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SOMMAIRE : La Guinée, pays en perdition, est l’un des Etats afri- cains les mieux do- tés par la nature. Son sol est riche et il bénéficie de pluies abondantes et régulières. Quant à son sous sol, il ressemble à un véritable miracle géologique. La Guinée qui en détient entre 30 et 50% des réserves connues est le second producteur mondial de bauxite derrière l’Australie. De plus, la bauxite de Guinée est riche en alumine et facile à produire en raison de l’existence de gisements à ciel ouvert. Le diamant constitue la seconde exportation du pays avec 360 000 carats officiellement produits et des potentialités esti- mées entre 25 et 30 millions de ca- rats. Les réserves connues en or seraient de plusieurs centaines de tonnes et celles de fer pourraient se situer entre 5 et 10 milliards de tonnes à forte teneur métallifère. Enfin, extraits en mer, le pétrole va constituer une ressource supplé- mentaire pour le pays. En dépit de toutes ces richesses, la Guinée est un enfer depuis son indé- pendance intervenue en 1958. L’ex- plication de cette situation est claire : le pays n’existe pas et les déterminismes ethniques y inter- disent toute construction étatique. C’est ainsi que depuis 1958, le pays a vécu sous le régime de la cleptocratie ethnique, soit vingt six années de dictature malinké sous Sékou Touré, suivies de vingt quatre années de dictature Soso sous Lansana Conté. Après la mort de ce dernier, le 22 décembre 2008, l’ethnie numérique- ment la plus nombreuse de Gui- née, celle des Peul aurait pu penser que son tour était enfin ve- nu d’accéder au pouvoir ; or, celui ci fut confisqué par les petites eth- nies forestières derrière lesquelles avançaient les Malinké. L’Afrique doit-elle redouter le « ré- chauffement climatique », du moins s’il était avéré ? L’un des plus grands climatologues mon- diaux, le professeur Marcel Leroux, explique dans l’entretien qu’il nous a accordé peu de temps avant sa mort pourquoi il ne parta- geait pas l’idée médiatiquement do- minante. N’étant pas spécialiste de climato- logie, je ne me prononcerai natu- rellement pas sur cette question controversée. Comme historien de la longue durée africaine j’observe que le climat du continent a constamment changé et que la cha- leur y fut naguère plus forte qu’au- jourd’hui, que les déserts y occupèrent une place largement plus étendue et que la forêt y disparût quasiment. L’Afrique n’étant alors peuplée que par quelques dizaines de milliers de chasseurs-cueilleurs-récolteurs, ce réchauffement continental n’avait donc pas de cause humaine. Pour- quoi faudrait-il alors que l’homme soit responsable de l’actuel ? Selon les partisans du postulat ré- chauffiste, le continent est menacé par le réchauffement qui va conduire à la catastrophe. Or, c’est de tout le contraire qu’il devrait s’agir. L’étude paléo climatique de l’Afrique montre en effet que le ré- chauffement augmente le niveau des précipitations et qu’il est donc source de prospérité et d’abon- dance, alors que c’est le refroidis- sement qui provoque l’aridité, donc la désertification et la mi- sère. Ces données élémentaires sont curieusement ignorées des « experts » internationaux, ce qui est pour le moins insolite, et des bateleurs du climat, ce qui l’est moins, car il s’agit pour eux d’une rente de situation. L'AFRIQUE RÉELLE - N°1 - JANVIER 2010 PAGE 1 REVUE MENSUELLE PAR INTERNET UNIQUEMENT PAR ABONNEMENT Guinée : un problème d'abord ethnique P. 2 Entretien avec Marcel Leroux P. 8 Les grandes évolutions du climat africain et leurs influences sur l’histoire des populations P. 14 LE MYTHE DU RÉCHAUFFEMENT GLOBAL EN AFRIQUE N°1 - Janvier 2010 Bernard Lugan

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SOMMAIRE :La Guinée, pays en perdition, est l’un des Etats afri-cains les mieux do-tés par la nature. Son sol est riche et il bénéficie de

pluies abondantes et régulières. Quant à son sous sol, il ressemble à un véritable miracle géologique. La Guinée qui en détient entre 30 et 50% des réserves connues est le second producteur mondial de bauxite derrière l’Australie. De plus, la bauxite de Guinée est riche en alumine et facile à produire en raison de l’existence de gisements à ciel ouvert. Le diamant constitue la seconde exportation du pays avec 360 000 carats officiellement produits et des potentialités esti-mées entre 25 et 30 millions de ca-rats. Les réserves connues en or seraient de plusieurs centaines de tonnes et celles de fer pourraient se situer entre 5 et 10 milliards de tonnes à forte teneur métallifère. Enfin, extraits en mer, le pétrole va constituer une ressource supplé-mentaire pour le pays.En dépit de toutes ces richesses, la Guinée est un enfer depuis son indé-pendance intervenue en 1958. L’ex-plication de cette situation est claire : le pays n’existe pas et les déterminismes ethniques y inter-disent toute construction étatique. C’est ainsi que depuis 1958, le pays a vécu sous le régime de la cleptocratie ethnique, soit vingt six années de dictature malinké sous Sékou Touré, suivies de vingt quatre années de dictature Soso sous Lansana Conté. Après la mort de ce dernier, le 22 décembre 2008, l’ethnie numérique-ment la plus nombreuse de Gui-née, celle des Peul aurait pu penser que son tour était enfin ve-nu d’accéder au pouvoir ; or, celui ci fut confisqué par les petites eth-nies forestières derrière lesquelles

avançaient les Malinké.

L’Afrique doit-elle redouter le « ré-chauffement climatique », du moins s’il était avéré ? L’un des plus grands climatologues mon-diaux, le professeur Marcel Leroux, explique dans l’entretien qu’il nous a accordé peu de temps avant sa mort pourquoi il ne parta-geait pas l’idée médiatiquement do-minante.N’étant pas spécialiste de climato-logie, je ne me prononcerai natu-rellement pas sur cette question controversée. Comme historien de la longue durée africaine j’observe que le climat du continent a constamment changé et que la cha-leur y fut naguère plus forte qu’au-jourd’hui, que les déserts y occupèrent une place largement plus étendue et que la forêt y disparût quasiment. L’Afrique n’étant alors peuplée que par quelques dizaines de milliers de chasseurs-cueilleurs-récolteurs, ce réchauffement continental n’avait donc pas de cause humaine. Pour-quoi faudrait-il alors que l’homme soit responsable de l’actuel ?Selon les partisans du postulat ré-chauffiste, le continent est menacé par le réchauffement qui va conduire à la catastrophe. Or, c’est de tout le contraire qu’il devrait s’agir. L’étude paléo climatique de l’Afrique montre en effet que le ré-chauffement augmente le niveau des précipitations et qu’il est donc source de prospérité et d’abon-dance, alors que c’est le refroidis-sement qui provoque l’aridité, donc la désertification et la mi-sère. Ces données élémentaires sont curieusement ignorées des « experts » internationaux, ce qui est pour le moins insolite, et des bateleurs du climat, ce qui l’est moins, car il s’agit pour eux d’une rente de situation.

L'AFRIQUE RÉELLE - N°1 - JANVIER 2010 PAGE 1

REVUE MENSUELLE PAR INTERNET

UNIQUEMENT PAR ABONNEMENT

Guinée : un problème d'abord ethniqueP. 2

Entretien avec Marcel LerouxP. 8

Les grandes évolutions du climat africain et leurs influences sur l’histoire des populationsP. 14

LE MYTHE DU RÉCHAUFFEMENT GLOBAL EN AFRIQUE

N°1 - Janvier 2010

Bernard Lugan

Dès les années « 1950 », avant l’indépendance, les Peul et les Malinké qui avaient (et qui ont toujours) sensiblement le même poids démographique entrèrent en compétition politique, lais-sant aux Soso un rôle de figu-rants. Conduite par Sékou Touré, l’indépendance de 1958 permit aux Malinké[1]de confis-quer le pouvoir à leur profit[2]. Les Peul qui pensaient être à l’ab-ri dans leur forteresse naturelle du Fouta Djalon, furent persécu-tés et tenus à l’écart de la vie na-tionale.

Mort en 1984, Sekou Touré lais-sa en héritage une situation in-certaine qui devint vite chaotique, sa disparition provo-quant un tel vide politique que la Guinée fut au bord de la guerre civile et même de l’éclate-ment en grandes zones eth-niques. Ses successeurs potentiels étant divisés, son héri-tage échappa alors aux Malinké. Le 3 avril 1984, face à l’anarchie qui gagnait le pays, un groupe d’officiers prit le pou-voir au sein d’un Comité mili-taire de redressement national (CMRN). Il était en effet urgent de combler la vacance à la tête de l’Etat. Le colonel Lansana Conté qui était l’officier le plus ancien dans le grade le plus éle-vé, se vit alors remettre le pou-voir. Ce Soso fut accepté à la fois par les Malinké et par les Peul qui voyaient en lui une solu-tion d’attente ; or, contrairement à ce qu’ils avaient espéré, ce chef de l’Etat qui ne devait être que temporaire dura, réussis-sant à diviser ses puissants ad-

versaires peul et malinké et en s’appuyant sur les ethnies fo-restières. Les Malinké voulurent alors reprendre le pouvoir par la force. C’est ainsi que doit être compris le putsch du colonel Diarra Traoré, membre du CMRN et ministre de l’Educa-tion nationale qui éclata le 4 juillet 1985. Ce soulèvement d’une partie des officiers malin-ké fut brutalement réprimé, le co-lonel Traoré passé par les armes et la plupart des officiers membres de son ethnie fusillés ou épurés.

En 1992, sous la pression des bailleurs de fonds, le général Lansana Conté instaura le multi-partisme, mais cette nouveauté ne fut qu’une apparence, et en 1993, sous l’étiquette du PUP (Parti de l’unité et du progrès), il fut élu président de la Répu-blique à l’occasion d’un scrutin entaché d’irrégularités[3]. Lors de cette élection les Guinéens vo-tèrent pour les candidats de leur ethnie, mettant une fois de plus en évidence la cassure du pays en quatre blocs ethno régio-naux. Des élections législatives

primitivement pré-vues pour le mois de décembre 1994 eurent lieu en fé-vrier 1995 et à cette occasion, de nou-veaux partis politiques, essentiel-lement à base eth-nique apparurent[4].

Au début de l’année 1996, le pays traversa une pro-fonde crise, notamment à la suite des mesures d’austérité provoquées par le plan d’ajuste-ment structurel imposé par le FMI et par la Banque mondiale. Les 2 et 3 février 1996, de graves évènements se dérou-lèrent à Conakry quand les mili-taires s’affrontèrent à l’occasion d’une nouvelle tentative de putsch. Arrêté et enfermé au camp Alpha Yaya, le président Lansana Conté eut alors la vie sauve parce que les mutins, eth-niquement très divisés, ne par-vinrent pas à se mettre d’accord sur le nom d’un successeur. Put-schistes peul et malinké préfé-rèrent alors rendre le pouvoir au général président, pourtant Soso, plutôt que de voir un membre de l’ethnie rivale s’en emparer. Le 22 mars, soit quelques semaines à peine après cette tentative de coup d’Etat, le colonel Sény Bangoura commandant du camp Alpha Yaya fut assassiné. Cet of-ficier soso, fidèle soutien du gé-néral Lansana Conté, fut abattu par des soldats malinké apparte-nant à une unité majoritaire-ment malinké, le BATA (Bataillon autonome des troupes

Femmes Malinké à Kankan (vers 1930)

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Le 28 septembre 2009, la junte au pouvoir en Guinée faisait mitrailler des opposants réunis dans un stade de Conakry, puis les soldats déchaînés se livrèrent à un véritable massacre et à de nombreux viols. Le 3 décembre, dans une atmosphère de fin de règne et au milieu des règle-ments de comptes, le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara était grièvement bles-sé par l’un de ses plus proches collaborateurs. La Guinée s’enfonça alors dans le chaos. Quelles sont les raisons de ce drame ?

GUINÉE : UN PROBLÈME D'ABORD ETHNIQUE

PAR BERNARD LUGAN

Des blocs ethniques et régionaux

Les huit millions de Guinéens sont répartis en près d’une trentaine d’ethnies[5]. Les Peul consti-tueraient le groupe le plus important (+-35% de la population totale), suivis des Malinké (+- 32%), des Soso (+-15%), des Kpelé-Guerzé, des Kissi, des Lama-Toma-Kouranko, des Landuma et des Baga. Ces chiffres doivent cependant être pondé-rés en raison de l’existence des « regroupements ». C’est ainsi que les Baga et les Landuma sont assimilés aux Soso, les Toucouleur aux Peul, les Kouranko et les Lele aux Malinké. Ces éléments pris en compte, les rapports ethniques seraient alors les suivants : avec près de 38% de la population chacun, les Malinké et les Peul seraient à égalité, puis viendraient les Soso et « assimilés » avec +-18%, les autres ethnies re-présentant environ 6% de la population totale.La géographie physique et la géographie ethnique de la Guinée se juxtaposent presque parfaitement. Le pays est composé de quatre grandes régions naturelles :1) La Guinée maritime qui est la façade littorale du pays est le territoire des Soso ; près de 75% des membres de cette ethnie y vivent. Au nord-ouest de Conakry, en direction de la frontière avec la Guinée Bissau, le littoral est peuplé par de petites ethnies comme les Baga, les Landuma, les Nalu, les Mbulungish, les Mbala-Mboteni, etc., qui tota-lisent environ 1% de la population de la Guinée.2) La Moyenne Guinée qui est la région des hautes terres du Fouta Djalon couvre environ 1/3 de la superficie du pays. 80% des Peul de Guinée

y vivent.3) La Haute Guinée qui est une région de sa-vanes recouvrant presque la moitié du pays est le pays Malinké. Environ 45% de tous les Malinké y vivent.4) La Guinée forestière est une région monta-gneuse couverte par la sylve et dont les habitants sont divisés en de nombreux groupes bien dif-férenciés rassemblés par commodité sous le nom

d’ « ethnies forestières ». Les Malinké composent cependant 35% de la population de la région. Les linguistes regroupent d’une part les Kpélé-Guérzé et les Loma, ces derniers régulièrement apparen-tés aux Malinké, et d’autre part les Kissi qui ras-semblent plusieurs petites tribus plus ou moins parentes. L’ensemble des ethnies dites forestières totalise environ 10% de la population de la Guinée.

aéroportées) dont le chef, le com-mandant Kader Doumbouya était également Malinké. Le président Lansana Conté se servit de cette mutinerie pour achever son em-prise sur l’armée au moyen d’une nouvelle épuration des cadres malinké.

Lors de l’élection présidentielle du 14 décembre 1998, et en dépit de fraudes criantes, l’oppo-sition totalisa 45% des voix. Ces élections furent une fois de plus

ethniques. C’est ainsi qu’à Kankan, « capitale » malinké de la région de la Haute Guinée, les électeurs votèrent pour Alpha Condé du RPG. En revanche, à Labé, « capitale des Peul » de la Moyenne Guinée, ce fut Bah Mamadou de l’UPG qui l’empor-ta. Dans la Guinée Forestière c’est à un membre des ethnies lo-cales, Jean-Marie Doré, que les électeurs Kpelle-Guerzé, Toma et Kissi apportèrent leurs suf-frages. Enfin, dans la Basse

Guinée, les Soso se pronon-cèrent pour le général Lansana Conté du PUP.

Le leader malinké Alpha Condé qui était apparu comme le princi-pal opposant fut arrêté à l’issue du scrutin. Accusé d’atteinte à la sûreté de l’Etat et de tentative d’assassinat sur la personne du chef de l’Etat, il fit quinze mois de détention préventive pour être enfin condamné à 5 années d’emprisonnement.

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Le 11 novembre 2001, avec 98,6% des voix, le président Conté remporta un référendum constitutionnel lui permettant de porter le mandat présidentiel de 5 à 7 ans et ne limitant plus le nombre de mandats. La voie vers la présidence à vie lui fut ainsi ou-verte. Divisée et impuissante, l’opposition décida alors de ré-agir et au mois de mai 2002, les principaux partis de l’opposition guinéenne se regroupèrent dans le Frad (Front républicain pour l’alternance démocratique)[6].Au mois de juin 2002, les élec-tions législatives furent rempor-tées par le Parti de l’unité et du progrès, parti présidentiel, qui ob-tint 85 des 114 sièges de l’Assem-blée, mais ces élections furent très largement vidées de toute si-gnification en raison de leur boy-cott par l’opposition. Durant l’année 2000, une guerre éclata entre la Guinée, la Sierra Leone et le Liberia. En Guinée, tout l’est de la région de Forecariah et tout le sud des régions de Guékégou et de Macenta furent en situation de conflit, provo-quant d’importants déplace-ments de population. La Guinée se voyait ainsi entraînée dans le conflit régional ouest-africain, certaines populations parentes vivant en effet de part et d’autre des artificielles frontières régio-nales. Au mois de décembre 2000, les incursions se transfor-mèrent en une véritable guerre quand les villes de Guékédou et de Kissidougou furent attaquées par un mouvement jusque là in-connu, le RFDG (Rassemblement des forces démocratiques de Guinée). Selon les autorités gui-néennes, les mystérieux agres-seurs obéissaient au président Charles Taylor du Liberia qui utili-sait le RUF sierra-léonais pour dé-stabiliser la Guinée à laquelle il reprochait son intervention dans la guerre civile libérienne. Dans la région de Macenta, des affron-tements interethniques oppo-sèrent les tribus Toma et Tomamamia, les Toma du Liberia combattant pour le président Charles Taylor tandis que les

Tomamanya étaient partisans de l’un de ses plus farouches oppo-sants, El-Hadj Kromah, soutenu par le gouvernement guinéen.

En 2003, le président Conté fut réélu à la tête de l’Etat mais sa santé déclinant, la question de sa succession fut officiellement posée[7]. C’est dans ce contexte qu’au mois de novembre 2003, un nouveau complot fut éventé et que des dizaines d’officiers et de sous-officiers furent arrêtés. Les rumeurs de coup d’Etat conti-nuant cependant à circuler, le 4 novembre 2005, le président déci-da une nouvelle purge, exception-nelle par son ampleur, qui vit la mise à la retraite d’office de

1872 officiers, sous-officiers et hommes du rang, soit le dixième de l’effectif total des forces ar-mées. Parmi les victimes de ces purges, figuraient trois officiers supérieurs Peul, les généraux Mamadou Bailo Diallo, chef d’état-major de l’armée de terre et Abdourahmane Diallo, ainsi que le colonel Mamadou Baldé, inspecteur général des forces ar-mées.

Entre les mois de janvier et de fé-vrier 2007, un puissant mouve-ment de grève fit vaciller le régime. Plus de 100 morts et des milliers de blessés furent alors à

dénombrer. Puis, entre le 2 et le 15 mai 2007, la Guinée fut se-couée par un nouveau mouve-ment. Le président limogea alors le chef d’état-major, le général Kerfalla Camara, Soso comme lui, mais qui appartenait à une génération coupée des jeunes of-ficiers et il le remplaça par le gé-néral Diarra Camara, un Toma chrétien, donc doublement mino-ritaire[8], auquel il adjoignit un chef d’état-major adjoint Soso, le général Mamadou Sampil. Au mois de février 2007, un gouver-nement de « large consensus » fut constitué et Lansana Kouyaté, un Malinké, fut nommé Premier ministre. Au mois de jan-vier 2008, de violentes mani-

festations syndicales secouèrent Conakry en marge d’un puissant mouvement de grève. Le 26 mai, une nouvelle mutinerie militaire se produisit. La raison en était cette fois le retard dans le verse-ment de la solde. Puis, ce fut au tour des policiers de manifester et le 16 juin, une véritable ba-taille de rues les opposa aux mili-taires.

Le 22 décembre 2008, le pré-sident Lansa Conté rendit l’âme. Le 23, une junte militaire compo-sée d’officiers issus des ethnies forestières[9]et malinké prit le pouvoir, dirigée par le capitaine

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Moussa Dadis Camara et par le général Sékouba Konaté, un Malinké. Originaire de Nzerekoré en Guinée forestière, le capitaine Moussa Dadis Camara est Kpélé (Guerzé), eth-nie totalisant 1% de la popula-tion de la Guinée et il prit appui sur les autres ethnies fo-restières, à savoir les Kono, les Toma, les Kissi et les Tomamania. A partir du début du mois de janvier 2009, le nouveau pouvoir entreprit une épuration des officiers Soso qui furent arrê-tés par vagues successives, puis, au sein même de la junte, une sourde rivalité opposa les offi-ciers malinké et forestiers.

Le capitaine Camara ayant laissé

entendre qu’il comptait se présen-ter à l’élection présidentielle du mois de janvier 2010, un grand meeting de l’opposition fut déci-dé pour le 28 septembre 2009. Même si quasiment tous les par-tis y furent représentés, il était clair que l’élément moteur en étaient les Peul dirigés par Cellou Dalein Diallo. Les membres de cette importante eth-nie considéraient en effet qu’après les Malinké de 1958 à 1984, et les Soso de 1984 à 2008, leur tour d’accéder au pou-voir était enfin venu. Les partis d’opposition réunis sous sigle FFVG (Forum des Forces vives

de la Guinée)[10]avaient choisi la date symbolique du 28 sep-tembre, anniversaire du « non » au référendum de 1958 qui mar-qua l’indépendance de la Guinée. Pour empêcher ce ras-semblement, le ministre de la jeu-nesse annonça que le stade serait fermé et le ministre de l’in-térieur interdit la réunion. Quant au capitaine Dadis Camara, il dé-créta la journée fériée. Les oppo-sants ayant bravé les diverses interdictions, l’armée intervint, avec une violence disproportion-née, aidée par des miliciens libé-riens[11], ce qui fut confirmé dans une conférence de presse par Jean-Marie Doré, leader de l’UPG, blessé dans le stade de Conakry le 28 septembre et qui affirma avoir identifié des mili-ciens de l’Ulimo. Ces derniers sont peut-être les responsables des exactions commises sur les ci-vils, et notamment les nombreux enlèvements et viols qui scandali-sèrent les Guinéens et l’opinion internationale.

Le rapport de la commission d’en-quête mise en place par l’ONU pour déterminer les commandi-taires, les responsables et les au-teurs des massacres du 28 septembre parle de « crime contre l’humanité » et accuse le chef de la junte, Moussa Dadis Camara, son garde du corps et ne-veu, Marcel Guilavogui, Aboubacar Toumba Diakité son aide de camp malinké, Moussa Tiégboro Camara, ministre de la Lutte antidrogue et du grand ban-ditisme et Claude Pivi dit « Coplan », Toma en charge de la sécurité présidentielle. C’est ce dernier qui, afin de contre-balancer l’influence des Malinké au sein de la junte, et compte te-nu de la faiblesse démogra-phique des Forestiers, aurait recruté des miliciens libériens.Dans un entretien accordé à l’hebdomadaire Jeune Afrique M. Mohamed Bedjaoui, président de la Commission d’enquête de l’Onu sur la Guinée a déclaré :

« Les actes de violence consta-

tés, par leur nature, leur am-pleur et leurs caractéristiques, dénotent une coordination entre les bérets rouges de la garde pré-sidentielle, les gendarmes du commandant Tiegboro, ainsi que des miliciens. Ces trois forces ont encerclé le stade, bloqué les issues, pénétré dans l’enceinte, lancé des gaz lacrymogènes et ont commen-cé à tirer, tuant et blessant des centaines de mani-festants et en soumettant d’autres à des violences sexuelles. Tous les indices montrent que cette attaque était coordonnée et organi-sée » (Jeune Afrique, 27 décembre 2009, p.23).

Le climat délétère se mua en si-tuation de pré-guerre civile. Ac-culé, le pouvoir accusa la France de comploter contre la Guinée, cependant que les divers cou-rants ethniques composant la junte s’opposaient, l’armée s’émiettant en factions eth-niques et même inter ethniques. Craignant un embrasement ré-gional, la Cedeao (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) désigna un médiateur en la personne du pré-sident du Burkina Faso, M. Blaise Compaoré. Dans ce contexte pesant, le lieutenant Boubacar Sidiki « Toumba » Diakité, un Malinké originaire de Mandiana en Haute Guinée, accusa le capitaine Dadis Camara de vouloir lui faire en-dosser la responsabilité des mas-sacres du 28 septembre dans le stade de Conakry. Le 3 décembre 2009, il ouvrit le feu sur le chef de la junte, tuant plu-sieurs de ses gardes du corps et le blessant à la nuque et au vi-sage. Etait-il le coupable ou le bouc émissaire idéal ? Il est trop tôt pour le dire. Notons simple-ment que plusieurs témoignages le disculpent, notamment celui de l’ancien premier ministre François Lonseny Fall qui a dé-claré que c’est lui qui l’avait sau-vé du massacre le 28 septembre.

Danse des jeunes gens dans un village bassari (vers 1950)

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Le retour des Malinké ?

Le général de brigade Sékouba Konaté, numéro trois du CNDD (Conseil national pour la démo-cratie et le développement) prit la tête de la junte après l’évacua-tion sanitaire de son numéro un, le capitaine Dadis Camara, trans-porté au Maroc, et compte tenu de l’hospitalisation de son numé-ro deux, le général de division Mamadouba « Toto » Camara, un Soso.

Né en 1966[12]de père Malinké musulman originaire de Kankan en pays mandingue (malinké) et de mère métisse libano-Kissi et chrétienne, il est marié à une femme peul. Brillant officier, il a suivi les cours de l’Ecole d’appli-cation de l’infanterie à Monpellier, puis, en 1996, il fut breveté Chef de section parachu-tiste à Pau. Dans les années 2000-2002, il combattit dans l’est de la Guinée contre les mi-lices infiltrées de Sierra Leone et du Liberia, puis il fut le com-mandant du Bata (Bataillon auto-nome des troupes aéroportées). Est-il l’ « ange blanc » au milieu des démons ? Ses adversaires l’accusent d’avoir des liens avec

des groupes rebelles libériens, no-tamment ceux du Lurd, sans que rien ne permette toutefois de l’établir.Quoiqu’il en soit, avec lui, les Malinké semblent avoir repris le pouvoir, mais qui va l’emporter des Malinké ou des Peul ? Le poids des seconds dans l’armée est faible. Quant aux Forestiers, marginalisés à la suite des exac-tions du 28 septembre, ils n’en demeurent pas moins les ar-bitres de la situation avec les Soso, mais ces derniers sont divi-sés.Le principal problème qui se pose est celui des apparente-ments ethniques transfronta-liers. Les Guerzé-Kpelé sont ainsi apparentés aux Kpelé, le principal groupe ethnique du Liberia où il totalise 21% de la population, pour leur part ; les Toma y constituent 7% de la popu-lation et les Kissi 5%, mais égale-ment 3% en Sierra Leone. Or, dans ces deux pays, les plaies des terribles guerres de la décen-nie 1990 ne sont pas encore cica-trisées. Si la Guinée explosait, le risque de contagion y serait donc réel ainsi qu’en Côte d’Ivoire où le processus électoral destiné à mettre un terme à la guerre civile vient de débuter.

[1] Sékou Touré était de père Malinké et de mère

Soso.

[2] Durant ses 26 années de pouvoir (de 1958 à

1984), un Guinéen sur trois quitta le pays qui se

vida ainsi de ses élites.

[3] Les votes dans la préfecture de Siguiri en

Haute Guinée, là où le candidat malinké Alpha

Condé avait obtenu plus de 90% des voix furent

ainsi annulés, ce qui lui fit perdre 100 000 voix.

[4] Les principaux d’entre eux étaient :

- Le P.U.P (Parti de l’Unité et du progrès) du Géné-

ral Lansana Conté (Soso)

- Le R.P.G (Rassemblement du Peuple de Guinée)

d’Alpha Condé (Malinké)

- Le P.R.P (Parti du Renouveau et du Progrès) de

Siradiou Diallo (Peul)

- L’ U.N.R (Union pour la Nouvelle République) de

Ba Mamadou (Peul)

La Constitution interdit la création de partis poli-

tiques sur une base ethnique.

[5] Le dernier recensement ethnique datant de

1955, les pourcentages indiqués dans cet article

ne sont que des extrapolations.

[6] Fondé par l’ancien Premier ministre Sidya

Touré qui appartient à une ethnie côtière ultra mi-

noritaire, celle des Diakhanké et leader de l’Union

des forces républicaines (UFR). N’ayant aucune

assise ethnique, il militait pour une transversalité

ethnique. Premier ministre de Lansana Conté de

1996 à 1999, il devint opposant en 2000.

[7] L’article 34 de la Constitution guinéenne pré-

voit qu’en cas de vacance à la tête de l’Etat, le pré-

sident de l’Assemblée nationale assure l’intérim

et organise une élection présidentielle dans les

soixante jours.

[8] Les Toma constituent 2% de la population et le

pays est en très grande majorité musulman.

[9] Les officiers malinké furent épurés par le géné-

ral Lansana Conté après le putsch de 1985 et,

pensant que les membres des ethnies forestières

ne présentaient pas de danger pour lui, il favorisa

leur progression dans l’armée. Après la mutinerie

de 1996 menée par des officiers kissi, il épura ces

derniers, mais ni les Kpélé-Guerzé, ni les Kono, ni

les Toma et les Tomamania ne furent inquiétés.

[10] Composé, entre autres, du RPG (Rassemble-

ment du peuple de Guinée) d’Alpha Condé

(Malinké), du PEDN (Parti de l’espoir pour le dé-

veloppement national) de Lansana Kouyaté

(Malinké), de l’UFR (Union des forces républi-

caines) de l’ex-Premier ministre Sidya Touré

(Soso), de l’UPG (Union pour le progrès de la

Gunée) de Jean-Marie Doré (Kpelé-Guerzé) etc.

[11] Du Lurd (Libériens Unis pour la Réconcilia-

tion et la Démocratie) de Sekou Damate Koné et

de l’Ulimo (Mouvement uni de libération du

Lberia pour la démocratie) d’El Hadj Kromah.

[12] Les renseignements sont contradictoires à ce

sujet, soit à Kissidougou, soit à Conakry selon les

sources.

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Avec l’anti racisme et l’apologie du métissage, la nouvelle croyance obligatoire imposée aux ro-bots citoyens est celle du mythe du réchauffement global et continuel de la planète. Or, et par définition, le propre du climat est de changer. Dans ce dossier, nous publions le long et passion-nant entretien que le climatologue Marcel Leroux, chef de file des « climato sceptiques », nous a accordé quelques mois avant sa mort, et dans lequel il fait litière des affirmations assénées ad nauseam par les médias et les hommes politiques, toujours à l’affût d’une nouvelle chimère à chevaucher. La seconde partie de ce dossier est une étude géo-historique du climat africain me-née sur la longue durée, ce qui permet de voir que le scénario catastrophe défendu par les « ré-chauffistes » n’est qu’un mythe. L’histoire de l’Afrique s’est en effet inscrite dans les oscillations du climat et les changements qui en résultèrent en furent autant de moteurs.

Les « réchauffistes » sont en contradiction avec leurs propres postulats quand ils présentent le préten-du « réchauffement global » de la planète comme une catastrophe. Si ce dogme était scientifiquement vérifié, ils devraient au contraire bondir de joie puisque l’élévation des températures entraînera une augmentation des précipitations. L’Afrique pourra alors ouvrir à l’agriculture des immensités au-jourd’hui désertiques.

LE MYTHE DU RÉCHAUFFEMENTGLOBAL EN AFRIQUE

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Afrique Réelle : Marcel Leroux, vous êtes climato-logue spécialiste des zones tro-picales et plus particulièrement de l’Afrique. Avant de parler de ce conti-nent, pourriez-vous nous expli-quer comment est né le mythe du réchauffement glo-bal que vous définissez comme un "scénario gra-tuit[1] ?"

Marcel Leroux : La manipula-tion, car il y a manipulation, dé-bute en 1988, quand les Etats-Unis vécurent dramatique-ment une sécheresse accompa-gnée de vents de poussière, qui évoquaient pour eux les tristes années 1930 du « dust-bowl » (cé-lèbre dans la littérature par « Les raisins de la colère » de J. Steinbeck). J. Hansen, de la NASA, présenta en juin 1988 de-vant le Congrès une courbe sur la-quelle il ajouta astucieusement à des moyennes annuelles, une moyenne établie sur les 5 der-niers mois, ce qui eut pour effet de faire grimper artificiellement la courbe thermique des Etats-Unis. Ce procédé malhonnête dé-clencha alors la « panique clima-tique » (déjà préparée de longue date par les mouvements écolo-gistes) qui conduisit rapidement (en 1989) à la création du GIEC[2]. A partir de cette date, le nombre de prétendus climato-

logues augmenta de façon vertigi-neuse (le plus souvent autoproclamés, ou désignés par les gouvernements, comme cet « expert national chargé du chan-gement climatique » qui est… physicien nucléaire !). Le climat devint l’affaire des organisations écologistes, de journalistes dits scientifiques, des médias et des politiques. Dans le même temps tout fut hyper simplifié, et devint même ultra simpliste : l’effet de serre, et notamment le CO2, « est » (sans discussion possible) le facteur « unique » du change-ment climatique et de tous les phénomènes météorologiques ! Il faut préciser que le GIEC, dans ses différents rapports (1990, 1995, 2001 et 2007), éta-blit les bases scientifiques du cli-mat (cf. www.ipcc.ch), mais de façon très orientée. Car il n’existe pas de consensus parmi les scientifiques, et tous les « sceptiques » sont systématique-ment écartés, ce qui évite ainsi « officiellement » tout débat[3]. Ces rapports scientifiques servent à des délégués désignés par les gouvernements, et dénom-més « experts » (donc des poli-tiques ou des scientifiques politisés), à établir (comme à Paris en février 2007) le Résumé pour Décideurs (Summary for Po-licymakers). C’est à l’occasion de ces réunions que sont orchest-rés, avec force simplifications et

marchandages, voire mensonges éhontés, les « coups » média-tiques destinés à impressionner l’opinion, comme en 1995 lorsque fut introduite (hors dé-bat scientifique) la phrase, tou-jours non prouvée, de « la responsabilité de l’homme dans le changement climatique ». On est alors très loin du climat lui-même ! Mais c’est ce document qui fait « autorité », qui est diffu-sé et exploité par les politiques et par les médias qui surenché-rissent dans le catastrophisme du réchauffement… avec la même assurance et la même vi-gueur que dans les années 1970 lorsqu’ils annonçaient le retour d’un « nouvel âge de glace » !

Afrique Réelle : Au centre des alarmes du GIEC se trouve la question de l’effet de serre et du CO2 dont on nous dit que leurs augmentations pro-cèdent de causes humaines. Qu’en est-il exactement ?

Marcel Leroux : L’effet de serre est principalement, et de très loin (de l’ordre de 95%) associé à la vapeur d’eau. Le dioxyde de carbone, ou CO2, ne représente quant à lui que 3,62% de l’effet de serre, soit 26 fois moins que la vapeur d’eau. La vapeur d’eau étant à (presque) 100% d’origine naturelle, comme la majeure par-tie des autres gaz émissifs (CO2,

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ENTRETIEN AVEC MARCEL LEROUX

Né le 27 août 1938 et décédé le 12 août 2008, Marcel Leroux, Profes-seur Emérite de Climatologie à l’Université Jean Moulin Lyon III, fut le directeur du LCRE (Laboratoire de Climatologie, Risques, Environne-ment) du CNRS (UMR 5600, Lyon). Membre de l’American Meteorolo-gical Society et de la Société Météorologique de France, il est l’auteur de plusieurs ouvrages climatologiques fondamentaux. Sa méfiance vis-à-vis du dogme réchauffiste global est résumée dans la citation suivante : « Le réchauffement global est une hypothèse issue de mo-dèles théoriques et fondée sur des relations simplistes, qui annonce une élévation de la température, proclamée mais non démontrée. Les contradictions sont nombreuses entre les prédictions et les faits clima-tiques directement observés, l’ignorance délibérée de ces distorsions flagrantes constituant une imposture scientifique ».

et CH4 ou méthane), l’effet de serre est donc essentiellement un phénomène naturel. Une faible proportion (effet de serre dit anthropique) peut être attri-buée aux activités humaines, pour une valeur totale de 0,28% de l’effet de serre total, dont 0,12% pour le seul CO2, c’est-à-dire une proportion insigni-fiante, voire tout à fait négli-geable. Cela n’empêche pas le GIEC de fausser complètement les données du phénomène de l’effet de serre, ni d’hyper simpli-fier la « science », en ignorant la vapeur d’eau et en considérant qu’il existe une relation (très hypothétique) entre le CO2 et la température. Or, pour établir une relation directe entre ces deux paramètres, il conviendrait d’abord de savoir si le taux de CO2 mesuré est représentatif de la concentration réelle.Le niveau de concentration en CO2 est mesuré depuis 1958 par la méthode spectroscopique (à partir d’un gaz de référence). « Les laboratoires Keeling délivrent les gaz de référence à travers le monde et ont le mono-pole de la calibration » (E. Beck, 2006). Les mesures précédentes faisaient appel à des méthodes chimiques, qui pour l’essentiel ont été ignorées par Keeling. Pourtant la détermination chi-mique ne montre pas de concentration préindustrielle de 285 ppm[4](cf. GIEC), mais une moyenne de 321 ppm au 19ème siècle et 338 ppm au 20ème siècle, de fortes variations de concentration, notamment au 20ème siècle où le niveau le plus élevé a atteint 420 ppm vers 1942, et révèle de fortes contradictions avec les re-constructions issues des glaces, qui ne sont pas comparables avec les mesures atmosphé-riques. Une telle comparaison ne peut être valide que pour une période très récente, c’est-à-dire pour les niveaux proches de la surface. Z. Javorowski (2004) a en effet démontré que de nom-breux processus « modifient drastiquement la composition chi-

mique des bulles d’air emprison-né dans la glace », et qu’ainsi « les concentrations en CO2 des inclusions de gaz dans la glace polaire profonde révèlent des va-leurs inférieures à celles de l’at-mosphère contemporaine ». Il est donc stupide de prétendre que les valeurs « actuelles », qui sont elles-mêmes peu pertinentes, n’ont jamais été aus-si élevées (depuis… 650 000 ans selon la dernière affabulation !), puisque les valeurs estimées et les mesures directes ne sont pas comparables. Les chimistes gla-ciologues (comme J. Jouzel) de-vraient donc, avant de se proclamer climatologues, prou-ver qu’ils sont capables de four-nir une estimation fiable des valeurs passées ! En outre, les études paléo climatiques n’ont pas révélé de relation entre le CO2 et la température. Notam-ment (en sus des erreurs d’ap-préciation soulignées ci-dessus) parce que 100 ppm séparent des périodes aussi différentes que le DMG (Dernier Maximum Gla-ciaire : 5°C de moins que l’ac-tuel) et l’OCH (Optimum Climatique Holocène), et parce que l’OCH a connu 2 à 3 °C de plus que l’actuel pour une valeur supposée d’environ « 300 ppm », qui est inférieure au taux actuel. Egalement, parce qu’une hausse de la température précède une hausse du taux de CO2 (avec un décalage de l’ordre de 800 ans, et souvent davantage). Alors, pourquoi une relation qui n’a pas fonctionné dans le passé fonc-tionnerait-elle dans le présent ? En conséquence, aucune relation causale, physiquement fondée, prouvée et quantifiée, n’a été éta-blie entre l’évolution de la température (hausse, mais aussi baisse) et la variation de l’effet de serre par le CO2. A fortiori, au-cune relation n’est démontrée entre les activités humaines et le climat : l’homme n’est en aucune façon responsable du change-ment climatique.

Afrique Réelle : L’idéologie do-minante soutient que non

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seulement le réchauffement aurait une cause humaine, mais que, de plus, il serait glo-bal. Les réalités régionales confirment-elles ce dernier postulat ?

Marcel Leroux : La température moyenne dite « globale » a aug-menté de 0,74 °C au cours de la période 1906-2005 (cf. GIEC, 2007). Cette augmentation est-elle globale ? Non, car les don-nées d’observation montrent que des régions se réchauffent tandis que d’autres se refroi-dissent. Ainsi, les hautes lati-tudes de l’hémisphère nord ne connaissent pas une évolution thermique homogène. Certaines régions se sont refroidies comme l’Arctique occidental et le Groenland, tandis que d’autres se sont réchauffées comme la Mer de Norvège et ses pourtours, à l’échelle an-nuelle de l’ordre de ± 1°C et en hiver de l’ordre de ± 2°C, au cours de la période 1954-2003 (ACIA, 2004). Les champs thermiques sont semblables à l’échelle annuelle comme à l’échelle hivernale, ce qui signi-fie que les mécanismes sont iden-tiques toute l’année. L’hiver montre une hausse de l’intensi-té, aussi bien pour le chaud que pour le froid, ce qui souligne une intensification hivernale des mêmes processus climatiques. Il faut également remarquer que l’espace Pacifique Nord connaît une évolution comparable avec refroidissement sur la Sibérie orientale, particulièrement en hi-ver, et un fort réchauffement sur l’Alaska et le détroit de Béring. Il est donc absolument inexact de prétendre que la planète se ré-chauffe : le « changement clima-tique » n’est pas synonyme de « réchauffement global ». Pas plus qu’il n’existe de climat « arc-tique moyen », il n’existe de cli-mat « hémisphérique moyen », et encore moins de « climat glo-bal ».Se pose alors une question fon-damentale : une moyenne (comme celle sur laquelle se

fonde le GIEC) de comporte-ments thermiques aussi divers, et même carrément opposés, a t-elle une valeur climatique glo-bale ? Certainement aucune ! La question est d’importance car si le CO2« explique » le réchauffe-ment, il doit aussi expliquer le re-froidissement… ou bien une autre explication doit être trou-vée, sinon des secteurs voisins, chauds et froids, pourraient – si-multanément – se comporter dif-féremment en obéissant à la même cause.

Afrique Réelle : Parmi les exemples les plus médiatisés, l’on nous présente l’arctique en phase de réchauffement avec la disparition program-mée du pôle nord. Là encore quelle est la réalité scienti-fique ?

Marcel Leroux : Les hautes lati-tudes concentrent l’attention des médias, qui annoncent en ef-fet un « extraordinaire » réchauf-fement des Pôles, en particulier

du Pôle Nord (en dépit des obser-vations de l’ACIA). Mais d’où pro-viendraient alors les vagues de froid, et notamment ce froid hi-vernal si sévère en Californie ou dans les plaines américaines, sa-chant que le froid vient du pôle ? Mais il est si tentant de s’apitoyer de manière pleurni-charde sur les malheurs de l’ours blanc, en évitant, bien en-tendu, de citer les Services U.S., canadiens et russes qui estiment que les ours sont actuellement plus nombreux qu’il y a qua-rante ans, proches de leur maxi-mum historique. Au Canada sur 20 peuplements, 19 sont ainsi restés stables ou ont vu leur nombre augmenter, sauf dans

l’ouest de la baie d’Hudson… où 234 ours ont été abattus par les chasseurs au cours des 5 der-nières années !Les variations climatiques obser-vées aux pôles, ne doivent rien à l’effet de serre, et sont asso-ciées à l’intensification de la cir-culation générale depuis les années 1970, qui représentent un véritable tournant clima-tique. Le slogan médiatique est que le « Groenland fond… », ce qui est vrai dans les basses couches sur les pourtours bai-gnés par l’air chaud venu du Sud (en 1816 et 1817 par exemple, on avait déjà pu at-teindre le pôle en longeant les côtes groenlandaises). Mais le satellite prouve que la partie sommitale du Groenland se re-froidit et s’élève de 6 cm par an (en raison du gain de masse lié au transport accru de potentiel précipitable qui nourrit des chutes de neige abondantes). Dans l’espace de l’Atlantique Nord le phénomène est bien connu et il n’a rien de commun

avec ce que nous disent les spécialistes auto pro-clamés. Ainsi, l’Arctique occidental se refroidis-sant, les anticyclones mo-biles qui quittent le pôle sont plus puissants et les remontées d’air cyclo-nique associé aux dépres-sions transportent

davantage d’air chaud et hu-mide d’origine subtropicale, voire tropicale, vers la Mer de Norvège et au-delà. La tempéra-ture s’élève et, conséquence, les précipitations (neigeuses en alti-tude, sur le Groenland et la Scandinavie) augmentent, tan-dis que la pression baisse et que la tempêtuosité s’accroît, avec des dépressions plus nom-breuses atteignant des latitudes plus septentrionales (A. Pommier, 2005). L’Europe occidentale, située sur la trajec-toire des remontées cycloniques de sud, bénéficie aussi d’un ré-chauffement, voire localement d’un excès de pluie. Sur l’Atlantique, l’Agglutination Anti-

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cyclonique (AA), couramment ap-pelée anticyclones des Açores, est plus puissante et plus éten-due vers le sud, ce qui fait que le Sahel Atlantique et notamment l’archipel du Cap-Vert subissent une sécheresse plus prononcée que sur le continent voisin. La Méditerranée qui prolonge cet espace atlantique est plus froide et plus sèche sur son bassin orien-tal (comme sur l’Europe centrale), tandis que la pression de surface est également crois-sante.

Afrique Réelle : L’on nous dit également que l’Antarctique se disloque. Là encore sommes-nous face à une dés-information ?

Marcel Leroux : Oui car l’Antarctique est particulière-ment stable (bénéficiant même d’un gain de masse dans sa par-tie orientale), sauf la Péninsule Antarctique. Ici, en raison de la latitude de la Péninsule et de la présence des Andes qui cana-lisent vigoureusement vers le sud le flux cyclonique chaud et humide (M. Leroux, 2005), les dé-pressions australes connaissent une évolution remarquable car elles sont de plus en plus creu-sées tandis que leur trajectoire est de plus en plus méridionale, et que la température de l’air est croissante (A. Pommier, 2006). Ainsi, comme dans le voisinage de la Mer de Norvège (ou encore dans la région Alaska-Détroit de Béring), le réchauffement de la

Péninsule Antarctique, fausse-ment attribué par le GIEC à l’ef-fet de serre, est commandé par une intensification des échanges méridiens qui transfèrent vers le pôle davantage d’air chaud et hu-mide de lointaine origine tropi-cale.

Afrique Réelle : « Les glaciers disparaissent… » dit-on aussi.

Marcel Leroux : Pourquoi ne pas dire qu’ils ont été plus réduits encore dans les Alpes au Moyen Age, et que la longueur de la langue glaciaire dépend de leur alimentation en neige antérieure à l’actuel ? C’est d’autant plus vrai à l’altitude des neiges du Kilimandjaro, proches de 6000 mètres, où ce n’est pas la température (ici inférieure à 0°C) qui a varié, mais (comme ailleurs) les conditions dyna-miques de la pluviosité, avec no-tamment un glissement vers le sud, plus ou moins marqué et prolongé, de la structure pluvio-gène de l’EMV (Equateur Météo-rologique Vertical) (M. Leroux, 1983, 2001).

Afrique Réelle : Venons-en aux Tropiques et à la question de l'Afrique, notam-ment à celle des variations de la forêt et du désert.

Marcel Leroux : Les Tropiques ne sont pas épargnés par le ca-tastrophisme. On proclame en particulier que « les cyclones tro-picaux vont augmenter… ». L’exemple de « Katrina » est ain-si exploité sans vergogne, alors que la puissance de ce cyclone avait fortement décliné avant d’atteindre La Nouvelle-Orléans, et surtout que la rupture des digues était une catastrophe an-noncée depuis déjà fort long-temps… Les spécialistes de météorologie tropicale affirment qu’aucune tendance à la hausse n’est observée, le Colloque sur les Cyclones Tropicaux tenu au Costa Rica sous l’égide de l’Of-fice météorologique mondial en décembre 2006 a même conclu

Les incohérences des « réchauffistes » : Comme le fait remarquer Marcel Leroux : « Les périodes chaudes ont toujours été des périodes fastes, comme par exemple au début de notre ère lors des années triomphantes de la République Ro-maine et de l’Empire, ou lors de l’épopée des Vikings vers le Groeland et l’Amérique du Nord, lorsqu’un optimum climatique ré-gnait sur l’Europe centrale et occidentale entre 1150 et 1300, dépla-çant les cultures et en particulier celle de la vigne de 4 à 5 degrés vers le nord, le « doux douzième » (« gentle twelfth century ») re-présentant alors dans la tradition écossaise un « âge d’or » avec ses hivers doux et ses étés secs, puis après une chute des températures le retour de l’Optimum Climatique Médiéval (OCM) qui a notam-ment favorisé les grands voyages de découvertes. Par opposition, les épisodes froids ont été considérés comme « des périodes sombres » (« dark ages »), comme celle qui après 1410 a coupé les relations avec le Groenland, ou celle du Petit Age de Glace entre 1600 et 1850, qui a atteint sa plus grande rigueur vers 1708-1709 dénommée par Réaumur « l’année du grand hiver », période au cours de laquelle les glaciers alpins ont atteint une grande exten-sion, comme en témoignent en 1789 les Cahiers de Doléances des paysans chamoniards dont les prairies étaient envahies par la glace. Il est donc « incompréhensible » que les médias puissent faire ad-mettre que la chaleur est synonyme de calamité, en particulier à des gens qui au cours de l’hiver ne pensent qu’à l’été, et qui rêvent au moins pour leur retraite de résider dans le Midi, ou en Espagne, voire au Maroc … mais au soleil ! Même « l’invraisemblable dou-ceur » du mois de décembre 2006 et la facture de chauffage allégée sont présentées par les médias comme des catastrophes ! La mé-moire en ce domaine est très sélective, car on omet de rappeler l’au-tomnale fraîcheur du surprenant mois d’août précédent, et on s’empresse d’oublier l’hiver 2005-2006 qui a battu des records de froid, ou de chutes de neige, ou bien l’hiver 2000 lorsque la Sibérie a enregistré ses plus basses températures, et que la Mongolie a fait appel à l’aide internationale ».

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que « aucun cyclone ne peut être directement attribué au changement climatique ». Ch. Landsea, spécialiste incontesté des cyclones, a préféré démission-ner du GIEC pour « ne pas contri-buer à un processus motivé par des objectifs préconçus et scienti-fiquement non fondés ». Mais les dégâts provoqués par les cy-clones offrent de si « belles images » larmoyantes aux re-vues et aux journaux télévisés ! Sur l’Afrique, continent tropical par excellence, les changements climatiques sont directement ob-servables, en raison notamment de la translation en latitude des zones climatiques (M. Leroux, 1983, 2001). L’évolution subsaha-rienne récente offre, toutes pro-portions gardées, le reflet atténué des évolutions passées. Au cours des années soixante (an-nées « chaudes » de l’Optimum climatique contemporain) une pluviométrie supérieure à la nor-male avait fait remonter la zone sahélienne vers le nord, empié-tant sur le désert (on peut souli-gner qu’à la même époque en Eurasie du Nord et au Canada, la forêt boréale et l’exploitation agricole gagnaient également vers le nord). Puis à partir de 1972, la pluviométrie a dramati-quement décru, le désert s’est étendu et le Sahel a progressive-ment glissé vers le sud, affectant même les zones soudaniennes ré-putées pluvieuses. Or, à l’échelle paléo climatique les bouleverse-ments ont été beaucoup plus importants (en relation avec les variations orbitales du rayonne-ment). Lors du DMG (Dernier Maximum Glaciaire) les éten-dues désertiques, et les forma-tions dunaires, considérablement étendues, empiétaient sur les zones sou-daniennes au point de faire quasi-ment disparaître le peuplement forestier, confiné dans des posi-tions refuges proches de l’équa-teur, abritées (notamment par le relief) des vents forts et secs du nord et du sud (voir les cartes jointes). Lors de l’OCH (Opti-

mum Climatique Holocène) la ra-pide reconquête par la forêt dépassait très largement l’éten-due actuelle, le Sahara parsemé de lacs et marécages, et parcou-ru par des éleveurs comme l’at-testent les nombreux dessins rupestres, recevait des pluies re-lativement abondantes d’origine à la fois méditerranéenne et tropi-cale. Or, il faut bien voir que toutes les périodes « chaudes » ont été en Afrique des périodes pluvieuses, de l’OCH à l’opti-mum contemporain, en passant

par le Moyen Age qui a permis la prospérité (entre 1200 et 1500) des grands empires sahélo sou-daniens. La diminution actuelle de la pluie au sud du Sahara est ainsi tout le contraire d’un scéna-rio de « réchauffement », appor-tant un démenti flagrant à ce que prétend le GIEC. Il faut en ef-fet souligner que sous les Tro-piques les précipitations tombent majoritairement en sai-son chaude, et si un réchauffe-ment devait réellement se produire, il se traduirait par une amélioration pluviométrique. Le glissement actuel vers le sud de la zone sahélienne (de l’ordre de 200 à 300 km) s’inscrit au contraire depuis les années 1970, comme au DMG où la mi-gration vers le sud a dépassé 1000 km, dans un schéma d’inten-sification de la circulation géné-rale, qui témoigne d’un lent refroidissement des pôles. Ce re-froidissement observé qui contre-dit encore le scénario infondé du GIEC, des écologistes et des mé-dias, augmente la puissance des

phénomènes extratropicaux, ac-croît la pression des Agglutina-tions Anticycloniques subtropicales, et réduit progres-sivement l’étendue de la zone tropicale (M. Leroux, 1996).

Afrique Réelle : Vous disiez hors entretien que la grande victime des actuelles manipu-lations est d’abord la disci-pline climatologique elle-même. Que voulez-vous dire par là ?

Marcel Leroux : Les climato-logues ne sont pas écoutés. On préfère tout mélanger : climat, pollution, écologie et écolo-gisme, développement durable, scoops médiatiques, propagande et faits réels (souvent déformés), politique et intérêts écono-miques (avoués et inavoués). Ain-si les incohérences, les affirmations gratuites, les impos-sibilités physiques et les men-songes éhontés sont multiples. Les prédictions (souvent de ca-ractère « hollywoodien ») sont is-sues de modèles climatiques dont l’efficacité est fortement discutée. En premier lieu, et c’est le comble pour des mo-dèles numériques, par les mathé-maticiens eux-mêmes qui jugent que « les modèles employés sont à ce point sommaires, grossiers, empiriques, fallacieux, que les conclusions qui en sont tirées sont dépourvues de toute valeur prédictive » (B. Beauzamy, 2006). En outre, ces modèles ne représentent pas la dynamique réelle de la circulation générale,

« On prétend que le « Gulf Stream va s’arrêter » … alors qu’il faudrait pour cela que le vent qui est le moteur des courants marins superficiels, cesse de souffler, c’est-à-dire que toute la circulation aérienne comme océanique soit bloquée, ce qui est naturellement invraisemblable ! On dit encore que « la mer monte » … mais aucune courbe ne le prouve, sauf pour quelques hypothétiques centimètres (12 cm en 140 ans), et aucune terre n’a encore disparu, l’évolution du ni-veau de la mer dans la fameuse île Tuvalu n’étant jamais montrée, certainement parce que les mesures effectuées de-puis 1978 par l’Australian National Tidal Facility ne révèlent aucune tendance haussière » Marcel Leroux.

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alors que le temps et le climat (qui est la « somme » des temps) dépendent étroitement de la dynamique des échanges méridiens d’air et d’énergie, donc de la circula-tion générale et de ses variations. En bref, au lieu de tirer des plans très hypothé-tiques sur la co-mète 2100, la climatologie, dans une impasse conceptuelle de-puis une cinquan-taine d’années, devrait plutôt chercher à contri-buer efficace-ment à déterminer les mesures idoines de prévention et d’adaptation au climat du futur proche, climat dont l’évolution ne dépend en au-cune façon du CO2, et dont l’homme n’est en aucun cas res-ponsable (sauf dans le cadre limi-té des villes). Car le changement climatique – c’est le propre du climat que d’évo-luer constamment – est bien réel, et antinomique d’un scéna-rio « chaud » comme le prouve

la hausse continue de la pres-sion atmosphérique sur la trajec-toire des anticyclones mobiles et dans les régions d’Agglutina-tions Anticycloniques. C’est en

particulier cette hausse de pres-sion, et non le CO2, il faut le sou-ligner, qui est responsable dans nos régions, à la fois de longues séquences sans pluie (ou sans neige en montagne) lorsque la si-tuation reste longtemps anticy-clonique, ou des périodes de chaleur, voire de canicule comme en août 2003 (la conduc-

tivité de l’air étant meilleure lorsque la pression est élevée), chaleur accompagnée de forte évaporation et de sécheresse. Ce changement du climat n’est

pas celui qui est prédit par le GIEC. Mais les théori-ciens et les modélisateurs se soucient peu de l’obser-vation des phénomènes réels. Ce sont les raisons et les mécanismes de ce changement permanent qu’il convient à la climato-logie de définir sérieuse-ment. Dans le même temps les autres disci-plines, desservies par le mélange des genres et qui n’ont pas besoin de l’illu-soire épouvantail clima-tique, pourront elles-mêmes se consacrer efficacement à lutter contre la pollution, ou à fa-voriser le développement durable.

[1] La « substantifique moelle » de cet

entretien a été publiée dans la Nouvelle

Revue d’Histoire, n°31, juillet-août 2007.

[2] Groupement Intergouvernemental

pour l’Etude du Climat.

[3] Ces rapports précisent toutefois le

degré des incertitudes qui sont mul-

tiples, incertitudes qui sont ensuite oc-

cultées.

[4] Ppm= parties par million.

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Références bibliographiques de l’entretien

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Les évolutions clima-tiques entre 60 000 et 10 000 avant nos jours

A partir d’il y a +- 60.000 ans, au Pléistocène final, l’Europe occidentale connût un climat ext-rêmement froid et les îles britan-niques furent en partie recouvertes par des gla-ciers. L’Afrique se refroi-dit elle aussi et, par conséquent, les pluies y diminuèrent, entraînant dans certaines régions, dont le Sahara, une phase aride et même hyper aride avec une baisse du débit des cours d’eau et du ni-veau des lacs. Cette phase d’hyper aridité dé-coulait du refroidisse-ment du climat et donc de la réduction de la zone tropicale. Le phé-nomène connût une accentuation il y a 30.000 ans. L’étendue du désert fut alors plus importante qu’au-jourd’hui et l’aridité plus absolue. Le Sahara central perdit ainsi ses lacs dont le lac Tchad, et se couvrit de dunes de sable. Durant cet épi-sode aride l’homme disparût du Sahara et de ses bor-dures méridionales pour se re-plier dans deux directions :

1) Vers la vallée du Nil où ils furent pris en tenaille par les dé-serts de l’est et de l’ouest[2]. Il y a 18.000 ans, la vallée du Nil fut

envahie par le sable, puis les deux Nil et l’Atbara se transfor-mèrent en cours d’eau saison-niers. Le Nil Blanc pourrait même s’être en partie asséché en raison des changements cli-matiques que connaissait alors l’Afrique des hautes terres.

2) Le second grand refuge fut le sud de l’actuel Sahel où le refroi-dissement, donc l’aridité, connut une accélération vers -20.000, entraînant le recul de la forêt et l’extension du Sahara. Encore plus au sud, entre

- 70.000 et -40.000 ans, la zone forestière connut, elle aussi, un climat froid donc aride (en moyenne baisse de 4°), avec pour conséquence le recul de la sylve. De -30.000 à -12.000, période contemporaine de la glaciation wurmienne ou Der-

nier maximum glaciai-re en Europe, les températures de la ré-gion forestière bais-sèrent de 6 à 9° avec un maximum d’intensi-té dans la seconde par-tie de la période, c’est-à-dire entre -20.000 et -12.000. La forêt disparut alors quasiment, n’existant plus que comme relique[3].

Pour l’ensemble du continent, le pic de la phase d’aridité se si-tua entre -18.000 et -15.000. L’océan fut alors à son plus bas ni-veau. En Afrique orien-tale, les grands lacs atteignirent leur ni-veau le plus bas avec une baisse de 75 m de celui du lac Victoria. Il en fut de même avec les lacs Kivu et Tanganyika, tandis

que dans la vallée du Rift, le phénomène fut encore plus intense. Puis le climat changea à nouveau et, vers +- 10 000, l’Afrique redevint chaude et hu-mide avec pour conséquence le recul des déserts et le dévelop-pement de la forêt.

La longue durée africaine permet de mesurer l’ampleur de la manipulation climatique opérée par les partisans de la thèse du « réchauffement global » attribué à des causes humaines. L’exemple du Sahara devrait les rendre plus prudents car le désert n’a pas toujours occupé l’espace qui est le sien aujourd’hui. Par le passé, il fut tantôt plus vaste et tantôt plus réduit, dispa-raissant même lors de certains épisodes chauds, donc humides. Or, ces changements n’eurent évi-demment aucune cause humaine car, durant ces lointaines époques, les populations ignoraient le moteur diesel ou l’énergie tirée du charbon…

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LES GRANDES ÉVOLUTIONS DU CLIMAT AFRICAIN ET LEURS INFLUENCES SUR L'HISTOIRE DES POPULATIONS

PAR BERNARD LUGAN

Par le passé, le climat de l’Afrique a constamment changé et ce fut sur ses oscillations que l’homme prit possession du continent. Sans même remonter à plusieurs millions d’années, il est possible de constater que depuis 100 000 ans, la colonisation de l’espace par l’Homme mo-derne s’est faite d’abord dans une Afrique froide, donc aride[1], puis dans une Afrique chaude, donc humide.

Les évolutions clima-tiques entre +- 10.000 et 1000 av. JC

Quatre périodes peuvent être distinguées durant cette séquence :

1) Le Grand Humide holocène[4] ou Optimum climatique holocène qui s’étend de 7000 à 4000 av JC englobe partiellement l’Humide néolithique et il présente de pro-fondes différences régionales : - En Afrique du Nord la végéta-tion méditerranéenne colonise l’espace vers le sud jusqu’à plus

de 300 km de ses limites ac-tuelles.- Au Sahara, avec les précipita-tions, la faune et les hommes sont de retour et les premières gravures rupestres apparaissent vers 8000 av JC[5]. - Dans la région du Sahel, la zone des savanes remonte de 500 à 1000 km vers le Nord.- En Afrique orientale, les lacs se remplissent à nouveau et at-teignent leur plus haut niveau, qu’il s’agisse de ceux de la vallée du Rift ou de ceux des hautes terres. Gonflé par le fleuve Omo, le lac Turkana rejoint le réseau

du Nil, ne faisant plus qu’un avec les lacs Albert, Edouard et Victoria, constituant ainsi une sorte de mer intérieure. Plus au Sud, le lac Kivu s’est fondu dans le lac Tanganyika. Au Nord, le plateau éthiopien est chaud et humide et les glaciers de l’époque précédente ont dispa-ru. - Dans la zone forestière, la période s’étendant de +- 12.000 à +-1500 av JC, est une séquence chaude, donc humide, qui voit la recolonisation fo-restière avec un maximum d’intensité à partir de 5000 av

Contrairement à ce que croient les « réchauf-fistes », ce n’est pas l’augmentation des tempéra-tures qui entraîne la sécheresse, mais tout au contraire le refroidissement. Entre 18.000 et 15.000 ans par rapport à nos jours, lors du Der-nier Maximum Glaciaire (DMG), les températures africaines moyennes étant inférieures de 5° à celles que nous connaissons aujourd’hui. Le froid ayant pour résultat mécanique de ralentir le vo-lume des pluies, le désert du Sahara s’étendit considérablement vers le Sud, tandis que la forêt tropicale et équatoriale disparut quasiment.

Entre 9000 et 6000 par rapport à nos jours, lors de l’Optimum Climatique Holocène (OCH), les températures africaines moyennes étaient supé-rieures de 2°C à celles que nous connaissons au-jourd’hui. Cette élévation de la chaleur provoqua une augmentation mécanique des pluies et la fo-rêt s’étendit, débordant très largement son éten-due actuelle. Le Sahara recevant des précipitations d’origine à la fois méditerranéenne et tropicale, ses parties désertiques se rétrac-tèrent considérablement et il fut parsemé de lacs et de marécages.

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JC. Puis une tendance à l’assèche-ment est identifiable à partir de +- 2000-1000 av. JC, suivie par une nouvelle variation humide. Avec la recolonisation forestière la forêt s’étend au nord-ouest et jusqu’au sud du Sénégal et au nord est jusqu’au Darfour. En Afrique orientale elle atteint les hautes terres et franchit le lac Victoria.

2) L’Aride mi-Holocène (ou Aride intermédiaire ou Aride intermé-diaire mi-Holocène) qui succède au Grand humide holocène s’ins-crit entre deux périodes hu-mides. Il s’agit d’un bref intermédiaire aride qui dure un millénaire au maximum et qui se situe entre +- 6000 et +- 4500 av JC selon les régions. Cette nou-velle période aride voit la diminu-tion des étendues marécageuses et lacustres, ce qui a donc pour conséquence l’augmentation de la superficie du Sahara « habi-table ». Les hommes qui avaient trouvé refuge dans les massifs ou dans les zones non inondées de l’Afrique du Nord ou de la ré-gion tropicale réoccupent le Sahara.

3) Le Petit Humide ou Humide Néolithique succède à l’Aride mi-Holocène et s’étend de +- 5000/4500 av JC à +- 2500 av JC. Le Petit Humide qui est nette-ment moins prononcé que le Grand Humide Holocène donne naissance à la grande période pastorale saharienne. Le Sahara, steppe sub-désertique et non « verte prairie », dans laquelle le niveau des nappes phréatiques augmente et dont les sources se mettent à débiter les pluies de la période du Grand Humide Holocè-ne est alors parcouru par des groupes d’éleveurs.

4) L’Aride post-néolithique qui est daté entre +- 2500 et +-2000-1500 av JC présente plusieurs fa-ciès. A partir de +- 2000 av JC, le nord du Sahara connaît une ac-célération de la sécheresse avec pour conséquence le départ de la plupart des groupes humains

qui y vivaient. C’est ainsi que les populations négroïdes semblent abandonner définitivement les parties du Tassili, du Hoggar et de l’Acacus dans lesquelles elles vivaient. A partir de cette époque, ces régions semblent n’être plus peuplées que par des groupes proto-Berbères[6].

Dans la partie méridionale du Sahara, les hommes semblent se replier vers le fleuve Niger à par-tir de +- 2000 av JC. Les conséquences de ce nouveau changement climatique se font en effet également sentir sur les bordures du Sahara où la savane qui s’était étendue vers le Nord durant la période climatique hu-mide précédente recule vers le Sud. Vers +- 2500 av JC l’im-mense paléo-Tchad disparaît et le lac atteint alors sa superficie de l’époque historique. Le Sahel redevient sec et la forêt recule. Durant cette période, les pay-sages actuels se mettent lente-ment en place. Comme durant les précédents épisodes arides, les deux principaux refuges pour les hommes se trouvent au Sud, vers la zone forestière, mais aus-si à l’Est, dans la vallée du Nil.

Vers +- 1000 av JC et jusque vers +- 800 av JC, le retour limi-té des pluies permet la réappari-tion de quelques pâturages. Après le « vide » de l’aride post-néolithique on assiste alors à une nouvelle poussée de groupes berbères en direction du Sahara central. Puis l’Aride actuel se met en place et le Sahara entre alors dans la période historique.

[1] En Afrique, climat froid correspond à

aridité et climat chaud à humidité.

[2] De plus, il y a 30000 ans, le Nil a connu

d’énormes inondations noyant périodique-

ment ou peut-être même régulièrement

toute la vallée. Voir à ce sujet l’article de

Bernard Lugan intitulé « L’Egypte, fille du

climat », publié dans la Nouvelle Revue

d’Histoire, n° 31, juillet-août 2007, p. 19.

[3] Cette période fut entrecoupée vers +-

24 000 +- 22 000 par une oscillation

chaude, donc humide.

[4] L’Holocène, étage géologique le plus ré-

cent du Quaternaire, débute il y a 12000

ans environ, à la fin de la dernière glacia-

tion et voit l’apparition des premières

cultures néolithiques.

[5] Une étude régionale du Sahara permet

de distinguer six sous régions (Lugan,

Histoire de l’Afrique des origines à nos

jours, 2009, pp.22-23).

[6] Et par les ancêtres des actuels harra-

tins, derniers survivants (?) du peuplement

noir antérieur.

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