Amérique A dans la presse Appel - Archives royalistes

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Amérique u gouvernement et A dans la presse bien-disante, on parle de l'euro et de l'Europe comme s'il s'agissait de réalités. La « forteresse euro » nous protège de la crise mon diale ! L'Europe va occuper une position privilégiée en raison de la situation criti que des zones concurren t e s ! Pourtant, la zone euro qui n'est pas encore constituée n'empêche pas la baisse de la monnaie américaine, d é f a v o r a b l e a u x e x p o r t a tions européennes. Pourtant, ce sont bien les déclarations du président de la banque centrale américaine qui déterminent les brutales variations des cours de Wall Street. Pourtant, ce sont les humiliations subi^ par le président des Etats-Unis d'Amérique qui ont directe ment provoqué la chute récente des bourses euro péennes. Autrement dit, la fameuse « main invisible » qui est censée réaliser les bienfai sants équilibres en économie de marché est personnalisée et précisément située. Et l'Europe continue, pour une part d'elle-même et en des domaines décisifs, d'être soumise à l'hégémonie amé ricaine. 11 appartient à la France, selon sa tradition, de montrer le chemin de la libération. Mais qu'on ne fasse pas comme si c'était fait. Comte de Paris Appel à la révolte Crise L'heure de vérité p. 3/12 ommage Pierre Boutang p. 8/9 DU 21 SEPTEMBRE 1998 AU 4 OCTOBRE 1998 - 27® année - Numéro 712 - 20 F

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Amér ique

u g o u v e r n e m e n t e t

A dans la presseb i e n - d i s a n t e , o nparle de l'euro et

de l 'Eu rope comme s ' i ls'agissait de réalités. La« f o r t e r e s s e e u r o » n o u sprotège de la crise mond i a l e ! L ' E u r o p e v a o c c u p e rune position privilégiée enraison de la situation crit ique des zones concur rent e s !

Pourtant, la zone euro quin'est pas encore constituéen'empêche pas la baisse del a m o n n a i e a m é r i c a i n e ,d é f a v o r a b l e a u x e x p o r t ations européennes. Pourtant,ce sont bien les déclarationsdu président de la banquec e n t r a l e a m é r i c a i n e q u id é t e r m i n e n t l e s b r u t a l e svariations des cours de WallStreet. Pourtant, ce sont leshumiliations subi^ par leprésident des Etats-Unisd'Amérique qui ont directement provoqué la chuterécente des bourses européennes.

Autrement dit, la fameuse« main inv is ib le » qu i estcensée réaliser les bienfaisants équilibres en économiede marché est personnaliséeet précisément située. Etl'Europe continue, pour unepart d'elle-même et en desd o m a i n e s d é c i s i f s , d ' ê t r esoumise à l'hégémonie américaine. 11 appart ient à laFrance, selon sa tradition,de montrer le chemin de lalibération. Mais qu'on nefasse pas comme si c'étaitf a i t .

Comte de Par is

Appelà la

r é v o l t e

Crise

L ' h e u r ede vér i té

p. 3/12

ommage

P i e r r e

Boutangp. 8/9

DU 21 SEPTEMBRE 1998 AU 4 OCTOBRE 1998 - 27® année - Numéro 712 - 20 F

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C r a i n t e

Je t iens à vous faire connaître monsentiment de crainte quant à l'avenirdu royalisme. Cette crainte n'est pasd'ordre politique mais reste fondamentale car elle est d'ordre dynastique. Eneffet, j'ai peur que la succession àl 'actue l chef de la Maison de France- auquel Je souhaite longue vie - soitmouvementée et provoque dans l'aven i r un nouveau « sch isme » au se inde la nébuleuse royaliste. Bien que lecomte de Paris ait à plusieurs reprisesc o n f i r m é l e c o m t e d e C l e t m c m tc o m m e s o n s u c c e s s e u r d i r e c t e t

Immédiat, il semblerait que certainsroyalistes « intransigeants » feignentd'ignorer la réconciliation et refusentla dévolut ion actuel le de la courotme.Tout le monde aura compris que laNAR n'est pas mise en cause. Il estnormal que les royalistes se rangentparmi pitisieurs courants politiques,ma is l e P r i nce es t l ' é l émen t f édé ra -te t i r, e t remet t re en cause ce fondement par des querelles intestines seraitf a t a l à l a c r é d i b i l i t é d e t o u s l e sr o y a l i s t e s ( t o u t e s t e n d a n c e s c o n f o nd u e s ) c a r c e s e r a i t n o u s c o n t r e d i r en o u s - m ê m e s .

G . T. ( G a r d )

CourageLe philosophe que je suis (ou que

j'essaie d'être) n'a pas oublié lesleçons de la « Lettre sur l'itidépen-daiKe » de Jacques Maritain. Néanmoins, je tiens à vous dire - et GérardLeclerc le sait bien - que j'apprécie lalilrerté, l'originalité et la profondeur devos analyses. Il faut du courage, dansle désolé actuel des esprits, pourtenir fermement la ligne qui est lavôtre. Le principe monarchique estsans nul dcâite d'une évidente actual i t é . ' V o u s n e c e s s e z d e l e f a i r eapparaître avec intelligence et enusant CQfnme il convient et quand il lefaut de la polémique. La faculté des'indigner va normalement de pairavec Te sens du vrai et du juste. Jecrains que la gêne que provoquesouvent aujourd'hui le langage polémique ne provienne de la perte de cesens du vrai et du juste.

Y.F. (Tou louse)

H o m o s e x u a l i t é

L e P o i n t d e v u e s u r l e c o n t r a td'union civile, signé par Hervé Ruminet paru dans Te numéro 710 deXq /̂ste, m'a beaucoup étonné, pour

SOMMAIRE : p.2 ; Courrier de;ecteurs - p.3 : Devant la crise mondiale - Appel - p.4 : Protéger le^résident - La loi du plus fort - p.5-'échec russe - p.tp : Comte de'aris : La révolte n^essaire - p.83^trieux Pierre Boutang - p.9 : PierreBoutang - p.lO : Viens Poupoulperiens... - Un bandit d'honneur - p. II :Action royaliste - p. 12 : Éditorial :

''ISibfeff̂ -ADMINISTRATION17, tue des Petits-Champs,

75001 Pa r i s

Téléphone : 01.42.97.42.57Télécopie ; 01.42.96.05.53

Dir. pabUcation : Yvan AUMONTCran, partt. 51700- ISSN 0151-5772J

ne pas dire choqué. En particulierparce qu'il mélange d'un côté uneréflexion sur la place de l'homosexualité dans la société et de l 'autre unepseudo-analyse scientifique sur les« fondements » de l 'homosexualité.

Je pense qu'on peut, et même qu'ondoit, se poser la question sur lamanière dont la personne homosexuelle, et par là même le conceptd'homosexualité, peut être intégréedans la société. Dans ce cadre peuts'engager le débat sur le fait de « voirdes droits particuliers attribués au seulmariage dans la mesure où l'individus'engage vis-à-vis de la société » etsur « la société en retour valorise etprotège cette institution qui la faitdurer dans l 'h istoire et lui assure sacdiérence ». Les questions scmt alorsmultiples ; le mariage homosexuel (ouplutôt le mariage quel que soit lesexe) n'engage-t-il pas le coupleenvers la société, même s'il n'y a pasprocréation ? L'inscription dans la loide la réalité homosexuelle crée-t-elleun risque de déconstruction de lasociété 7 De quelle manière 7 Lesréponses ne sont pas seulement théoriques, puisque des exemples de priseen compte des droits des coupleshomosexuels existent, de plus en plusnombreux, dans d'autres pays européens. C'est le rôle de votre journal deposer ce débat

Mais là où je ne suis plus d'accord,c'est lorsque ce débat s'appuie sur despseudo-ccaisidérations psychologiques(Freud mis à toutes les sauces), dut y p e : « l a m a t u r a t i o n s e x u e l l es'achève ainsi par le désir d'accéder àla parenté », « l'homosexualité apparaît comme un symptôme chez l'individu d'un cCTiflit de tendances parrapport à son identité ... En soi, elledemeure donc problématique »,« structure sexuelle de l'époque quivalorise les pulsions partielles »,« l'individu manifeste son incapacitéà intégrer et à vivre la sexualitéhumaine dans ses limites ». Ce que jecomprends dans ces affirmations, c'estque l ' individu homosexuel est unhandicapé, pas tout à fait adulte, quimet en danger la société ! C'estvraiment mal connaître les réalitéshumaines et voir ce fait social par lepetit bout de la lorgnette. Les homo-sexuel(le)s sont des individus dontl'identité est clairement définie etentière, qui ne mettent pas leur sexua

lité comme condition première à leurintégration dans la société, mais quiveulent pouvoir v ivre en couplecomme tou t le monde. I l s devra ien têtre des citoyens à part entière enpayant leurs impôts, et des citoyens aurabais en ce qui concerne leur volontéet leur besoin de vivre en couple 7Non, l'homosexualité n'est pas qu'une« préférence sexuelle », elle est partie intégrante de l'individu homosexuel, et ce sans que celui-ci l'aitchoisie. La société dont parle HervéRumin est-elle donc si malade quel'intégration légale de la réalité constitutive d'une minorité qui n'a pasdemandé à l'être puisse la mettre endanger 7

Cette lettre n'est qu'un mouvementd'humeur et ne saurait donc prétendreà l'exhaustivité. J'espère que le Paintde rz/e d'Hervé Rumin ne reflète queles qtinions de son auteur et queRoyaliste sxwa engager un vrai débatsur ce fait humain et social.

P. L. (Haute Garonne)

ChoquantLa « Cible » parue dans le n° 709

de Royaliste et parlant des mouvements de grève actuels me paraîtchoquante dans son quatrième paragraphe pour ce qui est lié, en sous-entendu, aux pilotes d'Air France.

Ces gens qui « utilisent la forcemomentanée dont ils disposent pourmener à bien leurs négociations »sont-ils vraiment « les victimes de laconcurrence u l t ra- l ibéra le » avec detels salaires 7 [...] Pour d'autres catégories de salariés vos arguments peuvent se concevoir, mais pour lespilotes, qui sont compris dans le lot, jecrois que vous abusez.

E.P. (Oise)

R é v o l u t i o n ?

Dans l'ensemble votre journal estintéressant mais je regrette que vospropositions n'apparaissent pas plussur tel ou tel problème. [...] D'autrepart je vous trouve plus gaullistes queroyalistes. Mis à part le rétablissementdu roi vous ne critiquez pas lesinstitutions de la V® République, ce

que j'ai un peu de mal à comprendre.Où est la révolution dans ce cas 7 Orvous vous dites révolut ionnaires dansvo t re p résen ta t ion . Je m 'a t tenda is àdes propositions plus radicales enrupture avec le système actuel.

L.P. (Loi ret )

D i m a n c h e

C'est bien tardivement que je vousécris au sujet de l'article signé PaulJyl dans Roj^liste n° 709 « Ladeuxième bataille de Cholet ». Énonçant les motifs de révolte des travailleurs de Cholet que Michelin prétendembaucher aussi le dimanche, l'auteiuénumère les l i b res ac t i v i tés don t i l sseraient ainsi privés.

Tout en approuvant son indignation,je lui présenterai une observationquant à la rédaction de son texte ;venant après les boules et le basket« donner un coup de main à laparoisse » est-ce une manière laïque-ment correcte de (ne pas) dire « allerà la messe » 7 [...] Est-il donc sidifficile de citer cette liberté publiquede l'exercice du culte 7 A quoi rimed'affirmer le droit pour la secondereligion de France d'ériger des mosquées, et pourquoi commémorer l'Èditde Nantes si l'on n'est plus capable deparler simplement de cette libertépublique 7

« Donner un coup de main à laparoisse » quelle trouvaille d'expression, camarade journaliste I Est-ceassez peuple 7 Est-ce assez ouvrier(manuel) ? Il fallait bien consentir aufait que nous sonunes en Bretagne- terre connue pour ses enclos paroissiaux. Il nous faut admettre que notrecamarade de Cholet va peut-être ledimanche à l'église, mais ce sera,disons, pour transporter les bancs,allumer les cierges 7 - non, maisrégler la sono, vérifier les micros... Ilne va pas à la messe, il donne un coupde main à la paroisse. Ce n'est pas dela religion, c'est de la virile solidaritéethnographique.

F.B. (Hérault)

Courr ier des lecteurs

(Quelques rappels : En princ i p e , n o u s n e f a i s o n s n iréponse, ni conunentaires surle courrier publié. Nous netenons jamais compte deslettres non signées, maisnous préservons l'anonymatde nos correspondants en nepubliant que leius initiales etleur département.

B u l l e t i n d ' a b o n n e m e n tNom/Prénom ;Adresse :

P r o f e s s i o n : d e n a i s s a n c e :souscrit un abonnement de :□ trois mois (125 1=) □ six mois (200 F) □ un an (300 F) □ soutien (600 F)ROYALISTE, 17, rue des Petits-Champs, 75001 PARIS - OOP 18 104 06 N Paris

tra-libéralisme

D e v a n t l a c r i s em o n d i a l e

Fondé sur la spéculation et sur la concurrenceillimitée, l'anti-système ultra-libéral contenait la

logique de sa propre destruction. La paralysiedes principaux États de la planète aggrave

considérablement la crise qui s'étend.

A l'automne dernier,lorsque la crise asiatique prit de l'ampleur,n o u s a v i o n s f a i t d e u xréflexions de simple

bon sens : - Une économiemondialisée qui est affectéepar une crise partielle connaît ra tô t ou ta rd une c r i se mond ia le .

- U n e « m o n d i a l i s a t i o n »

qui repose sur trois pieds (lesEtats-Unis, l'Eiurope, le Japon)ne peut conserver son équilib r e s i l ' i m d e s t r o i s ( e nl'occurrence le Japon) vient às e b r i s e r .

S'y ajoutait la certitude quela cause immédiate de l'explosion générale serait de naturefinancière puisque la libre circulation des capitaux d'unbout à l'autre de la planèteconstitue le facteur le plusclairement établi de la mondial i sa t i on .

On nous accusa de pessimisme. C'est plutôt par optimisme que nous avons péchécar la crise qui se développedepuis la fin du mois d'aoûtest beaucoup plus grave quecelle que nous avions annoncée. Un pays peut se remettrerapidement d'un krach boursier (ainsi en 1987) ou d'unespéculation sur sa monnaie.Une menace de faillites bancaires peut être rapidementécartée par injection rapide etmassive de crédits. Un État endifficulté peut être efficacement secouru par les institutions financières appropriées.

Nous pensions que ces avertissements serviraient de leçon etque, à la faveur de l'ime ou del'autre de ces crises, les fict ions meur t r iè res de l 'u l t ra -l i b é r a l i s m e s e r a i e n t a b a n d o nnées au profit d'une réorganisation volontaire (donc politique) des économies nationaleset des échanges mondiaux.

Or, depuis la fin du moisd 'août , nous ass is tons à laconjonction des différents facteurs de crise, et à la multiplication des effets d'une contagion qui se développe d'unemanière d'autant plus rapide etinquiétante que les principalesautorités politiques de la planète demeurent sans réact ion.

Déc lenchée par le cons ta t(vraiment pas nouveau) dud é s o r d r e r u s s e , l a c r i s e b o u rs i è r e s ' a c c o m p a g n e d ' u n ebaisse du prix des matièrespremières et d'un mouvementde baisse du dollar, tandis quel ' A s i e d u S u d - E s L e t t o u tparticulièrement le Japon, esten récession.

Ces éléments négati fs sontrapidement entrés en interaction et acquièrent jour aprèsjour en capacité de destruction. La baisse de Wall Streetmenace la consommation globale aux États-Unis et conduitles industriels à réduire leursinves t i ssements . L 'e f fondrement du prix des matièrespremières (l'or, le sucre, lepétrole etc.) appauvrit les Étatsproducteurs et incite au retraitdes capitaux des pays à risque.

ce qui aggrave les crises boursières et pénalise les investissements car les États menacésaugmentent considérablementles taux d'intérêt. La crise dessystèmes bancaires nationaux(notamment celui du Japon)affecte l'ensemble des partenaires financiers qui, par ailleurs, voient se tarir les remboursements de prêts consentis, de par le monde, auxgroupes industriels. La chutedu dollar pénalise les exportations, alors que la consommation globale est bridée par lespolitiques d'austérité.

Les différents facteurs de lacrise économique et financièreaboutissent donc à des effondrements de zone : Asie duS u d - E s t , a n c i e n n e U n i o nsoviétique, Amérique latine.Les effets sur l'Europe commencent à se faire sentir - àcommencer par l'Allemagne,car ses banques sont très engagées en Russie, et par l'Espagne, très liée à l'Amériquel a t i n e .

La situation est d'autant plusgrave que les principaux chefsd'État et de gouvernement dela planète sont paralysés oudemeurent inertes : Eltsine etClinton sont totalement discrédités, les Allemands sont encampagne électorale, les premiers miriistres japonais etespagnols semblent inexistants, et le Premier ministrefrançais fait comme si de rienn'était. Or ée sont les autoritéspolitiques responsables, etelles seulement, qui peuventencore éviter que les diversescrises ne dégénèrent en unevéritable catastrophe.

Sylvie FERNOY

Convergence

A p p e l

Sous le titre « Républicains n'ayons pluspeur ! », huit intellectuels ont signé un longapj^l publié sur unepleine page du Monde

le 4 septembre.Le fait nouveau est qu'il

rassemble des personnalités dela première et de la deuxièmegauche qui se sont naguèrevivement opposées, en particulier sur le traité de Maastrichtet siu la guerre du Golfe :Régis Debray côtoie JacquesJulhard, Olivier Mongin etPaul ITiibaud ajoutent leurssignatures à celle d'Anicet LeP o r s , B l a n d i n e K r i e g e lr e t r o u v e M o n a O z o u f e t M a xG a l l o .

Sans renoncer à leurs convictions, ces intellectuels expriment ensemble leur inquiétudeface à la dégradation ducivisme (le consommateurprend la place du citoyen), à lamontée des groupes de pression, à l'emprise médiatique...Aussi ont-ils pris le parti de« dramatiser les enjeux » :au-delà des anciermes querelles, il s'agit de « refonder laRépublique si on ne veut pasla vo i r dema in s i l enc ieusemen trenversée ». D'où le v ibrantappel qui est lancé pour queles divers groupes reprennentleurs responsabilités - et pourqu'ils y soient vivement incités : responsabiliser les fonctionnaires, les élèves, les services de police, les candidats àla na tura l i sa t ion . . .

Ces injonctions sont justifiées. Elles ne seront pas suivies d'effets tant que l'Étatcontinuera de renoncer à exercer son autorité politique, fuirases responsabil i tés économiques et sociales, méconnaîtrases pr incipes fondateurs,renoncera à faire appliquer laloi - par les policiers, dans lespréfectures et dans les entreprises.

J . B L A N G Y

Royal iste 712 Royaliste 712

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nstitutions

Protégerl e P r é s i d e n t

Face à la campagne qui vise à impliquer le chefde l'État dans les « affaires » financières

de la Ville de Paris, il faut défendre les principesde notre droit constitutionnel, dans la lettre et

dans l'esprit.

Chirac impliqué... Lechef de l'État comprom i s ! U n d o s s i e r

exp los i f ! ! Tou t vas a u t e r ! ! !

D a n s l e s s a l l e s d e r é d a c t i o n

parisieimes, les rumeurs circulent à un train d'enfer depuisquelques mois. Elles sont alimentées par ce qu'on appellepudiquement « des milieuxproches » des enquêtes encoiux. Elles sont amplifiéespour des motifs qui sont étrange rs au d ro i t ; à dé fau td'affaire Dutroux, un scandalede type clintonien - l'argentremplaçant le sexe - seraitd ' u n e t r è s h a u t e r e n t a b i l i t é

médiatique. Et l'acharnementsera d'autant plus grand queJacques Chirac sera toujoursconsidéré conrnie « politiquement incorrect » par la pressebranchée : l'homme est troppatriote, le Président est tropattaché aux institutions gaulliennes pour qu'il soit accepté,malgré les concessions qu'il afaites à la Pensée unique.

Bien entendu, de très grandset de très vertueux journalistes, qui prendront des posesd'enquêteurs héroïques, et exigeront la vérité au nom de latransparence et de la justice.

F a i t e s c o n n a î t r eRoya/iste autour

d e v o u s .Off rez un abonnement

d ' e s s a i d e t r o i s m o i s

(25 F seulement).

Tel est le scénario. Nous nedevons pas l'accepter, mêmesi l'on clame que la mise enexamen d'Alain Juppé dansune affaire d'emplois fictifs àla mairie de Paris constitue ladernière étape avant la mise encause directe de Jacques Chirac. D'abord parce qu'il n'y apas le moindre courage àpublier, au mépris du secret del ' instruct ion, des extrai ts dedossiers sur des enquêtes encours. Ensuite parce que lesadeptes de la « transpar e n c e » f e r a i e n t b i e n d es'interroger sur les pratiquesdélictueuses de certains propriétaires de grands médias.Enfm et surtout parce que leprésident de la République estprotégé par la Constitution.

A la suite des principauxspécialistes de droit constitutionnel, il faut s'en tenir à unelecture stricte de l'article 68 dela Constitution : le présidentn'est juridiquement responsable de ses actes qu'en cas dehaute trahison, et il ne peutêtre mis en accusation que parles deux Assemblées, par voteidentique et à la majorité absolue. S'il y a doute quant à lalégalité des actes de l'ancienmaire de Paris, il faudra attendre que Jacques Chirac cessed'occuper son éminente fonction pour qu'il puisse êtreinterrogé, comme tout autrecitoyen, par un juge d'instruct i o n .

A n n e t t e D E L R A N C K

35 heures

L a l o idu plus fort

Au nom du principe de subsidiaritè, la Loi Cadresur les 35 heures se contentera de reprendre lesrésultats d'ime addition d'accords multiples, aulieu d'être l'expression d'une volonté politique,

en protégeant les plus faibles.

Tournant

Ainsi le Gouvemementl a i s s e l a l i b e r t é d e

négociation aux partenai res soc iaux qu idevront signer des

accords dans chaque entreprise. Mais les rapports deforce ont changé avec « lacrise » et le chômage, etl ' idéologie néo-libérale l 'aemporté jusqu'à culpabiliser etparalyser des syndicats affaib l i s .

C ' e s t d a n s c e s c o n d i t i o n s

que dans toutes les entreprisesde plus de vingt salariés, lesnégociations vont être engagées avec les représentantssyndicaux alors que, dans lesquelque 80 % des PME oùn'existent pas de sections synd ica les , les Confédéra t ionsdevront mandater des salariés,volontaires, mais sans aucuneexpérience des négociationsavec le patronat.

Or, les enjeux sont importants. Il va falloir signer vite,bien avant janvier 2000. Plusvite est mis en place l'accordd'entreprise, plus importantesseront les aides de l'Etat, souvent indispensables pourfmancer la mesure.

Ainsi, le piège se referme. Lepatronat exigera toutes lesc o n c e s s i o n s : a c c r o i s s e m e n tde la productivité, annualisat ion des heures de t rava i lse l on « l es nécess i t és del'entreprise », c'est-à-dire,se lon son bon vou lo i r. I l r es

tera aux syndicats à négocierdes embauches en échange dessacrifices ; mais avec quelargent ?

Les premiers accords signésv o n t d a n s c e s e n s . D ' a u t r e

part la surenchère entre lessyndicats - dont l'un a fait des3 5 h e u r e s s o n c h e v a l d ebataille - permettra de trouverdes signataires pour desaccords à n'importe quel prix.

Ainsi, le beau rêve sm les 35heures peut se transformer encauchemar : cadences accé lérées, gel des salaires, disponibil ité accrue, peu ou pasd ' e m b a u c h é s . L a l o i s ec o n t e n t e r a d o n c d e c o l l a t i o n -ner ces accords contractuels etle Gouvemement ne sera pasresponsable d'un texte qu'iln'eût jamais osé proposer.

Qu'adviendra-t-il de la crédibilité des syndicats, le jour dub i l a n ? L ' i n d i v i d u s e r e t r o uvera seul, replié sur lui-même,le plus faible une fois de pluse x c l u . C ' e s t d i r e l a n é c e s s i t éde la naissance d'un syndicalisme de résistance, transversalet pluriel, qui saurait s'imposer face à un patronat encouragé par la frilosité du gouvernement ; ce syndicalisme derésistance pourrait se fixercomme première tâche le sauvetage des 35 heures !

L ' é c h e c r u s s e

La stratégie occidentale en Russie est un échec.Il faut en tirer les conséquences.

R o g e r S U M E N E

On s'est beaucoup troplongtemps posé laquestion : « Faut-ila i d e r G o r b a t c h e v . . .c o n t r e E l t s i n e ? » . O na re fa i t l a même fau te

a v e c E l t s i n e . L ' e r r e u r e s t d ec o n f o n d r e l a R u s s i e a v e c u nhomme et de tout faire pours a u v e r c e t h o m m e a u l i e u e tplace de la Russie. Elle a xmecause : la peur. Le monde nesait pas quoi faire des quelques 7 000 tètes nucléairesentreposées sur le sol russe.G o r b a t c h e v a v a i t r é u s s i àconvaincre Mitterrand qu'à saplace serait assis un maréchalde l'armée rouge. Eltsine acontinué le même chantage.Comment a-t-on pu encore leprendre au mot après la désastreuse campagne de Tchétchén i e d é c l e n c h é e e n d é c e m b r e1994 ?

Quo iqu 'e l l e en pensa i t ,l ' a d m i n i s t r a t i o n a m é r i c a i n e n ' apas bougé d'un pouce. Incapable de se déjuger, d'évoluer,de changer de poUtique voiremême d'imaginer une politique de rechmge. Poiu-quoi ?Parce qu'elle a été habituéependant près de cinquante ansà avoir Moscou pour interlocuteur privilégié et que, struc-tu re l l ement , l ' admin is t ra t ionaméricaine n'a pas encorerompu avec l'époque de laguerre froide qui n'était fmale-ment qu 'un « duopo le »mondial . Avoir comme interlocuteur privilégié un paysdont le PIB est équivalent àcelui de l'Espagne ! Si lalogique était seulement économique, il aurait fallu traiteravec la réalité qui est celle-là.Non qu'on ait tort d'avoir uneapproche politique mais àcondition d'avoir une politiq u e .

L ' e r r e u r e s t a u s s i a v e c E l tsine de n'avoir pas choisi. Nila démocratie à partir dumoment où Eltsine avait faitt i rer sur la Douma (octobre1993), ce à quoi nous avonsscandaleusement applaudiparce que cela écartait, prétendument, le danger communiste. Or c'était là le péchéoriginel dont Eltsine ne pouvait se relever. Ni le capitalisme puisque la Russie aprotégé son marché, ce quiaujourd'hui nous rassiu-e faussement puisque cela écarteraitl'effet de contagion sur nosfinances. Les Russes au pouvoir des combinats, aidés parles mafias, ont découragél'investissement étranger etverrouillé les commandes d'unmarché oligopolistique national. Les fonds déversés sur laRussie, nettement moindresque prévu, sont donc allés seperdre dans les bons du Trésorcomme dans l 'A l lemagne deWeimar. I ls sont directementresponsables de la banqueroute de l'État mais pas del'économie dans son ensemble .

On nous dit aujourd'hui quel'on ne pouvait pas vouloir àla fois la démocrat ie, c 'est-à-dire ime majorité communiste, et le libéralisme puisquequ'avec un succès communiste, les fmances russes seseraient effondrées en vingt-quatre heures plutôt qu'envingt-quatre mois. La communauté internat ionale pourtantn'avait-elle pas fait les yeuxdoux à Ziouganov au fameuxr e n d e z - v o u s d e D a v o s e n1996 ? Et puis quand bienmême ce la aura i t é té v ra i ,nous serions débarrassés del'hypothèque communiste. Leraisonnement éta i t donc v ic ié àla base.

Maintenant il est trop tardpour revenir en arrière. Quelleque soit l'issue - de nouvellesé l e c t i o n s à l a D o u m a e t à l ap rés idence e t une nouve l leconstitution paraissent de toutefaçon nécessaires -, il faut entirer les conséquences. La prem i è r e e s t d e r a c c r o c h e r a uplus vite les États européensdu Centre et de l 'Est à l 'Unioneuropéenne, couper le cordonombilical qui les relie encore àM o s c o u . A c a u s e d ' E l t s i n e

qu'on voulait ménager, on at rop a t tendu . C 'es t pou rl'Europe la priorité des priorités. Le hasard voulait queC h i r a c s o i t e n v i s i t e e nU k r a i n e e t e n M o l d a v i e . C eraisonnement s'applique bienentendu aussi à ces deux Étatseuropéens. Ce seront sansdoute les plus difficiles à intégrer, mais i l ne faut pasdésespérer pas plus que pourl a B i é l o r u s s i e . L a f r o n t i è r e d el'Europe occidentale s'arrêtet r è s c l a i r e m e n t à c e l l e d el 'actuel le Russie ; à défaut,mais on le regretterait, à cellede l'ex-URSS, États baltese x c l u s .

Ensuite il faut ériger cetteEurope en interlocuteur privilégié de Washington à la placede Moscou. Le gouvemementdu monde ne passe plus par laRussie, qui n'a rien à fairedans le G7 - autre erreur quede l'y avoir invitée parce quepour ses dirigeants repusc'était Eltsine qu'on invitaitplus que la Russie - mais parl ' E u r o p e , p a r l e J a p o n e t ,beaucoup plus vraisemblablement que la Russie, la Chine.

A l o r s e t a l o r s s e u l e m e n t o npourra aborder en toute sécurité le pouvoir qui sera installéau Kremlin quel qu'il soit.

Y v e s L A M A R C K

B R E V E S♦ RUSSIE - C'est le 19 juillet,quatre-vingt ans jour pour jouraprès leur assassinat, que les restesdu tsar Nicolas II, de son épouse,de trois de leurs filles et de quatreserviteurs qui leur avaient été fidèles jusqu'à la mort, ont été inhumés dans le mausolée des Rcma-nov à Saint-Pétersbourg. Après denombreuses tergiversations, BorisEltsine était finalement présent etd é c l a r a : « C e s f i m é r a i j l e s s o n tune chance un/que pour Je peuplerusse de purger sa mémoire de i'undes épisodes ies pius sangianCs deson h is to i re ». En revanche,l'église orthodoxe russe refusant der e c o r m a ï t r e l ' a u t h e n t i c i t é d e s

dépouilles, avait délégué un simpleprêtre pour célébrer les obsèques.Ce dernier, sans jamais prononcerl e s n o m s d e s d é f u n t s s e c c m t e n t a

d'évoquer « ces serviteurs deDieu, dont Toi seui, Seigneur,c o n n a î t i e n o m » . P e n d a n t c e

temps, le patriarche Alexis avait,de son côté, organisé une cérémonie concurrente au mcmastére SaintSerge de Zaçorsk. La familleRomanov, toujours très divisée,s'était partagée : cinquante-deuxdescendants étaient présents àSaint-Pétersbourg, mais la grande-duchesse Maria et son fils le grand-duc George avaient choisi d'assister à la cérémonie de Zagorsk.♦ GRANDE-BRETAGNE - Unan après la mort de la princesseDiana, son époux le prince Charlesa reccmquis une popularité quiavait été très mise à mal parl'étalage de ses démêlés conjugaux. Aujourd'hui 63 % des Britanniques (contre 46 % l'an dernier) considèrent qu'il remplit bienses devoirs et 54 % (40 % il y aun an) d'entre-eux qu'il fera unb o n r o i . M ê m e s a l i a i s o n a v e c

Camilla Parker Bowles semble êtreacceptée puisqu'aujourd'hui 50 %de ses futurs sujets pensent qu'ilpourra mcMiter sur le trône en casde remariage alors que 70 % estimaient naguère le contraire.♦ IRLANDE - Quelques joursaprès le terrible attentat d'Oinaghen Irlande du Nord (28 morts, 220blessés) le prince Charles « bouie-versé et horrifié » est venu rendrehommage aux victimes et réconforter les blessés.♦ BRUNEI - Le 10 août, au coursd ' u n e c é r é m o n i e f a s t u e u s e e tdevant quatre mille invités, Hassa-nal Bolkiah, sultan de Brunei, ainvesti son fils aîné, le princeBil lah (24 ans) comme princehéritier. Indépendant depuis 1984,le richissime sultanat de Brunei estu n e m o n a r c h i e a b s o l u e . S e s220 000 habitants, grâce auximmenses revenus du pétrole, neconnaissent pas les impôts et bénéficient de l 'éducat ion et des soinsmédicaux gratuits.♦ LAOS - Le South China Morning Post, rapportant les observations de l 'anthrqpologue GrantEvans, indique que dans le coeurdes Laotiens la famille royalethaïlandaise aurait pratiquementpris la place de celle du Laos :« dans ies magasins, dans iesentreprises et dans ies maisons, iescaiendriers à i'efîïgie de ia fami/Jeroyale de BhumtboJ Adulyadej trônent à i'endro/t que J'on réservaithier à Savang Vatthana et auxsiens ».

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Page 4: Amérique A dans la presse Appel - Archives royalistes

pOUT son 90®a n n i v e r s a i r e - i le s t e n e f f e t n é l e5 juillet 1908 -I c'est le Prince

qui a fait un cadeau auxFrançais : un entretiendonné au journal Le Figaro.Là, nous rappelant « lesleçons millénaires de laMaison de France », selonl'expression du général deGaulle, son chef définit lesmenaces qui pèsent surl' indépendance et l 'existencede notre nation en tant quetelle. Et il invite les Françaisà u n e r é v o l t e n é c e s s a i r e .

■ " a F r a n c e r e t r o u v e r a s al i b e r t é e n s e r é v o l t a n t » :

«c'est bien dans Le Figaro du4-5 juillet dernier que s'étale^ en pleine page, en guise de

titre, cette phrase tirée del'entretien donné par le comte de Parisau quotidien. Oui, notre Prince, chef dela Maison de France depu is p rès de50 ans, invite bien, en ce début d'étémorose et pluvieux, les Francis à serévolter pour recouvrer leur liberté. LaFrance l ' a donc t - eUe pe rdue , ce t t eliberté, c'est-à-dire, en un mot a-t-elle vudisparaître son indépendance et sa sou- 'veraineté ? Les Français n'ont-ils doncplus la maîtrise de leur destin ? Déjà, enavril, le comte de Paris avait, dans unappel aux Français que publiait le mêmequotidien, invité ceux-ci à se ressaisir età « ne pas renoncer à Ja France » : ilexigeait im référendum pour la ratificat i o n d u t r a i t é d ' A m s t e r d a m . L e P r i n c e adécidé de réitérer son message auxFrançais : car la forme de l'entretien nedoit pas tromper. C'est un messaged'une gravité particulière que le comtede Par is nous adresse, à l 'heure oùl'avenir à la fois politique, économiqueet social de notre pays est si incertain : àl'heure où c'est notre existence en tantque communauté souveraine et libre quiest remise en question. C'est un messageroyal.

Pourquoi tant d'inquiétude ? Parce quela France, à la veille d'entrer dans l'euroet le traité d'Amsterdam, risque dedevenir simplement « ia province d'ungrand magma dit européen », ce dont, lePrince en est convaincu, les Français neveulent pas : ils « veulent vivre etdemeurer Français ». Mais le pays qui aconnu durant tout le siècle, un siècledont le Prince fut un témoin privilégié,« une profonde modif ication » de ses« s t r u c t u r e s s o c i a l e s » o f f r e a c t u e l l e

ment peu de résistance à une entreprisede déconstruction nationale. « La constatation que nous pouvons faire est quecette grande mutadon, non prévue niorganisée » et qui s'est traduite essentiellement par la désertification des campagnes ^ « la dramatique saignée de lagueme de 1914-1918 » dont aujourd'huie n c o r e o n m e s u r e d i f fi c i l e m e n t l e sconséquences intellectuelles, sociales etéconomiques, que cette grande mutationnon prévue ni organisée, donc, « nousconduit aujourd'hui à une population deplus de 10 % de chômeurs. A-t-onmesuré cette évolution à la lueur desexpériences historiques ou politiques ? », interroge le Prince. Or cetteabsence d'analyse, au plus haut niveau,de la situation sociale de la France et deson évolution a des conséquences dramatiques car « nous marchons aujourd'huisur des f>ositions doctrinales et politiquescomplètement inadaptées, incapables derésoudre les problèmes de notre époque ». Il ne s'agit certes pas d'xmedécadence, même si l'on observe consé-quemment « un refus apparent desvaleurs fondamentales de la France, dontla famille était la base essentielle, et quiont perdu leur jx>ids social et politiqued'autrefois » : mais les « modificationsdes structures sociales dont j'e jaarledevaient s'opérer. Elles se sont malfiites ». Et le Prince d'accuser l'absencede réflexion dans les milieux responsables, une absence qui malheureusementse fait ressentir dans les politiques quisont menées, majorités se succédant.« S] bien qu'aujourd'hui, poursuit lePrince, nous constatons un déséquilibrefondamental entre les nécessités politiques et les aspirations des citoyens à laliberté : on sent bien qu 'ils veulentpcuticijjer à la gestion du pays par toutesles formes du dialogue, mais qu 'ils nesont pas satisfaits, car rien n 'est prévu

pour réglementer ou codifier ces échanges d'opinions ».

Seul le comte de Paris, indépendant detoutes les factions ou querelles partisanespouvait analyser de façon aussi dramatique et lucide la situation actuelle sansrien gommer des raisons, et des conséquences. La vacuité du domaine poUtiqueentre une gauche inexistante (« elle esttellement n'en qu'elle se dit « plurielle », c'est-à-^ire composée de plusieurs fractions [...] qui ne constituentpas pour autant un ensemble cohérent »), et une droite à laquelle il« manque d'avot su « digérer » lesévolutions de la société » et qui s'enfer-mant dans « les combinaisons politiques » se coupe ainsi « des aspirationsprofondes de l'opinion française » créeune situation de « crise profonde » : lesFrançais, comme nous le pensons également à la Nouvelle Action royaliste, nesavent plus à la fois où va le pays et surquoi s'appuyer, le politique et l'Étatfaisant défaut : c'est-à-dire, les instancesfaites pour définir un projet et le mettreen œuvre. L'Europe ? Le projet européen est bien plutôt caractérisé par lafuite en avant : « La mormaie uniquerej'ette artificieEement l'Europe et laFrance dans une impasse catastrophique.Pour les Européens pressés, l'urgence estd'imposer un État fédéral unifié. Si onveut le A i re , E faudra i t un coup debaguette magique pour créer un Étatcommun » dont il n'existe aujourd'huique des « embryons » (des assemblées)« qui ne constituent pas un État de faitn i d e d r o i t » . O r e n l ' a b s e n c e d ' i m e

Europe politique qui reste pour l'instantà l'état de vœu pieux, va s'instaurer lecarcan bien réel d'une monnaie xmiquequi « revient à dépouEler » les nationsde leur monnaie respective au bénéficed'un « euro, lui-même dirigé par une oudes banques mondiales anonymes et

«■ vagabondes ». Or là, c'est l'héritierde mille ans d'histoire qui parle et nousenseigne : « Perdre notre mormaiesigniÉerait nous asservE à la puissanceincontrôlable et prépondérante del'argent, ce qui serait radicalementcontraire à i'intérêt général de la France.C'est ce que j'e veux dire aux Françaisavant qu'ils ne se précipitent dans legouffre d'où l'on ne revient que meurtriet exsangue ».

-̂elle d'ailleurs conciliable avec cettedémocratie dans laquelle nous vivons,rappelle le Prince, cette « volonté technocratique de précipiter les étapes », etfinalement d'imposer aux Français, avecl'euro, avec Amsterdam, des décisionsdont ils ne connaissent pas tous lestenants et les aboutissants, la classepolitique refusant d'organiser un référendum où chacun devrait pouvoir clairement expliquer les enjeux ? Si du moinscessait e^m le « martelage médiatiquepropre à triturer la cerveEe des élect e u r s » .Puis le comte de Paris souligne le rôle

nécessairement arbitral de la fonctionsuprême ; « en politique, quels quesoient les régimes, y compris la démo-crade, on a besoin au sommet de l'Étatd'j'P arbitrage et d'une jjersorme quiré^uEibre les forces de diversion, deséparatisme, de divisions inutEes. Cepouvoir d'arbitrage a été l'invendon desCap/édens. Leur grande itmovadon, c 'estd'avoir résolu, très tôt dans l'Histoim, leprobité de l'Instabilité poEdque, économique et culturelle de la France. Nonde façon rigide, mais soEde, en installantau sommet un système qui ne permettaitni à l'élecdon ni aux mouvements pass ionne ls de d iv iser la tê te ou de laséparer de la nadon ».

Evoquant sa succession, le chef de laMaison de France précise que son titrereviendra à l'actuel comte de Clermont :

c e l u i - c i d e v i e n d r a l e n o u v e a u c o m t e d eParis, tandis que celui de comte deClermont passera à son fils. Ces titresremplaçant, provisoirement nous l'espé-

^rons, « ceux de dauphin et roi ». Celaétant clairement dit, le prince fixe latâche de son successeur : « Si le dest inveut qu 'Eprenne des responsabilités plus

grandes, ce sera avec les Français et end é m o c r a d e . L e c h e f d e l a A f a i s o n d eFrance doit touj'ours rechercher l'intérêtgénéral de la France et se refuser àdéfendre des intérêts pardcuEers ou partisans. Il y aurait de graves confusions àne pas démêler avec précision l'Intérêt dela France des intérêts privés, si nobles oumême désintéressés soient- i ls ». Tel le estbien le propre de la tradition capétienne,telle que le prince la résume et telle qu'illa rappelle à travers quelques grandesfigures de rois - celle de Saint Louis, quia toujours défendu la France « mêmecontre l'Église », de Louis XI, fmmanœuvrier, de Henri IV, le roi de l'éditde tolérance, de Louis-Philippe, auquel ila malheureusement manqué son fils ainé.

Enfin, le comte de Paris s'est livré àune réflexion sur l'héritage capétienauquel « sauf de GauEe, sûrement, parcequ 'il en avait compris toute la responsa-blh'té et toute l'ampleur » aucun desquatre autres présidents de la V= République ne sut rester fidèle. Pour l'heure,il y a l'euro et Amsterdam, alibi de tousnos abandons, et qui provoquera« s imul tanément » la dest ruct ion de

l'Europe et de la France : tandis que« l'Europe survivra un certain tempsgrâce à la puissance de l'aigent », laFrance « aura jaerdu l'essendel de sa vienadonale. Car, avec la monnaie unique etle traité d'Amsterdam, son complémentpoEdque, Es 'agit de tout autre chose quedes délégadons de compétences ou desabandons de souveraineté déjà consentis.Il s'agit des racines mêmes de la souveraineté des Français et de leur Eberté dedécider, pour lesqueEes Es se sont sisouvent battus. Une nadon n 'existe quedu Jour où elle bat sa monnaie et rend la

Justice, la sienne ». Face à cetteéchéance nullement inéluctable, auxFrançais de se lever pour dire non :« La France retrouvera sa Eberté en ser é v o l t a n t » .

A x e l T I S S E R A N D

Sur s imple demande de vot rep a r t n o u s v o u s e n v e r r o n s l et e x t e c o m p l e t d e l ' e n t r e t i e nd o n n é a u F i g a r o l e 4 j u i l l e tainsi que celui de l'appel « Nerenoncez pas à la France »paru dans le Figaroûm 21 avril.

Merci de joindre quelques timbres pour couvrir les frais.

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Hommaae

C u r i e u xPierre Boutang

De 1955 à 1967, Pierre Boutang assura la direction de l'hebdomadaireLa Nation Française avait fondé. Yves La Marck, qui l'a connu

à cette période, évoque l'attention toute particulière qu'il portaità la politique étrangère.

Quand Pierre Boutangm ' a a c c u e i l l i , i l y aquelque trente-deuxa n s , r u e C a d e t , a umarbre où il corrigeaitles dernières épreuves

de La Nation Française, puisau déjeuner hebdomadaire quisu iva i t t rad i t ionne l lement , i lavait l 'âge que j'ai atteintaujourd'hui. Peut-être, aucours de la dernière décennie,avait-il délaissé la politiquepour se consacrer totalement àson œuvre phi losophique,mais chaque fois que j'essaiede commente r l ' ac tua l i t é é t ran

gère, je me demande pourtanttoujours ce qu'il en auraitpensé.

En réalité, je comiais souventla réponse et ce n'est pas parprésomption. Les souvenirsabondent. La première « Politique » que j'ai lue, à l'été1964, découvrait, à contre-couran t de tou te l a p ressefrançaise, les idées de BarryGoldwater, candidat inattendudu parti républicain contreLyndon Johnson, l'ex-colistierde Kennedy (1). Goldwatere s t d é c é d é r é c e m m e n t ( u nm o i s s e u l e m e n t a v a n t P i e r r e

Boutang) et il est tout à faitinstruct i f de comparer sanécrologie avec l'analyse queLa Nation Française publiaittrente-quatre ans plus tôt !

« L 'autre Amérique » décrite par Boutang, il l'avaitdécouverte, lui, dès 1949, dansFaulkner dont il fut le premierà traduire quelques chapitres

d'« Intruder in the dust ». 11 atoujours crié casse-cou devantles prétentions - pour reprendre un autre Américain, EdgarA l l a n P o e - à f o n d e r l a« démocratie universelle » endépit des « lois de gradat i o n » . B o u t a n g é t a i tconvaincu de l'incapacité de laconstitution américaine à traiter le problème noir et, parextension, de l'Amérique- « concessionnaire de la planète », disait-il à l'époque - àrésoudre le problème de lapauvreté dans le monde, àcommencer parl'AMque quilui était si chère.

Pe rsuadé de la nécess i téd'une mutation de l'Amériquelibérale, il était égalementconvaincu de « la conversionde la Russ ie » . E t i l ava i tdémythifié, vingt ans avantqu'un obscur consultant duPentagone (Fukuyama) mettele sujet à la mode, « la Fin del'Histoire ». 11 renvoyait dos àdos les deux prétentions, communiste et libérale, à finirl'Histoire. Après la « métamorphose » des deux, resterait la Chine. Si Goldwaterl'intéressait, ce n'était pas seulement à cause de son approche « réaliste » de la « déségrégation » raciale, maigparce qu'il rendait crédible lavolonté de détruire à la racinela puissance nucléaire chinoisenaissante, seule « menace »capable selon lui de changer lecours de la guerre du Viêt-nam. En août 1965, dans un

dialogue avec James Bumhamd a n s l a N a t i o n a i R e v i e w,organe de réflexion de ladroite américaine (2), Boutang entrevoyait, en pleinerévolution culturelle chinoise,la « puissance communiste »,dans « vingt ans », « étayéep a r l a b o m b e c h i n o i s e » .Alors, écrivait-il, « quelque7 5 m i l l i o n s d e N o i r s e n f u r i e

paralyseront les États-Unis. Etles communistes européensau ron t t r ouvé , même s i l aR u s s i e c e s s a i t d ' ê t r e c o m m uniste (souligné), une solution àl e u r a c t u e l l e c r i s e d e c o n sc i e n c e » . « D a n s v i n g tans » : en 1985, commençait« l'ère Gorbatchev », pourlaquelle nous disposions pourl'apprécier de ce qu'il avaité c r i t d e l ' è r e K h r o u c h t c h e v e tdu sch i sme russo -ch ino i s . Lesr é c e n t s e s s a i s n u c l é a i r e sindiens et pakistanais et ledialogue stratégique naissants i n o - a m é r i c a i n j u s t i f i e n ta u j o u r d ' h u i c e r e t o u r e nar r iè re .

Somcier, Boutang l'était àt o u t m o m e n t . C e t a u t r e e x e m

ple entre tous : Jabotinsky. Aime terrasse de café, je lerevois me parlant avec délectation d'une thèse qu'un de sesé t u d i a n t s c o n s a c r a i t à c e« nationaliste juif ». Quelques années plus tôt, j'avaiscompris ses raisons pour ledernier combat qu'il mena àLa Nadon Française - avant ladramatique disparition de cetrop original et trop libre

organe de pensée - en faveurd ' I s r a ë l c o n t r e l a d é c i s i o n d u

général de Gaulle dans laguerre des Six Jours, mais jene les partageais pas. Il mesemblait qu'il avait peut-êtreraison en politique chrétienne(comme il la concevait : nonau sens de l 'Écri ture saintem a i s d e t o u t e p o l i t i q u e« modifiée » par le Christ)mais non en politique positive,au plan de l 'Histoire et nonpar rapport au jeu de la Franced a n s l e m o n d e . L a s u i t e n o u srévéla un autre Israël, totalement occulté jusqu'à la victoire du Likoud en 1978, celuides fils de Jabotinsky, dont lepère de Netanyahu fut lesecrétaire. Et c'est quandl 'État d ' Israël renonça àl ' image « mora le » quel'Europe se faisait de lui, qu'ils'affirma nationaliste positif,que, par un apparent paradoxe,i l donna ra i son à Bou tangrétrospectivement pour 1967.

S i n o u s n ' a v o n s c o n n uMaurras, et singulièrement« Kiei et Tanger », qu'à travers lui, c'est parce qu'il a étécelui qui a le plus aiguisénotre « curiosité », à partir ouà c ô té d u m a î t r e d ' A c t i o n -Française, pour d 'aut resgrands esprits qui, selon lui,l ' a u r a i e n t « f é c o n d é » , e tqu'il découvrait hors deFrance dans toutes les partiesdu monde (ce terme il l'avaitemployé par rapport à Maurras à propos du poète anglo-américain T. S. Eliot). PierreBoutang était « curieux » parexcellence. Il justifia ainsi sonvote pour de Gaulle au secondtour de l'élection présidentiellede décembre 1965 ; « parcuriosité » pour la suite del'Histoire et pour que l'Histoire continue. Il nous reste àf a i r e e n s o r t e q u ' i l n edevienne pas lui-même dans lemonde de demain qu'une« c u r i o s i t é » .

Yv e s L A M A R C K

(1) Dans la NaU'on Française « LaPolitique » était le titre de ia rubriquehebdomadaire où Pierre Boutang commentait l'actualité. Celle dont il estquestion est datée du 22 juillet 1964.(2) A signaler l'intéressant Que saisie ^récemment paru sur Le Conservatisme américain de Nicolas Kessler

(prix franco : 47 F).

Royaliste 7128

dees

P i e r r e

Boutang

orsqu'on perd un maître qui fut aussi un merveilleuxami, on souhaiterait que le travail de deuil se soitsuffisamment prolongé pour sortir de son silence. Cesilence fut-il peuplé de souvenirs qui m'ont a.ssailli

J ces mois d'été, à la pensée de celui que je pleurais.Mais parmi ces souvenirs, je revois

Pierre Boutang m'expliquant qu'à la suitede la mort de Jean Wahl, Gabriel Marcelmaîtrisant son émotion avait, sur le champ,pris la plume pour rendre hommage àl'œuvre du disparu. Le devoir commandedonc, autant que l'amitié, pour tenterd'exprimer notre reconnaissance à une personne qui nous a tant donné et tant appris.

Il y avait l'homme d'abord. Sa force deconviction s'incarnait dans un physique defonceur, dans une parole rythmée, subtile,avec des accents de douceur quasi fémininequi étonnaient chez un être aussi viril. Direqu'il était brillant ne suffit pas. Le géniel'habitait depuis son plus jeune âge.J'entends Maurice Clavel nous expliquant- à Bertrand Renouvin et à moi - le face àface de Socrate et Platon : « Platon à cemoment, c'était Boutang à dix-huit ans ».Le normalien l'avait ébloui. Et Sylvia Monfort me confirmaitcette impression produite sur le cadet, qui n'avait eu de cessed'imiter l'aîné. Même impression de Louis Althusser quidans ses Mémoires évoque : « le passage iulgurant » deH'iutang au lycée du Parc à Lyon avant qu'il ne prennelui-même sa succession comme cacique royaliste.Mais tous les dons du ciel n'auraient pas suffi, sans une

volonté et un edios qui lui faisait choisir toujours le plusdifficile. Il ne pouvait supporter que les pensées fortes, nonpas au sens nietzschéen, mais celui de l'exigence de l'esprit.Reconstituer la genèse de son immense culture dépasseraitmes possibilités. Mieux vaut tenter des hypothèses ou desincursions. Le jeune homme qui découvre sa vocationphilosophique est déjà investi de la tâche politique qu'il ahéritée de son père, libre maurrassien. Lui-même ne pourrajamais se débarrasser du poids redoutable du maître del'Action française. Il l'a écrit dans son Maurras et il n'y aaucime raison d'en douter. Il a toujours pensé avec lui,pensé aussi ses différences avec lui plutôt que contre lui.Tout de suite, il réfléchit à la jxtlidque comme souci Celan'a rien à voir avec la coquetterie d'un normalien quivoudrait formuler sa synthèse heideggero-maurrassienne.Dans ce souci-là il y a la nécessité d'en fmir une bonne foisavec un positivisme qui avait pu avoir autrefois une utilitétactique mais qui désormais empêchait le libre essor d'unepensée de la nation et du roi. L'idée de naissance, avec sadensité ontologique, lui permet de surmonter les déterminis-mes aveugles. Elle renvoie déjà au soupçon d'un lienprovidentiel, à une grâce, et plus avant à une méditation surle don de paternité. Lui qui s'était cru, pendant un courtmoment, spinoziste redécouvrira le christianisme comme

par Gérard Leclerc

l'horizon de tous ses vœux et de ses correspondances lesplus secrètes.

Jusqu'au terme de son existence, la tâche politique et lavocation philosophique seront chez lui en tension. Il faudrad'ailleurs que la première cède à la seconde pour quel'éditorialiste de La Nadon Aançaise laisse pleinements'épanouir l'auteur de V Ontologie du secret et de VApocalypse du désir. Le travail écrasant du joimialisme ne luiaurait pas permis ce que le loisir du professeur lui accordaiten disponibilité de l'esprit. Le Blake, au tournant des annéessoixante-dix annonçait la suite des grands livres qui luipermit d'être égal à son génie. Conmicnt dire la manièreBoutang, à son akme 1 II faut déjà compter avec le styled'un mouvement étonnant, baroque, gonflé de réminiscencesépoustouflantes, d'une beauté qu'avait reconnue Paulhan,l'homme qui ne se trompait pas. Et puis il y a lepenseur-métaphysicien et les conmientaires platonicienstantôt, puis aristotéliciens qui défiaient les plus grands, sanspeur d'atterrir jusqu'aux modernes les plus féconds telHusserl. Et comme naturellement, sans avoir besoin d'avoirreçu le conseil de Heidegger, le recours aux poètes, Scèveou Rimbaud, Blake ou Rilke, La Fontaine ou Dante, lui

permet ta i t d 'entrer dans la demeure del'être, d'opérer cette éclaircie qui n'appartient qu'à de très rares. C'est bien pourquoi,cet autre qui ne se trompe pas, Steiner,l 'ava i t auss i reconnu.

11 y a peu de philosophes qui dans cesiècle ont entrepris ce qu'il a fait, cettealliance des genres qui ne tourne jamais à laconfusion. Il ignora toujours les prudenceset les habihtés d'un monde qui avilit. Cetteaudace transposée dans le domaine suprêmede la pensée lui permettait d'ouvrir laphilosophie à la théologie, sûr qu'il était quel'avènement du christianisme avait libéré lapensée au-delà des filets de sécurité quiempêchaient la saisie de l'essentiel. L'essentiel, c'est-à-dire l'homme à sauver. Dans ununivers démocratique, en dépit de la critiquemaur rass ienne i l n 'ava i t nu l le env ie de s 'enprendre, comme les réactionnaires un peu

courts, aux droits de l'homme, mais magnifiait la dignité decet homme comme aucun démocrate n'aurait pu le faire.L'idée de la monarchie qui était la sienne, la famille deFrance qu'il servait, le renvoyaient au modèle de l'hommecouronné qui est l'image même de l'homme Ubre et laréférence de tous ceux qui participent analogiquement àl'autorité, à la paternité, à la responsabilité dans une sociétéde droit certes, mais qui laisse aussi un espace aux« anarchies nécessaires ». Il faudrait ajouter ce qui en luiétait révolte permanente contre l'injustice au front detaureau, sa défense du pauvre et de l'humilié, sa pugnacitélibertaire pour faire bouger le désordre établi. Celui qu'unepropagande imbécile avait voulu faire interdire de Sorbonne,s'y révélait au cœur de l'institution comme le plus« gauchiste » de tous.

On a beaucoup parlé de ses duretés et de ses intransigeances. Mais ceux qui les lui reprochaient en étaient-ilsindemnes ? Quand il s'était trompé, il ne craignait pas d'enfaire l'aveu. Lorsqu'il répudiait l'antisémitisme de sonavant-guerre, il ne le faisait pas en vertu d'un opportunismequ'il méprisait mais parce qu'il avait reconnu le mystèred ' I s r a ë l e n s e m e t t a n t à l ' é c o l e d e s m e i l l e u r s d e s e s f i l s .Ceux qui crurent lui jouer un mauvais tour en l'envoyant en1967, professeur de philosophie en plein quartier juif n'ontpeut-être jamais su quelle chance ils lui avaient offerte, carr a r e m e n t o n v i t t e l l e c o n n i v e n c e e n t r e m a î t r e e t é l è v e s !Comment l'oublier, lui et son œuvre 1 Elle ne fera quegrandir au fur et à mesure que des générations nouvellespourront, grâce à elle, entrer dans l'aventure vraie de lapensée et de la vie.

Royaliste 712

Page 6: Amérique A dans la presse Appel - Archives royalistes

Polar

V i e n s

Poupoulpe,v i e n s . . .

- ■ 1 n'est sans doute pasnécessaire de présenterle Poulpe, ce héros quitraque les vilains messieurs fachos qui pullul e n t e n n o t r e d o u l c e

France. En quelque sorte, lal u t t e d u c a l a m a r c o n t r el'hydre, ce qui ne manque pasde tentacules et même, ô paradoxe, de piquant.

Pourtant, avouons-le, il finissait par nous lasser, le céphalopode de gôôôche, avec sesr é f l e x i o n s d e D u m i t i d e scomptoirs, sa pétasse en roseb o n b o n , e t s o n v i e u x z i n chéroïque - républicain espagnol - no pasanm (mais sontpassés quand même), qu'iln o u s b i c h o n n e c o m m ed'aucuns tondent leur pelouse,ta iUent leurs hortensias ou fontreluire... leurs nains de jardin.Barricadé dans ses certitudes,il la ramenait un peu trop :une leçon s'imposait. Elle estvenue d'outre-Quiévrain.

Les Belges ont la plumetruculente, et un très très trèsmauvais esprit. Ils s'y sontmis à trois pour tremper lepoulpe dans leur aquariumnational où, précision pour lesFrançais franchouillards, lespédophiles ne .sont pas lesseuls requins. Et notre justicierlibertaire, noyé (c'est le comble !) sous un flot d'hémoglobine et de calembours, va yperdre ses repères. Appâtéconune un débutant, manipulécomme une marionnette, il vaœuvrer pour la plus grandegloire du Roi et de la Nation,sans s'apercevoir de rien (oupresque) ! Tout à fait jubila-to i re . . .

Ca s'appelle « Du Pont Liégeois ». C'est signé Deleixhe,D e l h a s s e e t L i b e n s . F u m e ,c'est du belge !

Félix MARIOL (alias P.P.)Deleixhe. Delhasse et Libens - « LePoutjK - Du Pool Liégeois ». Éd.Baleine. 130 p. - prix franco : 44 F.

Fric-frac

U n b a n d i t d ' h o n n e u r

Qui était Alexandre Jacob ? Un homme,pleinement un homme, qui toujours revendiqua

sa liberté et jamais n'abdiqua sa dignité. Larévolte était son drapeau, la justice son combat.

N' é à Marseille en 1879,A l e x a n d r e J a c o bc o n n a î t t r è s t ô t ,témoin et v ict ime,l ' h ypoc r i s i e d ' une

société qui, derrière le minceparavent de la bonne conscience, érige en vertu l'exploitation de l 'homme et fait ducoffre-fort l'autel du seul dieuqu'elle vénère : l'argent. Iln'aspirait à rien d'autre qu'unpeu de respect et un honnêtetravail, mais les toujours trèszélés agents de l'État en décideront autrement. En effet, cejeune garçon a des sympathieslibertaires et, en cette fm desiècle où explosent de-ci de-làquelques bombes vengeresses,on ne les aime guère lesanarchistes, on a même votédes lois spécialement poureux. C'est le cycle infernal :la maréchaussée perquisitionnechez ses parents, intimide sespatrons, l'interpelle pour unoui ou pour un non. Une fortetète ? Réduisons-le à la misèreet, peut-être que jeté dans leru isseau rev iendra- t - i l à demeilleurs sentiments. Quellee r r e u r !

S o u s l e t i t r e « L e s V i e sd'Aiexandie Jacob », BernardThomas vient de publier unebelle biographie de cet irréductible insoumis. 11 retraceavec talent les combats et lesexploits d'un homme quin'usurperait pas le nom dehéros, tellement son courage,dans les circonstances les plusvariées et les plus extrêmes,force l'admiration. La Sociétéavait déclaré la guerre au sieur

Alexandre Jacob, i l rendrai tc o u p p o u r c o u p e t s o n e x e mple susciterait une émulationredoutable. Il se fit l'apôtre dela reprise individuelle, unethéorie alors très en voguedans les milieux anarchistes(Darien l'expose dans « LeVoleur ») selon laquelle voler

les riches, ce n'est jamais quevoler des voleurs et donc fa i reacte de justice, pourvu que lelarcin profite aux plus déshérités et à ceux qui les défendent.11 mit alors sur pied une desplus efficaces organisations decambrioleurs que la France aitconnue , l e s Trava i l l eu r s de l aNuit, qui soulagea de leurcoquet superflu, aristocrates,militaires, magistrats, curés, etautres bourgeois rentiers, tousassimilés à des brigands. Mais,lorsque pillant la demeured'un certain lieutenant de vaisseau Viaud, il s'aperçut qu'ils'agissait de Pierre Loti, nons e u l e m e n t i l fi t r e m e t t r e l e smeubles en place, mais encorelaissa-t-il un peu d'argent pourla réparation du carreau brisé.L e l i v r e d e B e r n a r d T h o m a sfourmille de ces anecdotes quivous posent un homme.

Évidemment, tout cela fmitm a l . A r r e s t a t i o n . P r o c è s .A l e x a n d r e J a c o b fi t d u t r i b unal une tribune où son sens dela répartie fit merveille. Unjeune journaliste, MauriceLeblanc, assistait au procès, ily trouvera l'inspiration pourun futur personnage : ArsèneLupin. Mais Alexandre Jacobest d'une toute autre trempeque l'infatué gentleman-cam

brioleur, son combat est unc o m b a t r é v o l u t i o n n a i r e .Condanmation. Le bagne, enGuyane, aux îles du Salut. Il yrestera près d'un quart des ièc le .

Une nouvelle vie commence,une nouvelle guerre aussi. 11s'agit cette fois de se battrecontre une barbarie institutionnalisée, un enfer voulu par deshommes pour d'autres hommes. Il y survivra et contribuera largement à en faireconnaître les atrocités.

En fin, de retour en métropole, il connaîtra la vie libredu marchand- fo ra in , i l l um inant de bonheur les dernièresannées d'une mère toujoursadorée, et connaissant au crépuscule d'une vie qu'il abrégera, la fulgurance d'une pass i o n a m o u r e u s e . A l e x a n d r eJ a c o b e s t m o r t e n 1 9 5 4 .Citons, après Bernard Thomas,ces de rn i è res l i gnes d ' imenécrologie parue dans LeC a n a r d E n c h a î n é : « J e n edemande à personne de saluercet te mémoire n i ce caractère.Pour tan t , s ' i l se pouva i tqu'apportée par la brise unegraine perdue proEtât del'autoame pour Eeurir en hâtela tombe fraîche, jé dirais quela justice, c'est peut-être duvent ; mais qu'il y a dans levent quelque chose, un peu,d'une vraie Justice... ».

P a t r i c k P I E R R A N

B e r n a r d T h o m a s - « L e s V i e sd ' A I e . x a n d r e J a c o b » , M a z a r i n e ,365 p. - prix franco ; 120 F.

P o u r t o u s v o s

livres, faites appelà n o t r e

« service librairie »

Formation

P r e m i è r esess ion 98 /99

A Angers les 10 et 11 octobre se tiendra lapremière session du cycle de politique appliquée

pour 98/99. Son thème : « Pour une politiquenationale, comprendre et hiérarchiser les espaces

géopolitiques ».

1 année qui vient serae u r o p é e n n e , d umoins si l'on en croitle calendrier. D'où lan é c e s s i t é d e c o m

prendre comment il est encorepossible de définir une politique nationale, et même des'interroger en amont sur laquestion de savoir si cetten o t i o n a e n c o r e u n s e n s .Q u e l l e p o l i t i q u e d é f i n i raujourd'hui et pour demain enfonct ion de la nat ion ?D'où l'exigence de repenser

la hiérarchisation des cadresgéopolitiques, de l'infranatio-nal (risque d'explosion desrégions en dehors du cadrenational) au supranational(L'Europe, la mondialisation).

A D M I S S I O N

Rappelons que l'adhésion àla NA.R. est indépendante del'abonnement au journal etque les cotisations sont mensuelles et fixées en principe à2 % du revenu, étant bienentendu que ce montant n'estqu'indicatif et que les versements sont laissés à la libreappréciation de chacun. Laquestion fmancière ne devantpas devenir im obstacle àl'adhésion à la N.A.R.

Quant à nos lecteurs qui nesont pas encore adhérents,nous les engageons vivementà prendre leur carte. C'estencore la manière la plus efficace de nous aider, de renforcer la N.A.R., de rendre notreaction plus efficace et de fairecroître notre audience. Sur unsimple appel téléphonique(01.42 .97 .42 .57) nous vouse n v e r r o n s l a d o c u m e n t a t i o nn é c e s s a i r e .

Aussi si l'enjeu européenreprésente le cadre actuel denot re ré f lex ion, es t -ce pourmieux redéfinir le jeu de laF r a n c e à l ' i n t é r i e m d u v i e u xcontinent et dans le monde,afin que l'Union européennene représente pas pour notren a t i o n l e c a d r e d ' u n e d i l u t i o n

qu'aucun sens de l'histoiren'exige inéluctablement.

A x e l T I S S E R A N D

•a* Pr ix de la session : 350 F

(150 F pour lycéens, étudiantsou chômeurs).Renseignements complémentaires et inscriptions auprèsd'Axel Tisserand, 51, GrandeRue, 72200 La Flèche (tél. :02.43.94.47.32).

I N r i î K N A r i O N A I .

Nous lançons un appel à noslecteurs domiciliés à l'étrangerainsi qu'à tous ceux qui lisentrégulièrement la presse internationale afin qu'il nous fassent parvenir toutes coupuresde presse concernant aussibien les monarchies établies(discours du souverain, problèmes dynastiques, visitesofficielle, etc.) que les activitésdes prétendants ou des mouvements royalistes. Ceci nous estindispensable afin de complét e r n o t r e i n f o r m a t i o n e t d enous permettre d'alimenter larubrique de Royaliste consacrée au monarchies étrangères.Notre numéro de télécopie :0 1 . 4 2 . 9 6 . 0 5 . 5 3 .

De même communiquez-nous toutes les adresses desites Internet (concernant lesmêmes sujets) que vous pouv e z c o n n a î t r e .

S O U . S C R I P T I O N

D a n s n o t r e n u m é r o 7 1 0 d u15 juin dernier nous avionspublié une ultime liste despersonnes ayant répondu ànotre appel au secours et quinous avaient permis d'atteindre l'objectif que nous avionsfixé. Depuis lors nous avonsencore reçu des dons et nouspublions une nouvelle liste.Que tous soient remerciés sincèrement : grâce â eux Royaliste va pouvoir continuer sansréduire son rythme de parut i on .

5e liste de souscripteurs

E d m o n d B a u r 2 0 0 F - P i e r r e B e n i s t i100 F - G.B. (Hérault) 100 F -Christ ian Bru 200 F - Phi l ippe Cai l loux150 F - Dom Duarte de Braganoe1 0 0 F - R o b e r t e t S u z a n n e C h a t e i -

gner 100 F - Jacques Colonna 500 F-Philippe Delorme 250 F - Yves Flou-cat 100 F - François Francart 400 F-François Gerlotto 300 F - Isabel leHoudart 50 F - P.J. (Djon) 62 F -T.K.(Hauts de Seine) 25 F - Jean-LouisLegoux 200 F - Michel Paris 300 F -Yolande de Prunelé 100 F - DanielRomand 100 F - Jacques Roué-Daè-r o n 1 5 0 F - A l a i n S a i n t P a u l 2 0 0 F -Y o a n n S i d o 1 5 0 F - U n a n a r c h o -

royaliste du Maine 300 F - PhilippeTesson 250 F - Alain Théry 100 F -Laurent Veyrenc 50 F.

To t a l d e c e t t e l i s t e ; 4 5 3 7 F

Total général : 65 804 F

l . l i - D I i - l ' R A N C

La prochaine réimion mens u e l l e d e l a F é d é r a t i o n I l e -d e - F r a n c e a m a l i e u l e s a m e d i3 octobre de 16 h à 18 h dansles locaux du journal. Cetter é u n i o n e s t o u v e r t e à t o u sceux qui veulent aider âl'action de la NAR. Les sympathisants ou les nouveauxlecteurs sont tout spécialementinvités à venir prendre contactavec nous à cette occasion.

M l i R C R I i D I S D l i I . A N A R

^ A Paris, chaque mercredi, nousa c c u e i l l o n s n o s s y m p a t h i s a n t sd a n s n o s l o c a u x ( 1 7 , r u e d e sP e t i t s - C h a m p s , P a r i s f , 4 =é tage ) pou r un déba t avec unconférencier, persmmalité politique ou écrivain.^ La conférence cmnmence à 20heures t rès préc ises (accuei l àp a r t i r d e 1 9 h 4 5 - E n t r é e l i b r e ,ime participaticm aux frais de 10 Fest demandée), e l le s 'achève à2 2 h . U n e c a r t e i ^ ' a b o a n é d e smercredis' aimuelle (50 F) permetd 'assister gratu i tement à toutesl e s c o n f é r e n c e s e t d e r e c e v o i rc h a q u e m o i s l e p r o g r a m m e àd o m i c i l e .

^ Après la conférence, à 22 heures, un repas amical est servi pourceux qui désirent poursuivre lesd i s c u s s i o n s ( p a r t i c i p a t i o n a u xfiais du dîner 30 F).

• Les réunions reprendront lem e r c r e d i 7 o c t o b r e .• N o u s i n c i t o n s t r è s v i v e m e n ttoutes les personnes intéressées par les "mercredis" àp r e n d r e u n e " c a r t ed ' abonné" ( 50 F pou rl'année) qui permet d'assistergratuitement à toutes lescon fé rences e t de recevo i rchaque mois le programme àd o m i c i l e .

R l i l . l U R I i . S

♦ Nous mettons à la disposition de nos lecteurs qui désir e n t c o n s e r v e r l e u r c o U e c t i o ndu journal, une reliure pleinetoUe bleue frappée d'une fleurde lys et avec inscription« Royaliste » dorée.

Cette rel iure permet decontenir 52 numéros du journal. Elle est vendue au prix de97 F f r anco .♦ Nous disposons aussid'anciens numéros du journalpoiu- compléter les collections(prix franco : 17 F pièce).

Vendus aussi par année complète (300 F franco) de 1977à 1997 (sauf 1979).

Demande de documen ta t i onSi ce journal vous a intéressé, si vous désirez avoir plus de renseignementssur nos idées, nos activités, les livres et brochures que nous publions,remplissez le bulletin ci-dessous sans engagement de votre part.N o m : .

Prénom :

D a t e d e n a i s s a n c e : P r o f e s s i o n ;

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désire recevoir, sans engement de ma part, une documentation sur lemouvement royaliste. Buiietin à renvoyer à :

« Royaliste », 17, rue des Petits-Champs, 75001 Paris

Royal iste 7121 0 1 1

Royaliste 712

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Editorial

L ' h e u r e d e v é r i t é

F^ ace aux crises violentes

et multiformes qui secon juguent ac tue l le

ment (1), l'heure de vérité vabientôt sonner pour le gouvernement français. Après les proclamations réalistes, voici la violente réalité d'une, crise généralisée. Après les discours sur laméthode, voici le moment desdécisions cruciales qui doiventêtre prises par un Premier ministre qtxi est seul.

Solitude du vainqueur pardéfaut, puisque l'opposition dedroite n'en finit pas de sedét ru i re . So l i tude du che f d 'unsystème hégémonique qui reposesur tm Parti socialiste dévitaliséet sur des partenaires contraintsde se soumettre ou de dépérir.So l i t ude d ' un P rem ie r m in i s t r equi ne peut compter sur l'appuidu président de la République.

Cette solitude est d'autant plusangoissante que l'homme deséquilibres circonspects est désormais exposé à être roidementjugé. Ou bien nous avons affaireà un génie politique doué d'unmagnifique sang-froid, ou biennous sommes conduits par unaveugle volontaire affecté d'xmesurdité sélective. Tels sont lestermes, brutalement énoncés, du« pari » gouvernemental queDominique Strauss-Kahn a lui-même évoqué (2), en oubliantde dire que le peuple françaisforme la masse des parieursobligés.

L'audace de Lionel Jospinconsiste à garder le même« rythme », comme il l'ad é c l a r é à L a R o c h e l l e a umoment où la crise mondialelatente prenait une inquiétantetournure. Ce choix de la gestionéquilibrée se retrouve dans leprojet de budget pour 1999, quise fonde sur la perspective d'unecroissance soutenue et qui res

pecte le dogme libéral de laréduction du déficit . Cette bellec o n f i a n c e e n l ' a v e n i r t i e n t à u n e

analyse qui est serinée depuisdes mois : la crise asiatiquen'aura qu'une très faible incidence sur la France, car laconsommation des ménagesprend le relais des exportationsdans le cadre protecteur deV E u r o l a n d .

Il faut bien voir que ce schémasuppose une révision radicale dela doctrine ; alors que la mondial isat ion éta i t présentéecomme un phénomène inéluctable assorti de contraintes rigou

reuses et d'une soumission inévitable aux « marchés », nousapprenons tout à coup que noussommes des consommateursriches et libres, vivant dans un« espace » protégé des convulsions extérieures par sa cohérence monétaire et par la soliditéd'échanges qui s'effectuent pourl'essentiel entre pays de l'ouesteuropéen ! De surcroît, il semble que nous soyons passésd 'une « économie de l ' o f f r e »(libérale, privilégiant les entrepreneurs) à une « économie dela demande », grossièrementkeynésienne, et superbementétrangère aux convulsions bours ières e t aux mouvements desmonna ies . Ce renversementgénial de la perspective exige

que la ligne gouvernementalesoit maintenue par des hommesaux nerfs d'acier car il faut dansles prochains mois que quatrehypothèses prennent de lac o n s i s t a n c e :

- L ' a u g m e n t a t i o n d e l ademande des ménages prendrau n c a r a c t è r e s t r u c t u r e l a l o r squ'il s'agit pour le moment d'unphénomène récent et fragile : lechômage réel (qui touche prèsde sept millions de personnes)n'a pas reculé de manière significative, la précarité se développe, et une part des achats sefait par utilisation du découvertbancaire et par le recours auxcrédits de trésorerie, comme lem o n t r e u n e r é c e n t e é t u d e d el 'Observatoire de l 'endettement.

- Les banques françaises neseront pas gravement affectéespar l'effondrement de leurs partenaires asiatiques et par lesdébo i res des é tab l i ssementsfinanciers espagnols et allemands.

- Malgré son caractère virtuel,l'euro fera fonction de « l^u-clier » réel, alors que quinzemonnaies nationales continuentd'exister dans une Union européenne dépourvue de pouvoirmonétaire unique.

- L'économie française trouvera en elle-même son dynamisme - puisque le gouvernement, privé de ses moyensd'interventions classiques (parl'indépendance de la banque deFrance, par les privatisation...)utilise de manière très marginalele seul instnunent, budgétaire,qui lui reste.

Dans une situation critique, lechoix de l'inertie est toujoursjérilleux. Nous souhaitons quee gouvernement ne se trompe ni

dans son analyse ni dans seschoix car les conséquences d'unpari manqué seraient à touségards dramatiques.

B e r t r a n d R E N O U V I N

(1) cf. l'article de Sylvie Fer-noy en page 3.

(2) cf. Le Monde du 10 septembre, page 6.

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