50 ANS D’ASTERIX 20 ANS D’HELIOS-1A - Kosmonavtika · 2017. 8. 28. · 50 ANS D’ASTERIX 20...

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#15 - octobre 2015 30 ANS DE ZENIT 50 ANS DE PROTON 20 ANS D’HELIOS-1A 50 ANS D’ASTERIX

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#15 - octobre 2015

30 ANS DE ZENIT50 ANS DE PROTON

20 ANS D’HELIOS-1A50 ANS D’ASTERIX

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Chers amis,

Nous avons tenu notre assemblée générale le 28 mai dernier.A cette occasion, nous avons ré-élu Jacques Durand comme

administrateur, Christian Lardier, Pierre Bescond et Hervé Moulincomme membres du Bureau. C. Lardier et H.Moulin étaient candi-dats au poste de Président, P.Bescond était candidat au poste detrésorier. D’autre, part, suite au départ de Roger-Maurice Bonneten tant que vice-président, Yves Blin était candidat à ce poste.

Une élection par correspondance a donc été organisée :sur 45 inscrits, il y a eu 30 votants (66 %) dont deux bulletinsblancs. Le résultat du vote était le suivant : Lardier 24 voix, Mou-lin 4 voix, Bescond 28 voix, Blin 28 voix. Je remercie donc lesmembres qui m’ont renouvelé leur confiance pour un nouveaumandat de quatre ans.

Le 17 juin, nous avons reçu un courrier de H.Moulin quisouhaitait réunir un conseil d’administration extraordinaire (CAE).Nous avons d’abord fixé la date du 8 juillet, mais à la suite de l’in-disponibilité de H.Moulin, elle a été reportée au 16 septembre. Acette réunion étaient présents : C.Lardier, J.Jamet, P.Bescond,J.Simon, Yves Blin, H.Moulin (C.Goumy, R-M Bonnet et J.Durandont envoyé leurs pouvoirs).

H.Moulin a fait un exposé sur les activité de l’associationet sur les aspects programmatiques. Sur ces deux sujets, il a fait despropositions. Selon Jacques Simon, “un certain nombre de pistesméritent d’être étudiées”. Yves Blin a pris l’action de centraliser lesréflexions des administrateurs. Un premier bilan sera fait lors duconseil d’adminsitration du 10 décembre.

En outre, nous avions lancé depuis le début de l’année laréforme du règlement du prix Aubinière et du conseil scientifique.Concernant le premier, nous envisageons d’avoir deux prix : le prixAubinière pour des travaux de haut niveau et le prix André Lebeaupour les étudiants universitaires. Quant au conseil scientifique, quine s’était réuni qu’une seule fois en 2005, nous souhaitons le trans-former en comité de liaison avec les Universités. Les textes sur cesdeux sujets seront soumis au bureau du 5 novembre pour leur adop-tion et ils seront ensuite soumis au conseil d’administration de dé-cembre.

Concernant les activités de l’IFHE, nous allons publier lelivre sur les 50 ans de coopération spatiale Franco-URSS/Russie àla fin décembre et celui sur l’histoire de l’observation de la Terre(imagerie optique et radar, civile et militaire) au début janvier. Jean-Louis Fellous a démarré le comité de pilotage pour le prochain livresur l’observation de la Terre (Météorologie, Océanologie, Atmo-sphère). Il s’est fixé comme objectif de le sortir dans deux ou troisans. Pour le 50e anniversaire du lancement du premier satellitefrançais, nous avions opté pour un partenariat avec le Cnes et la3A Cnes pour une conférence le 26 novembre. Cependant, le Cnesa décidé d’en faire un évènementiel purement Cnes avec un repré-sentant des hautes autorités de l’Etat.

Nous envisageons de redémarrer les “Rencontres del’IFHE” par un colloque de deux jours en 2016. Il pourrait portersur l’histoire des lanceurs français et européens.

Christian Lardier, président de l’IFHE

ESPACE & TEMPSIFHE

Institut Français d’Histoire de l’Espaceadresse de correspondance :2, place Maurice Quentin75039 Paris Cedex 01

e-mail : [email protected]él : 01 40 39 04 77

L’institut Français d’Histoire de l’Espace (IFHE) est uneassociation selon la Loi de 1901 créée le 22 mars 1999qui s’est fixée pour obiectifs de valoriser l’histoire del’espace et de participer à la sauvegarde et à la préserva-tion du patrimoine documentaire. Il est administré parun Conseil, et il s’est doté d’un Conseil Scientifique.

Conseil d’administrationPrésident d’honneur.......Michel BignierPrésident....................Christian Lardier Vice-présidents.........Pr. Roger-Maurice Bonnet,Jacques Simon, Hervé Moulin Trésorier..................................Pierre BescondSecrétaire général....................Jean JametMembres..............Jacques Durand, Bernard Deloffre ,Jean-Marie Luton, Claude Goumy, Jean-Pierre Morin,Yves Blin. Représentant du CNES..........Gérard Azoulay

Conseil scientifiquePr. Jacques Bla mont, Pr. Roger Maurice Bonnet, Jean-Pierre Causse, Claude Goumy, Pr. Pierre Morel, Pr.Robert Halleux, Pr. Dominique Pestre, Pr. Jean-Chris-tophe Romer, Pr. Pascal Griset, Pr. Alain Beltran,Agnès Beylot.

Bulletin d’information édité parl’institut Français d’Histoire de l’Espace (IFHE)

Directeur de la publication : Christian Lardier

Ont également participé à ce numéro :Nicolas Pillet, Xavier Pasco.

Impression: photocopies - tirage : 50 ex.Crédit photo : Droits réservésISSN : en cours

Les idées et opinions exprimées dans les arti cles n’en-gagent que leurs auteurs et ne re présentent pas néces-sairement celles de l’IFHE.

ESPACE & TEMPS

Le mot du président

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Diamant… non pas la pierre précieusemais le lanceur éponyme… voilà un nom évoca-teur mais qui, aujourd’hui, n’est plus forcémentdans la mémoire collective des Français. Pourtanten ce 26 novembre 1965, le premier des Diamantpermet à la France de devenir la troisième puis-sance spatiale au monde, après les Soviétiques(1957) et les Américains (1958) ;ce n’était pas rien ! Les médiasde l’époque étaient d’ailleurs dé-chaînés ; la plupart des journauxont mis l’événement à la une.

Si Diamant A était an-noncé comme un outil au ser-vice de la conquête del’espace, en réalité il y a eud’autres enjeux, surtout pourle premier lancement de no-vembre 1965…

Les études balistiquesL’aventure spatiale fran-

çaise a réellement pris corpssous la Présidence du généralde Gaulle (1958-1969). Si cen’est pas de Gaulle lui-mêmequi a fait naître la science spa-tiale en France, en revanchec’est bien sa volonté politique (et celle d’une par-tie de son entourage) qui a permis la réalisationdu premier lanceur national, Diamant A, un enginintimement lié à la maîtrise du missile balistiqueintercontinental. Par ailleurs, les contextes de ladécolonisation et de la Guerre froide ont égale-ment joué un rôle : ainsi, après la crise du canalde Suez (1956), les autorités politiques engagentla construction de la bombe atomique avec,comme vecteur, le bombardier stratégique (Mi-rage IV). Deux ans plus tard, la question se posede savoir s’il faudra un jour remplacer le bombar-dier par le missile balistique intercontinental ?

Au cours de l’été 1958, après son retouraux affaires, de Gaulle réfléchit alors à la suite àdonner à la question balistique. Deux solutionss’offrent : soit on engage la construction d’un mis-

sile stratégique national, soit on achète sous li-cence un engin américain. La seconde solutionest attrayante étant donné le coût financierconséquent. De plus, la France, engluée dansune guerre de décolonisation en Algérie (depuis1954), doit donner la priorité budgétaire à l’équi-pement traditionnel des armées. Les négociationsavec les Américains prennent toutefois une tour-

nure difficile : ils sont prêts à li-vrer des missiles balistiquesmais à la condition que ceux-cirestent sous leur contrôle. Dansl’esprit du général de Gaulle,cela va à l’encontre d’uneFrance souveraine, maîtressede son destin. Existe-t-il cepen-dant des capacités nationalespour éviter la solution améri-caine ?

Au lendemain de la SecondeGuerre mondiale, de nom-breuses études de missile ontété engagées par les diffé-rentes armées. Certes, il s’agis-sait essentiellement d’engins« sol-air », et non de missilesbalistiques stratégiques. Néan-moins cela a permis d’acquérirun savoir-faire, de développer

des technologies offrant des perspectives d’ave-nir.1Quelques années plus tard, en septembre 1958,la Direction technique et industrielle de l’Aéro-nautique (DTIA) de l’armée de l’Air soumet l’idéede constituer une société d’études sur le missilebalistique. Celle-ci fait son chemin et, le 17 sep-tembre 1959, le gouvernement prend finalementla décision de créer la Société pour l’étude et laréalisation d’engins balistiques (SEREB), regrou-pant autour d’elle des entreprises spécialiséesdéjà investies dans des études de missile ou desrecherches spécifiques (Nord-Aviation, Sud-Avia-tion, SEPR, la SNECMA, Dassault, MATRA,CEA, ONERA). La SEREB se présente alorscomme une société privée, mais avec une condi-tion particulière : à travers les armées, l’Etat est

Il y a 50 ans, Diamant A au service de l’indépendance et de la grandeur de la France

Par Philippe VARNOTEAUX, Docteur en Histoire, membre de l’IFHE

Diamant A sur son pas de tir, Ham-maguir, 24-25 novembre 1965

copyright CIEES / CEL / collection Ph. Varnoteaux

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le seul client. Ce sont donc les trois armées quidéfinissent les programmes par l’intermédiairedes états-majors et des directions techniques desarmées (DEFA, DTIA, DCCAN, Poudres). LaSEREB dispose de nouveaux moyens, notam-ment financiers, au capital de 600 millions d’an-ciens francs. Quant à la Direction générale, elleest confiée à Charles Cristofini, un haut fonction-naire de l’Etat, un meneur d’hommes qui s’en-toure de personnalités remarquables comme lespolytechniciens RogerChevalier (Direction tech-nique) et Pierre Usunier(responsable des pro-grammes militaires) ouencore l’ingénieur géné-ral de l’Air Bernard Dor-léac (Direction desétudes), etc.

La SEREB devientl’acteur central dans l’es-sor d’une industrie balis-tique. Elle reçoit commeobjectif le développe-ment des études sur lespropulsions à liquides età poudres, la maîtrise dela rentrée d’ogive dansl’atmosphère  et laconception d’engins ex-périmentaux qui doiventaboutir aux missiles ba-listiques stratégiques. Mi-chel Bignier, ingénieur à la SEREB de 1959 à1961 (et futur directeur général du CNES en1972-76), estimait que cette société avait « bienjoué un rôle primordial dans les débuts de laconquête de l’espace car elle a réalisé, d’une cer-taine manière, une «  union  » de plusieurséquipes provenant de Nord-Aviation, Sud-Avia-tion et même du LRBA de Vernon. De 1947 à1959, il y a eu un foisonnement d’activités maisdispersées (…). Après 1959, on a compris l’enjeud’éviter toute compétition inutile ».2

Les expérimentations commencent dès octo-bre 1960 avec le VE-8 (Véhicules d’Essaisn°8), une ogive d’essai sans propulseur, puis lesVE-9 et VE-10, des engins monoétages à poudrenon pilotés et non guidés. Le 3 juin 1961 est testéle premier VE-110 «Agate»3, un engin quimarque le début du programme des «PierresPrécieuses». Il s’agit désormais de réaliser un

missile balistique. Suit le VE-111 «Topaze» le 19décembre 1962, la première fusée expérimentaleà propulsion à poudre pilotée. Tous ces essaissont alors indispensables pour qualifier de nom-breux systèmes et sous-systèmes. Dès 1960, laSEREB décide de réaliser un engin expérimentalà deux étages : le VE-231 «Saphir». Il est prévude développer un premier étage utilisant la pro-pulsion à liquides. Pour cela, les ingénieurs en-

gagent le VE-121«Emeraude», un mis-sile à liquides (utilisantle moteur Vexin conçupar le LRBA de Vernon,dérivant de la technolo-gie de la fusée-sondeVéronique). Emeraudepermet également demettre au point le sys-tème de séparation desétages. Le premier volintervient le 15 juin1964.4

Entre temps, il de-vient nécessaire de ré-organiser la tutelle dela SEREB. La volontédu gouvernement estde développer uneforce de frappe nu-cléaire dépendant dupouvoir politique, etnon des militaires. Cela

ne correspond pas à la vision des directionstechniques des armées qui souhaitent maintenirleur indépendance dans les choix tactiques etstratégiques des armes. Pour éviter toute polé-mique et toute tension entre les différents ac-teurs impliqués, le gouvernement décide le 5avril 1961 la création de la Délégation ministé-rielle pour l’Armement (DMA).5 Les directionstechniques perdent leur « pouvoir » au profit duministre des armées (Pierre Messmer). Ainsi,grâce à la DMA, la SEREB peut poursuivre se-reinement ses recherches et développer auplus vite des missiles stratégiques. Par ailleurs,la DMA tranche un débat qui oppose depuisquelques années les militaires de l’armée deTerre à ceux de l’Air à propos du choix de lapropulsion des missiles : les premiers souhai-tent développer des engins à propulsion à li-quides, tandis que les seconds penchent pour

Deux Emeraude ont volé en février et mai 1965 ettrois Saphir ont volé en juillet et octobre 1965.

Photos D.R

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des raisons pratiques à des enginsà solide. Si la SEREB préconise ledéveloppement d’engins balis-tiques à poudre, la DMA décide demaintenir le statu quo : les deux fi-lières (liquides, solides) sont main-tenues. Soulignons que pour unlanceur de satellites, la propulsionà liquides est plus avantageuse…Une proposition inattendueTandis que les études balistiquessont pleinement engagées enFrance, les Britanniques font enseptembre 1960 une étonnante pro-position : pourquoi ne pas construireun lanceur européen à partir de leurmissile d’étude Blue Streak ? Ren-contrant des difficultés, les Britan-niques décident l’arrêt de leurprogramme et, pour ne pas perdreles acquis technologiques, ils cher-chent à le reconvertir en un lanceurde satellites. Cependant, le déve-loppement de celui-ci étant coûteux,ils proposent de le faire avec despartenaires européens… La propo-sition est diversement appréciée enFrance : les scientifiques sont plutôtréticents ; ils songent à lancer leursfuturs satellites par des lanceursaméricains. Quant aux ingénieursde la SEREB, il s’agit d’une (mau-vaise) surprise ! Engagés dans ledéveloppement des missiles balis-tiques, ils considèrent qu’ils peuventréaliser un lanceur national en ajou-tant un troisième étage à leur enginSaphir. Des arguments sont alors opposés auxuns et aux autres : premièrement, il n’est pas dutout assuré que les Américains lancent à l’avenirtous les satellites nationaux et européens  ;deuxièmement, lorsque la SEREB propose unlanceur, celui-ci aura des performances moindres(80 kg à 500 km) que le futur lanceur européen(1200 kg à 500 km) ; troisièmement, dans l’espritdu général de Gaulle, un lanceur européen pour-rait favoriser le rapprochement des Britanniquesde l’Europe, sans compter qu’une telle coopéra-tion pourrait permettre de récupérer des techno-logies sensibles (systèmes de guidage, rentréede missile dans l’atmosphère, etc.), mais il n’ensera rien !

Quoi qu’il en soit, le gouverne-ment du général de Gaulle soutientla proposition britannique ; il y auraun lanceur européen (Europa) selonl’architecture suivante : un premierétage britannique, un deuxièmefrançais, un troisième allemand etune coiffe italienne. Toutefois, aucours de l’été 1961, il est égalementdécidé la construction du lanceurnational Diamant A. Pourquoi  ?Celui-ci est perçu comme une op-portunité à plusieurs titres : premiè-rement, étant un produit dérivé duprogramme balistique pour la Forcede frappe nucléaire, il ne coûtera fi-nalement pas cher. Deuxièmement,rien ne garantit le succès d’Europadont le premier tir est prévu pour1966-67  ; la SEREB souligne queDiamant, lui, peut-être réalisé enmoins de cinq ans. Enfin, si Diamantsatellise en premier, seule la Franceen tirera la gloire…

Ainsi, à la fin de l’année 1961,Diamant A est officiellement adopté,sa réalisation placée sous la respon-sabilité des militaires de la DMA.Dans l’esprit du général de Gaulle etsurtout celui du premier ministre Mi-chel Debré, Diamant A doit faire en-trer un peu plus la France dans le jeuinternational, autrement dit rejoindrela course-compétition américano-so-viétique.6 Par ailleurs, les scienti-fiques obtiennent dans le mêmetemps la création d’une agence spa-

tiale (Centre national d’études spatiales, CNES),appelée à fédérer et à impulser les activités spa-tiales nationales et celles faites en coopération(Etats-Unis, Europe, etc.).

La finalisation du lancementDès sa mise en place, le CNES négocie la

part de sa responsabilité concernant Diamant.N’ayant pas encore les moyens d’influer la poli-tique des lanceurs, celui-ci signe le 9 mai 1962une convention avec la DMA qui est chargée dudéveloppement de Diamant, c’est-à-dire le quali-fier par quatre tirs en vol en plaçant sur orbite dessatellites technologiques militaires. Pour certainsscientifiques, cela est ressenti comme une sorte

Le lanceur Diamant A

Photos D.R

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«d’abandon» face aux militaires. Certes, maisque pouvait-alors faire le jeune CNES qui n’avaitpas encore de satellites à lancer ? Par cetteconvention, la SEREB construit Diamant, tandisque le CNES apporte une part de finance-ment  (54 millions de francs,soit 10 % du programme mili-taire7), ce qui lui permettra dedisposer du lanceur après lestirs de qualification.

A partir du moment où leCNES s’engage dans l’exploi-tation du futur lanceur, il définitun programme de satellitesdestinés à être lancés par Dia-mant : il s’agit du programme«  D  » (pour Diamant). LeCNES prévoit la constructionde quatre satellites (D1a, D1b,D1c et D1d) destinés principa-lement à des études de géo-désie, à développer denouvelles technologies (pan-neaux solaires, etc.) mais aussi à tester le réseaude poursuite et de localisation, réseau qu’il fallaitau préalable construire : Diane pour suivre la tra-jectoire du satellite et en déterminer l’orbite ; Irispour converser avec le satellite par des stationsde télémesure et de télécommande.

Pour construire efficacement les premiers sa-tellites, la division «Satellites» de Jean-PierreCausse est constituée. Toutefois, et selon la

convention CNES / DMA, les satellites lancés parau moins les deux premiers Diamant seront biendes satellites militaires de type A («  Arméesn°1 ») qui ne sont que de simples capsules tech-nologiques. Dans A1, il n’est en effet prévu

qu’une balise émettant desondes radioélectriques, un ré-pondeur radar, un émetteur detélémesure et un système demesure de température. LeCNES estime qu’il serait bienplus judicieux de lancer dupremier coup un «vrai satel-lite» – son D1a – ce qui, encas de succès de Diamant,donnerait un sens à l’opéra-tion : notre pays serait immé-diatement reconnu commeune puissance spatiale à tousles niveaux. Les militaires re-fusent. Le CNES fait alors uneautre proposition : A1 ne pour-rait-il pas emporter des équi-

pements du CNES, faisant ainsi de ce satellite unprojet mixte Armées/CNES ? En vain. Pour lesingénieurs militaires, les scientifiques du CNESdésiraient « planter [leur] petit drapeau au som-met de Diamant»8 et, manifestement, ceux-ci nele souhaitaient pas… Les raisons des uns et desautres sont visiblement passionnelles, chacunvoulant recueillir la gloire du succès. Pour cer-tains, le premier tir était considéré comme un

essai, et donc il valait mieuxy placer un satellite plus mo-deste  ; pour d’autres, ils’agissait d’imposer l’idéeque tout ce qui était orbitaldevait relever du CNES.Quoi qu’il en soit, rien n’yfait, A1 sera le premier satel-lite lancé par Diamant A.

Quant à l’équipe quiconstruit Diamant A, elle estmenée conjointement parBernard Dorléac, le respon-sable «Etudes», Pierre Usu-nier, le responsable«Réalisations» et surtout,Charley Attali, le chef de«Projet Diamant». Pour réa-liser le lanceur, les spécia-listes jouent sur la

Le satellite A-1

Satellite A1, dans les locaux Engins MATRA, à Boulogne-sur-Seine. A1 est ici testé sur une table vibrante.

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combinaison de trois VE. Pour le premier étage,la SEREB avec Nord-Aviation et la SNECMA réa-lisent en 1963-64 le VE-121 «Emeraude». Dejuin 1964 à mai 1965, Emeraude est testé à cinqreprises (dont trois échecs à cause de l’effetPOGO9). Pour le deuxième étage, les ingénieursemploient le VE-111 «Topaze» qui, entre 1961 et1963, est conçu avec le concours de Sud-Avia-tion, de la SEPR et de la Direction des Poudres.Enfin, pour le troisième étage, les ingénieurs met-tent au point le P064 (utilisant aussi une propul-sion à poudre). Pour qualifier cetroisième étage, un engin parti-culier est réalisé en 1964  :Rubis. Ce dernier permet detester le largage de la coiffe(protégeant le satellite), la sépa-ration et la mise en rotation dutroisième étage de Diamant.Enfin, le compartiment où seloge le satellite artificiel estconstruit par Sud-Aviation,MATRA se chargeant de lacase à équipement et de lacapsule A-1. Au final, DiamantA apparaît comme un beau lan-ceur, d’une hauteur de près de19 mètres, pour un poids totalde plus de 18 tonnes et unepoussée au décollage de 28tonnes.

Précisons que parallèle-ment à Diamant, la SEREB estégalement engagée dans l’éla-boration des futurs missiles ba-listiques de la Force de frappe.Ainsi, elle procède le 23 octobre1965 au tir du premier missile balistique expéri-mental le S112. Il s’agit d’un engin à propulsionà poudre de 12,6 m de long, d’un diamètre de 1,5m pour une masse totale de 25 tonnes, délivrantune poussée de 10 tonnes. Quelques jours avantDiamant, un second tir réussi intervient le 3 no-vembre, marquant au passage le dernier essaid’un engin de ce type réalisé à Hammaguir, lessuivants seront désormais effectués au Centred’essais des Landes (CEL).

Les activités spatiales sont donc désor-mais ardemment soutenues par le général deGaulle qui « suit [les] affaires [spatiales] de trèsprès  ».10 Par ailleurs, si le gouvernement té-moigne d’un intérêt tout particulier envers le lan-

ceur, il le perçoit d’abord comme un outil poli-tique. En effet, le ministre des Armées, PierreMessmer, n’hésite pas à demander au présidentde la SEREB Charles Cristofini d’effectuer le lan-cement du premier Diamant avant… l’électionprésidentielle du 5 décembre 1965 ! Si le tir réus-sit, cela ferait en plus une bonne « publicité »pour la campagne de réélection présidentielle dugénéral de Gaulle.11

Le lancementL’opération de lancement

Diamant commence le 13 no-vembre 1965 par la vérificationdes systèmes de contrôle et depoursuite, comme la télémesurequi doit livrer en temps réel lesinformations sur le comporte-ment du lanceur et du satellite.Pendant ce temps, d’ultimescontrôles sont effectués sur lesdifférents éléments du lanceur.Pour le premier lancement, cene sont pas moins de 300 per-sonnes (ingénieurs, techni-ciens, scientifiques,administratifs, etc.) qui ont étéacheminées sur la base d’Ham-maguir, ainsi que 800 tonnes defret.12 Le 26 novembre 1965dans la matinée, tout est prêt ;Diamant A se tient fièrement surson pas de tir. Au sommet dulanceur, sous la coiffe, se trouvele petit satellite A1 de 39 kg. Lesergoliers procèdent au remplis-sage des réservoirs de la fusée.

Quelques heures plus tard, l’officier d’essai pro-cède à un ensemble de vérifications, à travers lesdonnées qui lui parviennent du pas de tir. A H –1h00, le compte à rebours commence mais aubout de quelques minutes, il s’arrête suite à undoute sur le fonctionnement d’un composantélectronique. Après diverses consultations,Roger Chevalier, le directeur technique de laSEREB, prend la décision d’aller outre et de re-lancer la procédure de lancement.13

A 15 h 47, depuis la base « Brigitte » d’Ham-maguir, en Algérie, le premier lanceur de satel-lites français Diamant A décolle dans un nuageroux de vapeurs nitreuses. De nombreuses per-sonnalités scientifiques, politiques et militaires

Décollage de Diamant Ale 26 novembre 1965

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suivent avec appréhension le vol de Diamant de-puis principalement le centre spatial de Brétigny.La fusée s’élève alors et s’incline vers le nord-est. A H + 1’35’’, le premier étage se sépare, lafusée se trouve déjà à 43 kilomètres d’altitude.En quelques minutes, les événements et les sé-quences s’enchaînent : à H + 2’04’’, la combus-tion du deuxième étage est terminée, la fusée està 128 km d’altitude ; à H + 2’32’’, la coiffe proté-geant le satellite s’éjecte et, à H + 2’47’’, la fuséebascule de manière à ce que le troisième étagesoit en position de satelliser, tandis que le lanceurcontinue son irrésisti-ble ascension. A H +4’59’’, le deuxièmeétage se détache ; à H+ 7’20’’, le troisièmeétage s’allume tout entournant à 270 tourspar minute autour deson axe de roulis  ;l’opération se dérouleà une altitude de 547kilomètres à une vi-tesse de 2.520 mètrespar seconde. A H +8’05’’, la combustiondu troisième étage estterminée ; l’altitude dela fusée est alors de550 km avec une vi-tesse qui a été portéede 2.520 mètres parseconde à 7.710 mètres par seconde, soit la vi-tesse de satellisation. A H + 10’22’’, la capsuletechnologique A-1 se détache du dernier étageet atteint son orbite prévue, soit un peu plus dedix minutes après le décollage. Le lancement estréussi, c’est le soulagement et la joie… mais trèsvite les responsables se rendent compte que lesatellite est muet ; où est-il ?

Le satellite n’émet pas. La tension monte.L’angoisse retombe au bout de nombreuseslongues minutes, car le réseau de poursuite et delocalisation d’Hammaguir confirme le passage dusatellite au méridien de la station. Les donnéesdu radar « Aquitaine » prouvent que A1 est biensur orbite, ce que confirme la division « Mathéma-tiques » de Bernard Lago (et l’équipe « Calculd’orbite » du CNES). Si le lancement est doncbien un succès, la défaillance de A1 s’expliquepar le fait que une ou plusieurs antennes ont été

endommagées lors de la séparation de la coiffe.Les Américains, qui ont suivi le vol de Diamant,confirment à leur tour le succès. Quelques heuresplus tard, des « Bip, bip, bip » retentissent sur lesondes radios ! Il s’agissait-là de la diffusion d’unenregistrement…14

Le communiqué de presse tombe 2 heures et27 minutes après la réussite du lancement : « Le26 novembre 1965, à 15h47 (heure de Paris), lafusée Diamant a été lancée de la base saha-rienne d’Hammaguir et le satellite A1 a été placésur orbite, conformément aux prévisions. Le

lance-satellites a fonc-tionné normalement.La poursuite par leradar Aquitaine a per-mis au Centre de cal-cul de Brétigny-sur-Orge [du CNES] dedéfinir les élémentssuivants de la trajec-toire  : apogée, 1.768km ; périgée, 528 km ;période de révolution,108 minutes ». Le gé-néral de Gaulle exulteà son tour : « La misesur orbite spatiale dupremier satellite fran-çais, lancé par unefusée française, estune importante réus-site dont notre pays

tout entier ressent la joie et la fierté. En son nom,je félicite tous ceux dont les recherches, lascience et la technique, lui ont valu ce grand suc-cès, en attendant que se développe sa participa-tion à la conquête de l’espace ».15 Il a de quoiexulter car, à la veille de l’élection présidentielledu 5 décembre – la première au suffrage univer-sel depuis 1848 ! – les ingénieurs viennent de luifaire le plus beau des cadeaux renforçant le pres-tige et la grandeur de la France : un « Diamant ».Seuls les scientifiques du CNES sont déçus car,en voyant le succès de Diamant A, ils estimentque la France vient en réalité de rater son ren-dez-vous spatial. Jean-Pierre Causse, le respon-sable de la division «Satellites» au CNES affirmemême : «(…) ils ont fait voler A1, que l’on a en-suite appelé «Astérix» et qui ne contenait rien, cequi pour nous a été une grave blessure».16 Uneconsolation cependant : suite à l’incident tech-

Dessin de Robert Roux illustrant le lancement du satellite A1 / Astérix,

paru dans Science et Vie, hors-série, 1966.

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nique du A1, les militaires consentent à ce quepour le lancement suivant, prévu en février 1966,ce soit le satellite scientifique du CNES (D1a) quiprenne la place au sommet du lanceur au lieu du A2.

Si la France est alors devenue la troisièmepuissance spatiale, elle vient avant tout de réali-ser sa révolution balistique. Le message adresséau monde en général, aux superpuissances enparticulier est clair : en lieu et place du A1, un mis-sile balistique dérivé de la technologie Diamantest désormais capable d’emporter une bombeatomique. Il faudra attendre le second lancementDiamant A le 17 février 1966, pour voir la mise surorbite d’un satellite scientifique 100 % français(D1a «Diapason») qui marquera réellement l’en-trée de la France dans l’aventure spatiale.17

L’auteur tient à remercier Monsieur RolandSanguinetti auprès de qui il a obtenu ces photos.Nota :1 Il est intéressant de souligner que si les autoritésmilitaires rechignent à financer des projets de mis-siles balistiques, celles-ci n’en reconnaissent pasmoins leur avenir, évoquant même de futures«guerres cosmiques» avec des engins balistiques.Même en 1947 le secrétaire d’Etat à la Guerre af-firme que «la prochaine guerre sera une guerred’engins autopropulsés», au cours de laquelle lemissile balistique jouera un rôle incontournable (E.D., “M. Coste-Floret réorganise l’armée de terre”,in Le Monde, du 15 mai 1947).2 Propos tenu à l’auteur, lors d’un entretien le 13janvier 1997 au CNES.3 Lorsque la désignation des véhicules d’essaiss’est faite à trois chiffres, la signification était lasuivante : le premier indiquait le nombre d’étages(1, 2, 3), le deuxième le type de propulsion (1-so-lide, 2-liquide, 3-liquide et solide), le troisième letype de contrôle (0-aucun, 1-piloté).4 VILLAIN (J), La Force de dissuasion française,op.cit., pp.74-78.5 RASMUSSEN (A), «Les corps d’ingénieurs mili-taires et les débuts de la Délégation ministériellepour l’armement  (1961-1968)», in Armement et

Vème République (sous la direction de M. Vaïsse),CNRS Editions, Paris, 2002, p. 20.6 VARNOTEAUX (Ph), L’aventure spatiale fran-çaise, de 1945 à la naissance d’Ariane, NouveauMonde, 2015, p.157.7 GOSSOT (H), « Le libre-accès à l’espace pourla France et…l’Europe passe par Bordeaux »,Empreintes du XXème siècle, n°22, Bordeaux,décembre 1995, p.27.8 GOSSOT (H), « Le libre-accès à l’espace pourla France et…l’Europe passe par Bordeaux »,op.cit., p.29.9 Phénomène mettant en rapport la propulsion etles structures d’une fusée qui provoque des vi-brations, parfois jusqu’à la destruction de l’engin.Le terme «pogo» vient de l’expression «pogostick», un jouet d’enfant formé d’une échassemontée sur un ressort.10 Témoignage de Charles Cristofini, in Un Aqui-tain, artisan de la création de l’industrie balistiqueet spatiale bordelaise, Mémoire de Bordeaux,Documents 11, juin 1999.11 Idem, p.30.12 Pour en savoir plus sur les derniers momentsprécédant le tir, lire le témoignage de MOUREY(D), Souvenirs d’air et d’espace, Toulon, Pressesdu Midi, 2005, pp.251-264.13 Pour avoir davantage de détails sur la chro-nologie de tir, voir le site Nos premières annéesdans l’espace de Michel Taillade :http://nospremieresannees.fr/lanceurs/06_dia-

mant/lafc_lancement/entrelancement.html14GARRIC (Y), Michel Lefebvre, marin de l’espace,Loubatières, Portet-sur-Garonne, 2008, p.129.15 Rapporté notamment par Le Monde, 28-29novembre 1965.16 Interview de Jean-Pierre Causse par DavidRedon, 19 mars 2003, réalisée dans le cadre dessources orales de l’ESA. Interview disponible surle site internet : http://www.eui.eu/HAEU/OralHis-tory/pdf/INT055.pdf 17 Précisons qu’un satellite scientifique (FR-1) aété lancé le 6 décembre 1965 par les Etats-Unis,

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dans le cadre de la coopération franco-améri-caine. Conférences sur Diamant-A

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Les journées du patrimoine du 17 au 20 septem-bre à Saint-Médard-en-Jalles ont été consa-crées au thème “De la Poudrerie royale àAriane”. Une exposition était organisée par Lamémoire de Bordeaux Métropole et le bureau ré-gional de la 3AF avec le concours d’Airbus DS,d’Hérakles et de la ville de Saint-Médard. Le 18septembre, une rencontre a eu lieu avec les au-teurs des Cahiers de la Mémoire n°10 “Le sec-teur balistique et spatial aquitain : maturité etdiversification (1970-2010)”. Enfin, le 19 septem-bre, Gérard Bréard, ancien d’EADS AstriumAquitaine, a présenté la conférence “L’espacefait-il toujours rêver ?”.

Les 3 et 4 novembre, l’Académie de l’Air et del’Espace (AAE) a organisé une conférence surles lanceurs l’Université Pierre et Marie Curie(Paris).La session 1, sur le cadre historique, comprenaittrois interventions : -premier lancement Diamant par Jacques Villain,ancien président de l’IFHE, ancien de Safran.-De Diamant à Ariane-1 par Philippe Couillard,ancien directeur technique à EADS Space.-Ariane et la conquête du marché des servicesde lancement par Frédéric d’Allest, ancien DG duCnes et ancien président d’Arianespace.

Le Cercle d'Etudes Vernonnais (CEV) proposeune conférence le 26 novembre sur le thème “50e

anniversaire du lancement d’Astérix, 1e satellitefrançais” dans la salle Maubert de l'Espace Phi-lippe Auguste, rue Riquier à Vernon à partir de20h30. La conférence sera menée par ChristianVanpouille, Jean-Jacques Serra et Philippe Var-noteaux. Ils expliqueront comment la France de-vient la 3e puissance spatiale grâce, notamment,aux travaux du LRBA, aux fusées Véronique(programme civil) et Parca (programme militaire).

Le Cnes, pour sa part, organise une confé-rence, avec l’aide de la 3A Cnes et de l’IFHE, àla Salle de l’Espace l’après-midi du 26 novem-bre. Elle comprend une table-ronde avec Jean-Charles Poggi (ancien de la SEREB, 1959/67),Pierre Quétard (ancien de Matra, 1955/72),Jean-Pierre Causse (ancien du Cnes, 1962/69,de l’ELDO, 1969/72, de l’ESRO, 1972/74) et

Pierre Chiquet (ancien du CIEES, 1958/62, etdu Cnes, 1962/70). La conclusion de cet après-midi sera réalisée par le président du CNESJean-Yves Le Gall et par un représentant deshautes autorités de l'Etat. Par ailleurs, une ex-position a été installée dans le hall d’entrée duCnes (photos sur la page de droite).

A Toulouse, à la Cité de l’Espace, une table-ronde sur le thème “La France depuis 50 ansdans l’espace : histoire, bilans et perspectives”aura lieu le 26 novembre à 20 h 30. Les trois in-tervenants sont :-Retour sur 50 ans d’espace par Jacques Vil-lain, ancien président de l’IFHE, Académiciende l’ANAE.-De Diamant à Ariane-6 par Philippe Couillard,ancien d’EADS Space, président de l’AAE-D’A-1 Astérix à Rosetta-Philae par des représen-tants du Cnes et de l’industrie spatiale.

Le 19 décembre, la commission Histoire de la3AF organise une conférence à la Mairie du 15e

arrondissement de Paris. “Il y a 50 ans Diamant & A-1 Astérix. La France3e puissance spatiale, dès le 1e essai”-10 h : introduction, le contexte mondial par Phi-lippe Jung-10 h 30 : La propulsion fusée française de REPà Diamant par Jean-Jacques Serra-11 h 00 : La marche vers la SEREB par PhilippeJung et Philippe Varnoteaux-11 h 30 Le témoignage des pionniers par HubertGossot14 h 00 : l’historique satellisation par PhilippeVarnoteaux, Jean-Jacques Serra et Michel Tail-lade (ancien du Cnes)14 h 45 : A-1 par Georges Estibal (ancien deMatra)15 h 30 : Les satellites du Cnes : FR-1 et D-1 parJean-Pierre Causse et Jean Kovalevsky. 17 h 00 : conclusion par Philippe Jung

Légende :En haut, à dr., compte-rendu de la réunion du 18-12-61, à g., protocole concernant l’étude et laréalisation du lance satellite Diamant. En bas,compte-rendu du vol du 26-11-65 (pages 35-36).

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Exposition Diamant-A au Cnes

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1. Les premiers projets spatiaux de TCHELOMEÏJusqu’en 1960, la toute jeune industrie spatialesoviétique est principalement constituée d’unseul et unique bureau d’études : l’OKB-1, qui dé-pend du Comité National des Techniques de Dé-fense (GKOT). Dirigé par le légendaire SergueïKOROLIOV, il a développé le premier ICBM dumonde, le R-7, et s’en est servi pour réalisertoutes les grandes premières spatiales.Mais depuis 1959, une autre organisation tentede se créer une place danscette nouvelle opportunitéque représente le pro-gramme spatial. Il s’agit dubureau d’études OKB-52, di-rigé par Vladimir TCHELO-MEÏ, qui dépend du ComitéNational des Techniques Aé-ronautiques (GKAT).L’OKB-52, spécialisé dansles missiles de croisière, adéjà proposé plusieurs pro-jets particulièrement ambi-tieux d’avions spatiaux. Parailleurs, en avril 1960, il ter-mine les croquis d’unegamme de lanceurs pouvantplacer de 4 à 85 tonnes surorbite basse, et dont lesdeuxième et troisièmeétages seront équipés de moteurs à hydrogène-oxygène liquides d’Arkhip LIOULKA [2].En juin 1960, alors que Youri GAGARINE com-mence à peine son entraînement pour ce qui de-viendra l’un des événements les plus marquantsde l’Histoire soviétique, le Comité central du Particommuniste (CC PCUS) prépare un plan straté-gique des activités spatiales à court et moyentermes.Dès le 10 juin 1960, plusieurs membres du Co-mité central proposent d’inclure dans ce plan lefinancement des projets spatiaux avant-gardistesde TCHELOMEÏ, ce qui inclut la réalisation d’un«Kosmoplan» de 25 tonnes pour explorer laLune, Mars et Vénus [1].Moins d’une semaine plus tard, le 16 juin 1960,

Ivan SERBINE, le directeur du Département del’industrie de Défense du Comité central,constate que le lancement du Kosmoplan ne serapas possible avec les fusées disponibles àl’époque (la R-7 et, éventuellement, le missile R-9), et propose de confier à TCHELOMEÏ le déve-loppement d’un lanceur de 600 à 700 tonnes [1].Le 23 juin 1960, le Comité central ne publie pasun plan spatial stratégique, mais deux. Le pre-mier (décret n°715-296) est le coup d’envoi dulanceur tristement célèbre N-1, qui devra emme-

ner des équipages sur la sur-face lunaire. Le principalacteur de ce plan est l’OKB-1 de KOROLIOV [1].Le second (décret n°715-295) définit un nouveau voletdu programme spatial, et ilconstitue une validation offi-cielle des projets de TCHE-LOMEÏ. C’est le début d’unebipolarité historique dans lesactivités spatiales sovié-tiques  : KOROLIOV d’uncôté, TCHELOMEÏ de l’autre.Le second plan autorise ledéveloppement du Kosmo-plan, et demande à l’OKB-52de présenter avant la fin 1961l’avant-projet du lanceur quidevra le transporter. On no-

tera que le document demande d’étudier la pro-duction industrielle d’hydrogène liquide, pour lesmoteurs de LIOULKA [1].

2. Définition du futur lanceurCe décret du 23 juin 1960 donne aussi l’autori-sation à TCHELOMEÏ de commencer laconstruction de la «  fusée universelle de 200tonnes », appelée UR-200 [3].L’UR-200 utilise des moteurs RD-0202 (premierétage) et RD-0205 (second étage) fournis parl’OKB-154 de Semion KOSBERG. Ils utilisenttous les deux le couple acide nitrique/UDMH.Quatre mois plus tard, le 3 octobre 1960, le Co-mité central place l’OKB-23 de Vladimir MIAS-SICHTCHEV sous la direction de TCHELOMEÏ

50 ans du premier vol de Protonpar Nicolas Pillet, IFHE

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Vladimir Tchelomei (1914-1984)

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(décret n°1057-434), afin de luidonner les ressources nécessairesà la réalisation des projets qu’onvient de lui confier [4].Le projet de lanceur lourd est jus-tement confié à cette nouvelle fi-liale, et il est placé sous la directionde l’un de ses ingénieurs, PavelIVENSEN. En 1960, ce qui est en-visagé est de construire le lanceurlourd à partir de quatre missilesUR-200 attachés en fagot, ce quiconstituerait un lanceur à quatrecorps de deux étages chacun. Untroisième étage serait ajouté sur letout, et serait équipé du même mo-teur RD-0205 que les quatredeuxièmes étages. Les précédentsprojets de lanceur à hydrogènesont donc abandonnés.Toutefois, cette architecture n’est pasjugée optimale, et elle est à son tourrapidement abandonnée. Courant1961, l’OKB-52 décide de revenir àune configuration classique à deuxétages. Deux solutions sont envisa-gées pour le premier étage [3] :- La version «monobloc», pour la-quelle les deux réservoirs (N2O4 etUDMH) sont superposés,- La version «polybloc», pourlaquelle le réservoir de N2O4est divisé en plusieurs blocsentourant le réservoir d’UDMH.En novembre 1961, une équipede l’OKB-52 se rend à l’OKB-456 du motoriste GLOUCHKOet examine le moteur RD-253qui équipera le lanceur super-lourd N-1 de KOROLIOV [5].Après discussion, les deux bu-reaux d’études s’accordent : cemoteur sera adapté pour lefutur lanceur de TCHELOMEÏ.Le RD-253 aura une pousséed’environ 150 tonnes, fonction-nera avec le coupleN2O4/UDMH, et sera le pre-mier moteur soviétique à com-bustion étagée [6].En janvier 1962, c’est la version«polybloc» du premier étage

qui est retenue.Le Comité central approuve défini-tivement le projet du nouveau lan-ceur lourd de TCHELOMEÏ, qu’onappelle maintenant UR-500, les 16et 29 avril 1962, via les décretn°346-160 et 409-183. Ces docu-ments demandent à l’OKB-52 deréaliser le premier vol avant le qua-trième trimestre 1963 [8].L’avant-projet de l’UR-500 est ter-miné en mai 1962. Il prévoit d’utili-ser pour le premier étage quatremoteurs RD-253 de GLOUCHKOet quatre moteurs RD-0203 deKOSBERG [7]. Plus tard, les mo-teurs de KOSBERG seront élimi-nés, et le premier étagecomportera six RD-253. KOS-BERG fournira en revanche troisRD-0208 et un RD-0209 pour ledeuxième étage. Ils fonctionnentégalement avec le coupleN2O4/UDMH et délivrent unepoussée de 58 tonnes. En fait, ledeuxième étage de l’UR-500 estune copie du premier étage del’UR-200.Grâce à son système de stabilisa-tion SKT, fourni par le bureau

d’études de Nikolaï PILIOU-GUINE, l’UR-500 sera la pre-mière fusée soviétique capablede se tourner d’elle-même surl’azimuth souhaité, et qui n’auradonc pas besoin d’un pas de tirrotatif [17].Par ailleurs, à un certain mo-ment de l’année 1962, YouriTROUFANOV remplace IVEN-SEN à la tête du projet [7].Avec six exemplaires par vol, leRD-253 de l’OKB-456 devraêtre produit en grande quantité.Dès le 3 juillet 1962, le Conseildes Ministres décide d’affecterla production en série du mo-teur à l’usine de Perm (ordon-nance n°2190ss). Lesressources qu’elle devra dé-ployer sont telles que la pro-duction du moteur RD-214 pour

Arkhip Lioulka

Pavel Ivensen

Le missile UR-200 (8K81) en vol

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le missile R-12, celui de la crisede Cuba, doit être divisée partrois [20].

3. Les essais au solLe 24 septembre 1962, le décretn°1022 demande au centre d’ex-périmentations NII-229 de Pe-resviett, près de Moscou, deprocéder aux essais des deuxétages de l’UR-500 sur son bancd’essai n°2 [11].Plus facile à dire qu’à faire. Pre-mièrement, le NII-229 est enpleine réalisation des essais dulanceur lunaire N-1 de KORO-LIOV. Pour pouvoir mener à bienles essais de l’UR-500 en paral-lèle, il faut construire undeuxième bâtiment d’assem-blage [11].De plus, le banc d’essai n°2n’avait servi jusqu’alors qu’auxessais des étages de la R-7 et duR-9, qui fonctionnent à l’oxygèneliquide et au kérosène. Pour lesétages de l’UR-500 àl’UDMH/N2O4, il va falloir réali-ser des modifications qui dure-ront de janvier à décembre 1963[11].Avant de réaliser les essais desétages complets, il faut d’abordtester les moteurs. En novembre1962, l’OKB-456 réalise le pre-mier allumage sur banc d’essaidu moteur RD-253 [19].

4. Baïkonour se prépareAu cosmodrome de Baïkonour,une nouvelle aile avait été crééepour le missile UR-200, à plu-sieurs kilomètres des deux autreszones, celles de la R-7 de KORO-LIOV et de la R-16 de YANGUEL. C’est ici queseront construites les installations de l’UR-500 : lepas de tir sera dans la zone 81, les bâtiments d’as-semblage et de préparation dans la zone 92, et lepersonnel sera logé dans la zone 95.Le décret d’avril 1962 qui autorisait le dévelop-pement de l’UR-500 confiait la conception et laconstruction du pas de tir au GSKB Spetsmach

de Vladimir BARMINE, qui avaitdéjà construit le pas de tir de laR-7 [9].Pour transporter le futur lanceurà l’horizontale et le redresser surson pas de tir, les ingénieurs deSpetsmach prévoyaient, à l’ori-gine, de réaliser un transporteur-redresseur semblable à celui dela R-7. Etant donné les dimen-sions de l’UR-500, ils ont toute-fois décidé de séparer les deuxfonctions : un transporteur assu-rera le roulage du lanceur depuisle bâtiment d’assemblagejusqu’au pas de tir, où un sys-tème de redressement sortira dusol [9].En décembre 1962, la décisionn°1205 de la VPK attribue le dé-veloppement des sous-systèmesde complexe de lancement à unedouzaine d’entreprises [9].A Baïkonour, la construction desinstallations commence au prin-temps 1963. Elle est menée àbien par la 504e Direction desTravaux (UNR) sous la respon-sabilité du colonel Youri LO-BOUCHKINE [13].Le 3 novembre 1963, le missileUR-200 réalise son premier volavec succès.Le 13 mars 1964, l’ordren°314688 du Commandementdes Forces de Missiles Straté-giques (RVSN) créél’unité  93764 qui sera en chargede l’exploitation de l’UR-500 àBaïkonour. Le colonel IvanPROUGLO prend le commande-ment de cette unité le 7 avril1964 [10]. C’est un ancien offi-cier d’artillerie qui avait notam-

ment participé à l’invasion anglo-soviétique del’Iran pendant la Deuxième Guerre mondiale(opération Countenance). L’unité 93764 fait par-tie de la 4ème Direction des Essais (unité26360), commandée par le major-général ViktorMENCHIKOV [18].Du côté des industriels, tous les éléments dufutur pas de tir sont achevés en 1964, et ils com-

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De g. à dr., l’UR-200, l’UR-500et le paquet de 4 x UR-200

Le moteur RD-253 de Glouchko

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mencent alors à être installés àBaïkonour, dans la nouvelle zonen°81 [9].Un modèle d’essai de l’UR-500 ar-rive à Baïkonour le 24 juillet 1964pour permettre aux techniciens del’unité 93764 de tester le segmentsol. Il est transféré du bâtimentd’assemblage vers le pas de tir àsix reprises [12].Moins de deux semaines plus tard,le 3 août 1964, le Comité centralpublie le décret (n°655-268) quiautorise l’OKB-52 à commencer ledéveloppement du vaisseau desurvol lunaire LK-1. L’UR-500 adonc maintenant quelque chose àlancer [8].A Baïkonour, l’UR-500 factice estmontré à Nikita KHROUCHT-CHEV, lors de sa visite du 24 sep-tembre 1964. A son retour àMoscou, le Premier secrétaire duParti communiste décide d’aban-donner le missile UR-200, queTCHELOMEÏ envisageait deconvertir en lanceur léger. Aucunedécision n’est prise à ce stadeconcernant l’UR-500 mais, àl’OKB-52, l’inquiétude monte.KHROUCHTCHEV n’aura toute-fois pas le temps de se penchersur ce dossier. Moins d’un moisaprès sa visite à Baïkonour, il estremplacé par Leonid BREZHNEVà la tête du Parti. Le nouveau Pre-mier Secrétaire est très timoréconcernant l’OKB-52, et lance unaudit approfondi sur ses activités.L’audit en question est dirigé parMstislav KELDYCH, le Présidentde l’Académie des Sciences, quiconclut que l’UR-500 est beaucouptrop gros pour servir de missile ba-listique mais que, doté d’un troi-sième étage, il ferait un excellentlanceur spatial [16].

5. La première campagne de lancement ProtonMaintenant que l’UR-500 est sauvé de la menaced’annulation, l’OKB-52 doit concentrer ses effortspour le faire voler le plus rapidement possible. La

pression sur les équipes en chargede son développement est très im-portante et, quand le premierexemplaire bon de vol est convoyéà Baïkonour en mars 1965 [12], lesessais au sol de ses étages n’ontmême pas encore débuté !Ceux-ci sont réalisés le 25 mars1965 pour le deuxième étage, et le21 avril 1965 pour le premierétage. Ils ont lieu au NII-229 sousla supervision de Vladimir IEVLEVet se déroulent sans incidentmême si, par sécurité, seuls troisdes six moteurs RD-253 du pre-mier étage sont allumés [11].Le 5 juillet 1965, à Baïkonour,l’UR-500 est transféré sur son pasde tir, pour un lancement prévu le16 juillet [12].Ce jour là, la Commission d’Etat di-rigée par le major-général Alek-sandre ZAKHAROV, qui vient dequitter son poste de commandantdu cosmodrome (le 12 mars) pourdevenir assistant du commandantdes RVSN pour les écoles, auto-rise le remplissage en N2O4 dulanceur [12].Le remplissage se passe bien pen-dant cent-vingt secondes, puis unealarme apparaît dans le bunker decommande, indiquant un blocagedes liaisons bord-sol. Après ana-lyse, il s’avère que le métal de l’undes raccords du système de rem-plissage s’est déformé [12]. Cinq techniciens enfilent des te-nues de protection étanches etpartent inspecter le lanceur. Ils re-viennent dans le bunker vingt-cinqminutes plus tard et indiquent queni les moteurs, ni les raccords dusystème de remplissage ne sontendommagés. TCHELOMEÏ,GLOUCHKO et ZAKHAROV vonteux-mêmes inspecter le lanceur,avec une équipe de techniciens. Il

s’avère que les isolants des câbles de deux dessix moteurs RD-253 ont été endommagés pardes gouttes d’ergols lors des deux minutes qu’aduré le remplissage. Sur décision deoctobres 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 15

Colonel Ivan Prouglo

Vladimir Ievlev

Alexandre Zakharov

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GLOUCHKO, deux trappes sont fer-mées, ce qui permet de protéger les câ-bles, et ainsi de reprendre leremplissage [12].Celui-ci se déroule cette fois sans inci-dent. Mais à H0-30’, une alarme in-forme l’équipe de lancement que l’undes capteurs du système de régulationde vitesse ne fonctionne plus. Deux in-génieurs de l’unité 93764, le major TI-TARENKO et le lieutenant-chefZAGREBINE, enfilent de nouveau lestenues de protection, montent sur latour de service, dévissent les quarante-six boulons pour ouvrir la trappe suidonne accès aux instruments de bord,démontent le capteur défaillant et le ra-mènent au bunker. Après réparation, ilsvont le remettre en place. La chronolo-gie reprend mais, à H0-30’, la mêmealarme réapparaît, et TITARENKO etZAGREBINE doivent réitérer leur expé-dition de remplacement du capteur[12].Cette fois, rien ne vient plus interrom-pre la séquence de lancement. Le pre-mier lanceur UR-500 décolle ce 16juillet 1965 à 11h16 GMT. Les six mo-teurs de GLOUCHKO fonctionnent cor-rectement, ainsi que les quatremoteurs RD-0208/0209 de KOSBERG.La charge utile, un gros satellite scien-tifique appelé N-4, mais baptisé «Pro-ton» pour l’affichage au public, estplacé avec succès sur une orbite basse (190kmx 627km x 63,5°).A l’origine, l’OKB-52 avait prévu de donner lenom Gerkules («Hercules») à l’UR-500. Dans lesannées 1980, un modèle d’essai du lanceur Pro-ton a d’ailleurs été photographié à Baïkonouravec ce nom peint sur son deuxième étage. Mais,dans la tradition soviétique de l’époque, c’est fi-nalement avec le nom du satellite, à savoir «Pro-ton», que l’UR-500 sera présenté au public.

6. EpilogueLa réussite du vol inaugural de l’UR-500 est d’uneimportance capitale pour le programme spatialsoviétique, et ce pour au moins trois raisons.Tout d’abord, il marque l’entrée en scène deTCHELOMEÏ, qui rejoint KOROLIOV et YAN-GUEL dans le petit monde du spatial. Ce troi-

sième acteur marquera profondément le pro-gramme soviétique pour les décennies à venir.Sur le plan international, d’autre part, ce vol inauguralconstitue une réponse au lanceur américain Titan-IIIC, capable de satelliser 13,3 tonnes, et qui a faitson premier vol un mois plus tôt, le 18 juin 1965.Last but not least, le succès du 16 juillet 1965marque un grand pas en avant dans le contextede la course à la Lune entre Américains et Sovié-tiques. A ce moment, en effet, la principale raisond’être de l’UR-500 est d’envoyer le vaisseau LK-1 de l’OKB-52 sur une trajectoire de survol lu-naire, et la réussite de son premier vol ouvredonc la voie à ce projet.Le 14 août 1965, moins d’un mois après que Pro-ton ait décollé de Baïkonour, KOROLIOV écritune lettre à BREZHNEV pour lui demanderd’abandonner ce lanceur, ainsi que son vaisseauLK-1. Bien qu’il décide finalement de ne pas en-

Discours de Zakharov le 16 juillet 1965. Derrière luide g. à dr., M.I.Droujinine, A.N.Livchits, V.N.Bou-

gaïsky, You.N.Troufanov, ? , A.M.Voïtenko, A.P.Doli-nine, ? , V.N.Tchelomei.

16 - octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace

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voyer son courrier, le programme lunaire sovié-tique est réorganisé en profondeur dès le 25 oc-tobre 1965.Constatant que Proton a réalisé son premier volavec succès, et que la N-1 de KOROLIOV prenddu retard, le Comité central simplifie les projetslunaires en associant les programmes des deuxconstructeurs, et décide que le vaisseau de KO-ROLIOV sera lancé par le Proton de TCHELO-MEÏ [14].On laissera la conclusion au général Nikolaï KA-MANINE, patron des cosmonautes soviétiquesqui, au lendemain du deuxième vol (réussi) deProton, écrira dans son journal [15] :«Les Américains ne peuvent pas encore lancerde satellites aussi lourds et, nous, nous les lan-çons presque vides car nous n’avons pas devaisseau d’une telle masse. C’est une nouvelledémonstration de notre mauvaise planification :nous avons fait une fusée capable de placer 12tonnes sur orbite, mais nous avons oublié de pré-parer un vaisseau pour cette fusée».

Notes et bibliographie[1] Советский космос, 2011[2] POLIATCHENKO, V.A., На море и в кос-мосе, 2008[3] 60 лет самоотверженного труда во имямира, 2004[4] SIDDIQI, A., Sputnik and the Soviet SpaceChallenge, 2000[5] Plus tard, l’OKB-1 abandonnera le moteur del’OKB-456, et lui préfèrera le NK-15 de KOUZ-NIETSOV.[6] KATCHOUR, P.I., GLOUCHKO, A.V., Вален-тин Глушко, 2008

[7] AFANASSIEV, I., 35 лет РН «Протон», No-vosti Kosmonavtiki n°1/2-1998[8] BATOURINE, Y., Советская космическаяинициатива в государственных документах,2008[9] Технологические обьекты наземной ин-фраструктуры ракетно-космической тех-ники, Tome 1, 2005[10] Le site internet des vétérans de l’unité 93764[http://chast-93764.narod.ru][11] MAKAROV, A.A., Наземные испытания ра-кетно-космической техники, 2001[12] PERMINOV, A.N., Байконур – 50, Историякосмодрома в воспоминаниях ветеранов,2005, pp. 415-417[13] Ouvrage collectif, Главный строитель Бай-конура, 2004, p. 161[14] Pour une description détaillée de l’histoire duLK-1, voir  : PILLET, N., Histoire du LK-1[http://www.kosmonavtika.com/vaisseaux/lk1/hist/hist.html][15] KAMANINE, N., Скрытный космос, Tome2, article du 3 novembre 1965[16] PETRAKOV, V., AFANASSIEV, I., Страстипо «Протону», Aviatsia i Kosmonavtika n°04-1993[17] MEZHIRITSKI, E., Труды ФГУП «НПЦАП»,2013[18] BARANOV, L., Космодром Байконур – 50космических лет, 2005[19] KATORGUINE, B., Путь в ракетной тех-нике, 2004[20] SILINE, T., «Протон-ПМ» на земле и вкосмосе, 2008. Le premier lanceur équipé demoteurs RD-253 produits en série à Perm ne dé-collera que le 8 avril 1967.

Ce cliché, pris dans lers années 80, montre un modèle d’essai de Proton portant l’inscription “Gerkules” quidevait initialement être son nom de baptème.

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Le 7 jui l let 1995, à 16 h 23 min 34 secTU, le premier satell i te mil i taire françaisd’ imagerie optique Hélios-1A est lancépar une fusée Ariane-40 (vol V75) deKourou sur une orbite hé-l iosynchrone. I l a été opé-rat ionnel pendant 16années, jusqu’en janvier2012. Puis i l a été placésur une orbite plus bassepour se désintégrer ulté-r ieurement dans l ’atmo-sphère. Durant lesopérations menées en Af-ghanistan et plus récem-ment encore lors del ’ intervention en Libye, cesatel l i te a été uti l isé dansdes domaines très largeset diversif iés (renseigne-ment, connaissance deszones d’opérations, acqui-sition de cartographie élec-tronique, etc). Développé par AirbusDS/Toulouse (plate-formeet instrument de moyennerésolution, champ large) etThales AleniaSpace/Cannes (instrumentà haute résolution, champétroit), c’est une engin de2,5 t doté d’un grand pan-neau solaire fournissantune puissance de 2,1 kW.La durée de vie garantieest de 5 ans. Les camérasuti l isent des optiques deReosc, un plan focal deSodern et des capteursCCD de Thomson/Saint-Egrève. La visée horstrace est obtenue par bas-culement du satell ite sur leroulis. Le satell i te possède deux enregis-treurs magnétiques de Schlumberger/En-ertec (une mémoire de masse de

Thomson-CSF/Detexis sera instal lée surHélios-1B1). Les images sont retrans-mises au-dessus des stat ions de récep-t ion avec débit de 50 Mbps. La

télémesure image est enbande X chiffrée, tandisque la TTC est en bande Schiffrée. Le contrôle d’atti-tude comprend deux gyro-scopes, les senseursstel laires (montés à proxi-mité de la caméra pour lo-cal isat ion), les roues àréaction, les magnéto-cou-pleurs et les moteurs à hy-drazine. Les premières études surce type de satell i te datentde la première loi de pro-grammation militaire 1961-1964. Le projet VSOP(véhicule spatial d’obser-vation photographique)d’environ 500 kg est étudiépar le LRBA. Pour le lan-cer, il fallait une fusée pluspuissante que Diamant-A :c’est le Diamant-Hydro-gène (ou Diogène). Mais leprogramme VSOP estabandonné en 1967, fautede lanceur. Une vei l letechnologique est assuréede 1973 à 1976, puis leprojet SAMRO (Satel l i teMil i taire de Reconnais-sance Optique) est étudiéde novembre 1977 à juil let1982. Le concept évoluealors en synergie avecSpot-4 et le projet redé-marre sous le nom d’Hé-l ios en septembre 1985.La décision est prise par

Paul Quilès le 5 février 1986. Le pro-gramme est rejoint par l ’ I tal ie le 27 sep-tembre 1987 puis par l ’Espagne le 9

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20 ans du satellite Hélios-1Apar Christian Lardier, IFHE

Le satellite Hélios-1A

Le lancement V75 du 7-7-1995

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novembre 1988. Leur part de financement(respectivement 14 % et 7 %) leur donneun droit d’utilisation des images. En 1987,le ministère de la Défense confie le déve-loppement de la com-posante spatiale auCnes. La réal isat ionest placée sous unetr iple tutel le EMA-DGA-Cnes. La maîtrised’œuvre industriellepour le satel l i te et lacomposante sol a étéconfiée à Matra Mar-coni Space (MMS) enjuin 1989. Le lance-ment est alors prévuen 1994 et un secondsatel l i te doit être prêtdès fin 1995.Au Cnes, le projet a étédirigé par Louis Dul-herm, Marc Pircher, Mi-chel Dorrer, etc. A laDGA, il a été dirigé parDaniel Pichoud, PatriceLatron, Philippe Lughe-rini, Joël Barre en1991/95, Philippe Ben-sussan en 1995/98, Christian de Ville-magne en 1998/2000, Michel Sayegh, etc.A l’EMA, les officiers de programme ont étéDidier de la Simone en 1986/89, François-Xavier Bouchard en 1989/91, Bernard Mo-lard en 1991/95, Henri Schlinger en1995/1997, Yves Blin en 1997/2001, BrunoDelarre en 2001/2003, Inaki Garcia-Bro-tons en 2003/2008, Christophe Morand,etc. En septembre 1990, une équipe demarque, interarmées et internationale, aété confiée au lieutenant-colonel ChantalCapelli. La composante sol est confiée à MatraCap Systèmes (MCS). A l’EMA, le colonelPierre Lorenzi2 est nommé officier de pro-gramme composante sol uti l isateurs(CSU) et Chef de la division Espace del’armée de l ’air en 1986/89. Les centressont choisis en juin 1988  : Centre demaintien à poste (CMP) de Toulouse, Sta-tion de Colmar (CRIF, unité 11.348), Cen-tre principal Hélios Français à Creil

(CPHF, unité 10.348), Centre principal Hé-l ios près de Rome (CPHI) et de Madrid(CPHE à Torrejon), Stations de réceptionà Lecce en Italie (CRII) et Maspalomas en

Espagne (CRIE). En1989, la décision estprise par le ministre dela Défense  : l ’objectifest de transférer l’acti-vité de la base aé-rienne 272 deSaint-Cyr-l ’école à labase aérienne 110 deCreil et de créer unpôle interarmées derenseignement com-portant, entre autre, durenseignement d’ori-gine spatial et électro-magnétique. La guerre du Golfe en1991 sensibi l isera leministre Pierre Joxe àl’espace. I l décidealors la création de laDRM le 16 juin 1992(Jean Heinrich) et dubureau Espace à l’EMAle 1e août 1992 (Géné-

ral air Jean-Pierre Job). Le 1e juillet 1992,c’est la création du Centre militaire d’ob-servation par satell i tes (CMOS, unité01.348). Il est dirigé par le Général de bri-gade aérienne Daniel Derieux (comman-dant de la base 110 et 1e commandant duCMOS). Puis le Centre de Formation In-terarmées d’Interprétation de l ’ Imagerie(CF3I) est mis en place (CFIII 24/664). En1993, le Cnes est intégré dans la boucle(accord Joxe-Curien). En avri l 1993, unmemorandum d’entente (MoU) est signéentre la France, l’Italie et l ’Espagne. Nota :1 lancé le 3 décembre 1999, i l est tombéen panne (système d’al imentation) le 21octobre 2004 (six semaines avant son 5eanniversaire). Il a été retiré de son orbite. 2 dirige la base de Solenzara en 1990/91,puis devient chef de la section Espace del’EMA en 1991/92, adjoint du bureau Es-pace en 1992/93, consei l ler mil i taire duprésident du Cnes en 1993/2009. octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 19

Rapport d’étude du LRBA du 22-10-64 :“Satellite de reconnaissance optique”

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Au début des années 70, la NPO Youjnoe,dirigée par V.F.Outkine, étudie une famillede lanceurs léger ( jusqu’à 3 t), moyen(jusqu’à 12 t), lourd (jusqu’à 30 t) et su-perlourd (100-120 t). La première étapeconcerne le lanceur moyen 11K77 à er-gols non toxiques (LOX-kérosène). Le 16mars 1976, le décret n°1983-70 le retientcomme un lanceur à deuxétages dont le premierétage sert de booster à lasuper-fusée Energya (qua-tre boosters 11S25 autourdu corps central). Le projetest adopté par le ministrede la Défense D.F.Oustinovle 18 mars 1977. La masse au décollage doitêtre de 450 t et le moteur dupremier étage doit avoir unepoussée au sol de 600 t(NPO EnergoMach). Le 2eétage doit util iser un moteurdu KBXA et de l’usine de Vo-ronej. Le système de guidage, doté d’unordinateur de bord Biser-2, est développépar le NIIAP de Pil iougine. Deux plates-formes de lancement 11P877, entièrementautomatisées, sont construites par KBTMà Baïkonour (zone n°45). Le moteur du 1eétage est le RD-171/11D520 à quatrechambres de combustion de 740 t depoussée au sol (version RD-170/11D521sur Energya). I l est produit en série parl ’usine de Omsk. Le moteur du 2e étageest f inalement développé par Energo-Mach : c’est le RD-120/11D123 de 85 t depoussée dans le vide. I l est produit ensérie par l’usine YoujMach de Dnieprope-trovsk. Il est piloté par quatre moteurs deroulis 11D513 développés par Youjnoe. Le 11 octobre 1980, un ordre du MOM dé-marre le développement du démonstrateurmono-chambre MD-185. Le 9 juin 1981,c’est la première mise à feu réussie du RD-170. En septembre, le RD-171 n°18 esttesté avec succès. Mais le 26 juin 1982, un1e étage de Zenit avec son moteur explosesur le banc d’essai du NII KhimMach de Za-

gorsk. Il faut attendre le 1e décembre 1984pour une mise à feu réussie sur le banc re-construit. Le retard du développement obligele ministère de la Défense à lancer ses sa-tellites d’écoute électronique Tselina-2 avecune Proton (Cosmos-1603 le 29 septembre1984 et Cosmos-1656 le 30 mai 1985).A Baïkonour, les travaux sont coordonnés

par le conseil interdéparte-mental (MVKS) dirigé par leministre adjoint G.R.Oudarovet la 4e direction du MOM di-rigée par You.A.Fomine  : leMIK est terminé en 1983 etla 1e plate-forme en 1984(objet 779). La première fusée arr ive àBaïkonour en janvier 1985.La commission d’Etat est di-r igée par le généralG.S.Titov, cosmonaute n°2,qui est alors premier adjointdes Forces spatiales (TsU-KOS). Les adjoints sont

V.F.Outkine (Youjnoe), You.A.Joukov (di-recteur du cosmodrome), V.S.Patrouchev(chef de la 2e direction du cosmodrome).Les constructeurs sont V.F.Outkine etV.G.Komanov (Youjnoe), V.N.Soloviev(KBTM), V.L.Lapygine et You.V.Trounov(NIIAP), V.P.Radovsky (EnergoMach). Lepremier t ir est d’abord f ixé au 12 avri l1985. I l est dir igé par V.A.Nedobejkine(cosmodrome) et V.V.Gratchev (Youjnoe).Mais des problèmes provoquent un pre-mier report de 2 h, puis un autre de 24 h.Finalement, la fusée n°1 décol le le 13avril. Un défaut du régulateur de débit ducombustible du 2e étage empêche la sa-tel l isat ion d’une maquette 03.0694 deTselina-2 (3,2 t) sur une orbite circulaireà 71°. Le second tir du 21 juin se termineégalement par un échec à la suite d’unécart de fonctionnement des moteurs deroulis du 2e étage. La première mise enorbite intervient lors du 3e tir du 22 octo-bre 1985  : la maquette devient Cosmos-1697. Le 28 décembre 1985, le 4e tir sesolde par un échec partiel car la coiffe ne

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30 ans du lanceur Zenit-2 par Christian Lardier, IFHE

Lancement de Zenit de Baïkonour

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s’est pas séparée  : la maquette devientCosmos-1714. Le 8e tir du 18 mars 1987permet de mettre en orbite la dernière ma-quette qui devient Cosmos-1833. Alors quele président Mikhail Gorbatchev visite Baï-konour le 13 mai 1987, il assiste au lance-ment d’un Tselina-2 (Cosmos-1844) par laZenit-2 n°9. Deux jours plus tard, c’est lelancement historique de la première fuséeEnergya avec quatre boosters dérivés de laZenit-2. Un an plus tard, le 15 mai 1988, laZenit-2 n°12 lance unTselina-2 (Cosmos-1943). Le 15 novembre1988, c’est le vol histo-rique d’Energya-Bouraneavec quatre boosters dé-rivés de la Zenit-2. Enfin,le 23 novembre, la Zenit-2 n°13 lance un Tselina-2 (Cosmos-1980). Ledécret n°1397-280 du 1edécembre 1988 déclarele lanceur opérationnel. Le 5e t ir porte sur unnouveau type de mis-sion  : i l s’agit de placer10,4 t sur une orbitebasse inclinée à 65°. La fusée décolle le30 juil let 1986 avec la maquette 03.0695qui devient Cosmos-1767 (il rentre dansl’atmosphère après 16 jours). L’opérationest rééditée le 14 février 1987 avec laZenit-2 n°7 : la maquette devient Cosmos-1820 (il rentre dans l’atmosphère après 20jours). Le 1e août 1988, la Zenit-2 n°10lance Cosmos-1871 (9,6 t) sur 97° (il ren-tre dans l’atmosphère après 10 jours). Le28 août 1987, la Zenit-2 n°11 lance Cos-mos-1873 (11,0 t)sur 65° (il rentre dans l’at-mosphère après 16 jours). Le vol n°6 du 22 octobre 1986 est différent :il place un satellite de calibration radar Taï-fun-1B (Cosmos-1786) de 750 kg sur uneorbite 190 x 2589 km inclinée à 65°. La 2e plate-forme de tir est achevée début1990. Le premier tir (n°14) du 22 mai placeun satellite Tselina-2 (Cosmos-2082) surune orbite circulaire à 71°. Mais le secondtir (n°15) du 4 octobre se solde par une ex-plosion au décollage et la destruction de laplate-forme. De retour sur la 1e plate-

forme, les deux tirs suivants (n°16 et 17)du 30 août 1991 et du 5 février 1992 sontaussi des échecs. Il faut attendre le voln°18 du 17 novembre 1992 pour qu’un Tse-lina-2 puisse être à nouveau satellisé(Cosmos-2219). Le décret du 27 janvier 1985 et la décisionVPK du 22 décembre 1986 démarrait le déve-loppement d’un nouveau vaisseau habitélance par Zenit-2 : c’est la capsule réutilisableZarya (14F70) de NPO Energya. Mais le pro-

jet est abandonné en jan-vier 1989. De meme, lafusée Energya et la na-vette Bourane sont aban-données en 1991.A cette époque, l’URSSconnaît une importantecrise économique qui vaprovoquer sa transfor-mation en Russie. L’ex-portation de la Zenit-2est envisagée en Austra-lie début mars 1990 pourun 1e vol en 1995. Maisle projet ne se fera pas.En mars 1994, Boeing,Youjnoe et Youjmach

(Zenit), Energya (Block-D) et l’armateurnorvégien Kvaerner (plate-forme maritimeOdyssey) signent un protocole d’accordpour la création de la société Sea Launchqui est créée officiellement en mai 1995aux îles Caïmans. Le Zenit-3SL peut satel-liser jusqu’à 5,9 t sur orbite de transfertgéostationnaire (GTO). Mais après 36 lan-cements de 1999 à 2014 (trois échecs en2000, 2007 et 2013), la société depose lebilan (Chapitre 11) en 2009 et elle est ra-chetée par Energya en 2010. Mais au-jourd’hui, l’opérateur n’a plus de clients etcherche à vendre le système de lancement. La version Zenit-3SLB (Land Launch), lancéede Baïkonour, totalise six tirs en 2008/2013. Laversion Zenit-2M Et la version Zenit-3F (avecl’étage Fregat) a permis de lancer Elektro-L1 en2011, Spectre-R en 2011, Phobos-Grunt en2011, puis servira pour Elektro-L2 le 11-12-2015, Lybid en 2016, Spectre-RG en 2017. Maisau-delà, le divorce entre la Russie etl ’Ukraine mettra un terme à l ’ut i l isat ionde Z e n i t d e p u i s B a ï k o n o u r.

Le Sea Launch à Long Beach

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Le 2/3/65, le Ministère des machines générales (MOM) estcréé pour l’industrie des fusées et satellites civils et mili-taires. Il est formé à partie de la 7e direction principale(glavka) du Ministère de l’industrie de défense (MOP).Par le passé, le vocable de “machines générales” avait déàutilisé à deux reprises : du 5/2/39 au 26/11/41, il s’occuped’armement et devient le ministère des mortiers en 1941/46qui produit en série les fameuses Katiouchas (orgues deStaline), d’avril 1955 à juin 1957, il s’occupe à nouveaud’armement et notamment de fusées à ergols solides. Le MOM est successi-vement dirigé par lesministres S.A.Afana-seiev (1918-2001) en1965/83, O.D.Baklanov(1932) en 1983/88,V.Kh.Dogoujiev (1935)en 1988/89, O.N.Chich-kine (1934) en 1989/91. Les premiers adjointssont G.A.Tiouline en1965/76, B.V.Balmonten 1976/80, O.D.Bakla-nov en 1981/83,V.N.Konovalov en1983/87, V.Kh.Dogou-jiev en 1987/88,O.N.Chichkine en1988/89 et R.R.Kiriou-chine en 1989/91. Les adjoints sontN.D.Khokhlov en 1965/83, A.S.Matrenine en 1984/91(ICBM et lanceurs), G.M.Tabakov en 1965/81, V.N.Kono-valov en 1981/83, V.Kh.Dogoujiev en 1983/87 (moteurs etSLBM), V.Ya.Litvinov en 1965/73, You.N.Koptev en1988/91 (programme spatial), G.R.Oudarov en 1965/79,S.S.Vanine en 1979/91 (installations terrestres), L.I.Gous-sev de mars à décembre 1965, M.A.Brejnev en 1965/73,B.V.Balmont en 1973/76, O.D.Baklanov en 1976/81,O.N.Chichkine en 1981/88, E.A.Jelonov en 1988/89,V.E.Sokolov en 1989/91 (systèmes radio, instrumentationde bord et gyroscopes), E.V.Mazour en 1965/82, V.N.So-chine en 1982/91 (construction), V.V.Lobanov (administra-tion), A.I.Dounaiev en 1985/91 (Glavcosmos),A.E.Chestakov (direction technique) en 1987/89 et G.F.Gri-gorenko (sécurité) en 1983/91. La 1e glavka, qui s’occupe des ICBM et lanceurs, a été diri-gée par P.A.Sysoiev (ancien directeur de KrasMach) en1965, S.F.Sigaiev, V.N.Konovalov, V.D.Krioutchkov, E.A.Ver-bine, V.N.Ivanov, V.A.Andreiev en 1988/91. Les adjointssont E.N.Rabinovitch, A.V.Matveiev, L.E.Makarov, etc. La 2e glavka, en charge des SLBM et des moteurs, a étédirigée par I.I.Abramov en 1965/69 (ancien directeur deVMZ), V.N.Konovalov, S.F.Sigaiev en 1972, N.B.Guerassi-mov. Plus tard, les moteurs ont été séparés pour devenirla glavka n°12 dirigée par V.A.Gortchakov. La 3e glavka, en charge du programme spatial, a été diri-

gée par K.A.Kerimov en 1965/74, V.D.Vatchnadze en1974/77, You.N.Koptev en 1977/88, puis V.D.Ostroumoven 1989/91. Les adjoints sont A.I.Bazarnyi, You.G.Milov,You.L.Kouznetsov, etc.La 4e glavka, en charge de l’instructure terrestre (cosmo-dromes), a été dirigée par P.P.Kotcherov en 1965/67,V.F.Matiachine, A.M.Mokine, You.A.Fomine. La 5e glavka, qui s’occupe des systèmes de guidage, a étédirigée par A.P.Zoubov pendant 25 ans. La 6e glavka, qui s’occupe des gyroscopes, a été dirigée

par B.V.Balmont en1965/72, V.A.Frolov,V.V.Bezroutchenkov. La 7e glavka, en chargede la maintenance desICBM, a été dirigée parA . S . M a t r e n i n e ,A . V . O u s s e n k o v ,V.A.Chouliakovsky. La 8e glavka, responsa-ble de la R&D et de laplanification, a été diri-gée par K.P.Koloben-kov, B.V.Balmont en1972, A.K.Vanitsky en1974, I.P.Roumiantseven 1976, A.I.Dounaieven 1982, V.F.Gribanov. La 9e glavka, responsa-ble de la maintenancedes SLBM, a été diri-

gée par S.S.Vanine, puis V.I.Mikerine. La 10e glavka, en charge des systèmes radio et instrumen-tation de bord, a été dirigée par O.F.Antoufiev. La 11e glavka, en charge d’Energya-Bourane de 1976 à1991, a été dirigée par P.N.Potekhine. Les adjoints sontB.D.Ostroumov, V.D.Stepanov, B.E.Aleskine. V.N.Khodakovs’occupait des vols habités et internationaux, tandis queM.V.Sinelchikov s’occupait d’Energya-Bourane. La 12e glavka, en charge de la conversion, a été dirigéepar S.A.Choumakov. Devenue la glavka n°11 après l’arrêtd’Energya-Bourane, elle a été dirigée par S.I.Younochev. Enfin, la 13e glavka de l’export et la commercialisation, for-mée en 1985 (Glavcosmos), a été dirigé par A.I.Dounaieven 1985/91. Le 25 décembre 1990, les glavka n°7 et 9 forment la so-ciété RosObcheMach (112 entreprises) dirigée parO.N.Chichkine en 1991/94, puis par A.V.Oussenkov en1994/2015. La glavka n°3 devient ensuite l’agence spatialeRKA le 25 février 1992 (38 entreprises). Elle devient Ro-saviacosmos en 1999, Roscosmos en 2004, puis la Kor-poration Roscosmos-ORKK en 2015. Elle a été dirigée par You.N.Koptev en 1992/2004, A.N.Perminov en 2004/2011,V.A.Popovkine en 2011/2013, O.N.Ostapenko en2013/2014, I.A.Komarov en janvier 2015. Les premiers ad-joints sont V.V.Alaverdov en 1992/2002, N.F.Moisseiev en2002/06, O.P.Frolov en 2012/13, A.N.Ivanov en 2013.

50 ans du ministère des machines générales(MOM) par Christian Lardier, IFHE

22 - octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace

Le MOM, place Miousskaya à Moscou

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octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 23

12-16 octobre 2015, Jérusalem, Israël49e IAA symposium d’histoire de l’Astronautique

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Claude Gourdet Memorialle 24 mars 2015 au Spring Meeting de l’IAF

24 -octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace

Le 24 mars, l’IAF a organisé le “Claude GourdetMemorial” au CAP 15 où se déroulait le SpringMeeting. Les intervenants étaient Kiyoshi Higuchi (prési-dent de l’IAF), Karl Doetsch (président de l’IAF1994/98), Marcio Barbosa (président de l’IAF2000/2004), Annie Moulin (IAF), Alain Gaubert(Prospace) dont le texte a été lu par Gérard Bra-chet (Cnes), Robert Blanc (Satel Conseil), SylviaGelhert (épouse de Claude Gourdet).

Hommage d’amis à Claude Gourdet Discours de Robert Blanc

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octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace - 25

L’album photo de Claude Gourdet

La visite de Space Systems/Loral à Palo Alto en 1994

Cocktail à Satel Conseil de 1992 Cocktail à Satel Conseil en 1993

Le premier colloque Satel Conseil de 1988 Le 2e colloque Satel Conseil de 1990

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26 - Octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace

Le prix Ananoff 2015

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A l'occasion des 2e Rencontres "L'Espaceet la plume" qui se sont tenues au Châ-teau de Ladoucette à Drancy ce dimanche4 octobre, le premier Prix Alexandre Ana-noff a été remis.Lancé à l ’ init iative des associations “As-tronaute Club Européen”, “Histoires d’es-pace” et “Planète Mars”, sous le hautpatronage de la “Société Astronomique deFrance”, ce Prix vise à récompenser lesprojets amateurs cherchant à valoriserl 'espace pour le plus grand monde, àl ' image des projets menés par AlexandreAnanoff, pionnier de l 'éducation à l 'es-pace avant Spoutnik.Les deux premiers lauréats sont DidierCapdevila pour son site encyclopédique"Capcom Espace" (capcomespace.net) etGérard Auvray pour ses projets deconstruction de microsatell i tes pourjeunes.Cinq autres candidats s'étaient présentéscette année : Jean-Claude Aveni pour sonsite web "Astronautiquement Note", Sté-phane Bellocine pour son conte philoso-phique "Le Témoin du Temps", TimothéeMartens pour les projets spatiaux étu-diants inter-associatifs menés par l 'asso-ciation LAÏKA, Florence Porcel pour sespodcasts vidéo "La folle histoire de l 'Uni-vers" et Stéphane Sébile pour son site"Space Quotes - Souvenirs d'espace".

Participants, de g. à dr. : Stéphane Sébile (site "SpaceQuotes - Souvenirs d'espace"), Stéphane Belocine (conte

philosophique "Le Témoin du Temps"), Gérard Auvray(projets microsatellites de jeunes - 2e Prix) et Didier Cap-

devila (site "Capcom Espace" - 1e Prix)Ph

oto

S. S

ébile

Un événement World Space Week 2015

Château de Ladoucette à Drancy Dimanche 4 octobre 2015 de 13 heures à 18 heures

Deuxièmes rencontres franciliennes autour de la littérature spatiale

Accès libre et gratuit

PROGRAMME AU 21/07/2015 Après le succès de la première édition, qui avait rassemblé 22 auteurs le dimanche 30 de Paris-Orly, les Rencontres franciliennes « » 2015 se tiendront le dimanche 4 octobre prochain au Château de Ladoucette à Drancy.

Les expositions seront installées le samedi 19 septembre et resteront visibles

octobre.

Des auteurs « spatiaux » en dédicace Remise du Premier Prix Alexandre Ananoff Concours de dess -de-France Une Des expositions

Tania, astronaute de bande dessinée européenne (exposition de planches originales) Alexandre Ananoff, pionnier de l'éducation à l'espace 26 novembre 1965 : la France

Des animations pour tous Démonstrations de scaphandre de simulation martienne Démonstrations de drones et de quadricoptères téléguidés

Une librairie

Dessin original de Pierre-Emmanuel Paulis (www.tania-astronaute.net)

Rencontres régionales organisées par Association Science Ouverte en partenariat avec la Ville de Drancy et iation Planète Mars.

La manifestation bénéficie de nombreux soutiens : Euro Space Center de Redu-Transinne,

FranceTerme, Les Gentlemen Collectionneurs, idFM Radio Enghien, la revue de la Société Astronomique de France, la -Orly, Out Of Atmosphere et Planète Sciences.

Château de Ladoucette, Parc de Ladoucette à Drancy (93700) : https://goo.gl/HYbXQW

A 10 minutes à pied du RER B (station Le Bourget) - 40 minutes de trajet au total depuis Paris centre ou avec les bus 143 (arrêt "Aristide Briand") ou 248 (arrêt "Centre culturel") - Accès par la route : A86 (sortie 13), N2 puis D30

Stationnement gratuit sur le parking de trois heures autorisées avec disque horodateur)

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Nouveaux livresHistory of

Rocketry and AstronauticsNiklas Reinke, Editor

AAS History Series, Volume 43IAA History Symposia, Volume 32

28 -octobre 2015 - Bulletin d’information de l’Institut Français d’Histoire de l’Espace

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Carnet grisAntonio Fabrizi (1948 à 16-05-2015)

Le 16 mai 2015, Antonio Fabrizi est décédé à l’âge de 67 ans. Diplôméde l’Université La Sapienza de Rome, il commence à travailler chezBPD. De 1975 à 1989, il est responsable de l’étude des boosters d’Ari-ane. En 1990, il est nommé directeru commercial de Fiat AVio. En 1993,il retourne chez BPD comme directeur de la business Unit “Space Trans-portation Systems”. De 1997 à 1999, il a les mêmes responsabilités chezFiat Avio. Là il s’occupe également des programmes Cyclone-4 et Vega.En 2000, il est vice-président de Fiat Avio pour les affaires spatiales. De2003 à 2014, il est directeur des lanceurs à l’ESA. En 2014, il devientconseiller du directeur général de l’ESA. Il était membre de l’AcadémieInternationale d’Astronautique (IAA).

Harald Posch (1955 à 21-05-2015)Le 21 mai 2015, Harald Posch est décédé à l’âge de 60 ans. Il avaitcommencé sa carrière dans l’industrie, chez Austrian Aerospace et chezÖsterreichische Raumfahrt und Systemtechnik GmbH. En 2005, il dirigel’agence aéronautique et spatiale autrichienne de la FFG (Agenceautrichienne pour la promotion de la Recherche). A l’ESA, il a été prési-dent du Comité de la politique industrielle (IPC), puis président du Con-seil du 1-7-2014 au 21-05-2015.

Frederick C. Durant III (1916 à 21-10-2015)Le 21 octobre 2015, Fred Durant est décédé à l’âge de 99 ans. Diplômé de l’U-niversité de Lehigh (Pennsylvanie) en 1939, il entre chez du Pont de Nemours& Co. Pendant la seconde guerre mondiale, il est instructeur pour les pilotes del’US Navy. Il travaille comme pilote d’essai chez Bell Aircraft en 1946/47. Puisen 1948/51, il travaille à la Naval Air Rocket Test Station, Everett Research Labet Maynard Ordnance Test Station. Pendant la guerre de Corée, il retournecomme pilote d’essai à l’US Navy. En 1953, il est élu président de l’AmericanRocket Society et devient conseiller pour la CIA. Il devient également présidentde l’IAF en 1953/56. En 1954/58, il fait partie du projet Orbiter de satellite artificielde la Terre. En 1964, il est assistant directeur, puis chef du département d’astro-nautique du Smithsonian National Air & Space Museum de Washington. Il était

Fellow member de l’AIAA, membre de l’Académie Internationale d’Astronautique (IAA), patron del’Arthur Clarke Foundation.

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Left to right, seated: Cdr. George W. Hoover, Office of NavalResearch [ONR]; Frederick C. Durant III, Arthur D. Little, Inc.;James B. Kendrick, Aerophysics Development Corp.; WilliamA. Giardini, Alabama Tool and Die; Phillipe W. Newton, Dept.of Defense; Rudolf H. Schlidt, Army Ballistic Missile Agency[ABMA]; Gerhard Heller, ABMA; Werner von Braun, ABMA;standing-- Lt. Cdr. William E. Dowdell, USN [US Navy]; Alexan-der Satin, ONR; Cdr. Robert C. Truax, USN; Liston Tatum, IBM[International Business Machines]; Austin W. Stanton, Varo,Inc.; Fred L. Whipple, Harvard University; George W. Petri, IBM;Lowell O. Anderson, ONR; Milton W. Rosen, NRL.

Meeting of the Project Orbiter Committee on 17 March 1955 in Washington, D.C.

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Georges Mueller (16-7-1918 à 12-10-2015)Le 12 octobre 2015, Georges Mueller est décédé à l’âge de 97 ans. Diplômé del’Université de science et technologie du Missouri en 1938, puis de l’Universitéde Purdue en 1939. Il entre alors aux Bell Labs (radars aéroportés). Il devient-docteur en physique et professeur à l’Université de l’Ohio en 1951. En 1957, ilentre comme directeur du laboratoire d’électronique chez TRW. En septembre1963, il est administrateur associé de la Nasa, Office des vols habités (OMSF).Il prend alors la direction du programme Apollo jusqu’en novembre 1969. Aprèsun court passage chez General Dynamics, il est président de SDC, un produitde la RAND Corporation, en 1971/84. Il préside l’IAA en 1982/97. En 1995, ilprend la direction de la société privée Kistler Aerospace jusqu’en 2010.

Robert Farquhar (12-9-1932 à 18-10-2015)Le 18 octobre 2015, Robert Farquhar est décédé à l’âge de 83 ans. A 18 ans, ilentre dans l’armée comme parachutiste. Il participe à la guerre de Corée. De retouraux Etats-Unis, il entre l’Université de l’Illinois et devient ingénieur en 1959. Il passeun master à l’Université de Californie, puis un doctorat à l’Université de Stanforden 1968 (points de libration). Il a travaillé pour la Nasa pendant 23 ans (ISEE-3,NEAR, Contour, New Horizons).

Leonid Ivanovitch Goussev (3-4-1922 à 11-03-2015)Le 11 mars 2015, Leonid Goussev est décédé à l’âge de 67 ans. A 18 ans, il s’en-gage dans la second guerre mondiale. En mai 1948, il entre au NII-885. Terminel’Institut électrotechnique des liaisons de Moscou en 1955. Il reçoit l’ordre deLénine en 1957 pour le lancement de Spoutnik-1. Directeur NII-695 en 1959/63,ministre adjoint de l’industrie radio en 1963/65, ministre adjoint du MOM de marsà fin 1965, directeur et constructeur principal du NII-885 en 1965, puis 1e adjointen 2004, adjoint en 2008. Docteur es sciences techniques en 1985, professeuren 1979, Héros du travail socialiste en 1961 (Vostok-1), Prix Lénine 1970 (Luna-16), Prix d’état en 1982 (satellite-espion du TsSKB) et 1996 (Glonass).

Jana Dmitrievna Erkina-Sergueïtchik (6-3-1939 à 25-05-2015)Née le 6/5/39 à Solytz dans la région de Novgorod, elle a terminé l’Institut péd-agogique de Riazan comme professeur d’anglais en 1961. Elle pratique le para-chutisme à l’aéroclub de la DOSAAF de Riazan à partir de 1957 (plus de 150sauts). En mars 1962, elle est sélectionnée dans le groupe des “cosmonettes”(Terechkova, Ponomareva, Solovieva, Kouznetsova, Erkina). En mai 1969, elletermine l’académie de l’air Joukovsky (capitaine-ingénieur) et travaille commechercheur à la Cité des étoiles jusqu’en juillet 1989 (major de réserve). Elle tra-vaille à la représentation commerciale de l’URSS à l’étranger, puis retourne àl’enseignement de l’anglais.

Vladimir Evguenievitch Goudiline (8-4-1938 à 29-10-2015)Diplômé de l’école des ingénieurs de la Marine en 1960, il entre dans la Flottedu Nord (sous-marins nucléaires). En 1965, il est muté à Baïkonour où il s’occupedes satellites de surveillance océanique à générateur nucléaire (US-A). En 1979,il est adjoint de la 4e direction du cosmodrome pour la Marine. En 1982, il dirigela 6e direction en charge d’Energiya-Bourane. Il a participé au lancement d’en-viron 300 fusées-porteuses et d’environ 30 ICBM. Puis il est adjoint du TsNII-50de Jubilenyi en 1989/93. Il était général-major depuis 1985, docteur es sciencestechniques en 1994. Il a reçu l’ordre de Lénine en 1990. Il a terminé sa carrièrechez RKK Energiya.

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Edouard Nikolaievitch Stepanov (16-7-1918 à 12-10-2015)Né le 17/4/37 à Verkhopenie dans la région de Koursk, il termine l’école radiotechnique des in-

génieurs de l’armée de l’air à Kiev en 1959 et devient ingénieur dans les forcesde fusées stratégiques jusqu’en décembre 1962. Il passe dans l’armée de l’airet devient ingénieur au centre d’essai en vol d’Akhtoubinsk. Il est affecté au sec-ond groupe (militaire) de cosmonautes le 30/12/67. De janvier 1968 à août 1970,il s’entraîne sur le programme 7K-VI, puis sur le programme Almaz jusqu’en 1979(équipage Sarafanov-Stepanov de novembre 1971 à avril 1972). Il est Candidates sciences techniques en 1974. Le 30/3/76, il est affecté au groupe des vais-seaux «spéciaux». Il s’entraîne (équipage Glazkov-Stepanov-Makrouchine) pourun vol d’essai du TKS et participe à l’essai au sol d’un analogue au NII-30 en1979/81, mais le programme est abandonné. Puis il se prépare sur l’expérience

Pion-K du module TKS-4 (Cosmos-1686) en 1983/85. En 1986/90, il s’entraîne comme cosmonaute-expérimentateur sur le programme Bourane. Puis il s’entraîne pour le vol du Soyouz-sauveteur quidevait s’amarrer à la navette Bourane. Il quitte le groupe et l’armée le 31/10/92 (Colonel-ingénieurde réserve), mais reste comme chercheur à la Cité des étoiles.

Alexandre A. Boiartchouk (21-6-1931 à 10-8-2015)Le 10 août 2015, Alexandre Boïartchouk est décédé à l’âge de 85 ans. Diplôméde l’Université de Léningrad en 1953, il entre à l’observatoire astrophysique deCrimée (directeur adjoint en 1969). Puis il dirige l’Institut d’astronomie de l’A-cadémie des sciences en 1987/2003. Il a dirigé le programme de satellite Astron(télescope UV) et reçoit le prix d’Etat en 1984. Il est membre-correspondant del’Académie en 1976, académicien en 1987. Il fut membre du présidium de l’A-cadémie, académicien-secrétaire de la section des sciences physiques, présidentde la section de physique générale et d’astronomie, président adjoint du Conseilpour le Cosmos.

Oleg M. Belozerkovsky (29-8-1925 à 14-7-2015)Diplômé du MFTI en 1952, il entre dans l’Institut de mathématiques de l’Académiedes sciences. Là il entre dans le secteur de mathématiques appliques (OPM) deM.V.Keldysh. Puis il travaille au centre de calcul de l’Académie en 1955/76. Paral-lèlement, il est recteur du MFTI en 1962/87. Enfin, il crée et dirige l’Institut d’au-tomatisation de la conception (IAP) de l’Académie en 1987/2009. Ses travauxportent sur l’aérodynamique (écoulement supersonique autour des coiffes defusées), l’aérogazodynamique des capsules de rentrée, l’hypersonique des enginsvolants, la mécanique de déformation des corps solides, etc. Il est membre-corre-spondant de l’Académie en 1974, académicien en 1979. Il reçoit le prix Joukovskyen 1962 (hypersonique), le prix Lénine en 1966 (aérodynamique), l’ordre de Lénineen 1985 (60 ans), la médaille Korolev en 1981, etc.

Oleg I. Babkov (7-12-1931 à 21-09-2015)Diplômé du MFTI en 1954, il entre dans l’OKB-1 de Korolev. En 1960, dans lesecteur n°27 de B.V.Raouchenbakh, il développe le capteur d’orientation solairedu Vostok. Puis il devient l’adjoint de V.P.Legostaiev pour les systèmes de direc-tion des vaisseaux habités (Soyouz, Saliout, Mir, Bourane). Il participe aux pro-grammes Apollo-Soyouz avec les Américains et ATV avec les Européens ettermine sa carrière comme 1e adjoint d’un directeur de programme à RKK En-ergiya. Il a reçu l’ordre du travail du drapeau rouge et l’ordre de la révolution d’oc-tobre.

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