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301 Revue scientifique Bourgogne-Nature - 24-2016, 301-309 article Amélioration des connaissances sur la répartition et le statut de la Sérotine bicolore Verspertilio murinus et de la Sérotine de Nilsson Eptesicus nilssonii dans les hautes Vosges (Lorraine) Giacomo JIMENEZ 1 Résumé La Sérotine bicolore (Vespertilio murinus) ainsi que la Sérotine de Nilsson (Eptesicus nilssonii) arrivent toutes deux en limite occidentale de leur aire de répartition en Lorraine. Malgré de nombreuses preuves de présence, le statut reproducteur de ces espèces n’a jamais pu être confirmé en Lorraine. Afin d’améliorer les connaissances sur leur répartition, du 20 au 28 juin 2015, la CPEPESC Lorraine a mené une étude dans les hautes Vosges, dans le secteur de Gérardmer – La Bresse (88). Cette étude mêlant recherche acoustique, capture et radiopistage a conduit à la découverte d’un important rassemblement de Sérotine bicolore. Le sexe des individus ainsi que la mixité avec une autre espèce reste encore à mieux définir. Selon les premières observations, il pourrait s’agir d’un regroupement de mâles. La présence de la Sérotine de Nilsson a également été confirmée sur la zone de recherche. L’étude n’a pas permis de confirmer le statut reproducteur des deux espèces. Mots-clés : acoustique, capture, radiopistage, swarming, ENFA. Improve of knowledge about distribution range of Particoloured bat’s (Vespertilio murinus) and Northern bat’s (Eptesicus nilssonii) in “Hautes Vosges” (Lorraine) Abstract Lorraine represent the western edge of Particoloured bat’s (Vespertilio murinus) and Northern bat’s (Eptesicus nilssonii) range. In spite of many presence’s proof, reproductive status of the two species has never been determined in Lorraine. To improve knowledge about their distribution, CPEPESC Lorraine organized a study in “Hautes Vosges”, more precisely near Gérardmer and La Bresse cities (88), from 20 to 28 june 2015. During this study we use acoustic research, capture and radiotracking methods. We discovered a large Particoloured bats’ colony. Bats’ sex and colony species’ composition have to be determined more precisely. We suppose it’s a male colony. Northern bat’s presence has been confirmed in the study area. Reproductive status of the two species hasn’t been proved during this study. Key words : acoustic, capture, radiotracking, swarming, ENFA. 1 CPEPESC Lorraine - 240 rue de Cumène - 54230 Neuves-Maisons - [email protected] 12 e Rencontres Bourgogne-Nature et 7 e Rencontres Chiroptères Grand Est Les Chauves-souris, une biodiversité toujours menacée !? > Nouvelles connaissances Introduction Une étude visant à améliorer les connaissances que nous avons sur deux espèces de chiroptères nordiques a été réalisée par la CPEPESC Lorraine du 20 au 28 juin 2015. Cette étude a eu lieu dans le secteur des hautes Vosges et plus précisément au niveau des communes de Gérardmer, La Bresse et alentours. Elle vise à définir le statut de la Sérotine de Nilsson Eptesicus nilssonii et de la Sérotine bicolore Verspertilio murinus dans ce secteur. Ces deux espèces sont en limite d’aire de répartition dans notre région. D’autre part, toutes les données récoltées durant cette période contribuent également à compléter les connaissances chiroptérologiques lacunaires sur ce secteur. Cette action s’inscrit dans le cadre du Plan Régional d’Actions en faveur des Chiroptères (PRAC), dans le volet amélioration des connaissances. Les résultats de cette étude multidisciplinaire mêlant acoustique, capture et suivi par radiopistage sont présentés dans cet article.

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301Revue scientifi que Bourgogne-Nature - 24-2016, 301-309

article

Amélioration des connaissances sur la répartition et le statut de la Sérotine bicolore Verspertilio murinus et de la Sérotine de Nilsson Eptesicus nilssonii dans les hautes Vosges (Lorraine)Giacomo JIMENEZ 1

RésuméLa Sérotine bicolore (Vespertilio murinus) ainsi que la Sérotine de Nilsson (Eptesicus nilssonii) arrivent toutes deux en limite occidentale de leur aire de répartition en Lorraine. Malgré de nombreuses preuves de présence, le statut reproducteur de ces espèces n’a jamais pu être confi rmé en Lorraine. Afi n d’améliorer les connaissances sur leur répartition, du 20 au 28 juin 2015, la CPEPESC Lorraine a mené une étude dans les hautes Vosges, dans le secteur de Gérardmer – La Bresse (88). Cette étude mêlant recherche acoustique, capture et radiopistage a conduit à la découverte d’un important rassemblement de Sérotine bicolore. Le sexe des individus ainsi que la mixité avec une autre espèce reste encore à mieux défi nir. Selon les premières observations, il pourrait s’agir d’un regroupement de mâles. La présence de la Sérotine de Nilsson a également été confi rmée sur la zone de recherche. L’étude n’a pas permis de confi rmer le statut reproducteur des deux espèces.

Mots-clés : acoustique, capture, radiopistage, swarming, ENFA.

Improve of knowledge about distribution range of Particoloured bat’s (Vespertilio murinus) and Northern bat’s (Eptesicus nilssonii) in “Hautes Vosges” (Lorraine)

AbstractLorraine represent the western edge of Particoloured bat’s (Vespertilio murinus) and Northern bat’s (Eptesicus nilssonii) range. In spite of many presence’s proof, reproductive status of the two species has never been determined in Lorraine. To improve knowledge about their distribution, CPEPESC Lorraine organized a study in “Hautes Vosges”, more precisely near Gérardmer and La Bresse cities (88), from 20 to 28 june 2015. During this study we use acoustic research, capture and radiotracking methods. We discovered a large Particoloured bats’ colony. Bats’ sex and colony species’ composition have to be determined more precisely. We suppose it’s a male colony. Northern bat’s presence has been confi rmed in the study area. Reproductive status of the two species hasn’t been proved during this study.

Key words : acoustic, capture, radiotracking, swarming, ENFA.

1 CPEPESC Lorraine - 240 rue de Cumène - 54230 Neuves-Maisons - [email protected]

12e Rencontres Bourgogne-Nature et 7e Rencontres Chiroptères Grand EstLes Chauves-souris, une biodiversité toujours menacée !? > Nouvelles connaissances

IntroductionUne étude visant à améliorer les connaissances que nous avons sur deux espèces

de chiroptères nordiques a été réalisée par la CPEPESC Lorraine du 20 au 28 juin 2015. Cette étude a eu lieu dans le secteur des hautes Vosges et plus précisément au niveau des communes de Gérardmer, La Bresse et alentours. Elle vise à défi nir le statut de la Sérotine de Nilsson Eptesicus nilssonii et de la Sérotine bicolore Verspertilio murinus dans ce secteur. Ces deux espèces sont en limite d’aire de répartition dans notre région. D’autre part, toutes les données récoltées durant cette période contribuent également à compléter les connaissances chiroptérologiques lacunaires sur ce secteur. Cette action s’inscrit dans le cadre du Plan Régional d’Actions en faveur des Chiroptères (PRAC), dans le volet amélioration des connaissances. Les résultats de cette étude multidisciplinaire mêlant acoustique, capture et suivi par radiopistage sont présentés dans cet article.

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Matériel et méthodes

Le choix de la zone d’étudeC’est le secteur des hautes Vosges aux alentours

de Gérardmer et La Bresse qui a été retenu comme site d’étude. Cette zone a été choisie en fonction de la bibliographie ainsi que des observations de Sérotines nordiques déjà connues. En effet, les deux espèces affectionnent les zones d’altitude. Les zones humides ainsi que les grandes masses d’eau semblent égale-ment jouer un rôle prépondérant dans la localisation de leurs gîtes estivaux ainsi que de leurs nurseries (PRESETNIK et al., 2013 ; JABERG & BLANT, 2003 ; VAN TOOR et al., 2011 ; SAFI et al., 2007 ; RYDELL & BAAGØE, 1994). Cette zone de grands lacs s’est donc imposée au regard de l’ensemble des informations préexistantes (carte 1).

Le protocoleLa session de recherche a été

organisée du 20 au 28 juin 2015. Ces dates coïncident avec la période théorique d’élevage des jeunes pour les deux espèces cibles (SAFI et al., 2007 ; DIETZ & KIEFER, 2015 ; ARTHUR & LEMAIRE, 2015). Nous avons choisi ce moment de l’année afi n de maxi-miser nos chances de découverte d’une nurserie.

Pour défi nir le statut de conserva-tion d’une espèce, il faut tout d’abord confi rmer sa présence. Pour cela l’identifi cation des chiroptères par leurs cris d’écholocation est la méthode la plus effi cace et la moins intrusive. Chaque nuit, des opérateurs munis de détecteurs d’ultrasons de modèles D240X et D980 (Pettersson Elektronik AB) ont prospecté les zones les plus favorables aux deux espèces cibles. Les écoutes commencent au cœur des villages pour essayer d’inventorier les chauves-souris lors de leurs premières séquences de chasse ou de détecter d’éventuelles sorties de gîtes (Valery ULDRY, comm. pers.). Les points d’écoute se succèdent ensuite toute la nuit, des trajets en voiture permettent de rejoindre les milieux les plus éloignés.

Afi n de maximiser nos chances de contact et de repérer les prochains sites de capture, des détecteurs-enregistreurs automatiques, quatre de type Anabat SD1 (Titley Electronics) ainsi que deux de type Song Meter SM2Bat+ (Wildlife Acoustics) sont dispersés sur la zone d’étude chaque soir. Ils sont disposés au niveau des endroits les plus favorables comme les pièces d’eau, les prairies ou encore les chemins forestiers aux abords de villages. Les enregistreurs sont récupérés au petit matin et les sons analysés succinctement dans l’après-midi. Les déterminations sont effectuées selon la méthodologie de M. BARATAUD (BARATAUD, 2012). Une analyse plus approfondie est effectuée après la phase de terrain.

Lors de l’étude, deux équipes d’au moins deux personnes effectuent des captures chaque nuit : Chaque équipe est constituée d’une personne habilitée à la capture et à la manipulation des chiroptères et titulaire d’une dérogation à la capture d’espèces

Giacomo JIMENEZ

Photographie 1. Bénévole munie d’un détecteur d’ultrasons.

Carte 1. Localisation de la zone d’étude.En vert, les Parcs naturels régionaux.

Bourgogne-Franche-ComtéBourgogne-Franche-Comté

Grand EstGrand Est

Zone d’étudeZone d’étude

Gia

com

o JI

MEN

EZ

303article > Amélioration des connaissances sur la répartition et le statut de la Sérotine bicolore Verspertilio murinus et de la Sérotine de Nilsson Eptesicus nilssonii dans les hautes Vosges (Lorraine)

protégées pour des fi ns scientifi ques, ainsi que d’un ou plusieurs assistants techniques. Des fi lets japonais de différentes longueurs maintenus par des cannes à pêche sont uti-lisés pour capturer les chiroptères. Les objectifs de ces captures sont dans un premier temps de rechercher le statut reproducteur des deux espèces cibles. Dans le cas d’une capture de femelle gestante ou allaitante, un suivi par radiopistage est effectué afi n de découvrir d’éventuelles colonies de mise bas. Etant donné la réputation des mâles de Sérotine bicolore à effectuer des regroupements de plusieurs centaines d’individus (VAN TOOR et al., 2011), un suivi par radiopistage est également effectué en cas de capture d’un mâle de cette espèce.

Le travail sur la nuit entière est privilégié car les espèces cibles sont rares et il est nécessaire de maximiser les chances de contact. La majeure partie de la journée est consacrée au repos, à l’analyse des données et aux repérages pour les prochaines nuits.

L’analyse des données Afi n de mieux comprendre les exigences écologiques des Sérotines nordiques, les don-

nées de présence de ces deux espèces sont croisées avec les variables environnementales.Dans un premier temps, les variables environnementales infl uant le plus l’écologie

des Sérotines nordiques sont répertoriées d’après la bibliographie. Sur la base de ces variables éco-géographiques, des cartes de distances aux habitats sont créées. Ces cartes s’appuient sur des bases de données préexistantes listées dans le tableau I. Ces différentes cartes sont réalisées grâce au logiciel de SIG Quantum Gis 2.10.1. Les rasters ainsi obtenus sont découpés et compilés. La carte fi nale à l’échelle de l’Alsace-Lorraine est composée d’un maillage de 1 km x 1 km.

Tableau I. Référence des variables utilisées pour l’ENFA

Variable (en m) Code Référence

Distances aux forêts de résineux FR Corine Land Cover 2006 (312)

Distances aux forêts mixtes FM Corine Land Cover 2006 (313)

Distances aux forêts de feuillus FF Corine Land Cover 2006 (311)

Distances aux zones urbaines lâches UL Corine Land Cover 2006 (112, 121)

Distances aux zones urbaines denses UD Corine Land Cover 2006 (111)

Distances aux zones agricoles intensives AI Corine Land Cover 2006 (211)

Distances aux zones agricoles extensives AE Corine Land Cover 2006 (221, 222, 231, 242, 243, 321)

Distances aux Masses d’eaux ME BDCARTHAGE (données Hydrographie surfacique 2006)

Altitude Alt IGN (MNT75)

Afi n de visualiser la différence entre l’espace utilisé par les Sérotines de Nilsson et l’espace disponible en Alsace-Lorraine, nous utilisons une analyse multivariée appelée l’Environmental Niche Factor Analysis (ENFA). L’ENFA est une méthode fondée sur le principe de la niche écolo-gique. Ce concept imaginé par Hutchinson en 1957 suppose que l’espace utilisé par une espèce donnée peut être représenté dans un espace multidimensionnel (HIRZEL et al., 2002 ; HUTCHINSON, 1957). Au centre de cette niche écologique, les valeurs pour chacune des variables sont optimales pour la pérennité de l’espèce considérée ; plus on s’en éloigne plus la viabilité de l’espèce est remise en question (fi gure 1).

Figure 1. Schéma explicatif de l’ENFA

Variablesécogéographiques

Espaceécologiquedisponible

Axe despécialisation

Espace écologiqueutilisé par E. nilssonii(niche écologique)

304 Revue scientifi que Bourgogne-Nature - 24-2016, 301-309Giacomo JIMENEZ

De nouvelles méthodes d’analyse des données nous permettent aujourd’hui de passer de la théorie à la pratique. Grâce au logiciel R et à la méthode de l’ENFA, nous avons comparé l’espace utilisé par les Sérotines de Nilsson à l’espace disponible, et ceci à l’échelle des régions Alsace-Lorraine (CALENGE, 2005 ; CALENGE, 2011). Cette analyse n’a pas été effectuée pour la Sérotine bicolore à cause du nombre de données insuffi sant.

RésultatsDurant l’étude, les nuits ont été fraîches avec des averses régulières et des tem-

pératures minimales à 4°C certaines nuits. Des conditions climatiques très mauvaises nous ont empêchés de travailler la nuit du 22 au 23 juin. Suite à un redoux les derniers jours de l’étude, l’activité chiroptérologique a augmenté, en témoignent les données recueillies qui ont été nettement plus nombreuses à cette période.

Bilan des données recueilliesLes 7 nuits de prospection, en plus des repérages avant l’étude, nous ont permis de

cumuler 369 données de présence de chiroptères, toutes espèces confondues. 351 sont issues des analyses acoustiques, 18 proviennent de capture (fi gure 2).

Ce sont au total 13 espèces différentes qui ont été identifi ées dans ce secteur. Parmi les données recueillies, c’est Pipistrellus pipistrellus qui domine avec près de 39 % de l’ensemble des contacts. Viennent ensuite Nyctalus leisleri et Eptesicus nilssonii avec respectivement 12 et 7 % des données, puis Myotis daubentonii et Vespertilio murinus (5 et 3 % des données). La plupart des espèces de Myotis viennent ensuite avec une part entre 1 et 2 % ainsi que les Oreillards (Plecotus sp.) et les Pipistrelles de Kuhl / Nathusius (Pipistrellus kuhlii/nathusii). On remarque le faible pourcentage de contacts avec Eptesicus serotinus ainsi qu’avec Nyctalus noctula. Les chiffres sont à relativiser en fonction de la détectabilité de chaque espèce.

Concernant les Sérotines nordiques, les différentes méthodes d’inventaire et de suivi nous ont permis d’identi-fi er avec certitude 21 contacts de Sérotine de Nilsson et 10 contacts de Sérotine bicolore.

Données de Sérotine bicolore (Verspertilio murinus)Les données pour cette espèce sont localisées sur deux communes de la zone

d’étude, La Bresse et Gérardmer. La Sérotine bicolore a été contactée 10 fois au cours de l’étude. 8 données cor-

respondent à des contacts acoustiques. Un individu mâle a été capturé au niveau du lac de la Lande (photographies 2 et 3). Son suivi par radiopistage nous a permis de découvrir un regroupement de 140 individus dans un chalet en contrebas dans la val-lée, à environ 1,2 km à vol d’oiseau. La colonie découverte utilise le bardage du chalet comme gîte (carte 2).

Les Sérotines bicolores sont réputées pour effectuer d’importants regroupements de mâles durant l’été. Cependant, la colonie de La Bresse n’étant pas accessible, le sexe des individus ainsi que le caractère mono-spécifi que du regroupement n’ont pas pu être confi rmés.

Légende : pp= Pipistrellus pipistrellus ; nl= Nyctalus leislerii ; ensp= Eptesicus/Nyctalus sp. ; msp= Myotis sp. ; en= Eptesicus nilssonii ; md= Myotis daubentonii ; vm= Vespertilio murinus ; csp= Chiroptera sp. ; me=Myotis emarginatus ; psp= Pipistrellus sp. ; mm= Myotis myotis ; pkn= Pipistrellus kuhlii/nathusii ; es= Eptesicus serotinus ; nn= Nyctalus noctula ; osp= Plecotus sp. ; mb= Myotis brantii ; og= Plecotus austriacus ; mmy= Myotis mystacinus

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0

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pp nlen

sp msp en md vm csp me

psp

mm pkn es nn os

p mb ogmmy

Espèces

Pour

cent

ages

Figure 2. Pourcentage des espèces contactées (toutes techniques confondues).

305

Des enregistreurs fi xes de type SM2Bat+ ont permis d’enregistrer les cris émis par les chiroptères lors de la sortie de gîte. Des séquences confi r-ment la présence de plusieurs indivi-dus de Sérotine bicolore. Cependant énormément de séquences acoustiques sont inexploitables. La grande simila-rité des cris entre Vespertilio murinus et Nyctalus leisleri laisse planer le doute d’une colonie mixte de ces deux espèces.

En complément de ces écoutes, nous avons procédé à une analyse méticuleuse du guano présent au pied du bardage en nous appuyant sur une clé d’identifi cation récente des poils de chiroptères (TUPINIER, 1973 ; DIETZ & KIEFER, 2015). Les poils ont été récupérés dans le guano et ont ensuite été analysés grâce à un microscope optique monoculaire à miroir de la marque Optico Paris. Pour la Sérotine bicolore, les poils de couverture, appelés aussi jarres, présentent un renfl ement caractéristique à leur base, à la limite avec la partie écailleuse. Sur un total de 10 échantillons, nous avons pu observer de nombreux poils caractéristiques de cette espèce. Aucun poil appartenant à une autre espèce n’a été découvert.

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Carte 2. Localisation des données de Vespertilio murinus (données CPEPESC Lorraine).

Photographie 2. Site de capture d’un individu mâle de Sérotine bicolore et d’un individu mâle de Sérotine de Nilsson.

Photographie 3. Individu mâle de Sérotine bicolore (la capture des

chauves-souris est réalisée par des personnes habilitées à la capture et à la manipulation des chiroptères et titulaire d’une dérogation à la capture d’espèces

protégées pour des fi ns scientifi ques).

Zone d'étude initiale

Hydrologie de surface

Gîte

Donnée acoustique

Donnée de capture

Altitude (m)148 1425

Echelle5 km

Données 2015 :

Cleurie

Le Tholy

Vagney

Gerardmer

La Bresse

Cornimont

Xonrupt-Longemer

Plainfaing

Fraize

Kruth

Oderen

Thom

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Le suivi de la colonie par comptage à l’envol après la session de recherche montre une décroissance progressive de l’effectif au cours du mois de juillet et une désertion du gîte constatée le 28.08.2015 (fi gure 3). On note également la présence de quelques individus de Pipistrellus pipis-trellus dans le bardage du chalet à chaque comptage. Ces individus ne semblent cependant pas utiliser les mêmes parties du bardage. Certains utilisent également les bordures des fenêtres.

Données de Sérotine de Nilsson (Eptesicus nilssonii)La majorité des contacts avec la Sérotine de Nilsson est localisée au niveau de

La Bresse, Gérardmer et Xonrupt-Longemer. La recherche acoustique au niveau des zones urbaines lâches a été très fructueuse. On note également la présence d’individus au niveau des crêtes vosgiennes ainsi qu’au niveau des lacs et tourbières du secteur.

La Sérotine de Nilsson a été contactée 21 fois au cours de l’étude. 20 données cor-respondent à des contacts acoustiques. Un individu mâle a été capturé au niveau du lac de la Lande. L’espèce n’étant pas réputée pour faire de grands rassemblements, nous n’avons pas effectué de suivi par radiopistage. Aucun regroupement n’a été découvert pour cette espèce (carte 3).

Les résultats de 2015 viennent confi rmer d’anciennes données recueil-lies dans les hautes Vosges notamment au niveau des secteurs de plaine, à La Bresse, au niveau du lac de Gérardmer ou encore de la tourbière de Mâchais. Sans pour autant tirer de conclusions quant à la tendance des populations de cette espèce, nous pouvons dire qu’elle reste tout de même assez fi dèle à certaines localités. Certains secteurs propices sont fréquentés de manière régulière par l’espèce. C’est le cas du parking de la base nautique de Gérardmer qui a été utilisée comme terrain de chasse par un ou plusieurs individus durant au moins trois nuits entre le 20 et le 28 juin. C’est égale-ment le cas de points d’eau le long de la route de Vologne à La Bresse.

Giacomo JIMENEZ

140

81

52

05 4 3 40

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27.06.2015 01.07.2015 21.07.2015 28.08.2015

DatesEf

fect

ifs

Type Vespertilio murinus Pipistrellus pipistrellus

Figure 3. Suivi de la colonie par comptages à l’envol.

Carte 3. Localisation des données d’Eptesicus nilssonii (Données CPEPESC Lorraine – GEPMA).

Zone d'étude initiale

Hydrologie de surface

Donnée acoustique

Donnée de capture

Altitude (m)148 1425

Echelle5 km

Données 2015 :

Donnée acoustique

Donnée de capture

Données avant 2015 :

Cleurie

Le Tholy

Vagney

Gerardmer

La Bresse

Cornimont

Xonrupt-Longemer

Plainfaing

Fraize

Kruth

Oderen

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L’ENFA à l’échelle de l’Alsace-LorraineLa fi gure 4 présente les résultats de l’ENFA à l’échelle de l’Alsace-Lorraine pour les

données d’Eptesicus nilssonii.Tout d’abord, nous remarquons que le

nuage de points correspondant à l’espace utilisé par la Sérotine de Nilsson est très excentré sur l’axe des abscisses, autrement appelé axe de marginalité (fi gure 4). C’est le signe d’une très forte sélectivité de l’habitat à l’échelle des régions Alsace et Lorraine.

D’après l’ENFA, la répartition de la Sérotine de Nilsson en Lorraine est corrélée positivement à l’altitude (Alt), aux forêts mixtes et aux forêts de résineux (FR et FM) ainsi qu’aux zones urbaines lâches (UL). En revanche, les zones agricoles intensives (AI) sont corrélées négativement à la présence de la Sérotine de Nilsson. Les masses d’eau (ME) ainsi que les zones d’agriculture extensives (AE) ne semblent pas infl uencer la répartition de l’espèce à l’échelle de la Lorraine. En effet, il n’existe aucune observation sur les autres secteurs de grands lacs comme Madine ou Lachaussée en Meuse.

Les zones géographiques les plus corré-lées à la présence de la Sérotine de Nilsson sont principalement situées au niveau du massif vosgien (carte 4). La région de Gérardmer - La Bresse fait partie du secteur ayant le coeffi cient de marginalité le plus élevé, avec toute la crête vosgienne jusqu’à Saverne plus au nord.

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Légende : Alt= Altitude ; AE= Distance aux zones agricoles extensives ; AI= Distance aux zones agricoles intensives ;  FF= Distances aux forêts de feuillus ; FM= Distances aux forêts mixtes ; FR= Distances aux forêts de résineux ;  ME= Distances aux masses d’eaux ; UD= Distances aux zones urbaines denses ; UL= Distances aux zones urbaines lâches.

Figure 4. Biplot de l’ENFA à l’échelle de l’Alsace-Lorraine.

xax = maryax = sp 1

d = 2

Espace utilisé par E. nilssonii

Espace disponible

Principales villes

Données de Serotine de Nilsson

Valeurs de l'axe de marginalité

-3.98 à -3.11 -3.11 à -2.25 -2.25 à -1.38 -1.38 à -0.51 -0.51 à 0.36 0.36 à 1.22 1.22 à 2.09 2.09 à 2.96 2.96 à 3.83 3.83 à 4.70

Légende

Verdun

Bard-le-DucNancy

Neufchâteau

MetzSaint-Avold

Bitche

Saverne

Natzwiller

Epinal

Sainte-Marie-aux-Mines

Gerardmer

Le Thillot

Mulhouse

Strasbourg

Carte 4. Représentation des valeurs de l’axe de marginalité (Alsace-Lorraine).

N

Échelle

50 km

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Discussion

Une découverte majeureLa découverte d’un regroupement de 140 Sérotines bicolores serait une deuxième

nationale, à condition de confi rmer le caractère mono-spécifi que de la colonie. En France, un seul autre regroupement de cette ampleur est connu, dans une église en Haute-Savoie. Ce regroupement a comptabilisé environ 200 individus le 24 juin 2014. Depuis, un tel effectif n’a pas été observé à nouveau sur ce site. Le sexe des individus n’a également pas pu être confi rmé par nos homologues haut-savoyards (Jean-Claude LOUIS, comm. pers.).

Le contact avec les propriétaires du chalet abritant la colonie a été très bon. Ils n’avaient jamais remarqué la présence de la colonie avant notre intervention. Une convention avec la CPEPESC Lorraine va leur être proposée. Il faudra être vigilant aux divers travaux qui pourront être entrepris dans le futur sur le bâtiment, notamment en ce qui concerne la façade, la toiture ainsi qu’au niveau du bardage. Les combles du bâtiment semblent être peu utilisés par l’espèce au vu du peu de guano retrouvé.

Les perspectivesL’étude nous a permis d’améliorer les connaissances sur un des secteurs les plus

méconnus de Lorraine. Les différentes communautés de chauves-souris présentes sur le massif vosgien se précisent. La diversité spécifi que connue est actuellement de 13 espèces sur le secteur étudié, une diversité moyenne comparée aux milieux de plaines mais constituée en partie d’espèces très spécialisées des zones montagneuses comme Vespertilio murinus et Eptesicus nilssonii. Ces deux espèces restent méconnues en France et mériteraient des investigations plus poussées.

Concernant les prochaines saisons, il faudra surveiller le retour de la colonie décou-verte à La Bresse et essayer de confi rmer à la fois la non mixité d’espèces et le sexe des individus la constituant. Quel que soit le type de regroupement (mâles, femelles ou mixte), il faudra découvrir l’ampleur du réseau de gîtes utilisés. Les mâles de Sérotine bicolore utilisent jusqu’à 6/7 gîtes différents au cours de la saison estivale. Les femelles quant à elles, sont plus sédentaires (DIETZ & KIEFER, 2015 ; ARTHUR & LEMAIRE, 2015 ; VAN TOOR et al., 2011).

Les routes de vol utilisées par la colonie devront être identifi ées. La Sérotine bicolore est une espèce réputée très sensible au trafi c routier ainsi qu’aux éoliennes notamment lors des périodes de migration. Des pics de mortalité ont déjà été constatés au niveau de champs d’éoliennes en Bretagne, un secteur où l’espèce est réputée très rare (ARTHUR & LEMAIRE, 2015 ; SIMONNET, 2015).

Le phénomène de swarming chez V. murinusLe secteur Gérardmer - La Bresse est d’autant plus important pour Vespertilio

murinus qu’il recèle un site de parade nuptiale. Ce site de swarming se situe en milieu forestier au niveau de la station de ski de Gérardmer. Il a été mentionné dans l’étude d’impacts datant de 2015 concernant la première étape d’agrandissement et de réno-vation de la station de la Mauselaine (HAHN & KUBAREK, 2015). Cette donnée est une de rares observations de swarming à l’échelle nationale. Il nous paraît indispensable d’approfondir cette question.

La nature de ces sites de swarming peut être très variée. Les structures épigées telles que de grands immeubles de plus de 9 étages ou encore des cathédrales et des châteaux (Christian DIETZ, comm. pers.) mais aussi les falaises reviennent assez couramment dans la bibliographie (BARANAUSKAS et al., 2006 ; GODLEVSKA, 2013 ; BOGDARINA, 2006 ; ŠUBA et al., 2010 ; AHLÉN, 1990 ; BENDA et al., 2003). Des parades au-dessus de forêts ont également été observées en Grèce, en Slovénie ainsi qu’en Lituanie (PRESETNIK et al., 2013 ; ZAGMAJSTER, 2003 ; PETROV & HELVERSEN, 2011). Les mâles sont très fi dèles à leurs places de chant avec notamment des observations à plus de 11 ans d’intervalle entre 2002 et 2013 en Slovénie au niveau d’une clairière forestière (PRESETNIK et al., 2013) Certains auteurs posent l’hypothèse d’une grande proximité entre sites de swarming et sites d’hibernation (AHLÉN & BAAGØE, 1999).

Revue scientifi que Bourgogne-Nature - 24-2016, 301-309Giacomo JIMENEZ

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ConclusionLes résultats de cette étude nous ont permis d’améliorer

nos connaissances sur la répartition des chiroptères au niveau du massif vosgien. Malgré des conditions météo-rologiques défavorables, l’étude a permis une découverte d’envergure nationale avec le deuxième plus grand ras-

semblement de Sérotine bicolore observé à ce jour en France. Les enjeux semblent importants pour cette espèce dans ce secteur et des investigations complémentaires devront être menées dans les années à venir. Concernant la Sérotine de Nilsson, l’étude n’a pas permis la confi rmation du statut reproducteur de l’espèce. Le faible échantillon-nage par capture indique qu’un effort de recherche plus important doit également être envisagé pour cette espèce. Notre expérience de 2015 ainsi que les modélisations de l’ENFA nous donnent de sérieuses pistes de réfl exion pour les années à venir.

Remerciements

Je remercie tous les bénévoles qui se sont investis dans cette étude, les personnes ou structures ressources ainsi que nos fi nanceurs : Alba BÉZARD, Alain CHARDONNEAU, Christian DIETZ , Didier ARSEGUEL, la DREAL Lorraine, Etienne OUVRARD, le Groupe d’Étude et de Protection des Mammifères d’Alsace (GEPMA), Jean-Claude LOUIS, Jean-Francois JULIEN , Kate DERRICK, Laurie JEANDEL, Marie-Claire GÉGOUT, Michel BARATAUD, Le Muséum d’histoire naturelle de Genève et la coordination ouest chauves-souris (CCO), le Conseil Régional de Lorraine, Thomas ARMAND, Valery ULDRY.

Bibliographie

Giacomo JIMENEZ

Technicien chiroptérologue à la CPEPESC Lorraine.

article > Amélioration des connaissances sur la répartition et le statut de la Sérotine bicolore Verspertilio murinus et de la Sérotine de Nilsson Eptesicus nilssonii dans les hautes Vosges (Lorraine)

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