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o LE MENSUEL l E L'AERONAUTIQUE M' ILITAIRE INTERNATIONALE ISSN . 0223 - 0038 N o 65 - MARS 198 ·4 Belgique 15.00LL · E spogne300P · llalie 4200 L 20 F Kaweil 1300 KD . libye 1500 LD . Ara bie Seaudite 18.00 SR . Egypte 3500 EP * RED FLAG "84 - 2" A I'ecole des "jeux de guerre" dans le desert du Nevada. * ROYAL B UNEI AI WIN l'arme aerienne du plus recent des etats independants du monde. * ADIEU FLAMANT ! . A Avord (eher), le G.E. 319 0 perdu ses derniers Dassault MD 312. (M 1191 ·65· 20 F)

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Military aircraft

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LE MENSUEL l E L'AERONAUTIQUE M'ILITAIRE INTERNATIONALE ISSN . 0223 - 0038

No 65 - MARS 198· 4 Belgique 1 60 FB .Canada S 4 .00 . Su iss~ 6.50 FS. libon 15.00LL · Espogne300P · llalie 4200 L 20 F Kaweil 1300 KD . libye 1500 LD . Arabie Seaudite 18.00 SR . Egyp te 3500 EP

* RED FLAG "84 - 2" A I'ecole des " jeux de guerre" dans le desert du Nevada.

* ROYAL B UNEI AI WIN l'arme aerienne du plus recent des etats independants du monde.

* ADIEU FLAMANT ! . A Avord (eher), le G.E. 319 0 perdu ses derniers Dassault MD 312.

(M 1191 ·65· 20 F)

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FANAVIA

MARS 1984 Sixieme an nee

SOMMAIRE AVIATION MILITAIRE 6 NOTRE AMI MICHEL CROCI

Quelques lignes d 'adieu a notre ami , pilote de chasse dans l'Armee de l'Air, mort pour la France, le 25 janvier 1984, au Tchad.

9 REVU E DE PRESSE Les livres du mois jus pour vous par Jean Bodson et Jean-Michel Guhl.

12 POK ER D'AS (Chapitre 3): PIERRE LE GLOAN Patri ck Facon presente I'as franyais le plus controverse sans doute de I'histoire de l'Armee de I'Air durant la 2" Guerre Mondiale, un pilote de chasse talentueux qui s' illustra surtout durant la Campagne de France de 1940 en abattant en une seule mission cinq appareils italiens.

18 «RED FLAG 84-2» Jean-Michel Guhl a suivi , dans le desert du Nevada, le detachement de I'Armee de

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I'Air, equipe de Jaguar, qui durant tout le mois de janvier a participe a I'exercice 40 interallie «Drapeau Rouge .. sur la base americaine de Nellis pres de Las Vegas.

28 AU SaN DU «BANJO» (2e Partie) Stephane Nicolaou aborde la suite de son etude sur le chasseur embarque ameri­cain McDonneil F2H Banshee en racontant I'utilisation operationnelle du «Banjo .. en flottilles durant la Guerre de Coree.

34 ROYAL BRUNEI AIR WING Peter Steinemann presente une force aerienne parmi les plus meconnues du monde: celle du tout jeune etat de Brunei, sur la cote septentrionale de I'ile de Borneo.

40 ADI EU FLAMANT! Patrick Bigel etait sur la base d 'Avord en decembre dernier pour assister a la remise du brevet de pilote de transport a I'ultime promotion formee sur le venerable bimoteur Dassault MD 312 Flamant.

MAQUETTISME PLASTIQUE 46 ANALYS E DES NOUVEAUTES Michel Gerard et Jean-Michel Guhl presentent les informations du mois.

La couverture d'AIR FAN: Sur la base aerienne americaine de Nellis, Nevada, durant le recent exerci ce interallie .. Red Flag .. , un chasseur embarque McDonnell F-18A Hornet de la flottille VMA-531 de I'U.S. Marine Corps, nouvellement reequipee, s'apprete a partir sur le champ de tir de Nellis pour s'opposer aux .. Forces Rouges ... I Jean-Michel Guh/.

AIR FAN's front cover: A brand-new McDonnell F-18A Hornet ot the U.S. Marine Corps altack squadron VMA-531 trom MCAS EI Toro is about to leave tor a sortie on the Nellis AFB training range during the most recent . Red Flag .. exercise held in January last in the Neva da desert.

AIR FAN, revue mensuelle p a raissant le 20 de chaq ue mois Edimal S.A.R.L. a u Capita l d e 150000 F Siege soc ia l el siege de 10 Redaclion : 48, boulevard d es Balignolles 75017 Paris Direclion, d iffusion : 3873205

Redocteur-en-chef : Jean·Michel Guhl Comite de redaclion :

Corraspandanls da 10 Redac lion ö I'el,ang e, : Pele, Doll (Allemogne). Louis D,endel (Elals·Unis). Roberl E. Kling (Elals-Unrs). Wollgang Hainz! (Aul'iche), Kemuke Ebala (Japan). Gerhard Joas (Allemogne). Dave Menard (Elals·Unis), Anlonia Carlos M,mosa (Parlugal). Klaus Niska (Finlande). ShlO,chi Ohlaki (Japan). Javie' Saez Sanz (Espagne). Norman E. Toy!ar (Elals·Unis). Tam Arhe,m (Norvege). R,chard l. Ward (Rayaume-Uni)

Redaction, publicile : 2936724 Telex : 290 163 EURTL - Code 160 R.C . Pa ris B 314-056-243 C .C.P. Paris 21 16756 C Directeur-gerant : Martine Cabiac Comite de dlrection : M. Cabiac, J. Marmain L. Biancotto el J.-M. Guhl. Secretaire de direclion : Jeannine Gabet Le d l,ecleu, responsable de 10 publicahon : Marline Cabiac N° de Commission parilai,e 61086 DiHusion par les N.M.P.P.

Jean-Michel Guhl, Ala in Crosnier, Palrick Big el, Jean Bodson, Arno Dill, Jacques Druel, Michel Gerard , Jean·Pierre Hoehn. lIIustrateurs attaches : Louis Drendel, Dominique Foubert, Georges Olivereau. Administration : Richard Dore

W SIRET 314 056243 00012

Canceplion g,ap hique : Jonine Olive,eou

All conte nts C AIR FAN 1984

ISSN-0223-0038 Photogravure: Prestige Graph,que (France) Photocomposi tion et impression: Antigoon S.A. 2100 Deurne - Luchthavenlei 7 (Belgique) Telephone: (03) 239 79 60 Depot legal ND 1432

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NOTRE AMI

CITATION DU CAPITAINE MICHEL CROCI

«Officier aux qualites profess ionneUes, humaines et milita ires exceptionnelles, pilote de chasse de tres grande valeur.

Chef de patrouille particulierement experimente tota lisant 3860 heures de '/01 dont 1100 heures sur Jaguar.

Sa personnalite, sa foi tres profonde en la mission, son rayonnement et son dynamisme lui avaient permis de s' imposer tres rapidement cömme Chef des Operations de

l' Escadron 4/ 11 <<Jura».

Chef de detachement , dans le cadre de I'operation Manta , a trouve la mOli dans I' accomplissement de son devoir au cours d ' une

miss ion operationnelle au dessus d 'elements hostiles le 25 janvier 1984.

Cette citation comporte I'attribution de la Croi x de la Valeur M ilitaire avec Palme».

Bordeaux·Merignac, le J fe vricr 1984

Ci-contre, Michel Croci, pilote de chasse. 1/ nous racontait son metier qu'iI aimait dans le N"56 de juin 1983, la vie et I'histoire de son escadron, le 4111 «Jura», dans le N°61 de novembre 1983 ... Sa liaison avec Air Fan remontait au N°1 de novembre 1978. Ses amis etaient tous IlJ pour lui dire adieu une derniere fois sur la base aerienne de Bordeaux-Merignac, sous la pluie, le 3 tevrier dernier. Son petit fetiche, le «Robin des Bois» de Walt Disney, iI I'avait peint sur son premier F-100D Super Sabre au 4/1 1 lJ Djibouti. Un de nos amis, Alain Sexauer, lui aussi capitaine de I'Armee de I'Air er pilote de Jaguar, a /esume les sentiments et la tristesse de tous ses parents et relations dans ce petit dessin; en hommage lJ notre camarade trop t6t disparu ...

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MICHEL CROCI

Michel, c'etait comme un frere pour nous. Sa disparition, alors meme qu ' il venait de feter ses vingt ans de pi lotage dans I'Armee de I'Air, nous plonge dans la plus profonde tristesse ... 11 y atout juste vingt ans, en effet, le 1er novembre 1963, un jeu ne homme grand et maigre, baccalaureat en poche et portant gauchement ses dix-neuf ans, entrait dans l'Armee de l'Air. Son seul but: devenir Pilote de Chasse. Nomme sergent quelques longs mois plus tard , Michel entamait alors sur la base de Cognac, au sein du Groupement Ecole 315, une progression d'eleve pilote qui allait I'amener a decrocher successivement son brevet elementaire de pilote puis, une annee plus tard, au Groupement Ecole 314 de Tours, le ta nt convoite brevet de pilote de chasse. Sa premiere affectation operationnelle se situe en 1968 (" la grande annee" ecrit-il dans une lettre) . Dans une France paralysee par les greves, c'est a la fin du mois de mai qu 'il arrive a I'E.C. 3/11 " Corse" de Toul-Rosieres pour voler sur F-100D Super Sabre. Apres quelques tours en place arriere sur F-100F, le grand moment du premier lacher sur F-100D monopiace arrive: c'est le 3 juillet 1968. Une date que lui Michel n'oubliera jamais: le point culminant de cinq annees d'efforts. Fanatique du vol, Michel demontre rapidement au 3/11 des qualites de pilote de chasse veritable. Toujours disponible, pour son metier comme pour ses amis, il devient pilote operationnel un an plus tard. Bientöt nomme sous-chef de patrouille, Michel quitte en aoOt 1970 le 3/11 pour aller exercer les fonctions de moniteur au Groupement Ecole 315 de Cognac. De cette periode pour laquelle il n'eut ja mais une grande tendresse, il ne garde aucun souvenir sauf cette epaulette d'officier qu ' il rec;:oit en 1971 pour ses merites, ses qualites morales, intellectuelles et militaires. Le temoignage d'un de ses anciens eleves en dit long sur sa modestie: "Je conserve le souvenir d'un moniteur patient, comprehensif mais exigeant, et d'un pilote possedant a un tres haut point I'esprit du vrai pilote de chasse " ... Apres etre devenu chef moniteur, Michel rec;:oit en 1973 ses deux barrettes de lieutenant et rejoint, sur sa demande, l 'Escadron de Chasse 3/11, I'unite de ses debuts ... En 1974, il devient chef de patrouille. Une charge qu ' il assure avec abnegation, competence et modestie, et qui lui vaut I'estime de ses chefs et le respect de tous ses camarades. En septembre 1974, Michel est choisi pour prendre le commandement de l'Escadrilie d'Entrainement et de Vol Sans.Visibilite de la 11 " Escadre de Chasse, une tache qu 'il assure avec brio. En mai 1976, Michel est affecte au nouvel Escadron de Chasse 4/11 " Jura" a Djibouti. Dans son carnet de vol, il souligne d 'un trait colore la date de sa 1000· heure de vol sur F-100: le 28 septembre 1976. Le mois de mai 1978 verra Michel couronne de ses efforts en vue d'assurer I' immortalite des F-100 du 4/11 qui approchent de la retraite. Avec la complicite de ses chefs et I'aide des mecaniciens de I'escadron, iI decore d'une inoubliable gueule de requin tous les Super Sabre de la base de Djibouti. Le 9 decembre 1978 il effectue son dernier vol sur F-100, un avion d'arme sur lequel iI totalise 1425 h 55. A la dissolution de I'escadron, a la fin du mois de decembre 1978. 11 rejoint la France pour participer a la creation d'un autre 4/11: celui qui est implante sur la base aerienne de Bordeaux-Merignac et qui touche ses premiers Jaguar ... Ses qualites unanimement reconnues font de lui le premier commandant de la SPA 158 recreee, poste que Michel va marquer de son empreinte pendant trois ans. En 1982, le general commandant la Force Aerienne Tactique le designe pour assurer la fonction importante de Chef des Operations de I'E.C. 4/11 . A ce poste Michel obtient d'excellents resultats et I'estime de ses chefs successifs. Au tournant de I'annee 1983, Michel est nomme pour prendre' le commandement du detachement de I'E.C. 4/11 mis en place a N'Djamena, au Tchad, dans le cadre de I'operat ion Manta. Le 25 janvier dernier, aux commandes de son Jaguar, le Capitaine Michel Croci decolle a la tete d 'une patrouille pour effectuer une mission operationnelle dans la region de Torodoum. C'est alors, dans le plein accomplissement de son devoir de soldat, qu ' il trouve la mort, frappe par le tir adverse. Notre ami aujourd 'hui n'est plus. 11 laisse derriere lui une femme, compagne fidele de dix-sept annees, et trois enfants; et des amis, beaucoup d'amis qui garderont de lui un souvenir tres fort, le souvenir d'un ami fidele et tout de qualites ... un modele a suivre. A Franc;:oise, a Herve, a Annabelle et a Olivia, nous ne pouvons qu'exprimer notre tristesse, une tres grande tristesse.

11 fallait un murmure et la voix d'Ariel Pour nommer I' instrument qui nous emporte au eie I

L'avionl I'avionl qu'il monte dans les airs Qu 'iI plane sur les monts, qu'il traverse les mers

Qu ' il aille regarder le soleil comme Icare Et que plus Ioln encore un avion s'egare

EI trace dans I'ether un eternel sillon ...

Lt. Guillaume Apollinaire (1880-1918) Croix da guerre 14-18

(Poemes retrouves)

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Le sous-lieutenant Pierre Le Gloan, as de la Chasse

fran~aise, photographie en A.F.N. quelques mols aprils la

Campagne de France et la defalte du printemps 1940.

Credite alors de 11 victoires aeriennes confirmees contre

des bombardiers allemands et des chasseurs italiens, toutes obtenues au sein du G.C. IIU6

successivement sur MS 406 et 0.520, Le Gloan ete alors Age de 27 ans. Epris de discipline

et reconnalssant aux Alles franoalses de lul avoir permis

d'l!chapper A son destin de fils d'agrlculteur, I'as -

comme beaucoup d'autres aviateurs franoais - ne ceda

jamais A la tentatio.n de la dissidence. Loyal jusqu'au

bout A ses chefs et aux Institutions Il!galement

adoptees par la France A la suite de I'armistice, Le Gloan

devait se tuer aux commandes d'un chasseur Bell P-39

Airacobra, le 11 septembre 1943, peu avant I'entree en

g uerre effective de son groupe aux cOtes des Allles,

au lendemain du ralliement de I'Afrique Franoalse du Nord. I

SHAA

Sub-/Ieutenant Plerre Le G/oan pictured In French

Algerla after the defeat of May and June 1940 and the

withdrawal of most of the French Air Force fighter groups in North Africa.

Credlted with 11 confirmed aerial victories against

German and Itallan aircraft, the ace was then 27 years old. Much ma/lgned after WW2 for

the 7 victorles he scored against RAF fighters over

Syrla In 1942 while obeying orders from the then legal

government of France, Pierre Le Gloan was to die in a P-39 crash In Algeria In September

1943 without having had a chance to fight alongside the

All/es for the liberation of France.

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I I est des moments ou, se jouant des hom­mes, I'histoire s'applique ales troubler afin de mieux les broyer. Jamais sans doute

plus qu'en 1940, un tel principe ne trouva une confirmation aussi eclatante, Humiliee, ecra­see, l'Armee franc;:aise s'interrogeait alors sur son avenir. Etait-il si facile, dans de pareilles circonstances, non pas de remplir son devoir, mais de le discerner, comme I'ecrivit un pilote franc;:ais libre, Franc;:ois de Labouchero? Rares furent ceux qui, des le debut, furent a mame de faire cette distinction puis en tirerent la conclu­si on logique: rejoindre le general Oe Gaulle en Grande-Bretagne. La majorite se rallia naturel­lement a celui qui incarnait la legalite - mame si la legitimite de son regime pouvait atre mise en doute: le marechal petain.

Pierre Le Gloan fit partie de ces militaires qui, par esprit de discipline, ne cederent pas a la tentation de la dissidence. Se posa-t-iI seule­ment la question? Ne le 6 janvier 1913 a Plou-

guernevel, une petite localite situee pres de Guingamp dans les Cötes du Nord, au sein d'une familie d'agriculteurs, celui qui devait se hisser au quatrieme rang des as franc;:ais de la Seconde Guerre Mondiale se passionna tres töt pour I'aviation.

Gräce a une bourse que l'Etat accordait alors a ceux dont les revenus ne leur permettaient pas d'apprendre a piloter, le jeune homme put s'ins­crire dans une ecole d'aviation civile ou il acquit les rudiments de son art. Ayant atteint I'äge de dix-huit ans, Le Gloan s'engagea dans I'aero­nautique militaire puis passa avec succes, en tant que sous-officier, les epreuves du brevet de pilote, au cours du mois d'aoOt 1932.

Son contrat arrivant ä expiration en 1933, Pierre Le Gloan, qui ne nourissait aucune atti­rance particuliere pour la vie civile - dans la­quelle il ne voyait que routine et ennui - choisit definitivement la carriere des armes. Affecte a la 6e Escadre de Chasse, qui stationnait sur la base de Reims, il volait, au moment ou eclata la Seconde Guerre Mondiale, comme sergent­chef, au sein du G.C. 111/6. C'est a bord d'un Morane-Saulnier MS406 - I'avion d'arme de cette unite - que le Breton remporta, en de­cembre 1939, sa premiere victoire, en descen­dant un Dornier 0017 qui effectuait une mission de reconnaissance au-dessus du territoire fran­c;:ais. En mars suivant, un second appareil s'ajouta au palmares d'un pilote dont les talents de chasseur n'avaient fait que s'affirmer pen­dant les semaines precedentes. Ces succes, ils etaient d'autant plus merites que Le Gloan les avait obtenus dans des conditions difficiles, montrant, a diverses occasions, des qualites de sang-froid et de courage peu communes.

Quand debuta la Campagne de France, le 10 mai 1940, Le Gloan, nomme adjudant le 1 er avril precedent, se trouvait avec le G.C. 111/6, toujours doM de MS406, sur le terrain de Chissey dans le Jura. La bataille qui s'engagea ce jour-la allait donner a I'ancien eleve-boursier I'occasion de prouver ces capacites. Des les premieres heu res de I'offensive adverse, le Franc;:ais s'adjugea un Heinkel 111, mais aveugle par I'huile qui s'echappait d'un des moteurs du bombardier allemand en perdition, il dut revenir a sa base dans des conditions de vol extramement pre­caires. Quatre jours plus tard, alors qu'il venait d'augmenter son score d'une quatrieme vic­toire, une balle ennemie sectionna les cäbles de commande de son gouvernail de direction. Si bien que c'est, une fois de plus, avec un MS406 presque desempare que I'aviateur dut rejoindre Chissey.

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Mais c'est en juin que Pierre Le Gloan allait asseoir de maniere definitive sa reputation de chasseur en menant, contre des avions italiens, un combat qui ne peut se comparer qu'aux sextuples obtenus par Rene Fonck en mai et en septembre 1918. Cela explique sans doute pourquoi I'as des as de la Grande Guerre - qui faisait alors partie du grand quartier general aerien de Vuillemin - tint a venir feliciter per­sonnellement I'as de 1940. En ce debut de juin, le G.C. 111/6, a bout de souffle, avait ete replie de Coulommiers, pres de Paris, au Luc, dans le Midi, ou il devait etre transforme sur Oewoitine 0 .520. Trois de ces appareils furent affectes a une escadrille du groupe le 8 juin, puis quatre autres des le lendemain. Pris en mains le 10 juin, les 0.520 furent convoyes vers Le Luc ou ils

allaient devoir faire face a I'aviation italienne, ce pays etant entre en guerre contre la France. Apres quelques accrochages avec la Regia Ae­ronautica (Ie 13 juin, I'aviaten descendait deux Fiat BR. 20), une importante bataille se deroula le 15 juin, bataille dans laquelle Le Gloan allait se reveler comme une pilote hors pair et realiser un des exploits les plus remarquables de la campagne de France. Ce jour-la, le Groupe de Chasse 111/6 du capitaine Stehlin fut informe par le reseau de guet aerien qu'une importante for­mation aerienne italienne s'approchait. A la suite de problemes techniques, seuls decol­laient deux 0.520, pilotes par Le Gloan et par le capitaine Assollant - un des protagonistes du fameux raid mene par I'Oiseau Canari en 1929. Les deux hommes apen,:urent bient6t une di-

En permission II Bandol (Var) avec des copains avlateurs en oclobre 1933. Le jeune sergenl Le Gloan, jusle brevele depuls un an, effeclue une promenade en baleau II l'lIe de Bendor avec deux camarades de promolion: Huvel (au cenlre) el Tilard (ll droile). I SHAA

Plerre Le Gloan, then with hIs wlngs for only a year (leftj, en/oys a boat ride with two friends in the harbour of Bandol on the Freneh Rivlera in the late summer of 1933.

Pas encore un as, mais dejll tilulaire de deux victoires aeriennes conlre des Do 17 de la Luftwaffe, radjudanl P. Le Gloan pose devant son MS 406 «numero 6» du G.C. 111/6 au debul du printemps 1940. Le .Masque N~gre. de la S" escadrille que le Brelon conlribuera II rendre cel~bre esl peinl en grarid formal sur le flanc du Morane-Saulnier en lieu el place de la cocarde. ISHAA

Not yet an ace but already eredited with two vletorles agalnst intruding German 00 17s, Pierre Le Gloan poses in front of his MS 406 'numero 6' of G.C. 111I6's 5th eseadrille during the Phoney War. Of note on the fuse/age s/de is the 'Afriean mask' emblem of the 5th ese. whieh Le Gloan played a great part in puttlng to fame.

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1

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AAlger, le general Weygand remet la croix de guerre

a I' escadre de chasse retour de Syrie ~

Aiger, 27 lu.illet. - L'aviation de chasse qui s'illustra pendant Je. earn­opagne d e Syr!e etait aujourd 'hui a I 'hon,neur : deux groupes qui ava ient envoyes pour r enfOl'cer une unite st·a­t.ionnee au L eva,n't et dont 011 sn it quel­l e fut I'action h el'Ojqu e et effieace, fu­n nt, en eHet, presenl,es ee matin au general W eygand, ctel e-gue general du gouvern ement ,pour I'Afri que fJ'Gn ~a i se , a,l cOl1rs d 'I1IlB magnifique pri se d'ar­meso

Sur I'oerod·rome de Maison BJanche, ;es vig,nes ct 1i'S bJes de l a plai.ne gui s'adosse aux mOlltagnes de Kaby lie, &ou~ un so !eil ecJatant, etruient rcunis l es plus I ameux parmi l es as de 1'0-vi·atiO'n d e chasse fran(:aise, qua,nd Gr­J'i\'a l e gpner a! W eygand don t l a va­r Buse etait seulem en t orn ce de la m e­daille militoire, suivi des gen,erau x Vuill emin. an~i en chef d'eta t-lllajor de d'armee de I 'air ; Rozoy, sous-chef d'eta t-maj or de I'armee de I 'a,ir ; Odlc, commanda'l1t su,pcrieur des forces ae­riennes en Afriqll e dn.I Nord ; du vice­ami.ral Ollive, comandant l es Iorces mGTitimles du Sud; d'u vice-amjr al Fe­nard, secretaire gen-eral permanent de l a d elegation generale en Afrique fra'n­Gai se ; du general Bey'net., commanrlant. 1e 19- corps; de ~1. Pagcs, preret d'AI­ger .

Face. aux immenses hangars, l es pglo­ri eux a.ppareils, de r etour de Syrie, formai e:nt l es trois cötes d 'un grand r ec tangl e qu e bOl'daient les deJeg>ations des troupes de l a garni son d'Alger : t iraill eu rs sene.gn Jais, avi'ateur s, fu­siliers-morin s, zouaves et outo-mitraiJ­l euses d e eava leri e. Au CeJl tre ,se t e­naient. les drapeaux des unites eom­battantes et t out Je persO'nneJ ayant part.i eipe a J(]. ca mpagnE, presente par Je Iientnnant-co lon,el Cathal ct l e" com­ma·nrlant s Geille et Morla!.

Apres l'appeJ des mor ts que l es deux groupes perdirent en Sy.rie, Je gener a] Wey·gand cpingla Ja croix de guerre al! drap€'ull de l 'escodre, qll i r ecevait ai nsi sa l!'oi sie.me palme pt sllr des coussi n;;, Jps decoration s des lues et dispal'w;, ohj ets de eitations.

Pu is lIn orr i cier su pcrie ur doco ra l es surv i\·ant·s r ecollIpenses, au nombre rl e 21. Les 33 er oix de guerre ain si decBJ" n ees compor taient, pour la plupart

plusicurs palmes et Bloiles et s'ajoUr taient souvent a une croix eonquise d'urant l a guerre 1939-40.

L es l aur iers l es plus l ourds all~ rent GU sous-lieutenant le Gloan - 4 pal­mes, u ne etoiJ€ - qui r empo.rta en Syrie sept v i ctoires et qui, avec 22 victoires, pr end l a tete d u pa lma r~s de;; pilotes d e chasse de j 'aviGtiOOl rrrun­caise, au eapitaine Richard , six vie­tOi res, au sQus-Ji eutenant Satge, 4 vie­tOlres,

l1 eleva.nt dans son alloeuUon l es sa­cr i fIc<?s dont ces !'lUcces rurent Ipayes, l e general W eygand exolta l'a'bnegation total e de tels serviteurs :

• Vou s a\'ez, di t-il , illumine de fierte et de gloire Jes heures de tri st.esse du temps present ct nou s savons qu el SllP­pl pllI ent de I orcl'5 materieLles et mo­ral es votre presence nous apporte '.

Les troupes defi] cr e<nt ensuite devant Je gener al Weyga nd qui. avant de se relirer, felicif a personnelletment tous les pilot-es , he.r~ de Syrie.

Ci-dessus, Pierre Le Gloan photographie aux eommandes de son Oewoitine 0 .520 n° 277 dans le eiel d'Algerie vers la fin de J'annee 1940. L'appareil porte les marques de la 5' eseadrille du G.C. 11116 et la longue bande de fuselage blanehe, liberalement transformee en flache, earaeteristique des appareils de J'Armee de l'Air d'Armistiee. La easserole d'heliee est blanehe. I SHAA

Above, Pierre Le Gloan pictured over Aigeria by the end of the year 1940 f/ying his habitual 'numero 6' adorned with the red, white and blue sash of the aces. This Oewoitine 0 .520 (nO 277) of G.C. 111/6 sports the Viehy regime markings of that period, i.e. white fuselage band and white trim around the Freneh rounde/.

~ Coupure de presse d'ep"que tlree du quotldlen «Les Debats» du 30 Jull/et 1941, 1 Service Historique de l'Armee de l'Air

En bas, un des Oewoitine 0 .520 du G.C. 11116 en eseale sur la base greeque d'Elefsis, pres d'Athenes, a la fin du mois de mai 194t provoque un attroupement inopine d'oeeupants allemands. Le 11116 etait alors en cours de transfert vers la Syrie. Les marques de la 5" ese., la queue et la easserole d'Mliee peintes en jaune sont autant de details interessants. I Bundesarchiv

Be/ow, one of G.C. 11116'5 O. 520s during a stopover in Greeee at the end of May 1941 while the group was en route to Syria.

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Ci-dessus, Plerre Le Gloan aux commandes du 0 .520

n° 2n en janvler 1941 dans le ciel d'Algerle. Noter la

bande jaune peinte en arrltllre du cOne d'hellce.

Ci-contre, le Lt. Le Gloan pose 1I cOte du Cdt.

Oestaillac (patron du 111/6) 1I l'lssue d'une remise de

decoratlons 1I Aiger-Maison-Blanche le 27 juillet 1942. En bas, I'as fait

face aux photographes le mElme jour devant le 0.520

n0300 sur lequel iI a obtenu en Syrie ses 4 dernitllres

victoires. I Photos: SHAA

Above, Le Gloan flying his 0 .520 n0277 over Algerla in

Jan. 1941. At rlght, Le Gloan poses a/ongside Cdt.

Oestai/lac (C. O. of G.C. 11//6) after recelving more medals at Aigiers on July 27, 1942.

Be/ow, Le Gloan and his last 0.520 In 1942.

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• .' . . .

zaine de biplans Fiat CR.42 qu'ils entreprirent d'attaquer. En quelques minutes, Le Gloan s'adjugea trois chasseurs italiens. Puis, prevenu par la radio du Luc que le terrain etait soumis a des mitraillages en regle, d'autres CR.42, il fit demi-tour et descendit I'un deux, avant de grimper a 4000 m pour expedier au sol un Fiat BR.20 envoye la sans doute pour evaluer les resultats du raid. Ayant abattu cinq avions ita­liens en moins d'une demi-heure, I'aviateur, nomme sur le champ sous-lieutenant, reyut la Croix de Guerre avec palme.

Le 25 juin suivant, quand I'armistice entra en vigueur, Le Gloan, alors titulaire de onze vic­toires - c'etait le cinquieme as franyais de la campagne qui venait de s'achever- se trouvait en Afrique du Nord, ou il etait passe avec le 11116 au complet quelques jours plus tot. Pour l'Ar­mee de I'Air d'armistice commenya ensuite une periode de trouble, faite d'ambigu'ites et de compromissions. Engage en Syrie a partir du 28 mai, apres avoir transite par des bases de l'Axe situees en Italie et en Grece, le 11116 prit part aux durs combats dans lesquels ses Oewoitine 0.520 furent amenes a affronter les Hurricane et les Gladiator de I'aviation britannique. Operant a partir de Rayak, Pierre Le Gloan abattit, les 8 et 9 juin, deux appareils adverses et obtint, dans les semaines qui suivirent, cinq autres victoires sures et une autre probable. La propagande faite par la presse franyaise - dont des jour­naux extremistes comme Gringoire -, de mame que son refus de rallier la France Libre apres la fin de la Campagne du Levant valurent a I'as de 1940 de tres nombreuses inimities au sein des milieux proches du general de Gaulle. Quoi qu'il en soit, son comportement en Syrie permit aLe Gloan de recevoir, a titre exception­nel, ses galons de lieutenant le 15 septembre 1941.

Quatorze mois plus tard, les Allies debar­quaient en Afrique du Nord, capturant intacts, sur la base d'Alger-Maison-Blanche, ou ils sta­tionnaient, les 0.520 du 111/6. Pour I'Armee de I'Air d'Afrique du Nord vint alors le temps du rearmement et de la reprise du combat aux co­tes des Anglo-americains. Pierre Le Gloan ne devait pas en avoir I'occasion. Par une curieuse ironie du sort, I'officier avait pari a bord d'un P-39 'qui s'etait ecrase au sol, entre Aiger et

. . . .

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TABLEAU DES VICTOIRES AERIENNES CONFIRMEES DE P. LE GLOAN

Date Lleu Avlon abaHu Avlon utlllse -----------._------------ ------------------------------- --------------------------- --------------------------

23 nov. 1939 France Oornier 00 17 MS.406 n° 597

2 mars 1940 France Oornier 00 17 MS.406 n° '597 11 mai 1940 France (Pirey) Heinkel He 111 MS.406 n° 597 14 mai 1"940 France Heinkel He 111 MS.406 n° 597 13 juin 1940 Fance (Agay) Fiat BR.20 0 .520 n° 277 13 juin 1940 France (Agay) Fiat BR.20 0.520 n° 277 15 juin 1940 France (SI-Tropez) Fial CR.42 0 .520 n° 277 15 juin 1940 France (SI-Tropez) Fial CR.42 0.520 n° 277 15 juin 1940 France (SI-Trapez) Fial CR.42 0.520 n° 277 15 juin 1940 France (Le Luc) Fial CR.42 0 .520 n° 277 15 juin 1940 France (Le Luc) Fial BR.20 0 .520 n° 277

8 juin 1941 Syrie (Oamas) Hawker Hurricane 0 .520 n° 277 9 juin 1941 Syrie Hawker Hurricane 0 .520 n° 277

15 juin 1941 Syrie Glosler Gladialor 0.520 n° 277 23 juin 1941 Syrie (Rayak) Hawker Hurricane 0 .520 n° 300 23 juin 1941 Syrie (Rayak) Hawker Hurricane 0 .520 n° 300

5 juil. 1941 Syrie Hawker Hurricane 0.520 n° 300 5 juil. 1941 Syrie Hawker Hurricane 0 .520 n° 300.

Soit onze victoires pendant la campagne de Fance et sept autres au cours de la guerre menee au Levan!. Au total, vingt-et-une victoires (dont dix-huit homologuees - deux obtenues en cooperation).

Mostaganem, le 11 septembre 1943, jour anniversaire de la disparition de Guynemer (1).

Si certaines mechantes langues avancerent que Pierre Le Gloan etait mort avant d'avoir pu se rehabiliter, force est de reconnaitre qu'en raison du nombre de ses victoires (21, dont 18 sOres et 3 probables) et des qualites qu'il afficha tout au long de sa cl;lrriere, ce pilote hors pair fut sans aucun doute un des plus grands as franyais de la Seconde Guerre Mondiale. 0

(1) Contralrement iI ce qul a ete longtemps pretendu, Plerre Le Gloan n'est pas mort lors d'une mission d'entralnement sur Alracobra. Le 11 septembre 1943. decollant du terrain d'Alger-Malson Blanche poilr une mission de survelllance cOt1i1re a la tAte d'une patrouille simple de deux P-39 Alracobm, Plerre Le Gloan et son equlpler prenait la dlrect10n de I'ouest, cap vers Oran. Peu aprils volr franchila cOte, I'avlon de I'as pre­senta une trils nette baisse de regime moteur accompagnee de cognements de mauvalse augure. Donnant aussitOt rordre a son equlpler de rebrousser chemln. quelques mlnutes plus tard les deux P-39 arrlvalent lila cOte. Devant I'urgence, son moteur ayant cale, Le Gloan declda de tenter coOte que coOte un atterrlssage de fortune. Malheureusement. les terrains longeant la cOte algerlenne elant 11 cet en droll trils tourmemes, c'est dans une oliverale que ras de la Campagne de France acheva traglquement sa carrlere aprils qu'au moment de l'lmpact avec le sol son reservoir ventral de carburant explosAt et mit le feu au P-39 lourdemenl charge an essenca al an munitions. N.d.l.r.

Citations (tU lieutenant L:e Gloan Citation a I'ordre de I'armee du 24 juln 1940 "Sous-officier de la plus haute valeur morale et professionnelle. Pilote de chasse d'une valeur ex­ceptionnelle. A attaque avec un seul equipier une formation de 12 chasseurs ennemis. A abattu trois d'entre eux en molns d'une minute de combat. Rappele au terrain par son commandant de groupe. A abattu un chasseur ennemi qui venalt de mitrailler le terrain. S'est lance apres cette quatrieme vlctoire a la poursulte d'un avion de grande reconnaissance et I'a abattu en flammes. Ces clnq vlctoires, exploit peut-lltre sans prece­dent, ont ete remportees en moins d'une dem 1-heure ...

Citation a I'ordre de I'armee aerienne du 11 juln 1941 «Jeu ne officier d'une energie a toute epreuve et d'un courage exceptionnel, s'est couvert de gloire pendant la guerre de 1939-1940 en abattant offi­ciellement 11 avions ennemis. Vient a nouveau de se signaler le 8 juin 1941 en mitraillant des colon­nes ennemies a basse altitude malgre une reac­ti on vigoureuse des troupes a terre et en obtenant seul une nouvelle victoire aerienne au cours d'une mission de protection d'un avlon de reconnals­sance alors que le feu de I'ennemi avait contralnt son equipier a se poser en campagne ...

Ci-dessus, aprils la detalle da 1940, I'as aUK 11 vlctolras pose avec quelques camarades devanl son 0.520 n"'ln ä Aiger-Malson Blanche an juillat. Oe g. iI d., Adj. Colln, SLt. Le Gloan, Cal. Gulllemetta el Sgt. Colln. I SHAA After the desestrous Bettle of Frence of Mey end June 1940, Le Gloan (centre) poses with mates in front of his personal D.520 st Algiers (July 1940).

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A mon ami Michel Croci, capitaine de l'Armee de l'Air, mort pour la France au Tchad

le 25 janvier 1984.

« 5 cuba 6451 and 52, you're cleared for take-off on runway 03-Lima». A cet or­dre, deux Jaguar etrangem~nt camou­

fies et lourdement armes rompent leur gron­dante inertie pour, metre apres metre, devaller la piste gauche de Nellis Air Force Base de toute la puissance de leurs turboreacteurs Adour avant de s'envoler dans un tourbillon de volutes de chaleur, leurs deux silhouettes se detachant enfin nettement sur le bleu limpide du ciel du Nevada.

Ces Jaguar sont franyais et portent les mar­ques de la 11 8 Escadre de Chasse de Toul -Ro­sieres. IIs sont venus officiellement representer

Ci -contre, concentre avant le depart pour une sortie sur le «range», un pilote de RF-4C Phantom du 16th Tactical Reconnaissance Training Squadron de Shaw AFB, Caroline du Sud, demontre fort bien le niveau d'extens ion du camouflage atteint dans I'U.S. Air Force aujourd 'hui ... Comme il devrait le faire en temps de guerre, hormis les insignes de grade, ce lieutenant a Ote de sa combinaison de vol tous badges voyants montrant ainsi qu'il a bien compris le sens de I'exercice «Red Flag ». Durant «Red Flag 84-2», les RF-4C de Shaw AFB etaient charges des missions de reconnaissance tactique pour le compte de la «Blue Force» (Ies Bons). En dessous, un F-5E Tiger du 64th Aggressor Squadron rentre d'une sortie sur le «range» de Nellis AFB. Avec les F-5E du 65th Agressor Squadron, ceux du 64th representaient le noyau des «Forces Rouges» (Ies Mechants) opposees aux attaques des «Forces Bleues», simulant en ce la les forces sovietiques. On distingue, sur I'entree d'air, I'embleme du 57th Fighter Weapons Wing, escadre d'appartenance des deux squadrons d'«agresseurs». I Jean-Michel Guhl

At left, a weil camoul/aged RF-4C pilot from the Shaw based 363rd Tactical Fighter Wingl16th TRTS gets readied inside his cockpit before a low-/evel 'recon ' sortie over the Nel/is AFB training range during 'Red Flag 84-2' held at Nellis AFB in January 1984. Be/ow, a 64th Aggressor Squadron F-5E Tiger suitably painted as to represent a Soviet opponent returns from a DATC mission over the range. .

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r

84-2 Ci-contre, un Jaguar A de I'Armee de l'Air

nanti d'un nouveau camouflage temporaire se presente a I'atterrissage surla piste 3B-L de

Nellis AFB durant .. Red 'Flag B4-2 .. . Bien que portant les marques et les insignes de

I'Escadron de Chasse 4/11 .. Jura .. de Bordeaux-Merignac, cet avion ne representait

pas en propre le 4/11 mais le Detachement Franc;;ais a .. Red Flag.. . I Jean-Michel Guhl.

A French Air Force Jaguar painted in a provisional distemper camouflage lands at

Nellis AFB at the completion ot a sortie over the range. Attending thaif-third 'Red Flag ', the French had travelled all the way trom

France to Nellis AFB with tour Jaguars retue/ed en route by a C-135F.

En haut, contribuant a augmenter la densite du trafic aBrien sur la base de Nellis et au-dessus du champ d'exercice, un important detachement du 3BBth TFW venu de Hili AFB dans I'Utah effectuait sa campagne de tir annuelle en plein durant .. Red Flag /14 -2 .. ' Lourdement charge de bombes et arme de missiles air-air Sidewinder un F-16A du 3BBth survole ici les etendus desertiques du Nellis Range grand comme la Suisse. IUSAF TFWC

Upper, heavily loaded with bombs and AAMs an F-16A trom the Hili based 3BBth TFW heads tor its target in the Nellis training range complex.

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. ;'- ~~ .. ~~~ ~

Dans le desert du Nevada, Americains et Allies livrent regulieremer,t bataille Contre les forces «rouges» dans une guerre ~~n~rnQrt. par Jean-Michel Guhl

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U\

Ci-dessus, un ravitailleur KC-135A du 22nd Air

Refueling Squadron du Strategic Air Command de

March AFB se presente a I'atterrissage a I' issue d'une

mission de ravitaillement au-dessus du "range". En

haut, un F-18A Hornet tout neuf de la flottille VMA-531 de I'U.S. Marine Corps qui, il y a encore peu de temps,

etait equipee de F-4 Phantom, atterrit a Nellis

AFB. Ci-contre, decoupant leurs silhouettes sur une barriere montagneuse a

I'aspect lunaire, deux F-15C du 1st TFW de Langley s'elevent au-dessus de

Nellis AFB. I Photos: Jean-Michel Guhl

Above, returning from a refueling mission over the

Nel/is AFB range, a 22nd ARS Boeing KG-135A lands at March AFB during «Red

Flag 84-2». Top, a brand-new F-18A (161735)

of VMA-531 pictured seconds before touch-down.

At right, a pair of F-15Gs from the Langley based 1st

TFW launches from Nellis AFB runway for a GAP

sortie with the «Blue Force».

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les couleurs de l'Armee de l'Air a I'exercice " Red Flag 84-2» de I'U.S. Air Force.

Exercice «Drapeau Rouge»

L'exercice "Red Flag »· (drapeau rouge, par synonymie avec I'embleme de l'Union Sovieti ­que, ennemi potentiel n01 des Etats-Unis et de leurs allies) et un programme d'entrainement tres special mis en place par les Americains en 1975 afin de mieux preparer leurs forces armees au combat. Place sous I'egide du Tactical Air Command (TAC), premier grand commande­ment de I'U.S. Air Force par le nombre d'appa­reils de combat mis en oeuvre - plus de 2.000, I'exercice " Red Flag» est traditionnellement or­ganise, a partir de Nellis AFB dans le Nevada (pres de Las Vegas), par le 4440th Tactical Fighter Training Group, un groupement opera­tionnel responsable des plans et du contr61e des operations et dont la moindre des particu­larites est de n'avoir en propre aucun avion! Effectivement, les seuls appareils tombant re­gulierement sous la coupe du 4440th TFTG sont ceux des differents participants a "Red Flag », que ceux-ci proviennent des differentes armes americaines (Air Force, AFRES, Air National Guard, U.S. Navy, U.S. Marine Corps, etc.) ou, de plus en plus, de forces aeriennes alliees des Etats-Unis teiles que celles de I'OTAN, de la Coree, d'lsrael, du Japon, de I'Australie, de la Republique de Singapore et autres.

Le but essentiel de cet important exercice est de familiariser un maximum de pilotes avec les particularites du combat aerien moderne contre un adversaire nommement designe, I'URSS, en leur donnant un entrainement operationnel des plus realistes adapte des enseignements tacti­ques tires des plus recents conflits tout en pro­fitant de la presence, a quelques kilometres a vol d'oiseau au nord de Nellis, d 'un champ d'entrainement d'une superficie superieure a celle de la Suisse! Ce " range», dans sa quasi­totalite compose d'etendues desertiques, est gere par le Tactical Fighter Weapons Center de I'USAF, une grande unite dont la vocation pre­miere est de formertous les pilotes de chasse de I'armee de I'air americaine a I'usage des armes. De plus, le TFWC est egalement responsable des essais et de I'evaluation des nouveaux ar­mements et de leurs tactiques d'emploi. Dans le premier cas, le TFWC s'apparente, en France, a la 8e Escadre de Chasse de Cazaux et aux champs de tir dependant de la BA 120, et, dans

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le deuxieme cas, au Centre d'Experiences Ae­riennes Militaire de Mont-de-Marsan.

L'origine de I'exercice «Red Flag» remonte aux etudes statistiques conduites par I'USAF a partir de I'examen minutieux des missions de combat de la Deuxieme Guerre Mondiale - sta­tistiques qui revelaient que les chances de sur­vie d'un pilote ou d'un equipage s'accroissent considerablement une fois franchi le seuil des dix missions de guerre. En effet, c'est au cours de ses premieres vraies missions de combat qu 'un pilote apprend instinctivement - a partir de I'entrainement qu ' il a prealablement rec;:u­a developper les reflexes et les idiosyncrasies qui lui seront necessaires pour survivre atout engagement aerien.

En temps de paix, il est bien rare qu 'un pilote ait I'opportunite de retrouver, au cours d'un en­trainement quotidien en unite ou lors d'une campagne specifique de combat aerien, un en­vironnement comparable a celui qu 'il rencon­trerait en cas de crise, que ce soit sur le plan

psychologique ou au niveau des dangers en­courus. Bien evidemment, il ne viendrait a I'idee d'aucun responsable militaire - en dehors de former constamment les pilotes et equipages au tir de munitions reelles lors de campagnes de tir air-air ou air-sol contre des cibles inertes - de soumettre ceux-ci et leurs avions aux tirs de missiles ou d'obus «bons de guerre» rien que pour tester leurs reactions devant le danger; Dieu merci, personne jusqu'ici n'y a songe!

Le «quelque chose» qui pourrait le plus s'ap­parenter a un entrainement de ce type est jus­tement I'exercice «Red Flag» , un exercice pro-" bablement unique en son genre - ace que I'on sait les Sovietiques n'auraient rien d'appro­chant - qui permet aux participants de goGter, a peu de chose pres, au veritable combat aerien en milieu hostile avec une grande difference cependant: dans cette guerre la on ne compte pas de morts, sauf accident rare.

(suite en page 24)

Ci-dessus, aux commandes du Jaguar A-104 de I'E.C. 1/11 .. Roussillon .. le Cdt J.-F. Louvion, patron du 1/11, rentre d'une sortie sur le .. range .. a la tombee du jour. En bas, quelques pilotes du Detachement Francais photographies au retour d'une mission. Oe g. a d.: Cdt Bernard Molard, Col. Jean-Jacques Brun (patron du detachement), Cne Guy Trolliard, Cdt Jean-Francois Louvion et LU Eric Petit. 1 Photos: Jean-Michel Guhl.

Above, a French AF Jaguar returns from a sortie over the range at sunset. Below, a party of French Jaguar pi/ots pictured around their boss Col. J.-J. Brun (second from left) during .. Red Flag 84-2- .

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Page ci-contre, I'exercice .. Red Flag 84-2 .. reunissait des appareils venus de differents horizons et egalement des avions de transport tactique. En haut, un F-16A du 429 TFS/474th TFW de I'USAF base en permanence iI Nellis se fraye une place dans le trafic important des participants iI .. Red Flag 84-2 ... Au centre, deux CC-130 du No.436 Squadron des Forces Armees Canadiennes peints dans un nouveau camouflage se dirigent vers le seuil de piste; leur mission : larguer des commandos factices derriere les lignes .. rouges ... En bas, un coup d'reil indiscret dans le bureau des chefs ops du 64th Aggressor Squadron iI Nellis AFB. Les .. Agresseurs .. poussent le realisme jusqu'iI decorer leurs bureaux de drapeaux sovietiques et d'inscriptions en cyrillique - sur le mur on peut lire .. Istrebitielnaya Aperatsiya .. ou .. Operations de Chasse .. !

Durant .. Red Flpg 84-2 .. plusieurs versions specialisees du Phantom

furent utilisees par les .. Forces Bleues .. pour penetrer les

detenses .. rouges ... En haut, un F-4G .. Wild Weasel .. du 561st

TFS/37th TFW de George AFB arme d'un AGM-65 Maverick; au

centre, un RF-4C du 16th TRTS/363rd TFW de Shaw AFB

(on note le lance-Ieurres IR ouvert . iI la base de la derive).

Ci-dessous, un Jaguar GR.1 du NO.17 Sqn de la RAFG arme de

bombes lisses et de Phimat sur le parking de Nellis AFB. / Photos:

J.-M. Guh/

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Gonsidere, a juste titre, comme le com­plexe aerien militaire le plus etendu du monde, le «range» de Nellis qui se trouve a quelque 150 km au nord de la ville de Las Vegas (Nevada) couvre une surface d'environ 40.000 km 2 sensiblement equivalente a celle de la Suisse (41 .288 km2).

Sur cet enorme terrain d'exercice, large­ment constitue d'etendues desertiques et montagneuses, so nt repartis une cinquan­taine de types de cibles tactiques, y compris un champ de bataille ou quelque 200 repli­ques de chars sovietiques T-62 so nt dispo­sees en ordre de combat selon des methodes qui sont celles des armees du Pacte de Var­sovie. On trouve egalement sur le «range» deux grands convois de vehicules factices­I'un etire sur plus de 25 km de longueur -avec les types d'espacement et de chenilles anti-aeriens couramment employes par les armees communistes. Deux bases aeriennes sovietiques, du type de celles existant en AI­lemagne de I'Est, ont egalement eM simulees en grandeur reelle sur le «range». Elles dis­pose nt des principaux ouvrages normale­me nt rencontres a I'est a I'exception des bä­timents qui sont consideres comme des ci­bles secondaires par les tacticiens -Ie point vital d'une base aerienne etant constitue par les pistes d'atterrissage et les taxiways que les attaquants doivent neutraliser en priorite. Sur ces «bases», on trouve des epaves en­tieres de vieux chasseurs F-84 ou F-86 cen­sees simuler des appareils «rouges» opera­tionnels et qui so nt placees un peu partout.

Les objectifs militaires ne sont pas les seuls representes sur le «range». On y trouve aussi un complexe industriel completement edifie avec une gare de triage et des trains! Tous ces objectifs sont, bien evidemment, hautement defendus par des batteries de ca­nons et d'engins sol-air dont les caracteristi­ques so nt entierement copiees sur celles des materiels en service dans les armees sovieti­ques. Leurs capacites de destruction sont simulees par des enregistreurs electroniques et le realisme ponctuel est accru par I'utilisa­tion de details visuels tels des «smoke-SAM», fumigenes propulses representant les de­parts de missiles sol-air!

Quelque dix types d'installations radar so­vietiques so nt mis en reuvre sur le terrain ; materiel recupere sur I'ennemi au Vietnam ou aupres des Israeliens, leurs particularites accroissent le realisme de I'exercice de ma­niere impressionnante et assurent un entrai­nement a I'utilisation des moyens de contre­mesures electroniques particulierement probant.

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Le Nellis Range Complex La touche finale de realisme du Nellis

Range Gomplex est constituee par la pre­sence, pour la defense des lieux, des deux squadrons d' «Aggressors» bases a Nell is AFB et dotes d'une cinquantaine de chas­seurs F-5E. Mis en reuvre selon des metho­des sovietiques - c'est-a-dire 'avec I'utilisa­tion intensive de contröleurs au sol - les «Agresseurs» utilisent les plus recentes techniques du combat aeriEln nourries des mises a jour obtenues par le biais du rensei­gnement militaire. Leur endoctrinement tres special, leurs aptitudes professionnelles notoires et leurs avions differents - censes simuler au mieux les caracMristiques des MiG-21 sovietiques, en attendant une hy­pothetique livraison de veritables MiG-21 qui seraient rachetes en Inde, selon les rumeurs les plus recentes - en font des adversaires a la mesure des attaquants «bleus». Au dire de tres nombreux participants, on ajoute mame que si les veritables intercepteurs sovieti­ques s'averaient aussi coriaces que les «Agresseurs», la partie ne s'avererait pas fa­cile ...

Gomme I'on s'en doute, les techniques uti­lisees pour comptabiliser sur le «range» les coups que se portent les forces en presence font appel aux moyens electroniques I.~s ~Ius

sophistiques. Sans trop entrer dans le detai l, gräce a des radars et des capteurs divers tout un nombre de donnees est enregistre en permanence durant toute la duree des sor­ties. Quelque 400 avions peuvent etre ainsi contröles et suivis en meme temps par un centre de contröle et de surveillance baptise «Blackjack» qui jouxte le bätiment des ope­rations du 4440th TFTG sur la base de Nellis. Enregistrees en temps reel - gräce aux transpondeurs montes sur· chaque avion «rouge» ou «bleu» - la position de chaque appareil ainsi que sa situation apparaissent sur un ensemble de consoles cathodiques du centre «Blackjack» qui suit ainsi I'ensemble du deroulement des sorties et des combats. Toutes les actions etant enregistrees, les participants aux sorties ont ainsi la possibi­lite durant le debriefing qui suit chaque grande mission de savoir comment ils ont individuellement remplis leur mission (s'ils ont «tire» ou ont «ete t ires» : le dilemme eter­nel du chasseur) et d'en saisir la preuve sur des bandes video. En resume et selon les propres mots du Golonel J.-J. Brun, chef du Detachement Franc;ais a Nellis: «un systeme d'entrainement au combat d'une valeur in­comparable». 0

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Les principaux participants

1 TFW 37 TFW 1561 TFS

347 TFW 363 TFW 1 16 TRTS

58 TTW 1310 TFTS 552 AW & CD 185 TAS

63 TAS 64 TAS 95 TAS

U.S. Air Force (FF)

(WW) (MY) (SW) (LF)

ANG AFRES AFRES AFRES

57 FWW 164 + 65 AS

U.S. Navy & Marine Corps

F-15C F-4G/E F-4E

RF-4C F-16A E-3A

C-130H C-130A C-130A C-130A F-5E/F

Acknowledgemenls: the aulhor expresses his I!\anks 10 all the people who helped hlm pullllis storylogether: first 01 all Capt lorry Kropp, USAFEIRamsteln, and , In Nellis , lICol John Kumlnecl and Sgt Sharon Nalmo. Many thanks also to Sgts larry D. Palne and Wllbur G. lavergne 01 Base Ops, to lICol Fred WiHenberg 01 Red Flag, to Maior Jerry Carpenter 01 the 64th AS, and to Major Hugh B. McCreary and TSgt llnda Schelln at Blackjack.

VF-142 VF-143 VMFA-531

F- 14A F-14A F-18A

Canadian Armed Forces No. 433 + 434 Sqn No. 435 + 436 Sqn

CF-5A CC-130H

Royal Air Force RAF Brüggen (No. 14, 17, 20 Sqn)

Jaguar GR.l RAF Laarbruch (No. 16 Sqn) RAF Lyneham

Buccaneer S.2B Hercules C.l

Armee de l'Air Detachement Chasse Detachement Transport

Jaguar NE Transali

Le cote tres positif de I'exercice «Red Flag» est a trouver au niveau des moyens d'entraine­ment tres valorisant qu'il propose: d'une part , un «range» immense (Ie Nellis Range Complex) dote de toutes les facilites de soutien necessai­res (voir encadre), en second lieu, un systeme de surveillance et de controle du champ de tir tres sophistique faisant appel ades enregis­treurs electroniques, des cinetheodolites, des systemes videos et caetera et, enfin , une force «rouge» constituee des moyens de simulations du peril sovietique parmi les plus developpes existants avec, des squadrons d'«Aggressor» des brouillages de contre-mesures electroni­ques (CME), des dangers et des tirs adverses simules electroniquement et tous les moyens d'entrainement les plus realistes possibles, I'ensemble representant un a-peu-pres de la guerre aerienne au plus proche de ce qui peut etre humainement realise avec les moyens ac­tue I de la technique-et I'on sait a quel point les Americains reste nt les maHres dans ce do­maine.

De maniere generale, chaque «Red Flag» est organise autour d'un scenario particulier. Pour le «84-2», il s'agissait de representer une situa­tion conflictuelle dans le sud de l'Europe. Bien evidemment, la presence d'un Detachement Fran9ais place sous les ordres du Col. J.-J. Brun, chef du bureau «Operations» de la FATac, revetait un interet tout particul ier.

Arrives de France a la fin decembre, a I'issue d'un periple d'environ 20.000 km et plusieurs ravitaillement en vol et des escales en Afrique et en Amerique, le Detachement Fran9ais comp­tait 4 Jaguar, 12 pilotes et 35 mecaniciens. 11 etait accompagne d'unequipage de C 160 de I'E.T. 2/61 d'Orleans qui participait tous les jours avec son avion aux missions sur le «range» . Fin janvier, au terme d'un exercice particulierement reussi, le Detachement regagnait la France. Le voyage aller-retour de 40.000 km sans incident permettant une fois de plus de noter I'excellente disponibilite des personneis et avions de la FA­Tac.

Jean-Mlchel GUHL

En haut, les avions de transport tactiques ataient bien reprasentas a RF 84-2, participant aux sorties en TBA sur le " range». lci un Hercules C.1 de la RAF se profile sous la queue d'un C 160 de I'E.T. 2/61 " Franche-Comta». En bas, impressionnant de formes, un des deux Buccaneer S.2B datachas de la RAF en Allemagne rentre au bercail un Sidewinder sous I'aile. L'avion porte les marques du NO.16 Sqn de Laarbruch actuellement en transformation sur Tornado. I Photos: J.-M. Guhl

«Red Flag 84-2. was the oeeasion for a few taetical transports to artend and fly low level sorties over the range in high threat environment. Be/ow, one of two partieipating Bueeaneers from RAFG returns from a sortie.

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Moment de verite pour ce pilote de la VF-172

retournant a bord de I'USS Essex aprils une mission en

Coree. I Photo : US Navy.

No «bolter- for this Banshee of the «Blue Bolts- •

returning from a mission over Korea!

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g uand les hostilites s'etaient engagees le 25 juin 1950 entre la Goree du Nord et celle du Sud, I'US Navy ne disposait que d'un seul porte-avions dans la re­

gion, I' SS VALLEY FORGE qui entra en opera­tion le 3 juillet. 11 fut rejoint par I'USS PHILlP­PINE SEA en aout. Ges deux bätiments posse­daient chacun deux flottilies de chasseurs, des Grumman F9F-2 ou 3 Panther. 11 avait ete convenu de doter les unites du Pacifique de Panther tandis que celles de l'Atlantique rece­vaient des Banshee en priorite. Les contrats de Grumman depassaient considerablement ceux alloues a Mac Donnell , la firme de Bethpage ayant une position imprenable aupres des res­ponsables de I'US Navy qui avaient une confiance absolue dans la solidite des avions sortant du fameux «Iron Works» . Les porte avions alors en service etaient mal adaptes a I'emploi de jets, en particulier a cause de leurs catapultes .beaucoup trap faibles. Quand on voulut utiliser les Panther pour I'attaque au sol , deux appareils equipes d'une roquette sous chaque aile tomberent directement dans I'eau au catapultage tandis que deux autres resterent sur le pont: les catapultes avaient cede sous leur poids.

Dans la mesure ou les Gorsair et les Skyraider accomplissaient avec une redoutable efficacite leurs missions de bombardement dans des zo­nes faiblement defendues, on se contenta en haut-lieu de declarer que I'heure des jets n'avait pas encore sonnee dans ce domaine. En realite , au meme moment, des porte-avions etaient hä­tivement modifies pour tirer le maximum des chasseurs areaction. L'USS ESSEX fut le pre­mier a disposer de nouvelles catapultes, d'un pont d'envol renforce et d 'ascenseurs conve­nables.1I arriva pour prendre sa place au sein de la Task Force 77 croisant au large de la cote Est de la Goree du Nord le 22 aout 1951 . A son bord le Group-5 comprenait la VF-51 sur F9F-2 et la VF-172 des Blue Bolts qui pour la premiere fois engageaient des Banshee en combat.

Les missions debuterent le lendemain puis le 25 aout 12 F2H-2 en compagnie de 11 F9F-2 realiserent une mission assez part iculiere puis-

par Stephane Nicolaou

(2e partie)

que pour la premiere fois depuis le debut du conflit des chasseurs de I'US Navy assurerent la protection d'avions de I'US Air Force, precise­ment 35 B-29 des 19th, 98th et 307th Bomber Wings. Durant une demie heure les Banshee et les Panther surveillerent I'espace aerien au­dessus des Superfortress qui lächerent 300 tonnes de bombes sur la gare de trillage de Rashin situee a une trentaine de kilometres de la frontiere avec I'URSS. Aucune opposition ae­rienne ne se manifesta durant le bombarde­ment.

Apres I'escorte, I'attaque au sol: le 1e r sep­tembre les Blue Bolts participerent au plus grand raid me ne exclusivement par des avions de I'US Navy au cours de ce conflit: 259 sorties etaient accomplies contre la raffinerie d'Aoji. Ensuite, vu les resultats , les Banshee furent em­ployes principalement dans ce role, dans le ca­dre de 1'« Operation Strangle» qui avait com­mence en mai 1951 . Son but etait de couper toutes les voies de communication de I'adver­saire, lequel accomplissait la nuit ce qu 'on lui interdisait de jour. Les Banshee se specialise­rent dans I'attaque des voies ferrees, des ponts et des routes, täche a la fois monotone et ingrate pour les equipages qui risquaient leur vie pour des objectifs trop souvent derisoires. De plus la rapidite avec laquelle les dommages etaient re­pares avait un effet terriblement demoralisant.

Quand I'USS Essex repartit de Goree, le 5 mars 1952, I'heure des bilans avait sonne. In­contestablement les F2H-2 avaient surpris sur bien des points. Au debut le catapultage avec 740 kg de charges externes posa quelques diffi­cultes, I'avion ayant tendance a pion ger devant le pont a la maniere du F9F-2. En relevant im­med iatement I' incidence en fin de course, le Banshee grimpait tout de suite et franchement, deux fois plus vite que le Panther, atteignant 9000 m quand celui -ci parvenait a 4300 m. L'en­durance du Banshee constituait un autre point remarquable. Jusque la les mi~sions des jets etaient limitees a une heure et demie; une heure supplementaire pouvait etre programmee pour le Mac Donnell. Get avantage ne fut pas exploite comme il aurait du a cause de I'organisation

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generale des operations ; normalement les Banshee mettaient 20 minutes pour atteindre leurs objectifs en etant lances Ei 130 km des cates de la Coree du Nord; ils restaient une cinquantaine de minutes Ei accomplir leur mis­sion avant de regagner I'USS ESSEX. Si le bom­bardement s'effectuait en pique, la ressource commenyait Ei 2000 m. Les pilotes jugeaient les aerofreins excellents. Un des grands arguments en faveu r des avions d' attaq ue Ei hel ice venait de la vitesse «excessive " Ei laquelle les jets lä­chaient leurs charges (200 km/h de plus), ce qui excluait une visee precise. Cependant I'absence de couple permettait au pilote de ne se soucier que de la vitesse du vent lequel avait de I'effet sur une duree plus courte vu la vitesse initiale au largage. Statistiquement d'ailleurs, I'efficacite par bombe lancee par les avions du Group-5 indiquerent une nette superiorite des jets sur les Corsair et Skyraider.

Les avions de la VF-172 furent touches Ei 40 reprises par la DCA; mis en relation avec le nombre de sorties, les Banshee furent atteints deux fois moins que les Panther et quatre fois moins que les avions Ei moteur Ei piston . Deux exemplaires seulement furent perdus au-des­sus du territoire nord-coreen, avec leurs pilotes directement touches et morts aux commandes. Preuve de la durete des combats, le Group-5 perdit 45 avions du fait de I'ennemi. Les F2H -2 encaisserent des coups terribles mais reussi­rent Ei regagner leurs lignes, meme avec le lon­geron principal de la voilure endommage. Cette faculte posa d 'ailleurs des difficultes conside­rabies aux hommes assurant I'entretien des ap­pareils car ils ne disposaient generalement pas de I'outillage necessaire pour de teiles repara­tions. Bien que genes par I'electrification exa­geree du Banshee, les mecaniciens apprecie­rent la maintenace relativement simple excepte les reservoirs en bout d 'aile; en particulier le changement de moteur ne demandait qu 'une heure, si bien qu'en une oc~asion un F2H-2 de retour d 'une mission Ei 8h30 fut pret pour une nouvelle mission Ei 11 h15 apres le changement d'un J34. La disponibilite du Banshee fut mise en evidence lorsque 205 puis 284 catapultages consecutifs eurent lieu sans qu 'un avion prevu

pour la mission ne soit defaillant de la pro­grammation Ei son depart, alors qu 'une detail­lance etait normale' Ei cette epoque Ei chaque vague de depart. Les Blue Bolts realiserent aussi 1318 appontages consecutifs sans acci ­dent, un exploit si on se rappelle que les ponts droits n'autorisaient pas la moindre faute. Le train Ei large voie et I'exceller te vi sibilite etaient deu x facteurs preponderant~ dans ce resultat.

Le succes de ce premier deploiement ne suffit pas Ei lui seul Ei renver~e r la tendance au sein de la Task Force 77 : les F9F-2 puis 5 Panther conti­nuerent Ei doter les flottilles de chasse en Coree, seuls les F2H-2 de la VF-11 des Red Rippers affectee au Group 101 sur I'USS KEARSARGE accomplissant un tour complef d'operations du 14 septembre 1952 au 22 fevrier 1953. Deux au­tres flottilles de F2H-2 furent envoyees en Co­ree, la VF-22 des Cavaliers et la VF-62 des Gla ­diators Ei bord de I'USS LAKE CHAMPLAIN qui arrive en Mer du Japon le 10 juin 1953, entra en action en lanyant les avions du Group-4 Ei partir du 14. Ce premier jour faillit se terminer en de­sastre apres que les Banshee aient escorte avec succes des B-29: juste apres I'appontage, un des F2H -2 se mit Ei tire r sur les avions dejEi par­ques Ei I'avant du bateau . L'action immediate des pompiers permit d'eviter un desastre, mais deux Banshee etaient perdus dans I'aventure. Ensuite les chasseurs furent principalement utilises pour I'attaque au sol et la suppression de la DCA, dans le cadre des «Cherokee Strikes» qui consistaient Ei harceler simultanement les troupes sur le front et leurs lignes arrieres si ­tuees Ei une trentaine de kilometres de la ba­taille , afin de ne laisser aucun repit Ei I'adver­saire. Signaions qu 'au cours de cette periode I'USS LAKE CHAMPLAIN eut pour hate I'ecri ­vain James A. Michener qui publia peu apres le fameu x roman «Les Ponts de Toko-ri » dans le­quelle Banshee est pratiquement le heros du livre ... La periode de combat fut heureusement assez breve car les pourparlers de cessez le feu aboutirent le 27 juillet 1953. Les appareils de la VF-22 et de la VF-62 effectuerent alors des mis­sions de surveillance beaucoup plus paisibles jusqu 'au 11 octobre , date Ei laquelle ils furent releves par les avions de I'USS KEARSARGE.

Parfois les choses tournaient mal meme au parking. Le F2H-2 (125021) de la VF-22 semble poser quelques difficulhl s imprevues aux marins de I'USS Tarawa. I Photo: US Navy.

SNAFUI This Banshee displaying the markings of VF-22 turned an impromptu somersault on-board the USS Tarawa in February 1952.

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En haut, une patrouille de - Banjo» de la VF-172 - Blue Bolts» Ala recherche de leur objectif au-dessus de la Coree du Nord. La VF-172 etait alors

embarquee sur I'USS Essex. I Photo: US Navy.

Top, a pair of F2H-2 on the prowl over Korea during a strika conducted from the USS Essex.

Ci-dessus, un F2H-2 solitaire de la VF-11 photographie au-dessus du port de Wonsan en octobre 1952. I Photo: US Navy.

Above, a lonesome «Banjo» of VF-l1 picturad ovar Wonsan in October 1952.

Ci-contre, le mAme appareil des - Red Rippers- toujours pilote par I'Enseigne de Vaisseau Buffkin fige en chandelle dans le ciel de Corea. Particulierement Al'aise en altitude, le Banshee est un appareil que ses pllotes regretterent vivement de ne pouvolr engager contre les MiG-15

communlstes deployes sur la cOte ouest du pays. I Photo: McAir.

At right, Ens. Buffkin of VF-l1 «Red Rippars- an/ars a loop in /ha Korean skias for /ha banafi/ of the camera.

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Ci-contre, en vol au-dessus de la Task Force 77, ce Banshee des · Cavaliers. de la VF-22 s'apprAte a aller apponter sur I'USS Lake Champlaln, son bAtiment d'attache. I Photo: National Archives.

A webfooted F2H-2 of VF-22 «Csvafiers. overlfies the Task Force saifing off the coast of Korea In 1953.

Ci-dessous, les premiers F2H-2 du CVG-4 (des Banshee de la VF-22) so nt catapultes du po nt de I'USS Lake Champlain a I'aube du 14 juin 1953. Leur destination: des objectits communistes en Coree. I Photo: US Navy. A pair of VF-22 F2H-2 Banshees take off from USS Lake Champlain (CVA-39) for an early morning strike on the «bombfine» in Korea.

En bas, a la suite d'un incident sur le po nt de I'USS Lake Champlain, les pompiers du bord inondent de mousse carbonique la surface sous les avions atin d'eviter I'extension du teu provoque par le tir intempestit des canons d'un F2H de retour de mission. I Photo: US Navy.

Not the result of a snow storm on the deck of CVA-39. but the aftermath of a fire smothered using carbon dioxide!

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Polyvalence Les qualites du Banshee en altitude plus son

autonomie remarquable en faisaient un appareil tout designe pour la reconnaissance photogra­phique , si bien que 58 F2H-2P furent inclus dans les commandes de 1950, ces exemplaires rece­vant les numeros du Bureau of Aeronautics

, 125072 a 125079, 125680 a 125706 et 126673 a 126695. 11 ne s'agissait plus sur cette nouvelle version d 'emporter une camera a I'arriere du fuselage comme sur le F2H-1 qui avait pris les cliches de Washington D.C. en 1949, mais d'amenager le nez pour qu ' il reyoive six camera panoramiques a orientation variable comman­dee par le pilote, ce qui obligeait a retirer les canons et les equipements de visee, rallonger le fuselage qui passait a 13,07 m et modifier la configuration des flanes de la pointe avant. La maquette d 'amenagement fut inspectee du 9 au 11 janvier 1950. Un F2H-2 modifie, le 123336 servit de prototype aerodynamique : il vola a partir du 12 octobre 1950. Les appareils de serie furent livres a la fin de I'annee suivante mais n'entrerent en service operationnel qu 'en 1952 a la VC-61 de I'US Navy basee a Miramar et aux!

Ce F2H-2P (125695) du VC-62 atait affecta au CVG-1 durant les essais praliminaires du premier super porte-avions, I'USS Forrestal . I Photo: Mc Air. A F2H-2P Banshee, deployed on TOY on-board the brand new giant carrier USS Forrestal during its first series of sea tests, caught nose-up in the sky during a loop. This - Banjo» be/onged to VC-62, a composite naval squadron on the strength of CVG-1 .

Ci-dessous, la VC-61 atait une flottille composite qui fournissait les avions de reconnaissance pour les porte-avions du Pacifique. F2H-2P, Grumman F9F-6P et Lockheed TV-2 faisaient partie da ses effectifs en 1958. I Photo: US Navy. A nice formation shot showing F2H-2P -recce» Banshees of VC-61 flying a/ongside F9F-6P Cougars and TV-2 Shooting Stars of the same outfit in 1958.

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VMJ-1 et VMJ-2 du Marine Corps base es a Pohang (K-3) en Coree et a Cherry Point.

La VMJ-1 eut un role tres important en Coree car la 5e Air Force qui combattait la bas man­quait cruellement d'avions de reconnaissance modernes: les 15th et 45th Tactical Reconnais­sance Squadrons furent meme contraints en 1952 d'adapter une camera verticale sur des F-80C tant le nombre de RF-80A qui leur res­taient etait faible. Places sous controle de I'US Air Force, les F2H-2P arriverent en mars 1952 a Pohang, une base situee sur la cote Sud Est. Des le mois suivant, avec leur douzaine d 'appareils seulement, les hommes de la VMJ-1 accomplis­saient le tiers des missions de reconnaissance de la 5e Air Force. Pour les missions prioritaires les F2H-2P atterrissaient a Kimpo (K-14) pres de Seoul ou ils livraient leurs photos au 67th Re­connaissance Technical Squadron: pour les missions moins urgentes les «marines» utili­saient leurs propres laboratoires. Les missions effectuees dans la fameuse «Allee des MiG» ex igeaient une couverture aerienne impres­sionnante qui pouvait engager jusqu 'a 25 F-86 Sabre. La cause presque exclusive des pertes restait cependant la DCA: en octobre 1952 le Haut Commandement limita I'altitude minimale pour les passes de reconnaissance a 4000 me­tres au-dessus des objectifs fortement defen­dus. Apres cette mesure, les F2H-2P furent les seuls appareils a pouvoir prendre les vues obi i­ques que demandaient les generaux de I'US Army. L'activite du VMJ-1 ne cessa d 'augmen­ter: en juin 1953 la flottille assurait 40 % des missions de reconnaissance de jour de la 5e Air Force. Dans la mesure ou ce travail ne profitait qu'assez peu au Marine Corps, celui-ci de­manda a recuperer le controle de son unite, ce qu i fut fait le 1er juillet 1953.

De son cote I'US Navy employa plusieurs de­tachements du VC-61 a bord de ses porte­avions en Coree, les trois premiers exemplaires rejoignant le «Det. H» sur I'USS VALLEY FORGE le 23 mai 1951 pou rune courte periode d 'essais qui s'acheva le 13 juin quand l'ATG-1 quitta la Task Force 77. Pour son second tour d'opera­tion I'USS ESSEX utilisa les F2H-2P du «Det. I» tandis que I'USS KEARSARGE en faisait de meme avec le «Det.F» du septembre 1952 au 22 fevrier 1953 et I'USS ORISKANY avec le «Det. G" du 28 octobre 1952 au 2 mai 1953. C'est su r I'USS BOXER que servit le dernier detachement du VC-61, le «Det.H» du 12 mai 1953 jusqu'a I'armistice.

La commande initiale de F2H-2 incluait 14 F2H-2N (123300 a 123313) destines a experi­menter I'emploi du Banshee comme chasseur de nuit. Difficile de concilier les imperatifs aussi opposes que de loger un radar dont la portee etait fonction de I'antenne parabolique et de conserver I'armement jusqu'ici place dans le nez. En augmentant la longueur du fuselage standard qui passait a 12,93 m et en reculant les canons montes cette fois I'un au-dessus de I'autre, les ingenieurs de Mac Donnell parvin­rent a resoudre le probleme de fagon elegante.

Le premier F2H-2N vola le 3 fevrier 1950, puis les avions furent livres au VC-4 (Flottille Com­posite 4) qui accomplit les premiers essais sur porte-avions de cette version a bord de I'USS FRANKLIN D. ROOSEVELT des octobre. La VC-4 avait ete charge de definir les procedures d 'interception nocturne avec des jets, travail­lant non seulement avec des Banshee mais aussi avec des Douglas F3D-2 Skyknight. Une fois ce travail acheve, quelques F2H-2N servi­rent sur porte-avions, d 'abord au sein du VC-4 puis d'une unite reguliere , la VF-82 qui compre­nait dans ses rangs des F2H-2 standards plus quatre ou cinq F2H-2N et deux F2H-2B de 1953 a 1955. On imagine le cauchemar que dGt repre­senter pour les mecaniciens de cette flottille la mise en ceuvre de 3 F2H-2 , 2 F2H-2B et 4 F2H-2N

-lors d'une croisiere de I'USS LAKE CHAMPLAIN en Mediterranee, qui dura du 28 septembre 1954 au 22 avril 1955.

Une derniere version du «2» resulta de la transformation de 27 exemplaires en F2H-2B optimises pour le bombardement. D'abord li­vres a la VX-5 chargee des essais des avions d'attaque, le F2H-2B rejoignirent ensuite les VC-3 et VC-4 qui en detacherent sur porte­avions, puis ces appareils furent attribues aux flottilles VF-22, VF-82 et VF-1 01. La plupart des equipements propres aux F2H-2B furent mon­tes en rattrapage sur les F2H-2.

A partir de 1953 le F2H-2 laissa progressive­ment sa place a cje nouvelles versions du Bans­hee ou ades appareils transoniques. Apres avoir ete en service dans 16 flottilles de chasse ou d'attaque au sol de I'US Navy, la distinction etant loin d 'etre respectee rigoureusement au milieu des annees cinquante, plusieurs unites composites et deux flottilles du Marine Corps, cette version disparut des premieres lignes en 1957, date a laq uelle des flotti lies de la Reserve I'employait encore. S. NICOLAOU (11 suivre)

~ .

Contrairement 11 ce qu'on aurait pu croire, la roulette de nez ne fut abandonnee qu'assez tard puisque les F2H-2N pouvaient en etre equipes. I Photo: Mc Air. One of the most awkward features of the " Banjo» for in-deck positionning was the kneeling nose wheel as fitted to this F2H-2N.

L'acces aux cameras du F2H-2P etait particulierement aise; on remarquera I'excellente visibilite menagee au pilote. I Photo : McAir. The F2H-2P lengthened nose provided an easy access 10 the camera bay.

Les essais du F2H-2B furent menes sur la Naval Air Facility d ' lnyokern. Le Banshee fut evalue de fa90n tres poussee dans le domaine de I'attaque au sol, avant d'etre envoye en Coree. I Photo: via /'auteur. The ordnance tests of the F2H-2B were conducted on the NAF Inyokern test range in the Southern California desert shortly before the aircraft entered service in Korea.

AIR FAN I MARS 1984 I PAGE 33

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A I'exception de deux Siai-Marchetti SF.260W, qui

representent ses seuls aaronefs a ailes fixes, le Royal Brunei Air Wing est une petite force aerienne qui ne compte

que des helicopteres. lei le Captain Isbah Dato Hj .

Hamidoon est photographie aux cOl]1mandes du SF.260W

«AMDB-130 .. du NO.3 Squadron au-dessus de la

baie de Brunei en septembre 1983. I Peter Steinemann

Except for a pair of SF.260W Warriors, the Royal Brunei Ma/ay Regiment Air Wing

(Askar Me/ayu Diraja Brunei) is only equipped with rotary

wing aircraft. Here Captain Isbah Dato Hj. Hamidoon is

pictured over the Brunei Bay flying one of the SF.260Ws of NO.3 Squadron in September

1983.

Page ci-contre, le Bell 212 «AMDB-116 .. du NO.1

Squadron de I'Askar Melayu Diraja Brunei sur sa base de

Berakas Camp en territoire bruneen. I Peter Steinemann

Opposite page, pictured on its Berakas Camp pad this Bell

212 twin engine helicopter awaits another mission in ,

support of the Royal Brunei Ma/ay Regiment.

Lorsque le Sabah et le Sarawak alnsl que Singapour rejolgnent la Federatlon de MaIaI­sie en 1963 pour donner nalssance a I'etat de Malalsie, seulle Sultanat de Bru'nel refuse de se joindre acette nouvelle nation. Anclen comptolr anglals de la Compagnle des Indes situe au nord-ouest de I'ile de Borneo, ce sul­tanat prefere demeurer sous protectorat brl­tannlque.

Nouvellement independant depuls le 1er janvier 1984, le Sultanat de Brunel est un etat d'une superficie de 5.700km·2 peuple de pres de 200.000 habltants dont deux tiers de mal als et un 'tie'rs de' chinols.

Depuls Melbourne ou iI habite actuellement Peter Steinemann, qui vlent de passer ~ept mois en Asie a la decouverte de forces aerlen­nes meconnues, nous pro pose de faire connaissance avec la composante aerlenne des forces armees de cette jeune nation.

AU NORD OE BORNEO, DANS LE SULTANAT OE BRUNEI, LE PLUS REGENT DES ETATS DU

MONDE POSSEDE DEJA SON AVIATION: . ' L 'AIR WING DU ROYAL BRUNEI MALAY

REGIMENT OU ASKAR MELAYU DIRAJA BRUNEI

AIR FAN / MARS 1984 / PAGE 34

par Peter Steinemann Traduit et adapp~ par Alain Crosmer

T out commence au mois de janvier 1965. Un service aerien est mis sur pied pour facili­ter les deplacements d'un docteur dans

l'arri€He pays. Cet «air service» est constitue avec deux helicopteres Westland Sfkorsky S-55 mis en oeuvre par deux pilotes et trois mecani­ciens fournis par World Wide Helicopters. Les deux machines operent a partir du terrain de Camp Berakas ou est situe le QG du Royal Bru­nei Malay Regiment (deux blltaillons, environ 3.500 hommes) et tres rapidement sont ame­nees a fournir les premiers elements de support aerien acette force terrestre.

En 1966 ont note I'arrivee de trois helicopte­res Westland Whirlwind Mk 10 et de trois pilotes de la Royal Air Force, puis I'arret de I'activite des deux S-55 et enfin I'adjonction d'un helicoptere gros porteur Sikorsky S-62, lui-meme remplace en 1967 par un Westland Wessex Mk 54. Les equipages civils laissent alors place aux mili­taires et World Wide Helicopters assure sim­plement I'entretien technique d!3s appareils.

C'est en 1967 que la formation aerienne prend I'appellation de Helicopter .Platoon et que ses deux premiers officiers nationaux, les Lieute­nants Jocklin et Ak. Abidin (Ie commandant ac­tuel de l'Air Wing), rejoignent la Grande-Breta­gne pour y obtenir leur brevet de pilote d'heli­coptere. Parallelement, avec I'arrivee a Brunei ' du premier Bell 206B Jet Ranger, debute la for­mation locale des mecaniciens. Oe retour dans leur pays les deux premiers pilotes formes au Royaume-Uni sont transformes sur Jet Ranger par les pilotes de la R.A.F. En 1968 deux autres officiers bruneens rejoignent leur pays apres formation en Grande-Bretagne. L'unite se

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oe ."e

0'0\\'

.. ~e~ Brunei ~\ International A ' "port

~ Bender S

C-Flight N 6 British Army6AO' Squadron " Corps

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50°1

AIR FAN I MAR S 11114 I PAGE 35

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En haut, I'embleme du NO.1 Skuadran Helicopter de

I'AMDB porte sur les portieres des Bell 212. En bas, I'unique Bell 212 VIP,

appareil personnel du sultan de Brunei, a Berakas Camp.

lauteur.

Top, the emblem 01 NO.1 Squadron. Bottam, the

Sultan 01 Brunei own helicopter, a VIP Bell 212.

----. AIR FAN I MARS 1984 I PAGE 36

structure et devient l'Air Wing du Royal Brunei Malay Regiment (Askar Melayu Diraja Brunei).

Au cours des deux annees suivantes l 'Air Wing per90it un second Wes sex et deux Bell 205A qui, en 1971, so nt remplaces par des Bell 212, appareils qui se taillent une belle reputa­tion au Vietnam sous le nom d' lroquois. Au cours de la meme annee I'Air Wing se dote d'un avion de transport de type Hawker Siddeley H.S.748. Dix ans plus tard et apres 5.000 heures de vol, cet appareil est transfere aux Royal Bru­nei Airlines.

Le nombre de pilotes bruneens s'accroit et l'Air Wing en compte dix en 1973. C'est acette epoque que trois stagiaires de qualite commen­cent leur formation de pilote au sein de l'Air Wing pour se qualifier quelques mois plus tard sur Jet Ranger: Sa Majeste le Sultan Yang Di­Pertuan, le Pengiran Perdana Wazir ainsi que le Pengiran Perdana Di-Gadong. Tous les trois sont toujours qualifies sur helicopteres a ce jour. Au debut 1974 les capitaines Pg. Abidin et Jocklin quittent la Grande Bretagne apres avoir obtenu leur licence de pilote professionnel et so nt affectes au Sultan's Flight pour piloter le H.S.748. Au terme de I'annee 1974 un cinquieme Bell212 est mis en service, specialement equipe

• pour le Sultan. L'equipement de l'Air Wing se diversifie avec

la perception en 1976 de deux Piper PA-28 Cherokee en provenance du Royal Brunei Aero Club. C'est sur un appareil de ce type et sous le controle du premier instructeur bruneen, le Major Pg . Hassan, que le premier eleve ab-initio est forme a Brunei. Cette meme annee, le com­mandement du No 1 Squadron est confie pour la premiere fois a un officier bruneen , le Major Pg. Dato Abidin .

1981 est une annee importante pour l'Air Wing qui met en oeuvre six MBB Bö 105, un helicoptere d'attaque qui vient renforcer la puissance de feu du regiment. Puis en fevrier 1982 c'est l'arrJvee de deux Siai-Marchetti SF 260W qui remplacent les Cherokee pour la formation des eleves pilotes. D'abord utilises sous leur livree camouflage d'origine, ces deux avions sont ensuite peints en blanc en mai et aoGt a la suite de problemes relatifs aux reser­voirs de carburant dans les ailes par fortes tem­peratures (bulles d'air dans les circuits carbu­rant). Toujours en 1982 on note I'arrivee de six autres Bell 212 ce qui porte la dotation totale a onze machines dont une reservee a I'usage ex­clusif du Sultan.

L'AIR WING EN 1984 Ajourd'hui, l'Air Wing du Royal Brunei Malay

Regiment est forme de quatre unites operation­nelles alignant vingt-et-un appareils (dix-neuf helicopteres et deux avions) mis en oeuvre par trente pilotes et trente hommes d'equipage, cent-vingt-et-un mecaniciens et dix-huit se­cretaires, sans oublier treize moniteurs de para­chutisme. Le soutien technique est egalement assure par du personnel de World Wide Heli­copters.

"

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NO.1 Squadron

Le NO.1 Squadron est actuellement station ne a Berakas Camp sous le commandement du Major Fehin Abd. Rahman bin Mustapha. Ses dix Bell212 sont destines a assurer les missions tactiques de transport de troupes et de fret, les demandes ponctuelles de support aerien de la part des services gouvernementaux. Ce squa­dron assure I'alerte SAR (a 30 l11inutes de jour, a 60 de nuit) et la permanence pour les EVASAN (memes delais). 11 met egalement en oeuvre le Bell 212 VIP reserve au Sultan.

NO.2 Squadron

Le NO.2 Squadron , une unite creee en 1981 a I'arrivee desMBB Bö 105, est installe en bordure de I'aeroport international de Brunei. Sa mis­sion en temps de pa ix est de former ses equipa­ges aux missions de support aerien au profit des t roupes aux sol gräce a sa mitrailleuse lourde

installee en cabine (porte demontee) etses pods roquettes. En temps de crise il peut apporter un appui non negligeable aux bataillons du regi­ment.

NO.3 Squadron (Basic Flying Training School)

Le No. 3 Squadron, plus connu sous la desi­gnation de Basic Flying Training School est ar­ticule en deux escadrilles: «voilure fixe» et «voilure tournante». Place sous les ordres du Major Ibrahim bin Mohammed et egalement station ne sur I'aeroport international de Brunei, il est equipe de deux Siai Marchetti SF 260W et de deux Bell 206B Jet Ranger. Toutes les re­crues qui rejoignent l'Air Wing sont formees au sein du NO.3 Squadron: 120 heures de vol sur Marchetti, puis une formation de duree equiva­lente sur Jet Ranger. Une fois brevetes les pilo­tes so nt affectes comme co-pilotes au NO.1 Squa~ron .

En haut, un Bell 206B Jet Ranger du NO.3 Squadron de I'AMDB apres un vol vers Berakas Camp. La derive est peinte en orange. lauteur.

Bell 206B JetRanger AMDB-121 (rom NO.3 Sqn after a f1ight to Berakas Camp.

En bas, le Bell 212 AMDB-117 du NO.1 Skuadran Helikopter sur le terrain de Berakas Camp. I auteur.

Bell 212 AMDB-117 (rom NO.1 Sqn at Berakas Camp in September 1983.

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Un des helicopteres MBB Bö 105 du NO.2 Squadron de

I'AMDB devant son hangar de Brunei International Airport.

Noter les lance-roquettes orientables montes de part et

d'autre de la cabine. I Peter Steinemann

MBB Bö 105 'AMDB-124' (rom NO.2 Squadron at Brunei

International Airport. O( note are the rocket racks on the

cabin sides o( this particular machine.

--- - - --,-

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La formation technique des mecaniciens est assuree par le Technical Training and Ground School. En 1981 des cours ont debute au Pusat Latehan Technical Brunei en vue de former des techniciens civils destines cl remplacer les ex­patries travaillant cl World Wide Helicopters.

Parachute & Airborne Tactical Delivery Unit

Oe creation recente , le Parachute & Airborne Tactical Oelivery Unit a la responsabilite du ra­vitaillement en vivres, munitions et materiel des unites du Royal Brunei Malay Regiment en mis­sion dans la jungle. Cette formation dispense egalement aux personneis du regiment les techniques de la descente en rappel et de la recuperation en jungle. Elle entretient aussi une equipe de chute libre et une equipe de vol relatif qui participent aux meetings et competitions asiatiques.

Au service du Sultan ... Oerniere unite de I'Air Wing du Royal Brunei

Malay Regiment, une petite section aerienne re­servee cl I' usage exclusif du Sultan et de ses proches. Elle met en oeuvre depuis l'lstana Oa­rul Hana (Ie palais du Sultan) le Sikorsky VIP S-76 et un MBB Bö 105,

Ces deux appareils ont ete tout specialement equipes suivant les desirs de Sa Majeste, Le S-76 est utilise pour transporter le Sultan et sa familie lors de ses deplacements cl Brunei et

dans les etats voisins. II est insonorise, muni d 'un telephone et d'un systeme hi -fi . Le MBB Bö 105 est seulement utilise sur de courtes distan­ces du fait de sa faible autonomie (400 NM) et son confort interieur n'a pas ete ameliore .

Le Sultan pilote lui-meme ces deux helicop­te res avec un officier de I'Air Wing en place co-pilote.

Le futur de I' Air Wing Maintenant livre cl lui-meme le Sultanat de

Brunei doit reprendre cl son compte un certain nombre de missions: surveillance et protection

,des bateaux de peche, surveillance ·des plates­formes petrolieres et de la zone economique des 200 miles.

Pour ses missions de transport cl longue dis­tance l'AirWing est contraint d'utiliser le Boeing 737 des Royal Brunei Airlines et cela pose sou­vent des problemes. C'est pourquoi l'Air Wing voudrait pouvoir acquerir un ou plusieurs Lockheed C-130 Hercules pour les rotations sur Singapour, Hong Kong , la Malaisie ou I'lndone­sie.

La creation d 'une nouvelle base est egale­ment cl I'etude entre Jerudong Park et le Bintu­ran Range; I'ouverture de ce nouveau terrain est prevu pour 1988,

Avec le remplacement progressif et definitif des personeis etrangers employes par World Wide Helicopters et la mise en service d'avions de transport, l 'Air Wing du Royal Brunei Malay Regiment atteindra sa maturite .

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L'AIR WING DU ROYAL BRUNEI MALAY REGIMENT EN 1984

Unite Base

NO.1 Squadron Berakas Camp

NO.2 Squadron Brunei International Airport

NO.3 Squadron Brunei International Airport

Technical Training Bandar School Seri -Begawan

L ' ARMY AIR CORPS DANS LE SULTANAT DE BRUNEI

En vertu des accords d 'association pris avec la Grande-Bretagne en 1971, le British Army Ai r Corps entretient a Brunei un petit detachement d 'he!licopteres. En provenance du NO.660 Squadron stationne normalement a Hong Kong , I'escadrille «C» avec trois Westland Scout AH Mk 1 renforce I'Air Wing dans ses missions de transport et de soutien aux troupes au sol. Ces machines sont mises en place sur le terrain de la ville de Seria pres des champs petroliferes et intervienent egalement au profit du 6th Gurkha Rifles , un regiment britannique encore sur place dans le sultanat.

Le devenir de ces deux unites au lendemain de I' independance reste a definir entre les deux nations.

Peter STEINEMANN (Traductlon et adaptation d ' A. Crosnler)

The author would IIke to thank the lollowlng persons lor thelr kind sSI I. tance: Major Sharl, Publlc Ralatlon s SeetIon, Royal Brunel Malay Reglmant. Malor Pehln Abd. Rahman bin Mustapha, Commander of NO.1 Squa­dron. Malor Kar1m, Commander of No.2 Squadron. Capta ln Isbah Oato HJ. Hamldoon from No.3 Squadron. Captaln lan Best, Offleer Commandlng .. C .. Flight NO.660 Squadron Army Air Corps. Wlthout the great help from the above persons, thls feature would not have been po ss lble.

Type d 'appareils

Bell 212 Bell 212 VIP

MBB Bö 105

Bell 206B Marchetti SF 260W

Bel1206B Bell 205A

Dot.

10 1

6

2 2

Ci-dessus, la totalite du parc d'aeronefs 11 voilu re f ixe de I'AMDB sur I'aeroport international de Brunei. .. En bas, un Westland Scout AH.1 (XP846) du .. C-Flight .. du NO.660 Squadron de la British Army pilote par le F/O Graham Wood survole la riviere de Brunei. I Peter Steinemann

Above, NO.3 Sqn two only SF.260Ws sit in the sun at Brunei Int. Airport in Sept. 1983. Be/ow, FIO Graham Wood of 'C-Flight' from No. 660 Sqn, Army Air Corps pictured over the Brunei River flying Scout AH. 1 XP846.

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Les derniers bimoteurs Dassault MD 312 du · Groupement Ecole 00/319 . .

quittent /'Armee de /'Air apres 31 ans de service.

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A u terme d'une carriere qui aura dun~ plus de trente ans, le bimoteur Dassault MD 312 Flamant a finalement quitte l'Armee

de l'Air non sans avoir une ultime fois contribue a former une nouvelle promotion d'eleves pilo­tes de transport.

En effet, le 14 decembre dernier, sur la Basel Aerienne 702 de Bourges-Avord a eu lieu, sous la presidence du general de corps aerien Fevre, commandant les Ecoles de l'Armee de l 'Air, le «macaronnage» (1) des derniers eleves pilotes de la promotion ST'83B (specialite transport). Rien de tres original en cela, si ce n'etait que cette ceremonie etait la derniere realisee devant des bimoteurs MD 312, ce venerable avion conc;:u au lendemain de la Deuxieme Guerre Mondiale par un certain Marcel Bloch qui allait

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-

Ci-contre, les derniers - chiban i .. du MD 312, ceux de la patrouille

- Kamomil .. , formation de pilotage de pni cision mise en oeuvre par les meilleurs moniteurs du G.E. 319: de

gauche a droite, les equipages formes du Cdt Logette/Cne Alix, Llt CoignatlAdj Paris, Ltt BoucourtlAdj

Brodin et Cne Gendron/Adc Larvelle. On note que ces pilotes

ont fait I'objet d'une chaude reception des mecaniciens a

I'arrivee de leur derniere presentation sur Flamant du 14

decembre 1983! I Patrick Bige/. En frontispice, patrouille serree sur

«Oassault .. dans les annees soixante-dix. I Jean-Michel Guhl

At right, the four last instructor crews of GE 319 who flew on Dec. 14, 1983 the ultimate flypast on the

remaining MD 312s of the Avord transport pi/ots schoo/. Opposite

page, heading picture: light formation training on MD 312s in

the sevenlies.

devenir plus celebre SOUS le nom de Marcel Dassault. .

Arrives sur la base d'Avord le 11 avri11952, deux MD 312 tout neufs inauguraient une ere nouvelle pour l'Ecole de Transformation des Pilotes sur Bimoteurs (ETPBM) jusqu'alors equipee de bimoteurs de conception alle­mande, SNAC NC 701 Martinet (ex-Siebe I 204), et de Cessna UC-78 Bobcat cEldes par les Ame­ricains en 1943 en AFN.

Durant les 31 annees pendant lesquelles le Flamant aura fidelement servi plusieurs gene­rations de pilotes de transport, les avions de I'ecole d'Avord auront accompli au total, de 1952 a 1983 pi us de 600.000 heu res de vol et formes plus de 3000 pilotes frangais et etran­gers .. . un total impressionnant que les seize bi-

Page ci-conf re en bas, les dern iers «macaronnes .. sur MD 312 Flamant a Avord pose nt avec leurs moniteurs et leurs commandants de groupe. On apero;:oit, second en partant de la droite, le Cdt Cesar, commandant le Groupement-Ecole 00/319. I Pa trick Bigel

Opposite page, the last graduate students trained on the ultimate MD 312 Flamants of GE 319 pose with their instructors and commanding officers after receiving their wings at Avord on Dec. 14, 1983. At right, the troups reviewed in front of their newer and older mounts.

turbopropulseurs Embraer EMB-121 Xingu , qui prennent aujourd 'hui la suite des MD 312, au­ront certainement du mal adepasser!

Pour le CoTAM (Commandement du Trans­port Aerien Militaire), en effet, le MD 312 Fla­mant aura fait figure de machine presque incre­vable, ses moteurs Renault 12S puis, plus tard, SNECMA 12T ayant tourne des milliers et des milliers d'heures dans le ciel du Berry au prix d'un nombre extremement faible d' incidents et meme d'acCidents.

Une chose est sure, en tous cas, les derniers brevetes de I'ecole d'Avord ne manquaient pas d'etre fiers d'avoir appris a voler sur des appa­reils mis en service dans l'Armee de l'Air alors meme qu 'ils n'etaient pas encore nes! Pour les E.P.V.O. (Eleves Pilotes a Vocation d'Officier)

7

-., I ur /Jj !Yt:

Ci-dessous, les troupes au garde-a-vous devant le nouveau et I'ancien ... Pour les eleves transporteurs, le passage au GE 319 d'Avord s'apparente a un retour en ecole. En bas, cOte a cOte, les «bureaux .. des futurs pilotes de transport, I'ancien et le nouveau. I P. Bigel

Bottom photos, the front offices of the Flamant (Ieft) and of the Xingu (right) .

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Page ci-contre, en haut, dans le ciel be rrichon au temps de sa sp lendeur, le MO 312 n0172 (319-00) du Groupement Ecole 00/319 , I'un des derniers Flamant qui servaient encore sur la B.A. 702 d'Avord 11 la fin de I'annee 1983. 1 Jean-Michel Guhl. En bas, successeur du MO 312 au G.E. 00/319 I'un des seize Embraer EMB-121 Xingu (ici le n0086, F-TEYI) pen;:us 11 la date du 14 decembre 1983 quitte son parking pour un vol d 'entrainement. 1 Pa trick Bigel

Opposite colour page, top, in the skies of Berry in the late seventies a very clean looking MD 312 Flamant is pictured on a training flight. Incidentally No.172 (319-00) was to be one of the last MO-312s to be phased out of service with GE 319 at Avord in Oecember 1983. Bottam, replacing the Flamants of GE 319 as of the end of 1983, an Embraer EMB-121 Xingu recently defivered from Brasilleaves for a sortie on Oec. 14, 1983 at Avord.

Ci -contre, une nouvelle silhouette dans le ciel du Berry: le Xingu

n0073 (F-TEYB) du G.E. 00/319. I Sgc P. Mouret, Armee de /'Air.

At right, Xingu No.073 of GE 319 over the French countryside.

Baudoin, Chassigneux, Germain , Grillot et Houll «maearonnes» sur la B.A. 702 le 14 de­eembre dernier au titre de la promotion 8T'83B, le fait d 'avoir faits leurs «elasses»· sur Flamant ne manquera eertainement pas de les faire pas­ser pour des pilotes uniques en leur genre lors­qu'en I'an 2000 , EI bord de leurs Transall NG, ils pareouront les eieux de Franee et de Navarre!

Pour le Groupement Eeole 00/319 d 'Avord, 1984 sera I'annee du plein emploi des Xingu , apres le depart des ultimes Flamant (2) . Arrives offieiellement EI Avord le 22 avril 1983, les pre­miers biturbopropulseurs Embraer EMB-121 Xingu, sur seize normalement attribues en do­tation, ont ete rapidement utilises pour assurer la tranformation des pilotes, navigateurs et me­eanieiens .navigants non eneore passes par le

stage du CEAM de Mont-de-Marsan. Au G.E. 319, e'est veritablement EI I'automne de I'annee derniere que tout a eommenee avec I'arrivee de la promotion 8T'84A qui sera la premiere pro­motion d'eleves pilotes EI realiser un eyele de transformation complet sur Xingu avec, EI la eie , le maearon tant convoite de pilote de transport .

P. BIGEL

Remerclements: I'auteur exprime ses remerclements au Colonel Le­bouvier, commandanl la B.A. 702, pour san accuell el I'alde apportee par le G.E. 319 dans la realisation de cel artlcle.

( ' ) - Macaronnage .. : ce remonie de remise du brevet de pilote. (') Oebut 1984 , iI ne reste a Avord qu·un seul MD 312 (Ie n0172), mais des

MD 3t 1 resteron t en se rvice au e lET de Toulouse jusqu·en 1985 pour I'entrainement des navigateurs.

Face a face, I'ancien et les nouveaux ... une Eire se termine, une autre commence. I Pa trick Bigel

Facing each other on the GE 3 19 f/ightfin e for the last time, th e old and the new: Flamant and Xingu.

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