Angoul C3 AAme 20et 20ses 20faubourgs

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Ce livret, travail prodigieux que nous avons "modernis" de Jean Georges, est accompagn de deux cartes de 1650.

Jusqu' la Rvolution de 1789, les villes et villages taient dsigns sous l'appellation de "Paroisses", puisque la Commune n'tait pas passe par l ; d'autre part, le clerg tenait les postes cls depuisClovis ; ils tenaient les registres paroissiaux et un pouvoir plus grand que le Maire. L'ouvrage de Jean Georges contient deux cartes : L'une comprenant les paroisses du "plateau" d'Angoulme. L'autre, les paroisses des faubourgs.

Nous n'avons pas inclus ces cartes, car elles ne seraient pas lisibles, or, elles sont vraiment indispensables pour bien suivre l'ouvrage. Nous vous proposons de nous adresser un message en cliquant sur un bouton "ragir" du site : nous vous enverrons par e-mail-retour, ces deux cartes au format A4. Nous vous conseillons leur lecture avec "Microsoft Office Picture Manager". Le zoom en bas droite de l'cran permet d'ajuster la lisibilit la vue de chacun. Si vous prfrez le papier, nous pouvons vous expdier ces deux cartes au format A3, tires sur papier CANSON : Cartes + frais de port (6,60 euros) = 15 euros.

Bonne lecture, bonne dcouverte.

B.S.

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Jean George, bienfaiteur de la SAHCPortrait de Jean George

Fonds SAHC

En 1910, le prsident Jean George, soucieux daccrotre le prestige de la socit en veillant la bonne tenue de ses publications russit obtenir la reconnaissance dutilit publique. Signalons pour lanecdote que dans la circonstance lvque navait pas t mentionn quelque temps dans les publications comme prsident dhonneur... titre qui lui fut rendu une fois la reconnaissance dutilit publique obtenue...

Ce brillant rudit est n Condat en Corrze en 1855 et mort Angoulme en 1940. Docteur en Droit, il exera les fonctions de receveur municipal de la ville dAngoulme et se passionna trs tt pour lhistoire de cette cit et celle de la Charente. On lui doit de trs nombreux travaux et des ouvrages de rfrence comme la Topographie Historique dAngoulme (1899) ou Les glises de France, la Charente (1933). Grand collectionneur, il fut une sorte de duc dAumale local. Mme si ces moyens ntaient pas ceux du fils du roi Louis-Philippe et que la SAHC ne renferme pas les trsors de Chantilly, George a tout de mme rassembl un nombre impressionnant dobjets de qualit et de trs beaux ouvrages. Conservateur des antiquits et dobjets dart de la Charente, il fut plusieurs reprises prsident de la SAHC, institution laquelle il tait particulirement attach au point quil lui lgua son bel htel particulier Angoumoisin de la rue de Montmoreau ainsi que toutes ses collections afin dy installer un muse et une bibliothque. (SAHC) [Sa demeure est donc devenue le sige-muse de la Socit Archologique et Historique de la Charente, au 44 rue de Montmoreau. Grce son travail remarquable, 113 ans plus tard, nous pouvons dcouvrir Angoulme et ses faubourgs tels que nous aurions aim les connatre. Ce qui suit n'engage que nous : pourquoi toujours dtruire, raser sans chercher une solution de substitution ? Que serait devenue Carcassonne si des sages ne s'taient efforcs de la conserver ? . Combien d'exemples pourraient tre cits ! Alors conservons les traces de notre histoire pour nos descendants.]

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Nous avons puis un peu partout les notes qui nous ont permis de tenter la prsente tude. Nous avons utilis les principaux ouvrages relatifs notre rgion, notamment les Bulletins de la Socit archologique de la Charente ; nous avons compuls aussi les dpts d'archives existant Angoulme, ainsi que les minutes modernes des notaires de la ville, mises obligeamment notre disposition par les dpositaires. Les ouvrages angoumoisins que nous aurons le plus souvent citer sont : L'Histoire de l'Angoumois de Vigier de la Pile, le Recueil en forme d'histoire de Corlieu et Les Noms des maires par Sanson1, la Statistique monumentale de la Charente de l'abb Michon, les Mmoires de Gervais, le Recueil d'observations de Munier et la Statistique de Qunot. Plusieurs manuscrits de la bibliothque de la ville ont prsent pour nous un trs grand intrt. Ce sont les troisime, neuvime et dixime copies de L'Histoire de l'Angoumois par Desbrandes, une copie de L'Inventaire de Meneau et un registre intitul : Rentes dues au Chteau d'Angoulme, dans lequel se trouvent de prcieuses indications sur les paroisses, les quartiers et les anciens numros des maisons. Les Archives dpartementales et municipales nous ont fourni de trs nombreux renseignements, et nous aurons occasion de les citer chaque pas. Aussi pour abrger l'indication de ces deux sources, nous contenterons-nous de les distinguer en dsignant seulement les fonds, par une seule lettre majuscule, pour les archives dpartementales, et par deux majuscules pour les archives de la ville. Quant aux Archives hospitalires, qui nous ont procur quelques dtails intressants, mais en bien plus petit nombre, nous les indiquerons sans abrviations. Parmi les plans que nous avons utiliss, il convient de citer spcialement le Plan directeur de la ville et des rues d'Angoulme..., manuscrit de 1792 environ, fort bien fait, dress une grande chelle et comprenant les maisons avec les anciens numros. Il appartient ainsi que le Procs-verbal des rues, qui parat en dpendre, la ville d'Angoulme. Le service des Ponts et chausses en possde plusieurs trs prcieux, entre autres la Sixime carte de la route de Paris Angoulme, de 1760 environ, comprenant la ville, mais une petite chelle et dessine malheureusement avec trop peu d'exactitude. Dans le bureau du Secrtariat de la ville il existe un plan d'Angoulme, plus ancien que ce dernier d'une trentaine d'annes, et moins prcis encore. Il nous parat tre, non pas un original, mais la copie d'un plan appartenant aux Archives de La Rochelle, et dont nos Bulletins ont donn un extrait en 1859. Nous avons utilis enfin le plan d'Angoulme de Tassin, du deuxime quart du XVIIe sicle, dterminant assez exactement les fortifications ; et le Pourtraict de la ville d'Engoulesme de Belleforest (p. 182 185), plan gnralement exact, reproduit dans la Statistique de l'abb Michon et dans le Bulletin de l'anne 1893. Bien qu'Angoulme, l'Inculisma d'Ausone, ait t un centre gallo-romain, comme le prouvent les nombreux vestiges rencontrs dans la plaine de Basseau, sur le versant ouest de la ville, et un peu partout sur le plateau, nous ne nous permettrons pas d'tudier cette poque. Nous ne toucherons que fort peu au moyen-ge, et l'occasion seulement des fortifications,1

Edition due l'abb Michon, qui comprend ces trois ouvrages.

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nous bornant, presque toujours, pour la ville et sa banlieue, remonter au milieu du XVIe sicle. Pour l'intelligence de notre travail nous avons dessin deux plans, donnant l'un la banlieue et l'autre la ville. Nous ne les avons pas tablis en nous plaant une date fixe. Nous avons prfr, au risque de violer le principe de l'unit de temps, juxtaposer des choses d'poques diffrentes, et dessiner les choses intressantes que nous avons rencontres, bien qu'elles ne fussent pas contemporaines. Aussi donnerons-nous ces plans une date moyenne, et dirons-nous qu'ils donnent Angoulme ou sa banlieue, vers 1650. Le plan de la banlieue a t dress l'aide du Plan cadastral dessin en 1825, la voirie suburbaine n'ayant subi de notables transformations qu'aprs cette poque ; quant la ville, nous avons utilis le Plan directeur qui est, nous l'avons dit, de 1792. Mais nous avons modifi ces deux plans chaque fois que nous avons trouv une pice plus ancienne faisant connatre exactement un prcdent tat des lieux. Nous avons essay de dlimiter les anciennes paroisses l'aide des Registres paroissiaux et des Minutes des anciens notaires. Quelquefois nous avons d rapprocher ces registres du prcieux document C C. 42, sorte de rle, qui donne, par lot, le nom, la profession et la taxe de tous les habitants de 1763 ; c'est--dire que nous avons recherch si, de 1758 1768, il n'y avait pas eu lieu, pour les personnes qui s'y trouvent dnommes, l'tablissement d'un acte de baptme ou de spulture. Nous nous sommes demand en outre quels noms taient donns aux rues "d'anciennet" ; ce qui n'a pas t toujours facile, les rues tant presque toujours dsignes par leur direction seulement. Elles en possdaient un cependant, au moins au XVIIIe sicle ; le Plan directeur les indique, et, dans la mze1 du 16 juillet 1774, le Corps de ville dcidait que, pour faciliter aux soldats de passage la recherche de leur logement, "les noms des rues seront indiqus par des criteaux gravs sur les pierres de taille des deux cts de chaque coin, et que lorsqu'il n'y aura point de pierre de taille propre il y sera mis un placard de fer blanc". Ce travail ne fut pas excut ; mais quelques annes avant, en 1769, on avait procd au numrotage des maisons, avec une seule srie pour toute l'tendue des Franchises, et les numros avaient t gravs sur la pierre (Sanson p. 143). Ils nous ont t conservs par notre Plan directeur, au moins pour la ville, et il en subsiste encore un grand nombre, aussi bien dans les faubourgs que sur le plateau2. La division de notre travail nous a t impose par le sujet dont nous avions parler. Nous avons dlimit en premier lieu le territoire d'Angoulme, puis nous avons tudi successivement : les faubourgs, les remparts et la ville.

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Nous n'avons pas trouv le sens de ce mot Nous avons indiqu les maisons que nous dsirions signaler par leur numro de 1769.

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LIMITES DES FRANCHISES.Avertissement : Les points traits dans ce chapitre se trouvent sur le plan nomm : " LES FRANCHISES D'ANGOULME".

Les privilges et franchises concds la ville d'Angoulme s'tendaient ses faubourgs, dont les terres, la diffrence de celles des paroisses voisines, taient non taillables. De l le nom de franchises sous lequel son territoire tait dsign. Les franchises taient limites par un certain nombre de croix, dites croixdivises, qui taient parfois enleves frauduleusement, comme de simples bornes. Le fait eut lieu en 1740, pour la croix de la Nauve, que les habitants de Puymoyen, probablement pour tendre la surface taillable de leur paroisse, dplacrent leur profit. D'o, procs entre les intresss et intervention du Corps de ville. Un procs-verbal du 3 mars 1765, annex la dlibration du 5 du mme mois, dtermine la limite de la banlieue l'ouest ; c'tait une ligne allant de la croix de Rabion la croix Maillaud. Il cite ensuite les croix de Chez -Gibaud et de la Nauve, sur le montant desquelles, tait une bande en pal charge de trois hermi nes et audessous, une porte entre deux tours surmonte d'une fleur de lys, "ce qui fait les armes de la ville" ; en outre la croix de la Nauve portait l'inscription : " jusqu'ici s'tendent les bornes et limites des franchises de la ville d'Angoulme ". La croix de Rabion se trouvait l'ouest, prs du moulin et du village de ce nom. La souche de la croix Maillaud tait au nord sur le chemin d'Hiersac "vis-vis l'entre de celui de Saint-Genis" ; elle est cite sous ce nom en 1500 et dsigne "la croix de la divise" la date de 1349. Encore au nord taient : la croix de ChezGibaud, appele aussi croix de Chez-Sauvaget, sur le ct ouest du chemin de Vars et, l'intersection des chemins de l'Isle et de Bourlion, celle de la Madeleine. Ces deux dernires croix subsistent encore en partie, mais elles ont t dplaces : la premire a t reporte un peu au sud et celle de la Madeleine se voit l'extrmit des terrains de la gare d'Orlans et de notre avenue Gambetta. A l'est on trouvait : 1 la croix de Beaumont "qui est au chemin public par lequel l'on va du bourg de Soyaux en la ville d'Angoulme et l'intersection du chemin conduisant aux Justices, la quelle croix est de pierre. 2 la croix Brandet, aussi en pierre, et appele en 1552 "croix de Mangrouzard, laquelle est tenant et au-dessous du chemin par lequel l'on va de ladite ville d'Angoulme au bourg de Dirac ".

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Les diverses croix-divises que nous venons d'numrer constituent aujourd'hui encore des points de sparation de la banlieue d'Angoulme et des communes suburbaines et la comparaison du registre D D. 4, Confrontation des hritages situs dans la franchise, avec le Plan cadastral d'Angoulme, nous montre que les limites des Franchises et les limites de notre commune se confondent, peu prs compltement, sur trois cts. A l'ouest, depuis Rabion et mme depuis le Petit Montbron, la limite suivait les "Aigus claires", qu'elle laissait, avant d'arriver la Charente, pour rejoindre le vieux chemin de Basseau ; aprs le pont de Basseau , elle remontait le fleuve pour se diriger sur les croix Maillaud, de Chez-Gibaud et de la Madeleine ; puis elle longeait le chemin de Bourlion, laissant l'tang dans les Franchises, jusqu'au ruisseau de Lunesse, qu'elle suivait, pour rejoindre le chemin conduisant des Chauvins la croix de Beaumont, en passant par les Pierrires, qui taient non taillables. De la croix de Beaumont elle descendait vers l'Anguienne, remontait de la croix Brandet au village de Lion et atteignait la maison des Jsuites. A partir de ce point la ligne de sparation est diffrente. Ce n'est pas vers les confins de la commune moderne qu'il convient de chercher la croix de la Nauve, mais un kilomtre plus haut environ, prs de l'inter section des chemins du Verger et de Puymoyen, o l'on voit encore la souche de cette croix. L'examen du registre d'Arpentage de Puymoyen, C. 229 et du plan cadastral de cette commune, ne laissent aucun doute ce sujet. Les terres des Jsuites, Touvent, la prise de la croix de la Nauve, au moins en partie, les Grandes Chaumes et les Chirons touchent aux Franchises, mais appartiennent Puymoyen , tandis que la font Baconneau est de la paroisse Saint- Martial. Les Chaumes de Crage, presque en entier, appartiennent galement Angoulme : c'est en effet le chemin de Vuil, dans sa partie voisine des Eaux- Claires, qui limite les Franchises, ce qui laisse Puymoyen, Clergon et les terres environnantes. La limite des Franchises, au sud, tait donc, non pas la crte des rochers comme aujourd'hui, mais une ligne tire de l'Anguienne aux Eaux-Claires, passant aux Jsuites, la croix de la Nauve et ensuite prs des Grandes -Chaumes, des Chirons et de Clergon.

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LES FAUBOURGS.

Cinq faubourgs, appartenant cinq paroisses diffrentes, rayonnaient autour d'Angoulme. C'taient les faubourgs : 1. Saint-Cybard, 2. L'Houmeau, 3. la Bussatte, 4. Saint-Martin 5. Saint-Ausone, Ces deux dernires runies quelquefois sous le nom de faubourg Saint Pierre. Ils taient traverss par divers chemins et sentiers, reliant les villages entre eux et par un certain nombre de voies, faisant communiquer Angoulme avec les bourgs et villes environnants. L'entretien de ces voies et des diverses constructions incombait au Corps de ville ; il laissait fort dsirer, on ne s'en occupait gnralement qu' la suite d'un accident, ou quand il n'tait plus possible de les utiliser.

FAUBOURG SAINT-CYBARD.Le faubourg Saint-Cybard appartenait la paroisse Saint-Yrieix, qui s'tendait au-del des Franchises, mais nous n'tudierons ici que la partie non taillable. Ses limites taient : l'est le milieu du chemin par o l'on descend pied ... pour aller qurir l'eau de la fontaine de Saint-Pierre auprs du fleuve de Charente, ou la rue Vide-Poche, et le milieu du fleuve jusqu' la limite des Franchises . l'ouest le milieu de la Charente, l'Anguienne et une ligne, travers la prise de Saint-Augustin, allant du moulin de Frgeneuil au chemin conduisant au cimetire Saint-Ausone et la porte de Beaulieu. au nord, les Franchises. au sud, les remparts de la porte du Palet la porte de Beaulieu.

La partie du faubourg situe sur la rive gauche de la Charente tait de beaucoup la plus importante.

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Elle comprenait l'abbaye Saint-Cybard, abbaye fort ancienne, au dire de Vigier de la Pile, et l'une des plus belles de l'Aquitaine, ayant d roit de haute justice sur tout notre faubourg. Ses religieux taient aussi "en bonne possession et saisine de contraindre tous les poissonniers, qui pchent dans leurs eaux, d'apporter le poisson qu'ils prenoient leur dit monastre, avant d'en vendre au cun, pour icelluy voir, visiter, prendre et acheter, si bon leur semble, prix raisonnable". Les restes du monastre ne donnent, qu'une ide bien faible de son ancienne splendeur, mais ils permettent de le reconstituer dans ses parties essentielles, et il n'est pas impossible de le complter l'aide des divers docu ments qui le dcrivent. [Nous vous conseillons, concernant le descriptif de l'abbaye de St Cybard, de vous reporter au plan annexe nomm ANGOULME vers 1650] Nous voyons ainsi que la disposition des btiments est peu prs la mme que celle de la plupart des abbayes. Au sud, l'glise, grand difice de 100 pieds de long sur 80 de large, d'aprs Desbrandes, avec une nef et deux bas-cts, dessinait un ct du clotre, qui possdait un bassin au milieu. Les autres cts taient: la salle du chapitre l'est, la salle des religieux ou rfectoire et la salle abbatiale au nord, l'infirmerie et divers btiments l'ouest. Le monastre entour de murailles, avait son entre principale l'ouest, prs "l'ymage de Monsieur Saint-Cybart", qui se trouvait l'angle nordouest. En face "les fenestres de la salle du couvent", le long de la Charente, taient le moulin de l'abbaye et son verger, clos de mur et aussi le four banal, "auquel four tous les habitants et manans dudit bourg, tant de l que de les ponts, sont sujets et destreignables venir y faire cuire leurs ptes, moyennant certain devoir et salaire raisonnable". Enfin l'oppos, au sud-ouest de l'abbaye, tait l'aumnerie, confrontant la muraille intrieure du bourg de Saint-Cybard dont nous allons parler. Notre abbaye tait trop riche, pour n'avoir pas essay de se mettre l'abri au moins d'un coup de main, de la part des troupes et des bandes pillardes, qui, tant de reprises, avaient ravag notre province. Le bourg Saint-Cybard possdait en effet des fortifications. Ses habitants payaient un impt destin leur entretien ; ils taient en outre tenus, ainsi que les habitants de Nersac, " venir faire le guet et garde pour la dfense de la dite abbaye", et la garde, ils la devaient la forteresse de Saint -Cybard, et non au "chtel d'Angoulme". Ces fortifications devaient consister en trois groupes de murailles, couvrant l'un la face nord, derrire la rivire, l'autre le ct Est et le troisime la face ouest ; la face sud tant dfendue par les murailles mmes de la ville. Sur le front nord nous n'avons rien trouv d'assez prcis pour en pouvoir tirer quelques dductions. A l'est, sous la motte du Palet, existait une porte, dsi gne sous le nom de porte de la Croix. Elle tait sur le chemin de la font du Palet "1'Ymage de Saint-Cybart" et, probablement, dans une muraille montant de la Charente vers la porte du Palet.

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Nous avons t plus heureux pour le ct ouest, car outre le plan de Belleforest, nous possdons divers textes, qui nous apprennent que l existait une , double muraille, couvrant le versant de la colline, depuis les murs de la ville jusqu' la Charente et perce de portes, les portes de Freau. En avant de ces murailles taient des fosss. Le plan de Belleforest donne approximativement l'emplacement des portes de Fereau; et nous pouvons prciser davantage cet emplacement, en faisant remarquer qu'elles taient sur le chemin de l'abbaye Saint-Cybard l'abbaye Saint-Ausone, et que la porte extrieure, prs de laquelle tait une croix, se trouvait l'intersection de ce chemin et du sentier conduisant au moulin de Frgeneuil. Quant la muraille intrieure, elle limitait, par derrire, les immeubles situs sur le chemin descendant au pont et notamment l'Aumnerie. Il nous semble qu'en raison de ces faits et, cause du foss qui la couvrait, elle devait tre distante de la premire d'une trentaine de mtres au moins, d'autant plus qu'un maine le "maine de Freau" existait entre les deux remparts. Le pont, dont nous allons parler, tait galement fortifi : il tait couvert, d'aprs Sanson (p. 143), de deux tourelles son entre et d'une grosse tour du ct du monastre. Ce pont, ou comme on disait, les ponts Saint-Cybard, runissaient les rues actuelles de l'Abattoir et de la Charente. Ils n'avaient pas plus de 4 m 50 de largeur; et, d'aprs un dessin, appartenant aux Ponts et Chausses, ils taient composs, en dernier lieu, de douze arches, avec des piles pourvues de brise -lames en amont seulement. Plusieurs de ces arches taient romanes, les autres, ogives, avaient d tre refaites, la suite des nombreuses inondations qu'elles eurent subir. Un vaste terre-plein, avec peron du ct du courant, rgnait au-dessus de l'lot : il tait d M. de Tourny et avait probablement remplac deux, ou peut -tre trois arches anciennes. Un droit de page fut peru pendant quelque temps sur ces vieux ponts et le produit tait destin leur entretien. Aprs avoir t dtruits, en partie, le 22 fvrier 1747, par une inondation, ils furent remplacs par le pont actuel, tabli environ 70 mtres plus bas, dont la construction dura assez longtemps, pour insuffisance de ressources. Un certain nombre de voies traversaient cette partie du faubo urg. De la porte du Palet un sentier descendait vers la font du Palet et la Charente, o se trouvait un abreuvoir. Il est appel rue Vide-Poche, en 1760 et c'est un peu aprs, la suite de l'agrandissement de la place extrieure du Palet, que la partie suprieure de son trac fut modifie. De cette mme porte, un grand chemin pav condui sait de la ville l'abbaye et aux ponts. Il tait un peu plus haut que la rampe actuelle et suivait le niveau naturel du sol ; aussi devait-il prsenter, surtout vers sa partie infrieure, une pente trs raide. Un trac nouveau, travers l'glise de l'abbaye en ruine, fut adopt, sous l'intendance de M. de Tourny, ce qui donna au nouveau chemin largi une pente plus uniforme.

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Ce chemin, bord de jardins, de vignes et de terres plantes de noyers, tait travers par un petit ruisseau qui alimentait l'abbaye. Vers la partie infrieure se trouvait l'glise Saint-Yrieix, l'ancienne glise paroissiale, dtruite en 1568 par les protestants. Elle tait, d'aprs le plan de Belleforest, l'est de l'axe du pont et son cimetire, qui la joignait, tait prs de l'Aumnerie. Aprs sa destruction, le rfectoire de l'abbaye, au nord du clotre, devint provisoirement l'glise de la paroisse, o elle fut maintenue jusqu' la Rvolution. Aprs l'glise, notre chemin se redressait pour rejoindre le pont et, dans cette partie, mme en face de l'entre de l'abbaye, il tait bord de maisons. Paralllement la Charente, mais une petite dis tance, tait le chemin, protg par la porte de la Croix sous le Peu du Palet, qui conduisait de la font du Palet aux ponts, en longeant au nord et au sud le Haut et le Bas-Chrier, c'est-dire des lieux pous abilher cuyr ou tanneries. Ce chemin tait sensiblement les rues actuelles du Port -Chrier, Ouest du Port et de Bordeaux. Quant notre route de Bordeaux, elle date seulement du mi lieu du sicle dernier. Son ouverture eut lieu pour permettre la poste, qui se dirigeait prcdemment de Paris sur Bordeaux, par Villefagnan, Aigre et Chteauneuf, de traverser Angoulme. Ce passage, que le Corps de ville avait demand, ds 1716, eut lieu pour la premire fois en juillet 1760. Le pont et l'abbaye communiquaient, vers l'ouest, avec l'abbaye Saint -Ausone et la porte Saint-Pierre, par un chemin qui passait sous les portes de Freau et longeait le cimetire des Juifs. Ce cimetire, situ sous les murs de la ville, gauche en montant, n'tait spar de la muraille extrieure du Fereau que par une pice de terre. A ce chemin aboutissaient un assez grand nombre de sentiers, conduisant la porte Beaulieu, Saint-Augustin, au moulin de Frgeneuil et au Port-Hrisson. Le Port-Hrisson confrontait l'embouchure de l'Anguienne, l'est de ce ruisseau, l o s'lve notre nouvel abattoir et sur son emp lacement on a dcouvert, lors des fouilles, une carrire de pierre abandonne, dans laquelle taient plusieurs chapiteaux bauchs du XII e sicle. Sur la rive droite de la Charente, on trouvait, comme aujourd'hui, de nombreux villages, relis entre eux par de petits chemins. Les abords du pont taient occups par des maisons agglomres, construites sur le chemin qui en dbouchait, et qui longeait ensuite la Charente, en suivant, non pas la route actuelle de Saintes, ouverte, aprs l' tablissement du nouveau pont, de 1755 1760, mais un trac un peu diffrent, travers les villages de Chez Joyeux, cit en 1602, Chez-Poncet en 1635 et Vivones, pour aboutir la CroixMaillaud, d'o elle conduisait d'un ct vers Hiersac, de l'autre Saint -Genis et Saint-Jean-d'Angly.

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Une autre voie, remontant la rivire vers Grange-l'Abb et Vnat, s'embranchait ce chemin. Elle passait auprs des villages de Chez-Coudet, du Plessac, cit en 1461 et du Petit-Bois en 1525 : puis elle traversait le hameau des Habrards, o habitait une famille de ce nom en 1589 ; le Maine -Brie ou Puyfontaine, cit en 1633 et contigu, au sud, au nouveau cimetire de Saint -Yrieix, tabli en remplacement de celui que nous avons trouv sous les murs de la ville , les Bons-Amis ; la Font ou Roche-Quantin, sous ce nom en 1670, et la Terrire en 1471. A l'est taient les Gots, communiquant avec le Plessac et la Font-Quantin, et l'ouest Chez-Farchaud, ds 1575.

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Nous invitons le lecteur reprendre la carte "LES FRANCHISES

FAUBOURG DE L'HOUMEAU.Le faubourg de l'Houmeau, ou sous la Rvolution la section de la Fraternit, ne formait, ainsi que le prcdent, qu'une partie de la paroisse laquelle il appartenait, la paroisse Saint-Jacques de l'Houmeau, qui s'tendait au-del des Franchises. Il tait limit l'Est par une ligne qui, partant de l'angle rentrant form par la rencontre des murailles du Chtelet et du bourg Saint -Martial, se dirigeait vers la croix de la Madeleine ; laissant Saint-Martial le hameau de Chande, le Pr de Dieu et une grande partie de l'Hpital-Gnral, puis le chemin de l'Isle jusqu'aux limites des Franchises. Sur les trois autres cts les limites taient au nord les Franchises, l'ouest Saint-Cybard, au sud les murailles de la ville et du Chtelet. Ce faubourg, au moins vers le milieu du XVIII e sicle, tait celui dont la population prsentait la plus grande densit ; c'tait aussi et de beaucoup le plus riche. Le Cahier des classes de 1763 (CC. 42) donne, comme cote moyenne des habitants taxs, 254# alors qu'elle n'tait que de 142 pour Saint-Cybard, 144 pour Saint-Martial extra-muros et 158 pour Saint-Pierre, c'est--dire Saint-Martin et Saint-Ausone runis. Il devait cette richesse son port, qui avait fait du faubourg un entrept, pour de nombreux produits, et notamment pour le sel. Aussi sa population tait -elle compose surtout de commerants : commissionnaires, marchands de fer, de sel et d'objets divers, de voituriers, de postillons et gabariers, avec des charrons, selliers, marchaux, des emballeurs, des tonneliers, de nombreux cabaretiers et aubergistes. Son port, tabli sur la Charente aprs 1280, tait en face de la grande le du Comte ou de Saint-Pierre et son tendue tait bien moindre que celle qu'il occupe aujourd'hui. Il commenait au sud la font du Palet et se terminait un peu au dessous de notre fontaine du Lizier, qui tait la fontaine du Dizier, ou quelquefois du Dsir, ou des Boulettes. Quant la fontaine du Palet, ou plus anciennement de Saint -Pierre, et aujourd'hui la fontaine des Trois-Canons, nous savons qu'elle tait situe l'extrmit de la descente du Peu du Palet. Elle servait alimen ter la ville et elle possdait un lavoir.

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Le voisinage de cette fontaine avait valu notre port, le nom de port ou commerce de la font du Palet ; et c'est au voisinage de l'hpital Saint -Roch qu'il dut d'tre appel, pendant les XVI e et XVII e sicles, port Saint-Roch. L'hpital, ou "maison de Monseigneur Saint-Roch, tait sur le chemin conduisant de la petite descente du Peux du Palet la fontaine dite des Boulettes, main senestre..., d'aultre au chemin par lequel on va du cimetire de l'glise Saint-Jacques de l'Houmeau la rivire de Charente, aussi main senestre ..", c'est--dire l'angle sud-ouest de l'intersection des rues actuelles de la Fontaine du Lizier et de l'Abreuvoir. Il fut rattach, le 10 mai 1652, l'hpital Notre-Dame des Anges et l'immeuble, adjug le 30 aot suivant, fut acquis par les Carmes le 1 er mai 1654. Ces religieux s'installrent provisoirement dans ce local, qu'ils abandonnrent une dizaine d'annes aprs, pour aller habiter la maison, acquise par eux dans la grande rue du faubourg, notre rue de Paris, o ils demeurrent jusqu' la Rvolution. Les btiments de leur nouveau domicile laissaient quelque peu dsirer ; leur chapelle, installe dans une ancienne grange, tait insuffisante, elle menaait mme ruine vers 1720. Aussi, en 1731, en construisirent -ils une autre, qui subsiste encore et sert de chapelle au pensionnat de Chavagnes. En 1791 leurs btiments et leur vaste jardin furent vendus comme biens nationaux . Pour descendre de la ville l'Houmeau, on trouvait un chemin pav, sortant de la porte du Palet et longeant les remparts jusqu'au Chtelet. L il se redressait hauteur de la croix du Chtelet, marque sur le plan de Belleforest, pour se diriger sur l'glise et le cimetire Saint-Jacques. Ce chemin, ou descente de l'Houmeau, notre rue Rampe-Neuve, constituait une des voies d'accs de la ville : c'est par ce chemin que Philippe de Volvire fit son entre et c'est la croix du Chtelet, que le Maire et le Corps de ville se rendaient, pour recevoir et haranguer les personnages de marque arrivant par ce ct. M. de Tourny, qui la ville fut redevable d'un grand nombre d'amliorations, fit rduire sensiblement la pente de cette voie d'accs, en prolongeant la descente du Palet, jusqu'au Pr de la Ville ou des Jacobins, qui disparut ainsi en grande partie et c'est ce chemin, ainsi rectifi, que l'on nomme aujourd'hui la rampe de l'Houmeau et la rue de la Corderie. Quant au Pr des Jacobins, il avait t abandonn ces religieux par le Corps de ville, qui en tait propritaire, en change de leur ancien enclos, devenu la place du Mrier. A l'ouest de la grande voie, qui conduisait l'extrmit de notre faubourg et appele, suivant l'poque, chemin de l'glise des Carmes ou de la Poste, on rencontrait, un peu au-del de la croix du Chtelet : un sentier allant la font du Palet, et sur lequel fut ouverte notre route de Bordeaux ; deux ruettes, nos rues du Coq et des Allards ; l'glise. Saint-Jacques, dmolie en 1840 et place au nord-est de son cimetire, que traversait un chemin conduisant l'abreuvoir de la Poste. le grand chemin de Montignac, notre rue du Gond. enfin une ruette, qui est notre rue Traversire.

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Le chemin de Montignac passait devant la croix de Chez-Gibaud, et il communiquait, comme aujourd'hui, par une srie de ruelles, avec une voie presque parallle, qui du port Saint-Roch conduisait cette mme croix. A l'est du chemin des Carmes, on ne trouvait ni la rue de La Rochefo ucauld, ni celles du Viaduc et de la Gare des Marchandises, qui n'existaient pas encore. On trouvait la rue des Juifs, porte sous ce nom, en 1759 et l'on appelait le des Carmes, cause du couvent des religieux de cet ordre qui s'y voyait, le pt compris entre cette ruelle et le commencement de notre faubourg, et le des Juifs le pt suivant, s'tendant jusqu' notre route de Limoges. L'le des Juifs renfermait l'Hpital gnral, dont les entres ouvraient sur la ruette des Juifs et sur le chemin de la porte de Chande l'Isle. Sa fondation datait de 1692 et il occupait l'emplacement de la gare des marchandises de la compagnie d'Orlans, aprs avoir servi, sous la Restauration, d'cole de Marine. Enfin au nord tait le chemin de Limoges, d encore M. de Tourny, qui rejoignait celui de l'Isle, hauteur de la Croix de la Madeleine, aprs avoir travers la prise et le hameau de la Madeleine, cit en 1579, et un peu plus loin la prise de l'tang.

FAUBOURG SAINT-MARTIALLa paroisse Saint-Martial, ou section des Sans- Culottes pendant la Rvolution, tait forme en entier par le faubourg de ce nom ; elle pntrait mme dans la ville, le bourg lui ayant t rattach la fin du XIIIe sicle. Mais comme nous ne parcourons, pour le moment, que les terrains extra-muros, nous ajournerons l'tude de cette partie. Les limites de notre paroisse taient : l'ouest, le chemin qui de la porte du Secours descendait vers l'ancien chemin de Vuil ; et ce chemin jusqu'aux Franchises, ce qui mettait hors de Saint-Martial, Clrac et une partie du Pont-deVars, tandis que la borderie de Grzille en dpendait. au nord, les murs de ville et la paroisse l'Houmeau. l'est et au sud, la limite des Franchises. Son territoire, trs tendu, tait aussi fort accident. Il tait coup par le plateau La Bussatte - Saint-Roch, qui dominait, au nord, la combe de la Grand -Font et la plaine de Lunesse et au sud, la valle de l'Anguienne et le versant est du plateau de Crage. La plaine de la Madeleine tait traverse par le grand chemin de l'Isle qui, communiquant avec les portes de Chande, du Palet et de Saint -Martial, rejoignait, la croix de la Madeleine le chemin venant de l'Houmeau. Il traversait, sa sortie de la ville, l'peron, situ au - dessous du bastion de ce nom ; laissait gauche le hameau et la vieille fontaine de Chande ; et longeait le Pr de Dieu, ou anciennement le champ de Rascaud et l'Hpital gnral.

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A l'est de ce chemin taient la Croix-Picaud, dj en 1536, la mtairie de l'Ardillier (ardille, argile), cite en 1399 et vers les confins des Franchises, les hameaux et logis de Lunesse, en 1397. De la Croix-Picaud partaient un sentier, remontant vers les Capucins, et un chemin conduisant, travers la combe de la Grand-Font, l'hpital Saint-Roch de notre paroisse. Ce chemin passait au Petit-Beauregard, situ au-dessous des terres de Beauregard et gauche, en face de Peupatri, sous le Puyplastrier, taient les fonts de la Barrique et des Georgillons ou Jargillons en 1691. Puis on trouvait, sous les terres de Beauchamp, la font Saint-Martin, mentionne ds 1500 ; la Grand-Font, qui communiquait avec l'hpital Saint-Roch par un sentier appel encore chemin des Lpreux; enfin, un peu au sud et au fond de la combe, tait la font du Croc. Le plateau la Bussatte, aprs les portes Saint-Martial, prsentait une place, la place du Champ-de-Mars actuelle, mais beaucoup plus restreinte, couverte qu'elle tait par les fortifications qui protgeaient la ville de ce ct. Le Corps de ville, la date du 13 mai 1754, demandait la destruction de ces ouvrages et l'agrandis sement de la place, pour y transporter le champ de foire, que nous trouverons sur la route de la Croix-de-Beaumont ; mais il ne fut donn satisfaction ce vu qu'aprs 1786. La place tait appele place des Capucins, cause du couvent que les religieux de cet ordre y avaient install en 1611. Ce couvent fut l'objet d'agrandissements assez importants en 1678, et on utilisa, cet effet, la pierre de la ruyne de certaine chapelle appele La Maladrerie, situe sur le grand chemin d'Angoulme Ruelle, proche le lieu des Mrigots. Il comprenait, la Rvolution, une cour l'entre ; au fond un grand b timent mansard, dans lequel tait, au premier tage, la bibliothque, vaste et bien place avec une belle vue sur la campagne et cette bibliothque tait fort nombreuse et bien fournie. A droite tait une aile forme de diverses servitudes , gauche le clotre attenant l'glise, que joignait le cimetire, et derrire un enclos fort joli, de beaux arbres et des bosquets agrables. C'est sur cet emplacement que fut construite en 1828 notre caserne Saint-Roch. Un chemin, appel parfois chemin des Capucins, longeait la partie nord de notre plateau et conduisait Bois-Menu, en passant, gauche, ct des villages de Beauregard et des Boissires, cits en 1584 et 1581, tandis qu' droite tait la Garenne du roi ou la Bussire cause des buis qui la couvraient. Plus loin tait Montlogis en 1581, communiquant avec les Durandeau, la Croix , les Pierrires, Chez-Chauvin et Lunesse et communiquant aussi avec l'hpital Saint -Roch et le grand chemin de l'Isle. L'hpital Saint-Roch fond en 1629 et agrandi en 1637 a t tudi par le D r Gigon qui en a vu les btiments ; ils sont du reste dessin s sur le Plan cadastral, mais aujourd'hui la chapelle seule subsiste. Le cimetire tait probablement au sud du sentier des Lpreux, 30 mtres environ du chemin des Justices, car une dizaine

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de tombes furent dcouvertes en cet endroit, lors de la constr uction de l'usine qui s'y trouve. Un autre cimetire a t trouv au sud-est de la chapelle, 150 mtres environ, sur le chemin de Lunesse. Nous pensons que c'tait l le cimetire primitif de notre hpital, que l'on dut abandonner en raison de son incommodit : il prsentait, en effet, un grand inconvnient. Une trs mince couche de terre recouvre le rocher dans cette partie et l'enterrement des corps obligeait au creusement des fosses, que l'on retrouve encore, dans un roc relativement dur. Le terrain, situ l'oppos, qui ne prsentait pas le mme inconvnient, dut tre acquis une poque postrieure et il fut utilis dans la suite comme cimetire. Enfin plus bas et gauche, il convient de signaler le terrain o se trouvaient les piliers de justice, appel Puyplastrier, en 1500, et plus souvent le plantier des Justices. Il fut adjug, le 28 novembre 1792, comme bien national et il correspond au numro 604 du Plan cadastral. On voyait encore il y a quelques annes, sur la croupe de la colline et au nord d'une haie, les pierres qui supportaient les bois et plusieurs vieillards, originaires du quartier, se rappellent avoir entendu dire, que la vente des cerises, rcoltes aux alentours, tait fort difficile personne ne voulant des cerises des pendus. La voie principale de notre plateau partait de la place des Capucins et conduisait la Croix de Beaumont et Garat par le cimetire du Ptureau 1. C'tait le grand chemin de la Bussatte qui, dans sa premire partie, traversait le faubourg de ce nom (buxetum, buis) et rencontrait les chemins de Montlogis et de la Tour Garnier. Plus loin, entre ce chemin et celui de Montlogis, tait le champ de foire, qui fut utilis comme tel, ds le XVI e sicle au moins et jusqu' la fin du sicle dernier. Toutefois, en 1579, le maire Gandillaud fit momentanment mettre plassage du bestailh venant s foires au champt de Saint -Roch, prs la rivire de Cherente, lieu appartenant la ditte ville, qui est trs commode pour abrever le bestailh. Les foires estoient autrefois au champ Saint-Martial, mais le sieur d'Argence disoit ce champ lui appartenir . A l'extrmit du champ de foire tait le village de Gte-Bourse en 1608 ; puis Four-la-Chaux en 1678 et le logis de la Croix-de-Beaumont, tout prs de la croixdivise. Sur la droite, nous ne trouvons signaler que le ha meau de Cachepouille, en 1735, sur le chemin de Grapillet. Au sud du plateau La Bussatte coule l'Anguienne, prsentant deux bras sur une partie de son parcours : l'un naturel, son lit primitif, appel la Vieille-Mer et l'autre artificiel ou l'Anguienne. Elle se jette dans la Charente au -dessous de Frgeneuil et, dans son parcours travers les Franchises, elle mettait en mouvement pas moins1

Ce cimetire, d'une grande tendue, appartenait un centre important, qui n'a pu encore tre dtermin. Au milieu sont des dbris de construction et sur cet emplacement, appel Ch a p el le , nous avons trouv quelques fragments de tuiles rebords (Voir Desbrandes 10* Cop. I. 89).

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de huit moulins : les moulins de Frgeneuil, des Dames, des Tro is-Roues, de Buffechaude, du Pontil, de la Palud, de la Loure et de la Tour Garnier. Dans la paroisse Saint-Martial nous trouvons les moulins de la Tour Garnier en 1731, de la Loure en 1528 et en 1514, de la Palud ou des Quatre - Mailles et mme des Trois-Mailles et plus tard de Patipata. La valle tait traverse par deux grands chemins, se sparant au Pont -deVinson et conduisant, l'un Dirac et La Rochebeaucourt, l'autre Puymoyen. Dans leur partie commune ils accdaient Angoulme par deux cts : 1 par la Bussatte et les portes Saint- Martial, en touchant au lieu de la Gtine, au village de Chez-Rentier ou des Rentiers ds 1556, de BuffeAgeasse en 1575, de Chez-Tropic en 1724 et de la Tour Garnier, o tait l'htel noble de ce nom, ancienne proprit des sieurs de la Place et qui subsiste encore. 2 Par la valle, et anciennement par les portes du Sauvage et de Nontron, en passant, avant d'atteindre la Tour Garnier, prs de la borderie de Chez-Coutty ou Chez-Cotty en 1749, la combe Billet, Bellefont, au village de la Loure, au-dessous duquel tait la prise de la Planche. Plus loin, sur le chemin de la Rochebeaucourt, on trouvait la Croix -Brandet, le pont de la Cigogne et, en face de la Croix-Brandet, le pont de Vinson. Sur ce pont le chemin de Puymoyen traversait la rivire, pour s'lever ensuite sur le plateau, en passant au-dessus du Maine Berthoumieu , ou plus tard des Jsuites, du nom de ses nouveaux propritaires, les Jsuites d'Angoulme. Sur la limite ouest de notre paroisse tait le chemin de Vuil, qui, partant de la place des Capucins, suivait notre rue des Bezines, notre rue Basse -deMontmoreau et notre route Montmoreau, mais en partie seulement. Il touchait ainsi le village d'Aubezine et la chapelle de ce nom : chapelle fort ancienne, antrieure 1535 et probablement aussi 1457, mais rebtie vers 1730, c'est --dire peu prs en mme temps que celle des Carmes. Plus bas, au nord de la jonction de notre chemin et de celui descendant des portes du Secours et de Saint-Pierre, tait la fontaine d'Aubezine, lieu de plerinage encore trs suivi il y a une trentaine d'annes, et prs de laquelle tait le Pont-de-Vars, cit en 1682, avec un abreuvoir ; puis la borderie de Chez-Grzille et, la naissance du plateau, la mtairie de Beauregard. Sur la rive gauche de l'Anguienne, nous devons encore signaler, ds 1547, Nge ou Nige-Chat, en 1552 le logis et village de Fontgrave et Chante-Grelet, tenu avec Fontgrave, envers la cure de Saint-Martial au devoir d'un quart d'once d'encens, payable muance de seigneur et de vassal, pour encenser pendant la premire messe clbre par le cur de la paroisse. Enfin un peu plus loin tait la font Baconnauls.

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FAUBOURG SAINT-MARTINLa paroisse Saint-Martin, avec son annexe Saint-loi, tait forme exclusivement par notre faubourg, partir de la fin du XVIe sicle, poque laquelle elle avait cess d'accder sur le plateau, o elle possdait une bande de terrain, le long de la partie infrieure de notre rempart du Midi. Ses limites taient au nord les remparts, l'est Saint-Martial, au sud la ligne des Franchises. A l'ouest, c'est--dire du ct de Saint-Ausone, nous n'avons trouv aucun texte les faisant connatre d'une faon absolue et pour les dterminer, nous avons d faire passer la ligne de dmarcation, entre les points qu'il nous a t possible de dterminer avec prcision. C'est ainsi, qu'en partant des Franchises, nous trouvons Rabion et Sillac en SaintMartin, les villages de Chez- Grelet et de Fromonger en Saint-Ausone, tandis que la prise de la Loge appartenait pour partie chacune de ces paroisses. La limite parat donc tre dans cette zone une partie de l'ancien chemin de La Couronne et une ligne tire de ce chemin la Vieille-Mer travers la Loge. La prise de la Cosse, le pr et le moulin des Dames sont de Saint-Ausone, ainsi que les immeubles situs l'est du chemin descendant ce moulin ; tandis que les terres de Vchillot, les Chriers et les parcelles l'est du chemin de Vchillot sont de Saint-Martin. Il semble donc que la limite remontait la Vieille-Mer, pour suivre le chemin de Vchillot jusqu' notre rue Saint-Ausone. Elle se dirigeait ensuite vers les remparts, qu'elle atteignait peu prs hauteur de la tour Cherrire. La paroisse Saint-Ausone ne comprenait en effet qu'environ 680 carreaux, entre l'glise, les murailles et les deux paroisses contigus et cette limite passait l'ouest du n 52 actuel de notre rue Saint- Ausone, qui tait de SaintMartin. Le territoire, que nous venons de dterminer, n'appartenait pas entirement SaintMartin : il convient d'en distraire diverses prises, situes entre les murs de ville, le moulin de Buffechaude, le Pont-de-Vars et Crage, qui dpendaient de Saint Antonin. Nous les tudierons cependant avec notre paroisse, d'autant, que la plupart des titres qui les concernent, les dsignent, nous ne savons pourquoi, comme tant de Saint-Martin. Trois chemins, partant des portes Saint-Pierre, traversaient notre faubourg. L'un se dirigeait vers Saint-Cybard, avec embranchement vers la porte Beaulieu et l'glise SaintAusone, nous le connaissons ; un autre, le chemin du faubourg Saint-Pierre, conduisait Basseau ; le troisime descendait au moulin de Buffechaude et, par un embranchement, la chapelle d'Aubezine. Les abords des portes Saint-Pierre taient couverts de maisons, parmi lesquelles tait un jeu de paume ; mais ces immeubles furent probablement dtruits en 1568, par les protestants. Il en fut de mme de l'glise Saint-Eloi, qui touchait au verger extrieur de l'Archidiacon et se trouvait, ainsi que son cimetire, l'angle des chemins de l'glise SaintMartin, de Buffechaude et d'Aubezine. Le chemin de la chapelle de N.-D. d'Aubezine allait rejoindre celui de Vuil au Pont-de-Vars et il communiquait gauche avec les portes Saint-Vincent et du Secours,

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droite avec le moulin du Pontil, dsign en 1457 et appel aussi plus tard moulin de Rochefort ou de Bourr. Le chemin du moulin de Buffechaude tait le grand chemin du Prigord, suivi par les troupes sortant par la porte Saint-Pierre. Il passait ct du moulin de Buffechaude, dsign ds 1408 et appel aussi moulin Sall, du nom de l'un de ses propritaires ; au hameau de Chez-Cruon, o il rejoignait une voie allant de l'est l'ouest, puis on trouvait le village des Boulettes en 1544, Crage en 1527 et Clrac au- dessous de la Trsorire. Si de Chez-Cruon on se dirigeait vers l'ouest on rencontrait le Maine-Blanc, en 1552, situ sous le mas de Valette, que nous trouvons en 1457 ; Pied-Gel, la Chaume, Chez-Gibaud en 1655, et en 1617, le fief de Sillac, qu'habitait en 1749, Franois de Corgniol. Le chemin du faubourg Saint-Pierre appartenait plutt Saint-Ausone, aussi ne l'tudierons-nous qu'avec cette paroisse ; mais nous devons numrer diverses petites voies qui s'en dtachaient. C'taient, en partant du sud, le chemin de La Couronne, passant par le pont de Vieulx-Chillot, le chemin descendant au moulin des Trois-Roues et celui, qui de l'glise Saint-loi, conduisait au mme moulin et au pont Vchillot, en passant ct du cimetire des Plerins et de l'glise Saint-Martin. Ce cimetire des Plerins ou de Saint-Pierre, situ l'angle ouest, form par la naissance du chemin allant l'glise Saint-Martin, dpendait de l'Aumnerie Saint- Pierre et nous le trouvons ds 1395. En avant de lui tait une croix, la croix Saint-loi. Quant l'glise Saint-Martin, avec son presbytre l'ouest et son jardin en terrasse derrire, elle subsiste encore, mais transforme en maisons d'habitation et la description que nous en donne un procs-verbal, du 20 mai 1790, nous permet de croire qu'elle devait tre, dj cette poque, en fort triste tat. Son cimetire tait au nord et l'on distingue, mergeant du sol, les cts d'une tombe en pierre. Un peu au-dessous et sur les bords de l'Anguienne, entre les moulins de Buffechaude et des Trois-Roues, taient les Chriers, ou Tanneries, en 1609 : il en existe encore plusieurs, ce qui vaut la rue en face le nom de rue des Tanneries. Enfin, l'extrmit de notre paroisse existaient plusieurs hameaux : en 1577, le fief et village de Rabion avec un moulin, le Petit-Montbron, appel quelquefois moulin de Brmont et l'Arche, en 1610, avec ses pierrires et meulires, tenues du Chapitre cathdral d'Angoulme.

FAUBOURG SAINT-AUSONE.La paroisse Saint-Ausone, forme du faubourg de ce nom, est la dernire de nos paroisses suburbaines. Ses limites taient donc les paroisses Saint-Cybard et Saint-Martin, la ligne des Franchises et les murs de la ville. C'tait probablement le plus ancien de nos faubourgs et il devait tre, au moins, aussi ancien que la ville elle-mme. La plaine de Basseau est en effet couverte de dbris gallo-

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romains, notamment dans la partie appele les Caves du Chteau, et la tradition rapporte qu'elle aurait t occupe par une ville du nom d'Olype. Cette plaine tait traverse par un trs vieux chemin, chemin romain peut-tre, qui de la porte Saint-Pierre conduisait au pont et au port de Basseau. Ce pont, dont on peut voir les dbris au moment des basses eaux de la Charente, tait un peu en aval du pont actuel; il subsistait encore en 1273, au moins d'aprs Meneau, qui, au n 51 de son Inventaire, parle d'une rente, lgue au profit de l'uvre du pont de Basseau. Notre rue Saint-Ausone et notre route de Basseau sont ce vieux chemin, auquel il fut fait plusieurs reprises des rparations importantes. Il fut pav, vers 1260, par les soins de Hugues de Lusignan, jusques un pont de la rivire de la Charente, appel de Basseaulx, lequel chemin dure environ une demie-lieu.... En 1657 le maire ft eslever entre le pont de Garnier et les maisons au-dessous et plus proche, un chemin revestu par un cost de pierre de taille de prodigieuse grosseur et de la hauteur de la leve qui y estoit par le moyen de six cents charretes de pierre qu'il y fit conduire... . Enfin son entre en ville fut rectifie aprs 1750, au moment de la dmolition des portes Saint-Pierre et cela sans grand succs, car la pente en demeura fort raide, jusqu'en 1859, poque laquelle toute cette partie fut transforme. Nous avons vu que la partie suprieure de la grande rue du faubourg Saint-Pierre appartenait la paroisse Saint-Martin, au moins jusqu' la rue Vchillot gauche, et jusqu'au chemin de la porte Beaulieu droite. Au-dessous seulement commenait notre paroisse. On y trouvait droite la riche abbaye Saint-Ausone, saccage en 1568, et dont le rfectoire, rest seul debout, fut utilis comme glise paroissiale jusqu'en 1863. Elle communiquait avec les portes de Beaulieu et Saint-Pierre, le moustier Saint-Cybard et la chapelle Saint-Augustin. Au nord et l'ouest tait le cimetire, qui s'tendait jusqu'aux petits lacs de notre jardin public, o de nombreuses tombes en pierre furent trouves au moment des travaux. Au-dessous tait la prise de Lombrette, la Croix Bourbonnois ou Bourbonnais, en 1725 et la chapelle Saint-Augustin, avec sa fontaine ct. Un procs-verbal du 4 avril 1792 nous en donne exactement l'emplacement, qui est le n 382 du plan cadastral. Elle tait en ruine du temps de Vigier de la Pile, et dans un autre procs-verbal du 31 janvier 1792 nous lisons : Etant entr dans la ditte chapelle avons observ qu'il y a un marchepied au-devant de l'autel, un petit mauvais tabernacle, le tout vieux et presque hors de service, le tillage est pourri en diffrents endroits, la charpente ainsi que la couverture sont vieilles, les murs sont dgrads principalement sur leur parement extrieur.., Quant sa fontaine, cite en 1574, elle fut rpare par le Corps de ville en 1592 parce que elle estoit perdue et sans forme de fontaine n'y ayant qu'une fousse pleine d'eau o tumba et se noya un petit enfant. Sur la gauche de notre grand chemin tait une petite voie, descendant vers le moulin des Dames, que nous trouvons en 1659 ; le hameau de Chez-Garnier et les ponts de ce nom, puis la prise de la Cosse entre les deux bras de la rivire.

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Aprs l'Anguienne, une bifurcation permettait de longer la Charente et conduisait l'Argentire, au pr de Cornuelle et la Grande Garenne ; tandis que notre vieux chemin, montant en ligne droite, traversait le village de Chez-Roullet ou de la Crouzille, en 1621, de Chez-Lambert et Gaste-Grenier, pour aboutir au vieux pont de Basseau. Deux voies s'en dtachaient vers le sud, conduisant l'une Saint-Michel et l'autre au chemin de La Couronne, aprs avoir rencontr Fromonger, la prise de la Loge au-dessous des chaumes de Vouillac, et Chez-Grelet, ds 1575. L'ouverture du chemin de la Poste, notre route de Bordeaux, que nous avons dj trouve Saint-Cybard et l'Houmeau, modifia compltement l'aspect de notre faubourg, principalement hauteur de Saint-Augustin. Le chemin de Basseau fut travers et l'ouverture, en 1808, de notre chemin de la Colonne, appel successivement chemin de la Folie et chemin de Madame, eut pour effet de ruiner la rue du faubourg Saint-Pierre, notre rue Saint-Ausone, en lui faisant perdre l'avantage, qu'elle avait eu jusque-l, d'tre de ce ct la voie d'accs d'Angoulme.

FORTIFICATIONSLes murailles, qui entourent actuellement Angoulme, ne disent pas grand-chose de son ancienne puissance militaire. Cette puissance tait cependant considrable, au moins avant l'emploi du canon. Elle est atteste par tous les auteurs qui se sont occups de notre ville et La Popelinire, qui n'ignorait pas que Coligny, avec une artillerie des plus rduites, avait fait brche sur tous les points contre lesquels il avait dispos ses pices, croit devoir rpter ce que l'on avait coutume d'crire avant lui. Angoulme devait cette puissance sa situation et aussi aux divers ouvrages qui la protgeaient. De l, la ncessit pour nous, afin de mettre un peu de clart dans notre travail, de rsumer d'abord les grandes lignes de l'histoire de la fortification dans le pass et de rappeler ensuite le terrain sur lequel est btie notre ville. La dfense des places tait obtenue au moyen de masses couvrantes, composes de murailles aussi hautes que possible, pour empcher l'escalade, assez paisses pour rsister aux coups de blier et protges parfois en avant par un large foss. Ces murailles ou courtines taient formes Angoulme, sauf une exception dont nous parlerons plus loin, de deux forts parements en pierre, de moyen appareil, spars par un blocage, le tout agglomr par un solide mortier et dont l'paisseur variait de 2 3 mtres. La partie suprieure prsentait une plate-forme pour recevoir les sentinelles et les dfenseurs, qui taient protgs par un parapet leur permettant, tout en restant abrits, de voir et de battre le terrain en avant (P. A.1 fig. 1). Pour battre le pied des murailles, on avait soin de les couronner par des hourds, qui devinrent plus tard des mchicoulis. On construisait, en outre, des ouvrages dits ouvrages de1

P.A. abrg indiquant le Plan d'Angoulme vers 1650 de J. GEORGE.

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flanquement ou tours, ayant saillie sur les courtines et permettant de tirer paralllement leur direction. Ces tours taient assez rapproches pour permettre de battre le milieu des courtines et Angoulme l'intervalle qui les sparait n'excdait pas 40 mtres. La forme des tours tait primitivement semi-circulaire ou carre, puis semi-circulaire de prfrence dans les places importantes. De trs faible dimension et complment pleines du ct de l'ennemi, elles ne prsentaient qu'un rang de dfenseurs l'tage suprieur (P.A. fig. II, III). Mais avec les progrs de l'attaque, la dfense dut perfectionner ses ouvrages et, ds le dbut du XIIe sicle, les tages furent percs de meurtrires et les dfenseurs superposs (P.A. fig. IV). Au XIIIe sicle, le diamtre des tours fut trs sensiblement augment, ainsi que leur saillie sur les courtines (P. A. fig. V) et pour disperser l'attaque, on n'hsita pas accrotre l'enceinte des places. Enfin l'intrieur, toujours en communication avec l'extrieur, tait le chteau avec donjon qui pouvait tre compltement isol de la ville, de manire permettre, en cas de prise ou d'insurrection de celle-ci, de prolonger la dfense. Avec l'emploi du canon, des transformations profondes furent introduites : les remparts furent abaisss, il en fut de mme pour les tours, qui furent encore agrandies et les meurtrires de verticales devinrent horizontales (P.A. fig. VI). Enfin, au commencement du XVIIe sicle, les tours furent remplaces successivement par les ouvrages cornes, les tracs bastionns d'Erhard, puis de Vauban. Quant au plateau sur lequel s'lve notre ville, il constitue l'extrmit du massif qui spare la Touvre, la Charente et l'Anguienne et il se rattache lui par une dpression en dos d'ne, trs troite, de notre place du Champ-de-Mars notre place Marengo, et avec pente assez raide dans cette dernire partie. Les flancs du plateau, trs escarps, devaient rendre difficile un assaut ou la manuvre d'un lourd matriel de sige et la ceinture de rochers abrupts, qui le couronne, avait pour effet d'accrotre la hauteur des murailles leves sur leurs bords et, aussi, de rendre impossible l'attaque par la sape et trs longs, sinon inutiles, les travaux de mine. D'aprs ce qui prcde, il est facile de voir que l'enceinte naturelle de notre cit devait tre le bord des rochers, depuis notre March-Couvert, par Beaulieu, le Parc, le boulevard de l'Est, le ct nord de la rue de l'Arsenal, jusqu' la rue Marengo. Cette ligne ne prsentait qu'un ct faible : le ct est, de la place Marengo au March-Couvert. On pouvait encore porter plus avant le front dfensif et couvrir le dos d'ne jusqu'au Champ-de-Mars, ce qui rduisait la zone dangereuse une trs petite langue de terre. Mais si une place d'un tel dveloppement n'avait rien qui pt effrayer, au XIIIe sicle, les puissants comtes de Lusignan, il en tait autrement au Ve et mme au Xe sicle. A ce moment, les forteresses de peu d'tendue inspiraient seules confiance et, peut-tre, eut-il t difficile de runir des effectifs suffisants pour dfendre une ville forte de cette importance. Aussi n'est-il pas tonnant de ne rencontrer cette dernire enceinte, ainsi que nous le verrons plus loin, qu' la fin du XIIIe sicle, alors que deux autres, plus restreintes, avaient t adoptes prcdemment.

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PREMIRE ENCEINTE.La premire enceinte suivait le bord des rochers, depuis notre March-Couvert jusqu' notre Parc, par Beaulieu et Saint-Pierre, et longeait la rue Haute-du- Parc, laquelle elle tait sensiblement parallle, avant de rejoindre son point de dpart. Le ct sud-est de cette ligne tait faible, car l'assaillant qui l'abordait n'avait devant lui qu'un terrain mdiocrement escarp : et la tradition peut bien tre dans le vrai, s'il est exact que Clovis ait t bless au sige d'Angoulme, d'indiquer cette dernire partie, les abords de la tour 43, comme tant le lieu o il reut sa blessure. C'est dans cette zone en effet que ce roi dut livrer les principaux combats d'investissement, et qu'il dut diriger les plus vives attaques pour forcer les remparts. A diffrentes poques et sur plusieurs points de cette enceinte, et de cette enceinte seulement, des fragments de murailles d'une facture particulire ont t rencontrs, et toujours en substruction. Ils comprenaient, dit M. Cochot, des parements composs d'assises considrables, poses vif sans trace aucune de mortier, qui recouvraient le noyau d'un mur, form de moellons ordinaires et de fragments plus ou moins grands de pierres tailles, moulures et mme sculptes. Cette description rappelle celle qu'en donnent Corlieu, Desbrandes et le procs-verbal de dmolition des murs du Parc du 17 fvrier 1776. Les pierres des parements prsentaient de chaque ct, sur le milieu de leur longueur et prs du bord suprieur, un trou de manuvre, qui contribuait leur donner un aspect caractristique, que n'a pas manqu de rendre l'auteur du remarquable bandeau, situ la partie infrieure de la quatrime arcade du rez-de-chausse de notre cathdrale, et reprsentant, dans un milieu plein de ralisme, une scne symbolique sous la forme d'un combat. Des vestiges de ces murs se voient encore, d'une faon peu prs continue, dans la partie nord de notre enceinte, de l'extrmit de notre rue des Trois-Fours la tour la Dent. Le procs-verbal D D. 1, cit plus haut, et Desbrandes nous parlent de deux fragments trouvs un peu au-dessous de notre rue d'Arcole et de notre ancienne mairie, aux points 33 et 36 de notre plan. On retrouva ce mur lors de la construction de la faade Est de l'Htel de Ville au point 37, il subsiste toujours droite et gauche du monument des Victimes de la guerre de 1870, n 38 ; enfin, entre le Chteau et le Chtelet, o il avait t signal par Corlieu (p. 5), il fut rencontr au n 40, lors de la construction des Galeries de Valois, sur l'emplacement du Crdit lyonnais, au 41 et au n 42, sous la courtine nord du Chtelet. Les vestiges que nous venons de citer sont assez rapprochs pour dterminer le trac de notre premire enceinte ; mais ils ne nous apprennent rien sur les ouvrages de flanquement, pas plus que sur le rduit ou castellum. Quant la date assigner ces remparts, il n'est pas facile de la dterminer. Cependant il est hors de doute que les matriaux employs leur construction sont de l'poque gallo-romaine, ce qui permet de les faire remonter vers la fin de cette priode. En outre, il est remarquer qu'ils ont toujours t trouvs en substruction, au ras du sol, et jamais il n'a t rencontr de traces de murailles plus anciennes. Il semble donc que ce soit l les

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restes des premiers remparts qui aient protg notre ville, au moins l'poque historique et, comme il n'est pas douteux que Clovis a assig et pris Angoulme, nous croyons pouvoir conclure qu'ils remontent au moins la seconde moiti du Ve sicle. Sous l'action du temps et la suite des siges subis, nos murailles durent tre releves. Cette restauration parat due surtout au comte Emmenon, vers 868, de qui il est dit : quilisina civitas adgreditur redificari. On voit encore plusieurs pans de murs et aussi plusieurs tours rondes et carres, sans meurtrires, peu prs de cette poque. Le parement n'est plus grand appareil, il a fait place l'appareil petit et moyen. Les tours carres qui subsistent portent les n 24 et 25 sur notre plan ; c'est encore le n 22 qui prsente sur sa face "Est" des restes d'encorbellement et probablement aussi le 13. Trois tours rondes se voient toujours, aux points 2, 3 et 5. Mais leur nombre tait certainement considrable, bien que parfois on utilist les ressauts du terrain pour les remplacer par un crochet flanquant, comme aux points 11, 19, 28 et 32 qui subsistent, ou qui sont donns par notre Plan directeur. Nous avons retrouv plusieurs des tours disparues : quelques-unes rondes aux points 1 et 4 et la demi-tourasse 8 ; d'autres carres en plus grand nombre, les n 6, 9, 10, 20, 27, 30, 34 et 35. Enfin une autre dont la forme nous est inconnue, la tour de Chouvelles, existait en 1343 et se trouvait au droit du cimetire des Juifs, vers le point 17, o nous verrons que des travaux de restauration furent faits en 1513. Dans le cours du XVIe sicle, plusieurs de ces tours furent transformes et munies de meurtrires canon. La tour Lchelle ou l'chelle, rebtie probablement en 1567, sur l'emplacement de l'ancienne tour l'Estille de 1456, et situe Beaulieu, prsente une meurtrire canon sur son front et non sur ses flancs, ce qui est un non-sens, que ses faibles dimensions seules peuvent expliquer. La tour Chrire, derrire les Minimes, en forme de fer cheval (P.A. fig. VI), construite plus intelligemment, en possde une canon sur chacun de ses flancs et, sur son front, une croisillon pour arquebuse. Il y avait encore, de cette poque, entre les deux tours prcdentes, tout prs d'un corps de garde, la tour du Fort, et plus souvent du Four, encore circulaire sur le plan cadastral, mais qui a t ampute, lors de la rectification de la descente de notre Jardin public. Un sicle plus tard, vers le milieu du XVIIe sicle, les tours rompues furent remplaces par des ouvrages prsentant la forme d'un tambour. Le plus intressant est la tour Ladent ou la Dent, due Pierre Barreau, en 1628 et situ au droit de l'abbaye de SaintChibard , derrire le jardin de l'abbaye Saint-Ausone. On trouve des ouvrages analogues aux points 7, 12, 14 ; ils portaient un blason qui a disparu, ou est devenu fruste. Le flanquement 21 date probablement de 1654, et il avoisine la portion de muraille, que l'amiral Coligny fit battre du haut du clocher Saint-Ausone. On en rencontre encore deux autres, l'un au 29, construit vers 1650, et l'autre au 31, de 1642; mais ces deux derniers ont disparu. Pour accder sur les murailles il existait l'intrieur, de distance en distance, des escaliers. Aucun ne subsiste, mais nous en avons retrouv trois sur notre premire enceinte : le premier, en 1528, entre notre rue d'Arcole et l'glise Saint-Vincent ; le second, en 1446,

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l'eschalle Gaillardon, l'extrmit de la rue des Trois-Fours. Un troisime a t dcouvert en 1897, lors des rparations faites ct de la porte Esguire, au point a, o nous avons pu voir six de ses marches. Les courtines taient releves suivant les besoins et d'aprs les donnes du moment de l'architecture militaire. C'est pour cela que nous trouvons plusieurs meurtrires verticales l'est de la tour 25, tandis que, de la porte Esguire la tour Lchelle, il en existe quatre canon, formant deux groupes distincts. Les deux ouvertes l'est datent probablement de 1514 et les deux situes l'ouest, au n 18, prsentent entre elles cette inscription, partie en caractres gothiques, partie en capitales :

L'an mil. D et treze BIGUEROU1.En outre, quelques mchicoulis, dont on voit la naissance et qui ne pouvaient avoir ce moment qu'un rle purement dcoratif, couronnaient cette seconde partie de muraille. Les registres de dlibrations et les registres mmoriaux signalent de nombreuses rparations, et les maires, au moins aux XVIe et XVIIe sicles, oubliaient rarement de rappeler le travail accompli par une inscription. Ils conservaient mme, en les faisant encastrer dans la muraille nouvelle, des objets anciens, comme celui que l'on voit au point 15. Au point 16, se voit le blason de Chazaud, sieur de la Reynerie, dont les figures sont un lion passant et tenant une pe, sur une onde en pointe, avec l'inscription en capitales : CETTE : BRECHE : A. ESTE. RELEVEE. PAR. LES. SOINS. DE. ODET. CHAZAUD. ESCUYER. SEIGNEUR. DE. LA. REYNERIE. MAIRE. ET. CAPITAINE. DE. LA. VILLE. DENGOULESME... LAN 1678. Au point 17, en est un autre de 1687, en mauvais tat, signal par l'abb Michon, et au 23 nous avons relev les armes de Romain de La Nauve, ayant pour figure un navire aux voiles ployes, le chef charg de trois toiles, avec inscription en haut 1568, en bas, en capitales entrelaces, DE LA NAUVE. Le chteau de cette enceinte, d peut-tre au comte Emmenon et dont les parties essentielles ont subsist jusqu' ces dernires annes, se trouvait l'angle nord-est. Il tait compos de quatre tours, dont trois avaient un diamtre de 9 10 mtres, tandis que la quatrime, celle du sud-ouest, appele tour prein , n'en avait que 7, mais elle tait entoure d'une enveloppe polygonale (P.A. fig. VIII). Elles taient runies par quatre courtines, en avant desquelles rgnait un profond foss taill en roc fond de cuve, de sept mtres de largeur, laissant entre le pied des tours l'escarpe un chemin d'environ un mtre de largeur. Le plan de Belleforest montre en avant de la courtine nord un pont sur ce foss ; il nous donne de plus la forte ceinture aussi fossoye et flanque , qui protgeait cet ensemble. Une portion de cette ceinture, comprenant les tours sans meurtrires 1 5, protgeait en mme temps la ville, et, entre les tours 1 et 2, une poterne tait ouverte, mettant en communication le chteau avec l'extrieur. A l'ouest, cette enveloppe et son foss1

Nous ne sommes pas certain de l'exactitude de cette transcription.

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confrontaient, au milieu du XVIe sicle, la partie postrieure des maisons de la rue du Chat et du canton Saint-Paul ; l'est, elle suivait la direction de la muraille tablie, plus tard, pour la relier la tour de la Baronne. Enfin, du ct de la ville, une issue marque sur le plan Belleforest, existait prs de l'angle sud-ouest, peu prs hauteur du canton Saint-Paul. Aprs la construction de la deuxime enceinte, ce chteau perdit presque toute son importance : il reut le nom de parvum castrum, ou Chtelet, et, de citadelle, il devint prison royale, avant 1644. Les fosss furent combls et l'enveloppe abattue. On ne les voit plus sur le plan de Tassin, de 1620 environ. Le corps du Chtelet fut coup en deux, comme le montre notre plan. Les deux tours du nord furent runies la partie voisine de l'enveloppe, et spares des deux tours sud par un passage, et ce passage qui disparut son tour, en 1802, fut remplac par celui qui existe aujourd'hui le long de notre rempart. Nos murailles taient perces de sept portes, trois importantes et quatre petites, qui n'taient que des poternes. Les trois premires taient : les portes du Palet, de Saint-Pierre et la porte Prigorge ; les quatre autres taient : les portes de l'Arc, Esguire, de Beaulieu et Saint-Vincent. La porte du Palet, ou plus anciennement de Saint-Pierre, tait un carr de sept mtres de ct. Outre un pont-levis, elle possdait une enveloppe d'environ douze mtres sur vingtcinq, avec deux tourelles au moins aux angles, et deux ouvertures, diriges l'une vers l'abbaye de Saint-Cybard et l'autre vers l'Houmeau. Elle est dsigne en 1378 la barbacane neuve qui est devant la porte du Palet. A l'intrieur de cette enveloppe, prs de la sortie du ct de l'Houmeau, tait avant 1648 un corps de garde, et en avant d'elle, sur le terre-plein extrieur, se trouvait une motte, abattue au moins en partie en 1498. La barbacane disparut en 1750 et les derniers dbris de la porte en 1860. La porte ou Bellonart Saint-Pierre prsentait la forme d'un rectangle de six mtres de largeur : elle tait flanque l'est par une grosse tour, n 26, appele la tour Saint-Pierre ou des Espagnols, de douze mtres de diamtre, munie de canonires et dont la construction, ou peut-tre la restauration, datait des premires annes du XVIe sicle. Cette porte tait prcde d'une premire barbacane, probablement de la fin du XIVe sicle, comme celle du Palet, qu'elle rappelle, et munie de trois tours de six mtres, deux protgeant l'entre et la troisime place l'angle. Une seconde enveloppe, de 1616 1620, entourait le tout et prsentait sur son front un crochet flanquant. Enfin en avant de nos entres tait un pont-levis, datant de 1525 au moins, et un corps de garde se trouvait dans la premire enveloppe. Cet ensemble d'ouvrages disparut en 1750 et fut remplac par une porte unique, dont la vue nous a t conserve par la photographie ; elle a disparu son tour en 1859. Notre troisime porte, appele porte Prigorge et mme Coppe-Gorge, est indique sur le plan de Belleforest. Elle se trouvait la partie suprieure de notre rue Marengo, au point 39, un peu au-dessus de la bifurcation des rues conduisant aux portes Saint- Martial et de Chande, bifurcation o se voyait une croix, ce qui valait la porte d'tre appele, au moins

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en 1582, porte Prigorge, autrement du Cruzefix. Elle disparut vers la fin du XVIe sicle, au moment de la construction du saillant situ ct. Les poternes taient : 1 La porte de l'Arc, mure, d'aprs la plan de Belleforest, et situe, dit Desbrandes, demi distance de l'entre de la promenade de Beaulieu et de la maison des dames Carmlites, dans un angle rentrant, ayant la forme d'un arc, c'est--dire peu prs, sur le prolongement d'une petite ruelle qui existe toujours. 2 La porte Esguire, galement mure, d'aprs le mme plan, de 9 pieds de haut sur 4 pieds 8 pouces de large : elle servait pour aller l'eau par une tranche en temps de sige et, cette tranche ou chemin couvert, n'tait probablement que l'ancien foss creus en avant de la muraille extrieure du bourg Saint- Cybard, dont nous avons dj parl. 3 La porte de Beaulieu, sur le prolongement de la rue de ce nom, et qui a t tour tour ouverte et ferme. 4 La porte Saint-Vincent, mure encore, d'aprs Belleforest, en face de l'glise de ce nom, dans un angle rentrant, que prsentait le mur de ville, prs de l'endroit o il changeait de direction. En avant de ces murailles existaient diverses dfenses accessoires. C'taient : des fausses braies, depuis le Chtelet et mme la porte de Chande, jusqu' la porte du Palet. un foss, de la tour Ladent la porte Saint-Vincent, d'environ 40 pieds de large. et un autre foss de cette porte la grande tour ronde du Chteau.

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DEUXIME ENCEINTE.Une deuxime enceinte fut construite plus tard, pour couvrir la partie du plateau nglige prcdemment, depuis la porte Saint-Vincent jusqu' la porte Prigorge, par notre boulevard de l'Est et notre rue de l'Arsenal. Les trois tours qui subsistent, aux points 43 45, nous fournissent une premire indication sur la date de ces fortifications. Chacune d'elles (P.A. fig. IV) prsente trois meurtrires et la courtine intermdiaire en prsente une galement. Nous sommes donc l en prsence d'ouvrages postrieurs l'an 1100, mais antrieurs au milieu du XIIIe sicle, car les tours de la troisime enceinte qui, nous le verrons plus loin, datent de cette dernire poque, ont 9 mtres de diamtre, tandis que nos trois tours sont petites, n'en possdant gure plus de 4. En outre, les terrains protgs par la deuxime enceinte renfermaient un chteau auquel ils appartenaient en entier; et ce chteau se rattachait de telle faon l'enceinte, que le tout constituait un bloc unique. La construction des remparts et du chteau dut avoir lieu peu prs en mme temps et la date de l'un dtermine approximativement la date de l'autre. Or notre chteau existait en 1228, mais il est qualifi ce moment de novum Castrum. Il est donc probable que cet ensemble d'ouvrages remonte aux premires annes du XIII sicle, et que ce fut la reine Isabelle, dont le nom fut donn longtemps une partie importante de ce chteau, qui le fit construire (P.A. fig. VII).e

La nouvelle enceinte s'appuyait, au nord-ouest, au vieux front du Ve sicle, qui fut conserv et continua protger la ville, puisque son foss tait toujours l'oppos, c'est-dire l'est.

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Sur les autres cts on trouvait, aprs la porte Saint-Vincent, au moins cinq tourasses , dont deux furent rases en 1776, tandis que les trois autres se voient encore aux points 43 45. Parmi elles, il y a lieu de signaler la tour 43, dite tour de Clovis, qui porte une jambe sculpte en souvenir, dit la tradition, de la blessure reue par ce roi.

Venait ensuite, dans l'angle rentrant, la porte du Secours. Elle tait compose de deux tours demi cylindriques, de 9 mtres de diamtre, spares par une courtine perce d'une ouverture cintre de 10 pieds de largeur ; le tout protg par une barbacane, rappelant celle qui couvrait extrieurement les portes Saint-Pierre De cette porte au saillant sud du rempart, presque toute trace de flanquement avait disparu la fin du sicle dernier. La plupart des ouvrages qui s'y trouvaient avaient d souffrir des coups de l'artillerie de l'amiral Coligny, qui, en 1568, s'tait tabli sous le Parc, en avant du village de Crage. Notre Plan directeur nous donne ensuite un secteur, pourvu de toutes ses tours, au nombre de onze, toutes semblables, et comprises entre ce saillant et la grosse tour d'angle de 8 mtres, appele tour Landon. Enfin notre enceinte se dirigeait vers l'ouest, en suivant la ceinture de rochers, qui devaient couronner nos rues du Sauvage et Marengo, et elle rejoignait la muraille primitive hauteur du point 38, en prsentant les quatre tours 60 64, qui semblent avoir t un peu plus larges que les prcdentes.

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Le Chteau (P.A. fig. VII) tait adoss la partie nord-est de la nouvelle enceinte qui le protgeait de ce ct, tandis qu'il tait couvert, au sud, par un mur dont nous avons retrouv deux traces de flanquement au 69 et 70, et, au nord-ouest, par une ligne courbe prsentant probablement trois tours : l'une au point 65, l'autre encorbelle, au 67, et la troisime, croyons-nous, sur l'emplacement de la tour polygonale 66. Cette ligne courbe devait tre aussi ancienne que le chteau, car notre vieux mur, n 38, avait t construit pour faire face au sud-est et il n'aurait pu tre retourn, de manire le protger, vers l'ouest. La tour polygonale 66, due Hugues le Brun, tait, la fin du XIIIe sicle, le donjon du chteau. Mais o se trouvait-il prcdemment ? Etait-il sur l'emplacement o fut construite, au XVe sicle, la tour ronde 68 qui est encore debout ? N'tait-ce pas plutt ce grand btiment rectangulaire avec contreforts, adoss l'enceinte nord, communiquant par suite avec l'extrieur, et dsign sous le nom d'Arsenal sur tous les plans du sicle dernier ? Nous avouons notre ignorance. Quoi qu'il en soit, ce dernier btiment tait fort ancien : la tradition le faisait remonter Isabelle ; et il comprenait une grande salle, qui tait probablement celle construite la fin du XIIIe sicle. Nous trouvons cette salle mentionne dans deux marchs du 20 juillet 1592, passs pour abattre le tillage et charpente qui est prsent sur la salle du chasteau royal dudit Angoulesme, appelle antiennement la Salle du chasteau de la Royne, et prsent l'Arsenal... Le plan de Belleforest nous donne l'ensemble du chteau la fin du XVIe sicle. La lecture en est assez difficile, au premier abord ; mais grce aux textes que nous venons de citer, grce aussi aux indications fournies par Girard et au document publi par le Bulletin de 1896 (p. XXV), on voit que ce chteau comprenait deux parties. L'une, plus ancienne, situe au sud-est du mur 38, et renfermant cette grande salle, dont on fit plus tard un arsenal, tait le chteau de la Reine ou vieux chteau ; tandis que l'autre partie, sise au nord-ouest, de date plus rcente, comprenait la tour polygonale encore debout, le corps de logis et diverses constructions dmolis en 1859, dont la vue nous a t conserve par de nombreux dessins et mme par la photographie. Ce plan de Belleforest nous donne aussi trois portes: la porte du Secours que nous connaissons, une deuxime au-dessous de la porte Prigorge et un peu l'ouest de l'Arsenal, et la troisime au-dessus, sur la place du Chteau. Le duc d'pernon, qui n'avait pas oubli le coup de main dont il avait failli tre victime, de la part du maire Normand et qui avait besoin de possder une place bien pourvue, en tat de prsenter une srieuse rsistance, fit couvrir tout le front du chteau d'une autre enceinte, tablie d'aprs les donnes nouvelles des ingnieurs militaires. Sur le front nord une srie d'ouvrages corne, qui subsistent en grande partie, prsentant trois saillants munis de guettes, furent levs. Le ct sud fut couvert par un trac, d'aprs le systme d'Erhardt, et les cts nord-ouest par deux fronts bastionns, presque semblables ceux qu'employa plus tard Vauban. Des portes furent perces dans les courtines hauteur des sorties anciennes : celle du nord fut protge par deux tours en fer cheval, dont une subsiste, et celle de la

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place du Chteau par un pont-levis1. Enfin le tout fut couvert par une ligne ininterrompue de larges fosss. En dehors des ouvrages militaires, dont nous venons de parler, existaient divers btiments et servitudes. C'taient : derrire l'entre nord-ouest, au moins au commencement du XVIIIe sicle, un corps de garde et les logements des invalides et du capitaine ; entre les tours ronde et polygonale, 66 et 68, un corps de logis de la fin du XVe sicle et une chapelle amnage dans la tour 64 ; face au sud-est et joignant la tour ronde 68, une construction appele pavillon d'pernon, et prs de cette mme tour face au sud-ouest une autre construction de la fin du sicle dernier et due au marquis de Chauvront ; enfin plus loin les casernes. Nous avons rencontrs trois puits, l'un en c, un deuxime en b dans le saillant nord-est et le troisime en a, dans le bastion en face Saint Antonin ; et ce dernier nous parat correspondre celui trouv dans les immeubles des Templiers, rass lors de l'agrandissement de l'enceinte du chteau. Il s'en fallut de peu qu'une grande caserne ne ft construite dans le bas du parc, prs la porte du Secours. Elle fut commence en 1720, leve raisonnable hauteur , puis le travail fait fut dmoli et le terrain nivel. De tout cet ensemble il ne reste que bien peu de chose. Peu peu les fosss furent combls et alins ; un thtre fut tabli sur les fosss de la place du Chteau, l'est de la porte d'entre, et le cimetire Saint Antonin transport en avant de la courtine A. A la suite des lettres patentes du 28 fvrier 1777, accordant satisfaction une ancienne demande du Corps de ville,1

Nous sommes heureux de remercier M. Mourrier, notre collgue, de son obligeance extrme. Il a reproduit, notre intention, avec son talent habituel, la Tour de Clovis et la lanterne des morts du cimetire de SaintAndr, qui figurent dans le prsent travail. En outre, il a bien voulu excuter et redresser le dessin, appartenant la mairie d'Angoulme et cit au commencement de cette note. Ce redressement tait absolument ncessaire ; car ce dessin, trs exact par rapport au plan, mais excut par une main inexprimente, laissait par trop dsirer. Il imposait, pour tre compris, un certain effort au lecteur, que M. Mourrier et moi, avons voulu lui viter.

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du 18 novembre 1741, le vieux mur du parc fut abattu, ainsi que les bastions nord et nordouest, et la promenade actuelle tablie. Le pr du parc fut arrent jusqu' la porte du Secours, et une boucherie fut construite, l'extrmit de notre rue Marengo, sur la place du Chteau. L'ouverture de la rue de l'Arsenal et des rues voisines continua l'uvre de transformation ; si bien qu'en 1859 il ne subsistait, du vieux chteau, que la partie situe au nord-ouest du mur 38. A ce moment ces derniers restes, ainsi que les boucheries de 1779, furent presque tous rass, pour la construction de l'Htel de Ville actuel, aussi aujourd'hui ne trouve-t-on, en dehors du front nord-est, dominant la rue du Sauvage, et du saillant sud-ouest dus au duc d'Epernon, que les deux grosses tours 66 et 68, et cela grce l'nergique intervention de la Socit archologique en 1859 et 1860.

TROISIME ENCEINTE.Notre deuxime enceinte avait accru considrablement la puissance dfensive d'Angoulme, mais elle avait le dfaut de laisser dcouvert le bourg Saint-Martial. Le but de la troisime fut surtout de remdier cet inconvnient. Elle fut leve par Jeanne de Fougres, veuve d'Hugues XII, au commencement du dernier quart du XIIIe sicle; aussi les tours sont-elles de grande dimension, ayant neuf mtres de diamtre. Cette enceinte pouvait tre divise en trois secteurs. Le secteur sud s'tendait de la tour Landon la tour d'angle, dite tour Saint-Martial ; et, entre elles, il devait en exister quatre autres. De ces quatre, une seule subsistait la fin du sicle dernier, la tour du Sauvaget ou du Sauvage, ou ds le milieu du XVIIe sicle, la tour du Bourreau. L'on voyait, en outre, au point 71, des restes de flanquement en forme de petit tambour. La hauteur des courtines tait d'au moins huit brasses, et il existait en 1499 une eschalle de pierre qui estoit pour monter et descendre sur la murailhe de la ville prs la tour Lan. Le secteur Est devait prsenter galement quatre tours, aux points 72 75. Nous avons retrouv les tours 72 (P.A. fig. V.) et 73, mais la troisime avait t remplace par une petite plate-forme rectangulaire, et la quatrime par un ouvrage, construit en 1573, pourvu d'une fort belle casemate et, l'angle, d'une guette. Sur le secteur nord, qui rejoignait le Chtelet, nous n'avons trouv, aprs la porte de Chande, qu'une tour, debout encore, la tour du Gouverneur ds 1534, ou de la Baronne au moins partir du milieu du XVIIe sicle. D'un diamtre de 13 mtres, elle est pourvue de deux meurtrires canon et, d'aprs l'inscription qu'elle porte, elle daterait de 1534. Cinquante mtres en avant du secteur est existait une deuxime ligne parallle ; et comme cette ligne tait de toutes celles de la ville la plus expose, elle reut, jusqu'au milieu du XVIIe sicle, de nombreuses transformations, dans le but de la pourvoir de dfenses trs

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perfectionnes. Sa construction dut suivre de prs l'tablissement de la premire ligne, en juger par l'examen de la maonnerie et des meurtrires que l'on voit toujours dans le crochet sud, prs de la porte de Nontron. De la tour Saint-Martial, cette deuxime ligne se dirigeait vers l'est, par un trac bris ; puis elle se redressait du sud au nord et rejoignait, l'ouest, la premire ligne, non pas la casemate 75, mais, par une muraille enveloppante la porte de Chande. Un peu en avant de cette deuxime ligne, sur le champ Saint-Marcault, existait une motte, comme la porte du Palet, qui disparut en 1560. Vers le milieu du XVIe sicle, cette ligne extrieure fut pourvue de trois grosses tours canon, 76 78, de 18, 32 et 23 mtres de diamtre. Enfin, la suite des progrs nouveaux de l'artillerie, de nouvelles amliorations furent apportes par le maire Jean Gurin, aprs 1616. Deux bastions avec guette au saillant, furent levs, l'un au nord et l'autre au sud. L'ancienne courtine centrale fut conserve, ainsi que les flancs des deux grandes plates-formes 77 et 78, mais ils furent couverts par une demi-lune. Le bastion nord tait l'peron , celui du sud l'peron de la Bussate. Des fosss protgeaient la partie sud de notre troisime enceinte et l'Est, il en existait un en avant de chacun des trois fronts. En outre le trac bastionn de la place des Capucins fut renforc, vers 1632, par un chemin couvert. Quatre portes, dont la premire seule resta toujours ouverte, existaient dans notre troisime enceinte. C'taient : 1 La porte ou plutt les portes Saint-Martial, dont le nombre et l'emplacement varirent avec les lignes du secteur Est. La plus rapproche de la ville, d'une hauteur de 48 pieds, tait un carr de 10m50 de ct, avec porte et poterne. La deuxime, primitivement sur le prolongement de la premire, tait rectangulaire, mais elle fut dplace lors de la construction du front bastionn et elle possdait, comme les deux autres, un pont-levis. Quant la troisime, elle fut tablie dans la face nord de la demi-lune. 2 La porte de Chande, de forme rectangulaire galement, ouverte du temps de Belleforest, tait ferme en 1654 et en 1750. Elle tait double, couverte qu'elle tait par la deuxime ligne construite en avant. 3 La porte de Nontron, ouverte d'aprs Belleforest, et place un peu l'est de la tour Saint-Martial, en face de notre rue des Colis. 4 La porte du Sauvage ou du Sauvaget, dans la tour de ce nom, tait mure, toujours d'aprs Belleforest, qui la couvre sur son plan par une barbacane. La garde et l'entretien de cet ensemble de fortifications taient une charge considrable, impose aux habitants de la Chtellenie pour le Chteau et le Chtelet, et aux habitants d'Angoulme, ceux de Saint-Cybard excepts, pour les murailles de la ville. Le service de l'entretien fut fait assez srieusement, jusqu'au jour o les remparts devinrent de simples barrires d'octroi ; partir de ce moment, elles furent ngliges, puis sacrifies.

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Sur plusieurs points, le chemin militaire fut occup par de simples particuliers : cela eut lieu pour nos remparts du Sminaire, du Midi et de la rue Barbacane. Les tours servaient de logement au bourreau, aux valets de ville, etc. Les fosss furent combls ou transforms en chemins et places. Cela eut lieu pour les fausses braies de la porte du Palet, tandis que les fosss entre les portes Esguire et Saint-Pierre devenaient un chemin, et que ceux de la place des Capucins, ainsi que la demi-lune et le chemin couvert, disparaissaient pour permettre l'tablissement d'un vaste champ de foire. Les portes furent rases l'une aprs l'autre, elles gnaient l'entre de la ville. Les portes Saint-Pierre tombrent les premires en 1750 ; la porte intrieure de Saint-Martial survcut la dernire, mais elle disparut en 1820. Quant aux remparts, qui taient sur certains points trs levs au-dessus du niveau de la ville et par suite gnaient la vue, ils furent rass hauteur d'appui, et transforms en garde-fou. Ce travail commenc en 1699, sur la place Beaulieu, fut repris partir de 1738 ; il y fut procd d'abord de Beaulieu la porte de Chande, et ensuite de Beaulieu la porte Saint- Pierre.

LA VILLE-

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La ville d'Angoulme, c'est--dire la partie intra-muros, comprenait : 1 la Ville, limite par l'enceinte du Ve sicle et l'enceinte de la reine Isabelle, 2 la Ville neuve, ou bourg Saint-Martial.

Un simple coup d'il sur le plan d'Angoulme montre que Corlieu avait raison de dire : ses rues sont tortes, les maisons sans ordre. Ses rues prsentaient en outre peu d'tendue. Il existait cependant une voie, qui, bien qu'troite, avait un assez grand dveloppement ; c'tait la rue conduisant de la porte Saint- Martial la porte de Beaulieu. Elle traversait notre plateau, peu prs en ligne droite, suivant son grand axe, et nous ne serions pas loign de croire, que ce soit l un tronon d'une trs ancienne voie. Nous le pensons d'autant plus, qu'elle se trouvait sur le prolongement du vieux chemin de Basseau vers l'ouest, et du chemin du Ptureau vers l'est. La partie de notre plateau situe au nord de cette rue, entre le Chtelet et le Minage, tait la plus peuple. Gnralement les lots taient de peu d'tendue et les maisons, troites, s'y pressaient les unes contre les autres, tandis que dans la partie sud et sur la pointe ouest les lots et les habitations occupaient une surface beaucoup plus considrable. La ville tait divise en huit paroisses : Saint-Martial, qui tait avant tout une paroisse suburbaine, Saint- Paul, Saint-Andr, Notre-Dame-de-Beaulieu, Saint- Jean, le Petit Saint-Cybard, la Paine et Saint Antonin.

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Voir le plan "ANGOULME" vers 1650.

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Toutes, l'exception de Saint-Martial, taient sensiblement plus riches que les paroisses suburbaines. Ainsi l'Houmeau, la plus riche de ces dernires, payait d'aprs le rle de 1763 une imposition moyenne de 254# par habitant ; tandis que cette imposition tait de 335# pour Beaulieu et Saint-Jean, les moins fortunes de la ville, et qu'elle atteignait 437# pour le Petit Saint-Cybard et 481 pour la Paine, les deux plus riches de toutes. Chacune de ces paroisses avait sa physionomie propre, que M. Biais nous a dpeinte, d'aprs les registres paroissiaux. Notre rle CC. 42 fournit galement, ce point de vue, de nombreux renseignements, se rfrant au milieu du sicle dernier. Si la partie intra-muros de Saint-Martial tait pauvre, cela tenait ce que sa population tait compose surtout d'invalides, de fusiliers et de cavaliers de la marchausse, de valets et de tambours de ville, de sergers1 et de cardeurs. Saint-Paul, outre ses bouchers, devait son