ACHKHAR - imprescriptible.fr · ressemblé à Ter Petrossian. Comme quoi, en Arménie, la liberté...

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La date du 1 er mars 2008 restera gravée dans l’Histoire armé- nienne comme celle de l’ignominie. Pour la première fois en 17 ans d’indépendance, les forces de sécurité, dont le devoir est de protéger le peuple, tournaient les armes contre lui. Trois mois sont passés. Cet acte, qui a fait l’étonnement de tous les médias du monde, qui a accablé la Diaspora plus que ne l’aurait fait une défaite, qui a désespéré un peu plus une population aux espoirs si ténus, cet acte donc, a-t-il, tel un électrochoc, modifié le cours des choses ? Du 7 au 12 mai 2008, une délégation d’avocats de l’AFAJA 1 s’est rendue à Erevan, encouragée en cela par le Bâtonnier du Barreau de Paris, M e Charrière-Bournazel, afin d’observer si les règles élé- mentaires de la justice arménienne étaient respectées. Le rap- port, rendu public le 16 mai, est, hélas, accablant. Welcome in Zimbabwe ! A la date de leur mission, le nombre de personnes incarcérées à la suite des événements du 1 er mars avoisinait la centaine. (Il semblerait que ce nombre ait diminué depuis.) La première constatation que tirent les avocats français est que les règles élémentaires de la procédure judiciaire ont été systématique- ment violées, en particulier lorsqu’il s’agissait de personnali- tés politiques en vue. Deux députés d’opposition, par exemple, ont été ainsi arrêtés dans des conditions de brutalité inouïe et incarcérés en dépit de toutes les règles alors qu’ils bénéficiaient de l’immunité parlementaire. De la même façon, après avoir déclaré publiquement que le comptage des voix aux élections devait se faire selon la loi, car il y avait eu fraude, le vice-procureur de la République se trouve rossé par une quarantaine d’hommes cagoulés et armés, qui se trou- vent être les forces de police, qui l’incarcèrent sans qu’aucun délit ne lui soit notifié. Autre exemple détaillé par les avocats, celui d’Alexandre Arzoumanian, ancien ministre des Affaires étrangères et partisan de Levon Ter- Petrossian : incarcéré aux lende- mains du 1 er mars au titre de blanchiment d’argent sale (il aurait reçu quelques milliers de dollars d’un ami au titre d’une aide amicale), il n’a toujours pas rencontré un juge. A noter que voir des opposants emprisonnés pour blanchiment d’ar- gent sale par des gouvernants dont chacun connaît la probité exemplaire, ne manque pas de sel. Ainsi en va-t-il, trois mois après, des dizaines d’opposants politiques en Arménie dont les droits ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux en vigueur au Congo ex-belge ou au Zimbabwe. Manuscrits de destruction massive Si, au moins, seuls les leaders politiques étaient touchés ! D’autres cas, hélas, semblent sortis tout droit d’un film de Chaplin s’il ne touchait de simples citoyens sans aucun recours devant la force. Ainsi, un certain Khatchig Kasparian, tranquille père de famille poursuivi pour rébellion sans menace. Un policier l’aurait vu parmi la foule de la place de l’Opéra armé d’une barre de fer. Or, Khatchig a été interpellé à un demi-kilomètre de la place, par des policiers qui l’auraient arrêté en le prenant pour le député d’opposition Sassoun Mikaelian, auquel il ressemble. Encore heureux qu’il n’ait pas ressemblé à Ter Petrossian. Comme quoi, en Arménie, la liberté passe aussi par la chirurgie esthétique. Tout aussi tristement loufoque, l’arrestation d’Archag Banouchian, vice-directeur du Matenadaran, la bibliothèque des manuscrits arméniens. Il est inculpé pour dégradation et destruction de biens, lui le conservateur de musée… et de « distribution de pots-de-vin » ! En provenance sans doute des pourboires colossaux récoltés auprès des touristes ! Le Matenadaran ne cacherait-il pas, par hasard, les armes de des- truction massive de l’opposition ? Autre phénomène nouveau en Arménie, l’arme du dernier recours : les grèves de la faim qui perlent un peu partout. Pour illustrer l’extrémité de la situation, ce citoyen belge, Luc Vandevale, entrepreneur en bâtiment résidant à Erevan, qui a entamé, à son tour, une grève de la faim en signe de solidarité avec « les prisonniers politiques en Arménie. Dissoudre le peuple Le rapport sans parti pris et sans complaisance de l’AFAJA trace exactement le portrait de l’après 1 er mars. Mais les avo- cats français ne sont pas les seuls à avoir tiré la sonnette d’alarme. Déjà, dans un communiqué publié le 17 avril, l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, l’APCE 2 a demandé « l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante sur les événements du 1 er mars (qui se sont soldés par dix morts et deux cents blessés), la libéra- tion urgente des personnes déte- nues sur la base d’accusations apparemment fantaisistes, et politiquement motivées, ainsi que l’abrogation des amende- ments récemment adoptés par l’Assemblée nationale, à la loi relative à la tenue de réunions, assemblées, rassemblements et manifestations avec effet immédiat. Tant que ces conditions ne sont pas remplies et qu’un dialogue franc sur les réformes mentionnées n’est pas sérieusement engagé, « la crédibilité de l’Arménie en tant que membre du Conseil de l’Europe est mise en cause.» En clair, le droit de vote de l’Arménie risque d’être suspendu. Quelle logique suit le nouveau gouvernement ? Quelle est sa politique de réconciliation nationale et d’unité du peuple autour de lui? A entendre, jour après jour, la longue litanie des arrestations et des incarcérations arbitraires, l’on croit entendre la fameuse boutade de Bertold Brecht : « Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple ». René Dzagoyan 1. Association Française des Avocats et Juristes Arméniens 2. Le rapport est consultable sur le site http://armenews.com « MONDE » BIMENSUEL BILINGUE DE LA VIE ARMENIENNE ET D’INFORMATION 3 € – 49 e ANNEE N° 450 (Nlle SERIE) SAMEDI 28 JUIN 2008 Fondateur : Avedis Alexanian ACHKHAR Himnatir4 Avydis Aliksanyan Politique 2 Le parc d’Artsakh à Vanadzor Vente d’un domaine public à une entreprise commerciale russe Musique 12 Le Révérend Père Komitas 5 Sbasova/ Naqa2y-nov;ivn Mu 5 Aryvmdaha3yrenu yv Nyrga3 Ha3ryniku 6 Wahram ”a’azyan Peinture 10 Aquarelle : exposition et plein air au Musée d’Orsay Théâtre 11 Jules César de Shakespeare au Théâtre 14 1 er mars : quatre mois après “Puisque le peuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre le peuple”

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La date du 1er mars 2008 restera gravée dans l’Histoire armé-nienne comme celle de l’ignominie. Pour la première fois en17 ans d’indépendance, les forces de sécurité, dont le devoirest de protéger le peuple, tournaient les armes contre lui.Trois mois sont passés. Cet acte, qui a fait l’étonnement detous les médias du monde, qui a accablé la Diaspora plus quene l’aurait fait une défaite, qui a désespéré un peu plus unepopulation aux espoirs si ténus, cet acte donc, a-t-il, tel unélectrochoc, modifié le cours des choses ? Du 7 au 12 mai2008, une délégation d’avocats de l’AFAJA 1 s’est rendue àErevan, encouragée en cela par le Bâtonnier du Barreau deParis, Me Charrière-Bournazel, afin d’observer si les règles élé-mentaires de la justice arménienne étaient respectées. Le rap-port, rendu public le 16 mai, est, hélas, accablant.

Welcome in Zimbabwe !A la date de leur mission, le nombre de personnes incarcéréesà la suite des événements du 1er mars avoisinait la centaine.(Il semblerait que ce nombre ait diminué depuis.) La premièreconstatation que tirent les avocats français est que les règlesélémentaires de la procédure judiciaire ont été systématique-ment violées, en particulier lorsqu’il s’agissait de personnali-tés politiques en vue. Deux députés d’opposition, parexemple, ont été ainsi arrêtés dans des conditions de brutalitéinouïe et incarcérés en dépit de toutes les règles alors qu’ilsbénéficiaient de l’immunité parlementaire. De la même façon,après avoir déclaré publiquement que le comptage des voixaux élections devait se faire selon la loi, car il y avait eufraude, le vice-procureur de laRépublique se trouve rossé parune quarantaine d’hommescagoulés et armés, qui se trou-vent être les forces de police, quil’incarcèrent sans qu’aucun délitne lui soit notifié. Autre exempledétaillé par les avocats, celuid’Alexandre Arzoumanian, ancienministre des Affaires étrangèreset partisan de Levon Ter-Petrossian : incarcéré aux lende-mains du 1er mars au titre de blanchiment d’argent sale (ilaurait reçu quelques milliers de dollars d’un ami au titre d’uneaide amicale), il n’a toujours pas rencontré un juge. A noterque voir des opposants emprisonnés pour blanchiment d’ar-gent sale par des gouvernants dont chacun connaît la probitéexemplaire, ne manque pas de sel. Ainsi en va-t-il, trois moisaprès, des dizaines d’opposants politiques en Arménie dontles droits ressemblent comme deux gouttes d’eau à ceux envigueur au Congo ex-belge ou au Zimbabwe.

Manuscrits de destruction massiveSi, au moins, seuls les leaders politiques étaient touchés !D’autres cas, hélas, semblent sortis tout droit d’un film deChaplin s’il ne touchait de simples citoyens sans aucunrecours devant la force. Ainsi, un certain Khatchig Kasparian,tranquille père de famille poursuivi pour rébellion sansmenace. Un policier l’aurait vu parmi la foule de la place del’Opéra armé d’une barre de fer. Or, Khatchig a été interpellé àun demi-kilomètre de la place, par des policiers qui l’auraient

arrêté en le prenant pour le député d’opposition SassounMikaelian, auquel il ressemble. Encore heureux qu’il n’ait pasressemblé à Ter Petrossian. Comme quoi, en Arménie, laliberté passe aussi par la chirurgie esthétique.

Tout aussi tristement loufoque, l’arrestation d’ArchagBanouchian, vice-directeur du Matenadaran, la bibliothèquedes manuscrits arméniens. Il est inculpé pour dégradation etdestruction de biens, lui le conservateur de musée… et de« distribution de pots-de-vin » ! En provenance sans doute despourboires colossaux récoltés auprès des touristes ! LeMatenadaran ne cacherait-il pas, par hasard, les armes de des-truction massive de l’opposition ?

Autre phénomène nouveau en Arménie, l’arme du dernierrecours : les grèves de la faim qui perlent un peu partout. Pourillustrer l’extrémité de la situation, ce citoyen belge, LucVandevale, entrepreneur en bâtiment résidant à Erevan, qui aentamé, à son tour, une grève de la faim en signe de solidaritéavec « les prisonniers politiques en Arménie.

Dissoudre le peupleLe rapport sans parti pris et sans complaisance de l’AFAJAtrace exactement le portrait de l’après 1er mars. Mais les avo-cats français ne sont pas les seuls à avoir tiré la sonnetted’alarme. Déjà, dans un communiqué publié le 17 avril,l’Assemblée Parlementaire du Conseil de l’Europe, l’APCE 2 ademandé « l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante

sur les événements du 1er mars(qui se sont soldés par dix mortset deux cents blessés), la libéra-tion urgente des personnes déte-nues sur la base d’accusationsapparemment fantaisistes, etpolitiquement motivées, ainsique l’abrogation des amende-ments récemment adoptés parl’Assemblée nationale, à la loirelative à la tenue de réunions,assemblées, rassemblements et

manifestations avec effet immédiat. Tant que ces conditionsne sont pas remplies et qu’un dialogue franc sur les réformesmentionnées n’est pas sérieusement engagé, « la crédibilitéde l’Arménie en tant que membre du Conseil de l’Europe estmise en cause. » En clair, le droit de vote de l’Arménie risqued’être suspendu.Quelle logique suit le nouveau gouvernement ? Quelle est sapolitique de réconciliation nationale et d’unité du peupleautour de lui ? A entendre, jour après jour, la longue litaniedes arrestations et des incarcérations arbitraires, l’on croitentendre la fameuse boutade de Bertold Brecht : « Puisque lepeuple vote contre le gouvernement, il faut dissoudre lepeuple ».

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1. Association Française des Avocats et Juristes Arméniens2. Le rapport est consultable sur le site http://armenews.com

« MONDE » BIMENSUEL BILINGUEDE LA VIE ARMENIENNE ET D’INFORMATION

3 € – 49e ANNEE N° 450 (Nlle SERIE)SAMEDI 28 JUIN 2008

Fondateur :Avedis Alexanian

AACCHHKKHHAARR

Himnatir4Avydis Aliksanyan

Politique 2

Le parc d’Artsakh àVanadzorVente d’un domainepublic à une entreprisecommerciale russe

Musique 12

LeRévérendPèreKomitas

5Sbasova/

Naqa2y-nov;ivn Mu

5Aryvmdaha3yrenu yv

Nyrga3 Ha3ryniku

6Wahram

”a’azyan

Peinture 10

Aquarelle : expositionet plein airau Musée d’Orsay

Théâtre 11

Jules Césarde Shakespeareau Théâtre 14

1er mars : quatre mois après

“Puisque lepeuple votecontre legouvernement,il fautdissoudrele peuple”

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ela commence en 2005, La municipalité rece-vait une offre d’achat de la part de la sociétéCinema Moscow Ltd. L’année suivante, la moi-tié du parc de Vanadzor (soit environ5 000 m2) était vendue à cette firme (qui

appartient à la Paradise Company).

« Pourquoi le parc d’Artsakh ? » se demandaient leshabitants de la ville en apprenant la nouvelle de lavente. Ils n’avaient pas oublié la destination initialede ce parc.

En effet, le parc d’Artsakh figure sur la liste desmonuments protégés faisant référence à la culture et àl’histoire de l’Arménie. Depuis les années 80, c’est unmonument d’importance locale et régionale.

La liste officielle rapporte que des marches de sou-tien pour la libération du Karabagh et pour l’indépen-dance de l’Arménie étaient parties d’ici.

Les citoyens de l’ancienne République Soviétiqued’Arménie utilisaient l’espace du parc pour réclamerl’indépendance et la réunification du Karabagh avecl’Arménie. D’ici partirent également pour le cimetièreles dépouilles de sept soldats originaires de la villetombés durant la guerre du Karabagh. Les marchespour la liberté y avaient d’ailleurs lieu jusqu’à l’annéedernière, car le parc servait aussi de plateforme pourles manifestations des partis d’opposition au gouver-nement.

Un lieu de mémoire sacrifié au loisir

Quoiqu’il en soit, le maire de Vanadzor, SamuelTarpinian, n’a tenu aucun compte des demandes deshabitants de la ville qui estiment que le parc doit êtreconservé dans son état comme symbole de la guerre duKarabagh. Le terrain fut finalement vendu aux enchè-

AACHKHAR N°444 • 5 AVRIL 2008 2

res en 2006 pour la somme dérisoire de 1 441 000drams (environ 40 000 $).

Le seul participant à cette vente aux enchères (!)était le représentant de la société Cinema Moscow Ltd.Ce fait n’a pas été connu de la plupart des habitants dela ville ni des responsables de la conservation desmonuments.

Hratchik Maroukian, chercheur à Lori, travaillantpour les services du Conservatoire d’environnementshistoriques déclare : « Ce parc est une part de l’histoiredu Mouvement du Karabagh et tire de ce fait son impor-tance historique. Construire ici un cinéma voudra direque l’on travaille sur l’histoire du cinéma. C’est un dénidu Mouvement à l’origine du parc. »

L’avocat Garen Toumanian, membre de la Chambredes Juristes d’Ar-ménie, affirmeque « cette venteviole à la fois laConstitution, leCode Foncier et laLoi sur la conserva-tion et l’utilisationdes monumentsimmobiliers concer-nant l’histoire et laculture de l’envi-ronnement ».

Le parc futvendu sur la seuledécision du Mairesans l’approba-tion du conseilm u n i c i p a l .Pourtant, les

règles de la Constitution traitant de l’administrationautonome municipale prévoient que le pouvoir desmunicipalités se partage entre le Maire et le ConseilMunicipal.

«Sans l’approbation par le conseil municipal, ladécision du maire est anticonstitutionnelle » a déclarél’avocat. Il ajoute que selon l’article 60 du CodeFoncier, la propriété publique ayant une valeur histori-que et culturelle ne peut être privatisée,

En outre, Maître Toumanian qualifie la constructiond’un cinéma sur cette propriété publique comme unchangement de destination de l’objet initial. Car,même si la loi permet une utilisation du monument etdu terrain environnant, elle exige que son caractère etsa destination d’origine soient préservés.

En effet, l’article 38 de la Loi sur la conservation etl’utilisation des monuments historiques et culturelsimmobiliers ainsi que leur environnement stipule que« l’utilisation de ces monuments à des fins économiqueset autres est autorisée si l’usage est conforme à leurcaractère, n’endommage pas la sécurité de ces monu-ments, ne pervertit pas leur valeur historique, scientifi-que ou artistique ».

Armen Geryan, le directeur du département pourla conservation de l’environnement historique de laprovince de Lori ne considère pas que la vente du parcsoit illégale. Il déclare que cette vente a reçu l’autori-sation du gouvernement.

Tigran Papanian, directeur des services d’architec-

Le parc d’Artsakh à VanadzorVente d’un domaine public à une entreprise commerciale russe

C

A N°450 • 28 JUIN 20082

Jusqu’ici le Parc d’Artsakh à Vanadzor(anciennement Kirovakan) représentaitpour ses habitants le symbole de la libérationet de l’indépendance du Karabagh.Bientôt, cette partie du centre de la villesera transformée en un parc de loisiravec des salles de cinéma.

ACHKHAR

ture et d’urbanisme de Vanadzor justifie ce transfertd’un monument local public vers une entreprise privéepar la nécessité d’installer un cinéma moderne dans laville. (Comme s’il n’y avait pas d’autre emplacementdans cette région dépeuplée pour construire uncinéma)

Il n’y a pas de cinéma à Vanadzor. Le « Cinémad’Erevan » qui fonctionnait ici aux temps de l’ArménieSoviétique n’existe plus. Les amateurs du 7e art àVanadzor se contentent actuellement des salles de pro-jection à la Maison de la Culture

Norayr Azadian, directeur délégué de MoscowCinema, déclare que l’achat du terrain est plus profita-ble et plus sûr pour son entreprise que la simple loca-tion.

Les plans du bâtiment sont prêts. Le futur cinémaoffrira un équipement digital ultra-moderne sur deuxsalles de projection ayant respectivement 250 et 500places.

Azadian rejette les affirmations qui disent que leparc d’Artsakh est un monument régional. Il affirmeque sa compagnie a acheté le terrain selon les voieslégales. Le bâtiment du cinéma au centre du parc cou-vrira 800 m2, le reste du terrain sera mis en valeur etamélioré.

Il souligne que le cinéma de Vanadzor sera aussiperformant que le Moscow Cinema d’Erevan et que lesamateurs auront l’opportunité d’y voir les films étran-gers dès leur sortie en Arménie.

Par Naira BulghadaryanArmeniaNow Vanadzor reporter

Traduction : Nati

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● Décès sou-dain de GarenAsrian, grandmaître armé-nien deséchecs, troisfois championd ’ A r m é n i e ,vainqueur del’Olympiaded’échecs 2006,classé 92e parla Fédération Mondiale d’échecs ouFIDE. Il avait 28 ans.

● Depuis 2003, l’Arménie a réalisé desprogrès considérables pour la réduc-tion du taux de mortalité des enfants et

A 3N°450 • 28 JUIN 2008

◗ « L’Arménie peut vaincre etassurer la paix à son peuple… »

Lors de sa rencontre avec les profes-seurs et les étudiants de l’université del’Agriculture d’Arménie, SeyranOhanian a déclaré :

«Actuellement il n’ya aucun signeannonciateur d’unepossible reprise deshostilités au Kara-bagh. Néanmoinsl’Arménie doit setenir prête en per-

manence. Elle met ses efforts au service d’unrèglement pacifique. Aujourd’hui nousvivons dans les conditions de ni guerre, nipaix car l’accord de paix avec l’Azerbaïdjanfait défaut. Grâce à la modernisation de satechnique militaire et de son armement,l’Arménie maintient l’équilibre des forcesdans la région. Bien que l’Arménie etl’Azerbaïdjan aient des capacités financièresdifférentes, cela ne doit pas faire peur, puis-que c’était pareil pendant les années 1992-1993. Et pourtant l’Arménie a vaincu etassuré la paix. »

◗ Evénementsdu 1er mars (suite)

Grâce à la surveillance vidéo, troishommes, connus des services de police,ont été condamnés à de lourdes peinesde prison pour avoir pillé un magasin àErevan lors des heurts entre protesta-taires de l’opposition et la police, le 1er

mars dernier.

◗ Besoinde psychologues

Le ministre arménien de la Défensenationale Seyran Ohanian, en visite àl’université de pédagogie, a rencontré ladirection de l’université et les étudiantsdu département de psychologie mili-taire pour leur rappeler l’importance durôle pédagogique de l’éducation pourles commandants de l’armée armé-nienne. Il a indiqué également que lesdiplômés du département recevraientun rang militaire correspondant aurang de commandant et que beaucoupd’entre eux seraient invités à travaillerdans les structures du ministère.

◗ Jirayr Safilianretrouve la liberté

L’enthousiasme était grand pouraccueillir la libération d’un des héros dela bataille de Chouchi, le commandantJirair Sefilian qui avait été emprisonnépour s’être rangé au côté de Levon TerPetrossian. Dès sa sortie de la prison deVardashen, il a déclaré que le combat sepoursuivrait jusqu’à la libération de tousles détenus politiques. Ses amis ont pro-cédé à un lâcher de pigeons pour célé-brer l’événement puis se sont dirigés versYerablour (le Panthéon des héros) enchantant des chants patriotiques, et serecueillir sur les tombes des héros armé-niens. Ses partisans ont pu constater quel’emprisonnement n’avait pas altéré sapugnacité, J. Sefilian exprima l’espoir derencontrer prochainement l’ex-prési-dent Ter Petrossian.

ACHKHAR

des bébés. De gros efforts sont encorenécessaires quand on sait que sur 1 000naissances, vingt et un d’entre euxmeurent avant l’âge d’1 an, Les statisti-ques indiquent que le taux de mortalitédes nourrissons est inférieur dans lesfamilles aisées que chez les pauvres etque les zones rurales d’Arménie man-quent de personnel qualifié et d’équi-pement de base pour assurer les soinsprénatals et post-natals.

● Un rapport du gouvernement indi-que que 5 700 000 arméniens vivent endehors des frontières de l’Arménierépartis comme suit : 2 millions dans laFédération de Russie, 1,4 million auxEtats-Unis, 460 000 en Géorgie, 450 000en France.

● Environ 11 000 tonnes de café ontété importées en Arménie l’année der-nière. Seyran Yeritsian, chef du dépar-tement marketing au ministère del’Agriculture, a déclaré qu’environ4 500 tonnes de café ont étéconsommé à l’intérieur du pays et quele reste avait été vendu à la Géorgie,l’Ukraine et la Russie.

● En 2007, la consommation moyennede café par personne a été de 1,4 kg,celle du thé d’environ 100 grammes etcelle du sucre 35 kg. L’Arménie aimporté 88 000 tonnes de sucre en2007 contre 57 000 en 2006 et103 000 tonnes en 2005. Quant à laproduction nationale, elle est de 3 300tonnes.

● L’Arménie compte 5 600 vétérans dela Seconde Guerre mondiale. Parmieux, 4 100 invalides.

◗Rencontre Sarkissian-Alievà Saint-Petersbourg

Première rencontre entre les présidents arménien et azéri àSaint-Petersbourg en présence de leurs ministres des Affairesétrangères mais aussi des médiateurs internationaux du

Groupe de Minsk.Selon la partie ar-ménienne, cette pre-mière a été cons-tructive, chacune desparties ayant pré-senté son point devue, à savoir quel'Azerbaïdjan insistesur la préservation deson intégrité territo-

riale, alors que l'Arménie défend les intérêts de la républiqueautoproclamée du Karabakh qui, curieusement, n'est pas par-tie prenante aux négociations. Toutes choses que noussavions déjà. Même satisfaction du côté des ministres des Affaires étrangè-res qui ont trouvé des aspects positifs lors de ces premiers

entretiens. Et pour ne pas être de reste, les médiateurs ontexprimé leur satisfaction au point qu’une prochaine rencontreAliev-Sarkissian est envisagée au cours des prochains mois.L’Iran, où vit une puissante communauté azérie, a déclaré êtreprêt pour une médiation et, soucieux de renforcer ses liensavec l'Azerbaïdjan dans les domaines politique, économiqueet culturel,…soutient lui aussi l'intégrité territoriale del'Azerbaïdjan.

◗Sarkissian nomme M.Khatchatourian à la têtedes douanes

• La purge continue. Le président Sarkissian qui avaitdénoncé les fonctionnaires des douanes suspectés de s’enri-chir illégalement en pénalisant les importateurs qui refu-saient de payer des pots-de-vin a désigné GagikKhatchatouian en remplacement d’Armen Avedissian au postede chef des douanes,• Selon le département des passeports et visas, un millier deressortissants étrangers ont demandé la double citoyenneté àl’Arménie. Ce sont généralement des originaires arméniensissus de pays à forte concentration arménienne. 188 d‘entreeux l’ont déjà obtenue.

Tout l’monde il est content…

Dans le cadre du pacte d’amitié et de soli-darité qui unit les communes d’Artik(Arménie) et de Vaulx-en-Velin, et suite àl’opération « Donnons-leur une classe », pro-posée par le Fonds Arménien de France, lacommune de Vaulx-en-Velin s’est engagée àéquiper les sept écoles d’Artik en exigeantpour chacune, l’ouverture d’une classe defrançais, aux fins de développer la franco-phonie dans cette région du Chirak.

Dès lors, la commune de Vaulx-en-Velin,l’UCFAF et le Fonds Arménien de France qui,notamment, a contacté Guy Bonhomme, pré-sident du Groupement des RetraitésEducateurs sans Frontières, ont, à travers unecollaboration solidaire et efficace, œuvréensemble pour la mise en place d’une classede français dans chaque école d’Artik.

Ce projet doit également sa concrétisationà l’aide précieuse de Jacqueline Légée, mem-bre du Groupement des Retraités Educateurssans Frontières, avec la fidèle complicité deHmayak Abrahamian, maire d’Artik.

L’opportunité de cette mission est d’au-tant plus pertinente qu’elle intervient enpleine période de réforme de l’éducationnationale arménienne.

En effet, sous le régime soviétique, cha-que école offrait un enseignement unique dela première classe élémentaire à la terminale.

Désormais, à la rentrée scolaire 2008-2009, sera envisagé le démembrement entreécole, collège et lycée. En outre, l’apprentis-sage d’une troisième langue étrangère obli-gatoire (après le russe et souvent l’anglais oul’allemand) sera instauré à la rentrée scolaire2010-2011, ainsi que l’utilisation de métho-des pédagogiques nouvelles.

Le Chirak s’avère être la première régioncobaye de cette réforme. Seulement, com-ment pouvait-on établir à la rentrée pro-chaine à Artik l’enseignement du français enseconde langue, sans congédier les profes-seurs d’anglais et d’allemand ?

Afin de remédier à cette difficulté, lemaire d’Artik, Hmayak Abrahamian, a pris ladécision d’anticiper la réforme et invité lesdirecteurs des sept écoles d’Artik à proposerle français en troisième langue.

Cinq directeurs se sont ainsi portés volon-taires, encore fallait-il trouver un professeuret surtout les livres ! Le persévérant travailde prospection de Jacqueline Légée, l’amenée à rencontrer Valérie Grabskaïa, métho-diste de français à Gyumri, laquelle offrit gra-tuitement 80 livres de la méthode officielleretenue pour cette mission et qui porte bienson nom : « bon voyage ».

Lydia Mirdjanian �

La Francophonie fait sa rentréedans les écoles d’Artik

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A N°450 • 28 JUIN 20084 ACHKHAR

KARABAGH

Le richissime bienfaiteur arméno-russe LevonHairabédian s’est rendu récemment au Karabagh pour y

rencontrer le président Bako Sahakian afin de voirl’avancement des travaux de reconstruction de la villede Chouchi où il a investi beaucoup d’argent, Ne s’entenant pas là, il a décidé d’organiser au mois de sep-tembre « un mariage collectif » sans précédent suivid’un concert, dans le strict respect de la traditionrégionale, dont il sera et le financier et le parrain desmariés, Le but de cet événement est d’encourager lacroissance démographique. « Il faut que la populationarrive à 300 000 et pour cela nous devons aider les jeu-nes familles ». Message entendu, 550 couples sont déjàinscrits.

Déclaration récurrente et toujours aussi ferme duministre des Affaires étrangères du Karabagh: « Sansl’accord du peuple du Karabagh, il n’y aura aucun accordécrit avec l’Azerbaidjan, Notre indépendance ne se négo-cie pas comme un objet commercial. »

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Nettoyage journalier et périodiquedes locaux industriels et commerciaux

Nettoyage et entretien des parties communesd’immeubles et de bureaux

Nettoyage soigné des baies et portes vitréesNettoyage des voilages

Cristallisation des marbreset shampooing moquettes

Lustrage des sols thermoplastiquesDésinfection, désinsectisation, dératisation

Remise en état après chantier

Destruction d’archives

•5/7 La Canebière – 13001 MarseilleTél. 04 91 54 82 52/Fax 04 91 90 19 05

Redynamiser l’Eglise, la rendre plus accessible auxfidèles, tel était l’objectif de la conférence de presseorganisée pour la première fois par le diocèse del’Eglise apostolique arménienne de France, jeudi12 juin, présidée par Monseigneur Norvan Zakarian,entouré de membres du conseil diocésain, Contrerl’individualisme, la perte de confiance et le désenga-gement des fidèles, organiser la communication – cléde voûte de la réussite – en utilisant les méthodesmodernes : la presse, avec un bulletin périodique,mais surtout la création d'un site Internet, Cette ini-tiative est à saluer, Après plusieurs décennies de ron-ron et de gâchis, peut-être allons-nous assister auréveil religieux de notre communauté ! Il n’est pastrop tard,

PHILATÉLIE

Haypost, l’opérateur nationalde la poste en Arménie,publiera cette année environ20 nouveaux timbres diffé-rents. Une partie des revenusde l’un, tiré à 50 000 exem-plaires, sera versé à l’UNICEF.Dans une seconde étape,Haypost éditera 100 000 tim-bres consacrés aux 29e Jeux

Olympiques.D ’ a u t r e stimbres ver-ront le jourà l’effigied ’ auteu r s,chercheurset héros nationaux arméniens.

EGLISE

KARABAGH

Dans une interview avec les jour-nalistes d’Armenpress, le ministre de laSanté Haroutioun Khouchkian aannoncé la mise en place d’un Centre

M é d i c a lRégional dansles 3 à 5 pro-chaines années,ce qui corres-pond à une desdirectives duplan de déve-loppement gou-vernemental.

Selon leministre, ce Centre devrait traiter lesaffections cardiovasculaires et com-prendrait un service de chirurgie car-diaque et un service de rééducation.Il est également prévu de créer un

service de traitement de la surditéinfantile ainsi qu’un départementpour la transplantation de cellulessouches. Ce dernier projet sera réaliséà l’aide du registre arménien des don-neurs de moelle osseuse.

Les cancers sont largement répan-dus en Arménie comme dans d’autrespays. Ce secteur de la médecine néces-site un investissement national accruen personnel hautement qualifié.Selon le Ministre il est prévu de créer,avec le concours d’une entreprise fran-çaise, un Centre moderne de médecinenucléaire à l’Institut de Physiqued'Erevan. Ainsi pourront être mis enplace des Centres de chimiothérapie etde médecine radio-isotope.

Le ministre confirme que dans ledomaine de la chirurgie cardiovascu-

laire, les chirurgiens de l’hôpital NorkMarash d’Erevan travaillent avec detrès bons résultats depuis bientôt dixans. De nombreux patients viennentde toute la région du Caucase pour sefaire soigner ici.

Par ailleurs, il indique qu’un cen-tre de rééducation pourrait être ins-tallé dans la ville de Dilijan quipossède déjà les infrastructures pourle traitement de la tuberculose et lesuivi des patients.

Selon le ministre, tous les obstaclespour hisser l’Arménie à la tête des cen-tres hospitaliers régionaux performantssont surmontables. «Pour l’Arménie ainsique pour la proche région du Caucase, ilfaut tout simplement des programmesétablis à partir d’analyses statistiques cor-rectes et approfondies.»

Un centre médical régional

LA GRANDE SOIREE DE GALADES ELUS

D’ORIGINE ARMENIENNEorganisée par l’UGAB

(Union Générale Arménienne de Bienfaisance)

«Ce qui nous réunit est plus importantque ce qui nous divise »

Le vendredi 27 juin à 19 h 30, la section marseil-laise de l’Union Générale Arménienne deBienfaisance met à l’honneur les « 34 élus d’ori-gine arménienne » des Bouches-du-Rhône, lorsd’un dîner dans les salons de l’Hôtel PullmanPalm Beach – 200, corniche J.F. Kennedy 13008Marseille, en présence du conseil d’administra-tion de l’UGAB Europe et de son présidentMonsieur Alexis Govciyan. La soirée sera ani-mée par le violoniste Fabrice Bozouklian.

Le lendemain, samedi 28 juin à 18 h 30, un dépôtde Gerbe aura lieu au Mémorial du Génocide desArméniens à Beaumont, Esplanade L2 - 2, ave-nue du 24 avril 1915 – 13012 Marseille.

Réservations & inscriptions auprès de LucieKouyoumjian : 06 21 50 39 74 — [email protected] Presse : Richard Findykian —06 09 20 73 86 — [email protected]

Une molécule qui bloqueles cellules cancéreuses

Des chercheurs français du CNRS (Ara G. Hovan-nessian, Jean-Paul Briand et José Courty) ont mis aupoint une molécule qui a permis d’obtenir des résultatspotentiellement prometteurs dans la lutte contre lecancer.

Ce travail, devait être publié, mercredi 18 juin, surle site de la revue scientifique PLos ONE. DénomméeHB-19n cette molécule s’oppose à la fois à la multipli-cation des cellules cancéreuses et à la formation desvaisseaux qui assurent la croissance des tumeurs.

Les chercheurs disent avoir obtenu une « inhibi-tion significative de la progression de tumeurs, voiremême dans plusieurs cas l’éradication des cellulestumorales » sur des souris greffées avec des cellulescancéreuses humaines. C’est la société ImmuPharmaqui a obtenu la licence d’exploitation de la molécule.

Le Monde, juin 2008

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A 9N°450 • 28 JUIN 2008 ACHKHAR

Journées musicalesRodion Chedrine

Maya PlissetskaïaLe Président Serge Sarkissian a reçu le célèbre

compositeur Rodion Che-drine, sa femme MayaPlissetskaïa et le musicienDavid Guéringas venus enArménie prendre part auxjournées musicalesChedrine en hommage aucompositeur qui jouit d’unetrès grande popularité. Les invités ont exprimé leurplaisir d’être en Arménie en évoquant le passé, leursrencontres avec les compositeurs arméniens AramKhatchatourian dont c’est le 100e anniversaire de lanaissance, Arno Babadjanian, Edouard Mirzoyan etbien d’autres. La célèbre danseuse Maya Plissetskaïa,d’origine arménienne, a parlé de ses impressions etde ses souvenirs liés au grand compositeur AramKhatchatourian et de son ballet « Spartacus » dontelle interpréta le rôle principal.

AGENDA

Date limite de réception pour les annoncesdu n° 451 : mercredi 2 juillet 2008.

Résidence Yezeguelian12 appartements neufs à louer à Erevan

Plein centre Parc Hotel CongressClimatisation, cuisine, réfrigérateur, coffre-fort, télévision, Internet

Gardiennage 24 h sur 24 • Parking • Café-bar

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Même adresse à Erevan : Union des Français de l’étrangerPrésident-fondateur : R. Yezeguelian 06 63 54 22 30

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Bureau à Paris34, avenue des Champs-Elysées

Tél. : Audrey 01 43 59 65 81

PARIS ILE-DE-FRANCE

◗ Expositions• Peintures de DjoroukhianGalerie Le Feuvre – 164 rue du Fg Saint-Honoré Paris 8e.Jusqu’au 30 juin – 01.40.07.11.11-www.galerielefeuvre.com• « 100 nouveaux petits formats d’Aîda Kebadian »,« Travaille, vieille bique ».26 rue charles Baudelaire- Paris 12e, en semaine sur RV(06.68.99.02.41) et les 3 derniers week-ends de juin• « Le djam au djam café », œuvres d’IsabelleManoukian.3, rue Beaurepaire, Paris 10e. Du 2 juin au 31 juillet• Jansem - « Ballerines » Dessins aquarellés et pas-tels de 1968 à 2007Du 11 juin au 30 septembre Galerie Matignon - 18 avenueMatignon – 75008 Paris• 1931-Les étrangers au temps de l’Exposition colo-nialeDu 6 mai au 7 septembre 2008. Cité Nationale del’Immigration – 293 av. Daumesnil - Paris 12e – métroPorte Dorée• Thierry Vendome présente sa nouvelle collectionde bijoux Beijingà partir du 10 juin – du mardi au samedi de 14 h à 19 h -39, rue François Miron, Paris 4e. Tél. 01.42.71.01.61

◗ Théâtre• Jules César de Shakespeare avec Serge Avédikiandans le rôle de César et Hovnatan Avédikian danscelui de Marc-Antoine. (voir p. 11)Jusqu’au 12 juillet Théâtre 14- 20 avenue Marc Sangnier75014 Paris, métro Porte de Vanves/Tram Didot. Ma, Me, Veet Sa à 20h30 - matinée samedi à 16h – relâche dimancheet lundi. Réserv. 01.4545.49.77

◗ Fête champêtre• Fête de fin d’année de l’Ecole Tarkmantchatz 19-27 sentier des Epinettes 92130 Issy-les-MoulineauxLe 29 juin 2008. Distribution des prix à 11 h –Fête champêtre à partir de 12h.Spécialités arméniennes, tombola, ambiance musi-cale.

• Fête champêtre organisée par la JeunesseArménienne de FranceSpécialités arméniennes, tavlou, pétanque, jeuxpour enfantsOrchestre, danses arméniennes avec les ensem-bles Ani et Nor Alik.Le dimanche 6 juillet 2008 – Stade Hunebelle deClamart (restaurant couvert assuré). Place Hunebelleprès de la mairie de Clamart : bus 190 à mairie d’Issy oubus 189 à Corentin Celton. infos 06.72.03.41.30

LYON - VALLÉE DU RHÔNE

◗ Exposition• Exposition « De chair de et Pierre » photographiesde Stéphane DiremszianDu 7 juin au 21 septembre. Centre du Patrimoine arménien– 14 rue Louis Gallet – 26000 Valence. Du mardi audimanche de 14h30 à 18h30-Tél.04.75.80.13.00

MARSEILLE PACA

◗ Gala• Gala annuel de Bienfaisance de l’Union desArméniens de Cannes et environs. Eden Casino deJuan-les-Pins - dîner dansant avec AlexandreShirinyan et son orchestreDimanche 10 août -20h30- infos et réserv. 04.93.45.37.03ou 04.93.68. 92.25

◗ Festival arménien d’AvignonCultura. Film, conférences, présentation de livres,spectacles, ventes de livres d’objets artisanaux, deDVD et de CD, concerts, danses. Invité d’honneurDenis Donikian.Du 12 au 19 juillet. Centre Commercial Avignon-Nord. Pourles détails contacter vos associations et pour leshébergements [email protected]

Madame Hélène Luc honorée

De très nombreux officielset amis étaient venus remer-cier et féliciter MadameHélène Luc, ancienne séna-trice, lors de la remise desinsignes de chevalier de lalégion d’honneur le mardi10 juin à Choisy-le-Roi, parMonsieur André Lajoignie.

Ont pris la parole M.Raymond Aubrac, résistant, M. André Lajoinie, mem-bre honoraire du parlement et Madame Luc.

Madame Luc, chère au cœur des Arméniens, a euune carrière militante extrêmement active, , et a jouéun rôle très important au sein de la communautéarménienne, parvenant enfin en 2000 à faire recon-naître par le Sénat, le génocide des Arméniens.

Dégagée maintenant de son poste de sénatrice,elle aura le temps, a-t-elle dit, de se rendre enArménie cette année. Elle y sera reçue, parions-le,avec beaucoup d’égards, en tant que grande amie desArméniens.

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A N°450 • 28 JUIN 200810 ACHKHAR

Voici une exposition rafraîchissante au seuilde l’été parisien. Le Musée d’Orsay présentejusqu’au 7 septembre les aquarelles parmiles plus belles d’artistes majeurs du fonds deson département des arts graphiques.

Se côtoient des merveilles qui enchantent l’œil etravissent l’imagination. Car l’aquarelle, médiumfluide et souple, plus commode que l’huile, est

cette technique, née de la rencontre de l’eau et des pig-ments, apte à saisir les multiples variations de la natureet à traduire sur le papier ses effets dans l’instantanéitéde la sensation. La difficulté liée à son usage est définiepar la maxime qui veut que « l’aquarelle ne supportepas les regrets ». Le rôle du papier est essentiel commesupport pour laisser toute sa place à la transparence età la clarté des couleurs que l’artiste dépose en coucheslégères et délicates qu’il combine, superpose et conju-gue. Un geste maladroit compromet de manière irré-versible l’aboutissement désiré du travail. Sa réussitesuppose une virtuosité et une maîtrise du métierd’aquarelliste qui exige que soient associées la préci-sion et la sûreté de la main afin d’obtenir la fraîcheurdu rendu, vertu capitale de l’aquarelle.

L’aquarelle a rarement occupé la première placedans l’histoire de l’art. Son domaine s’est souventborné aux études préparatoires, aux travaux de déco-ration ou aux divertissements de jeunes filles. Depuisla Renaissance qui nous a légué les remarquablesaquarelles de Dürer, à Kandinsky qui utilisa cette tech-nique pour « franchir les frontières de l’abstraction »,l’aquarelle a poursuivi son parcours singulier commemode d’expression retenu par les artistes voyageursdu Nord de l’Europe ou au XVIIe siècle par des françaistels Poussin ou Lorrain.

Mais, c’est l’aquarelle sur le motif, pratiquée enplein air par les peintres anglais depuis le XVIIIe sièclequi bouleverse l’art européen. Elle atteint des som-mets chez Bonington, Constable et surtout Turner.Turner, peintre inspiré et visionnaire qui a donné seslettres de noblesse à l’aquarelle par la manière dont ila su transcrire la lumière et tous ses jeux subtils. Ceprocédé prend son essor sur le continent à partir de laseconde moitié du XIXe siècle. Riche de l’héritageanglais qui renforce l’idée d’un art en toute liberté,l’aquarelle trouve son identité en France par l’apportdes expériences dans le genre des marines d’EugèneBoudin et Johan Barthold Jongkind. Rapide et ner-veuse, elle rend les modulations du ciel, de la mer,suggère les atmosphères, esquisse les silhouettes. Née

sur le motif, l’aquarelle est parfois retravaillée en atelierou bien sert de point de départ à un tableau.Néanmoins, elle renouvelle l’art du paysage et accom-pagne la révolution de l’impressionnisme sans provo-quer la réaction d’hostilité que ce mouvement asuscitée auprès de la tradition académique.

« C’est précieux, très pratique, on peut arriver, enquelques minutes, à prendre des notes impossibles autre-ment-la fluidité d’un ciel, certaines transparences, un tasde petits renseignements qu’un lent travail ne put don-ner : c’est si fugitif, les effets », écrit Paul Signac et ilpoursuit quelques années plus tard : « l’aquarelle n’estqu’un moyen de notation, une sorte de memorandum,un procédé rapide et fécond, permettant à un peintred’enrichir son répertoire d’éléments trop passagers pourêtre fixés par le procédé lent de la peinture à l’huile. Unciel nuageux est un ensemble magnifique mais qui sedéforme perpétuellement. »

Cette recherche d’une transcription instantanéedes impressions perçues est un procédé qui sembled’une extrême modernité par la simplicité et la rapi-dité de son exécution et la gamme raffinée des vibra-tions de couleurs qu’il produit.

Cet art rencontre chez certains impressionnistes etpost-impressionnistes un intérêt accordé à leurs étudessur la nature et leur offre l’occasion d’exploiter aumieux les possibilités de cette pratique qui culmineavec les aquarelles de Cézanne, véritable « alchimie deses recherches picturales » qui ouvre la voie aucubisme. Le Musée d’Orsay nous invite à admirer surles cimaises et dans les vitrines de sa galerie d’art gra-phique toutes ces merveilles de poésie sur papier, deMillet à Degas et Manet, de Boudin à Jongkind, deCross à Signac et Cézanne. Un rendez-vous du bon-heur à ne pas manquer.

Marguerite Haladjian �

Tous les jours sauf le lundi, de 9h30à 18h,le jeudi jusqu’à 21h45.Entrée par le parvis,1 rue de la Légion d’Honneur, 75007 Paris.Catalogue : Aquarelle : atelier et plein air, 18 euros.

Aquarelle : atelier et plein air

Édouard Manet (1832-1883), Ciel, avec lune (carnet decroquis). Aquarelle sur papier vélin, 14,2 x 9,5 cm.© Musée d’Orsay / Patrice Schmidt

Jules Élie Delaunay (1828-1891).Femmes portant de l’eau, Amalfi, 1857.Crayon noir, aquarelle sur papier vélin, 24 x 22 cm.© Musée d’Orsay / Patrice Schmidt

Errancesvénitiennes

Le collège Samuel Moorat a accueilli dans sesmurs une exposition assez originale sur Venise pré-sentée par l’association « Les masqués vénitiens »,accompagnée de plusieurs conférences et d’anima-tions. L’exposition aborde différents aspects carac-téristiques de la vie dans la cité des Doges, sondéveloppement à partir du VIIe siècle, son épanouis-sement au Moyen Age grâce à un commerce floris-sant avec l’Orient et les relations politiques etdiplomatiques qu’elle entretient avec ses voisins,notamment avec les princes arméniens de Cilicie. Lerôle culturel de la cité est également montré à tra-vers le carnaval et l’imprimerie.

La présence arménienne, déjà importante dansl’empire byzantin, se renforce au XIIe siècle alorsque les Turcs progressent vers l’ouest et obligent lesArméniens à s’exiler en Cilicie où ils ont l’espoir defonder un Etat. Le royaume arménien de Ciliciedevient vite un point de contact et un partenairecommercial de première importance pour Venise etles puissances occidentales qui veulent commerceravec l’Orient. A la chute de ce royaume au XIVe siècleet devant la pression ottomane, les liens entreVenise et les Arméniens restent forts ; Veniseaccueille alors un grand nombre de ces Arméniensavec qui elle traitait et qui restent ses défenseursau moment où son économie se trouve menacée auXVIe siècle. La ville garde la marque de cette pré-sence arménienne et au début du XVIIIe siècle, l’îleSaint Lazare, concédée au moine Mekhitar pour yfonder sa congrégation, devient le symbole des liensarméno-vénitiens et un haut lieu de la culture.

Des objets de la vie quotidienne, des photogra-phies, des pièces de typographie et d’imprimerie,des éditions anciennes, des documents officiels etdes plans montrent l’ancrage des Arméniens àVenise. L’autre aspect des fastes de la vie vénitienneest le carnaval, disparu après la chute de laSérénissime par le fait des armées napoléonienneset réinstauré seulement depuis 1980, qui donne lieuà une magnificence et une exubérance de réputationmondiale.

Masques et costumes créés et savamment mis enscène par les membres de l’association « Les mas-qués de Venise » apportent à l’exposition unedimension esthétique et pédagogique et donnentune idée du luxe qui régnait à Venise jusqu’auXVIIIe siècle.

Une excellente idée que celle de rappeler lesliens existant entre Venise et les Arméniens dans lecadre du collège de Sèvres, dont l’implantationmême en est le reflet.

Anahid Samikyan �

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A 11N°450 • 28 JUIN 2008

Bulletin d’abonnement

Oui, je souhaite recevoir Achkhar chaque quinzaineNom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Prénom . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Adresse . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Code postal . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Ville . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Merci de libeller et adresser votre règlement à : Société Narek (Achkhar) – 6, cité du Wauxhall, 75010 Paris

TARIFSFrance 6 mois (11 n°) :35 € – 1 an (22 n°) :68 € – Soutien :110 €

Etranger 85 € pour 1 an par virement (100 € par chèque)❏ par chèque bancaire ou postal à l’ordre de SARL NAREK

❏ par virement IBAN à FR52.20041000 0123 9745 3H02 038 — BIC PSSTFRPPPAR (depuis l’étranger)

ACHKHAR

Cette pièce n’est pas souvent représentée, dumoins en France, et le Théâtre 14, qui réunit deuxtroupes Acte 6 et Les Unités 55975, a eu l’audace dela monter.

La pièce, Jules César, bizarrement donne peu deplace à l’empereur, c’est donc ici, le pouvoir, thèmeimportant dans l’œuvre de Shakespeare, plus que lepersonnage qui en est le pivot. L’amitié en politique,la trahison, jusqu’à quel point doit-on diriger ouécouter son peuple ? Thèmes d’actualité !

« Jules César narre ce qui restera comme les der-niers instants de la République de Rome : le meurtre deCésar engendrera 12 Césars… Fallait-il, devant lamenace dictatoriale, prendre les devants au nom dubien public ou se contenter de laisser faire le cours desévénements ? » dit Frédéric Jessua.

Dès l’entrée, Jules César, blanc des pieds à la tête,est représenté comme un mythe, une sorte de fan-tôme, qui semble déjà appartenir au royaume desmorts. Serge Avédikian remplit le rôle avec convic-tion, mais la mise en scène fait de lui une sorte de

Caligula, de même dans la scène du complot qui poi-gnarde César. Sa mort est plus que « théâtrale » unemort très longue et lente, bruyante pour souligner latrahison, l’hypocrisie des anciens amis. Cassius etBrutus qui vont tuer au nom de la démocratie res-tent un peu mous dans leur rôle de futurs gouver-nants, et ne parviennent pas à nous convaincre. Puisapparaît Marc Antoine, fils spirituel de Jules César.

THEATRE

Les Avedikian père et fils dans Jules Césarde Shakespeare au Théâtre 14*

Mise en scène Frédéric Jessua, mise en lumière Florent Barnaud, texte français de Jérôme Hankins

Dans ce rôle Hovnatan Avédikian apporte un nou-veau souffle. Par sa démarche, son naturel, ses attitu-des, il symbolise la nouvelle génération. CependantMarc Antoine parvient à retourner la situation : lesRomains conspuent les conjurés et regrettent César.

Les mouvements de scène – qui débordent lascène –, procédé déjà ancien maintenant, prennentle public à témoin et la lumière est mise à profitpour renforcer les hésitations, les tergiversations,les décisions. Les rôles de femmes, peu nombreux,sont interprétés de façon magistrale, surtout par lamerveilleuse Isabelle Siov (Portia) épouse deBrutus.

Un spectacle original qui permet de voir ensem-ble Serge Avédikian et Hovnatan Avédikian.

Une première à voir !A.T. Mavian �

* Voir agenda.

DEVOIR DE MÉMOIRE

Pèlerinage au camp deCompiègne-Royallieu

Le 14 juin dernier, comme annoncé dans notrejournal, l’UCFAF et l’ANACRA ont rendu hommageaux déportés d’origine arménienne partis de ce lieuvers les camps nazis.

Représentée par M. le conseiller Dupuy de Méryet dirigée par le sénateur-maire Philippe Marini, lamunicipalité de Compiègne, sensible à notre démar-che, avait organisé à notre intention, une cérémonieau Monument aux victimes de l’Allemagne nazie, avecles militaires, leurs porte-drapeaux et ceux des ancienscombattants arméniens.

Le Chant des Partisans a ouvert la cérémonie, suivides prises de parole de M. Antoine Bagdikian, présidentde l’Association des Anciens combattants arméniens etde Mme Alice Mariétan-Mavian fille de déporté. LeChant des marais, cher aux cœurs des déportés, puis LaMarseillaise accrurent l’émotion ambiante.

Monsieur le conseiller Dupuy de Méry fit déposerla gerbe de l’Ambassade d’Arménie qui avait mandatéson chargé d’affaires M. Hamlet Kasparian puis cellesdes deux associations arméniennes et de la Mairie.

Les participants, mem-bres de l’UCFAF, del’ANACRA, amis et enfantsde déportés arméniens serendirent ensuite au mémo-rial-musée de la déporta-tion et de l’internement oùpendant près de deux heu-res, le directeur M. Le Goff,avec compétence et généro-sité, commenta, expliqua,raconta. Le musée, deconception très actuelle,contient tant de documents

visuels et auditifs qu’un après-midi est insuffisantpour la visite et l’émotion est si forte qu’il faut dutemps pour supporter cette lourde charge.Cependant, on sent dans chaque salle, la volonté de nepas tomber dans le pathos

Le verre de l’amitié de la Mairie fut pris au milieu denouvelles questions, mais un autre moment fort atten-dait les visiteurs, puisque à l’entrée du musée se trouve lelong mur de verre comportant tous les noms des dé-portés partis du camp. Chacun chercha le nom duparent, de l’ami, revenu ou pas des camps de la mort. Lànous avons constaté, comme nous l’avions prévu, quenotre connaissance du nombre des déportés arméniensétait certainement inexacte, au-dessous de la vérité etque nos recherches devaient absolument continuer.

Il est de notre devoir de mémoire de ne pasoublier tous ces hommes et ces femmes qui ont tantsouffert et qui, au mépris de leur vie, ont voulu, coûteque coûte, garder la France libre.

De notre correspondantMémorial du camp de Royallieu 2bis, avenue des Martyrsde la liberté 60200 Compiègne. Tél. 03.44.96.37.00

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Une partie de la délégation

M. Hamlet Kasparian (à dr.)

Messe de Requiempour Eliane Kachkachian

Nous informons les amis de la familleKachkachian que la messe de Requiem, annon-cée pour le 29 juin, est reportée au dimanche6 juillet 2008 à 11 h.

Eglise arménienne Saint-Jean-Baptiste15, rue Jean-Goujon, Paris 8e

Hovnatan (Marc Antoine) et Serge Avedikian (César)

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Figure emblématique du Panthéon arménien, leRévérend Père Komitas, de son nom de baptêmeSoghomon Soghomonian, est l’objet d’une littératureabondante. Il est toujours d’une grande actualité.Son œuvre musicale aurait suffi à le rendre immortel,mais sa longue souffrance, conséquence de sadéportation, en a fait une légende et un symbole ducalvaire vécu par le peuple arménien.

Soghomon SoghomonianIl est né le 26 septembre 1869, à Kutahya en Asie

Mineure. Son père est natif de cette ville, sa mère deBrousse. Son père et son oncle Haroutioun étaient chan-tres à l’église Saint Théodore.Après la mort de ses parents,sa grand-mère maternelle, Mariam, s’est occupée de lui.En 1881, l’archimandrite Kévork Tertsakian devait se ren-dre à Etchmiadzine pour y être ordonné évêque. LeCatholicos avait demandé qu’il amène avec lui un jeuneorphelin pour étudier au séminaire Kevorkiand’Etchmiadzine.Parmi vingt élèves,Soghomon fut choisi.

« On le présenta au Catholicos Kévork IV qui,s’adressant à Soghomon, lui posa une question en armé-nien. L’enfant lui répond en turc. Le Catholicos s’indigneet le réprimande durement.

Qu’es-tu donc venu faire ici ? N’est-ce pas pour ap-prendre l’arménien que tu m’as fait venir à Etchmia-dzine, interroge audacieusement l’enfant ? Alors quesais-tu faire ? Je sais chanter. L’enfant chanta… Il chantaun charagan (hymne religieux) et les larmes jaillirentabondantes aux yeux de l’auguste vieillard. Celui-ciordonna de confier Soghomon aux grands élèves pourqu’il apprenne l’arménien le plus rapidement possible. »(Frédéric Macler, 1917)

Soghomon suivit les cours du séminaire, de 1882à 1893, il profitait de ses congés scolaires et de sesmoments de liberté pour prendre de plus en pluscontact avec le peuple arménien et étudier sur place leschants populaires. En 1892, de passage à Kuthaya, ilrecueille auprès de sa famille et leurs voisins unesoixantaine de chants en langue turque composés parses parents.

A Constantinople il transcrit des chants anciensd’Agn. Lors d’une rencontre avec le rédacteur du jour-nal « Hayrénik » il lui apprend qu’il a déjà transcritplus de 200 chants et que ses travaux sur les neumesanciens de la liturgie arménienne sont très avancés.

En 1893, le Catholicos Khrimian Hayrig le nomme

professeur de musique du séminaire à laplace de K. Kara-Mourza. Un mois plus tard,le nouveau professeur dirige pour la pre-mière fois à quatre voix le « Hayr mèr »(Notre père) dans la cathédraled’Etchmiadzine.

Dès 1894, il publie dans le journalArarat, une première étude sur la musiquereligieuse arménienne. Une année plustard, le diacre Soghomon Soghomonian estordonné prêtre sous le nom de Komitas.

Komitas VartabedKomitas souhaite étudier au conserva-

toire de Tiflis. En 1895, il fait la connais-sance de Magar Ekmalian qui propose del’aider : « En ce moment, j’étudie (gratuite-ment) auprès de Magar Ekmalian, la musi-que, l’harmonie, la pédagogie et la composition et cejusqu’au mois de mai. Je participe également au chœur del’école dirigé par Magar Ekmalian pour étudier égalementla direction de chœur et le chant. »

Komitas, qui a le désir de perfectionner sesconnaissances musicales obtient le soutien du grandmécène Alexandre Mantacheff pour étudier à Berlin.En 1896, le directeur du Conservatoire Imperial, lecélèbre violoniste Joachim l’oriente vers RichardSchmidt qui accepte de le prendre comme élève privé.

« Bien que je joue déjà du piano, j’ai tout recommencépour établir des bases solides. En même temps, inscrit àl’Université Friedrich Wilhelm en philosophie, j’ai eu commeprofesseurs F. Pélerman, O. Flacher, K. Friedlender ».

En 1899, Komitas rentre à Etchmiadzine, retrouveses fonctions. Responsable du chœur de la Cathédraled’Etchmiadzine, il reprend sa collecte des chants armé-niens :

« Je suis allé au monastère de Haridj (région deChirag) C’était lors des fêtes de la Transfiguration ; despèlerins en foule étaient arrivés. Les jeunes paysannes, lesnouvelles mariées et les garçons dansent, improvisent deschansons et chantent… J’étais déjà sur le toit dallé dubâtiment, crayon et papier à la main. »

Komitas commence à être connu, sa conférence deBerlin sur la musique arménienne a attiré l’attentiondu grand écrivain et poète Archag Tchobanian installéà Paris. Ils se rencontrent à Paris en 1901. PourTchobanian, c’est une révèlation ! Il écrit un articledithyrambique dans son journal Anahid : « L’un desmoments les plus forts et inoubliables de ma vie restera lejour, où, pour la première fois, j’ai vu et entendu le PèreKomitas. Il chanta, comme lui seul savait chanter. J’eus larévélation d’une force mystérieuse capable de jouer unrôle providentiel pour notre culture nationale. »

A Paris, Komitas retrouve le musicologue PierreAubry qu’il a connu en Arménie et rencontre LouisLaloy professeur à la Sorbonne.

Tiflis printemps 1902 : « Un ami prêtre m’apprendque le Vartabed Komitas arrive d’Etchmiadzine et sou-haite faire notre connaissance. Il serait heureux de chanterpour nous. Je m’empresse de réserver la grande salle dunouveau conservatoire pour réunir quelques amis, nous

A N°450 • 28 JUIN 200812

ACHKHAR Bimensuel bilingue d’information et de la vie arménienneTél. 01 40 40 02 82 • Fax. 01 42 08 09 70 • [email protected]

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Le Révérend Père Komitas (1869-1935)

Panorama de la littérature et de la musique arméniennes du XIXe siècle

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attendons avec impatience. Dans la salle obscure, leVartabed, maigre et vêtu de noir, rentre sur scène et s’assiedau piano dans un grand silence, pour la première fois, j’en-tends sa voix…Très vite des flots de larmes jaillissent demes yeux tant et tant que notre ami, troublé par mon émo-tion intense, demande à Komitas de s’arrêter et lui dit : celasuffit, tu as tué notre amie. Ce jour-là, j’ai compris qu’il yavait “aussi” une musique arménienne et cela est lié àKomitas », (Marguerite Babaïan, cantatrice).

C’est à Paris que Komitas obtiendra une consécra-tion internationale. A. Tchobanian et M. Babaïan met-tent en œuvre toutes leurs relations artistiques etpolitiques parisiennes pour organiser un grand concert.

Paris, novembre 1906 : « Nous étions dans unegrande activité pour la préparation du grand concert. LeR.P. Komitas me faisait travailler de nouvelles chansons,conseillait mon élève Mourounian et Chahmouradian. Ilpréparait les partitions pour les chœurs Lamoureux etbataillait pour leur faire prononcer l’arménien correcte-ment. Pour ma sœur Chouchanig, pianiste, il arrangeaitles Danses de Mouch. Le 1er décembre, la salle était com-ble, mais le Vartabed épuisé. Il est rentré sur scène avecson habit noir, a commencé à chanter Diramayr, pianis-simo. Le public était figé, l’impression, impossible à rela-ter. Les personnalités musicales m’ont raconté plus tardqu’elles n’avaient jamais ressenti une émotion musicale siprofonde et intense. » (Marguerite Babaïan)

Dans le Mercure Musical, le 15 décembre 1906 :« Aucun de nous, sauf de très rares initiés, ne pouvaitsoupçonner les beautés de cet art qui n’est en réalité nieuropéen ni oriental, mais possède un caractère uniqueau monde de douceur gracieuse, d’émotion pénétrante etde tendresse noble » (Louis Laloy). Ce journal publierade nombreux articles consacrés à la musique armé-nienne.

Komitas a réussi son objectif : « Avec ce concertj’avais comme projet de faire connaître au monde musi-cal français la musique arménienne ». vingt ans après lepremier concert de chant choral arménien de Tiflis,dirigé par Kara-Mourza, la musique arménienne estun art reconnu par les milieux musicaux européens.

(à suivre)Alexandre Siranossian �