Algies Pelviennes -...
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Introduction (1)
Les algies pelviennes sont définies comme des douleurs des quadrants inférieurs de l’abdomen.
C’est une situationclinique extrêmement fréquentedans la pratique médicale aussi bien en médecine
générale qu’en gynécologie(environ 10% des cas) puisque, isolée ou associée à d’autres symptômes,
elle constitue le motif de consultation en gynécologie le plus fréquent.
Les pathologies rencontrées dans cette situation sont à la fois nombreuses et de gravité variable;
certaines d’entre elles pouvant mettre en jeu la vie des patientes ou avoir des conséquences graves sur
la fertilité ultérieure.
Il est important de souligner la grande difficulté parfois à établir le diagnostic de l’affection en causepar
les examens diagnostiques conventionnels (clinique, biologie et échographie) d’où le recours à la
cœlioscopie qui s’est donc imposée comme un outil diagnostique certes pas systématique (son
utilisation sans limite pouvant être à l’origine d’incidents ou d’accidents) mais se justifiant dans certaines
situations de doute ou dans unbut thérapeutique.
Il est fondamental au moins de différencier les algies pelviennes aigues des algies pelviennes
chroniques.
Introduction (2)
La mise au point d’une démarche rationnelle d’analyse diagnostique reposant sur une meilleure
connaissance de l’épidémiologie, une meilleure compréhension de la physiopathologie des
symptômes douloureux pelviens, une évaluation du rendement diagnostiques des examens
conventionnels (clinique, biologie et échographie) avec une utilisation judicieuse des examens
complémentaires non invasifs, en particulier du diagnostic biologique de grossesse et de l’échographie
par voie endovaginale, permettrait de limiter le nombre de cœlioscopies inutiles.
Introduction (3)
Abord méthodologique du diagnostic (1)
Trois questions clés viennent toujours à l’esprit de chacun devant une algie pelvienne :
L’origine de la douleur est-elle gynécologique ou non?
S’agit-il d’une douleur organiqueou fonctionnelle?
Quelle est l’importance du facteur psychologique dans la symptomatologie?
L’analyse sémiologique des douleurs abdomino-pelviennesrepose sur deux éléments fondamentaux:
la topographie de la douleur d’une part,
la dichotomie entre douleur somatique (d’origine reflexe en rapport avec une irritation péritonéale)
et douleur viscérale (en rapport avec la souffrance d’un organe intra-abdominal) d’autre part.
Abord méthodologique du diagnostic (2)
La proximité anatomique des organes pelviens et leur innervation par des fibres voisines rendant
difficile l’interprétation de la topographie d’une douleur pelvienne qui peut ainsi correspondre à une
pathologie de l’uretère, de l’appendice, de l’ovaire, de la trompe ou de l’utérus.
En outre, la distinction entre douleur pelvienne unilatérale (complication de kyste, torsion, appendicite
aigue non compliquée, colique néphrétique) et bilatérale ou diffuse (infection pelvienne, rupture de
kyste, hémopéritoine, affection utérine, endométriose péritonéale) est cependant utile mais peut
parfois être prise en défaut.
Abord méthodologique du diagnostic (3)
Cependant, c’est grâce un examen complet (gynécologique mais aussi portant sur les organes de
voisinage) aidé de quelques examens bien choisis que l’on pourra dégager des arguments étiologiques :
infection, endométriose, trouble de la statique pelvienne…etc.
La part du psychisme doit toujours être déterminée car elle existe toujours, minime ou prépondérante.
Examen clinique
Interrogatoire
Il est essentiel représentant une partie très importante de la consultation. Il doit permettre l’installation
d’un climat de confiance.
On doit laisser parler la patiente mais aussi diriger l’interrogatoire afin de lui éviter de s’égarer dans des
considérations étiologiques ou thérapeutiques proposées par la maladie ou son entourage!
Il convient tout d’abord :
De déterminer les caractères de la douleur: type (pesanteur, tiraillement, picotement, plus ou moins
lancinante, torsion, coliques survenant par crises de quelques minutes); intensité; siège
(hypogastrique, médian, uni ou bilatéral, localisé ou diffus); irradiations (lombaire, périnéale, crurale) ;
date et circonstance d’apparition ; profil évolutif ; périodicité par rapport aux règles (prémenstruelle,
protoméniale, téléméniale)
De rechercher des signes associés gynécologiques ou non
D’étudier les antécédents et les facteurs de risque de la pathologie suspectée
D’évaluer,aussi, le profil psychologique de la patiente: contexte affectif, couple, désir de maternité,
ainsi que son allure générale, tout en établissant une relation de confiance avec celle-ci.
Abord méthodologique du diagnostic (4)
Abord méthodologique du diagnostic (5)
Examen clinique proprement dit
Il doit être méthodique
L’’examen somatique étudie:
L’aspect, le morphotype, le développement des seins et de pilosité
Au niveau de l’abdomen une éventuelle cicatrice d’intervention antérieure, l’existence de
météorisme, sensibilité, irritation péritonéale
La statique générale, surtout celle du bassin et de la colonne vertébrale (recherche de points
douloureux, d’un signe de Lasègue, d’une scoliose, d’une limitation de mobilité…)
Abord méthodologique du diagnostic (6)
L’examen gynécologique recherche:
Au niveau de la vulve: trophicité, dermatose (lésions de grattage), prolapsus, cicatrice, une béance,
une distance ano-vulvaire courte
Au niveau du périnée: trophicité, ulcération, lésions inflammatoires cutanées, une cicatrice de
déchirure ou d’épisiotomie, un prolapsus à la poussée avec déroulement surtout de la paroi vaginale
Au niveau de l’anus: hémorroïdes, condylomes, fissure
Au niveau des glandes de Bartholin et de Skene: une émission du pus à la pression
L’examen au speculum recherche:
Une bride vaginale
Une leucorrhée plus ou moins évocatrice
Au niveau du col: aspect du col (ectropion, déchirure), une glaire cervicale louche ou purulente
Une colposcopie et éventuellement des frottis cervicovaginaux seront réalisés durant cet examen.
Abord méthodologique du diagnostic (7)
Le toucher vaginal combiné au palper abdominal apprécie:
Le corps et le col de l’utérus : taille, consistance, position, sensibilité
Les culs-de-sac latéraux et de Douglas: sensibilité, masse, nodule
Le toucher rectal, toujours indispensable et particulièrement utile chez la fille vierge, explore les
paramètres et les annexes et recherche leur infiltration.
Examens complémentaires
Ilsne sont pas systématiques, mais orientés selon la pathologie suspectée, en fonction de
l’interrogatoire et de l’examen clinique.
On pourra demander:
Une échographie par voie abdominale et/ou vaginale
Un examen cytobactériologique des urines
Une FNS avec dosage de la CRP (C reactive protein)
Un prélèvement bactériologique endocervical
Un éventuel scanner abdomino-pelvien qui a peu d’intérêt pour certains en dehors des cancers ;
l’échographie vaginale étudiant bien les organes génitaux
La cœlioscopie dont on doit peser l’indication peut être très utile, c’est une étape facultative qui ne
doit pas résumer la prise en charge.
Abord méthodologique du diagnostic (8)
Au terme de l’examen, parfois aucun diagnostic ne peut être fait. Il faut alors penser à une
symptomatologie fonctionnelle, d’où l’importance d’avoir évalué auparavant le contexte psychologique
de la patiente.
Des choix parmi les causes doivent être faits car toute la gynécologie pourrait être énoncée.
L’exhaustivité étant difficile, les différentes étiologies seront présentées selon une démarche logique en
fonction des données de l’examen clinique.
Abord méthodologique du diagnostic (9)
Les causes des algies pelviennes étant très vastes on peut schématiquement distinguer:
Les douleurs extragénitales (non gynécologiques)
Les douleurs pelviennes d’origine génitale
Recherche étiologique (1)
Les douleurs pelviennes non gynécologiques
Elles peuvent être d’origine :
Urinaire
On retrouve des signes fonctionnels en faveur d’une infection urinaire haute ou basse (brulures,
pollakiurie, douleurs lombaires) ou d’une lithiase(douleur de type colique néphrétique, antécédents
personnels ou familiaux de lithiase).
La bactériologie des urines est faite au moindre doute, de que l’échographie rénale.
Digestive
Il peut s’agir :
D’une sigmoïdite(femme d’âge moyen avec une notion de constipation, de rectorragie, d’épisodes
identiques, symptomatologie d’appendicite chronique à gauche)
D’une appendicite pelvienne ou retrocaecale, cette dernière étant de diagnostic difficile car les signes
ne sont ni localisés ni francs
De troubles fonctionnels intestinaux : en présence d’un ballonnement abdominal, d’une
constipation, chez une patiente ayant souvent un profil psychologique particulier (stress)
Recherche étiologique (2)
Ostéo-articulaire
Les affections rhumatologiques lombo-sacrées, lombo-iliaques ou de la hanche peuvent avoir une
expression purement pelvienne.
Recherche étiologique (3)
Des choix parmi les causes doivent être faits car toute la gynécologie pourrait être énoncée.
L’exhaustivité étant difficile, il faut cependant garder à l’esprit quelques schémas simples et distinguer :
Les algies pelviennes aigues (souvent des urgences)
Les algies pelviennes chroniques non périodiques (sans rapport avec les règles)
Les algies pelviennes périodiques (précédant, accompagnant ou suivant les règles)
Les douleurs pelviennes d’origine génitale
Les algies pelviennes aigues
Elle est définie comme une douleur évoluant selon les auteurs depuis moins d’une semaine à moins de
6 mois.
Il est important de souligner que la distinction entre le caractère aigu ou chronique d’une douleur
pelvienne est parfois difficile (épisode aigu surajouté ou douleur pelvienne cyclique).
Dans notre pratique quotidienne, cette distinction se fait plutôt par le mode de consultation; les algies
pelviennes aigues étant principalement recrutées par les urgences, alors que celles chroniques sont
vues lors d’une consultation programmée.
Recherche étiologique (4)
Elles surviennent en général dans un contexte évocateur.
Grossièrement il peut s’agir d’un:
Contexte hémorragique
Contexte infectieux
Contexte de masse pelvienne
Recherche étiologique (5)
Contexte hémorragique
Grossesse extra-utérine
Ce diagnostic doit systématiquement être évoqué devant une algie pelvienne aigue ou des
métrorragies, mais également en l’absence de symptomatologie fonctionnelle, devant des antécédents
évocateurs (antécédents de chirurgie tubaire, de salpingite, de GEU, de microprogestatis…).
La douleur est souvent unilatérale à irradiation postérieure, associée plus ou moins à des métrorragies
noirâtres sépia, des lipothymies, une aménorrhée. Le plus souvent, le diagnostic de certitude repose sur
des signes directs de GEU visualisés lors de la première ou de la seconde échographie.
Plus rarement, la GEU n’est pas visualisée, et le diagnostic repose sur la confrontation d’une cinétique
anormale des HCG (ou d’un taux unique élevé) et d’une vacuité utérine à l’échographie.
Le traitement est le plus souvent coeliochirurgical ou bien médical (méthotrexate) selon les cas.
Recherche étiologique (6)
Menace d’avortement ou avortement en cours
La douleur est utérine à type de contractions, associée à des métrorragies plus ou moins abondantes
avec des caillots.
L’échographie montre soit:
Une grossesse évolutive avec un décollement trophoblastique dont l’importance variable oriente le
pronostic évolutif
Un œuf clair ou des débris trophoblastiques si l’expulsion a déjà eu lieu
Le traitement est symptomatique en cas de grossesse intra-utérine évolutive; repos, antalgique,
antispasmodique.
Il est variable, selon le terme et le contenu utérin en cas d’avortement en cours (chirurgical ou médical).
Recherche étiologique (7)
Contexte infectieux
Cervico-vaginite
Les douleurs sont bas situées, souvent associées à une dyspareunie et/ou à des leucorrhées
pathologiques.
Un cancer du col doit être recherché en présence d’une cervico-vaginite de façon systématique
(colposcopie et biopsie au moindre doute).
Recherche étiologique (8)
Infection génitale haute
Le tableau typique est celui d’une douleur pelvienne le plus souvent bilatérale à irradiation
postérieure, s’exacerbant à l’effort, associée à des métrorragies (endométrite), des leucorrhées
pathologiques, une fièvre modérée (38,5°C).
Un contexte favorisant peut être relevé: nouveau partenaire, partenaires multiples pouvant présenter
des signes d’urétrite.
Le diagnostic n’est pas toujours aisé; en effet, il n’y a pas obligatoirement de parallélisme entre la
clinique, la biologie et l’exploration échographique ou chirurgicale.
Recherche étiologique (9)
Le traitement consiste en une antibiothérapie adaptée précédée d’une cœlioscopie s’il existe un doute
diagnostique (sans oublier de traiter le partenaire).
Parfois le tableau clinique est d’emblée celui d’une pelvipéritonite nécessitant une hospitalisation et
une surveillance attentive de l’évolution sous traitement (pyosalpinx, abcès du Douglas, péritonite
secondaire par diffusion ou rupture d’un abcès pelvien).
Recherche étiologique (10)
Contexte de masse pelvienne
Kyste ovarien
Celui-ci peut se tordre, se rompre ou saigner.
S’il s’agit d’unetorsion: qui constitue une véritable urgence chirurgicale, la douleur est brutale,
unilatérale, associée à des vomissements. Il existe une douleur exquise latéro-utérine au niveau du
pédicule ovarien avec ou sans perception de masse pelvienne.
Dans les autres cas: l’examen retrouve une douleur ou une défense pariétale, le cul-de-sac vaginal
est sensible avec présence d’une masse plus ou moins volumineuse.
Recherche étiologique (11)
L’ensemble du tableau ne permet pas, en préopératoire, de distinguer une torsion des autres
complications de kyste ovarien (rupture de kyste, corps jaune hémorragique, hémorragie intrakystique,
dysovulation, rupture folliculaire) dont l’évolution est spontanément bénigne.
L’échographie retrouve la plupart du temps une image ovarienne anormale et oriente le diagnostic :
En cas de torsion: augmentation du volume, diminution du flux sanguin au doppler
En cas de rupture: épanchement intrapéritonéal, kyste affaissé par rapport à un éventuel examen
antérieur
En cas d’hémorragie : contenu échogène hétérogène, aspect de sédimentation avec le temps
Le traitement repose sur les antalgiques ou la laparotomie à défaut de la coeliochirurgie selon les cas.
La conservation annexielle doit être la règle dans la mesure du possible; les capacités de récupération
du tissu ovarien sont importantes, et dans la plupart des cas il est possible de récupérer un ovaire
fonctionnel.
Recherche étiologique (12)
Fibrome en nécrobiose ou tordu
La douleur est paroxystique, souvent associée à un météorisme et à une fièvre modérée.
A l’examen, l’utérus de consistance ferme et à contours irréguliers est douloureux en un point exquis.
L’échographie objective une image arrondie, hypoéchogène ou hétérogène en cas de nécrobiose.
Le traitement associe des antalgiques et des anti-inflammatoires, puis la chirurgie dans un second
temps en cas d’inefficacité.
Recherche étiologique (13)
Les algies pelviennes chroniques
La douleur pelvienne chronique est en général définie comme une douleur évoluant depuis plus de 6
mois et susceptible d’avoir un retentissement cognitif, comportemental ou social.
Cette définition souligne qu’à côté de la démarche diagnostique visant à la recherche de la cause
lésionnelle, il s’agit également d’apprécier le retentissement de la douleur et de prendre en charge le
handicap induit.
L’exploration des algies pelviennes chroniques se fait alors concomitamment dans trois directions :
La recherche d’une lésion déclenchante
La recherche d’une perturbation de la transmission nociceptive
La détermination des conséquences psychiques comportementales ou sociales
Recherche étiologique (14)
La recherche de la cause risque d’être décevante car le lien causal est difficile à établir et qu’il n’existe pas
toujours de traitement spécifique.
La prise en charge est difficile car il ne s’agit pas seulement de traiter une lésion anatomique, mais un
symptôme.
Le modèle dichotomique, douleur organique versus psychogène, n’explique pas qu’une même lésion
puisse être indolore chez une patiente et provoquer des douleurs atroces chez une autre.
Une souffrance psychologique est souvent présente sans qu’il soit possible de savoir si elle est la cause
ou la conséquence de la douleur.
Recherche étiologique (15)
Le traitement de la lésion organique n’apporte pas toujours l’amélioration escomptée.
De même, une simple cœlioscopie diagnostique sans anomalie découverte donne environ 20% de
guérisons et 40% d’amélioration.
Enfin, toutes les équipes qui travaillent sur la douleur pelvienne chronique insistent sur une prise en
charge globale et multidisciplinaire de celle-ci.
Schématiquement on peut distinguer:
Les algies pelviennes périodiques, rythmées par les règles
Les algies pelviennes chroniques non périodiques, permanentes sans rapport avec les menstrues
Recherche étiologique (16)
Les algies pelviennes périodiques
Elles constituent le deuxième grand groupe des algies pelviennes chroniques.
Trois problèmes dominent ce groupe:
Les dysménorrhées organiques ou fonctionnelles
L’endométriose
Les dystrophies ovariennes
Les dysménorrhées organiques ou fonctionnelles
On distingue, classiquement:
Les dysménorrhées primaires (dès l’apparition des premières règles) le plus souvent sans cause
organique (fonctionnelles ou essentielles)
Les dysménorrhées secondaires (survenant plus tardivement) le plus souvent rattachées à une
étiologie organique
Recherche étiologique (17)
Dysménorrhée primaire ou essentielle
La douleur débute avec le premier jour des règles et dure de 1 à 3 jours. Elle est de siège pelvien avec
des irradiations fréquentes vers le dos, le sacrum, le périnée.
Elle est assez semblable d’un cycle à l’autre sans tendance à l’aggravation.
Les antiprostaglandines (anti-inflammatoires non stéroïdiens [AINS] sont efficaces dans 90% des cas.
Une contraception oestroprogestative peut également être utilisée avec de bons résultats.
La cœlioscopie est indiquée pour rechercher une cause organique si la douleur résiste au traitement
médical habituel.
Recherche étiologique (18)
Dysménorrhée secondaire ou organique
La survenue à distance des premières règles, de douleurs d’apparition récente, progressivement
croissantes, sont des signes en faveur d’une étiologie organique à la dysménorrhée.
Les signes associés orientent vers certaines étiologies; des ménorragies douloureuses évoquant une
adénomyose, une dysménorrhée tardive ou une dyspareunie une endométriose.
Les autres étiologies possibles sont une sténose cervicale, une malformation génitale congénitale, des
séquelles d’infection génitale, une synéchie utérine, un fibrome utérin, un kyste de l’ovaire, une
dystrophie ovarienne ou des varices pelviennes.
Recherche étiologique (19)
L’endométriose
Elle est cause de dysménorrhée secondaire tardive du 3ème jour des règles qui s’aggrave
progressivement. Schématiquement, il y a deux tableaux:
Endométriose externe
Définie par la présence en dehors de la cavité utérine de «tissu endométrial», elle entraine une
dysménorrhée secondaire tardive.
L’échographie pelvienne peut retrouver un endométriome, des ovaires fixés.
L’échographie endorectale est intéressante pour les localisations des ligaments utérosacrés et de la
cloison rectovaginale.
L’IRM est utile pour les lésions extragénitales.
Le diagnostic repose sur la cœlioscopie; celle-ci montrant un endométriome, des nodules bleutés, des
adhérences.
Recherche étiologique (20)
Les différents traitements hormonaux ont une efficacité sur les douleurs proche de 90%, mais ils sont
souvent uniquement suspensifs avec près de 50% de récidives 1 an après l’arrêt du traitement.
La chirurgie conservatrice donne une amélioration (satisfaisante à complète) dans 60 à 80% des cas
avec 10% de récidives à 1 an.
La chirurgie radicale (hystérectomie avec annexectomie bilatérale) est réservée aux échecs des autres
traitements. Elle ne fait disparaitre la douleur que dans 80% des cas.
Plus de 50% des femmes estiment rester symptomatiques malgré le traitement.
Les progrès viendront probablement d’une meilleure compréhension de la pathogénie douloureuse ;
son mécanisme reste en effet mal connu (extension en profondeur pour Koninckx, infiltration de la
paroi vaginale ou rectale pour Chaperon, envahissement nerveux pour Anaf, implants pour Perper et
adhérences annexielles pour Porpora.
Recherche étiologique (21)
Adénomyose
Correspondant à la présence de foyers de muqueuse endométriale dans le myomètre (invagination)
elle entraine également une dysménorrhée tardive souvent associée à des ménorragies douloureuses
très évocatrices.
L’examen clinique retrouve un utérus augmenté de volume mais régulier, sensible en période
menstruelle.
L’échographie retrouve souvent un aspect hétérogène du myomètre déterminent comme des flaques
vascularisées en doppler couleur, et prédominant sur une des faces utérines avec une déformation de
la cavité.
Recherche étiologique (22)
L’HSG peut retrouver des signes directs (images d’addition diverticulaire) et des signes indirects (aspect
erecta des cornes utérines, aspect en parasol ou en baïonnette de l’isthme, rigidité des bords utérins).
L’hystéroscopie peut retrouver également des signes directs (orifices glandulaires, kystes bleutés sous
l’endomètre) et des signes indirects (hypervascularisation, cavité utérine agrandie aux parois irrégulières
et rigides, ectasie des cornes).
Les traitements médicaux (AINS, progestatifs) ou conservateurs (endométrectomie sous hystéroscopie)
sont peu efficaces, obligeant souvent à l’hystérectomie
Recherche étiologique (23)
Les dystrophies ovariennes
Elles donnent classiquement des douleurs unilatérales, alternantes d’un cycle à l’autre, survenant au
moment de l’ovulation mais peuvent aussi être per ou prémenstruelles.
Le syndrome intermenstruel s’intègre dans le cadre de la dystrophie macropolykystique des ovaires.
A l’examen, le volume des ovaires est variable selon le cycle : normal après les règles, nettement
augmenté avant leur survenue (ovaires «accordéon»).
Recherche étiologique (24)
L’échographie montre des kystes folliculaires, en général inférieurs à 50mm, surtout variables d’un
cycle à l’autre et disparaissant sous contraception orale.
Le traitement repose sur le blocage de l’activité ovarienne.
Le traitement chirurgical sera réservé aux dystrophies ovariennes secondaires à un processus
infectieux enchatonnant l’ovaire sous des voiles péritonéaux gênant son fonctionnement, et qui
réagissent plus mal au traitement oestroprogestatif.
Recherche étiologique (25)
Les algies pelviennes chroniques non périodiques
Elles posent en général des problèmes de diagnostic plus difficile; même non périodiques il existe
souvent une recrudescence prémenstruelle par congestion locale.
Les étiologies sont variées. Il peut s’agir :
Des séquelles d’une infection génitale
Les troubles de la statique pelvienneD’une tumeur pelvienneD’une pathologie algogène
Recherche étiologique (26)
Des séquelles d’une infection génitale
Elles sont parmi les causes les plus fréquentes; on estime le risque de séquelles douloureuses après
salpingite entre 20 et 30%.
L’infection initiale n’est pas toujours connue, et il faut rechercher des antécédents de MST, des suites
fébriles après un avortement ou un accouchement.
La pathogénie de la douleur est mal connue, on suppose qu’elle est liée aux adhérences, aux
hydrosalpinx, pyosalpinx, à l’infection chronique ou à la dystrophie ovarienne.
La douleur est sourde ou lancinante, continue, bilatérale non modifiée par les règles.
Une dyspareunie profonde peut exister, traduisant la sclérose inflammatoire et parfois une
rétroversion fixée.
Recherche étiologique (27)
L’examen clinique est souvent décevant, peu contributif.
L’échographie peut apporter des arguments en faveur d’un hydrosalpinx ou d’une dystrophie
ovarienne.
La cœlioscopie a non seulement un intérêt diagnostique retrouvant des adhérences, un hydrosalpinx
ou parfois un épanchement du cul-de-sac de Douglas, mais aussi thérapeutique.
Le traitement médical repose sur les anti-inflammatoires, les antibiotiques, le blocage ovarien.
La chirurgie ne devrait être proposée qu’avec la plus grande circonspection.
Recherche étiologique (28)
Les troubles de la statique pelvienne
Ils sont souvent découverts à l’examen mais leur relation avec la douleur n’en est pas pour autant
certaine.
Il peut s’agir :
D’une rétroversion utérine douloureuse
Du syndrome de Masters et Allen
D’un prolapsus génital
Recherche étiologique (29)
D’une rétroversion utérine douloureuse
Elle est rare (1/3 des cas)
A type de dyspareunie profonde, la douleur est majorée par la station debout, la marche, la fatigue et
diminuée par le décubitus ventral.
La rétroversion utérine peut être corrigée par un raccourcissement des ligaments ronds réalisable
actuellement par cœlioscopie.
Recherche étiologique (30)
D’un prolapsus génital
Il peut entrainer plutôt une sensation de pesanteur, de descente, de corps étranger, aggravée par la
position debout et plus marquée le soir, parfois associée à une dyspareunie et à des signes urinaires.
Il s’agit exceptionnellement d’une douleur vraie relevant alors d’une lésion associée.
Le diagnostic est fait par l’examen clinique.
Recherche étiologique (31)
Du syndrome de Masters et Allen
Il s’agit d’une désinsertion utérine qui aurait une origine traumatique obstétricale entrainant un déficit
des moyens de fixation de la zone cervico-isthmique.
La douleur pelvienne est basse, débutant à la suite d’un accouchement dystocique, à type de
pesanteur, médiane, permanente, accentuée par la station debout et la fatigue, diminuée en décubitus
ventral et par la pose d’un pessaire.
Il existe une dyspareunie profonde, diminuée en position ventrale.
L’examen clinique retrouve parfois quelques particularités : outre une rétroversion douloureuse mais
réductible et une hypermobilité du corps utérin, il existe une douleur provoquée, volontiers
asymétrique, aux points d’insertion ligamentaire reproduisant la douleur lors des rapports.
Parmi les différentes techniques préconisées, la douglassectomie avec plastie des ligaments utérosacrés
donnerait des résultats plus durables en traitant non seulement la rétroversion mais aussi la
désinsertion utérine
Recherche étiologique (32)
D’une tumeur pelvienne
Il peut s’agir :
d’un cancer pelvien,
d’un fibrome,
d’une tumeur annexielle ou d’une autre masse pelvienne.
La douleur est permanente, sourde.
L’examen clinique aidé par l’échographie ou autre imagerie (TDM, IRM) mettra en évidence la tumeur.
Recherche étiologique (33)
Recherche étiologique (34)
D’une pathologie algogène
Endométriose externe et adénomyose
Elles donnent parfois des douleurs sans périodicité, peu spécifiques (douleurs permanentes avec
recrudescence prémenstruelle, dyspareunie profonde).
Des adhérences
Le rôle des adhérences dans les douleurs pelviennes chroniques est controversé.
Des adhérences auraient été retrouvées dans environ 25% des cœlioscopies pour douleurs pelviennes
chroniques.
Le traitement coeliochirurgical des adhérences semblerait donner de meilleurs résultats avec environ
50% de guérisons après 1 an de recul contrairement à la laparotomie qui donnerait des résultats
décevants sur la douleur.
D’une congestion pelvienne
La douleur est accentuée en période ovulatoire ou prémenstruelle, aggravée par la station debout ou
assise prolongée, l’effort et en fin de journée.
La dyspareunie profonde est surtout post coïtale.
Une dysménorrhée est associée dans 80% des cas.
Le diagnostic peut être évoqué par l’écho6doppler ou l’IRM qui montre des images de dilatation
veineuse et stase.
Les traitements proposés sont les AINS, les veinotoniques, les progestatifs ou les analogues de la LH-RH.
Recherche étiologique (35)
D’une névralgie du nerf honteux ou pudendale
Il se voit le plus souvent après la ménopause.
L’installation de la douleur est le plus souvent progressive (cyclisme, station assise prolongée) ou plus
rarement aigue (chute sur les fesses, intervention urologique, gynécologique ou proctologique). Elle
s’aggrave progressivement dans le temps et résiste aux antalgiques ou aux interventions chirurgicales.
La douleur périnéale (de l’anus au clitoris) est à type de brûlure (dans 65% des cas) ou de paresthésies
(15% des cas). Elle set évocatrice si elle est unilatérale et peut être également médiane.
Elle est aggravée en position assise (dans 60% des cas); calmée par la position debout (30%des cas), la
marche (20% des cas), le décubitus (85% des cas).
Recherche étiologique (36)
A l’examen clinique, le plus souvent pauvre, on peut retrouver une douleur provoquée en regard de
l’épine sciatique.
L’amélioration par une infiltration aux anesthésiques locaux, en regard de l’épine sciatique ou dans le
canal d’Alcock, est en faveur de la souffrance du nerf honteux.
Le traitement proposé repose sur des infiltrations par les corticoïdes (30% de succès) ou en cas d’échec,
sur la décompression chirurgicale (70% à 60% d’amélioration respectivement à 1 an et 4 ans.
L’infiltration du muscle obturateur avec de la toxine botulique a également été décrite.
Recherche étiologique (37)
Recherche étiologique (38)
D’autres neuropathies
La chirurgie lombaire, inguinale ou pelvienne peut être la source d’une lésion des nerfs ilio-inguinal, ilio-
hypogastrique, génito-fémoral ou obturateur.
Le diagnostic est évoqué sur l’antécédent chirurgical et le trajet des troubles. Ces derniers se situent
dans la région inguinale avec une irradiation vers le pubis pour les nerfs ilio-inguinal et ilio-
hypogastrique, avec irradiation vers la grande lèvre pour le nerf ilio-hypogastrique.
Une localisation au pubis, à la grande lèvre et la face interne de la racine de la cuisse évoque une lésion
du nerf génito-fémoral alors que des irradiations douloureuses à la face interne de la cuisse descendant
vers la face interne du genou orientent vers le nerf obturateur.
Le bloc anesthésique réalisé sur le trajet du nerf ou à un point gâchette et soulageant la douleur est un
argument pour proposer une infiltration par des corticoïdes.
Conclusion (1)
Les algies pelviennes recouvrent de multiples pathologies qui peuvent être génitales, rhumatologiques,
urinaires ou digestives.
L’interrogatoire et l’examen clinique s’attacheront donc à trouver des signes associés permettant
d’orienter le diagnostic vers tel ou tel organe.
Les examens d’imagerie essaieront de confirmer cette orientation.
Quel que soit le type de la douleur génitale, l’étape capitale se situe à la fin du bilan clinique et
paraclinique.
Ce bilan permet de régler toutes les situations simples, mais surtout, grâce à la connaissance de la
patiente accumulée tout au long de la démarche diagnostique, il permet d’aborder avec le maximum
d’éléments les problèmes les plus difficiles, l’évaluation exacte de la responsabilité d’une anomalie
découverte dans le syndrome douloureux et surtout
l’indication opératoire, même mineure, seul geste irréversible.
Autant un acte judicieux peut transformer la vie de la patiente, autant une erreur d’appréciation peut
faire disparaitre toute possibilité d’amélioration.
C’est peut être dans ce chapitre de la gynécologie que l’essentiel se joue le plus dans la relation
médecin/malade.
Conclusion (2)