Approches, 2014-2

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APPROCHES VOUS SOUHAITE DE BONNES VACANCES! MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRÈRES DE LA CHARITÉ ap proche s 30% DE RÉDUCTION SUR LES TICKETS POUR LES PARCS PLOPSA 5ième année JUIN 2014 | N° 18 Le Frère Eric Verdegem Le revers du championnat du monde Le Frère Joris De Roeck Juste déménagé ! 1 journée d’équipe Servic e du p ersonnel

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Approches est le magazine du personnel des Frères de la Charité.

Transcript of Approches, 2014-2

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APPROCHES VOUS

SOUHAITE DE BONNES VACANCES!

MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRÈRES DE LA CHARITÉ

approches

30% DE RÉDUCTION SUR LES TICKETS POUR LES PARCS PLOPSA

5ième année JUIN 2014 | N° 18

Le Frère Eric Verdegem Le revers du championnat du monde

Le Frère Joris De Roeck Juste déménagé !

1 journée d’équipe

Service du personnel

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21« Caroline, Isabelle

et Anna répondent

avec le sourire

aux questions des

collègues. »

« Les échanges

internationaux

portent des fruits. »

« Les changements

ne peuvent être

appelés positifs que

s’ils sont au bénéfice

du patient. »

« Le Brésil, un pays

à deux visages… »

20 In memoriam

21 À l’écoute Le Musée Dr Guislain

25 À bon marché

26 Et cetera

27 À qui le prix ?

28 Portrait Vilma Tamburro

13 Dossier Connaître le passé pour préparer l’avenir

17 Billet

18 Esprit d’équipe

SOMMAIRE

13

3 Édito

4 Quoi de neuf ? Télex

8 Un coin à soi Le Frère Joris De Roeck

10 En image

12 Loin et pourtant proche Le revers du championnat du monde

Annelies Naert est

notre goûteur.

En tant que membre du staff du service communication elle est responsable de « Dichtbij », l’équivalent néerlandophone d’Approches.

Le goûteur

‘ ‘

2 > approches juin 2014

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APPROCHES VOUS

SOUHAITE DE BONNES VACANCES!

MAGAZINE DU PERSONNEL DES FRÈRES DE LA CHARITÉ

approches

30% DE RÉDUCTION SUR LES TICKETS POUR LES PARCS PLOPSA

5ième année JUIN 2014 | N° 18

Le Frère Eric Verdegem Le revers du championnat du monde

Le Frère Joris De Roeck Juste déménagé !

1 journée d’équipe

Service du personnel

Je m’inquiète pour euxLe monde de la psychiatrie est en pleine évolution. Réforme de la santé mentale dite réforme liée à l’article 107, transferts de compétences politiques, contexte socio-économique fragilisé, réorganisation des hôpitaux… tous ces éléments contribuent à refaçonner la psychiatrie de demain. Si tous ces changements ne manquent pas d’apporter de nouvelles opportunités positives pour bon nombre de patients, il n’en demeure pas moins que certains d’entre eux pourraient être oubliés.

En effet, concernant par exemple les patients psychotiques chroniques non stabilisés, il semble que peu d’alternatives aux longs séjours hospitaliers n’aient été envisagées. Alors, s’ils doivent quitter le secteur hospitalier, vers quelle offre de soins peuvent-ils se diriger ? Eux qui, malgré leur appellation de chroniques, restent dans l’urgence plusieurs fois par jour par l’instabilité de leurs symptômes, que peut-on leur proposer ? Pas assez stabilisés pour les habitations protégées et ne dispo-sant pas, la plupart du temps, de moyens financiers suffisants pour accéder aux maisons de soins psychiatriques, quelles offres peut-on leur proposer ? Vont-ils se voir imposer une vie dans la communauté, supportés par un réseau multiple de personnes alors qu’eux-mêmes sont déjà tellement morcelés ? Vont-ils finir par rejoindre les rangs des personnes délaissées par la société ? Vont-ils se faire rattraper par la loi de mise sous protection ou par l’internement pour n’avoir pu, faute de soins adaptés, réprimer un symptôme ? Vont-ils penser à se mettre en danger, épuisés par les assauts répétitifs de la maladie et privés de toute possibilité d’accueil durable et cohérent de leur singularité ?

C’est également tout cela qui est en jeu au milieu de ce contexte de changements. C’est donc également notre devoir de soignants que celui de nous inquiéter pour eux, eux à qui on ne donne finalement que très rarement la parole.

> Avez-vous une idée que vous souhaitez partager par le biais de cet éditorial avec vos collègues ? Prenez alors certainement contact avec la rédaction : [email protected]

ÉDITO COLOPHON

> CHRISTOPHE MÉDART est le coordina-

teur du projet de thérapie assistée par

l’animal « Mistral gagnant ».

Infirmier-chef des Trieux au Centre

Psychiatrique Saint-Martin à Dave,

il s’inquiète de l’avenir des patients de

cette unité de soins.

Qui est ?CHRISTOPHE MÉDART

Couverture : C.P. Saint-Martin Photographie : Mattias Devriendt

Tous les collaborateurs des Frères de la Charité en Belgique reçoivent « Approches » (Wallonie) ou « Dichtbij » (Flandre). Les Frères de la Charité constituent une congrégation et une organisation qui se consacrent à l’accompagnement et aux soins des enfants, des jeunes et des adultes, dans les secteurs de l’enseignement, des établis-sements de soins (soins de santé mentale et soins aux personnes âgées), de l’aide sociale (soins orthopédagogiques, garderies d’enfants et ateliers protégés/sociaux) et de l’enseignement spécial.

Conseil de rédactionGisèle Bodart (EPSIS Bonneville), Christian Bodiaux (CFPJT), Jean-Baptiste Butera (Dave), Jacques Canivet (Manage), Lieven Claeys (Gand), Mattias Devriendt (Gand), le Frère Henri Fransen (Les Sauvèrdias), Philippe Hody (Coordinateur du magazine), Annelies Naert (Gand), le Frère Michel Paquet, Eric Pierrard (CFPJT), Francis Pitz (CFPJT), Edwin Vercruysse (Gand).

Rédacteur en chef et éditeur responsableRaf De Rycke – Stropstraat 119 – 9000 Gand. « Approches » est une publication de l’ASBL Œuvres des Frères de la Charité.

Abonnement« Approches » paraît quatre fois l’an et est gratuit pour tous les collaborateurs des Frères de la Charité. Vous souhaitez un abon-nement ? Veuillez prendre contact avec le secrétariat de rédaction.Tirage: 1500 exemplaires

Collaborer?Si vous souhaitez collaborer au magazine « Approches », vous pouvez prendre contact avec le membre du conseil de rédaction de votre établissement ou avec [email protected].

Mise en pages et impressionKliek Creatieve CommunicatieImprimerie Perka

www.approches.be

13

Membre de l’UPP

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QUOI DE NEUF ?

DÉJÀRENCONTRÉ ?

JEAN-BAPTISTE BUTERA

Bien sûr. J’ai pris les fonctions de directeur général du CNP St-Martin dès le 31 mars 2014 après avoir exercé pendant 20 ans en qualité de directeur administratif puis de directeur général adjoint. Les gens ici au C.P. Saint-Martin à Dave me connaissent donc déjà depuis longtemps. Je connais donc bien le CNP Saint-Martin et le secteur hospitalier psychiatri-que. Je suis licencié en sciences économiques (LLN) et j’ai suivi un troisième cycle universitaire en gestion hospitalière (UCL/Woluwe).

Je suis passionné de sports mécaniques, et plus particulière-ment de formule 1 que je regarde quel que soit le décalage horaire et de voyages en moto. J’apprécie particulièrement les bons restau-rants et les minitrips. J’ai 49 ans, je suis père de 3 (grands !) enfants et j’habite Suarlée (Namur).

Benoit Folens

JACQUES CANIVET C.P. SAINT-BERNARD

29!> L’ouverture de l’unité 29 au C.P. Saint-Bernard à Manage.

L’unité 29 prend possession de ses nouveaux locaux. Le vendredi 16 mai, invitations étaient lancées aux patients et leur famille, personnel de l’institution et médecinsafin de découvrir le nouvel outil de travail de l’équipe de l’unité de soins 29. Trente lits de psychiatrie générale, où des projets sont mis en place pour des patients anosogno-siques, personnes qui n’ont pas conscience de leur état. Nouveauté : la mixité fait son entrée dans l’unité jusqu’à présent réservée aux hommes.

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QUI NOUS SOMMES/ CE QUE NOUS FAISONS

SERVICE COMMUNICATION

Nous savons qui

nous sommes et

pourquoi nous

faisons ce que

nous faisons.

C’est le titre de la

brochure annuelle

flambant neuve

de l’organisation

les Frères de la

Charité. Celle ou

celui qui lit la brochure, obtient une

vue de ce que nous sommes et de ce

que nous faisons.

Vous pouvez demander un exem-

plaire de la brochure annuelle (seu-

lement en néerlandais) au Service

Communication,

[email protected].

TÉLEX

« DANS LA SOCIÉTÉ SÉCULARISÉE IL EST DEVENU PLUS DIFFICILE DE FAIRE CONNAÎTRE

SA FOI. IL Y A DES PERSONNES QUI ME RACONTENT QU’IL EST PRESQUE IMPOSSIBLE

DE PARLER DE LA FOI SUR LE TERRAIN DE TRAVAIL. MÊME DANS UN HÔPITAL CHRÉTIEN OU DANS LA SALLE DES PROFESSEURS D’UNE

ÉCOLE CATHOLIQUE. »

Le Fr. René Stockman dans une interview pour Knack Magazine (16/04/2014).

SOPHIE MULLER

Cette sympathique brocante s’est déroulée ce dimanche 4 mai sur le vaste parking des Maisons

de Soins Psychiatriques du Centre St-Martin à Dave sous un soleil radieux. Elle connaît un

succès grandissant tant l’esprit y est convivial. Le nombre d’emplacements est volontairement

limité à 130 afin de conserver une ambiance familiale et les étals sont principalement composés

de bric-à-brac en tous genres. Cette année, tout était déjà réservé trois semaines auparavant.

Parmi les exposants, outre la trentaine de membres du personnel de l’hôpital St-Martin, se

sont retrouvés quelques « habitués » de cette brocante « pas comme les autres » où les liens

humains sont privilégiés.

Elle est devenue un événement incontournable qui a accueilli des centaines de visiteurs et peut

se vanter d’avoir participé aussi à dé-stigmatiser un lieu de santé mentale. Ce temps est bien

révolu où l’hôpital psychiatrique était isolé, replié sur lui-même… Rendez-vous le dimanche 3

mai 2015 pour la 15ième édition !

14IÈME ÉDITION DE LA BROCANTE

« pas comme les autres »

LE 15 AOÛT : Fête de l’Assomption

de la Vierge Marie

LES SSM LA HISSENTSur www.deggzhangthetuit.be vous

pouvez poster une petite œuvre d’art

sur les soins de santé mentale. Ainsi

vous collaborez à la banderole en

ligne du C.P. Saint-Jean-Baptiste à

Zelzate à l’occasion de son 150ième

anniversaire. Avec la banderole

on veut travailler sur une image

positive en matière de soins de santé

mentale.

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« Un Frère de Hulst, revient à Tessenderlo après 70 ans. » C’est ainsi qu’un journal de la région de Tessenderlo, le « Boerenbelang », faisait état du retour du Frère Englebert dans sa région natale.

Le Frère Englebert, bien connu et una-

nimement apprécié au Centre St-Lambert

de Bonneville et à l’Hôpital Psychiatrique

St-Martin à Dave, a quitté ce dernier

établissement fin mars 2014 en y laissant

beaucoup de regrets au sein du personnel.

Né en 1929 à Tessenderlo, le Frère Engle-

bert quitte sa ville natale le 1er septembre

1943 pour rejoindre le juvénat au Collège

Saint-Jean-Berchmans à Gand et com-

mencer sa formation religieuse au sein de la

Congrégation des Frères de la Charité.

C.O. SAINT-LAMBERT Après avoir fait ses vœux et travaillé comme

infirmier au sein de plusieurs établissements

à Gand, il arrive dans un établissement pour

handicapés mentaux profonds à Hollogne-

aux-Pierres le 8 août 1962. A l’époque, il

ressent cette mutation en Wallonie comme

une sanction, mais il met tout son cœur à

la tâche et s’investit (parfois jours et nuits)

auprès de « ses chers » handicapés. Une

nouvelle mutation vers le centre O.P St-

Lambert à Bonneville, 3 mois plus tard (le 19

octobre 1962) va quelque peu améliorer ses

conditions de travail. Il y travaille, comme

infirmier en s’occupant de l’infirmerie, de

la dentisterie et collabore avec le neuro-

psychiatre Paul Goffaux et les médecins

traitants (notamment le docteur Therasse). Il

se montre proche des résidents handicapés

mentaux, de leurs familles et du personnel

et y occupe même brièvement le poste de

directeur du dit centre.

C.P. SAINT-MARTIN Le 20 septembre 1992, il est muté à l’HNP

Saint-Martin. Il y occupe à la fois le poste de

supérieur de la communauté des Frères et

le poste d’adjoint à la direction des soins aux

patients. Cette mutation après trente ans de

service à Bonneville est un nouveau déchi-

rement pour lui, mais rapidement, il se fait

de nouveaux amis en s’investissant auprès

de la population de l’hôpital (les malades,

le personnel, les familles, sans oublier ses

collègues religieux). Comme ailleurs, il se

montre entièrement disponible envers toutes

les personnes qui font appel à lui : que ce

soit de jour comme de nuit.

En 1999, il est pensionné mais continue à

assumer les fonctions et les missions qui

lui sont confiées. A la mort du Frère Alton,

il prend en charge la serre et partage sa

passion des fleurs avec de nombreux

membres du personnel qui feront appel à

lui pour décorer leur unité ou leur bureau.

Il s’adonne aussi à la pêche, son autre

passion.

RETOUR À TESSENDERLO Fin mars, il rejoint la communauté du

Sacré-Cœur à Tessenderlo (liée à un

établissement d’enseignement technique

– plus de 700 élèves) afin que, dégagé

de bien de responsabilités, il puisse y jouir

d’un repos bien mérité. Aujourd’hui, il se

sent bien et a trouvé sa place au sein de la

communauté religieuse.

A nous tous qui l’avons côtoyé au sein de

Saint-Lambert et de Saint-Martin et qui

l’avons noyé sous les remerciements pour

tout ce qu’il nous a apporté, il nous redit

son admiration pour notre travail accompli.

Il nous souhaite beaucoup de courage et

nous invite à mettre tout notre cœur pour

continuer notre tâche auprès des résidents

et patients.

RETOUR À TESSENDERLO après 70 ans PHILIPPE HODY, JEAN-BAPTISTE BUTERA

« LE FRÈRE ENGLEBERT NOUS REDIT SON ADMIRATION POUR NOTRE TRAVAIL ACCOMPLI. »

> Le Frère Englebert nous souhaite beaucoup de courage et nous invite à mettre tout notre coeur pour continuer notre tâche auprès des résidents et patients.

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SOPHIE MULLER C.P. SAINT-MARTIN

Le vendredi 11 avril, le C.P. St-Martin à Dave inaugurait sa nouvelle structure de soins L’OASIS en présence d’une centaine d’invités (partenaires de soins de santé mentale et quelques autorités politiques et judiciaires). Celle-ci peut accueillir depuis fin avril 40 patients principalement hospitalisés sous le régime de la protection des personnes des malades mentaux en application de la loi du 26 juin 1990 (décision du Parquet du Procureur du Roi ou de la Justice de Paix).La signification de L’OASIS ou Lieu d’Observation d’Accueil de Soins d’Information et de Stabilisation exprime toute une symbolique, celle de la dimension d’un lieu de ressource-ment et d’apaisement pour des patients souvent en grande souffrance.En un temps record de 9 mois, l’ancien bâtiment a complétement été rénové pour offrir des espaces plus lumineux et plus confortables.

En 2013, au sein du CNP Saint-Martin, à l’initiative du docteur Annick Davaux, une

cellule tabac a été activée. Cette cellule réunit divers professionnels de la santé soucieux

de sensibiliser, tant les membres du personnel que les patients, à la consommation

de tabac. Depuis 2005, (AR du 19/1/2005 interdisant de fumer sur le lieu de travail) le

personnel de l’hôpital a déjà été sensibilisé à la consommation de tabac ainsi qu’à ses

effets néfastes et aux possibilités de sevrage de cette drogue dure.

Au fil des années, la même démarche a été poursuivie auprès des patients, gros

consommateurs de tabac dont on connaît les multiples facteurs de morbidité. Avec le

soutien de la direction, la cellule entend répondre aux demandes du personnel et des

patients. Elle vise à contribuer à l’amélioration de la qualité des soins et au bien-être au

travail.

Dans le cadre de la journée mondiale anti-tabac du 31 mai, elle a organisé une

campagne de sensibilisation. Durant celle-ci, différentes actions ont été menées : deux

midi-débats autour de la consommation de tabac ont été tenus les 5 et 11 juin derniers.

Une campagne d’affichage axée sur la problématique a été réalisée.

La semaine du 26 mai, avec la complicité du service hôtellerie, le menu du restaurant

réservé aux professionnels du CNP Saint-Martin a été falsifié d’une manière décalée,

humoristique mais également interpellante. C’est ainsi qu’un menu à base de produits

tabagiques a été proposé.

~ CONSOMMÉ DE FEUILLES DE

TABAC AUX TROIS ADDITIFS ET SA FARANDOLE DE

FILTRES ~

> Pour tout complément d’informations ou prise de contact : [email protected]

> La cellule tabac est composée du docteur Annick Davaux, Jean-Baptiste Butera, Ronald Clavie, Carine Clérisse, Doris Deschuyteneer, Katia Lebrun et Céline Timmemans. La cellule tabac demeure ouverte à toute personne du CNP Saint-Martin qui souhaiterait la rejoindre.

> La nouvelle structure « OASIS » a été inaugurée par la direction du C.P. Saint-Martin à Dave.

INAUGURATIONde L’Oasis

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Le Frère Joris De Roeck

Le Frère Joris De Roeck. Nous le connaissons comme un homme tranquille qui travaillait les dernières années à l’économat du Pro-vincialat à Gand. Mais voici, il y a quelques mois il a déménagé vers la communauté du C.P. Saint-Martin à Dave. « Revenir en Wallonie n’était pas un problème », nous raconte-t-il. Revenir ? Approches a eu un entretien avec le Frère Joris sur être Frère de la Charité, sur les soins de santé mentale et sur l’avenir.

MATTIAS DEVRIENDT, JORIS DE ROECK FRANÇOIS DEHOMBREUX

UN COIN À SOI

Peut-être la présence est plus importante que l’action…

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Peut-être la présence est plus importante que l’action…

C’est un lundi matin que nous téléphonons au Frère Joris. Si nous pouvons avoir une inter-

view de lui pour Approches, main-tenant qu’il réside de nouveau en Wallonie. Il est un peu surpris, mais n’y voit pas d’obstacle. « Est-ce que l’on doit prendre également une photo de moi ? Je n’aime pas cela tellement. » C’est typique du Frère Joris. Nous le connaissons comme l’homme tranquille qui ne se met pas sur l’avant-plan. « Maintenant que je suis pensionné et un peu isolé, je peux m’orienter davantage vers la méditation. Bien que je doive encore un peu acclimater dans mon nouveau coin à moi. »

Loger  Le déménagement de Gand vers la Wallonie a duré un peu plus de temps que prévu. « Le déménage-ment même s’est déroulé lente-ment, avec un va-et-vient régulier de Gand vers Dave pour transférer peu à peu mes choses personnel-les. Après quelques semaines de « logement » dans une chambre d’amis j’ai pu finalement, fin mars 2014, m’installer à l’endroit définitif. Cela a duré un peu, mais finale-ment le pas définitif a presque été franchi. Revenir en Wallonie n’était pas un problème. J’ai été accueilli bien ici par les Frères et la direction du C.P. Saint-Martin. » Avant que le Frère Joris habitât à Gand, il a fait tout un parcours. « Ainsi, de 1975 à 1989 j’étais un membre de direction du Centre Psychiatrique St-Bernard à Manage et à partir de 1981 également le supérieur local de la commu-nauté. Après une année au Centre Orthopédagogique St-Lambert à Bonneville, j’étais appelé à Gand pour six ans, dans le staff central. De 1996 à 2002 j’étais de nouveau à Manage pour ensuite, pendant trois ans, jusque 2006, déménager à Rome pour être l’économe général de la congrégation. En 2006 je suis

« ETRE FRÈRE DE LA CHARITÉ SIGNIFIE POUR MOI ‘ÊTRE LÀ POUR LES PATIENTS PSYCHIATRIQUES’. »

revenu en Belgique, maintenant comme économe régional, comme pas intermédiaire vers ma retraite et ma nomination à Dave comme supérieur des communautés de Dave, Manage et Bonneville. »

Les missionsPourtant le Frère Joris avait un autre plan en devenant Frère de la Charité. « Etant jeune, j’ai cher-ché bien ciblé une congrégation apostolique. C’est une vie où l’on peut en tant que Frère vivre la vie spirituelle, croyante en combinai-son avec une tâche sociale pour le prochain, par exemple par une activité dans les soins ou dans l’enseignement, mais tout autant à l’étranger comme missionnaire. Alors le Frère Provincial du temps à dit : « En Belgique il y a également un apostolat missionnaire dans la psychiatrie, si vous alliez étudier à Louvain, et travailliez ensuite dans la psychiatrie ? » Et voilà… ainsi fut fait… Après mes études d’économie appliquée et de sciences hospitali-ères à Louvain j’ai travaillé pendant presque toute ma carrière, plus de vingt ans, en Wallonie. Etre Frère de la Charité a donc été souligné comme « être là pour les patients psychiatriques ». C’est encore un peu le cas maintenant, à Dave. »A Dave le Frère Joris voit pour lui-même surtout une fonction dans la communauté. « Désormais je vivrai davantage comme une personne retraitée : moins de réunions, plus de temps personnel et pourtant être occupé régulièrement de choses imprévues. Comme supérieur, je continuerai à garder contact par la correspondance et pendant les réunions tous les deux mois à Gand. En outre, je veux former com-munauté et être là aussi pour les Frères plus âgés. En tant que su-périeur je suis d’ailleurs également membre du conseil pastoral local et je suis invité à participer au conseil de direction. »

Les longs couloirsLe Frère Joris a l’habitude d’habiter dans un hôpital psychiatrique. « Pendant presque toute ma vie professionnelle, j’ai habité dans un hôpital psychiatrique. Mais ici à Dave le couvent est un peu isolé au sein de l’hôpital, avec plutôt peu de contact avec les patients et le per-sonnel, sauf si nous les rencontrons dans les longs couloirs. En tant que communauté nous devons nous interroger sur la possibilité éven-tuelle de quelque serviabilité dans l’établissement le C.P. Saint-Martin à Dave, ce qui, vu l’âge des Frères, n’est pas évident. Je pense bien que la communauté peut encore un peu être au service de l’hôpital psychiatrique et alors surtout dans le fonctionnement pastoral. Mais peut-être que la présence est plus importante que l’action. » n

Qui est?

> LE FRÈRE JORIS DE ROECK

(°1948) est devenu Frère de la

Charité en 1967.

> Depuis le début du mois d’avril il est

le supérieur local dans la commu-

nauté de Dave.

> Son message pour les lecteurs

d’Approches? « Restez motivés pour

le travail, comme lors du premier

jour, et fréquentez les autres comme

des frères et des sœurs… »

LE FRÈRE JORIS

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EN IMAGE

TOUJOURS PLUS COURTES FRANCIS TILBORGHS

Si elles voulaient être photographiées pour Ap-proches ? Bien sûr que oui ! Et ainsi Lieve, Kim, Maxime et Sien du C.P. Frères Alexiens Boechout et Nathalie et Linda de C.P. St-Amedeus Mortsel ont pris place devant l’objectif de notre photo-graphe. Elles ont revêtu des costumes authentiques d’infirmières de diverses époques, du Moyen Age, à travers les années de guerre, la période de 1970-1980 à aujourd’hui. « Avec le temps, les tenues n’ont fait que raccourcir », dit Lieve en riant.

Avec nos remerciements au Gasthuis, musée de nursing à Duffel.

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LOIN ET POURTANT PROCHE

Le revers du championnat du mondeLe Championnat du Monde et dans 2 ans les Jeux Olympiques. Le Brésil semble être une nouvelle superpuissance. Ou non ? Approches est allé écouter le Frère Eric Verdegem qui est actif depuis déjà des dizaines d’années dans des projets des Frères de la Charité au Brésil. Il a esquissé pour nous le revers sombre du pays de la samba.

MATTIAS DEVRIENDT ERIC VERDEGEM

LES PROJETS D’ERIC VERDEGEM ?1. Intégrer des jeunes dans des entreprises par des

contrats d’apprentissage2. Activités postscolaires

3. La floriculture et la plantation dans la ville4. La formation d’éducateur

5. Accueil résidentiel Estrela da Manhã

Les écoles brésiliennes et la sécurité sociale : une catastrophe« On dépense des milliards pour le Championnat du Monde pendant que rien ne reste pour l’enseignement et la sécurité sociale. Au Brésil un employeur dépense environ 8000 R$ par travailleur, dont seulement 1400 R$ arrivent effectivement chez le travailleur. Tout le reste est pour l’Etat. Et si on regarde alors ce que l’Etat fait avec cet argent : l’enseignement est à plat, les soins de santé sont une catastrophe, il y a un système juridique qui fonctionne seulement pour le chapardeur et il y a l’infrastructure en laquelle on n’a pas investi depuis des années et qui est seulement abordée maintenant en fonction de stades et d’hôtels. »

Les politiciens brésiliens : un groupe à la Berlusconi« Mais le plus grand problème du Brésil est la corruption. Nous sommes gouvernés par un groupe de Berlusconi de première catégorie, avec des réseaux énormes et avides de pouvoir et d’intérêt personnel. C’est une démocratie seulement apparente où les gens ont lors des élections le choix entre un capitaliste de gauche ou quelqu’un de gau-che capitaliste. Quelqu’un qui est différent, est mis sur la touche. Pas d’attention, pas d’accès, pas de voix. »

Le Frère Eric Verdegem détruit la façade brésilienne.

Connaître le passé pour préparer l’avenir

Les Brésiliens : des entrepre-neurs jeunes et dynamiques« Malgré tout le Brésilien est un entrepreneur jeune et dynamique, ce par quoi le pays réussit à paraître une puissance mondiale future, mais c’est une image qui repose sur peu de choses. Chacun craint que le potentiel ne sera pas mis en valeur, par le manque d’infrastructure et de personnel qualifié pour rendre le pays vraiment grand. Après le Championnat du Monde cela pourrait mener à un chômage sévère. Les Brési-liens ne sont pas ignorants de ce qui se passe, seule-ment ils ne trouvent pas de canaux pour s’exprimer et pas de structures pour s’organiser. Si le Brésil perd le championnat du monde, je pense que les gens descen-dront en masse dans la rue parce que leur sentiment de fierté nationale (qui est d’ailleurs complètement manipulé) aura disparu. »

> Plus d’infos sur les projets d’Eric Verdegem sur www.approches.be

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DOSSIER

Connaître le passé pour préparer l’avenir

Dans les trois secteurs où les Frères de la Charité sont actifs, de grands changements se sont opérés les dernières décennies. Approches veut donner la parole à trois personnes qui – chacun pour son secteur – peuvent dépis-ter des événements, des évolutions et des tendances remarquables. Trois personnes qui sont connues chez presque chaque membre du personnel en raison de leurs mérites dans l’organisation. Approches a parlé avec le Frère Marcel Van Walleghem, Joris Casselman et Bert Loeys et leur a présenté cinq thèses.

ANNELIES NAERT ANNELIES NAERT, LE FRÈRE MARCEL VAN WALLEGHEM, BERT LOEYS ET JORIS CASSELMAN

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Les Frères de la Charité sont connus pour avoir de l’attention pour de nouveaux be-soins. Le client, l’élève ou le patient est central dans tout ce que fait l’organisation. Pouvoir y collaborer, procure une certaine fierté.

Marcel Van Walleghem : « Je ne suis fier de rien. L’aide sociale ne donne pas de la fierté, éventuellement bien un sentiment de bonheur. Elle vous apprend également à être humble. Mon senti-ment quotidien de bonheur, je le dois à mon entourage de person-nes avec une déficience intellectuelle. Ma joie est dans le souvenir que dans ma vie j’ai pu rendre heureuses quelques personnes – et j’ai souhaité qu’il y en eût plus. J’ai aussi fait volontiers mon travail à l’université : rendre de jeunes gens sensibles à la problémati-que de personnes avec une déficience intellectuelle. Beaucoup d’étudiants ont bien suivi à ce sujet. »Bert Loeys : « A l’école Saint-Paul nous avons amené beaucoup d’élèves à la ligne d’arrivée qui ne pouvaient suivre dans d’autres écoles. Nous avons toujours eu de l’attention pour tous et c’était là sans doute la grande différence avec d’autres écoles. Beaucoup d’anciens élèves sont énormément reconnaissants pour cela. Ainsi, chaque année, quelqu’un vient me souhaiter une bonne année, c’est pourtant le CEO d’une des plus grandes firmes de notre pays. Pour moi le plus important est que chaque élève qui quitte l’école Saint-Paul, a aimé y être. »Joris Casselman : « Je suis fier d’avoir pu aider à faire accepter des personnes dépendantes d’alcool dans la psychiatrie. Dans les années ‘60 Bierbeek était le seul hôpital en Flandre avec une unité de soins pour soins de dépendance. Plus tard, dans les années ‘70, j’ai aussi fait entrer des consommateurs de drogues et des toxicomanes. J’ai fait la même chose pour les internés. Que finale-ment on ait réussi à offrir à ces trois groupes cibles un traitement de qualité dans la psychiatrie, cela me rend content. Même si le groupe des internés reste le plus difficile. Trop souvent on les con-sidère comme un même groupe, pourtant il s’agit chaque fois de personnes avec des problématiques différentes. Elles sont encore les plus stigmatisées. »

Mesurer la qualité est aujourd’hui un point important. Les établissements de soins et les écoles sont confrontés à la demande sociale de garanties de la qualité et de cette façon ils sont « obligés » d’approcher cela comme dans le monde des entreprises. Une bonne chose.Joris Casselman : « C’est une évolution importante, pourtant il y a un ‘mais’. Quand j’ai commencé à travailler à Bierbeek, nous y avons introduit la gestion des résultats : comment organiser son équipe et son établissement pour que des résultats prennent une place plus centrale ? Eh bien, on n’y arrive pas avec exclusive-ment une approche quantitative. Il faut faire la combinaison avec une approche qualitative. Mais cela n’est pas facile, car on ne peut pas simplement convertir tout en chiffres. Il faut aussi veiller à ce qu’en première instance le patient en tire un avantage et non l’établissement ou les pouvoirs publics subventionnants. »Bert Loeys : « Les pouvoirs publics investissent fort en l’enseignement. On peut donc attendre aussi qu’il y ait un soin de qualité. Que cela exige une approche comme dans les entrepri-ses, je ne peux qu’y souscrire, étant économiste (rit). Avec les

> Professeur émérite à l’Université Catholique

de Louvain

> Enseignant à Bourg-Léopold

> Directeur général du C.O. Saint-Ferdinand à

Lummen et du C.O. Saint-Joseph à Gand

> Était au berceau du C.O. « Het Roerhuis » à

Louvain

Qui est ?LE FRÈRE

MARCEL VAN WALLEGHEM

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« Les soins sont essentiellement promoteurs de bien-être. Pour cette raison les soins profession-nels ne peuvent être simplement techniques, froids, routiniers ou distants, mais ils exigent le contact humain. Les soins sont une relation entre personnes, où l’on procure des soins à l’autre avec respect. Grâce à des subsides pour une recherche scientifique j’ai pu démontrer avec conviction qu’elles réagissaient encore très positivement à une fréquentation orthopédagogi-que, même après un long séjour dans un établissement psychiatrique et la négligence sociale qui y était attachée. Cela est devenu le début du « Roerhuis ».

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moyens engagés une école doit essayer d’atteindre un maximum de résultats. Auparavant le directeur devait être un homme à tout faire, maintenant, dans les écoles des Frères de la Charité, on travaille avec des équipes de direction. Une approche plus professionnelle ne peut qu’être au bénéfice des écoles. »Marcel Van Walleghem : « En soi, l’attention pour la qualité est une très bonne chose. Au début on a même conçu des instruments pour mesurer la qualité. D’abord il s’agissait de la qualité des soins, ensuite de la qualité de la vie. En fait c’est la même réalité, mais l’une était vue du point de vue du prestataire de soins, l’autre depuis le vécu subjectif du demandeur de soins. Le mesurage lui-même n’est pas tellement important, mais les questions peuvent vous inciter à la réflexion, à réfléchir sur sa propre façon de dispenser des soins. Ces questions sont également très appropriées pour des discussions en groupe. »

Il faut investir beaucoup plus en soins ambulatoires. Cela est au bénéfice du patient, du client et de l’élève avec une déficience, d’être accueilli pleinement dans la société quotidi-enne, « normale ». La socialisation, donc. Marcel Van Walleghem : « La socialisation est un mot nouveau. Vers 1970 on parlait d’ « intégration », ensuite de « normalisation ». Les mots, surtout dans l’aide sociale, sont vite usés parce qu’ils ont une connotation négative et qu’on veut éviter cela, mais toujours il s’agit du même principe : les personnes avec une déficience ne doi-vent pas être « rangées » dans des établissements, mais elles doivent recevoir une place juste et maîtrisable dans la société. On ne peut pourtant pas exagérer dans la socialisation : les personnes avec une déficience intellectuelle auront toujours besoin d’aide. L’intégration ne veut pas dire : parachuter ces personnes dans la société et pour le reste les abandonner à leur sort. »

> Elève et plus tard aussi enseignant à l’Institut

Saint-Paul à Gand

> Sous-directeur à Saint-Bavon à Gand

> Le premier directeur laïc dans l’Institut Saint-

Paul à Gand

> Après sa retraite, bénévole au service

de l’accompagnement pédagogique de

l’organisation les Frères de la Charité

Qui est ?BERT LOEYS

L’enseignement, c’est de la formation de la personnalité totale. En première instance il y a le transfert de connaissances, mais avec de l’espace pour la culture et le sport. A mon époque l’accent était peut-être trop sur la mémoire et la grammaire, mais les derniers temps on a évolué trop vers l’aptitude de par-ler. Pour moi il est également important que le sens qu’on donne à la vie puisse être abordé. Je suis un partisan de la pédagogie de la cha-rité. Nous devons attirer l’attention aux valeurs de notre identité chrétienne. Offrir de l’aide à des personnes dans le besoin doit être un point qui mérite continuellement de l’attention dans l’enseignement. »

« L’AIDE SOCIALE NE DONNE PAS DE LA FIERTÉ,

ÉVENTUELLEMENT BIEN UN SENTIMENT DE BONHEUR.

ELLE VOUS APPREND ÉGALEMENT À ÊTRE

HUMBLE. »LE FR. MARCEL VAN WALLEGHEM

Joris Casselman : « La socialisation est nécessaire parce que, à travers les siècles, on a tiré le patient psychiatrique de la société. Même si c’est une histoire qui se répète. Dans les années ‘70 déjà on a érigé des établissements alternatifs et des services ambulatoires. Mais il y avait alors la crise et finalement les lits ont bien été cessés, mais l’argent n’a pas été réinvesti dans des établissements alternatifs. Aujourd’hui on essaie bien de faire cela. Même si nous devons faire attention à ce que cela ne soit pas en premier lieu un moyen pour économiser au détriment du patient. Je me pose des questions à ce sujet : qui veut atteindre quoi avec quel patient ? »

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Travailler dans les soins et dans l’enseignement est tout à fait différent à ce que c’était disons il y a 50 ans. La complexité s’accroît, la pression est augmentée. Marcel Van Walleghem : « Quand, en 1955, je suis devenu directeur dans un centre orthopédagogique, les garçons étaient encore divisés dans des groupes de 80 personnes environ. Alors il n’était pas question d’ « éduquer », mais bien de « surveiller ». Maintenant les groupes sont plus petits et les prestataires de soins sont appelés des « éducateurs ». Le contact humain est essentiel dans les soins, où l’on trouve le bien-être de l’autre personne important et où l’on fera tout pour cela. Les soins sans chaleur, pour moi ce ne sont pas des soins. On attend du prestataire de soins d’aujourd’hui qu’il s’engage comme personne, avec de la chaleur et du dévouement. Les soins sont devenus plus individuels et personnels. »Bert Loeys : « Les choses sont devenues bien plus complexes pour les enseignants. Ils entrent toujours plus en contact avec des jeunes qui ont des problèmes et le travail administratif a augmenté. Il y a plus de contrôle et l’enseignant est sous pression. Nous avions auparavant une plus grande liberté pour réaliser les objectifs du programme d’apprentissage. Il faut donner à l’enseignant la liberté pour donner la matière de sa façon, mais évidemment cela doit être pédagogiquement justifié. »Joris Casselman : « Dans les années ’60 le Frère-directeur répon-dait encore au téléphone et il se consacrait aux demandes de col-location. Le médecin n’était pas consulté à ce sujet. Dix ans plus tard trois médecins étaient dans l’administration. Le C.P. Saint-Kamillus a évolué dans peu de temps vers une administration de laïcs. Avec la mise en place d’un service ouvert aussi plus et d’autres patients sont venus, également des femmes. La nature des problématiques est beaucoup plus complexe et la participation de patients et de membres de la famille est plus grande. Aujourd’hui on trouve qu’il est simplement normal que l’on travaille de façon interdisciplinaire, mais il fallait une évolution forte pour aboutir à cela. Le prestataire de soins d’aujourd’hui doit aussi assimiler plus de connaissances sur le plan du traitement et de l’informatisation. Il y a un pas énorme à franchir entre ce que l’on apprend sur les bancs de l’école et la réalité complexe que l’on rencontre sur le terrain de travail. »

Les soins et l’enseignement sont devant de grands défis. Beaucoup change dans très peu de temps. Il vaut mieux que les écoles et les établissements n’attendent pas trop longtemps avant d’être sur le train de l’innovation. Bert Loeys : « Chaque Ministre de l’Enseignement veut marquer l’enseignement de son empreinte pendant la période qu’il est au pouvoir, mais l’enseignement doit être détaché de la politique. Il faut plus de continuité. »Joris Casselman : « Il faut miser davantage sur la prévention : prévenir que des gens aient des problèmes personnels trop sévères, assurer que les gens peuvent franchir plus facilement le seuil pour demander de l’aide et prévenir que des personnes doivent être hos-pitalisées, pour une longue durée ou fréquemment. Sur le plan éco-nomique aussi cela peut mener à de grandes économies. Pour cela il faut regarder les soins de santé mentale dans toute leur largeur. Les soins de santé mentale ont à faire à de nombreux aspects sociaux, on ne peut isoler les soins de santé mentale de l’ensemble. »

> Professeur émérite à l‘Université Catholique

de Louvain

> Médecin, psychiatre, psychologue,

sexologue et criminologue

> Psychiatre au C.P.U. Saint-Kamillus à

Bierbeek jusqu’à l’an 2000

> Membre de différentes associations

nationales et internationales en matière de

soins de santé (mentale).

Qui est ?JORIS CASSELMAN

« Je décris la psychiatrie comme l’étude, la prévention et l’aide dans le cas de problèmes psychiques sévères. Le mieux est que cela reste intégré dans le champ large des soins de santé mentale, qui contient aussi des problèmes psychiques légers et modérés. C’est un domaine où il faut travailler non seulement avec un modèle biologique, mais en même temps avec un modèle psychologique et social. Dans le passé on a très souvent regardé avec des lunettes fautives. Expliquer seulement des problèmes psychiques au départ du cerveau, par exemple, je trouve cela un grand appauvrissement. Les soins de santé mentale concernent tous les systèmes sociaux. »

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BILLET

> CHRISTIAN BODIAUX est l’agent pastoral

central de l’ASBL Œuvres des Frères de la

Charité. Dans ce billet, il fait une découverte

qui rappelle un moment de notre mémoire

collective.

Ennemis

Là-bas, trois cents mètres à peine m’en séparent,Il en est comme moi, qui souffrent comme moi,Que les mêmes dangers exaltent ou effarent,Qui pleurent en secret leur jeunesse aux abois.

Ils rêvent, comme moi, et leur douleur s’égare.Ils cherchent comme moi d’insolubles pourquois.Ils ont les mêmes deuils, hélas, les mêmes tares.Ce sont mes ennemis pourtant, telle est la loi.

Ils ont pillé. Qu’aurais-je fait si la conquêteComme un alcool mauvais m’eût échauffé la tête ?Ils ont tué. Moi-même, n’ai-je pas tué ?

Plus le temps déforme la guerre et la prolonge,Moins je me sens de force à nous évaluer.Ce sont mes ennemis. Le reste est un mensonge.Ce sont mes ennemis. Je pleure quand j’y songe !

Secteur de Merckem, « La Villa », mars 1918.

1 €Tout pour 1 € ! Fin de marché ! Tout pour 1 € ! De

fortes et grasses voix hurlent cette ritournelle aux quatre coins de la brocante. Les vendeurs

déconfits préfèrent liquider leurs rossignols contre une pièce symbolique, plutôt que de les remballer en vue d’une vente ultérieure, improbable.

En dépit des rabais, des jonchées d’objets demeurent, obstinément. Moult ne paient franchement pas de mine — sortiraient-ils d’une poubelle ? Parmi ces détritus, qui, en soi, ne mériteraient même pas l’euro qu’on en réclame pour prix, se cachent parfois des trésors.

Autrefois, paraît-il, de jolies fées se dissimulaient sous l’apparence de vieilles femmes en guenilles, afin d’éprouver les sentiments des hommes ; pour plaire aux fées, il leur fallait préférer la vertu à la séduction charnelle. C’est ainsi qu’au fond d’une caisse avachie, gisait un assemblage de pages défraîchies, qu’on hé-siterait à qualifier de livre. Un coupon d’essuie-mains en tartan bleu à carreaux blancs, d’une découpe grossière et inégale, faisait office de dos. La main qui perpétra ce forfait avait aussi réassemblé, en dés-ordre ( !), les cahiers. De la colle blanche, épaisse à souhait, prétendait tenir le tout ; elle tombait en miet-tes. Le chiffon effiloché masquait plusieurs lettres du titre, mais ce qui demeurait visible suffisait à aiguiser l’intérêt : Les chants de la misère et du devoir. 1914-1919. Le prix : 1 €. Vendu.L’auteur : Georges Feld (Robert-Henri Schoenfeld). Un Belge, qui combattit tout au long de la Première Guerre mondiale, au plus dur des batailles. L’un de ces soldats écrivains méconnus, du moins pour l’aujourd’hui. La poésie lui tenait lieu de confidente. À la veille des commémorations du centenaire de la Grande Guerre, ce livre tombait à point.

Pour 1 €, l’insondable de l’expérience humaine en-trouvre ses portes. L’écriture se déploie. Par bonheur,

le prix et la valeur ne se confondent pas. À Singapour, havre mondial des super-riches, l’accès aux clubs exclusifs se négocie autour d’un minimum de 10.000 dollars la table, pour un soir. Pas de limite supérieure, bien entendu. Une soirée fêtée au milieu d’escort-girls et de strip-teaseuses vaut-elle 10.000 fois et plus la lecture d’un recueil de poésies, acheté à 1 € ? La camelote se paie cher, ces temps-ci…

Le précédent propriétaire du recueil n’en avait pas lu l’intégralité. Plusieurs cahiers restaient scellés. Ma lame glissa le long des plis, trancha le papier, et dé-couvrit les vers précieux, jamais lus encore. En voici.

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ESPRIT D’ÉQUIPE

Nous sommes à Saint-Martin à Dave, un centre psychiatrique avec 539 collaborateurs qui reçoivent tous un salaire, ont tous un badge, mais pour qui également des grilles horaire, des pécules de vacances, des documents sociaux, des primes de fin d’année ou des frais de déplacement sont gérés. Approches a cherché à savoir qui sont les personnes derrière tout ce processus et est donc arrivé auprès de 3 dames sympathiques !

JEAN-BAPTISTE BUTERA SOPHIE MULLER, MATTIAS DEVRIENDT

Comme tous les membres du personnel, Anna, Caroline et Isabelle travaillent chaque jour avec parfois la pression des échéances et le respect des dates. Elles prennent leur pause et repas de midi dans leur bureau tout en restant disponibles pour d’éventuelles sollicitations du personnel.

Une journée de l’équipeService du personnel

Ce sont aussi les tâches liées aux demandes venant de l’extérieur pour un travailleur qui a des soucis person-nels ou familiaux (pension alimentaire, médiation ou autres). Elles savent aussi être à l’écoute des mem-bres du personnel, qui en ont besoin et qui souhaitent qu’on leur prête attention pour des problèmes privés pouvant influencer leur vie professionelle.

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> Est-ce que vous aussi vous vous demandez comment se présente un jour de travail à l’étage en-dessous ou ce que fait chaque jour la section au bout du couloir ? Faites-le savoir à la rédaction !

Une de nos tâches principales est la gestion des dossiers des membres du personnel. « Nous réali-sons l’encodage des dossiers des travailleurs nou-vellement engagés, nous leur attribuons un badge, nous nous occupons des diminutions de temps de travail, des dispenses de prestation, des cartes annuelles de congés,... »

La plieuse fait aussi partie de leur quotidien. Leurs tâches sont aussi: la gestion des sorties, des séjours du personnel accompa-gnant les patients à l’extérieur, des grilles horaires des unités de soins, des frais de déplacements, du précompte professionnel, de l’ONSS, des doubles pécules de vacances, des primes de fin d’année, du tri et de la distribu-tion des chèques repas,...

> Le centre neuropsychiatrique St-Martin regroupe l’hôpital St-Martin, les maisons de soins psychiatriques ainsi que l’hôpital de jour à Jambes, qui emploient au total 539 travailleurs. Son équipe du service « Personnel » est composée de trois personnes, Caroline, Isabelle et Anna. « Nous avons des tâches communes comme la préparation des salaires et d’autres tâches que nous nous partageons dans une très bonne entente. Chacune fait son boulot dans un esprit convivial et détendu », racontent-elles. « On travaille dans la bonne humeur tout en restant professionnelles et consciencieuses », précisent-elles.

L’ÉQUIPE SERVICE DU PERSONNEL Qui est?

Les sollicitations des membres du person-nel et les tâches ponctuelles : attestation d’emploi pour diverses raisons personnel-les, les documents sociaux, documents de mutuelle et d’autres en rapport avec les subsides ou les assurances vie privée ou hospitalisation…

> Caroline, Isabelle et Anna.

D’abord un petit rappel. « Notre mission est d’être le plus possible au service

du personnel du CNP, afin de répondre rapidement aux sol-licitations des travailleurs, ainsi que des demandes émanant de diverses institutions », racon-tent les 3 membres du service personnel Caroline, Isabelle et Anna. « C’est une mission vaste avec de nombreuses tâches qui ne se résument pas uniquement à l’élaboration de la paie et qui exigent rigueur, discrétion et res-pect des dates et des échéances. L’exigence d’un travail bien fait et la rigueur des échéances font qu’il nous arrive de rester parfois plus tard pour finaliser notre travail, sans pour autant nous prendre la tête, précise Isabelle. Et Caroline d’ajouter : « Nous avons en tant qu’équipe, une même mentalité, une même vision de notre travail, un caractère presque semblable… qui nous permet d’avancer dans la même direction. »

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IN MEMORIAM

« Parfois il est temps d’un départ,même sans connaître sa destination. »

LE FRÈRE ALBERT DELOOF (1914-2014)

LE FRÈRE GÉRARD VAN SELST (PAMPHILE) (1922 – 2014)

Après ses études d’instituteur et son service militaire à Bourg-Léopold, le Frère Albert a reçu la

mission d’enseigner à Zwijnaarde aux enfants avec une déficience mentale. Il a pu y collaborer

avec le Frère Ebergiste, dont il a gardé un souvenir positif et qu’il admirait.

En 1941 il est parti pour deux ans vers l’enseignement normal à Zelzate, jusqu’à ce que l’on lui

ait de nouveau demandé d’engager sa connaissance et son expérience à l’institut à St-Job-in-

’t Goor, qui venait d’ouvrir ses portes. Ce sont devenues des années d’un grand dévouement,

où il a pu développer pleinement ses talents artistiques et musicaux. Ces talents ne sont pas

restés inaperçus, et quand la congrégation a ouvert en 1953 un nouvel institut à Roulers, c’était

de nouveau le Frère Albert qui était parmi les pionniers. Deux ans après, après une période de

repos, il est devenu pour plus de 25 ans le représentant clef de l’Ecole St-Antoine à Leuven,

avec le Frère Emiel Maes.

Il était un Frère bien aimé, souvent le centre d’une bonne plaisanterie, pour les Frères étudiants

une balise de fidélité qui les stimulait pendant la période parfois dure des études. Le Frère Al-

bert avait ses principes, s’est ainsi heurté parfois aux autres et ne contournait pas la discussion,

toujours cherchant la réconciliation.

Après sa retraite en 1980, ce qui était également la fin de l’Ecole St-Antoine, il est resté à

Louvain jusqu’en 2009. Alors il est allé à la maison de repos à Beernem pour y vivre encore

quelques belles et calmes années.

Le Frère Albert est décédé le 15 mars 2014. Il avait presque 100 ans.

Le Frère Gérard nous est venu de Bois-le-Duc (’s Hertogenbosch) aux Pays-Bas afin de faire son

postulat et son audition en Belgique et d’y rester à l’instar de nombreux confrères néerlandais.

Après ses études à l’école normale de Zwijnaarde, il s’est rendu à Bruxelles pour y enseigner aux

petits aveugles. Il enseignera encore à Bourg-Léopold ainsi qu’à St-Trond et à Louvain pour finale-

ment réaliser son rêve au départ de Bruxelles : devenir missionnaire en Afrique en 1956.

Il passera plusieurs années à Kabinda, d’abord en tant qu’enseignant et plus tard en tant que

supérieur et directeur de l’école secondaire.

Ensuite il était encore supérieur et directeur à Zaza, Rwanda et enseignant à Lusambo, Congo

et à Pietersburg, Afrique du Sud. A Bujumbura il est devenu supérieur et économe. Partant de

l’expertise acquise en Afrique du Sud, il y a enseigné également l’anglais. Lorsque la communauté

de Bujumbura a été fermée pour des raisons politiques, il partira au Rwanda,pour y devenir le

supérieur de la communauté à Ndera et assumer également les tâches d’économe à l’hôpital.

C’est là qu’il a vécu le génocide en 1994, et ne peut être libéré qu’après 10 jours. Il s’agissait pour

lui d’événements très traumatisants au point qu’il ne pouvait les évoquer qu’en éprouvant, même

longtemps après, de fortes émotions. En 1995 il est retourné définitivement en Belgique. Il y a

assumé les fonctions de supérieur de la communauté à Guislain à Gand jusqu’au moment où une

grave attaque d’apoplexie l’a frappé en 1999 et l’a mené vers nos maisons de repos de Zelzate et

de Beernem. C’était pour le Fr. Gérard la période la plus éprouvante de sa vie, son handicap le ren-

dant complètement dépendant de soins qu’il arrivait difficilement à concilier avec sa personnalité.

Le Fr. Gérard savait savourer la vie, il restait en forme par la pratique quotidienne du tennis et il

appréciait les bonnes relations avec sa famille. Le Frère Gérard était un homme sans conflits qui a

essayé de faire le bien pour chacun.

Le Frère Gérard est décédé le 19 avril.

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À L’ÉCOUTE

Annemie Cailliau et Patrick Allegaert

Chaque exposition est un nouveau rêve

Si jamais à St-Petersburg, New York, Berlin ou Madrid vous rencontrez un connaisseur en œuvres d’art, demandez-lui s’il connaît le Musée Dr Guislain. Il est fort possible que vous entendiez un « oui » enthousiaste. En effet, peu de musées sont si uniques en leur genre. Toute l’histoire de la psychiatrie s’y ouvre à vous en quelques étages et vous découvrez en même temps dans les collections temporaires des angles de vue très actuels et surprenants avec un lien vers les soins de santé mentale. Et ce qui est plus : c’est un musée des Frères de la Charité ! « Nous voulons interpeler le visiteur et montrer que la psychiatrie touche beaucoup de facettes de la vie », racontent les conservateurs Annemie Cailliau et Patrick Allegaert.

MATTIAS DEVRIENDT FILIP ERKENS

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Approches : Comment êtes-vous arrivés au Musée Dr Guislain ? Annemie Cailliau : « Je faisais en 1982 un stage au C.P. Dr Guislain à Gand et ensuite j’ai commencé à travailler comme infirmière psy-chiatrique. A cette époque le Frère René Stockman voulait ériger un musée et il cherchait des person-nes qui s’intéressaient à l’histoire de la psychiatrie. Pendant des an-nées, j’ai été à la recherche d’objets sur cette histoire. Finalement nous avons ainsi pu ouvrir le Musée Dr Guislain en 1986. » Patrick Allegaert : « A partir de ce moment j’aidais en tant que béné-vole pour rédiger les catalogues et pour démarrer les expositions. Le musée était alors ouvert 3 jours par semaine et se trouvait ici sur une petite partie du grenier. »

2000Approches : Quels étaient pour vous les moments-clés dans l’histoire du Musée Dr Guislain ? Patrick Allegaert : « L’histoire du musée est un récit en étapes. Des étapes sur le plan de la qualité, des nombres de visiteurs, de l’agrément, de la presse et des médias ou de l’infrastructure.

Toujours nous avons essayé, expo-sition par exposition, d’évoluer. En 1995 nous avons par exemple étendu très fortement le musée pour l’exposition « passés sous silence ». « Rois perturbés » dans l’an 2000 a amené un pas en avant sur le plan de la reconnaissance nationale et internationale parce que tant d’aspects s’y rencontrai-ent, pensez par exemple au « pouvoir et la folie », le lien vers l’art contemporain, l’art brut et l’art d’outsiders. » Annemie Cailliau : « L’an 2000 était vraiment une année pivot sur de nombreux plans. Dans « rois perturbés » nous avons aspiré à une combinaison de matériel didactique et d’art d’outsiders, une méthode que nous avons après prolongée pour toutes nos expositions. En même temps notre bâtiment a été agréé et nous avons reçu un agrément des pouvoirs publics dans ce que nous

appelons la « catégorie la plus élevée ». Cela signifie que notre musée venait au niveau du SMAK (Musée Citadin d’Art Moderne) et du Musée de Beaux-Arts, ce qui a permis de recevoir des subsides supplémentaires. Entre-temps nous accueillons annuellement 1400 groupes et environ 60.000 vi-siteurs et notre fonctionnement et notre réseau sont devenus aussi beaucoup plus internationaux. Un peu sur les traces de ce que Triest et le Dr Guislain ont fait avec la psychiatrie. »

Approches : Au fond, quel est l’objectif d’un musée de la psychi-atrie ? Patrick Allegaert : « Le musée a été démarré pour changer l’image que l’on a de la psychiatrie. Par nos expositions temporaires nous essayons d’évoquer des questions chez le visiteur. Ainsi nous leur montrons que les soins de santé touchent à beaucoup de facettes de la vie. En outre, nous em-ployons aussi des personnes avec un passé de vulnérabilité psychi-que, aussi bien comme suppôt, travailleurs scientifiques, dans le service technique ou comme guide. Ce sont là nos deux tâches essentielles. »

JaponApproches : Qu’en est-il de l’image que les Belges ont de la psychiatrie ? Annemie Cailliau : « Dans des sociétés de personnes avec une for-mation poussée, comme au Japon, le tabou sur les soins de santé men-tale est beaucoup plus grand qu’ici. Par une approche plus scientifique, en ouvrant les hôpitaux psychia-triques et en faisant participer la famille et les amis au processus de maladie, notre société a créé de l’ouverture pour des gens pour aller vers l’extérieur avec leur problé-matique psychiatrique. C’est beau de voir comment des figures clés

> Annemie Cailliau : « La psychiatrie cherche aujourd’hui beaucoup plus sa place dans la société et ne s’enferme plus longtemps dans un institut. »

« AU JAPON LE TABOU SUR LA PSYCHIATRIE EST BIEN PLUS GRAND QU’ICI. »

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comme Selah Sue ou Guy Vanhengel aident aujourd’hui à briser le tabou par leur témoignage. Aujourd’hui il est d’ailleurs aussi impensable que la presse décrive notre musée comme « le musée des fous » ou « endroit d’horreur », comme aupa-ravant. En effet, beaucoup a changé en 25 ans. »

Approches : Non seulement l’image de la psychiatrie a changé, mais également la psychiatrie elle-même. Quelle est l’influence de ces change-ments pour l’art ?Annemie Cailliau : « La psychiatrie cherche aujourd’hui beaucoup plus sa place dans la société et ne s’enferme plus longtemps dans un institut. L’accompagnement à domicile, les équipes mobiles et le traitement sur mesure sont des tendances actuelles dont je ne sais pas s’ils existeront encore dans 50 ans. L’histoire est une ondula-tion dans laquelle de différentes approches alternent. La seule chose qui est constante, est que l’esprit humain restera une source d’inspiration pour des artistes. Ils essaient d’exprimer cet aspect incompréhensible dans un langage, une image ou une peinture et cette expression évolue avec le temps. Mais également des patients ou des experts par leur vécu essai-ent de s’exprimer dans un langage qu’ils s’approprient. Parfois, pen-dant leur maladie, ils découvrent leur talent pour cela. C’est beau à voir. »

Approches : Est-ce que vous essayez en tant que musée de sortir aussi littéralement des murs ?Patrick Allegaert : « Nous avons cherché très longtemps des façons pour établir une relation avec les ré-sidents de notre quartier. Cela n’était vraiment pas un exercice facile. Avec la ville de Gand nous avons invité les résidents du quartier, il y a quelques années, à choisir un objet dans le musée. Nous en avons agrandi 70 et nous les avons suspendus aux fenêtres murées. Ensuite, nous avons organisé un cortège avec les résidents du quartier et le collège des échevins. Il y avait 400 person-nes : un grand succès ! Depuis nous avons continué à développer cette relation. Il est important que nous ouvrions notre site. »

Approches : Si vous pouviez choisir une œuvre d’art de la collection, laquelle surgirait alors ? Annemie Cailliau : « Pour moi ce sont les ouvrages sur les « menottes ». Ces « menottes » sont vraiment un symbole pour l’histoire de la psychiatrie. « Briser les menottes » se réfère littéralement au fait que Triest et le Dr Guislain ont libéré des gens du Château de Gérard le Diable. C’était un moment révolutionnaire dans l’histoire des soins de santé mentale. »Patrick Allegaert : « Je trouve cela très difficile. Il y a tant… (réfléchit). J’apprécie surtout l’image totale des œuvres. Chaque exposition temporaire est accompagnée d’un catalogue. Mettre cette série de catalogues l’un à côté de l’autre, pour moi c’est le plus magnifique. »

Approches : Quel est le rôle que vous voyez pour le musée dans l’organisation des Frères de la Charité ?Patrick Allegaert : « Nous trou-vons qu’il est important que les histoires, aussi bien de la congré-gation que de la psychiatrie, soient conservées et documentées. Nous considérons par conséquent que c’est notre tâche de créer avec les hôpitaux psychiatriques une sorte de « communauté de patrimoine ».

Auparavant il était difficile d’entrer dans un établissement et de convaincre les collaborateurs de l’intérêt de conserver des objets ou des matériaux anciens. Main-tenant nous voyons que l’inverse se produit. Les collaborateurs des hôpitaux font toujours plus souvent appel à nous pour accom-pagner leurs projets d’art. Nous essayons de les inspirer et de leur donner du feedback. »

SodexoApproches : Pourquoi devons-nous au fond conserver toute cette histoire ? Patrick Allegaert : « Documenter et conserver l’histoire nous offre l’opportunité de donner un tout autre relief à des débats actuels. Il y a par exemple la question éternelle de savoir si la psychia-trie doit être approchée surtout de façon biologique ou psycholo-gique. L’histoire montre que ces 2 alternent continuellement. Ce que le Dr Guislain et les premiers Frères ont fait dans la première moitié du XIXe siècle : c’était du vrai travail de pionnier. Cent ans plus tard nous pouvons avoir de la critique envers certaines de leurs méthodes, mais si nous mettons ces méthodes dans le contexte

Qui sont ?

> PATRICK ALLEGAERT (59) et ANNEMIE CAILLIAU (56) sont mariés

l’un avec l’autre.

> Ils ont 2 fils : Bram et Thomas.

> Un dimanche après-midi Patrick lit parfois un roman ou il fait de la bicyclette

dans la région d’Eeklo. Annemie aime surtout se promener, mais estime

également un bon livre.

ANNEMIE CAILLIAU PATRICK ALLEGAERT

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Page 24: Approches, 2014-2

historique, elles deviennent com-préhensibles et tangibles. Mais pour cela il faut évidemment docu-menter ce contexte et le conserver, sinon on peut seulement en parler vaguement, il n’y a pas de point d’appui. » Annemie Cailliau : « Celui qui comprend l’histoire, peut mieux nuancer des tendances ou des préjugés. C’est beau d’expérimenter que notre musée peut y contribuer. »

Approches : Est-ce que vous voyez aujourd’hui des évolutions qui vous inspirent de l’inquiétude ?Patrick Allegaert : « Récemment l’exploitation de l’hôpital psychi-atrique pour internés ici à Gand a été attribuée à Sodexo, un investis-seur privé. Nous regardons avec inquiétude ces initiatives com-merciales dans le secteur, mais le temps apprendra si c’est une bonne tendance. La semaine passée j’étais l’animateur d’un débat entre trois artistes qui s’occupent de cette problématique. Dans le public il y avait beaucoup de questions et d’inquiétudes à ce sujet. Je considè-re que c’est surtout notre tâche de faire de ces choses quelque chose

Patrick Allegaert : « Cela peut être très différent. Pour l’une exposi-tion nous avons déjà immédiate-ment un titre et une image, pour d’autres ce processus se déroule plus lentement. C’est toujours tout un puzzle, aussi bien du point de vue du contenu que de celui du budget, pour présenter une histoire équilibrée et forte pour un public de non-connaisseurs tout comme de psychiatres. Souvent nous examinons d’abord notre propre collection, nous regardons les métaphores qui sont nées par exemple pour la honte dans d’autres cultures, nous cherchons des angles de vue qui sont perti-nents de façon surprenante, nous en parlons, nous lisons et nous cherchons des liens entre le thème et la psychiatrie et l’histoire. De cette façon, un fil rouge se tisse. Et parfois il faut avoir de la chance. Par exemple les photos de Roger Ballen qui seront suspendues ici pour 2 ans sont en principe impay-ables pour nous, mais il a voulu absolument exposer ici. C’est un moment de chance qui fait croître notre musée. » Annemie Cailliau : « Lors de la composition d’une exposition nous nous dirigeons quant au niveau normalement vers celui de personnes de 18 ans, mais les années à venir nous renouvelons notre collection permanente sur l’histoire de la psychiatrie. Nous voulons rendre cette histoire aussi compréhensible pour des enfants. Ce sera tout un défi ! »

Approches : De quoi rêvez-vous encore ?Patrick Allegaert: « Chaque expo-sition est un nouveau rêve pour moi. Chaque fois nous essayons d’en faire de nouveau un chef-d’œuvre. » Annemie Cailliau: « Ce serait beau si nous pouvions intégrer nos collections permanentes et temporaires encore davantage spatialement de façon que le site prenne vraiment vie et de façon que les gens puissent se promener à l’extérieur et voir et entendre là aussi l’histoire de la psychiatrie et des bâtiments. J’espère que notre musée s’ouvre encore davantage à l’avenir et constitue un récit encore plus cohérent. » n

dont on peut parler et de garder le débat vivant. » L’exposition suivante est intitulée « Je vois ce que vous ne voyez pas » et concerne l’autisme et la psychi-atrie.

Approches : Comment cette exposi-tion a vu le jour ? Patrick Allegaert : « A un cer-tain moment un homme venu de l’Allemagne est passé avec les salutations de Jan Hoet. En Alle-magne, ils avaient monté ensem-ble une grande exposition avec des œuvres d’artistes qui souffrent d’autisme. Nous avons fait une nouvelle sélection de ces œuvres et nous avons essayé d’ouvrir da-vantage le thème en la complétant d’œuvres de la Belgique et en or-ganisant un parcours d’expérience pour les visiteurs. Mais regardez, entre-temps nous travaillons aussi aux expositions de 2015 et 2016 sur la physionomie et la honte. Une ex-position est vraiment un proces-sus qui n’est jamais terminé. »

Approches : Je peux me l’imaginer. Mais lancer une exposition : com-ment cela se fait-il ?

« CE SERA TOUT UN DÉFI POUR RENDRE « L’HISTOIRE DE LA

PSYCHIATRIE » COMPRÉHENSIBLE POUR DES ENFANTS. »

> Patrick Allegaert : « Nous trouvons qu’il est important que les histoires, aussi bien de la congrégation que de la psychiatrie, soient conservées et documentées. »

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approches juin 2014 > 25

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Page 26: Approches, 2014-2

Une révolution sociale : la thérapie multifamiliale

ET CETERA

Déjà quelques années le C.P. Saint-Martin à Dave échange de l’expertise avec des centres psychiatriques d’autres pays. Ils le font dans le cadre du projet européen Leonardo. Et ce processus continue. Un congrès de trois jours est organisé en juin à Elche (Espagne). Il permettra des rencontres croisées entre usagers et professionnels. « Les étapes du processus thérapeutique seront illustrées et les pays partenaires rendront compte de leur parcours », raconte Jocelyn Deloyer. « Il sera aussi le lieu de retrouvailles entre partenaires étrangers avec les nombreux professionnels espagnols. Un bilan des réalisations de ce projet sera publié. » Approches a fait une rétrospective de 4 années Leonardo…

JOCELYN DELOYER

Avec le soutien du Programme européen Leonardo

« C’EST EN GÉNÉRAL LA SURPRISE QUI PRÉVAUT

LORSQUE QUE L’ON S’AVENTURE DANS UNE SÉANCE DE THÉRAPIE

MULTIFAMILIALE. »

Histoire de rencontres Lors d’un programme européen Leonardo consacré aux restrictions de liberté des patients en psychiatrie, une rencontre fortuite entre les Docteurs Javier Sempere (Elche, Espagne) et Serge Mertens de Wilmars (Dave, Belgique) a permis de fonder ce projet unique et in-novant.

La volonté était de construire un programme avec cinq institutions partenaires (française, islandaise et belge) afin d’une part d’envisager la transférabilité de ce modèle thérapeutique et d’autre part de bénéficier d’une supervision précise délivrée par les professionnels espagnols. Le travail en inter-culturalité a permis une évolution et un affinement du dispositif.

Lola Regniault, psychologue, a conduit ce projet avec courtoisie et intelligence. Quel chemin parcouru depuis les premières rencontres à Elche. Quatre groupes sont dorénavant actifs au Centre Psychiatrique Saint-Martin. Cette dynamique bénéficie à tous, usagers et profes-sionnels. Elle permet une réduction des stéréotypes propres à la santé mentale par une implication étroite de la famille et des proches.

26 > approches juin 2014

Page 27: Approches, 2014-2

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PARTICIPEZ !Répondez aux trois questions dont vous pouvez trouver la

réponse dans le présent magazine dans un mail à mattias.

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1. De quelles périodes viennent les tenues des dames dans la rubrique En image ?

2. Avec qui le Frère Eric Verdegem compare-t-il les politiciens brésiliens ?

3. Comment s’appellent les trois dames du service du personnel à Saint-Martin à Dave ?

Plein succès !

Sabine Mestre gagne une bouteille de vin, tout comme

Steve Walemme. Félicitations aux gagnants !

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Faites-le-nous savoir et nous cherchons une façon de le

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La thérapie multifamiliale ?Au confluent de la thé-rapie familiale et de la thérapie de groupe, ce dispositif d’intervention consiste à rassem-bler dans un même lieu plusieurs groupes familiaux ou de proches avec des usagers. Le but est de favoriser une découverte réciproque des difficultés émotionnelles et psychologiques, de les comprendre et d’évoluer vers un fonctionnement plus sain. Un ou plusieurs thérapeutes favorisent le dialogue entre les personnes et impriment un sens à la démarche.

C’est en général la surprise qui prévaut lorsque que l’on s’aventure dans une séance de thérapie multifamiliale. S’immerger dans un groupe parfois vaste et hétéroclite avec des interactions non contraintes est une expéri-ence étonnante. L’innovation réside dans cette capacité spontanée de partage des narrations et d’apprentissage conjoint. Les animateurs, architectes du dialogue, sou-tiennent la démarche mais c’est l’entièreté du groupe démocratique qui est responsable et solidaire du travail de transformation.

Le modèle proposé s’inspire des enseignements du psychiatre argentin Jorge Garcia Badaracco. Celui-ci a affiné durant de nombreuses années ce procédé en l’expérimentant, l’enseignant et en réalisant des recher-ches fondamentales. Le Docteur Javier Sempere et son équipe sont des continuateurs du travail du Professeur Badaracco. Ils préfèrent parler de thérapie interfamilia-le pour appuyer le caractère d’interrelations et de travail thérapeutique entre les individus.

Les formes de thérapies multifamiliales sont diverses et sont compatibles avec d’autres dispositifs thérapeutiques. Des aspects systémiques, cognitifs, relatifs à la Gestalt, ou encore comportementalistes peuvent être intégrés.

Par la simultanéité de la présence de plusieurs familles, une optimalisation des ressources institutionnelles et une économie de moyens sont réalisées. Dans le mo-dèle diffusé très peu de règles sont édictées. Le groupe est ouvert et le nombre de séances n’est pas déterminé à l’avance. Le nombre de participants et la proportion entre usagers et proches ne sont pas fixés. Ce dispositif peut s’appliquer dans une grande variété de domaines, éducatifs, sanitaires, sociaux. Il peut concerner des pu-blics divers et des problématiques psychiques variées.

Et ensuite…Les contacts entre les institutions partenaires vont s’intensifier au-delà de la fin officielle du projet. Nous continuerons les échanges sur ce thème et d’autres projets communs sont d’ores et déjà en bonne voie de réalisation.

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Les animaux et les soins JÉRÔME CAMBIER

Vilma Tamburro fait partie de l’équipe de la « Plate-forme active » des MSP de l’institut St-Bernard. Parmi ses activités, Vilma s’occupe avec un groupe de 5-6 patients, de l’entretien de l’enclos des chèvres.« Tous ceux qui participent à cette activité sont heureux de pouvoir être si proches des animaux » nous dit-elle !Sur la photo, Aimé et Henry nous le prouvent.

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