Aux Ouvriers. Le Socialisme , c'Est La Famine

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Aux Ouvriers. Le Socialisme, c'est la famine. (Signé : Carrère.) Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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Aux Ouvriers. LeSocialisme, c'est la

famine. (Signé :Carrère.)

Source gallica.bnf.fr / Bibliothèque nationale de France

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Carrère (01). Aux Ouvriers. Le Socialisme, c'est la famine. (Signé : Carrère.). 1851.

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AUX OUVRIERS.

LE

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DIJON, IMPRIMERIE DE DOUILLIER.

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AUX OUVRIERS.

SONNEUR à vous, ouvriers des villes et des cam-pagnes ! chaque jour vous donnez des preuves devotre bon sens et de votre honnêteté.

Depuis trois ans vous êtes en butte aux excitationsles plus violentes : des doctrines trompeuses voussont prêchées ; toutes les tentations passent devantvous, et vous demeurez inébranlables dans votreprobité.

Les socialistes vous disent :

« Vous travaillez, vous inondez chaque jour laterre de votre sueur, et néanmoins vous êtes pauvres.— Comment n'en serait-il pas ainsi ? Voyez à côtéde vous les privilégiés, les riches ; ils ont tout enva-hi, la terre et l'argent. Si ce qu'ils possèdent étaitréparti, vous nageriez comme eux dans l'abon -dance.»

Vous tenir un pareil langage, c'est mentir ; les ri-ches ne sont point la cause de la misère des pauvres.

C'est vouloir vous entraîner dans des voies qui vousconduiraient à une famine inévitable.

C'est vous exciter au vol, au Crime, à la violationde la propriété, qui est un droit sacré.

Et ils vous trompent encore grossièrement, cesinfâmes montagnards, lorsque, changeant de lan-gage et se servant de mots pompeux, ils vous pro-mettent un bien-être par le socialisme ou le droit autravail; et toutes les doctrines qu'ils vous, prêchentsont aussi absurdes que leurs tendances impies. Vous

en voyez vous-mêmes la preuve dans les vues biendifférentes de chacun d'eux.

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— 4 —Vous savez bien qu'en fait d'organisation sociale

( lisez plutôt : désorganisation), le fameux démolis-seur de sociétéProudhon n'est pas plus d'accord avecle nouveau fondateur Cabet, que celui-ci ne l'estarec le triumvir Ledru-Rollin.

Et vous connaissez aussi cette espècede polémiqueviolente qui s'éleva, entre Barbès et Blanqui, sur les'bancs des accusés de la haute cour de Bourges. Ehbien ! jugez d'après cela de ce que vous avez à espé-rer de ces viles créatures.

Et, d'abord, il est incontestable que ce peu d'en-tente chez ces grands réformateurs (aujourd'huiincarcérés ou en fuite) ne provient que de leur im-possibilité d'arriver à une bonne solution par lechavirement de l'ordre social établi depuis sixmille ans; et de ce que, de même que le communis-me , le socialisme, le droit au travail et les banquesde crédit conduisent inévitablement au partage desbiens, qui, au lieu de vous faire nager dans l'abon-dance, comme ils vous le promettent, ne pourraitvous conduire qu'à la dernière misère et à la fa-mine.

Cela est si bien vrai, que le chiffre de la fortunepublique est connu, et que, en supposant que toutesles richesses de la France seraient confisquées, de-puis le château à tourelles jusqu'à l'humble mai-son du paysan, depuis les grands capitaux jus-qu'aux épargnes des artisans, et que la masse decette fortune soit également distribuée à chaque ci-toyen ,

le revenu de chacun ne s'élèvera pas au delàde douze centimeset demi (deux sous et deux liards).

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Or, comme il est incontestable que le minimumdu prix des journées, dans les pays les plus pauvres,est de 75 c. à 1 fr. 25 c. ; qu'il est de 1 fr. 25 c. à2 fr. 50 c. dans les pays les plus favorisés par.la na-ture , et de 2 fr. 50 c. à 5 fr. dans les grandes villes ,il n'est pas difficile de conclure qu'au lieu de ga-gner au partage des biens, ouvriers qu'on veut éga-rer^ vous y perdriez au contraire beaucoup !....

En voici une bonne preuve :Supposons le partage réalisé ; le premier inconvé-

nient sera celui-ci: Les capitaux, étant divisés àl'infini, n'auront presque plus de puissance. Lesgrandes expéditions à l'étranger seront impossibles.Chacun ne pouvant se procurer que les objets depremière nécessité, une foule de productions neseront pas encouragées. Plus d'oeuvres d'artistes,plus de vins de luxe

,ni mille autres objets que nous

envoyons à l'étranger, et en échange desquels nousrecevons du sucre, du café, du sel, tant de chosesenfin indispensables à la vie, et qui deviennentchaque jour de plus en plus à la portée de tout lemonde.

En outre de cela i comme il n'y'aura plus que desrentiers de douze centimes par jour, la confiancene sera pas grande, et le crédit sera nul. Voilà doncla société privée du triple avantage de la circulationintérieure, du commerce à l'étranger et du crédit,et, par conséquent, le revenu de chacun diminuéd'autant.

Mais ce n'est pas tout : il y a, et il y aura toujours,des paresseux et de bons ouvriers. Or, avant peu,

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les uns auront Considérablement augmenté leuravoir, tandis que les autres n'auront plus rien dutout; et il y aura encore des riches et des pauvres.Mais comme la révolution aura été faite précisément.pour qu'il n'y ait plus des riches et des pauvres,alors l'Etat interviendra; il prendra au bon ouvrierle surplus de ses économies, pour le donner aux pa-resseux. Qu'en résultera-t-il ? C'est que, le paresseuxne travaillant pas parce qu'il est paresseux, le bonouvrier ne travaillant pas parce qu'il est découragéde produire pour le premier venu , pour l'Elat,personne ne fera plus rien, et la terre sera bientôtinculte.

Or, maintenant, si la France, malgré son travail,malgré ses richesses et le triple mouvement que lapropriété leur imprime par le commerce, la circula-tion intérieure et le crédit, peut à peine nourrir sesenfants, on est bien en droit de dire que la sociétésera désolée par la famine lorsqu'elle sera privée deces puissants moyens, et que le travailleur, ne pou-vant pas jouir du fruit de son travail, ne sera encou-ragé que par un intérêt vague et indirect.

Que serait un tel état de choses ? Ce serait le com-munisme; Et qù'est-ce que le communisme? Uneorganisation sociale où l'Etat s'arroge un droitabsolu sur toutes les propriétés et toutes les per-sonnes ; où, chacun, nourri, logé, habillé suivant le

bonvouloir de l'Etat, et obligé de travailler sans pou-voir même disposer à son gré du plus modiquesalaire. est un esclave véritable.

Un malheureux communiste, ayant quitté sa pa-

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trie pour aller en Icarie faire l'essai de ses doc-trines, est revenu d'Amérique, complètement dé-senchanté de ces nouveautés, et a très-bien dé-peint cette situation dans une lettre écriteà ses amis.

« Quant à cet état social dont on vous parle tant,« dit-il, c'est la plus cruelle tyrannie que vous puis-

»siez imaginer : êtes-vous cent? vous avez cent maî-

» très.»Après cela, il n'est pas difficile de se convaincre

combien le triomphe dés socialistes serait funeste

au peuple.

Mais il existé contre eux d'autres raisons nonmoins puissantes : c'est que le principe qu'ils veulentdétruire est sacré ; de tous les droits, le plus impres-criptible

,c'est celui de la propriété, chacun de nous

porte en soi cette conviction profonde. Essayez d'ar-racher à l'honnête ouvrier ses économies, où à cepaysan laborieux le champ acquis à la sueur de sonfront : sa conscience sera tellement indignée, il auraune telle foi dans son droit, que, plutôt de céder àun ravisseur impie le fruit de son travail, il consen-tira à mourir, — Sans ce droit, l'homme est dépouil-lé de sa grandeur et de sa puissance, incapable d'ac-complir un acte de fraternité ou d'amour.-—Aussi,tous les peuples, même les plus barbares, l'ont res-pecté; la Bible et l'Evangile l'ont sanctionné, enen faisant un des articles fondamentaux de leur lé-gislation sublime. La Providence est donc admirableen toutes choses ; car ce qui est le plus conforme audroit et à la justice , le plus favorable à l'intérêt indi.

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— 8 —viduel, est aussi ce qui est le plus profitable à l'in-térêt de tous, à la société entière.

.

Ainsi donc, les socialistes prennent l'humanité aurebours. Exciter le pauvre contre le riche, comme ilsle font, c'est non-seulement allumer la guerre civileet conduire à la famine, mais c'est encore se révol-ter contre la loi de Dieu ; c'est faire d'une populationhonnête et laborieuse, un peuple de fainéants et devoleurs, et de la France un repaire de bêtes féroces.C'est que, dans leur pensée, Dieu n'existe point, etles hommes ne sont que des bêtes !

Depuis six mille ans, les hommes ont cru à l'exis-tence d'un Dieu, ils ont cru devoir adorer en lui l'au-teur de toutes choses, et vivre suivant les lois quecette croyance leur dictait. Aussi, tandis que les ani-maux errent dans les déserts sans autre besoin quecelui de leur nourriture, sans autre soin pour leurspetits que celui de l'allaitement, s'arrachant bientôtleur proie, et multipliant entre eux sans que le fils re-connaisse jamais sa mère, ou la mère son fils, l'hom-me, lui, poursuit une plus noble destinée. Malgréla diversité des cultes et des législations, honorerson père et sa mère jusqu'à leur mort, toujours ai-

mer et protéger ses enfants, vivre d'une vie plusheureuse au-delà de la tombe si on est fidèle à Dieu,sont des maximes à tout jamais vénérées sur la terre,parce qu'elles sont écrites dans nos coeurs en lettresineffaçables.

Eh bien ! ces croyances éternelles, les socialistesveulent les détruire. Plus de Dieu, plus de proprié-

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— 9 —té, plus de famille ; nous assimiler à des bêtes, telle

est leur devise infernale.On sait bien qu'en parlant au peuple, les réforma-

teurs se gardent de dévoilerdes turpitudes pareilles;ils ne parlent que de fraternité, d'amour et de cha-rité, mais leurs écrits les condamnent; leurs livressont saturés de ces infamies.

Voici comment Proudhon s'exprime :

« Le premier devoir de l'homme intelligent et

» libre, est de chasser incessamment l'idée de Dieu

» de son esprit et de sa conscience ; car Dieu,

s'il

» existe, est essentiellement hostile à notre nature,» et nous ne relevons aucunement de son autorité.

» Dieu, c'est sottise et lâcheté, c'est tyrannie et mi-

» sère ; Dieu, c'est le mal. »Certainement, il n'y a plus de doute, la guerre est

déclarée à Dieu.Mais commela famille, la propriété, la vie mo-

rale de l'homme, attestent Dieu: «Emparons-nous

» du pouvoir, ont dit les socialistes; imputons, aux» riches la misère des pauvres ; faisons des lois qui

« ne reconnaissent à l'homme d'autre droit que ce-» lui de vivre, qui ne sanctionnent que les appétits» de sa matière; et lorsque la propriété et la famille

» seront détruites-, que les hommes seront sembla-» bles à des animaux, le nom de Dieu ne sera plus» prononcé sur terre, et notre triomphe sera coom-» plet. »

Ainsi la propriété est donc la première pierre queles socialistes s'efforcentd'arracher a l'édifice social.Proposer ouvertement le vol, c'était s'exposer à quel-

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— 10 —ques succès auprès d'un peuple de forçats libérés;mais le proposer au peuple français

,c'était s'expo-

ser à payer chèrement cette audace; et la foule au-rait couvert de boue les apôtres nouveaux.. Aussi,les réformateurs ont eu soin de revêtir le manteau dela charité et de déguiser leurs projets impies à l'aidede mots pompeux.

On se rappelle les fameuses réunions du Luxém^bourg : le citoyen Louis Blanc était alors à l'apogéede sa gloire; il se présentait aux délégués des ou-vriers de Paris comme l'organisateur du nouveaumonde que Je gouvernement provisoire allait créer.La liberté du travail était pour lui la cause de toutesles misères : aussi, il ne s'agissait de rien moins quede ruiner tous les industriels , tous les propriétaires,tous les capitalistes, enrichis sous l'influence de cetteliberté. Les ateliers nationaux allaient être créésmoyennant un impôt immense prélevé sur la nation.L'Etat se chargeait de les subventionner. Voici doncles tailleurs, les cordonniers, les chapeliers à l'osu.vre. —Mais qui achètera leurs produits ? La nationest presque ruinée par l'impôt. — Cependant, cesbraves ouvriers doivent vivre. — Que fera l'Etat? ils'est chargé de leur donner du travail et de les nour-rir. - — Ce qu'il fera ? Il prélèvera un second impôt,puis un troisième, puis un quatrième, jusqu'à cequ'enfin il ait englouti toute la fortune publique.Alors la nation entière viendra demander la vie àl'Etat. Ainsi nous serons en plein communisme, sousce régime affreux , qui , néantissant le crédit, le tra-

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- 11 —vail et le commerce, amène inévitablement le règnede la misère et de la famine.

Le droit au travail, c'est une spoliation de lamême nature. Encore obligé de fournir du travail,à tous ses membres, l'Etat remplirait ses engage-ments eh levant un premier impôt sur les riches,puis sur les paysans, puis enfin sur les travailleursdes villes. Même résultat; ruine inévitable, commu-nisme et famine.

Dans le manifeste de la Montagne, concernant lesbanques de crédit, nous voyons encore la mêmehypocrisie de langage, le même but et les mêmesmoyens.

« La propriété, disent-ils, est la garantie de l'in-» dividu, partant de la famille et de la société,

» Nous venons l'affirmer et l'affermir en la.transfor-" mant de privilége en droit, c'est-à-dire en l'éten-

» dant, en la rendant accessibleà tous, en y intéres-» sant tout le monde. A l'état de privilège.pour» quelques-uns, elle est sans cesse menacée;à l'état» de droit pour tous , elle est sauvée. Ses défenseurs

» exclusifs sont ceux qui la nient le plus ; carilsla nient" pourlamajoritédescitoyens, c'est-à-dire pour deux

» Français sur trois. Nous la voulons plus qu'eux,» parce que nous la voulons pour tous.— Comment?

» Par le travail. — Oui, nous voulons reconnaître à» tous le droit à la propriété par le travail. Qu'est-ce» que le droit au travail ? C'est le droit au. crédit. Et

» qu'est-ce que le droit au crédit? C'est le droit au» capital. »

Hypocrites ! Ils veillent établir la propriété sur des

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— 12 —bases plus solides, disent-ils, et ils commencentparla violer ! Ils veulent établir des banques de crédit;tout le monde aura droit à leurs largesses! Mais lescapitaux, d'où viennent-ils ? De la propriété. - Labanque épuisée (et elle le sera bientôt), commentles renouvelleront-ils? Par un nouvel impôt sur lapropriété; puis, par un troisième.

C'est donc toujours le même système : une spo-liation successive commençant sur le capitaliste etfinissant sur le salaire de l'ouvrier. En un mot, c'estencore le partage des biens, ce sont encore les mê-mes résultats : le communisme et la faim.

Ainsi, ouvriers honnêtes, méfiez-vous de ceshom-mes! aucun mensonge ne leur coûtera pour voustromper ; dès l'instant qu'ils se glorifient d'être mon-tagnards, ce sont vos plus cruels ennemis. — Vous

vous rappelez, ou vous ayez entendu parler de cestemps lugubres où le peuple était décimé par la fa-mine, et la terre de cette belle France inondée desang ? Eh bien ! ces hommes sont les mêmes que lesauteurs de ces crimes abominables; ils ont juré demarcher sur leurs traces, et se glorifient encore deleurs souvenirs !

Ces anciens montagnards, tant glorifiés par leursdignes apôtres , après avoir martyrisé le meilleur desrois, une reine et un jeune prince sans reproches,ont fait immoler un si grand nombre de victimes, quele tableau qu'en présente l'historien Prudhomme faitfrémir d'horreur.

Voici ce sanglant tableau :Hommes du peuple de divers états. 15,633

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— 13 —-Femmes de laboureurs et d'artisans....... 1,467Ci-devant nobles 1,278Femmes nobles 750Prêtres .... 1,135Religieuses 350

TOTAL... .,..,. 18,613Femmes mortes de frayeur ou par suite de

couches prématurées 3,500Femmes enceintes ou en couches. ....... 338Femmes tuées dans la Vendée. 15,000Enfants tués dans la Vendée. 22,000Morts dans la Vendée. 900,000Victimes sous le proconsulat de Carrier, à

Nantes 32,000Parmi lesquels on' compte :

Infants fusillés 500Enfants noyés............ 1,500Femmes fusillées. 264Femmes noyées ............ 500Prêtres fusillés . 300Prêtres noyés. 460Nobles noyés. 1,400Artisans noyés .... 5,300Victimes à Lyon 31,000

Que l'on juge !

Et dans ce nombre ne sont pas comprises les vic-times"des massacres de Versailles, des Carmes, del'Abbaye, de la glacière d'Avignon, les fusillés deMarseille et de Toulon.

Ainsi, ce n'étaient pas seulement des nobles, des.

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- 14 —bourgeois que frappait la terreur; c'étaient aussi, eten plus grand nombre, des artisans, des cultivateurs:et des ouvriers ; la hideuse charrette emportaitpêle-mêle la pauvre femme du peuple et la duchesse. Ega-lité devant l'échafaud!

Mais qu'est-il arrivé à tous les assassins de ces in-nocentes victimes ? Ils ont tous péri par la main dubourreau........ ce qui arrivera infailliblement à tousceux qui veulent marcher sur leurs traces.

La marche des faits passés peut faire prévoir celledes faits présents ou à venir.

La révolution de février apportait au peuple lesuffrage universel; des réformes étaient proposéespour favoriser l'agriculture et le commerce, sourcesfécondes de la fortune publique. — Mais les socia-listes ont fait entendre leur cri de guerre, et le crédita disparu, le commerce a été frappé de mort, et lamisère s'est accrue dans des proportions depuis long-tempsignorées. Ces hommes là sont bien coupables!mais justice leur sera faite.

Avec le suffrage universel-, modifié pour en dis-traire les vagabonds et les pillards, toute insurrec-tion est un non-sens, un attentat à la souverainetépopulaire, un crime social. Il ne peut dépendre d'uneminorité de traduire ses griefs, si elle eh a , à coupsde fusil. Mais en supposant qu'elle livrerait une nou-velle bataille, à quoi pourrait-elle servir, sinon àverser un sang précieux?

Qui peut en un jour changer la condition des pro-létaires? Et lors même que les socialistes auraient ledessus, ce qui n'aura jamais lieu, grâce à Dieu, quel

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— 15 —remède apporteraient-ils à une situation plus, forte

que les hommes, et qu'ils ont faite eux-mêmes?Mais c'està la société entière qu'on en veut et qu'onattaque! Les insensés qui ont rêvé la destruction dela propriété et de la famille croient-ils donc que lesballes parties des barricades pourraient donnerà leurs théories la sanction que leur refusele bon sensde tout un peuple? — Ne sentent-ils pas, eux qui seprétendent républicains, qu'ils sont les plus cruelsennemis de la république ? — Est-ce donc encorepar la guerre civile qu'ils entendent justifier la subli-me devise inscrite sur nos drapeaux ?

Non, nous le disons hautement, ceux-là ne sont pasrépublicains, qui veulent faireprévaloirpar laviolenceleur volonté sur la volonté générale librement expri-mée! Ils sont, au contraire, les plus cruels ennemis dela république et de véritables assassins de la société.

Mais vous, amis prolétaires, honnêtes ouvriers,qui avez tant contribué à l'élection victorieuse del'auguste Président de notre République, dont tousles bons Français s'enorgueillissent, vous mépriseztoutes les excitations qui vous environnent de toutesparts, et vous demeurez inébranlables dans vos bonssentiments ! honneur, honneur à vous !..

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