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30 9 SOCIETE < L’INDÉPENDANTDIMANCHE
27 DÉCEMBRE 2015
PO30A
Attentats: les liens entre Abdeslamet Abaaoud restent encore flous
Argentine: déception pour unegrand-mère et sa supposée petite-fille
L ieutenant, logisti-cien, kamikaze raté,recruteur ? Le rôleexact de Salah Ab-
deslam, 26 ans, délinquantde Molenbeek, communebruxelloise, reste à dessiner.Mais au-delà de son statut deprobable «dixième homme»des attaques, son rôle appa-raît crucial dans la genèsedes attentats les plus meur-triers de l’histoire de France(130 morts). Notamment auregard de ses liens étroitsavec Abaaoud, mort à 28 ansle 18 novembre lors de l’as-saut de l’appartement de labanlieue parisienne où ilavait trouvé refuge avec uncomplice encore non identi-fié.Plusieurs proches entendusont raconté comment, jus-qu’au départ d’Abaaoud enSyrie début 2013, ces deux«vrais petits voyous» fai-saient « les 400 coups »,« tout le temps ensemble»,rapporte à l’AFP une sourceproche du dossier.Fin février 2015, un mois etdemi après le démantèle-ment de la cellule jihadistede Verviers en Belgique dontAbaaoud était le chef, les en-quêteurs belges avaientd’ailleurs entendu Abdeslamdont ils savent qu’il fraieavec la mouvance islamisteradicale de Molenbeek. Ilssont aussi convaincus qu’il a
été récemment en contactavec Abaaoud, selon la sour-ce.
■ «Pas troppratiquant»
Abaaoud n’est alors plus uncomplice de délinquanced’Abdeslam mais une cibleprioritaire des services anti-terroristes européens. PourAbdeslam, il reste «unchouette gars», qu’il connais-sait depuis «plus de dixans» avec qui il « traînaittout le temps », «un bonami», rapporte la sourceproche du dossier. Il affirmel’avoir un peu perdu de vue,dit rejeter ses actes maisajoute : «En dehors du dji-had, c’est quelqu’un debien.»Outre Verviers, Abaaoud estalors sous le coup d’unecondamnation à vingt ans deprison pour avoir enlevé dé-but 2014 son petit frère de 13ans et l’avoir emmené en Sy-rie. Il apparaît dans les en-quêtes sur plusieurs actionsou projets terroristes de cesderniers mois.Et Abaaoud est le «premierrôle» d’une vidéo de propa-gande jihadiste de mars 2014où il devise, visage réjoui etparole satisfaite, au volantd’un 4x4 traînant des cada-vres de soldats syriens etjouant avec des têtes décapi-tées.
Lors de son audition, SalahAbdeslam ne peut ignorerque son ami est devenu unpersonnage important de l’or-ganisation de l’État islami-que (EI), apparaissant com-me un des cadres dusous-groupe al-Battar.Mais Salah Abdeslam présen-te un profil déroutant, décritpar des proches comme unmusulman «pas trop prati-quant», qui «sortait en boî-te», «buvait de l’alcool et nefaisait pas sa prière» oualors pas régulièrement. Cer-tes, il évoque dans son entou-rage ses velléités de départen Syrie, notamment fin2014, mais parle aussi d’unmariage, selon une sourceproche de l’enquête.
Il fréquente les casinos : enjuin 2014 à Breda(Pays-Bas), où il se rendavec trois hommes, dont sonfrère Brahim, un des kamika-zes du 13 novembre ;mi-2015 à Bruxelles, en com-pagnie d’Ahmed Dahmani, ledélinquant bruxellois radica-lisé arrêté en Turquie quel-ques jours après les atten-tats.
■ Contrôléavec du cannabis
En juillet, Abdeslam estcontrôlé par les douanesdans le Haut-Rhin en posses-sion d’un peu de cannabis,drogue que plusieurs mem-bres de la mouvance radica-le de Molenbeek semblentconsommer régulièrement.
Mais la biographie récented’Abdeslam comporte des as-pects moins anodins. Sesvoyages en Europe sont in-cessants : en Grèce avec Dah-mani début août, puis enAutriche ou encore en Hon-grie où transite le flot des mi-grants venus de Syrie. Il estaussi celui qui a loué des voi-tures et plusieurs logementspour le commando. Il utilisede nombreux portables.Trois jours avant les atten-tats, il mange à Bruxellesavec une connaissance etpleure sans donner d’explica-tion, selon une source pro-che de l’enquête.Le lendemain, il appelle uninterlocuteur en Belgiqueavec un numéro allemand.Ce même jour, il est repérésur une autoroute françaiseavec Mohamed Abrini, unautre fugitif. Il revient en Bel-gique.Le soir du 13, il convoie sansdoute les kamikazes du Sta-de de France, est géolocaliséà Paris, abandonne une cein-ture explosive au sud de Pa-ris, appelle à la rescoussedeux amis bruxellois, échap-pe à trois barrages policierssur la route du retour vers laBelgique, envoie un ultimeSMS à un mystérieux destina-taire. Et disparaît. Depuis,traqué par les polices d’Euro-pe, Salah Abdeslam sembles’être évanoui.
L ’annonce avait ému lemonde entier, mais lesautorités argentines
ont opposé un démenti for-mel : Maria Mariani, cofonda-trice des Grands-Mères de laPlace de Mai, n’a pas de liengénétique avec la femme pré-sentée comme sa petite-filleenlevée lors de la dictature ily a 39 ans.Jeudi, veille de Noël, la Fon-dation Anahi, créée en 1989par Maria Mariani, annonçaitque la petite fille de cette der-nière, Clara Anahi, avait étéretrouvée et s’appuyait alorssur une analyse génétiquequi attestait à 99,9% du liende parenté.Clara, portée disparue le24 novembre 1976, étaitalors présentée comme le120e enfant retrouvé aprèsavoir été «volé» par la juntependant la dictature argenti-ne (1976-1983).Elle a été enlevée à l’âge detrois mois par des agents durégime qui venaient de tuersa mère, une opposante, ma-riée au fils de Maria Mariani.Maria Mariani, 92 ans, unedes militantes des droits del’Homme les plus réputéesd’Argentine, n’est autre quel’ancienne présidente dumouvement des Grands-Mè-res de la Place de Mai, uneorganisation fondée en 1977
pour retrouver les enfantsd’opposants politiques sous-traits par la dictature à la fa-veur de la répression. Leurnombre est estimé à 500.
■ Infatigablesrecherches
A l’annonce des retrou-vailles, les messages de joieont afflué, jusqu’au prési-dent Mauricio Macri qui l’afélicitée sur twitterMais, vendredi, les autoritésargentines ont annoncé à lasurprise générale que deuxautres analyses génétiques,officielles, concluaient à l’ab-sence de lien de parenté en-tre Maria Mariani et la fem-me de 39 ans, dont l’identitén’a pas été communiquée.
Selon Pablo Parenti, le res-ponsable de l’agence gouver-nementale chargée de recher-cher les enfants disparus du-rant la dictature, une premiè-re analyse ADN a été réali-sée au début de l’année.Les résultats de la seconde,menée par la Banque nationa-le de génétique (BNDG),l’institution qui fournit lesanalyses officielles dans detels cas, ont été connus ven-dredi. «Les deux résultatsconcluent à l’absence de pa-renté entre le profil généti-que de la jeune femme et ce-lui de la famille Chicha Ma-riani, ainsi qu’avec celui desautres familles qui sont tou-jours à la recherche d’en-fants enlevés», a-t-il assuré
dans un communiqué.Mme Mariani a indiqué dansun communiqué accueillircette nouvelle avec «réser-ve», estimant que le résultatde la deuxième analyse de-vait encore être confirmé.L’annonce jeudi des retrou-vailles ne laissaient pas deplace au doute. «Après 39ans d’infatigables recher-ches, (Maria) Chicha Maria-ni et sa petite fille Clara Ana-hi se sont retrouvées», avaitalors écrit la fondation sursa page Facebook, tandisqu’un selfie immortalisantces retrouvailles était postésur les réseaux sociaux, sansen préciser la date.La fondation Anahi avait pré-cisé que le test avait été reali-sé dans un laboratoire privé,sans en donner le nom. Enaoût 2014, la dirigeante histo-rique du mouvement desGrands-Mères de la Place deMai, Estela Carlotto, avait re-trouvé son petit-fils, lui aussienlevé sous la dictature,après 36 ans de recherches.Le mouvement estime que500 bébés d’opposants politi-ques, enlevés à leur mère ounés en captivité, ont ensuiteété adoptés par des dignitai-res du régime militaire, res-ponsable de la mort ou de ladisparition de 30.000 person-nes.
Nouveaux départs defeux dans les PyrénéesAriège. Quelque 650 hectaresde broussailles, dont trois centsautour de la seule commune deVaychis, qui a connu dans lenuit trois nouveaux départs defeu, ont brulé en Ariège mais lasituation est maitrisée.Les sinistres n'ont fait aucunblessé, n'ont nécessité aucuneévacuation mais contraint àprotéger quelques granges ethabitations. Après plusieursjournées difficiles, la situationavait semblé sur la bonne voievendredi. Cependant dans lanuit, trois départs de feu ontcontraint à nouveau lespompiers à intervenir en force,soit 60 hommes, autour deVaychis.
_ SYRIEÉvacuation suspenduedans la région de DamasUn accord inédit qui prévoyaitl’évacuation hier de milliers decivils et de jihadistesappartenant notamment à l’Étatislamique (EI) de plusieursquartiers sud de Damas a été«suspendu», au lendemain dela mort d’un chef rebelle dansun raid de l’armée syrienne.Zahrane Allouche, 44 ans, étaità la tête de la puissante miliceislamiste Jaich al-Islam, le plusimportant groupe rebelle de larégion de Damas. Pour desexperts, sa mort pourrait porterun coup sévère à l’insurrectionet aux négociations entrerégime et opposants, censéesdébuter dans un mois. Ce coupporté à la rébellion a égalementeu pour conséquence lasuspension d’un accord inéditqui prévoyait l’évacuation de4000 jihadistes de l’EI et duFront Al-Nosra (branchesyrienne d’Al-Qaïda), ainsi quedes civils du camp de réfugiéspalestiniens de Yarmouk et desquartiers voisins de Qadam etde Hajar al-Aswad.
_ ISRAËLNouvelles attaquessuicide de PalestiniensDeux Palestiniens ont mené desattaques séparées hier contredes policiers et des soldatsisraéliens à Jérusalem et enCisjordanie occupée avantd’être abattus. La premièreattaque s’est produite auxabords de la Vieille ville deJérusalem lorsqu’un Palestiniena tenté de poignarder un policieravant d’être tué. Des policiersont repéré un individu qui aéveillé leurs soupçons, ils sesont approchés pour lecontrôler. Le terroriste a alorssorti un couteau et a tenté depoignarder un policier avantd’être tué. Il s’agissait d’unPalestinien de 26 ans, originairede Jérusalem-Est. Dansl’après-midi, un Palestinien alancé son véhicule sur dessoldats israéliens à uncheckpoint dans le nord de laCisjordanie, territoire palestinienoccupé par Israël, blessant l’und’eux avant d’être lui-mêmeblessé par balles, a affirmél’armée israélienne. Maheral-Jabi, un commerçant âgé de56 ans, a ensuite succombé àses blessures dans un hôpitalde Naplouse.
_ BOSNIEAttaque déjouéeUn procureur bosnien chargé duterrorisme a affirmé qu’ungroupe d’islamistes arrêtésrécemment planifiait deperpétrer une attaque àSarajevo à l’occasion des fêtesde fin d’année et de tuer «unecentaine de personnes», arapporté hier une chaîne detélévision publique. Onzemembres présumés de lamouvance islamistes, dont desprédicateurs radicaux, ont étéarrêtés mardi en plusieursendroits à Sarajevo lors d’uneopération de police.
◗ Abdelhamid Abaaoud, le “bon ami” de Salah Abdeslam.
FAITS DIVERS
MONDE
◗ Non, cette jeune femme n’est pas la petite-fille de Maria Mariani.
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«Un bon ami», «un chouette gars»: ainsi parlait début 2015 devant les enquêteursAbdeslam quand il évoquait Abaaoud, l’organisateur présumé des attaques du 13 novembre.
Après 39 ans de recherches, une grand-mère argentine pensait avoirretrouvé sa petite-fille. Mais des analyses ADN ont brisé ce conte de Noël.