Rythmes scolaires à Pantin  Et si on passait à 4 jours !

Les conseils d’école approchent. Des arguments et des chiffres pour défendre le retour à lasemaine de 4 jours.

Une semaine de 4 jours, c’est moins de temps pour apprendre ?

En 2014, quand le ministère de l’éducationnationale a lancé la réforme des rythmesscolaires, il a particulièrement insisté sur le faitque 4,5 jours, c’était plus de temps pourapprendre par rapport à la semaine de 4 jours. En effet, une semaine de classe à 4,5 jours c’est162 jours d’école par an. Une semaine de classe à 4 jours, c’est 144 joursde classe par an. La moyenne des pays de l’OCDE est de 185jours de classe par an pour les élèves de l’écoleprimaire. Cette différence s’explique par le fait

que les élèves français ont plus de vacances quela moyenne des pays de l’OCDE. Pourtant avec le passage à la semaine de 4, 5jours même avec plus de jours de classe, letemps d’apprentissage des élèves n’a pas étéaugmenté.

Les élèves français ont en moyenne 864 heuresde cours par an à l’école primaire.La moyenne des états membre de l’OCDE estde 800 heures.

4 jours et demi = 24 h de classe hebdomadaire  4 jours = 24 h de classe hebdomadaire

Une augmentation de l’amplitude horaire journalière ?

Ce qui a augmenté ce n’est pas le nombre d’heures consacrées aux apprentissages mais l’amplitudehoraire.

Plus de jours de présence pour le même nombre d’heures d’apprentissage.

De 4, 5 jours à 4 jours : combien d’heures journalières pour les apprentissages ?

4, 5 jours = 5h 15 par jour. 4 jours = 6h soit 45 min de plus par jour.

En remontant un peu le temps 

La dernière réduction des tempsd’apprentissage pour les élèves remonte à2008. Jusqu’à la rentrée 2008, les élèves avaient 4,5jours de classe avec 26h de classehebdomadaire. Les élèves avaient classe enmajorité le samedi matin. Quelques villes, dansun cadre dérogatoire et expérimental étaient à4 jours. Pour compenser la perte des heures du samedimatin, les vacances scolaires étaient diminuéesd’environ 2 semaines.

C’est Xavier Darcos le ministre de l’époque,qui décide de la suppression des cours dusamedi matin pour tous les élèves du primairedès la rentrée 2008. Ces 2h libérées sont transformées en heuresd’aide personnalisée ( AP) pour les élèves endifficulté.La mise en place de l’aide personnaliséepermettra au gouvernement de l’époque dejustifier la suppression de 3000 postes deRASED dont les missions sont justementdévolues à l’aide aux élèves en difficulté.

Une réforme pour mieux apprendre ?

La seule évaluation faite par le ministère de l’éducation nationale qui existe sur l’impact de laréforme des rythmes scolaires sur les apprentissages des élèves a été faite par l’IGEN (inspectiongénérale de l’éducation nationale).

Ce rapport a été remis au ministre de l’éducation nationale de l’époque (Vincent Peillon) en juin2015 mais il n’a été rendu public par le ministère qu’un an plus tard en juin 2016 au moment despremiers aménagements dérogatoires de la réforme des rythmes scolaires par le second ministre del’époque (Benoit Hamon).

Ce rapport a été rédigé à la suite d’auditions menées auprès de plusieurs écoles dans différentesacadémies par les inspecteurs généraux.

Si ce rapport est resté si longtemps dans un tiroir c'est que ses conclusions sont assez éloignées del'enthousiasme du ministère de l’époque pour sa réforme des rythmes scolaires.

En effet la réforme de rythmes scolaires et le passage de la semaine à 4,5 jours a été initiée commeétant une réforme pédagogique pour mieux apprendre avec plus de temps.

Mais ce rapport conclut qu'elle n'a justement aucun impact sur la réussite des élèves.

Que dit ce rapport ? (1)

1-Déséquilibre dans la répartition desdomaines d’apprentissages

Le rapport dit que la mise en place de lasemaine des 4,5 jours a engendré desdéséquilibres dans la répartition des domainesd'apprentissage en allongeant certains domainesd'apprentissage dit fondamentaux comme lesmathématiques et le français, en les concentrantsur les matinées, au détriment des arts visuels etmusicaux, des sciences et de l'EPS.

Commentaires: Ces domaines d'apprentissagesont souffert d'une forme d'externalisationconcurrentielle liée au fait que des activitésrelevant de ces domaines sont souventproposées dans les temps périscolaires. En ce qui concerne la ville de Pantin, c’est ceque le maire tente de poursuivre avec sa volontéde lier encore davantage les temps scolaires etpériscolaires dans le cadre du PEDT avec despropositions communes sur les temps scolaireset périscolaires sur le portail culturel parexemple ou quand il propose que lesenseignant-e-s interviennent pour encadrer desactivités sur le temps périscolaires du midi. Cependant le maire n’a pas les moyens de sesambitions et d’une école à l’autre sur la ville dePantin la situation est très variable faute demoyens ( voir plus bas).

2-Des temps de récréation diminuésLe rapport indique également qu'à cause desaprès-midi plus courts, les temps de récréationont nettement diminué sur la totalité de lajournée. Cela ne favorise pas la concentration des élèvesvoire la réduit significativement quand les TAP(temps d'activités périscolaires) sont calés surles pauses méridiennes.

Commentaires  : La pause méridienne de deuxheures de Pantin pose clairement ce problèmede retour aux apprentissages l’après midi.

3- Une fatigue accrue des élèves Le rapport relaie également commesuffisamment significative la récurrence desremarques des enseignant-e-s sur la fatigueaccrue des élèves et indique que les journées desélèves sont alourdies. Cela a un impactparticulièrement négatif pour les élèves dematernelle dont il conviendrait de prendre encompte les rythmes spécifiques d'apprentissagesliés à leur jeune âge.

4-Une réforme qui profite au TAPL’un des seuls points positifs que le rapportrelève c'est que la réforme des rythmes scolairesaura profité à la mise en place de TAP puisquec'est leur organisation qui a primé.

Commentaires  : C’est ce qui a posé desproblèmes de locaux et d'équipements et aengendré un redéploiement des moyens (quandils existent) initialement dédiés au tempsscolaire vers le périscolaire. Le rapport oublie toutefois de souligner (maisça n'en est pas le sujet) que la mise en placedes TAP est très variable d'une commune àl'autre et qu'elle renforce de fait les inégalitésterritoriales. En ce qui concerne la ville de Pantin avec deslocaux et des animateurs- trices en nombreinsuffisants, les inégalités sont visibles d’uneécole à l’autre. Ce qui se traduit par unequantité et une qualité des activités scolairestrès variables d’une école à l’autre.

5- Une réforme qui n’améliore pas lesapprentissages des élèves

Le rapport conclut clairement que la réforme n’aaucun impact sur les apprentissages des élèves.

Commentaires  : Donc les élèves ontprétendument plus de temps pour apprendremais en fait ils et elles en ont moins car ils etelles sont plus fatigué-e-s et moins concentré-e-s ! Pour une réforme des rythmes scolaires avanttout pédagogique, on repassera donc.

La conséquence essentielle de cette réforme estla territorialisation de l'école. Elle désengagel’Etat et charge les communes d'attributionssupplémentaires, ce qui aggrave les inégalités etsoumet le fonctionnement et l'organisation desécoles aux impératifs politiques locaux enempiétant notamment sur les choixpédagogiques des enseignant-e-s.

Qu’est ce qui favorise l’amélioration des conditions d’apprentissages des élèves ?Plusieurs études et rapports portants sur les conditions de réussite et de progrès des élèves indiquentque ce qui favorise prioritairement de bonnes conditions d’apprentissages pour les élèves, ce sont :

➢Les effectifs par classe : le nombre d’élèvespar classe ayant un impact sur la réussite desélèves et les pratiques pédagogiques desenseignant-e-s.(2) ( 3)

➢ L'architecture des locaux, et l'espaceprégnant. (4)

➢Le climat scolaire (5)

➢ Les pratiques pédagogiques

➢Les conditions de travail des enseignant-e-s

➢La stabilité des équipes

Et tout cela nécessite des moyens. La France dépense annuellement 6180 euros par élève de primaire. La moyenne des dépenses des pays de l’OCDE pour un-e élève de l’école primaire est de 7268euros, soit 15% de plus que ce que dépense la France.

Passer à la semaine de 4 jours, cela coute plus cher ?C’est un des arguments du maire de Pantin pourjustifier son refus de passer à la semaine de 4jours. En effet dans le cadre du passage à la semainede 4, 5 jours l’état a accordé des aides aux

communes pour mettre en place les activitéspériscolaires en distinguant les tempspériscolaires et les temps extra scolaires (c’est àdire le mercredi après midi et les vacances).

Cette aide de l’État est constituée de :Une aide forfaitaire de 50 € par élève et par an + 40 € par élève et par an pour les seulescommunes éligibles à la dotation de solidarité urbaine et de cohésion sociale.

C’est le cas de la ville de Pantin qui touche une aide de 90 euros par élève.

A noter que le coût de la réforme des rythmesscolaires est estimé entre 150 et 270 euros parélève.

Avec la modification du décret « rythmesscolaires » qui permet le retour à la semaine de4 jours, cette aide est maintenue.

Mais dans le cadre du « plan mercredi »annoncé en juin 2018 par le ministre del’éducation nationale, l’état a décidé dedoubler la prestation de service ordinaire

(financée par la CNAF) perçue par lescollectivités qui organiseront des activitésdans le cadre d’un Plan mercredi.

Cette prestation passe de 0, 54 euros par heure et par enfant à 1 € par heure et par enfant.

Ce qui fait que les 3h d’activités hebdomadaires en moins qui rebasculeraient sur le mercredi libéréseraient financées comme suit :

3 x 1 euro x 36 semaines = 108 euros par an par enfant.

La perte des 90 euros d’aide dans le cadre du fond de soutien est donc compensée par laprestation de service ordinaire de la CNAF, l’aide est même majorée de 18 euros.

Pour avoir accès à cette prestation, lescommunes doivent avoir un PEDT et s’inscriredans le cadre du plan mercredi en y étantlabellisée.

Donc en passant à 4 jours, la ville de Pantinperdrait certes, le bénéfice du fond de soutien de90 euros par enfant et par an pour l’organisationdes activités périscolaires de la semaine mais

cette perte serait largement compensée parl’augmentation de la prestation de serviceordinaire qui s’élèverait à 108 euros.

Par ailleurs, cela ne représenterait aucun surcoûtpour les familles puisque qu’avec les aides de laCNAF le mode de calcul reste celui de laprestation calculée en fonction du coefficientfamilial.

(1) Rapport sur l’efficacité de la réforme des rythmes scolaires : http://cache.media.education.gouv.fr/file/2015/41/0/2015-042_efficacite_pedagogique_de_la_reforme_des_rythmes_scolaires_494410.pdf(2)Etude Pikketi et Valdenaire ( 2006)  : http://cache.media.education.gouv.fr/file/48/4/2484.pdf(3) Rapport O Monso( 2014) : http://cache.media.education.gouv.fr/file/2014/39/7/DEPP_EF_85_2014_362397.pdf(4) Architecture scolaire et réussite éducative : M.Mazalto, Architecture scolaire et réussite éducative, Fabert, 2007.(5) Etude PISA 2009 : https://www.oecd.org/pisa/46624382.pdf

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