Pratte nous invite à voya-ger avec sa trilogie.

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10 L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

une abitibienne au village

Le dépanneur est à vendre. Depuis 4 ans. Il eut bien quel-ques acheteurs potentiels, mais rien de vraiment sérieux. Même nous, nous y avons pensé. Ce qui n’est pas sérieux du tout. Le dépanneur est à vendre. Les propriétaires en ont leur quota. L’âge de la retraite. Le goût de jouir enfin des efforts qu’ils ont mis depuis 10 ans dans cette entreprise. Avant? Ils avaient un autre dépanneur. En ville cette fois. Pourquoi ils sont venus ici? Parce que c’était la vision du monsieur. Il se voyait tenir un petit dépanneur, pas loin du lac. Les propriétaires précédents ont eu de la chance.

Le dépanneur est à vendre. Nous avons pensé l’acheter parce que nous avons peur. Peur de se retrouver comme à Saint-Mathieu : sans dépanneur. Vous en parlerez aux gens de Saint-Mathieu, comment c’est de vivre dans un village sans dépanneur. Capacité de rétention sous zéro. Quand tu ne peux plus acheter tes chips au village tu vas nécessairement en ville; une fois en ville tant qu’à y être tu vas pati-ner à l’aréna. D’abord tu y as passé la journée, parce qu’au moins 90% des gens des villages en périphérie travaillent à l’extérieur de leur lieu de résidence. Puis tu y passes la soirée et tu y retournes la fin de semaine, parce qu’il manque de crème. Alors tant pis pour la projection au sous-sol de l’église le samedi après-midi, on ira au cinéma en allant chercher le gasket pour la pompe. Village dortoir. Pas besoin d’être à Rosemère, la banlieue se propage vite comme la grippe.

Nous avons pensé acheter le dépanneur parce que nous avons peur. Peur que la pinte de lait nous coûte 12 $ aller-retour. Peur de manquer de gaz en allant tinker. Nous avons pensé acheter le dépanneur pour la vitalité : nous savons tous ici que si le dépanneur ferme, le cœur du village s’éteint. Malgré le centre communautaire, malgré l’école, malgré la bibliothèque le mardi soir, malgré la gloriette dans le parc, malgré tout ce qu’on en dira; pas de magasin, pas de village. C’est là que ça se passe. C’est là qu’on se voit. Le matin pour le gaz, le midi pour la malle, le soir pour la bière. C’est là qu’on prend des nouvelles. C’est là qu’on va quand on est tanné de parler au mur. Le dépanneur sait tout. Tout de tous.

Je ne devrais pas appeler ça le dépanneur, mais plutôt l’épicerie, parce que c’est son nom. On pourrait aussi le nommer magasin géné-ral. Parce qu’il y a de tout. De tout pour tous. Des clous à la livre, des coudes de tuyau de cuivre, des lavettes, des patates, des trombones, des permis de chasse, du fil à pêche, de la pâte à dent, de la poudre de bébé, de la bouffe à chien, des DVD, des petits chocolats fancy, des ensembles de couteaux, des toutous de Pâques... De tout et plus encore. Il nous dépanne bien, et souvent, le dépanneur. Trois cent soixante-cinq jours par année, 14-15 heures par jour, 105 heures par semaine.

105 heures par semaine. Vous êtes ouvert 105 heures par semaine? Oui.C’est difficile à vendre. Le commerce marche bien, de mieux en mieux même. L’achalandage est bon, le chiffre d’affaires augmente à cha-que année, les réfrigérateurs sont neufs, la ligne de gaz est chan-gée… Cent-cinq heures par semaine.

Et puis qui prend épicerie prend pays. La maison et le terrain avec. Grand ter-rain, grands arbres, deux remises. Un grenier avec

un monte charge comme dans l’ancien temps; l’endroit idéal pour des ateliers de création, des spectacles intimistes, des jam sessions. Une maison toute sur la petite planche, trois étages, six chambres, un petit bar dans la cave. De quoi rêver. De quoi faire un gîte, un restaurant, une résidence d’artistes, une auberge de jeunesse. Dans le magasin général; un coin café, une petite section de livres d’occa-sion, un dépôt de produits bio, puis à droite, à la place des DVD qu’on mettrait dans le fond, une section friperie avec une couturière qui fait des altérations sur place. L’été, un jour de marché pour les produc-teurs locaux, des tables à pique-nique, une belle affiche en bois où ce serait inscrit « Magasin Général du Village ».

C’est même pas le prix qui est trop élevé. C’est la mise de fonds qui scie les jambes : 20% du prix de vente. Plus un détail par-ci, une clause spéciale par là. Un organisme qui te prête pour le commerce, pas pour la maison. Une banque qui prête un maximum de tant pour le commerce de détail. Et patati et patata. Une belle balloune; un gros bateau. Puis penses-y : 105 heures par semaine. Trois cent soixante-cinq jours par année. Si personne ne peut l’acheter seul, il nous faudra l’acheter ensemble. Se réunir un soir ce printemps, les propriétaires, les élus municipaux, l’agente de développement, les citoyens. S’entendre sur une marche à suivre, une piste, un consensus. Que les idées qui germent dans la tête de chacun soient mises en commun. Que ceux qui ont l’argent le disent et ceux qui ont le temps le prennent. Va falloir trouver une solution. Trouver une couple de milles, 365 jours, 105 heures. Parce que le dépanneur est à vendre. Depuis 4 ans.

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11L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

humeurla culture dans mes mots

Culture n.f. Développement de certaines facultés de l’esprit par des exercices intel-lectuels appropriés. Ensemble des connais-sances acquises qui permettent de dévelop-per le sens critique, le goût, le jugement.1

J’essaie de réfléchir à ce que nous sommes... Nos proches ancêtres ont colonisé des terres algonquines il y a plus ou moins cent ans. Un peuple d’agriculteurs d’abord, puis de bûche-rons et de mineurs qui n’ont jamais vraiment été maîtres de leur desti-née. Et il n’y a pas eu de changement fondamental depuis la naissance de notre région ressource.2

Oui, d’accord, nous avons changé. Nous nous sommes modernisés. Notre peuple de pionniers est devenu consommateur. Alors on fait comme tout le monde et nos esprits macèrent dans un bouillon de signes de piastre.

Nous zappons en moyenne une trentaine d’heures par semaine! Là-dessus, il y a plus de trois heu-res de publicités qui conditionnent tous nos choix. Nous consommons tellement que la gestion des déchets est un immense problème. Plusieurs d’entre nous dépensent plus qu’ils ne gagnent. On appelle ça s’endetter. Et c’est très stressant l’endettement. Mais même si on est pris à la gorge, mieux vaut se pendre avec une corde en or… achetée à crédit.

Des expressions courantes traduisent l’influence de la pensée marchande sur nous : « investir dans ses relations », « acheter du temps », « hypo-théquer son avenir »... Elles sont communes et illustrent la place que prend l’économie dans nos esprits. La quête du bonheur calculé en dollars garde nos têtes penchées sur un seul objectif : être riche. Les modèles, les publicités et les idées

dont les médias nous bombardent sont centrés sur l’unique vérité qu’est l’argent.

La propagande est efficace au point où une émis-sion appelée Le banquier est vue par plus d’un mil-lion de personnes chaque semaine. C’est la cour-

se au profit. Tant pis pour les idiots et les moins chanceux, ils n’avaient qu’à faire les bons placements. Tant pis pour l’environnement et tant pis pour la vie car si ce n’est pas coté en bour-se, ce n’est pas important. La planète peut bien mourir, les riches sauteront dans une navette pour aller magasiner sur Mars...

J’essaie de réfléchir à ce que nous sommes mais le bruit des tiroirs-caisses, les prêches des mis-sionnaires du « chacun pour soi », la vue des écrans de Loto-Québec dans les dépanneurs, tout ça me rentre dedans.

C’est pour cette raison que ce qui s’inscrit hors de cette logique devient si précieux. Ce qui per-met de revenir sur terre et de rencontrer des humains, pas des consommateurs : un festival, un orchestre, une troupe de théâtre, soutenus par des bénévoles passionnés. Des salles pleines et surexcitées à qui on donne un troisième rappel. Je rends hommage à tous les artistes de notre région pour qui le don de soi et le partage passent avant la création de la richesse; à ceux qui en arrachent, parce la culture, à moins d’être com-merciale, ça ne rapporterait rien... Ceux qui sont l’écho de nos âmes. Toutes nos âmes qui ne sont pas à vendre.

Bon printemps!1 Dictionnaire Le petit Robert2 J’utilise cette expression pour faire plaisir aux technocra-tes d’ici ou d’ailleurs et m’ouvrir des portes si jamais je perdais mon emploi...

LE THÉâTRE, C’EST MON DOMAINE !PAR JULIE THIBEAULT

Nom : Ariel Tremblayâge : 12 ansLien particulier avec la culture : suit des cours de théâtre

Qu’est-ce que c’est, pour toi, la culture?La culture inclut des traditions comme Halloween, Noël ou Pâques, et également des activités largement partagées par une majorité de personnes, comme le hockey, par exemple. Elle inclut aussi les arts comme la musique, les arts dramatiques, etc.

à quoi sert la culture dans la société?Elle nous amuse tout en nous instruisant. Elle nous ouvre à d’autres cultures. Elle nous amène aussi à montrer qui l’on est : on ne fait pas de la musique si on n’aime pas cela. Au fond, l’école nous ouvre les portes de plusieurs arts, et ensuite on choisit ce qui nous ressemble.

Et si la culture n’existait pas?S’il n’y avait pas d’arts et de culture, on serait collés devant les jeux vidéo. On deviendrait « gros » et la vie serait ennuyante. Il n’y aurait pas de théâtre, pas de lecture et on aurait moins de vocabulaire. Moi, les livres m’ont appris beaucoup de vocabulaire et je trouve que c’est important de pouvoir s’exprimer en utilisant une grande variété de mots.

Qu’est-ce que tu ressens comme émotions quand tu es en contact avec la culture?Ça dépend. Moi, si je suis des cours de musique, par exemple, je m’ennuie. Par contre, au théâtre, je suis très excitée! Le théâtre me fait vivre plein d’émotions; c’est mon domaine!

à ton avis, qu’est-ce que ça prend comme qualités pour être un bon artiste?Dans l’art dramatique, par exemple, il ne faut pas être stressé, il faut aimer être sur scène (mais ça s’apprend), aimer avoir un public. Mais en général, pour être un bon artiste, ça prend de la passion, et il faut vraiment aimer ce que l’on fait. Et il faut aussi avoir une pensée différente de celle des autres.

Peux-tu nommer de grands artistes?Bryan Perro, Léonard de Vinci, Pablo Picasso. Ces deux peintres, c’est incroyable ce qu’ils ont fait. Ça m’impressionne vraiment! J’aime aussi beaucoup le conteur Fred Pellerin. Il se démarque, je trouve.

Et toi, aimerais-tu être une artiste? Si oui, quel genre d’artiste?Oui, j’aimerais être une artiste comédienne au théâtre, au cinéma et pour la télévision. J’ai surtout envie de jouer dans des comédies. J’ai toujours adoré être sur scène, depuis aussi longtemps que je me souvienne. Je vise à être reconnue au Québec, oui, mais aussi à travers le monde, et je suis sûre que je peux y arriver!

S’IL N’Y AVAIT PAS D’ARTS ET DE CULTURE, ON SERAIT COLLÉS DEVANT LES JEUX VIDÉO. ON DEVIENDRAIT « GROS » ET LA VIE SERAIT ENNUYANTE

S’IL N’Y AVAIT PAS D’ARTS ET DE CULTURE, ON SERAIT COLLÉS DEVANT LES JEUX VIDÉO. ON DEVIENDRAIT « GROS » ET LA VIE SERAIT ENNUYANTE

LA PLANèTE PEUT BIEN MOURIR, LES RICHES SAUTERONT DANS UNE NAVETTE POUR ALLER MAGASINER SUR MARS...

AU-DELà DU BRUIT DES TIROIRS-CAISSESPAR PHILIPPE MARQUIS

Première édition du Festival des Films de la Relève

UN FESTIVAL MONTRÉALAIS à L’ARôME D’ÉPINETTE

cinéma

C’est le samedi 3 avril, à l’Espace Dell’Arte de Montréal, que se tiendra la première édition du Festival des Films de la Relève, qui vise à met-tre en valeur les œuvres de jeunes cinéastes. L’Abitibi-Témiscamingue confirme sont statut de région de cinéma avec de fiers représentants un peu partout, de l’organisation à la programma-tion.

Le Festival des Films de la Relève est organisé par la coopérative de production cinématographi-

que Les Kréaturs, formée en grande partie de jeunes cinéastes originaires d’ici, parmi lesquels on trouve Marie-Josée Sévigny, Jonathan Levert et Jason Paré (co-fondateur des Racamés). La programmation officielle compte 18 films, dont 10 se font la lutte en compétition officielle. Parmi ceux-ci, on trouve Léo, du Rouynorandien Carol Courchesne, et Kitakinan – Notre territoire à tout le monde, du Valdorien Serge Bordeleau, deux films tournés ici en région.

www.festivalreleve.com

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C’est le samedi 3 avril, à l’Espace Dell’Arte de Montréal, que se tiendra la première édition du Festival des Films de la Relève, qui vise à mettre en valeur les œuvres de jeunes cinéastes. L’Abitibi-Témiscamingue confirme sont statut de région de cinéma avec de fiers représentants un peu partout, de l’organisation à la programmation.

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rubrique ludique

TOUT NOUVEAU TOUT CHAUD! PAR STAIFANY GONTHIER Du 14 au 16 mars dernier, se tenait le salon bi-annuel (printemps et automne) de l’Association Québécoise de l’Industrie du Jouet (L’AQIJ) à Drummondville. Dans le cadre de ce regroupement privé à but non-lucratif d’agents manufacturiers et de distributeurs, ceux-ci en ont profité pour nous dévoiler les nouveautés 2010 dans le monde des jeux et des jouets. Race for The Galaxy : Les amateurs de ce jeu de cartes complexe à l’apprentissage mais intéressant pourront se procurer sous peu une toute nouvelle extension. Black Stories, Spécial cinéma! : Une 3e boîte est ajoutée à la populaire série. Des énigmes à résoudre à la « MINDTRAP ». Exemple : Un homme meurt après qu’une dame ait actionné un bouton. Mais quel bouton!? Posez toutes les questions que vous voulez pour résoudre l’énigme. La seule contrainte: on ne pourra vous répondre autre chose que oui ou non. Dominion : Après les 3 boîtes disponibles en boutique, 2 nouvelles boîtes seront bientôt distribuées par la compagnie québécoise Filosofia. De quoi rendre la re-jouabilité du jeu encore plus géniale qu’elle ne l’était déjà! Les Colons de Catane : Pour ceux et celles qui ne possèdent pas déjà ce jeu des plus populaires, sachez que vous pourrez désormais vous le procurer pour 10,00 $ de moins que la version précédente. L’éditeur a remplacé les pièces de bois par des pièces de plastique, ce qui a fait baisser le coût de production. De plus, des pièces entourant le plateau ont été ajoutées pour tenir ce dernier en place. Une poupée qu’on peut allaiter : Eh oui, vous avez bien lu! L’enfant enfile un tablier arborant deux petites fleurs en guise de mamelons, approche ladite poupée qui se met à téter. Trois ou quatre tapes dans le dos, elle fait son rot et roupille par la suite. Je me demande encore si ce produit est extraordi-naire ou pas. Une chose est sûre, les discussions sont très partagées sur ce nouveau « jouet ». Est-ce que l’allaitement ne devrait pas être réservé aux femmes d’âge adulte? Et si le petit frère voulait lui aussi allaiter?

ARTISTE DU TÉLÉPHONEBruno Georget crée des jeux pour les iPhone et autres iPod

PAR MÉLANIE BOUTIN-CHARTIER

Si on en croit la publicité, on trouve de tout dans le monde des applications pour les téléphones portables comme les iPhone. On pourrait ajouter « De tout… même un gars de Rouyn-Noranda! », en l’occurrence Bruno Georget, directeur artistique et concepteur de jeux pour la compagnie Thirty2m.

« J’ai toujours été un gamer, j’ai toujours eu cette passion pour le jeu mais je ne croyais pas travailler [dans cette industrie] un jour », déclare Bruno Georget. Mathieu Burton, un ami d’enfance, a approché le Rouynorandien quand lui est venue l’idée de créer des jeux destinés aux propriétaires de iPhone. « C’est le fait d’être designer graphique qui m’a emmené où je suis, explique-t-il. Je suis aussi musicien depuis longtemps. Mathieu a tout de suite pensé à moi pour faire des jeux pour Apple. »

Du vrai hockey!La compagnie a un premier jeu à son actif. Disponible depuis un an, Ice Stars a été téléchargé plus de 10 000 fois. « Ice Stars est le seul jeu de hockey sur le App Store, explique Bruno Georget. Il y a beaucoup de jeux de air-hockey (hockey sur coussin d’air) mais il n’y a pas de VRAI hockey. Ice Stars est un jeu de type arcade, du 3 contre 3, avec des mini-jeux et des trophées. Le jeu est très populaire et les fans de hockey l’apprécient beaucoup en cette saison! » confie celui qui a aussi créé toute l’ambiance sonore du jeu. Fondée en 2008, Thirty2m est en constante évolution. La compagnie essaie toujours d’innover en déve-loppant des jeux amusants, originaux et très différents les uns des autres. Thirty2m prévoit d’ailleurs sortir avant l’été un deuxième titre pour le App Store qui n’aura rien à voir avec notre sport national.

LA DANSE DANS TOUS SES ÉTATS... … et de tous les états, avec le Groupe Momentum

danse

La bande de Sylvie Richard, figure bien connue du monde de la danse en région, offrira donc des prestations en danse contemporaine, swing, cabaret, en danse d’un peu partout dans le monde… On nous annonce même que des artistes d’un peu partout en région fouleront les planches, une autre preuve que cette discipline connaît une vigueur encourageante depuis quelque temps. Ce spectacle amorce en quelque sorte la saison de la danse qu’est le printemps, avec les spectacles de fin d’année des différentes écoles spécialisées de la région. Pour connaître les dates de ces nombreux événements, consultez notre calendrier culturel, du prochain mois, ou encore le site Internet du Conseil de la Culture au www.ccat.qc.ca.

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Le groupe Momentum Danse présente, le 16 avril à 20 h, au Théâtre du cuivre de Rouyn-Noranda, un spectacle de danse grand public. à cette occasion, la troupe propose aux amants de cet art corporel de voyager à travers un vaste éventail de styles de danse.

29 avriljournée internationale de la danse

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cahier spécial

réno-déco-écolo

Pourquoi un cahier RÉNO-DÉCO-ÉCOLO dans un journal culturel ?

Ce mois-ci, pour la première fois, vous trouvez dans les pages de votre Indice bohémien un cahier spécial qui ne porte pas sur la culture. Pourquoi avoir décidé d’en faire ainsi? Pourquoi s’attarder à la rénovation et la construction écologique? Les raisons sont nombreuses, mais c’est principalement parce que nous avons à cœur d’informer nos lecteurs sur différents sujets et surtout parce que nous considérons que nos lecteurs sont des gens ouverts et sensibles à la protection de l’environnement.

Avec le retour des beaux jours, plusieurs se mettent à planifier les travaux qu’ils effectueront sur leur maison. Nous croyons que nombreux sont nos lecteurs qui sont propriétaires d’une maison, et qu’ils sont souvent plus soucieux que la moyenne en ce qui concerne les nouvelles tendances et les nouveaux produits plus écologiques. Enfin, nous savons que nos lecteurs sont aussi des gens curieux qui cherchent de l’information adaptée à notre réalité régionale, rapportée par des gens d’ici avec une expertise spécifique en écologie.

Par ailleurs, nous avons la conviction que les gens d’ici font les choses d’une façon unique, avec une expertise propre à la région, ce qui représente une facette de notre culture, de notre façon de vivre ensemble. Bref, tout est en place pour que ce cahier spécial soit tout à fait chez lui dans les pages de L’Indice bohémien!

Vous trouverez donc dans les pages qui suivent de l’informa-tion générale et spécialisée traitant de différents aspects de la rénovation, de la construction et de la décoration avec un regard écologique et une approche environnementale.

Finalement, il importe de préciser qu’afin d’assurer la pérennité de notre mensuel culturel, il est primordial pour nous d’aller chercher d’autres lecteurs et d’autres annonceurs. Ainsi, d’autres cahiers spéciaux pourraient ainsi voir le jour, toujours sur des sujets qui, selon nous, rejoindront les préoccupations et les valeurs de nos lecteurs.

Merci et bonne lecture!

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14 L’INDICE BOHÉMIEN - cahier réno-déco-écolo - AVRIL 2010

Les techniques d’isolation aussi efficaces que « vertes » sont de plus en plus nombreuses

S’isoler dans la nature

Sophie Richard-Ferderber, agente en communication, MRC de La Vallée-de-l’Or

« Y pensait jamais que l’isolant l’isolerait autant », chantait Dolbie Stéréo dans la comédie musicale Pied de Poule. Afin de ne pas finir comme Pauvre Roland dans la chanson, voici une introduction aux nouvelles options écolos pour isoler la maison.

Les isolants traditionnels se sont imposés par leur coût concurrentiel, une bonne efficacité et leur accessibilité. On découvre toutefois aujourd’hui certains de leurs inconvénients. La laine de fibre de verre, par exemple, peut irriter la peau, les yeux et les voies respiratoires lorsque manipulée sans protection. Celle-ci peut aussi contenir du formaldéhyde, un probable cancérigène. Quant aux panneaux de polystyrène ou aux mousses de polyuréthane, ils sont faits d’une ressource non renouvelable et peuvent libérer de puissants gaz à effet de serre.

En réponse à ces problé-matiques, les isolants plus verts émergent comme des nouveautés, mais s’inspirent souvent du passé. Isoler sous un plancher avec des piles de vieux journaux était commun jadis. Cette méthode renaît aujourd’hui : des journaux destinés au recyclage sont déchiquetés et traités au sel de bore, un produit naturel, pour assurer une résistance aux insectes, à la moisissure et au feu. L’isolant ainsi créé, appelé cellulose, est exempt de dangers pour la santé ou l’environnement et est disponi-ble en région.

De la ferme à la maisonLa paille est une autre valeur sûre du bon vieux temps qui est accessible chez nous pour qui sait l’utiliser. Si le premier petit cochon avait eu le temps de structurer sa maison et de recouvrir ses murs de paille d’un bon crépi, le loup se serait rapidement essoufflé. Chaque brin de paille constitue une sorte de petite

chambre à air, ce qui confère des propriétés isolantes remarquables à un ballot complet. Bien construits, les bâtiments en paille offrent une excellente qualité d’isolation et d’insonori-sation, en plus d’être très résistants à l’humidité et au feu.

Le petit cochon aurait aussi pu faire appel à ses collègues de la ferme : si la laine de mouton de notre chandail ou les plumes de notre couette nous gardent bien au chaud durant l’hiver, elles peuvent aussi emmitoufler notre maison. D’autres techniques utilisant le

chanvre sont également en développement, ainsi que des isolants à partir de textiles recyclés, valo-risant le coton, le jean ou des fibres synthétiques.

De nouveaux produits qui incluent un contenu recyclé sont aussi disponibles. Certaines laines ou mousses renferment un haut pourcentage de bouteilles de verre broyées ou de conte-nants de plastique recyclés, ce qui diminue l’empreinte écologique liée à l’utilisation de pétrole pour leur fabrication. À cet effet, une mousse isolante québécoise remplace une partie des produits dérivés du pétrole qu’elle contient normalement par de l’huile de soja.

Parmi ces choix, aucun ne combine une parfaite efficacité et un impact environne-mental nul. La clé est donc de bien évaluer nos besoins et nos possibilités, et de tenir compte de chaque étape du cycle de vie du produit, de sa fabrication à son élimination.

Bien conStRuitS, leS BâtimentS en PAille offRent une excellente quAlité D’iSolAtion et D’inSo-noRiSAtion, en PluS D’êtRe tRèS RéSiStAntS à l’humiDité et Au feu

cahier spécial

réno-déco-écoloJounalistes : Suzie Ethier, Isabelle Jacob, Winä Jacob, Paul-Antoine Martel, Étienne Martin, Caroline Morneau, Sophie Richard-Ferderber

Réviseurs-correcteurs : Paul-Antoine Martel, Karine Murphy

Rédactrice en chef Winä [email protected]

Coordination et ventes publicitairesMaurice [email protected]

GraphismeMise en page et publicités : Le Canapé communication [email protected]

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15L’INDICE BOHÉMIEN - cahier réno-déco-écolo - AVRIL 2010

Sophie Richard-Ferderber, agente en communication, MRC de La Vallée-de-l’Or

Selon les magazines de décoration intérieure, les tendances changent à chaque saison, comme dans le domaine de la mode vestimentaire. Renouveler sans cesse le mobilier et la déco chez soi a pourtant un impact environnemental plus important que d’ajouter un morceau à sa garde-robe. Voici quelques trucs pour adopter une vision verte de la décoration.

RéutiliSeR ne Signifie PAS néceSSAiRement Se contRAinDRe à AccePteR lA tABle en mélAmine RoSe De notRe tAnte PouR fAiRe tAiRe notRe conScience écolo

La première règle est la réduction : il importe de s’en tenir à l’essentiel et de rechercher une certaine pérennité. Des meubles classiques, en matériaux nobles, risquent moins de passer de mode et s’agenceront à presque tout nou-veau décor. La qualité de fabrication s’avère aussi un critère. Cela peut se traduire par un coût d’achat plus élevé, mais la vie utile de l’objet s’en trouvera allongée, évitant ainsi des déchets. Équipé d’éléments de base durables, on peut rafraîchir une pièce en ne jouant que sur les couleurs et accessoires. Ces derniers peuvent d’ailleurs simplement être déplacés ou modifiés pour convenir.

Mirages à 1$Si les participants aux émissions de décoration se réjouissent de démontrer que leurs dépenses respectent le budget, nous aussi recherchons naturellement le sentiment de fierté suscité par le « méchant bon deal », trop souvent en ne considérant pas d’emblée le volet environne-mental. Exemple de tentation déco : au maga-sin à 1$, un pot en verre, de petites pierres polies et des branches de bambou colorées créeront un centre de table tendance à 3$ et quelques sous. Une aubaine!

L’enthousiasme s’estompe en considérant que ces items ont parcouru des milliers de kilomè-tres, de la Chine jusqu’ici, générant des gaz à effet de serre, et qu’ils ont été emballés dans du plastique et du carton qui se retrouvent immédiatement aux rejets. Pourtant, un bord de lac près de chez nous aurait pu fournir les pierres polies; la forêt, les branches; un restant de peinture, la couleur; le bac de recyclage, le pot en verre. Bilan : zéro dollar et zéro impact, une réelle aubaine.

Après la réduction vient la réutilisation. Votre MRC ou votre municipalité peuvent vous four-nir une liste des organismes qui récupèrent et revendent des meubles et objets usagés près de chez vous. Les déchets des uns peuvent devenir les trésors des autres grâce à ces initia-tives, et ce, à très bas prix. Internet est une autre porte d’accès à l’usagé : abitibi.kijiji.ca, weba-bitibi.com et les petites annonces de Cablevi-sion sont des ressources Web populaires.

Réutiliser ne signifie pas nécessairement se contraindre à accepter la table en mélami-ne rose de notre tante pour faire taire notre conscience écolo. C’est surtout d’utiliser sa

cahier spécial

réno-déco-écolo

Déco verte et billets vertsEn décoration, écologie rime avec économies

créativité ou, à défaut d’en avoir, de solliciter celle de son entourage. De plus en plus de designers récupè-rent de vieux objets pour en faire des neufs, plus attrayants. L’inspiration peut provenir de magazines, d’Inter-net ou de votre tête; il ne manque ensuite que quelques talents de bri-colage.

Si la motivation vous manque, faire appel à un professionnel pour métamorphoser un meuble s’avère souvent moins dispen-dieux que d’acheter du neuf. Vous obtenez en prime un objet unique et la satisfaction d’avoir posé un geste vert.

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IBles fameuses deuxième et troisième transformations du bois sont comme la paix univer-selle : tout le monde les souhaite, mais personne ne sait vraiment comment en faire une réalité. Si on est à la recherche d’un exemple à ce sujet, c’est du côté de Rivière-héva qu’il faut se tourner.

IBSans faire de bruit, la compagnie Artdec offre à travers le québec des produits spécialisés pour l’entretien et la finition du bois, directement de son siège social situé à… mont-Brun.

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cahier spécial

réno-déco-écolo

Artdec (pour « Artisans décapeurs ») offre une gamme impressionnante de produits allant de la peinture à la teinture, en passant par les huiles, solvants et autres résines.

Une visite sur le site Internet de l’entreprise per-met de constater qu’il existe un vaste marché de la restauration – et de l’entretien – du bois, et que la compagnie se positionne d’avan-tageuse façon ici au Québec. En effet, on y trouve une description complète des produits,

des témoignages d’utilisateurs, un forum de discussion, une grande quantité de liens vers des sites Internet spécialisés et, évidemment, une boutique virtuelle.

Avec des produits comme ceux-là, qui per-mettent d’allonger la durée de vie des meu-bles en bois, voilà une raison supplémentaire de ne pas succomber à l’attrait économique de la mélamine…Artdec.ca

En 1981, Joseph-France Lefebvre partait sui-vre, auprès de charpentiers américains, une formation pour apprendre à construire des maisons en charpentes de bois. Dès 1984, il fonde les Compagnons de charpente, qu’il opère en compagnie d’autres artisans aussi passionnés que lui par les techniques de construction traditionnelles adaptées à la réalité d’aujourd’hui.

Au fil des ans, les Compagnons de charpente ont monté des structures de maisons un peu partout au Québec et particulièrement en Abitibi-Témiscamingue, mais ont aussi accompagné des gens dans leur propre pro-jet de construction de maison de ce type, ont offert des ateliers en construction de maisons

à l’aide de ballot de paille ou en construction de foyers de masse, et ont même donné des conseils sur la gérance de projet et le finan-cement.

Joseph-France Lefebvre et Carole Fecteau, des Compagnons de charpente, ont d’ailleurs été nommés Personnalités de l’année par l’Association forestière de l’Abitibi- Témiscamingue, lors du 66e colloque annuel de l’organisation, en novembre dernier.

Pour ce qui est de la paix dans le monde, on est toujours à la recherche d’exemples aussi inspirants.

compagonsdecharpente.com

Techniques d’hier à la mode d’aujourd’huiDeuxième et troisième transformations :

ça existe, finalement

Des produits d’ici pour prendre soin du bois

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17L’INDICE BOHÉMIEN - cahier réno-déco-écolo - AVRIL 2010

Isabelle Jacob et Étienne Martin, Groupe Éco-citoyen de Rouyn-Noranda (GÉCO)

De plus en plus, les maisons neuves sont fabriquées en respectant certains principes de construction écologiques, ou du moins éco-énergétiques. les maisons plus âgées peuvent elles aussi atteindre certains standards de qualité du point de vue environne-mental. il s’agit simplement de bien choisir ses matériaux : ça tombe bien, le choix est de plus en plus varié en ce domaine.

D’abord, sachez qu’il n’est pas nécessaire d’être un expert en « maisons écolos » pour intégrer des pratiques de rénovation plus respectueuses de l’environnement. Il s’agit simplement d’être vigi-lant en gardant à l’esprit quelques critères-clés dans le choix de ses matériaux. Ainsi, on recherchera idéalement des matériaux dura-bles, renouvelables, peu ou non toxiques, recyclés, recyclables, revalorisables et surtout, bien de chez nous.

Fenêtres : pour y voir clairLa rénovation extérieure implique souvent de renouveler la fenes-tration. En plus de redonner un 2e souffle à notre demeure, les nou-velles fenêtres assureront une meilleure efficacité énergétique. Planifiez judicieusement l’emplacement de celles-ci; placées au sud, elles procurent une chaleur passive, facile à accumuler… et gratuite! Assurez-vous que le type de verre choisi laisse passer les rayons du soleil. Attention : placées à l’ouest, les fenêtres peuvent « surchauffer » la maison en période estivale.

Parmi l’éventail de choix, les fenêtres de type hybride PVC/alumi-nium s’avèrent un bon compromis. L’extérieur est fait d’aluminium, donc très résistant aux intempéries et aux écarts de température. Outre son aspect durable, l’aluminium est un matériau qui est recy-clable à l’infini, donc facile à réintroduire dans un nouveau cycle en fin de vie utile. L’intérieur est fait de PVC, ce qui représente un avan-tage pour l’isolation et l’entretien tout en étant moins dispendieux.

Revêtement : s’habiller en vertAprès les fenêtres, le choix du revêtement extérieur est tout aussi crucial. Cette étape ne doit pas être négligée puisque, en principe, nous choisissons aujourd’hui… pour les 50 prochaines années! Pour toutes nos propositions, le bois est à l’honneur! En partant du « plus durable/moins écolo » jusqu’à l’inverse, nous avons arrêté notre choix sur ces quatre produits : 1) le bois traité sous pression au Cuivre Alcalin Quaternaire (de la compagnie québécoise Goodfellow, garanti à vie, disponible dans les quincailleries);2) le bois teint sous pression à l’aide d’une teinture à base d’eau (de la compagnie Maibec, garanti 50 ans, dans les quincailleries);3) le bois de cèdre ou de mélèze (Goodfellow ou Maibec, dans les quincailleries ou dans les scieries régionales);4) le bois non traité (Goodfellow garanti 55 ans, dans les quincaille-ries, ou encore dans les scieries régionales).

Toiture : bruit de tôle ou silence de cèdre?Pour le toit, la tôle représente le choix le plus durable. Il est très esthétique… et mélodieux les jours de pluie! Par ailleurs, il sera pro-chainement possible de se procurer une nouvelle tuile fabriquée

à partir de pneus recyclés, laquelle offre l’apparence de l’ardoise. Bien qu’elle blanchisse légèrement avec le temps, sa durée de vie est de 50 ans. Durable, elle permet également d’encourager le recyclage. Enfin, il existe l’option des bardeaux de cèdre. En plus de leurs propriétés isolantes contre le froid et le bruit, ils sont dura-bles et ne requièrent presque pas d’entretien puisqu’ils contiennent des agents de conservation naturels qui les protègent contre la moisissure (Maibec garanti 50 ans dans les quincailleries ou scieries régionales).

Finition intérieure / Couvre plancherEn ce qui concerne les couvre-planchers, il faudra d’abord opter pour des matériaux qui n’émettent pas de composés organiques volatiles (COV), tels que les formaldéhydes, puisqu’ils sont nocifs pour la santé. La céramique respecte ce critère, à condition d’uti-liser des colles et des coulis sans additifs chimiques et sans odeur. Pour les bricoleurs, il est également possible de recycler de vieux tableaux d’école pour en faire des tuiles d’ardoise!

Le bois est aussi un choix judicieux. Et idéalement, on choisira du bois d’ici! Si le chêne et l’érable sont des bois francs bien connus, le mélèze et le bouleau offrent également une bonne résistance. Par ailleurs, il est possible de se procurer des planchers de bois franc certifiés FSC (Forest Stewardship Council, qui souligne la bonne ges-tion forestière) ou encore fabriqués à partir de bois récupéré.

Traitement du bois : des huiles essentiellesPour bien protéger les portes, les planchers et les boiseries, des finis à base d’huiles naturelles, telles que l’huile de lin, de ricin ou d’abrasin, sont à privilégier. La cire d’abeille est aussi une option. À titre d’exemple, l’huile d’abrasin diluée au solvant à l’orange (de la compagnie Artdec de Mont-Brun) ou au soya (Gamme Natura, dis-ponible chez Home Hardware) offre une excellente protection tant pour l’intérieur que l’extérieur. Il est cependant conseillé de suivre à la lettre les instructions du fabriquant pour obtenir des résultats satisfaisants.

Peinture : l’art des mélangesEnfin, la peinture recyclée Boomerang (concoctée au Québec) représente un choix intéressant pour les murs, les meubles et les objets divers, en plus d’être très économique. Par ailleurs, il existe plusieurs gammes de peinture à faible teneur ou sans COV dispo-nibles dans les quincailleries. Ecospec de Moore, ecosource de Sico et Rona collection en sont des exemples. Enfin, pour les plus explorateurs, il est toujours possible de créer ses propres mélan-ges de peintures naturelles. Des recettes sont disponibles sur le site écohabitation.com.

cahier spécial

réno-déco-écoloRénover sans trop polluer

Pour une « coquille » saine et écolo

Pour plus d’info :

Guide des options écolos : www.cestamontreal.com/Guide-des-options-ecolos-APCHQ.pdfÉcohabitation, la ressource en bâtiment écologique : www.ecohabitation.com/guide/index.php?path=decorationArchiBio, architecture biologique : www.archibio.qc.ca/»http://www.archibio.qc.ca/

PHOTOS : ISABELLE JACOB

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cahier spécial

réno-déco-écolo

18 L’INDICE BOHÉMIEN - cahier réno-déco-écolo - AVRIL 2010

Du centre de la terreLa géothermie, comme son nom l’indique, uti-lise l’énergie emmagasinée dans la terre pour réchauffer les maisons. Un système géothermi-que peut réduire de 70% les coûts de chauffa-ge, et s’utilise aussi en été pour la climatisation. L’investissement initial est important ; toutefois, Hydro-Québec et différents programmes gou-vernementaux offrent des subventions intéres-santes aux consommateurs. La durée de vie du système et sa rentabilité à long terme sont consi-dérables, surtout que les coûts des ressources énergétiques risquent d’augmenter de façon importante au cours des prochaines années. Enfin, les systèmes de géothermie permettent également de préchauffer l’eau domestique, ce qui réduit aussi la facture d’électricité.

Si tu aimes le soleil…Le chauffage solaire passif est l’utilisation de la chaleur émise par le soleil, principalement grâce à des fenêtres orientées vers le sud qui captent un maximum de rayons solaires. L’énergie doit être emmagasinée dans un matériau ayant une grande masse thermique*, comme le béton ou l’eau, pour éviter la surchauffe mais égale-ment afin de redistribuer, durant la nuit, l’énergie accumulée dans la journée.

De manière moins directe, l’installation d’un chauffe-eau solaire sur la toiture permet de pré-chauffer l’eau pour les systèmes de chauffage à l’eau (à chaudière) ou pour l’eau domestique (douche, vaisselle, piscine, etc.), ce qui réduit ainsi l’utilisation du chauffe-eau électrique, l’ap-pareil le plus énergivore de la maison. Les deux systèmes se marient bien avec un plancher radiant (chauffant).

Le chauffage solaire actif est la conversion de l’énergie solaire en électricité par des capteurs photovoltaïques (PV). Installés sur la toiture avec une orientation et une inclinaison particulière selon la position géographique de l’édifice, les PV peuvent fournir l’énergie que requiert le fonc-tionnement des plinthes électriques. Bien que le nombre d’heures d’ensoleillement soit impor-tant au Québec, l’investissement, l’efficacité des produits et le prix de l’énergie ne justifient pas encore l’utilisation d’un tel système pour une rési-dence unifamiliale.

foyer et foyersPour ceux qui préfèrent la chaleur que procu-rent les bons vieux feux de foyer, un foyer de masse pourrait s’avérer une solution intéressante. Constitué de pierres réfractaires, il peut chauffer, de façon confortable et constante, une maison entière en utilisant très peu de bois, et la haute efficacité de sa chambre de combustion en fait le foyer rejetant le moins de polluants dans l’air. L’investissement minimal important (autour de 8 000$), ses dimensions et sa position cen-trale dans la maison sont toutefois des facteurs à considérer.

Il existe d’autres moyens de chauffage qui sont difficilement envisageables à l’échelle résiden-tielle, tel l’éolien, la biomasse et les biogaz. Ils font toutefois partie de solutions pouvant s’appliquer à l’échelle de quartiers ou de villes, comme le font certaines communautés avec l’utilisation de la chaleur émise par le compostage pour chauffer des bâtiments (abris Comploo, Japon), ou de la chaleur produite par les déchets fores-tiers pour chauffer un village complet (Oujé-Bou-goumou, Québec).

Chauffer moins, chauffer mieuxParce qu’il y a une vie au-delà du mazout et des plinthes

Caroline Morneau, Architecte

chauffer représente une partie importante du budget relié à l’utilisation de nos maisons. les moyens de chauffage traditionnels que sont les poêles à bois ou au propane, les fournaises au gaz et les plinthes électriques sont bien connus, mais il existe d’autres sour-ces d’énergie qui permettent de réchauffer nos maisons tout en étant plus écologiques. même si ces nouvelles méthodes nécessitent parfois des systèmes d’appoint, elles per-mettent de faire des économies substantielles.

*Masse thermique : mesure de la capacité physique d’un matériau d’emmagasiner de la chaleur.

Notes de bas de page :

Gagné, S. et A. Fauteux (2010) « Les promesses du chauffage solaire actif », La maison du 21e siècle. Hiver 2010, vol.17, 1, p.49-51

Pronovost, F. et L. Jodoin (2009) « Quoi de neuf en géothermie? », La maison du 21e siècle. Printemps 2009, vol.16, 2, p.59-62

Liébard, A. et A. De Herde (2005) Le traité d’architecture et d’urbanisme bioclimatiques, Observ’ER : Paris, fiche 95 à 105.

Gonthier L. (2010) « Confort toute saison», 150 plans. Printemps 2010, vol.33, 3, p.16-18

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19L’INDICE BOHÉMIEN - cahier réno-déco-écolo - AVRIL 2010

Ils parvinrent à mettre la main sur un magnifique terrain boisé qu’ils défrichèrent, mais seulement où c’était nécessaire, et s’attaquè-rent aux plans de ce qui allait un jour abriter leur famille. Mainte-nant qu’ils avaient la possibilité de faire exactement ce qu’ils vou-laient, plus question de se conformer aux standards du marché. Ils optèrent donc pour une demeure qui cadrait parfaitement avec leur fibre écolo : une maison tenons et mortaises isolée en paille et chauffée par un foyer de masse. Pourquoi pas? Après tout, qui de mieux placés que deux jeunes fringants (et probablement un peu inconscients aussi!) pour se lancer dans un tel projet.

Ce couple c’est nous, et cette maison, nous l’habitons!

un p’tit peu de nous autres là-dedansOn entend souvent dire qu’en région, tout est à faire, tout est à construire. Eh bien dans notre cas, on a carrément pris ces paroles au pied de la lettre! Et pour ceux qui croient qu’entreprendre une construction écologique en région éloignée complique nécessai-rement les choses, détrompez-vous. En fait, je dirais même qu’à certains égards, elle les facilite. Je pense entre autres au prix des terres qui sont, heureusement pour nous et contrairement à cer-taines régions du Québec, encore abordables. Pour ce qui est de l’approvisionnement en matériaux, ou plutôt en matières pre-mières dans notre cas, il s’est fait somme toute assez simplement, et principalement en produits régionaux. Tout le bois de la char-pente provient du Témiscamingue et a été transformé à La Motte avec l’aide d’un charpentier traditionnel; la paille provient d’un cultivateur de céréales de Notre-Dame-du-Nord ; l’argile (pour nos crépis et notre plancher) a été recueillie à Rouyn-Noranda ; les pierres de notre foyer viennent de Montbeillard ; et les huiles et pigments naturels sont fabriqués à Mont-Brun. On a même réussi à mettre la main sur des portes et fenêtres récupérées de gens de la place. Bref, quand on cherche, on trouve.

En fait, je serais portée à dire qu’en entreprenant une construction de ce genre, ce n’est pas tellement le lieu qui joue un rôle majeur, mais bien les différents aspects humains qui s’y rattachent. Par moments, il devient presque gênant de recevoir autant d’aide sans jamais pouvoir en redonner autant. La charge de travail est si grande qu’il est parfois tentant de se décourager et de ne plus voir le bout. Les hauts et les bas se succèdent constamment. Il faut dire que de sacrifier la presque totalité de ses loisirs sur une aussi longue période n’est pas chose facile.

Mais le plus ardu demeure probablement d’établir les priorités et un certain équilibre entre la maison… et le temps passé avec les gens qu’on aime! Parce qu’il faut aussi savoir qu’au début du

Construire une maison… et une vieLa construction écologique en région : pas facile, mais tout à fait possible

Suzie EthierIl était une fois un jeune couple qui, n’en pouvant plus d’habiter à l’ombre des deux immenses cheminées, déci-da de partir à la recherche de la maison de leurs rêves. le marché étant ce qu’il est en région, ils durent rapide-ment se rendre à l’évidence qu’il pourrait s’écouler une éternité avant qu’ils ne trouvent ce qu’ils cherchent. c’est pourquoi, dans un élan de naïveté, ils décidèrent de se construire une maison toute neuve. il ne fAut PAS Se SuRPRenDRe en APPRenAnt

qu’à quelqueS heuReS De l’Accouchement, je me tRouVAiS DAnS leS échAfAuDS à tenteR D’en fAiRe le PluS PoSSiBle AVAnt l’ARRiVée Du BéBé…

projet, nous n’étions qu’un couple, mais qu’en-tre-temps, deux enfants ont vu le jour, ce qui change drôlement la donne. Il ne faut donc pas se surprendre en apprenant qu’à quelques heures de l’accouchement, je me trouvais dans les échafauds à tenter d’en faire le plus possible avant l’arrivée du bébé… Et que ce dernier a été bercé tout au long de la grossesse au son des perceuses, mélangeurs et marteaux.

Le temps, le fameux temps, est donc une fois de plus la pierre angulaire de toute cette aventure. Malgré toute l’aide reçue, il se sera écoulé deux ans entre la corvée de charpente et l’emména-gement officiel dans notre maison. Et pourtant, le terme «chantier» colle encore parfaitement à l’état actuel de la maison. C’est dire à quel point il s’agit d’un projet de longue haleine ou comme quelqu’un m’a déjà dit : d’un projet de vie!

PHOTO : SUZIE ETHIER

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20 L’INDICE BOHÉMIEN - cahier réno-déco-écolo - AVRIL 2010

Donner la noteLa certification LEED encourage la construction et la rénovation vertes

Paul-Antoine MartelAu-delà de l’utilisation de matériaux dits « écologiques », les propriétaires d’immeubles de toutes tailles soucieux d’environnement peuvent obtenir, pour leur projet de rénovation ou de construction, la certification leeD. Rares sont les promoteurs prêts à investir pour l’obtenir, surtout ici en région, mais cette situation pourrait bientôt changer.

cahier spécial

réno-déco-écolo

Élaborée aux États-Unis en 2000, et appliquée au Canada par le Conseil du bâtiment durable depuis 2004, la certification LEED (Leadership in Energy and Environmental Design) est accordée à des bâtiments répondant à certains critères de conception et d’ef-ficacité environnementale, dans le but d’assurer le bien-être des occupants et la « performance » de l’im-meuble.

L’évaluation des bâtiments se fait selon un système de pointage divisé en 6 catégories ou champs d’application, tels que l’aména-gement écologique des sites, la gestion efficace de l’eau ou l’énergie et l’atmos-phère, entre autres. Un évaluateur indépendant juge le projet et lui attribue un pointage selon ce qu’il pré-sente comme caractéristiques écologiques (utilisation d’énergie renouvelable ou réduction de la consom-mation d’eau, par exemple); le nombre de points obtenus détermine le niveau de certification accordé (bronze, argent, or ou platine).

Retard régionalLe LEED n’est pas très en vogue en Abitibi-Témiscamin-gue. « Pour l’instant, il n’y a que les immeubles gérés par la Société immobilière du Québec qui aspirent à devenir LEED, et c’est pour répondre à une direc-tive gouvernementale, mais on sent qu’il y a de plus en plus d’intérêt dans le privé pour la certification », explique Marie-Déelle Séguin-Carrier, architecte chez TRAME, l’une des quelque dix professionnels accré-dités LEED en région. « C’est un processus d’une cer-taine lourdeur : il faut y penser dès la conception, puis

accompagner l’entrepreneur sur le chantier. Tous les éléments doivent être mesurés. »

En général, les efforts déployés pour obtenir une cer-tification LEED font grimper le coût d’un projet, mais il faut voir les bénéfices qui s’y rattachent. « Il y a bien sûr l’économie d’énergie, qui peut être substantielle,

convient l’architecte Séguin-Car-rier, mais ces immeubles sont sur-tout conçus pour le confort. Et puis il ne faut pas sous-estimer le pres-tige qui vient avec la reconnais-sance. » Les frais supplémentaires dépendront des aspects que l’on

souhaite mettre en valeur : ce qui touche les matières résiduelles est généralement facile à accomplir, alors que le contrôle de la qualité de l’air demande plus d’efforts.

Marie-Déelle Séguin-Carrier confie qu’il fut envisagé de viser l’obtention de la certification LEED pour la toute nouvelle école des Explorateurs, construite l’an dernier à Malartic. « Mais on était trop serrés dans le temps, et certains aspects auraient été trop longs à réaliser », explique-t-elle. Néanmoins, un système de chauffage géothermique a été installé, et une attention particu-lière a été accordée à la fenestration. « Souvent, juste de se demander ce qui pourrait être fait pour viser la certification permet d’intégrer certains critères aux projets. » Qui sait, peut-être qu’avec le nombre gran-dissant de professionnels aptes à concevoir des pro-jets LEED – donc sensibles aux plus récentes avancées en matière d’efficacité environnementale –, les bâti-ments d’ici verdiront un peu.

leS effoRtS DéPloYéS PouR oBteniR une ceRtificAtion leeD font gRimPeR le coût D’un PRojet, mAiS il fAut VoiR leS BénéficeS qui S’Y RAttAchent

Le 2e FestiVert

Célébrons notre conscientisationWinä Jacob

Depuis l’an dernier, la mRc de la Vallée-de-l’or célèbre ses convictions environnementales en organisant un festival tout ce qu’il y a de plus vert.

Pendant tout le mois d’avril, il sera possible d’as-sister à plusieurs conférences et ateliers portant sur des thématiques environnementales allant du compostage domestique à la consommation éco-responsable, en passant par la démystification des couches lavables, l’entreprenariat écologique, l’aménagement paysager et bien d’autres.

Si le FestiVert se veut une initiative éducative visant à développer ou renforcer la conscience éco-logique des citoyens, c’est également un événe-ment festif où il fait bon célébrer les gestes verts du quotidien. Voilà pourquoi on offre aussi des activités telles que le conte écolo, la présentation du documentaire Accros au plastique, une expo-sition appelée Déchets d’oeuvres et le spectacle de Hugo Fleury, ancien leader du groupe Polémil Bazar. www.mrcvo.qc.ca

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21L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

Ainsi, la troupe de La Sarre délaisse les décors grandioses, les effets multimédias et la pyro-technie du spectacle Le Paradis du Nord pour faire place à la toute dernière cuvée des élèves de l’École des arts de la scène. Cette nouvelle école, parrai-née par la Troupe depuis 2008, présentera les 9 et 10 avril pro-chains les productions Le procès musical et C’est un beau roman. Sous forme de comédies musica-les, ces deux pièces permettent aux jeunes de l’école de mettre à profit sur scène et devant public les notions acquises durant leurs formations en chant, danse et théâtre, le tout, dans un décor très minimaliste.

Le procès musical réunit 17 jeu-nes de 11 ans et moins dans une production signée Claire Murphy, Daniel Morin (mise en scène), Pascal Ayotte (chorégraphies) et Karine Morasse (enseignement du chant). Dans cette pièce, des citoyens sont accusés de créer le désordre dans la ville en chantant et en jouant de la musique. S’en-suit alors un procès qui tranchera sur la question de l’expression artistique sur la place publique.

La production C’est un beau roman (texte et mise en scène de Daniel Morin) s’inspire des chan-sons de l’auteur-compositeur- interprète français Michel Fugain.

Neuf jeunes de 12 à 17 ans, supportés par la chorale de la Troupe À Cœur ouvert dirigée par Jocelyne Beaulieu, prennent part à cette pièce qui traite de la vie adolescente et de ses préoccupa-tions : l’amour, l’école, la mort.

Pourquoi se déplacer pour venir assister à l’une des représenta-tions? « Pour encourager nos jeu-nes et voir la relève de demain », répond Daniel Morin. Tout ça dans des productions originales signées par des créateurs de chez-nous.

Les représentations – au nombre de deux en soirée le 9 avril et de deux en après-midi le lendemain – auront lieu au théâtre de poche de La Sarre. On peut se procurer des billets aux bureaux de la Trou-pe À cœur ouvert.

Directeur général et metteur en scène de la Troupe À Cœur ouvert, l’artiste originaire de Normétal a connu le monde du théâtre à l’âge de 11 ans. « C’est à 14 ans que j’ai joué dans ma première pièce, Sonnez les matines, de Félix Leclerc, avec le Théâtre de la Slam, à Normétal », raconte M. Morin, qui est main-tenant un artiste professionnel reconnu par l’Union des artistes.

S’ouvrir le cœurC’est en 1990 qu’il fait ses débuts avec la Troupe À Cœur ouvert. « C’est là qu’on a fait notre premier théâtre d’été, se rappelle- t-il. Le bassin de comédiens disponibles était plus restreint, mais tous ceux qui jouaient étaient très allumés et ce, pour plusieurs représentations. En plus, il y avait un public fidèle qui nous suivait. Nous nous sommes aussi aper-çus que grâce à un circuit de théâtres d’été, nous avions un public de partout en région qui assistait à nos représentations. »

En 1991, par l’entremise de la Troupe À Cœur ouvert, il signe sa première mise en scène avec la pièce Avec l’hiver qui s’en vient. « J’adore la mise en scène, ça permet d’aller plus loin, de décor-tiquer les personnages pour leur donner vie, de rendre le texte différemment de ce que l’auteur a pu penser au départ pour ajouter de la couleur aux personages et à la pièce. »

Plus tard dans la décennie, en 1998, Daniel Morin relève un gros défi avec les bénévoles de la Troupe À Coeur ouvert : monter la pièce Demain matin, Montréal m’attend, de Michel Tremblay. « Ça a super bien fonctionné, nous avons même fait une tournée régionale l’année suivante. Nous avons été chercher davantage de notoriété et un plus large public. »

Spectacle à grand déploiementC’est alors que commence le rêve de créer un spectacle historique de grande envergure, monté avec tout le potentiel artistique régio-nal. En 2000, une subvention est accordée à la Troupe À Cœur ouvert pour réaliser une étude de marché qui fut concluante. Après 4 ans de travail acharné de plu-sieurs, Le Paradis du Nord voit le jour en 2004-2005. « Le plus grand défi fut que tout s’attache :

financement, création de tous les aspects du spectacle, faire la mise en scène, etc. Il y a de nombreux bénévoles qui ont gran-dement contribué à la réalisation de ce rêve », affirme M. Morin.

À ce jour, le Paradis du Nord, (au cours de sa 6e édition), a attiré plus de 60 000 spectateurs, dont 44% viennent de l’extérieur de la région!

Aujourd’hui, en plus du Paradis du Nord, Daniel Morin travaille sur un autre projet de la Troupe À Cœur ouvert, soit une École des arts et de la scène, qui anime le milieu (70 élèves à la session hiver 2010) avec des cours de danse, de théâtre et de comédie musicale. Un projet qui ne l’empêche pas de vouloir en développer d’autres, comme de nouvelles productions de théâtre ou, via l’École d’arts, un avec des enfants.

arts de la scène

DANIEL MORIN, UN PROFESSIONNEL D’ICI QUI VOIT GRAND

> Christian matte

Bâtir un succès comme le Paradis du Nord, à La Sarre, demande beaucoup de temps et surtout, l’investissement de personnes passionnées qui croient en leur projet. Voici le portrait d’un artisan majeur dans la concrétisation de ce projet, Daniel Morin.

> sophie ouellet

S’assurer une relève de qualité est un gage de péren-nité pour toute organisation culturelle, surtout dans de petits marchés. La troupe à cœur ouvert l’a bien com-pris : depuis 2008, elle est associée à une école de la scène, une collaboration toute naturelle qui élargira à coup sûr le bassin de comédiens en Abitibi-Ouest. Avril permet de découvrir ces nouveaux talents.

LES CHÉRUBINS DU NORDSpectacle de l’École des arts de la scène, parrainée par la troupe À cœur ouvert

J’ADORE LA MISE EN SCèNE, çA PERMET D’ALLER PLUS LOIN, DE DÉCORTIQUER LES PERSONNAGES POUR LEUR DONNER VIE, DE RENDRE LE TEXTE DIFFÉREMMENT DE CE QUE L’AUTEUR A PU PENSER AU DÉPART

L’équipe

de L’Indice

bohémien

souligne

fièrement la

contribution

de la CRÉ.

PHOTO : TROUPE À COEUR OUVERT

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22 L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

arts de la scène > marGot lemire

Bascule, le personnage imaginé par la romancière Jocelyne Saucier, vivra sa seconde aventure, plus grand et plus fort, tant sur scène qu’en coulisses. Au passage, il invite quelques amis de l’extérieur, se dote d’un cahier pédagogique et s’offre plus d’une dou-zaine de représentations. Emmenez-en des grunambules!

BASCULE REPREND LA ROUTEChapitre deuxième : le héros grandit… la production aussi

Plus de 3000 jeunes spectateurs connaissent et aiment déjà Bascu-le, le héros de la route de l’Ouest. Ils attendent son retour pour ce 2e épisode. Cependant, nul besoin d’avoir vu le premier pour appré-cier et comprendre le second, selon Ariane Ouellet, directrice générale du Petit théâtre du Vieux Noranda et directrice de produc-tion pour ce second volet.

Maintenant âgé de 12 ans, Bascule fera des rencontres importantes, très différentes. Il a grandi et tombe amoureux d’Églante, l’enfant-fleur. Il ne se comprend plus. Par amour pour la belle mystérieuse, Bascule part avec elle à la recherche de grunambules, la seule racine qui permette à son aimée de survivre et de s’épanouir. Qu’arrive-t-il à deux enfants dont les destinées n’ont rien en commun? Ensemble, ils affronteront les dangers qui surgiront au fil de leur quête. Ils croiseront Castaflan, cet homme au cœur si vaste, aux rêves si immenses, que rien n’arrive à

satisfaire. Ces rencontres les changent tous.

Que se passe-t-il quand on réunit, dans un même projet, des acteurs qu’on aime tels Alexandre Caston-guay, Stéphanie Lavoie et Antoine Bertrand, avec Antoine Laprise, l’un des grands metteurs en scène jeunesse au Québec? Qu’on ajou-te le violoncelle de Marie-Hélène Massy-Émond? Qu’on enrobe le tout d’une scénographie de Valéry Hamelin… sous l’œil attentif de la directrice artistique Lise Pichette? Ça flambe d’émotion et d’ardeur!

Ariane Ouellet parle d’une équipe régionale professionnelle excep-tionnelle, réseautée solidement. « J’admire le texte créé par Anne Théberge, dont le travail dépasse

la simple adaptation théâtrale. Elle est fidèle à l’œuvre admira-ble de Jocelyne Saucier. C’est le canevas premier où tout se joue. C’est le texte qui attire d’abord les comédiens et les comédiennes de renom. L’amitié et la complicité font le reste. »

Pour enfants, mais pas enfantinAriane Ouellet s’émerveille : « Le spectacle est remarquable! C’est tellement beau, pas nunuche ni enfantin. On s’adresse à l’intelli-gence des enfants, à leur sensibi-lité particulière. Pas question de donner des réponses, mais d’ouvrir des espaces de réflexion. »

Ça grouille loin autour du Petit Théâtre car ce projet s’adresse d’abord aux écoles primaires. Un cahier pédagogique est conçu pour accompagner le cheminement des enfants. Il propose des activités à faire en classe avant et après le spectacle. On peut le trouver sur le site Internet, très complet, de la pièce. www.bascule.info

Antoine Laprise lors des répétitions de mars 2010

« C’EST TELLEMENT BEAU, PAS NUNUCHE NI ENFANTIN. ON S’ADRESSE à L’INTEL-LIGENCE DES ENFANTS, à LEUR SENSIBILITÉ PARTICULIèRE. » -ARIANE OUELLET

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Représentation de Bascule sur la route de l’Ouest à l’automne 2009

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23L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010SAC-PubIB-Mars.indd 1 10-03-14 10:28

C’est en mars dernier que se tenaient les 13 finales loca-les un peu partout en Abitibi- Témiscamingue. Quelque 750 participants ont présenté un numéro lors de ces finales. Les finalistes locaux sont choisis parmi les catégories suivantes : danse et expression corporelle, interprétation et auteur- compositeur-interprète. Les finalistes auront la chance de performer lors de la finale régio-nale et, par la même occasion, de se tailler une place pour participer au Panquébécois 2010, qui aura lieu à Shawinigan en mai prochain.

Secondaire en spectacle a réussi à s’implanter dans la région il y a 8 ans de cela, avec l’appui de Loisir et Sport Abitibi-Témiscamingue. Selon Francis Murphy, coordon-

nateur régional de Secondaire en

spectacle, les Unités régionales de loisir et de sport (URLS) sont présentes pour appuyer les ani-mateurs à la vie étudiante des écoles secondaires ou pour aider où il n’y en a pas : « Pour les petites écoles qui commencent, il faut être présents pour les aider, pour que les étudiants aient une belle expérience, que ce soit valo-risant pour les jeunes, mais aussi pour que chaque école ait la chan-ce de présenter un spectacle de qualité. »

Il est très important pour les URLS de s’impliquer dans le pro-jet, car Secondaire en spectacle a un impact important sur les jeu-nes. La participation à un tel évé-nement leur permet d’approfondir leur talent et de développer ou d’améliorer la confiance en eux, car ils sont traités comme des

professionnels. De plus, un des

volets du programme mise sur la conscientisation des jeunes à l’importance de demeurer à l’éco-le, à ne pas décrocher.

Pour Alisée Lemire-Lemay, Katrina Steppan et leur groupe qui a rem-porté la 1re place dans la catégo-rie interprète à la finale d’Amos, cet événement est une occasion de débuter dans les arts de la scène tout en ayant du plaisir : « Nous n’avons pas de mérite d’avoir remporté la 1re place. Secondaire en spectacle nous apprend à avoir du « fun » et à être à l’aise sur scène. Il n’y a pas de grosse compétition. Pour nous, c’est plus un trip de gang. »

Malgré le fait que les élèves parti-cipent à Secondaire en spectacle pour le plaisir, il n’en reste pas moins qu’ils doivent s’impliquer pour arriver à donner un bon spec-tacle. C’est environ 3 mois de préparation qu’ils doivent investir pour être prêts à temps et présen-ter un numéro de qualité, qui cor-respond aux critères demandés.

Tous les finalistes qui monteront sur scène en avril auront la chan-ce de montrer ce dont ils sont capables et de convaincre le jury pour une seconde fois. Ce sera un spectacle à ne pas manquer, car les jeunes donneront certai-nement tout ce qu’ils ont pour éblouir le public.

www.secondaireenspectacle.qc.ca

arts de la scène

> Cindy Caouette

Ce sont les 8 et 9 avril prochains, au Théâtre Télébec de Val-d’Or, qu’auront lieu les représentations devant public des finales régionales de Secondaire en spectacle.

seCondaire en speCtaCle, édition 2009-2010 :

DES FINALES RÉGIONALES QUI PROMETTENT

« SECONDAIRE EN SPECTACLE NOUS APPREND à AVOIR DU « FUN » ET à êTRE à L’AISE SUR SCèNE. IL N’Y A PAS DE GROSSE COMPÉTITION. POUR NOUS, C’EST PLUS UN TRIP DE GANG. » - ALISÉE LEMIRE-LEMAY ET KATRINA STEPPAN

PHOTOS : DANY FAUCHER

Le groupe Deepstortion recevant son prix dans la catégorie groupe à la sélection locale de secondaire en spectacle à la polyvalente La Forêt d’Amos.

Justin Despatie de la polyvalente La Forêt

Katrina Steppan et Alisée Lemire-

Lemay dans la catégorie chant

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24 L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

arts de la scène

La compagnie, vieille de 33 ans, a essayé tous les styles théâtraux au fil des ans, du très sérieux au plus léger théâtre d’été. Mais depuis quelques années, l’équi-pe, avec Michel Pilon et Josée Audet en tête d’affiche, a délaissé l’humour plutôt élémentaire pour s’adonner à un style plus exigeant autant sur le jeu des comédiens que pour le public. Le tournant s’est amorcé en 2005 avec l’adaptation de 12 hommes en colère, devenu pour les besoins de la cause 12 jurés en colère : une dramatique qui donna un nouvel élan à la troupe valdorienne. Puis Michel Pilon fit la découverte de l’unique l’Auberge Harricana: elle allait devenir le décor naturel du classique d’Agatha Christie Les dix petits nègres, monté en 2007. Séduite autant par le décor rare que par la réceptivité du public, la troupe a alors décidé d’y installer ses pénates pour y présenter Un air de famille du duo Bacri-Jaoui (en 2008) et Un grand cri d’amour de Josiane Balasko (en 2009), avec le même succès.

Cette année, la Cie de la 2e Scène tente une nouvelle fois l’expérien-ce d’adapter un succès français avec L’Invité, un film de Laurent Bouhnik sorti en 2007 mettant en vedette Daniel Auteuil, Valérie Lemercier et Thierry Lhermitte.

« J’aime le défi que représente l’adaptation d’une pièce autant pour le texte que pour la mise en scène. C’est très exigeant, mais si je le fais c’est que je sais que ça peut donner une bonne pièce, à la fois drôle et intelligente. C’est toujours l’intrigue et les personnages qui me font déci-der de ce que je vais adapter », souligne Michel Pilon. Pour cette nouvelle production, ce dernier s’est entouré de sa complice de longue date, Josée Audet, ainsi que d’Isabelle St-Germain, qui en est à sa quatrième produc-tion en autant d’années avec la Cie de la 2e Scène. Puis, Carle Arseneault, aussi de Val-d’Or, montera à nouveau sur les plan-ches avec la troupe, lui qui était de la distribution des Dix petits nègres et de 12 jurés en colère.

La comédie L’Invité raconte la vie d’un homme de 52 ans sur le chô-mage depuis trois ans, mais dont une nouvelle opportunité de car-rière s’offre à lui. Afin de s’allier les bonnes grâces de son nouvel employeur, il l’invite à dîner à la maison. Erreur! Sa femme, affo-lée de recevoir, s’empresse de demander conseil à leur voisin qui tentera de « relooker » ce cou-ple plus qu’ordinaire. Bévues et imprévus assurés. À voir tous les vendredis et samedis soirs d’avril à compter du 2 avril.

LE CONSERVATOIRE SOUHAITE AJOUTER UNE CORDE à SON ARCL’établissement valdorien évalue la possibilité d’offrir le DEC interprétation théâtrale

Le Conservatoire de musique de Val-d’Or, un des sept établissements du genre au Québec, permet aux élèves d’apprendre à maîtriser leur instrument favori. Sous le même toit, on retrouve une cinquan-taine d’étudiants du niveau primaire jusqu’au niveau universitaire, ce qui est unique en Amérique du Nord. Il s’agit aussi du seul établissement en Abitibi-Té-miscamingue qui est autorisé par le gouvernement du Québec à offrir la formation menant au diplôme d’études collégial (DEC) en musique.

Mais voilà qu’un autre projet est sur la table. Mon-sieur Jean St-Jules, directeur du Conservatoire, rêve que son institution devienne le Conservatoire de musique et d’art dramatique de Val-d’Or, appella-tion réservée aux établissements de Montréal et de Québec. « Comme il n’est pas interdit de rêver, nous pouvons imaginer sa réalisation dans un horizon de cinq à dix ans ».

Répondre aux besoins des gens d’iciUne étude de marché menée par des étudiants à la maîtrise en conception et gestion de projets de l’Uni-versité du Québec en Abitibi-Témiscamingue avait pour mandat de vérifier la recevabilité d’un tel projet

ainsi que sa faisabilité. « Bien que le but ultime soit la venue d’un programme collégial en art dramati-que, je voulais aussi vérifier d’autres axes de déve-loppements possibles » souligne monsieur St-Jules. « Que ce soit l’intérêt pour la formation continue, la possibilité d’offrir des cours de perfectionnement aux enseignants en arts dramatique de la région ou encore la préparation aux auditions d’entrée dans les écoles de théâtre, l’étude nous a prouvé qu’il y a un réel besoin ressenti par les intervenants ».

Une première expérience sera possiblement tentée pendant la prochaine année scolaire. En effet, l’es-pace d’une dizaine de fins de semaine, il pourrait être possible de s’inscrire à différentes formations offertes par des artistes réputés. Comme l’autorisa-tion du ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport viendra seulement si les conditions de réussite sont rassemblées, il reste maintenant à la clientèle à se manifester et au milieu culturel à démontrer qu’il appuie cette initiative.

D’ici là, une flopée de concerts de fin d’année sont offerts aux mélomanes de la région :

Concert des classes de saxophone et de violoncelleVendredi 9 avril, 19 hSalle 301, Conservatoire

Concert des classes de cuivreSamedi 10 avril, 11 hSalle 301, Conservatoire

Concert de la classe de flûteSamedi 10 avril, 14 h

Salle 301, ConservatoireConcert des grands ensembles du Conservatoire (Orchestre à cordes et orchestre d’harmonie)Dimanche 18 avril, 14 hThéâtre Télébec

Concert des classes de pianoVendredi 23 avril, 19 hSalle 301, Conservatoire

Série La relève (Caroline Lemieux, violon; Joffrey Ouellet, saxophone; Caroline Rondeau-Gauthier, violoncelle)

Samedi 24 avril, 14 hLocal 5024, UQAT, AmosConcert de la classe de violonSamedi 1er mai, 14 hSalle 301, Conservatoire

Concert annuel (élèves et chorale)Dimanche 2 mai, 14 hThéâtre Télébec

PalmarèsVendredi 14 mai, 19 hThéâtre Télébec

> mélanie nadeau

Si depuis 1964, le Conservatoire de musique de Val-d’Or offre une formation musicale de haut niveau aux gens de la région, nul établissement ne dispense de cours de théâ-tre de haut niveau. Cette situation pourrait changer à moyen terme : le centre de forma-tion valdorien compte bien convaincre le ministère de l’Éducation – et les intervenants régionaux – de l’importance de développer l’offre de formation en art dramatique en Abitibi-Témiscamingue.

LA CIE DE LA 2e SCèNE EST L’INvITÉ À L’AUBERGE HARRICANA

« L’ÉTUDE NOUS A PROUVÉ QU’IL Y A UN RÉEL BESOIN RESSENTI PAR LES INTERVENANTS » JEAN ST-JULES

Calendrier

Le 28 mai prochain, à 19 h 30, l’orchestre Réseau du Conservatoire de musique et d’art dramatique du Québec s’arrêtera à Val-d’Or, à l’occasion de l’une des trois escales de sa tournée 2010.

Rassemblant les meilleurs musiciens et comédiens de la relève au Québec, L’envolée symphonique 2010 permettra d’apprécier le talent de deux violonistes de la région. Étudiantes à la première année au baccalauréat, Janick Aubin-Martin de Val-d’Or et Caroline Lemieux d’Amos ont réussi les auditions afin d’être parmi les 98 musiciens sur scène. En plus de participer au camp préparatoire, elles auront donc la chance de se produire à l’église St-Jean-Baptiste de Montréal, au théâtre Télébec de Val-d’Or et au Palais Montcalm de Québec.

Cette tournée panquébécoise constitue un outil à la fois pédagogique et promotionnel formidable, car elle est associée à l’apprentissage de la vie de musicien et d’acteur professionnel.www.conservatoire.gouv.qc.ca

> doris blaCkburn

Pour une quatrième année consécutive, la troupe val-dorienne La Cie de la 2e Scène s’installe à l’Auberge Harricana de Val-d’Or pour offrir une pièce où l’humour est loin d’être une insulte à l’intelligence!

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Janick Aubin-Martin et Caroline Lemieux, violonistes de l’envolée symphonique 2010

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25L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

Nom : Marjorie GobeilOccupation : Technicienne en laboratoireOrigine : AlmaVille d’adoption : Rouyn-Noranda (SIR-N)

Marjorie Gobeil est arrivée en région avec un contrat de travail estival. En 2002, « aller à l’impro » comme elle le dit, c’était sa grosse sortie sociale : « Je ne connaissais personne, j’y étais comme spectatrice. Mais je me suis dit que j’étais sûrement capable de faire ça aussi. J’ai appelé au Petit Théâtre et j’ai joint leur équipe. » La voix de Marjorie s’enchante lorsqu’elle parle de Noranda : « J’aime le caba-ret, le Petit Théâtre, le monde est sympathi-que, j’aimais vraiment ce coin. Je trippe aussi sur le lac au milieu de la ville! »

Nom : Émilie VilleneuveOccupation : Coordonnatrice à la formationOrigine : ÉvainVille d’adoption : Rouyn-Noranda (SIR-N)

Émilie Villeneuve, cette jeune femme impliquée originaire d’Évain, en a long à dire sur ce que l’improvisation lui a offert lorsqu’elle est reve-nue vivre ici : « Je n’oublierai jamais les quel-que 200 personnes survoltées à l’impro! J’ai tout de suite compris que je n’étais pas dans la région que j’avais quittée quelques années auparavant. » Certes, le milieu culturel est effervescent et selon Émilie, repartir à Mon-tréal n’est plus une option. « On a assisté à une ébullition culturelle au début des années 2000 qui n’est pas près de s’éteindre! » Celle-ci est nourrie par son réseau de contacts : « L’impro-visation m’a permis de tisser des liens avec des gens extraordinaires que je n’aurais peut-être pas côtoyés autrement. »

arts de la scène

Nom : Richard VaillancourtOccupation : conseiller en développement et responsable des communicationsOrigine : ChicoutimiVille d’adoption : Val-d’Or (LIV)

Quand Richard Vaillancourt est arrivé à Val-d’Or, il était loin de se douter que sa première jour-née en Abitibi-Témiscamingue se résumerait à prendre sa place aussi rapidement dans son nouveau milieu : « J’ai joué le premier soir que je suis arrivé. C’était gênant d’atterrir aussi vite dans la ligue, mais j’ai réalisé que cette opportunité allait me permettre d’accéder à un réseau de contacts incroyable. La preuve, c’est que cette même semaine, j’allais rece-voir un appel pour devenir prof. »

Nom : Maude LetendreOccupation : Fonctionnaire fédéraleOrigine : MontréalVille d’adoption : Rouyn-Noranda (SIR-N)

Arrivée à reculons, Maude Letendre, anthro-pologue de formation, a tout de suite cherché à s’impliquer dans le milieu culturel. «J’ai été adoptée par la région et je ne suis plus jamais seule! » Elle qui n’a pas de famille ici considère que l’improvisation lui a permis d’accéder très rapidement à la culture et à un cercle amical. La région aura été une très belle surprise pour elle : « Même si certaines petites choses me manquent de Montréal, ce n’est jamais assez pour me redonner le goût de partir! » explique la témiscabitibienne d’adoption depuis quel-ques années déjà.

Nom : Bruno TurcotteOccupation : ArtisteOrigine : Saint-George de BeauceVille d’adoption : Amos (La Libaba)

Bruno Turcotte et Véronique (sa conjointe) sont arrivés à Amos pour réaliser un contrat de 1000 $, alors qu’ils venaient de perdre beau-coup d’argent dans un projet théâtral dans les Laurentides : « On n’a jamais été payé! », se souvient Bruno avec amusement. Qui aurait pu croire que ce pépin dans leur parcours offri-rait à Amos l’école d’Arts La Rallonge et Les Productions du Raccourci? Bruno constate que plusieurs étudiants de l’école d’arts sem-blent vouloir revenir ici pour contribuer à l’offre culturelle régionale, sans compter ce que l’im-provisation apporte aux Amossois le mercredi soir : « On est tellement contents de casser la semaine en deux avec une assistance aussi stable d’année en année. »

LA CIE DE LA 2e SCèNE EST L’INvITÉ À L’AUBERGE HARRICANA

> valérie lemay

Qu’ont en commun Maude, Richard, Bruno, Marjorie et Émilie? Chacun a fait le choix de l’Abitibi-Témiscamingue il y a quelques années – à l’occasion d’un retour d’exil ou pour connaître un nouveau départ – et se sont enracinés ici un peu (beaucoup) grâce à l’improvisation. Cinq parcours, une constante : l’impro aide à rencontrer des gens, à créer des possibilités, à s’enraciner.

QUI PREND IMPRO PREND RÉGIONUne (autre) preuve que la culture est facteur de rétention

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26 L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

Théâtre du cuivre de Rouyn-Noranda www.ticketacces.net

Théâtre Télébec de Val-d’Or www.theatretelebec.com

Théâtre des Esker d’Amos 819 732-9233

Salle Desjardins de La Sarre www.ticketacces.net

Centre civique de Matagami 819 739-2718

Théâtre du Rift de Ville-Marie www.ticketacces.net

Service des Loisirs de Lebel-sur-Quévillon 819 755-4826

Salle Dottori de Témiscaming 819 627-3230

La Porte du nord de Chibougamau 418 748-7195

Spectour regroupe 9 diffuseurs de spectacles professionnels de l’Abitibi-Témiscamingue et Nord-du-Québec

diffuseur

C’est le 25 mars qu’a été inau-gurée cette nouvelle salle à confi-guration variable pouvant prendre la forme d’un cabaret ou d’une salle de spectacle classique grâce à ses sièges rétractables, construite au coût de 7 millions $. Sa proximité de l’école secondai-re permettra son utilisation par la population étudiante, qui devait historiquement se contenter de la palestre pour la présentation de spectacles. Aussi, des locaux ont

été aménagés pour certains orga-nismes du milieu.

Le producteur d’événements Christian Legault a été embauché à titre de diffuseur afin de pré-parer une saison de spectacles;

c’est Dévy Bédard, de la compa-gnie Visu-Art, qui agira à titre de directeur technique, poste qu’il a déjà occupé pour le Service cultu-rel de la Ville de Val-d’Or.

L’AUDITORIUM RENAUD EST MORT, VIVE LE CENTRE CULTUREL ET RÉCRÉATIF LE TREMPLIN!Le 25 mars dernier était inaugurée la nouvelle salle de spectacle de Malartic.

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Comme elle a dû détruire l’école Renaud pour un jour extirper l’or qui se trouvait en dessous, la compagnie minière Osisko a fait construire, à même l’école secon-daire Le Tremplin, un tout nouveau centre culturel comprenant une salle de spectacle de 300 places.

MUSIQUE DU CHœURL’Orchestre et le Chœur symphoniques régionaux s’unissent pour une série de spectacles

musique

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Quelques années après leur dernière collaboration, l’Orchestre symphonique régional et le Chœur symphonique partagent de nouveau la scène pour une série de quatre spectacles d’une envergure rarement vue en région.

En première partie, l’OSR présentera la Sérénade op. 7 pour instruments à vent de Richard Strauss ainsi que la Sympho-nie no. 85 « La Reine » de Joseph Haydn. Puis, en 2e partie, les quelque 90 choristes du Chœur rejoindront la quarantaine de musiciens de l’Orchestre pour interpréter un florilège d’œu-vres allant d’une composition de Gustave Fauré aux Danses Polovstiennes de Borodine, en passant par la Suite folklori-que d’André Jutras, un musicien et chef d’orchestre originaire d’Asbestos. Des représentations sont prévues du mercredi 7 au dimanche 11 avril avec relâche le vendredi, à Amos, Rouyn-Noranda, La Sarre et Val-d’Or, dans l’ordre.

osr.culture-at.org

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23 avriljournée mondiale du livre et du droit d’auteur

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27L’INDICE BOHÉMIEN - AVRIL 2010

événement

Cette année seulement, le Cabaret a produit, avec la collaboration de ses employés, près d’une cinquantaine de spectacles, une soixantaine d’activités culturelles et une dizaine d’expositions d’ar-tistes de la région, sans oublier l’apport de Productions Parallèle 48 dans plus d’une vingtaine de spectacles supplémentaires. Depuis longtemps, le Cabaret est un passage obligé pour les artis-tes de la relève. On n’a qu’à pen-ser aux Richard Desjardins, Jim Corcoran et Michel Rivard, mais également Mara Tremblay, Pierre Lapointe et Yann Perreault, qui ont joué certaines de leurs premières notes dans cette salle légendaire.

La première et la dernière chanceÉtabli dans un ancien magasin de bicyclettes, le Cabaret a eu plusieurs incarnations en 27 ans : salle de spectacles, lieu de projections, restaurant, bar... Le Cabaret de la dernière chance tire son nom du livre de Jack London, First and last chance saloon. L’histoire racontait qu’après avoir traversé le désert, on avait besoin d’une première place pour s’abreuver et d’un dernier endroit avant de prendre le chemin du retour. La région étant éloignée, l’histoire voulait que ce soit la dernière chance au Saloon. Grâce à la loi 101, le saloon devint le Cabaret : Le Cabaret de la dernière chance,

lieu pour s’abreuver l’esprit avant la traversée du Parc de la Vérendrye, rien de moins!

Dès sa fondation en décembre 1982, le Cabaret s’avère un creu-set d’implication culturelle, l’une des valeurs fondamentales de l’organisation. D’ailleurs, quel-ques années plus tard, l’organis-me Production Parallèle 48 voit le jour et favorise ainsi la présence sur scène d’artistes de la relève d’ici et du Québec. Grâce à cet organisme, il était alors possible de recevoir des subventions pour la production de spectacles, qui s’ajoutaient à ceux produits par le Cabaret de la dernière chance. Seulement cette année, c’est près de 150 activités qui ont été réalisées grâce aux deux organi-sations!

En cet anniversaire, le Cabaret rappelle ce qu’il a été et ce qu’il est devenu au fil du temps avec toujours le même souci : le goût du risque et l’envie fondamentale de s’engager culturellement.

ma région j’en mange !

LA CALE DU NAVIRE

PAR MARIE-JOE MORIN, co-propriétaire et conceptrice culinaire de la sandwicherie à Val-d’Or

L’art culinaire étant en constante évolution, la cuisine et ses allures sont sans cesse redéfinies et certaines traditions se perdent dans le temps. La grande salle à manger est sans aucun doute en perte de popularité au détriment du petit bistrot qui se veut plus actuel dans le service et la gastronomie. Il en va de soi que celui-ci est plus branché et dynamique, mais certainement pas aussi intimiste et feutré que le grand restaurant aux allures classiques.

La Cale du navire de Val-d’Or est un endroit bien connu; bien qu’elle soit rarement le premier choix des clients, il semblerait qu’elle sait garder le cap. C’est au fond d’une sombre cave que nous découvrons une petite salle à manger quelque peu défraîchie, aux nappes de couleur vieux rose, mais toutefois très chaleureuse. L’accueil du client est sans doute l’une de leurs plus grandes priorités; la serveuse se fait un devoir de vous saluer et de prendre votre manteau. C’est une fois attablé, au travers des autres clients, que la musique style Rock détente vient quelque peu seconder, voire même renforcir, le style démodé du resto. L’ambiance feutrée et la discrétion du service établissent un respect de votre intimité. Alors tel un classique, vous pouvez calmement prendre l’apéro de votre choix et croyez-moi, du choix, il y en a. Tout en discutant tranquillement, le temps se fige dans la discrétion.

Amateur de fruits de mer? C’est pour vous! Un aquarium où vous pouvez choisir votre homard et un choix étoffé de cuisson, que demander de plus? Une paella, des cuisses de grenouilles, des crevettes papillons, l’assiette du pêcheur; vous êtes comblé. Vous préférez la viande? Encore là, vous ne vous tromperez pas : du filet mignon au steak flambé, à vous de choisir. La tradition de la salle à manger est omniprésente dans tout le menu et ainsi que dans les manières adoptées dans le service.

La sélection du capitaineMon choix s’arrête donc à l’entrée de fondu parmesan, tandis que Watson opte pour les escargots et que Ouvrien choisit la salade César. Tel que la coutume le veut, la dame est servie d’abord et le service se fait par la droite; les règles sont respectées. Les entrées n’ont rien de remarquable en présentation, elles sont toutefois très bonnes. Lors du repas principal, je reçois un homard Termidor qui à mon avis est trop gratiné ce qui camoufle la saveur délectable de sa chair. Watson a droit à une magnifique assiette du pêcheur qui est par faite : aucun pois-son n’est pané et la cuisson est excel-lente. Ouvrien pour sa part se fait offrir un spectacle remarquable avec son steak au poivre flambé. À notre table est amené un chariot avec des brûleurs, la serveuse telle une exper-te flambe la viande d’Ouvrien avant de la lui servir. Celle-ci est bien tendre, chaude et cuite juste à point. Vive le spectacle et les artifices des salles à manger traditionnelles, ils nous rap-pellent ce qu’est le véritable service maniéré d’excellence. Puisque nous n’avons pas l’occasion tous les jours d’assister à une telle mise en scène, nous finalisons donc notre souper avec un excellent café flambé.

Vous recherchez le calme, vous dési-rez prendre votre temps pour manger et vous sentir considéré? La Cale du navire est là pour vous. Toutefois, n’osez pas croire que ce sera une expérience haute en couleur pour la découverte gastronomique. Alors tra-ditionalistes, conservateurs ou encore douillets, allez-y, régalez-vous. La règle veut que ce qui est fait soit bien fait, à cette adresse, elle est appliquée.

> karine laCroix

Dans quelques jours, le Cabaret de la dernière chance célébrera sa 10 000e journée d’ouverture. Des milliers de souvenirs de spectacles, de nuits endiablées, de coups de cœur culturels, d’utopies partagées… Le Cab occupe une place à part en région : son histoire est riche et surprenante. Si ses murs pouvaient parler, on en aurait pour quelques jours à les écouter se raconter… Regard sur une vieille dame de la culture qui n’a pas pris une ride.

ÉTABLI DANS UN ANCIEN MAGASIN DE BICYCLETTES, LE CABARET A EU PLUSIEURS INCARNATIONS EN 27 ANS : SALLE DE SPECTACLES, LIEU DE PROJECTIONS, RESTAURANT, BAR...

UNE DERNIèRE CHANCE PERPÉTUELLESalle mythique, le Cabaret traverse les époques en gardant toute sa vigueur

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musiquediffuseur

D-Ric s’est lancé dans l’écriture il y a 8 ans. À cette époque, l’écri-ture lui est apparue comme une nécessité pour extérioriser ce qui se passait en-dedans de lui. Puis, au fil des années, son engoue-ment pour la musique l’a amené à arranger ses textes sur certains beats.

À 18 ans, il sort un premier démo bidouillé avec des trames repri-ses. « En faisant ce premier mix-tape, j’ai constaté que ça serait facile de faire mes propres beats, alors j’ai commencé à m’équiper et je me suis monté un studio », explique-t-il. Depuis, il arrange lui-même sa musique à partir d’échantillonnages préenregis-trés. En 2008, il sort un premier album autoproduit. Cet album, distribué dans son entourage, est diffusé à la radio de CKVM, faisant connaître son potentiel à tout le Témiscamingue.

Nouvelle vie, nouvel albumDéménagé à Sherbrooke pendant 3 ans, D-Ric est revenu dans son coin de pays il y a un an, mais son « retour au bercail un peu forcé » ne diminue en rien son désir de créer. C’est en février dernier qu’il a sorti son deuxième album. Tou-jours empreints d’une dose de réflexion, les textes de D-Ric ont une touche bien personnelle. « Je m’inspire de ma vie et j’essaie d’adapter mes textes pour que d’autres personnes se reconnais-sent dedans. ».

Au fil des expérimentations sono-res, D-Ric découvre des nouvelles possibilités. Si ses textes ont pris une certaine maturité, les mélo-dies ont également évolué. Pour ajouter de la saveur à son nou-vel album, D-Ric flirte avec diffé-rents genres. Ainsi, il donne une touche plus reggae à la chanson Summertime — un hit estival à

découvrir— alors que La Samba est une chanson des années 70, reprise pour ajouter de la couleur à la musique. Ces métis-sages apportent une bonne dose d’énergie positive à ce nouvel opus, positivisme qui se retrouve autant dans la musique que dans les textes. « J’essaie toujours de trouver le positif des choses même quand ça va mal, même les textes down ont une petite lueur. »

Beat de vie est disponible dans quelques commerces du Témiscamingue, dont l’Intro Musique, L’Apicius et La Source Bergeron Électronique. Il est également possible de le commander via son site web.

www.d-ric.com

Ce fut une grande journée, entre autres pour le président, Donald Perron, et pour l’armée de béné-voles ayant travaillé à cette réussite. « C’est quelque chose, après toutes ces années, c’était très émotif, confie M. Perron. Le résultat est vraiment extraordi-

naire : c’est gros, très gros! Nous sommes un média important pour ici et pour le développement de la MRC, une opportunité incroyable pour les gens. »

La programmation vise à satis-faire tous les goûts musicaux, en plus de présenter un bulletin de nouvelles à mi-chemin de chaque heure. L’équipe prenant place derrière le micro comprend Cathe-rine Boulerice (journaliste et ani-matrice), Bob Blais (animateur) et Alexandre Rouleau (animateur).

L’essayer c’est l’adopterAprès un mois d’opération, les commentaires du milieu sont élo-gieux. « Les gens adorent la qua-lité du son et la couverture [des sujets d’ici], rapporte M. Perron. Radio Boréale couvre un vaste territoire grâce à notre émetteur de 32 000 watts. On peut nous entendre partout en région en auto, jusqu’à Lebel-sur-Quévillon et dans une partie de la réserve faunique La Vérendrye. »

« De plus, poursuit-il, le country, en vedette le soir et le week-end, est notre locomotive pour fidéliser l’auditoire; c’est très populaire. Tellement que parfois, l’animateur Bob Blais ne peut faire jouer toutes les demandes spéciales! »

Maintenant que Radio Boréale est démarrée, les responsables de la station vont travailler à développer certains projets. « Nous sommes à consolider notre place. Nous aurons des chroniques sur divers sujets qui vont s’ajouter à celles qui ont déjà commencé, comme celle sur l’environnement. Il y a aussi des projets d’émissions sur la table à dessin », conclut M. Perron.

> Chloé bp

Le rappeur témiscamien D-Ric vient de sortir son al-bum Beat de vie. Avec ce deuxième disque entièrement autoproduit —avec l’aide de Pascal Bellehumeur pour le mastering—, le jeune homme de 21 ans démontre bien qu’il est possible d’arriver au bout de ses ambitions.

> Christian matte

Après sept ans de travail, Radio Boréale a pris sa place sur les ondes le 22 février dernier, à 6 h du matin, à la position 105,3 de la bande MF (95,1 sur le câble).

L’AURORE DE RADIO BORÉALELa station communautaire d’Amos fait sa niche dans le paysage médiatique régional

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Saltarello en mélodies et en images à Montréal

DE LA MUSIQUE DU MONDE QUI VOYAGE

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Le groupe lasarrois Saltarello se paye un spectacle dans un des temples montréalais de la musique du monde, soit le bar Les Bobards, qui a pignon sur rue sur le boulevard Saint-Laurent.

Le groupe présentera son spectacle Passage oublié, inspiré de l’album du même nom paru à l’automne 2008. Ce troisième disque a été composé à la suite d’un séjour de Saltarello au Maroc. Cette prestation montréalaise coïncide avec le vernissage de l’exposition de peinture Sagesse et lumière de Luc Lafrenière, cofondateur de Saltarello avec Julie Pomerleau, également à l’affiche aux Bobards. Le tout se déroule le 1er avril, à 17 h. Le groupe sera également en spectacle au bistro La Maîtresse le 24 mars à 21 h.

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Donald Perron

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Depuis la fin des années 90, cer-taines compagnies québécoises se sont donné pour mission de numériser la musique de l’ère des disques en vinyle afin de la protéger et de la faire connaître. C’est ce que souhaitent faire le Rouynorandien d’origine Félix B. Desfossés et sa conjointe et associée Mélodie Rheault. « Cer-tains créneaux n’étaient pas cou-verts dans le domaine de la réédi-tion, explique Félix B. Desfossés, comme le R&B, le soul, le funk, ou encore le rock de garage. ».

Premier sauvetage : trois chan-sons d’un certain Donald Seward, Rouynorandien qui fut claviériste pour César et les Romains, mais qui fut surtout un grand amateur de soul et autres musiques d’ins-piration afro-américaine, vendues sous forme de 45 tours et de

fichiers MP3. « C’est pour nous une excellente carte de visite : de la musique de grande qualité qui est un peu passée sous le radar », analyse celui qui se fait également appeler DJ Pâté.

Nouvelles idées pour vieille musiqueÀ l’entendre raconter comment il a obtenu les droits sur les chan-sons de Donald Seward – à la suite d’un article du fanzine du Festival de musique émergente, d’un avis de recherche et d’une longue conversation autour d’un café – on comprend rapidement que Félix B. Desfossés est un passionné de musique, et que sa passion est contagieuse. « Dès mon arrivée à l’école La Source, j’ai commencé à faire de la radio étudiante, beaucoup parce que j’avais besoin de partager ma

passion pour la musique », relate-t-il, lui qui est également membre du groupe Les Prostiputes. Cette enthousiaste pulsion se maté-rialise également sous la forme d’une émission de radio (vente de garage) disponible sur Inter-net en baladodiffusion, et d’un blogue qui s’avère une mine d’in-formations sur des musiques peu connues des années 50 à 70.

Au-delà des rééditions de dis-ques, Félix B. Desfossés souhai-te aussi avec les disques Pluton agir comme consultant musical, et contribuer à brasser les idées préconçues sur la musique qué-bécoise des années 60 et 70. Il participera d’ailleurs à la mise sur pied du musée du Rock ‘n’ roll, qui documentera la naissance, au Québec, de ce phénomène social qui perdure, en une exposition

Le Rouynorandien d’origine Félix B. Desfossés et sa conjointe lancent les disques Pluton, voués à la réédition d’albums méconnus

ARCHÉOLOGIE MUSICALE

> paul-antoine martel

Les nouvelles technologies facilitent la production et la diffusion de musique, ce qui peut infliger un léger vertige à quiconque souhaite se tenir vraiment au courant de ce qui se trame en la matière. Imaginez quand on ajoute à cette masse sans cesse renouvelée de notes toutes celles qui ont été gravées sur disque jadis : on se dit qu’on n’aura jamais assez d’une vie pour tout connaître et apprécier. Heureusement, il existe des guides : Félix B. Desfossés et ses disques Pluton sont du lot.

qu’on pourrait éventuellement voir en région.

Artéfacts régionaux« L’Abitibi est très présente dans ma collection de disques, confie-t-il. En fait, j’essaie de rassembler tout ce qui s’est enregistré en région. » L’histoire musicale du Nord-Ouest québécois le fascine,

et il veut répandre ce qu’il sait. « Il y a deux types de collection-neurs : ceux qui sont avares de leurs découvertes, et ceux qui veulent partager leurs découver-tes avec le plus grand nombre. » Souhaitons que cet ultime repré-sentant de la deuxième catégorie puisse un jour nous présenter son histoire du rock régional, que les gens d’ici prennent enfin conscience de la richesse de notre patrimoine musical.

lesdisquespluton.com

ventedegaragepodcast.blogspot.com

ON COMPREND RAPIDEMENT QUE FÉLIX B. DESFOSSÉSEST UN PASSIONNÉ DE MUSIQUE, ET QUE SA PASSION EST CONTAGIEUSE

PHOTOS : DSIQUES PLUTON

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> PÉHAHÉME Je l’avoue, À ceux qui m’aiment est le premier album de Réal V. Benoit que j’ai eu l’occasion d’écouter au complet… et c’est un peu déroutant

comme expérience. On se demande parfois si ce n’est pas Normand L’Amour, le prolifique et étrange auteur-compositeur-interprète, qui a pris le contrôle de notre système de son. Puis en écoutant attentivement, on comprend qu’il y du travail der-rière ces chansons simples et honnêtes, et un talent certain. Certes, la voix du Mineur chantant n’est pas celle de Sylvain Cossette (ce qui finalement, est une qualité), et l’instrumen-tation sonne un peu artificielle parfois; en revanche, Réal V. Benoit assume ce qu’il chante – il dit d’ailleurs, sur la chanson titre, il ne me déplaît pas de déplaire – et les arrangements de Claude R. Knight sont remplis de trouvailles et de surprises, allant de chœurs judicieux à des sax bien graves et gras. Les textes sont parfois maladroits (comme dans Pauvres pauvres : « Pourtant les pauvres eux aussi sauraient bien conduire de grosses voitures/Ainsi qu’facilement profiter de bon temps s’ils vivaient entourés de luxure ») mais ils sont aussi francs et directs, et font montre d’une belle conscience sociale tout en abordant des thèmes typiques de chez nous. Bref, j’aime Réal V. Benoit. Enfin, je crois.

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produit de

chez-nous

réal v. benoit – À ceux qui m’aiment

MERCI à TOUS NOS COLLABORATEURS

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> PHILIPPE LEBEL

Café des oiseaux, premier al-bum d’un jeune Franco-Ontarien bourré de talent, a été enregis-tré en quatre jours avec très peu de retouches au mixage. On y découvre Louis-Philippe Robillard, plutôt difficile à cerner tellement ses influences sont

multiples. On peut y reconnaître tour à tour quelques façons propres aux Vincent Vallières, Dédé Fortin, Martin Léon, Marc Déry, voire même Urbain Desbois. L’orchestration est très bonne et la réalisation l’est tout autant. Les textes sont véhiculés par des airs folk-rock, pop, jazz, tantôt festifs, tantôt mélancoli-ques. Les textes sont très intéressants, des écrits matures qui se tiennent, originaux, souvent engagés avec une pointe d’humour. Bref, l’œuvre est tout sauf linéaire. Par contre, l’album manque de corps, le tronc est un peu frêle. Les chansons, prises une à une, sont toutes bonnes, mais quand on écoute l’ensemble, ça ne lève pas. Il n’y a pas de fil conducteur. Un peu plus de temps en studio aurait peut-être permis d’offrir un produit plus mature, mais bon ; l’album est tout de même plutôt bon et j’imagine que le prochain le sera encore davantage. 3,4/5

> PHILIPPE LEBEL

Michel Cusson a marqué et continue de marquer le paysage musical québécois depuis plu-sieurs années, en particulier au petit et au grand écran. Il a signé d’innombrables bandes originales de films, séries télés, spectacles à grand

déploiement... et il est en demande partout dans le monde pour ses talents de compositeur. Voulant sortir un peu de son studio pour fouler la scène, il a décidé de monter un projet de rock franco en collaboration avec son acolyte Kim Gaboury (aka Akido). Après avoir concocté la musique et les lignes mélodiques, il a fait appel à Térez Montcalm et Luck Mervil pour leurs mots et leurs voix. Le résultat est plutôt surprenant. Il y a une réelle complicité entre les trois. Montcalm et Mervil ont su adapter leurs voix intenses pour les fondre au rock planant de Cusson. L’empreinte ciné-matographique de ce dernier est palpable sur l’album, qui est fortement teinté des sonorités du rock britan-nique, avec une touche de musique du monde. La guitare y est omniprésente. Café élektric est un opus au parfum de nouveauté, plutôt intense et éclectique, qui nous permet de découvrir une autre facette de l’immense talent de Michel Cusson. 3,9/5

> CHLOÉ BP

Après avoir mené de front la formation Hot Springs – malheureusement dissoute depuis plus d’un an – Giselle Webber se lance dans la chan-son française avec Gigi French. Celle qui a également fait ses preuves dans le rap avec

Giselle Numba One revient cette fois-ci avec un orchestre jazz à géométrie variable. Près d’une quin-zaine de musiciens participe de près ou de loin au projet, notamment des membres de Clues, Islands, Random Recipe et United Steelworkers of Montréal. L’appel de la nature à permis à Giselle de se retirer dans le bois des Laurentides où elle s’est remise à la composition. En trois jours seulement, elle a pondu ce nouveau projet. L’album a été enregistré dans un esprit d’improvisation musicale, sans trop de répé-tition, laissant place à l’erreur et tous les charmes qui en découlent. Il faut dire que la voix rauque mais délicate de Giselle Webber se prête à bien des sauces. Même si son accent anglo-québécois rend difficile la compréhension de certaines paroles, il se dégage de l’ensemble une fraîcheur digne d’une journée de printemps. Aux sonorités jazz de la contre-basse et des cuivres se mêle habilement une pop rétro qui nous emporte à l’époque d’Aznavour et des bistros français. Hautbois, vibraphone et scie musicale ajoutent une touche excentrique à l’opus duquel on peut aussi déceler une couleur juive et gitane. Un amalgame de folie et de douceur qui réjouit et réconforte. L’album Cannelle est disponible gratui- tement ou moyennant une contribution volontaire sur gigifrench.com.3/5

Louis-Philippe Robillard – Café des oiseaux

Cusson Mervil Montcalm – Café élektric

Gigi French – Canelle

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> NOYzEMAKER

Pour ce 11e album, qui propose un concept étrange semblant s’inspirer de l’ultime mission d’un pilote d’hélicoptère qui finira par trouver la mort, Download offre une sorte de synthèse de ses 15 premières

années d’existence. S’y combinent un peu de l’agres-sivité post-industrielle de l’ère Furnace / The Eyes Of Stanley Pain, des nappes atmosphériques introspec-tives de l’époque III, des sublimes arrangements de Effector et la dynamique de FiXeR. Le problème, c’est que cela finit par sentir le réchauffé. Si l’on retrouve quelques moments mémorables tels que l’étonnante envolée lyrique de Lift, le délire électro-psychédélique de Pilots Requiem ou les rythmiques maniaques de Decadance, l’ensemble demeure un peu décevant. Surtout pour une formation qui a su forger à ses débuts un genre tout à fait nouveau qui mélangeait industriel, noise, techno et dark ambient et qui, par la suite, est longtemps demeurée à l’avant-garde de l’électronique. Après 15 ans, cEvin Key (Skinny Puppy, PlatEAU, etc.) et Philth Western (PlatEAU, Beehatch) semblent main-tenant un peu essoufflés. L’absence du génie presque démentiel de Dwayne Goettel (Skinny Puppy, aDuck), mort d’une surdose d’héroïne peu de temps après avoir complété Furnace et Stanley Pain, se fait plus que jamais sentir. Saluons cependant la sublime et atmos-phérique Beati, qui vient clore l’album avec le retour de Mark Spybey (Dead Voices On Air), qui avait quitté les rangs de Download après la parution de Stanley Pain. 3/5

Download – HElicopTEr

Indé

pend

ant

(2009) > STÉPHANE RACICOT

Ov Hell est la fusion divinisée par le sang et les flammes de Shagrath (Dimmu Borgir, Chrome Division) et de King (God Seed, Gorgoroth, I, Sahg etc.). Mais c’est aussi l’histoire d’un des plus énormes gâchis du black métal de la dernière décennie.

Ni plus ni moins. The Underworld Regime a tout pour satisfaire : une pochette bien affreuse sur laquelle les deux principaux protagonistes s’exhibent, dans le but de gonfler les ventes, mais musicalement, ce disque fait mal, mais alors vraiment très mal. La structure des morceaux, le style personnel : tout y est. Les gars sont des pros, on ne va pas leur retirer cela. Mais le manque d’inspiration se ressent énormément dans cette galette. Il suffit d’écouter le grand nombre de bruitages, d’intros et d’interludes toutes plus clichés les unes que les autres (pleurs de bébé, cris de femme, feu qui crépite…). Amateurs de black métal malsain, passez votre chemin. Pourquoi avoir formé un nouveau groupe si c’est pour nous rabrouer la même sauce qui périme en deux jours? King Ov Hell et son ami Shagrath nous offrent un projet qui s’avère plus commercial que black métal. Attendons la suite afin de pouvoir se prononcer de manière plus précise. 1/5

Ov Hell – The Underworld Regime

Bon

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2010) > STÉPHANE RACICOT

Si plusieurs appréhendaient l’effet du départ du rappeur Timo sur le son de Radio Radio, leurs craintes seront démen-ties à l’écoute de Belmundo Regal, le deuxième album de la formation. Composé au chalet de la grand-mère d’Alexandre

à la baie Ste-Marie, le disque empreint d’une rafraî-chissante épopée fut enregistré à Montréal où le trio vit présentement. Un mot résume bien le dernier effort de Radio Radio : incertitude. Tout est pratique-ment matière à interprétation. Pour Radio Radio, le test du deuxième album était de taille: prouver que la magie de son premier compact pouvait opérer à nouveau sans bénéficier de l’effet de surprise lié à ses textes en chiac, un croisement fort charmant de l’anglais et du français. L’album est mystérieux. Plus d’une écoute est indispensable pour en comprendre assurément le sens, mais il suffit d’une écoute de Belmundo Regal pour découvrir que le trio a relevé le défi. Une fois de plus, sa fougue et son sens de la mélodie collent par faitement à ses rythmes électro-club champ gauche. Les textes sont très éclatés, ce qui pourrait décourager certains non-initiés. Chaque chanson se prêtant à des dizaines de significations, Belmundo Regal ne sera jamais totalement désuet, même dans dix ans. Belmundo Regal propose une belle évolution musicale. La cacophonie de Cliché Hot s’est adoucie pour laisser place à plus de douceur et d’élégance. « Cliché Hot c’était le party. Belmundo Regal est moins agressif, c’est toujours un party mais, plus vacancier ». Finalement, notons la participation d’une belle voix d’ici, la Rouynnorandienne Whitney Lafleur, sur la pièce Kenny G Non-Stop.4,5/5

Radio Radio – Belmundo regal

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