à l'abri craint des vains conforts (poèmes vécus)

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II À L'ABRI CRAINT DES VAINS CONFORTS (POÈMES VÉCUS)

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II

À L'ABRI CRAINT DES VAINS CONFORTS

(POÈMES VÉCUS)

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à Bioux Amis

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BALADE AVEC ÉCOUTEURS

J'ai déserté les eaux je crois je suis

loin rien peut-être encore

un Homme

Sur un rythme enfin. Un air de miel longe

sons

seul

et s'arrête aux stops

j'ai la rue aveugle

le mouvement lourd

la soif de sauts.

J'ai déserté les eaux je crois je suis

tes yeux

mon savoir

et la mémoire arrangée.

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TROMPE-L'OREILLE

Miettes de blues au bout des poils. Vibre vibre voix embaumée grise ; bat bat bat

éclair. Se pose mais grandit encore, ça porte même son poids. Ça avale à vide à coups

secs ; crispe avale pose et bat, jette se jette. Suicide. Un écho précis.

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QUAND PARIS EST PARIS

(LAURA)

il est vrai que nues, peaux

souillées fondues en l'autre

il est vrai qu'ainsi, au

matin flou à l'éveil

mon Paris, bleu, se vautre

près de nos pieds vermeilles

c'est suivant l'étreinte

que Paris est, Paris,

nos corps encore suintent

l'eau de l'effort en feu

elle, y fait naître ici

un bout de tabac bleu

et moi sans cœur, opium

des malheurs, je torse

son corps nu que le rhum

contrôle dans l'ombre folle ;

six étages à bout d'force

et nos cœurs loin du sol

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À L'AUBE

J'ai retrouvé le goût à l'aube

La vitre au bleu grisé d'un soleil rentre

La drogue, l'idée des mains sinistres

Racolées par des pubs et des microbes

Cependant que la paume,

J'ai, cru, retrouvé le goût à l'aube.

Des militaires encore chauffaient leurs âmes

Aux gants des dames, nouvelles, d'hier, suffises

Les connus bavaient du menton

Internet interrogeait la lecture

Des tontons en cercles empêchaient la traîtrise

Ou bien l'empire prisait la culture

Et possédait, - encore à l'aube au goût retrouvé -

Un peu de chaque bras du résistant sensible aux agrumes.

J'ai retrouvé le goût à l'aube

La vitre au bleu grisé d'un soleil rentre

La drogue, l'idée des mains sinistres

Racolées par des pubs et des microbes

Cependant que la paume,

J'ai, cru, retrouvé le goût à l'aube.

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MATINS EN PLUIES

, elle sentait comme les couleurs, quand elle demandait pourquoi d'un regard, bleu

comme ses seins, elle est ce dessin de mes préambules, puis se penchait si cruelle ;

c'est qu'elle avait le sublime des photos et du bruit, les yeux baissés les rides graves,

et de l'espace, et des sens, puisque toute, toute femme n'est qu'au présent, Faustine

est morte au bagne,

et qu'on ne distingue les temps, 

entrons dans l'antre

du roi de la montagne.

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ON ACHÈVE PAS LA LUNE

Dans le vécu de quelques instants où quelqu'un frappe sans savoir quelle porte se

tient quelle porte se tord nous ne sommes que l'autre et chacun pour soi et chacun

comme soi et comme toi et toi tu oublies parce que tu n'as jamais su puisque tes

doigts certes doux glissent partout où ils jouissent. C'est comme un réverbère dans

l'imaginaire c'est proche du vrai mais ce lyrisme de la lumière fondante en la neige

exotique pour un ailleurs n'est que rime d'esprit perdu mendiant lassé de se contenter

de marcher quand il peut sait-il crever sous une pluie violette. J'ai perdu une nuit

d'août trop froide pour être vraie toute capacité d'expression correcte parce que

correcte n'est pas fidèle n'est pas soi et par soi entendons toi. Comprenons que ça fait

mal de penser sans musique quand l'attente d'un carrefour se fait tremblant de trop de

peu c'est qu'il faut apprendre à aimer sa condition non plus humaine mais cannibale.

Ici c'est comme un coup la violence c'est irréfléchi et sincère alors seulement peut-

être peut-on s'atteindre moi et donc toi. Expérimenter n'existe pas tout est et

seulement la fatigue de mes épaules et le sang de mon mépris naissent que des

évidences accomplis qui ne restent pas comme si nous ne pouvions retenir que

l'Histoire et ses faits alors que tout est d'ici ce lieu sans pieds. La voilà la Vérité du

fantôme parce que n'est pas cocu qui veut.

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PARIS AUTOMNE SOLEIL

Docile et moyen je compte. Des pièces au large, ma poche allume en sons métaux

l'espoir. Des clés. Mais la télé stagne encore et parle de moi entre images en veille. Je

suis là entre deux murs à hurler de murmures et m'étouffe las. Chacun sait je crois.

Sur un banc au milieu de rien ou rien n'est rien se meut autour je n'ai qu'à chanter :

rare horizon plaisir

Paris automne soleil

et des yeux lèvres

à morte orange

Paris automne soleil

ça s'enlise et

lumière abonde

blanche

et chrome en fuite

Paris automne soleil

un film en moins

Il ne pleut pas et aucun nuage ne menace d'ici peu.

Le vent flotte.

C'est rare.

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CHANSON BLEUE

À son réveil -

Elle a les yeux, sûr, bleus, la nuque, bleue, l'écharpe, bleue le mutisme bleu la nuque,

bleue l'espoir en veille.

Elle à la ligne embrassée comme un poème et la distance d'une pythie.

Elle a le bleu au feu des autres,

Le bruit d'après le cri.

À son réveil - en amas bleu son bleu surgit dans les bois d'alarmes, du feu des autres.

À l'idée elle a le bleu vide et le profit des raisons écho sur les parois bleues le folk

électrique des cordes en corps ferraille bleue, vide et sans profit.

Elle a l'art inconnu sous la pudeur et son bleu.

Elle a le bleu dés son réveil qui la vide des rêves de feu des autres alarmés.

Elle a le bleu la cible,

Et s'envole au bleu des feux sur son vélib'.

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VILLES

(CHANSON)

la Ville,

dévisageait si terne

la nuit

qu'elle,

préférait vendre son âme

qu'un effort blâme

Ville,

gisait ses citernes

Ville,

au soir en sueur

l'avide au coeur

si rare quand se meurt,

vit le

vide comme l'art

Ville,

d'aube en fleur

Ville,

comme un navire

et elle

d'un cuir à lueur mauve

et des yeux

toujours à l'aube

Page 12: à l'abri craint des vains conforts (poèmes vécus)

Ville,

sommant de partir

Ville,

en héroïne

des hanches en rimes

soclent,

des reins en scène,

où cent villes

s'échinent

sous des lèvres hostiles.

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CONSEILS D'UN MIROIR

D'la belle, marge ! au sens, courbe ! comme tu voudras

Tu t'assieds, tu t'admets, elles-est-seule-note-sans-arrêt, tu parcours, en marche ou

non, tu parcours, elles est plus belle qu'elles, elles, t'admets, tu craches, tu gueules, tu

dégueules, tu cours, t'Aristote, biologie, tu t'assieds, tu t'admets, elles s'émèche loin

de là, tu tends, tu prends, tu rends. T'admets, tu t'admets, elles, mais toi.

T'admets, elles est simple, t'essaies, complexifier, elles est trop simple, c'n'est pas

elle. T'admets, 'parait qu'on a tous une histoire, t'admets, tu laisses aux autres,

t'admets, n't'interesses qu'elle.

Elles, ont la senteur de la nuit avant

Que soit sang ces murs de soleil froid,

Et qu'en bas les reins d'un trottoir plaignent.

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LES DIEUX TE DÉSERTENT

"La ville te suivra"

Constantin Cavafy

Quand ces quelques cieux de trop frôlent tes toits ouverts aux averses enivrantes, une

essence en ta mer creuse l'écho.

Tu auras froid, et le sang divers.

Tu auras le goût de sève et l'acide de tes reins léchés.

Et moi, qu'un, ne me crains pas plus.

La sueur s'essuiera en un feu de soie et toi, tu salueras.

Comme Paris que tu perds.

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ΗΛΙΑΝΑ (ILIÀNA)

Loin d'Iliána - et au plus près de ses merveilles -

Les cafés sombrent et là des larmes pendent et se boivent

Un roi par jour s'en va

Et laisse creux les toits

Qui se lassent

Grands ouverts les toits se pendent et là des larmes

Tournent les armes d'Iliána les abattent.

Près d'Iliána - et au sommet de son sommeil -

Les cafés sobres et les nues larmes vendent et se savent

Un roi par jour s'en bat

Et laisse feu les toits

Qui s'amassent

Bien fermés les toits se vendent et là des larmes

Mortes les armes d'Iliána responsables.

Mais Iliàna - sans son confort n'est que vermeil -

Assoiffée d'Ogres là où ses larmes rendent les armes

Ses rois si sourds s'emparent

Loin des masses

Aux yeux clos sans toits qui rendent le poids des larmes

Moins lourdes. Une arme. Iliána trépasse.

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9M² DE PLUIES IMMOBILES

ami si tu viens

chez moi ne souris pas

j'habite en la brume

9m² de pluies immobiles

je connais beaucoup

je n'ai que quelques

personnes qui eux

en ont beaucoup

je casse

ici on ne meurt pas

on ne survit pas

on ne vit pas

ici on plane

mais pas très haut l'ami

de quoi faire

de quoi faire quoi ?

de quoi y répondre

déjà

pas de romantique

la liberté au crayon

les chiens au lit

les rires aux souvenirs

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ami si tu viens

chez moi ne souris pas

j'habite en la brume

9m² de pluies immobiles

je re-nais beaucoup

sans trop mourir

en sachant trop

la fausse vérité

que l'esprit

impose à raison

pas de ville sans nom

plus de route que

de rue bondée

par ces autres

trop pareil pour l'estime

mais sache

ami si tu viens

chez moi ne souris pas

j'habite en la brume

9m² de pluies immobiles

pas de sexe sans cause

pas de faux sans raison

plus que du sang dans mes cafés

mes suicides passagers

ma clope sage de son

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siège au grand âge

ho l'ami pas d'ami

sans être soi et d'autres

dieu sans partage

couleur sans chrome

des miettes à croquer

pendent sur les lumières

humides de la ville

en deuil de nom

ami si tu viens

chez moi ne souris pas

j'habite en la brume

9m² de pluies immobiles

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AU REX

(BLUES EXPLOSION SUR FOND NOIR)

Vert, d'un fluo et rouge, et vert et rien, et rouge. Des basses aux ventres la sueur

maîtrise le corps, et le tien peu loin ma trans'. Chute des doigts sur ta hanche, bonjour.

Vert, d'un fluo, tes yeux et Dante torture l'espoir d'une fin. Langue au bas fait la

rencontre, bonsoir. La drogue et la peur. Je saute comme pour battre le sol ailleurs qui

résonne qui résonne et l'ombre crypte. Un peu de ton sang sous mon ongle, l'angle

clame la guerre, lutte-moi avant qu'explosion et ta mort sera lente d'ici à ta mort si

mon souvenir t'effleure. Les cieux qu'on oublie pas. Un parfait beatet la musique. La

passion du rythme, corps de là en là et loin et là. Le DJ sous sa furie digne des larmes

d'un adieu, je le sais, parle blues sous ses platines et c'est du jazz qu'il hurle au-delà

des paupières. Elle est belle ta feinte en jambe entre les miennes qu'ouvre ta peau à la

mienne. Elle est belle.

D'un lieu sale ou non nos foutreries auront le goût d'un joint de trop qu'on acclame.

Parce que c'est bien de foutreries qu'il s'agit que tu sois belle ou non, et tu l'es.

Vert, d'un fluo la boîte, et rien.

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L'ONANISTE

elle danse avec la beauté d'un secret révélé

elle fait rimer mes meubles, elle danse là, éméchée

dans mon espace intime, dans ma risible débacle,

elle a en elle l'orgue du divin, la corde d'un génie

elle danse en typhon et pourtant, ses yeux

c'est bien vers moi que toujours ils se retrouvent

et moi de face, de dos ou d'ailleurs, mes yeux roulent,

c'est bien vers elle que toujours ils se retrouvent

dans mon espace intime, dans ma risible débacle,

elle a en elle l'orgue du divin, la corde d'un génie

elle monte au plafond, nue, de plus en plus feu,

nue comme un ensemble à garder pour soi

rien en ce corps ne pleure le temps

nue comme elle l'est, mon oeil droit coule

dans mon espace intime, dans ma risible débacle,

elle a en elle l'orgue du divin, la corde d'un génie

et tout devient plus, plus d'elle, et moi ému

plus le temps passe, plus elle est nue,

plus elle danse, plus elle excite,

Page 21: à l'abri craint des vains conforts (poèmes vécus)

plus je la pense, plus elle existe

dans mon espace intime, dans ma risible débacle,

elle a en elle l'orgue du divin, la corde d'un génie

"Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer." - V.

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CE QUI RESTE

ne reste,

au désir seul les bars,

les comptoirs,

d'un orange, brun de miel que tes lèvres imittent,

et cieux en bois craquent, face

aux épaules, ta nudité,

Eros arbore et toi tu

danses au miel comme tes cieux en lèvres nues,

une épaule et un reflet

ne reste,

au désir seul l'épaule,

l'incurable et l'alcool

au miel en bois

tes lèvres craquent

et l'épaule

chuchote aux cieux

ou s'émèche en Dieux.

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D'UN CONFORT L'AUTRE

D'une vue dénudée d'essence

tu t'affoles.

Tu sens sales et vraies les liasses saines d'âme-en-peine.

Tu sais suer seul.

En questions briques et drogues gueulent et seul

tu t'affoles.

Tu peux chanter pries l'oreille d'âme-en-peine.

Et répètes en rond souffles au sexe ou baises en souffre rien

ne t'affoles.

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L'ŒUVRE

Au coin d'un nu,

Sur la peau d'ombre

J'ai vu un jour

Une nuit qui ne fut.

Ils me croient sur la route sans vent

Je n'en suis pas bien loin

En attendant

Débordent les douleurs

Anciennes pluies

Je te salue mon père

Qui que tu sois

J'ai en moi l'absence de sang

Je me calme seul

J'abreuve à l'oeil

Moi

Sur la route en avant

Le dos brisé

Encore

Déjà mort

Illuminé en histoire

En sommeil

En ivresse

J'ai vu le vrai, au loin,

Demander mon aide

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D'un geste de main

Que les roses envolées n'atteignent

Alors droit

Je me suis levé

J'ai craquer ce dos

Troué d'usure

J'ai comblé les fissures

Et oublié

Le corps

Santé

Amour

Morale

Autrui

J'ai oublié et fais fuir

La peau des vies

Je suis là

Mots

Au service recherché

D'un vrai croisée

Au coin d'un nu.

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D'UN CORSAIRE L'AUTRE

En biais et contre-vers j'entends l'amour s'agglutiner, Jade inclusive éponge en souffle

amorphe. Jade au sacré commode s'en mord le meuble et gonfle raide de sa langue

irisée à l'écorce azur qu'acère l'émail.

Quelque chose comme la gloire anonyme - un soupçon salé d'orgueil humide, ou bien

jaune.

Jade incarcère plus d'un marin.

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ÊTRE EST CE DÉSASTRE

Qu'enlace un doute, l'utile et la pluie. En Alice et à foison, un serment, ce bleu

marine, se courbe à l'orange. La nuit. Chacun son royaume, chacun son sang. C'est

qu'on en crève de ces couleurs, la mauvaise, un hasard et l'étreinte, la mort au sein.

On se cure et tout se hurle, et tout est entre quelques soi où la nuit sans lune. Et d'un

doigt terne toucher paupière qui se gèle de cloisonner la toile. Comme ce vin que le

jazz transpire. Être est ce désastre que la musique et l'ivresse subliment en larmes.

L'écho des nerfs que l'échec crache sur ces corps sans visage.

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LE CRI D'EDVARD MUNCH

JE SUIS TA HONTE QUE TU FUIS L'UN D'AMOURS CONTIGENTS BROCHE

EN AIGUILLE TRANSPERCE TES SENS DE VOLUTES JE SUIS TON OMBRE

DE GORGE A SUCER VENIN DE FOUTRE A CRACHER JE SUIS TON CORPS

SANS VIE je n'suis rien TANT QU'AUTRE EST MAL QU'ARBORE GRILLANT

BRULANT LE NERF DE VERRE D'ÂME HURLANTE AU STRIDANT FLUO ;

CREVONS !

...mais ensemble.

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PHOTO RETROUVÉE

La cendre aux lèvres dans des lits que l’amour suinte elle, blonde comme l’étreinte,

swing d’une voix sans teinte qui, paupières au sol, donne l’idée même de l’espace. A

chanter sous les pluies d’iris de qui s’y perd, ses hanches sont un violon au son de

laine, celui des pulls que ses seins frôlent les nuits froides aux averses blanches. Jack

White seul pourrait, de ces bruits rouges au génie nouveau, composer ses pas perdus

sous les pleurs nocturnes de quelques réverbères pas moins jaunes que parisiens.

N’existe pas tant que je vis, une photo n’est qu’impasse.

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JADE VUE DU JARDIN

Recherchant l'heure de gloire.

Au jardin amer Jade. Un meurtre en moins au décompte. Jade immole sa famille sur

la piste, un frelon vif et sûr. Les hanches en baudruches elle a gagné la course et le

choix. Jade est plus verte qu'un néon, plus fade aussi des hauts des marches. Jade la

riche a l'or du monde sur les épaules et du bon vin mauve à la pointe de la mode et de

ses seins barbarisés par l'horreur du monde. Les langues pleuvent sous la communion

de sa souplesse. Jade a voyagé sans jamais voir un jardin rouillé de tables blanches,

ces volets de bois à couleur bois au dedans des herbes libres. Hé, Jade chiale sur des

peaux, c'est son sarcasme. Elle n'aime que l'été et l'Hiver de Vivaldi.

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LETTRE D'OÙ RIEN N'IMPORTE

D'ici, d'où rien n'importe, j'affine aux vents des formes de crayons par milliers. La

distance m'a fait peintre, feindre tes traits pour résister. Le temps d'une chanson et

puis ça meurt, et puis ma parisieneté me reprend au corps à corps contre tes rimes

celles qu'on s'était données.

Comment aurais-je pu te tromper, toi qui jamais n'a jamais aimé qu'en révolte envers

toi ? Mes doigts te regrettent à chaque imitation, des lignes grasses ou pleine de

paresse, à des lieux et des temps du talent de ton Dieu. C'est que ton nez, déjà, fait du

fantôme d'Ingres un fou furieux rien qu'à penser tes seins. Et ce que tu en sais, de ta

beauté, (entendons la cette beauté, classique avant-garde sans chronique, le fond de

Proust, la fin par implosion, du dedans de la source) n'importe que peu à ta douleur,

ailleurs, laquelle ne m'a laissé te voir heureuse. Outre le temps d'une ombre, dans ton

lit ton dos collé à moi et moi, certain de toi, ma main pieuse modelée sur ton sein

frais. Et d'ici encore j'affine tes formes en dessins pour nos tombes.

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ÂCRE

Peut-être y ai-je cru.

C'est qu'il neige à Paris et qu'à sublimer un rêve l'espoir perd et s'âcre en odeur et

prise sans couleur ma ville hurle son sort, le notre, happé en métros qui crèvent.

Merde !

C'est qu'arpenter n'a de sens qu'aveugle.

Boire pour un saut et sans soi puis douter des nuits perdues en ces connes,

qu'importe, c'est le corps qui règne, mais douter pour elle celle dont saignent mes

ailleurs et mes pertes.

Athée suis-je alors pourquoi.

Cette autre encore, encore, en corps sans âme, comme moi, comme moi.

Paumé à mon aise, le froid et la clope, des rues et des autres, l'imaginaire à sa place,

loin de toi pour qu'enfin je puisse, pour qu'enfin je chute c'est l'image, et ton lit, c'est

l'image ton visage, en pénombre, la tienne, en sourire et je sais, suis amant,

l'effrayante, la vérité, comme toi.

Si je t'aimais je dirais.

Athée suis-je alors pourquoi.

Peut-être y ai-je cru.

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L'HALLUCINÉ

Faustine,

sans or, se lève. Mèche au matin elle y mêle son café blond, les yeux verts même

clos. Et moi, que j'sois là ou non, c'qui compte c'est d'la voir. Alors, idem, elle se

colle et s'installe entre ma peau et, non la mienne ni la sienne, c'est le néant comblé

de l'espace qui ne nous sépare plus que, ensemble j'imagine, nous trouvons doux et

aisé. Et moi, que j'sois là ou non, c'qui compte c'est d'la sentir. Je croque son sein

léger et elle, croit au destin, je sais. Que j'sois là ou non ce n'est pas le destin, c'est

un rêve argenté, un don que m'offre ma pensée. Faustine, réelle mais ailleurs et

socle d'un imaginaire halluciné, comme Dieu, pour oublier. Penser Faustine c'est

oublier les orbites à la chaîne qui me pousse, ces autres matins, à courir au lieu de

luire à feu. Mon Cinéma, et mes Prières ! J'ai vu Dieu quelques fois, lissé en soie

d'ici et là, bas, Faustine a su, elle seule, m'ouvrir ses bras, de dos, la nuque à l'air,

hallucinante.

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