Au côté des jeunes entreprises innovantes

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INITIATIVE FRANCE – Rapport annuel 2015 46 Scientipôle Initiative en Île- de-France et LMI Innovation dans le Nord Pas-de- Calais), par la plateforme Initiative Grandes Écoles & Universités, dédiée aux étudiants ou encore par l’un des quatre fonds régionaux qui collaborent avec les plateformes généralistes locales. Elles attribuent des prêts d’honneur à des porteurs de projets innovants : en renforçant leurs fonds propres, elles leur permettent ensuite de mobiliser d’autres financements. « Nous prêtons jusqu’à 120 000 €, explique Arnaud Pelloquin, responsable pôle Entrepreneurs et Animation de Scientipôle Initiative. Les entrepreneurs viennent nous voir au moment où ils ont investi dans le développement technique de la solution et n’ont plus d’argent pour la mettre sur le marché. Alors que tout l’enjeu est précisément d’aller sur le marché. Or, cela requiert souvent plus d’argent que la R & D ! » À ce stade, les acteurs du financement sont rares : « Les banques et les business angels attendent d’avoir plus de preuves de marché ou de signes de réussite commerciale avant de s’engager, poursuit-il. En finançant la phase d’amorçage, nous aidons les entrepreneurs clients. « Les 130 000 € de prêt d’honneur que nous ont accordés Scientipôle Initiative (90 000 €) et Initiative Grandes Écoles & Universités (40 000 €) nous ont permis de financer cette phase d’industrialisation et de précommercialisation. » C’est tout le pari des entreprises innovantes : elles jouent un rôle majeur dans la compétitivité des territoires et la création d’emplois qualifiés. Elles requièrent cependant un soutien financier et un accompagnement spécifiques, car elles mobilisent des fonds parfois considérables dans la recherche et le développement avant d’encaisser le moindre euro de chiffre d’affaires. Des plateformes dédiées Initiative France a fait du soutien aux jeunes entreprises innovantes l’une de ses priorités stratégiques. Ainsi, le réseau a accordé un prêt d’honneur à 575 jeunes entrepreneurs innovants en 2015, 38 % de plus qu’en 2014. Sur ceux-ci, 205 ont été financés par l’une des cinq plateformes régionales dédiées à l’innovation (Aquitaine Amorçage, Initiative Auvergne Innovation et Transmission, Créalia en Languedoc-Roussillon, Le soutien aux jeunes entreprises innovantes est un enjeu majeur pour la compétitivité des territoires et la création d’emplois qualifiés. Le réseau en a fait l’une de ses priorités. Au côté des jeunes entreprises innovantes Pour tous et partout L es quatre associés fondateurs d’Uavia ont eu l’idée de développer des drones connectés il y a trois ans, alors qu’ils étaient encore étudiants. « Nous avons évalué ce projet dans le pré-incubateur de notre école, explique Clément Christomanos, son président. Mais la société n’a réellement été créée que deux ans après, en mai 2015. Près d’un an plus tard, la commercialisation débute tout juste. » Entre-temps, les jeunes ingénieurs ont mis au point plusieurs prototypes, recruté un salarié, et participé à des salons et congrès internationaux pour nouer des contacts avec de futurs Christophe Vergneault a fait de la transition numérique sa priorité. En 2014, il a repris Techno MAP grâce au soutien d’Initiative Dieppe. « Depuis 2012, nous avons investi 1,5 million d’euros dans 40 projets d’entreprises innovantes. Ces start-up ont bénéficié d’un prêt d’honneur de 10 000 à 40 000 € mais aussi d’un accompagnement entrepreneurial et une expertise technique. » Florent Mérian, directeur délégué d’Initiative Grandes Écoles & Universités. Des résultats

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INITIATIVE FRANCE – Rapport annuel 201546

Scientipôle Initiative en Île-de-France et LMI Innovation dans le Nord Pas-de-Calais), par la plateforme Initiative Grandes Écoles & Universités, dédiée aux étudiants ou encore par l’un des quatre fonds régionaux qui collaborent avec les plateformes généralistes locales. Elles attribuent des prêts d’honneur à des porteurs de projets innovants : en renforçant leurs fonds propres, elles leur permettent ensuite de mobiliser d’autres financements. « Nous

prêtons jusqu’à 120 000 €,

explique Arnaud Pelloquin, responsable pôle Entrepreneurs et Animation de Scientipôle Initiative. Les entrepreneurs viennent

nous voir au moment

où ils ont investi dans le

développement technique

de la solution et n’ont plus

d’argent pour la mettre sur

le marché. Alors que tout

l’enjeu est précisément

d’aller sur le marché. Or,

cela requiert souvent plus

d’argent que la R & D ! » À ce stade, les acteurs du financement sont rares : « Les banques et les

business angels attendent

d’avoir plus de preuves

de marché ou de signes

de réussite commerciale

avant de s’engager, poursuit-il. En finançant la phase d’amorçage, nous

aidons les entrepreneurs

clients. « Les 130 000 € de

prêt d’honneur que nous

ont accordés Scientipôle

Initiative (90 000 €) et

Initiative Grandes Écoles

& Universités (40 000 €)

nous ont permis de

financer cette phase d’industrialisation et de

précommercialisation. »

C’est tout le pari des entreprises innovantes : elles jouent un rôle majeur dans la compétitivité des territoires et la création d’emplois qualifiés. Elles requièrent cependant un soutien financier et un accompagnement spécifiques, car elles mobilisent des fonds parfois considérables dans la recherche et le développement avant d’encaisser le moindre euro de chiffre d’affaires.

Des plateformes dédiées

Initiative France a fait du soutien aux jeunes entreprises innovantes l’une de ses priorités stratégiques. Ainsi, le réseau a accordé un prêt d’honneur à 575 jeunes entrepreneurs innovants en 2015, 38 % de plus qu’en 2014. Sur ceux-ci, 205 ont été financés par l’une des cinq plateformes régionales dédiées à l’innovation (Aquitaine Amorçage, Initiative Auvergne Innovation et Transmission, Créalia en Languedoc-Roussillon,

Le soutien aux jeunes entreprises innovantes est un enjeu majeur pour

la compétitivité des territoires et la création d’emplois qualifiés. Le réseau en a fait l’une de ses priorités.

Au côté des jeunes entreprises innovantes

Pour tous et partout

Les quatre associés fondateurs d’Uavia ont eu l’idée de développer des drones

connectés il y a trois ans, alors qu’ils étaient encore étudiants. « Nous

avons évalué ce projet

dans le pré-incubateur

de notre école, explique Clément Christomanos, son président. Mais la

société n’a réellement

été créée que deux ans

après, en mai 2015. Près

d’un an plus tard, la

commercialisation débute

tout juste. » Entre-temps, les jeunes ingénieurs ont mis au point plusieurs prototypes, recruté un salarié, et participé à des salons et congrès internationaux pour nouer des contacts avec de futurs

Christophe Vergneault a fait de la transition numérique sa priorité. En 2014, il a repris Techno MAP grâce au soutien d’Initiative Dieppe.

« Depuis 2012, nous avons investi 1,5 million d’euros dans 40 projets d’entreprises innovantes. Ces start-up ont bénéficié d’un prêt d’honneur de 10 000 à 40 000 € mais aussi d’un accompagnement entrepreneurial et une expertise technique. »Florent Mérian,

directeur délégué d’Initiative Grandes Écoles & Universités.

Des résultats

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Rapport annuel 2015 – INITIATIVE FRANCE 47

à décrocher les premières

références commerciales

qui convaincront ces

investisseurs. »

Accompagnement,

R & D et effet réseauCes plateformes apportent également un accompagnement et des services opérationnels pour aider les créateurs à piloter leur croissance (recruter, lancer le développement commercial, mettre en place des outils de gestion et de reporting, se faire connaître, etc.) et à se mettre en relation avec des partenaires. Car l’effet « réseau » joue un rôle moteur dans le développement d’une start-up. « Quand on est jeune

entrepreneur, il nous manque

deux choses essentielles : l’argent et le réseau, explique Laure Bouguen, fondatrice de Ho Karan, marque de cosmétiques pour homme imaginée alors qu’elle était encore étudiante, en école de commerce, une offre innovante au plan commercial, mais

qui ne rentre pas dans le

spectre des plateformes

de soutien aux innovations

plus technologiques. » La mise au point d’une formule cosmétique requiert pourtant de la recherche et du développement : « Il s’écoule environ douze

mois entre les premiers

essais et la mise sur le

marché », explique la jeune entrepreneuse, qui a bénéficié de deux prêts d’honneur : 10 000 € accordés par sa plateforme locale et 15 000 € au titre d’Initiative remarquable. Ce dispositif, créé fin 2013 pour soutenir les entreprises responsables, valorise les innovations de tous types : sociales, environnementales, territoriales, etc., et s’inscrit en complément des plateformes Innovation ou des plateformes locales. x

Nos PME innovent plus que leurs

consœurs européennes. Pourquoi

et quels sont les enjeux du soutien

à cette dynamique ?

L’enjeu de la R & D et de l’innovation

est d’autant plus crucial pour préparer

l’avenir que l’entreprise est de taille

modeste et la conjoncture peu

porteuse. Nos PME l’ont bien compris

puisqu’au lendemain de 2009, la

part des innovantes s’est maintenue

en France dans un contexte de recul

européen. De même, leurs dépenses

de R & D continuent de croître en 2014

quand celles des ETI et des grandes

entreprises restent quasi stables. Les

politiques en faveur de l’innovation

visant aussi à insuffler le réflexe innovation à de plus en plus de PME, il

est essentiel de continuer à encourager

une telle dynamique afin d’éviter toute rupture du cycle vertueux engagé. C’est

la voie que nous nous sommes tracée

à Bpifrance avec une augmentation

de 20 % de nos financements dédiées à l’innovation et de 16 % du

nombre d’entreprises innovantes

accompagnées en 2015.

L’accompagnement des

entrepreneurs et le financement de leur entreprise innovante, tels que

le pratiquent Initiative France et

Bpifrance, répondent-ils à ces enjeux ?

La réussite d’un projet de création

d’entreprise est un tout. Il ne suffit pas d’avoir une bonne idée, un bon

créneau ; il y a aussi les hommes !

À ce stade d’amorçage de l’activité, le pivot est le créateur, la créatrice. La

solitude du dirigeant face aux décisions

à prendre au quotidien mais aussi pour

demain n’est pas qu’un concept. La

plupart des porteurs de projet ont « le

nez dans le guidon » et oublient ou ne

savent pas s’entourer. L’écosystème

des réseaux d’accompagnement au

cœur duquel est Initiative France doit

alors fonctionner en mode agile pour

apporter un appui à ces hommes

et femmes qui relèvent le défi de l’entrepreneuriat. C’est impératif

lorsque l’entreprise est innovante, car

le risque entreprise se double alors

de l’incertitude entourant le process

innovant. Le partenariat entre Initiative

France et Bpifrance fonctionne bien

et restera une priorité.

Le terme d’innovation est souvent

associé à technologie ou start-up.

Se limite-t-il à cela ?

Avec un monde aussi tourbillonnant

d’idées que le nôtre, un regard nouveau sur l’innovation s’impose si nous

voulons être capables d’accompagner

des projets à forte valeur ajoutée,

mais qui ne rentrent pas dans le

cadre de référence prédéfini. Il en va ainsi de l’innovation marketing et

commerciale, de service, de modèle

d’affaires, ou sociale, qui offrent aujourd’hui autant de perspectives

d’emplois et de création de richesses

que celles plus communément

admises de produit ou de procédé et

à tort qualifiées de technologiques. À Bpifrance, nous allons donc continuer

de soutenir les start-up tout comme

les entreprises plus matures, car

l’innovation est l’affaire de tous. Nous poursuivrons aussi le décloisonnement

de l’innovation pour qu’elle diffuse, notamment auprès des entreprises

dont le cœur de métier n’est pas la

technologie.

Interview de Nicolas Dufourcq,

directeur général de BPI-Groupe

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