Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

30
06.10.15 1528 CURIA - Documents Page 1 sur 30 http://curia.europa.eu/juris/document/document_print.jsf?docla…Index=0&part=1&mode=DOC&docid=169195&occ=first&dir=&cid=135057 ARRÊT DE LA COUR (grande chambre) 6 octobre 2015 ( *) «Renvoi préjudiciel – Données à caractère personnel – Protection des personnes physiques à l’égard du traitement de ces données – Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne – Articles 7, 8 et 47 – Directive 95/46/CE – Articles 25 et 28 – Transfert de données à caractère personnel vers des pays tiers – Décision 2000/520/CE – Transfer t de données à caractère personnel vers les États- Unis – Niveau de protection inadéquat – V alidité – Plainte d’une personne physique dont les données ont été transférées depuis l’Union européenne vers les États-Unis – Pouvoirs des autorités nationales de contrôle» Dans l’affaire C-362/14, ayant pour objet une demande de décision préjudicielle au titre de l’article 267 TFUE, introduite par la High Court (Haute Cour de justice, Irlande), par décision du 17 juillet 2014, parvenue à la Cour le 25 juillet 2014, dans la procédure Maximillian Schrems contre Data Protection Commissioner , en présence de: Digital Rights Ireland Ltd, LA COUR (grande chambre), composée de M. V . Skouris, président, M. K. Lenaerts, vice-président, M. A. Tizzano, M me  R. Silva de Lapuerta, MM. T. von Danwitz (rapporteur) et S. Rodin, M me  K. Jürimäe, présidents de chambre, MM. A. Rosas, E. Juhász, A. Borg Barthet, J. Malenovsk ý, D. Šváby, M me  M. Berger, MM. F. Biltgen et C. Lycour gos, juges, avocat général: M. Y. Bot, grefer: M me  L. Hewlett, administrateur principal, vu la procédure écrite et à la suite de l’audience du 24 mars 2015, considérant les observations présentées:  pour M. Schrems, par M. N. Travers, SC, M. P . O’Shea, BL, et M. G. Rudden, solicitor, ainsi que par M e  H. Hofmann, Rechtsanwalt,  pour le Data Protection Commissioner, par M. .  P. McDermott, BL, M me S. More O’Ferrall et M. D. Young, solicitors,

description

arrêt CJUE affaire Schrems

Transcript of Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

Page 1: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 1 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ARREcircT DE LA COUR (grande chambre)

6 octobre 2015 ()

laquoRenvoi preacutejudiciel ndash Donneacutees agrave caractegravere personnel ndash Protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard

du traitement de ces donneacutees ndash Charte des droits fondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne ndash Articles 78 et 47 ndash Directive 9546CE ndash Articles 25 et 28 ndash Transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel versdes pays tiers ndash Deacutecision 2000520CE ndash Transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-

Unis ndash Niveau de protection inadeacutequat ndash Validiteacute ndash Plainte drsquoune personne physique dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne vers les Eacutetats-Unis ndash Pouvoirs des autoriteacutes

nationales de controcircleraquo

Dans lrsquoaffaire C-36214

ayant pour objet une demande de deacutecision preacutejudicielle au titre de lrsquoarticle 267 TFUE introduite parla High Court (Haute Cour de justice Irlande) par deacutecision du 17 juillet 2014 parvenue agrave la Cour le25 juillet 2014 dans la proceacutedure

Maximillian Schrems

contre

Data Protection Commissioner

en preacutesence de

Digital Rights Ireland Ltd

LA COUR (grande chambre)

composeacutee de M V Skouris preacutesident M K Lenaerts vice-preacutesident M A Tizzano Mme R Silvade Lapuerta MM T von Danwitz (rapporteur) et S Rodin Mme K Juumlrimaumle preacutesidents de chambreMM A Rosas E Juhaacutesz A Borg Barthet J Malenovskyacute D Švaacuteby Mme M Berger MM FBiltgen et C Lycourgos juges

avocat geacuteneacuteral M Y Botgreffier Mme L Hewlett administrateur principal

vu la proceacutedure eacutecrite et agrave la suite de lrsquoaudience du 24 mars 2015

consideacuterant les observations preacutesenteacutees

ndash pour M Schrems par M N Travers SC M P OrsquoShea BL et M G Rudden solicitor ainsique par Me H Hofmann Rechtsanwalt

ndash pour le Data Protection Commissioner par M P McDermott BL Mme S More OrsquoFerrall etM D Young solicitors

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 2 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ndash pour Digital Rights Ireland Ltd par M F Crehan BL ainsi que par MM S McGarr etE McGarr solicitors

ndash pour lrsquoIrlande par MM A Joyce et B Counihan ainsi que par Mme E Creedon en qualiteacutedrsquoagents assisteacutes de M D Fennelly BL

ndash pour le gouvernement belge par M J-C Halleux et Mme C Pochet en qualiteacute drsquoagents

ndash pour le gouvernement tchegraveque par MM M Smolek et J Vlaacutečil en qualiteacute drsquoagents

ndash pour le gouvernement italien par Mme G Palmieri en qualiteacute drsquoagent assisteacutee deM P Gentili avvocato dello Stato

ndash pour le gouvernement autrichien par MM G Hesse et G Kunnert en qualiteacute drsquoagents

ndash pour le gouvernement polonais par Mmes M Kamejsza et M Pawlicka ainsi que parM B Majczyna en qualiteacute drsquoagents

ndash pour le gouvernement slovegravene par Mmes A Grum et V Klemenc en qualiteacute drsquoagents

ndash pour le gouvernement du Royaume-Uni par M L Christie et Mme J Beeko en qualiteacutedrsquoagents assisteacutes de M J Holmes barrister

ndash pour le Parlement europeacuteen par MM D Moore et A Caiola ainsi que par Mme M Penchevaen qualiteacute drsquoagents

ndash pour la Commission europeacuteenne par MM B Schima B Martenczuk et B Smulders ainsi

que par Mme J Vondung en qualiteacute drsquoagents

ndash pour le Controcircleur europeacuteen de la protection des donneacutees (CEPD) par MM C Docksey ABuchta et V Peacuterez Asinari en qualiteacute drsquoagents

ayant entendu lrsquoavocat geacuteneacuteral en ses conclusions agrave lrsquoaudience du 23 septembre 2015

rend le preacutesent

Arrecirct

1 La demande de deacutecision preacutejudicielle porte sur lrsquointerpreacutetation au regard des articles 7 8 et 47 dela charte des droits fondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne (ci-apregraves la laquoCharteraquo) des articles 25paragraphe 6 et 28 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 24 octobre1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees (JO L 281 p 31) telle que modifieacutee parle regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 (JO L284 p 1 ci-apregraves la laquodirective 9546raquo) ainsi que en substance sur la validiteacute de la deacutecision2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la

pertinence de la protection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique(JO L 215 p 7)

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 3 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

2 Cette demande a eacuteteacute preacutesenteacutee dans le cadre drsquoun litige opposant M Schrems au Data ProtectionCommissioner (commissaire agrave la protection des donneacutees ci-apregraves le laquocommissaireraquo) au sujet durefus de ce dernier drsquoenquecircter sur une plainte introduite par M Schrems en raison du fait queFacebook Ireland Ltd (ci-apregraves laquoFacebook Irelandraquo) transfegravere aux Eacutetats-Unis les donneacutees agrave caractegraverepersonnel de ses utilisateurs et les conserve sur des serveurs situeacutes dans ce pays

Le cadre juridique

La directive 9546

3 Les consideacuterants 2 10 56 57 60 62 et 63 de la directive 9546 sont libelleacutes comme suit

laquo(2) [] les systegravemes de traitement de donneacutees sont au service de lrsquohomme [] ils doiventquelle que soit la nationaliteacute ou la reacutesidence des personnes physiques respecter les liberteacutes etdroits fondamentaux de ces personnes notamment la vie priveacutee et contribuer au [] bien-ecirctredes individus

[]

(10) [] lrsquoobjet des leacutegislations nationales relatives au traitement des donneacutees agrave caractegraverepersonnel est drsquoassurer le respect des droits et liberteacutes fondamentaux notamment du droit agrave lavie priveacutee reconnu eacutegalement dans lrsquoarticle 8 de la convention europeacuteenne de sauvegarde desdroits de lrsquohomme et des liberteacutes fondamentales[ signeacutee agrave Rome le 4 novembre 1950] et dansles principes geacuteneacuteraux du droit communautaire [hellip] pour cette raison le rapprochement deces leacutegislations ne doit pas conduire agrave affaiblir la protection qursquoelles assurent mais doit aucontraire avoir pour objectif de garantir un niveau eacuteleveacute de protection dans la Communauteacute

[](56) [] des flux transfrontaliers de donneacutees agrave caractegravere personnel sont neacutecessaires au

deacuteveloppement du commerce international [] la protection des personnes garantie dans laCommunauteacute par la preacutesente directive ne srsquooppose pas aux transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers assurant un niveau de protection adeacutequat [] le caractegravereadeacutequat du niveau de protection offert par un pays tiers doit srsquoappreacutecier au regard de toutes lescirconstances relatives agrave un transfert ou agrave une cateacutegorie de transferts

(57) [] en revanche [] lorsqursquoun pays tiers nrsquooffre pas un niveau de protection adeacutequat letransfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers ce pays doit ecirctre interdit

[]

(60) [] en tout eacutetat de cause les transferts vers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dansle plein respect des dispositions prises par les Eacutetats membres en application de la preacutesentedirective et notamment de son article 8

[]

(62) [] lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes de controcircle exerccedilant en touteindeacutependance leurs fonctions est un eacuteleacutement essentiel de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegarddu traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 4 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

(63) [] ces autoriteacutes doivent ecirctre doteacutees des moyens neacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircchesqursquoil srsquoagisse des pouvoirs drsquoinvestigation et drsquointervention en particulier lorsque les autoriteacutessont saisies de reacuteclamations ou du pouvoir drsquoester en justice []raquo

4 Les articles 1er 2 25 26 28 et 31 de la directive 9546 disposent

laquoArticle premier

Objet de la directive

1 Les Eacutetats membres assurent conformeacutement agrave la preacutesente directive la protection des liberteacutes etdroits fondamentaux des personnes physiques notamment de leur vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard du traitementdes donneacutees agrave caractegravere personnel

[]

Article 2

Deacutefinitions

Aux fins de la preacutesente directive on entend par

a) lsquodonneacutees agrave caractegravere personnelrsquo toute information concernant une personne physiqueidentifieacutee ou identifiable (personne concerneacutee) est reacuteputeacutee identifiable une personne qui peutecirctre identifieacutee directement ou indirectement notamment par reacutefeacuterence agrave un numeacuterodrsquoidentification ou agrave un ou plusieurs eacuteleacutements speacutecifiques propres agrave son identiteacute physiquephysiologique psychique eacuteconomique culturelle ou sociale

b) lsquotraitement de donneacutees agrave caractegravere personnelrsquo (traitement) toute opeacuteration ou ensembledrsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaide de proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agravecaractegravere personnel telles que la collecte lrsquoenregistrement lrsquoorganisation la conservationlrsquoadaptation ou la modification lrsquoextraction la consultation lrsquoutilisation la communicationpar transmission diffusion ou toute autre forme de mise agrave disposition le rapprochement oulrsquointerconnexion ainsi que le verrouillage lrsquoeffacement ou la destruction

[]

d) lsquoresponsable du traitementrsquo la personne physique ou morale lrsquoautoriteacute publique le service outout autre organisme qui seul ou conjointement avec drsquoautres deacutetermine les finaliteacutes et les

moyens du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel lorsque les finaliteacutes et les moyens dutraitement sont deacutetermineacutes par des dispositions leacutegislatives ou reacuteglementaires nationales oucommunautaires le responsable du traitement ou les critegraveres speacutecifiques pour le deacutesignerpeuvent ecirctre fixeacutes par le droit national ou communautaire

[]

Article 25

Principes

1 Les Eacutetats membres preacutevoient que le transfert vers un pays tiers de donneacutees agrave caractegraverepersonnel faisant lrsquoobjet drsquoun traitement ou destineacutees agrave faire lrsquoobjet drsquoun traitement apregraves leur

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 5 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

transfert ne peut avoir lieu que si sous reacuteserve du respect des dispositions nationales prises enapplication des autres dispositions de la preacutesente directive le pays tiers en question assure un niveaude protection adeacutequat

2 Le caractegravere adeacutequat du niveau de protection offert par un pays tiers srsquoappreacutecie au regard detoutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agrave une cateacutegorie de transferts de donneacutees enparticulier sont prises en consideacuteration la nature des donneacutees la finaliteacute et la dureacutee du ou des

traitements envisageacutes les pays drsquoorigine et de destination finale les regravegles de droit geacuteneacuterales ousectorielles en vigueur dans le pays tiers en cause ainsi que les regravegles professionnelles et lesmesures de seacutecuriteacute qui y sont respecteacutees

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment mutuellement des cas dans lesquels ilsestiment qursquoun pays tiers nrsquoassure pas un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2

4 Lorsque la Commission constate conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31paragraphe 2 qursquoun pays tiers nrsquoassure pas un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2du preacutesent article les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires en vue drsquoempecirccher tout

transfert de mecircme nature vers le pays tiers en cause5 La Commission engage au moment opportun des neacutegociations en vue de remeacutedier agrave lasituation reacutesultant de la constatation faite en application du paragraphe 4

6 La Commission peut constater conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31 paragraphe2 qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2 du preacutesentarticle en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux souscritsnotamment agrave lrsquoissue des neacutegociations viseacutees au paragraphe 5 en vue de la protection de la vie priveacuteeet des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

Les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave la deacutecision de laCommission

Article 26

Deacuterogations

1 Par deacuterogation agrave lrsquoarticle 25 et sous reacuteserve de dispositions contraires de leur droit nationalreacutegissant des cas particuliers les Eacutetats membres preacutevoient qursquoun transfert de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers un pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25paragraphe 2 peut ecirctre effectueacute agrave condition que

a) la personne concerneacutee ait indubitablement donneacute son consentement au transfert envisageacute

ou

b) le transfert soit neacutecessaire agrave lrsquoexeacutecution drsquoun contrat entre la personne concerneacutee et leresponsable du traitement ou agrave lrsquoexeacutecution de mesures preacutecontractuelles prises agrave la demandede la personne concerneacutee

ou

c) le transfert soit neacutecessaire agrave la conclusion ou agrave lrsquoexeacutecution drsquoun contrat conclu ou agrave concluredans lrsquointeacuterecirct de la personne concerneacutee entre le responsable du traitement et un tiers

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 6 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ou

d) le transfert soit neacutecessaire ou rendu juridiquement obligatoire pour la sauvegarde drsquoun inteacuterecirctpublic important ou pour la constatation lrsquoexercice ou la deacutefense drsquoun droit en justice

ou

e) le transfert soit neacutecessaire agrave la sauvegarde de lrsquointeacuterecirct vital de la personne concerneacuteeou

f) le transfert intervienne au deacutepart drsquoun registre public qui en vertu de dispositions leacutegislativesou reacuteglementaires est destineacute agrave lrsquoinformation du public et est ouvert agrave la consultation dupublic ou de toute personne justifiant drsquoun inteacuterecirct leacutegitime dans la mesure ougrave les conditionsleacutegales pour la consultation sont remplies dans le cas particulier

2 Sans preacutejudice du paragraphe 1 un Eacutetat membre peut autoriser un transfert ou un ensemble detransferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection

adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 paragraphe 2 lorsque le responsable du traitement offre des garantiessuffisantes au regard de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux despersonnes ainsi qursquoagrave lrsquoeacutegard de lrsquoexercice des droits correspondants ces garanties peuventnotamment reacutesulter de clauses contractuelles approprieacutees

3 LrsquoEacutetat membre informe la Commission et les autres Eacutetats membres des autorisations qursquoilaccorde en application du paragraphe 2

En cas drsquoopposition exprimeacutee par un autre Eacutetat membre ou par la Commission et ducircment justifieacutee auregard de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes la

Commission arrecircte les mesures approprieacutees conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31paragraphe 2

Les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave la deacutecision de laCommission

[]

Article 28

Autoriteacute de controcircle

1 Chaque Eacutetat membre preacutevoit qursquoune ou plusieurs autoriteacutes publiques sont chargeacutees desurveiller lrsquoapplication sur son territoire des dispositions adopteacutees par les Eacutetats membres enapplication de la preacutesente directive

Ces autoriteacutes exercent en toute indeacutependance les missions dont elles sont investies

2 Chaque Eacutetat membre preacutevoit que les autoriteacutes de controcircle sont consulteacutees lors de lrsquoeacutelaborationdes mesures reacuteglementaires ou administratives relatives agrave la protection des droits et liberteacutes despersonnes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel

3 Chaque autoriteacute de controcircle dispose notamment

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 7 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ndash de pouvoirs drsquoinvestigation tels que le pouvoir drsquoacceacuteder aux donneacutees faisant lrsquoobjet drsquountraitement et de recueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de samission de controcircle

ndash de pouvoirs effectifs drsquointervention tels que par exemple celui de rendre des avispreacutealablement agrave la mise en œuvre des traitements conformeacutement agrave lrsquoarticle 20 et drsquoassurerune publication approprieacutee de ces avis ou celui drsquoordonner le verrouillage lrsquoeffacement ou la

destruction de donneacutees ou drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement un traitement oucelui drsquoadresser un avertissement ou une admonestation au responsable du traitement ou celuide saisir les parlements nationaux ou drsquoautres institutions politiques

ndash du pouvoir drsquoester en justice en cas de violation des dispositions nationales prises enapplication de la preacutesente directive ou du pouvoir de porter ces violations agrave la connaissance delrsquoautoriteacute judiciaire

Les deacutecisions de lrsquoautoriteacute de controcircle faisant grief peuvent faire lrsquoobjet drsquoun recours juridictionnel

4 Chaque autoriteacute de controcircle peut ecirctre saisie par toute personne ou par une association larepreacutesentant drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde donneacutees agrave caractegravere personnel La personne concerneacutee est informeacutee des suites donneacutees agrave sademande

Chaque autoriteacute de controcircle peut en particulier ecirctre saisie par toute personne drsquoune demande deveacuterification de la liceacuteiteacute drsquoun traitement lorsque les dispositions nationales prises en vertu delrsquoarticle 13 de la preacutesente directive sont drsquoapplication La personne est agrave tout le moins informeacutee dece qursquoune veacuterification a eu lieu

[]

6 Indeacutependamment du droit national applicable au traitement en cause chaque autoriteacute decontrocircle a compeacutetence pour exercer sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve les pouvoirsdont elle est investie conformeacutement au paragraphe 3 Chaque autoriteacute peut ecirctre appeleacutee agrave exercer sespouvoirs sur demande drsquoune autoriteacute drsquoun autre Eacutetat membre

[]

Article 31

[]

2 Dans le cas ougrave il est fait reacutefeacuterence au preacutesent article les articles 4 et 7 de la deacutecision1999468CE [du Conseil du 28 juin 1999 fixant les modaliteacutes de lrsquoexercice des compeacutetencesdrsquoexeacutecution confeacutereacutees agrave la Commission (JO L 184 p 23)] srsquoappliquent dans le respect desdispositions de lrsquoarticle 8 de celle-ci

[]raquo

La deacutecision 2000520

5 La deacutecision 2000520 a eacuteteacute adopteacutee par la Commission sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 8 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

6 Les consideacuterants 2 5 et 8 de cette deacutecision sont libelleacutes comme suit

laquo(2) La Commission peut constater qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequatDans ce cas des donneacutees agrave caractegravere personnel peuvent ecirctre transfeacutereacutees sans que des garantiessuppleacutementaires soient neacutecessaires

[]

(5) Le niveau de protection adeacutequat pour le transfert de donneacutees de la Communauteacute vers lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique reconnu conformeacutement agrave la preacutesente deacutecision devrait ecirctre obtenu siles organisations respectent les ldquoprincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection dela vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principesrsquo) et les lsquoquestions souvent poseacuteesrsquolsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ) qui fournissent des orientations pour la mise en œuvre desprincipes publieacutes par le gouvernement des Eacutetats-Unis le 21 juillet 2000 En outre lesorganisations devraient divulguer leurs regravegles de confidentialiteacute et relever de la compeacutetence dela Commission feacutedeacuterale du commerce [Federal Trade Commission (FTC)] au titre de lasection 5 du Federal Trade Commission Act qui interdit les manœuvres et les pratiques

deacuteloyales ou frauduleuses dans le domaine du commerce ou de tout autre organisme officielassurant efficacement la mise en œuvre des principes conformeacutement aux FAQ

[]

(8) Dans un souci de transparence et en vue de permettre aux autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetatsmembres drsquoassurer la protection des individus en ce qui concerne le traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel il est neacutecessaire drsquoindiquer dans la deacutecision dans quelles circonstancesexceptionnelles la suspension de certains flux de donneacutees peut ecirctre justifieacutee mecircme si le niveaude protection fourni a eacuteteacute jugeacute adeacutequatraquo

7 Aux termes des articles 1er agrave 4 de la deacutecision 2000520

laquoArticle premier

1 Aux fins de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE pour toutes les activiteacutes rentrant dans ledomaine drsquoapplication de ladite directive il est consideacutereacute que les ldquoprincipes de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principes viseacutes agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecisionrsquo) appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les lsquoquestionssouvent poseacuteesrsquo [lsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ)] publieacutees le 21 juillet 2000 par le ministegravere ducommerce des Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique viseacutees agrave lrsquoannexe II de la preacutesente deacutecision assurent un

niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegravere personnel transfeacutereacutees depuis la Communauteacutevers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis compte tenu des documents suivants eacutemis par leministegravere du commerce des Eacutetats-Unis

a) une eacutetude relative agrave la mise en œuvre des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute viseacutee agrave lrsquoannexeIII

b) un aide-meacutemoire sur la reacuteparation des preacutejudices subis par suite drsquoatteintes agrave la vie priveacutee etsur les autorisations explicites preacutevues par le droit ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe IV

c) une lettre de la Commission feacutedeacuterale du commerce viseacutee agrave lrsquoannexe V

d) une lettre du ministegravere des transports des Eacutetats-Unis viseacutee agrave lrsquoannexe VI

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 9 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

2 En ce qui concerne chaque transfert de donneacutees les conditions suivantes doivent ecirctre remplies

a) lrsquoorganisation destinataire des donneacutees srsquoest clairement et publiquement engageacutee agrave observerles principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ et

b) lrsquoorganisation est soumise aux pouvoirs leacutegaux drsquoun organe administratif ameacutericain eacutenumeacutereacute agravelrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision habiliteacute agrave instruire des plaintes et agrave obtenir des mesures

de redressement contre les pratiques deacuteloyales ou frauduleuses ainsi que la reacuteparation despreacutejudices subis par les personnes concerneacutees quel que soit leur pays de reacutesidence ou leurnationaliteacute en cas de non-respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ

3 Les conditions indiqueacutees au paragraphe 2 sont consideacutereacutees comme remplies par chaqueorganisation qui a deacuteclareacute son adheacutesion aux principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ agravecompter de la date agrave laquelle elle avise le ministegravere ameacutericain du commerce (ou son repreacutesentant) dela divulgation de lrsquoengagement viseacute au paragraphe 2 point a) et de lrsquoidentiteacute de lrsquoorganeadministratif viseacute au paragraphe 2 point b)

Article 2

La preacutesente deacutecision concerne uniquement le caractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences delrsquoarticle 25 paragraphe 1 de la directive 9546CE et nrsquoaffecte pas lrsquoapplication drsquoautresdispositions de ladite directive qui se rapportent au traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel dansles Eacutetats membres et notamment de son article 4

Article 3

1 Sans preacutejudice de leurs pouvoirs de prendre des mesures visant agrave assurer le respect des

dispositions nationales adopteacutees en application de dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de ladirective 9546CE les autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetats membres peuvent exercer les pouvoirs dontelles disposent pour suspendre les flux de donneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes misen œuvre conformeacutement aux FAQ afin de proteacuteger les individus en ce qui concerne le traitement deleurs donneacutees personnelles et ce dans les cas

a) ougrave lrsquoorgane administratif ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision ou uneinstance indeacutependante de recours au sens du point a) du principe drsquoapplication viseacute agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecision a constateacute que lrsquoorganisation viole les principes mis en œuvreconformeacutement aux FAQ ou

b) ougrave il est fort probable que les principes sont violeacutes ougrave il y a tout lieu de croire que lrsquoinstancedrsquoapplication concerneacutee ne prend pas ou ne prendra pas en temps voulu les mesures quisrsquoimposent en vue de reacutegler lrsquoaffaire en question ougrave la poursuite du transfert ferait courir auxpersonnes concerneacutees un risque imminent de subir des dommages graves et ougrave les autoriteacutescompeacutetentes des Eacutetats membres se sont raisonnablement efforceacutees compte tenu descirconstances drsquoavertir lrsquoorganisation et de lui donner la possibiliteacute de reacutepondre

La suspension cesse degraves que le respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ estassureacute et que les autoriteacutes compeacutetentes de la Communauteacute en sont aviseacutees

2 Les Eacutetats membres informent sans tarder la Commission de lrsquoadoption de mesures fondeacutees sur leparagraphe 1

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 10 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment aussi mutuellement des cas dans lesquels lesorganismes chargeacutes de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ aux Eacutetats-Unis ne parviennent pas agrave srsquoacquitter de leur tacircche

4 Si les informations recueillies en application des paragraphes 1 2 et 3 montrent qursquounquelconque organisme chargeacute de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQaux Eacutetats-Unis ne remplit pas efficacement sa mission la Commission informe le ministegravere

ameacutericain du commerce et si neacutecessaire propose un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agravela proceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CE en vue drsquoabroger ou de suspendre lapreacutesente deacutecision ou drsquoen limiter la porteacutee

Article 4

1 La preacutesente deacutecision peut ecirctre adapteacutee agrave tout moment agrave la lumiegravere de lrsquoexpeacuterience acquisedurant sa mise en œuvre etou si le niveau de protection assureacute par les principes et les FAQ estdeacutepasseacute par les exigences du droit ameacutericain La Commission eacutevalue en tout eacutetat de causelrsquoapplication de la preacutesente deacutecision sur la base des informations disponibles trois ans apregraves sa

notification aux Eacutetats membres et communique au comiteacute institueacute au titre de lrsquoarticle 31 de ladirective 9546CE toute constatation pertinente y compris tout eacuteleacutement susceptible drsquoinfluer sur

lrsquoeacutevaluation selon laquelle les dispositions de lrsquoarticle 1er de la preacutesente deacutecision assurent un niveaude protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE et toute information montrantque la preacutesente deacutecision est appliqueacutee de maniegravere discriminatoire

2 La Commission preacutesente si neacutecessaire un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agrave laproceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CEraquo

8 Lrsquoannexe I de la deacutecision 2000520 est ainsi libelleacutee

laquoPrincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacutee

publieacutes par le ministegravere ameacutericain du commerce le 21 juillet 2000

[]

[] le ministegravere ameacutericain du commerce publie le preacutesent document (lsquoles principesrsquo) ainsi que leslsquoquestions souvent poseacuteesrsquo (FAQ) en vertu de son autoriteacute leacutegale afin de stimuler de promouvoir etde deacutevelopper le commerce international Les principes ont eacuteteacute eacutelaboreacutes en concertation avec lesentreprises et le grand public dans le but de faciliter le commerce et les relations drsquoaffaires entre lesEacutetats-Unis et lrsquoUnion europeacuteenne Ils sont exclusivement destineacutes aux organisations ameacutericainesrecevant des donneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doiventpermettre agrave ces organisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agravebeacuteneacuteficier de la preacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ci Comme lesprincipes nrsquoont eacuteteacute conccedilus que pour servir cet objectif speacutecifique leur adoption agrave drsquoautres fins peutsrsquoaveacuterer inadeacutequate []

Toute organisation est libre de remplir ou non les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo etdispose de plusieurs moyens pour srsquoy conformer []

Lrsquoadheacutesion aux principes peut ecirctre limiteacutee par a) les exigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unis b) les textes leacutegislatifs les regraveglementsadministratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent des obligations contradictoires ou

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 11 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisation qui a recours agrave une telleautorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute aux mesures neacutecessaires pourgarantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agrave servir c) les exceptions ou lesdeacuterogations preacutevues par la directive ou par le droit national agrave condition que ces exceptions oudeacuterogations soient appliqueacutees dans des contextes comparables Conformeacutement agrave lrsquoobjectif drsquounrenforcement de la protection de la vie priveacutee les organisations doivent srsquoefforcer drsquoappliquer cesprincipes de maniegravere complegravete et transparente y compris en indiquant ndash dans leurs codes de

protection de la vie priveacutee ndash dans quels domaines les exceptions viseacutees au point b) ci-dessussrsquoappliqueront de faccedilon reacuteguliegravere Pour la mecircme raison lorsque les principes etou les lois des Eacutetats-Unis permettent aux organisations de faire un choix celles-ci sont inviteacutees agrave opter dans la mesuredu possible pour le niveau de protection le plus eacuteleveacute

[]raquo

9 Lrsquoannexe II de la deacutecision 2000520 est reacutedigeacutee comme suit

laquoQuestions souvent poseacutees (FAQ)

[]

FAQ 6 ndash Autocertification

Q Comment une organisation autocertifie-t-elle qursquoelle adhegravere aux principes de la lsquosphegravere de

seacutecuriteacutersquo

R Les avantages affeacuterents agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont acquis agrave partir de la date agrave laquelle uneorganisation autocertifie au ministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee parcelui-ci) qursquoelle adhegravere aux principes conformeacutement aux modaliteacutes ci-dessous

Pour autocertifier son adheacutesion agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo une organisation peut remettre auministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee par celui-ci) une lettre signeacuteedrsquoun cadre de ladite organisation contenant au moins les informations suivantes

1) le nom de lrsquoorganisation son adresse postale son adresse eacutelectronique ses numeacuteros deteacuteleacutephone et de teacuteleacutecopieur

2) une description des activiteacutes de lrsquoorganisation relativement aux informations agrave caractegraverepersonnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne

3) une description des dispositions de protection de la vie priveacutee appliqueacutees parlrsquoorganisation auxdites informations preacutecisant a) le lieu ougrave le texte de ces dispositionspeut ecirctre consulteacute par le public b) la date de mise en œuvre de ces dispositions c) leservice agrave contacter en cas de plainte pour des demandes drsquoaccegraves et pour toute autrequestion relevant de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo d) le nom de lrsquoinstance reacuteglementairespeacutecifique qui est chargeacutee de statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le cas eacutecheacuteant contrelrsquoorganisation pour pratiques deacuteloyales ou frauduleuses et pour infraction aux lois ouaux reacuteglementations reacutegissant la protection de la vie priveacutee (et qui est mentionneacutee danslrsquoannexe aux principes) e) lrsquointituleacute de tout programme relatif agrave la protection de la viepriveacutee auquel participe lrsquoorganisation f) la meacutethode de veacuterification (par exemple en

interne ou par des tiers) [] et g) lrsquoinstance de recours indeacutependante qui pourra instruireles plaintes non reacutesolues

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 12 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Une organisation peut eacutetendre les avantages de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo agrave des informations detype lsquoressources humainesrsquo qui sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne afin drsquoecirctre utiliseacuteesdans le cadre de relations de travail lorsque lrsquoune des instances reacuteglementaires mentionneacuteesdans lrsquoannexe aux principes est compeacutetente pour statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le caseacutecheacuteant contre ladite organisation dans le domaine des informations de type lsquoressourceshumainesrsquo []

Le ministegravere (ou la personne deacutesigneacutee par celui-ci) tiendra une liste de lrsquoensemble desorganisations qui suivent cette proceacutedure garantissant ainsi les avantages de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo et mettra agrave jour cette liste sur la base des lettres et notifications reccedilues chaque anneacuteeen conformiteacute avec la FAQ 11 []

[]

FAQ 11 mdash Reacutesolution des litiges et application des deacutecisions

Q Comment les exigences en matiegravere de reacutesolution des litiges formuleacutees dans le principe

drsquoapplication doivent-elles ecirctre mises en œuvre et comment le non-respect persistant des

principes de la part drsquoune organisation sera-t-il traiteacute

R Le principe drsquoapplication deacutefinit les exigences sur lesquelles repose la mise en œuvre de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo La FAQ sur la veacuterification (FAQ 7) explique la maniegravere de satisfaire lesexigences eacutenonceacutees au point b) du principe La preacutesente FAQ 11 traite des points a) et c) quineacutecessitent tous deux des instances de recours indeacutependantes Ces instances peuvent prendrediffeacuterentes formes mais doivent reacutepondre aux exigences du principe drsquoapplication Lesorganisations participant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo peuvent les satisfaire 1) en participant agrave desprogrammes du secteur priveacute en matiegravere de protection de la vie priveacutee inteacutegrant dans leursregravegles les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo et comportant des meacutecanismes de mise en œuvre

efficaces de mecircme nature que ceux qui sont deacutecrits dans le principe drsquoapplication 2) en seconformant aux instructions des organes leacutegaux ou statutaires de surveillance qui assurent letraitement des plaintes de particuliers et la reacutesolution des litiges 3) en srsquoengageant agrave coopeacutereravec les autoriteacutes chargeacutees de la protection des donneacutees au sein de la Communauteacuteeuropeacuteenne ou avec leurs repreacutesentants autoriseacutes La preacutesente liste a valeur indicative et nrsquoestpas restrictive Le secteur priveacute peut concevoir drsquoautres meacutecanismes de mise en applicationpour autant que ceux-ci reacutepondent aux exigences du principe drsquoapplication et des FAQ Ilconvient de remarquer que les exigences du principe drsquoapplication srsquoajoutent agrave lrsquoexigenceeacutenonceacutee au paragraphe 3 de lrsquointroduction aux principes selon laquelle les initiativesdrsquoautoreacuteglementation doivent ecirctre exeacutecutoires conformeacutement agrave la section 5 du Federal Trade

Commission Act ou agrave une loi similaireInstances de recours

Les consommateurs devraient ecirctre encourageacutes agrave soumettre toute plainte eacuteventuelle agravelrsquoorganisation concerneacutee avant de faire appel agrave des instances de recours indeacutependantes []

[]

Action de la FTC

La FTC srsquoest engageacutee agrave examiner en prioriteacute les cas soumis par les organisationsdrsquoautoreacuteglementation telles que BBBOnline et TRUSTe ainsi que par les Eacutetats membres delrsquoUnion europeacuteenne en ce qui concerne le non-respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 2: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 2 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ndash pour Digital Rights Ireland Ltd par M F Crehan BL ainsi que par MM S McGarr etE McGarr solicitors

ndash pour lrsquoIrlande par MM A Joyce et B Counihan ainsi que par Mme E Creedon en qualiteacutedrsquoagents assisteacutes de M D Fennelly BL

ndash pour le gouvernement belge par M J-C Halleux et Mme C Pochet en qualiteacute drsquoagents

ndash pour le gouvernement tchegraveque par MM M Smolek et J Vlaacutečil en qualiteacute drsquoagents

ndash pour le gouvernement italien par Mme G Palmieri en qualiteacute drsquoagent assisteacutee deM P Gentili avvocato dello Stato

ndash pour le gouvernement autrichien par MM G Hesse et G Kunnert en qualiteacute drsquoagents

ndash pour le gouvernement polonais par Mmes M Kamejsza et M Pawlicka ainsi que parM B Majczyna en qualiteacute drsquoagents

ndash pour le gouvernement slovegravene par Mmes A Grum et V Klemenc en qualiteacute drsquoagents

ndash pour le gouvernement du Royaume-Uni par M L Christie et Mme J Beeko en qualiteacutedrsquoagents assisteacutes de M J Holmes barrister

ndash pour le Parlement europeacuteen par MM D Moore et A Caiola ainsi que par Mme M Penchevaen qualiteacute drsquoagents

ndash pour la Commission europeacuteenne par MM B Schima B Martenczuk et B Smulders ainsi

que par Mme J Vondung en qualiteacute drsquoagents

ndash pour le Controcircleur europeacuteen de la protection des donneacutees (CEPD) par MM C Docksey ABuchta et V Peacuterez Asinari en qualiteacute drsquoagents

ayant entendu lrsquoavocat geacuteneacuteral en ses conclusions agrave lrsquoaudience du 23 septembre 2015

rend le preacutesent

Arrecirct

1 La demande de deacutecision preacutejudicielle porte sur lrsquointerpreacutetation au regard des articles 7 8 et 47 dela charte des droits fondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne (ci-apregraves la laquoCharteraquo) des articles 25paragraphe 6 et 28 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 24 octobre1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees (JO L 281 p 31) telle que modifieacutee parle regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 (JO L284 p 1 ci-apregraves la laquodirective 9546raquo) ainsi que en substance sur la validiteacute de la deacutecision2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la

pertinence de la protection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique(JO L 215 p 7)

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 3 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

2 Cette demande a eacuteteacute preacutesenteacutee dans le cadre drsquoun litige opposant M Schrems au Data ProtectionCommissioner (commissaire agrave la protection des donneacutees ci-apregraves le laquocommissaireraquo) au sujet durefus de ce dernier drsquoenquecircter sur une plainte introduite par M Schrems en raison du fait queFacebook Ireland Ltd (ci-apregraves laquoFacebook Irelandraquo) transfegravere aux Eacutetats-Unis les donneacutees agrave caractegraverepersonnel de ses utilisateurs et les conserve sur des serveurs situeacutes dans ce pays

Le cadre juridique

La directive 9546

3 Les consideacuterants 2 10 56 57 60 62 et 63 de la directive 9546 sont libelleacutes comme suit

laquo(2) [] les systegravemes de traitement de donneacutees sont au service de lrsquohomme [] ils doiventquelle que soit la nationaliteacute ou la reacutesidence des personnes physiques respecter les liberteacutes etdroits fondamentaux de ces personnes notamment la vie priveacutee et contribuer au [] bien-ecirctredes individus

[]

(10) [] lrsquoobjet des leacutegislations nationales relatives au traitement des donneacutees agrave caractegraverepersonnel est drsquoassurer le respect des droits et liberteacutes fondamentaux notamment du droit agrave lavie priveacutee reconnu eacutegalement dans lrsquoarticle 8 de la convention europeacuteenne de sauvegarde desdroits de lrsquohomme et des liberteacutes fondamentales[ signeacutee agrave Rome le 4 novembre 1950] et dansles principes geacuteneacuteraux du droit communautaire [hellip] pour cette raison le rapprochement deces leacutegislations ne doit pas conduire agrave affaiblir la protection qursquoelles assurent mais doit aucontraire avoir pour objectif de garantir un niveau eacuteleveacute de protection dans la Communauteacute

[](56) [] des flux transfrontaliers de donneacutees agrave caractegravere personnel sont neacutecessaires au

deacuteveloppement du commerce international [] la protection des personnes garantie dans laCommunauteacute par la preacutesente directive ne srsquooppose pas aux transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers assurant un niveau de protection adeacutequat [] le caractegravereadeacutequat du niveau de protection offert par un pays tiers doit srsquoappreacutecier au regard de toutes lescirconstances relatives agrave un transfert ou agrave une cateacutegorie de transferts

(57) [] en revanche [] lorsqursquoun pays tiers nrsquooffre pas un niveau de protection adeacutequat letransfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers ce pays doit ecirctre interdit

[]

(60) [] en tout eacutetat de cause les transferts vers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dansle plein respect des dispositions prises par les Eacutetats membres en application de la preacutesentedirective et notamment de son article 8

[]

(62) [] lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes de controcircle exerccedilant en touteindeacutependance leurs fonctions est un eacuteleacutement essentiel de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegarddu traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 4 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

(63) [] ces autoriteacutes doivent ecirctre doteacutees des moyens neacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircchesqursquoil srsquoagisse des pouvoirs drsquoinvestigation et drsquointervention en particulier lorsque les autoriteacutessont saisies de reacuteclamations ou du pouvoir drsquoester en justice []raquo

4 Les articles 1er 2 25 26 28 et 31 de la directive 9546 disposent

laquoArticle premier

Objet de la directive

1 Les Eacutetats membres assurent conformeacutement agrave la preacutesente directive la protection des liberteacutes etdroits fondamentaux des personnes physiques notamment de leur vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard du traitementdes donneacutees agrave caractegravere personnel

[]

Article 2

Deacutefinitions

Aux fins de la preacutesente directive on entend par

a) lsquodonneacutees agrave caractegravere personnelrsquo toute information concernant une personne physiqueidentifieacutee ou identifiable (personne concerneacutee) est reacuteputeacutee identifiable une personne qui peutecirctre identifieacutee directement ou indirectement notamment par reacutefeacuterence agrave un numeacuterodrsquoidentification ou agrave un ou plusieurs eacuteleacutements speacutecifiques propres agrave son identiteacute physiquephysiologique psychique eacuteconomique culturelle ou sociale

b) lsquotraitement de donneacutees agrave caractegravere personnelrsquo (traitement) toute opeacuteration ou ensembledrsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaide de proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agravecaractegravere personnel telles que la collecte lrsquoenregistrement lrsquoorganisation la conservationlrsquoadaptation ou la modification lrsquoextraction la consultation lrsquoutilisation la communicationpar transmission diffusion ou toute autre forme de mise agrave disposition le rapprochement oulrsquointerconnexion ainsi que le verrouillage lrsquoeffacement ou la destruction

[]

d) lsquoresponsable du traitementrsquo la personne physique ou morale lrsquoautoriteacute publique le service outout autre organisme qui seul ou conjointement avec drsquoautres deacutetermine les finaliteacutes et les

moyens du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel lorsque les finaliteacutes et les moyens dutraitement sont deacutetermineacutes par des dispositions leacutegislatives ou reacuteglementaires nationales oucommunautaires le responsable du traitement ou les critegraveres speacutecifiques pour le deacutesignerpeuvent ecirctre fixeacutes par le droit national ou communautaire

[]

Article 25

Principes

1 Les Eacutetats membres preacutevoient que le transfert vers un pays tiers de donneacutees agrave caractegraverepersonnel faisant lrsquoobjet drsquoun traitement ou destineacutees agrave faire lrsquoobjet drsquoun traitement apregraves leur

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 5 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

transfert ne peut avoir lieu que si sous reacuteserve du respect des dispositions nationales prises enapplication des autres dispositions de la preacutesente directive le pays tiers en question assure un niveaude protection adeacutequat

2 Le caractegravere adeacutequat du niveau de protection offert par un pays tiers srsquoappreacutecie au regard detoutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agrave une cateacutegorie de transferts de donneacutees enparticulier sont prises en consideacuteration la nature des donneacutees la finaliteacute et la dureacutee du ou des

traitements envisageacutes les pays drsquoorigine et de destination finale les regravegles de droit geacuteneacuterales ousectorielles en vigueur dans le pays tiers en cause ainsi que les regravegles professionnelles et lesmesures de seacutecuriteacute qui y sont respecteacutees

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment mutuellement des cas dans lesquels ilsestiment qursquoun pays tiers nrsquoassure pas un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2

4 Lorsque la Commission constate conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31paragraphe 2 qursquoun pays tiers nrsquoassure pas un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2du preacutesent article les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires en vue drsquoempecirccher tout

transfert de mecircme nature vers le pays tiers en cause5 La Commission engage au moment opportun des neacutegociations en vue de remeacutedier agrave lasituation reacutesultant de la constatation faite en application du paragraphe 4

6 La Commission peut constater conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31 paragraphe2 qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2 du preacutesentarticle en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux souscritsnotamment agrave lrsquoissue des neacutegociations viseacutees au paragraphe 5 en vue de la protection de la vie priveacuteeet des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

Les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave la deacutecision de laCommission

Article 26

Deacuterogations

1 Par deacuterogation agrave lrsquoarticle 25 et sous reacuteserve de dispositions contraires de leur droit nationalreacutegissant des cas particuliers les Eacutetats membres preacutevoient qursquoun transfert de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers un pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25paragraphe 2 peut ecirctre effectueacute agrave condition que

a) la personne concerneacutee ait indubitablement donneacute son consentement au transfert envisageacute

ou

b) le transfert soit neacutecessaire agrave lrsquoexeacutecution drsquoun contrat entre la personne concerneacutee et leresponsable du traitement ou agrave lrsquoexeacutecution de mesures preacutecontractuelles prises agrave la demandede la personne concerneacutee

ou

c) le transfert soit neacutecessaire agrave la conclusion ou agrave lrsquoexeacutecution drsquoun contrat conclu ou agrave concluredans lrsquointeacuterecirct de la personne concerneacutee entre le responsable du traitement et un tiers

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 6 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ou

d) le transfert soit neacutecessaire ou rendu juridiquement obligatoire pour la sauvegarde drsquoun inteacuterecirctpublic important ou pour la constatation lrsquoexercice ou la deacutefense drsquoun droit en justice

ou

e) le transfert soit neacutecessaire agrave la sauvegarde de lrsquointeacuterecirct vital de la personne concerneacuteeou

f) le transfert intervienne au deacutepart drsquoun registre public qui en vertu de dispositions leacutegislativesou reacuteglementaires est destineacute agrave lrsquoinformation du public et est ouvert agrave la consultation dupublic ou de toute personne justifiant drsquoun inteacuterecirct leacutegitime dans la mesure ougrave les conditionsleacutegales pour la consultation sont remplies dans le cas particulier

2 Sans preacutejudice du paragraphe 1 un Eacutetat membre peut autoriser un transfert ou un ensemble detransferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection

adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 paragraphe 2 lorsque le responsable du traitement offre des garantiessuffisantes au regard de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux despersonnes ainsi qursquoagrave lrsquoeacutegard de lrsquoexercice des droits correspondants ces garanties peuventnotamment reacutesulter de clauses contractuelles approprieacutees

3 LrsquoEacutetat membre informe la Commission et les autres Eacutetats membres des autorisations qursquoilaccorde en application du paragraphe 2

En cas drsquoopposition exprimeacutee par un autre Eacutetat membre ou par la Commission et ducircment justifieacutee auregard de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes la

Commission arrecircte les mesures approprieacutees conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31paragraphe 2

Les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave la deacutecision de laCommission

[]

Article 28

Autoriteacute de controcircle

1 Chaque Eacutetat membre preacutevoit qursquoune ou plusieurs autoriteacutes publiques sont chargeacutees desurveiller lrsquoapplication sur son territoire des dispositions adopteacutees par les Eacutetats membres enapplication de la preacutesente directive

Ces autoriteacutes exercent en toute indeacutependance les missions dont elles sont investies

2 Chaque Eacutetat membre preacutevoit que les autoriteacutes de controcircle sont consulteacutees lors de lrsquoeacutelaborationdes mesures reacuteglementaires ou administratives relatives agrave la protection des droits et liberteacutes despersonnes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel

3 Chaque autoriteacute de controcircle dispose notamment

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 7 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ndash de pouvoirs drsquoinvestigation tels que le pouvoir drsquoacceacuteder aux donneacutees faisant lrsquoobjet drsquountraitement et de recueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de samission de controcircle

ndash de pouvoirs effectifs drsquointervention tels que par exemple celui de rendre des avispreacutealablement agrave la mise en œuvre des traitements conformeacutement agrave lrsquoarticle 20 et drsquoassurerune publication approprieacutee de ces avis ou celui drsquoordonner le verrouillage lrsquoeffacement ou la

destruction de donneacutees ou drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement un traitement oucelui drsquoadresser un avertissement ou une admonestation au responsable du traitement ou celuide saisir les parlements nationaux ou drsquoautres institutions politiques

ndash du pouvoir drsquoester en justice en cas de violation des dispositions nationales prises enapplication de la preacutesente directive ou du pouvoir de porter ces violations agrave la connaissance delrsquoautoriteacute judiciaire

Les deacutecisions de lrsquoautoriteacute de controcircle faisant grief peuvent faire lrsquoobjet drsquoun recours juridictionnel

4 Chaque autoriteacute de controcircle peut ecirctre saisie par toute personne ou par une association larepreacutesentant drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde donneacutees agrave caractegravere personnel La personne concerneacutee est informeacutee des suites donneacutees agrave sademande

Chaque autoriteacute de controcircle peut en particulier ecirctre saisie par toute personne drsquoune demande deveacuterification de la liceacuteiteacute drsquoun traitement lorsque les dispositions nationales prises en vertu delrsquoarticle 13 de la preacutesente directive sont drsquoapplication La personne est agrave tout le moins informeacutee dece qursquoune veacuterification a eu lieu

[]

6 Indeacutependamment du droit national applicable au traitement en cause chaque autoriteacute decontrocircle a compeacutetence pour exercer sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve les pouvoirsdont elle est investie conformeacutement au paragraphe 3 Chaque autoriteacute peut ecirctre appeleacutee agrave exercer sespouvoirs sur demande drsquoune autoriteacute drsquoun autre Eacutetat membre

[]

Article 31

[]

2 Dans le cas ougrave il est fait reacutefeacuterence au preacutesent article les articles 4 et 7 de la deacutecision1999468CE [du Conseil du 28 juin 1999 fixant les modaliteacutes de lrsquoexercice des compeacutetencesdrsquoexeacutecution confeacutereacutees agrave la Commission (JO L 184 p 23)] srsquoappliquent dans le respect desdispositions de lrsquoarticle 8 de celle-ci

[]raquo

La deacutecision 2000520

5 La deacutecision 2000520 a eacuteteacute adopteacutee par la Commission sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 8 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

6 Les consideacuterants 2 5 et 8 de cette deacutecision sont libelleacutes comme suit

laquo(2) La Commission peut constater qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequatDans ce cas des donneacutees agrave caractegravere personnel peuvent ecirctre transfeacutereacutees sans que des garantiessuppleacutementaires soient neacutecessaires

[]

(5) Le niveau de protection adeacutequat pour le transfert de donneacutees de la Communauteacute vers lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique reconnu conformeacutement agrave la preacutesente deacutecision devrait ecirctre obtenu siles organisations respectent les ldquoprincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection dela vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principesrsquo) et les lsquoquestions souvent poseacuteesrsquolsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ) qui fournissent des orientations pour la mise en œuvre desprincipes publieacutes par le gouvernement des Eacutetats-Unis le 21 juillet 2000 En outre lesorganisations devraient divulguer leurs regravegles de confidentialiteacute et relever de la compeacutetence dela Commission feacutedeacuterale du commerce [Federal Trade Commission (FTC)] au titre de lasection 5 du Federal Trade Commission Act qui interdit les manœuvres et les pratiques

deacuteloyales ou frauduleuses dans le domaine du commerce ou de tout autre organisme officielassurant efficacement la mise en œuvre des principes conformeacutement aux FAQ

[]

(8) Dans un souci de transparence et en vue de permettre aux autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetatsmembres drsquoassurer la protection des individus en ce qui concerne le traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel il est neacutecessaire drsquoindiquer dans la deacutecision dans quelles circonstancesexceptionnelles la suspension de certains flux de donneacutees peut ecirctre justifieacutee mecircme si le niveaude protection fourni a eacuteteacute jugeacute adeacutequatraquo

7 Aux termes des articles 1er agrave 4 de la deacutecision 2000520

laquoArticle premier

1 Aux fins de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE pour toutes les activiteacutes rentrant dans ledomaine drsquoapplication de ladite directive il est consideacutereacute que les ldquoprincipes de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principes viseacutes agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecisionrsquo) appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les lsquoquestionssouvent poseacuteesrsquo [lsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ)] publieacutees le 21 juillet 2000 par le ministegravere ducommerce des Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique viseacutees agrave lrsquoannexe II de la preacutesente deacutecision assurent un

niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegravere personnel transfeacutereacutees depuis la Communauteacutevers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis compte tenu des documents suivants eacutemis par leministegravere du commerce des Eacutetats-Unis

a) une eacutetude relative agrave la mise en œuvre des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute viseacutee agrave lrsquoannexeIII

b) un aide-meacutemoire sur la reacuteparation des preacutejudices subis par suite drsquoatteintes agrave la vie priveacutee etsur les autorisations explicites preacutevues par le droit ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe IV

c) une lettre de la Commission feacutedeacuterale du commerce viseacutee agrave lrsquoannexe V

d) une lettre du ministegravere des transports des Eacutetats-Unis viseacutee agrave lrsquoannexe VI

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 9 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

2 En ce qui concerne chaque transfert de donneacutees les conditions suivantes doivent ecirctre remplies

a) lrsquoorganisation destinataire des donneacutees srsquoest clairement et publiquement engageacutee agrave observerles principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ et

b) lrsquoorganisation est soumise aux pouvoirs leacutegaux drsquoun organe administratif ameacutericain eacutenumeacutereacute agravelrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision habiliteacute agrave instruire des plaintes et agrave obtenir des mesures

de redressement contre les pratiques deacuteloyales ou frauduleuses ainsi que la reacuteparation despreacutejudices subis par les personnes concerneacutees quel que soit leur pays de reacutesidence ou leurnationaliteacute en cas de non-respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ

3 Les conditions indiqueacutees au paragraphe 2 sont consideacutereacutees comme remplies par chaqueorganisation qui a deacuteclareacute son adheacutesion aux principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ agravecompter de la date agrave laquelle elle avise le ministegravere ameacutericain du commerce (ou son repreacutesentant) dela divulgation de lrsquoengagement viseacute au paragraphe 2 point a) et de lrsquoidentiteacute de lrsquoorganeadministratif viseacute au paragraphe 2 point b)

Article 2

La preacutesente deacutecision concerne uniquement le caractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences delrsquoarticle 25 paragraphe 1 de la directive 9546CE et nrsquoaffecte pas lrsquoapplication drsquoautresdispositions de ladite directive qui se rapportent au traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel dansles Eacutetats membres et notamment de son article 4

Article 3

1 Sans preacutejudice de leurs pouvoirs de prendre des mesures visant agrave assurer le respect des

dispositions nationales adopteacutees en application de dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de ladirective 9546CE les autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetats membres peuvent exercer les pouvoirs dontelles disposent pour suspendre les flux de donneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes misen œuvre conformeacutement aux FAQ afin de proteacuteger les individus en ce qui concerne le traitement deleurs donneacutees personnelles et ce dans les cas

a) ougrave lrsquoorgane administratif ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision ou uneinstance indeacutependante de recours au sens du point a) du principe drsquoapplication viseacute agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecision a constateacute que lrsquoorganisation viole les principes mis en œuvreconformeacutement aux FAQ ou

b) ougrave il est fort probable que les principes sont violeacutes ougrave il y a tout lieu de croire que lrsquoinstancedrsquoapplication concerneacutee ne prend pas ou ne prendra pas en temps voulu les mesures quisrsquoimposent en vue de reacutegler lrsquoaffaire en question ougrave la poursuite du transfert ferait courir auxpersonnes concerneacutees un risque imminent de subir des dommages graves et ougrave les autoriteacutescompeacutetentes des Eacutetats membres se sont raisonnablement efforceacutees compte tenu descirconstances drsquoavertir lrsquoorganisation et de lui donner la possibiliteacute de reacutepondre

La suspension cesse degraves que le respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ estassureacute et que les autoriteacutes compeacutetentes de la Communauteacute en sont aviseacutees

2 Les Eacutetats membres informent sans tarder la Commission de lrsquoadoption de mesures fondeacutees sur leparagraphe 1

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 10 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment aussi mutuellement des cas dans lesquels lesorganismes chargeacutes de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ aux Eacutetats-Unis ne parviennent pas agrave srsquoacquitter de leur tacircche

4 Si les informations recueillies en application des paragraphes 1 2 et 3 montrent qursquounquelconque organisme chargeacute de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQaux Eacutetats-Unis ne remplit pas efficacement sa mission la Commission informe le ministegravere

ameacutericain du commerce et si neacutecessaire propose un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agravela proceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CE en vue drsquoabroger ou de suspendre lapreacutesente deacutecision ou drsquoen limiter la porteacutee

Article 4

1 La preacutesente deacutecision peut ecirctre adapteacutee agrave tout moment agrave la lumiegravere de lrsquoexpeacuterience acquisedurant sa mise en œuvre etou si le niveau de protection assureacute par les principes et les FAQ estdeacutepasseacute par les exigences du droit ameacutericain La Commission eacutevalue en tout eacutetat de causelrsquoapplication de la preacutesente deacutecision sur la base des informations disponibles trois ans apregraves sa

notification aux Eacutetats membres et communique au comiteacute institueacute au titre de lrsquoarticle 31 de ladirective 9546CE toute constatation pertinente y compris tout eacuteleacutement susceptible drsquoinfluer sur

lrsquoeacutevaluation selon laquelle les dispositions de lrsquoarticle 1er de la preacutesente deacutecision assurent un niveaude protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE et toute information montrantque la preacutesente deacutecision est appliqueacutee de maniegravere discriminatoire

2 La Commission preacutesente si neacutecessaire un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agrave laproceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CEraquo

8 Lrsquoannexe I de la deacutecision 2000520 est ainsi libelleacutee

laquoPrincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacutee

publieacutes par le ministegravere ameacutericain du commerce le 21 juillet 2000

[]

[] le ministegravere ameacutericain du commerce publie le preacutesent document (lsquoles principesrsquo) ainsi que leslsquoquestions souvent poseacuteesrsquo (FAQ) en vertu de son autoriteacute leacutegale afin de stimuler de promouvoir etde deacutevelopper le commerce international Les principes ont eacuteteacute eacutelaboreacutes en concertation avec lesentreprises et le grand public dans le but de faciliter le commerce et les relations drsquoaffaires entre lesEacutetats-Unis et lrsquoUnion europeacuteenne Ils sont exclusivement destineacutes aux organisations ameacutericainesrecevant des donneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doiventpermettre agrave ces organisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agravebeacuteneacuteficier de la preacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ci Comme lesprincipes nrsquoont eacuteteacute conccedilus que pour servir cet objectif speacutecifique leur adoption agrave drsquoautres fins peutsrsquoaveacuterer inadeacutequate []

Toute organisation est libre de remplir ou non les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo etdispose de plusieurs moyens pour srsquoy conformer []

Lrsquoadheacutesion aux principes peut ecirctre limiteacutee par a) les exigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unis b) les textes leacutegislatifs les regraveglementsadministratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent des obligations contradictoires ou

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 11 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisation qui a recours agrave une telleautorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute aux mesures neacutecessaires pourgarantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agrave servir c) les exceptions ou lesdeacuterogations preacutevues par la directive ou par le droit national agrave condition que ces exceptions oudeacuterogations soient appliqueacutees dans des contextes comparables Conformeacutement agrave lrsquoobjectif drsquounrenforcement de la protection de la vie priveacutee les organisations doivent srsquoefforcer drsquoappliquer cesprincipes de maniegravere complegravete et transparente y compris en indiquant ndash dans leurs codes de

protection de la vie priveacutee ndash dans quels domaines les exceptions viseacutees au point b) ci-dessussrsquoappliqueront de faccedilon reacuteguliegravere Pour la mecircme raison lorsque les principes etou les lois des Eacutetats-Unis permettent aux organisations de faire un choix celles-ci sont inviteacutees agrave opter dans la mesuredu possible pour le niveau de protection le plus eacuteleveacute

[]raquo

9 Lrsquoannexe II de la deacutecision 2000520 est reacutedigeacutee comme suit

laquoQuestions souvent poseacutees (FAQ)

[]

FAQ 6 ndash Autocertification

Q Comment une organisation autocertifie-t-elle qursquoelle adhegravere aux principes de la lsquosphegravere de

seacutecuriteacutersquo

R Les avantages affeacuterents agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont acquis agrave partir de la date agrave laquelle uneorganisation autocertifie au ministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee parcelui-ci) qursquoelle adhegravere aux principes conformeacutement aux modaliteacutes ci-dessous

Pour autocertifier son adheacutesion agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo une organisation peut remettre auministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee par celui-ci) une lettre signeacuteedrsquoun cadre de ladite organisation contenant au moins les informations suivantes

1) le nom de lrsquoorganisation son adresse postale son adresse eacutelectronique ses numeacuteros deteacuteleacutephone et de teacuteleacutecopieur

2) une description des activiteacutes de lrsquoorganisation relativement aux informations agrave caractegraverepersonnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne

3) une description des dispositions de protection de la vie priveacutee appliqueacutees parlrsquoorganisation auxdites informations preacutecisant a) le lieu ougrave le texte de ces dispositionspeut ecirctre consulteacute par le public b) la date de mise en œuvre de ces dispositions c) leservice agrave contacter en cas de plainte pour des demandes drsquoaccegraves et pour toute autrequestion relevant de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo d) le nom de lrsquoinstance reacuteglementairespeacutecifique qui est chargeacutee de statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le cas eacutecheacuteant contrelrsquoorganisation pour pratiques deacuteloyales ou frauduleuses et pour infraction aux lois ouaux reacuteglementations reacutegissant la protection de la vie priveacutee (et qui est mentionneacutee danslrsquoannexe aux principes) e) lrsquointituleacute de tout programme relatif agrave la protection de la viepriveacutee auquel participe lrsquoorganisation f) la meacutethode de veacuterification (par exemple en

interne ou par des tiers) [] et g) lrsquoinstance de recours indeacutependante qui pourra instruireles plaintes non reacutesolues

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 12 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Une organisation peut eacutetendre les avantages de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo agrave des informations detype lsquoressources humainesrsquo qui sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne afin drsquoecirctre utiliseacuteesdans le cadre de relations de travail lorsque lrsquoune des instances reacuteglementaires mentionneacuteesdans lrsquoannexe aux principes est compeacutetente pour statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le caseacutecheacuteant contre ladite organisation dans le domaine des informations de type lsquoressourceshumainesrsquo []

Le ministegravere (ou la personne deacutesigneacutee par celui-ci) tiendra une liste de lrsquoensemble desorganisations qui suivent cette proceacutedure garantissant ainsi les avantages de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo et mettra agrave jour cette liste sur la base des lettres et notifications reccedilues chaque anneacuteeen conformiteacute avec la FAQ 11 []

[]

FAQ 11 mdash Reacutesolution des litiges et application des deacutecisions

Q Comment les exigences en matiegravere de reacutesolution des litiges formuleacutees dans le principe

drsquoapplication doivent-elles ecirctre mises en œuvre et comment le non-respect persistant des

principes de la part drsquoune organisation sera-t-il traiteacute

R Le principe drsquoapplication deacutefinit les exigences sur lesquelles repose la mise en œuvre de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo La FAQ sur la veacuterification (FAQ 7) explique la maniegravere de satisfaire lesexigences eacutenonceacutees au point b) du principe La preacutesente FAQ 11 traite des points a) et c) quineacutecessitent tous deux des instances de recours indeacutependantes Ces instances peuvent prendrediffeacuterentes formes mais doivent reacutepondre aux exigences du principe drsquoapplication Lesorganisations participant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo peuvent les satisfaire 1) en participant agrave desprogrammes du secteur priveacute en matiegravere de protection de la vie priveacutee inteacutegrant dans leursregravegles les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo et comportant des meacutecanismes de mise en œuvre

efficaces de mecircme nature que ceux qui sont deacutecrits dans le principe drsquoapplication 2) en seconformant aux instructions des organes leacutegaux ou statutaires de surveillance qui assurent letraitement des plaintes de particuliers et la reacutesolution des litiges 3) en srsquoengageant agrave coopeacutereravec les autoriteacutes chargeacutees de la protection des donneacutees au sein de la Communauteacuteeuropeacuteenne ou avec leurs repreacutesentants autoriseacutes La preacutesente liste a valeur indicative et nrsquoestpas restrictive Le secteur priveacute peut concevoir drsquoautres meacutecanismes de mise en applicationpour autant que ceux-ci reacutepondent aux exigences du principe drsquoapplication et des FAQ Ilconvient de remarquer que les exigences du principe drsquoapplication srsquoajoutent agrave lrsquoexigenceeacutenonceacutee au paragraphe 3 de lrsquointroduction aux principes selon laquelle les initiativesdrsquoautoreacuteglementation doivent ecirctre exeacutecutoires conformeacutement agrave la section 5 du Federal Trade

Commission Act ou agrave une loi similaireInstances de recours

Les consommateurs devraient ecirctre encourageacutes agrave soumettre toute plainte eacuteventuelle agravelrsquoorganisation concerneacutee avant de faire appel agrave des instances de recours indeacutependantes []

[]

Action de la FTC

La FTC srsquoest engageacutee agrave examiner en prioriteacute les cas soumis par les organisationsdrsquoautoreacuteglementation telles que BBBOnline et TRUSTe ainsi que par les Eacutetats membres delrsquoUnion europeacuteenne en ce qui concerne le non-respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 3: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 3 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

2 Cette demande a eacuteteacute preacutesenteacutee dans le cadre drsquoun litige opposant M Schrems au Data ProtectionCommissioner (commissaire agrave la protection des donneacutees ci-apregraves le laquocommissaireraquo) au sujet durefus de ce dernier drsquoenquecircter sur une plainte introduite par M Schrems en raison du fait queFacebook Ireland Ltd (ci-apregraves laquoFacebook Irelandraquo) transfegravere aux Eacutetats-Unis les donneacutees agrave caractegraverepersonnel de ses utilisateurs et les conserve sur des serveurs situeacutes dans ce pays

Le cadre juridique

La directive 9546

3 Les consideacuterants 2 10 56 57 60 62 et 63 de la directive 9546 sont libelleacutes comme suit

laquo(2) [] les systegravemes de traitement de donneacutees sont au service de lrsquohomme [] ils doiventquelle que soit la nationaliteacute ou la reacutesidence des personnes physiques respecter les liberteacutes etdroits fondamentaux de ces personnes notamment la vie priveacutee et contribuer au [] bien-ecirctredes individus

[]

(10) [] lrsquoobjet des leacutegislations nationales relatives au traitement des donneacutees agrave caractegraverepersonnel est drsquoassurer le respect des droits et liberteacutes fondamentaux notamment du droit agrave lavie priveacutee reconnu eacutegalement dans lrsquoarticle 8 de la convention europeacuteenne de sauvegarde desdroits de lrsquohomme et des liberteacutes fondamentales[ signeacutee agrave Rome le 4 novembre 1950] et dansles principes geacuteneacuteraux du droit communautaire [hellip] pour cette raison le rapprochement deces leacutegislations ne doit pas conduire agrave affaiblir la protection qursquoelles assurent mais doit aucontraire avoir pour objectif de garantir un niveau eacuteleveacute de protection dans la Communauteacute

[](56) [] des flux transfrontaliers de donneacutees agrave caractegravere personnel sont neacutecessaires au

deacuteveloppement du commerce international [] la protection des personnes garantie dans laCommunauteacute par la preacutesente directive ne srsquooppose pas aux transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers assurant un niveau de protection adeacutequat [] le caractegravereadeacutequat du niveau de protection offert par un pays tiers doit srsquoappreacutecier au regard de toutes lescirconstances relatives agrave un transfert ou agrave une cateacutegorie de transferts

(57) [] en revanche [] lorsqursquoun pays tiers nrsquooffre pas un niveau de protection adeacutequat letransfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers ce pays doit ecirctre interdit

[]

(60) [] en tout eacutetat de cause les transferts vers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dansle plein respect des dispositions prises par les Eacutetats membres en application de la preacutesentedirective et notamment de son article 8

[]

(62) [] lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes de controcircle exerccedilant en touteindeacutependance leurs fonctions est un eacuteleacutement essentiel de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegarddu traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 4 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

(63) [] ces autoriteacutes doivent ecirctre doteacutees des moyens neacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircchesqursquoil srsquoagisse des pouvoirs drsquoinvestigation et drsquointervention en particulier lorsque les autoriteacutessont saisies de reacuteclamations ou du pouvoir drsquoester en justice []raquo

4 Les articles 1er 2 25 26 28 et 31 de la directive 9546 disposent

laquoArticle premier

Objet de la directive

1 Les Eacutetats membres assurent conformeacutement agrave la preacutesente directive la protection des liberteacutes etdroits fondamentaux des personnes physiques notamment de leur vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard du traitementdes donneacutees agrave caractegravere personnel

[]

Article 2

Deacutefinitions

Aux fins de la preacutesente directive on entend par

a) lsquodonneacutees agrave caractegravere personnelrsquo toute information concernant une personne physiqueidentifieacutee ou identifiable (personne concerneacutee) est reacuteputeacutee identifiable une personne qui peutecirctre identifieacutee directement ou indirectement notamment par reacutefeacuterence agrave un numeacuterodrsquoidentification ou agrave un ou plusieurs eacuteleacutements speacutecifiques propres agrave son identiteacute physiquephysiologique psychique eacuteconomique culturelle ou sociale

b) lsquotraitement de donneacutees agrave caractegravere personnelrsquo (traitement) toute opeacuteration ou ensembledrsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaide de proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agravecaractegravere personnel telles que la collecte lrsquoenregistrement lrsquoorganisation la conservationlrsquoadaptation ou la modification lrsquoextraction la consultation lrsquoutilisation la communicationpar transmission diffusion ou toute autre forme de mise agrave disposition le rapprochement oulrsquointerconnexion ainsi que le verrouillage lrsquoeffacement ou la destruction

[]

d) lsquoresponsable du traitementrsquo la personne physique ou morale lrsquoautoriteacute publique le service outout autre organisme qui seul ou conjointement avec drsquoautres deacutetermine les finaliteacutes et les

moyens du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel lorsque les finaliteacutes et les moyens dutraitement sont deacutetermineacutes par des dispositions leacutegislatives ou reacuteglementaires nationales oucommunautaires le responsable du traitement ou les critegraveres speacutecifiques pour le deacutesignerpeuvent ecirctre fixeacutes par le droit national ou communautaire

[]

Article 25

Principes

1 Les Eacutetats membres preacutevoient que le transfert vers un pays tiers de donneacutees agrave caractegraverepersonnel faisant lrsquoobjet drsquoun traitement ou destineacutees agrave faire lrsquoobjet drsquoun traitement apregraves leur

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 5 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

transfert ne peut avoir lieu que si sous reacuteserve du respect des dispositions nationales prises enapplication des autres dispositions de la preacutesente directive le pays tiers en question assure un niveaude protection adeacutequat

2 Le caractegravere adeacutequat du niveau de protection offert par un pays tiers srsquoappreacutecie au regard detoutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agrave une cateacutegorie de transferts de donneacutees enparticulier sont prises en consideacuteration la nature des donneacutees la finaliteacute et la dureacutee du ou des

traitements envisageacutes les pays drsquoorigine et de destination finale les regravegles de droit geacuteneacuterales ousectorielles en vigueur dans le pays tiers en cause ainsi que les regravegles professionnelles et lesmesures de seacutecuriteacute qui y sont respecteacutees

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment mutuellement des cas dans lesquels ilsestiment qursquoun pays tiers nrsquoassure pas un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2

4 Lorsque la Commission constate conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31paragraphe 2 qursquoun pays tiers nrsquoassure pas un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2du preacutesent article les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires en vue drsquoempecirccher tout

transfert de mecircme nature vers le pays tiers en cause5 La Commission engage au moment opportun des neacutegociations en vue de remeacutedier agrave lasituation reacutesultant de la constatation faite en application du paragraphe 4

6 La Commission peut constater conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31 paragraphe2 qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2 du preacutesentarticle en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux souscritsnotamment agrave lrsquoissue des neacutegociations viseacutees au paragraphe 5 en vue de la protection de la vie priveacuteeet des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

Les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave la deacutecision de laCommission

Article 26

Deacuterogations

1 Par deacuterogation agrave lrsquoarticle 25 et sous reacuteserve de dispositions contraires de leur droit nationalreacutegissant des cas particuliers les Eacutetats membres preacutevoient qursquoun transfert de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers un pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25paragraphe 2 peut ecirctre effectueacute agrave condition que

a) la personne concerneacutee ait indubitablement donneacute son consentement au transfert envisageacute

ou

b) le transfert soit neacutecessaire agrave lrsquoexeacutecution drsquoun contrat entre la personne concerneacutee et leresponsable du traitement ou agrave lrsquoexeacutecution de mesures preacutecontractuelles prises agrave la demandede la personne concerneacutee

ou

c) le transfert soit neacutecessaire agrave la conclusion ou agrave lrsquoexeacutecution drsquoun contrat conclu ou agrave concluredans lrsquointeacuterecirct de la personne concerneacutee entre le responsable du traitement et un tiers

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 6 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ou

d) le transfert soit neacutecessaire ou rendu juridiquement obligatoire pour la sauvegarde drsquoun inteacuterecirctpublic important ou pour la constatation lrsquoexercice ou la deacutefense drsquoun droit en justice

ou

e) le transfert soit neacutecessaire agrave la sauvegarde de lrsquointeacuterecirct vital de la personne concerneacuteeou

f) le transfert intervienne au deacutepart drsquoun registre public qui en vertu de dispositions leacutegislativesou reacuteglementaires est destineacute agrave lrsquoinformation du public et est ouvert agrave la consultation dupublic ou de toute personne justifiant drsquoun inteacuterecirct leacutegitime dans la mesure ougrave les conditionsleacutegales pour la consultation sont remplies dans le cas particulier

2 Sans preacutejudice du paragraphe 1 un Eacutetat membre peut autoriser un transfert ou un ensemble detransferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection

adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 paragraphe 2 lorsque le responsable du traitement offre des garantiessuffisantes au regard de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux despersonnes ainsi qursquoagrave lrsquoeacutegard de lrsquoexercice des droits correspondants ces garanties peuventnotamment reacutesulter de clauses contractuelles approprieacutees

3 LrsquoEacutetat membre informe la Commission et les autres Eacutetats membres des autorisations qursquoilaccorde en application du paragraphe 2

En cas drsquoopposition exprimeacutee par un autre Eacutetat membre ou par la Commission et ducircment justifieacutee auregard de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes la

Commission arrecircte les mesures approprieacutees conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31paragraphe 2

Les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave la deacutecision de laCommission

[]

Article 28

Autoriteacute de controcircle

1 Chaque Eacutetat membre preacutevoit qursquoune ou plusieurs autoriteacutes publiques sont chargeacutees desurveiller lrsquoapplication sur son territoire des dispositions adopteacutees par les Eacutetats membres enapplication de la preacutesente directive

Ces autoriteacutes exercent en toute indeacutependance les missions dont elles sont investies

2 Chaque Eacutetat membre preacutevoit que les autoriteacutes de controcircle sont consulteacutees lors de lrsquoeacutelaborationdes mesures reacuteglementaires ou administratives relatives agrave la protection des droits et liberteacutes despersonnes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel

3 Chaque autoriteacute de controcircle dispose notamment

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 7 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ndash de pouvoirs drsquoinvestigation tels que le pouvoir drsquoacceacuteder aux donneacutees faisant lrsquoobjet drsquountraitement et de recueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de samission de controcircle

ndash de pouvoirs effectifs drsquointervention tels que par exemple celui de rendre des avispreacutealablement agrave la mise en œuvre des traitements conformeacutement agrave lrsquoarticle 20 et drsquoassurerune publication approprieacutee de ces avis ou celui drsquoordonner le verrouillage lrsquoeffacement ou la

destruction de donneacutees ou drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement un traitement oucelui drsquoadresser un avertissement ou une admonestation au responsable du traitement ou celuide saisir les parlements nationaux ou drsquoautres institutions politiques

ndash du pouvoir drsquoester en justice en cas de violation des dispositions nationales prises enapplication de la preacutesente directive ou du pouvoir de porter ces violations agrave la connaissance delrsquoautoriteacute judiciaire

Les deacutecisions de lrsquoautoriteacute de controcircle faisant grief peuvent faire lrsquoobjet drsquoun recours juridictionnel

4 Chaque autoriteacute de controcircle peut ecirctre saisie par toute personne ou par une association larepreacutesentant drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde donneacutees agrave caractegravere personnel La personne concerneacutee est informeacutee des suites donneacutees agrave sademande

Chaque autoriteacute de controcircle peut en particulier ecirctre saisie par toute personne drsquoune demande deveacuterification de la liceacuteiteacute drsquoun traitement lorsque les dispositions nationales prises en vertu delrsquoarticle 13 de la preacutesente directive sont drsquoapplication La personne est agrave tout le moins informeacutee dece qursquoune veacuterification a eu lieu

[]

6 Indeacutependamment du droit national applicable au traitement en cause chaque autoriteacute decontrocircle a compeacutetence pour exercer sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve les pouvoirsdont elle est investie conformeacutement au paragraphe 3 Chaque autoriteacute peut ecirctre appeleacutee agrave exercer sespouvoirs sur demande drsquoune autoriteacute drsquoun autre Eacutetat membre

[]

Article 31

[]

2 Dans le cas ougrave il est fait reacutefeacuterence au preacutesent article les articles 4 et 7 de la deacutecision1999468CE [du Conseil du 28 juin 1999 fixant les modaliteacutes de lrsquoexercice des compeacutetencesdrsquoexeacutecution confeacutereacutees agrave la Commission (JO L 184 p 23)] srsquoappliquent dans le respect desdispositions de lrsquoarticle 8 de celle-ci

[]raquo

La deacutecision 2000520

5 La deacutecision 2000520 a eacuteteacute adopteacutee par la Commission sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 8 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

6 Les consideacuterants 2 5 et 8 de cette deacutecision sont libelleacutes comme suit

laquo(2) La Commission peut constater qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequatDans ce cas des donneacutees agrave caractegravere personnel peuvent ecirctre transfeacutereacutees sans que des garantiessuppleacutementaires soient neacutecessaires

[]

(5) Le niveau de protection adeacutequat pour le transfert de donneacutees de la Communauteacute vers lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique reconnu conformeacutement agrave la preacutesente deacutecision devrait ecirctre obtenu siles organisations respectent les ldquoprincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection dela vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principesrsquo) et les lsquoquestions souvent poseacuteesrsquolsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ) qui fournissent des orientations pour la mise en œuvre desprincipes publieacutes par le gouvernement des Eacutetats-Unis le 21 juillet 2000 En outre lesorganisations devraient divulguer leurs regravegles de confidentialiteacute et relever de la compeacutetence dela Commission feacutedeacuterale du commerce [Federal Trade Commission (FTC)] au titre de lasection 5 du Federal Trade Commission Act qui interdit les manœuvres et les pratiques

deacuteloyales ou frauduleuses dans le domaine du commerce ou de tout autre organisme officielassurant efficacement la mise en œuvre des principes conformeacutement aux FAQ

[]

(8) Dans un souci de transparence et en vue de permettre aux autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetatsmembres drsquoassurer la protection des individus en ce qui concerne le traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel il est neacutecessaire drsquoindiquer dans la deacutecision dans quelles circonstancesexceptionnelles la suspension de certains flux de donneacutees peut ecirctre justifieacutee mecircme si le niveaude protection fourni a eacuteteacute jugeacute adeacutequatraquo

7 Aux termes des articles 1er agrave 4 de la deacutecision 2000520

laquoArticle premier

1 Aux fins de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE pour toutes les activiteacutes rentrant dans ledomaine drsquoapplication de ladite directive il est consideacutereacute que les ldquoprincipes de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principes viseacutes agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecisionrsquo) appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les lsquoquestionssouvent poseacuteesrsquo [lsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ)] publieacutees le 21 juillet 2000 par le ministegravere ducommerce des Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique viseacutees agrave lrsquoannexe II de la preacutesente deacutecision assurent un

niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegravere personnel transfeacutereacutees depuis la Communauteacutevers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis compte tenu des documents suivants eacutemis par leministegravere du commerce des Eacutetats-Unis

a) une eacutetude relative agrave la mise en œuvre des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute viseacutee agrave lrsquoannexeIII

b) un aide-meacutemoire sur la reacuteparation des preacutejudices subis par suite drsquoatteintes agrave la vie priveacutee etsur les autorisations explicites preacutevues par le droit ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe IV

c) une lettre de la Commission feacutedeacuterale du commerce viseacutee agrave lrsquoannexe V

d) une lettre du ministegravere des transports des Eacutetats-Unis viseacutee agrave lrsquoannexe VI

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 9 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

2 En ce qui concerne chaque transfert de donneacutees les conditions suivantes doivent ecirctre remplies

a) lrsquoorganisation destinataire des donneacutees srsquoest clairement et publiquement engageacutee agrave observerles principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ et

b) lrsquoorganisation est soumise aux pouvoirs leacutegaux drsquoun organe administratif ameacutericain eacutenumeacutereacute agravelrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision habiliteacute agrave instruire des plaintes et agrave obtenir des mesures

de redressement contre les pratiques deacuteloyales ou frauduleuses ainsi que la reacuteparation despreacutejudices subis par les personnes concerneacutees quel que soit leur pays de reacutesidence ou leurnationaliteacute en cas de non-respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ

3 Les conditions indiqueacutees au paragraphe 2 sont consideacutereacutees comme remplies par chaqueorganisation qui a deacuteclareacute son adheacutesion aux principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ agravecompter de la date agrave laquelle elle avise le ministegravere ameacutericain du commerce (ou son repreacutesentant) dela divulgation de lrsquoengagement viseacute au paragraphe 2 point a) et de lrsquoidentiteacute de lrsquoorganeadministratif viseacute au paragraphe 2 point b)

Article 2

La preacutesente deacutecision concerne uniquement le caractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences delrsquoarticle 25 paragraphe 1 de la directive 9546CE et nrsquoaffecte pas lrsquoapplication drsquoautresdispositions de ladite directive qui se rapportent au traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel dansles Eacutetats membres et notamment de son article 4

Article 3

1 Sans preacutejudice de leurs pouvoirs de prendre des mesures visant agrave assurer le respect des

dispositions nationales adopteacutees en application de dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de ladirective 9546CE les autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetats membres peuvent exercer les pouvoirs dontelles disposent pour suspendre les flux de donneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes misen œuvre conformeacutement aux FAQ afin de proteacuteger les individus en ce qui concerne le traitement deleurs donneacutees personnelles et ce dans les cas

a) ougrave lrsquoorgane administratif ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision ou uneinstance indeacutependante de recours au sens du point a) du principe drsquoapplication viseacute agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecision a constateacute que lrsquoorganisation viole les principes mis en œuvreconformeacutement aux FAQ ou

b) ougrave il est fort probable que les principes sont violeacutes ougrave il y a tout lieu de croire que lrsquoinstancedrsquoapplication concerneacutee ne prend pas ou ne prendra pas en temps voulu les mesures quisrsquoimposent en vue de reacutegler lrsquoaffaire en question ougrave la poursuite du transfert ferait courir auxpersonnes concerneacutees un risque imminent de subir des dommages graves et ougrave les autoriteacutescompeacutetentes des Eacutetats membres se sont raisonnablement efforceacutees compte tenu descirconstances drsquoavertir lrsquoorganisation et de lui donner la possibiliteacute de reacutepondre

La suspension cesse degraves que le respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ estassureacute et que les autoriteacutes compeacutetentes de la Communauteacute en sont aviseacutees

2 Les Eacutetats membres informent sans tarder la Commission de lrsquoadoption de mesures fondeacutees sur leparagraphe 1

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 10 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment aussi mutuellement des cas dans lesquels lesorganismes chargeacutes de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ aux Eacutetats-Unis ne parviennent pas agrave srsquoacquitter de leur tacircche

4 Si les informations recueillies en application des paragraphes 1 2 et 3 montrent qursquounquelconque organisme chargeacute de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQaux Eacutetats-Unis ne remplit pas efficacement sa mission la Commission informe le ministegravere

ameacutericain du commerce et si neacutecessaire propose un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agravela proceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CE en vue drsquoabroger ou de suspendre lapreacutesente deacutecision ou drsquoen limiter la porteacutee

Article 4

1 La preacutesente deacutecision peut ecirctre adapteacutee agrave tout moment agrave la lumiegravere de lrsquoexpeacuterience acquisedurant sa mise en œuvre etou si le niveau de protection assureacute par les principes et les FAQ estdeacutepasseacute par les exigences du droit ameacutericain La Commission eacutevalue en tout eacutetat de causelrsquoapplication de la preacutesente deacutecision sur la base des informations disponibles trois ans apregraves sa

notification aux Eacutetats membres et communique au comiteacute institueacute au titre de lrsquoarticle 31 de ladirective 9546CE toute constatation pertinente y compris tout eacuteleacutement susceptible drsquoinfluer sur

lrsquoeacutevaluation selon laquelle les dispositions de lrsquoarticle 1er de la preacutesente deacutecision assurent un niveaude protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE et toute information montrantque la preacutesente deacutecision est appliqueacutee de maniegravere discriminatoire

2 La Commission preacutesente si neacutecessaire un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agrave laproceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CEraquo

8 Lrsquoannexe I de la deacutecision 2000520 est ainsi libelleacutee

laquoPrincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacutee

publieacutes par le ministegravere ameacutericain du commerce le 21 juillet 2000

[]

[] le ministegravere ameacutericain du commerce publie le preacutesent document (lsquoles principesrsquo) ainsi que leslsquoquestions souvent poseacuteesrsquo (FAQ) en vertu de son autoriteacute leacutegale afin de stimuler de promouvoir etde deacutevelopper le commerce international Les principes ont eacuteteacute eacutelaboreacutes en concertation avec lesentreprises et le grand public dans le but de faciliter le commerce et les relations drsquoaffaires entre lesEacutetats-Unis et lrsquoUnion europeacuteenne Ils sont exclusivement destineacutes aux organisations ameacutericainesrecevant des donneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doiventpermettre agrave ces organisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agravebeacuteneacuteficier de la preacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ci Comme lesprincipes nrsquoont eacuteteacute conccedilus que pour servir cet objectif speacutecifique leur adoption agrave drsquoautres fins peutsrsquoaveacuterer inadeacutequate []

Toute organisation est libre de remplir ou non les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo etdispose de plusieurs moyens pour srsquoy conformer []

Lrsquoadheacutesion aux principes peut ecirctre limiteacutee par a) les exigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unis b) les textes leacutegislatifs les regraveglementsadministratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent des obligations contradictoires ou

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 11 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisation qui a recours agrave une telleautorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute aux mesures neacutecessaires pourgarantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agrave servir c) les exceptions ou lesdeacuterogations preacutevues par la directive ou par le droit national agrave condition que ces exceptions oudeacuterogations soient appliqueacutees dans des contextes comparables Conformeacutement agrave lrsquoobjectif drsquounrenforcement de la protection de la vie priveacutee les organisations doivent srsquoefforcer drsquoappliquer cesprincipes de maniegravere complegravete et transparente y compris en indiquant ndash dans leurs codes de

protection de la vie priveacutee ndash dans quels domaines les exceptions viseacutees au point b) ci-dessussrsquoappliqueront de faccedilon reacuteguliegravere Pour la mecircme raison lorsque les principes etou les lois des Eacutetats-Unis permettent aux organisations de faire un choix celles-ci sont inviteacutees agrave opter dans la mesuredu possible pour le niveau de protection le plus eacuteleveacute

[]raquo

9 Lrsquoannexe II de la deacutecision 2000520 est reacutedigeacutee comme suit

laquoQuestions souvent poseacutees (FAQ)

[]

FAQ 6 ndash Autocertification

Q Comment une organisation autocertifie-t-elle qursquoelle adhegravere aux principes de la lsquosphegravere de

seacutecuriteacutersquo

R Les avantages affeacuterents agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont acquis agrave partir de la date agrave laquelle uneorganisation autocertifie au ministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee parcelui-ci) qursquoelle adhegravere aux principes conformeacutement aux modaliteacutes ci-dessous

Pour autocertifier son adheacutesion agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo une organisation peut remettre auministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee par celui-ci) une lettre signeacuteedrsquoun cadre de ladite organisation contenant au moins les informations suivantes

1) le nom de lrsquoorganisation son adresse postale son adresse eacutelectronique ses numeacuteros deteacuteleacutephone et de teacuteleacutecopieur

2) une description des activiteacutes de lrsquoorganisation relativement aux informations agrave caractegraverepersonnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne

3) une description des dispositions de protection de la vie priveacutee appliqueacutees parlrsquoorganisation auxdites informations preacutecisant a) le lieu ougrave le texte de ces dispositionspeut ecirctre consulteacute par le public b) la date de mise en œuvre de ces dispositions c) leservice agrave contacter en cas de plainte pour des demandes drsquoaccegraves et pour toute autrequestion relevant de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo d) le nom de lrsquoinstance reacuteglementairespeacutecifique qui est chargeacutee de statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le cas eacutecheacuteant contrelrsquoorganisation pour pratiques deacuteloyales ou frauduleuses et pour infraction aux lois ouaux reacuteglementations reacutegissant la protection de la vie priveacutee (et qui est mentionneacutee danslrsquoannexe aux principes) e) lrsquointituleacute de tout programme relatif agrave la protection de la viepriveacutee auquel participe lrsquoorganisation f) la meacutethode de veacuterification (par exemple en

interne ou par des tiers) [] et g) lrsquoinstance de recours indeacutependante qui pourra instruireles plaintes non reacutesolues

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 12 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Une organisation peut eacutetendre les avantages de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo agrave des informations detype lsquoressources humainesrsquo qui sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne afin drsquoecirctre utiliseacuteesdans le cadre de relations de travail lorsque lrsquoune des instances reacuteglementaires mentionneacuteesdans lrsquoannexe aux principes est compeacutetente pour statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le caseacutecheacuteant contre ladite organisation dans le domaine des informations de type lsquoressourceshumainesrsquo []

Le ministegravere (ou la personne deacutesigneacutee par celui-ci) tiendra une liste de lrsquoensemble desorganisations qui suivent cette proceacutedure garantissant ainsi les avantages de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo et mettra agrave jour cette liste sur la base des lettres et notifications reccedilues chaque anneacuteeen conformiteacute avec la FAQ 11 []

[]

FAQ 11 mdash Reacutesolution des litiges et application des deacutecisions

Q Comment les exigences en matiegravere de reacutesolution des litiges formuleacutees dans le principe

drsquoapplication doivent-elles ecirctre mises en œuvre et comment le non-respect persistant des

principes de la part drsquoune organisation sera-t-il traiteacute

R Le principe drsquoapplication deacutefinit les exigences sur lesquelles repose la mise en œuvre de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo La FAQ sur la veacuterification (FAQ 7) explique la maniegravere de satisfaire lesexigences eacutenonceacutees au point b) du principe La preacutesente FAQ 11 traite des points a) et c) quineacutecessitent tous deux des instances de recours indeacutependantes Ces instances peuvent prendrediffeacuterentes formes mais doivent reacutepondre aux exigences du principe drsquoapplication Lesorganisations participant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo peuvent les satisfaire 1) en participant agrave desprogrammes du secteur priveacute en matiegravere de protection de la vie priveacutee inteacutegrant dans leursregravegles les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo et comportant des meacutecanismes de mise en œuvre

efficaces de mecircme nature que ceux qui sont deacutecrits dans le principe drsquoapplication 2) en seconformant aux instructions des organes leacutegaux ou statutaires de surveillance qui assurent letraitement des plaintes de particuliers et la reacutesolution des litiges 3) en srsquoengageant agrave coopeacutereravec les autoriteacutes chargeacutees de la protection des donneacutees au sein de la Communauteacuteeuropeacuteenne ou avec leurs repreacutesentants autoriseacutes La preacutesente liste a valeur indicative et nrsquoestpas restrictive Le secteur priveacute peut concevoir drsquoautres meacutecanismes de mise en applicationpour autant que ceux-ci reacutepondent aux exigences du principe drsquoapplication et des FAQ Ilconvient de remarquer que les exigences du principe drsquoapplication srsquoajoutent agrave lrsquoexigenceeacutenonceacutee au paragraphe 3 de lrsquointroduction aux principes selon laquelle les initiativesdrsquoautoreacuteglementation doivent ecirctre exeacutecutoires conformeacutement agrave la section 5 du Federal Trade

Commission Act ou agrave une loi similaireInstances de recours

Les consommateurs devraient ecirctre encourageacutes agrave soumettre toute plainte eacuteventuelle agravelrsquoorganisation concerneacutee avant de faire appel agrave des instances de recours indeacutependantes []

[]

Action de la FTC

La FTC srsquoest engageacutee agrave examiner en prioriteacute les cas soumis par les organisationsdrsquoautoreacuteglementation telles que BBBOnline et TRUSTe ainsi que par les Eacutetats membres delrsquoUnion europeacuteenne en ce qui concerne le non-respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 4: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 4 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

(63) [] ces autoriteacutes doivent ecirctre doteacutees des moyens neacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircchesqursquoil srsquoagisse des pouvoirs drsquoinvestigation et drsquointervention en particulier lorsque les autoriteacutessont saisies de reacuteclamations ou du pouvoir drsquoester en justice []raquo

4 Les articles 1er 2 25 26 28 et 31 de la directive 9546 disposent

laquoArticle premier

Objet de la directive

1 Les Eacutetats membres assurent conformeacutement agrave la preacutesente directive la protection des liberteacutes etdroits fondamentaux des personnes physiques notamment de leur vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard du traitementdes donneacutees agrave caractegravere personnel

[]

Article 2

Deacutefinitions

Aux fins de la preacutesente directive on entend par

a) lsquodonneacutees agrave caractegravere personnelrsquo toute information concernant une personne physiqueidentifieacutee ou identifiable (personne concerneacutee) est reacuteputeacutee identifiable une personne qui peutecirctre identifieacutee directement ou indirectement notamment par reacutefeacuterence agrave un numeacuterodrsquoidentification ou agrave un ou plusieurs eacuteleacutements speacutecifiques propres agrave son identiteacute physiquephysiologique psychique eacuteconomique culturelle ou sociale

b) lsquotraitement de donneacutees agrave caractegravere personnelrsquo (traitement) toute opeacuteration ou ensembledrsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaide de proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agravecaractegravere personnel telles que la collecte lrsquoenregistrement lrsquoorganisation la conservationlrsquoadaptation ou la modification lrsquoextraction la consultation lrsquoutilisation la communicationpar transmission diffusion ou toute autre forme de mise agrave disposition le rapprochement oulrsquointerconnexion ainsi que le verrouillage lrsquoeffacement ou la destruction

[]

d) lsquoresponsable du traitementrsquo la personne physique ou morale lrsquoautoriteacute publique le service outout autre organisme qui seul ou conjointement avec drsquoautres deacutetermine les finaliteacutes et les

moyens du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel lorsque les finaliteacutes et les moyens dutraitement sont deacutetermineacutes par des dispositions leacutegislatives ou reacuteglementaires nationales oucommunautaires le responsable du traitement ou les critegraveres speacutecifiques pour le deacutesignerpeuvent ecirctre fixeacutes par le droit national ou communautaire

[]

Article 25

Principes

1 Les Eacutetats membres preacutevoient que le transfert vers un pays tiers de donneacutees agrave caractegraverepersonnel faisant lrsquoobjet drsquoun traitement ou destineacutees agrave faire lrsquoobjet drsquoun traitement apregraves leur

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 5 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

transfert ne peut avoir lieu que si sous reacuteserve du respect des dispositions nationales prises enapplication des autres dispositions de la preacutesente directive le pays tiers en question assure un niveaude protection adeacutequat

2 Le caractegravere adeacutequat du niveau de protection offert par un pays tiers srsquoappreacutecie au regard detoutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agrave une cateacutegorie de transferts de donneacutees enparticulier sont prises en consideacuteration la nature des donneacutees la finaliteacute et la dureacutee du ou des

traitements envisageacutes les pays drsquoorigine et de destination finale les regravegles de droit geacuteneacuterales ousectorielles en vigueur dans le pays tiers en cause ainsi que les regravegles professionnelles et lesmesures de seacutecuriteacute qui y sont respecteacutees

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment mutuellement des cas dans lesquels ilsestiment qursquoun pays tiers nrsquoassure pas un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2

4 Lorsque la Commission constate conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31paragraphe 2 qursquoun pays tiers nrsquoassure pas un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2du preacutesent article les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires en vue drsquoempecirccher tout

transfert de mecircme nature vers le pays tiers en cause5 La Commission engage au moment opportun des neacutegociations en vue de remeacutedier agrave lasituation reacutesultant de la constatation faite en application du paragraphe 4

6 La Commission peut constater conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31 paragraphe2 qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2 du preacutesentarticle en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux souscritsnotamment agrave lrsquoissue des neacutegociations viseacutees au paragraphe 5 en vue de la protection de la vie priveacuteeet des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

Les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave la deacutecision de laCommission

Article 26

Deacuterogations

1 Par deacuterogation agrave lrsquoarticle 25 et sous reacuteserve de dispositions contraires de leur droit nationalreacutegissant des cas particuliers les Eacutetats membres preacutevoient qursquoun transfert de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers un pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25paragraphe 2 peut ecirctre effectueacute agrave condition que

a) la personne concerneacutee ait indubitablement donneacute son consentement au transfert envisageacute

ou

b) le transfert soit neacutecessaire agrave lrsquoexeacutecution drsquoun contrat entre la personne concerneacutee et leresponsable du traitement ou agrave lrsquoexeacutecution de mesures preacutecontractuelles prises agrave la demandede la personne concerneacutee

ou

c) le transfert soit neacutecessaire agrave la conclusion ou agrave lrsquoexeacutecution drsquoun contrat conclu ou agrave concluredans lrsquointeacuterecirct de la personne concerneacutee entre le responsable du traitement et un tiers

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 6 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ou

d) le transfert soit neacutecessaire ou rendu juridiquement obligatoire pour la sauvegarde drsquoun inteacuterecirctpublic important ou pour la constatation lrsquoexercice ou la deacutefense drsquoun droit en justice

ou

e) le transfert soit neacutecessaire agrave la sauvegarde de lrsquointeacuterecirct vital de la personne concerneacuteeou

f) le transfert intervienne au deacutepart drsquoun registre public qui en vertu de dispositions leacutegislativesou reacuteglementaires est destineacute agrave lrsquoinformation du public et est ouvert agrave la consultation dupublic ou de toute personne justifiant drsquoun inteacuterecirct leacutegitime dans la mesure ougrave les conditionsleacutegales pour la consultation sont remplies dans le cas particulier

2 Sans preacutejudice du paragraphe 1 un Eacutetat membre peut autoriser un transfert ou un ensemble detransferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection

adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 paragraphe 2 lorsque le responsable du traitement offre des garantiessuffisantes au regard de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux despersonnes ainsi qursquoagrave lrsquoeacutegard de lrsquoexercice des droits correspondants ces garanties peuventnotamment reacutesulter de clauses contractuelles approprieacutees

3 LrsquoEacutetat membre informe la Commission et les autres Eacutetats membres des autorisations qursquoilaccorde en application du paragraphe 2

En cas drsquoopposition exprimeacutee par un autre Eacutetat membre ou par la Commission et ducircment justifieacutee auregard de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes la

Commission arrecircte les mesures approprieacutees conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31paragraphe 2

Les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave la deacutecision de laCommission

[]

Article 28

Autoriteacute de controcircle

1 Chaque Eacutetat membre preacutevoit qursquoune ou plusieurs autoriteacutes publiques sont chargeacutees desurveiller lrsquoapplication sur son territoire des dispositions adopteacutees par les Eacutetats membres enapplication de la preacutesente directive

Ces autoriteacutes exercent en toute indeacutependance les missions dont elles sont investies

2 Chaque Eacutetat membre preacutevoit que les autoriteacutes de controcircle sont consulteacutees lors de lrsquoeacutelaborationdes mesures reacuteglementaires ou administratives relatives agrave la protection des droits et liberteacutes despersonnes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel

3 Chaque autoriteacute de controcircle dispose notamment

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 7 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ndash de pouvoirs drsquoinvestigation tels que le pouvoir drsquoacceacuteder aux donneacutees faisant lrsquoobjet drsquountraitement et de recueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de samission de controcircle

ndash de pouvoirs effectifs drsquointervention tels que par exemple celui de rendre des avispreacutealablement agrave la mise en œuvre des traitements conformeacutement agrave lrsquoarticle 20 et drsquoassurerune publication approprieacutee de ces avis ou celui drsquoordonner le verrouillage lrsquoeffacement ou la

destruction de donneacutees ou drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement un traitement oucelui drsquoadresser un avertissement ou une admonestation au responsable du traitement ou celuide saisir les parlements nationaux ou drsquoautres institutions politiques

ndash du pouvoir drsquoester en justice en cas de violation des dispositions nationales prises enapplication de la preacutesente directive ou du pouvoir de porter ces violations agrave la connaissance delrsquoautoriteacute judiciaire

Les deacutecisions de lrsquoautoriteacute de controcircle faisant grief peuvent faire lrsquoobjet drsquoun recours juridictionnel

4 Chaque autoriteacute de controcircle peut ecirctre saisie par toute personne ou par une association larepreacutesentant drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde donneacutees agrave caractegravere personnel La personne concerneacutee est informeacutee des suites donneacutees agrave sademande

Chaque autoriteacute de controcircle peut en particulier ecirctre saisie par toute personne drsquoune demande deveacuterification de la liceacuteiteacute drsquoun traitement lorsque les dispositions nationales prises en vertu delrsquoarticle 13 de la preacutesente directive sont drsquoapplication La personne est agrave tout le moins informeacutee dece qursquoune veacuterification a eu lieu

[]

6 Indeacutependamment du droit national applicable au traitement en cause chaque autoriteacute decontrocircle a compeacutetence pour exercer sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve les pouvoirsdont elle est investie conformeacutement au paragraphe 3 Chaque autoriteacute peut ecirctre appeleacutee agrave exercer sespouvoirs sur demande drsquoune autoriteacute drsquoun autre Eacutetat membre

[]

Article 31

[]

2 Dans le cas ougrave il est fait reacutefeacuterence au preacutesent article les articles 4 et 7 de la deacutecision1999468CE [du Conseil du 28 juin 1999 fixant les modaliteacutes de lrsquoexercice des compeacutetencesdrsquoexeacutecution confeacutereacutees agrave la Commission (JO L 184 p 23)] srsquoappliquent dans le respect desdispositions de lrsquoarticle 8 de celle-ci

[]raquo

La deacutecision 2000520

5 La deacutecision 2000520 a eacuteteacute adopteacutee par la Commission sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 8 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

6 Les consideacuterants 2 5 et 8 de cette deacutecision sont libelleacutes comme suit

laquo(2) La Commission peut constater qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequatDans ce cas des donneacutees agrave caractegravere personnel peuvent ecirctre transfeacutereacutees sans que des garantiessuppleacutementaires soient neacutecessaires

[]

(5) Le niveau de protection adeacutequat pour le transfert de donneacutees de la Communauteacute vers lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique reconnu conformeacutement agrave la preacutesente deacutecision devrait ecirctre obtenu siles organisations respectent les ldquoprincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection dela vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principesrsquo) et les lsquoquestions souvent poseacuteesrsquolsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ) qui fournissent des orientations pour la mise en œuvre desprincipes publieacutes par le gouvernement des Eacutetats-Unis le 21 juillet 2000 En outre lesorganisations devraient divulguer leurs regravegles de confidentialiteacute et relever de la compeacutetence dela Commission feacutedeacuterale du commerce [Federal Trade Commission (FTC)] au titre de lasection 5 du Federal Trade Commission Act qui interdit les manœuvres et les pratiques

deacuteloyales ou frauduleuses dans le domaine du commerce ou de tout autre organisme officielassurant efficacement la mise en œuvre des principes conformeacutement aux FAQ

[]

(8) Dans un souci de transparence et en vue de permettre aux autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetatsmembres drsquoassurer la protection des individus en ce qui concerne le traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel il est neacutecessaire drsquoindiquer dans la deacutecision dans quelles circonstancesexceptionnelles la suspension de certains flux de donneacutees peut ecirctre justifieacutee mecircme si le niveaude protection fourni a eacuteteacute jugeacute adeacutequatraquo

7 Aux termes des articles 1er agrave 4 de la deacutecision 2000520

laquoArticle premier

1 Aux fins de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE pour toutes les activiteacutes rentrant dans ledomaine drsquoapplication de ladite directive il est consideacutereacute que les ldquoprincipes de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principes viseacutes agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecisionrsquo) appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les lsquoquestionssouvent poseacuteesrsquo [lsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ)] publieacutees le 21 juillet 2000 par le ministegravere ducommerce des Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique viseacutees agrave lrsquoannexe II de la preacutesente deacutecision assurent un

niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegravere personnel transfeacutereacutees depuis la Communauteacutevers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis compte tenu des documents suivants eacutemis par leministegravere du commerce des Eacutetats-Unis

a) une eacutetude relative agrave la mise en œuvre des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute viseacutee agrave lrsquoannexeIII

b) un aide-meacutemoire sur la reacuteparation des preacutejudices subis par suite drsquoatteintes agrave la vie priveacutee etsur les autorisations explicites preacutevues par le droit ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe IV

c) une lettre de la Commission feacutedeacuterale du commerce viseacutee agrave lrsquoannexe V

d) une lettre du ministegravere des transports des Eacutetats-Unis viseacutee agrave lrsquoannexe VI

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 9 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

2 En ce qui concerne chaque transfert de donneacutees les conditions suivantes doivent ecirctre remplies

a) lrsquoorganisation destinataire des donneacutees srsquoest clairement et publiquement engageacutee agrave observerles principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ et

b) lrsquoorganisation est soumise aux pouvoirs leacutegaux drsquoun organe administratif ameacutericain eacutenumeacutereacute agravelrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision habiliteacute agrave instruire des plaintes et agrave obtenir des mesures

de redressement contre les pratiques deacuteloyales ou frauduleuses ainsi que la reacuteparation despreacutejudices subis par les personnes concerneacutees quel que soit leur pays de reacutesidence ou leurnationaliteacute en cas de non-respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ

3 Les conditions indiqueacutees au paragraphe 2 sont consideacutereacutees comme remplies par chaqueorganisation qui a deacuteclareacute son adheacutesion aux principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ agravecompter de la date agrave laquelle elle avise le ministegravere ameacutericain du commerce (ou son repreacutesentant) dela divulgation de lrsquoengagement viseacute au paragraphe 2 point a) et de lrsquoidentiteacute de lrsquoorganeadministratif viseacute au paragraphe 2 point b)

Article 2

La preacutesente deacutecision concerne uniquement le caractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences delrsquoarticle 25 paragraphe 1 de la directive 9546CE et nrsquoaffecte pas lrsquoapplication drsquoautresdispositions de ladite directive qui se rapportent au traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel dansles Eacutetats membres et notamment de son article 4

Article 3

1 Sans preacutejudice de leurs pouvoirs de prendre des mesures visant agrave assurer le respect des

dispositions nationales adopteacutees en application de dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de ladirective 9546CE les autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetats membres peuvent exercer les pouvoirs dontelles disposent pour suspendre les flux de donneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes misen œuvre conformeacutement aux FAQ afin de proteacuteger les individus en ce qui concerne le traitement deleurs donneacutees personnelles et ce dans les cas

a) ougrave lrsquoorgane administratif ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision ou uneinstance indeacutependante de recours au sens du point a) du principe drsquoapplication viseacute agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecision a constateacute que lrsquoorganisation viole les principes mis en œuvreconformeacutement aux FAQ ou

b) ougrave il est fort probable que les principes sont violeacutes ougrave il y a tout lieu de croire que lrsquoinstancedrsquoapplication concerneacutee ne prend pas ou ne prendra pas en temps voulu les mesures quisrsquoimposent en vue de reacutegler lrsquoaffaire en question ougrave la poursuite du transfert ferait courir auxpersonnes concerneacutees un risque imminent de subir des dommages graves et ougrave les autoriteacutescompeacutetentes des Eacutetats membres se sont raisonnablement efforceacutees compte tenu descirconstances drsquoavertir lrsquoorganisation et de lui donner la possibiliteacute de reacutepondre

La suspension cesse degraves que le respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ estassureacute et que les autoriteacutes compeacutetentes de la Communauteacute en sont aviseacutees

2 Les Eacutetats membres informent sans tarder la Commission de lrsquoadoption de mesures fondeacutees sur leparagraphe 1

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 10 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment aussi mutuellement des cas dans lesquels lesorganismes chargeacutes de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ aux Eacutetats-Unis ne parviennent pas agrave srsquoacquitter de leur tacircche

4 Si les informations recueillies en application des paragraphes 1 2 et 3 montrent qursquounquelconque organisme chargeacute de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQaux Eacutetats-Unis ne remplit pas efficacement sa mission la Commission informe le ministegravere

ameacutericain du commerce et si neacutecessaire propose un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agravela proceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CE en vue drsquoabroger ou de suspendre lapreacutesente deacutecision ou drsquoen limiter la porteacutee

Article 4

1 La preacutesente deacutecision peut ecirctre adapteacutee agrave tout moment agrave la lumiegravere de lrsquoexpeacuterience acquisedurant sa mise en œuvre etou si le niveau de protection assureacute par les principes et les FAQ estdeacutepasseacute par les exigences du droit ameacutericain La Commission eacutevalue en tout eacutetat de causelrsquoapplication de la preacutesente deacutecision sur la base des informations disponibles trois ans apregraves sa

notification aux Eacutetats membres et communique au comiteacute institueacute au titre de lrsquoarticle 31 de ladirective 9546CE toute constatation pertinente y compris tout eacuteleacutement susceptible drsquoinfluer sur

lrsquoeacutevaluation selon laquelle les dispositions de lrsquoarticle 1er de la preacutesente deacutecision assurent un niveaude protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE et toute information montrantque la preacutesente deacutecision est appliqueacutee de maniegravere discriminatoire

2 La Commission preacutesente si neacutecessaire un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agrave laproceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CEraquo

8 Lrsquoannexe I de la deacutecision 2000520 est ainsi libelleacutee

laquoPrincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacutee

publieacutes par le ministegravere ameacutericain du commerce le 21 juillet 2000

[]

[] le ministegravere ameacutericain du commerce publie le preacutesent document (lsquoles principesrsquo) ainsi que leslsquoquestions souvent poseacuteesrsquo (FAQ) en vertu de son autoriteacute leacutegale afin de stimuler de promouvoir etde deacutevelopper le commerce international Les principes ont eacuteteacute eacutelaboreacutes en concertation avec lesentreprises et le grand public dans le but de faciliter le commerce et les relations drsquoaffaires entre lesEacutetats-Unis et lrsquoUnion europeacuteenne Ils sont exclusivement destineacutes aux organisations ameacutericainesrecevant des donneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doiventpermettre agrave ces organisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agravebeacuteneacuteficier de la preacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ci Comme lesprincipes nrsquoont eacuteteacute conccedilus que pour servir cet objectif speacutecifique leur adoption agrave drsquoautres fins peutsrsquoaveacuterer inadeacutequate []

Toute organisation est libre de remplir ou non les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo etdispose de plusieurs moyens pour srsquoy conformer []

Lrsquoadheacutesion aux principes peut ecirctre limiteacutee par a) les exigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unis b) les textes leacutegislatifs les regraveglementsadministratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent des obligations contradictoires ou

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 11 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisation qui a recours agrave une telleautorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute aux mesures neacutecessaires pourgarantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agrave servir c) les exceptions ou lesdeacuterogations preacutevues par la directive ou par le droit national agrave condition que ces exceptions oudeacuterogations soient appliqueacutees dans des contextes comparables Conformeacutement agrave lrsquoobjectif drsquounrenforcement de la protection de la vie priveacutee les organisations doivent srsquoefforcer drsquoappliquer cesprincipes de maniegravere complegravete et transparente y compris en indiquant ndash dans leurs codes de

protection de la vie priveacutee ndash dans quels domaines les exceptions viseacutees au point b) ci-dessussrsquoappliqueront de faccedilon reacuteguliegravere Pour la mecircme raison lorsque les principes etou les lois des Eacutetats-Unis permettent aux organisations de faire un choix celles-ci sont inviteacutees agrave opter dans la mesuredu possible pour le niveau de protection le plus eacuteleveacute

[]raquo

9 Lrsquoannexe II de la deacutecision 2000520 est reacutedigeacutee comme suit

laquoQuestions souvent poseacutees (FAQ)

[]

FAQ 6 ndash Autocertification

Q Comment une organisation autocertifie-t-elle qursquoelle adhegravere aux principes de la lsquosphegravere de

seacutecuriteacutersquo

R Les avantages affeacuterents agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont acquis agrave partir de la date agrave laquelle uneorganisation autocertifie au ministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee parcelui-ci) qursquoelle adhegravere aux principes conformeacutement aux modaliteacutes ci-dessous

Pour autocertifier son adheacutesion agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo une organisation peut remettre auministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee par celui-ci) une lettre signeacuteedrsquoun cadre de ladite organisation contenant au moins les informations suivantes

1) le nom de lrsquoorganisation son adresse postale son adresse eacutelectronique ses numeacuteros deteacuteleacutephone et de teacuteleacutecopieur

2) une description des activiteacutes de lrsquoorganisation relativement aux informations agrave caractegraverepersonnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne

3) une description des dispositions de protection de la vie priveacutee appliqueacutees parlrsquoorganisation auxdites informations preacutecisant a) le lieu ougrave le texte de ces dispositionspeut ecirctre consulteacute par le public b) la date de mise en œuvre de ces dispositions c) leservice agrave contacter en cas de plainte pour des demandes drsquoaccegraves et pour toute autrequestion relevant de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo d) le nom de lrsquoinstance reacuteglementairespeacutecifique qui est chargeacutee de statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le cas eacutecheacuteant contrelrsquoorganisation pour pratiques deacuteloyales ou frauduleuses et pour infraction aux lois ouaux reacuteglementations reacutegissant la protection de la vie priveacutee (et qui est mentionneacutee danslrsquoannexe aux principes) e) lrsquointituleacute de tout programme relatif agrave la protection de la viepriveacutee auquel participe lrsquoorganisation f) la meacutethode de veacuterification (par exemple en

interne ou par des tiers) [] et g) lrsquoinstance de recours indeacutependante qui pourra instruireles plaintes non reacutesolues

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 12 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Une organisation peut eacutetendre les avantages de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo agrave des informations detype lsquoressources humainesrsquo qui sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne afin drsquoecirctre utiliseacuteesdans le cadre de relations de travail lorsque lrsquoune des instances reacuteglementaires mentionneacuteesdans lrsquoannexe aux principes est compeacutetente pour statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le caseacutecheacuteant contre ladite organisation dans le domaine des informations de type lsquoressourceshumainesrsquo []

Le ministegravere (ou la personne deacutesigneacutee par celui-ci) tiendra une liste de lrsquoensemble desorganisations qui suivent cette proceacutedure garantissant ainsi les avantages de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo et mettra agrave jour cette liste sur la base des lettres et notifications reccedilues chaque anneacuteeen conformiteacute avec la FAQ 11 []

[]

FAQ 11 mdash Reacutesolution des litiges et application des deacutecisions

Q Comment les exigences en matiegravere de reacutesolution des litiges formuleacutees dans le principe

drsquoapplication doivent-elles ecirctre mises en œuvre et comment le non-respect persistant des

principes de la part drsquoune organisation sera-t-il traiteacute

R Le principe drsquoapplication deacutefinit les exigences sur lesquelles repose la mise en œuvre de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo La FAQ sur la veacuterification (FAQ 7) explique la maniegravere de satisfaire lesexigences eacutenonceacutees au point b) du principe La preacutesente FAQ 11 traite des points a) et c) quineacutecessitent tous deux des instances de recours indeacutependantes Ces instances peuvent prendrediffeacuterentes formes mais doivent reacutepondre aux exigences du principe drsquoapplication Lesorganisations participant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo peuvent les satisfaire 1) en participant agrave desprogrammes du secteur priveacute en matiegravere de protection de la vie priveacutee inteacutegrant dans leursregravegles les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo et comportant des meacutecanismes de mise en œuvre

efficaces de mecircme nature que ceux qui sont deacutecrits dans le principe drsquoapplication 2) en seconformant aux instructions des organes leacutegaux ou statutaires de surveillance qui assurent letraitement des plaintes de particuliers et la reacutesolution des litiges 3) en srsquoengageant agrave coopeacutereravec les autoriteacutes chargeacutees de la protection des donneacutees au sein de la Communauteacuteeuropeacuteenne ou avec leurs repreacutesentants autoriseacutes La preacutesente liste a valeur indicative et nrsquoestpas restrictive Le secteur priveacute peut concevoir drsquoautres meacutecanismes de mise en applicationpour autant que ceux-ci reacutepondent aux exigences du principe drsquoapplication et des FAQ Ilconvient de remarquer que les exigences du principe drsquoapplication srsquoajoutent agrave lrsquoexigenceeacutenonceacutee au paragraphe 3 de lrsquointroduction aux principes selon laquelle les initiativesdrsquoautoreacuteglementation doivent ecirctre exeacutecutoires conformeacutement agrave la section 5 du Federal Trade

Commission Act ou agrave une loi similaireInstances de recours

Les consommateurs devraient ecirctre encourageacutes agrave soumettre toute plainte eacuteventuelle agravelrsquoorganisation concerneacutee avant de faire appel agrave des instances de recours indeacutependantes []

[]

Action de la FTC

La FTC srsquoest engageacutee agrave examiner en prioriteacute les cas soumis par les organisationsdrsquoautoreacuteglementation telles que BBBOnline et TRUSTe ainsi que par les Eacutetats membres delrsquoUnion europeacuteenne en ce qui concerne le non-respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 5: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 5 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

transfert ne peut avoir lieu que si sous reacuteserve du respect des dispositions nationales prises enapplication des autres dispositions de la preacutesente directive le pays tiers en question assure un niveaude protection adeacutequat

2 Le caractegravere adeacutequat du niveau de protection offert par un pays tiers srsquoappreacutecie au regard detoutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agrave une cateacutegorie de transferts de donneacutees enparticulier sont prises en consideacuteration la nature des donneacutees la finaliteacute et la dureacutee du ou des

traitements envisageacutes les pays drsquoorigine et de destination finale les regravegles de droit geacuteneacuterales ousectorielles en vigueur dans le pays tiers en cause ainsi que les regravegles professionnelles et lesmesures de seacutecuriteacute qui y sont respecteacutees

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment mutuellement des cas dans lesquels ilsestiment qursquoun pays tiers nrsquoassure pas un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2

4 Lorsque la Commission constate conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31paragraphe 2 qursquoun pays tiers nrsquoassure pas un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2du preacutesent article les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires en vue drsquoempecirccher tout

transfert de mecircme nature vers le pays tiers en cause5 La Commission engage au moment opportun des neacutegociations en vue de remeacutedier agrave lasituation reacutesultant de la constatation faite en application du paragraphe 4

6 La Commission peut constater conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31 paragraphe2 qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat au sens du paragraphe 2 du preacutesentarticle en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux souscritsnotamment agrave lrsquoissue des neacutegociations viseacutees au paragraphe 5 en vue de la protection de la vie priveacuteeet des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

Les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave la deacutecision de laCommission

Article 26

Deacuterogations

1 Par deacuterogation agrave lrsquoarticle 25 et sous reacuteserve de dispositions contraires de leur droit nationalreacutegissant des cas particuliers les Eacutetats membres preacutevoient qursquoun transfert de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers un pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25paragraphe 2 peut ecirctre effectueacute agrave condition que

a) la personne concerneacutee ait indubitablement donneacute son consentement au transfert envisageacute

ou

b) le transfert soit neacutecessaire agrave lrsquoexeacutecution drsquoun contrat entre la personne concerneacutee et leresponsable du traitement ou agrave lrsquoexeacutecution de mesures preacutecontractuelles prises agrave la demandede la personne concerneacutee

ou

c) le transfert soit neacutecessaire agrave la conclusion ou agrave lrsquoexeacutecution drsquoun contrat conclu ou agrave concluredans lrsquointeacuterecirct de la personne concerneacutee entre le responsable du traitement et un tiers

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 6 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ou

d) le transfert soit neacutecessaire ou rendu juridiquement obligatoire pour la sauvegarde drsquoun inteacuterecirctpublic important ou pour la constatation lrsquoexercice ou la deacutefense drsquoun droit en justice

ou

e) le transfert soit neacutecessaire agrave la sauvegarde de lrsquointeacuterecirct vital de la personne concerneacuteeou

f) le transfert intervienne au deacutepart drsquoun registre public qui en vertu de dispositions leacutegislativesou reacuteglementaires est destineacute agrave lrsquoinformation du public et est ouvert agrave la consultation dupublic ou de toute personne justifiant drsquoun inteacuterecirct leacutegitime dans la mesure ougrave les conditionsleacutegales pour la consultation sont remplies dans le cas particulier

2 Sans preacutejudice du paragraphe 1 un Eacutetat membre peut autoriser un transfert ou un ensemble detransferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection

adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 paragraphe 2 lorsque le responsable du traitement offre des garantiessuffisantes au regard de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux despersonnes ainsi qursquoagrave lrsquoeacutegard de lrsquoexercice des droits correspondants ces garanties peuventnotamment reacutesulter de clauses contractuelles approprieacutees

3 LrsquoEacutetat membre informe la Commission et les autres Eacutetats membres des autorisations qursquoilaccorde en application du paragraphe 2

En cas drsquoopposition exprimeacutee par un autre Eacutetat membre ou par la Commission et ducircment justifieacutee auregard de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes la

Commission arrecircte les mesures approprieacutees conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31paragraphe 2

Les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave la deacutecision de laCommission

[]

Article 28

Autoriteacute de controcircle

1 Chaque Eacutetat membre preacutevoit qursquoune ou plusieurs autoriteacutes publiques sont chargeacutees desurveiller lrsquoapplication sur son territoire des dispositions adopteacutees par les Eacutetats membres enapplication de la preacutesente directive

Ces autoriteacutes exercent en toute indeacutependance les missions dont elles sont investies

2 Chaque Eacutetat membre preacutevoit que les autoriteacutes de controcircle sont consulteacutees lors de lrsquoeacutelaborationdes mesures reacuteglementaires ou administratives relatives agrave la protection des droits et liberteacutes despersonnes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel

3 Chaque autoriteacute de controcircle dispose notamment

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 7 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ndash de pouvoirs drsquoinvestigation tels que le pouvoir drsquoacceacuteder aux donneacutees faisant lrsquoobjet drsquountraitement et de recueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de samission de controcircle

ndash de pouvoirs effectifs drsquointervention tels que par exemple celui de rendre des avispreacutealablement agrave la mise en œuvre des traitements conformeacutement agrave lrsquoarticle 20 et drsquoassurerune publication approprieacutee de ces avis ou celui drsquoordonner le verrouillage lrsquoeffacement ou la

destruction de donneacutees ou drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement un traitement oucelui drsquoadresser un avertissement ou une admonestation au responsable du traitement ou celuide saisir les parlements nationaux ou drsquoautres institutions politiques

ndash du pouvoir drsquoester en justice en cas de violation des dispositions nationales prises enapplication de la preacutesente directive ou du pouvoir de porter ces violations agrave la connaissance delrsquoautoriteacute judiciaire

Les deacutecisions de lrsquoautoriteacute de controcircle faisant grief peuvent faire lrsquoobjet drsquoun recours juridictionnel

4 Chaque autoriteacute de controcircle peut ecirctre saisie par toute personne ou par une association larepreacutesentant drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde donneacutees agrave caractegravere personnel La personne concerneacutee est informeacutee des suites donneacutees agrave sademande

Chaque autoriteacute de controcircle peut en particulier ecirctre saisie par toute personne drsquoune demande deveacuterification de la liceacuteiteacute drsquoun traitement lorsque les dispositions nationales prises en vertu delrsquoarticle 13 de la preacutesente directive sont drsquoapplication La personne est agrave tout le moins informeacutee dece qursquoune veacuterification a eu lieu

[]

6 Indeacutependamment du droit national applicable au traitement en cause chaque autoriteacute decontrocircle a compeacutetence pour exercer sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve les pouvoirsdont elle est investie conformeacutement au paragraphe 3 Chaque autoriteacute peut ecirctre appeleacutee agrave exercer sespouvoirs sur demande drsquoune autoriteacute drsquoun autre Eacutetat membre

[]

Article 31

[]

2 Dans le cas ougrave il est fait reacutefeacuterence au preacutesent article les articles 4 et 7 de la deacutecision1999468CE [du Conseil du 28 juin 1999 fixant les modaliteacutes de lrsquoexercice des compeacutetencesdrsquoexeacutecution confeacutereacutees agrave la Commission (JO L 184 p 23)] srsquoappliquent dans le respect desdispositions de lrsquoarticle 8 de celle-ci

[]raquo

La deacutecision 2000520

5 La deacutecision 2000520 a eacuteteacute adopteacutee par la Commission sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 8 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

6 Les consideacuterants 2 5 et 8 de cette deacutecision sont libelleacutes comme suit

laquo(2) La Commission peut constater qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequatDans ce cas des donneacutees agrave caractegravere personnel peuvent ecirctre transfeacutereacutees sans que des garantiessuppleacutementaires soient neacutecessaires

[]

(5) Le niveau de protection adeacutequat pour le transfert de donneacutees de la Communauteacute vers lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique reconnu conformeacutement agrave la preacutesente deacutecision devrait ecirctre obtenu siles organisations respectent les ldquoprincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection dela vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principesrsquo) et les lsquoquestions souvent poseacuteesrsquolsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ) qui fournissent des orientations pour la mise en œuvre desprincipes publieacutes par le gouvernement des Eacutetats-Unis le 21 juillet 2000 En outre lesorganisations devraient divulguer leurs regravegles de confidentialiteacute et relever de la compeacutetence dela Commission feacutedeacuterale du commerce [Federal Trade Commission (FTC)] au titre de lasection 5 du Federal Trade Commission Act qui interdit les manœuvres et les pratiques

deacuteloyales ou frauduleuses dans le domaine du commerce ou de tout autre organisme officielassurant efficacement la mise en œuvre des principes conformeacutement aux FAQ

[]

(8) Dans un souci de transparence et en vue de permettre aux autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetatsmembres drsquoassurer la protection des individus en ce qui concerne le traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel il est neacutecessaire drsquoindiquer dans la deacutecision dans quelles circonstancesexceptionnelles la suspension de certains flux de donneacutees peut ecirctre justifieacutee mecircme si le niveaude protection fourni a eacuteteacute jugeacute adeacutequatraquo

7 Aux termes des articles 1er agrave 4 de la deacutecision 2000520

laquoArticle premier

1 Aux fins de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE pour toutes les activiteacutes rentrant dans ledomaine drsquoapplication de ladite directive il est consideacutereacute que les ldquoprincipes de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principes viseacutes agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecisionrsquo) appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les lsquoquestionssouvent poseacuteesrsquo [lsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ)] publieacutees le 21 juillet 2000 par le ministegravere ducommerce des Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique viseacutees agrave lrsquoannexe II de la preacutesente deacutecision assurent un

niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegravere personnel transfeacutereacutees depuis la Communauteacutevers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis compte tenu des documents suivants eacutemis par leministegravere du commerce des Eacutetats-Unis

a) une eacutetude relative agrave la mise en œuvre des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute viseacutee agrave lrsquoannexeIII

b) un aide-meacutemoire sur la reacuteparation des preacutejudices subis par suite drsquoatteintes agrave la vie priveacutee etsur les autorisations explicites preacutevues par le droit ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe IV

c) une lettre de la Commission feacutedeacuterale du commerce viseacutee agrave lrsquoannexe V

d) une lettre du ministegravere des transports des Eacutetats-Unis viseacutee agrave lrsquoannexe VI

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 9 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

2 En ce qui concerne chaque transfert de donneacutees les conditions suivantes doivent ecirctre remplies

a) lrsquoorganisation destinataire des donneacutees srsquoest clairement et publiquement engageacutee agrave observerles principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ et

b) lrsquoorganisation est soumise aux pouvoirs leacutegaux drsquoun organe administratif ameacutericain eacutenumeacutereacute agravelrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision habiliteacute agrave instruire des plaintes et agrave obtenir des mesures

de redressement contre les pratiques deacuteloyales ou frauduleuses ainsi que la reacuteparation despreacutejudices subis par les personnes concerneacutees quel que soit leur pays de reacutesidence ou leurnationaliteacute en cas de non-respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ

3 Les conditions indiqueacutees au paragraphe 2 sont consideacutereacutees comme remplies par chaqueorganisation qui a deacuteclareacute son adheacutesion aux principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ agravecompter de la date agrave laquelle elle avise le ministegravere ameacutericain du commerce (ou son repreacutesentant) dela divulgation de lrsquoengagement viseacute au paragraphe 2 point a) et de lrsquoidentiteacute de lrsquoorganeadministratif viseacute au paragraphe 2 point b)

Article 2

La preacutesente deacutecision concerne uniquement le caractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences delrsquoarticle 25 paragraphe 1 de la directive 9546CE et nrsquoaffecte pas lrsquoapplication drsquoautresdispositions de ladite directive qui se rapportent au traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel dansles Eacutetats membres et notamment de son article 4

Article 3

1 Sans preacutejudice de leurs pouvoirs de prendre des mesures visant agrave assurer le respect des

dispositions nationales adopteacutees en application de dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de ladirective 9546CE les autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetats membres peuvent exercer les pouvoirs dontelles disposent pour suspendre les flux de donneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes misen œuvre conformeacutement aux FAQ afin de proteacuteger les individus en ce qui concerne le traitement deleurs donneacutees personnelles et ce dans les cas

a) ougrave lrsquoorgane administratif ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision ou uneinstance indeacutependante de recours au sens du point a) du principe drsquoapplication viseacute agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecision a constateacute que lrsquoorganisation viole les principes mis en œuvreconformeacutement aux FAQ ou

b) ougrave il est fort probable que les principes sont violeacutes ougrave il y a tout lieu de croire que lrsquoinstancedrsquoapplication concerneacutee ne prend pas ou ne prendra pas en temps voulu les mesures quisrsquoimposent en vue de reacutegler lrsquoaffaire en question ougrave la poursuite du transfert ferait courir auxpersonnes concerneacutees un risque imminent de subir des dommages graves et ougrave les autoriteacutescompeacutetentes des Eacutetats membres se sont raisonnablement efforceacutees compte tenu descirconstances drsquoavertir lrsquoorganisation et de lui donner la possibiliteacute de reacutepondre

La suspension cesse degraves que le respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ estassureacute et que les autoriteacutes compeacutetentes de la Communauteacute en sont aviseacutees

2 Les Eacutetats membres informent sans tarder la Commission de lrsquoadoption de mesures fondeacutees sur leparagraphe 1

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 10 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment aussi mutuellement des cas dans lesquels lesorganismes chargeacutes de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ aux Eacutetats-Unis ne parviennent pas agrave srsquoacquitter de leur tacircche

4 Si les informations recueillies en application des paragraphes 1 2 et 3 montrent qursquounquelconque organisme chargeacute de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQaux Eacutetats-Unis ne remplit pas efficacement sa mission la Commission informe le ministegravere

ameacutericain du commerce et si neacutecessaire propose un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agravela proceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CE en vue drsquoabroger ou de suspendre lapreacutesente deacutecision ou drsquoen limiter la porteacutee

Article 4

1 La preacutesente deacutecision peut ecirctre adapteacutee agrave tout moment agrave la lumiegravere de lrsquoexpeacuterience acquisedurant sa mise en œuvre etou si le niveau de protection assureacute par les principes et les FAQ estdeacutepasseacute par les exigences du droit ameacutericain La Commission eacutevalue en tout eacutetat de causelrsquoapplication de la preacutesente deacutecision sur la base des informations disponibles trois ans apregraves sa

notification aux Eacutetats membres et communique au comiteacute institueacute au titre de lrsquoarticle 31 de ladirective 9546CE toute constatation pertinente y compris tout eacuteleacutement susceptible drsquoinfluer sur

lrsquoeacutevaluation selon laquelle les dispositions de lrsquoarticle 1er de la preacutesente deacutecision assurent un niveaude protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE et toute information montrantque la preacutesente deacutecision est appliqueacutee de maniegravere discriminatoire

2 La Commission preacutesente si neacutecessaire un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agrave laproceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CEraquo

8 Lrsquoannexe I de la deacutecision 2000520 est ainsi libelleacutee

laquoPrincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacutee

publieacutes par le ministegravere ameacutericain du commerce le 21 juillet 2000

[]

[] le ministegravere ameacutericain du commerce publie le preacutesent document (lsquoles principesrsquo) ainsi que leslsquoquestions souvent poseacuteesrsquo (FAQ) en vertu de son autoriteacute leacutegale afin de stimuler de promouvoir etde deacutevelopper le commerce international Les principes ont eacuteteacute eacutelaboreacutes en concertation avec lesentreprises et le grand public dans le but de faciliter le commerce et les relations drsquoaffaires entre lesEacutetats-Unis et lrsquoUnion europeacuteenne Ils sont exclusivement destineacutes aux organisations ameacutericainesrecevant des donneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doiventpermettre agrave ces organisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agravebeacuteneacuteficier de la preacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ci Comme lesprincipes nrsquoont eacuteteacute conccedilus que pour servir cet objectif speacutecifique leur adoption agrave drsquoautres fins peutsrsquoaveacuterer inadeacutequate []

Toute organisation est libre de remplir ou non les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo etdispose de plusieurs moyens pour srsquoy conformer []

Lrsquoadheacutesion aux principes peut ecirctre limiteacutee par a) les exigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unis b) les textes leacutegislatifs les regraveglementsadministratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent des obligations contradictoires ou

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 11 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisation qui a recours agrave une telleautorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute aux mesures neacutecessaires pourgarantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agrave servir c) les exceptions ou lesdeacuterogations preacutevues par la directive ou par le droit national agrave condition que ces exceptions oudeacuterogations soient appliqueacutees dans des contextes comparables Conformeacutement agrave lrsquoobjectif drsquounrenforcement de la protection de la vie priveacutee les organisations doivent srsquoefforcer drsquoappliquer cesprincipes de maniegravere complegravete et transparente y compris en indiquant ndash dans leurs codes de

protection de la vie priveacutee ndash dans quels domaines les exceptions viseacutees au point b) ci-dessussrsquoappliqueront de faccedilon reacuteguliegravere Pour la mecircme raison lorsque les principes etou les lois des Eacutetats-Unis permettent aux organisations de faire un choix celles-ci sont inviteacutees agrave opter dans la mesuredu possible pour le niveau de protection le plus eacuteleveacute

[]raquo

9 Lrsquoannexe II de la deacutecision 2000520 est reacutedigeacutee comme suit

laquoQuestions souvent poseacutees (FAQ)

[]

FAQ 6 ndash Autocertification

Q Comment une organisation autocertifie-t-elle qursquoelle adhegravere aux principes de la lsquosphegravere de

seacutecuriteacutersquo

R Les avantages affeacuterents agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont acquis agrave partir de la date agrave laquelle uneorganisation autocertifie au ministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee parcelui-ci) qursquoelle adhegravere aux principes conformeacutement aux modaliteacutes ci-dessous

Pour autocertifier son adheacutesion agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo une organisation peut remettre auministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee par celui-ci) une lettre signeacuteedrsquoun cadre de ladite organisation contenant au moins les informations suivantes

1) le nom de lrsquoorganisation son adresse postale son adresse eacutelectronique ses numeacuteros deteacuteleacutephone et de teacuteleacutecopieur

2) une description des activiteacutes de lrsquoorganisation relativement aux informations agrave caractegraverepersonnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne

3) une description des dispositions de protection de la vie priveacutee appliqueacutees parlrsquoorganisation auxdites informations preacutecisant a) le lieu ougrave le texte de ces dispositionspeut ecirctre consulteacute par le public b) la date de mise en œuvre de ces dispositions c) leservice agrave contacter en cas de plainte pour des demandes drsquoaccegraves et pour toute autrequestion relevant de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo d) le nom de lrsquoinstance reacuteglementairespeacutecifique qui est chargeacutee de statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le cas eacutecheacuteant contrelrsquoorganisation pour pratiques deacuteloyales ou frauduleuses et pour infraction aux lois ouaux reacuteglementations reacutegissant la protection de la vie priveacutee (et qui est mentionneacutee danslrsquoannexe aux principes) e) lrsquointituleacute de tout programme relatif agrave la protection de la viepriveacutee auquel participe lrsquoorganisation f) la meacutethode de veacuterification (par exemple en

interne ou par des tiers) [] et g) lrsquoinstance de recours indeacutependante qui pourra instruireles plaintes non reacutesolues

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 12 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Une organisation peut eacutetendre les avantages de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo agrave des informations detype lsquoressources humainesrsquo qui sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne afin drsquoecirctre utiliseacuteesdans le cadre de relations de travail lorsque lrsquoune des instances reacuteglementaires mentionneacuteesdans lrsquoannexe aux principes est compeacutetente pour statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le caseacutecheacuteant contre ladite organisation dans le domaine des informations de type lsquoressourceshumainesrsquo []

Le ministegravere (ou la personne deacutesigneacutee par celui-ci) tiendra une liste de lrsquoensemble desorganisations qui suivent cette proceacutedure garantissant ainsi les avantages de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo et mettra agrave jour cette liste sur la base des lettres et notifications reccedilues chaque anneacuteeen conformiteacute avec la FAQ 11 []

[]

FAQ 11 mdash Reacutesolution des litiges et application des deacutecisions

Q Comment les exigences en matiegravere de reacutesolution des litiges formuleacutees dans le principe

drsquoapplication doivent-elles ecirctre mises en œuvre et comment le non-respect persistant des

principes de la part drsquoune organisation sera-t-il traiteacute

R Le principe drsquoapplication deacutefinit les exigences sur lesquelles repose la mise en œuvre de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo La FAQ sur la veacuterification (FAQ 7) explique la maniegravere de satisfaire lesexigences eacutenonceacutees au point b) du principe La preacutesente FAQ 11 traite des points a) et c) quineacutecessitent tous deux des instances de recours indeacutependantes Ces instances peuvent prendrediffeacuterentes formes mais doivent reacutepondre aux exigences du principe drsquoapplication Lesorganisations participant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo peuvent les satisfaire 1) en participant agrave desprogrammes du secteur priveacute en matiegravere de protection de la vie priveacutee inteacutegrant dans leursregravegles les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo et comportant des meacutecanismes de mise en œuvre

efficaces de mecircme nature que ceux qui sont deacutecrits dans le principe drsquoapplication 2) en seconformant aux instructions des organes leacutegaux ou statutaires de surveillance qui assurent letraitement des plaintes de particuliers et la reacutesolution des litiges 3) en srsquoengageant agrave coopeacutereravec les autoriteacutes chargeacutees de la protection des donneacutees au sein de la Communauteacuteeuropeacuteenne ou avec leurs repreacutesentants autoriseacutes La preacutesente liste a valeur indicative et nrsquoestpas restrictive Le secteur priveacute peut concevoir drsquoautres meacutecanismes de mise en applicationpour autant que ceux-ci reacutepondent aux exigences du principe drsquoapplication et des FAQ Ilconvient de remarquer que les exigences du principe drsquoapplication srsquoajoutent agrave lrsquoexigenceeacutenonceacutee au paragraphe 3 de lrsquointroduction aux principes selon laquelle les initiativesdrsquoautoreacuteglementation doivent ecirctre exeacutecutoires conformeacutement agrave la section 5 du Federal Trade

Commission Act ou agrave une loi similaireInstances de recours

Les consommateurs devraient ecirctre encourageacutes agrave soumettre toute plainte eacuteventuelle agravelrsquoorganisation concerneacutee avant de faire appel agrave des instances de recours indeacutependantes []

[]

Action de la FTC

La FTC srsquoest engageacutee agrave examiner en prioriteacute les cas soumis par les organisationsdrsquoautoreacuteglementation telles que BBBOnline et TRUSTe ainsi que par les Eacutetats membres delrsquoUnion europeacuteenne en ce qui concerne le non-respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 6: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 6 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ou

d) le transfert soit neacutecessaire ou rendu juridiquement obligatoire pour la sauvegarde drsquoun inteacuterecirctpublic important ou pour la constatation lrsquoexercice ou la deacutefense drsquoun droit en justice

ou

e) le transfert soit neacutecessaire agrave la sauvegarde de lrsquointeacuterecirct vital de la personne concerneacuteeou

f) le transfert intervienne au deacutepart drsquoun registre public qui en vertu de dispositions leacutegislativesou reacuteglementaires est destineacute agrave lrsquoinformation du public et est ouvert agrave la consultation dupublic ou de toute personne justifiant drsquoun inteacuterecirct leacutegitime dans la mesure ougrave les conditionsleacutegales pour la consultation sont remplies dans le cas particulier

2 Sans preacutejudice du paragraphe 1 un Eacutetat membre peut autoriser un transfert ou un ensemble detransferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection

adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 paragraphe 2 lorsque le responsable du traitement offre des garantiessuffisantes au regard de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux despersonnes ainsi qursquoagrave lrsquoeacutegard de lrsquoexercice des droits correspondants ces garanties peuventnotamment reacutesulter de clauses contractuelles approprieacutees

3 LrsquoEacutetat membre informe la Commission et les autres Eacutetats membres des autorisations qursquoilaccorde en application du paragraphe 2

En cas drsquoopposition exprimeacutee par un autre Eacutetat membre ou par la Commission et ducircment justifieacutee auregard de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes la

Commission arrecircte les mesures approprieacutees conformeacutement agrave la proceacutedure preacutevue agrave lrsquoarticle 31paragraphe 2

Les Eacutetats membres prennent les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave la deacutecision de laCommission

[]

Article 28

Autoriteacute de controcircle

1 Chaque Eacutetat membre preacutevoit qursquoune ou plusieurs autoriteacutes publiques sont chargeacutees desurveiller lrsquoapplication sur son territoire des dispositions adopteacutees par les Eacutetats membres enapplication de la preacutesente directive

Ces autoriteacutes exercent en toute indeacutependance les missions dont elles sont investies

2 Chaque Eacutetat membre preacutevoit que les autoriteacutes de controcircle sont consulteacutees lors de lrsquoeacutelaborationdes mesures reacuteglementaires ou administratives relatives agrave la protection des droits et liberteacutes despersonnes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel

3 Chaque autoriteacute de controcircle dispose notamment

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 7 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ndash de pouvoirs drsquoinvestigation tels que le pouvoir drsquoacceacuteder aux donneacutees faisant lrsquoobjet drsquountraitement et de recueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de samission de controcircle

ndash de pouvoirs effectifs drsquointervention tels que par exemple celui de rendre des avispreacutealablement agrave la mise en œuvre des traitements conformeacutement agrave lrsquoarticle 20 et drsquoassurerune publication approprieacutee de ces avis ou celui drsquoordonner le verrouillage lrsquoeffacement ou la

destruction de donneacutees ou drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement un traitement oucelui drsquoadresser un avertissement ou une admonestation au responsable du traitement ou celuide saisir les parlements nationaux ou drsquoautres institutions politiques

ndash du pouvoir drsquoester en justice en cas de violation des dispositions nationales prises enapplication de la preacutesente directive ou du pouvoir de porter ces violations agrave la connaissance delrsquoautoriteacute judiciaire

Les deacutecisions de lrsquoautoriteacute de controcircle faisant grief peuvent faire lrsquoobjet drsquoun recours juridictionnel

4 Chaque autoriteacute de controcircle peut ecirctre saisie par toute personne ou par une association larepreacutesentant drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde donneacutees agrave caractegravere personnel La personne concerneacutee est informeacutee des suites donneacutees agrave sademande

Chaque autoriteacute de controcircle peut en particulier ecirctre saisie par toute personne drsquoune demande deveacuterification de la liceacuteiteacute drsquoun traitement lorsque les dispositions nationales prises en vertu delrsquoarticle 13 de la preacutesente directive sont drsquoapplication La personne est agrave tout le moins informeacutee dece qursquoune veacuterification a eu lieu

[]

6 Indeacutependamment du droit national applicable au traitement en cause chaque autoriteacute decontrocircle a compeacutetence pour exercer sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve les pouvoirsdont elle est investie conformeacutement au paragraphe 3 Chaque autoriteacute peut ecirctre appeleacutee agrave exercer sespouvoirs sur demande drsquoune autoriteacute drsquoun autre Eacutetat membre

[]

Article 31

[]

2 Dans le cas ougrave il est fait reacutefeacuterence au preacutesent article les articles 4 et 7 de la deacutecision1999468CE [du Conseil du 28 juin 1999 fixant les modaliteacutes de lrsquoexercice des compeacutetencesdrsquoexeacutecution confeacutereacutees agrave la Commission (JO L 184 p 23)] srsquoappliquent dans le respect desdispositions de lrsquoarticle 8 de celle-ci

[]raquo

La deacutecision 2000520

5 La deacutecision 2000520 a eacuteteacute adopteacutee par la Commission sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 8 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

6 Les consideacuterants 2 5 et 8 de cette deacutecision sont libelleacutes comme suit

laquo(2) La Commission peut constater qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequatDans ce cas des donneacutees agrave caractegravere personnel peuvent ecirctre transfeacutereacutees sans que des garantiessuppleacutementaires soient neacutecessaires

[]

(5) Le niveau de protection adeacutequat pour le transfert de donneacutees de la Communauteacute vers lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique reconnu conformeacutement agrave la preacutesente deacutecision devrait ecirctre obtenu siles organisations respectent les ldquoprincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection dela vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principesrsquo) et les lsquoquestions souvent poseacuteesrsquolsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ) qui fournissent des orientations pour la mise en œuvre desprincipes publieacutes par le gouvernement des Eacutetats-Unis le 21 juillet 2000 En outre lesorganisations devraient divulguer leurs regravegles de confidentialiteacute et relever de la compeacutetence dela Commission feacutedeacuterale du commerce [Federal Trade Commission (FTC)] au titre de lasection 5 du Federal Trade Commission Act qui interdit les manœuvres et les pratiques

deacuteloyales ou frauduleuses dans le domaine du commerce ou de tout autre organisme officielassurant efficacement la mise en œuvre des principes conformeacutement aux FAQ

[]

(8) Dans un souci de transparence et en vue de permettre aux autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetatsmembres drsquoassurer la protection des individus en ce qui concerne le traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel il est neacutecessaire drsquoindiquer dans la deacutecision dans quelles circonstancesexceptionnelles la suspension de certains flux de donneacutees peut ecirctre justifieacutee mecircme si le niveaude protection fourni a eacuteteacute jugeacute adeacutequatraquo

7 Aux termes des articles 1er agrave 4 de la deacutecision 2000520

laquoArticle premier

1 Aux fins de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE pour toutes les activiteacutes rentrant dans ledomaine drsquoapplication de ladite directive il est consideacutereacute que les ldquoprincipes de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principes viseacutes agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecisionrsquo) appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les lsquoquestionssouvent poseacuteesrsquo [lsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ)] publieacutees le 21 juillet 2000 par le ministegravere ducommerce des Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique viseacutees agrave lrsquoannexe II de la preacutesente deacutecision assurent un

niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegravere personnel transfeacutereacutees depuis la Communauteacutevers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis compte tenu des documents suivants eacutemis par leministegravere du commerce des Eacutetats-Unis

a) une eacutetude relative agrave la mise en œuvre des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute viseacutee agrave lrsquoannexeIII

b) un aide-meacutemoire sur la reacuteparation des preacutejudices subis par suite drsquoatteintes agrave la vie priveacutee etsur les autorisations explicites preacutevues par le droit ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe IV

c) une lettre de la Commission feacutedeacuterale du commerce viseacutee agrave lrsquoannexe V

d) une lettre du ministegravere des transports des Eacutetats-Unis viseacutee agrave lrsquoannexe VI

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 9 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

2 En ce qui concerne chaque transfert de donneacutees les conditions suivantes doivent ecirctre remplies

a) lrsquoorganisation destinataire des donneacutees srsquoest clairement et publiquement engageacutee agrave observerles principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ et

b) lrsquoorganisation est soumise aux pouvoirs leacutegaux drsquoun organe administratif ameacutericain eacutenumeacutereacute agravelrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision habiliteacute agrave instruire des plaintes et agrave obtenir des mesures

de redressement contre les pratiques deacuteloyales ou frauduleuses ainsi que la reacuteparation despreacutejudices subis par les personnes concerneacutees quel que soit leur pays de reacutesidence ou leurnationaliteacute en cas de non-respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ

3 Les conditions indiqueacutees au paragraphe 2 sont consideacutereacutees comme remplies par chaqueorganisation qui a deacuteclareacute son adheacutesion aux principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ agravecompter de la date agrave laquelle elle avise le ministegravere ameacutericain du commerce (ou son repreacutesentant) dela divulgation de lrsquoengagement viseacute au paragraphe 2 point a) et de lrsquoidentiteacute de lrsquoorganeadministratif viseacute au paragraphe 2 point b)

Article 2

La preacutesente deacutecision concerne uniquement le caractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences delrsquoarticle 25 paragraphe 1 de la directive 9546CE et nrsquoaffecte pas lrsquoapplication drsquoautresdispositions de ladite directive qui se rapportent au traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel dansles Eacutetats membres et notamment de son article 4

Article 3

1 Sans preacutejudice de leurs pouvoirs de prendre des mesures visant agrave assurer le respect des

dispositions nationales adopteacutees en application de dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de ladirective 9546CE les autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetats membres peuvent exercer les pouvoirs dontelles disposent pour suspendre les flux de donneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes misen œuvre conformeacutement aux FAQ afin de proteacuteger les individus en ce qui concerne le traitement deleurs donneacutees personnelles et ce dans les cas

a) ougrave lrsquoorgane administratif ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision ou uneinstance indeacutependante de recours au sens du point a) du principe drsquoapplication viseacute agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecision a constateacute que lrsquoorganisation viole les principes mis en œuvreconformeacutement aux FAQ ou

b) ougrave il est fort probable que les principes sont violeacutes ougrave il y a tout lieu de croire que lrsquoinstancedrsquoapplication concerneacutee ne prend pas ou ne prendra pas en temps voulu les mesures quisrsquoimposent en vue de reacutegler lrsquoaffaire en question ougrave la poursuite du transfert ferait courir auxpersonnes concerneacutees un risque imminent de subir des dommages graves et ougrave les autoriteacutescompeacutetentes des Eacutetats membres se sont raisonnablement efforceacutees compte tenu descirconstances drsquoavertir lrsquoorganisation et de lui donner la possibiliteacute de reacutepondre

La suspension cesse degraves que le respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ estassureacute et que les autoriteacutes compeacutetentes de la Communauteacute en sont aviseacutees

2 Les Eacutetats membres informent sans tarder la Commission de lrsquoadoption de mesures fondeacutees sur leparagraphe 1

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 10 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment aussi mutuellement des cas dans lesquels lesorganismes chargeacutes de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ aux Eacutetats-Unis ne parviennent pas agrave srsquoacquitter de leur tacircche

4 Si les informations recueillies en application des paragraphes 1 2 et 3 montrent qursquounquelconque organisme chargeacute de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQaux Eacutetats-Unis ne remplit pas efficacement sa mission la Commission informe le ministegravere

ameacutericain du commerce et si neacutecessaire propose un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agravela proceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CE en vue drsquoabroger ou de suspendre lapreacutesente deacutecision ou drsquoen limiter la porteacutee

Article 4

1 La preacutesente deacutecision peut ecirctre adapteacutee agrave tout moment agrave la lumiegravere de lrsquoexpeacuterience acquisedurant sa mise en œuvre etou si le niveau de protection assureacute par les principes et les FAQ estdeacutepasseacute par les exigences du droit ameacutericain La Commission eacutevalue en tout eacutetat de causelrsquoapplication de la preacutesente deacutecision sur la base des informations disponibles trois ans apregraves sa

notification aux Eacutetats membres et communique au comiteacute institueacute au titre de lrsquoarticle 31 de ladirective 9546CE toute constatation pertinente y compris tout eacuteleacutement susceptible drsquoinfluer sur

lrsquoeacutevaluation selon laquelle les dispositions de lrsquoarticle 1er de la preacutesente deacutecision assurent un niveaude protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE et toute information montrantque la preacutesente deacutecision est appliqueacutee de maniegravere discriminatoire

2 La Commission preacutesente si neacutecessaire un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agrave laproceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CEraquo

8 Lrsquoannexe I de la deacutecision 2000520 est ainsi libelleacutee

laquoPrincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacutee

publieacutes par le ministegravere ameacutericain du commerce le 21 juillet 2000

[]

[] le ministegravere ameacutericain du commerce publie le preacutesent document (lsquoles principesrsquo) ainsi que leslsquoquestions souvent poseacuteesrsquo (FAQ) en vertu de son autoriteacute leacutegale afin de stimuler de promouvoir etde deacutevelopper le commerce international Les principes ont eacuteteacute eacutelaboreacutes en concertation avec lesentreprises et le grand public dans le but de faciliter le commerce et les relations drsquoaffaires entre lesEacutetats-Unis et lrsquoUnion europeacuteenne Ils sont exclusivement destineacutes aux organisations ameacutericainesrecevant des donneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doiventpermettre agrave ces organisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agravebeacuteneacuteficier de la preacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ci Comme lesprincipes nrsquoont eacuteteacute conccedilus que pour servir cet objectif speacutecifique leur adoption agrave drsquoautres fins peutsrsquoaveacuterer inadeacutequate []

Toute organisation est libre de remplir ou non les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo etdispose de plusieurs moyens pour srsquoy conformer []

Lrsquoadheacutesion aux principes peut ecirctre limiteacutee par a) les exigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unis b) les textes leacutegislatifs les regraveglementsadministratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent des obligations contradictoires ou

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 11 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisation qui a recours agrave une telleautorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute aux mesures neacutecessaires pourgarantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agrave servir c) les exceptions ou lesdeacuterogations preacutevues par la directive ou par le droit national agrave condition que ces exceptions oudeacuterogations soient appliqueacutees dans des contextes comparables Conformeacutement agrave lrsquoobjectif drsquounrenforcement de la protection de la vie priveacutee les organisations doivent srsquoefforcer drsquoappliquer cesprincipes de maniegravere complegravete et transparente y compris en indiquant ndash dans leurs codes de

protection de la vie priveacutee ndash dans quels domaines les exceptions viseacutees au point b) ci-dessussrsquoappliqueront de faccedilon reacuteguliegravere Pour la mecircme raison lorsque les principes etou les lois des Eacutetats-Unis permettent aux organisations de faire un choix celles-ci sont inviteacutees agrave opter dans la mesuredu possible pour le niveau de protection le plus eacuteleveacute

[]raquo

9 Lrsquoannexe II de la deacutecision 2000520 est reacutedigeacutee comme suit

laquoQuestions souvent poseacutees (FAQ)

[]

FAQ 6 ndash Autocertification

Q Comment une organisation autocertifie-t-elle qursquoelle adhegravere aux principes de la lsquosphegravere de

seacutecuriteacutersquo

R Les avantages affeacuterents agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont acquis agrave partir de la date agrave laquelle uneorganisation autocertifie au ministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee parcelui-ci) qursquoelle adhegravere aux principes conformeacutement aux modaliteacutes ci-dessous

Pour autocertifier son adheacutesion agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo une organisation peut remettre auministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee par celui-ci) une lettre signeacuteedrsquoun cadre de ladite organisation contenant au moins les informations suivantes

1) le nom de lrsquoorganisation son adresse postale son adresse eacutelectronique ses numeacuteros deteacuteleacutephone et de teacuteleacutecopieur

2) une description des activiteacutes de lrsquoorganisation relativement aux informations agrave caractegraverepersonnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne

3) une description des dispositions de protection de la vie priveacutee appliqueacutees parlrsquoorganisation auxdites informations preacutecisant a) le lieu ougrave le texte de ces dispositionspeut ecirctre consulteacute par le public b) la date de mise en œuvre de ces dispositions c) leservice agrave contacter en cas de plainte pour des demandes drsquoaccegraves et pour toute autrequestion relevant de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo d) le nom de lrsquoinstance reacuteglementairespeacutecifique qui est chargeacutee de statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le cas eacutecheacuteant contrelrsquoorganisation pour pratiques deacuteloyales ou frauduleuses et pour infraction aux lois ouaux reacuteglementations reacutegissant la protection de la vie priveacutee (et qui est mentionneacutee danslrsquoannexe aux principes) e) lrsquointituleacute de tout programme relatif agrave la protection de la viepriveacutee auquel participe lrsquoorganisation f) la meacutethode de veacuterification (par exemple en

interne ou par des tiers) [] et g) lrsquoinstance de recours indeacutependante qui pourra instruireles plaintes non reacutesolues

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 12 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Une organisation peut eacutetendre les avantages de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo agrave des informations detype lsquoressources humainesrsquo qui sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne afin drsquoecirctre utiliseacuteesdans le cadre de relations de travail lorsque lrsquoune des instances reacuteglementaires mentionneacuteesdans lrsquoannexe aux principes est compeacutetente pour statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le caseacutecheacuteant contre ladite organisation dans le domaine des informations de type lsquoressourceshumainesrsquo []

Le ministegravere (ou la personne deacutesigneacutee par celui-ci) tiendra une liste de lrsquoensemble desorganisations qui suivent cette proceacutedure garantissant ainsi les avantages de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo et mettra agrave jour cette liste sur la base des lettres et notifications reccedilues chaque anneacuteeen conformiteacute avec la FAQ 11 []

[]

FAQ 11 mdash Reacutesolution des litiges et application des deacutecisions

Q Comment les exigences en matiegravere de reacutesolution des litiges formuleacutees dans le principe

drsquoapplication doivent-elles ecirctre mises en œuvre et comment le non-respect persistant des

principes de la part drsquoune organisation sera-t-il traiteacute

R Le principe drsquoapplication deacutefinit les exigences sur lesquelles repose la mise en œuvre de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo La FAQ sur la veacuterification (FAQ 7) explique la maniegravere de satisfaire lesexigences eacutenonceacutees au point b) du principe La preacutesente FAQ 11 traite des points a) et c) quineacutecessitent tous deux des instances de recours indeacutependantes Ces instances peuvent prendrediffeacuterentes formes mais doivent reacutepondre aux exigences du principe drsquoapplication Lesorganisations participant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo peuvent les satisfaire 1) en participant agrave desprogrammes du secteur priveacute en matiegravere de protection de la vie priveacutee inteacutegrant dans leursregravegles les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo et comportant des meacutecanismes de mise en œuvre

efficaces de mecircme nature que ceux qui sont deacutecrits dans le principe drsquoapplication 2) en seconformant aux instructions des organes leacutegaux ou statutaires de surveillance qui assurent letraitement des plaintes de particuliers et la reacutesolution des litiges 3) en srsquoengageant agrave coopeacutereravec les autoriteacutes chargeacutees de la protection des donneacutees au sein de la Communauteacuteeuropeacuteenne ou avec leurs repreacutesentants autoriseacutes La preacutesente liste a valeur indicative et nrsquoestpas restrictive Le secteur priveacute peut concevoir drsquoautres meacutecanismes de mise en applicationpour autant que ceux-ci reacutepondent aux exigences du principe drsquoapplication et des FAQ Ilconvient de remarquer que les exigences du principe drsquoapplication srsquoajoutent agrave lrsquoexigenceeacutenonceacutee au paragraphe 3 de lrsquointroduction aux principes selon laquelle les initiativesdrsquoautoreacuteglementation doivent ecirctre exeacutecutoires conformeacutement agrave la section 5 du Federal Trade

Commission Act ou agrave une loi similaireInstances de recours

Les consommateurs devraient ecirctre encourageacutes agrave soumettre toute plainte eacuteventuelle agravelrsquoorganisation concerneacutee avant de faire appel agrave des instances de recours indeacutependantes []

[]

Action de la FTC

La FTC srsquoest engageacutee agrave examiner en prioriteacute les cas soumis par les organisationsdrsquoautoreacuteglementation telles que BBBOnline et TRUSTe ainsi que par les Eacutetats membres delrsquoUnion europeacuteenne en ce qui concerne le non-respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 7: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 7 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ndash de pouvoirs drsquoinvestigation tels que le pouvoir drsquoacceacuteder aux donneacutees faisant lrsquoobjet drsquountraitement et de recueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de samission de controcircle

ndash de pouvoirs effectifs drsquointervention tels que par exemple celui de rendre des avispreacutealablement agrave la mise en œuvre des traitements conformeacutement agrave lrsquoarticle 20 et drsquoassurerune publication approprieacutee de ces avis ou celui drsquoordonner le verrouillage lrsquoeffacement ou la

destruction de donneacutees ou drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement un traitement oucelui drsquoadresser un avertissement ou une admonestation au responsable du traitement ou celuide saisir les parlements nationaux ou drsquoautres institutions politiques

ndash du pouvoir drsquoester en justice en cas de violation des dispositions nationales prises enapplication de la preacutesente directive ou du pouvoir de porter ces violations agrave la connaissance delrsquoautoriteacute judiciaire

Les deacutecisions de lrsquoautoriteacute de controcircle faisant grief peuvent faire lrsquoobjet drsquoun recours juridictionnel

4 Chaque autoriteacute de controcircle peut ecirctre saisie par toute personne ou par une association larepreacutesentant drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde donneacutees agrave caractegravere personnel La personne concerneacutee est informeacutee des suites donneacutees agrave sademande

Chaque autoriteacute de controcircle peut en particulier ecirctre saisie par toute personne drsquoune demande deveacuterification de la liceacuteiteacute drsquoun traitement lorsque les dispositions nationales prises en vertu delrsquoarticle 13 de la preacutesente directive sont drsquoapplication La personne est agrave tout le moins informeacutee dece qursquoune veacuterification a eu lieu

[]

6 Indeacutependamment du droit national applicable au traitement en cause chaque autoriteacute decontrocircle a compeacutetence pour exercer sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve les pouvoirsdont elle est investie conformeacutement au paragraphe 3 Chaque autoriteacute peut ecirctre appeleacutee agrave exercer sespouvoirs sur demande drsquoune autoriteacute drsquoun autre Eacutetat membre

[]

Article 31

[]

2 Dans le cas ougrave il est fait reacutefeacuterence au preacutesent article les articles 4 et 7 de la deacutecision1999468CE [du Conseil du 28 juin 1999 fixant les modaliteacutes de lrsquoexercice des compeacutetencesdrsquoexeacutecution confeacutereacutees agrave la Commission (JO L 184 p 23)] srsquoappliquent dans le respect desdispositions de lrsquoarticle 8 de celle-ci

[]raquo

La deacutecision 2000520

5 La deacutecision 2000520 a eacuteteacute adopteacutee par la Commission sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 8 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

6 Les consideacuterants 2 5 et 8 de cette deacutecision sont libelleacutes comme suit

laquo(2) La Commission peut constater qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequatDans ce cas des donneacutees agrave caractegravere personnel peuvent ecirctre transfeacutereacutees sans que des garantiessuppleacutementaires soient neacutecessaires

[]

(5) Le niveau de protection adeacutequat pour le transfert de donneacutees de la Communauteacute vers lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique reconnu conformeacutement agrave la preacutesente deacutecision devrait ecirctre obtenu siles organisations respectent les ldquoprincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection dela vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principesrsquo) et les lsquoquestions souvent poseacuteesrsquolsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ) qui fournissent des orientations pour la mise en œuvre desprincipes publieacutes par le gouvernement des Eacutetats-Unis le 21 juillet 2000 En outre lesorganisations devraient divulguer leurs regravegles de confidentialiteacute et relever de la compeacutetence dela Commission feacutedeacuterale du commerce [Federal Trade Commission (FTC)] au titre de lasection 5 du Federal Trade Commission Act qui interdit les manœuvres et les pratiques

deacuteloyales ou frauduleuses dans le domaine du commerce ou de tout autre organisme officielassurant efficacement la mise en œuvre des principes conformeacutement aux FAQ

[]

(8) Dans un souci de transparence et en vue de permettre aux autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetatsmembres drsquoassurer la protection des individus en ce qui concerne le traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel il est neacutecessaire drsquoindiquer dans la deacutecision dans quelles circonstancesexceptionnelles la suspension de certains flux de donneacutees peut ecirctre justifieacutee mecircme si le niveaude protection fourni a eacuteteacute jugeacute adeacutequatraquo

7 Aux termes des articles 1er agrave 4 de la deacutecision 2000520

laquoArticle premier

1 Aux fins de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE pour toutes les activiteacutes rentrant dans ledomaine drsquoapplication de ladite directive il est consideacutereacute que les ldquoprincipes de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principes viseacutes agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecisionrsquo) appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les lsquoquestionssouvent poseacuteesrsquo [lsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ)] publieacutees le 21 juillet 2000 par le ministegravere ducommerce des Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique viseacutees agrave lrsquoannexe II de la preacutesente deacutecision assurent un

niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegravere personnel transfeacutereacutees depuis la Communauteacutevers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis compte tenu des documents suivants eacutemis par leministegravere du commerce des Eacutetats-Unis

a) une eacutetude relative agrave la mise en œuvre des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute viseacutee agrave lrsquoannexeIII

b) un aide-meacutemoire sur la reacuteparation des preacutejudices subis par suite drsquoatteintes agrave la vie priveacutee etsur les autorisations explicites preacutevues par le droit ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe IV

c) une lettre de la Commission feacutedeacuterale du commerce viseacutee agrave lrsquoannexe V

d) une lettre du ministegravere des transports des Eacutetats-Unis viseacutee agrave lrsquoannexe VI

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 9 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

2 En ce qui concerne chaque transfert de donneacutees les conditions suivantes doivent ecirctre remplies

a) lrsquoorganisation destinataire des donneacutees srsquoest clairement et publiquement engageacutee agrave observerles principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ et

b) lrsquoorganisation est soumise aux pouvoirs leacutegaux drsquoun organe administratif ameacutericain eacutenumeacutereacute agravelrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision habiliteacute agrave instruire des plaintes et agrave obtenir des mesures

de redressement contre les pratiques deacuteloyales ou frauduleuses ainsi que la reacuteparation despreacutejudices subis par les personnes concerneacutees quel que soit leur pays de reacutesidence ou leurnationaliteacute en cas de non-respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ

3 Les conditions indiqueacutees au paragraphe 2 sont consideacutereacutees comme remplies par chaqueorganisation qui a deacuteclareacute son adheacutesion aux principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ agravecompter de la date agrave laquelle elle avise le ministegravere ameacutericain du commerce (ou son repreacutesentant) dela divulgation de lrsquoengagement viseacute au paragraphe 2 point a) et de lrsquoidentiteacute de lrsquoorganeadministratif viseacute au paragraphe 2 point b)

Article 2

La preacutesente deacutecision concerne uniquement le caractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences delrsquoarticle 25 paragraphe 1 de la directive 9546CE et nrsquoaffecte pas lrsquoapplication drsquoautresdispositions de ladite directive qui se rapportent au traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel dansles Eacutetats membres et notamment de son article 4

Article 3

1 Sans preacutejudice de leurs pouvoirs de prendre des mesures visant agrave assurer le respect des

dispositions nationales adopteacutees en application de dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de ladirective 9546CE les autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetats membres peuvent exercer les pouvoirs dontelles disposent pour suspendre les flux de donneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes misen œuvre conformeacutement aux FAQ afin de proteacuteger les individus en ce qui concerne le traitement deleurs donneacutees personnelles et ce dans les cas

a) ougrave lrsquoorgane administratif ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision ou uneinstance indeacutependante de recours au sens du point a) du principe drsquoapplication viseacute agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecision a constateacute que lrsquoorganisation viole les principes mis en œuvreconformeacutement aux FAQ ou

b) ougrave il est fort probable que les principes sont violeacutes ougrave il y a tout lieu de croire que lrsquoinstancedrsquoapplication concerneacutee ne prend pas ou ne prendra pas en temps voulu les mesures quisrsquoimposent en vue de reacutegler lrsquoaffaire en question ougrave la poursuite du transfert ferait courir auxpersonnes concerneacutees un risque imminent de subir des dommages graves et ougrave les autoriteacutescompeacutetentes des Eacutetats membres se sont raisonnablement efforceacutees compte tenu descirconstances drsquoavertir lrsquoorganisation et de lui donner la possibiliteacute de reacutepondre

La suspension cesse degraves que le respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ estassureacute et que les autoriteacutes compeacutetentes de la Communauteacute en sont aviseacutees

2 Les Eacutetats membres informent sans tarder la Commission de lrsquoadoption de mesures fondeacutees sur leparagraphe 1

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 10 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment aussi mutuellement des cas dans lesquels lesorganismes chargeacutes de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ aux Eacutetats-Unis ne parviennent pas agrave srsquoacquitter de leur tacircche

4 Si les informations recueillies en application des paragraphes 1 2 et 3 montrent qursquounquelconque organisme chargeacute de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQaux Eacutetats-Unis ne remplit pas efficacement sa mission la Commission informe le ministegravere

ameacutericain du commerce et si neacutecessaire propose un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agravela proceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CE en vue drsquoabroger ou de suspendre lapreacutesente deacutecision ou drsquoen limiter la porteacutee

Article 4

1 La preacutesente deacutecision peut ecirctre adapteacutee agrave tout moment agrave la lumiegravere de lrsquoexpeacuterience acquisedurant sa mise en œuvre etou si le niveau de protection assureacute par les principes et les FAQ estdeacutepasseacute par les exigences du droit ameacutericain La Commission eacutevalue en tout eacutetat de causelrsquoapplication de la preacutesente deacutecision sur la base des informations disponibles trois ans apregraves sa

notification aux Eacutetats membres et communique au comiteacute institueacute au titre de lrsquoarticle 31 de ladirective 9546CE toute constatation pertinente y compris tout eacuteleacutement susceptible drsquoinfluer sur

lrsquoeacutevaluation selon laquelle les dispositions de lrsquoarticle 1er de la preacutesente deacutecision assurent un niveaude protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE et toute information montrantque la preacutesente deacutecision est appliqueacutee de maniegravere discriminatoire

2 La Commission preacutesente si neacutecessaire un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agrave laproceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CEraquo

8 Lrsquoannexe I de la deacutecision 2000520 est ainsi libelleacutee

laquoPrincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacutee

publieacutes par le ministegravere ameacutericain du commerce le 21 juillet 2000

[]

[] le ministegravere ameacutericain du commerce publie le preacutesent document (lsquoles principesrsquo) ainsi que leslsquoquestions souvent poseacuteesrsquo (FAQ) en vertu de son autoriteacute leacutegale afin de stimuler de promouvoir etde deacutevelopper le commerce international Les principes ont eacuteteacute eacutelaboreacutes en concertation avec lesentreprises et le grand public dans le but de faciliter le commerce et les relations drsquoaffaires entre lesEacutetats-Unis et lrsquoUnion europeacuteenne Ils sont exclusivement destineacutes aux organisations ameacutericainesrecevant des donneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doiventpermettre agrave ces organisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agravebeacuteneacuteficier de la preacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ci Comme lesprincipes nrsquoont eacuteteacute conccedilus que pour servir cet objectif speacutecifique leur adoption agrave drsquoautres fins peutsrsquoaveacuterer inadeacutequate []

Toute organisation est libre de remplir ou non les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo etdispose de plusieurs moyens pour srsquoy conformer []

Lrsquoadheacutesion aux principes peut ecirctre limiteacutee par a) les exigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unis b) les textes leacutegislatifs les regraveglementsadministratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent des obligations contradictoires ou

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 11 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisation qui a recours agrave une telleautorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute aux mesures neacutecessaires pourgarantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agrave servir c) les exceptions ou lesdeacuterogations preacutevues par la directive ou par le droit national agrave condition que ces exceptions oudeacuterogations soient appliqueacutees dans des contextes comparables Conformeacutement agrave lrsquoobjectif drsquounrenforcement de la protection de la vie priveacutee les organisations doivent srsquoefforcer drsquoappliquer cesprincipes de maniegravere complegravete et transparente y compris en indiquant ndash dans leurs codes de

protection de la vie priveacutee ndash dans quels domaines les exceptions viseacutees au point b) ci-dessussrsquoappliqueront de faccedilon reacuteguliegravere Pour la mecircme raison lorsque les principes etou les lois des Eacutetats-Unis permettent aux organisations de faire un choix celles-ci sont inviteacutees agrave opter dans la mesuredu possible pour le niveau de protection le plus eacuteleveacute

[]raquo

9 Lrsquoannexe II de la deacutecision 2000520 est reacutedigeacutee comme suit

laquoQuestions souvent poseacutees (FAQ)

[]

FAQ 6 ndash Autocertification

Q Comment une organisation autocertifie-t-elle qursquoelle adhegravere aux principes de la lsquosphegravere de

seacutecuriteacutersquo

R Les avantages affeacuterents agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont acquis agrave partir de la date agrave laquelle uneorganisation autocertifie au ministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee parcelui-ci) qursquoelle adhegravere aux principes conformeacutement aux modaliteacutes ci-dessous

Pour autocertifier son adheacutesion agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo une organisation peut remettre auministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee par celui-ci) une lettre signeacuteedrsquoun cadre de ladite organisation contenant au moins les informations suivantes

1) le nom de lrsquoorganisation son adresse postale son adresse eacutelectronique ses numeacuteros deteacuteleacutephone et de teacuteleacutecopieur

2) une description des activiteacutes de lrsquoorganisation relativement aux informations agrave caractegraverepersonnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne

3) une description des dispositions de protection de la vie priveacutee appliqueacutees parlrsquoorganisation auxdites informations preacutecisant a) le lieu ougrave le texte de ces dispositionspeut ecirctre consulteacute par le public b) la date de mise en œuvre de ces dispositions c) leservice agrave contacter en cas de plainte pour des demandes drsquoaccegraves et pour toute autrequestion relevant de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo d) le nom de lrsquoinstance reacuteglementairespeacutecifique qui est chargeacutee de statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le cas eacutecheacuteant contrelrsquoorganisation pour pratiques deacuteloyales ou frauduleuses et pour infraction aux lois ouaux reacuteglementations reacutegissant la protection de la vie priveacutee (et qui est mentionneacutee danslrsquoannexe aux principes) e) lrsquointituleacute de tout programme relatif agrave la protection de la viepriveacutee auquel participe lrsquoorganisation f) la meacutethode de veacuterification (par exemple en

interne ou par des tiers) [] et g) lrsquoinstance de recours indeacutependante qui pourra instruireles plaintes non reacutesolues

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 12 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Une organisation peut eacutetendre les avantages de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo agrave des informations detype lsquoressources humainesrsquo qui sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne afin drsquoecirctre utiliseacuteesdans le cadre de relations de travail lorsque lrsquoune des instances reacuteglementaires mentionneacuteesdans lrsquoannexe aux principes est compeacutetente pour statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le caseacutecheacuteant contre ladite organisation dans le domaine des informations de type lsquoressourceshumainesrsquo []

Le ministegravere (ou la personne deacutesigneacutee par celui-ci) tiendra une liste de lrsquoensemble desorganisations qui suivent cette proceacutedure garantissant ainsi les avantages de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo et mettra agrave jour cette liste sur la base des lettres et notifications reccedilues chaque anneacuteeen conformiteacute avec la FAQ 11 []

[]

FAQ 11 mdash Reacutesolution des litiges et application des deacutecisions

Q Comment les exigences en matiegravere de reacutesolution des litiges formuleacutees dans le principe

drsquoapplication doivent-elles ecirctre mises en œuvre et comment le non-respect persistant des

principes de la part drsquoune organisation sera-t-il traiteacute

R Le principe drsquoapplication deacutefinit les exigences sur lesquelles repose la mise en œuvre de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo La FAQ sur la veacuterification (FAQ 7) explique la maniegravere de satisfaire lesexigences eacutenonceacutees au point b) du principe La preacutesente FAQ 11 traite des points a) et c) quineacutecessitent tous deux des instances de recours indeacutependantes Ces instances peuvent prendrediffeacuterentes formes mais doivent reacutepondre aux exigences du principe drsquoapplication Lesorganisations participant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo peuvent les satisfaire 1) en participant agrave desprogrammes du secteur priveacute en matiegravere de protection de la vie priveacutee inteacutegrant dans leursregravegles les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo et comportant des meacutecanismes de mise en œuvre

efficaces de mecircme nature que ceux qui sont deacutecrits dans le principe drsquoapplication 2) en seconformant aux instructions des organes leacutegaux ou statutaires de surveillance qui assurent letraitement des plaintes de particuliers et la reacutesolution des litiges 3) en srsquoengageant agrave coopeacutereravec les autoriteacutes chargeacutees de la protection des donneacutees au sein de la Communauteacuteeuropeacuteenne ou avec leurs repreacutesentants autoriseacutes La preacutesente liste a valeur indicative et nrsquoestpas restrictive Le secteur priveacute peut concevoir drsquoautres meacutecanismes de mise en applicationpour autant que ceux-ci reacutepondent aux exigences du principe drsquoapplication et des FAQ Ilconvient de remarquer que les exigences du principe drsquoapplication srsquoajoutent agrave lrsquoexigenceeacutenonceacutee au paragraphe 3 de lrsquointroduction aux principes selon laquelle les initiativesdrsquoautoreacuteglementation doivent ecirctre exeacutecutoires conformeacutement agrave la section 5 du Federal Trade

Commission Act ou agrave une loi similaireInstances de recours

Les consommateurs devraient ecirctre encourageacutes agrave soumettre toute plainte eacuteventuelle agravelrsquoorganisation concerneacutee avant de faire appel agrave des instances de recours indeacutependantes []

[]

Action de la FTC

La FTC srsquoest engageacutee agrave examiner en prioriteacute les cas soumis par les organisationsdrsquoautoreacuteglementation telles que BBBOnline et TRUSTe ainsi que par les Eacutetats membres delrsquoUnion europeacuteenne en ce qui concerne le non-respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 8: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 8 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

6 Les consideacuterants 2 5 et 8 de cette deacutecision sont libelleacutes comme suit

laquo(2) La Commission peut constater qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequatDans ce cas des donneacutees agrave caractegravere personnel peuvent ecirctre transfeacutereacutees sans que des garantiessuppleacutementaires soient neacutecessaires

[]

(5) Le niveau de protection adeacutequat pour le transfert de donneacutees de la Communauteacute vers lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique reconnu conformeacutement agrave la preacutesente deacutecision devrait ecirctre obtenu siles organisations respectent les ldquoprincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection dela vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principesrsquo) et les lsquoquestions souvent poseacuteesrsquolsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ) qui fournissent des orientations pour la mise en œuvre desprincipes publieacutes par le gouvernement des Eacutetats-Unis le 21 juillet 2000 En outre lesorganisations devraient divulguer leurs regravegles de confidentialiteacute et relever de la compeacutetence dela Commission feacutedeacuterale du commerce [Federal Trade Commission (FTC)] au titre de lasection 5 du Federal Trade Commission Act qui interdit les manœuvres et les pratiques

deacuteloyales ou frauduleuses dans le domaine du commerce ou de tout autre organisme officielassurant efficacement la mise en œuvre des principes conformeacutement aux FAQ

[]

(8) Dans un souci de transparence et en vue de permettre aux autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetatsmembres drsquoassurer la protection des individus en ce qui concerne le traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel il est neacutecessaire drsquoindiquer dans la deacutecision dans quelles circonstancesexceptionnelles la suspension de certains flux de donneacutees peut ecirctre justifieacutee mecircme si le niveaude protection fourni a eacuteteacute jugeacute adeacutequatraquo

7 Aux termes des articles 1er agrave 4 de la deacutecision 2000520

laquoArticle premier

1 Aux fins de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE pour toutes les activiteacutes rentrant dans ledomaine drsquoapplication de ladite directive il est consideacutereacute que les ldquoprincipes de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacuteerdquo (ci-apregraves deacutenommeacutes lsquoles principes viseacutes agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecisionrsquo) appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les lsquoquestionssouvent poseacuteesrsquo [lsquofrequently asked questionsrsquo (FAQ)] publieacutees le 21 juillet 2000 par le ministegravere ducommerce des Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique viseacutees agrave lrsquoannexe II de la preacutesente deacutecision assurent un

niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegravere personnel transfeacutereacutees depuis la Communauteacutevers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis compte tenu des documents suivants eacutemis par leministegravere du commerce des Eacutetats-Unis

a) une eacutetude relative agrave la mise en œuvre des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute viseacutee agrave lrsquoannexeIII

b) un aide-meacutemoire sur la reacuteparation des preacutejudices subis par suite drsquoatteintes agrave la vie priveacutee etsur les autorisations explicites preacutevues par le droit ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe IV

c) une lettre de la Commission feacutedeacuterale du commerce viseacutee agrave lrsquoannexe V

d) une lettre du ministegravere des transports des Eacutetats-Unis viseacutee agrave lrsquoannexe VI

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 9 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

2 En ce qui concerne chaque transfert de donneacutees les conditions suivantes doivent ecirctre remplies

a) lrsquoorganisation destinataire des donneacutees srsquoest clairement et publiquement engageacutee agrave observerles principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ et

b) lrsquoorganisation est soumise aux pouvoirs leacutegaux drsquoun organe administratif ameacutericain eacutenumeacutereacute agravelrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision habiliteacute agrave instruire des plaintes et agrave obtenir des mesures

de redressement contre les pratiques deacuteloyales ou frauduleuses ainsi que la reacuteparation despreacutejudices subis par les personnes concerneacutees quel que soit leur pays de reacutesidence ou leurnationaliteacute en cas de non-respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ

3 Les conditions indiqueacutees au paragraphe 2 sont consideacutereacutees comme remplies par chaqueorganisation qui a deacuteclareacute son adheacutesion aux principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ agravecompter de la date agrave laquelle elle avise le ministegravere ameacutericain du commerce (ou son repreacutesentant) dela divulgation de lrsquoengagement viseacute au paragraphe 2 point a) et de lrsquoidentiteacute de lrsquoorganeadministratif viseacute au paragraphe 2 point b)

Article 2

La preacutesente deacutecision concerne uniquement le caractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences delrsquoarticle 25 paragraphe 1 de la directive 9546CE et nrsquoaffecte pas lrsquoapplication drsquoautresdispositions de ladite directive qui se rapportent au traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel dansles Eacutetats membres et notamment de son article 4

Article 3

1 Sans preacutejudice de leurs pouvoirs de prendre des mesures visant agrave assurer le respect des

dispositions nationales adopteacutees en application de dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de ladirective 9546CE les autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetats membres peuvent exercer les pouvoirs dontelles disposent pour suspendre les flux de donneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes misen œuvre conformeacutement aux FAQ afin de proteacuteger les individus en ce qui concerne le traitement deleurs donneacutees personnelles et ce dans les cas

a) ougrave lrsquoorgane administratif ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision ou uneinstance indeacutependante de recours au sens du point a) du principe drsquoapplication viseacute agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecision a constateacute que lrsquoorganisation viole les principes mis en œuvreconformeacutement aux FAQ ou

b) ougrave il est fort probable que les principes sont violeacutes ougrave il y a tout lieu de croire que lrsquoinstancedrsquoapplication concerneacutee ne prend pas ou ne prendra pas en temps voulu les mesures quisrsquoimposent en vue de reacutegler lrsquoaffaire en question ougrave la poursuite du transfert ferait courir auxpersonnes concerneacutees un risque imminent de subir des dommages graves et ougrave les autoriteacutescompeacutetentes des Eacutetats membres se sont raisonnablement efforceacutees compte tenu descirconstances drsquoavertir lrsquoorganisation et de lui donner la possibiliteacute de reacutepondre

La suspension cesse degraves que le respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ estassureacute et que les autoriteacutes compeacutetentes de la Communauteacute en sont aviseacutees

2 Les Eacutetats membres informent sans tarder la Commission de lrsquoadoption de mesures fondeacutees sur leparagraphe 1

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 10 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment aussi mutuellement des cas dans lesquels lesorganismes chargeacutes de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ aux Eacutetats-Unis ne parviennent pas agrave srsquoacquitter de leur tacircche

4 Si les informations recueillies en application des paragraphes 1 2 et 3 montrent qursquounquelconque organisme chargeacute de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQaux Eacutetats-Unis ne remplit pas efficacement sa mission la Commission informe le ministegravere

ameacutericain du commerce et si neacutecessaire propose un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agravela proceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CE en vue drsquoabroger ou de suspendre lapreacutesente deacutecision ou drsquoen limiter la porteacutee

Article 4

1 La preacutesente deacutecision peut ecirctre adapteacutee agrave tout moment agrave la lumiegravere de lrsquoexpeacuterience acquisedurant sa mise en œuvre etou si le niveau de protection assureacute par les principes et les FAQ estdeacutepasseacute par les exigences du droit ameacutericain La Commission eacutevalue en tout eacutetat de causelrsquoapplication de la preacutesente deacutecision sur la base des informations disponibles trois ans apregraves sa

notification aux Eacutetats membres et communique au comiteacute institueacute au titre de lrsquoarticle 31 de ladirective 9546CE toute constatation pertinente y compris tout eacuteleacutement susceptible drsquoinfluer sur

lrsquoeacutevaluation selon laquelle les dispositions de lrsquoarticle 1er de la preacutesente deacutecision assurent un niveaude protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE et toute information montrantque la preacutesente deacutecision est appliqueacutee de maniegravere discriminatoire

2 La Commission preacutesente si neacutecessaire un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agrave laproceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CEraquo

8 Lrsquoannexe I de la deacutecision 2000520 est ainsi libelleacutee

laquoPrincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacutee

publieacutes par le ministegravere ameacutericain du commerce le 21 juillet 2000

[]

[] le ministegravere ameacutericain du commerce publie le preacutesent document (lsquoles principesrsquo) ainsi que leslsquoquestions souvent poseacuteesrsquo (FAQ) en vertu de son autoriteacute leacutegale afin de stimuler de promouvoir etde deacutevelopper le commerce international Les principes ont eacuteteacute eacutelaboreacutes en concertation avec lesentreprises et le grand public dans le but de faciliter le commerce et les relations drsquoaffaires entre lesEacutetats-Unis et lrsquoUnion europeacuteenne Ils sont exclusivement destineacutes aux organisations ameacutericainesrecevant des donneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doiventpermettre agrave ces organisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agravebeacuteneacuteficier de la preacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ci Comme lesprincipes nrsquoont eacuteteacute conccedilus que pour servir cet objectif speacutecifique leur adoption agrave drsquoautres fins peutsrsquoaveacuterer inadeacutequate []

Toute organisation est libre de remplir ou non les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo etdispose de plusieurs moyens pour srsquoy conformer []

Lrsquoadheacutesion aux principes peut ecirctre limiteacutee par a) les exigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unis b) les textes leacutegislatifs les regraveglementsadministratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent des obligations contradictoires ou

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 11 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisation qui a recours agrave une telleautorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute aux mesures neacutecessaires pourgarantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agrave servir c) les exceptions ou lesdeacuterogations preacutevues par la directive ou par le droit national agrave condition que ces exceptions oudeacuterogations soient appliqueacutees dans des contextes comparables Conformeacutement agrave lrsquoobjectif drsquounrenforcement de la protection de la vie priveacutee les organisations doivent srsquoefforcer drsquoappliquer cesprincipes de maniegravere complegravete et transparente y compris en indiquant ndash dans leurs codes de

protection de la vie priveacutee ndash dans quels domaines les exceptions viseacutees au point b) ci-dessussrsquoappliqueront de faccedilon reacuteguliegravere Pour la mecircme raison lorsque les principes etou les lois des Eacutetats-Unis permettent aux organisations de faire un choix celles-ci sont inviteacutees agrave opter dans la mesuredu possible pour le niveau de protection le plus eacuteleveacute

[]raquo

9 Lrsquoannexe II de la deacutecision 2000520 est reacutedigeacutee comme suit

laquoQuestions souvent poseacutees (FAQ)

[]

FAQ 6 ndash Autocertification

Q Comment une organisation autocertifie-t-elle qursquoelle adhegravere aux principes de la lsquosphegravere de

seacutecuriteacutersquo

R Les avantages affeacuterents agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont acquis agrave partir de la date agrave laquelle uneorganisation autocertifie au ministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee parcelui-ci) qursquoelle adhegravere aux principes conformeacutement aux modaliteacutes ci-dessous

Pour autocertifier son adheacutesion agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo une organisation peut remettre auministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee par celui-ci) une lettre signeacuteedrsquoun cadre de ladite organisation contenant au moins les informations suivantes

1) le nom de lrsquoorganisation son adresse postale son adresse eacutelectronique ses numeacuteros deteacuteleacutephone et de teacuteleacutecopieur

2) une description des activiteacutes de lrsquoorganisation relativement aux informations agrave caractegraverepersonnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne

3) une description des dispositions de protection de la vie priveacutee appliqueacutees parlrsquoorganisation auxdites informations preacutecisant a) le lieu ougrave le texte de ces dispositionspeut ecirctre consulteacute par le public b) la date de mise en œuvre de ces dispositions c) leservice agrave contacter en cas de plainte pour des demandes drsquoaccegraves et pour toute autrequestion relevant de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo d) le nom de lrsquoinstance reacuteglementairespeacutecifique qui est chargeacutee de statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le cas eacutecheacuteant contrelrsquoorganisation pour pratiques deacuteloyales ou frauduleuses et pour infraction aux lois ouaux reacuteglementations reacutegissant la protection de la vie priveacutee (et qui est mentionneacutee danslrsquoannexe aux principes) e) lrsquointituleacute de tout programme relatif agrave la protection de la viepriveacutee auquel participe lrsquoorganisation f) la meacutethode de veacuterification (par exemple en

interne ou par des tiers) [] et g) lrsquoinstance de recours indeacutependante qui pourra instruireles plaintes non reacutesolues

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 12 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Une organisation peut eacutetendre les avantages de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo agrave des informations detype lsquoressources humainesrsquo qui sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne afin drsquoecirctre utiliseacuteesdans le cadre de relations de travail lorsque lrsquoune des instances reacuteglementaires mentionneacuteesdans lrsquoannexe aux principes est compeacutetente pour statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le caseacutecheacuteant contre ladite organisation dans le domaine des informations de type lsquoressourceshumainesrsquo []

Le ministegravere (ou la personne deacutesigneacutee par celui-ci) tiendra une liste de lrsquoensemble desorganisations qui suivent cette proceacutedure garantissant ainsi les avantages de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo et mettra agrave jour cette liste sur la base des lettres et notifications reccedilues chaque anneacuteeen conformiteacute avec la FAQ 11 []

[]

FAQ 11 mdash Reacutesolution des litiges et application des deacutecisions

Q Comment les exigences en matiegravere de reacutesolution des litiges formuleacutees dans le principe

drsquoapplication doivent-elles ecirctre mises en œuvre et comment le non-respect persistant des

principes de la part drsquoune organisation sera-t-il traiteacute

R Le principe drsquoapplication deacutefinit les exigences sur lesquelles repose la mise en œuvre de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo La FAQ sur la veacuterification (FAQ 7) explique la maniegravere de satisfaire lesexigences eacutenonceacutees au point b) du principe La preacutesente FAQ 11 traite des points a) et c) quineacutecessitent tous deux des instances de recours indeacutependantes Ces instances peuvent prendrediffeacuterentes formes mais doivent reacutepondre aux exigences du principe drsquoapplication Lesorganisations participant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo peuvent les satisfaire 1) en participant agrave desprogrammes du secteur priveacute en matiegravere de protection de la vie priveacutee inteacutegrant dans leursregravegles les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo et comportant des meacutecanismes de mise en œuvre

efficaces de mecircme nature que ceux qui sont deacutecrits dans le principe drsquoapplication 2) en seconformant aux instructions des organes leacutegaux ou statutaires de surveillance qui assurent letraitement des plaintes de particuliers et la reacutesolution des litiges 3) en srsquoengageant agrave coopeacutereravec les autoriteacutes chargeacutees de la protection des donneacutees au sein de la Communauteacuteeuropeacuteenne ou avec leurs repreacutesentants autoriseacutes La preacutesente liste a valeur indicative et nrsquoestpas restrictive Le secteur priveacute peut concevoir drsquoautres meacutecanismes de mise en applicationpour autant que ceux-ci reacutepondent aux exigences du principe drsquoapplication et des FAQ Ilconvient de remarquer que les exigences du principe drsquoapplication srsquoajoutent agrave lrsquoexigenceeacutenonceacutee au paragraphe 3 de lrsquointroduction aux principes selon laquelle les initiativesdrsquoautoreacuteglementation doivent ecirctre exeacutecutoires conformeacutement agrave la section 5 du Federal Trade

Commission Act ou agrave une loi similaireInstances de recours

Les consommateurs devraient ecirctre encourageacutes agrave soumettre toute plainte eacuteventuelle agravelrsquoorganisation concerneacutee avant de faire appel agrave des instances de recours indeacutependantes []

[]

Action de la FTC

La FTC srsquoest engageacutee agrave examiner en prioriteacute les cas soumis par les organisationsdrsquoautoreacuteglementation telles que BBBOnline et TRUSTe ainsi que par les Eacutetats membres delrsquoUnion europeacuteenne en ce qui concerne le non-respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 9: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 9 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipIndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

2 En ce qui concerne chaque transfert de donneacutees les conditions suivantes doivent ecirctre remplies

a) lrsquoorganisation destinataire des donneacutees srsquoest clairement et publiquement engageacutee agrave observerles principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ et

b) lrsquoorganisation est soumise aux pouvoirs leacutegaux drsquoun organe administratif ameacutericain eacutenumeacutereacute agravelrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision habiliteacute agrave instruire des plaintes et agrave obtenir des mesures

de redressement contre les pratiques deacuteloyales ou frauduleuses ainsi que la reacuteparation despreacutejudices subis par les personnes concerneacutees quel que soit leur pays de reacutesidence ou leurnationaliteacute en cas de non-respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ

3 Les conditions indiqueacutees au paragraphe 2 sont consideacutereacutees comme remplies par chaqueorganisation qui a deacuteclareacute son adheacutesion aux principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ agravecompter de la date agrave laquelle elle avise le ministegravere ameacutericain du commerce (ou son repreacutesentant) dela divulgation de lrsquoengagement viseacute au paragraphe 2 point a) et de lrsquoidentiteacute de lrsquoorganeadministratif viseacute au paragraphe 2 point b)

Article 2

La preacutesente deacutecision concerne uniquement le caractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences delrsquoarticle 25 paragraphe 1 de la directive 9546CE et nrsquoaffecte pas lrsquoapplication drsquoautresdispositions de ladite directive qui se rapportent au traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel dansles Eacutetats membres et notamment de son article 4

Article 3

1 Sans preacutejudice de leurs pouvoirs de prendre des mesures visant agrave assurer le respect des

dispositions nationales adopteacutees en application de dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de ladirective 9546CE les autoriteacutes compeacutetentes des Eacutetats membres peuvent exercer les pouvoirs dontelles disposent pour suspendre les flux de donneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes misen œuvre conformeacutement aux FAQ afin de proteacuteger les individus en ce qui concerne le traitement deleurs donneacutees personnelles et ce dans les cas

a) ougrave lrsquoorgane administratif ameacutericain viseacute agrave lrsquoannexe VII de la preacutesente deacutecision ou uneinstance indeacutependante de recours au sens du point a) du principe drsquoapplication viseacute agrave lrsquoannexeI de la preacutesente deacutecision a constateacute que lrsquoorganisation viole les principes mis en œuvreconformeacutement aux FAQ ou

b) ougrave il est fort probable que les principes sont violeacutes ougrave il y a tout lieu de croire que lrsquoinstancedrsquoapplication concerneacutee ne prend pas ou ne prendra pas en temps voulu les mesures quisrsquoimposent en vue de reacutegler lrsquoaffaire en question ougrave la poursuite du transfert ferait courir auxpersonnes concerneacutees un risque imminent de subir des dommages graves et ougrave les autoriteacutescompeacutetentes des Eacutetats membres se sont raisonnablement efforceacutees compte tenu descirconstances drsquoavertir lrsquoorganisation et de lui donner la possibiliteacute de reacutepondre

La suspension cesse degraves que le respect des principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ estassureacute et que les autoriteacutes compeacutetentes de la Communauteacute en sont aviseacutees

2 Les Eacutetats membres informent sans tarder la Commission de lrsquoadoption de mesures fondeacutees sur leparagraphe 1

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 10 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment aussi mutuellement des cas dans lesquels lesorganismes chargeacutes de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ aux Eacutetats-Unis ne parviennent pas agrave srsquoacquitter de leur tacircche

4 Si les informations recueillies en application des paragraphes 1 2 et 3 montrent qursquounquelconque organisme chargeacute de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQaux Eacutetats-Unis ne remplit pas efficacement sa mission la Commission informe le ministegravere

ameacutericain du commerce et si neacutecessaire propose un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agravela proceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CE en vue drsquoabroger ou de suspendre lapreacutesente deacutecision ou drsquoen limiter la porteacutee

Article 4

1 La preacutesente deacutecision peut ecirctre adapteacutee agrave tout moment agrave la lumiegravere de lrsquoexpeacuterience acquisedurant sa mise en œuvre etou si le niveau de protection assureacute par les principes et les FAQ estdeacutepasseacute par les exigences du droit ameacutericain La Commission eacutevalue en tout eacutetat de causelrsquoapplication de la preacutesente deacutecision sur la base des informations disponibles trois ans apregraves sa

notification aux Eacutetats membres et communique au comiteacute institueacute au titre de lrsquoarticle 31 de ladirective 9546CE toute constatation pertinente y compris tout eacuteleacutement susceptible drsquoinfluer sur

lrsquoeacutevaluation selon laquelle les dispositions de lrsquoarticle 1er de la preacutesente deacutecision assurent un niveaude protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE et toute information montrantque la preacutesente deacutecision est appliqueacutee de maniegravere discriminatoire

2 La Commission preacutesente si neacutecessaire un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agrave laproceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CEraquo

8 Lrsquoannexe I de la deacutecision 2000520 est ainsi libelleacutee

laquoPrincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacutee

publieacutes par le ministegravere ameacutericain du commerce le 21 juillet 2000

[]

[] le ministegravere ameacutericain du commerce publie le preacutesent document (lsquoles principesrsquo) ainsi que leslsquoquestions souvent poseacuteesrsquo (FAQ) en vertu de son autoriteacute leacutegale afin de stimuler de promouvoir etde deacutevelopper le commerce international Les principes ont eacuteteacute eacutelaboreacutes en concertation avec lesentreprises et le grand public dans le but de faciliter le commerce et les relations drsquoaffaires entre lesEacutetats-Unis et lrsquoUnion europeacuteenne Ils sont exclusivement destineacutes aux organisations ameacutericainesrecevant des donneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doiventpermettre agrave ces organisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agravebeacuteneacuteficier de la preacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ci Comme lesprincipes nrsquoont eacuteteacute conccedilus que pour servir cet objectif speacutecifique leur adoption agrave drsquoautres fins peutsrsquoaveacuterer inadeacutequate []

Toute organisation est libre de remplir ou non les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo etdispose de plusieurs moyens pour srsquoy conformer []

Lrsquoadheacutesion aux principes peut ecirctre limiteacutee par a) les exigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unis b) les textes leacutegislatifs les regraveglementsadministratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent des obligations contradictoires ou

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 11 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisation qui a recours agrave une telleautorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute aux mesures neacutecessaires pourgarantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agrave servir c) les exceptions ou lesdeacuterogations preacutevues par la directive ou par le droit national agrave condition que ces exceptions oudeacuterogations soient appliqueacutees dans des contextes comparables Conformeacutement agrave lrsquoobjectif drsquounrenforcement de la protection de la vie priveacutee les organisations doivent srsquoefforcer drsquoappliquer cesprincipes de maniegravere complegravete et transparente y compris en indiquant ndash dans leurs codes de

protection de la vie priveacutee ndash dans quels domaines les exceptions viseacutees au point b) ci-dessussrsquoappliqueront de faccedilon reacuteguliegravere Pour la mecircme raison lorsque les principes etou les lois des Eacutetats-Unis permettent aux organisations de faire un choix celles-ci sont inviteacutees agrave opter dans la mesuredu possible pour le niveau de protection le plus eacuteleveacute

[]raquo

9 Lrsquoannexe II de la deacutecision 2000520 est reacutedigeacutee comme suit

laquoQuestions souvent poseacutees (FAQ)

[]

FAQ 6 ndash Autocertification

Q Comment une organisation autocertifie-t-elle qursquoelle adhegravere aux principes de la lsquosphegravere de

seacutecuriteacutersquo

R Les avantages affeacuterents agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont acquis agrave partir de la date agrave laquelle uneorganisation autocertifie au ministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee parcelui-ci) qursquoelle adhegravere aux principes conformeacutement aux modaliteacutes ci-dessous

Pour autocertifier son adheacutesion agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo une organisation peut remettre auministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee par celui-ci) une lettre signeacuteedrsquoun cadre de ladite organisation contenant au moins les informations suivantes

1) le nom de lrsquoorganisation son adresse postale son adresse eacutelectronique ses numeacuteros deteacuteleacutephone et de teacuteleacutecopieur

2) une description des activiteacutes de lrsquoorganisation relativement aux informations agrave caractegraverepersonnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne

3) une description des dispositions de protection de la vie priveacutee appliqueacutees parlrsquoorganisation auxdites informations preacutecisant a) le lieu ougrave le texte de ces dispositionspeut ecirctre consulteacute par le public b) la date de mise en œuvre de ces dispositions c) leservice agrave contacter en cas de plainte pour des demandes drsquoaccegraves et pour toute autrequestion relevant de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo d) le nom de lrsquoinstance reacuteglementairespeacutecifique qui est chargeacutee de statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le cas eacutecheacuteant contrelrsquoorganisation pour pratiques deacuteloyales ou frauduleuses et pour infraction aux lois ouaux reacuteglementations reacutegissant la protection de la vie priveacutee (et qui est mentionneacutee danslrsquoannexe aux principes) e) lrsquointituleacute de tout programme relatif agrave la protection de la viepriveacutee auquel participe lrsquoorganisation f) la meacutethode de veacuterification (par exemple en

interne ou par des tiers) [] et g) lrsquoinstance de recours indeacutependante qui pourra instruireles plaintes non reacutesolues

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 12 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Une organisation peut eacutetendre les avantages de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo agrave des informations detype lsquoressources humainesrsquo qui sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne afin drsquoecirctre utiliseacuteesdans le cadre de relations de travail lorsque lrsquoune des instances reacuteglementaires mentionneacuteesdans lrsquoannexe aux principes est compeacutetente pour statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le caseacutecheacuteant contre ladite organisation dans le domaine des informations de type lsquoressourceshumainesrsquo []

Le ministegravere (ou la personne deacutesigneacutee par celui-ci) tiendra une liste de lrsquoensemble desorganisations qui suivent cette proceacutedure garantissant ainsi les avantages de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo et mettra agrave jour cette liste sur la base des lettres et notifications reccedilues chaque anneacuteeen conformiteacute avec la FAQ 11 []

[]

FAQ 11 mdash Reacutesolution des litiges et application des deacutecisions

Q Comment les exigences en matiegravere de reacutesolution des litiges formuleacutees dans le principe

drsquoapplication doivent-elles ecirctre mises en œuvre et comment le non-respect persistant des

principes de la part drsquoune organisation sera-t-il traiteacute

R Le principe drsquoapplication deacutefinit les exigences sur lesquelles repose la mise en œuvre de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo La FAQ sur la veacuterification (FAQ 7) explique la maniegravere de satisfaire lesexigences eacutenonceacutees au point b) du principe La preacutesente FAQ 11 traite des points a) et c) quineacutecessitent tous deux des instances de recours indeacutependantes Ces instances peuvent prendrediffeacuterentes formes mais doivent reacutepondre aux exigences du principe drsquoapplication Lesorganisations participant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo peuvent les satisfaire 1) en participant agrave desprogrammes du secteur priveacute en matiegravere de protection de la vie priveacutee inteacutegrant dans leursregravegles les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo et comportant des meacutecanismes de mise en œuvre

efficaces de mecircme nature que ceux qui sont deacutecrits dans le principe drsquoapplication 2) en seconformant aux instructions des organes leacutegaux ou statutaires de surveillance qui assurent letraitement des plaintes de particuliers et la reacutesolution des litiges 3) en srsquoengageant agrave coopeacutereravec les autoriteacutes chargeacutees de la protection des donneacutees au sein de la Communauteacuteeuropeacuteenne ou avec leurs repreacutesentants autoriseacutes La preacutesente liste a valeur indicative et nrsquoestpas restrictive Le secteur priveacute peut concevoir drsquoautres meacutecanismes de mise en applicationpour autant que ceux-ci reacutepondent aux exigences du principe drsquoapplication et des FAQ Ilconvient de remarquer que les exigences du principe drsquoapplication srsquoajoutent agrave lrsquoexigenceeacutenonceacutee au paragraphe 3 de lrsquointroduction aux principes selon laquelle les initiativesdrsquoautoreacuteglementation doivent ecirctre exeacutecutoires conformeacutement agrave la section 5 du Federal Trade

Commission Act ou agrave une loi similaireInstances de recours

Les consommateurs devraient ecirctre encourageacutes agrave soumettre toute plainte eacuteventuelle agravelrsquoorganisation concerneacutee avant de faire appel agrave des instances de recours indeacutependantes []

[]

Action de la FTC

La FTC srsquoest engageacutee agrave examiner en prioriteacute les cas soumis par les organisationsdrsquoautoreacuteglementation telles que BBBOnline et TRUSTe ainsi que par les Eacutetats membres delrsquoUnion europeacuteenne en ce qui concerne le non-respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 10: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 10 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

3 Les Eacutetats membres et la Commission srsquoinforment aussi mutuellement des cas dans lesquels lesorganismes chargeacutes de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQ aux Eacutetats-Unis ne parviennent pas agrave srsquoacquitter de leur tacircche

4 Si les informations recueillies en application des paragraphes 1 2 et 3 montrent qursquounquelconque organisme chargeacute de faire respecter les principes mis en œuvre conformeacutement aux FAQaux Eacutetats-Unis ne remplit pas efficacement sa mission la Commission informe le ministegravere

ameacutericain du commerce et si neacutecessaire propose un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agravela proceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CE en vue drsquoabroger ou de suspendre lapreacutesente deacutecision ou drsquoen limiter la porteacutee

Article 4

1 La preacutesente deacutecision peut ecirctre adapteacutee agrave tout moment agrave la lumiegravere de lrsquoexpeacuterience acquisedurant sa mise en œuvre etou si le niveau de protection assureacute par les principes et les FAQ estdeacutepasseacute par les exigences du droit ameacutericain La Commission eacutevalue en tout eacutetat de causelrsquoapplication de la preacutesente deacutecision sur la base des informations disponibles trois ans apregraves sa

notification aux Eacutetats membres et communique au comiteacute institueacute au titre de lrsquoarticle 31 de ladirective 9546CE toute constatation pertinente y compris tout eacuteleacutement susceptible drsquoinfluer sur

lrsquoeacutevaluation selon laquelle les dispositions de lrsquoarticle 1er de la preacutesente deacutecision assurent un niveaude protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546CE et toute information montrantque la preacutesente deacutecision est appliqueacutee de maniegravere discriminatoire

2 La Commission preacutesente si neacutecessaire un projet des mesures agrave prendre conformeacutement agrave laproceacutedure viseacutee agrave lrsquoarticle 31 de la directive 9546CEraquo

8 Lrsquoannexe I de la deacutecision 2000520 est ainsi libelleacutee

laquoPrincipes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo relatifs agrave la protection de la vie priveacutee

publieacutes par le ministegravere ameacutericain du commerce le 21 juillet 2000

[]

[] le ministegravere ameacutericain du commerce publie le preacutesent document (lsquoles principesrsquo) ainsi que leslsquoquestions souvent poseacuteesrsquo (FAQ) en vertu de son autoriteacute leacutegale afin de stimuler de promouvoir etde deacutevelopper le commerce international Les principes ont eacuteteacute eacutelaboreacutes en concertation avec lesentreprises et le grand public dans le but de faciliter le commerce et les relations drsquoaffaires entre lesEacutetats-Unis et lrsquoUnion europeacuteenne Ils sont exclusivement destineacutes aux organisations ameacutericainesrecevant des donneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doiventpermettre agrave ces organisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agravebeacuteneacuteficier de la preacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ci Comme lesprincipes nrsquoont eacuteteacute conccedilus que pour servir cet objectif speacutecifique leur adoption agrave drsquoautres fins peutsrsquoaveacuterer inadeacutequate []

Toute organisation est libre de remplir ou non les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo etdispose de plusieurs moyens pour srsquoy conformer []

Lrsquoadheacutesion aux principes peut ecirctre limiteacutee par a) les exigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unis b) les textes leacutegislatifs les regraveglementsadministratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent des obligations contradictoires ou

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 11 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisation qui a recours agrave une telleautorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute aux mesures neacutecessaires pourgarantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agrave servir c) les exceptions ou lesdeacuterogations preacutevues par la directive ou par le droit national agrave condition que ces exceptions oudeacuterogations soient appliqueacutees dans des contextes comparables Conformeacutement agrave lrsquoobjectif drsquounrenforcement de la protection de la vie priveacutee les organisations doivent srsquoefforcer drsquoappliquer cesprincipes de maniegravere complegravete et transparente y compris en indiquant ndash dans leurs codes de

protection de la vie priveacutee ndash dans quels domaines les exceptions viseacutees au point b) ci-dessussrsquoappliqueront de faccedilon reacuteguliegravere Pour la mecircme raison lorsque les principes etou les lois des Eacutetats-Unis permettent aux organisations de faire un choix celles-ci sont inviteacutees agrave opter dans la mesuredu possible pour le niveau de protection le plus eacuteleveacute

[]raquo

9 Lrsquoannexe II de la deacutecision 2000520 est reacutedigeacutee comme suit

laquoQuestions souvent poseacutees (FAQ)

[]

FAQ 6 ndash Autocertification

Q Comment une organisation autocertifie-t-elle qursquoelle adhegravere aux principes de la lsquosphegravere de

seacutecuriteacutersquo

R Les avantages affeacuterents agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont acquis agrave partir de la date agrave laquelle uneorganisation autocertifie au ministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee parcelui-ci) qursquoelle adhegravere aux principes conformeacutement aux modaliteacutes ci-dessous

Pour autocertifier son adheacutesion agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo une organisation peut remettre auministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee par celui-ci) une lettre signeacuteedrsquoun cadre de ladite organisation contenant au moins les informations suivantes

1) le nom de lrsquoorganisation son adresse postale son adresse eacutelectronique ses numeacuteros deteacuteleacutephone et de teacuteleacutecopieur

2) une description des activiteacutes de lrsquoorganisation relativement aux informations agrave caractegraverepersonnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne

3) une description des dispositions de protection de la vie priveacutee appliqueacutees parlrsquoorganisation auxdites informations preacutecisant a) le lieu ougrave le texte de ces dispositionspeut ecirctre consulteacute par le public b) la date de mise en œuvre de ces dispositions c) leservice agrave contacter en cas de plainte pour des demandes drsquoaccegraves et pour toute autrequestion relevant de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo d) le nom de lrsquoinstance reacuteglementairespeacutecifique qui est chargeacutee de statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le cas eacutecheacuteant contrelrsquoorganisation pour pratiques deacuteloyales ou frauduleuses et pour infraction aux lois ouaux reacuteglementations reacutegissant la protection de la vie priveacutee (et qui est mentionneacutee danslrsquoannexe aux principes) e) lrsquointituleacute de tout programme relatif agrave la protection de la viepriveacutee auquel participe lrsquoorganisation f) la meacutethode de veacuterification (par exemple en

interne ou par des tiers) [] et g) lrsquoinstance de recours indeacutependante qui pourra instruireles plaintes non reacutesolues

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 12 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Une organisation peut eacutetendre les avantages de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo agrave des informations detype lsquoressources humainesrsquo qui sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne afin drsquoecirctre utiliseacuteesdans le cadre de relations de travail lorsque lrsquoune des instances reacuteglementaires mentionneacuteesdans lrsquoannexe aux principes est compeacutetente pour statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le caseacutecheacuteant contre ladite organisation dans le domaine des informations de type lsquoressourceshumainesrsquo []

Le ministegravere (ou la personne deacutesigneacutee par celui-ci) tiendra une liste de lrsquoensemble desorganisations qui suivent cette proceacutedure garantissant ainsi les avantages de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo et mettra agrave jour cette liste sur la base des lettres et notifications reccedilues chaque anneacuteeen conformiteacute avec la FAQ 11 []

[]

FAQ 11 mdash Reacutesolution des litiges et application des deacutecisions

Q Comment les exigences en matiegravere de reacutesolution des litiges formuleacutees dans le principe

drsquoapplication doivent-elles ecirctre mises en œuvre et comment le non-respect persistant des

principes de la part drsquoune organisation sera-t-il traiteacute

R Le principe drsquoapplication deacutefinit les exigences sur lesquelles repose la mise en œuvre de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo La FAQ sur la veacuterification (FAQ 7) explique la maniegravere de satisfaire lesexigences eacutenonceacutees au point b) du principe La preacutesente FAQ 11 traite des points a) et c) quineacutecessitent tous deux des instances de recours indeacutependantes Ces instances peuvent prendrediffeacuterentes formes mais doivent reacutepondre aux exigences du principe drsquoapplication Lesorganisations participant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo peuvent les satisfaire 1) en participant agrave desprogrammes du secteur priveacute en matiegravere de protection de la vie priveacutee inteacutegrant dans leursregravegles les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo et comportant des meacutecanismes de mise en œuvre

efficaces de mecircme nature que ceux qui sont deacutecrits dans le principe drsquoapplication 2) en seconformant aux instructions des organes leacutegaux ou statutaires de surveillance qui assurent letraitement des plaintes de particuliers et la reacutesolution des litiges 3) en srsquoengageant agrave coopeacutereravec les autoriteacutes chargeacutees de la protection des donneacutees au sein de la Communauteacuteeuropeacuteenne ou avec leurs repreacutesentants autoriseacutes La preacutesente liste a valeur indicative et nrsquoestpas restrictive Le secteur priveacute peut concevoir drsquoautres meacutecanismes de mise en applicationpour autant que ceux-ci reacutepondent aux exigences du principe drsquoapplication et des FAQ Ilconvient de remarquer que les exigences du principe drsquoapplication srsquoajoutent agrave lrsquoexigenceeacutenonceacutee au paragraphe 3 de lrsquointroduction aux principes selon laquelle les initiativesdrsquoautoreacuteglementation doivent ecirctre exeacutecutoires conformeacutement agrave la section 5 du Federal Trade

Commission Act ou agrave une loi similaireInstances de recours

Les consommateurs devraient ecirctre encourageacutes agrave soumettre toute plainte eacuteventuelle agravelrsquoorganisation concerneacutee avant de faire appel agrave des instances de recours indeacutependantes []

[]

Action de la FTC

La FTC srsquoest engageacutee agrave examiner en prioriteacute les cas soumis par les organisationsdrsquoautoreacuteglementation telles que BBBOnline et TRUSTe ainsi que par les Eacutetats membres delrsquoUnion europeacuteenne en ce qui concerne le non-respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 11: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 11 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclahellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisation qui a recours agrave une telleautorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute aux mesures neacutecessaires pourgarantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agrave servir c) les exceptions ou lesdeacuterogations preacutevues par la directive ou par le droit national agrave condition que ces exceptions oudeacuterogations soient appliqueacutees dans des contextes comparables Conformeacutement agrave lrsquoobjectif drsquounrenforcement de la protection de la vie priveacutee les organisations doivent srsquoefforcer drsquoappliquer cesprincipes de maniegravere complegravete et transparente y compris en indiquant ndash dans leurs codes de

protection de la vie priveacutee ndash dans quels domaines les exceptions viseacutees au point b) ci-dessussrsquoappliqueront de faccedilon reacuteguliegravere Pour la mecircme raison lorsque les principes etou les lois des Eacutetats-Unis permettent aux organisations de faire un choix celles-ci sont inviteacutees agrave opter dans la mesuredu possible pour le niveau de protection le plus eacuteleveacute

[]raquo

9 Lrsquoannexe II de la deacutecision 2000520 est reacutedigeacutee comme suit

laquoQuestions souvent poseacutees (FAQ)

[]

FAQ 6 ndash Autocertification

Q Comment une organisation autocertifie-t-elle qursquoelle adhegravere aux principes de la lsquosphegravere de

seacutecuriteacutersquo

R Les avantages affeacuterents agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont acquis agrave partir de la date agrave laquelle uneorganisation autocertifie au ministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee parcelui-ci) qursquoelle adhegravere aux principes conformeacutement aux modaliteacutes ci-dessous

Pour autocertifier son adheacutesion agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo une organisation peut remettre auministegravere ameacutericain du commerce (ou agrave la personne deacutesigneacutee par celui-ci) une lettre signeacuteedrsquoun cadre de ladite organisation contenant au moins les informations suivantes

1) le nom de lrsquoorganisation son adresse postale son adresse eacutelectronique ses numeacuteros deteacuteleacutephone et de teacuteleacutecopieur

2) une description des activiteacutes de lrsquoorganisation relativement aux informations agrave caractegraverepersonnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne

3) une description des dispositions de protection de la vie priveacutee appliqueacutees parlrsquoorganisation auxdites informations preacutecisant a) le lieu ougrave le texte de ces dispositionspeut ecirctre consulteacute par le public b) la date de mise en œuvre de ces dispositions c) leservice agrave contacter en cas de plainte pour des demandes drsquoaccegraves et pour toute autrequestion relevant de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo d) le nom de lrsquoinstance reacuteglementairespeacutecifique qui est chargeacutee de statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le cas eacutecheacuteant contrelrsquoorganisation pour pratiques deacuteloyales ou frauduleuses et pour infraction aux lois ouaux reacuteglementations reacutegissant la protection de la vie priveacutee (et qui est mentionneacutee danslrsquoannexe aux principes) e) lrsquointituleacute de tout programme relatif agrave la protection de la viepriveacutee auquel participe lrsquoorganisation f) la meacutethode de veacuterification (par exemple en

interne ou par des tiers) [] et g) lrsquoinstance de recours indeacutependante qui pourra instruireles plaintes non reacutesolues

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 12 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Une organisation peut eacutetendre les avantages de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo agrave des informations detype lsquoressources humainesrsquo qui sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne afin drsquoecirctre utiliseacuteesdans le cadre de relations de travail lorsque lrsquoune des instances reacuteglementaires mentionneacuteesdans lrsquoannexe aux principes est compeacutetente pour statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le caseacutecheacuteant contre ladite organisation dans le domaine des informations de type lsquoressourceshumainesrsquo []

Le ministegravere (ou la personne deacutesigneacutee par celui-ci) tiendra une liste de lrsquoensemble desorganisations qui suivent cette proceacutedure garantissant ainsi les avantages de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo et mettra agrave jour cette liste sur la base des lettres et notifications reccedilues chaque anneacuteeen conformiteacute avec la FAQ 11 []

[]

FAQ 11 mdash Reacutesolution des litiges et application des deacutecisions

Q Comment les exigences en matiegravere de reacutesolution des litiges formuleacutees dans le principe

drsquoapplication doivent-elles ecirctre mises en œuvre et comment le non-respect persistant des

principes de la part drsquoune organisation sera-t-il traiteacute

R Le principe drsquoapplication deacutefinit les exigences sur lesquelles repose la mise en œuvre de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo La FAQ sur la veacuterification (FAQ 7) explique la maniegravere de satisfaire lesexigences eacutenonceacutees au point b) du principe La preacutesente FAQ 11 traite des points a) et c) quineacutecessitent tous deux des instances de recours indeacutependantes Ces instances peuvent prendrediffeacuterentes formes mais doivent reacutepondre aux exigences du principe drsquoapplication Lesorganisations participant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo peuvent les satisfaire 1) en participant agrave desprogrammes du secteur priveacute en matiegravere de protection de la vie priveacutee inteacutegrant dans leursregravegles les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo et comportant des meacutecanismes de mise en œuvre

efficaces de mecircme nature que ceux qui sont deacutecrits dans le principe drsquoapplication 2) en seconformant aux instructions des organes leacutegaux ou statutaires de surveillance qui assurent letraitement des plaintes de particuliers et la reacutesolution des litiges 3) en srsquoengageant agrave coopeacutereravec les autoriteacutes chargeacutees de la protection des donneacutees au sein de la Communauteacuteeuropeacuteenne ou avec leurs repreacutesentants autoriseacutes La preacutesente liste a valeur indicative et nrsquoestpas restrictive Le secteur priveacute peut concevoir drsquoautres meacutecanismes de mise en applicationpour autant que ceux-ci reacutepondent aux exigences du principe drsquoapplication et des FAQ Ilconvient de remarquer que les exigences du principe drsquoapplication srsquoajoutent agrave lrsquoexigenceeacutenonceacutee au paragraphe 3 de lrsquointroduction aux principes selon laquelle les initiativesdrsquoautoreacuteglementation doivent ecirctre exeacutecutoires conformeacutement agrave la section 5 du Federal Trade

Commission Act ou agrave une loi similaireInstances de recours

Les consommateurs devraient ecirctre encourageacutes agrave soumettre toute plainte eacuteventuelle agravelrsquoorganisation concerneacutee avant de faire appel agrave des instances de recours indeacutependantes []

[]

Action de la FTC

La FTC srsquoest engageacutee agrave examiner en prioriteacute les cas soumis par les organisationsdrsquoautoreacuteglementation telles que BBBOnline et TRUSTe ainsi que par les Eacutetats membres delrsquoUnion europeacuteenne en ce qui concerne le non-respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 12: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 12 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Une organisation peut eacutetendre les avantages de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo agrave des informations detype lsquoressources humainesrsquo qui sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion europeacuteenne afin drsquoecirctre utiliseacuteesdans le cadre de relations de travail lorsque lrsquoune des instances reacuteglementaires mentionneacuteesdans lrsquoannexe aux principes est compeacutetente pour statuer sur les plaintes deacuteposeacutees le caseacutecheacuteant contre ladite organisation dans le domaine des informations de type lsquoressourceshumainesrsquo []

Le ministegravere (ou la personne deacutesigneacutee par celui-ci) tiendra une liste de lrsquoensemble desorganisations qui suivent cette proceacutedure garantissant ainsi les avantages de la lsquosphegravere deseacutecuriteacutersquo et mettra agrave jour cette liste sur la base des lettres et notifications reccedilues chaque anneacuteeen conformiteacute avec la FAQ 11 []

[]

FAQ 11 mdash Reacutesolution des litiges et application des deacutecisions

Q Comment les exigences en matiegravere de reacutesolution des litiges formuleacutees dans le principe

drsquoapplication doivent-elles ecirctre mises en œuvre et comment le non-respect persistant des

principes de la part drsquoune organisation sera-t-il traiteacute

R Le principe drsquoapplication deacutefinit les exigences sur lesquelles repose la mise en œuvre de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo La FAQ sur la veacuterification (FAQ 7) explique la maniegravere de satisfaire lesexigences eacutenonceacutees au point b) du principe La preacutesente FAQ 11 traite des points a) et c) quineacutecessitent tous deux des instances de recours indeacutependantes Ces instances peuvent prendrediffeacuterentes formes mais doivent reacutepondre aux exigences du principe drsquoapplication Lesorganisations participant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo peuvent les satisfaire 1) en participant agrave desprogrammes du secteur priveacute en matiegravere de protection de la vie priveacutee inteacutegrant dans leursregravegles les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo et comportant des meacutecanismes de mise en œuvre

efficaces de mecircme nature que ceux qui sont deacutecrits dans le principe drsquoapplication 2) en seconformant aux instructions des organes leacutegaux ou statutaires de surveillance qui assurent letraitement des plaintes de particuliers et la reacutesolution des litiges 3) en srsquoengageant agrave coopeacutereravec les autoriteacutes chargeacutees de la protection des donneacutees au sein de la Communauteacuteeuropeacuteenne ou avec leurs repreacutesentants autoriseacutes La preacutesente liste a valeur indicative et nrsquoestpas restrictive Le secteur priveacute peut concevoir drsquoautres meacutecanismes de mise en applicationpour autant que ceux-ci reacutepondent aux exigences du principe drsquoapplication et des FAQ Ilconvient de remarquer que les exigences du principe drsquoapplication srsquoajoutent agrave lrsquoexigenceeacutenonceacutee au paragraphe 3 de lrsquointroduction aux principes selon laquelle les initiativesdrsquoautoreacuteglementation doivent ecirctre exeacutecutoires conformeacutement agrave la section 5 du Federal Trade

Commission Act ou agrave une loi similaireInstances de recours

Les consommateurs devraient ecirctre encourageacutes agrave soumettre toute plainte eacuteventuelle agravelrsquoorganisation concerneacutee avant de faire appel agrave des instances de recours indeacutependantes []

[]

Action de la FTC

La FTC srsquoest engageacutee agrave examiner en prioriteacute les cas soumis par les organisationsdrsquoautoreacuteglementation telles que BBBOnline et TRUSTe ainsi que par les Eacutetats membres delrsquoUnion europeacuteenne en ce qui concerne le non-respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 13: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 13 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

afin de deacuteterminer srsquoil y a eu une violation de la section 5 du Federal Trade Commission Actqui interdit les actions ou pratiques deacuteloyales ou frauduleuses dans le commerce []

[]raquo

10 Aux termes de lrsquoannexe IV de la deacutecision 2000520

laquoConfidentialiteacute et dommages-inteacuterecircts autorisations leacutegales et fusions et acquisitions suivant laleacutegislation des Eacutetats-Unis

Le preacutesent document reacutepond agrave la demande de la Commission europeacuteenne visant agrave la clarification dela leacutegislation ameacutericaine en ce qui concerne a) les demandes de compensations pour violations de laconfidentialiteacute b) lsquoles autorisations explicitesrsquo preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine pour utilisationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel drsquoune faccedilon contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquoet c) lrsquoeffet des fusions et acquisitions sur les obligations contracteacutees conformeacutement aux principesde la sphegravere de seacutecuriteacute

[]

B Autorisations leacutegales explicites

Les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo contiennent une exception lorsque le droit eacutecrit lesreacuteglementations ou la jurisprudence creacuteent lsquodes obligations conflictuelles ou des autorisationsexplicites agrave condition que dans lrsquoexercice de ces autorisations une organisation puisse deacutemontrerque sa non-conformiteacute aux principes est limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agrave la satisfaction desinteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Il est clair que lorsque la leacutegislationameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines faisant ou non partiede la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislation Quant aux autorisations explicites si les

principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo sont destineacutes agrave combler le fosseacute seacuteparant les reacutegimes ameacutericain eteuropeacuteen de protection de la vie priveacutee nous devons respecter les preacuterogatives leacutegislatives de nosleacutegislateurs eacutelus Lrsquoexception limiteacutee au strict respect des principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquosrsquoefforce drsquoeacutetablir un eacutequilibre pour tenir compte des inteacuterecircts leacutegitimes de chaque partie

Lrsquoexception est limiteacutee aux cas ougrave existe une autorisation explicite Par conseacutequent en tant que caslimite la leacutegislation la reacuteglementation ou la deacutecision de justice pertinente doivent autoriseraffirmativement une conduite particuliegravere des organisations adheacuterant agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Endrsquoautres termes lrsquoexception ne srsquoappliquera pas lorsque la loi est silencieuse De surcroicirctlrsquoexception ne srsquoappliquera que si lrsquoautorisation explicite contredit le respect des principes de lalsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Mecircme dans ces conditions lrsquoexception lsquoest limiteacutee dans la mesure neacutecessaire agravela satisfaction des inteacuterecircts leacutegitimes principaux favoriseacutes par cette autorisationrsquo Agrave titredrsquoillustration lorsque la loi autorise simplement une socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegraverepersonnel agrave des organismes gouvernementaux lrsquoexception ne srsquoappliquera pas Agrave lrsquoinverse lorsquela loi autorise speacutecifiquement la socieacuteteacute agrave fournir des informations agrave caractegravere personnel agrave desorganismes gouvernementaux sans le consentement de la personne cela constituerait unelsquoautorisation explicitersquo drsquoagir drsquoune maniegravere contredisant les principes de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo Parailleurs les exceptions speacutecifiques aux exigences de notification et de consentement entreraient dansle cadre de lrsquoexception (car cela eacutequivaudrait agrave une autorisation speacutecifique de reacuteveacuteler lrsquoinformationsans notification et consentement) Par exemple un texte de loi autorisant les meacutedecins agrave fournir lesdossiers meacutedicaux de leurs patients aux fonctionnaires sanitaires sans lrsquoautorisation preacutealable de ces

patients pourrait permettre une exception aux principes de notification et de choix Cetteautorisation ne laisserait pas la possibiliteacute agrave un meacutedecin de fournir les mecircmes dossiers meacutedicaux aux

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 14: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 14 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

caisses de maladie ou aux laboratoires de recherche pharmaceutique car cela irait au-delagrave delrsquoobjectif autoriseacute par la loi et donc au-delagrave du champ de lrsquoexception [] Lrsquoautorisation en questionpeut ecirctre une autorisation lsquoautonomersquo de faire des choses deacutetermineacutees avec des informationspersonnelles mais comme lrsquoillustrent les exemples ci-dessous il est plus probable qursquoil srsquoagissedrsquoune exception agrave une loi plus large qui interdit la collecte lrsquoutilisation ou la divulgationdrsquoinformations agrave caractegravere personnel

[]raquo

La communication COM(2013) 846 final

11 Le 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlement europeacuteen et auConseil intituleacutee laquoReacutetablir la confiance dans les flux des donneacutees entre lrsquoUnion europeacuteenne et lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuteriqueraquo [COM(2013) 846 final ci-apregraves la laquocommunication COM(2013) 846finalraquo] Cette communication eacutetait accompagneacutee drsquoun rapport eacutegalement dateacute du 27 novembre2013 contenant les laquoconclusions des copreacutesidents de lrsquoUnion europeacuteenne du groupe de travail adhoc Union europeacuteenne-Eacutetats-Unis sur la protection des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo (laquoReport on

the Findings by the EU Co-

chairs of the ad hoc EU-US Working Group on Data Protectionraquo) Cerapport avait eacuteteacute eacutelaboreacute ainsi que lrsquoindique son point 1 en coopeacuteration avec les Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique agrave la suite de la reacuteveacutelation de lrsquoexistence dans ce pays de plusieurs programmes desurveillance incluant la collecte et le traitement agrave grande eacutechelle de donneacutees agrave caractegravere personnelLedit rapport contenait notamment une analyse deacutetailleacutee de lrsquoordre juridique des Eacutetats-Unis en cequi concerne en particulier les bases leacutegales autorisant lrsquoexistence de programmes de surveillanceainsi que la collecte et le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel par des autoriteacutes ameacutericaines

12 Au point 1 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a preacuteciseacute que laquoles eacutechangescommerciaux font lrsquoobjet de la deacutecision [2000520]raquo ajoutant que laquo[c]ette deacutecision fournit une base juridique aux fins du transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel de lrsquoUnion europeacuteenne vers des

entreprises eacutetablies aux Eacutetats-Unis qui adhegraverent aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo En outre agravece mecircme point 1 la Commission a mis en exergue lrsquoimportance croissante des flux de donneacutees agravecaractegravere personnel lieacutee notamment au deacuteveloppement de lrsquoeacuteconomie numeacuterique celui-ci ayant eneffet laquoentraicircneacute une croissance exponentielle de la quantiteacute de la qualiteacute de la diversiteacute et de lanature des activiteacutes de traitement de donneacuteesraquo

13 Au point 2 de cette communication la Commission a fait observer que laquole niveau de protection desdonneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens de lrsquo[Union] qui sont transfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis dansle cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute suscite de plus en plus drsquoinquieacutetuderaquo et que laquo[l]e caractegraverevolontaire et deacuteclaratoire de la sphegravere de seacutecuriteacute a attireacute une attention accrue sur sa transparence et

sa mise en œuvreraquo14 En outre elle a indiqueacute agrave ce mecircme point 2 que laquo[l]es donneacutees agrave caractegravere personnel des citoyens

de lrsquo[Union] transfeacutereacutees aux Eacutetats-Unis dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute peuvent en effet ecirctreconsulteacutees et traiteacutees par les autoriteacutes ameacutericaines drsquoune maniegravere incompatible avec les motifs pourlesquels elles avaient eacuteteacute initialement collecteacutees dans lrsquo[Union] et avec les finaliteacutes de leur transfertvers les Eacutetats-Unisraquo et que laquo[l]a majoriteacute des entreprises ameacutericaines du secteur de lrsquointernet quisemblent ecirctre plus directement concerneacutees par [les] programmes [de surveillance] sont certifieacuteesdans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo

15 Au point 32 de la communication COM(2013) 846 final la Commission a releveacute lrsquoexistence drsquoun

certain nombre drsquoinsuffisances quant agrave la mise en œuvre de la deacutecision 2000520 Elle y a fait eacutetatdrsquoune part de ce que des entreprises ameacutericaines certifieacutees ne respectaient pas les principes viseacutes agrave

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 15: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 15 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 (ci-apregraves les laquoprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo)et que des ameacuteliorations devaient ecirctre apporteacutees agrave cette deacutecision concernant laquoles lacunesstructurelles lieacutees agrave la transparence et au controcircle de la mise en œuvre les principes mateacuteriels de lasphegravere de seacutecuriteacute et lrsquoapplication de la deacuterogation pour motif de seacutecuriteacute nationaleraquo Drsquoautre partelle a fait observer que la laquosphegravere de seacutecuriteacute sert eacutegalement drsquointerface pour le transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel de citoyens europeacuteens de lrsquo[Union] vers les Eacutetats-Unis par les entreprises quisont tenues de remettre des donneacutees aux agences ameacutericaines de renseignement dans le cadre deprogrammes ameacutericains de collecte de renseignementsraquo

16 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 32 que si laquo[c]ompte tenu des insuffisances recenseacuteesla sphegravere de seacutecuriteacute ne peut plus ecirctre mise en œuvre telle qursquoelle lrsquoest actuellement [] sasuppression porterait [toutefois] preacutejudice aux inteacuterecircts des entreprises qui en sont membres danslrsquo[Union] et aux Eacutetats-Unisraquo Enfin toujours audit point 32 la Commission a ajouteacute qursquoelleentendait laquoentamer de toute urgence un dialogue avec les autoriteacutes ameacutericaines afin drsquoexaminer leslacunes mises en eacutevidenceraquo

La communication COM(2013) 847 final

17 Agrave cette mecircme date du 27 novembre 2013 la Commission a adopteacute la communication au Parlementeuropeacuteen et au Conseil relative au fonctionnement de la sphegravere de seacutecuriteacute du point de vue descitoyens de lrsquoUnion et des entreprises eacutetablies sur son territoire [COM(2013) 847 final ci-apregraves lalaquocommunication COM(2013) 847 finalraquo] Ainsi qursquoil ressort de son point 1 cette communicationeacutetait fondeacutee notamment sur les informations reccedilues par le groupe de travail ad hoc Unioneuropeacuteenne-Eacutetats-Unis et faisait suite agrave deux rapports drsquoanalyse drsquoimpact de la Commission publieacutesrespectivement en 2002 et en 2004

18 Le point 1 de cette communication preacutecise que le fonctionnement de la deacutecision 2000520 laquoreposesur les engagements pris par les entreprises qui deacutecident drsquoy souscrire et lrsquoautocertification decelles-ciraquo et ajoute que laquo[l]rsquoadheacutesion revecirct un caractegravere volontaire mais [que] les regravegles sontcontraignantes pour les entreprises qui y souscriventraquo

19 En outre il ressort du point 22 de la communication COM(2013) 847 final que agrave la date du 26septembre 2013 3 246 entreprises relevant de nombreux secteurs de lrsquoeacuteconomie et des serviceseacutetaient certifieacutees Ces entreprises fournissaient principalement des services sur le marcheacute inteacuterieurde lrsquoUnion en particulier dans le secteur de lrsquoInternet et une partie drsquoentre elles eacutetaient desentreprises de lrsquoUnion ayant des filiales aux Eacutetats-Unis Certaines de ces entreprises traitaient lesdonneacutees de leurs salarieacutes employeacutes en Europe lesquelles eacutetaient transfeacutereacutees vers ce pays agrave des finsde gestion des ressources humaines

20 Agrave ce mecircme point 22 la Commission a souligneacute que laquotout deacutefaut [de transparence] et toute lacune[dans la mise en œuvre] du cocircteacute ameacutericain [avaient] pour effet de reporter la responsabiliteacute sur lesautoriteacutes europeacuteennes chargeacutees de la protection des donneacutees et sur les entreprises qui appliquent cereacutegimeraquo

21 Il ressort notamment des points 3 agrave 5 et 8 de la communication COM(2013) 847 final que enpratique un nombre important drsquoentreprises certifieacutees ne respectaient pas ou pas entiegraverement lesprincipes de la sphegravere de seacutecuriteacute

22 En outre au point 7 de cette communication la Commission a fait eacutetat de ce que laquotoutes lesentreprises participant au programme PRISM [programme de collecte de renseignements agrave grandeeacutechelle] qui permettent aux autoriteacutes ameacutericaines drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees stockeacutees et traiteacutees

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 16: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 16 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

aux Eacutetats-Unis semblent ecirctre certifieacutees dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacuteraquo et que celle-ci laquoestdonc devenue lrsquoune des voies par lesquelles les autoriteacutes ameacutericaines du renseignement ont accegraves agravela collecte des donneacutees agrave caractegravere personnel initialement traiteacutees dans lrsquo[Union]raquo Agrave cet eacutegard laCommission a constateacute au point 71 de ladite communication laquoqursquoun certain nombre de bases juridiques preacutevues par la leacutegislation ameacutericaine permettent la collecte et le traitement agrave grandeeacutechelle des donneacutees agrave caractegravere personnel stockeacutees ou traiteacutees par des socieacuteteacutes eacutetablies aux Eacutetats-Unisraquo et que laquo[c]es programmes eacutetant agrave grande eacutechelle il est possible que les donneacutees transfeacutereacutees

dans le cadre de la sphegravere de seacutecuriteacute soient accessibles aux autoriteacutes ameacutericaines et traiteacutees parcelles-ci au-delagrave de ce qui est strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacutenationale comme le preacutevoit lrsquoexception eacutenonceacutee dans la deacutecision [2000520]raquo

23 Au point 72 de la communication COM(2013) 847 final intituleacute laquoLimitations et voies de droitraquo laCommission a souligneacute que laquoce sont principalement les ressortissants des Eacutetats-Unis et lespersonnes qui y reacutesident leacutegalement qui beacuteneacuteficient des garanties preacutevues en droit ameacutericainraquo etqursquolaquo[i]l nrsquoexiste en outre aucune possibiliteacute que ce soit pour les personnes concerneacutees delrsquo[Union] ou des Eacutetats-Unis drsquoobtenir lrsquoaccegraves la rectification ou la suppression de donneacutees oudrsquoexercer des voies de droit administratives ou judiciaires si dans le cadre des programmes de

surveillance des Eacutetats-Unis des donneacutees agrave caractegravere personnel les concernant sont collecteacutees ettraiteacutees ulteacuterieurementraquo

24 Selon le point 8 de la communication COM(2013) 847 final figuraient parmi les entreprisescertifieacutees laquoles socieacuteteacutes du web telles que Google Facebook Microsoft Apple et Yahooraquo celles-ciayant laquodes centaines de millions de clients en Europeraquo et transfeacuterant des donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers les Eacutetats-Unis aux fins de leur traitement

25 La Commission a conclu agrave ce mecircme point 8 que laquolrsquoaccegraves agrave grande eacutechelle des agences derenseignement aux donneacutees que des entreprises certifieacutees au titre de la sphegravere de seacutecuriteacute transfegraverentaux Eacutetats-Unis soulegraveve de graves questions sur la continuiteacute de la sauvegarde des droits des citoyens

europeacuteens en matiegravere de protection des donneacutees lorsque des donneacutees les concernant sont transfeacutereacuteesaux Eacutetats-Unisraquo

Le litige au principal et les questions preacutejudicielles

26 M Schrems un ressortissant autrichien reacutesidant en Autriche est un utilisateur du reacuteseau socialFacebook (ci-apregraves laquoFacebookraquo) depuis lrsquoanneacutee 2008

27 Toute personne reacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion et deacutesirant utiliser Facebook est tenue deconclure lors de son inscription un contrat avec Facebook Ireland filiale de Facebook Inc elle-mecircme eacutetablie aux Eacutetats-Unis Les donneacutees agrave caractegravere personnel des utilisateurs de Facebookreacutesidant sur le territoire de lrsquoUnion sont en tout ou en partie transfeacutereacutees vers des serveursappartenant agrave Facebook Inc situeacutes sur le territoire des Eacutetats-Unis ougrave elles font lrsquoobjet drsquountraitement

28 Le 25 juin 2013 M Schrems a saisi le commissaire drsquoune plainte par laquelle il demandait ensubstance agrave celui-ci drsquoexercer ses compeacutetences statutaires en interdisant agrave Facebook Ireland detransfeacuterer ses donneacutees agrave caractegravere personnel vers les Eacutetats-Unis Il y faisait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans ce pays ne garantissaient pas une protection suffisante des donneacutees agravecaractegravere personnel conserveacutees sur le territoire de celui-ci contre les activiteacutes de surveillance qui y

eacutetaient pratiqueacutees par les autoriteacutes publiques M Schrems se reacutefeacuterait agrave cet eacutegard aux reacuteveacutelationsfaites par M Edward Snowden concernant les activiteacutes des services de renseignement des Eacutetats-

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 17: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 17 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Unis notamment celles de la National Security Agency (ci-apregraves la laquoNSAraquo)

29 Consideacuterant qursquoil nrsquoeacutetait pas tenu de proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schremsdans sa plainte le commissaire a rejeteacute celle-ci comme eacutetant deacutepourvue de fondement Ce dernier aen effet estimeacute qursquoil nrsquoexistait pas de preuves que la NSA ait acceacutedeacute aux donneacutees agrave caractegraverepersonnel de lrsquointeacuteresseacute Le commissaire a ajouteacute que les griefs souleveacutes par M Schrems dans saplainte ne pouvaient ecirctre utilement avanceacutes puisque toute question relative au caractegravere adeacutequat de

la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel aux Eacutetats-Unis devait ecirctre trancheacutee en conformiteacuteavec la deacutecision 2000520 et que dans cette deacutecision la Commission avait constateacute que les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assuraient un niveau adeacutequat de protection

30 M Schrems a introduit un recours devant la High Court (Haute Cour de justice) contre la deacutecisionen cause au principal Apregraves avoir examineacute les preuves soumises par les parties au principal cette juridiction a constateacute que la surveillance eacutelectronique et lrsquointerception des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis reacutepondaient agrave des finaliteacutes neacutecessaires etindispensables agrave lrsquointeacuterecirct public Toutefois ladite juridiction a ajouteacute que les reacuteveacutelations de MSnowden avaient deacutemontreacute que la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux avaient commis des laquoexcegraves

consideacuterablesraquo31 Or selon cette mecircme juridiction les citoyens de lrsquoUnion ne disposeraient drsquoaucun droit effectif agrave

ecirctre entendus La supervision des actions des services de renseignement serait effectueacutee dans lecadre drsquoune proceacutedure secregravete et non contradictoire Une fois les donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees vers les Eacutetats-Unis la NSA et drsquoautres organes feacutedeacuteraux tels que le Federal Bureau of Investigation (FBI) pourraient acceacuteder agrave ces donneacutees dans le cadre de la surveillance et desinterceptions indiffeacuterencieacutees qursquoils pratiquent agrave grande eacutechelle

32 La High Court (Haute Cour de justice) a constateacute que le droit irlandais interdit le transfert desdonneacutees agrave caractegravere personnel hors du territoire national agrave lrsquoexception des cas ougrave le pays tiers en

cause assure un niveau de protection adeacutequat de la vie priveacutee ainsi que des droits et liberteacutesfondamentaux Lrsquoimportance des droits au respect de la vie priveacutee et agrave lrsquoinviolabiliteacute du domicilegarantis par la Constitution irlandaise exigerait que toute ingeacuterence dans ces droits soitproportionneacutee et conforme aux exigences preacutevues par la loi

33 Or lrsquoaccegraves massif et indiffeacuterencieacute agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel serait eacutevidemment contraireau principe de proportionnaliteacute et aux valeurs fondamentales proteacutegeacutees par la Constitutionirlandaise Pour que des interceptions de communications eacutelectroniques puissent ecirctre consideacutereacuteescomme conformes agrave cette Constitution la preuve devrait ecirctre rapporteacutee que ces interceptionspreacutesentent un caractegravere cibleacute que la surveillance de certaines personnes ou de certains groupes de

personnes soit objectivement justifieacutee dans lrsquointeacuterecirct de la seacutecuriteacute nationale ou de la reacutepression de lacriminaliteacute et qursquoil existe des garanties adeacutequates et veacuterifiables Ainsi selon la High Court (HauteCour de justice) si lrsquoaffaire au principal devait ecirctre trancheacutee sur la base du seul droit irlandais ilconviendrait alors de constater que compte tenu de lrsquoexistence drsquoun doute seacuterieux sur le fait que lesEacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat des donneacutees agrave caractegravere personnelle commissaire aurait ducirc proceacuteder agrave une enquecircte sur les faits deacutenonceacutes par M Schrems dans saplainte et que crsquoest agrave tort qursquoil a rejeteacute cette derniegravere

34 Toutefois la High Court (Haute Cour de justice) considegravere que cette affaire concerne la mise enœuvre du droit de lrsquoUnion au sens de lrsquoarticle 51 de la Charte de sorte que la leacutegaliteacute de la deacutecisionen cause au principal doit ecirctre appreacutecieacutee au regard du droit de lrsquoUnion Or selon cette juridiction ladeacutecision 2000520 ne satisfait pas aux exigences deacutecoulant tant des articles 7 et 8 de la Charte quedes principes eacutenonceacutes par la Cour dans lrsquoarrecirct Digital Rights Ireland ea (C-29312 et C-59412

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 18: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 18 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

EUC2014238) Le droit au respect de la vie priveacutee garanti par lrsquoarticle 7 de la Charte et par lesvaleurs essentielles communes aux traditions des Eacutetats membres serait priveacute de toute porteacutee si lespouvoirs publics eacutetaient autoriseacutes agrave acceacuteder aux communications eacutelectroniques de maniegravere aleacuteatoireet geacuteneacuteraliseacutee sans aucune justification objective fondeacutee sur des raisons de seacutecuriteacute nationale ou depreacutevention de la criminaliteacute lieacutees speacutecifiquement aux individus concerneacutes et sans que ces pratiquessoient entoureacutees de garanties adeacutequates et veacuterifiables

35 La High Court (Haute Cour de justice) observe en outre que M Schrems agrave lrsquooccasion de sonrecours deacutenonce en reacutealiteacute la leacutegaliteacute du reacutegime de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo mis en place par ladeacutecision 2000520 et dont procegravede la deacutecision en cause au principal Ainsi mecircme si M Schrems nrsquoaformellement contesteacute la validiteacute ni de la directive 9546 ni de la deacutecision 2000520 la question estposeacutee selon cette juridiction de savoir si du fait de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive lecommissaire eacutetait lieacute par la constatation effectueacutee par la Commission dans cette deacutecision selonlaquelle les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat ou si lrsquoarticle 8 de laCharte autorisait le commissaire agrave srsquoaffranchir le cas eacutecheacuteant drsquoune telle constatation

36 Crsquoest dans ces conditions que la High Court (Haute Cour de justice) a deacutecideacute de surseoir agrave statuer et

de poser agrave la Cour les questions preacutejudicielles suivanteslaquo1) Eu eacutegard aux articles 7 8 et 47 de la Charte et sans preacutejudice des dispositions de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de la directive 9546 le Commissaire indeacutependant chargeacute drsquoappliquer laleacutegislation sur la protection des donneacutees saisi drsquoune plainte relative au transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel vers un pays tiers (en lrsquooccurrence vers les Eacutetats-Unis) dont le plaignantsoutient que le droit et les pratiques nrsquooffriraient pas des protections adeacutequates agrave la personneconcerneacutee est-il absolument lieacute par la constatation contraire de lrsquoUnion contenue dans ladeacutecision 2000520

2) Dans le cas contraire peut-il ou doit-il mener sa propre enquecircte en srsquoinstruisant de la maniegravere

dont les faits ont eacutevolueacute depuis la premiegravere publication de la deacutecision de la Commissionraquo

Sur les questions preacutejudicielles

37 Par ses questions preacutejudicielles qursquoil convient drsquoexaminer conjointement la juridiction de renvoidemande en substance si et dans quelle mesure lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agravela lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacuteeau titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520 par laquelle la Commission constateqursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat fait obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute decontrocircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive puisse examiner la demandedrsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agravecaractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tierslorsque cette personne fait valoir que le droit et les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pasun niveau de protection adeacutequat

Sur les pouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle au sens de lrsquoarticle 28 de la directive 9546

en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de

cette directive

38 Il convient de rappeler agrave titre liminaire que les dispositions de la directive 9546 en ce qursquoelles

reacutegissent le traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel susceptible de porter atteinte aux liberteacutesfondamentales et en particulier au droit au respect de la vie priveacutee doivent neacutecessairement ecirctre

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 19: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 1930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 19 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

interpreacuteteacutees agrave la lumiegravere des droits fondamentaux garantis par la Charte (voir arrecircts OumlsterreichischerRundfunk ea C-46500 C-13801 et C-13901 EUC2003294 point 68 Google Spain etGoogle C-13112 EUC2014317 point 68 ainsi que Ryneš C-21213 EUC20142428 point29)

39 Il reacutesulte de lrsquoarticle 1er ainsi que des consideacuterants 2 et 10 de la directive 9546 que celle-ci vise agravegarantir non seulement une protection efficace et complegravete des liberteacutes et des droits fondamentauxdes personnes physiques notamment du droit fondamental au respect de la vie priveacutee agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel mais eacutegalement un niveau eacuteleveacute de protection de cesliberteacutes et droits fondamentaux Lrsquoimportance tant du droit fondamental au respect de la vie priveacuteegaranti par lrsquoarticle 7 de la Charte que du droit fondamental agrave la protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel garanti par lrsquoarticle 8 de celle-ci est en outre souligneacutee dans la jurisprudence de la Cour(voir arrecircts Rijkeboer C-55307 EUC2009293 point 47 Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 point 53 ainsi que Google Spain et Google C-13112 EUC2014317points 53 66 et 74 et jurisprudence citeacutee)

40 Srsquoagissant des pouvoirs dont disposent les autoriteacutes de controcircle nationales agrave lrsquoeacutegard des transferts

de donneacutees agrave caractegravere personnel vers des pays tiers il convient de relever que lrsquoarticle 28paragraphe 1 de la directive 9546 impose aux Eacutetats membres drsquoinstituer une ou plusieurs autoriteacutespubliques chargeacutees de controcircler en toute indeacutependance le respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement de telles donneacutees Cette exigencereacutesulte eacutegalement du droit primaire de lrsquoUnion notamment de lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charteet de lrsquoarticle 16 paragraphe 2 TFUE (voir en ce sens arrecircts CommissionAutriche C-61410EUC2012631 point 36 et CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 47)

41 La garantie drsquoindeacutependance des autoriteacutes nationales de controcircle vise agrave assurer lrsquoefficaciteacute et lafiabiliteacute du controcircle du respect des dispositions en matiegravere de protection des personnes physiques agrave

lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et doit ecirctre interpreacuteteacutee agrave la lumiegravere de cetobjectif Elle a eacuteteacute eacutetablie en vue de renforcer la protection des personnes et des organismes qui sontconcerneacutes par les deacutecisions de ces autoriteacutes Lrsquoinstitution dans les Eacutetats membres drsquoautoriteacutes decontrocircle indeacutependantes constitue donc ainsi que le relegraveve le consideacuterant 62 de la directive 9546 uneacuteleacutement essentiel du respect de la protection des personnes agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agravecaractegravere personnel (voir arrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 25 ainsique CommissionHongrie C-28812 EUC2014237 point 48 et jurisprudence citeacutee)

42 Pour garantir cette protection les autoriteacutes nationales de controcircle doivent notamment assurer un juste eacutequilibre entre drsquoune part le respect du droit fondamental agrave la vie priveacutee et drsquoautre part lesinteacuterecircts qui commandent une libre circulation des donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecircts CommissionAllemagne C-51807 EUC2010125 point 24 et CommissionHongrieC-28812 EUC2014237 point 51)

43 Agrave cet effet ces autoriteacutes disposent drsquoun large eacuteventail de pouvoirs et ceux-ci eacutenumeacutereacutes de faccedilonnon exhaustive agrave lrsquoarticle 28 paragraphe 3 de la directive 9546 constituent autant de moyensneacutecessaires agrave lrsquoexeacutecution de leurs tacircches comme le souligne le consideacuterant 63 de cette directiveAinsi lesdites autoriteacutes jouissent notamment de pouvoirs drsquoinvestigation tels que celui derecueillir toutes les informations neacutecessaires agrave lrsquoaccomplissement de leur mission de controcircle depouvoirs effectifs drsquointervention tels que celui drsquointerdire temporairement ou deacutefinitivement untraitement de donneacutees ou encore du pouvoir drsquoester en justice

44 Certes il ressort de lrsquoarticle 28 paragraphes 1 et 6 de la directive 9546 que les pouvoirs des

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 20: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2030

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 20 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

autoriteacutes nationales de controcircle concernent les traitements de donneacutees agrave caractegravere personneleffectueacutes sur le territoire de lrsquoEacutetat membre dont ces autoriteacutes relegravevent de sorte qursquoelles ne disposentpas de pouvoirs sur le fondement de cet article 28 agrave lrsquoeacutegard des traitements de telles donneacuteeseffectueacutes sur le territoire drsquoun pays tiers

45 Toutefois lrsquoopeacuteration consistant agrave faire transfeacuterer des donneacutees agrave caractegravere personnel depuis un Eacutetatmembre vers un pays tiers constitue en tant que telle un traitement de donneacutees agrave caractegravere

personnel au sens de lrsquoarticle 2 sous b) de la directive 9546 (voir en ce sens arrecirctParlementConseil et Commission C-31704 et C-31804 EUC2006346 point 56) effectueacute surle territoire drsquoun Eacutetat membre En effet cette disposition deacutefinit le laquotraitement de donneacutees agravecaractegravere personnelraquo comme laquotoute opeacuteration ou ensemble drsquoopeacuterations effectueacutees ou non agrave lrsquoaidede proceacutedeacutes automatiseacutes et appliqueacutees agrave des donneacutees agrave caractegravere personnelraquo et cite agrave titredrsquoexemple laquola communication par transmission diffusion ou toute autre forme de mise agravedispositionraquo

46 Le consideacuterant 60 de la directive 9546 preacutecise que les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnelvers les pays tiers ne peuvent ecirctre effectueacutes que dans le plein respect des dispositions prises par les

Eacutetats membres en application de cette directive Agrave cet eacutegard le chapitre IV de ladite directive danslequel figurent les articles 25 et 26 de celle-ci a institueacute un reacutegime visant agrave assurer un controcircle parles Eacutetats membres des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers Ce reacutegime estcompleacutementaire du reacutegime geacuteneacuteral mis en place par le chapitre II de cette mecircme directive preacutevoyantles conditions geacuteneacuterales de liceacuteiteacute des traitements de donneacutees agrave caractegravere personnel (voir en ce sensarrecirct Lindqvist C-10101 EUC2003596 point 63)

47 Les autoriteacutes nationales de controcircle eacutetant conformeacutement agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte etagrave lrsquoarticle 28 de la directive 9546 chargeacutees du controcircle du respect des regravegles de lrsquoUnion relatives agravela protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard du traitement des donneacutees agrave caractegravere personnelchacune drsquoentre elles est donc investie de la compeacutetence de veacuterifier si un transfert de donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoEacutetat membre dont elle relegraveve vers un pays tiers respecte les exigencesposeacutees par la directive 9546

48 Tout en reconnaissant agrave son consideacuterant 56 que des transferts de donneacutees agrave caractegravere personneldepuis les Eacutetats membres vers des pays tiers sont neacutecessaires au deacuteveloppement du commerceinternational la directive 9546 pose comme principe agrave son article 25 paragraphe 1 que de telstransferts ne peuvent avoir lieu que si ces pays tiers assurent un niveau de protection adeacutequat

49 En outre le consideacuterant 57 de ladite directive preacutecise que des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers nrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat doivent ecirctre interdits

50 Afin de controcircler les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers les pays tiers en fonction duniveau de protection accordeacute agrave celles-ci dans chacun de ces pays lrsquoarticle 25 de la directive 9546impose une seacuterie drsquoobligations aux Eacutetats membres et agrave la Commission Il ressort notamment de cetarticle que la constatation selon laquelle un pays tiers assure ou nrsquoassure pas un niveau de protectionadeacutequat peut comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 86 de ses conclusions ecirctre effectueacuteesoit par les Eacutetats membres soit par la Commission

51 La Commission peut adopter sur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546une deacutecision constatant qursquoun pays tiers assure un niveau de protection adeacutequat Une telle deacutecisiona conformeacutement au second alineacutea de cette disposition pour destinataires les Eacutetats membres quidoivent prendre les mesures neacutecessaires pour se conformer agrave celle-ci En vertu de lrsquoarticle 288quatriegraveme alineacutea TFUE elle a un caractegravere contraignant pour tous les Eacutetats membres destinataires

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 21: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2130

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 21 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

et srsquoimpose donc agrave tous leurs organes (voir en ce sens arrecircts Albako Margarinefabrik 24985EUC1987245 point 17 et Mediaset C-6913 EUC201471 point 23) en ce qursquoelle a pour effetdrsquoautoriser des transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel depuis les Eacutetats membres vers le paystiers viseacute par celle-ci

52 Ainsi aussi longtemps que la deacutecision de la Commission nrsquoa pas eacuteteacute deacuteclareacutee invalide par la Courles Eacutetats membres et leurs organes au nombre desquels figurent leurs autoriteacutes de controcircle

indeacutependantes ne sauraient certes adopter des mesures contraires agrave cette deacutecision telles que desactes visant agrave constater avec effet contraignant que le pays tiers viseacute par ladite deacutecision nrsquoassure pasun niveau de protection adeacutequat En effet les actes des institutions de lrsquoUnion jouissent en principedrsquoune preacutesomption de leacutegaliteacute et produisent degraves lors des effets juridiques aussi longtemps qursquoilsnrsquoont pas eacuteteacute retireacutes annuleacutes dans le cadre drsquoun recours en annulation ou deacuteclareacutes invalides agrave la suitedrsquoun renvoi preacutejudiciel ou drsquoune exception drsquoilleacutegaliteacute (arrecirct CommissionGregravece C-47501EUC2004585 point 18 et jurisprudence citeacutee)

53 Toutefois une deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 telle que la deacutecision 2000520 ne saurait empecirccher les personnes dont les donneacutees agrave

caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers de saisir les autoriteacutesnationales de controcircle drsquoune demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directiverelative agrave la protection de leurs droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de ces donneacutees De mecircmeune deacutecision de cette nature ne saurait ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral notamment auxpoints 61 93 et 116 de ses conclusions ni annihiler ni reacuteduire les pouvoirs expresseacutement reconnusaux autoriteacutes nationales de controcircle par lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ainsi que par lrsquoarticle28 de ladite directive

54 Ni lrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte ni lrsquoarticle 28 de la directive 9546 nrsquoexcluent du domainede compeacutetence des autoriteacutes nationales de controcircle le controcircle des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel vers des pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commission au titre de lrsquoarticle25 paragraphe 6 de cette directive

55 En particulier lrsquoarticle 28 paragraphe 4 premier alineacutea de la directive 9546 qui dispose que lesautoriteacutes nationales de controcircle peuvent ecirctre saisies par laquotoute personne [] drsquoune demande relativeagrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnelraquo nepreacutevoit aucune exception agrave cet eacutegard dans lrsquohypothegravese ougrave la Commission aurait adopteacute une deacutecisionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive

56 En outre il serait contraire au systegraveme mis en place par la directive 9546 ainsi qursquoagrave la finaliteacute desarticles 25 et 28 de celle-ci qursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25

paragraphe 6 de ladite directive ait pour effet drsquoempecirccher une autoriteacute nationale de controcircledrsquoexaminer la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de ses donneacutees agrave caractegravere personnel qui ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees depuis unEacutetat membre vers un pays tiers viseacute par cette deacutecision

57 Au contraire lrsquoarticle 28 de la directive 9546 srsquoapplique par sa nature mecircme agrave tout traitement dedonneacutees agrave caractegravere personnel Ainsi mecircme en preacutesence drsquoune deacutecision de la Commission adopteacuteeau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive les autoriteacutes nationales de controcircle saisiespar une personne drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant doivent pouvoir examiner en touteindeacutependance si le transfert de ces donneacutees respecte les exigences poseacutees par ladite directive

58 Srsquoil en eacutetait autrement les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 22: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2230

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 22 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

ecirctre transfeacutereacutees vers le pays tiers concerneacute seraient priveacutees du droit garanti agrave lrsquoarticle 8 paragraphes1 et 3 de la Charte de saisir les autoriteacutes nationales de controcircle drsquoune demande aux fins de laprotection de leurs droits fondamentaux (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 68)

59 Une demande au sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de la directive 9546 par laquelle une personnedont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacute ou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers fait

valoir comme dans lrsquoaffaire au principal que le droit et les pratiques de ce pays nrsquoassurent pasnonobstant ce qursquoa constateacute la Commission dans une deacutecision adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de cette directive un niveau de protection adeacutequat doit ecirctre comprise comme portanten substance sur la compatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacuteset droits fondamentaux des personnes

60 Agrave cet eacutegard il convient de rappeler la jurisprudence constante de la Cour selon laquelle lrsquoUnion estune Union de droit dans laquelle tout acte de ses institutions est soumis au controcircle de la conformiteacuteavec notamment les traiteacutes les principes geacuteneacuteraux du droit ainsi que les droits fondamentaux (voiren ce sens arrecircts Commission eaKadi C-58410 P C-59310 P et C-59510 P EUC2013518

point 66 Inuit Tapiriit Kanatami eaParlement et Conseil C-58311 P EUC2013625 point 91ainsi que TelefoacutenicaCommission C-27412 P EUC2013852 point 56) Les deacutecisions de laCommission adopteacutees au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 ne sauraient donceacutechapper agrave un tel controcircle

61 Cela eacutetant la Cour est seulecompeacutetente pour constater lrsquoinvaliditeacute drsquoun acte de lrsquoUnion tel qursquounedeacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lecaractegravere exclusif de cette compeacutetence ayant pour objet de garantir la seacutecuriteacute juridique en assurantlrsquoapplication uniforme du droit de lrsquoUnion (voir arrecircts Melki et Abdeli C-18810 et C-18910EUC2010363 point 54 ainsi que CIVAD C-53310 EUC2012347 point 40)

62 Si les juridictions nationales sont certes en droit drsquoexaminer la validiteacute drsquoun acte de lrsquoUnion telqursquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive9546 elles ne sont toutefois pas doteacutees de la compeacutetence pour constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacutedrsquoun tel acte (voir en ce sens arrecircts Foto-Frost 31485 EUC1987452 points 15 agrave 20 ainsi queIATA et ELFAA C-34404 EUC200610 point 27) A fortiori lors de lrsquoexamen drsquoune demandeau sens de lrsquoarticle 28 paragraphe 4 de cette directive portant sur la compatibiliteacute drsquoune deacutecisionde la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladite directive avec la protectionde la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnes les autoriteacutes nationales decontrocircle ne sont pas en droit de constater elles-mecircmes lrsquoinvaliditeacute drsquoune telle deacutecision

63 Eu eacutegard agrave ces consideacuterations lorsqursquoune personne dont les donneacutees agrave caractegravere personnel ont eacuteteacuteou pourraient ecirctre transfeacutereacutees vers un pays tiers ayant fait lrsquoobjet drsquoune deacutecision de la Commissionau titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 saisit une autoriteacute nationale de controcircledrsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de cesdonneacutees et conteste agrave lrsquooccasion de cette demande comme dans lrsquoaffaire au principal lacompatibiliteacute de cette deacutecision avec la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droitsfondamentaux des personnes il incombe agrave cette autoriteacute drsquoexaminer ladite demande avec toute ladiligence requise

64 Dans lrsquohypothegravese ougrave ladite autoriteacute parvient agrave la conclusion que les eacuteleacutements avanceacutes au soutien

drsquoune telle demande sont deacutepourvus de fondement et rejette de ce fait cette derniegravere la personneayant introduit ladite demande doit ainsi qursquoil reacutesulte de lrsquoarticle 28 paragraphe 3 second alineacuteade la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de lrsquoarticle 47 de la Charte avoir accegraves aux voies de recours

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 23: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2330

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 23 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

juridictionnelles lui permettant de contester une telle deacutecision lui faisant grief devant les juridictionsnationales Eu eacutegard agrave la jurisprudence citeacutee aux points 61 et 62 du preacutesent arrecirct ces juridictionssont tenues de surseoir agrave statuer et de saisir la Cour drsquoune proceacutedure de renvoi preacutejudiciel enappreacuteciation de validiteacute lorsqursquoelles considegraverent qursquoun ou plusieurs moyens drsquoinvaliditeacute avanceacutes parles parties ou le cas eacutecheacuteant souleveacutes drsquooffice sont fondeacutes (voir en ce sens arrecirct T amp L Sugars etSidul AccediluacutecaresCommission C-45613 P EUC2015284 point 48 et jurisprudence citeacutee)

65 Dans lrsquohypothegravese contraire ougrave ladite autoriteacute estime fondeacutes les griefs avanceacutes par la personnelrsquoayant saisie drsquoune demande relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitementde ses donneacutees agrave caractegravere personnel cette mecircme autoriteacute doit conformeacutement agrave lrsquoarticle 28paragraphe 3 premier alineacutea troisiegraveme tiret de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment delrsquoarticle 8 paragraphe 3 de la Charte pouvoir ester en justice Agrave cet eacutegard il incombe au leacutegislateurnational de preacutevoir des voies de recours permettant agrave lrsquoautoriteacute nationale de controcircle concerneacutee defaire valoir les griefs qursquoelle estime fondeacutes devant les juridictions nationales afin que ces derniegraveresprocegravedent si elles partagent les doutes de cette autoriteacute quant agrave la validiteacute de la deacutecision de laCommission agrave un renvoi preacutejudiciel aux fins de lrsquoexamen de la validiteacute de cette deacutecision

66 Eu eacutegard aux consideacuterations qui preacutecegravedent il y a lieu de reacutepondre aux questions poseacutees que lrsquoarticle25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la Charte doit ecirctreinterpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecision adopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision2000520 par laquelle la Commission constate qursquoun pays tiers assure un niveau de protectionadeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquoun Eacutetat membre au sens de lrsquoarticle28 de cette directive examine la demande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits etliberteacutes agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacutetransfeacutereacutees depuis un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droitet les pratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

Sur la validiteacute de la deacutecision 2000520

67 Ainsi qursquoil ressort des explications de la juridiction de renvoi relatives aux questions poseacutees MSchrems fait valoir dans la proceacutedure au principal que le droit et les pratiques des Eacutetats-Unisnrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546 Commelrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 123 et 124 de ses conclusions M Schrems eacutemet desdoutes que cette juridiction paraicirct drsquoailleurs partager en substance concernant la validiteacute de ladeacutecision 2000520 Dans de telles circonstances eu eacutegard aux constatations faites aux points 60 agrave 63du preacutesent arrecirct et afin de donner une reacuteponse complegravete agrave ladite juridiction il convient drsquoexaminersi cette deacutecision est conforme aux exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de laCharte

Sur les exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546

68 Ainsi qursquoil a eacuteteacute deacutejagrave releveacute aux points 48 et 49 du preacutesent arrecirct lrsquoarticle 25 paragraphe 1 de ladirective 9546 interdit les transferts de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiers nrsquoassurantpas un niveau de protection adeacutequat

69 Toutefois aux fins du controcircle de tels transferts lrsquoarticle 25 paragraphe 6 premier alineacutea de cettedirective dispose que la Commission laquopeut constater [] qursquoun pays tiers assure un niveau deprotection adeacutequat au sens du paragraphe 2 [de cet article] en raison de sa leacutegislation interne ou deses engagements internationaux [] en vue de la protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits

fondamentaux des personnesraquo

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 24: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2430

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 24 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

70 Certes ni lrsquoarticle 25 paragraphe 2 de la directive 9546 ni aucune autre disposition de celle-ci necontiennent de deacutefinition de la notion de niveau de protection adeacutequat En particulier lrsquoarticle 25paragraphe 2 de ladite directive se borne agrave eacutenoncer que le caractegravere adeacutequat du niveau de protectionoffert par un pays tiers laquosrsquoappreacutecie au regard de toutes les circonstances relatives agrave un transfert ou agraveune cateacutegorie de transfert de donneacuteesraquo et eacutenumegravere de faccedilon non exhaustive les circonstancesdevant ecirctre prises en consideacuteration lors drsquoune telle appreacuteciation

71 Toutefois drsquoune part ainsi qursquoil ressort des termes mecircmes de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 cette disposition exige qursquoun pays tiers laquoassureraquo un niveau de protection adeacutequat enraison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux Drsquoautre part eacutegalement seloncette disposition le caractegravere adeacutequat de la protection assureacutee par le pays tiers srsquoappreacutecie laquoen vue dela protection de la vie priveacutee et des liberteacutes et droits fondamentaux des personnesraquo

72 Ainsi lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 met en œuvre lrsquoobligation explicite deprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel preacutevue agrave lrsquoarticle 8 paragraphe 1 de la Charte et viseagrave assurer comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 139 de ses conclusions la continuiteacute duniveau eacuteleveacute de cette protection en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays

tiers73 Certes le terme laquoadeacutequatraquo figurant agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 implique qursquoil

ne saurait ecirctre exigeacute qursquoun pays tiers assure un niveau de protection identique agrave celui garanti danslrsquoordre juridique de lrsquoUnion Toutefois comme lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral au point 141 de sesconclusions lrsquoexpression laquoniveau de protection adeacutequatraquo doit ecirctre comprise comme exigeant que cepays tiers assure effectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagementsinternationaux un niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux substantiellementeacutequivalent agrave celui garanti au sein de lrsquoUnion en vertu de la directive 9546 lue agrave la lumiegravere de laCharte En effet agrave deacutefaut drsquoune telle exigence lrsquoobjectif mentionneacute au point preacuteceacutedent du preacutesentarrecirct serait meacuteconnu En outre le niveau eacuteleveacute de protection garanti par la directive 9546 lue agrave la

lumiegravere de la Charte pourrait facilement ecirctre contourneacute par des transferts de donneacutees agrave caractegraverepersonnel depuis lrsquoUnion vers des pays tiers aux fins de leur traitement dans ces pays

74 Il ressort du libelleacute expregraves de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 que crsquoest lrsquoordre juridique du pays tiers viseacute par la deacutecision de la Commission qui doit assurer un niveau deprotection adeacutequat Mecircme si les moyens auxquels ce pays tiers a recours agrave cet eacutegard pour assurerun tel niveau de protection peuvent ecirctre diffeacuterents de ceux mis en œuvre au sein de lrsquoUnion afin degarantir le respect des exigences deacutecoulant de cette directive lue agrave la lumiegravere de la Charte cesmoyens doivent neacuteanmoins srsquoaveacuterer en pratique effectifs afin drsquoassurer une protectionsubstantiellement eacutequivalente agrave celle garantie au sein de lrsquoUnion

75 Dans ces conditions lors de lrsquoexamen du niveau de protection offert par un pays tiers laCommission est tenue drsquoappreacutecier le contenu des regravegles applicables dans ce pays reacutesultant de laleacutegislation interne ou des engagements internationaux de celui-ci ainsi que la pratique visant agraveassurer le respect de ces regravegles cette institution devant conformeacutement agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 2de la directive 9546 prendre en compte toutes les circonstances relatives agrave un transfert de donneacuteesagrave caractegravere personnel vers un pays tiers

76 De mecircme au regard du fait que le niveau de protection assureacute par un pays tiers est susceptibledrsquoeacutevoluer il incombe agrave la Commission apregraves lrsquoadoption drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 de veacuterifier de maniegravere peacuteriodique si la constatation relative auniveau de protection adeacutequat assureacute par le pays tiers en cause est toujours justifieacutee en fait et en droitUne telle veacuterification srsquoimpose en tout eacutetat de cause lorsque des indices font naicirctre un doute agrave cet

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 25: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2530

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 25 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

eacutegard

77 En outre ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral aux points 134 et 135 de ses conclusions lors delrsquoexamen de la validiteacute drsquoune deacutecision de la Commission adopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe6 de la directive 9546 il doit ecirctre eacutegalement tenu compte des circonstances intervenuesposteacuterieurement agrave lrsquoadoption de cette deacutecision

78 Agrave cet eacutegard il convient de constater que compte tenu drsquoune part du rocircle important que joue laprotection des donneacutees agrave caractegravere personnel au regard du droit fondamental au respect de la viepriveacutee et drsquoautre part du nombre important de personnes dont les droits fondamentaux sontsusceptibles drsquoecirctre violeacutes en cas de transfert de donneacutees agrave caractegravere personnel vers un pays tiersnrsquoassurant pas un niveau de protection adeacutequat le pouvoir drsquoappreacuteciation de la Commission quantau caractegravere adeacutequat du niveau de protection assureacute par un pays tiers srsquoavegravere reacuteduit de sorte qursquoilconvient de proceacuteder agrave un controcircle strict des exigences deacutecoulant de lrsquoarticle 25 de la directive9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte (voir par analogie arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 etC-59412 EUC2014238 points 47 et 48)

Sur lrsquoarticle 1er

de la deacutecision 2000520

79 La Commission a consideacutereacute agrave lrsquoarticle 1er paragraphe 1 de la deacutecision 2000520 que les principesviseacutes agrave lrsquoannexe I de celle-ci appliqueacutes conformeacutement aux orientations fournies par les FAQ viseacuteesagrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision assurent un niveau adeacutequat de protection des donneacutees agrave caractegraverepersonnel transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers des organisations eacutetablies aux Eacutetats-Unis Il ressort decette disposition que tant ces principes que ces FAQ ont eacuteteacute publieacutes par le ministegravere du Commerceameacutericain

80 Lrsquoadheacutesion drsquoune organisation aux principes de la sphegravere de seacutecuriteacute est effectueacutee sur la base drsquoun

systegraveme drsquoautocertification ainsi qursquoil ressort de lrsquoarticle 1er

paragraphes 2 et 3 de cette deacutecisionlu en combinaison avec la FAQ 6 figurant agrave lrsquoannexe II de ladite deacutecision

81 Si le recours par un pays tiers agrave un systegraveme drsquoautocertification nrsquoest pas par lui-mecircme contraire agravelrsquoexigence preacutevue agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 selon laquelle le pays tiersconcerneacute doit assurer un niveau de protection adeacutequat laquoen raison de [la] leacutegislation interne ou [des]engagements internationauxraquo de ce pays la fiabiliteacute drsquoun tel systegraveme au regard de cette exigencerepose essentiellement sur la mise en place de meacutecanismes efficaces de deacutetection et de controcirclepermettant drsquoidentifier et de sanctionner en pratique drsquoeacuteventuelles violations des regravegles assurant laprotection des droits fondamentaux notamment du droit au respect de la vie priveacutee ainsi que dudroit agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel

82 En lrsquooccurrence les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute sont en vertu de lrsquoannexe I deuxiegraveme alineacuteade la deacutecision 2000520 laquoexclusivement destineacutes aux organisations ameacutericaines recevant desdonneacutees agrave caractegravere personnel en provenance de lrsquoUnion europeacuteenne et doivent permettre agrave cesorganisations de remplir les conditions relatives agrave la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo de faccedilon agrave beacuteneacuteficier de lapreacutesomption de lsquoniveau de protection adeacutequatrsquo que preacutevoit celle-ciraquo Ces principes sont doncuniquement applicables aux organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sans qursquoil soit exigeacute que les autoriteacutes publiques ameacutericainessoient soumises au respect desdits principes

83 En outre en vertu de lrsquoarticle 2 de la deacutecision 2000520 cette derniegravere laquoconcerne uniquement lecaractegravere adeacutequat de la protection fournie aux Eacutetats-Unis par les principes [de la sphegravere de seacutecuriteacute]mis en œuvre conformeacutement aux FAQ en vue de reacutepondre aux exigences de lrsquoarticle 25 paragraphe

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 26: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2630

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 26 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

1 de la directive [9546]raquo sans pour autant contenir les constatations suffisantes quant aux mesurespar lesquelles les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique assurent un niveau de protection adeacutequat au sens delrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive en raison de leur leacutegislation interne ou de leursengagements internationaux

84 Agrave cela srsquoajoute que conformeacutement agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision 2000520lrsquoapplicabiliteacute desdits principes peut ecirctre limiteacutee par notamment laquoles exigences relatives agrave la

seacutecuriteacute nationale [agrave] lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo ainsi que par laquolestextes leacutegislatifs les regraveglements administratifs ou les deacutecisions jurisprudentielles qui creacuteent desobligations contradictoires ou preacutevoient des autorisations explicites pour autant qursquoune organisationqui a recours agrave une telle autorisation peut deacutemontrer que le non-respect des principes est limiteacute auxmesures neacutecessaires pour garantir les inteacuterecircts leacutegitimes supeacuterieurs que cette autorisation vise agraveservirraquo

85 Agrave cet eacutegard sous le titre B de son annexe IV la deacutecision 2000520 souligne srsquoagissant des limitesauxquelles est soumise lrsquoapplicabiliteacute des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute qursquolaquo[i]l est clair quelorsque la leacutegislation ameacutericaine impose une obligation conflictuelle les organisations ameacutericaines

faisant ou non partie de la lsquosphegravere de seacutecuriteacutersquo doivent se plier agrave cette leacutegislationraquo86 Ainsi la deacutecision 2000520 consacre la primauteacute des laquoexigences relatives agrave la seacutecuriteacute nationale [agrave]

lrsquointeacuterecirct public et [au] respect des lois des Eacutetats-Unisraquo sur les principes de la sphegravere de seacutecuriteacuteprimauteacute en vertu de laquelle les organisations ameacutericaines autocertifieacutees recevant des donneacutees agravecaractegravere personnel depuis lrsquoUnion sont tenues drsquoeacutecarter sans limitation ces principes lorsque cesderniers entrent en conflit avec ces exigences et srsquoavegraverent donc incompatibles avec celles-ci

87 Eu eacutegard au caractegravere geacuteneacuteral de la deacuterogation figurant agrave lrsquoannexe I quatriegraveme alineacutea de la deacutecision2000520 celle-ci rend ainsi possible des ingeacuterences fondeacutees sur des exigences relatives agrave laseacutecuriteacute nationale et agrave lrsquointeacuterecirct public ou sur la leacutegislation interne des Eacutetats-Unis dans les droits

fondamentaux des personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont ou pourraient ecirctretransfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis Agrave cet eacutegard il importe peu pour eacutetablir lrsquoexistencedrsquoune ingeacuterence dans le droit fondamental au respect de la vie priveacutee que les informations relativesagrave la vie priveacutee concerneacutees preacutesentent ou non un caractegravere sensible ou que les inteacuteresseacutes aient ou nonsubi drsquoeacuteventuels inconveacutenients en raison de cette ingeacuterence (arrecirct Digital Rights Ireland eaC-29312 et C-59412 EUC2014238 point 33 et jurisprudence citeacutee)

88 Au surplus la deacutecision 2000520 ne comporte aucune constatation quant agrave lrsquoexistence aux Eacutetats-Unis de regravegles agrave caractegravere eacutetatique destineacutees agrave limiter les eacuteventuelles ingeacuterences dans les droitsfondamentaux des personnes dont les donneacutees sont transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis

ingeacuterences que des entiteacutes eacutetatiques de ce pays seraient autoriseacutees agrave pratiquer lorsqursquoellespoursuivent des buts leacutegitimes tels que la seacutecuriteacute nationale

89 Agrave cela srsquoajoute le fait que la deacutecision 2000520 ne fait pas eacutetat de lrsquoexistence drsquoune protection juridique efficace contre des ingeacuterences de cette nature Ainsi que lrsquoa releveacute M lrsquoavocat geacuteneacuteral auxpoints 204 agrave 206 de ses conclusions les meacutecanismes drsquoarbitrage priveacute et les proceacutedures devant laCommission feacutedeacuterale du commerce dont les pouvoirs deacutecrits notamment dans les FAQ 11 figurantagrave lrsquoannexe II de cette deacutecision sont limiteacutes aux litiges commerciaux portent sur le respect par lesentreprises ameacutericaines des principes de la sphegravere de seacutecuriteacute et ne peuvent ecirctre mis en œuvre dansle cadre des litiges portant sur la leacutegaliteacute drsquoingeacuterences dans les droits fondamentaux reacutesultant demesures drsquoorigine eacutetatique

90 Par ailleurs lrsquoanalyse de la deacutecision 2000520 qui preacutecegravede est corroboreacutee par lrsquoappreacuteciation que la

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 27: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2730

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 27 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

Commission a elle-mecircme faite de la situation reacutesultant de la mise en œuvre de cette deacutecision Eneffet en particulier aux points 2 et 32 de la communication COM(2013) 846 final ainsi qursquoauxpoints 71 72 et 8 de la communication COM(2013) 847 final dont la teneur est exposeacuteerespectivement aux points 13 agrave 16 ainsi qursquoaux points 22 23 et 25 du preacutesent arrecirct cette institutiona constateacute que les autoriteacutes ameacutericaines pouvaient acceacuteder aux donneacutees agrave caractegravere personneltransfeacutereacutees agrave partir des Eacutetats membres vers les Eacutetats-Unis et traiter celles-ci drsquoune maniegravereincompatible notamment avec les finaliteacutes de leur transfert et au-delagrave de ce que qui eacutetait

strictement neacutecessaire et proportionneacute agrave la protection de la seacutecuriteacute nationale De mecircme laCommission a constateacute qursquoil nrsquoexistait pas pour les personnes concerneacutees de voies de droitadministratives ou judiciaires permettant notamment drsquoacceacuteder aux donneacutees les concernant et lecas eacutecheacuteant drsquoobtenir leur rectification ou leur suppression

91 Srsquoagissant du niveau de protection des liberteacutes et droits fondamentaux garanti au sein de lrsquoUnionune reacuteglementation de celle-ci comportant une ingeacuterence dans les droits fondamentaux garantis parles articles 7 et 8 de la Charte doit selon la jurisprudence constante de la Cour preacutevoir des regraveglesclaires et preacutecises reacutegissant la porteacutee et lrsquoapplication drsquoune mesure et imposant un minimumdrsquoexigences de sorte que les personnes dont les donneacutees agrave caractegravere personnel sont concerneacutees

disposent de garanties suffisantes permettant de proteacuteger efficacement leurs donneacutees contre lesrisques drsquoabus ainsi que contre tout accegraves et toute utilisation illicites de ces donneacutees La neacutecessiteacute dedisposer de telles garanties est drsquoautant plus importante lorsque les donneacutees agrave caractegravere personnelsont soumises agrave un traitement automatique et qursquoil existe un risque important drsquoaccegraves illicite agrave cesdonneacutees (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412 EUC2014238 points 54 et 55ainsi que jurisprudence citeacutee)

92 En outre et surtout la protection du droit fondamental au respect de la vie priveacutee au niveau delrsquoUnion exige que les deacuterogations agrave la protection des donneacutees agrave caractegravere personnel et les limitationsde celle-ci srsquoopegraverent dans les limites du strict neacutecessaire (arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312et C-59412 EUC2014238 point 52 et jurisprudence citeacutee)

93 Ainsi nrsquoest pas limiteacutee au strict neacutecessaire une reacuteglementation qui autorise de maniegravere geacuteneacuteraliseacuteela conservation de lrsquointeacutegraliteacute des donneacutees agrave caractegravere personnel de toutes les personnes dont lesdonneacutees ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis lrsquoUnion vers les Eacutetats-Unis sans qursquoaucune diffeacuterenciationlimitation ou exception soit opeacutereacutee en fonction de lrsquoobjectif poursuivi et sans que soit preacutevu uncritegravere objectif permettant de deacutelimiter lrsquoaccegraves des autoriteacutes publiques aux donneacutees et leur utilisationulteacuterieure agrave des fins preacutecises strictement restreintes et susceptibles de justifier lrsquoingeacuterence quecomportent tant lrsquoaccegraves que lrsquoutilisation de ces donneacutees [voir en ce sens en ce qui concerne ladirective 200624CE du Parlement europeacuteen et du Conseil du 15 mars 2006 sur la conservation dedonneacutees geacuteneacutereacutees ou traiteacutees dans le cadre de la fourniture de services de communications

eacutelectroniques accessibles au public ou de reacuteseaux publics de communications et modifiant ladirective 200258CE (JO L 105 p 54) arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 points 57 agrave 61]

94 En particulier une reacuteglementation permettant aux autoriteacutes publiques drsquoacceacuteder de maniegraveregeacuteneacuteraliseacutee au contenu de communications eacutelectroniques doit ecirctre consideacutereacutee comme portantatteinte au contenu essentiel du droit fondamental au respect de la vie priveacutee tel que garanti parlrsquoarticle 7 de la Charte (voir en ce sens arrecirct Digital Rights Ireland ea C-29312 et C-59412EUC2014238 point 39)

95 De mecircme une reacuteglementation ne preacutevoyant aucune possibiliteacute pour le justiciable drsquoexercer desvoies de droit afin drsquoavoir accegraves agrave des donneacutees agrave caractegravere personnel le concernant ou drsquoobtenir larectification ou la suppression de telles donneacutees ne respecte pas le contenu essentiel du droit

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 28: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2830

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 28 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

fondamental agrave une protection juridictionnelle effective tel que consacreacute agrave lrsquoarticle 47 de la CharteEn effet lrsquoarticle 47 premier alineacutea de la Charte exige que toute personne dont les droits et liberteacutesgarantis par le droit de lrsquoUnion ont eacuteteacute violeacutes ait droit agrave un recours effectif devant un tribunal dans lerespect des conditions preacutevues agrave cet article Agrave cet eacutegard lrsquoexistence mecircme drsquoun controcircle juridictionnel effectif destineacute agrave assurer le respect des dispositions du droit de lrsquoUnion est inheacuterente agravelrsquoexistence drsquoun Eacutetat de droit (voir en ce sens arrecircts Les VertsParlement 29483 EUC1986166point 23 Johnston 22284 EUC1986206 points 18 et 19 Heylens ea 22286 EUC1987442

point 14 ainsi que UGT-Rioja ea C-42806 agrave C-43406 EUC2008488 point 80)

96 Ainsi qursquoil a eacuteteacute constateacute notamment aux points 71 73 et 74 du preacutesent arrecirct lrsquoadoption par laCommission drsquoune deacutecision au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 exige laconstatation ducircment motiveacutee de la part de cette institution que le pays tiers concerneacute assureeffectivement en raison de sa leacutegislation interne ou de ses engagements internationaux un niveaude protection des droits fondamentaux substantiellement eacutequivalent agrave celui garanti dans lrsquoordre juridique de lrsquoUnion tel qursquoil ressort notamment des points preacuteceacutedents du preacutesent arrecirct

97 Or il y a lieu de relever que la Commission nrsquoa pas fait eacutetat dans la deacutecision 2000520 de ce que

les Eacutetats-Unis drsquoAmeacuterique laquoassurentraquo effectivement un niveau de protection adeacutequat en raison deleur leacutegislation interne ou de leurs engagements internationaux

98 Par suite et sans qursquoil soit besoin drsquoexaminer les principes de la sphegravere de seacutecuriteacute quant agrave leurcontenu il convient de conclure que lrsquoarticle 1er de cette deacutecision meacuteconnaicirct les exigences fixeacutees agravelrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce faitinvalide

Sur lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520

99 Il ressort des consideacuterations exposeacutees aux points 53 57 et 63 du preacutesent arrecirct que au regard delrsquoarticle 28 de la directive 9546 lu agrave la lumiegravere notamment de lrsquoarticle 8 de la Charte les autoriteacutesnationales de controcircle doivent pouvoir examiner en toute indeacutependance toute demande relative agrave laprotection des droits et liberteacutes drsquoune personne agrave lrsquoeacutegard du traitement de donneacutees agrave caractegraverepersonnel la concernant Il en va en particulier ainsi lorsque agrave lrsquooccasion drsquoune telle demande cettepersonne soulegraveve des interrogations quant agrave la compatibiliteacute drsquoune deacutecision de la Commissionadopteacutee au titre de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes

100 Cependant lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 preacutevoit unereacuteglementation speacutecifique quant aux pouvoirs dont disposent les autoriteacutes nationales de controcircle au

regard drsquoune constatation effectueacutee par la Commission relativement au niveau de protectionadeacutequat au sens de lrsquoarticle 25 de la directive 9546

101 Ainsi aux termes de cette disposition ces autoriteacutes peuvent laquo[s]ans preacutejudice de leurs pouvoirs deprendre des mesures visant agrave assurer le respect des dispositions nationales adopteacutees en applicationde dispositions autres que celles de lrsquoarticle 25 de la directive [9546] [hellip] suspendre les flux dedonneacutees vers une organisation adheacuterant aux principes [de la deacutecision 2000520]raquo dans desconditions restrictives eacutetablissant un seuil eacuteleveacute drsquointervention Si cette disposition ne porte paspreacutejudice aux pouvoirs de ces autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect desdispositions nationales adopteacutees en application de cette directive elle exclut en revanche lapossibiliteacute pour lesdites autoriteacutes de prendre des mesures visant agrave assurer le respect de lrsquoarticle 25 decette mecircme directive

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 29: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 2930

061015 1598309828CURIA - Documents

Page 29 sur 30httpcuriaeuropaeujurisdocumentdocument_printjsfdoclhellipndex=0amppart=1ampmode=DOCampdocid=169195ampocc=firstampdir=ampcid=135057

102 Lrsquoarticle 3 paragraphe 1 premier alineacutea de la deacutecision 2000520 doit donc ecirctre compris commeprivant les autoriteacutes nationales de controcircle des pouvoirs qursquoelles tirent de lrsquoarticle 28 de la directive9546 dans le cas ougrave une personne avance agrave lrsquooccasion drsquoune demande au titre de cette dispositiondes eacuteleacutements susceptibles de remettre en cause la compatibiliteacute avec la protection de la vie priveacutee etdes liberteacutes et droits fondamentaux des personnes drsquoune deacutecision de la Commission ayant constateacutesur le fondement de lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de cette directive qursquoun pays tiers assure un niveaude protection adeacutequat

103 Or le pouvoir drsquoexeacutecution accordeacute par le leacutegislateur de lrsquoUnion agrave la Commission agrave lrsquoarticle 25paragraphe 6 de la directive 9546 ne confegravere pas agrave cette institution la compeacutetence de restreindre lespouvoirs des autoriteacutes nationales de controcircle viseacutes au point preacuteceacutedent du preacutesent arrecirct

104 Dans ces conditions il y a lieu de constater que en adoptant lrsquoarticle 3 de la deacutecision 2000520 laCommission a outrepasseacute la compeacutetence qui lui est attribueacutee agrave lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de ladirective 9546 lu agrave la lumiegravere de la Charte et qursquoil est de ce fait invalide

105 Les articles 1er et 3 de la deacutecision 2000520 eacutetant indissociables des articles 2 et 4 ainsi que des

annexes de celle-ci leur invaliditeacute a pour effet drsquoaffecter la validiteacute de cette deacutecision dans sonensemble

106 Eu eacutegard agrave lrsquoensemble des consideacuterations qui preacutecegravedent il convient de conclure que la deacutecision2000520 est invalide

Sur les deacutepens

107 La proceacutedure revecirctant agrave lrsquoeacutegard des parties au principal le caractegravere drsquoun incident souleveacute devantla juridiction de renvoi il appartient agrave celle-ci de statuer sur les deacutepens Les frais exposeacutes pour

soumettre des observations agrave la Cour autres que ceux desdites parties ne peuvent faire lrsquoobjet drsquounremboursement

Par ces motifs la Cour (grande chambre) dit pour droit

1) Lrsquoarticle 25 paragraphe 6 de la directive 9546CE du Parlement europeacuteen et duConseil du 24 octobre 1995 relative agrave la protection des personnes physiques agrave lrsquoeacutegard dutraitement des donneacutees agrave caractegravere personnel et agrave la libre circulation de ces donneacutees telleque modifieacutee par le regraveglement (CE) ndeg 18822003 du Parlement europeacuteen et du Conseil du 29 septembre 2003 lu agrave la lumiegravere des articles 7 8 et 47 de la charte des droitsfondamentaux de lrsquoUnion europeacuteenne doit ecirctre interpreacuteteacute en ce sens qursquoune deacutecisionadopteacutee au titre de cette disposition telle que la deacutecision 2000520CE de la Commission du 26 juillet 2000 conformeacutement agrave la directive 9546 relative agrave la pertinence de laprotection assureacutee par les principes de la laquosphegravere de seacutecuriteacuteraquo et par les questionssouvent poseacutees y affeacuterentes publieacutes par le ministegravere du commerce des Eacutetats-UnisdrsquoAmeacuterique par laquelle la Commission europeacuteenne constate qursquoun pays tiers assure unniveau de protection adeacutequat ne fait pas obstacle agrave ce qursquoune autoriteacute de controcircle drsquounEacutetat membre au sens de lrsquoarticle 28 de cette directive telle que modifieacutee examine lademande drsquoune personne relative agrave la protection de ses droits et liberteacutes agrave lrsquoeacutegard dutraitement de donneacutees agrave caractegravere personnel la concernant qui ont eacuteteacute transfeacutereacutees depuis

un Eacutetat membre vers ce pays tiers lorsque cette personne fait valoir que le droit et lespratiques en vigueur dans celui-ci nrsquoassurent pas un niveau de protection adeacutequat

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais

Page 30: Arrêt de la Cour du 6 octobre 2015

7172019 Arrecirct de la Cour du 6 octobre 2015

httpslidepdfcomreaderfullarret-de-la-cour-du-6-octobre-2015 3030

061015 1598309828CURIA - Documents

2) La deacutecision 2000520 est invalide

Signatures

Langue de proceacutedure lrsquoanglais