ABC de la Phytothérapie

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ABC de la Phytothérapie dans les maladies infectieuses

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CHEZ LE MÊME ÉDITEUR

La Plante médicinale, C. DURAFFOURD, J.-C. LAPRAZ, R. CHEMLI, 1997.

CHEZ D'AUTRES ÉDITEURS

Cahiers de phytothérapie clinique (rT 1,2, 3,4, 6), C. DURAFFOURD, L. D'HERVICOURT, J.-C. LAPRAZ, éditions Masson. Phytothérapie et Dermatologie, C. DURAFFOURD, L. D'HERVICOURT,

J.-C. LAPRAZ, éditions Masson, 1982. Utilisation thérapeutique de 84 plantes médicinales, C. DURAFFOURD,

L. D'HERVICOURT, J.-C. LAPRAZ, éditions de la Balance, 1989.

@ 1998, by Jacques Grancher, Éditeur ISBN : 2-7339-0579-1 - ISSN : 0761 -019X

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Docteur C. Duraffourd Docteur J.-C. Lapraz Docteur J. Valnet

ABC de la Phytothérapie dans les maladies infectieuses

Préface du docteur Jean Valnet

Éditeur: Michel Grancher

A C Q U E S

ORANGER tJX, rue de Vaugirard

75006 Paris

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PRÉFACE DE LA SECONDE ÉDITION par les docteurs C. DURAFFOURD et J.-C. LAPRAZ

Vingt années se sont écoulées depuis la première et unique édi- tion de ce livre.

Pourquoi avoir accepté cette réédition, alors que les informa- tions qu'elle contient pourraient sembler dépassées. La science n'est pas immobile, et en l'espace d'une génération plus d'une révolution est survenue dans le domaine du savoir médical, y com- pris celui de la plante médicinale.

Pourtant, ce livre reste d'une actualité brûlante, et les données qu'il contient, fondées sur une théorie scientifique véritable et évolutive, n'ont trouvé, depuis ce temps passé, que confirmation de leur réalité et n'ont rien perdu de leur validité.

En effet, l'ensemble du monde médical reconnaît aujourd'hui les lacunes de la thérapeutique anti-infectieuse, et les plus grandes instances officielles nationales et internationales tirent chaque jour davantage de cris d'alarme: «Retour en force de maladies infectieuses que l'on croyait disparues », titrait récemment un grand quotidien médical, «Nous sommes au bord d'une crise mon- diale due aux maladies infectieuses », s'écrie le président de l'Organisation mondiale de la santé (O.M.S.), le docteur Hiroshi Nakajima. Par ailleurs, estime-t-il, la résistance croissante des bactéries aux agents antimicrobiens «pose aujourd'hui un pro- blème majeur aux services de santé publique du monde entier ». Principal accusé : le recours continu et parfois inapproprié à des antibiotiques, qui sont en outre massivement utilisés dans la chaîne alimentaire. Dans le même temps, un rapport du World Watch Institute souligne : «Non seulement les maladies infectieuses n'ont

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pas disparu, mais la mortalité et la morbidité dues à celles-ci ont augmenté de façon considéi-able. »

C'est parce qu'il constitue l'une des réponses possibles aux immenses problèmes posés par ces maladies que nous avons accepté une nouvelle publication de cet ouvrage, initialement inti- tulé : Une médecine nouvelle : traitement des maladies infectieuses par les plantes.

Les plantes médicinales, en effet, constituent la grande alter- native aux antibiotiques. Prescrits à bon escient, ces derniers sont réellement des armes hautement efficaces. Malheureusement, ils ont été trop souvent utilisés à tort et à travers, et ont donné nais- sance à des germes nouveaux très agressifs, dont certains même ne peuvent survivre qu'en leur présence ! Pour ces raisons notam- ment, les maladies infectieuses sont devenues de plus en plus dif- ficiles à traiter.

Plus de vingt-cinq années de pratique quotidienne, et des dizaines de milliers d'observations cliniques, nous ont confortés dans l'évidence du rôle fondamental que la phytothérapie, utili- sée de façon raisonnée et raisonnable, est amenée à jouer dans le domaine précis de l'infectiologie. En effet, sortie de son contexte empirique ou magique, la plante médicinale, prescrite selon des critères scientifiques modernes, constitue la première arme à laquelle doit dorénavant avoir recours le médecin véritablement soucieux du malade présentant une infection, que celle-ci soit aiguë ou chronique, qu'elle touche l'appareil respiratoire, géni- tal, urinaire, intestinal ou autre, qu'elle frappe le jeune enfant ou le vieillard. Nous avons longuement exposé par ailleurs les moda- lités particulières d'utilisation de la phytothérapie clinique, et les bases fondamentales sur lesquelles celle-ci doit s'appuyer'.

Nous sommes parfaitement conscients que l'avenir véritable des plantes médicinales passe obligatoirement par leur intégra- tion à la médecine. Encouragés par le développement officiel de l'enseignement que nous avons mis en place en Tunisie depuis 1989, nous avons organisé à Tunis en mai 1993 le premier

1. Cahiers de phytothérapie clinique (rT 1, 2, 3, 4, 5), C. Duraftourd, L. d'Hervicourt, J.-C. Lapraz, Éditions Masson, Paris.

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Congrès Intercontinental sur les Plantes Médicinales et la Phyto- thérapie, en collaboration étroite avec le professeur Chemli1. Après un large tour d'horizon sur l'utilisation actuelle des plantes médicinales dans le monde, les 500 participants venus de 49 pays (médecins, pharmaciens, chercheurs, membres d'organisations internationales et industrielles, de mouvements associatifs et d'O.N.G.2) ont débattu des problèmes que pose leur usage, ainsi que des perspectives futures de leur place dans des systèmes sani- taires évolutifs.

L'efficacité de la plante médicinale dans les soins de santé, et sa crédibilité scientifiquement justifiée, ont été reconnues au tra- vers de la confrontation de chercheurs fondamentalistes et de cli- niciens phytopraticiens. Son rôle dans le domaine des maladies infectieuses a été largement illustré - sur plus de 120 cas de malades choisis parmi des milliers d'autres - par les médecins du groupe de recherches que nous animons au sein de la Société Fran- çaise de Phytothérapie et d'Aromathérapie. Les lecteurs désireux d'en savoir plus pourront se reporter à l'ouvrage : La Plante médi- cinale, de la tradition à la science3.

Comme le confirment les documents historiques les plus anciens, dans toutes les civilisations les hommes ont eu recours au monde végétal pour se soigner. Mais l'usage scientifique des plantes médicinales est en réalité très récent. L'identification bota- nique, l'amélioration des conditions de récolte, la mise au point de méthodes nouvelles d'extraction et de conservation, un meilleur conditionnement sous des formes galéniques évolutives et plus adaptées aux données de la science moderne en font désormais des médicaments à part entière. C'est aussi grâce aux progrès de la recherche fondamentale que les propriétés de leurs principes actifs ont été mises en évidence, ainsi que leurs modes d'action,

1. Le professeur R. Chemli est professeur de pharmacognosie et de phyto- thérapie à la faculté de pharmacie de Monastir (Tunisie).

2. O.N.G.: organisation non gouvernementale. 3. La Plante médicinale. de la tradition à la science, textes réunis et pré-

sentés par les docteurs C. Duraffourd et J.-C. Lapraz et le professeur R. Chemli, Editions Jacques Grancher, 1997, Paris.

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leurs effets positifs ou négatifs, tant sur l'animal que sur les tis- sus ou organes isolés. Et ces données nouvelles bouleversent com- plètement le paysage de la pratique phytothérapique.

Autant d'informations indispensables à la valorisation de la plante médicinale comme thérapeutique de base, capitale pour la pratique quotidienne du médecin.

La Société Française de Phytothérapie et d'Aromathérapie, dont nous sommes respectivement président et secrétaire général depuis plus de vingt ans, s'est consacrée à la réintroduction de l'usage de la plante médicinale en médecine. Dès l'origine, nous avons été conscients que, si la connaissance des données de la tra- dition était fondamentale comme base de départ, la vérification scientifique et clinique s'imposait. Dans les années 70, aucune vision scientifique ne permettait d'intégrer les symptômes dans une approche synthétique et dynamique, consciente des interre- lations organiques et qui, par exemple, aurait permis de rattacher une infection respiratoire à un trouble du pancréas. Les publica- tions consistaient en un fourre-tout compilatoire, qui rassemblait bout à bout les innombrables propriétés attribuées à chaque plante. Sans la démarche cohérente d'une médecine de terrain scientifi- quement étayée, il était impossible d'établir une hiérarchie de ces propriétés, ou de réaliser la synthèse qui eût permis une compré- hension éclairée de l'activité thérapeutique de la plante. Ainsi, à titre d'exemple, dans tout ouvrage traditionnel de phytothérapie, la lavande et l'eucalyptus figurent comme plantes conseillées à la fois pour le traitement des infections urinaires, respiratoires et cutanées. Mais aucune cohérence ne fait apparaître la spécificité d'action propre à chacune de ces deux plantes. De plus, rien ne permet d'orienter le choix du médecin vers celle qui est la mieux adaptée au type et à la localisation de l'infection concernée.

Malgré toutes ses carences, cette méthode empirique faisait par- fois ses preuves et pouvait permettre d'améliorer l'état de certains patients. Pour tenter d'accroître le rendement de ce mode d'utili- sation à visée purement symptomatique, certains choisirent d'aug- menter les doses. En effet, si l'on souhaite obtenir avec le remède phytothérapique des effets pharmacodynamiques équivalents à ceux du remède chimique, on est obligé d'utiliser des doses de plantes tellement élevées que de très nombreux effets secondaires nocifs apparaissent, ainsi que des problèmes d'intolérance diges-

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tive. Le résultat ne pouvait donc être que catastrophique. Un tel usage de la plante bute en effet sur les mêmes limites et les mêmes dangers que ceux rencontrés avec le médicament chimique, sans compter son risque d'inefficacité beaucoup plus grand.

Face au grand nombre d'échecs de la phytothérapie utilisée de cette manière, il fallait trouver d'autres critères que ceux prési- dant à la mise en place d'un traitement de ce type exclusivement symptomatique.

Nos recherches théoriques et fondamentales, ainsi que notre pratique de médecins cliniciens et nos responsabilités d'ensei- gnants nous ont amenés rapidement à distinguer trois niveaux d'approche de l'usage de la plante médicinale : celui du tradipra- ticien qui doit nécessairement être subordonné à un deuxième niveau, celui des données de la pharmacognosie et de la pharma- cologie moderne, lui-même sous contrôle du troisième niveau: l'usage clinique répondant aux critères de la médecine actuelle.

Vouloir privilégier le niveau du tradipraticien - ou médecine de « grand-mère » -, sans le contrôle du savoir pharmacologique et clinique, reviendrait à commettre une grave erreur, et nous ramènerait à une ère médicale pré-scientifique, avec tous les dan- gers que la généralisation d'un tel choix engendrerait. Nous ne pouvions accepter une telle orientation. C'est pourquoi, dès le début de notre pratique, nous avons dirigé l'ensemble de nos tra- vaux vers un usage plus rationnel de la plante.

Les formules qui figurent dans ce livre reposent essentielle- ment sur notre approche particulière de la phytothérapie clinique, fondée sur la théorie endocrinienne du terrain que nous dévelop- pons depuis 1976. Le docteur Valnet, qui n'a participé qu'à la seule rédaction de la première préface, avait choisi de ne jamais le faire figurer dans la liste bibliographique de son œuvre restée au stade empirique, comme le prouve l'ensemble de ses ouvrages.

Ces formules sont basées sur la connaissance des états précri- tiques qui président à l'installation des maladies infectieuses, et que seule la théorie endocrinienne du terrain permet d'envisager. Elles permettent de traiter nombre de malades porteurs d'infec- tions, dans un pourcentage appréciable de cas largement supé- rieur à celui que laisse espérer l'activité d'une formule établie sans cette connaissance.

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Certes, pour améliorer de façon encore plus appréciable le ren- dement de la phytothérapie, des études beaucoup plus approfon- dies sont nécessaires. Elles apprendront au médecin à maîtriser avec précision les mécanismes physiopathologiques qui partici- pent à l'installation de telles maladies. Les procédures utilisées seront exposées dans un ouvrage à paraître ultérieurement.1

Mais, dans un usage quotidien de la plante médicinale, le lec- teur trouvera ici des conseils qui lui permettront de lutter plus effi- cacement contre les maladies infectieuses les plus courantes.

1. Abrégé de phytothérapie clinique. C. Duraffourd, J.-C. Lapraz, Editions Masson, Paris (à paraître).

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LA PHYTO-AROMATHÉRAPIE Préface du docteur Jean VALNET

à la première édition de 1978

Cet ouvrage est destiné à faciliter les débuts de ceux qui - las- sés du « matraquage droguesque » dénoncé de toutes parts - enten- dent mettre à profit la pratique de la phyto-aromathérapie. Il ne saurait toutefois dispenser de l'étude des ouvrages spécialisés, ni de l'enseignement des trois premiers congrès de phyto-aroma- thérapie (Paris, 1976 - Monte-Carlo, 1977 - Tours, 1978), dont les comptes rendus sont disponibles au secrétariat général de la Société Française de Phytothérapie et d'Aromathérapie, président fondateur Dr Jean Valnet, 19, boulevard Beauséjour, 75016 Paris.

À la faveur de ce premier volet dont les maladies ont été choi- sies parmi les plus courantes, de nombreuses formules sont don- nées dans des schémas thérapeutiques non limitatifs. Ces formules ont été retenues pour nous avoir donné depuis longtemps les meilleurs résultats, y compris dans les cas les plus graves. Car la phyto-aromathérapie ne se voue pas spécialement aux bobos. Le médecin et le pharmacien restant avant tout des hommes de l'Art, chacun pourra les modifier, les compléter, en trouver de nouvelles en fonction de ses lectures et de son expérience.

D'aucuns pourraient nous reprocher de donner des formules précises, qui leur sembleront rigides sous la plume de médecins traitant de médecine du terrain. Mais nous le verrons, dans un cha- pitre qui lui est consacré, il est de grands types de terrains qui déterminent des morbidités particulières. Certaines infections, surtout dans leur forme chronique, se rencontreront le plus sou- vent sur des terrains similaires, ou connaissant dans l'instant où

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l'affection aiguë s'est développée des variations de terrain iden- tiques. Ce qui explique que ces schémas vous permettront le plus souvent de guérir la majorité de vos malades qui présenteront ces grands syndromes.

La phyto-aromathérapie n'a pas la prétention d'exclusivité. Si elle peut, dans un nombre non négligeable de cas, régler à elle seule les problèmes, elle doit souvent s'associer les vertus de dis- ciplines synergiques.

« Il est des maladies qui ne se soignent que /?<?/' l'alimentation », disait Hippocrate, opinion partagée par Jean Rostand, pour qui « tout menu est (ou devrait être) une ordonnance ». Chaque pres- cription médicale devrait commencer par quelques lignes de conseils diététiques. Pour éviter des redites, ces problèmes étant actuellement bien connus, aucune allusion au régime ne figure dans nos schémas, ou très succinctement.

Cependant pour nous, nombre de légumes, fruits, céréales méri- tent le qualificatif de plantes médicinales. Ainsi le chou, la pomme de terre, dont les sucs fraîchement extraits sont des traitements de choix de l'ulcère gastrique. Ainsi le radis noir dans les affec- tions de la vésicule biliaire.

Les tisanes «qui ne sont jamais que de l'eau salie»... Qui n'a entendu cette imbécillité? Outre qu'on a depuis longtemps décou- vert dans ces préparations des éléments minéraux, des glucides, des lipides, des mucilages, des tanins... de nombreux autres consti- tuants, des recherches récentes ont permis de trouver dans les infu- sions une proportion notable de vitamines BI et B2 capables, selon les auteurs, de s'opposer efficacement aux hypovitaminoses beau- coup plus fréquentes qu'on ne l'imaginerait dans nos pays.

Tisanes : remèdes de bonne femme? Supplémentaire grossière erreur qui s'est perpétuée. C'est la déformation de Bonafama : bonne renommée.

Ainsi la phyto-aromathérapie est-elle bien la thérapeutique mil- lénaire et d'avenir: tous les travaux modernes prouvent que les Anciens avaient raison en reminéralisant avec la prêle, en usant largement de la sauge (l'herbe sacrée des Latins), de l'hysope (l'herbe sacrée des Hébreux). Une seule notion nous échappe: d'où nos prédécesseurs - privés des méthodes analytiques modernes - tiraient-ils leur savoir? Ils donnaient aussi de l'euca-

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lyptus dans les hyperglycémies (action abondamment prouvée depuis...) mais nous ne savons toujours pas à quel constituant de cette plante attribuer la vertu.

Cela dit, il est parfaitement inutile de vouloir soigner des malades ou, à titre prophylactique, ceux qui ne le sont pas encore, en l'absence de plantes, teintures, huiles essentielles garanties fraîches, pures, naturelles, exemptes des souillures courantes, ce que nous ne pourrions savoir si elles n'étaient pas soumises à des contrôles sérieux. Cette manière de faire serait vouée à l'échec, non dû, on le conçoit, à la méthode, mais uniquement au matériel détérioré.

La Société Française de Phytothérapie et d'Aromathérapie s'est formellement prononcée sur cette question capitale. Pour la meilleure protection de l'usager, elle s'est donnée le droit de se porter partie civile le cas échéant.

Le médecin devra donc savoir vers quels pharmaciens diriger ses patients.

Dans tous les syndromes infectieux traités avec d'indéniables succès par l'aromathérapie qui - bien qu'empiriquement utilisée - « rattrape » la plupart des échecs de l'antibiothérapie banale, on pourra désormais, pour de nouveaux progrès, s'entourer chaque fois que nécessaire des conclusions de l'aromatogrammel.

Pour terminer, à l'adresse des thérapeutes à qui hélas! on n'enseigne plus pour le moment en faculté les règles élémentaires de la prescription magistrale, voici un bref rappel :

TM = teinture-mère. HE = huile essentielle. aa = quantités égales. qsp = quantité suffisante pour (un flacon de x ml).

Exemples : 0

Taraxacum dens leonis TM qsp 90 ml

1. L'aromatogramme : antibiogramme pratiqué avec des huiles essentielles.

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@ HE thym 1 aa 1 g HE lavande

HE cyprès 1,50 g Alcool à 90° qsp 60 ml

Pour respecter les règles de l'art, on prescrira les TM sous leur nom botanique. Mais on peut indifféremment - l'habitude parais- sant consacrée par l'usage - prescrire les HE sous leur nom fran- çais. Rien n'empêche toutefois d'écrire HE Rosmarinus au lieu de romarin, HE Satureia montana au lieu de sarriette.

D'une manière générale, il semble qu'il ne faille pas compli- quer les formules: 3 ou 4 constituants paraissent habituellement suffisants. Par ailleurs, compte tenu de notre ignorance actuelle sur les interactions possibles de certaines TM les unes vis-à-vis des autres, il serait peut-être parfois judicieux de prescrire un fla- con par TM, à mélanger extemporanément par l'usager.

Nous conseillons, chez certains malades qui peuvent présen- ter des petits problèmes de tolérance digestive, de commencer le traitement à faibles doses, 5 gouttes par prise par exemple, qu'on augmentera peu à peu pour arriver en quelques jours à la dose habituelle. La voie rectale pourra aussi être utilisée. Elle présente l'avantage de permettre d'administrer des doses plus importantes, lorsque celles-ci s'avèrent nécessaires. Elle trouve son intérêt en particulier dans les traitements locorégionaux, et lorsque l'admi- nistration par voie orale n'est pas possible.

Enfin, surtout à l'adresse des étudiants : les prescriptions magis- trales sont remboursées par la Sécurité sociale', ce que leurs futurs malades ne savent pas toujours.

Mise en garde : les mycologues avertis ne sont pas légion, il suf- fit de lire dans les journaux le nombre de cas d'empoisonnements annuels. Le pharmacien est habilité à distinguer les champignons comestibles de ceux qui tuent. Il l'est aussi pour séparer le cer- feuil de la ciguë et le vératre de la gentiane.

1. Par une décision du 15 avril 1996, le conseil d'Etat a annulé le décret Evin du 12 juillet 1989 qui interdisait le remboursement de la quasi-totalité des pré- parations magistrales et de la totalité de celles à base de plantes médicinales.

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Conclusion: si vous n'êtes pas botaniste, méfiez-vous de vos cueillettes.

Quelle que soit l'entreprise, qu'un seul maillon soit déficient et tout le système craque. En médecine, c'est le médecin et le malade qui se trouvent aux extrémités de la chaîne. Au milieu le pharmacien, à propos duquel le professeur Soueges (de l'Institut) s'exprimait il y a plusieurs années' :

«Nous sera-t-ilpermis maintenant d'adresser un avertissement aux étudiants et aux jeunes praticiens ? L'attrait qu exercent sur eux les sciences physico-chimiques, avec leurs séduisantes théo- ries modernes et l'espoir qu'elles leur permettent d'accroître leur prestige, leur autorité et leurs revenus pai- la bonne marche d'un laboratoire d'analyses diverses, ne doit pas les détourner des sciences naturelles qui restent malgré tout les premières des sciences concrètes, mères de toutes les autres. Ils ont demandé et obtenu la suppression des herboristes qui leur faisaient, paraît-il, une concurrence déloyale, mais à l'heure actuelle, sont- ils eux-mêmes en mesure de remplacer ces modestes profes- sionnels auprès du public, en se mettant simplement à sa por- tée, en lui délivrant, en bon état, les produits les plus divers et bien inoffensifs de la flore locale, auxquels il accorde une grande confiance... ?

«Aimant, récoltant et vendant leurs plantes, les pharmaciens pourront se dire de vrais phytobiologistes, titre qu'ils pourront ajouter ou opposer à celui de pharmaciens-chimistes que cer- tains semblent affectionner et ont déjà choisi. »

(Les mots mis en évidence l'ont été par nos soins.)

1. Préface de Ressources médicinales de la flore française, Gabriel Garnier, Lucienne Bézanger-Beauquesne, Germaine Debraux, Vigot Frères éditeurs, Paris, 1961.

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PREMIÈRE PARTIE NOTIONS GÉNÉRALES

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HISTORIQUE

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C'est une véritable gageure que vouloir établir un historique de l'utilisation des plantes en médecine. En effet, c'est l'étude de toutes les civilisations passées qu'il faudrait reconsidérer, car l'homme a toujours recherché la plante, non seulement à des fins domestiques et alimentaires, mais dans un but thérapeutique évi- dent.

À peine sorti de l'animalité et confronté déjà à la maladie, c'est dans son environnement le plus immédiat et le plus accessible que l'être humain a cherché un remède à ses maux. Dans les civilisa- tions dites primitives, les plantes sont étroitement liées à la magie et aux rituels religieux - car l'homme avait alors le sens du sacré - et la maladie était pour lui l'expression du déséquilibre de son être perturbé par des forces extérieures ou intérieures, qu'il ne savait contrôler.

Si, de nos jours, certaines de leurs pratiques prêtent à sourire, en rira-t-on toujours? On peut en douter quand, chaque jour davantage, on sait que la pharmacopée végétale utilisée par les anciens renferme de nombreux principes actifs qui nous permet- tent - de mieux en mieux - de comprendre les raisons de l'effi- cacité de leurs procédés.

Pour ne pas alourdir démesurément ce chapitre, nous nous bor- nerons à faire un panorama, parmi tant d'autres. Pour le reste, des milliers d'ouvrages datant des temps les plus reculés jusqu'aux plus modernes se trouvent dans toutes les grandes bibliothèques.

Déjà 5000 ans avant notre ère, la civilisation sumérienne uti- lisait les plantes et les métaux pour traiter les malades. Dans les médecines de l'Orient méditerranéen, le droguier suméro-akka- dien, vers 2300 avant J.-C., comptait 250 variétés de substances végétales.

Les tablettes cunéiformes de Gilgamesh nous rapportent que les Chaldéens avaient une thérapeutique exclusivement végétale, et c'est chez eux que l'on trouve le premier suppositoire à base d'aromates (3000 avant J.-C.).

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En Inde, elles étaient déjà présentes, ainsi que le rapportent les Vedas ( 1600 avant J.-C.), et la pharmacopée des époques primitives de la Chine nous est parvenue par l'intermédiaire des Ten T'Saos.

Hérodote rapporte que, dans la civilisation assyro-babylo- nienne, la cardamome était utilisée non seulement pour apaiser la colère des dieux, mais aussi à des fins thérapeutiques. Personne n'a oublié les légendaires jardins de Babylone. Dans l'Amérique archaïque, les Précolombiens savaient aussi utiliser les nom- breuses plantes qui poussent dans leurs pays. Les Indiens trai- taient déjà les diarrhées et les fièvres, en se servant des remèdes spécifiques du paludisme et de la dysenterie amibienne : le quin- quina et l' ipecacuanha.

La Chine, qui peut être considérée comme la vraie patrie des épices, utilisait dès les époques les plus reculées des plantes aro- matiques comme la cannelle, le poivre, le gingembre pour lutter contre les épidémies. Les Hindous possédaient, eux aussi, une pharmacopée aromatique très développée. Ils connaissaient les propriétés médicinales de l'ail, utilisaient la myrrhe pour com- battre l'épilepsie, ainsi que l'aneth et le roseau odorant. Le basi- lic avait déjà la réputation de neutraliser le venin des serpents, et il était consacré à Vishnu, ainsi que l'origan. La cardamome et le gingembre étaient utilisés pour leurs propriétés, celles aphrodi- siaques en particulier. La cannelle, le clou de girofle entraient dans la composition de beaucoup de leurs préparations. Or, les techniques les plus modernes confirment la puissance de l'acti- vité anti-infectieuse de ces plantes à huiles essentielles sur les germes les plus agressifs.

La Perse antique aussi était riche d'épices, qui provenaient de l'Inde. Le livre sacré de l'Avesta rapporte quelle était leur utili- sation en thérapeutique. Les plantes à essences jouaient un rôle purificatoire, étroitement lié à la magie. Hérodote rapporte que les jeunes vierges se purifiaient avec de la myrrhe. Ils possédaient une plante qu'ils considéraient comme une panacée: Yasafoe- tida. Ce sont les Perses qui transmirent aux Grecs leur connais- sance des anciennes civilisations orientales.

En Égypte, dès la plus haute antiquité, les textes parlent des plantes de vie. L'esprit qui se manifestait dans ces civilisations primordiales : un sens profond du sacré, la médecine était une magie où la symbolique trouvait quotidiennement sa place.

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C'est dans cette pratique traditionnelle que l'on retrouve les fondements de ce que l'on appelle actuellement la «psychoso- matique », car les médecins soignaient à la fois l'esprit et le corps.

Cette médecine s'efforçait de traiter l'homme dans sa globa- lité en essayant d'expliquer ou de mettre en évidence la commu- nion naturelle entre le cosmos et l'homme. C'est pourquoi la médecine antique était une vraie science, car sacrée. Le savoir antique des plantes montrait ainsi qu'il n'existe aucune sépara- tion entre l'univers dans son ensemble: les plantes, l'animal et l'homme.

Les connaissances que nous en avons nous viennent du papy- rus d'Ebers en Égypte, vers 1250 avant J.-C., et des récits d'Héro- dote, de Diodore de Sicile, de Théophraste, de Dioscoride, de Galien et de Pline.

Les Égyptiens utilisaient très couramment les plantes, et en particulier leurs huiles, en thérapeutique, en magie ou en liturgie. Ils possédaient effectivement une connaissance précise des tech- niques de préparation pour obtenir les parfums dont ils se ser- vaient dans leurs cérémonies religieuses. Ils connaissaient la dis- tillation pour extraire les essences de certaines plantes aromatiques, par exemple les essences de térébenthine, de cèdre et de cannelle.

Les préparations et les modes d'administration de cette époque ne différaient guère de ceux de la pharmacopée galénique que nous utilisons de nos jours dans nos prescriptions magistrales, qu'il s'agisse de tisanes, de potions, de pilules, de pommades, d'ovules, etc. Ils utilisaient même les clystères, dont l'origine légendaire est liée au fait que l'ibis, cet oiseau du Nil, s'admi- nistre lui-même des lavements avec le bec.

La religion était étroitement liée à la médecine, et les prêtres égyptiens faisaient brûler leur encens ou des plantes dans leurs temples : ils connaissaient les états d'âme que les odeurs peuvent déclencher chez ceux qui les respirent.

Ainsi, nous savons que la marjolaine était consacrée à Osiris, l'armoise à Isis et le marrube à Horus. Des compositions célèbres, comme le kyphi, renfermaient de très nombreuses plantes, à la fois pour les soins et les traitements. Les Égyptiens utilisaient en effet les plantes aussi bien en cosmétologie, et pour les soins du

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corps, qu'en thérapeutique. Leur savoir fut diffusé dans la Médi- terranée orientale par les marchands phéniciens. Leur connais- sance des propriétés bactéricides et antiseptiques des plantes est évidente pour qui se rappelle l'état de conservation de leurs momies (Ramsès II).

Ils avaient identifié déjà les propriétés thérapeutiques de l'ail et de l'oignon. L'ail, qui est un aliment-médicament: en Égypte, chaque matin, une gousse d'ail était distribuée aux ouvriers char- gés de construire les pyramides. L'oignon aussi, qu'ils vénéraient comme un véritable symbole religieux. Plantes sacrées avec l'ail : le poireau et le radis.

L'huile de camomille, consacrée au soleil, était considérée comme un remède des fièvres surtout d'origine bilieuse. Ils l'uti- lisaient aussi dans les affections des yeux. Indication tout à fait fondée quand on sait que cette plante renferme des azulènes à pro- priétés hautement anti-inflammatoires.

Ils se soignaient aussi avec la muscade, le safran, l'aneth, l'armoise, le basilic et la marjolaine, et bien d'autres encore.

Ce bref tour d'horizon sur la médecine égyptienne montre bien que les plantes, alors utilisées dans certaines indications précises, l'étaient à juste titre: les connaissances scientifiques actuelles nous le démontrent jour après jour.

Quant à la médecine grecque, elle nous apparaît comme l'héri- tière lointaine des civilisations orientales. De mythique qu'elle était au début, elle s'est modifiée pour, entre le Ve et le VIIF siècle, devenir beaucoup plus pragmatique avec, en particulier, la caste des Asclépiades qui dépouilla la médecine de ses attributs magiques ou religieux.

Les ouvrages qui nous rapportent leur pharmacopée sont nom- breux.

Dioscoride, en 146 avant J.-C., recense, dans son De Materia Medica, 500 plantes. Il conseillait le millepertuis pour provoquer la diurèse et déclencher les règles. Il recommandait le plantain et la grande camomille jaune pour les tumeurs de la gorge et des yeux, la bourrache contre les fièvres et les affections de la gorge et de la bouche; il lui reconnaissait un pouvoir euphorisant lorsqu'on en buvait les feuilles macérées dans du vin (nous n'avons rien inventé dans le domaine).

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Il conseillait la potentille dans le traitement des contusions des membres, dans les ulcères et les douleurs des doigts, et recom- mandait la renouée des oiseaux comme aphrodisiaque. Celle-ci était censée guérir les ophtalmies, et même les cataractes.

Il indiquait la sauge également, en tant qu'aphrodisiaque, et contre les ulcères, les démangeaisons génitales. Sa racine était employée dans les affections pulmonaires dues au refroidisse- ment, et en cas de vomissements de sang, etc. La jusquiame, poi- son violent, était utilisée pour calmer les douleurs, mais elle peut engendrer la démence. Le lierre était appliqué sur les ulcères des jambes.

Il recommandait le persil pour provoquer les règles (notre phar- macopée en contient un extrait, depuis longtemps classique, et jadis remboursé par la Sécurité sociale), la cannelle et le gin- gembre contre les épidémies. Il signale le poivre dans le traite- ment des maladies nerveuses et de l'épilepsie. Il prescrit le safran comme diurétique, et pour calmer la toux. Il indique le fenouil, pour ses propriétés diurétiques et galactogènes. La menthe qui, à Athènes, entrait dans la composition du breuvage sacré d'Eleu- sis était pour lui un aphrodisiaque auquel, en outre, il reconnais- sait de nombreuses autres vertus.

Homère rapporte dans l'Iliade et l'Odyssée l'usage très habi- tuel des parfums. Il chante le fameux Nepenthès qui faisait oublier tous les chagrins et de nombreux maux (probablement à base d'opium).

Aristophane parle des vertus fortifiantes de l'ail. Orphée recommandait aster trifolium comme une herbe propre à tout gué- rir.

Xanthus de Lydie célébrait en 500 avant J.-C. le concombre sauvage, qui passait pour ressusciter les morts.

Pythagore recommandait l'aneth et l'armoise. Aristote parle dans certains de ses récits des plantes magiques. Mais le tournant de la phytothérapie, dans la Grèce antique, fut

l'expédition d'Alexandre le Grand qui ramena des plantes exo- tiques de l'Asie (en particulier le poivre, la cannelle et le gin- gembre). Ces plantes aromatiques furent utilisées dans la théra- peutique des premiers médecins: les Asclépiades. Ainsi, le genévrier et le laurier contre les épidémies.

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Plutarque rapporte, dans sa Vie des hommes illustres, qu'Alexandre le Grand fit brûler 500 quintaux d'encens en l'hon- neur des dieux.

Vers 300 avant J.-C., Théophraste - qui cultivait dans son jar- din les principales plantes aromatiques - lui aussi connaissait les pratiques qui président aux récoltes des plantes, avec déjà la notion des propriétés différentes d'une plante selon la partie qui est récol- tée. Il semble avoir fait preuve d'une certaine connaissance de la physiologie végétale, en conseillant de récolter certaines racines la nuit, d'autres le jour, d'autres encore juste avant le lever ou le coucher du soleil. Les travaux modernes ont confirmé le bien- fondé de tous ces faits.

À signaler aussi, le Traité des odeurs du même Théophraste; à rapprocher de ce qu'écrivait Montaigne : «Les médecins pour- raient tirer des odeurs plus d'usages qu'ils ne font Depuis, mis à part les réactions et les souvenirs provoqués par les parfums, nous savons que les essences aromatiques dégagées dans l'atmo- sphère peuvent agir sur un asthme, une toux, un état nerveux. D'ailleurs, l'usage des plantes en fumigation semble remonter à Hippocrate, qui combattit la peste d'Athènes en faisant brûler des herbes dans les rues.

Théocrite (environ 300 avant J.-C.) parle des herbes magiques, du laurier, de l'hippomane (ou fruit de Bacchus) et du peuplier, la plante sacrée d'Hercule.

Hippocrate considérait la rue (ruta graveolens) comme diu- rétique et emménagogue. Cette plante fit partie des antidotes, notamment de celui d'Andromaque (rapporté par Pline). Dios- coride signale aussi qu'elle pouvait provoquer le flux menstruel chez la femme. À des doses dangereuses, on la considère toujours comme un abortif.

L'armoise (Artemis était la femme de Mausole), médicament déjà employé par Hippocrate, Dioscoride et Apulée : appliquée sur le ventre, ou bue en potion, elle stimule le flux menstruel et guérit certaines douleurs intestinales. Elle reste toujours une plante majeure dans les troubles des règles... et aussi dans le traitement de l'épilepsie.

Il est écrit dans l'Ecclésiaste que «le Très-Haut a fait produire à la terre des médicaments, et l'homme sage ne les dédaignera pas».

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C'est pendant leur longue captivité en Égypte que les Hébreux apprirent à utiliser les aromates et les parfums. Il suffit de se repor- ter à leur vie durant l'exode, avec Moïse, pour comprendre l'importance que les plantes pouvaient avoir chez eux. Leur uti- lisation était dictée par leurs conceptions religieuses, s'appuyant aussi sur des connaissances pratiques confirmées quotidienne- ment. Les épices, comme le rapporte Ezéchiel, leur étaient appor- tées par les Phéniciens. C'est ce qui permit sans doute à la reine de Saba d'offrir au roi Salomon de nombreux présents où les aro- mates occupaient une place privilégiée.

Ainsi, les Hébreux avaient une grande connaissance des légumes, des condiments, des herbes aromatiques. Ils disposaient déjà des épices. Ils faisaient entrer la cannelle dans la composi- tion de l'onguent des Saintes Onctions. L'hysope, leur herbe sacrée, servait à la préparation de l'eau lustrale.

Ils utilisaient la myrte, la myrrhe, le safran et aussi l'hysope, que Salomon conseillait avec le cèdre dans le traitement de la lèpre. Ils reconnaissaient à la menthe des propriétés stimulantes et apéritives, au basilic antispasmodiques, à la marjolaine anti- asthmatiques, à la cannelle apéritives et digestives, et utilisaient la graine de moutarde dans les cataplasmes. Ils se servaient du cumin pour faciliter la cicatrisation des enfants qui venaient d'être circoncis. Ils avaient également une herbe panacée : le samthar. Une fois de plus, les recherches modernes ont confirmé ces notions.

Les Romains sont les héritiers directs de la thérapeutique grecque, elle-même, rappelons-le, issue des connaissances égyp- tiennes.

Caton l'Ancien, au IIe siècle avant J.-C., mentionnait dans De Re Rustica 120 plantes médicinales qu'il cultivait dans son jardin.

Une figure se détache : celle du médecin grec Galien, qui s'ins- talla à Rome en 163 après J.-C. Son influence sera aussi impor- tante que celle d'Hippocrate, puisque son rayonnement s'étendra jusqu'à la Renaissance, de l'Orient à l'Occident.

Il eut recours à l'ensemble des connaissances antiques tradi- tionnelles, et sa pharmacopée prendra le nom de galénique. Elle comporte 473 produits différents d'origine végétale, sans comp- ter les drogues minérales.

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Il ne renonçait pas à certaines formules de polypharmacies tra- ditionnelles ou ésotériques : sa thériaque, qu'il administra à l'empereur Marc Aurèle et au philosophe Eudème, ne renfermait pas moins de 70 ingrédients.

La sauge, dont le nom vient du latin salvare, était l'herbe sacrée des Latins. On la croyait capable de guérir toutes sortes de mala- dies. Elle est, pour nous, l'une des plantes les plus précieuses, nombreuses preuves scientifiques à l'appui.

Dans son Histoire naturelle, Pline parle longuement des plantes. Il recommandait l'héliotrope, la sauge qui était efficace, selon lui, contre le venin des scorpions : « On peut se frotter avec de l'huile de sauge et on ne craint pas la morsure des sei-pents. » Il connaissait aussi la jusquiame comme poison violent, et la grande consoude comme vulnéraire. Il recommandait le lierre pour guérir les ulcères de jambes, le céleri pour ses vertus diuré- tiques, le fenouil dans les calculs de la vessie et comme aphrodi- siaque. Il connaissait la marjolaine, et citait la sarriette contre les morsures de serpents.

Les Romains connaissaient, en outre, les nombreuses proprié- tés du chou. Le romarin était considéré comme une panacée, l'hysope utilisée pour calmer la toux et l'asthme, le poivre et la cannelle comme aphrodisiaques, ainsi que les bulbes aromatiques (oignon, échalote, ciboule).

C'est à Byzance que fut transférée la capitale de l'Empire romain, après la chute de Rome. Ce fut l'époque d'une connais- sance accrue des plantes aromatiques et des épices. Les « phar- macologues » du Moyen Âge puisèrent leurs connaissances dans le Traité d'Oribase, médecin byzantin.

Les Byzantins utilisaient la noix muscade et son enveloppe, le macis ; le clou de girofle pour ses propriétés antiseptiques ; et des plantes apportées d'Asie centrale, comme l'armoise ou l'angé- lique.

Oribase conseillait, dans le traitement de la goutte ou de l'hydropisie, les bulbes d'ail, d'oignon, d'échalote, mais surtout du colchique (traitement de fond toujours majeur à notre époque de chimiothérapie de synthèse).

En Gaule, bien avant la conquête romaine, les druides exer- çaient la médecine. Ces hommes se nourrissaient de baies, de

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racines de plantes sauvages, de feuilles. Peu à peu, ils apprirent à cultiver les plantes. Ils accordaient à la sauge tous les pouvoirs et l'ajoutaient dans leur boisson : l'hydromel.

La verveine était utilisée par les bardes. Leurs médecins connaissaient bien les propriétés emménagogues de l'armoise et carminatives du carvi. Ils n'ignoraient pas grand-chose des connaissances médicales de l'époque.

Les Arabes jouèrent un rôle important. Ils firent connaître à l'Europe les denrées de la Chine et des Indes, et possédèrent long- temps le monopole des épices dont ils utilisaient de longue date les propriétés thérapeutiques. Ils inventèrent le sirop des cinq racines : diurétique et apéritif à base de fenouil, de persil, de petit houx, d'asperge et d'ache (toujours dans notre pharmacopée). Ils utilisèrent la pimprenelle dans le traitement des calculs des voies urinaires, le laurier dans celui des troubles nerveux. Ils recom- mandaient l'huile de poivre dans les rhumatismes, les calculs des reins et de la vessie, et se servaient du clou de girofle dans leur célèbre pommade anti-ophtalmique : le kohl, toujours en usage de nos jours. Avicenne, philosophe et médecin arabe de l'an 1000, est resté justement célèbre. La religion continuait à jouer un rôle important: Mahomet recommandait l'ail et l'oignon contre la peste.

La chute de l'Empire romain fut suivie, en Occident, d'une longue période où science, sorcellerie, magie se mêlèrent étroi- tement : le Moyen Âge. Mais les connaissances des propriétés des herbes furent conservées par les religieux qui, grâce à leur connaissance du latin et du grec, transmirent le savoir de l'Anti- quité.

Les Croisades multiplièrent les rapports avec l'Orient, et per- mirent d'apporter en Occident certaines plantes exotiques. Par l'entremise des croisés, le rayonnement de l'école arabe marqua profondément la médecine, et fit connaître l'usage de certaines essences.

Rabelais, Ambroise Paré, Montaigne, Henri III s'intéressè- rent de près aux plantes. Odon de Menny a composé 2 269 hexa- mètres sur les vertus de celles-ci (Macer Floridus).

L'abbesse Hildegarde recommanda de nombreuses plantes aromatiques dans ses deux ouvrages Physica et Causae et Curae.

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Mais le Moyen Âge, c'est aussi le triomphe de l'alchimie. L'alchimiste Albert le Grand, Raymond Lulle composaient des philtres d'amour avec les plantes aromatiques.

C'est l'époque de la théorie des signatures, qui établissait une analogie entre la forme, l'aspect de la plante, et les organes ou les maladies qu'ils évoquent. D'où l'usage des fruits de la sauge dans le traitement des bubons (ses fruits sont arrondis et ressemblent aux bubons), des noix dans les syndromes cérébraux...

Au XIIe siècle, selon la théorie des signatures, on utilisait le curcuma contre la jaunisse, conseillé aussi contre les calculs uri- naires sous forme de poudre : curcuma xanthorrhiza.

De même, la pulmonaire pour les maladies du poumon, ses feuilles possédant un réseau de nervures qui évoque les alvéoles pulmonaires. Le bambou, par sa rigidité et son allure articulée, qui évoque une colonne vertébrale, soigne les déformations du squelette. L'anémone hépatique, par la forme trilobée de ses feuilles, peut être un bon médicament du foie. Le latex blanc favo- rise la lactation. La ficaire, du fait de son aspect nodulaire, sem- blait bonne pour traiter les hémorroïdes. L'écorce de saule, dont les racines s'enfoncent profondément dans l'eau, devait soigner les maladies contractées lorsqu'on a froid aux pieds. Or, grâce aux travaux des chimistes, l'écorce de saule est devenue l'aspi- rine. Le colchique, en raison de la forme de son bulbe « était bon » pour la goutte, propriété toujours reconnue de nos jours.

Mais, le Moyen Âge fut surtout dominé par la célèbre École de Salerne, qui se trouvait située au carrefour des civilisations grecque et romaine, et dont la renommée grandit dès la fin du IXe siècle. Elle recommandait la sauge, disant: «Pourquoi l' homme mourrait-il quand la sauge pousse dans son jardin ? » ; des fumi- gations de myrrhe ou de girofle pour lutter contre la peste, la variole ou la lèpre; le cresson contre le scorbut; le millepertuis (herbe de la Saint-Jean ou chasse-diable), l'aneth, l'armoise, le céleri, le cerfeuil pour traiter le cancer, les dermatoses et les alo- pécies ; le fenouil, le genièvre et le laurier (deux plantes pana- cées) ; la marjolaine et les menthes pour leurs propriétés anti- spasmodiques. Le romarin (qui entrait dans la composition de l'eau de la reine de Hongrie), et le thym ou la sarriette qu'Albert le Grand, lui aussi, préconisait dans le traitement de la goutte.

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En ce temps, la grande pandémie syphilitique, qui ravagea l'Europe jusqu'au milieu de XVIe siècle, était traitée par l'hydrar- gyre (le mercure) et le bois de gaïac - le saint bois, ravi aux indi- gènes d'Amérique centrale. C'est l'époque des poètes de la Pléiade, de Marot, de Ronsard, de Rabelais et de Nostradamus, qui recommande le gingembre comme aphrodisiaque. On voit apparaître les eaux-de-vie, les liqueurs et de nombreux remèdes végétaux préparés par les religieux : eau de mélisse des carmes, par exemple, qui renferme : mélisse - citron - coriandre - angé- lique - girofle - noix muscade, entre autres.

C'est l'époque où les épiciers-apothicaires mirent au point la thériaque (véritable panacée, car elle contenait une grande variété d'épices). C'est aussi le baume de Fioravanti, médecin et alchi- miste italien, décédé en 1588. Fut également créé le vinaigre des 4 voleurs, à base de reine-des-prés, de marjolaine, de sauge, d'angélique, de romarin (dont la formule exacte n'a jamais été connue). C'est, en 1580, la création par Houël, à Paris, du jardin des simples qui devait devenir celui de la faculté de Pharmacie.

On raconte qu'en 1600 les Hollandais s'emparèrent d'une île où l'on cultivait le girofle. Ils détruisirent les girofliers et, par la suite, plusieurs épidémies ravagèrent l'île.

C'est aussi l'époque de médecins célèbres: Ambroise Paré qui recommandait l'ail et l'oignon dans le traitement de la peste.

L'Italien Matthiole découvre les propriétés du marron d'Inde et de la salsepareille.

Né à la fin du XVe siècle, Paracelse, combinant l'alchimie, l'occultisme, l'astrologie, eut des idées qui sont considérées comme très en avance sur son époque. Il établit les bases de la spagyrie, véritable biochimie avant la lettre, savoir qui renferme des vérités fondamentales.

Ainsi, la thérapeutique par les plantes continuait à se développer. Après les élans de la Renaissance, les XVIIe et XVIIIe siècles

furent deux siècles de «raison»: la constatation des faits et la réalité de l'expérimentation priment sur l'empirisme.

En France, création de la Compagnie des Indes qui continuait d'importer de nouvelles épices venues d'Amérique ou d'Afrique.

Apparaissent le baume du Commandeur, l'élixir de longue vie, les pilules de cynoglosse, le baume tranquille à base de lavande,

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de thym, de menthe, de romarin, de sauge, de millepertuis, de man- dragore; la célèbre eau de la reine de Hongrie qu'utilisait la mar- quise de Sévigné, et le sirop de Dessesartz, à base de serpolet.

Sous Louis XIV, Lemery, chimiste et médecin du roi, traite dans son Dictionnaire des drogues simples de toutes les plantes connues et utilisées en médecine.

Sous la Régence, le pharmacien Garrus vantait le clou de girofle, la myrrhe, la cannelle, la muscade et le safran qui ren- traient dans son fameux élixir.

Sydenham (l'Hippocrate de l'Angleterre), accablé par des crises de goutte, calmait ses douleurs en utilisant une liqueur opia- cée et safranée: le célèbre Laudanum, et conseillait l'emploi de l'écorce de quinquina contre les fièvres malariques. Il développa l'usage de l'opium, et Redi celui de la racine de Colombo.

Mais surtout, deux médications cardiologiques apparaissent: la scille, dont Dioscoride avait déjà signalé le pouvoir diurétique, et la feuille de digitale pourprée.

Le traitement de la goutte fut rénové par le colchique qui était déjà recommandé à Byzance.

On utilise aussi l'écorce du quinquina, dont l'usage était connu depuis des siècles par les Indiens, et l'ipécacuanha, dont on a extrait l'émétine par la suite.

C'est à cette période qu'en médecine on utilisa aussi les déri- vés métalliques : mercure, arsenic, antimoine, tartre stibié, fer, sulfate de cuivre, de zinc.

Enfin, le XVIIIe siècle fut le siècle des botanistes : Linné, Jus- sieu. Les tentatives de classification aboutirent, en 1735, au Sys- tème de la nature de Charles de Linné. Le raifort, ou radis noir, a été employé en fait à partir du XVIIIe siècle. Comme tous les crucifères, on l'a utilisé pour ses vertus diurétiques, excitantes, toniques et expectorantes.

Certes, depuis l'Antiquité, le chemin parcouru à cette époque est grand : la description, la classification des plantes se sont enri- chies, mais on ne sait toujours pas quelle est leur structure ni quels principes sont responsables de leur action. Ce sera l'œuvre du XIXe siècle, avec les progrès de la botanique, de la chimie, de la pharmacologie dont les découvertes s'approfondissent toujours plus.

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Le XIXe siècle fut, en effet, le grand tournant de l'ère scienti- fique. Des vieilles pharmacopées, les progrès de la chimie miné- rale, organique, biologique et de la pharmacologie permirent d'extraire des principes actifs: les alcaloïdes.

Opium: morphine (1806), codéine (1832), héroïne (1898), pantopon (1909). Noix vomique: strychnine (1818). Ipécacuanha: émétine (1820). Quinquina: quinine, Pelletier et Caventou (1820). Colchique: colchicine (1833). Belladone: atropine (1833). Caféier: caféine (1819). Semences de cacao : théobromine. Thé: théophylline (1888). Holarrhena: conessine, roquessine. Coca: cocaïne (1858). Fève de calabar: ésérine (1864). Écorce de grenadier: pelletierine (1878). Ergot de seigle: ergotine (1875), ergotamine (1918). Rauwolfia serpentina: réserpine (1952). Écorce de saule: saliciline (1825). Streptomyces griseus: streptomycine (1944). Pénicillium: pénicilline (1929).

Sans oublier: Extractions: éphédrine (1877) - yohimbine - spartéine ( 1885) - strophantine ( 1878) - ouabaïne ( 1888) - papavé- rine ( 1875) - acétylcholine ( 1906) - curarisants ( 1942).

Utilisation aussi de l' opothérapie conseillée déjà par Hippo- crate et Galien, et des métaux : fer, mercure, sels de bismuth (1921), arsenic, antimoine.

Isolement du thymol dans le thym, de l'eugénol dans le clou de girofle, etc.

Ainsi se trouvent confirmées par la science de nombreuses observations empiriques millénaires, par exemple : la pervenche,

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déjà utilisée en 1500 pour des troubles circulatoires ; le petit houx, dès le XVIIIe siècle pour les mêmes raisons, etc. Nous bornerons là, volontairement, notre propos.

Il nous suffira de rappeler que, selon une phrase de Léon Binet (ancien doyen de la faculté de médecine de Paris, membre de l'Institut) : «Les Anciens avaient raison », et que la plupart des recherches modernes l'attestent bien souvent jour après jour davantage (voir les travaux de tous les laboratoires, de toutes les facultés de médecine ou de pharmacie dans le monde).

Notre rôle, tant dans l'intérêt de ceux qui souffrent, «chose sacrée» selon Sénèque, qu'en parfait accord avec les notions scientifiques les plus actuelles, est d'apporter dans ce volume notre contribution à la lutte contre la maladie.

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2 LE TERRAIN

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Terme galvaudé s'il en est, qu'il serve d'élément publicitaire ou de fourre-tout derrière lequel cacher une ignorance profonde, le terrain s'impose à tous comme une réalité nécessaire, et son étude constitue la base même de la compréhension de l'homme, de ses maladies et de ses moyens de leur porter remède.

Le médecin a, de tout temps, éprouvé le besoin de distinguer le singulier du pluriel, le particulier de l'espèce, conscient que, si l'homme générique avait une expression univoque, la manifesta- tion d'espèce à travers l'individu ne pouvait se faire que par une spécificité propre à chacun. Bien sûr, les grandes lois physiolo- giques nous commandent tous, mais leurs expressions revêtent, au sein de chaque individualité, un caractère qui lui est personnel.

Nous sommes conscients que le terrain, qui est le milieu phy- siologique propre à chacun, doit être la préoccupation majeure de toute thérapeutique véritable. C'est la raison pour laquelle nous avons voulu approfondir là sa définition, sa structure, sa dyna- mique, préciser les tendances morbides auxquelles il prédispose, exposer les moyens d'action, offerts par la phyto-aromathérapie.

Aussi loin que l'on remonte dans l'histoire, la notion de spé- cificité est envisagée. Hippocrate décrivait des grands tempéra- ments. Reprenant la théorie pythagoricienne des humeurs, il en distinguait 4 principales (sang, pituite, bile jaune, atrabile) et affir- mait qu'elles tiennent sous leur dépendance l'ensemble des phé- nomènes vitaux : toute rupture dans leur équilibre, toute dyscra- sie engendre la maladie, l'issue de celle-ci dépend du tempérament - modalité de comportement individuel -, lequel évolue suivant les circonstances biologiques (âge, état de la «crase»). Les homéopathes ont, sur ces bases, modifié et développé toutes leurs recherches.

Bien qu'à la fin du XIX' siècle Pasteur l'ait posée comme fon- damentale, cette notion de terrain a été complètement abandonnée par la médecine officielle. En effet, la conception dite de l'étiolo- gie spécifique, qui est la conséquence de la mauvaise interprétation

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d'une partie de ses travaux - «à toute maladie correspond un germe ou un agent précis » -, fit perdre de vue les expérimenta- tions qu'il avait faites. Elles établissaient pourtant clairement que toute maladie infectieuse, quelle qu'elle soit, ne peut se dévelop- per que selon des conditions de réceptivité particulière propre à chaque individu. Par ses expériences sur les poules exposées à la maladie du charbon, Pasteur avait en effet démontré que le déve- loppement de toutes bactéries, germes ou virus (dans un orga- nisme) ne peut se faire que sur un terrain déficient, qu'il le soit de façon transitoire ou chronique.

Évidente dans le cadre de la maladie infectieuse, cette notion de la réceptivité spécifique de chacun peut et doit être étendue à l'ensemble de la pathologie, comme nous le montrerons dans les prochains volumes à paraître. Nous avons été amenés ainsi à reconsidérer le problème de la visée thérapeutique, et à découvrir que ses points d'impact devraient être totalement différents de ce qu'ils sont actuellement. Il ne fallait plus s'attaquer au symptôme, ni se substituer à l'organisme dans ses défenses, mais le soutenir et l'aider à se rétablir dans son intégralité. Il convenait donc de réintégrer au sein de la médecine l'homme, en tant que tel, sans pour cela rejeter tout l'acquis des connaissances actuelles et des progrès faits par la « médecine théoricienne ». C'est curieusement après que la notion de terrain eut été négligée que la phytothéra- pie fut abandonnée. Ne pouvant convenir aux exigences d'une thérapeutique vouée à la substitution, elle avait cédé la place à la «superpuissante» chimie. Pourtant, nous verrons plus loin qu'elle répond parfaitement aux impératifs d'une thérapeutique de terrain.

Une première remise en question s'est fait jour avec la multi- plication des effets iatrogènes des produits de synthèse. Et un pas en direction d'une thérapeutique moins symptomatique a été fran- chi avec l'avènement de l'immunologie.

La médecine officielle

Pour la médecine officielle, la notion de terrain semble ainsi se dessiner, mais de façon superficielle et sans avoir encore de cohé- rence. Elle confond morbidité et terrain. Car son enseignement

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mentionne une infinité de terrains, qui correspondent en fait aux modifications pathologiques survenant sur un terrain particulier qu'elle n'entrevoit pas.

Les grands groupes en sont : - les malformations congénitales ou acquises ; - les maladies congénitales ou héréditaires, déficit immunolo-

gique, enzymopathies, maladies de surcharge, etc. ; - certaines maladies acquises : elles supportent, le plus sou-

vent, l'idée officielle du terrain. Ce sont les grandes affections débilitantes: la tuberculose, le diabète, l'alcoolisme, les toxico- manies, le tabagisme, etc.

À part, nous mettrons toute la pathologie endocrinienne qui sert de base à notre notion de terrain, et que la médecine officielle ne prend en considération que lorsque cette pathologie se mani- feste au-delà d'un certain seuil et qu'elle entre dans le cadre d'une maladie quantitativement décrite. C'est-à-dire lorsqu'elle est arri- vée au stade de décompensation.

La médecine homéopathique

Pour la médecine homéopathique, la notion de terrain est pré- pondérante, mais elle représente l'image instantanée d'un orga- nisme qui, ayant subi de multiples agressions, se trouve dans un état de réactivité tel qu'apparaît toute la symptomatologie pré- sentée par le malade, et qui lui est propre.

Elle est à nos yeux incomplète, car elle ne représente que la modification d'adaptabilité, la mouvance du terrain et non pas le terrain lui-même.

Le mode thérapeutique qui en découle est d'amener l'orga- nisme à réagir contre ses propres symptômes. Il est basé sur la loi de similitude: utilisation de médicaments hautement dilués, qui provoquent à dose pondérale chez un sujet d'expérience une symptomatologie identique à celle du malade. Ce sont les symp- tômes induits qui réalisent la pathogénésie du médicament.

Ainsi, le remède homéopathique, rapportant à l'organisme l'information de symptômes dans lesquels il vit et auxquels il s'est habitué, comme nous le verrons plus loin, va tenter de réveiller

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ABCDE LA PHYTOTHÉRAPIE dans les maladies infectieuses Cet ouvrage offre un tour panoramique de l'utilisation des plantes médicinales en pathologie infectieuse. Face à l'une des plus grandes crises que connaît la médecine à l'heure actuelle, confrontée « aux maladies infectieuses qui posent aujourd'hui un problème majeur aux services de santé publique du monde entier» comme vient de le rappeler le docteur Hiroshi Nakajima, directeur général de l'Organisation mondiale de la santé (O.M.S.), il apporte la solution dans la majorité des cas rencontrés en médecine quotidienne. Pour réduire l'utilisation massive et abusive des antibiotiques, dont la valeur n'est pas ici remise en cause, mais dont l'usage inconsidéré amenuise chaque jour d'avantage l'efficacité, le lecteur trouvera la réponse aux questions qu'il se pose. Le public, de plus en plus sensibilisé à cet abus des antibiotiques, comprendra mieux, à la lecture du présent ouvrage, comment la phytothérapie scientifique occupe une place privilégiée dans les soins médicaux quotidiens des maladies infectieuses les plus courantes, sans faire pour autant de la plante une panacée universelle. Fruit de nombreuses années de recherche en phytothérapie clinique, il a fait l'objet d'une première publication en 1978, sous le titre : Une médecine nouvelle. Les moyens médicinaux proposés dans la présente édition ont fait l'objet d'une mise à jour et d'une réactualisation complète.

LES AUTEURS Le docteur Jean Valnet, né en 1920 et décédé en 1996, est considéré comme le père de la phytothérapie traditionnelle. Son approche strictement symptomatique de l'usage des plantes médicinales est basée sur les données empiriques de la tradition, qu'il connaissait fort bien, et fait référence à des observations pharmacognosiques plus modernes. Il a participé à la sensibilisation d'un vaste public à un mode de vie plus naturel. Son expérience des soins donnés aux blessés, lorsqu'il dirigeait une antenne chirurgicale en Indochine, l'avait amené à bien saisir l'enjeu que représentaient les plantes médicinales dans la lutte contre les infections. Il est et restera le médecin qui a réellement introduit les huiles essentielles en pratique anti-infectieuse quotidienne. Les docteurs Christian Duraffourd et Jean-Claude Lapraz consacrent depuis plus de vingt-cinq ans l'ensemble de leurs actions et de leurs travaux à l'intégration des données évolutives de la science médicale dans un concept endocrinien d'une médecine véritablement de terrain, et à l'usage clinique des plantes médicinales dans une application stricte de cette approche originale. Ils ont mis en place en France et à l'étranger, dans des sociétés savantes comme en université, des structures d'enseignement pour former les médecins et les pharmaciens à la phytothérapie clinique.

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