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| Ligue 1 MARDI 5 MAI 2009 vers. Quand on voit que certains sont allés pirater des infos sur les ordina- teurs de la Fédération pour anticiper leurs notes et leurs classements, on perçoit mieux ce problème. Pour être respecté, il faut être respectable ! Quiniou : Il y a effecti- vement un vrai pro- blème de crédibilité. Il vient principalement de la mutation de l’arbi- trage vers le profes- sionnalisme. L’arbitre évolue maintenant au cœur d’un business qui crée des difficultés sup- plémentaires. Compte tenu des enjeux, il a en tête de conserver son statut en L ou celui d’international. Tout cela lui a infligé une grosse pression. Les arbi- tres ont tellement peur d’être rétro- gradés pour un centième de point qu’ils veulent gérer leurs performances et leur plan de carrière par rapport à ceux des copains. Pour moi, le système actuel de notation n’a plus lieu d’être. Il est normal que l’arbitre soit contrôlé, mais son avenir ne doit pas dépendre d’un centième de point. Les notes doi- vent seulement être des indicateurs. Avec ce procédé, on a créé des arbitres aigris. La DNA doit réfléchir à un sys- tème plus équitable et loyal. Pourquoi ne pas imaginer, en fin de saison, une commission d’évaluation qui réunirait des sages et qui jugerait les arbitres dans leur globalité ? Il serait donc temps de réformer le système, voire également la DNA… Vautrot : Je trouve surtout qu’on a mal ensemencé le terrain. Par exemple, en , on a jeté Marc Batta (l’actuel directeur national de l’arbitrage) dans la fosse aux lions. Marc, un homme que je soutiens et que j’estime, n’était pas prêt à affronter seul, sans préparation, tous ces problèmes et toutes ces mutations. Il est arrivé au milieu d’un tas d’affaires, de gens qui s’entre-déchiraient dans une ambiance délétère. D’emblée, il a dû subir un tas de pres- sions, dont celles d’un “clan” qui pensait plus à son intérêt personnel et au pouvoir qu’à l’in- térêt général. Idéalement, l’arbitrage devrait être indépendant, organisé comme un prestataire de services pour la Ligue professionnelle. Aujourd’hui, plus personne ne s’y retrouve en France ! Entre les appels de ceci et de cela, la commission d’éthique, la com- mission de discipline, celle de vision- nage, la task force ou la commission “machin”, comment voulez-vous que des types puissent arbitrer sereine- ment ? On a la désagréable impression qu’un match peut être ré-arbitré après. Et qui dirige vraiment l’arbitrage, au fait ? Il faut arrêter de dire que les arbi- tres se dirigent entre eux. Qui est le président du CSA (Conseil supérieur de l’arbitrage) ? Ce n’est pas un arbitre (NDLR : Jean-Louis Piette, l’ancien directeur général du Matra Racing), pas plus que ses membres, à l’excep- tion d’un seul. Je ne fais pas de procès, c’est un constat. Quiniou : Je trouve que la DNA est trop absente du débat. Elle ne pèse pas assez. Pourtant, elle devrait avoir les moyens de ses ambitions avec un budget de millions d’euros. Elle a des objectifs à atteindre et des comptes à rendre. Dommage que ce soit la task force qui ait servi de force de propositions. Je pense aussi que les arbitres et ceux qui les dirigent sont trop calfeutrés dans leur univers et ne s’ouvrent pas suffisamment pour prê- cher la bonne parole, notamment en période de crise. Vautrot : On gagnerait à simplifier l’organisation du corps arbitral, mais aussi les sanctions et la discipline pour les joueurs. Par exemple, quand l’UEFA tranche, elle ne s’en tient qu’à un avis et à une commission. En France, il y a trop de mauvaises ondes et nous sommes la risée de l’étranger. Pas sur la qualité de notre arbitrage, mais sur tout ce qui l’entoure depuis quelques années, avec des affaires qui n’honorent ni leurs auteurs ni ceux qui les ont défendus ou couverts. Est-ce pour ces raisons que la France n’a plus d’emblème interna- tional et qu’aucun arbitre principal n’a représenté notre pays à l’Euro 2008 ? Quiniou : On n’a plus de locomotive pour tirer l’arbitrage tricolore vers le haut. Il n’y a pas de leader. On paie ce déficit. En Italie, des arbitres ont pris la relève d’anciens comme Collina. Idem en Allemagne, en Angleterre. Depuis les huitièmes de finale de la Ligue des champions, l’Espagne et l’Allemagne ont bénéficié de quatre désignations chacune, la France d’une seule ! Stéphane Lannoy, seul candi- dat potentiel à la prochaine Coupe du monde, c’est trop peu pour la France… Après l’Euro , on ne peut pas encore être absent en . Mais à ce niveau, on souffre également de l’ab- sence de lobbying dans les instances internationales. Notre pays n’a plus d’influence. Vautrot : Mais je suis surpris qu’on soit… surpris ! Depuis cinq ans, avec tout ce qui s’est passé chez nous, on a sacrifié une génération d’hommes de valeur comme Bertrand Layec ou Laurent Duhamel, sans parler d’Eric Poulat qui a eu le mérite, à une époque, de sauver les apparences au niveau international. La crédibilité de notre arbitrage en a pris un sacré coup à cause de sombres histoires. Mais on n’a pas su ou plutôt voulu faire le ménage pour des raisons qui m’échappent encore. J’ai envie de dire à ceux qui critiquent les arbitres qu’ils ont l’arbitrage qu’ils méritent ! « LES ARBITRES ASSISTANTS ont conservé la mentalité de juges de touche », regrette Joël Quiniou. L’ÉVOLUTION DE L’ARBITRAGE, LE RÔLE DES ASSISTANTS, LA VIDÉO F aut-il maintenir la limite d’âge à 45 ans pour les arbitres ? Vautrot : Si ce sont toujours les anciens qui font les grands matches, les jeunes ne se feront jamais les dents et ce sera une catastrophe quand ils arriveront. Une carrière d’arbitre, ça se gère. On m’avait repro- ché d’avoir “voulu met- tre les anciens dehors”. Mais quand vous avez des responsabilités, il faut gérer le présent et, surtout, le futur. Quiniou : C’est quand même aux jeunes de montrer qu’ils ont la compé- tence et qu’ils sont aussi bons, voire meilleurs que les anciens. J’estime que ce problème d’âge devrait être occulté. A ans, Collina aurait pu encore arbitrer deux ou trois ans à partir du moment où il satisfai- sait aux tests physiques. Il ne faut pas se priver d’arbitres compétents en s’en tenant à un règlement qui n’a plus lieu d’être. « IL EST NORMAL QUE L’ARBITRE SOIT CONTRÔLÉ, MAIS SON AVENIR NE DOIT PAS DÉPENDRE D’UN CENTIÈME DE POINT. » JOËL QUINIOU >>> PHILIIPPE MONTIGNY « LA CRÉDIBILITÉ DE NOTRE ARBITRAGE EN A PRIS UN SACRÉ COUP À CAUSE DE SOMBRES HISTOIRES... » MICHEL VAUTROT

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    vers. Quand on voit que certains sontallés pirater des infos sur les ordina-teurs de la Fédération pour anticiperleurs notes et leurs classements, onperçoit mieux ce problème. Pour êtrerespecté, il faut êtrerespectable !Quiniou : Il y a effecti-vement un vrai pro-blème de crédibilité. Ilvient principalement dela mutation de l’arbi-trage vers le profes-sionnalisme. L’arbitreévolue maintenant aucœur d’un business quicrée des difficultés sup-plémentaires. Comptetenu des enjeux, il a entête de conserver son statut en L1 oucelui d’international. Tout cela lui ainfligé une grosse pression. Les arbi-tres ont tellement peur d’être rétro-gradés pour un centième de pointqu’ils veulent gérer leurs performanceset leur plan de carrière par rapport àceux des copains. Pour moi, le systèmeactuel de notation n’a plus lieu d’être. Ilest normal que l’arbitre soit contrôlé,mais son avenir ne doit pas dépendred’un centième de point. Les notes doi-vent seulement être des indicateurs.Avec ce procédé, on a créé des arbitresaigris. La DNA doit réfléchir à un sys-tème plus équitable et loyal. Pourquoine pas imaginer, en fin de saison, unecommission d’évaluation qui réuniraitdes sages et qui jugerait les arbitresdans leur globalité ?Il serait donc temps de réformer lesystème, voire également la DNA…Vautrot : Je trouve surtout qu’on a mal

    ensemencé le terrain. Par exemple, en2004, on a jeté Marc Batta (l’actueldirecteur national de l’arbitrage) dansla fosse aux lions.Marc, un homme queje soutiens et que j’estime, n’était pas

    prêt à affronter seul,sans préparation, tousces problèmes et toutesces mutations. Il estarrivé au milieu d’untas d’affaires, de gensqui s’entre-déchiraientdans une ambiancedélétère. D’emblée, il adû subir un tas de pres-sions, dont celles d’un“clan” qui pensait plusà son intérêt personnelet au pouvoir qu’à l’in-

    térêt général. Idéalement, l’arbitragedevrait être indépendant, organisécomme un prestataire de services pourla Ligue professionnelle. Aujourd’hui,plus personne ne s’y retrouve enFrance! Entre les appels de ceci et decela, la commission d’éthique, la com-mission de discipline, celle de vision-nage, la task force ou la commission“machin”, comment voulez-vous quedes types puissent arbitrer sereine-ment ? On a la désagréable impressionqu’un match peut être ré-arbitré après.Et qui dirige vraiment l’arbitrage, aufait ? Il faut arrêter de dire que les arbi-tres se dirigent entre eux. Qui est leprésident du CSA (Conseil supérieur del’arbitrage) ? Ce n’est pas un arbitre(NDLR : Jean-Louis Piette, l’anciendirecteur général du Matra Racing),pas plus que ses membres, à l’excep-tion d’un seul. Je ne fais pas de procès,c’est un constat.

    Quiniou : Je trouve que la DNA esttrop absente du débat. Elle ne pèsepas assez. Pourtant, elle devrait avoirles moyens de ses ambitions avec unbudget de 11 millions d’euros. Elle ades objectifs à atteindre et descomptes à rendre. Dommage que cesoit la task force qui ait servi de forcede propositions. Je pense aussi que lesarbitres et ceux qui les dirigent sonttrop calfeutrés dans leur univers et nes’ouvrent pas suffisamment pour prê-cher la bonne parole, notamment enpériode de crise.Vautrot : On gagnerait à simplifierl’organisation du corps arbitral, maisaussi les sanctions et la discipline pourles joueurs. Par exemple, quandl’UEFA tranche, elle ne s’en tient qu’à

    un avis et à une commission. EnFrance, il y a trop de mauvaises ondeset nous sommes la risée de l’étranger.Pas sur la qualité de notre arbitrage,mais sur tout ce qui l’entoure depuisquelques années, avec des affaires quin’honorent ni leurs auteurs ni ceuxqui les ont défendus ou couverts.Est-ce pour ces raisons que laFrance n’a plus d’emblème interna-tional et qu’aucun arbitre principaln’a représenté notre pays à l’Euro2008 ?Quiniou : On n’a plus de locomotivepour tirer l’arbitrage tricolore vers lehaut. Il n’y a pas de leader. On paie cedéficit. En Italie, des arbitres ont prisla relève d’anciens comme Collina.Idem en Allemagne, en Angleterre.Depuis les huitièmes de finale de laLigue des champions, l’Espagne etl’Allemagne ont bénéficié de quatredésignations chacune, la France d’uneseule ! Stéphane Lannoy, seul candi-dat potentiel à la prochaine Coupe dumonde, c’est trop peu pour la France…Après l’Euro 2008, on ne peut pasencore être absent en 2010. Mais à ceniveau, on souffre également de l’ab-sence de lobbying dans les instancesinternationales. Notre pays n’a plusd’influence.Vautrot : Mais je suis surpris qu’onsoit… surpris ! Depuis cinq ans, avectout ce qui s’est passé chez nous, on asacrifié une génération d’hommes devaleur comme Bertrand Layec ouLaurent Duhamel, sans parler d’EricPoulat qui a eu le mérite, à uneépoque, de sauver les apparences auniveau international. La crédibilité denotre arbitrage en a pris un sacrécoup à cause de sombres histoires.Mais on n’a pas su ou plutôt voulufaire le ménage pour des raisons quim’échappent encore. J’ai envie de direà ceux qui critiquent les arbitres qu’ilsont l’arbitrage qu’ils méritent !

    « LES ARBITRES ASSISTANTS ont conservé la mentalité de juges de touche», regrette Joël Quiniou.

    L’ÉVOLUTION DE L’ARBITRAGE,LE RÔLE DES ASSISTANTS, LA VIDÉO

    F aut-il maintenir la limite d’âgeà 45 ans pour les arbitres ?Vautrot : Si ce sont toujours lesanciens qui font lesgrands matches, lesjeunes ne se ferontjamais les dents et cesera une catastrophequand ils arriveront.Unecarrière d’arbitre, ça segère. On m’avait repro-ché d’avoir “voulu met-tre les anciens dehors”.Mais quand vous avezdes responsabilités, ilfaut gérer le présent et,surtout, le futur.

    Quiniou : C’est quand même auxjeunes de montrer qu’ils ont la compé-tence et qu’ils sont aussi bons, voire

    meilleurs que lesanciens. J’estime quece problème d’âgedevrait être occulté. A45 ans, Collina auraitpu encore arbitrer deuxou trois ans à partir dumoment où il satisfai-sait aux tests physiques.Il ne faut pas se priverd’arbitres compétentsen s’en tenant à unrèglement qui n’a pluslieu d’être.

    « IL ESTNORMAL QUEL’ARBITRE SOITCONTRÔLÉ,MAIS SONAVENIR NE DOITPAS DÉPENDRED’UN CENTIÈMEDE POINT. »JOËLQUINIOU

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    PEMONTIGNY

    « LACRÉDIBILITÉDE NOTREARBITRAGEEN A PRIS UNSACRÉ COUPÀ CAUSE DESOMBRESHISTOIRES... »MICHELVAUTROT

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