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Activités sportives, récréatives et ludiques & développement des territoires Christophe Gibout (Dir.)

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Activités sportives,

récréatives et ludiques &

développement des territoires

Christophe Gibout (Dir.)

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----------------------------INFORMATION----------------------------Couverture : Classique

[Roman (130x204)] NB Pages : 318 pages

- Tranche : 2 mm + (nb pages x 0,055 mm) = 17.4582 ----------------------------------------------------------------------------

Activités sportives, récréatives et ludiques & développement des territoires

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Photographies de couverture (de gauche à droite et de

haut en bas) : 1 : Skaters dans un parc urbain à proximité du parc

olympique à Montréal, Canada, en 2012. Photographie C. Gibout / TVES.

2 : Camping “sauvage” de véliplanchistes à proximité de Palavas-les-flots, France, en 2009. Photographie C. Audouit / TVES.

3/ Chalet sur les bords d’un lac à proximité des rives du Saint-Laurent au nord de la ville de Québec, Canada, en 2012. Photographie C. Gibout / TVES.

4/ Participants à une course d’orientation dans une forêt du littoral de la côte d’opale, France, en 2014. Photographie L. Schimpf / ULCO.

5/ Enfants jouant dans le port de plaisance lors d’une animation organisée à destination des plaisanciers de Zeebrugge, Belgique, en 2011. Photographie V. Herbert / TVES.

6/ Basketteurs sur un terrain en libre accès dans le quartier de Manhattan à New-York, Etats-Unis, en 2012. Photographie C. Gibout / TVES.

7/ Halle des sports et des spectacles à Lisbonne, Portugal, en 2013. Photographie C. Gibout / TVES.

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8/ Enfants jouant au football dans les rues d’Essaouira, Maroc, en 2010.

9/ Espace vert propice à la détente et aux loisirs à proximité du Bundestag à Berlin, Allemagne, en 2012. Photographie C. Gibout / TVES.

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Plan

Titre Auteur

Genèse et ambition d’un projet collectif… Christophe Gibout Sports, tourisme et urbanisme de la ville

balnéaire : Dieppe, Le Touquet et Deauville aux XIXe et

XXe siècles

Charly Machemehl,

Guillaume Penel & Christophe Pécout

Les ports de plaisance au service de l’urbanisme littoral durable

Simone Valcke

Deux pratiques récréatives pour une même organisation de l’espace par le tourisme et les

loisirs : La navigation de plaisance et le ski alpin

Ewan. Sonnic

« 100 ballons 2014 » Lecture critique d’une manifestation sportive ayant pour objet la

commémoration du centenaire de la guerre 1914-1918

Michel Carrard

Du mycotourisme et d’autres pratiques ludiques et gourmandes en forêt au Québec

Pascale Marcotte

De la nature des orienteurs… l’exemple du Nord – Pas de Calais

Guy Verschave, Christophe

Gibout, Philippe Chagnon &

Laurent Schimpf

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Dans le jardin de la métropole. Politiques végétales du vivre ensemble à Rouen

Marie-Cheree Bellenger &

Olivier Sirost De la justification du choix des activités

récréatives dans les espaces naturels Charlotte Birks

Impact de configurations spatiales différenciées du sport licencié dans la ville sur la mixité

sociale

Coralie Lessard

Stérilisation ou boite de pétri ? La politique publique des espaces dédiés aux pratiques du

« graffiti » et de la « roule ».

Thomas Riffaud

La cosmose urbaine :

Le rooftoping, une géotopie des espaces corporels

Bernard Andrieu & Lionel

Chavaroche

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Genèse et ambition d’un projet collectif…

Christophe GIBOUT

Cet ouvrage collectif rassemble des articles qui découlent de présentations lors des Journées internationales « Activités Sportives, Récréatives et ludiques & Développement des Territoires » qui se sont déroulées en 2015 sous l’égide du laboratoire Territoires, Villes, Environnement & Société (TVES, EA 4477, COMUE Lille – Nord de France), du CR35 « Sociologie du Sport » de l’Association Internationale des Sociologues de Langue Française (AISLF) et de l’Université du Littoral – Côte d’Opale (ULCO), et avec le soutien de la Ville de Calais et du département Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) de l’ULCO et de cet établissement universitaire qu’il convient ici de remercier. L’ensemble des propositions de communication a fait l’objet d’une expertise en double aveugle par un Comité

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Scientifique1. Puis, les propositions d’articles (n =20) ont ensuite été transmises à une nouvelle expertise non-anonymisée par ces mêmes membres. Je tiens d’ors et déjà à les remercier2 tous pour leur engagement et leur sérieux puisque, après parfois plusieurs navettes avec les auteurs, cette double sélection a permis de retenir des écrits originaux et qui s’inscrivent parfaitement dans le cadrage scientifique général de la manifestation qu’il convient maintenant de rappeler.

L’objectif de ces journées internationales était d’explorer plus avant une thématique de recherche qui se développe toujours plus et est en pleine reconfiguration dans les réseaux de la recherche à la fois en Sciences du Sport et en Sciences

1 Le conseil scientifique international était composé de Christelle Audouit (géographe, Lille 1), Philippe Bourdeau (Géographe, Grenoble-Alpes), Benjamin Coignet (Sociologue, APELS, Paris), Antonio Da Silva Costa (Sociologue, Université de Porto, Portugal), Philippe Deboudt (Géographe, Lille 1), Eric Dugas (Sociologue, ESPE Aquitaine), Clara-Maria Freitas (Anthropologue, Université de Récife, Brésil), William Gasparini (Sociologue, Université de Strasbourg), Christophe Gibout (Sociologue, ULCO), Stéphane Héas (Sociologue, Rennes 2), Antoine Le Blanc (Géographe, ULCO), Florian Lebreton (Sociologue, Université de Brest), Pascale Marcotte (Géographe, Université Laval – Québec, Canada), Laurence Munoz (Historienne, ULCO), Abdellatif Naja (Sociologue, Institut national des Sports, Salé, Maroc), Alessandro Porrovecchio (Sociologue, Université Lille 2), Guy Verschave (STAPS, ULCO), Gilles Vieille Marchiset (Sociologue, Université de Strasbourg) et Olivier Sirost (Sociologue, Université de Rouen). 2 Mes remerciements vont aussi tout particulièrement à celles sans l’aide de qui cette manifestation n’aurait pas pu être un moment de convivialité autant que d’échange scientifique, et sans le soutien desquelles cet ouvrage n’aurait pas pu être réalisé avec efficacité et sérieux : Albane Boulogne – Bassez, Delphine Groux, Nathalie Livoury et Sophie Varenne, précieuses collaboratrices du Pôle Recherche en Sciences Humaines et Sociales à Dunkerque et du département STAPS à Calais.

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Humaines et Sociales3. Il s’agissait également de faire se rencontrer des sociologues mais aussi, et plus largement, des chercheurs issus de différentes sciences humaines et sociales soucieux de ce croisement des regards et d’un éclairage multiple et plurivoque de l’objet précité afin de le désombrer et d’en saisir plusieurs de toutes ses facettes, fut-ce parfois au risque d’en pointer des contradictions dans les interprétations scientifiques à l’œuvre.

L’objectif également de cette manifestation scientifique était de proposer un panorama de présentations qui alternent les travaux de chercheurs aguerris avec ceux de juniors. Dans la continuité de ce qui fut fait pour l’oral, ce recueil écrit témoigne également de l’attention du coordinateur de l’ouvrage et du Comité de Recherche 35 de l’AISLF à favoriser la confrontation des jeunes chercheurs (jeunes docteurs et doctorants) avec des séniors, puisque, en comptant les co-auteurs, chacune des catégories rassemble 9 contributeurs pour les 11 chapitres finalement retenus.

Le projet s’inscrivait enfin à la rencontre des deux axes structurants du laboratoire TVES, interrogeant simultanément le « vivre ensemble dans la ville contemporaine dans la pluralité disciplinaire de ces approches » et la question de « l’environnement, du développement durable et des espaces littoraux ».

En effet, l’interrogation des enjeux territoriaux des pratiques sportives, ludiques et récréatives se pose à différents niveaux, à différentes échelles territoriales ainsi 3 Il suffit pour s’en convaincre de constater que, rien dans les réseaux francophones de la sociologie, cette thématique se trouvait discutée à Calais en 2015, à Montréal en 2016 lors du Congrès AISLF, à Brest en 2017 lors du colloque « La ville et le sport » organisé par nos collègues de l’Université de Bretagne Occidentale…

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que sous de multiples angles d’approche. Du local – voire de l’infra-local (le quartier, le bâtiment) – au global, de l’indoor le plus classique à l’outdoor le plus improbable, de l’ici à l’ailleurs, des quartiers de la relégation urbaine à ceux de la bourgeoisie, du rural à l’urbain en passant par le littoral, des rives les plus lointaines aux sommets les plus proches (ou l’inverse), des pratiques organisées dans des lieux dédiés à celles se déployant dans des espaces non initialement pensés pour elles, la diversité des objets à questionner est grande.

Et ces objets peuvent être saisis selon différentes focales et angles d’approches : des logiques d’implantation aux stratégies d’acteurs, des pratiques sociales aux politiques publiques – locales, nationales ou internationales –, des dispositions du monde sportif (fédérations, comités, CIO, etc.) aux usages du quotidien et du proche, des développements associatifs aux stratégies entrepreneuriales, des questions de financement à celles des mutations culturelles, des pratiques ethniques, affinitaires ou communautaires aux coopérations entre acteurs à divers échelons, des « espaces publics » qui s’organisent ou sont disputés aux « services publics » qui sont initiés, etc. Autant de saillances et, sans doute, d’autres encore qui pourront faire l’objet d’approches scientifiques et/ou pratiques, en tressant – si possible – les apports disciplinaires et en privilégiant les travaux prenant appui sur des données empiriques.

C’est à l’ensemble de ces questions que les 11 chapitres finalement sélectionnés aspirent à faire réfléchir, tant il nous semble que penser les enjeux territoriaux de ces activités apparaît comme une question pertinente à la fois sur un plan scientifique et quant à l’aide à la décision que le monde de la recherche se doit d’apporter à la société globale et locale.

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Réunis selon une logique spatiale, les articles s’articulent comme suit. Tout d’abord, une série autour des thématiques littorale et maritime, ensuite une autre autour de la montagne, encore un passage par la campagne et les forêts avant de finir dans des espaces de plus en plus intensément urbanisés.

1/ C. Machemehl et al.

Prenant appui sur 3 expériences de stations balnéaires dans l’espace Manche – Mer du Nord, les 3 auteurs, deux historiens et un sociologue des Universités de Lille et Rouen, questionnent l’invention de l’urbanisme balnéaire par l’entremise de la rencontre entre un territoire, des pratiques récréatives et l’invention touristique aux XIXème et XXème siècles.

2/ S. Valcke

Partant d’une étude collective sur les ports de plaisance en Mer du Nord dont l’auteure, enseignante en économie, croise les résultats avec d’autres enquêtes, ce travail succinct se propose, au travers d’une approche au prisme de l’économie du développement, de revenir sur les enjeux de l’articulation entre territoire et développement durable autour des activités plaisancières sur lesquelles elle a commis récemment un manuel universitaire.

3/ E. Sonnic

Le troisième chapitre adopte une posture comparative largement inédite lorsqu’il s’agit d’interroger les aménagements et équipements de loisirs et de tourisme. L’auteur, géographe à Rennes, a prolongé son travail de

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recherche doctorale portant sur les ports de plaisance et de complaisance en Région Bretagne pour se risquer à une comparaison originale – et qui s’avère particulièrement pertinente et fructueuse – entre les stations plaisancières et les stations alpines, la façon dont, par la proximité plus que par la divergence, elles structurent le paysage et l’équipement touristico-sportif ou ludique, la manière encore dont elles se répondent mutuellement et aspirent à attirer en leur sein des mêmes chalands.

4/ M. Carrard

Michel Carrard, économiste et aménageur, opte pour un regard différent sur l’objet ludique et son rapport au territoire dans la mesure où il questionne l’évènementiel ludosportif – ici un rassemblement de montgolfières – en tant qu’il est solliciter pour créer du lien entre un territoire et une histoire. L’originalité du travail présenté tient, de notre point de vue d’abord dans l’approche des jeux d’acteurs à l’œuvre par une clef d’entrée prenant appui sur la rationalité économique et, ensuite, par le fait que ce dont il nous entretient est l’histoire d’un échec et que l’auteur s’essaie à en tirer les fils des rationalités antagoniques qui peuvent expliquer l’abandon de cet événementiel.

5/ P. Marcotte

Le cinquième moment de cet ouvrage est l’œuvre d’une collègue géographe québécoise qui questionne les pratiques de cueillette de fruits sauvages et de champignons en forêt dans la Belle Province. Observant une explosion récente de ces pratiques, elle entreprend d’analyser comment, en liant cueillette et gastronomie, cela peut favoriser l’essor d’un

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nouveau pan touristique au Québec autour des valeurs environnementales ou écologiques et d’une appréhension renouvelée de l’espace forestier.

6/ G. Verschave et al.

Partant d’une enquête au long cours dans les Hauts de France, nos quatre collègues en sociologie et en STAPS de l’ULCO se sont essayés, au fil du sixième chapitre, à définir les profils des acteurs engagés dans une discipline sportive singulière : la course d’orientation. Pointant cinq classes de sportifs grâce à un outil d’enquête statistique fouillé, ils démontrent que ce qui organise la distribution des individus entre les classes tient d’abord de représentations de l’environnement, du paysage et de la nature. Ce faisant, ils développent l’hypothèse d’une inférence directe entre, d’une part, la façon dont les coureurs perçoivent leurs lieux de pratique et s’y projettent et, d’autre part, leur mode d’investissement dans la pratique sportive.

7/ M.-C. Bellanger & O. Sirost

Marie-Cheree Bellanger et Olivier Sirost nous ramènent tout doucement vers la ville avec leur présentation d’une étude portant sur un festival de jardinage et d’écologie dans les boucles de la Seine à proximité de Rouen. Partant d’une enquête socio-anthropologique, ils montrent comment ces actions autour du jardinage et de la biodiversité aspirent à créer un « bien commun » propre à l’identité rouennaise et/ou normande et, finalement, aspirent à renouveler les critères du vivre-ensemble au cœur d’une agglomération.

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8/ C. Birks

Une jeune sociologue nantaise nous maintient dans le périurbain et, mobilisant une grille d’analyse pragmatiste, elle investigue les formes, motifs et motivations du discours de trois propriétaires/gestionnaires d’espaces verts de loisirs distincts, liés à trois domaines singuliers : le service des sports d’une ville (public), une entreprise française de grande distribution (privé/commercial) et une famille de la noblesse française (privé/particulier). Pour chacun de ces trois lieux situés au sein d’une même agglomération, elle propose une analyse du processus d’élaboration de justifications des activités récréatives présentes au sein de ces espaces naturels domestiqués à des fins de loisir.

9/ C. Lessard

Cette doctorante à l’Université Paris Est – Marne La Vallée nous interpelle quant aux configurations spatiales des installations sportives et à leur(s) impact(s) sur la mixité sociale. Prenant appui sur 3 politiques municipales de communes de la grande couronne parisienne (Meaux, Melun & Sevran), elle interroge la mesure selon laquelle le sport en club est vecteur de liens sociaux, autrement qualifiés de liens amicaux, entre les licenciés vivant dans des quartiers défavorisés et ceux résidant à l’extérieur de ces derniers (le périmètre proche entourant ces quartiers et l’espace de la ville éloigné des quartiers).

10/ T. Riffaud

Notre jeune collègue de Montpellier nous fait un peu plus entrer en ville et, partant de son récent matériau de thèse, enquête les pratiques de rollers, de graphe et de danse in situ

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qui se mettent en place dans l’agglomération montpelliéraine. Il montre la situation paradoxale – de contradiction non antagonique – des politiques municipales qui, tout à la fois, aspirent à contingenter voire éradiquer les centres urbains de ces activités ludosportives qui perturbent l’ordre des territoires et, tout à la fois, incitent ces sportifs à investir des lieux dédiés, souvent relégués en des espaces plus périphériques.

11/ B. Andrieu & O. Chavaroche

Le dernier apport nous plonge non plus seulement au cœur des villes mais dans les hauteurs de ces dernières en questionnant le rooftopping, une pratique qui consiste à accéder aux sommets des buildings et autres lieux surplombant de la ville contemporaine pour s’y faire photographier en situation d’équilibre et/ou de démiurge. Au moyen d’un appareillage théorique issu de la philosophie, les auteurs – philosophe du sport et spécialiste des activités physiques et sportives – expliquent comment, dans ces expériences nouvelles, se joue une écologie vécue de la ville et peut alors émerger une forme de géographie sensorielle de l’urbain, le corps médiatisant un rapport inédit à la ville.

Au travers de ces onze contributions que nous espérons vous avoir donné envie de découvrir, il s’agit bien de saisir, comme au moyen d’un kaléidoscope et d’un bricolage permettant de penser la pertinence scientifique d’une forme de syncrétisme (Lévi-Strauss, 1962), les multiples facettes du rapport entre, d’une part, les activités ludiques, récréatives et sportives et, d’autre part, le(s) territoire(s) dans leur diversité géographique…

L’unité d’une œuvre collective ne se décrète pas a priori.

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Parfois, comme nous avons essayé de le faire ici, elle surgit çà et là ex post pour rappeler que, par-delà des différences de terrains d’étude, d’approches paradigmatiques et/ou de disciplines, il y a un fonds commun qui est le souci d’éclairer et de donner du sens à un fait social qui interpelle une multitude d’auteurs. Et il y a la conviction que, telle notre inaccessible étoile, le savoir – pour nous scientifiques – « se caractérise donc, paradoxalement en apparence, par son incertitude, son doute, sa mobilité, sa transformation permanente, sa précarité, sa fragilité, sa nature provisoire » (Abdallah-Pretceille, L. & Porcher, L., 1996 : 21). Nous vous souhaitons conséquemment une bonne lecture…

BIBLIOGRAPHIE :

Abdallah-Pretceille, M. & Porcher, L. (1996), Education et communication interculturelle. Paris : Puf.

Lévi-Strauss, C. (1962). La pensée sauvage. Paris : Plon.

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Sport, tourisme et urbanisme de la ville balnéaire : Dieppe, le Touquet et Deauville aux XIXe et XXe siècles4

Charly MACHEMEHL Guillaume PENEL

Christophe PECOUT

L’offre sportive en termes de pratiques, d’événements et d’équipements est aujourd’hui intégrée dans les stratégies touristiques des stations balnéaires au point d’en faire une spécificité comme par exemple Biarritz et le surf. Cette offre sportive omniprésente n’est pas une nouveauté en soi puisque historiquement c’est un des éléments capital du développement du tourisme balnéaire au XIXe siècle

4 Une version remaniée de ce chapitre a été publiée en langue anglaise dans une revue éditée chez Taylor & Francis : Penel, G., Pécout, C. & Machemehl, C. (2016) « Sports facilities as a strategic tool for structuring seaside resorts : The examples of Deauville, Dieppe, and Le Touquet Paris-Plage », Loisir & Société / Leisure and Society, Vol. 39, Issue 1, pp. 46-60.

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(Corbin, 1995 ; Viart, Pottier et Urbain, 2002 ; Boyer, 2005, Pic, 2009). En effet, les promoteurs du littoral, banquiers, industriels, hommes politiques, inscrivent l’équipement de loisirs et de sport dans leur projet touristique afin de répondre aux besoins de la « classe de loisir » (Veblen, 1970). Dans un contexte social et culturel propice au désir de rivage (Corbin, 1990), ces initiatives résultent successivement des aspirations liées à la médicalisation de la mer, à l’essor des bains et au développement des loisirs et du sport. Pour rendre viable leur projet, les acteurs touristiques investissent, équipent, animent et promeuvent leur territoire autour des loisirs et des sports, autant d’actions, que l’on peut définir comme un processus de balnéarisation. Cette démarche volontariste, qui apparaît comme une constante dans l’histoire balnéaire, implique des mutations majeures et continuelles tant sur le plan culturel que sur le plan géographique participant, par conséquent, à l’aménagement territorial du littoral. De « territoire du vide », ce dernier s’urbanise, se modernise et se « sportivise » (Pécout et Birot, 2008). Pour démontrer ce processus, nous prendrons l’exemple de trois villes : Dieppe, Deauville et Le Touquet.

Pionnière des stations balnéaires en France, c’est au début du XIXe que Dieppe se transforme en terre d’accueil pour villégiateurs fortunés, tandis que Deauville et Le Touquet, bâties à partir des années 1860, le deviennent par la suite. Basant leur développement économique sur le tourisme, ces villages se transforment structurellement. Aux transformations techniques (raccordement électrique, éclairage public, eau potable,…) s’ajoutent la construction d’équipements structurants (gare, port, hôtels, aéroport) et la réalisation de nombreuses infrastructures dédiées aux

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loisirs : casinos, hippodromes, golf, tennis,… Dès l’origine, l’équipement de loisir et sportif contribue à l’aménagement de l’espace balnéaire (Rouillard, 1984) et participe au développement local (Bodin, Javerlhiac, Héas et Robéne 2009).

L’édification de ces équipements sportifs répond à la nécessité économique des stations de répondre aux exigences d’une clientèle huppée dont le mode de vie calqué sur la High Life anglaise s’articule autour des loisirs et du sport. Dieppe grâce à sa liaison transmanche vit à la mode britannique (Pakenham, 1971) et devient un lieu d’importation de la culture sportive alors que Deauville et Le Touquet participent d’un mouvement de diffusion de la culture sportive qui s’opère depuis les grands centres urbains de province et en particulier de la capitale. Ces stations inscrivent l’équipement de loisir sportif dans leur logique de développement économique et touristique participant ainsi à la promotion de leur territoire. Car de cette prédominance et récurrence des investissements « sport-loisirs » nait une notoriété sportive, véritable marqueur d’attractivité et d’identité touristique (Rieucau et Lageiste, 2006). Ainsi, Deauville s’autoproclame « La Reine des Sports » et Le Touquet « Le Paradis des Sports ».

À partir de l’analyse de la littérature composée de monographies et d’études de référence sur le fait balnéaire depuis le XIXème siècle jusqu’à aujourd’hui, il s’agit de mener une étude historique sur les différentes initiatives opérées en matière sportive dans les trois stations afin d’exposer et d’identifier les permanences et/ou ruptures avec les stratégies contemporaines (à partir des années 2000). L’analyse d’un corpus d’archives de différentes natures (presse locale, affiches touristiques, cartes postales,

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délibérations municipales) tirées des fonds d’archives locaux et un entretien réalisé avec P.-A. Duplais (2011), maire-adjoint délégué aux Sports à Deauville permettent de comprendre le processus de balnéarisation (investir, équiper, animer, promouvoir) et d’identifier ses déclinaisons dans les trois villes.

L’étude de ces exemples permet donc, d’une part, de comprendre le rôle fondamental tenu par l’offre de loisirs sportifs dans leur succès touristique. D’autre part, ces trois cas témoignent de la permanence mais aussi du renouvellement de leurs stratégies d’attractivité par l’intermédiaire de leurs infrastructures sportives. Sont-ils par exemple des instruments au service d’un marketing sportif territorial ? (Desbordes et Hautbois, 2008 ; Meyronin, 2012). Ce sujet est d’autant plus intéressant que si la construction touristique balnéaire est bien analysée dans la littérature scientifique (Zouari, 1996 ; Rollan, 2004), elle prend peu en compte la place des équipements sportifs dans cette dynamique. Plus généralement, il s’agit de questionner l’offre sportive en termes d’équipements, les aménagements territoriaux qui en découlent et les effets durables qu’ils produisent sur l’économie locale.

1. DES SPORTSMEN INVESTISSEURS AUX INVESTISSEMENTS PUBLICS

Dieppe est la doyenne des stations balnéaires normandes. Si on vient s’y baigner dès la fin des guerres napoléoniennes, elle ne devient un lieu de villégiature mondain qu’à partir de la construction de son établissement de bains par le comte de Brancas, par ailleurs sous-préfet de Dieppe. Pour lancer la station, il réussit à y faire venir la Duchesse de Berry (Bertho-Lavenir, 1999). Présentée