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Bulletin de liaison trimestriel destiné aux professionnels et bénévoles impliqués dans la prise en charge et l’aide aux populations démunies. Étude Précarité, solitude et déprime : trois facteurs d’obésité chez la femme guadeloupéenne Enquête Comment apprendre à bien se nourrir avec 3 euros par jour ? Terrain La France bénévole Alimentation, Société & Précarité N° 35 octobre 2006

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Bulletin de liaison trimestriel destiné aux professionnels et bénévoles impliquésdans la prise en charge et l’aide aux populations démunies.

ÉtudePrécarité, solitude

et déprime :trois facteurs

d’obésité chez la femme

guadeloupéenne

EnquêteComment apprendre

à bien se nourriravec 3 euros

par jour ?

TerrainLa France bénévole

Alimentation,Société & Précarité

N° 35 octobre 2006

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Colloque Obésité et précarité :de la théorie à la pratique de terrain

Organisé parle réseau OSEAN (Obésité sévère de l’enfant et de l’adulte Nord-Pas-de-Calais)

et le réseau de recherche INSERM, obésité et précarité

Lille, Faculté de Médecine, Jeudi 14 décembre 2006

Les acteurs de terrain sont confrontés quotidiennement à la fréquence et à la gravité de l’obé-sité parmi les populations socialement défavorisées et les chercheurs essaient d’expliquer lephénomène. L’objectif de ce colloque est de favoriser les échanges et croiser les regards pouressayer d’être plus efficaces dans l’aide apportée à ces patients.

Matin Présentation des travaux de sociologues et d’épidémiologistes

9h30 Poids et classe sociale : les résultats de l'enquête NutryalisMonique ROMON, CHU Lille

10h30 : Contraintes économiques et choix alimentairesFrance CAILLAVET, Corela Ivry/Seine

11h00 Cuisiner ou faire à manger ? Les repas quotidiens en milieu défavoriséAnne LHUISSIER, Corela Ivry/Seine

11h30 Obésité et trajectoires socialesJ.-P. POULAIN, Critha, Toulouse

12 h00Les questions des acteurs de terrainÉlisabeth FEUR, Direction des Interventions de santé Conseil général Val de Marne

12h30 - 14h30 Forum d’échanges autour d’expériences de terrain (et buffet)

Nous vous invitons à faire part de vos projets et expériences. Afin de favoriser les échanges,vous pourrez les présenter sous forme d’une affiche préparée à l’avance ou rédigée sur place.Chaque affiche présentera succinctement les éléments suivants :• Type d’action et bénéficiaires• Contexte et partenaires• Ce qui marche• Les obstacles et les questions

Après-midi Ateliers pratiques14h30 - 16h00 Trois thèmes d’ateliers au choix :

1 - Comment évaluer les actions ? Les techniques de focus groupe.

2 - Comment accéder à ces patients et les aborder ?

3 - L’activité physique est une aide à l’insertion sociale, mais comment aider et motiver ces patients?

16h15-17h30 Table ronde animée par Serge Hercberg

Qu’apportent les propositions du PNNS2 à la prise en charge de ces populations ?

Contact et inscriptions : Sandrine SIRETTél. : 0328385023

Mail : [email protected]

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Précarité, solitude et déprime : trois facteurs d’obésitéchez la femme guadeloupéenneUne enquête pluridisciplinaire menée en 2005 auprès de femmes guadeloupéennes, enétat de précarité et en surpoids, confirme, à quelques nuances près, les conclusionsd’une étude réalisée quatre ans plus tôt auprès de personnes démunies, dans lesépiceries sociales de la région parisienne et de Picardie. Les unes comme les autresont adopté un rythme alimentaire déstructuré, basé sur le grignotage, et consommentau quotidien peu de produits laitiers et de fruits et légumes.

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Comment apprendre à bien se nourrir avec 3 euros par jour ?On dispose de peu de données sur le budget alimentaire des populationsdéfavorisées. Le travail de mémoire de fin d’étude réalisé par une diététicienne dansune commune de l’Isère vient combler cette lacune. Selon Myriam Renaudin, lespopulations modestes disposent en moyenne d’à peine plus de 3 euros par jour pourse nourrir. Une somme dérisoire mais qui représente 20 à 30% du budget total pourplus du tiers des personnes interrogées, voire plus de 40% pour près d’un quart del’échantillon. Ces personnes doivent impérativement optimiser leurs dépenses, etpour y parvenir, être aidées en ce sens, conseille l’auteur de l’étude.

Terrain 10

La France bénévoleRassembler une fois par an des informations venant d’experts afin d’évaluer ce sujetde société en perpétuelle évolution est le principal objectif de cet ouvrage. L’annualitéde ce travail permet de rester au plus près de la réalité. Il s’agit aussi de mettre enrelation les réseaux nationaux et régionaux de bénévoles qui le souhaitent afin defavoriser les échanges d’informations, de méthodes et d’interrogations. Assurer lapromotion du bénévolat sous toutes ses formes étant la principale finalité de cetteédition.

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Précarité, solitude et déprime:trois facteurs d’obésité chez lafemme guadeloupéenneLes mêmes causes engendrent les mêmes effets quelles que soient les latitudes.En métropole ou sous le soleil des Antilles, le chômage, la difficulté à joindreles deux bouts, la solitude, le sentiment d’être malheureux créent des troublesdu comportement alimentaire, qui, dans bien des cas, débouchent sur l’obésité.Une enquête menée en 2005 auprès de femmes guadeloupéennes, en état deprécarité et en surpoids, confirme, à quelques nuances près, les conclusionsd’une étude réalisée quatre ans plus tôt auprès de personnes démunies, dans lesépiceries sociales de la région parisienne et de Picardie. Les unes comme lesautres ont adopté un rythme alimentaire déstructuré, qui fait la place belle augrignotage, et consomment au quotidien peu de produits laitiers et de fruits etlégumes.

Alors qu’une étude nationale vient une fois de plus de confirmer la progression de l’obé-sité en France - quoique à un rythme moins rapide - et sa propagation dans les couches lesplus défavorisées de la population, l’enquête conduite par quatre médecins du CentreHospitalier de Basse-terre* en Guadeloupe apporte une pierre supplémentaire à l’édifice.Ceux-ci avaient été interpellés par les résultats d’une étude transversale, consacréeentre 2001 et 2003 à l’hypertension dans les populations précaires, qui faisait apparaîtreune forte prévalence de surcharge pondérale et d’obésité chez les personnes défavorisées,en particulier chez les femmes (29%). En cause, parmi d’autres facteurs, la modificationdu régime alimentaire, qui se traduit par une augmentation du nombre de calories ab-sorbées, sous forme de matière grasse, de sel et de sucre, accompagnée d’une baisse del’activité physique.

Détresse morale et surpoidsUne nouvelle enquête fut donc menée en 2005 en vue de recueillir des données qua-litatives et quantitatives sur les habitudes de vie et l’alimentation des femmes guade-loupéennes, en situation de précarité et souffrant d’obésité (avec un IMC moyen de35,9). 110 d’entre elles se sont prêtées à un jeu de questions-réponses, dans les deuxcentres d’examen de santé insulaires. Ce travail met en lumière le lien entre la détressemorale, les difficultés financières de ces femmes et leur problème d’obésité.Âgées en moyenne de 42 ans, deux tiers environ des personnes interrogées viventseules ; près de la moitié est pourvue du seul RMI, et plus de 75 % disposent de res-sources inférieures à 800 euros par mois ; mais la plupart s’estime satisfaite de cesconditions de logement. Les deux tiers des femmes se disent seules, lasses, agitées etmalheureuses, et pour certaines tentées par le suicide (20 %), mais pour autant ellessont nombreuses à ne pas céder à la fatalité : près de 70 % affirment que leur situationva s’améliorer et forment des projets pour les mois suivants (trouver un logement, untravail, voyager ou perdre du poids).

Une alimentation pauvre en produits laitiers, fruits et légumesBeaucoup s’abandonnent à la sédentarité - 75 % pratiquent moins d’une heure d’acti-vité physique par semaine et elles sont à peine moins nombreuses (70 %) à regarder latélévision plus d’une heure par jour. En parallèle, 59 % ont adopté un rythme alimen-taire déstructuré, caractérisé par du grignotage (pour 34 % de l’échantillon total), laprise d’un petit déjeuner mais la suppression du déjeuner ou du dîner, ou l’absorption

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d’un repas unique dans la journée. Comparées aux 41 % de femmes qui respectent unrythme alimentaire « organisé », celles-là accusent un taux d’obésité « légèrement plusélevé », ont constaté les médecins au vu d’une moyenne d’IMC peu différente d’ungroupe à l’autre.Dans leur assiette, la majorité des femmes font la part belle aux féculents : 67 % d’entreelles consomment deux à trois fois par semaine des féculents, 56 % des pâtes, et untiers des racines et légumes de pays. Pour ce qui concerne les protéines, près de la moi-tié se nourrisse de viande roussie et de poisson frais deux à trois fois par semaine. Enrevanche, elles ne sont que 30 % à manger quotidiennement des produits laitiers, fro-mages ou yaourts, tandis qu’une femme sur cinq déclare en manger rarement ou ja-mais. De même, seules 32 % consomment des fruits et des légumes verts chaque jouret une femme sur cinq à peine une fois par semaine.

Même causes, même effetsLe profil psychologique et alimentaire des femmes guadeloupéennes, tel qu’il ressortde cette enquête, ne diffère guère de celui de femmes en situation précaire, interro-gées dans les épiceries sociales de la région parisienne et de Picardie(1). Les auteursde cette étude réalisée en 2001 notent alors l’état de stress, de dépression et de dé-couragement de leurs interlocutrices, en même temps que l’optimisme et la volontéde ne pas baisser les bras qu’ils rencontraient auprès de 40 % de l’échantillon envi-ron, plus fréquemment chez les femmes en surpoids que chez les femmes obèses ou àpoids normal.Ils constatent aussi la même déstructuration du rythme alimentaire mais à un tauxplus élevé (65 % de l’échantillon en métropole, 59 % en Guadeloupe) et avec un im-pact plus important sur la prise de poids et l’obésité. Si un taux équivalent de femmesconsomment des féculents deux à trois fois par semaine dans les deux études, ellessont davantage à se nourrir de viande en métropole (60 %), mais moins nombreusesà disposer de poisson. En revanche, elles sont 66 % à intégrer dans leurs repas du laitet des produits laitiers en région parisienne et en Picardie (contre 30 % enGuadeloupe), bien que les femmes obèses en consomment moins souvent que lesautres.

Réhabiliter les produits traditionnels« Il est difficile de connaître la part de la disponibilité alimentaire dans les choix de cespersonnes en difficulté, et celle des problèmes psychologiques entraînés par leur situa-tion financière. Cependant une mauvaise information sur la nutrition accentue l’in-adéquation de leur comportement alimentaire », concluent les auteurs de l’enquête. Etde préconiser parmi les actions à mener auprès des publics socialement défavorisés, une« éducation nutritionnelle respectueuse de leur culture, de leurs savoirs, en se donnantcomme objectif la découverte de nouveaux horizons alimentaires dans le cadre d’unbudget restreint ».Des outils pédagogiques existent, qui doivent être adaptés localement, ce qui supposeau préalable la formation des professionnels et bénévoles actifs auprès des personnesen situation précaire. Ces médecins suggèrent aussi d’offrir aux populations en diffi-culté une information nutritionnelle et de leur enseigner des recettes de cuisine facileset bon marché. Surtout ils appellent à une « démystification » de certains produits ré-putés bons pour la santé et à la « réhabilitation » des produits traditionnels.Alors que le programme régional de santé publique 2006-2010 prévoit l’instauration, enGuadeloupe, d’un programme d’éducation nutritionnelle envers les populations socia-lement défavorisées, ils suggèrent d’engager cette action dans deux ou trois sites pilotespour en évaluer les résultats, avant de la généraliser.

(1) F. Delestre, K. Meyer : «Pauvreté, désintérêt nutritionnel et obésité». Médecine et nutrition n°6 - 2001

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Une population étudiée en situation précaire et obèse

L’enquête a porté sur un échantillon de 110 femmes, âgées en moyenne de 42 ans

Situation sociale :- 68% des femmes vivaient seules et 23% en couple avec enfants (3 enfants en moyenne),- 47% avaient fréquenté le collège et 28% le lycée,- 50% percevaient le RMI, 17% les Assedic, 13% n’avaient pas de revenu,

État physique :- Indice de masse corporel (IMC) moyen de 35,9 (+ ou – 5,2 kg/m2),l’obésité étant définie par un IMC supérieur à 30 kg/m2;

- Tour de taille moyen de 104,77 (+ ou – 13,65 cm) ;- Tour de hanche moyen de 118,62 (+ ou – 10,5 cm).

État psychologique :- 15% des femmes se sentaient très souvent seules, 37% de temps en temps,20% assez souvent, 28% jamais ;

- 32% d’entre elles se disaient très souvent lasses, 38% de temps en temps,24% assez souvent, 6% jamais ;

- 16% se sentaient très souvent agitées, 28% de temps en temps et 30% assez souvent, 26% jamais ;

- 11% se sentaient heureuses très souvent, 37% de temps en temps,18% assez souvent, et 34% jamais ; 19% déclaraient penser à la mort.

Un rythme alimentaire souvent déstructuréTous 2 à 4 fois 1 fois

Prise de (en%): les jours par semaine par semaine JamaisPetit déjeuner 55 15 8 22Collation du matin 16 35 11 38Déjeuner 90 9 1Collation de l'après-midi 28 27 12 33Dîner 63 22 5 10

Une alimentation pauvre en produits laitiers, fruits et légumes1 fois par 2 à 3 fois Tous

Consommation de (en%): Jamais semaine par semaine les joursPain 5 17 29 43Fromage, yaourt 8 24 37 30Viande roussie 15 26 54 6Poisson frais 11 35 48 6Poisson en conserve 80 14 6Poisson séché 23 43 32 2Charcuterie 44 31 24 1Légumes verts, fruits 4 20 44 32Racines, légumes de pays 19 38 34 9Céréales 73 6 16 6Beurre, huile 8 8 20 64Friture, beignets 47 32 17 4Pâtisseries 56 19 20 4Pizza, quiche 66 24 10Fast-food 88 6 6Sodas, boissons sucrées 31 15 31 21Vins 80 12 8Alcools, bière 93 5 2 1Riz 2 25 67 6Pâtes 11 27 56 6Pois rouge 26 57 16 1Eau 1 90

Indice de masse corporelleCet indice permet de mesurer la corpulence chez l'adulte et d'estimer son état nutritionnel.Il est normalement compris entre 19 et 25.

IMC = P/T2

P = poids en Kg T = taille en m

* B. Atallah (pédiatre) ; N. Zouini (réseau HTA GWAD) ; A. Atallah (Centre hospitalier de la Basse-Terre) ; S. Mulot (Anthropologue, Toulouse) ; S. Siarras (médecin nutritionniste, Baie-Mahault ; M. Kancel (COGES).L. Cognon (Psychologue, CH de Basse-Terre) ;

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Comment apprendre à bien se nourrir avec 3 euros par jour?L’alimentation des personnes défavorisées a fait l’objet de deux études impor-tantes dans le passé, mais qui n’ont pas été réactualisées récemment et on disposeaujourd’hui de peu de données. Le travail de mémoire de fin d’étude réalisé parune diététicienne(1) dans une commune de l’Isère vient combler cette lacune etconfirmer les données recueillies lors des enquêtes précédentes. Selon MyriamRenaudin, les populations modestes disposent en moyenne d’à peine plus de 3 eu-ros par jour pour se nourrir. Une somme dérisoire mais qui représente 20 à 30%du budget total pour plus du tiers des personnes interrogées, voire plus de 40%pour près d’un quart de l’échantillon. Ces personnes doivent impérativement op-timiser leurs dépenses, et pour y parvenir, être aidées en ce sens, conseille l’auteurde l’étude. Un autre mérite de ce travail réside dans les actions menées sur le ter-rain et les conseils de bons sens prodigués par la diététicienne lors de son stagepratique.

Sensibilisée aux inégalités face à la santé, Myriam Renaudin a effectué l’étude et le stagedestinés à son mémoire au Centre social Joliot Curie de Pont-de-Claix. Implanté au cœurd’une cité populaire, ce centre propose des espaces d’entraide, à l’exemple de MidiSoleil, un petit groupe d’une vingtaine de personnes isolées, qui se réunissent chaque se-maine autour d’un repas pour redécouvrir le plaisir de préparer et partager un repaschaud et équilibré. Ou la Boutique alimentaire conseil (BAC) qui accueille huit familles,liées par un contrat de deux mois avec une assistante sociale et une conseillère en Esf.Financée par la commune, la BAC permet à ces foyers, dans une situation financière dif-ficile, de se procurer des denrées à moindre coût ; elle répond aussi aux demandes de dé-pannage alimentaire de foyers qui traversent une mauvaise passe, mais vise aussi à leurfaire connaître une alimentation équilibrée. La visée à plus long terme étant d’aidertoutes ces personnes à équilibrer leur budget.

20 à 30% du budget consacrés à l’alimentationAu Centre social, Myriam Renaudin rencontre des chômeurs, des salariés, des alloca-taires du RMI, des demandeurs d’asile, des personnes retraitées et des familles suren-dettées. Pour réaliser son enquête, elle a interrogé 48 personnes, majoritairement desfemmes, parmi lesquelles 16 % bénéficient d’aides alimentaires. Selon les résultats deson enquête, cette population consacre à son alimentation 3,77 euros par personneet par jour, mais 30 % dispose de moins de 2,50 euros. Pour plus du tiers de l’échan-tillon, l’alimentation mobilise 20 à 30 % de leur budget total. Pour 15 % des per-sonnes, cette part oscille entre 30 et 40 %, et dépasse 40 % pour plus d’un quartd’entre elles.Ces données corroborent les résultats de l’enquête Revivre, qui, en 1998, situait lapart du budget alimentaire des personnes défavorisées dans une fourchette compriseentre 28 et 48 % de leur budget. Elle confirme aussi le résultat de l’enquête sur l’ali-mentation des ménages à bas revenu en France, réalisée en 2002, qui évaluait à 34 %le poids du budget alimentaire des ménages à bas revenu, et à 12 % celui des revenusles plus élevés.Les dépenses alimentaires constituent un poste majeur pour les populations à bas re-venus, constate Myriam Renaudin, soulignant que « l’optimisation de ces dépenses estfondamentale pour l’équilibre budgétaire du foyer ». Or elle relève que 80 % des per-sonnes interrogées n’ont pas de méthode pour répartir leur argent, qu’elles ne dres-sent pas de liste de courses, ni ne planifient à l’avance la composition de leurs repassur plusieurs jours.

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Se priver faute de moyensClientes pour l’essentiel des hypermarchés et des maxidiscompteurs, elles recherchent lesproduits à bas prix et limitent les achats d’aliments qui leur paraissent trop chers. Prèsd’un quart de ces personnes n’avaient pas mangé de poisson dans les sept jours précédantl’enquête. Et précisent que, lorsqu’elles en consomment, elles privilégient les tranches pa-nées, plus économiques et davantage appréciées des enfants.Plus de 12% de l’échantillon n’avaient consommé ni viande, ni volaille, ni poisson, ni œufla veille de l’enquête, principalement pour des raisons économiques (à 80%). Quelquespersonnes ont aussi expliqué ne pas aimer faire la cuisine ou n’avoir pas envie de mangerde la viande. La plupart reconnaissent pourtant l’importance des produits carnés dansune alimentation équilibrée.Plus du quart de l’échantillon affirmait aussi ne pas avoir mangé de légumes (26%). Lamajorité disait ne pas en apprécier le goût (45%), mais 18% évoquaient le prix élevé deslégumes. De même, 27,5% déclaraient s’être privés de fruits, mais principalement cettefois pour une question de prix. A propos des produits laitiers, 40% des personnes ont in-diqué n’en consommer qu’un seul par jour. Pour beaucoup, cette sous-consommation estliée au coût de ces aliments mais aussi à leur image. Symboles de l’enfance, les produitslaitiers apparaissent non indispensables aux adultes.

Des friandises pour faire plaisir aux enfants même sic’est cherUn tiers des personnes interrogées ne prennent pas de petit déjeuner, déclarant, pour plusde la moitié d’entre elles, ne pas avoir faim. Si elles se privent partiellement des aliments in-dispensables à leur santé et sautent, régulièrement ou occasionnellement des repas (47,5%),les personnes à revenus modestes compensent souvent le déficit d’apport énergétique des re-pas par le grignotage. Deux tiers d’entre elles, consomment en-dehors des repas, pizzas ethamburgers – parfois sans prendre la peine de s’asseoir à table (32,5%) - et boivent réguliè-rement de boissons sucrées (36%). Ce faisant, expliquent-elles, elles s’accordent un «plus ali-mentaire» auquel elles associent la notion de «plaisir quotidien». Pour les enfants, celui-ciprend la forme de friandises par exemple, que les parents se disent frustrés de ne pas tou-jours pouvoir leur offrir.Pour ces populations fragilisées, «exister aux yeux des autres, c’est consommer comme lesautres», souligne Myriam Renaudin. Paradoxalement, les mères de familles achètent volon-tiers, malgré leurs prix élevés, des produits vantés par la publicité pour faire plaisir à leursenfants mais n’achètent pas de fruits parce que «c’est trop cher». Or, comme l’ont démon-tré plusieurs études dont le baromètre Santé Nutrition CFES/Cerin, la prévalence de l’obé-sité est plus forte dans les foyers à faibles revenus, et touche particulièrement leurs enfants.

Nombre d’entre elles ne préparent plus de petits plats «maison», absorbées qu’elles sontpar les soucis familiaux, l’absence de travail ou le manque de ressources. Elles se fournis-sent alors en plats préparés, plus coûteux. «Elles n’ont pas l’énergie ou, tout simplement,les connaissances suffisantes pour varier les plats et confectionner des repas simples »,note la diététicienne lors de son stage.

Myriam Renaudin plaide en faveur d’une éducation nutritionnelle qui permette à ces per-sonnes de reconnaître les aliments au meilleur rapport qualité nutritionnelle-prix et depréserver ainsi une alimentation équilibrée dans le cadre d’un budget limité. Sur la basede relevés des prix les plus bas effectués dans un hypermarché et chez un maxidiscomp-teur de quartier, elle évalue le coût moyen d’une ration journalière « incompressible » à 3,34 euros pour les hommes et 2,81 euros pour les femmes, soit une moyenne de 3,10 eurospour les deux sexes confondus.Pour ce montant, les rations élaborées dans le respect des apports nutritionnels conseillés(ANC) contiennent toujours des pâtes, des légumes secs, des pommes de terre, du pain,

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des carottes, des mélanges de légumes en conserve, du lait, des yaourts nature, desœufs, du foie, de l’huile de colza… « C’est dire combien il faut être prêt à modifier seshabitudes alimentaires pour respecter l’ensemble des ANC avec 3,10 euros », soulignela diététicienne.Ce coût minimum d’une alimentation équilibrée, respectueuse des ANC mais qui neprend pas en compte les habitudes alimentaires des individus, est « théorique», reconnaît-elle. « Il ne peut nullement être appliqué sans une excellente connaissance de la compo-sition des aliments et de leur prix et un savoir-faire culinaire».

Aider les femmes à retrouver leur place au sein du foyerLa tâche n’est toutefois pas impossible comme Myriam Renaudin le démontre lors de sonstage pratique. Au sein de la BAC, elle travaille à faire évoluer les habitudes alimentairesdes familles. Elle les épaule dans des actions très concrètes : définition de «menus précis »pour chaque jour de la semaine, élaboration de la liste des courses, en fonction des habi-tudes de la famille et des produits disponibles à la boutique, définition du budget ali-mentaire hebdomadaire, une fois retirées les charges fixes du foyer (loyer, factures…).Consciente que les femmes se désengagent de la préparation des repas, et méconnaissentla notion d’équilibre alimentaire, quand elles ne la perçoivent pas comme une contrainte,elle met l’accent sur « le plaisir de rassembler la famille autour d’un bon repas, de re-trouver sa place au sein du foyer…».A Midi Soleil, elle intervient auprès de trois réfugiés politiques, originaires du Congo.Désorientés par la société de consommation qu’ils découvrent et par des traditions culi-naires très différentes des leurs, ils ne savent comment choisir leurs aliments. Pour les yaider, la diététicienne leur présente les produits d’usage courant, distribués dans l’épice-rie sociale, et les associe à l’élaboration des repas de Midi Soleil, afin qu’ils acquièrent lestechniques culinaires de base.

Une information professionnelle tenant compte d’un quotidien souvent lourdFace aux profils différents mais aux intérêts communs de l’ensemble de ses interlocu-teurs, elle programme une action d’éducation nutritionnelle pour tous, familles de laBAC et personnes isolées de Midi Soleil. Elle prévoit deux interventions, lance des invita-tions et explique de vive voix le contenu de ces séances. Objectifs : aider ces personnesdans le choix des aliments, les orienter vers une alimentation composée de produits debase et diffusion de notions d’équilibre alimentaire.Lors de la première réunion, consacrée à l’équilibre alimentaire, elle leur apprend àconnaître les aliments de meilleur rapport qualité-prix, afin qu’ils puissent, dans le cadred’un budget limité, préserver une alimentation équilibrée. Elle explicite la fréquence desaliments dans la journée en s’appuyant sur l’affiche et le dépliant « l’équilibre alimen-taire : n’en faites pas tout un plat », du Cerin, et décrit la composition d’un menu de dé-jeuner, schéma à l’appui. Et pour les accompagner dans leur démarche, elle distribue desfiches de recettes faciles et économiques, éditées par la Fédération française des banquesalimentaires et qui expliquent en images la marche à suivre.La deuxième réunion est consacrée à des conseils pratiques et de bon sens pour faire sescourses (voir encadré). « Produits nouveaux, conditionnements, étiquetages nutrition-nels, messages publicitaires, techniques de vente sont autant d’éléments qui rendent com-plexes les choix dans l’abondance des produits. Dans le cadre d’un budget restreint, lescritères de choix à l’achat vont être particulièrement déterminants dans l’équilibre et ladiversité alimentaire », fait valoir Myriam Renaudin.Et de conclure de son expérience qu’il est important d’informer les personnes à revenumodeste « de façon professionnelle, régulière, simple et pratique pour les aider à faireévoluer leurs habitudes (alimentaires) en tenant compte de leur quotidien souventlourd ».

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Les plats cuisinés prêts à l’emploi,plus chers et plus gras que les plats «maison»

Cuisiner des plats «maison », c’est moins cher, moins gras et moins salé. La preuve parl’exemple :

Tagliatelles à la carbonara d’une marque nationale, présentées en portion indivi-duelle de 300 g et vendues en magasin au prix moyen de 3,55 €.

Le même plat préparé par la mère de famille représente un coût total de 0,95 €,à raison de :

- 250 g de pâtes cuites (80 g crues) : 0,19 €

- 50 g de lardons : 0,55 €

- 30 g de crème : 0,12 €

- + 10 % (énergie, eau, sel)

Le prix des pâtes « maison » est divisé par 3,5 par rapport au plat préparé industriel.

Brique de potage d’un litre pour quatre personnes, vendue de 1,49 à 1,60 € selon la variété pour un prix de la portion compris entre 0,37 à 0,40 €.

A titre de comparaison, le coût du potage maison va de 0,70 à 0,90 € pour quatre personnes. Le prix de la portion est divisé par deux, sur la base de 300 g à 400 g de légumes : 0,60 et 0,80 € sur la base d’un coût de 2 € le kilo +10 % (eau, éner-gie pour la cuisson en autocuiseur).

Tout bien considéré, les plats préparés se révèlent deux à cinq fois plus chersque les produits de base et s’avèrent aussi moins intéressants d’un point de vuenutritionnel parce que plus gras et très salés. Or les personnes à faibles revenus onttendance à choisir le hachis parmentier, les tagliatelles à la carbonara ou les pizzas carces plats sont les moins chers. Mais elles délaissent les plats à base de légumes, qui leursemblent peu satisfaisants d’un point de vue gustatif.

D’où la nécessité d’enseigner aux populations les plus modestes les techniques culinairesde base et les automatismes qui leur redonnent le goût de cuisiner et fassent desgestes du quotidien autre chose qu’une corvée.

M. Renaudin

Méthodologie : le reflet d’une tendanceL’échantillon de l’étude est limité à 48 personnes (pour 40 questionnaires pris encompte), chômeurs, salariés, allocataires du RMI, demandeurs d’asile, retraités et famillessurendettés. Il ne prétend pas être représentatif de la population à revenus modestes,mais « le reflet d’une tendance», indique Myriam Renaudin.Il se compose à 75% de femmes, de tous âges. Couples et célibataires sont représentés enproportions équivalentes (respectivement 37,5% et 35%). Les familles monoparentalesconstituent 17,5% du panel et les veufs 10%. La moitié des familles comptent deux en-fants, un quart des foyers un enfant, et l’autre quart de trois à cinq.Les personnes interrogées disposent d’un budget alimentaire de 3,77 euros par jour enmoyenne. 30% se nourrissent avec moins de 2,50 euros par jour.

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Des conseils de bons senspour faire ses courses avec un budget réduit

Réfléchir avant d’aller faire ses coursesOù? Hypermarchés et supermarchés sollicitent davantage que les maxidiscompteurs maisceux-ci mettent peu en avant les fruits et légumes, et les produits laitiers.Qui? Seule ou avec les enfants ? La présence des enfants créent davantage de tentations.Quand? De préférence après avoir mangé. La faim augmente l’envie de plats préparés et gâteries.Comment? Se munir d’une liste réalisée à partir des menus prévus pour la semaine.

Débusquer les astuces marketing qui font consommer davantage• Les rayons alimentaires étant systématiquement placés après d’autres rayons (jouets, texti-le…), repérer la seconde entrée qui débouche directement dans les rayons alimentaires.• Les produits en tête de gondole… incitent à acheter plus et souvent plus cher. Ne pas selaisser tenter par des produits qui ne sont pas de consommation habituelle.• La publicité, les promotions, les cartes de fidélité tendent à influencer l’acte d’achat enindiquant des baisses de prix, des ventes en lot… ce qui ne correspond pas toujours auxbesoins réels. Se limiter à la liste d’achat.

La sélection des produitsLe prix Comparer à l’aide du prix au kilo, les prix des produits emballés et ceux à la coupe,des plats cuisinés et des plats confectionnés à la maison.La qualité nutritionnelle Se souvenir des produits de meilleur rapport qualité-prix.La quantité Les emballages par lot sont souvent moins chers mais il faut acheter selon sesbesoins pour éviter les pertes.

La lecture des étiquettes• Dénomination du produit• Quantité nette, correspondant à la part réellement consommable• Différence entre les mentions «à consommer de préférence avant le…» et «à consommer jusqu’au…»• Conditions particulières de conservation

Information nutritionnelle, rayon par rayonBiscuits et confiseries: les biscuits « light» ont souvent un allégement modeste… portant surles matières grasses et non sur le sucre et ils sont plus chers que les autres.Conserves: les légumes en conserve ou surgelés sont souvent moins onéreux que leslégumes frais.Produits laitiers: explications sur le pourcentage sur matière sèche ou le pourcentage sur leproduit fini.Boissons : les sodas renferment sept morceaux de sucre par canette (soit les trois quarts de l’ap-port recommandé pour un enfant). Explications sur les appellations «pur jus de fruits», «jus defruits à base de concentré» et nectar de fruits. Ces boissons peuvent représenter 10% du bud-get alimentaire, quand elles prennent une place importante dans la consommation quotidienne.

(1) Myriam Renaudin. Mémoire de fin d’études de BTS diététique sur l’alimentation des personnes à revenusmodestes. 2006. Contact : [email protected]

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La France bénévoleRassembler une fois par an des informations fournies par les experts afin d’éva-luer ce sujet de société en perpétuelle évolution est le principal objectif de cet ou-vrage. L’annualité de ce travail permet de rester au plus près de la réalité. Il s’agitaussi de mettre en relation les réseaux nationaux et régionaux de bénévoles qui lesouhaitent afin de favoriser les échanges d’informations, de méthodes et d’inter-rogations. Les auteurs ont souhaité solliciter la contribution d’experts, socio-logues, professeurs d’université ou d’observateurs qualifiés. Assurer la promotiondu bénévolat sous toutes ses formes étant la principale finalité de cette édition.

La place des femmes dans les associations, longtemps mal connue, commence à susciter desétudes spécifiques au sein d’institutions telles que le CNRS ou la délégation interministé-rielle à l’innovation, à l’expérimentation sociale et à l’économie sociale. Les auteurs ontdemandé à Marie-Christine VERGIAT, adjointe au délégué interministériel à l’innovationsociale, à l’expérimentation sociale et à l’économie sociale d’apporter un éclairage spéci-fique sur l’engagement féminin.Les femmes sont moins engagées que les hommes dans les associations et sont moins sou-vent bénévoles qu’eux : 45% des bénévoles sont des femmes et 22% des femmes ont uneactivité bénévole contre 30% des hommes. Le taux d’engagement est cependant le mêmeque celui des hommes pour celles qui ont un niveau d’études secondaires ou supérieures.Mais elles occupent plus rarement que les hommes des postes de responsabilité.En revanche, les femmes sont nombreuses à travailler dans les associations (68% des sa-lariés) où de nombreux postes comme accueil, secrétariat, souvent en CDD, temps par-tiel, leur sont dévolus.Les domaines d’engagement reflètent en grande partie le rôle traditionnel des uns et desautres : on retrouve les femmes dans les associations de parents d’élèves, les associationsreligieuses, les clubs de 3e âge et dans les domaines de la santé, de l’éducation et de la cul-ture.

Les retraités, contrairement aux idées reçues, ne sont pas sur-représentés parmi les béné-voles : environ 29% entre 60 et 69 ans, environ 20% au-delà, mais lorsqu’ils sont investis,ils peuvent consacrer plus de temps que les autres à leur mission. Dominique THIERRY,vice-président de France Bénévolat et de Développement et emploi fait le point sur l’en-gagement des retraités. Compte-tenu de l’évolution démographique, leur maintien, voireleur progression est un enjeu majeur pour la vie associative, le renforcement du lien in-tergénérationnel et la solidarité.Pour les séduire et les fidéliser, le message et la promotion du bénévolat doivent être clai-rement lisibles. Car on ne devient pas bénévole automatiquement sous prétexte que l’ona du temps, et certains redoutent de mettre « le petit doigt dans l’engrenage».

Combien de bénévoles en France? Une réponse prudente fondée sur desestimations de l’INSEE (2002) et du CREDOC (1998) permet de considérerqu’environ 11 millions de personnes de plus de 15 ans sont engagées dans desassociations. Cette réponse doit être modulée par de nombreux correctifs :bénévoles réguliers et bénévoles occasionnels, évaluables selon deux approches,l’une d’après un volume horaire moyen, l’autre d’après la continuité de l’action.Une question essentielle reste en suspens, celle de l’approche dynamique chez lespersonnes concernées, le degré de permanence ou au contraire de mobilité de leurimplication dans l’engagement associatif. Si les effectifs des bénévoles semblent enaugmentation, les associations signalent une baisse des engagements au long terme.Les dirigeants d’associations l’affirment : ils manquent rarement de bénévolesoccasionnels, mais « faire tourner l’association tous les jours, c’est une autreaffaire…».

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Sont à prendre en compte les profils des nouveaux retraités : le cadre supérieur à la vieprofessionnelle prédominante, celui qui a déjà conjugué vie professionnelle et engage-ment de tous genres, celui qui est contraint au changement d’activité par des circons-tances externes, celui qui est dominé par une «angoisse existentielle»… Les dispositifs d’accueil et d’accompagnement paraissent aujourd’hui insuffisants pourgérer efficacement ce passage entre la vie professionnelle vers ce que l’on appelle la re-traite.

Les bénévoles des conseils municipaux, un extraordinaire vivier d’énergies disponibles. Nicolas TRENZER, Président du Centre d’études et de réflexions pour l’action politiqueapporte un éclairage sur les élus municipaux non indemnisés, ces derniers étant étudiéspour la première fois.On peut estimer à environ 350000 le nombre d’élus non indemnisés. Ils remplissent gra-tuitement une fonction au sein d’un conseil municipal, tout au long de l’année et pourune durée de six ans dans les 36000 communes de France, dont une proportion impor-tante dans les communes rurales.Cela montre le besoin de nos concitoyens à s’impliquer dans les affaires de la cité, par in-térêt pour le bien commun, révélant un besoin de sociabilité souvent renforcé par des en-gagements associatifs, parfois pour plusieurs mandats successifs.L’auteur de cette étude souligne de nombreuses nuances dans ces engagements. Certainsfont cette démarche pour faire vivre et animer une petite commune en voie de dépeu-plement sans compter leurs heures. D’autres utilisent la même énergie à refuser touteévolution (intercommunalité ou autre regroupement) pour préserver la permanence deleur cadre. La question se pose sur l’échelle où se déploient tant d’énergies : ne faudrait-il pas moins d’élus dans des structures plus larges permettant une optimisation de ce dy-namisme? Enfin, la nature même du bénévolat ne doit pas cacher parfois le manque deprofessionnalisme, face aux difficultés toujours accrues du «métier» d’élu, à la nécessitéde connaissances spécifiques dans tel ou tel domaine. Ce sont les limites du bénévolatdans son essence même.

La France bénévole, sous la direction d’Antoine Malet, préface d’Alexandre Jardin. Édition CerPhi, Centred’étude et de recherche sur la philanthropie. Etude menée pour la troisième année consécutive en collaborationavec France Bénévolat.

Quelle est la situation dans le domaine associatif social ?

L’étude porte sur un échantillon de 300 000 bénévoles réguliers des réseauxtravaillant avec le CerPhi qui coordonne cette étude. Quelques exemples :• le social caritatif (Restaurants du cœur, Petits Frères des Pauvres, SecoursCatholique, Société de Saint Vincent de Paul, Enfance et Partage, Secouristes de laCroix rouge) : les femmes y sont majoritaires, avec rajeunissement des bénévoles. AuSecours Catholique, cette évolution répond à une campagne de sensibilisationpositive. Les plus jeunes vont à la Croix Rouge et chez les Petits Frères des Pauvres.• aux frontières du social et de l’économie, on trouve des associations comme Agird’abord, ECTI, Relais Capimmec… Les hommes s’y trouvent largement majoritairesen raison du secteur d’intervention avec une atténuation de la tendance.• Le domaine de la santé, Association française contre les myopathies, Fédérationfrançaise pour le don de sang bénévole, Fondation Claude Pompidou, Unionnationales des amis et familles de malades mentaux est un domaine où les femmessont majoritaires, à l’exception de la Fédération française pour le don de sangbénévole où l’on note une présence masculine importante.• les associations pour la jeunesse Lire et faire lire, Éclaireuses et Éclaireurs de France…compte de nombreuses femmes représentées.

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Alimentation etPrécarité N° 35 octobre 2006

Alimentation et précarité, bulletin édité par le CERIN(Centre de Recherche et d’Information Nutritionnelles)

Rédacteur en chef: Dominique Poisson

Rédaction: Marlène Delesse, Chantal Delourme

Maquette et mise en page: MPRA biocommunication

Couverture: iow2.10 / Vincent Gremillet

ISSN 1629 1212

Abonnement gratuit sur demande écrite adressée au CERIN – 45 rue Saint Lazare – 75314 PARIS CEDEX 09

www.cerin.org

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Prix CERIN de Nutrition 2007pour les conseiller(ère)s en ESF

et les diététicien(ne)s

Montant du prix : 2000 €

Qui peut concourir ?

Les prix CERIN de Nutrition pour les Conseiller(ère)s en ESF (Économie Sociale et Familiale) et les Diététicien(ne)s

d'un montant de 2000 € chacun, sont réservésaux équipes de professionnels coordonnées par un(e) conseiller(ère) en ESF,

et aux diététicien(ne)s après retrait d'un dossier de candidature auprès du CERIN.

Sur quel sujet ?

Il récompensera un travail original non publié(ou publié dans l'année qui précède la date limite de dépôt des candidatures)

dans le domaine de la nutrition et/ou de l'alimentation.

Date limite de dépôt des dossiers :

Avril 2007

Remise du prix :

Juin 2007

Règlement disponible auprès du :

CERIN45, rue Saint Lazare

75314 PARIS CEDEX 09Fax : 01428064 13

[email protected]

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Le CERIN, au service de la nutrition

Toute l’actualité nutritionnelle en ligne :

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CENTRE DE RECHERCHE ET D'INFORMATION NUTRITIONNELLES 45, rue Saint-Lazare 75314 PARIS CEDEX 09 • Tél. : 01 49 70 72 20 • fax : 01 42 80 64 13 • email : [email protected]