2011 - Les nouveaux modèles

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21 E JOURNEE DE RENCONTRE DE L'OBSERVATOIRE TECHNOLOGIQUE Les nouveaux modèles Les technologies de l’information et de la communication se retrouvent au cœur d'un nombre croissant des activités qui régissent l'évolution de notre société, tant au niveau des individus que des organisations. La rupture à laquelle elles nous confrontent est avant tout liée aux usages induits par les technologies numériques ubiquitaires et les réseaux sociaux. Ceux-ci nous renvoient à un monde en perpétuelle évolution où les approches traditionnelles ont dû céder la place à de nouveaux modèles mieux à même de prendre en compte cette réalité. Ce sont de ces nouveaux modèles dont on a parlé le 25 novembre 2011 lors de la 21 e Journée de rencontre organisée par l'Observatoire technologique: nouveaux modèles économiques ou d'innovation, nouveaux modes de gestion et d'organisation, nouvelles manières de gouverner et de réguler. Entre concepts généraux, démarches personnelles et exemples concrets, cette Journée de rencontre a illustré quelques unes des nombreuses formes que peuvent prendre ces nouveaux modèles. Certaines des conditions qui ont favorisé leur émergence ont également été abordées: passage à une économie de l'abondance, influence des réseaux sociaux dans les processus de collaboration et de cocréation ou plus directement prise de conscience des limites rencontrées par les modèles traditionnels. Au final, les orateurs ont adressé un message unanime aux 300 personnes présentes: si elles désirent répondre aux défis qui les attendent, les organisations, qu'elles soient publiques ou privées, devront s'inspirer de ces modèles qui sont souvent en rupture avec le courant dominant. Elles risquent sinon de connaître des difficultés grandissantes, à l'image des industries du cinéma ou de la musique qui n'ont pas su se réinventer dans ce nouveau paradigme. Il s'agira alors pour elles d'en prendre la mesure et de repenser certains des modèles existants, voire d'en imaginer de de nouveaux. Mais au-delà, il y aura également de nouvelles postures à adopter. Catherine Monfort est experte dans la gestion des portefeuilles de brevets d’invention depuis plus de 20 ans. Elle est fondatrice et directrice d'une société spécialisée dans la gestion de la propriété intellectuelle. Jean-Michel Cornu est consultant international depuis 25 ans. Il est également directeur scientifique de la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING) et Chief Visionary Officer du projet Imagination for People. Il est spécialiste des sujets traitant de l'impact des technologies émergentes sur la société et sur l'intelligence collective. Jean-Marie Leclerc est directeur général des systèmes d'information du canton de Genève. Depuis son arrivée à Genève en 2001, il a constamment défendu la nécessité d'appréhender les technologies dans une perspective sociétale ainsi que celle de considérer l'information comme une ressource stratégique pour les administrations publiques. Serge Soudoplatoff est entrepreneur, enseignant, chercheur et conférencier sur les ruptures induites par Internet. Il a fondé récemment les start-ups commonbox, sooyoos, et familiagames. Il enseigne également à l'Hetic, une école jeune et prometteuse qui forme les élèves au monde de demain. L'OBSERVATOIRE TECHNOLOGIQUE L’Observatoire technologique (OT) a pour principal mandat d'aider le secteur public genevois à intégrer une vision sociétale et prospective dans ses réflexions liées aux technologies de l'information et de la communication. Cela passe par une veille stratégique et technologique, à l’intersection de la recherche, des technologies de pointe et de la société. De larges domaines sont ainsi explorés, au-delà des seules questions technologiques et tout en replaçant l’individu et la société au centre de la réflexion. Dans cet esprit, l’OT aide les entités publiques du canton à appréhender l'impact du numérique en identifiant, en analysant et en mettant en perspective les facteurs d’évolution technologique correspondants. Il accompagne aussi l'administration et ses métiers dans leur transformation en lien avec ces évolutions. Une conception sociétale des technologies de l'information et de la communication doit privilégier les échanges pluridisciplinaires. Les membres de l'OT veillent ainsi à cultiver un réseau de contacts dans des domaines variés, hors de leur champ de compétence, tels que la sociologie, le droit, l'éthique ou la pédagogie. La confrontation de ces visions plurielles enrichit le débat et permet d'éviter l'écueil d'une approche techno- centrique. Novembre 2011

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Résumé de la 21e Journée de rencontre de l’Observatoire technologique

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21E JOURNEE DE RENCONTRE DE L'OBSERVATOIRE TECHNOLOGIQUE

Les nouveaux modèlesLes technologies de l’information et de la communication se retrouvent au cœur d'un nombre croissant des activités qui régissent l'évolution de notre société, tant au niveau des individus que des organisations. La rupture à laquelle elles nous confrontent est avant tout liée aux usages induits par les technologies numériques ubiquitaires et les réseaux sociaux. Ceux-ci nous renvoient à un monde en perpétuelle évolution où les approches traditionnelles ont dû céder la place à de nouveaux modèles mieux à même de prendre en compte cette réalité.

Ce sont de ces nouveaux modèles dont on a parlé le 25 novembre 2011 lors de la 21e Journée de rencontre organisée par l'Observatoire technologique: nouveaux modèles économiques ou d'innovation, nouveaux modes de gestion et d'organisation, nouvelles manières de gouverner et de réguler. Entre concepts généraux, démarches personnelles et exemples concrets, cette Journée de rencontre a illustré quelques unes des nombreuses formes que peuvent prendre ces nouveaux modèles. Certaines des conditions qui ont favorisé leur émergence ont également été abordées: passage à une économie de l'abondance, influence des réseaux sociaux dans les processus de collaboration et de cocréation ou plus directement prise de conscience des limites rencontrées par les modèles traditionnels.Au final, les orateurs ont adressé un message unanime  aux 300 personnes présentes: si elles désirent répondre aux défis qui les attendent, les organisations, qu'elles soient publiques ou privées, devront s'inspirer de ces modèles qui sont souvent en rupture avec le courant dominant. Elles risquent sinon de connaître des difficultés grandissantes, à l'image des industries du cinéma ou de la musique qui n'ont pas su se réinventer dans ce nouveau paradigme.Il s'agira alors pour elles d'en prendre la mesure et de repenser certains des modèles existants, voire d'en imaginer de

de nouveaux. Mais au-delà, il y aura également de nouvelles postures à adopter.

Catherine Monfort est experte dans la gestion des portefeuilles de brevets d’invention depuis plus de 20 ans. Elle est fondatrice et directrice d'une société spécialisée dans la gestion de la propriété intellectuelle.

Jean-Michel Cornu est consultant international depuis 25 ans. Il est également directeur scientifique de la Fondation Internet Nouvelle Génération (FING) et Chief Visionary Officer du projet Imagination for People. Il est spécialiste des sujets traitant de l'impact des technologies émergentes sur la société et sur l'intelligence collective.

Jean-Marie Leclerc est directeur général des systèmes d'information du canton de Genève. Depuis son arrivée à Genève en 2001, il a constamment défendu la nécessité d'appréhender les technologies dans une perspective sociétale ainsi que celle de considérer l'information comme une ressource stratégique pour les administrations publiques.

Serge Soudoplatoff est entrepreneur, enseignant, chercheur et conférencier sur les ruptures induites par Internet. Il a fondé récemment les start-ups commonbox, sooyoos, et familiagames. Il enseigne également à l'Hetic, une école jeune et prometteuse qui forme les élèves au monde de demain.

L'OBSERVATOIRE TECHNOLOGIQUE

L’Observatoire technologique (OT) a pour principal mandat d'aider le secteur public genevois à intégrer une vision sociétale et prospective dans ses réflexions liées aux technologies de l'information et de la communication.

Cela passe par une veille stratégique et technologique, à l’intersection de la recherche, des technologies de pointe et de la société. De larges domaines sont ainsi explorés, au-delà des seules questions technologiques et tout en replaçant l’individu et la société au centre de la réflexion.

Dans cet esprit, l’OT aide les entités publiques du canton à appréhender l'impact du numérique en identifiant, en analysant et en mettant en perspective les facteurs d’évolution technologique correspondants. Il accompagne aussi l'administration et ses métiers dans leur transformation en lien avec ces évolutions.

Une conception sociétale des technologies de l'information et de la communication doit privilégier les échanges pluridisciplinaires. Les membres de l'OT veillent ainsi à cultiver un réseau de contacts dans des domaines variés, hors de leur champ de compétence, tels que la sociologie, le droit, l'éthique ou la pédagogie.

La confrontation de ces visions plurielles enrichit le débat et permet d'éviter l'écueil d'une approche techno-centrique.

Novembre 2011

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LES INTERVENTIONS EN BREFCette 21e Journée de rencontre a permis de découvrir des facettes parfois inattendues du changement de paradigme induit par Internet. Mais au-delà des nouveaux modèles évoqués par les orateurs, ce sont surtout leurs messages convergents que nous retiendrons. Tous ont témoigné de la nécessité de sortir de notre cadre de pensée habituel pour mieux profiter de la richesse des réseaux et de l'intelligence collective. C'est cette richesse encore largement sous-estimée qui nous permettra de répondre aux défis complexes qui attendent notre société.

Département des constructions et des technologies de l'informationCentre des technologies de l'informationObservatoire technologiqueRédaction: Patrick GenoudTél: +41 (22) 388 13 50 • Fax: +41 (22) 388 13 57 • [email protected] • www.ge.ch/ot

Robert Monin Secrétaire Général du Département des constructions et des technologies de l’information de la République et canton de Genève

Lorsqu'il évoque les nouveaux modèles, Robert Monin insiste tout d'abord sur le besoin et l'obligation de transparence des institutions publiques qui sont devenus, selon lui, une nécessité. Mais dans le même temps, la confidentialité des données doit être prise en compte correctement.Ces deux aspects s'inscrivent dans les demandes exprimées par les citoyens pour un accès en tout temps et en tout lieu aux données gérées par notre administration. C'est une réalité à laquelle nous devrons savoir mieux répondre à l'avenir : «Nous n'avons pas d'autre choix que de nous adapter à cette nouvelle donne liée au numérique». Enfin, Robert Monin note que les modèles d'organisation hiérarchiques montrent leurs limites. Nous devons aujourd'hui savoir mieux fonctionner en réseau ou par projets. Mais il faudra pour cela changer notre culture d'entreprise, ce qui constituera un défi quotidien.

Serge SoudoplatoffEntrepreneur, enseignant, chercheur et conférencier

Serge Soudoplatoff nous fait redécouvrir le changement de paradigme amené par Internet avec des exemples imagés, toujours percutants et souvent teintés d'humour. Faisant une analogie avec les modèles véhiculés par l'alphabet, il nous interpelle : « Vis-à-vis d'Internet, va-t-on savoir se comporter comme les grecs qui se sont fait violence pour baser leur alphabet sur des symboles abstraits et faire ainsi progresser l'humanité ? »Pour Serge Soudoplatoff, Internet est l'outil de l'interaction et de la réflexivité qui permet comme nul autre de transformer une somme d'intelligences individuelles en intelligence collective. Mais le fait qu'Internet soit l'outil de la communauté se révèle souvent bien disruptif pour les organisations en mode hiérarchique. Et seules celles qui passeront par de profondes mutations internes s'inscriront dans le monde de demain.

Catherine MonfortDirectrice de la société UniConcept IP Solutions

Riche de son expérience dans la gestion de la propriété intellectuelle, Catherine Monfort rappelle que les pratiques dans ce domaine et le modèle d’affaires qui en découle sont les mêmes depuis des décennies. Si ce modèle a bien intégré quelques nouvelles technologies, le paradigme qui sous-tend l'activité a pour sa part peu évolué.Cette inertie dans l'état d'esprit et la prise de conscience de l'émergence d'un nouvel ordre sociétal fait obstacle à l’introduction de nouvelles solutions créatives mieux adaptées aux besoins. Pour Catherine Monfort, un modèle performant doit savoir intégrer un accès aux informations en tout temps et en toute transparence, proposer des services pour simplifier la gestion des dossiers et faciliter le partage dans une démarche de cocréation qui sait laisser libre cours à une dynamique innovante.

Jean-Michel CornuChief Visionary Officer du projet Imagination for People

Pour Jean-Michel Cornu, deux changements majeurs conditionnent l'émergence de nouveaux modèles en lien avec le monde d'Internet: le passage de la rareté à l'abondance et celui du prévisible à l'imprévisible.Ces deux tendances fortes permettent d'aller au-delà de la «simple» innovation technologique pour se diriger vers une innovation des services et in fine des usages. Jean-Michel Cornu l'a illustré avec la plateforme Imagination for People, ce Wikipedia des idées au service de l'innovation sociale, qu'il a contribué à lancer cet été. Qu'il s'agisse de monnaies, d'architecture ou de musique, les exemples percutants proposés nous démontrent les potentialités de l'intelligence collective au service de l'innovation ouverte et nous rappellent qu’il faut savoir constamment sortir de notre cadre de pensée habituel et faire parfois confiance au hasard.

Jean-Marie LeclercDirecteur général des systèmes d'informationde la République et canton de Genève

En se penchant sur un parcours professionnel de plus de 40 ans, Jean-Marie Leclerc affirme que la seule véritable rupture qu'il constate n'est pour l'heure que technologique. Selon lui, les changements importants qui auraient dû naturellement y être associés, à savoir les ruptures organisationnelles et méthodologiques, n'ont pour pas réellement suivi. Mais les réseaux sociaux sont les facteurs déterminants qui sont en train de changer la donne. Ils s'appuient sur des valeurs beaucoup plus proches de nos émotions, amènent de nouveaux modèles d'organisation de type ADN et nous incitent à envisager des méthodes qui sachent prendre en compte l'imprévisible.Jean-Marie Leclerc termine en encourageant chacun à sortir du cadre afin de mieux saisir les potentiels en jachère offerts par ce changement de paradigme que nous sommes en train de vivre.

Cette 21e Journée de rencontre était la dixième, et dans le même temps la dernière, organisée sous la direction de Jean-Marie Leclerc. Dix conférences marquées de son empreinte et qui ont abordé des sujets variés, en prise directe avec les tendances émergentes du moment, ceci toujours avec le credo d'une approche sociétale des technologies de l'information et de la communication. Jean-Marie Leclerc a su très tôt comprendre et nous faire partager l'importance des enjeux liés au changement de paradigme amené par le numérique, pour la société en général et pour les administrations publiques en particulier. L'approche holistique privilégiée nous permet d'envisager les opportunités offertes avec la certitude de ne pas passer à côté de l'essentiel. Une page se tourne pour l'Observatoire technologique, mais il en reste encore de passionnantes à écrire en s'inspirant de celles que nous venons de rédiger avec Jean-Marie Leclerc.