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INSTITUT NATIONAL DE SANTÉ PUBLIQUE DU QUÉBEC Animer un processus de transfert des connaissances BILAN DES CONNAISSANCES ET OUTIL D’ANIMATION

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  • INSTITUT NATIONAL DE SANT PUBLIQUE DU QUBEC

    Animer un processus

    de transfert des connaissancesBilAn des connAissAnces et outil dAnimAtion

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  • Animer un processus

    de transfert des connaissances

    BILAN DES CONNAISSANCES ET OUTIL DANIMATION

    Direction de la recherche, formation et dveloppement

    Octobre 2009

  • AUTEURES Nicole Lemire, M.A., agente de planification, de programmation et de recherche Institut national de sant publique du Qubec

    Karine Souffez, M. Sc., agente de planification, de programmation et de recherche Institut national de sant publique du Qubec

    Marie-Claire Laurendeau, Ph. D., coordonnatrice la recherche et linnovation Institut national de sant publique du Qubec

    COMIT DE SUIVI Lyne Jobin, directrice par intrim Direction de la planification, de lvaluation et du dveloppement en sant publique Ministre de la Sant et des Services sociaux Pierre Joubert, directeur scientifique Direction de la recherche, formation et dveloppement Institut national de sant publique du Qubec

    Anna Guye, M. Sc., agente de recherche sociosanitaire Ministre de la Sant et des Services sociaux

    MISE EN PAGES Hlne Fillion, agente administrative Institut national de sant publique du Qubec

    GRAPHISME Lucie Chagnon

    Limage de la page couverture prsente un quipage de voilier en pleine action. Elle illustre des thmes cls du transfert des connaissances : le travail dquipe, la collaboration, lchange et la mise en commun des connaissances techniques et pratiques, ainsi que la gestion des imprvus.

    REMERCIEMENT Ce document a t ralis grce au soutien financier de la Direction gnrale de la sant publique du ministre de la Sant et des Services sociaux.

    Ce document est disponible intgralement en format lectronique (PDF) sur le site Web de lInstitut national de sant publique du Qubec au : http://www.inspq.qc.ca. Les reproductions des fins dtude prive ou de recherche sont autorises en vertu de larticle 29 de la Loi sur le droit dauteur. Toute autre utilisation doit faire lobjet dune autorisation du gouvernement du Qubec qui dtient les droits exclusifs de proprit intellectuelle sur ce document. Cette autorisation peut tre obtenue en formulant une demande au guichet central du Service de la gestion des droits dauteur des Publications du Qubec laide dun formulaire en ligne accessible ladresse suivante : http://www.droitauteur.gouv.qc.ca/autorisation.php, ou en crivant un courriel [email protected]. Les donnes contenues dans le document peuvent tre cites, condition den mentionner la source.

    eDPT LGAL 4 TRIMESTRE 2009 BIBLIOTHQUE ET ARCHIVES NATIONALES DU QUBEC BIBLIOTHQUE ET ARCHIVES CANADA ISBN : 978-2-550-57546-7 (VERSION IMPRIME) ISBN : 978-2-550-57547-4 (PDF) Gouvernement du Qubec (2009)

    http://www.inspq.qc.ca/http://www.droitauteur.gouv.qc.ca/autorisation.phpmailto:[email protected]

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    TABLE DES MATIRES

    ......................................................................................................... III LISTE DES TABLEAUX............................................................................................................. III LISTE DES FIGURES

    .............................................................................................................................. 1 CONTEXTE .............................................................................................................. 3 1 INTRODUCTION ........................................................................................................................ 5 2 MTHODE ........ 7 3 BILAN DES CONNAISSANCES SUR LE TRANSFERT DES CONNAISSANCES

    .................................................................... 7 3.1 Les connaissances en sant publique ............................................... 7 3.1.1 Les connaissances issues de la recherche ........................................ 10 3.1.2 Les connaissances issues des savoirs tacites ................................ 11 3.1.3 Les connaissances issues des donnes analyses

    ................................................... 12 3.2 Les approches en transfert des connaissances .................................................. 12 3.2.1 Lapproche linaire ou unidirectionnelle ................................................... 13 3.2.2 Lapproche de rsolution de problmes ...................................................................... 13 3.2.3 Les approches interactives

    ................................... 16 3.3 Les tapes du processus de transfert des connaissances ..................................................................... 17 3.3.1 La production dun contenu .................. 17 3.3.2 Ladaptation du contenu et du format selon les publics viss .......................................................................... 19 3.3.3 La diffusion des produits ............................................................. 20 3.3.4 La rception des connaissances ................................................................. 21 3.3.5 Ladoption des connaissances ......................................................... 23 3.3.6 Lappropriation des connaissances ............................................................... 23 3.3.7 Lutilisation des connaissances .................................................................. 26 3.3.8 Lapprciation des retombes

    ......................... 27 3.4 Les dterminants du processus de transfert des connaissances ............................................... 27 3.4.1 Les dterminants lis aux connaissances ........................................................... 29 3.4.2 Les dterminants lis aux acteurs ................ 29 3.4.3 Les dterminants lis aux caractristiques organisationnelles

    ..................................................... 30 3.5 Les stratgies de transfert des connaissances .............. 33 4 DYNAMIQUE DU PROCESSUS DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES

    ................................................................................................................... 35 BIBLIOGRAPHIEANNEXE 1 OUTIL POUR ANIMER UN PROCESSUS DE TRANSFERT DES

    CONNAISSANCES......................................................................................... 47 ............................................................................................. 57 ANNEXE 2 AIDE-MMOIRE

    Institut national de sant publique du Qubec I

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    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau 1 ............................... 9 Thmatiques de recherche en lien avec la sant publique

    Tableau 2 .......................... 28 Dterminants du processus de transfert des connaissances

    LISTE DES FIGURES

    Figure 1 Diffrents intrants la base de la production de connaissances utiles et pertinentes aux actions de sant publique...................................................... 11

    Figure 2 ...................................................................... 14 Le mode de transfert en spirale

    Figure 3 Principaux acteurs impliqus dans la production, le relais et lutilisation des connaissances utiles aux actions en sant publique................................ 15

    ............ 16 Figure 4 Les diffrentes tapes du processus de transfert des connaissances

    Figure 5 Les deux grandes catgories de stratgies de transfert des connaissances ................................................................................................ 30

    ............................... 31 Figure 6 Interaction requise par diffrentes stratgies de transfert

    Figure 7 ........ 33 Conceptualisation du processus global de transfert des connaissances

    Institut national de sant publique du Qubec III

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    CONTEXTE

    Dans la foule de la mise jour du Programme national de sant publique du Qubec (PNSP), la Direction gnrale de la sant publique du ministre de la Sant et des Services Sociaux (MSSS) a rendu publique une Stratgie pour le dveloppement de la recherche en sant publique (2008). Cette stratgie propose des orientations fondes, entre autres, sur les rsultats dun Bilan de la recherche en sant publique au Qubec1. Une de ces orientations concerne le renforcement des capacits de valorisation des rsultats de la recherche en soutien aux acteurs du rseau de la sant et des services sociaux. Parmi les actions prioritaires mentionnes, on retrouve le dveloppement de diverses formes de partenariat pour la production de connaissances, telles des subventions pour des synthses de connaissances, des projets dexprimentation ou des tudes de faisabilit, ainsi que la mise en place de stratgies efficaces de transfert des connaissances.

    Ces orientations participent un mouvement plus large en faveur du transfert et de lutilisation des connaissances. En effet, de nombreuses politiques dinnovation plaident en faveur dun dialogue plus fructueux entre la science et la socit dans le but daccrotre les retombes de la recherche finance par les fonds publics. De faon gnrale, on remarque galement une volont chez les organismes des secteurs gouvernementaux, universitaires, communautaires et privs de favoriser une plus grande utilisation des connaissances disponibles afin dapporter des changements dans les pratiques et la prise de dcision. Au Qubec comme ailleurs, le renforcement des mcanismes de transfert des connaissances devient de plus en plus une priorit.

    Cest dans ce contexte quen 2008, le MSSS a confi lInstitut national de sant publique du Qubec (INSPQ) la ralisation dune synthse de connaissances sur le transfert des connaissances (TC) dans une perspective de soutien laction.

    1 Laurendeau, M.-C., M. Hamel, et coll. (2007). Bilan de la recherche en sant publique au Qubec (1999-2004).

    Ministre de la Sant et des Services sociaux du Qubec et Institut national de sant publique du Qubec.

    Institut national de sant publique du Qubec 1

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    1 INTRODUCTION

    En sant publique, tout comme dans le domaine de la sant en gnral ou des sciences sociales, il existe un cart important entre les connaissances disponibles et leur utilisation. Malgr les efforts considrables investis au cours des dernires annes dans le dploiement de stratgies novatrices aux niveaux central, rgional et local, il reste encore beaucoup apprendre sur les moyens daccrotre lutilisation des connaissances et le besoin est grand pour des outils et des formations qui peuvent aider dvelopper de meilleures pratiques en matire de transfert des connaissances.

    Conu dans une perspective de soutien laction, le prsent document prsente dabord un survol des connaissances sur le transfert des connaissances dans le domaine de la sant. Ce bilan des connaissances sappuie sur la littrature pour identifier les principales composantes considrer pour la mise en uvre de pratiques plus structures de transfert des connaissances. Une synthse et une conceptualisation dynamique et intgre du processus de transfert est prsente la section suivante. En annexe, on retrouve un outil pour animer un processus de transfert des connaissances et un aide-mmoire rsumant en un coup dil le contenu de la prsente publication.

    Bien quil ait t labor lintention des acteurs de sant publique, ce document peut sappliquer divers contextes. Il sadresse donc un vaste public de gestionnaires, dcideurs, intervenants, responsables de politiques publiques, uvrant dans des sphres dactivits varies, ainsi qu des professionnels agissant comme agents de liaison, agents de transfert des connaissances, chercheurs ou courtiers de connaissances dans leur milieu. Pour les acteurs de sant publique, ce document prsente toutefois lavantage dutiliser des exemples tirs de leur ralit et de leur fournir des repres pour leurs pratiques.

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    2 MTHODE

    Le prsent document a t ralis en sept grandes tapes :

    le reprage des publications scientifiques et de la littrature grise sur le transfert des connaissances;

    le traitement et lanalyse des crits sur le transfert des connaissances;

    la production dun bilan des connaissances;

    la conception dun outil pour soutenir lanimation dun processus dynamique de transfert des connaissances;

    llaboration dun aide-mmoire reprsentant lensemble des composantes du processus;

    la validation des outils dvelopps auprs de groupes dutilisateurs potentiels;

    la production finale des documents. En ce qui concerne le reprage des publications et de la littrature grise, une recherche documentaire a t effectue dans diffrentes bases de donnes relies au domaine de la sant (dont Medline et OVID) partir de divers mots-cls tels knowledge transfer , knowledge translation , dissemination et knowledge utilization . De nouvelles rfrences provenant du dpouillement des articles consults et dabonnements des bulletins de veille2 ont par la suite t ajoutes. En tout, plus de 250 documents ont t consults.

    La mthode employe pour raliser le bilan des connaissances sapparente ce que lon appelle dans la littrature le scoping study 3. Particulirement utile pour aider dlimiter un domaine dtudes vaste, cette mthode permet de circonscrire les contours dun champ dtudes en lien avec des objectifs spcifiques. Plus raliste quune revue systmatique lorsque les contraintes de temps et de budget ne permettent pas deffectuer une tude approfondie de chaque article scientifique, cette mthode est galement juge plus utile lorsque lobjectif en est un de soutien laction.

    Dautre part, en sinspirant de lapproche intgrative et interactive pour la mise en pratique des connaissances4, un comit de suivi compos de reprsentants de la Direction gnrale de la sant publique du MSSS ainsi que de lINSPQ a t mis sur pied et consult plusieurs reprises afin de sassurer que la production des outils rpondait bien aux besoins du MSSS et du rseau de sant publique, ainsi que pour vrifier la convivialit des outils dvelopps.

    2 Entre autres, le bulletin E-veille de la Chaire sur le transfert des connaissances et linnovation de lUniversit

    Laval (http://kuuc.chair.ulaval.ca/francais/master.php?url=bulletin.php). 3 Arksey H et L. OMalley (2005). Scoping studies: Towards a methodological framework. International Journal

    of Social Research Methodology 8(1) : 19-32. 4 Chunharas, S (2006). An interactive integrative approach to translating knowledge and building a learning

    organisation, in health services management. Bulletin of the World Health Organization, 84(8) : 652-7.

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    3 BILAN DES CONNAISSANCES SUR LE TRANSFERT DES CONNAISSANCES

    Dans le cadre du prsent document, le transfert des connaissances rfre lensemble des activits et des mcanismes dinteraction favorisant la diffusion, ladoption et lappropriation des connaissances les plus jour possible en vue de leur utilisation dans la pratique professionnelle et dans lexercice de la gestion en matire de sant. Ces activits et mcanismes dinteraction prennent forme lintrieur dun processus englobant le partage, lchange et la transmission de connaissances entre plusieurs groupes dacteurs uvrant dans des environnements organisationnels diffrents.

    Le processus de transfert des connaissances comprend plusieurs tapes, chacune delles ayant sa propre cohrence et ses propres objectifs. Le dcoupage du processus de transfert en diffrentes tapes permet de mieux cerner les enjeux, les dfis et les stratgies les plus appropries en fonction des objectifs viss et du rle de chacun des groupes dacteurs impliqus.

    Avant de regarder plus en dtail chacune des tapes menant lutilisation des connaissances, il importe de sattarder dans un premier temps aux diffrents types de connaissances qui peuvent faire lobjet dactivits de transfert ainsi quaux diverses approches sur le transfert des connaissances.

    3.1 LES CONNAISSANCES EN SANT PUBLIQUE

    Les connaissances qui font lobjet defforts de transfert en sant publique peuvent se diviser en trois grandes catgories : les connaissances issues de la recherche, les connaissances issues des savoirs tacites et les connaissances issues des donnes analyses.

    3.1.1 Les connaissances issues de la recherche

    Dans le domaine de la sant, le mot connaissances fait souvent rfrence aux connaissances issues de la recherche scientifique. Il sagit en effet dun premier type de connaissances, fort utiles aux actions en sant publique. Or, les connaissances issues de la recherche sont multiples.

    Une premire distinction existe entre les recherches fondamentales, les recherches cliniques et les recherches appliques. Les recherches fondamentales regroupent les travaux exprimentaux ou thoriques entrepris principalement en vue dacqurir de nouvelles connaissances sur les fondements des phnomnes et des faits observables 5. Les rsultats de ces recherches ne sont habituellement pas applicables directement. La dcouverte dun virus par exemple ne donne pas instantanment un remde pour lenrayer. Souvent inities par les chercheurs eux-mmes, les recherches fondamentales peuvent modifier le statut des connaissances dj acquises, changer notre perception de la ralit ou accrotre notre comprhension du monde. partir des rsultats de recherches fondamentales, des recherches subsquentes ayant une utilit plus directe avec le milieu de 5 Laurendeau, M.C. et P. Joubert (2008). Perspectives de dveloppement de la recherche lInstitut national de

    sant publique du Qubec, Institut national de sant publique du Qubec, 62 p.

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    la pratique pourront tre entreprises. Ainsi, la dcouverte dun virus suscitera invitablement des recherches afin de trouver un remde efficace pour lutter contre ce virus. Des recherches cliniques valueront lefficacit du remde en question. Les recherches cliniques cherchent mieux comprendre les maladies et dvelopper des interventions thrapeutiques efficaces. Par la suite, des recherches appliques pourront documenter les obstacles et les facteurs facilitant ladoption de certains comportements scuritaires parmi certains sous-groupes de la population plus risque de contracter le virus. Ce type de recherche peut tre entrepris par des acteurs impliqus dans le dveloppement de services ou de programmes offerts ces sous-groupes de la population. Cest principalement lintrieur de cette catgorie que se situent les recherches en sant publique.

    Une deuxime distinction concerne les recherches quantitatives et qualitatives. Ces deux types de recherches ont souvent des objectifs diffrents. Les tudes quantitatives, fondes sur les modles exprimentaux, permettent, entre autres, de dterminer lefficacit des interventions dans un certain contexte. Elles tentent de rsoudre la question du Quoi faire? . Les tudes qualitatives, pour leur part, rpondent un autre niveau de proccupations relies plus souvent au pourquoi? , comment? et avec quelles implications et consquences? . Elles peuvent renseigner sur la pertinence dun programme ou dune intervention pour une population donne et documenter les facteurs facilitant la prestation dune mesure ainsi que les obstacles prendre en considration6. Rpondant des questions diffrentes, ces deux types de recherche utilisent par consquent des mthodes diffrentes. Complmentaires, les tudes qualitatives et quantitatives sont toutes deux essentielles au dveloppement de la recherche en sant publique.

    LINSPQ, en collaboration avec le MSSS, a publi en 2007 un portrait de la recherche en sant publique au Qubec7. Dans cette tude, la recherche en sant publique a t dfinie comme lensemble des activits de recherche relies la sant et au bien-tre de la population et leurs dterminants qui visent la production, lintgration, la diffusion et lapplication de connaissances scientifiques, valides et pertinentes lexercice des fonctions de sant publique . Les dterminants de la sant et du bien-tre de la population font rfrence aux caractristiques individuelles (dmographiques, socioconomiques, gntiques, comportementales, etc.), collectives (structure sociale par exemple) et contextuelles (organisation des services de sant et services sociaux, milieu de vie, environnement physique, social, culturel, conomique et politique, etc.) qui influencent directement ou indirectement la sant. Selon ce bilan, la recherche en sant publique peut tre catgorise en cinq grandes thmatiques non exclusives (voir tableau 1).

    Les connaissances issues de la recherche se concrtisent soit travers des produits tels des rapports de recherche ou des articles scientifiques lorsquil sagit du dveloppement de nouvelles connaissances, soit travers des produits de synthse qui visent intgrer les

    6 Ciliska, D., H. Thomas, et coll. (2008). Introduction au concept de sant publique fonde sur des preuves et

    Recueil d'outils d'valuation critique pour la pratique en sant publique, Centre de collaboration nationale des mthodes et outils : 22 p.

    7 Laurendeau, M.-C., M. Hamel, et coll. (2007). Bilan de la recherche en sant publique au Qubec (1999-2004). Ministre de la Sant et des Services sociaux du Qubec et Institut national de sant publique du Qubec.

    8 Institut national de sant publique du Qubec

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    diffrentes recherches sur un mme sujet, telles les revues de littrature, les revues systmatiques et les mta-analyses.

    Tableau 1 Thmatiques de recherche en lien avec la sant publique

    Source : Laurendeau, M.C., M. Hamel, et coll. (2008). Portrait de la recherche en sant publique au Qubec entre 1999 et

    2004 , Revue Canadienne de sant publique, 99(5) : 366-370.

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    3.1.2 Les connaissances issues des savoirs tacites

    Les connaissances issues des savoirs tacites rfrent au savoir-faire de praticiens, de gestionnaires, de chercheurs ou de professionnels qui ont cumul un solide bagage de connaissances thoriques et dexpriences pratiques.

    Le savoir tacite rfre laccumulation des connaissances et des expriences pratiques dun professionnel qui na pas extrioris son savoir-faire sous une forme exportable. Le transfert dun savoir tacite ncessite donc une interaction avec le dtenteur de ce savoir et sactualise habituellement dans un contexte o lutilisateur peut appliquer de faon concrte ce quon lui transmet. Lorsque des praticiens, des professionnels ou des gestionnaires participent des recherches, des consultations ou des forums dexperts, leur savoir tacite est objectiv et incorpor une dmarche rigoureuse qui donne une valeur ajoute leurs opinions et perceptions dune situation. Dailleurs, le savoir tacite ou exprientiel des utilisateurs est souvent indispensable pour interprter avec justesse la production de nouvelles connaissances, do limportance dtablir un vritable change et dialogue entre ceux qui produisent et ceux qui utilisent ces connaissances.

    Dautre part, lopinion de dcideurs, de gestionnaires et de professionnels dexprience est prcieuse pour interprter les donnes existantes dans un contexte spcifique, pour se prononcer lorsque les donnes sont insuffisantes, ou encore pour transfrer et appliquer des donnes de recherche provenant dautres milieux. Ces personnes utilisent alors leur bagage de connaissances thoriques et pratiques, leur jugement politique, leur connaissance du milieu ou toute autre exprience, savoir acquis ou appris permettant dclairer la prise de dcision ou de soutenir laction en priode dincertitude8.

    Les connaissances drives des savoirs tacites sont le fruit dune dmarche rigoureuse qui implique souvent la mise en commun de divers points de vue provenant de plusieurs experts. Ces connaissances peuvent prendre diffrentes formes. Les avis de sant publique, par exemple, se fondent la fois sur les connaissances issues de la recherche et sur les savoirs tacites de chercheurs ou dexperts de contenu qui mettent des recommandations partir des donnes disponibles. De mme, les guides de pratique clinique reprsentent souvent un consensus labor partir des connaissances scientifiques, des expriences et des jugements cliniques. Par exemple, le Groupe canadien dtude sur les soins de sant prventifs est une commission scientifique indpendante subventionne par ltat et charge dlaborer des guides de pratique clinique fonds sur lexprience clinique et destins aux dispensateurs de soins de sant prventifs9.

    8 Lomas, J. et coll. (2005). Conceptualiser et regrouper les donnes probantes pour guider le systme de sant.

    Ottawa, Fondation canadienne de recherche sur les services de sant : 48 p. 9 Site du Groupe canadien dtude sur les soins de sant prventifs : http://www.phac-aspc.gc.ca/cd-mc/gecssp-

    ctfphc-fra.php.

    10 Institut national de sant publique du Qubec

    http://www.phac-aspc.gc.ca/cd-mc/gecssp-ctfphc-fra.phphttp://www.phac-aspc.gc.ca/cd-mc/gecssp-ctfphc-fra.php

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    3.1.3 Les connaissances issues des donnes analyses

    Outre les connaissances issues de la recherche et celles provenant des savoirs tacites, il existe de multiples donnes qui, une fois rassembles, organises et analyses, mritent dtre transmises, sous une forme approprie, aux dcideurs, gestionnaires et intervenants des diffrents paliers de gouverne ainsi quaux chercheurs qui peuvent tre intresss par ces donnes. On pense par exemple aux donnes de monitorage, aux donnes provenant dindicateurs de gestion et diffrentes donnes populationnelles (donnes sociodmographiques, donnes sur ltat de sant et de bien-tre de la population, etc.). On pense galement aux donnes lies lutilisation des services ainsi quaux donnes dvaluation.

    Comme dans le cas des connaissances issues des savoirs tacites, pour tre considres comme des connaissances utiles et pertinentes, les donnes doivent avoir fait lobjet dune organisation quelconque partir dune mthode rigoureuse et tenir compte des besoins des utilisateurs ventuels. Par exemple, les responsables de la fonction de surveillance en sant publique effectuent des activits de collecte, danalyse et dinterprtation des donnes en vue dune diffusion efficace auprs de ceux qui en ont besoin dont, entre autres, les responsables de la planification de politiques ou de programmes, ainsi que la population10.

    Comme lillustre la figure suivante, les connaissances issues de la recherche en sant publique, celles issues des savoirs tacites et celles issues des donnes analyses apportent une contribution spcifique, complmentaire et utile aux actions de sant publique.

    Figure 1 Diffrents intrants la base de la production de connaissances utiles et pertinentes aux actions de sant publique

    10 Direction gnrale de la sant publique (2007). Cadre d'orientation pour le dveloppement et l'volution de la

    fonction de surveillance au Qubec. Qubec, MSSS : 51 p.

    Institut national de sant publique du Qubec 11

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    3.2 LES APPROCHES EN TRANSFERT DES CONNAISSANCES

    Il existe, autour de la notion de transfert des connaissances, plusieurs propositions thoriques, cadres conceptuels ou modles logiques qui proviennent de disciplines ou de points de vue diffrents. Ces ides peuvent se rsumer trois grandes approches : lapproche linaire, lapproche de rsolution de problmes et les approches interactives11,12.

    3.2.1 Lapproche linaire ou unidirectionnelle

    Les chercheurs qui utilisent une approche linaire travaillent dabord faire avancer la science. Le savoir scientifique prime et la production de connaissances sinscrit gnralement lintrieur dune discipline en particulier. Cette approche peut tre reprsente de la faon suivante :

    Cette approche suppose que les producteurs de connaissances ont lintrt, le temps et les habilets personnelles ncessaires pour communiquer adquatement leurs rsultats de recherches aux utilisateurs ou relayeurs concerns. Elle prsuppose galement que les utilisateurs potentiels sintresseront ncessairement aux rsultats de recherches des diffrents chercheurs.

    Dans certains cas et pour certains types de recherche, telle la recherche fondamentale, cette approche peut rpondre adquatement aux besoins des acteurs concerns. Dans dautres circonstances, cette approche prsente certains dsavantages : elle assigne un rle plutt passif aux utilisateurs, elle ne tient pas compte de leurs proccupations, ni des diffrents contextes et environnements dans lesquels ils voluent et elle escamote leur savoir professionnel et exprientiel13.

    11 Landry, R. et coll. (2007). laboration d'un outil de transfert de connaissances destin aux gestionnaires en

    ducation : rapport de la revue systmatique des crits. Working Paper Document de travail no 2007-04. Chaire FCRSS-IRSC sur le transfert de connaissances et l'innovation : 61 p.

    12 Faye, C., M. Lortie, et coll. (2007). Guide sur le transfert des connaissances lintention des chercheurs en sant et scurit du travail. Rseau de recherche en sant et en scurit du travail du Qubec.

    13 Roy, M., J.-C. Guindon, et coll. (1995). Transfert de connaissances revue de littrature et proposition dun modle. tudes et recherches, IRSST : 53 p.

    12 Institut national de sant publique du Qubec

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    3.2.2 Lapproche de rsolution de problmes

    Dans lapproche de rsolution de problmes, le processus de cration des connaissances est mis en uvre sur la base des besoins spcifiques dun groupe dacteurs la recherche dune solution un problme concret.

    La science, dans cette perspective, joue un rle plus utilitaire et lon prsume que le transfert des connaissances sera facilit par le simple fait que lon part des besoins des utilisateurs. Ce modle nassure cependant pas lutilisation des rsultats de la recherche, surtout si ces rsultats vont lencontre des intrts, des croyances et des faons de faire des utilisateurs14. Reste que les rsultats des recherches commandes ou sollicites semblent tre plus souvent pris en considration que les rsultats des recherches qui ne le sont pas15.

    3.2.3 Les approches interactives

    Les approches interactives proposent des allers-retours plus ou moins frquents entre les producteurs de connaissances et les utilisateurs potentiels tout au long de la dmarche. Le mode de collaboration et linteraction entre les acteurs peuvent prendre plusieurs formes. Le mode bidirectionnel, qui permet minimalement dintgrer les proccupations des futurs utilisateurs ds le dbut de la recherche, peut tre reprsent de la faon suivante :

    Selon ce mode dinteraction, les utilisateurs jouent un rle actif en contribuant une ou plusieurs tapes de la recherche : formulation de la question de dpart, validation des outils de cueillette de donnes, interprtation, validation et diffusion des rsultats, etc. On parle alors de recherche collaborative.

    14 Roy, M., J.-C. Guindon, et coll. (1995). Transfert de connaissances revue de littrature et proposition dun

    modle. tudes et recherches, IRSST : 53 p. 15 Hanney, S. R., M. A. Gonzalez-Block, et coll. (2002). The utilisation of health research in policy-making:

    Concepts, examples and methods of assessment. Geneva, World Health Organization : 56 p.

    Institut national de sant publique du Qubec 13

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    Le mode de transfert en spirale (figure 2) va un peu plus loin en intgrant le savoir exprientiel des utilisateurs, qui deviennent alors des coproducteurs de la connaissance. La spirale voque les allers-retours constants entre chercheurs et utilisateurs afin de redfinir, prciser, bonifier le projet au fur et mesure quil avance. Ce mode de collaboration entre chercheurs et utilisateurs sapplique particulirement bien des recherches en sciences sociales et humaines o lexprimentation se droule dans un milieu donn et favorise lappropriation des nouvelles connaissances par les utilisateurs qui participent la recherche16. Les connaissances acquises peuvent ensuite tre dissmines vers des milieux similaires. Certains milieux de pratique ou de recherche en tablissement ont la possibilit dexprimenter une telle approche (les centres affilis universitaires en CSSS, par exemple), mais tous nont pas cette opportunit.

    Figure 2 Le mode de transfert en spirale

    Inspir de Bouchard et Glinas (1990) dans Roy M., J.-C. Guindon, et coll. (1995). tudes et recherches, IRSST. p. 31.

    Les approches axes sur linteraction sociale, pour leur part, prennent en compte la complexit des organisations ainsi que les principaux enjeux de lutilisation des connaissances et misent sur linteraction continue entre les diffrents groupes dacteurs concerns par une problmatique afin de rduire lcart entre le monde de la recherche et celui de la pratique. Lchange est central et le transfert sorganise travers une multitude dacteurs intermdiaires tels que des courtiers de connaissances, des agents de liaison, des professionnels ou des gestionnaires. Dans cette perspective, les enjeux du transfert des connaissances ne se situent plus seulement au niveau des contenus, mais galement au niveau des systmes sociaux (organisationnels et sociopolitiques) qui gnrent et utilisent la connaissance ainsi quau niveau des interactions entre les systmes, do la notion de rseau comme soutien la production et au transfert des connaissances. La figure 3 illustre le rseau des partenaires impliqus, de prs ou de loin, dans la production, le relais et lutilisation des connaissances utiles aux actions en sant publique.

    16 Landry, R., N. Amara, et coll. (2000). valuation de l'utilisation de la recherche sociale subventionne par le

    CQRS. Qubec, Universit Laval.

    14 Institut national de sant publique du Qubec

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    Figure 3 Principaux acteurs impliqus dans la production, le relais et lutilisation des connaissances utiles aux actions en sant publique

    Cette volution du concept de transfert des connaissances explique lapparition au fil du temps dune multitude de termes autour de cette notion : certains prfrent parler d change et partage des connaissances pour mieux traduire laspect interactif de ce processus, dautres prfrent lexpression mobilisation des connaissances lorsquil est question de mettre ensemble des connaissances provenant de diffrents domaines afin de prendre la meilleure dcision. Dautres se concentrent davantage sur la finalit et parlent d utilisation des connaissances ou d application des connaissances . Pour sa part, le terme valorisation des connaissances ou valorisation de la recherche fait souvent rfrence la valeur ajoute provenant de la commercialisation des rsultats de recherches. Selon Graham et ses collgues17 18, le terme transfert des connaissances reste le terme le plus utilis lchelle internationale, et ce, dans diffrents milieux. Toujours selon ces auteurs, la majorit des gens qui utilisent ce terme font rfrence implicitement un processus interactif quelconque.

    17 Graham, I. D., J. Logan, et coll. (2006). "Lost in knowledge translation: time for a map?" Journal of Continuing

    Education in the Health Professions 26(1): 13-24. 18 Knowledge translation en anglais.

    Institut national de sant publique du Qubec 15

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    3.3 LES TAPES DU PROCESSUS DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES

    Lintroduction de nouvelles connaissances pour clairer une prise de dcision, pour changer des comportements individuels ou organisationnels, pour laborer des politiques et des programmes ou pour modifier une pratique professionnelle est un processus complexe qui comprend plusieurs tapes allant de la production dune nouvelle connaissance son utilisation dans un contexte donn19, ,20 21.

    La figure 4 prsente sept tapes distinctes, soit : la production, ladaptation, la diffusion, la rception, ladoption, lappropriation et lutilisation des connaissances. ces diffrentes tapes, il faut ajouter la dimension de lapprciation des retombes. Parce que cette apprciation peut se faire diffrents moments du processus, elle est reprsente de faon circulaire lintrieur de la figure.

    Bien que le nombre et la squence des tapes franchir peuvent varier selon les connaissances transfrer, les objectifs atteindre et le contexte des acteurs impliqus, ce dcoupage permet de considrer lapport spcifique de chacune de ces tapes et son influence sur lutilisation ventuelle ou non des connaissances, ce que veut dailleurs cerner lapprciation des retombes. De plus, malgr lutilisation du terme tapes , il ne sagit pas dun processus linaire, mais plutt dune dynamique impliquant de nombreux allers-retours. cet gard, la figure 4 illustre limportance de linteraction entre les producteurs et utilisateurs tout au long du processus.

    Figure 4 Les diffrentes tapes du processus de transfert des connaissances

    19 Dobbins, M., D. Ciliska, et coll. (2002). "A framework for the dissemination and utilization of research for

    health-care policy and practice." Online Journal of Knowledge Synthesis for Nursing 9. 20 Landry, R., N. Amara, et coll. (2001). "Utilization of social science research knowledge in Canada." Research

    Policy 30(2): 333-349. 21 Roy, M., J.-C. Guindon, et coll. (1995). Transfert de connaissances revue de littrature et proposition dun

    modle. tudes et recherches, IRSST: 53 p.

    16 Institut national de sant publique du Qubec

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    3.3.1 La production dun contenu

    Ltape de la production consiste crer, gnrer, mobiliser ou slectionner des connaissances pertinentes un objet ou une question spcifique afin de lui donner un sens. Il sagit essentiellement de crer un produit de base, un matriel qui pourra tre utilis. Cette production prendra diffrentes formes selon le type de connaissances lorigine du produit et en fonction du premier public cible auquel il sadresse.

    La faon dont sont gnres les connaissances ainsi que les acteurs impliqus dans leur production auront un impact sur leur utilisation. En effet, lorsque les utilisateurs sont impliqus dans la dmarche de production, les phases de diffusion et de rception sont intgres dans ce processus et les phases dappropriation et dutilisation sont facilites, du moins pour le groupe dutilisateurs ayant particip la dmarche de production des connaissances.

    Il arrive que les producteurs dun contenu en soient galement les principaux utilisateurs, comme dans le cas de certains produits issus de donnes analyses ou de synthses de connaissances produites pour rpondre aux proccupations dune organisation. Dans ces situations, le transfert de ces connaissances lextrieur de lorganisation nest pas toujours envisag ds la production initiale du document, mais pourra ltre si le produit savre ventuellement utile et pertinent pour dautres groupes dutilisateurs.

    3.3.2 Ladaptation du contenu et du format selon les publics viss

    Si le produit de connaissances, initialement conu pour un premier public, doit tre transfr dautres publics, le contenu devra tre adapt. Cette tape vise rendre les connaissances produites comprhensibles pour ceux qui voudront en prendre connaissance en adaptant le format et le langage en fonction des publics viss et de leur niveau de proccupation.

    Ltape dadaptation implique dabord lidentification dutilisateurs potentiels, mais galement, comme le suggrent Lavis et ses collgues22, lidentification des personnes qui pourront influencer ces utilisateurs. Pour chacun des publics retenus, il faudra galement prciser lobjectif vis par le transfert. Sagit-il de sensibiliser ce public une nouvelle problmatique, daller chercher son appui, de linfluencer ou cherche-t-on plutt changer une pratique professionnelle?

    22 Lavis, J. N., D. Robertson, et coll. (2003). "How can research organizations more effectively transfer research

    knowledge to decision makers?" Milbank Quarterly 81(2): 221-48, 171-2.

    Institut national de sant publique du Qubec 17

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    Le matriel qui sera transfr doit tre adapt aux besoins, aux proccupations, aux niveaux de connaissances, aux pratiques et au contexte sociopolitique ou organisationnel de chacun des publics cibls ainsi qu lobjectif vis par le transfert. Une mme information sera utilise diffremment selon le rle et le palier dcisionnel de chaque groupe dacteurs (dirigeants, cadres intermdiaires, professionnels) puisque leur champ daction et leur pouvoir dagir sont diffrents. On pourrait, par exemple, transformer des rsultats de recherches en outil daide la dcision pour des dcideurs et en grille dintervention pour des professionnels. Dans tous les cas, linformation la plus utile et la plus pertinente pour le groupe auquel on sadresse doit tre mise lavant-plan.

    Idalement, le message vhicul doit tre clair, concis, cohrent, et si possible, dmontrer des applications concrtes. Des histoires de cas ou des anecdotes illustrant bien le propos seront, auprs de certains publics, prfrables des prsentations plus thoriques ou acadmiques. Des histoires mmorables qui donnent vie linformation risquent dtre rptes par la suite, ce qui contribue la circulation des informations24.

    Plus spcifiquement, lorsquon sadresse aux dcideurs, on suggre que le message soit rsum en un paragraphe ou moins25 et quil sarticule sous forme dides plutt que de donnes26. Il nest cependant pas toujours facile dextraire un message clair, concis, facilement adaptable ou immdiatement transfrable. La difficult augmente lorsque les dcideurs voluent dans un contexte de transformation au niveau des pratiques ou dans lorganisation des services27.

    23 Les actions de sant publique demandent de travailler en collaboration avec les acteurs des secteurs de la

    famille et de lenfance, de lducation, du loisir et des sports, de la justice, de la scurit publique, de lemploi, du revenu, du logement, de lalimentation, de lagriculture, de lenvironnement et du transport (PNSP, p. 22).

    24 Zarinpoush, F., S. Von Sychowski, et coll. (2007). Transfert et change efficaces de connaissances : un cadre de travail l'intention des organismes sans but lucratif, Imagine Canada : 50 p.

    25 Fondation canadienne de la recherche sur les services de sant (2005). Tirer avantages des connaissances: outils et stratgies : Rapport sur le septime atelier annuel, FCRSS : 25 p.

    26 Lavis, J. N., D. Robertson, et coll. (2003). "How can research organizations more effectively transfer research knowledge to decision makers?" Milbank Quarterly 81(2) : 221-48, 171-2.

    27 Brousselle, A., D. Contandriopoulos, et coll. (2009). Why we should use logic analysis for evaluating knowledge transfer interventions. Montral, Canada, Groupe de Recherche Interdisciplinaire en Sant (GRIS).

    18 Institut national de sant publique du Qubec

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    Pour ce qui est des professionnels de la sant, les tudes qui ont port sur leurs prfrences rapportent que ceux-ci souhaitent avoir un accs rapide et efficace des rsultats de recherches synthtiss et de grande qualit, qui articulent clairement le lien entre ces rsultats et les implications pour laction28, , , ,29 30 31 32.

    Les services de communication sont de prcieux partenaires cette tape, car ils savent adapter les produits pour rejoindre adquatement les diffrents publics. Ils sont dailleurs souvent interpells lorsquil y a des dossiers plus sensibles positionner ou dfendre dans les mdias. De mme, les directions rgionales de sant publique font souvent un travail de transformation de rsultats complexes en messages plus simples destins au grand public.

    3.3.3 La diffusion des produits

    La diffusion peut tre dfinie comme le processus par lequel un produit de connaissances est communiqu, pendant une certaine priode de temps, travers diffrents canaux de communication tels les mdias et les communications interpersonnelles33. Cette tape vise rendre les produits de connaissances accessibles aux utilisateurs potentiels.

    Les technologies de linformation offrent un grand potentiel pour la diffusion de produits de connaissances travers des organisations et rseaux existants. Par contre, elles demandent des investissements de temps pour les gens qui les utilisent, elles peuvent exclure certains groupes que lon souhaite rejoindre, et elles ne permettent pas toujours dtablir les liens de

    28 Dobbins, M., K. DeCorby, et coll. (2004). "A knowledge transfer strategy for public health decision makers."

    Worldviews on Evidence- Based Nursing 1(2) : 120-8. 29 Dobbins, M., S. Jack, et coll. (2007). "Public health decision-makers' informational needs and preferences for

    receiving research evidence." Worldviews on Evidence-Based Nursing 4(3) : 156-63. 30 Kothari, A., S. Birch, et coll. (2005). ""Interaction" and research utilisation in health policies and programs: does

    it work?" Health Policy 71(1) : 117-25 31 LaPelle, N. R., R. Luckmann, et coll. (2006). "Identifying strategies to improve access to credible and relevant

    information for public health professionals: a qualitative study." BMC Public Health 6: 89. 32 Beaudoin, S. et C. Laquerre (2001). Guide pratique pour structurer le transfert des connaissances, Centre

    jeunesse de Qubec - Institut universitaire : Direction du dveloppement de la pratique professionnelle : 67 p. 33 Roy, M., J.-C. Guindon, et coll. (1995). Transfert de connaissances revue de littrature et proposition dun

    modle. tudes et recherches, IRSST : 53 p.

    Institut national de sant publique du Qubec 19

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    34confiance ncessaires au climat de partage et dchanges . Des contacts en personne sont souvent ncessaires pour construire une confiance mutuelle.

    Tous les rsultats de recherches nont pas besoin de faire lobjet dune large diffusion. Les stratgies de diffusion adopter dpendent de la nature des connaissances transfrer, des objectifs atteindre et des publics rejoindre.

    3.3.4 La rception des connaissances

    La rception des connaissances rfre au contexte dans lequel les connaissances sont transfres ainsi qu la capacit et lintrt des utilisateurs potentiels de recevoir les connaissances.

    Puisque les connaissances sont introduites lintrieur de processus dynamiques (pratique professionnelle, prise de dcision, etc.), leur utilit un moment prcis est en partie tributaire de ces processus. Une donne defficacit concluante sera trs utile lors de la prise de dcision sur le choix dune intervention privilgier alors que les connaissances sur les facteurs facilitants et les obstacles potentiels pourront soutenir laction lors de la phase dimplantation35. Le fait de maintenir des relations continues avec les diffrents acteurs du rseau permet de rester lafft des besoins des utilisateurs et facilite la transmission, au moment opportun, des produits de connaissances pouvant leur tre utiles.

    La personne, le groupe ou lorganisme qui communique linformation a galement son importance. En effet, les gens acceptent plus facilement de nouvelles informations lorsquelles sont vhicules par des personnes en qui ils ont confiance36 et les gens ragissent plus favorablement lorsque linformation est prsente par un pair37. Le choix du messager est donc primordial : il faut savoir choisir des intermdiaires de confiance (courtiers de connaissance ou autres) qui sont crdibles, flexibles et lcoute des autres38.

    Dans une perspective de dveloppement des pratiques professionnelles, lorganisation a un rle important jouer pour favoriser la circulation, la rception et la capacit danalyser les connaissances produites et celles en dveloppement39. Par exemple, avoir un ordinateur disponible sur le lieu de travail et avoir accs un centre de documentation sont des conditions qui facilitent grandement la rception des nouvelles connaissances. La prsence danalystes ou dagents de recherche qui posent un premier regard critique sur les

    34 Crewe, E. et J. Young (2002). Bridging research and policy: context, evidence and links. Working Paper 173.

    Overseas Development Institute: 25 p. 35 Dobrow, M. J., V. Goel, et coll. (2006). "The impact of context on evidence utilization: a framework for expert

    groups developing health policy recommendations." Social Science and Medecine 63(7): 1811-24. 36 Crewe, E. et J. Young (2002). Bridging research and policy: context, evidence and links. Working Paper 173.

    Overseas Development Institute : 25 p. 37 Abernathey et coll., 2000 cit dans Zarinpoush, F., S. Von Sychowski, et coll. (2007). Transfert et change

    efficaces de connaissances : un cadre de travail l'intention des organismes sans but lucratif, Imagine Canada : 50 p.

    38 Lavis, J. N., D. Robertson, et coll. (2003). "How can research organizations more effectively transfer research knowledge to decision makers?" Milbank Quarterly 81(2) : 221-48.

    39 Beaudoin, S. et C. Laquerre (2001). Guide pratique pour structurer le transfert des connaissances, Centre jeunesse de Qubec Institut universitaire : Direction du dveloppement de la pratique professionnelle: 67 p.

    20 Institut national de sant publique du Qubec

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    productions provenant de lextrieur peut galement contribuer une plus grande rception par les utilisateurs potentiels.

    3.3.5 Ladoption des connaissances

    Ladoption rfre au processus par lequel un utilisateur, aprs avoir t en contact avec la nouvelle connaissance, dcide ou non de ladopter. Ce processus peut se faire au niveau individuel (un mdecin, un intervenant ou un dcideur), collectif (une association professionnelle qui instaure une nouvelle pratique) ou au niveau dune organisation (mise sur pied dun nouveau programme). Parce que cette tape implique une prise de dcision, cette section prsente lessentiel de ce que lon retrouve dans la littrature sur les facteurs qui influent sur ladoption des connaissances chez les dcideurs.

    Pour expliquer la sous-utilisation des rsultats de recherches dans llaboration de politiques et de programmes, deux facteurs ont t plus particulirement identifis. Le premier est que la recherche nest quun des lments pris en considration. Les autres lments sont : les circonstances conomiques, les rapports de force entre les diffrents groupes dacteurs concerns par la politique mettre en place, lopinion publique, le lobbying des groupes dintrt, linfluence des mdias, la faisabilit politique, la capacit dimplanter le changement requis et les valeurs dominantes de la socit40. Ainsi, les rsultats de recherches peuvent tre compltement ignors dans le processus dcisionnel, malgr un niveau de preuve lev, si ceux-ci contredisent la position dun groupe dintrt influent. Le contexte et les valeurs dominantes agissent donc sur le processus dadoption des utilisateurs potentiels.

    Un deuxime facteur expliquant la sous-utilisation des rsultats de recherches dans llaboration de politiques ou de programmes est le fait quil existe des diffrences importantes entre le milieu de la recherche et celui des dcideurs politiques. Ces diffrences nuisent la communication entre les acteurs des deux communauts. Le milieu politique en est un o le court terme, linfluence et les rapports de force priment alors que le milieu scientifique se fonde davantage sur la rationalit et laccumulation des connaissances travers le temps. Le transfert de linformation dans lunivers politique se fait principalement travers la communication orale alors que lunivers scientifique repose davantage sur une tradition et des rgles de publication41 . Bref, les grandes diffrences entre ces deux milieux sont : le rapport au temps, un langage diffrent, des priorits diffrentes et un manque de comprhension rciproque par rapport aux contraintes de chacun42, , ,43 44 45.

    40 Pyra, K. (2003). Knowledge Translation: A Review of the Literature, Nova Scotia Health Research Foundation :

    29 p. 41 Trottier, L. H. et F. Champagne (2006). Lutilisation des connaissances scientifiques : au coeur des relations

    de coopration entre les acteurs, GRIS, Universit de Montral : 41 p. 42 Hanney, S. R., M. A. Gonzalez-Block, et coll. (2002). The utilisation of health research in policy-making:

    concepts, examples and methods of assessment. Geneva, World Health Organization : 56 p. 43 Chase, C. et A. Coburn (1998). "The role of health services research in developing state health policy." Health

    Affairs, 12: 139-151 44 Anderson, M. et coll. (1999). "The use of research in local health service agencies." Social Science and

    Medecine 49(8): 1007-19. 45 Lomas, J. (1997). Pour amliorer la diffusion et l'utilisation des rsultats de la recherche dans le secteur de la

    sant: la fin des dialogues de sourds, McMaster University : Centre for Health Economics and Policy Analysis 38 p.

    Institut national de sant publique du Qubec 21

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    Parmi les lments facilitant le transfert des connaissances entre les producteurs et les dcideurs, on retrouve : des liens de collaboration troits et continus46, ,47 48, le recours des intermdiaires tels des courtiers de connaissances pour faciliter linteraction entre les deux groupes dacteurs49,50, une dissmination proactive de la part des chercheurs, le dveloppement des capacits des utilisateurs valuer et apprcier les rsultats de recherches51.

    Dans une revue systmatique, Innvaer a relev les trois lments les plus frquemment mentionns comme facilitant lutilisation de la recherche par les dcideurs : 1- des contacts personnels entre les chercheurs et les dcideurs, 2- le moment et la pertinence des rsultats de recherches, cest--dire le fait darriver au bon moment avec des connaissances qui aident rsoudre des problmes, et 3- le fait dinclure un rsum et des recommandations claires52.

    Notons enfin quil nest pas toujours souhaitable quune nouvelle connaissance soit adopte demble. Dans le cas de recherches sur un nouveau sujet par exemple, il pourrait tre hasardeux dadopter les rsultats dune premire recherche sur le sujet. De mme, lorsque les rsultats de plusieurs recherches sur un mme sujet sont divergents, ladoption dune pratique en faveur dun rsultat plutt que dun autre peut apparatre prmature. Cest pourquoi les synthses de connaissances regroupant plusieurs tudes dont les rsultats vont majoritairement dans le mme sens sont perues comme les donnes les plus utiles la prise de dcision53. Les dcideurs sont cependant souvent aux prises avec une ralit qui ne leur laisse pas toujours le loisir dattendre des rsultats de recherches qui, pour tre concluants, schelonnent la plupart du temps sur plusieurs annes. Le recours au savoir tacite est alors fort utile.

    46 Hanney, S. R., M. A. Gonzalez-Block, et coll. (2002). The utilisation of health research in policy-making:

    concepts, examples and methods of Assessment. Geneva, World Health Organization : 56 p. 47 Lavis, J. N., S. E. Ross, et coll. (2002). "Examining the role of health services research in public policymaking."

    Milbank Quarterly 80(1) : 125-54. 48 Elliott, H. et J. Popay (2000). "How are policy makers using evidence? Models of research utilisation and local

    NHS policy making." Journal of Epidemiology and Community Health 54(6): 461-8. 49 Dobbins, M., P. Robeson, et coll. (2009). "A description of a knowledge broker role implemented as part of a

    randomized controlled trial evaluating three knowledge translation strategies." Implementation Science. 4(23): 1-9.

    50 Lefort, L. et M.-C. Laurendeau (2006). Une exprience de courtage des connaissances comme stratgie pour favoriser lutilisation des donnes probantes en sant publique : volet francophone dune tude pancanadienne. Rapport de recherche soumis au ministre de la Sant et des Services sociaux.

    51 Pyra, K. (2003). Knowledge Translation: A Review of the Literature, Nova Scotia Health Research Foundation : 29 p.

    52 Innvaer, S., G. Vist, et coll. (2002). "Health policy-makers' perceptions of their use of evidence: a systematic review." Journal of Health Services Research and Policy 7(4) : 239-44.

    53 Lavis, J. N., D. Robertson, et coll. (2003). "How can research organizations more effectively transfer research knowledge to decision makers?" Milbank Quarterly 81(2): 221-48.

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    3.3.6 Lappropriation des connaissances

    Lappropriation rfre au processus par lequel une personne assimile de nouvelles connaissances ou une nouvelle faon de concevoir une problmatique et les intgre dans son bagage de connaissances, dexpertises et de savoir-faire.

    Lappropriation peut se faire travers des changes structurs entre producteurs et utilisateurs, par le biais dchanges informels lintrieur dune communaut de pratique ou encore par lintermdiaire dactivits concrtes permettant dexprimenter une nouvelle faon de faire. Pour tre efficaces, ces activits doivent tenir compte des connaissances dj acquises ainsi que du savoir-faire et des expriences des utilisateurs puisque les nouvelles connaissances passeront en quelque sorte travers le filtre de leurs propres expriences.

    54Selon Laquerre , les activits dappropriation structures ayant pour objectif dajuster un comportement ou une pratique dans un contexte spcifique devraient sadresser dabord aux personnes motives et prtes sengager dans lexprimentation et dans la mise en application des nouvelles connaissances. De plus, lorsquelles requirent lacquisition de comptences supplmentaires, les activits dappropriation exigent un engagement simultan de lindividu et de lenvironnement organisationnel55 et ncessitent souvent la prsence dagents dappropriation des contenus, dont les fonctions consistent accompagner et soutenir les utilisateurs dans la mise en action des connaissances qui leur ont t transmises56.

    3.3.7 Lutilisation des connaissances

    La littrature distingue quatre diffrentes utilisations des connaissances : conceptuelle, instrumentale, symbolique et processuelle57, , , ,58 59 60 61.

    On parle dutilisation conceptuelle lorsque la connaissance produite apporte un clairage nouveau sur une problmatique, ou encore, lorsque la connaissance permet dapprofondir la comprhension de problmes complexes.

    54 Laquerre, C. (2000). Prsentation d'un guide pratique pour structurer le transfert de connaissances . Courir

    deux livres dans le champ de l'intervention enfance-famille... ou faire avancer la fois la science et la pratique. Actes du colloque tenu Ottawa le 12 mai 1999 dans le cadre du 67e congrs de l'Acfas : 31-35.

    55 Beaudoin, S. et C. Laquerre (2001). Guide pratique pour structurer le transfert des connaissances, Centre jeunesse de Qubec - Institut universitaire : Direction du dveloppement de la pratique professionnelle: 67 p.

    56 St-Cyr Tribble, D., Lane J., et coll. (2008). Le cadre de rfrence "trans-action" en transfert de connaissances, Universit de Sherbrooke: 39 p.

    57 Innvaer, S., G. Vist, et coll. (2002). "Health policy-makers' perceptions of their use of evidence: a systematic review." Journal of Health Services Research and Policy 7(4): 239-44.

    58 Lavis, J. N., S. E. Ross, et coll. (2002). "Examining the role of health services research in public policymaking." Milbank Quarterly 80(1): 125-54.

    59 Hanney, S. R., M. A. Gonzalez-Block, et coll. (2002). The utilisation of health research in policy-making: concepts, examples and methods of assessment. Geneva, World Health Organization: 56 p.

    60 Graham, I. D., J. Logan, et coll. (2006). "Lost in knowledge translation: time for a map?" Journal of Continuing Education in the Health Professions 26(1): 13-24.

    61 Nutley, S. M., I. Walter, et coll. (2007). Using Evidence: How research can inform public services. Policy Press.

    Institut national de sant publique du Qubec 23

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    Dans certains cas, laccumulation des connaissances changera progressivement les perceptions et permettra dapprofondir les diffrentes facettes dune problmatique. Ainsi, la production de connaissances sur la prvention du suicide a permis, au fil du temps, de changer les mentalits et a amen les dcideurs et les professionnels de la sant aborder cette problmatique non plus du seul point de vue des interventions cliniques et de lorganisation des services, mais aussi, sous langle des dterminants de la sant mentale et des actions prventives. Cest le cas galement des problmatiques sociales et de sant, telles la pauvret et lobsit, que lon nattribue plus exclusivement la responsabilit individuelle, mais que lon explique aussi par linfluence de dterminants plus larges tels que les milieux de vie et lamnagement urbain. De la mme faon, les recherches sur la violence conjugale et sur le harclement psychologique au travail ont permis de briser certains prjugs et tabous.

    Lutilisation conceptuelle se traduit par leffet indirect et long terme de connaissances donnes sur lvolution de notre conception dun enjeu ou dune ralit. Linfluence de ces connaissances se construit au fil du temps et il est souvent difficile de cerner le moment partir duquel elles ont introduit un changement. Par exemple, le cadre conceptuel introduit dans le "Rapport Lalonde"62, diffus en 1974, permet encore aujourdhui de mieux comprendre les diffrentes composantes ayant une influence sur la sant. La Charte dOttawa63, pour sa part, a largi notre conception de la sant en incluant le concept de bien-tre et redfini les grandes lignes de la promotion de la sant. Le cadre conceptuel de lOrganisation panamricaine de la sant64 (OPS) a, quant lui, influenc directement la vision de la sant publique au Qubec, et a toujours un impact sur la faon de concevoir le rle de la sant publique de manire gnrale.

    On parle dutilisation instrumentale lorsque les rsultats dune recherche spcifique, le produit dune synthse de connaissances ou des recommandations provenant dexperts sont directement utiliss dans llaboration dune politique, dans la prise de dcision ou dans le processus de rsolution dun problme. Par exemple, les avis et recommandations de sant publique sur des thmatiques pointues ont parfois un effet sur les lois et rglements. Ce fut le cas, entre autres, dune mesure propose dans une synthse de connaissances produite par lINSPQ concernant la vitesse au volant65 qui a contribu la modification du Code de la route en obligeant lutilisation de systmes limiteurs de vitesse dans les vhicules utilitaires66. La dcision de mettre sur pied le Programme qubcois de dpistage du cancer du sein suite, entre autres, aux recommandations du Conseil dvaluation des technologies de la

    62 Rapport Lalonde, Nouvelle perspective de la sant des Canadiens, Ottawa, 1974. 63 Charte dOttawa pour la promotion de la sant, 1986. 64 Pan American Health Association (2003). Public health in the Americas: conceptual renewal performance

    assessment and bases for action, PAHO Scientific Publications, No. 589. 65 INSPQ (2005). La vitesse au volant : son impact sur la sant et des mesures pour y remdier - Synthse des

    connaissances, 130 p. 66 Loi modifiant le Code de la route relativement lutilisation de systmes limiteurs de vitesse dans les vhicules

    utilitaires, http://www.e-laws.gov.on.ca/html/source/statutes/french/2008/elaws_src_s08008_f.htm.

    24 Institut national de sant publique du Qubec

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    67sant est un autre exemple. Et de faon gnrale, on peut dire que les guides de pratiques68 sont conus pour que les cliniciens en fassent une utilisation instrumentale.

    Il arrive quun document soit utilis de diffrentes faons. Cest le cas du modle labor par lOrganisation panamricaine de la sant69 (OPS) qui, en plus davoir t utilis de faon conceptuelle, la aussi t de faon instrumentale pour valuer le rendement des systmes de sant publique. Il a amen les tats membres de lOPS respecter leurs engagements en matire de sant publique et se doter dune capacit nationale de surveillance et dinfrastructure sanitaire. Au Qubec, il a t utilis pour structurer les lments fondamentaux du PNSP.

    Lutilisation symbolique ou stratgique rfre une utilisation (parfois slective) des rsultats de la recherche dans le but de lgitimer et soutenir des positions dj prises ou pour construire un argumentaire pour laction.

    Lutilisation de donnes populationnelles (ex. : esprance de vie ou taux de mortalit) pour justifier la pertinence dagir sur un problme ou mettre en place de nouveaux programmes constitue un exemple dutilisation stratgique des connaissances.

    Le fait de sappuyer sur des analyses comparatives en provenance d'autres pays pour faire passer une ide ou pour soutenir un dveloppement budgtaire est une autre forme dutilisation symbolique. Par exemple, on sest appuy sur des donnes provenant de lAllemagne, des Pays-Bas, de la Norvge et de la Sude pour dmontrer que les allocations familiales peuvent aider combattre la pauvret dans laquelle vivent certains enfants.

    Dans les cas o les rsultats de recherches sont divergents ou non concluants ou dans les cas o les dcisions sont dj prises, le fait de ne retenir que les analyses qui viennent appuyer les propositions mises de lavant est galement considr comme une utilisation symbolique souvent conteste des connaissances.

    Lutilisation processuelle fait rfrence limpact du processus de la recherche sur les participants. En effet, le simple fait de simpliquer dans une recherche ou dans un projet dvaluation amne des changements dans la faon de penser et dagir des participants (chercheurs, praticiens ou gestionnaires). Cela peut en retour avoir des effets positifs sur la recherche ou sur les rsultats des programmes valus70. Lvaluation du PNSP, par exemple, repose sur la participation des acteurs de sant publique des niveaux national, rgional et local aux diffrentes tapes du processus (de la collecte des donnes leur analyse et leur utilisation dans les plans daction rgionaux et locaux). Les rsultats de ces travaux sont mis en application dans la mise jour du programme. Le ministre de la Sant et des Services Sociaux, pour sa part, constitue de plus en plus souvent des comits de suivi 67 Conseil dvaluation des technologies de la sant du Qubec (1989), Dpistage du cancer du sein au

    Qubec : Documents de rfrence 1 et 2, Montral. Conseil dvaluation des technologies de la sant du Qubec (1990), Dpistage du cancer du sein au Qubec : estimations des cots et des effets sur la sant, Montral.

    68 Ceux du Groupe dtude canadien sur les soins de sant prventifs par exemple. 69 Pan American Health Association (2003). Public Health in the Americas: Conceptual Renewal Performance

    Assessment and Bases for Action, PAHO Scientific Publications, No. 589. 70 Nutley, S. M., I. Walter, et coll. (2007). Using Evidence: How research can inform public services, Policy Press.

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    en lien avec les projets de recherche subventionns ou commandits. Ces comits sont composs de chercheurs et de dcideurs qui interagissent et changent de faon continue au cours de la ralisation du projet de recherche pour y apporter des ajustements au besoin.

    Ces diffrents types dutilisation des connaissances sexpliquent en partie par la nature des connaissances produites (plus ou moins thoriques), par ltat des connaissances au moment o elles sont utilises (plus ou moins dveloppes), par la convergence ou non des rsultats de recherches et par la complexit du sujet traiter. Une connaissance plus thorique aura davantage de probabilit dtre utilise de faon conceptuelle, mme si elle peut aussi tre utilise de faon instrumentale. Une problmatique simple et juge prioritaire pour laquelle il existe des rsultats de recherches concluants et non controverss (ex. : le dpistage sanguin de l'hypothyrodie congnitale chez le nouveau-n) favorisera une utilisation plus directe de ces rsultats. linverse, une problmatique vaste et complexe (ex. : la lutte contre la pauvret) dont les rsultats de recherches sont divergents ou peu concluants exigera une plus grande mobilisation de toutes les informations susceptibles dclairer la situation, incluant les savoirs dexpertise.

    3.3.8 Lapprciation des retombes

    tant donn les ressources considrables et les efforts importants pouvant tre investis dans la planification et la ralisation dun processus de transfert des connaissances, il apparat essentiel de vrifier si ces investissements auront port fruit. Cest pourquoi il importe de se demander tout au long du processus si les connaissances transfres ont t facilement accessibles, bien comprises des publics cibles, si elles ont t utilises et, le cas chant, si cela a engendr les changements souhaits. Toutefois, les rponses ces questions sont complexes. Comme nous lavons vu, lutilisation des connaissances est un processus en volution constante et schelonnant sur une priode plus ou moins longue. Consquemment, les retombes qui en dcoulent peuvent tre varies, survenir diffrents moments du processus de transfert, et parfois mme, se produire de manire inattendue.

    Il ny a pas de consensus entre les chercheurs sur la meilleure faon de procder pour valuer les retombes de lutilisation des connaissances. Que faut-il valuer : le processus de transfert, cest--dire ladquation entre les objectifs, les besoins des publics cibles et les stratgies retenues, ou les rsultats produits? Doit-on considrer chacune des formes dutilisation (conceptuelle, instrumentale, symbolique et processuelle)? Et si oui, comment le faire et quelle priode de temps faut-il considrer?

    Ainsi, bien que la pertinence dapprcier les retombes du transfert des connaissances fasse consensus, la capacit de le faire demeure encore limite. De nouvelles tudes sont ncessaires pour dvelopper des mthodes de mesure rigoureuses des impacts et des retombes, ainsi que pour valuer lefficacit des stratgies de transfert.

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    Malgr labsence dinstruments de mesure prouvs, il est conseill de faire le point rgulirement sur le processus en interrogeant les acteurs impliqus pour recueillir leurs commentaires, en distribuant des fiches dvaluation lors des activits de transfert, et en maintenant des interactions continues avec le ou les publics cibles afin de documenter les changements rapports ou observs sur le plan de leurs connaissances, de leurs attitudes et de leurs pratiques. De mme, prciser, ds le dbut, les retombes souhaites contribue dfinir ltendue du processus de transfert raliser, et fournit des indicateurs de progrs et/ou de rsultats pouvant servir de point de comparaison.

    3.4 LES DTERMINANTS DU PROCESSUS DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES

    La littrature fait tat dun nombre important de facteurs pouvant influencer le processus de transfert des connaissances.

    Le tableau 2 prsente une premire classification de ces facteurs partir des tapes prsentes dans la section prcdente. Ce tableau permet de se questionner, chaque tape, sur les actions mettre en uvre pour faciliter le transfert des connaissances ou pour contrer les obstacles possibles.

    Les dterminants du transfert des connaissances peuvent galement tre classifis en tenant compte des connaissances transfres, des acteurs concerns ainsi que des organisations impliques.

    3.4.1 Les dterminants lis aux connaissances

    Les caractristiques suivantes lies aux connaissances transfres peuvent favoriser le processus de transfert et lutilisation de ces connaissances : ladquation entre les connaissances produites et les besoins des utilisateurs, la qualit des connaissances produites et leur accessibilit, leur pertinence, leur utilit et leur applicabilit, ainsi que le format et le langage utilis lors du transfert.

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    Tableau 2 Dterminants du processus de transfert des connaissances

    Inspir de Faye C., Lortie M., Desmarais L. (2007). Guide sur le transfert des connaissances lintention des chercheurs en Sant et Scurit du Travail, Rseau de recherche en sant et en scurit du travail du Qubec.

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    3.4.2 Les dterminants lis aux acteurs

    Sur le plan individuel, les principaux facteurs lis aux producteurs de connaissances sont : leur statut, leur crdibilit, leur rputation, leur exprience, leur implication dans des rseaux, leur intrt pour les activits de transfert et leur capacit interagir avec diffrents publics.

    Chez les utilisateurs, le manque dexprience dans lapplication de connaissances au contexte professionnel, une difficult analyser de faon critique les connaissances transfres ou une attitude ngative envers le changement font partie des obstacles lutilisation de nouvelles connaissances. Par contre, le fait daccorder une valeur positive la recherche, un niveau dducation lev, le fait davoir dj particip une dmarche scientifique, des expriences positives dutilisation de connaissances similaires et une motivation leve pour sapproprier une nouvelle connaissance sont des facteurs favorisant le processus de transfert des connaissances.

    3.4.3 Les dterminants lis aux caractristiques organisationnelles

    Une culture organisationnelle qui nencourage pas la recherche et linnovation, le manque de temps pour rviser la littrature, le manque dautonomie ou de marge de manoeuvre pour adopter de nouvelles connaissances, le manque de ressources pour les appliquer et la rsistance au changement sont des obstacles de nature organisationnelle que les stratgies de transfert ne sont pas toujours en mesure de contrer.

    Dautre part, la culture et le systme de promotion du milieu universitaire valorisent la publication darticles dans les revues scientifiques et considrent souvent comme marginales les activits de transfert des connaissances lextrieur du milieu scientifique.

    71 Dubois, N. et T. Wilkerson (2008). Gestion des connaissances : un document d'information pour le

    dveloppement d'une stratgie de gestion des connaissances pour la sant publique, Centre de Collaboration Nationale des Mthodes et Outils : 54 p.

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    3.5 LES STRATGIES DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES

    Les stratgies de transfert des connaissances doivent sajuster en fonction du type de connaissances transfrer (rsultats de recherches, consensus dexperts, donnes analyses utiles la planification, etc.). De mme, elles doivent tenir compte des objectifs atteindre (sensibilisation, adoption dune nouvelle vision, soutien la dcision, changement dune pratique professionnelle, changement dhabitudes de vie dans une population) ainsi que des obstacles et des facteurs facilitant lutilisation des connaissances de chacun des publics cibles que lon cherche rejoindre (praticiens, gestionnaires, dcideurs, usagers, grand public, etc.). Il nexiste donc pas de stratgie de transfert des connaissances prouve qui pourrait convenir dans toutes les situations.

    Cela dit, le dcoupage du processus de transfert permet de regrouper en deux grandes catgories les stratgies de transfert des connaissances, tel quillustr la figure 5 : 1- les stratgies de diffusion qui ont pour objectif premier de rendre comprhensibles et accessibles les nouvelles connaissances afin de rejoindre efficacement les groupes dacteurs concerns, et 2- les stratgies dappropriation qui ont pour objectif premier de faciliter lintgration et lapplication des connaissances dans un contexte donn72.

    Figure 5 Les deux grandes catgories de stratgies de transfert des connaissances

    72 Les stratgies de diffusion interpellent les services de communication et les spcialistes de la vulgarisation

    alors que les activits dappropriation interpellent plutt les services de formation et ncessitent souvent le soutien de spcialistes de contenu.

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    Complmentaires, les stratgies de diffusion et dappropriation ont des portes diffrentes. Les premires favorisent la rception des connaissances, mais sont reconnues comme insuffisantes pour susciter lutilisation concrte des connaissances dans la pratique73, ,74 75. Les stratgies dappropriation, quant elles, exigent un plus grand engagement des acteurs et des organisations impliqus.

    Par ailleurs, les stratgies de diffusion plus linaires ont lavantage de rejoindre un public trs large alors que les stratgies plus interactives ne rejoignent quun certain nombre de personnes la fois et impliquent un plus grand investissement de temps et dargent. La figure 6 illustre ce rapport. Plus on se situe au haut de la pyramide de gauche, plus les activits sont unidirectionnelles, moins elles demandent de temps et de ressources humaines alors que plus on descend vers le bas de la pyramide, plus les activits demandent une grande implication de tous les participants. Les ressources disponibles pour les activits de transfert, les objectifs viss par le transfert, les collaborations possibles (avec des centres de liaison, par exemple), le type de connaissances transfrer et les clientles rejoindre orienteront donc le choix des activits retenir.

    Figure 6 Interaction requise par diffrentes stratgies de transfert

    Inspir de Zarinpoush, F., S. Von Sycowski, et coll. (2007). Transfert et change efficaces de connaissances : un cadre de travail lintention des organismes sans but lucratif, Imagine Canada, p. 13.

    73 St-Cyr Tribble, D., Lane J., et coll. (2008). Le cadre de rfrence "trans-action" en transfert de connaissances,

    Universit de Sherbrooke: 39 p. 74 Bero, L. A., R. Grilli, et coll. (1998). "Closing the gap between research and practice: an overview of systematic

    reviews of interventions to promote the implementation of research findings. The Cochrane Effective Practice and Organization of Care Review Group." British Medical Journal 317(7156): 465-8.

    75 Davis, D. A. et A. Taylor-Vaisey (1997). "Translating guidelines into practice. A systematic review of theoretic concepts, practical experience and research evidence in the adoption of clinical practice guidelines." Canadian Medical Association Journal 157(4): 408-16.

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    Dans tous les cas cependant, un minimum dinteraction avec des utilisateurs est recommand puisque le dveloppement de liens de collaboration plus troits entre les utilisateurs et les producteurs des connaissances est considr comme une condition susceptible daccrotre lutilisation des connaissances76, ,77 78. Les expriences de collaboration permettent en effet aux producteurs danticiper les besoins des utilisateurs, dtre lafft des problmatiques mergentes et den tenir compte dans le dveloppement de leur programmation de recherche ou de produits de connaissances79.

    Pour favoriser la cration de liens entre producteurs et utilisateurs, plusieurs stratgies peuvent tre mises en place : impliquer les utilisateurs dans la dfinition du problme, organiser des rencontres frquentes et rgulires, prsenter conjointement les rsultats du travail de collaboration, participer des ateliers conjoints, avoir recours des courtiers de connaissances, etc. Une des limites de la stratgie favorisant le maintien de liens troits et soutenus entre producteurs et utilisateurs est quelle est souvent onreuse et quelle doit ncessairement sexercer dans un univers restreint; les contraintes de temps des producteurs et des utilisateurs ne leur permettant pas de dvelopper des rapports interpersonnels avec un grand nombre dinterlocuteurs la fois. Cette approche peut toutefois savrer fort pertinente lorsquil sagit dinfluencer des responsables de politiques publiques ou des dcideurs, en particulier sur des questions qui les proccupent ou devraient les proccuper, ou encore pour influer sur les objets dtude des chercheurs en lien, par exemple, avec les besoins de territoires ou de sous-groupes de population spcifiques. Une tude a conclu par ailleurs que les changes prcoces et continus entre chercheurs et dcideurs ne sont pas essentiels lapplication de tous les rsultats de recherches et que cest parfois lorsque la production tire sa fin que linteraction entre les producteurs et les dcideurs est la plus bnfique80. Cest le cas, entre autres, des tudes qui retiendront lattention du public et des mdias et qui, par consquent, demanderont un positionnement de la part des dcideurs politiques.

    Tout ce qui prcde amne plusieurs auteurs conclure quune approche de transfert des connaissances qui emploie une combinaison de stratgies afin de rejoindre, de la faon la plus approprie, chacun des publics cibles, serait, selon toute vraisemblance, lapproche la plus efficace81,82.

    76 Kothari, A., S. Birch, et coll. (2005). ""Interaction" and research utilisation in health policies and programs: does

    it work?" Health Policy 71(1): 117-25. 77 Lavis, J. N., D. Robertson, et coll. (2003). "How can research organizations more effectively transfer research

    knowledge to decision makers?" Milbank Quarterly 81(2): 221-48. 78 Innvaer, S., G. Vist, et coll. (2002). "Health policy-makers' perceptions of their use of evidence: a systematic

    review." Journal of Health Services Research and Policy 7(4): 239-44. 79 McBride, T., A. Coburn, et coll. (2008). "Bridging health research and policy: effective dissemination

    strategies." Journal of Public Health Management and Practice 14(2): 150-4. 80 Ginsburg, L. R., S. Lewis, et coll. (2007). "Revisiting interaction in knowledge translation." Implementation

    Science 2: 34. 81 Kothari, A., S. Birch, et coll. (2005). ""Interaction" and research utilisation in health policies and programs: does

    it work?" Health Policy 71(1): 117-25. 82 Mueller, N. B., R. C. Burke, et coll. (2008). "Getting the word out: multiple methods for disseminating evaluation

    findings." Journal of Public Health Management and Practice 14(2): 170-6.

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    4 DYNAMIQUE DU PROCESSUS DE TRANSFERT DES CONNAISSANCES

    Un des enjeux en matire de gestion et dutilisation des connaissances est de savoir conjuguer de faon judicieuse et quilibre les diffrents types de connaissances afin de prendre la meilleure dcision, en tenant compte du contexte des acteurs impliqus. Et pour les responsables du transfert des connaissances, un des grands dfis est de russir sintroduire efficacement lintrieur des processus de rflexion et daction afin de transmettre les bonnes connaissances dans le bon format aux bonnes personnes et au bon moment.

    La figure 7 met en lien les diffrentes composantes prsentes dans les sections prcdentes (connaissances utiles aux actions de sant publique, acteurs, partenaires et intermdiaires impliqus, rle des principaux groupes dacteurs, tapes du processus de transfert) afin dillustrer la dynamique processuelle qui caractrise le transfert des connaissances.

    Figure 7 Conceptualisation du processus global de transfert des connaissances

    Au centre se trouvent les connaissances utiles aux actions de sant publique, soit les connaissances issues de la recherche, celles issues des savoirs tacites et des donnes analyses.

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    Autour des connaissances interagissent les acteurs les plus directement impliqus dans la production, le relais et lutilisation de ces connaissances, soit les scientifiques, les gestionnaires et dcideurs, les intervenants ainsi que les diffrents intermdiaires qui facilitent le lien et les interactions entre ces trois principaux groupes dacteurs. Lgrement en priphrie se retrouvent les partenaires du rseau de la sant et des milieux universitaires, les partenaires des autres secteurs dactivits, ainsi que la population et les mdias.

    Autour du noyau central senlacent et sinterconnectent des anneaux qui reprsentent les diffrentes tapes du processus de transfert. Ils sont multiples pour faire ressortir le fait que plusieurs processus de transfert peuvent se drouler simultanment en impliquant parfois des acteurs diffrents, parfois les mmes acteurs.

    tant donn ces diffrentes composantes considrer, plusieurs auteurs recommandent dutiliser une grille ou un plan pour guider llaboration du processus de transfert des connaissances mettre en uvre. Il est galement trs utile didentifier, ds le dpart, qui sera responsable de lensemble de la dmarche. La mise sur pied dune quipe de responsables du transfert des connaissances charge dtablir un plan de travail gnral et deffectuer des suivis constants permet de bi