8 mars collectif impunité

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Collectif contre l’impunité Regroupement de plaignants-es -contre l’ex dictateur Jean-Claude Duvalier et consorts- et d’organisations de droits humains Centre œcuménique des droits humains (CEDH) - Kay Fanm (Maison des femmes) Mouvement des femmes haïtiennes pour l’éducation et le développement (MOUFHED) - Réseau national de défense des droits humains (RNDDH) Point focal: Centre œcuménique des droits humains (CEDH) - [email protected] L’impunité est un dénie des droits de la personne, des droits des peuples Depuis le 7 février 1986, après le renversement la dictature des Duvalier, le peuple haïtien ne cesse de réclamer justice. Mais, c’est le navrant spectacle de l’impunité qui continue à perdurer dans le pays. Les autorités étatiques voudraient nous faire accepter que certaines personnes n’ont pas à répondre par devant la justice, ni par devant la nation, pour les exactions et crimes perpétrés. C’est ce qui a été concocté avec le dossier de l’ex Président à vie Jean-Claude Duvalier. Non seulement on voudrait ne pas juger l’ex dictateur, mais sous prétexte de réconciliation on prône l’oubli des innombrables crimes contre l’humanité commis par son régime. A l’occasion de la célébration du 8 mars, Journée internationale des droits des femmes, nous avons une pensée spéciale pour toutes les femmes et filles victimes sous la dictature des Duvalier; ces femmes et filles torturées, violées, tuées, disparues. Ceux et celles qui s’opposaient à la dictature le faisaient pour permettre l’éclosion de la démocratie. Ces personnes n’agissaient pas par ressentiment ; elles étaient engagées dans un combat pour la liberté, pour le respect des droits humains fondamentaux, donc pour les droits du peuple haïtien. La réconciliation sans la sanction de la justice est donc en soi inacceptable. La refondation nationale ne peut s’effectuer dans l’impunité. Elle exige au contraire que l’impunité soit catégoriquement refusée. Ceux et celles qui ont porté sans merci les coups meurtriers peuvent se permettent d’oublier. Ceux et celles qui les ont reçus, qui en portent les douloureuses cicatrices sont obligés de garder vive la mémoire pour que, justement, cela ne se reproduise plus jamais. Juger Jean-Claude Duvalier est geste qui attestera que le pays n’entend plus accepter de dictateur aux petits pieds. N ap kale je n pou yo pa kale tèt nou ! Ouvrons grands les yeux pour éviter qu’on nous tonde! Port-au-Prince, le 8 mars 2012 Danièle Magloire Coordonnatrice Collectif contre limpunité

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Déclaration du Collectif haïtien contre l'impunité à l'occasion du 8 mars 2012

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Collectif contre l’impunité Regroupement de plaignants-es -contre l’ex dictateur Jean-Claude Duvalier et consorts- et d’organisations de droits humains

Centre œcuménique des droits humains (CEDH) - Kay Fanm (Maison des femmes) Mouvement des femmes haïtiennes pour l’éducation et le développement (MOUFHED) - Réseau national de défense des droits humains (RNDDH)

Point focal: Centre œcuménique des droits humains (CEDH) - [email protected]

L’impunité est un dénie des droits de la personne, des droits des peuples

Depuis le 7 février 1986, après le renversement la dictature des Duvalier, le peuple

haïtien ne cesse de réclamer justice. Mais, c’est le navrant spectacle de l’impunité

qui continue à perdurer dans le pays.

Les autorités étatiques voudraient nous faire accepter que certaines personnes n’ont

pas à répondre par devant la justice, ni par devant la nation, pour les exactions et

crimes perpétrés. C’est ce qui a été concocté avec le dossier de l’ex Président à vie

Jean-Claude Duvalier. Non seulement on voudrait ne pas juger l’ex dictateur, mais

sous prétexte de réconciliation on prône l’oubli des innombrables crimes contre

l’humanité commis par son régime.

A l’occasion de la célébration du 8 mars, Journée internationale des droits des

femmes, nous avons une pensée spéciale pour toutes les femmes et filles victimes

sous la dictature des Duvalier; ces femmes et filles torturées, violées, tuées, disparues.

Ceux et celles qui s’opposaient à la dictature le faisaient pour permettre l’éclosion

de la démocratie. Ces personnes n’agissaient pas par ressentiment ; elles étaient

engagées dans un combat pour la liberté, pour le respect des droits humains

fondamentaux, donc pour les droits du peuple haïtien. La réconciliation sans la

sanction de la justice est donc en soi inacceptable.

La refondation nationale ne peut s’effectuer dans l’impunité. Elle exige au contraire

que l’impunité soit catégoriquement refusée. Ceux et celles qui ont porté sans merci

les coups meurtriers peuvent se permettent d’oublier. Ceux et celles qui les ont reçus,

qui en portent les douloureuses cicatrices sont obligés de garder vive la mémoire

pour que, justement, cela ne se reproduise plus jamais. Juger Jean-Claude Duvalier

est geste qui attestera que le pays n’entend plus accepter de dictateur aux petits

pieds.

N ap kale je n pou yo pa kale tèt nou !

Ouvrons grands les yeux pour éviter qu’on nous tonde!

Port-au-Prince, le 8 mars 2012

Danièle Magloire

Coordonnatrice

Collectif contre l’impunité