Socialisme ou Barbarie 2

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SOCIALISME OU BARBARIE France N°2 € 1 Décembre 2012 www.socialismo-o-barbarie.org http://sobfrance.unblog.fr [email protected] Hollande-Ayrault: un gouvernement au service de l’ajustement Halte à la massacre contre le peuple palestinien! Page 7 Quel opposition de gauche au gouvernement Hollande ? Page 3 Hollande poursuit la politique raciste de Sarkozy. page 5 Grève générale européenne : les travailleurs ne se laisseront écraser. Page 6 Chavez ou Capriles: un choix à impact régional. Page 9 « La possibilité de légaliser l'avortement est absolument ouverte » Page 12

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Journal du Courant Socialisme ou Barbarie France N°2

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SOCIALISME OU BARBARIEFrance

N°2 € 1 Décembre 2012 www.socialismo-o-barbarie.org http://sobfrance.unblog.fr [email protected]

Hollande-Ayrault:un gouvernement au

service de l’ajustement

Halte à la massacre contre le peuple palestinien! Page 7Quel opposition de gauche au gouvernement Hollande ? Page 3Hollande poursuit la politique raciste de Sarkozy. page 5Grève générale européenne : les travailleurs ne se laisseront écraser. Page 6Chavez ou Capriles: un choix à impact régional. Page 9« La possibilité de légaliser l'avortement est absolument ouverte » Page 12

Àpeine quelques moisaprès avoir été élu, la po-pularité de François Ho-

llande et de son premierministre Jean-Marc Ayrault s’ef-fondrent. C'est que pour unegrande partie des travailleurs,de la jeunesse et des secteurspopulaires, virer Sarkozy a étévécu vraiment comme un triom-phe. L'espoir était que, aprèsquatre ans d'attaques de Sar-kozy à la classe ouvrière et lajeunesse (CPE, augmentationde l'âge de départ à la retraite,expulsion des roms et d'autresmesures racistes), le gouverne-ment de « gauche » changeraitles choses. Cependant, cet es-poir s'est heurté avec la dureréalité : le gouvernement « so-cialiste » n'est que le défenseurdes profits des patrons, et dansune époque de crise cela signi-fie des attaques redoublés con-tre la classe ouvrière. C'estpour ça que maintenant les es-poirs commencent à s'évanouiret la passivité initiale face augouvernement à disparaître.

Une crise économique quis'approfondit

Pour comprendre lasituation de la France, il fautd'abord analyser la situationéconomique de l'Union Europé-enne. Ces derniers mois, lacrise économique n'a pascessé de s'approfondir danstout le continent. Dans les paysles plus faibles de l'Europe(l'Espagne, la Grèce, le Portu-gal), la croissance économiquecontinue à se ralentir, le taux dechômage augmente, et la dettepublique qui harcèle ces paysest de plus en plus impayable.Les plans d'ajustement quiplongent les travailleurs dans lamisère, sous la promesse qu’ilfaut améliorer la compétitivitépour sortir de la crise, mettentces économies dans des situa-tions de plus en plus récessiveset la « sortie de la crise » pro-mise est chaque fois plus loin-taine. En outre, les économies« émergentes », qui n'avaientpas été aussi frappées quel'Europe par la crise internatio-

nale, et qui avaient même ex-périmenté une croissance éco-nomique après le début de lacrise en 2008 - comme laChine, l'Inde ou le Brésil- ensubissent maintenant les con-séquences, avec une moindrecroissance, ce qui aura des ef-fets aussi sur le reste des paysdu monde. L'hypothèse d'unesortie rapide de la crise, ainsique l'hypothèse des économiesémergentes qui remplaceraientles puissances économiquesen décadence et continueraientl’expansion du capitalisme, sesont avérées erronées. Partout,les plans d'ajustement des gou-vernements se multiplient, enessayant de faire payer la criseaux travailleurs. Mais aussi semultiplient les grèves, les occu-pations d'usines et les mobilisa-tions massives contre l’austéritécapitaliste.

La France : l'austérité, c'estmaintenant !

Par rapport aux autrespays européens, la France estd'une certaine manière « attar-dée » dans la réduction du coûtdu travail et l'amélioration de lacompétitivité. À l’exception dela réforme des retraites approu-vée en 2010, il n'y a pas euvraiment des mesures d'austé-rité aussi importantes que dansles autres pays de l'Europe, oùplusieurs réformes pour flexibi-liser le marché du travail ont étéapprouvées les dernières an-nées, et où le démantèlementde l’État providence (réductiondu budget de Santé et Éduca-tion, privatisation des servicespublics, etc) est plus avancé.Cela n'est pas le résultat de labonté de la bourgeoisie fran-çaise, mais d'une tradition derésistance de la classe ouvrièrefrançaise (par exemple, les grè-ves de 1995 qui ont battu leplan Juppé, et aussi les grèvesde 2010, qui ont échappé par-fois au contrôle des appareilsbureaucratiques).

C'est pour ça que legouvernement doit maintenant,pour récupérer du terrain,mener des attaques d'une am-

pleur sans précédents. Lavague de licenciements dansl'industrie (PSA, Sanofi, Arce-lorMittal) a pour but non seule-ment de réduire le coût dutravail par le biais de la superexploitation de ceux qui restentdans les usines, mais aussid'infliger une défaite à la classeouvrière pour établir un rapportde forces qui permette la flexi-bilisation du marché du travail.Le gouvernement, en dépit deses fanfaronnades médiatiquescontre la famille Peugeot lorsde l'annonce de fermeture, aapprouvé le plan de licencie-ments après le rapport Sarto-rius, ce qui montre clairementson attitude complice vis-à-visdu grand patronat.

À ces attaques dansl'industrie, s'ajoute le choc bud-gétaire, 10 milliards d'écono-mies sur la dépense publique,et 20 milliards de hausses d'im-pôts. C'est-à-dire, moins budgetpour l’Éducation et la Santé,avec par exemple, le non-rem-placement d'un fonctionnairesur deux partant à la retraite,voire de deux sur trois, ce quiréduit le nombre d'effectifs etalourdit le travail de ceux quirestent, et plus d'impôts à payerpour les secteurs populaires. Lasolution du gouvernement auproblème du chômage est unearnaque : les jeunes embau-chés à travers des emplois d'a-venir n'ont aucune garantied'avoir un emploi stable aprèsla fin du plan (les embauchesseront en CDD), et l’État prenden charge 75% du salaire, unvrai cadeau aux patronats(15000 emplois d'avenir dansdes entreprises privées). Lesétudiants boursiers pourront ac-céder à un emploi d'avenir dansl'éducation, ce qui permet augouvernement d'une part de nepas augmenter les bourses, etd'autre part de résoudre la crised'effectifs dans l'éducation avecdes contrats précaires au lieude vrais contrats. Le problèmedu chômage ne peut être disso-cié des licenciements, et le gou-vernement ne peut pasprétendre de le résoudre tandisqu'il permet aux entreprises de

licencier massivement.La dernière attaque

aux travailleurs, annoncée parle gouvernement le 6 Novem-bre, c'est l’allègement de 20 mi-lliards d'euros des chargespatronales. Cet allègementsera financé avec 10 milliardsd’économies dans la dépensepublique (qui s'ajoutent aux 10milliards déjà annoncés) et lereste par une hausse du TVA,qui réduira encore plus le pou-voir d'achat des travailleurs.L'élaboration du rapport par un« expert » censé être objectifpour justifier cette attaque, nepermet pas de cacher que legouvernement a décidé de sui-vre le programme du grand pa-tronat.

La complicité de la bureau-cratie et l'émergence dessecteurs indépendants

En dépit de la mé-fiance croissante par rapport augouvernement, il n'y a pas euencore une réponse d'enver-gure aux attaques du gouverne-ment et du patronat. Celas'explique par le rôle des bure-aucrates syndicaux(CGT,CFDT, etc), qui ont -de-puis l’élection de Hollande- fa-vorisé l'attentisme dans laclasse ouvrière et la confiancedans les négociations avec legouvernement et le patronat.Au lieu de coordonner les diffé-rents luttes contre les licencie-ments et d'appeler aux grèveset mobilisations pour battre lesattaques du patronat, les bure-aucraties syndicales se sontengagées dans le « dialoguesocial » que propose Hollande.Ce dialogue est un tromperiepour freiner la mobilisation destravailleurs, avec le mensongequ'il pourrait y avoir des ac-cords « gagnant-gagnant »entre les travailleurs et le patro-nat. La vague de licenciementsdans l'industrie, les coupesbudgétaires et les haussesd'impôts démontrent clairementquel est le programme de labourgeoisie pour sortir de lacrise : dans une société capita-liste où le patronat fait ses profit

Hollande: un gouvernementau service de l'ajustement

Editorial

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à travers l'exploitation ouvrière, unesituation « gagnant-gagnant » n'e-xiste pas.

Cependant, quelques sec-teurs de la classe ouvrière com-mencent à faire une expérienceavec cette méthode du dialogue so-cial et à exprimer leur mécontente-ment avec le gouvernement demanière indépendante des appa-reils bureaucratiques. La mobilisa-tion devant le Salon de l'Automobilele 9 Octobre (voir l'article dans cettemême édition), avec un degré deradicalisation important, a été orga-nisé en dehors des appareils bure-aucratiques, par les travailleurseux-mêmes. Cela a été aussi unexemple concret de la convergencedes luttes, avec des travailleurs duPSA, Sanofi, ArcelorMittal, Doux,Ford et d'autres boîtes en lutte.Cette stratégie d'auto-organisation,de convergence et de lutte dans larue est l'opposé au « dialogue so-cial » préconisé par les centralessyndicales, dont l'isolement des lut-tes en cours et le refus à faire desactions concrètes de solidarité avecelles est le complément.

Au fur et à mesure que laconfiance initiale dans le gouverne-ment se dissipe, ces organisationsindépendantes des bureaucratespeuvent prendre une ampleur plusimportante. La tâche principale desrévolutionnaires est de développerces expériences d'auto-organisationde la classe ouvrière, et de rompreavec la stratégie de conciliation desbureaucrates avec le gouverne-ment. Cela doit être accompagnéaussi de la construction d'une orga-nisation politique révolutionnaire quiorganise les militants les plus actifset politisés qui émergent des luttesà venir, de manière indépendantedu gouvernement mais aussi duprojet réformiste du Front de Gau-che (voir article dans cette mêmeédition). Le NPA peut représentercette organisation révolutionnaire, àtravers une délimitation claire duFront de Gauche, et s’il utilise soninsertion dans le mouvement ou-vrier (par exemple, la figure recon-nue de Philippe Poutou, dirigeantde l'usine de Ford Blanquefort etcandidat du NPA à la présidentie-lle), au service de l'organisation in-dépendante de cette nouvelleavant-garde des luttes.

Comme nous avonssignalé dans l'édito-rial, la combinaison

entre les espoirs initiauxdans le gouvernement deHollande et la politiqued'austérité de plus en plusprofonde qu'il mène, com-mence à aboutir dans uneméfiance croissante vis-à-vis du gouvernement, et uneperte de légitimité. Cela peutstimuler dans les mois pro-chains l’émergence d'op-tions politiques à gauche età droite du gouvernement,un processus qui se vérifiedans d'autres pays d'Europe(notamment la Grèce, avecl’effondrement du systèmebipartidiste traditionnel). Ledébat sur comment capitali-ser la crise du gouverne-ment, et quelle opposition degauche faut-il construire, estessentiel parmi les révolu-tionnaires.

Le Front de Gauche : unprojet réformiste, com-plice du gouvernement deHollande

Le Front de Gau-che a généré beaucoupd'expectatives parmi des mi-litants de gauche, avec saphraséologie révolutionnaireet un score électoral relative-ment bon (l'appel à la révo-lution citoyenne, lapublication du livre « Qu'ilss'en aillent tous ! », phraseutilisée lors de la révolte po-pulaire en Argentine en2001). Cependant, après lesélections législatives (Melen-chon avait appelé à voterHollande pour le secondtour), le Front de Gauche amontré clairement le rôlequ'il joue face au gouverne-ment avec, par exemple, levote de « abstention cons-tructive » lors de la constitu-tion du gouvernement, endéclarant que l'objectif n'étaitpas « de sortir d'une majorité

de gauche mais de faire despropositions précises quisoient au cœur de la gauche» . C'est-à-dire que le Frontde Gauche n'entend son ac-tivité que comme un soutiencritique du gouvernement deHollande, avec l'idée depousser le gouvernementvers la gauche. Ce n'est pasétonnant : Mélenchon vientd'être dirigeant du PS pen-dant des années, et il a étéministre du gouvernementJospin pendant 2000-2002.

Le Front de Gau-che montre aussi son carac-tère réformiste dans sespositions par rapport à undes sujets les plus impor-tants de l'actualité : les licen-ciements et le chômage. Parrapport aux licenciements, leprojet du Front de Gaucheest l'interdiction des licencie-ments boursiers, c'est-à-dire, des licenciements faitspar des entreprises qui fontdes profits. Le problème estque, de cette façon, on ac-cepte qu'une entreprise « endifficultés » licencie sansproblèmes. Or, dans le cadrede la crise internationale, ilest possible que des entre-prises soient, du point devue capitaliste, non-renta-bles, et donc qu'elles soient« obligées » de licencier. Sion reste dans le cadre de lalogique capitaliste, cela sig-nifie que le profit des entre-prises est plus important quela vie de millions de travai-lleurs, qu'on ne peut pasaller au-delà de la propriétéprivée. « Si vous êtes enbonne santé, monsieur lepatron, on vous demande lacourtoisie de ne pas licencierles pauvres ouvriers, mais sivous avez des difficultéspour continuer à exploiterdes travailleurs et obtenirdes profits multimillionnaires,allez-y, licenciez sans pro-blèmes ! » La seule solutionau problème du chômage,c'est l'interdiction des licen-

ciements, et la nationalisa-tion sous contrôle ouvrierdes boîtes qui licencient,mais cela signifie s'attaquerau cœur du système capita-liste, ce que le Front de Gau-che ne veut pas faire.

"Revolution par les urnes"ou révolution dans lesrues

Ces aspects réfor-mistes du programme duFront de Gauche renvoient àune discussion plus pro-fonde sur les méthodes delutte. En fait, le Front deGauche ne considère la lutteque comme un exercice par-lementaire, où les élus se-raient les sauveurs dupeuple, et on n'a qu'à voterdans les élections bourgeoi-ses et après rester chez soi.

Pour le Front deGauche, les institutions durégime bourgeois sont leseul moyen pour la transfor-mation sociale, qui peut êtreatteinte à travers des refor-mes progressives, pour arri-ver à un "capitalisme auvisage humain". Cela expli-que l'attitude de passivité to-tale de la part des directionssyndicales bureaucratiquesliées au Front de Gaucheface à la vague de licencie-ments: la CGT se consacreaujourd'hui au "dialogue so-cial" de Hollande, c'est-à-dire, à négocier l'austéritéavec le grand patronat; lorsdes attaques de Sarkozy, lamagnifique idée de BernardThibault, dirigeant de laCGT, a été d'appeler des"Etats Généraux de l'Indus-trie". Selon ces bureaucra-tes, la négociation avec lepatronat servirait à améliorerla situation des travailleurs:on n'entend jamais parler degrève, mobilisation, occupa-tion pour y arriver.

On peut voir aussicette tactique parlementairepar rapport à la lutte contre

Quelle opposition de gauche au gouvernement

Hollande ?

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le TSCG. La politique de Mé-lenchon a été d'appeler un re-ferendum. Mais même si celasemble être la chose la plusdémocratique du monde, lavérité est que dans une so-ciété capitaliste, la bourgeoisiedispose de tous les moyenspour influer sur les résultats: lapropagande massive avec lesmédias dominants, la mobili-sation des appareils des partisbourgeois, les prébendes etles menaces contre la popula-tion. Les referendums agis-sent aussi en donnant lemême poids à ceux qui luttent,qui s'organisent, qui prennentleur destin dans leurs mains,qu'à ceux qui restent passifs etsont plus facilement influença-bles par les outils du système.Dans ces situations de crois-sance des luttes, les électionsservent à tirer les gens de larue, un terrain plus favorableaux travailleurs, et les mettredans les urnes, plus favora-bles à la bourgeoisie. Telle estl'expérience de Mai 68, quandDe Gaulle a parvenu à dégon-fler le mouvement avec la con-vocation aux électionslégislatives, une manœuvre àlaquelle le PCF a contribué, enconsacrant toute son énergieaux élections; cette expé-rience a fini avec une victoireabsolue des gaullistes.

La méthode des ré-volutionnaires est, par contre,de stimuler la mobilisation etl'auto-organisation des travai-lleurs, la lutte dans les rues. Lapolitique contre le TSCG de-vrait être l'exigence aux direc-tions syndicales d'une grèvegénérale, et le développementd’organisations indépendan-tes des bureaucrates pour l'im-pulser. Ces enseignementssont d'autant plus clairs lors-que l'exemple de l'Europemontre quel est le vrai rôle dela démocratie bourgeoise. EnGrèce ou en Italie, les parle-ments ont désigné des gou-vernements "techniques", quin'ont été votés par personne,pour appliquer l'austérité; dansces pays, comme en Es-pagne, les mesures des gou-vernements sont répudiéespar la majorité des travailleurset du peuple, et ne peuventêtre soutenus que grâce à unerépression policière de plus enplus accrue.En Grèce les derniers élec-tions législatives ont été le

scénario d’une campagne deterreur mené par les médiasgrecs et même allemands,pour terroriser la populationavec les conséquences « ca-tastrophiques » d’une sortie deGrèce de la zone euro, et ontété aussi utilisés pour dévier lepuissant mouvement de grè-ves et mobilisations et le cana-liser par la voie électorale.

La participation élec-torale des courants révolution-naires est un outil auquel onne peut pas renoncer : celapermet d’élargir notre auditoireet de faire une agitation politi-que parmi des masses. Ce-pendant, l’activité électoralene peut être jamais la princi-pale activité d’une organisa-tion révolutionnaire : le climatélectoral peut changer rapide-ment, ce qui compte est laconstruction organique dans laclasse ouvrière, les jeunes, lesquartiers populaires. En plus,la politique électorale doit êtresubordonnée aux intérêts dela lutte de classes et l’obten-tion d’élus ne peut être une finen soi qui permette d’aban-donner une politique révolu-tionnaire sous des calculsélectoraux. Les élus doiventêtre un point d’appui de la mo-bilisation ouvrière et aussi unoutil pour dénoncer et clarifierles limites de la démocratiebourgeoise.

Faire croire aux tra-vailleurs que la solution estdans les élections et que leseul moyen pour améliorer lesconditions de vie est dans lalutte parlementaire, est unetromperie et sert à perpétuer ladomination capitaliste (sansou avec "visage humaine"); lecontrôle bureaucratique dumouvement ouvrier et le frei-nage de toute initiative indé-pendante et de lutte y est lecomplément. La crise du capi-talisme et le caractère de plusen plus anti-démocratique des"démocraties" bourgeoisiesmontrent que le seul cheminpour la classe ouvrière estl'auto-organisation, les grèves,les mobilisations, pour aboutirau renversement du systèmecapitaliste et de ses institu-tions.

Quelques mots sur l'unitéd'action

On veut parler ici surune question plus générale

qu'on croit nécessaire de cla-rifier, surtout parce qu'il y a en-core dans le NPA desambiguïtés sur ce sujet. Il s'a-git du front unique et de l'unitéd'action.

Pour nous, c'est clairque l'unité d'action et le frontunique sont des tactiques in-dispensables de la politiquerévolutionnaire: rejeter ces ou-tils avec des argumentations"puristes" (c'est-à-dire, que laclasse ouvrière ne doit jamaispartager des actions de lutteavec des secteurs réformistesou bureaucratiques) seraitd'un ultra-gauchisme infantile.Cependant, la tactique du frontunique a quelques "règles" àsuivre. D'abord, le front uniquedoit être au service de la lutteet l'organisation indépendantedu prolétariat, c'est-à-dire, ildoit servir à unir des forces au-tour des objectifs communs fa-vorables à la classe ouvrière.Lors des grèves ou des luttes,le front unique est souhaitableet même indispensable pourgagner. Par exemple, lessyndicats sont des fronts uni-ques des travailleurs: il y a de-dans des organisationsrévolutionnaires et aussi desorganisations réformistes. Si lebureaucrate N°1 de la France,Bernard Thibault, appelle àune grève générale contre leslicenciements, c'est clair quece serait sectaire de ne pas yparticiper parce que Thibaultest un réformiste et un bureau-crate; par contre, il s'agirait deprofiter de l' appel des bureau-crates pour aller plus loin, pourcontribuer à l'organisation in-dépendante du prolétariat etau dépassement des appareilsbureaucratiques.

Une autre règle im-portante du front unique: pen-dant les actions menées parce front unique, il ne faut passeulement soutenir, mais re-doubler la critique adresséeaux directions réformistes. Ilfaut avoir une politique systé-matique d'exigence et de dé-nonciation: exiger auxdirections d'aller plus loin, decontinuer les grèves, d'êtreconséquents avec la lutte(cela, évidemment, avec lesconsidérations tactiques, pro-pres à chaque lutte et aurythme qu'elle peut avoir). Etcomme complément de cela, ilfaut être prêt à dénoncer lestrahisons de la bureaucratie, le

non-respect de la démocratieouvrière. C'est justement dansle déroulement même de lalutte, à travers leur propre ex-périence et grâce à une politi-que systématique declarification de la part des or-ganisations révolutionnaires,que les travailleurs pourronten tirer les conclusions et rom-pre avec les directions réfor-mistes. Taire les critiques sousl'excuse de l'unité, c'est aban-donner la perspective de dis-puter la direction desorganisations à ces directionsréformistes, et donc renforcerle contrôle bureaucratique surla classe ouvrière.

Ces considérationss'appliquent aussi à la politi-que vis-à-vis du Front de Gau-che. On parle ici de frontsuniques sur des aspects con-crets de la lutte de classes; onrejette, par contre, les frontspolitiques avec des formationsbourgeoises, parce que celasignifierait impulser la collabo-ration des classes et abandon-ner le principe d'independencepolitique de la classe ouvrière.Mais il faut avoir une unitéd'action par rapport aux reven-dications concrètes de la luttede classes. La non-ratificationdu TSCG est un exemple: il fa-llait se mobiliser ensembleavec le Front de Gauche pourcette revendication, mais enmême temps lui exiger demettre son influence sur lessyndicats au service d'un vraiplan de lutte, des grèves mas-sives, etc., et dénoncer sa po-litique exclusivementparlementaire et les limitesque son soutien critique augouvernement de Hollandeimpliquaient.

Le front unique dansles luttes ne peut être jamaisune justification pour se dis-soudre politiquement dans lesorganisations réformistes, entaisant les critiques à leur poli-tique. Par contre, c'est avec lacombinaison de l'unité d'actionet d'une délimitation politiqueclaire face au réformisme,qu'on pourra, tout au long del'expérience même de la luttede classes, démontrer concrè-tement aux travailleurs quellessont nos divergences stratégi-ques et construire une organi-sation révolutionnaireindépendante.

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Hollande poursuit la politiqueraciste de Sarkozy.

Les Roms et les musulmans sont les boucs émissaires de la crise capitaliste.

Le Premier ministre deFrançois Hollande, Jean-Marc Ayrault, a choisi

comme ministre de l'IntérieurManuel Valls, qui appartient àl'aile droite du PS, et est connupour ses propos racistes. Valls,dans les allées d’une brocante,dit : « Belle image de la villed’Evry...» et demande à l’hommequi l'accompagne : « tu me metsquelques Blancs, quelqueswhite, quelques blancos. »,l’épisode est filmé par descaméras de TV.

Valls, qui se présentecomme le premier flic de France,perpétue le traitementrépublicain-impérialiste del'immigration. En matière desécurité, il a proposé des forcesde police municipales dans lesquartiers. Depuis l'été dernier ils'est constitué une réputationd'autoritarisme (à droite) avecl'expulsion des familles roms,entre autres travailleursmigrants.

Les Roms ou Tziganes sont despopulations nomades présentesen Europe depuis le XIe siècle,

originaires du nord de l'Inde. Ilsont été persécutés, asservis outenus en servitude. Avec lacréation des États nationaux ,lapersécution s'est aggravéecomme pour les juifs. Au XXesiècle, ils ont continué à êtrestigmatisés, persécutés par lesÉtats « démocratiques » etassassinés par les nazis. Ilsappellent l'Holocauste « ladévoration ».

Sédentarisés de forcedans les pays mal appelés «socialistes », après la chute deces régimes bureaucratiques, ilsont été expulsés des terres qu'ilsoccupaient en Roumanie, enMoldavie, en Yougoslavie, etc.Terres qui sont retournés à leursanciens riches propriétaires.Parallèlement, la politiquenéolibérale accentue leurpauvreté. Maintenant, avec lacrise économique, ils sont lacible d'attaques racistes dans denombreux pays européens, carils sont choisis comme boucsémissaires par les différentsgouvernements. Les médiasdiffusent des discours de haine :

ils sont des voleurs, ils sontsales, ils occupent les trottoirs,etc. Il y a même eu destentatives de pogroms enHongrie, à Marseille, à Naples, etailleurs en Italie.

En France, sous laprésidence de Nicolas Sarkozy,en 2010, le ministre de l'Intérieura ordonné l'expulsion des Romsdu pays et de leurs maisons. Legouvernement « socialiste »continue à jeter les enfants, lesfemmes et les personneshandicapées à la rue, sansaucune aide au logement. Seulsles organismes caritatifs s'enoccupent : « à Lille, à Lyon, maisaussi à Evry des familles avecleurs enfants ont été jetées à larue sans aucun ménagementpar les forces de l'ordre etcertaines renvoyées par charterdans leur pays d’origine. Ladroite exulte, l'extrême-droite enredemande. Martine Aubry finipar déclarer que sur le fond ellen’avait pas de divergences avecValls ».

Ces concessions aupopulisme sécuritaire droitier necacheront pas le chômage, laprécarité du gouvernementnéolibéral de Hollande. S’enprendre aux humbles Roms nesuffira donc nullement à gagnerle soutien du people. Le retourforcé dans les pays d'origine deces populations est une mesureinhumaine, « les familles qui sontexpulsées reviennent en Francecar elles ne peuvent rester chezelles (notamment en Bulgarie, enRoumanie et en Hongrie) oùelles sont menacées, insultées etviolentées en permanence pardes organisations nationalistesxénophobes et racistes sous l'œilbienveillant des gouvernementslocaux… Nous devons exiger,dans un premier temps, la levéecomplète des mesurestransitoires qui visent les 15 000Roms qui vivent dans ce pays(restriction d'accès à certainsmétiers, autorisation préfectoraleavant embauche etc.), l'utilisationdes ressources des fondseuropéens pour logerdécemment toutes les familles,la scolarisation des enfants etc.»

Les Roms ne sont pasles seules victimes du racismed'état. Le gouvernement et lespatrons ont encore un autre boucémissaire, les musulmans. Lesmedias comme le Point dont lacouverture de l’un de sesderniers numéros visent àaugmenter l’islamophobieambiante. Valls profite de cettepublication pour continuer sesattaques racistes eninstrumentalisant le féminisme,lui, qui prétend défendre lesfemmes voilées par lesmachistes musulmanes, expulserégulièrement les femmesRoms.

Récemment, Saidou, chanteurdu groupe Zep et SaidBouamama, sociologuemilitante, ont été mis en examen,comme d'autres militantsantiracistes et syndicales quisubissent des procès.

Un autre exploit dusocialiste Hollande : l’expulsionmanu militari vers l’Espagne dela monarchie post franquisted'une jeune militanteindépendantiste française AuroreMartin ! Du jamais vu ! Sarkozyne l’a pas fait, Hollande,démentant encore une fois sesengagements, a foulé aux piedsdroits et libertés ! Manuel Vallsest content. Il avait écrit un livreoù il préconisait l’augmentationde la TVA et la lutte contre «l’antiterrorisme » ! Lemouvement dont la jeunecamarade est membre, est légalen France.

Comme pendanttoutes les grandes crises, lesgouvernements et les patronsjouent la carte du racisme pourcacher que sont eux seuls lesresponsables de la misère. Maisaussi pendant les périodes deboom, le capitalisme a toujoursutilisé les différences racialespour créer des inégalités et ainsidiviser et soumettre de plus enplus les travailleurs. La fin duracisme, des conditions de viehumaine pour les populationsRoms et tous les travailleurs, nepeut être possible que dans uneEurope réellement Socialiste.

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Le 14 Novembre dernier, lapremière grève généraleeuropéenne de l'histoire a

eu lieu. Des grèves généralesont eu lieu en Espagne, Portu-gal, Chypre, Malte, Italie (grèvegénérale de 4 heures) et Grèce(3 heures de grève, après unegrève générale de 48 heures le6 et 7 Novembre). Dans tousces pays, les grèves ont été ac-compagnées par des mobilisa-tions massives dans les villesles plus importantes, et il y a euaussi des mobilisations de soli-darité en France, Belgique, etd'autres pays.

Le suivi massif de cesgrèves, ainsi que les centainesde milliers de travailleurs qui sesont mobilisés (notamment enEspagne), montrent la volontédes travailleurs à se battre con-tre l'austérité partout en Eu-rope, ainsi que le sentimentcroissant qu'attendre tranquille-ment les réponses des gouver-nements ne sert à rien. Cettejournée a montré aussi le rôletraiteur des bureaucratiessyndicales et son influence en-core majoritaire dans le mouve-ment ouvrier, mais aussi lespoints d'appui possibles pourdéborder ces cadres bureau-cratiques et construire une ré-ponse conséquente etindépendante. On analysera icile cas de l’État Espagnol, parceque nous croyons que c'est unexemple des tendances politi-ques plus générales qui, avecles particularités et inégalitéspropres de chaque pays, se dé-roulent partout en Europe.

État Espagnol: desgrèves et mobilisations mas-sives, une répression poli-cière de plus en plus forte

La grève en Espagnea été la plus importante, par samassivité mais aussi par laplace que ce pays occupe enEurope, et l'attention médiati-que et populaire qu'elle a sou-levé les derniers mois. Selonles syndicats, le suivi à la grèvea été massive : l'industrie a étéparalysé, les services publics(transports, santé) ont fonc-tionné avec les minimums que

la loi stipule, plusieurs petitscommerçants ont suivi la grèvepour la première fois ; le gou-vernement a même dû allumerles lampadaires en plein jourpour manipuler les statistiquesde consommation électrique(qui est un des indicateurs utili-sés pour mesurer l'impact de lagrève).

La journée de grèveest finie avec des mobilisationsmassives partout : presque unmillion de personnes à Madridet Barcelone, et des dizaines oudes centaines de milliers depersonnes dans plusieurs citésdu reste du pays. Toute la jour-née a été marqué par la réalisa-tion de piquets de grève,organisés surtout par les partisde gauche, les organisations dejeunesse, les syndicats anti-bu-reaucratiques, ce qui a donnéun caractère dynamique à lagrève, et a fait converger les dif-férents secteurs qui ont partagéles dernières luttes.

Le gouvernement arépondu avec une répressionbrutale, avec des centaines demanifestants détenus et bles-sés, et a même réalisé la provo-cation de voter les Budgets

Généraux de l'Etat (c'est-à-dire,l'austérité redoublée pour l'an-née 2013) lors de la grève gé-nérale. Cela montre jusqu'àquel point le gouvernement duPP est éloigné des travailleurset du peuple, et reste déterminéa sauver les banques et les en-treprises privées, même si celasignifie plonger des milliers depersonnes dans la misère.

Les syndicats bure-aucratiques et le PSOE nesont pas une alternative

Les syndicats bureau-cratiques, U.G.T (historique-ment lié au PSOE) et C.C.O.O(historiquement lié au PCE) ontappelé à cette mobilisation sousla pression des travailleurs etdu peuple, qui en ont marre duchômage, des bas salaires, dela destruction du système édu-catif et sanitaire. Cependant, ilsne font que des journées degrèves isolées, sans aucunecontinuité, qui permettent à ces« dirigeants » de canaliser l'en-gueulade des travailleurs, et defaire croire qu'ils répondent auxattaques du gouvernement,mais qui ne permettront pas

vraiment de battre la politiqued'austérité. Avec cette mêmeméthode ils ont laissé passerles réformes du travail de Zapa-tero en 2010 et de Rajoy en2012 : une seule journée degrève n'a pas été suffisantepour faire reculer le gouverne-ment, et après les bureaucratesn'ont rien fait pour continuer lamobilisation.

Le PSOE essayemaintenant de se « recycler »comme l' alternative « à gauche» du gouvernement droitier duPP. Ils ont même exprimé publi-quement leur soutien à la grèvegénérale et appelé le gouverne-ment à « écouter le peuple ».Cependant, personne ne peutoublier que le gouvernement duPSOE a commencé l'austéritédans l’État Espagnol, avec laréforme du travail en 2010, labaisse des salaires des fonc-tionnaires, la réduction du bud-get de l’Éducation et de laSanté. Lors du mouvement des« indignés » qui a commencé le15 Mai 2011, c'était le gouver-nement de Zapatero, PSOE,qui a réprimé les mobilisationset arrêté des centaines de jeu-nes.

Grève générale européenne : les travailleurs ne se laisseront

pas écraser

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Déclaration du Courant International Socialisme ou Barbarie, 16/11/2012Halte à la massacre contre le peuple palestinien!

À bas l’État colonial, raciste et génocide d’Israël!

Encore une fois l’État d’Is-raël a déchaîné unemassacre en bombar-

dant la Bande de Gaza. Danscet immense “camp de con-centration”, le plus grand de l'-histoire, Israël emprisonne plusd'un million et demi de palesti-niens. Mais ces sanguinairesattaques, qui ont déjà produitdes dizaines de morts, sem-blent n'être que le prologued'une attaque plus grave. Uneincursion comme celle de Jan-vier 2009, avec des milliers devictimes.

Gaza est un des pro-duits du « nettoyage ethnique» du peuple palestinien que lescolonisateurs sionistes ontmené depuis la proclamationde l’État d’Israël en 1948. De-puis ce moment-là, les palesti-niens qui n'ont pas étémassacrés ou expulsés, ontété confinés dans plusieursghettos ou bantoustans cernéspar des murs. Gaza n'est quele pire d'entre eux.

Israël poursuit la logi-

que de tout enclave de coloni-sateurs: le déplacement et/ou l'extermination de la populationoriginaire, comme la « solutionfinale ». Cela détermine aussile régime qu’Israël, pendant cetemps-là, impose aux palesti-niens dans les territoires qu'ildomine: un système racisted'apartheid, comme celle queles blancs appliquaient auxnoirs en l'Afrique du Sud.

Comme les noirsSud-africains, les palestinienspeuvent être « légalement »déplacés de leurs territoires,leurs logements démolis pourconstruire des colonies sionis-tes, emprisonnés sans aucunprocès (il y a des milliers et desmilliers en prison), torturés etassassinés impunément.

Mais cette longue his-toire d'horreur a été aussi l'his-toire de la lutte du peuplepalestinien. Une lutte inégalemais héroïque et que n'a cesséjamais. Une lutte qui a une im-mense sympathie dans lespeuples du Moyen Orient, et de

larges secteurs dans le restedu monde.

L’État raciste d’Israëla pu se maintenir, cependant,pour plusieurs raisons. D'a-bord, parce que cette enclavecoloniale est aussi le tête depont de l' impérialisme améri-cain (et aussi des autres mem-bres de l'OTAN) dans lestratégique Moyen Orient.Mais, d'ailleurs, les capitula-tions traîtresses des bourgeoi-sies arabes et leurgouvernement (même de quel-ques-uns qui se disaient anti-impérialistes) ont été aussidécisives.

Tandis que d'une partles États-Unis défendent incon-ditionnellement Israël commes'il était un territoire propre(dans les faits, l’État N°51 del'Union), d'autre part, Washing-ton a entretenu des liens trèsétroits avec tous les autocra-tes, roitelets et dictateurs qui luigarantissaient « l'ordre » dansla région, dont la première con-dition est le caractère sacro-

saint d’Israël et son permisd'assassiner des palestiniens.

Mais cette situationidyllique se dégrade de plus enplus. D'abord, le Grand Protec-teur d’Israël, l'impérialismeyankee n'est pas aujourd'hui cequ'il était avant, la superpuis-sance qui dans les années 90dictait la loi (inévitable) pourtout le monde. Les États-Unisne s'est pas effondré ; mais ils'est affaibli relativement, au-tant par la crise économiqueque par les difficultés croissan-tes des entreprises militairesqu'il a entrepris dans la régionil y a dix ans. Ce monde unipo-laire des années 90 n'existeplus. Plusieurs choses échap-pent à son contrôle. D'autrespuissances -aussi des puissan-ces régionales- agissent parelles-mêmes.

Avec cela, le plus im-portant a été le déchaînementdu « Printemps Arabe », unprocès qui continue mêmeavec ses contrastes et ses in-égalités. Cela affecte Israël pas

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Tant les syndicats bu-reaucratiques comme le PSOEont été des piliers du systèmecapitaliste et bipartidiste espag-nol. Leurs politiques sont desdifférents alternatives à la crisedans le cadre du capitalisme etdu système démocratique-bour-geois, un système qui a démon-tré largement qu’il est prêt aplonger dans la misère des mi-llions d'êtres humains pour sou-tenir les profits des entreprises.Il faut construire une alternativepolitique de rupture avec lesystème capitaliste.

Une évolution à gau-che et une radicalisationcroissante

Une dynamique im-portante des derniers mois aété l'évolution à gauche de lapopulation, qui s'est expriméedans la grève générale. Il y aplusieurs mois, la consigne «PSOE, PP, la misma mierda »(le PP et le PSOE sont la mêmemerde) est présent dans la ma-jorité des mobilisations, ce quimontre que la légitimité dusystème bipartidiste commenceà s’effondrer. Izquierda Unida

(Gauche Unie), fortement liéeau PCE, a été depuis la chutede la dictature l'allié « rouge »du système bipartidiste, et estpart maintenant du gouverne-ment du département d'Anda-lousie, le plus peuplé de l'EtatEspagnol, en coalition avec lePSOE, ce qui permet aussi deconstruire une alternative vrai-ment révolutionnaire.

Dans le mouvementouvrier et populaire, on cons-tate aussi cette évolution à gau-che. Dans la grève du 14Novembre, plus de 30.000 per-sonnes se sont mobilisées àl'appel des organisations de lagauche révolutionnaire, syndi-cats indépendants et assem-blées populaires, dans unemanifestation anticapitaliste. ÀMadrid, plus de 100.000 se sontmobilisés avec le « Bloque Uni-tario» et le collectif « Hay quepararles los pies », intégréaussi par des organisations ré-volutionnaires et des syndicatsindépendants. Aux Canarias, laFédération Anarchiste a occupéle scénario des syndicats bure-aucratiques lors de la mobilisa-tions et les a obligé à permettreaux autres organisations de

parler. Toutes ces initiatives sesont basées sur une alternativeanticapitaliste à la crise, l’annu-lation de la dette et des réfor-mes du travail, la marche enarrière des mesures contre laclasse ouvrière, et surtout sur ladénonciation du rôle joué pourles syndicats bureaucratiques,qui sont consacrés à empêcherune vraie grève générale recon-ductible.

Finalement, la journéede grève a fini avec des affron-tements entre les manifestantset les flics, notamment à Ma-drid. Cela a une importance po-litique fondamentale: rappelonsqu'il y a à peine un an et demi,au début du mouvement des In-dignés, ce que primait était l'ap-pel à la non-violence, à larésistance dite « passive », eton voyait dans les mobilisationsdes jeunes qui se laissaientcasser la gueule par des flicssans répondre. Les affronte-ments à Madrid n'étaient pas unacte des « vandales », commevoulaient faire croire les médiasdominants (et aussi les organi-sations traîtresses du mouve-ment ouvrier) : cela a été uneexpression organique de la ra-

dicalisation croissante d’unepartie de la jeunesse et des tra-vailleurs.

Avec une situationéconomique et sociale de plusen plus insupportable, la radica-lisation des luttes et de mêmeque la radicalisation politiquecontinueront à se développer.Le succès des mobilisations in-dépendantes des syndicats bu-reaucratiques lors de la grèvegénérale montre que les motsd'ordre anticapitalistes, socialis-tes et antibureaucratiques ontun écho très important à l’éche-lle d'une large avant-garde. Latâche des révolutionnaires au-jourd'hui est de développer desorganisations indépendantesdes bureaucrates syndicaux etaussi des partis bourgeois oude gauche du régime. La dé-nonciation systématique destrahisons de la bureaucratie,ainsi que les limites de la démo-cratie bourgeoise qui ne signifieautre que la dictature du capital,l'appel à l'auto-organisation destravailleurs et un programmeanticapitaliste et socialiste faceà la crise, sont des lignes direc-trices qui permettront de cons-truire cette organisation.

seulement en général, maisaussi dans un sujet crucial :ses relations avec Égypte.

Sous la dictature deMubarak, Égypte était le mei-lleur ami d’Israël. Il était aussiutile dans le rôle abject de gar-dien de prison des palesti-niens de Gaza.

C'est clair que le nou-veau gouvernement des FrèresMusulmans, avec le multimi-llionnaire Morsi à la tête, n'estpas du tout une garantie d'unaffrontement jusqu'au boutavec Israël. Sa politique se ré-duit à essayer de calmer la si-tuation et pas à combattre lescolonisateurs sionistes.

Mais, en mêmetemps, les islamistes des Frè-res Musulmans, se sont tou-jours présentés comme lesplus fermes défenseurs de lacause palestinienne, trahi parles dirigeants bourgeois « laï-ques », comme Sadat et Muba-rak en Égypte et l'OLP enPalestine. Aussi, les islamistesde Hamas, qui gouvernent laBande de Gaza, sont une déri-vation des Frères d’Égypte.

C'est dans ce cadrequ’Israël, après les électionsaux États-Unis, lance une es-calade de provocations, d'in-cursions en Gaza et desbombardements aériens avecplusieurs victimes, qui culmi-nent avec l’assassinat d'un desprincipaux dirigeants deHamas. Finalement, la justifiéeréponse palestinienne -quel-ques missiles qui causent troismorts- a été présentée par lesmédias occidentaux domi-nants, comme s'il y avait une «guerre » entre deux factionségales.

Mais, comme on di-sait en Janvier 2009, dans uneDéclaration face à l' attaqued’Israël à Gaza :

« Le fait est qu'onn'est pas du tout face à desfactions égales. D'une côté ona le peuple palestinien qui luttedepuis 60 ans contre l'occupa-tion, l’oppression et l'exploita-tion, et de l'autre côté l’Étatd’Israël avec le soutien directdes États Unis, et indirect de lamajorité des pays impérialis-tes.

« C'est pour ça qu'ondoit clarifier quel doit être la po-sition des travailleurs face à cecombat historique : la défensedes opprimés contre les atta-ques militaires ou d'autres do-maines des oppresseurs. La

vérité est que l'impérialismeexige du peuple palestinien etde Hamas la plus absolue red-dition, et l'acceptation de l'oc-cupation et colonisation directede son territoire par l’État théo-cratique et raciste d’Israël.

« À notre avis, il nepeut pas avoir parmi les socia-listes révolutionnaires aucundoute que pendant que l’Étatraciste d’Israël continue à exis-ter, il n'y a aucune possibilitéd'une « solution pacifique » :cela tout simplement parce queIsraël est basé -depuis son ori-gine-, sur le déplacement, lacolonisation et la massacre dela population palestinienne ori-ginaire.

« C'est pour ça quecette massacre soulève encoreune fois le débat entre les cou-rants qui se revendiquent mar-xistes, sur quel doit être leprogramme stratégique et lesméthodes de lutte en Pales-tine.

« D'une part, on a laproposition de « coexistencede deux États en Palestine ».Comme on a déjà souligné,étant donné la condition d’Étatraciste et d’oppression national

d’Israël, il s'est avéré depuisplusieurs décennies que celaest absolument non-viable.

« D'autre part, enmême temps que nous som-mes pour la défaite de l’Étatd’Israël dans le combat actuel,et pour la victoire des forcespalestiniennes, nous signalonsque l' histoire a démontré quela destruction de l’État d’Israëlet la construction d'un uniqueÉtat Palestine laïque, démo-cratique et socialiste dépendde la mobilisation et de la luttepolitique et militaire autonomedes plus larges masses de tra-vailleurs dans les territoires oc-cupés et dans l'ensemble despays arabes. Une expressionde cela a été l'expérience del'ouverture forcée de la fron-tière avec Égypte depuis Gaza,qui s’est produite il y peu detemps grâce à l'action desmasses de la Bande elles-même.

« Cette perspectivenous différencie non seulementde Al Fatah, mais aussi deHamas lui-même, qui n'ont pasune perspective socialiste pourles peuples exploités et oppri-més de la région.

« Il n'y a qu'une alter-native : la destruction de l’Étatd’Israël et la construction d'unÉtat palestinien socialiste etd'une Fédération Socialiste despays du Moyen Orient.

« Le courant interna-tional Socialisme ou Barbarieexige donc aux gouvernementsd'Amérique Latine et du mondeentier qu'ils condamnent l'atta-que et l'invasion israélienne etqu'ils rompent immédiatementles relations avec l’État sio-niste.

« Nous faisons aussiun appel à l'ensemble des or-ganisations révolutionnaires,syndicats indépendants, syndi-cats étudiants et organisationsde défense des droits humainsà construire une forte cam-pagne de solidarité avec lepeuple palestinien.

*Halte au génocide contre lepeuple palestinien !*Dehors les troupes sionistesde Gaza !*Pour la destruction de l’Étatraciste d’Israël !*Pour un État Palestinien dé-mocratique, laïque, non racisteet socialiste !

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Dans tous les sondages,cependant, Capriles agagné du terrain. Bien

que le président soit toujours lefavori, Capriles semble en voied’obtenir le meilleur résultat jus-qu’à aujourd’hui pour un candi-dat d’opposition à Chavez, unrésultat qui le laisserait placécomme leader de l’oppositionpendant des années. » (WallStreet Journal, 10/03/2012)

Le 7 octobre prochainse réaliseront les élections auVenezuela. Au pouvoir depuispresque 14 ans, Hugo Chavezaffronte une des élections lesplus difficiles de sa gestion. Letype de phénomène qu’a pro-duit le chavisme débouche surune élection de haute tensionpolitique, non seulement vu del’intérieur, mais aussi de l’Amé-rique latine dans son ensemble.

En quelque sorte, lerésultat donnera une indicationsur l’avenir de la politique régio-nale. Ce scrutin aura des con-séquences également pour ladynamique de la situation politi-que dans les autres pays de larégion.

L’élection la plus difficile

Le premier point qu’ondoit analyser est que l’adminis-tration Chavez dure depuispresque quatorze ans et aucungouvernement capitaliste -etChavez est capitaliste- peutdurer tant d’années sans subirune usure.

A cette érosion politi-que s’ajoute une «incarnation»en la personne d’un Hugo Cha-vez qui n’est pas seulementplus âgée de 14 ans, mais qui asouffert d’un cancer, annoncécomme « guéri » un millier defois, mais les faits le démentent.En tout cas, ce ne sont que dessymptômes de problèmes sous-jacents qui seront discutés plusloin.

Tout d’abord, regar-dons les prévisions électorales.Les plus sensées semblent êtrecelles qui annoncent que Cha-vez va finalement remporter l’é-

lection, mais en tout cas, avecune marge plus faible. Il est vraique dans les élections précé-dentes on observe des oscilla-tions importantes.

Il y avait des électionsoù d’autres électorats se sontajoutés au « noyau dur » desélecteurs de Chavez, même dela classe moyenne. Il y avaitaussi des circonstances oùcette base chaviste a été suffi-sante pour remporter l’élection.Ceci, cependant, n’a pas eu lieulors du référendum de 2007, oùil fallait voter pour ou contre ladeuxième réforme constitution-nelle. Chávez a été défait, obte-nant moins de 50% des voix.Même une partie de ce « noyaudur » a refusé de le suivre,comme l’a démontré sa défaiteà Petare, énorme quartier popu-laire sur la périphérie de Cara-cas.

Il est également un faitqu’aujourd’hui, les «escualidos»(comme on appelle l’oppositionde droite) sont beaucoup mieuxplacés que dans les électionsprécédentes. Après leurs catas-trophes politiques de 2002 et2003 (avec l’échec complet del’orientation putschiste) et aprèsle désastre électoral (commeleur refus à participer à l’électionde 2004, laissant l’ensemble duCongrès à Chavez), les « es-cualidos » ont changé leur stra-tégie. Maintenant ils combattentChavez sur son propre terrain,celui des élections.

En tout cas, plus quede faire des prévisions à quel-ques jours du vote il est impor-tant d’expliquer les raisons del’affaiblissement de Chavez.Cela est nécessaire même siChavez gagne, ce qui est leplus probable. Il est égalementimpératif d’examiner les consé-quences régionales dans lesdeux cas de figure, en fonctiondes résultats du dimanche 7.

Pas des changements de lastructure économique

Chavez a réalisé unesérie de réformes et de pro-

grammes sociaux d’aide auxsecteurs les plus pauvres de lasociété. Cependant, le grandproblème c’est qu’il n’y a euaucun changementstructureldans le capitalisme vénézué-lien.

Ce n’est pas que Cha-vez ait «fini» avec le capitalismeau Venezuela, parce que cen’est pas le cas. Des formulestelles que «révolution socialisteen cours» ou «socialisme duXXIe siècle », c’est de la purepropagande qui n’a pas de fon-dement dans la réalité. Le vraiproblème n’est pas de savoir sile chavisme ait fini avec lesystème capitaliste (ou soit entrain de le faire). Le gros pro-blème, c’est qu’il n’y a pas eu demodification structurelle du ca-pitalisme dans la période cha-viste au Venezuela!

En d’autres termes: leVenezuela est encore un payscapitaliste, vivant essentielle-ment (plus que jamais) de larente pétrolière!

Mais il y eu des chan-gements entre le néolibéralismedes années 1990 et aujourd’hui.Il y a eu des changements im-portants dans la propriété et lepartage des revenus pétroliers.

Sous le néolibéralismedes 90, PDVSA, la compagniepétrolière d’Etat, sans avoir étéformellement privatisée, faisaitune distribution des revenus dupétrole pour l’essentiel favori-sant les capitaux privés et étran-gers. Une bureaucratie énormeque l’on appelait la «méritocra-tie» dirigait l’entreprise de ma-nière relativementindépendante de l’Etat véné-zuélien lui-même, en plus de seremplir les poches, en dirigeantle flux des revenus pétroliersvers des capitaux privés.

Dans la «grève-sabo-tage» de fin 2002 au début2003, la «méritocratie» a été dé-faite par l’action déterminée destravailleurs du pétrole, qui ontempêché l’arrêt de la productionet du transport. Le gouverne-ment vénézuélien a pu prendreen charge la totalité des recet-

tes pétrolières (mis à part lesjoint-ventures avec des entrepri-ses impérialistes mené par Cha-vez lui-même).

Une partie de cetterente- renforcée par la haussedes prix du pétrole- a permis definancer les programmes so-ciaux ou les «missions» queChavez a lancés et qui lui ontdonné tant de popularité.

Mais cette redistribu-tion des revenus du pétrole nesignifiait pas un changementstructurel,aucune transforma-tion de l’appareil productif. Ve-nezuela dépend encoreexclusivement et à grandeéchelle de l’extraction et de l’ex-portation du pétrole. Le pays,comme avant Chávez, se ca-ractérise par une industrialisa-tion très faible et une situationencore pire dans la productionagricole. Cela oblige à importer80% des produits alimentaireset de consommation populaires.

En bref: la structure deproduction qui rend le pays nonseulement capitaliste, mais enplus dépendant, n’a pas étéchangé du tout.

Cela provoque desgraves problèmes sociaux. Toutd’abord, le chômage massif etle sous-emploi. Ainsi, au Vene-zuela ces phénomènes sonttrès massifs et le «travail indé-pendant» est considéré comme«naturel». Auparavant Caracasétait remplie de commerçantsde rue. Pour les cacher, le gou-vernement a finalement interditla vente ambulante et il a en-fermé les vendeurs précairesdans des «marchés», faisantappel à une bonne dose de ré-pression. Mais, bien sûr, le pro-blème structurel de laproduction et de l’emploi ne serésout pas en masquant la si-tuation.

Dans les quartiers en-tourant la capitale, il y a d’énor-mes colonies populaires avecdes habitants qui, même si au-jourd’hui ils sont assistés aumoyen des plans sociaux, con-tinuent à vivre dans les mêmesconditions qu’il y a des décen-

Chavez ou Capriles: un choix à impact régionalDéclaration du courant international Socialisme ou Barbarie

On présente ci-dessous un article qu’on a écrit lors des élections presidentielles au Venezuela, en Octobrede cette année. On croit que en plus de l’analyse des éléctions au Venezuela il a des éléments plus géné-raux par rapport à quelle position doivent avoir les courants révolutionnaires face à ces gouvernements ré-formistes ou nationalistes bourgeoises, qu’ont surgi dans plusieurs pays d’Amérique Latine à la suite desrévoltes populaires qu’ont commencé au début du XXI siècle. Ce débat est toujours d’actualité parmi les ré-volutionnaires, et on veut ici faire notre apport.

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nies.Ce n’est pas par ha-

sard que le déficit de logementsest énorme. C’est un déficit au-quel le chavisme n’a pas donnéune réponse de manière satis-faisante, au-delà des plans etdes annonces faites sous lapression de la campagne élec-torale [1].

Comme dans d’autrespays, le chômage massif et lesous-emploi, notamment à Ca-racas, est le terrain sur lequel ladélinquance a augmenté defaçon spectaculaire. A cela s’a-joutel’effondrement des infras-tructures d’électricité, de routes,de l’entretien des centralesélectriques, des problèmesd’approvisionnement, etc

Tous ces problèmessont abordés par la droite et soncandidat Capriles : « Dans sesdiscours, Capriles se concentresur les maux de tous les joursqui affligent les Vénézuéliens,comme les pannes d’électricitéet les pénuries alimentaires,marquant un contraste avecl’ostentation du président. »(WSJA, idem).

Chavez a élaboré deséléments non pas de socia-lisme, mais de capitalisme d’E-tat par voie de nationalisationsdiverses, une plus grande inter-vention du gouvernement dansl’économie, un ensemble de ré-gulations qui s’éloignent, dansune grande mesure, du «mo-dèle néolibéral».

Malgré la parlote surle «socialisme du XXIe siècle»,Chavez n’a jamais été prêt às’engager dans une orientationanticapitaliste, condition néces-saire pour changer la structureproductive du pays.

Les limites d’une gestion cha-rismatique

En l’absence de chan-gements fondamentaux, Cha-vez a choisi une autre voie. Ils’est consacré àl’arbitrage descontradictions de classe, ce qui,par ailleurs, dans le contexte del’effondrement des partis tradi-tionnels de la « IVe République», impliquait une gestion «cha-rismatique» exercée par Cha-vez lui-même. Autrement dit,une «omniprésence» politique àtravers des discours marathon,des émissions de radio comme« Bonjour président », parcou-rant sans relâche le pays, etc.

C’était une tentativede remplacer, d’en haut, l’ab-sence d’organismes rassem-blant les masses exploitées et

opprimées. Leur action devraitêtre la véritable substance du«pouvoir du peuple». Le Vene-zuela a manqué presque entiè-rement d’organisations depouvoir des masses, à l’excep-tion des moments comme la si-tuation radicalisée des années2002 et 2003. À ces occasions,les mobilisations des masseselles-mêmes ont sauvé Chávezde deux tentatives de coup d’E-tat.Pas l’appareil du chavisme!

Bien sûr, les gestions« charismatiques » posent leproblème que le chef est«irremplaçable» parce que tou-tes les relations politiques sontnouées autour d’une «figure» etnon de médiations «institution-nelles» plus formelles, commele sont les vrais organismes dupouvoir du peuple.Les soi-di-sant «conseils communaux» nesont qu’une caricature de cela.Ou, plutôt, sont l’exact opposé:des organismes de « clienté-lisme » et de contrôle, de hauten bas, dans le style des «comi-tés de défense» cubains.

Mais il y a aussi unautre fait très important. Comptetenu de l’absence d’organismesréels de base (lesquels serait laseule façon de constituer le vé-ritable socialisme), et comptetenu également du fait de l’ef-fondrement des vieux partis tra-ditionnels, une «démocratieplébiscitaire» s’est installée,dans le strict respect des méca-nismes de la démocratie bour-geoise (vote de tous lescitoyens).

La conséquence estque le chavisme se peut préva-loir d’une sorte de record dansles élections générales, où laquestion était toujours de plé-bisciter Chavez lui-même.Mais le problème est que le mé-canisme plébiscitaire, au fond,est tout à fait antidémocratique,entre autres raisons, parce qu’ilne laisse pas le choix: soit devoter pour Chávez ou de passerdu côté des « escualidos ».Alors, évidemment, à ce jour, laplupart ont voté pour Chavez,parce ils craignent un retour àl’ancien état de choses sousdes gouvernements libérales.

Mais ce mécanismeplébiscitaire non seulement n’arien à voir avec un système de«démocratie socialiste» (en fait,c’est juste une sorte d’adapta-tion de la démocratie bourge-oise et de son souffrageindirect), mais, en même tempsil comporte un danger[2]. Il suffitde perdre l’un des plébiscites, ettout peut s’écrouler!

En somme, au Vene-zuela il y a eu continuité de ladémocratie patronale, en toutcas, avec des formes de «dé-mocratie participative». Le vieuxsystème de partis s’est effon-dré, mais les institutions répres-sives, colonne vertébrale del’Etat, existent toujours (les for-ces armées «bolivariennes»sont le cas le plus emblémati-que). Chavez a lancé un partid’état, le PSUV, et l’oppositionpatronale aussi a reconstruit et« renouvelé » ses instrumentsde politique.

En bref, et avec l’ine-xistence d’organisations de tra-vailleurs, les choses sontréglées comme dans tout autrepays, par des élections indirec-tes, ce qui explique pourquoi le« projet chaviste » peut être sa-boté seulement en perdant lesélections …

D’où, aussi, non seu-lement les limites (et la naturenon démocratique) de la gestioncharismatique, mais aussi de ladémocratie (bourgeoise) du plé-biscite.

Le monde à l’affût

Cela ne signifie pasque le résultat de l’élection noussoit indiffèrent. Le courant So-cialisme ou Barbarie internatio-nal se prononce pour le vote àla candidature indépendantedes travailleurs d’Orlando Chi-rino, un dirigeant syndical véné-zuélien de longue date.

Cependant, au-delàde cela, l’impact du résultat ef-fectif du vote ne sera pas négli-geable, selon que ce soitChavez ou Capriles qui rem-porte l’élection. Le Wall StreetJournal pense que vraisembla-blement Chavez gagnera, maisque, dans tous les cas, Caprilesse sera installé, y compris depar son âge, comme alternativeà long terme.

Clairement la victoireou la défaite de Chavez aura unénorme impact régional etaussi, bien que de façon limitée,international. Si Chavez réussitle test, ce sera un signe que lecycle politique dans la région,avec des traits de rébellion, deréformisme populaire et de co-optation des mouvements decombat (mais pas encore de ré-volution sociale) n’est pasachevé.

Inversement, si Capri-les surprend en remportant lavictoire, les bourgeoisies régio-nales du continent (avec le sou-tien américain) qui montrent des

signes d’épuisement et de fati-gue par rapport à ces gestions« charismatiques » redoublerontla pression. Ils veulent un retourà la «normalité» dans la gestionde leurs affaires sans l’intromis-sion de l’État.

Il sera plus difficile deprévoir le futur si le résultat estdouteux. Il y aura des contesta-tions des résultats de la part deChavez et de Capriles et certai-nement une telle issue condui-rait à une grave crise.

Cependant, nous de-vons nous rappeler commentChavez a immédiatement con-cédé sa défaite quand il a perdule référendum sur la réformeconstitutionnelle de 2007 (ce quifait que Cristina Kirchner pointele « respect absolu de la démo-cratie de Chavez). On a déjà vule comportement des autres di-rections réformistes pusillani-mes, par exemple lorsque lesSandinistes ont perdu les élec-tions en 1990 face à VioletaChamorro[3].

La démarche de Ca-priles est plus difficile de prévoiravec précision. Mais au-delàdes vociférations et des plain-tes, il semble que très probable-ment il ne ferait pasgrand-chose en cas de défaite.Comme indiqué ci-dessus, lebilan de la bourgeoisie véné-zuélienne est que si elle se po-larise de façon putschiste, elleperd. Elle devra suivre le jeuinstitutionnel, tant que Chavez,même si elle ne l’aime pas, neviole pas le système. Il ne l’apas fait, ni ne le fera.

[1]Ce déficit est de 2.000.000 loge-ments. En presque 14 années le cha-visme en a construit 350.000.[2]Cela renvoie à la théorie de l’Étatet comment les courants chavistes la-tino-américains se sont consacrés àintroduire la confusion sur ce sujet, àembellir une circonstance qui n’a rienà voir avec le fameux «pouvoir dupeuple» tant vanté. Ce n’est que lacouverture du soutien sans restrictionà une gestion capitaliste. C’est drôlecomment beaucoup d’entre eux pas-sèrent, sans interruption, d’un auto-nomisme enragé et «anti-État», àjouir des avantages et justifier uneorientation définie sans vergogne «contre l’État, au-delà de l’État, maisaussi dans l’État »[3]Bien sûr, les garçons (sandinistes)ont eu leur récompense pour ce com-portement de vente de la révolution,en gardant la « piñata », comme s’ap-pelait le détournement massif desbiens de l’État par les dirigeants san-dinistes. Cela a été toléré par la bour-geoisie, comme une «récompense»pour leur respect des institutions.

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parler avec Las Rojas. Noussommes restées toute la journéeà l'hôpital pour soutenir cettefemme,et puis nous nous som-mes mobilisées à la Mairie de laville de Buenos Aires pour dénon-cer Macri; des centaines de fem-mes se sont rassemblées etl'après-midi du Jeudi 11 Septem-bre la Cour Suprême de Justice arésolu obliger le gouvernement àréaliser l'avortement. Cela a étéun triomphe énorme. Le pro-blème est qu'on ne sait rien decette femme, nous savons qu'ellea abandonné l'hôpital et qu'elle aété amenée dans un refuge sousla garde du gouvernement natio-nal, mais on ne sait pas s'ils ontréalisé l'avortement ou pas. SoB: –Quelle a été la réactiondu mouvement feministe cesjours-là?M: –Ça dépend de ce qu'on ap-pelle le «mouvement féministe».On a vu que des femmes et desgens partout se sont mobilisés,mais les organisations n'ont pasagi rapidement. Nous avons étépendant plusieurs heures devantl'hôpital toutes seules, jusqu'à ceque quelques organisations ontdécidé que c'était bien de lutterpour cette femme. Je crois qu'il ya eu des réactions plutôt tardiveset ceci est un problème.SoB: –Pourquoi crois-tu qu'il ya cette inertie?M: –Parce que les autres organi-sations féministes n'avaient pasle droit à l'avortement dans leuragenda politique de la même ma-nière que Las Rojas et le Nou-veau MAS. Dans la RencontreNationale des Femmes nousavons mené une lutte pour faireune mobilisation à Plaza deMayo, à l'anniversaire du jour oùles députés du gouvernement ontlaissé tomber le projet de loi pourl'avortement. Nous avons menécette lutte à contre-courant, parceque la majorité des organisationsféministes disaient que conquérirl'avortement était impossibleparce que Cristina (Fernandez, leprésident) y est contre, et doncqu'il faut prendre d'autres sujets.Elles avaient l'idée qu'il faut lutterpour ce qui est le plus facile, et lalutte pour l'avortement légal estdifficile. Nous, par contre, nousétions préparées pour réagir faceà cet événement.SoB: –La Campagne Nationalepour le Droit à l'Avortementprend l'avortement commeaxe, mais elle a eu aussi quel-que inertie. M: –C'est vrai. Avant cet événe-ment, quand le protocole desavortements non punissablescommençait à être discuté dansla ville de Buenos Aires, nousvoulions prendre cet axe forte-

ment, et les militants de la Cam-pagne Nationale ne voulaientpas, parce qu'ils croyaient quec'était une «déviation» de l'axeprincipal: le projet de légalisationqui est déjà dans le Congrès Na-tional. C'est clair qu'on ne doitpas perdre l'axe de la lutte pour laloi de légalisation de l'avortement.Mais un événement comme celui-ci, qui entraîne une telle répudia-tion de la société, permet des'appuyer sur cette sensibilitépopulaire pour mettre dans l'a-genda politique la légalisation,ce qui est finalement arrivé,grâce à notre réaction rapide.Les droits n'ont pas été conquispar un petit groupe qui parle avecles députés, ni par un petitgroupe qui se mobilise sans seconnecter avec les sentimentsque ce sujet provoque dans lesgens. Quand on reussit à se con-necter avec la colère populaire,on force le gouvernement à ré-soudre le problème. Je crois qu'ily a un manque de confiance de lapart de ces camarades dans lemouvement des femmes, dansla pression politique que peuventgénérer les gens quand ils sontvraiment indignés. Elles ont con-fiance dans le «lobby» parlemen-taire, une stratégie qui a subi unéchec énorme le dernier 1er No-vembre, lorsque tous ces députésqui avaient dit et promis qu'ils vo-teraient pour, n'ont pas donné lequorum quand le projet de loipour l'avortement devait êtretraité. Nous ne sommes pas con-tre la présentation de projetsdans le Congrès, mais pourqu'ils soient approuvés il fautse mobiliser, de manière indé-pendante du gouvernement.SoB: –Comment a agi le restede la gauche dans cette lutte?M: –Ben, la vérité c'est que nousavons été assez seules dans cesens-là aussi. Les autres partisde ce qu'on appelle la gauche ré-volutionnaire ont abandonnécette lutte il y a quelque temps. Ilsne sont pas apparus ni le 8 Marsni dans les mobilisations suivan-tes. Ils n'ont presque pas assistéà la Rencontre Nationale desFemmes. Ils ont même dit que lemouvement des femmes «estmort» et qu'il ne vaut pas la peinede militer là. Le problème est quequand vous voulez être révolu-tionnaire, vous ne pouvez pasabandonner une revendicationdes exploités et des opprimésseulement parce que c'est diffi-cile. En plus, on a vu que ce n'estpas le cas, que les situations te-rribles que subissent les femmeset la nécessité de lutter pour finiravec ces horreurs, c'est quelquechose qui est très vive dans lesentiment du peuple, ici et dans

le monde entier. À tel point quepour ce gouvernement qui a suutiliser les médias et la propa-gande de masses très bien, il estimpossible d'enfouir ce débat,n'importe quelle manœuvre qu'ilfasse. L’oppression des femmesen général, et le droit à l'avorte-ment en particulier, c'est pour legouvernement comme un bou-chon de liège sous l'eau: chaquefois qu'ils ne font pas attention, ilrevient à la surface, et avec plusde force. SoB: –Comment tu imagines lamobilisation du 1er Novembre?À qui voudrais-tu appeler?M: –À tout le monde. Je crois quecette mobilisation peut être im-portante si on fait le travail de ladiffuser. Le premier élément c'estl'énorme quantité de gens qui en-voie des messages par e-mail,par twitter, par facebook, ou dansla fac où j’étudie: «Je vais le pre-mier Novembre avec Las Rojas!»Il y a un climat favorable pourfaire une grande mobilisationdans la Plaza de Mayo. On doittravailler durement ces jours-ciavec l'idée que si on ne conquiertpas la légalisation, on ne vamême pas conquérir l'applicationdes avortements non punissa-bles, parce que l'église avec sonarmée d'avocats s'est lancéedans une guerre judiciaire danstout le pays pour les empêcher,en s'appuyant sur l'énorme quan-tité de juges de l'Opus Dei qu'il ya en Argentine.SoB: –Sur le sujet de la guerrejudiciaire, le gouvernement aaussi cette politique de parcou-rir les tribunaux pour porterplainte contre Macri, le direc-teur de l'Hôpital, le juge Rustan(qui a dicté la résolution quiempêchait la réalisation de l'a-vortement à la femme violée) età tout le monde...M: –En effet, les gens qui veulentfaire quelque chose d'ici au 1erNovembre auront deux stratégiesdifférentes devant les yeux: celledu gouvernement, qui veut résou-dre le problème avec une arméed'avocats qui soit contre l'église,pour retourner les résolutions desjuges de l'Opus Dei. Et celle deceux qui croyons que la lutte estune lutte politique, pas seulementjudiciaire, et que cela ne peut êtrerésolu que par une grande mobi-lisation avant, pendant et après le1er Novembre, qui fasse la pres-sion suffisante pour obliger lesdéputés qui ont laissé tomber leprojet l'année dernière, à retour-ner au Congrès, traiter le projet,et l'approuver. SoB: –Qu'est-ce que Las Rojaset le Nouveau MAS proposentde faire pour convoquer unemobilisation d'une telle enver-

gure?M: –Il faut que les syndicats étu-diants, la Féderation Universitairede Buenos Aires (qui regroupe lessyndicats étudiants de toutes lesuniversités de Buenos Aires), laCentrale des Travailleurs de l'Ar-gentine, qui s'est plusieurs foisprononcé en faveur de l'avorte-ment légal, les organisations so-ciales appellent aussi. Legouvernement a la responsabilitéde traiter le projet, mais de partde la société, les organismes quise sont prononcés en faveur ontla responsabilité d'agir, d'appelerà la mobilisation et de rassemblerses militants.SoB: –Voulez-vous ajouterquelque chose?M: –On entend toujours dire que«la gauche à raison mais ellen'obtient rien», et que par contre«le gouvernement, parce qu'il a lepouvoir, approuve quelques me-sures populaires», et donc, «jesuis avec le gouvernement mêmesi je ne l'aime pas beaucoup,parce que être dans la gaucheest perdre le temps». Les mili-tants nous savons que ce n'estpas ainsi. On a réussi à fairequelques choses très importan-tes, comme présenter des candi-dats d'opposition au bureaucratesyndical pro-gouvernementaldans Firestone (l'usine de pneus),ce que n'arrivait pas depuis plu-sieurs années, des candidats quiont recueilli le 40% des voix etplusieurs délégués dans l'usine.Ou que Pedraza (dirigeant dusyndicat des cheminots, respon-sable politique de l’assassinat deMariano Ferreyra) soit en prison.Mais ces choses n'ont pas été dif-fusées dans les journaux ou dansla télé. J'espère qu'avec cettelutte, qui a été massivement diffu-sée, les gens qui veulent lutterpour une cause juste récupèrentun petit peu la confiance dans lefait qu'on peut lutter et gagner, sinous sommes conséquents et sinous ne nous laissons pas démo-raliser par la propagande défai-tiste qui dit qu'on ne peutconquérir des choses que si legouvernement les donne. Cegouvernement a fait tout pour en-terrer le débat sur l'avortement etil n'y parvient pas, tout le mondeparle du droit à l'avortement engénéral, au-delà des avortementsnon punissables. La différenceentre le possible et l'impossiblen'est pas la volonté d'un gouver-nement, mais les rapports de for-ces qui sont le produit de la lutte; cela a été démontré ces jours-ci.La possibilité de la légalisation del'avortement est absolument ou-verte et proche. Continuons lalutte jusqu'à ce qu'on arrive à laconquérir.

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SoB : - Comment a commencéla lutte pour la réalisation de cetavortement non punissable ?Manuela:- Un camarade du partil'a vu par la télévision et nous aalertées. Las Rojas venaient d'arri-ver quelques heures auparavantde la Rencontre Nationale desFemmes (une rencontre qui a lieutous les ans et qui rassemble plu-sieurs milliers de femmes). Nousnous sommes rassemblées rapi-dement en face de l’hôpital avecdes pancartes, pour dire « noussommes ici, les femmes qui soute-nons cette femme, qui sommespour le droit de décider ». Et ça aété comme un magnet, parce quetoutes les personnes, tous les jour-nalistes qui étaient là se sont rap-prochés et nous ont dit « Filles,heureusement vous êtes arrivées,c'était dégoûtant d'écouter ceuxqui étaient ici avant votre arrivée»,c'est-à-dire, d'écouter les militantsde l'église, avec leurs pancartesmorbides qu'on peut reconnaître à100 kilomètres de distance. Etnous nous sommes campées làfermement.SoB: -Las Rojas font toujoursdes actes de dénonciation ; que-lle a été la différence cette fois-ci ?M: -La première surprise a été ça,les gens qui étaient dans la rue,

les journalistes, ils étaient tousen faveur. Les infirmiers de l'hôpi-tal sortaient pour se solidariser, lesmêmes qu'aujourd'hui (pour lemardi 16 Septembre) vont faire unacte contre le prêtre de l'hôpital.C'était ça d'abord, l'émotion desgens qui s'approchaient pour dire« c'est un scandale ce qu'ils font àcette femme ». Même quelques fi-lles qui marchaient dans la rue ontdemandé ce qui arrivait, et quandnous leur avons expliqué elles ontdit « ce n'est pas possible ! » etelles ont pris les pancartes et sontrestées avec nous. C'est un chan-gement très important dans l'at-titude des gens par rapport àl'avortement. Une haine totalepour ce que disent les curés, lesgroupes « pour la vie » (c'est-à-dire à dire, contre l'avortement)SoB: –Comment ont été lesjours suivants ?M: –Cet élan de résister a générébeaucoup d'attention médiatiquemais surtout sociale : qui sont cesfilles qui luttent comme ça?; par-tout on nous demande qui sontLas Rojas, pourquoi nous faisionsça, qu'est-ce que le NouveauMAS. Parce que même si le gou-vernement fait beaucoup de pro-pagande sur sa « jeunessemilitante », il y a un contraste trèsgrand entre sa jeunesse qui est là

pour applaudir les politiques et lajeunesse qui lutte contre une at-taque brutale de tous les pou-voirs de l’État contre une femmequi réclame un droit fondamen-tal. Plusieurs militants qui soutien-nent le gouvernement nous ontcomplimenté, nous ont dit que surce sujet-là ils sont d'accord avecnous. Ceux parmi nous, les jeu-nes, qui luttons pour nos idéaux,les jeunes qui sommes engagés,comme Mariano Ferreyra (assas-siné par la bureaucratie syndicaledes cheminots lors d'une manifes-tation dans l'année 2010), qui n'a-vons rien à voir avec les jeunesfonctionnaires du gouvernementavec des postes bien payés dansl’État, nous, on a fait un vraie diffé-rence dans cette lutte.SoB: –Après la mobilisation à l'-hôpital, comment cela a-t-il acontinué?M: –Le débat est apparu partout etManzur (le Ministre National de laSanté) a dû nos répondre de ma-nière directe, en disant qu'il n'avait«aucune responsabilité»; Macriaussi a dû faire des déclarationspubliques; chacun essayait de re-jeter la faute sur l'autre. Mais aussion a reçu un tas d'appels, de mes-sages provenant de tout le pays,des interviews à des radios de toutle pays, tout le monde voulait

« La possibilité de légaliser l'avortement est absolument ouverte »

Argentine

En Argentine, oùl'avortement est illégal, laCourt Suprême de Justicea résolu il y quelques moisla non pénalisation desavortements dans le casoù la femme ait été victimede viol. Même si cela signi-fie une conquête du mou-vement féministe, on acontinué la lutte historiquepour la légalisation de l'a-vortement pour toutes lesfemmes, gratuit et dans leshôpitaux publics. Les sec-teurs les plus droitiers de lapopulation, avec l’ÉgliseCatholique à la tête et leréseau de juges de l'OpusDei se sont mobilisés pourempêcher l’accomplisse-ment de cette résolution,bien qu'il s'agisse d'uneconquête limitée et d'undroit minimum pour lesfemmes. Un cas scanda-leux a touché l'opinion pu-blique, quand l'église etdes groupes fascistes ca-tholiques, avec l'aide deMacri, le maire de la villede Buenos Aires, ont em-pêché l'avortement d'unefemme qui fût victime de latraite des blanches. L'orga-nisation des femmes duNouveau MAS, notre partifrère en Argentine, LasRojas (« Les rouges »), aété à la tête d'une massivemobilisation pour garantirl'avortement de cettefemme, qui a obtenu untriomphe important, etaussi de la lutte pour l'avor-tement libre, légal et gra-tuit. Socialisme ouBarbarie a interviewé notrecamarade Manuela Casta-ñeira, qui a été pour de lar-ges secteurs le visagevisible de la mobilisation,pour qu'elle nous racontel'expérience que Las Rojasont mené ces derniersmois. (Continue dans la page précédente)