1985 Nicolaïdis_Fixations Synchroniques Et Négations Diachroniques_Psychanalyse

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NicolaïtesTexte sur Girard

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  • NICOS NICOLADIS

    FIXATIONS SYNCHRONIQUES ET NGATIONS DIACHRONIQUES

    A PROPOS DE REN GIRARD

    L'uvre et la personnalit 1 de Ren Girard impressionne par son dynamisme, sa culture, sa foi, sa persvrance. Historien et critique littraire, anthropologue, il connat, de nos jours, un puis-sant impact par des voies diamtralement opposes celles qui font les modes et snobismes. Toute sa carrire universitaire se droule aux USA ( ... ) mais ses rfrences et son enracinement demeurent profondment franais. Ses ouvrages nous parviennent aurols par le mystre du lointain, mais d'une dcennie l'autre ils correspondent aux interrogations cruciales du temps et souvent les devancent.

    Voici comment Jean-Baptiste Fages, sociologue, docteur en histoire de la philosophie prsente l'auteur de: Le bouc missaire, dans son livre rcent, Comprendre Ren Girard 2

    Quant nous, tout en tant fascins par son clectisme, nous avons gard certaines rserves, en ce qui concerne son point de vue psychanalytique qui lui permet souvent de proposer des construc-tions hermneutiques quasi aphoristiques. Cet ancien lve de l'Ecole des Chartes de Paris o il a reu une formation d'archiviste palographe pour s'orienter aussitt vers la sociologie l'Univer-sit d'Indiana (1947-1950), connat bien la psychanalyse, mais il l'emploie et l'interprte suivant un axe qui lui est propre. Pour certains cet axe est une ouverture, pour d'autres une rduction.

    1 Nous avons eu le plaisir de faire sa connaissance l'occasion du Dbat avec R. Girard sur son livre Le bouc missaire, samedi 29 janvier 1983 Genve avec la participation de J. Starobinski, N. Nicoladis, M. Faessler.

    2 Ed. Privat/Pen~ Paris, 1982.

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  • Nous nous plaons parmi ces derniers, ayant l'impression que l'axe linaire de R.G. l'carte de l'essence mme du message psy-chanalytique; celui de la diffrence, de l'amour et de la libert conflictuelle.

    Pourtant, R.G. parle beaucoup de la diffrence de faon ori-ginale et pertinente et de l'amour bien entendu.

    Mais certaines fixations biblico-vangliques, en particulier travers la dyade perscution-culpabilit-(agression), l'emp-chent de voir le double aspect du dsir, et de se dgager d'un cer-tain manichisme anti-dialectique. Surtout lorsqu'il traite l'agres-sivit comme une sorte de mal absolu, en lui mconnaissant son ct nergtico-dynamique et son lien indniable avec Eros.

    Une autre remarque critique concerne sa conception historico-sociale (volution chronologique vnementielle) aux dpens d'une diachronie affective plus proche de l'histoire psychique du sujet et des peuples. On peut parler d'une ngligence de la ralit et de la dynamique fantasmatique.

    Dj dans notre article Proto-dipe et dipe dipis 3 propos de son livre: La Violence et le sacr 4 , nous avons critiqu certaines de ses penses sur le complexe d'dipe. En particulier lorsqu'il crit que l'ge d'or du complexe se situe dans le monde aux endroits o la position du pre est affaiblie,( ... ) c'est--dire dans la famille occidentale au cours des derniers sicles.

    Cette rduction de l'universalit et de la valeur diachronique du complexe aboutissant un rtrcissement de sa structure et de sa thmatique 5 mme, continue inspirer toute l'uvre de R.G., bien que dans Des choses caches depuis la fondation du monde 6 il fasse smiologiquement des observations saisissantes de l'aventure dipienne 7

    3 N. NICOLADIS, Rev. Franc. Psychan., N 3, 1973, et dans Psychanalyse et culture grecque, avec coll. Belles Lettres, Paris, 1980.

    4 Paris, Grasset, 1972. s Il est bien connu que la thmatique d'dipe est mentionne par Homre et par dif-

    frents auteurs avant Sophocle et qu'elle en a inspir d'autres jusqu' nos jours. ' Paris, Grasset, 1978. Une analyse critique dtaille et tout fait pertinente de ce livre

    a t faite par Gilbert Diatkine dans la Revue Franaise de Psychanalyse, 1980/1, pp. 221-223, dont je partage la plupart de ses observations.

    7 Entre autres la liaison de l'aveuglement avec le mauvais il.

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  • Un autre point critique, dvelopp surtout dans La Violence et le sacr, concerne le concept de mimtisme auquel il donne une valeur dmesure en esquivant compltement la relation d'objet narcissique ou l'identification narcissique, termes par lesquels la psychanalyse exprime, de manire plus dynamique, la relation mimtique en question comme une des tapes de l'volution psy-chosexuelle du sujet. Freud dans Essais de psychanalyse parle de mimtisme sans le nommer travers la notion de l'identification: l'identification aspire rendre le Moi propre semblable l'autre pris comme modle (p. 169).

    Le maniement de la notion d'agressivit dcle galement ces fixations archaques (dans le sens du prgnital) qui attirent sa pense.

    En effet, pour R.G. l'agressivit est envisage soit comme le mal abattre (de nouveau sa conception biblioco-vanglique) soit comme le pch nier (ngation qui frise la forclusion).

    L'agressivit n'est pas pour lui une reprsentation psychique de base (une des composantes du dsir) vhiculant une notion nergtique, surtout au dbut de la vie psychique, nergie utili-ser, substituer, sublimer ou refouler. Elle n'est qu'un mal liminer.

    Il mconnat donc, qu'une fois limine, elle rapparat par la voie du perscuteur ou du perscut, situations particulirement chres la pense girardienne.

    Etant donn l'tendue de son uvre nous allons limiter nos observations quelques ides de base de son dernier livre, Le bouc missaire 8 lequel condense pratiquement la plupart des ides de son uvre prcdente.

    Dans la description des signes victimaires dsignant les vic-times la perscution, les accusations strotypes, ainsi que dans celle du schma transculturel de la violence collective, R.G. mon-tre ses profondes connaissances sur ce sujet et la pntration aigu de sa pense. Plus spcifiquement en ce qui concerne les Crimes

    8 Paris, Grasset, 1982.

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  • indiffrenciateurs o il traite le problme de la culture lie la diffrence, il dmontre avec pertinence que toute diffrence hors systme devient signe de slection victimaire. Autrement dit la victime n'est pas victime parce qu'elle est diffrente des autres, mais parce qu'elle n'a pas accept ou respect la diffrence (ici dans le sens de la spcificit) qui caractrise la culture du pays o elle vit; la victime transgresse donc la diffrence:

    R.G. insiste aussi sur les signes des diffrences physiques (infir-mits, stigmates, etc.), en tant que signes de dynamisme dstabi-lisant et menaant le systme et il souligne la valeur des diffrences culturel/es et leur importance. Nous le citons: Ce n'est jamais leur diffrence propre qu'on reproche aux minorits religieuses, thniques, nationales, c'est de ne pas diffrer comme il faut, la limite de ne pas diffrer du tout. Les trangers sont incapables de respecter les vrais diffrences 9 ( ) Le barbare n'est pas celui qui parle une autre langue mais celui qui mlange les seules dis-tinctions vraiment significatives, celles de la langue grecque 9

    Cette apprciation de la valeur de la diffrence (diffrencia-tion) nous amne la valeur conomico-dynamique du symbole et du symbolisme en gnral. Dans la reprsentation symbolique (reprsentation substitutive) on constate une distinction significa-tive qui se traduit par l'oscillation mtaphoro-mtonymique 10 du discours du nvros et par ses contre-investissements, ou sympt-mes grce auxquels le sujet fait passer son dsir, communiquant ainsi avec l'autre. Nous pouvons considrer ce discours symboli-que comme un message de diffrence 11 issu du noyau anthropo-logique dipien construit sur la diffrence des sexes et des gn-rations. Il est regrettable que R.G., qui parle pourtant de l'dipe, ne fasse pas cette liaison.

    Cette diffrence, nous la situons aux antipodes de l'indiffren-ciation qui caractrise la pense psychotique prive de la distinc-

    ' Op. cit. p. 35. 10 G. ROSOLATO, Essais sur le symbolique, Paris, Gallimard, 1969. 11 Cf. N. NICOL.ADIS, dipe: le message de la diffrence, in Rev. Franc. Psychan.,

    N 2, 1979.

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  • tion signifiante et symbolique qui dtermine la pense base sur une structure nvrotique (secondarise).

    Nous souscrirons donc avec R.G. qui crit 12: Contrairement ce qu'on rpte autour de nous, ce n'est jamais la diffrence qui obsde les perscuteurs et c'est toujours son contraire indicible, l'indiffrenciation (p. 36).

    Dans cette indiffrenciation, nous reconnaissions le symbo-lisme monolithique, priv 13 de la pense psychptique, plus par-ticulirement de celle du perscut 14 (pour rester dans les lignes de R.G.), tant donn que pour nous il n'y a pas de distinction dynamique entre perscuteur et perscut. Pour le psychanalyste, le perscuteur, qui projette ses propres angoisses primitives sur le perscut (victime), suit ces mmes mcanismes qui, l'extrme, caractrisent le perscut dlirant. C'est ainsi que se forme le cou-ple dynamiquement indissociable, perscuteur-perscut soud par le dsir sadomasochique. La pense psychanalytique aussi nous permet d'apercevoir dans l'indiffrenciation et le mono-symbolisme de perscut-perscuteur, que tout fait signe, tout est suspect. Par ailleurs la structure homosexuelle sur laquelle est bas le dlire paranoaque constitue un autre lment d'indiffren-ciation, par la ngation de la diffrence des sexes, propre la dfense homosexuelle.

    Par le biais de la diffrence, de la transgression de la diffrence, nous arrivons aux diffrences qui nous sparent de R.G.: sa conception et son laboration du mythe d'dipe.

    Si la pense de R.G. ne restait que philosophique, ceci pourrait l'aider la comprhension psychanalytique du mythe d'dipe dont l'essence structurale demeure fondamentalement anthropo-logique. Ce sont les infiltrations thologiques qui modifient la

    12 Op. cit. 13 Cf. N. NICOLADIS, Aspects de la reprsentation psychanalytique, Rev. Franc.

    Psychan., 5/6, 1979. 1 Et de la conviction dlirante en gnral o toute diffrenciation est nie.

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  • pense de R.G. et surtout la recherche d'une clart religieuse. La clart illumine, mais aveugle aussi et il faut tre obscur pour tra-verser la lumire de la vrit a rpondu Hraclite ses adversai-res qui l'appelaient l'obscur. Quelques sicles plus tard Heidegger, dans un sens analogue, prcise que le questionnement permanent de la philosophie n'a rien faire avec la conviction et la clart de la foi religieuse. Rcemment, au Congrs international de Psychiatrie de Vienne (1983) quelqu'un a dit que la pense psy-chanalytique tait grise (Comme Sartre l'a qualifie de molle).

    Grise, non, claire-obscure, oui! Nous acceptons volontiers cette mtaphore grce laquelle philosophie et psychanalyse qui flirtent depuis longtemps pourraient enfin faire l'amour ...

    A propos de l'amour, R.G. oublie, et nous lui en avons fait la remarque 15, qu'Eros et Thanatos sont le pile ou face du dsir et que dans la Bible il y a cette pense matresse dans le Cantique des cantiques: L'amour est aussi fort que la mort (la bipolarit du dsir) et que dans Antigone: Eros gagne tous les combats et qu'enfin le premier pardon 16 de l'histoire de l'humanit fut accord par la cit Oreste pour le pire des crimes, le matricide (commis au nom du pre).

    Eros, Thanatos, ambivalence, pardon, doute symbolique: axes fondamentaux par lesquels passe le questionnement permanent du philosophe et du psychanalyste. Chez R.G. il n'y a que l'axe de la foi religieuse et de sa conviction personnelle 17

    Pour commenter, critiquer ou si possible, ventuellement, se trouver en accord avec la pense de l'auteur du Bouc missaire, nous avons choisi le chapitre III Qu'est-ce-qu'un mythe qui condense les ides matresses de l'auteur.

    Nous suivons parfaitement R.G. lorsqu'il dit que Les stro-typs de la perscution, peste, parricide, inceste, en tant que cri-mes indiffrenciateurs reprsentent des signes victimaires chez

    15 Pendant la table ronde Genve. 16 Suivi de l'abdication des Erinyes, dtentrices de la loi du talion, jusqu'alors. 17 Il a dit Genve: l'histoire, soit elle m'acceptera, soit elle me bannira. Cette reven-

    dication mssianique a aussi t observe par G. DIA TKINE (ibid. p. 221 ).

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  • dipe 18 Nous ajouterons que certains de ces signes 19 ne sont pas seulement victimaires mais aussi des signes de reconnais-sance. Ses parents lui ont trou les pieds (qui sont devenus enfls: dme ~ dipous) dans une tendance ambivalentielle, pour le dsigner comme victime mais aussi pour qu'il puisse tre recon-naissable. Il s'agit l d'un acte ambivalent et hautement symboli-que. Euripide dans Ion dit que les signes symboliques servent aux parents afin que ceux-ci puissent reconnatre plus tard leurs enfants exposs! Tout fait d'accord avec ceci: ... le mythe d'dipe est exemplaire sous le rapport des strotyps perscu-teurs que Sophocle perfectionne et amliore( ... car) il se doute de quelque chose 20.

    Cependant R.G. ne parle gure ni de ces amliorations ni des doutes (ambivalence symbolique) de Sophocle; doute et ambiva-lence par excellence sophoclens par rapport une certaine reli-giosit d'Eschyle, bien que ce dernier dans son Orestie fasse le pas dcisif par la mutation surmoque 21 qu'il propose (le matricide au Nom du pre et l'acquittement d'Oreste par la Cit).

    La version sophoclenne de l'dipe n'est pas seulement un perfectionnement littraire (bien que dipe roi reste un chef-d'uvre au point de vue de l'architecture thtrale). Les modifi-cations psychologiques (qui suivent l'dipisation du yc si-cle 21) sont d'une importance psychanalytique et anthropologique tout fait remarquable ... C'est Sophocle qui rend dipe son complexe 22 en introduisant le parricide et l'inceste comme dsir inconscient. C'est lui qui introduit dans la pice l'aveugle-ment (hautement symbolique) comme punition du crime (dsir inconscient universel). Chez Sophocle, dipe mne lui-mme et jusqu'au bout, l'enqute la recherche du coupable, contre lui-

    18 Op. cil. p. 39. 19 R.G. plusieurs reprises prte dipe le signe de boiteux. Nous ne connaissons pas

    le texte faisant allusion cela. C'est son grand-pre Labdavos qui boitait. Il avait les pieds en lambda ( 11.. grec).

    20 Op. cit. p. 41. 21 Cf. mon travail Proto-dipe et dipe dipis. 22 Cf. N. NICOLADIS, dipe: le message de la diffrence, in Psychanalyse et culture

    grecque, avec coll. Belles Lettres, Paris, 1980.

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  • mme, (perfectionnement de la mutation surmoque d'Eschyle), ou bien il fait des lapsus dignes de L'introduction la psychanalyse lorsqu'il corrige le tmoin qui parle des brigands qui ont tu Laos en rptant le brigand, car il tait le seul savoir que le brigand n'tait qu'un, lui-mme. C'est toujours dans dipe roi que Sophocle fait dire Jocaste le fameux: qui n'a pas rv de partager la couche maternelle? (dsir inconscient universel).

    Ainsi la conclusion de ce mythe ne fait pas que confirmer l'infaillibilit des signes oraculaires, l'accomplissement et l'in-luctabilit oraculaire comme nous dit J.P. Vernant 23 ; notre avis la version sophoclenne, structure et dmontre l'accomplis-sement du dsir inconscient du parricide et de l'inceste 24

    Par consquent, nous nous opposons catgoriquement R.G. qui conclut rapidement en disant que Le mythe d'dipe n'est pas un texte littraire comme les autres, ce n'est pas un texte psy-chanalytique non plus, mais c'est certainement un texte de pers-cution 25

    Le mythe d'dipe de par sa thmatique, de par l'volution de cette thmatique et surtout de par sa structure mme, est par excellence le mythe de la diffrence, et des sexes et des gnrations (la faute et le dbut du drame des Labdakides est imputable l'homosexualit de Laos). Que cette thmatique ouvre la probl-matique de la perscution aussi (plus archaque et strictement lie l'homosexualit), personne ne le conteste 26 Cependant la sp-

    .. cificit du message dipien demeure celle de la diffrence et de la transgression de cette diffrence (transgression de la diffrence des sexes par Laos et des gnrations par dipe).

    Une autre particularit du mythe d'dipe dont nous avons parl plus haut, est de montrer l'volution surmoque de son hros en tant que sujet dipis. C'est ce propre surmoi d'dipe qui

    23 dipe sans complexe in Mythes et tragdies en Grce ancienne, en coll. avec P. Vidal-Naquet, Paris, Ed. Maspero, 1972.

    14 A. GREEN. Un il en trop, Paris, Ed. de Minuit, Coll. Critique, 1969. 15 Op. cit. p. 43. 26 Le mythe d'dipe (version sophoclenne) dgage deux problmatiques fondamen-

    tales: celle du sujet dipe: symbolique et dipienne, et celle de la foule thbienne: per-scutrice et perscute.

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  • le pousse ouvrir et poursuivre avec persvrance, malgr les avertissements de Jocaste et de Tirsias, l'enqute contre lui-mme. En ce sens dipe n'est pas dsign comme victime expul-ser par les autres, comme le perscut strotyp, mais il se dsigne lui-mme cause de son conflit endopsychique qui est le propre des sujets secondariss, symboliss, voire dipiss.

    La ralit, comme ralit vnementielle et non comme ralit psychique, proccupe R.G., plusieurs reprises.

    Dans Le bouc missaire ( chapitre consacr Guillaume de Machaut) ainsi que dans La Violence et le sacr (chapitre 1m, l'auteur dit qu'une victime relle et une violence collective relle sont l'origine du mythe. Freud dans Totem et tabou a dj fait une hypothse analogue: un jour un pre rel a chtr rellement son fils qui revendiquait sa place; de mme le clan fraternel a rel-lement tu le pre pour prendre son pouvoir (repas totmique, etc.). Ainsi naquit la peur, la culpabilit et le culte du totem, les premiers tabous, bref la premire religion 27

    Mais le problme anthropologique est ailleurs. L'origine des mythes se base, ventuellement, sur une ralit vnementielle et sur des phnomnes naturels 28 , ralits qui se confondent avec la ralit du dsir. Mais pour qu'un mythe s'organise et s'installe dans la mmoire d'un peuple (dans ses traces mnsiques) et acquiert sa valeur mythologique, il faut que l'vnement rel cach derrire le mythe corresponde aux dsirs fondamentaux ou aux fantasmes originaires. Ainsi le mythe, s'il reprsente une dis-continuit vnementielle, affirme une continuit fantasmatique (de dsir) 29

    En ce sens le mythe d'dipe garde sa valeur universelle non pas cause de la ralit de la peste qui a dvast Thbes et qui a provoqu l'expulsion-punition d'dipe victime dsigne par la foule, mais du fait qu'il exprime les dsirs inconscients du parri-

    21 Voir aussi G. DIATKINE, op. cil. 21 C. LEVI-STRAUSS, Anthropologie structurale, Paris, Plon, 1958. 29 Cf. mon travail: dipe: le m~ge de la diference.

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  • cide et de l'inceste et le dsir surmoque d'auto-punition d'dipe roi, sujet, nous le rptons, dipis-culpabilis.

    Pour rendre justice R.G. nous ajouterons aussi que le mythe exprime galement le dsir archaque projectif de la foule th-benne qui canalise vers dipe ses propres angoisses, culpabilits archaques et manichennes en employant les mcanismes intro-jection-projection dans la formule, propre la foule, du perscu-teur-perscut.

    Ce qui chappe fondamentalement R.G., c'est bien l'volu-tion structurale et thmatique du mythe qui, tout moment, exige une lecture synchronique et diachronique la fois. C'est--dire que chaque nouvelle version du mythe modifie et bonifie la pr-cdente.

    Cette volution-bonification (au sens winnicottien) concerne galement l'volution de la thogonie. L'auteur, raison, au cha-pitre VI (ibid) parle de la censure olympienne; terme tout fait . important du point de vue psychanalytique. La censure, suivant la premire topique freudienne, se situe entre les systmes Pr-conscient-conscient et Inconscient; il s'agit d'une instance au ser-vice du Surmoi (2e topique) dont l'existence dmontre une bonne organisation endo-psychique. C'est ainsi que les dieux olympiens, par excellence dipiss 30 (bonne distinction des sexes et des gn-rations) sont le fruit de l'volution des dieux archaques et pr-gnitaux (Ga, Ouranos, Cronos, Rha) 31 Leurs lois censu-rent les lois plus archaques et imposent une mentalit qui a trouv son apoge dans tous les domaines pendant les V et VIe si-cles.

    Comme transgression de ces lois nous citons les pisodes carac-tristiques de la dsobissance du cyclope Polyphme qui se moque de Zeus et des lois de l'hospitalit 32 ainsi que la rgres-sion du texte sophoclen dans dipe Colone lorsque Thse

    10 Cf, N. NICOLADIS, Mythes et criture moyens d'approche de l'appareil psychi-que, in Topique, N 21, 1978.

    31 HSIODE, Thogonie, Paris, Belles Lettres. 12 HOMRE, Odysse, chant IX.

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  • (tmoin de la mort d'dipe) 33 adresse une prire la terre-mre et non Zeus.

    Ceci pour montrer que, dans les strates diachroniques que l'on peut dceler dans le corps d'un mythe, on aperoit galement une volution structurale analogue l'volution psychosexuelle que nous avons rapproche mtaphoriquement de celle du prgnital au gnital (pr-dipien - dipien).

    Comme R.G. nous pensons que le mythe d'dipe peut nous servir d'interprtation et mme, comme il le dit, d'une arme expli-cative, la diffrence que cette interprtation-explication est loin de se rsumer au seul sens de la perscution concrtise par son concept du bouc missaire.

    Car si l'on emploie le mythe d'dipe comme modle de laper-scution 34 , exemplaire pour exprimer les pidmies 35 , on lui enlve sa spcificit et son rle central, non seulement pour la psy-chanalyse, mais par rapport toute la mythologie grecque, mytho-logie unique en soi, dans la mesure o son volution thmatique et structurale ressemble l'volution psychosexuelle du sujet (ori-ginaire-primaire-secondaire), les mythes rcents bonifiant ou censurant les plus anciens 36.

    A l'gard de la mythologie grecque et de la pense grecque en gnral, Ren Girard fait preuve d'une certaine ambivalence pour ne pas dire d'une certaine mfiance. Voici quelques chantillons de cette position de l'historien, anthropologue et philosophe, ins-pir fondamentalement par la Bible et par le christianisme.

    Dans Le bouc missaire, parlant d'Apollon il dit: Il ne faut donc pas voir en Apollon un dieu surtout bienveillant, pacifique et serein ( ... ); en dpit des apparences( ... ) cet Apollon tragique reste le plus abominable de tous les dieux, selon la formule que

    33 Mon travail: dipe: le mes.sage de la diffrence. 34 Ceci ne nous empche pas d'adhrer sa trs belle formule: La reprsentation per-

    scutrice est plus vigoureuse dans les mythes que dans les perscutions historiques et c'est sa vigueur mme qui nous dconcerte (p. 63), op. cil.

    35 Op. cil. p. 62. 36 C( mon travail: Mythes et criture, moyens d'approche de l'appareil psychique,

    Topique, N 21, 1978.

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  • Platon reproche Homre d'employer, comme s'il s'agissait d'une lucubration personnelle du pote (p. 70). Que le philosophe Platon adresse des reproches au pote, ceci dplait R.G. et on le comprend. Car son opposition avec la pense grecque ne se situe pas au niveau potique mais au niveau philosophique-anthropo-logique. Pour revenir Homre, il ne faut pas oublier que le pote tait Grec et dans 11/iade sa position est nettement en faveur des Grecs, d'o sa fureur potique contre Phoebus qui tait, hlas, du ct des Troyens.

    Dans l'univers hellnique, le rle d'Apollon n'est ni particu-lirement bienveillant ni abominable. Autrement dit ni Saint ni Diable. Son personnage synthtise ce qui, pour la pense biblico-chrtienne de R.G. reste insynthtisable: la totalisation objectale et le conflit ambivalentiel. Apollon, dieu olympien, (fils de Zeus et de Lit) tait, par ses oracles et par ses ordonnances oblique (loxias}, mais surtout novateur 37 C'est lui qui a ordonn Oreste le matricide au nom du pre (A. Green), tape cruciale, psycho-logique, et trs importante pour l'volution de la cit 38 Ainsi Apollon, avec Athna, introduit le pardon avec l'acquittement d'Oreste par l'aropage, avec comme consquence l'tablissement de la loi paternelle et l'abdication des Erinyes, desses prgni-tales appliquant la loi du talion.

    Freud l'a parfaitement saisi tout au long de son uvre et il le dit explicitement dans Moise et le monothesme: Il nous semble percevoir comme un cho de cette rvolution dans l'Orestie d'Eschyle. Mais ce bouleversement, ce passage de la mre au pre a un autre sens encore: il marque une victoire de la spiritualit sur la sensualit et par l un progrs de la civilisation 39

    Mais la passion de R.G. contre (ou pour?) Apollon continue et l'amne des comparaisons pour le moins intempestives! Il dit: Remarquons au passage que le dieu du soleil chez les Aztques est aussi le dieu de la peste, comme Apollon chez les Grecs. Peut-

    37 Cf. N. NICOLADIS, L'auto-rotisme instantan: une aventure apollinienne, in Revue Franc. Psychan., 6, 1977/5.

    31 Sartre l'a bien saisi dans Les Mouches. 3' Trad. franaise, d. Gallimard, Ides, 1948, p. 153.

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  • tre Apollon ressemblerait-il davantage aux dieux des Aztques si la censure olympienne n'avait pas pass sur lui pour le nettoyer de tout stigmate victimaire 40.

    Incroyable! Comme malentendu ou comme lecture diagonale de la mythologie grecque.

    Apollon envoie plusieurs reprises la peste comme punition suivant les lois olympiennes certes! mais Apollon dans aucune version mythologique n'est le dieu de la peste; et bien entendu il ne la personnifie pas comme le dieu des Aztques N anauatzin qui possde un trait distinctif qui ne peut manquer d'attirer notre attention et ce sont les bubas, les pustules qui font de lui un lpreux ou un pestifr 41.

    Et puis de nouveau la fameuse censure olympienne dont R.G. a horreur comme si cette mesure cachait la vrit absolue qu'il cherche thologiquement. Nous avons dj expliqu que cette censure ou ces nouvelles lois olympiennes ne sont pas cres pour tromper ou pour cacher les lois archaques (ou prgnitales) mais pour les modifier (bonifier), exactement comme la censure freudienne et le surmoi de la 2e topique structurent et perfec-tionnent l'appareil psychique en modifiant (secondarisant) les pulsions archaques de l'inconscient. En ceci la censure est un acquis et une volution de la thogonie et de la civilisation en gnral comme, une analogie laquelle nous tenons, le processus secondaire est une volution par rapport au processus primaire.

    Par ailleurs, aucune censure ne nettoie les stigmates d' Apol-lon car Apollon est le fils de la censure olympienne (fils de Zeus en l'occurrence) 42 , dieu de la musique et de la posie, mais surtout porte-parole des nouvelles lois ds qu'il s'installe Delphes [aprs avoir tu le Dragon Python qui se livrait toutes sortes de dpr-dations dans le pays ( ... ) ravageant la plaine fertile de Crissa et pouvantant les Nymphes (P. Grimal, ibid. p. 41). Bien entendu

    " Op. cit. p. 88. 41 Op. cit. p. 87. 42 ((Apollon est un Dieu appartenant la seconde gnration des Olympiens, fils de

    Zeus et de Lt. Pierre GRIMAL, Dictionnaire de la mythologie, Paris, PUF, 1969.

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  • Apollon tait aussi un dieu guerrier et cruel pour ses ennemis mais jamais ce monstre laid et primitif comme le voudrait R.G ....

    Aucun pr-Apollon n'existe dans la mythologie grecque. Phoebus par la complexit de ses fonctions et de son caractre est le produit typique et prototypique de cette tape de la mythologie grecque et du rgne des lois olympiennes.

    Les mythologie de tous les peuples et de toutes les rgions ont des points et noyaux communs (mythmes de C. Levi-Strauss) et le passage du mythe d'un peuple un autre n'est pas rare. Cela dpend du degr de la fantasmabilit de la reprsentation mythique du rcit par rapport au degr de la fantasmabilit du peuple qui l'emprunte 43.

    Ce degr n'tant pas toujours identique fait que toutes les mythologies, exprimant le dsir du peuple qui les a inventes, n'ont pu aller jusqu'au bout. Certaines sont restes ancres aux dsirs les plus animistes, magiques, voire archaques sans pouvoir exprimer toute la gamme des dsirs spirituels et spcifiquement anthropomorphiques.

    La seule mythologie qui n'a pas manqu la plnitude de ce pro-cessus d'hominisation est la mythologie grco-romaine.

    C'est pour cela, part de rares exceptions, que les dieux et les hros de cette mythologie sont difficilement comparables (et hors contexte) avec d'autres.

    Cette diffrenciation textuelle et contextuelle semble chapper R.G. Nous l'avons vu plus haut dans sa tendance isomorphiser le dieu Apollon. Il essaie de faire de mme avec le dieu des Dieux, Zeus Olympien. Il choisit pour cela l'enfance de Zeus et plus par-ticulirement l'pisode avec les Kourtes 44 , les bergers crtois.

    Rha confie le petit Zeus, pour le protger de son pre Kronos qui voulait le dvorer, la nymphe Amalthe dans une caverne de l'lda de Crte. La lgende, qui s'accorde d'ailleurs avec le rle principal du mythe des Kourtes, dit que lorsque le bb pleurait,

    43 N. NICOLADIS, dipe: le message de la difference, Rev. Franc. Psychan., 3, 1979. 44 Curtes en franais.

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  • les bergers dansaient autour de lui des danses guerrires bruyantes ou bien entrechoquaient leurs armes bruyamment pour couvrir les cris du petit Zeus et viter ainsi que son pre ne le dcouvre. Ils permirent ainsi au dieu d'atteindre l'ge d'homme. C'est la version la plus rpandue de cet pisode qui montre le rle protecteur et bienveillant des Kourtes.

    Voici comment R. Girard reprsente le mme pisode: Des guerriers farouches, les Kourtes, dissimulent le bb en se ran-geant en cercle autour de lui. Terroris, le petit Zeus pousse des cris qui pourraient rvler son pre le lieu o il se trouve. Pour couvrir sa voix et tromper l'ogre dvorateur, les Kourtes entre-choquent leurs armes; ils se conduisent de faon aussi bruyante et menaante que possible( ... ) On dirait qu'ils se sont rangs en cer-cle autour de l'enfant pour le mettre mort 45 ( ) c'est la configu-ration et le comportement caractristiques du meurtre collectif que les Kourtes nous rappellent (ibid. p. 103).

    Nous ne nions pas que R.G. en choisissant cette version et ses interprtations montre subtilement et psychanalytiquement la bipolarit, la tendresse et l'agression, que peuvent comporter les soins maternels ou autres. Mais le problme se pose quant l'intentionnalit du sens que veut donner cet pisode l'auteur de Le bouc missaire.

    Pour R.G. le bb crie, car les guerriers farouches se rangent en cercle autour de lui, ce qui provoque l'entrechoquement de leurs armes pour couvrir les cris; le bb crie davantage, ainsi s'installe le cercle vicieux pour devenir, dans les fantasmes de R.G., un cercle de mise mort. Nous voyons que R.G. en premier lieu supprime totalement la nymphe Amalthe, nourrice de Zeus; il transforme ensuite, par ses interprtations, le rle bonifiant et l'intentionnalit bonifiante du mythe des Kourtes. Ces der-niers, tout en tant guerriers, comme tout le monde l'poque, se prsentent aussi comme bergers. Ce n'est pas leur prsence qui provoque les cris du petit Zeus. Zeus pleure, comme tous les bbs pleurent, mme en prsence de leur mre. L'intention initiale des

    45 Nous soulignons.

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  • Kourtes est de le protger, mme maladroitement, contre le dan-ger qui le menace. Les Kourtes sont donc des lments boni-fiants et choisis comme tels par Rha qui leur a confi le petit dieu. R.G. choisit seulement leur aspect farouche et les fantasmes d'agression que l'adulte peut provoquer chez le bb, en esquivant le fait que dans le sens du mythe leur rle reste et passe dans l'his-toire mythologique, comme celui du bon objet par excellence.

    Pourquoi ce choix? A notre avis R.G. veut tout prix compa-rer ce mythe et ses personnages un autre mythe scandinave o il y a meurtre collectif (le lynchage, simul par ses prtendus pro-tecteurs, de Baldr) o, dans une histoire bizarre et dtourne, selon l'expression de R.G., la victime meurt assassine par une simple pousse de gui! (ibid. p. 99).

    R.G. conclut que l'un et l'autre mythe confrent au groupe des meurtriers un rle de protecteur. Mais la ressemblance s'arrte l. (ibid. p. 104).

    Mme pas, dirions-nous, car les Kourte~ ne sont meurtriers que dans la pense obstine de R. Girard.

    Mais cela ne nous empche pas d'tre d'accord avec son la-boration qui se retourne contre sa propre idologie mythologique. Nous le citons: La dignit de Zeus est incompatible avec sa mort aux mains des Kourtes. L aussi je suppose qu'il doit exister une version plus primitive de ce mythe qui comportait un meutrier collectif. Une mtamorphose l'a priv de ce meurtre sans modifier ou en modifiant le moins possible 46 les reprsentations qui le signifiaient (ibid. p. 104).

    Bien entendu il y a d'autres mythes reprsentant le meurtre collectif (les Bacchantes p. ex.). Nous avons dit que la mythologie grecque inclut toute l'volution psychosexuelle du sujet et par analogie toutes les tapes du dveloppement socio-culturel.

    Le mythe de Zeus est une de ces tapes, la dernire, la plus vo-lue (dipise), elle est incomparable synchroniquement et mthodologiquement avec celle des dieux et des mythes plus pri-mitifs. On ne peut comparer Zeus et l'poque olympienne avec les

    "' Nous soulignons.

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  • Titans et les Cyclopes grecs, les Dieux Scandinaves et Aztques, que pour souligner la diffrence. Notion si chre R.G. qui dit peu prs la mme chose: le problme est le mme mais la solu-tion grecque est la fois plus lgante et radicale que la solution scandinave.

    Ce qui nous permet de le paraphraser en disant: le problme se condense et se dplace un niveau diffrent et la solution grec-que est la plus structurante par rapport sa thmatique et exprime plus symboliquement le sens du problme.

    Finalement la lecture diachronique du personnage de Zeus et du mythe qui l'entoure nous aide retrouver toutes les tapes de l'volution du sujet et de l'volution culturelle; mais une lecture synchronique nous dvoile une tape nouvelle, caractristique de ce qu'en psychanalyse nous dfinissons comme secondarisation. Etape o le clivage cde au profit du conflit, le partiel au profit du total, la loi du talion au profit du pardon, la conviction au profit du doute (amphibolie), la diabolie au profit de la symbolie.

    Tout cela caractrise cette tape de la mythologie grecque exprime thogoniquement par le rgne des olympiens. Bien sr, cette mythologie a aussi sa priode scandinave, aztque ou biblique dont les vestiges demeurent et drangent l'ordre olym-pien (Titans, Cyclopes, nymphes mchantes, dieux autonomes, etc.); tout comme les reprsentations des pulsions archaques infil-trent, drangent et dynamisent la fois l'homostase du secon-daire. Par consquent, notre diffrend avec R.G. ne consiste pas dans la mconnaissance du mimtisme, du sacrificiel, de la dsignation d'une victime avec les stigmates strotyps par les perscuteurs etc., notions magistralement dveloppes par lui. Notre diffrend consiste dans le fait que R.G. veut gnraliser, fixer, voire universaliser ces notions en les cherchant au moment mme o elles sont dpasses par de nouvelles notions que l'il de R.G. semble mconnatre. Le mythe d'dipe qui le scanda-lise et l'excite rptitivement, nous servira de nouveau comme paradigme de la fixit au primitif, au clivage et la loi du talion, convictions inbranlables de la pense de l'auteur de Le bouc missaire. Nous revenons donc la phrase clef de son livre (p. 43):

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  • Le mythe d'dipe n'est pas un texte littraire comme les autres, ce n'est pas un texte psychanalytique non plus, mais c'est certai-nement un texte de perscution.

    Le parricide et l'inceste comme dsirs inconscients ne sont sans aucun doute qu'ornements ou choses insignifiantes dans l'esprit de R.G. qui nivelle ainsi le contexte; de mme que l'avant et l'aprs du mythe. Insignifiant, l'oracle d'Apollon qui prophtise l'accom-plissement du dsir dipien? Insignifiante, la parole que Sophocle met dans la bouche de Jocaste: qui n'a pas rv de partager la couche maternelle?.

    Insignifiant finalement le Complexe d'dipe de S. Freud dont la clinique de tous les jours du psychanalyste confirme l'exis-tence.

    Finalement, si Apollon, Sophocle et Freud se trompent, soit! Nous nous trouvons en bonne compagnie!

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