1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

53
1 – LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L’ISLAM La philosophie en général signifie « sagesse », et le philosophe est venu à être appelé sage (hakim). Le mot « philosophie » fait référence à l'étude de principes de bases, en regardant les connaissances comme quelque chose basé sur la rationalité, dont le but était la recherche de la vérité. La philosophie est un examen rationnel libéral qui est sans aucune restriction et autorité externe avec le capacité à aller dans tous les chemins possible sur la base de la logique indépendamment de la différence entre les vues (philosophiques) et croyances religieuses et dictées des traditions (culturelles, tribales ou autres) ; Et sans être confronté ou résisté ou puni par une autorité." Il est évident que par sa définition elle-même, que la philosophie est opposée à la foi en l'Islam pour un certain nombre de raisons fondamentales : En Islam, la connaissance est basée sur la révélation divine tandis que le rôle du rationnel est limité à l'appréciation de la révélation. Nous sommes commandés à croire et accepter tous les aspects de la religion; même ceux que l'esprit ne peut pas comprendre pleinement comme les questions du Ghayb (invisible). La sagesse derrière cela est de distinguer les croyants sincères de ceux qui ne sont pas sincères. « Seuls ceux qui ont mécru discutent les versets d’Allah. » (Sourate Al- Ghafir – V4) Allah est le Créateur de la raison, et Il est Celui qui donne l'ordre. Le vrai croyant est celui qui répond et se soumet, et dit: "J'entends et je crois et j'obéis, même si je ne comprends pas la raison." Il admet sa mortalité, sa faiblesse et sa soumission à Allah, c'est ainsi que les Compagnons du Prophète (Alayhi salat wa salam) se soumirent à l’Islam comme l’Imam al-Bukhary (1597) l’a rapporté dans son Sahih qu'Umar ibn Khattab a dit de la Pierre Noire quand il l'embrassa: "Par Allah, je sais que tu n'es qu'une pierre et tu ne peux ni apporter de bénéfice ni causer de mal, si ce n'était pas parce que j'avais vu le Messager d'Allah t’embrasser, je ne t’aurais pas embrassé. "

Transcript of 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Page 1: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

1 – LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L’ISLAM

La philosophie en général signifie « sagesse », et le philosophe est venu à être

appelé sage (hakim). Le mot « philosophie » fait référence à l'étude de

principes de bases, en regardant les connaissances comme quelque chose

basé sur la rationalité, dont le but était la recherche de la vérité. La

philosophie est un examen rationnel libéral qui est sans aucune

restriction et autorité externe avec le capacité à aller dans tous les chemins

possible sur la base de la logique indépendamment de la différence entre les

vues (philosophiques) et croyances religieuses et dictées des traditions

(culturelles, tribales ou autres) ; Et sans être confronté ou résisté ou puni par

une autorité."

Il est évident que par sa définition elle-même, que la philosophie est opposée

à la foi en l'Islam pour un certain nombre de raisons fondamentales :

En Islam, la connaissance est basée sur la révélation divine tandis que

le rôle du rationnel est limité à l'appréciation de la révélation. Nous

sommes commandés à croire et accepter tous les aspects de la

religion; même ceux que l'esprit ne peut pas comprendre pleinement

comme les questions du Ghayb (invisible). La sagesse derrière cela est

de distinguer les croyants sincères de ceux qui ne sont pas sincères.

« Seuls ceux qui ont mécru discutent les versets d’Allah. » (Sourate Al-

Ghafir – V4)

Allah est le Créateur de la raison, et Il est Celui qui donne l'ordre. Le vrai

croyant est celui qui répond et se soumet, et dit: "J'entends et je crois et

j'obéis, même si je ne comprends pas la raison." Il admet sa mortalité, sa

faiblesse et sa soumission à Allah, c'est ainsi que les Compagnons du

Prophète (Alayhi salat wa salam) se soumirent à l’Islam comme l’Imam

al-Bukhary (1597) l’a rapporté dans son Sahih qu'Umar ibn Khattab a dit

de la Pierre Noire quand il l'embrassa: "Par Allah, je sais que tu n'es

qu'une pierre et tu ne peux ni apporter de bénéfice ni causer de mal, si

ce n'était pas parce que j'avais vu le Messager d'Allah t’embrasser, je

ne t’aurais pas embrassé. "

Page 2: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

La « Hikma » (sagesse) en Islam se réfère à la Sunna comme l’ont définit

la majorité des savants du hadith et des jurisconsultes, la Sunna est le

juge et le critère pour distinguer le vrai du faux.

Si la philosophie est la recherche de la vérité, alors avec la réalisation

de la foi, la recherche (de vérité) d'un musulman a pris fin car "... après

la vérité, que peut-il y avoir d'autre, sauf l'erreur? » (Sourate Yunus – V

32)

Selon l'Islam, pour que la foi (Iman) soit établie, il ne suffit pas d'avoir un

simple Tasdiq dans le cœur (c'est-à-dire la reconnaissance, la

connaissance et l'affirmation d'Allah et de Ses commandements).

Il doit être accompagné par l’Inqiyad du cœur (c'est-à-dire,

acceptation et soumission à Allah et à Ses Commandements), ainsi

que des actions des membres. Ceux qui utilisent la philosophie dans

l'examen de la connaissance islamique doivent - pour être fidèles à la

philosophie - avoir un certain degré de doute et de scepticisme quant

à la vérité des enseignements islamiques. Ce doute annulera

définitivement Inqiyad (c'est-à-dire, soumission sincère) qui est un pilier

de la foi, et conduira à une incrédulité majeure (Kufr ash-Shakh -

Apostasie du doute) qui rend quelqu'un hors de l'Islam. La foi en Allah

donc avec une soumission complète, par essence cela est

fondamentalement opposée à la voie des philosophes.

Parmi les premiers «philosophes musulmans», le perse al-Farabi (872CE /

259AH -950 CE / 339AH). Il était un traducteur et un auteur de

beaucoup de commentaires sur les travaux d'Aristote (un philosophe

grec), pour lesquels il a été appelé, "le Second Instructeur" (Aristote

étant le premier). Il a grandement influencé les philosophes qui l'ont

suivi, en particulier Ibn Sina (Avicenne) et Ibn Rushd (Averroès). Al-

Farabi était d'accord avec le point de vue d'Aristote selon lequel le

philosophe a un statut plus élevé qu'un prophète parce que le

philosophe comprend les problèmes par la raison et la contemplation

tandis que le prophète comprend les choses au moyen de

l'imagination qui, selon lui, est inférieure à la logique. (les Prophètes et

leur compréhension est basée sur la guidance d’Allah et non

l’imagination)

La philosophie est donc l'un des mensonges les plus dangereux et les

plus vicieux dans la lutte contre la foi au nom de la logique et de la

raison. Les salafs ont unanimement rejeté la philosophie en la

condamnant fermement.

L'imam ash-Shafi'i a dit: "Le peuple n'est devenu ignorant et n’a

commencé à diverger que lorsqu’ils ont abandonnés la terminologie

arabe et adopté la terminologie d'Aristote, bien que la philosophie ait

existé dans les anciennes civilisations d'Egypte, d'Inde et de Perse. La

raison étant que les philosophes grecs étaient intéressés à la

Page 3: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

transmission de l'héritage des peuples idolâtres et les restes des religions

divinement révélées, bénéficiant des écritures d'Ibrahim et Musa après

la victoire grec sur les Hébreux après la captivité à Babylone, et

bénéficiant de la religion de Luqman, le Sage. Il y avait donc un

amalgame de points de vue qui ont confirmé la Divinité et la

Seigneurie du Créateur, mais ont été contaminés par l'idolâtrie. "

2 – La Science du Kalam et les sectes qui ont adopté cette doctrine

Avant l'apparition des philosophes purs et durs dans la Ummah musulmane

comme al-Farabi, une discipline philosophique s'est glissée parmi les

musulmans au nom de 'Ilmul-Kalam'. Al kalam est un moyen ou un mode

d'argumentation qui a son origine dans la philosophie grecque. C'est donc

une innovation répréhensible qui a initié une argumentation et une confusion

inutile dans la Ummah. Les sectes qui s'y adonnent cependant, insistent sur le

fait que c'est simplement un outil pour prouver la véracité de l'Islam, et pas un

juge pour analyser sa véracité. Les premiers groupes à poursuivre et à se livrer

à Ilmul-Kalaam étaient les Qadariyyah, les Mu'tazilah et les Jahmiyyah.

L'influence d'Ilmul-Kalaam les a égarés dans de nombreuses questions de

croyance. Après les Mu'tazilah, il fut absorbé par les Ash'aris et les Maturidis,

qui utilisèrent Ilmul-Kalaam pour discuter avec les Mu'tazilah. À leur tour, ils ont

cherché à prouver rationnellement et à justifier leurs «tenants fondamentaux

de la foi» au moyen du «Kalam », qui, sur la question des attributs d'Allah,

revient à n'approuver que quelques attributs tout en annulant les autres. Ainsi,

pour les Ash'aris et les Maturidis, 'Ilmul-Kalaam' revêt une signification

particulière car il est le défenseur de leurs croyances; même si leurs plus

grands érudits, comme al-Fakhr ar-Razi et al-Juwayni, regrettaient de s'être

laissés aller à al Kalam vers la fin de leur vie.

3 – Déviations majeures des Mu’tazilas

Mu'tazilah vient du mot «Itazal», c'est-à-dire «se retirer». Le groupe est ainsi

nommé parce que son fondateur Waasil Ibn Ataa s'est retiré des cercles

d'étude de Hassan al-Basri après avoir proposé une idée novatrice sur le

statut des musulmans qui commettent des péchés majeurs (qu'ils soient

croyants ou mécréants). À partir de ce moment-là, les Mu'tazilah ont dévié

davantage et se sont égarés sous l'influence d'Ilmul-kalam dans de

nombreuses questions de croyance;

- Cinq fondements innovés par les Mu’tazilah

1) Le Tawhid, selon les Mu'tazilah est le déni complet des Attributs d'Allah.

Leur théorie dans la croyance concernant les Noms d'Allah est

l'approbation par la langue et le rejet par le cœur; c'est-à-dire, ils

affirment simplement les noms sans affirmer aucun sens pour eux. Par

exemple, ils affirment par la langue qu'Allah est As-Sami (L’Audient),

mais rejettent la vraie audience pour lui.

Page 4: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

2) Al Adl (la Justice), qui pour les Mu'tazilah, nie qu'Allah soit le Créateur

des actions de Ses serviteurs. Ils nient également que les actions des

serviteurs sont soumises à al Qadr (la prédestination). Selon eux, une

personne est indépendante de la prédestination et de la puissance

d'Allah dans sa volonté et sa capacité d'action.

3) Wa'd wal-Wa'id, (Avertissement et mise en garde) qui dans leur

compréhension est d'appliquer et d'avertir qu'Allah n'accepte pas la

Shafa'ah (intercession) pour quelqu'un qui commet un péché majeur,

ni ne le sort du feu de l'enfer.

4) Manzilah baynal-Manzilatain (état entre les deux états). L'idée qu'un

musulman qui commet un péché majeur est dans un état entre al Iman

et al Kufr (* Sourate Taghabun V.2) par rapport à ce monde; et dans

l'au-delà, il sera éternellement dans le feu de l'enfer s'il meurt sans se

repentir.

5) Amr bil Maruf wa nahi anil Munkar (ordonner le bien et interdire le mal),

ce qui selon eux est la désobéissance au gouverneur et le fait de lever

l'épée contre lui.

Ils renient également le fait de voir Allah dans l’au-delà, ils disent que le

Qu’ran est la parole créé d’Allah, ils critiquent beaucoup les compagnons

notamment Abu Hourayra.

Plus important encore, la vénération pour al-‘Aql (intellect) et de lui donner la

priorité sur al Naql (textes du Coran et de la Sunna) qui a abouti à des

déviations comme; Ta'wil (c'est-à-dire, donner une interprétation différente

de la signification du verset) des versets coraniques qu'ils considéraient

comme contradictoires avec al-‘Aql.

- Rejet des hadiths, qui étaient réputés contradictoires à Aql - même s'ils

étaient mutawathir ou collectés dans les deux Sahihayns (Sahih al-Bukhary et

Sahih Muslim).

- Rejet d'un Hadith hadith, qui forme la majeure partie de la compilation

Hadith, car selon eux, le hadith ahad ne donne pas le bénéfice d'une

certaine connaissance.

Une note importante sur l'harmonie entre l'intellect, le Qur’an et la Sunnah :

La contradiction entre un texte clair du Livre et de la Sunna et al-‘Aql saine ne

peut être imaginée et est en fait impossible. Donc, s'il semble y avoir une

contradiction entre les deux, la Révélation prend la priorité et est décisive

puisqu'elle vient de Celui qui est infaillible, alors que l'Aql (l'intellect, la raison)

d'une personne n'est pas infaillible. En effet, al-‘Aql est l’opinion déficiente de

l’homme qui est ouverte aux idées fausses, aux erreurs, à l’oubli, aux désirs et

à l’ignorance.

Page 5: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Les groupes philosophiques qui supposaient que les textes religieux

contredisaient la raison, essayaient de faire la médiation entre la raison et les

traditions transmises.

Cela les a amenés à forcer la raison dans des domaines où elle n’avait pas sa

place.

Ibn Hajar (rahimahullah) écrit dans Sharh al-Bukhary :

« … Les Salafs ont intensifié leur rejet de ces tendances, telles que Abu

Hanifah, Abu Yusuf et ash-Shafi’i et leur réfutation de l'Ahlul-Kalam est bien

connue. La raison derrière une telle censure sévère est que l'Ahlul-Kalam a

discuté de questions à propos duquel le Messager d'Allah (Salla Allahu ‘alayhi

wa salam) et ses Sahabah avaient gardés le silence.

Ceux qui sont venus après les trois générations ont magnifié les problèmes…

Ils ne se sont pas affrontés tant qu'ils n'avaient pas confondu les problèmes

fondamentaux du Din avec la philosophie, qu'ils considéraient comme l'Asl (la

fondation) (au lieu des textes du Din), à quoi tout devait être référé et ils ont

fait le Ta'wil (interprétations) de tous les récits qui contredisaient leur

philosophie. Ils ne se sont pas arrêtés là. Ils ont en outre affirmé que leurs

compilations constituaient la connaissance la plus noble et méritaient d'être

étudiées et que quiconque ne se servait pas de leur interprétation était un

profane ignorant.

Ainsi, celui qui tient la voie des Salafs et qui s'abstient des innovations des

Khalafs (succésseurs) a de la chance. S'il ne peut pas le faire, il ne devrait que

prendre ce qui est nécessaire et faire de même que les Salafs dans l’objectif

de base.»

[Fath al-Bari (13/253)]

Raisons de la propagation de l'idéologie Mu’tazili :

A) Prévalence d'un débat excessif sur le statut d'un musulman qui a

commis un péché majeur en raison de la position extrême adoptée à

ce sujet par les Khawarij (qui considèrent cette personne comme un

véritable Kafir) et par les Murji'ah (qui la considèrent une telle personne

comme un croyant avec une foi parfaite). (*1)

Les Mu'tazilah ont présenté leur solution apparemment modérée à

l'argument selon lequel un tel musulman n'est ni un croyant, ni un kafir

pur et simple (mécréant), mais se trouve entre les deux États.

*1) Selon la compréhension de Ahlus-Sunna wal-Jama'ah, un musulman

coupable d'un péché majeur n'est pas sorti en dehors du giron de l'islam. Il

peut être puni pour ses péchés majeurs et mineurs dans l'au-delà ou être

pardonné par Allah.

Page 6: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

B) Les Mu'tazilah qui étaient resté discrédité pendant tout le règne des

Omeyyades a acquis une position de premier plan et d'influence à

l'époque des Abbassides, lorsque Ma'mun (212H / 827 de l'ère

chrétienne) est arrivé au pouvoir et les a nommés juges de l'État.

À la demande des théologiens Mu'tazilites, qui se sont attribués à la

jurisprudence de l'Imam Abu Hanifa, Ma'mun a soumis les érudits,

opposés aux opinions des Mu'tazili, à une persécution sévère. Cette

politique se poursuivit sous le règne des deux dirigeants abbassides

suivants, al-Mu'tasim et al-Wathiq.

C) Traduction de nombreux ouvrages sur la philosophie grecque sous le

patronage de Ma'mun qui souhaitait faire traduire le travail d'Aristote.

« Il (Ma'mun) a écrit à l'empereur romain pour lui demander d'envoyer

toutes les œuvres d'Aristote à sa disposition. L'empereur a hésité. Il a

consulté ses érudits chrétiens, qui ont suggéré: 'Les livres de philosophie

sont sous clé dans notre pays et nul n'est autorisé à lire et à les

enseigner parce qu'ils expulsent le respect de la religion du cœur des

gens. Nous devons envoyer ces livres au Calife de l'Islam afin que la

propagation de la philosophie atténue l'esprit religieux des musulmans. '

L’empereur avait chargé cinq de ces chameaux de ces livres et les

avait envoyés à Ma’mun Rashid. » (Histoire de l’Islam Vol.2 par Akbar

Najibabadi.

Ces livres ont ensuite été traduits par des érudits chrétiens assignés par

Ma’mun.

D) Les Mu'tazilah ont utilisés 'Ilmul-Kalam pour plaider en faveur de la

défense de l'islam, se présentant ainsi comme des défenseurs de la foi.

Témoignage des grandes épreuves des Mu’tazilah :

L’épreuve de l’Imam Ahmad Ibn Hanbal

L’innovation religieuse selon laquelle le Qur’an est une création a englouti la

Ummah à l'époque de l'imam Ahmad, lorsque les Mu'tazilah ont utilisé l'épée

du dirigeant pour forcer les érudits et les juristes à l'accepter. Le Calife

Ma'mun (lui-même élève d'Abu al-Huzail al-Allaf - un mu'tazili), a été incité par

son Qadhi (juge en chef), Ahmad ibn Abi Dawud, à persécuter quiconque

s'opposait à cette innovation.

Quatre érudits ont résisté à cette Fitna, mais seuls l'Imam Ahmed Ibn Hanbal

et Mohammad ibn Nuh ont tenu bon. En conséquence, ils ont été

emprisonnés et emmenés enchaînés à Tartus où Ma'mun les avait convoqués.

Il est rapporté dans les livres d'histoire que Ma'mun a envoyé un messager à

l'Imam Ahmad avec un message de menace indiquant qu'une épée - qui

Page 7: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

n'avait été utilisée par personne d'autre - avait été préparée pour l'Imam

Ahmad. En entendant cela, l’imam Ahmad a dit: « Je demande à Allah de

me suffire, pour ce qui n’est que (cette vie), mais pour peu de temps. »

Au cours du voyage, Muhammad ibn Nuh est décédé. L'imam Ahmad a

invoqué Allah pour qu'il ne rencontre pas Ma'mun. Allah a répondu à sa

prière et Ma'mun est décédé subitement avant qu'il pourrait rencontrer

l'imam Ahmad. L'imam Ahmad a ensuite été renvoyé en prison. Le califat est

passé à Mu'tasim, qui a été chargé par Ma'mun de se tenir près d'Ibn Abu

Dawud et de poursuivre la persécution. Mu'tasim a convoqué l'imam Ahmad

et a organisé une réunion avec Ibn Aie Dawud et ses compagnons sur la

question de Khalq al-Qur'an. Malgré de nombreux arguments et efforts de la

part des Mu'tazilah, ils n’ont pas réussi à vaincre l’imam Ahmad et le

rassemblement a duré deux jours.

Le troisième jour, le rassemblement s'est poursuivi et on a demandé à l'imam

Ahmad : « Que dites-vous à propos du Qur’an ? » A quoi il répondit: "La parole

d'Allah n'est pas une création. Allah dit : « Et si un polythéiste sollicite votre

protection, accordez-lui la protection nécessaire pour qu'il entende la Parole

d'Allah. » (Sourate At-Tawba – V.6)

On lui a demandé de présenter davantage de preuves, auxquelles l’imam

Ahmad a répondu par le verset suivant : « Le Tout Miséricordieux ! Il a

enseigné le Qur’an. » (Sourate Ar-Rahman – V.1-2). L'imam Ahmad a affirmé

qu'Allah n'avait nulle part appelé le Qur’an, Khalq al-Qur'an.

L'imam Ahmad a été convoqué une nouvelle fois devant Mu'tasim, mais

cette fois, les épées ont été dégainées et les lances pointées vers lui. Mu'tasim

a interrogé l'imam Ahmad sur sa position avant de recevoir la même réponse.

Mu'tasim a menacé l'Imam Ahmad d'assassinat au sujet duquel l'Imam

Ahmad a déclaré : « O Amirul-Mu'minin, le Messager d'Allah (‘Alayhi salat wa

salam) a dit : « Le sang d'un musulman qui atteste La ilaha illa Allah n'est pas

licite, sauf dans trois cas… » Alors, qu'est-ce qui permet de verser mon sang

tant que je n'ai rien fait de ces trois ? Ô Amirul-Mu'minin, souviens-toi que tu te

tiens devant Allah comme je me tiens devant toi. »

L’immuabilité et la détermination de l'Imam Ahmad ont affaibli la

détermination de Mu'tasim, mais Ibn Abi Dawood a demandé : « Ô Amirul-

Mu'minin, si vous le laissez partir, on dira que vous avez abandonné le

madhhab de Ma'mun. » Cela rendit le Calife furieux et ordonna de ramener

l'Imam Ahmad en prison.

Le lendemain, l'imam Ahmad a été ramené de la prison pour être fouetté

alors que c'était le Ramadan et qu'il jeûnait. Mu'tasim est venu avec deux

bourreaux à qui on a ordonné de ne pas faire preuve de discernement et ils

ont fouetté l'Imam Ahmad à tour de rôle. Mu'tasim s'adressa alors à l'imam

Ahmad : « Répète ce que je dis : le Qur’an est Makhluq (une création). »

L’imam Ahmad a insisté : « Apportez-moi une preuve du Livre d’Allah ou des

paroles du messager d’Allah. »

L'imam Ahmad a ensuite été dépouillé de tous ses vêtements, à l'exception

de son sous-vêtement. Il a été fouetté jusqu'à perdre conscience. La

flagellation se poursuivrait chaque fois qu'il reprenait conscience. L'Imam

Page 8: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Ahmad a déclaré : « Mon esprit est devenu vide et rien ne me vient à l'esprit si

ce n'est la peur que mes parties intimes soient exposées. »

L'imam Ahmad a ensuite été transféré chez lui et son épreuve l'a empêché

de marcher. Une fois ses blessures guéries et ses forces retrouvées, l'Imam

Ahmad prêchait dans la mosquée. Il n'a pas été empêché d'enseigner avant

que le Califat ne soit transmis au successeur de Mu'tasim, Wathiq.

Wathiq a également été incité par Ibn Abi Dawud et ses compagnons

diaboliques à contraindre le peuple à accepter le Qur’an en tant que

création. Wathiq n'a cependant pas trouvé qu'il était dans son intérêt

d'emprisonner l'Imam Ahmad. Il a donc ordonné à l'imam Ahmad de partir.

L'imam Ahmad s'est donc réfugié hors de la vue du public pendant cinq ans.

Vers la fin de son Califat, Allah a guidé Wathiq à se retirer de sa déviation en

raison d'un incident intéressant. Les gens étaient amenés devant Wathiq

avec des chaînes et forcés d'accepter que le Qur’an soit une création. Toute

personne qui a résisté a été tué. Un homme parmi eux salua Wathiq, « As-

Salam ‘alaykum, O Amirul-Mu'minon », auquel Wathiq répondit : « Allah ne t'a

pas non plus sauvé, et aucun salam (sécurité) ne t'a sauvé. » L'homme dit :

« En vérité, celui qui t'a nourri ne l'a pas bien fait. »

Il faisait allusion au mentor de Wathiq, Ibn Abi Dawud, également présent.

L’homme a récité le verset : « Si on vous fait une salutation, saluez d’une

façon meilleure ou bien rendez-la (simplement). Certes, Allah tient compte

de tout. » (Sourate An-Nisa – V86) et ensuite dit : « Vous ne m'avez pas

répondu avec le même ou un meilleur. »

Le calife fut étonné et ordonna à Ibn Abi Dawud de discuter avec lui. Ibn Abi

Dawud lui demanda : « Que dis-tu du Qur’an ? » L'homme répondit : « Vous

ne m'avez pas rendu justice, je devrais commencer. » Le Calife a accepté et

l'homme a demandé : « Que dites-vous à propos du Qur’an ? O Ibn Abi

Dawud. »

Il a répondu : « Je dis que le Coran est Makhluq (création) ».

L'homme a dit : « Cette parole de votre part avec laquelle vous avez chargé

le peuple et le Calife, est-ce que le Messager, Abou Bakr et ‘Umar ont dit

cela ou non ? »

Ibn Abi Dawud répondit : « Ils ne l'ont pas dit. »

Il a demandé : « Le savaient-ils ou l'ignoraient-ils ? »

Ibn Abi Dawud a déclaré: « Ils le savaient. »

L'homme a dit: « Est-ce que cette question a été laissée ouverte pour rester

silencieuse ou est-ce que les gens en ont été chargés? »

Ibn Abi Dawud a dit: « Non, ils se sont plutôt tus. »

L'homme a dit : « Quelque chose que le messager d'Allah, Abou Bakr et

‘Umar ont gardé le silence, vous n'avez pas emboîté le pas. »

Donc, Ibn Abi Dawud a gardé le silence.

Wathiq a libéré l'homme et, après une délibération solitaire, il a annulé sa

déclaration selon laquelle le Qur’an avait été créé.

Après la mort de Wathiq, le juste-calife al-Mutawakkil est entré en fonction. Il

a ordonné la fin de toute indulgence dans le dossier.

Page 9: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Les épreuves de l'imam Ahmad ont finalement pris fin. Sa patience et sa

détermination à défendre la 'Aqidah d'Ahlus-Sunnah ont porté leurs fruits. La

question de l'idée novatrice de Khalq al-Qur'an s'est désintégrée; et avec lui,

la force des Mu'tazilah. L'imam Ahmad est décédé en 241H. Sept cent mille

hommes et soixante mille femmes ont assisté à ses funérailles. C’est ainsi que

l’imam Ahmad Ibn Hanbal a dit : « Dites aux gens de la Bid’a, entre nous et

vous sont les funérailles. »

LA CONDAMNATION DU KALAM PAR L’IMAM ABU HANIFA :

L'imam Abu Hanifa a déclaré :

« Que la malédiction d'Allah soit sur Amr ibn Ubaid, car il a pavé le chemin du

Kalam… » [Dhamul Kalam lil Harawi, p.28-31]

Quelqu'un lui a demandé (c'est-à-dire l'imam Abu Hanifa):

« Quelle est votre opinion sur ce qu'il a innové pour les gens en ce qui

concerne al-Kalam au sujet des accidents et des corps ? »

Il a dit: « Principes de philosophie !!! Adhérez à la manière des Salafs, car

chaque nouveauté est une Bid’a (innovation dans la religion). » [Manaqib

Abu Hanifa d’al-Kurdi p.194]

L'imam Abu Hanifa a également déclaré :

« Les gens des passions à Al-Bassorah sont nombreux et j'y suis entré une

vingtaine de fois. Peut-être que je suis resté là-bas pendant un an ou plus,

pensant qu'Ilmul-Kalaam était la plus grande des sciences. » [Manaqib Abu

Hanifa d’al-Kurdi p.137]

Hammad ibn Abu Hanifa a raconté: « Mon père (c'est-à-dire l'imam Abou

Hanifa rahimahullah) m’a abordé et m'accompagnait avec un groupe

d'Ashab al-Kalam; nous discutions à une porte.

Alors, quand je l'ai entendu approcher de la maison, je suis allé le voir. Il m'a

demandé: « O Hammad, qui est avec toi ? »

J'ai répondu: « Untel", et j'ai nommé ceux qui étaient avec moi. »

Il m'a alors dit: « O Hammad, abandonne al-Kalam ».

Hammad dit: « Mon père n'était pas un homme qui a confondu les choses, il

n'était pas non plus de ceux qui commandent quelque chose et qui

l'interdisent ensuite. » Alors je lui ai demandé: « O père, est-ce que tu ne m'as

pas commandé avec ça (le kalam) ? »

Il a dit: « Oui, mon fils et aujourd'hui, je t'en interdis ».

Hammad dit: « Pourquoi ça ? »

Il a dit, « En vérité, ce sont des gens du Kalam - vous verrez qu'ils étaient sur

une déclaration et une religion jusqu'à ce que Shaytan s'interpose entre eux

et sème la discorde et la différence… »

Malgré la condamnation de Kalam par l'Imam Abou Hanifa; beaucoup de

ceux qui prétendent suivre son madhab comme les Maturidis et les

Deobandis continuent leur indulgence au Kalam.

Page 10: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

LES RATIONALISTES (AL-AQLANIYYA) :

L’école de pensée des rationalistes est un groupe contemporain inspiré par

les Mu'tazilah d’aujourd’hui et qui a été créée par Jamal ad-Din ibn Safdar al-

Husaini al-Afghani, un Iranien élevé dans une éducation chiite. Les pensées

d'Al-Afghani ont été transmises par son étudiant égyptien, Muhammed

‘Abduh, qui a été nommé mufti officiel en 1899. Sir Syed Ahmad Khan, du

sous-continent indien, faisait également partie de cette tendance. Ces

tendances ont émergé vers la fin de l'ère coloniale, ainsi que d'autres

mouvements qui cherchaient à apporter une solution aux principaux

problèmes de la Umma musulmane de cette époque, notamment les

superstitions effrénées et le culte des tombes, la stagnation intellectuelle, la

distance du peuple par rapport au Qur’an et du Hadith, une dépendance

aveugle à l'égard de clercs déviants pour des conseils religieux, des maux

sociaux et politiques, un retard scientifique et économique.

La tendance rationalsite a proposé ses solutions et, de manière générale, a

défendu certains problèmes louables tels que l’opposition aveugle, le retour

au Coran en tant que guide pertinent pour l’époque moderne, réaffirmant

l’importance de l’Ijtihad, opposant la superstition répandue et la superstition,

le culte des tombes, appelant la Umma à tirer profit du progrès scientifique et

de l'éducation.

Certains d'entre eux ont même fait référence à des écrits antérieurs sur le

chemin des Salafs, comme ceux d'Ibn Taymiyah et d'Ibn al-Qayyim, où ils

pouvaient trouver le soutien de leurs opinions, car l'époque d'Ibn Taymiyah

avait été témoin des mêmes problèmes - rien que à l'époque coloniale, les

musulmans étaient totalement démunis de force politique et économique.

Cependant, les opinions des Mu'tazilites ont submergé les rationalistes et leurs

interprétations modernistes les ont amenés à répandre de dangereuses

déviations dans la Umma, parmi lesquelles :

a) Donner la priorité à al-‘Aql (la raison) sur an-Naql (Les textes scripturaires)

b) Réinterprétation des versets et des textes conformément aux dernières

découvertes scientifiques.

c) Rejet de Ahadith auquel on ne peut donner une interprétation moderniste,

même ceux qui sont mutawathir ou rapportés dans les deux sahihayns.

d) Diffamer les Sahabah et les tabi’in, en particulier les narrateurs de Hadith

e) Refuser divers choses du Ghayb (de l’invisible) tels que les anges, les djinns,

la magie, etc.

f) Appel à wahdatul-adyan (unité des religions)

g) Diviser la Sunna en sunna amaliya et Sunnah Ghayr Amalia (explication à

venir)

h) Appel au nationalisme

I) Faire des objections sur des questions comme le hijab, la polygamie, etc.

Page 11: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

LE MOUVEMENT MODERNISTE :

Ceux qui ont étudié avec les rationalistes ou qui ont été influencés par ceux-

ci se sont ensuite diversifiés et ont développé une ressemblance frappante

avec le mouvement moderniste du christianisme et du judaïsme. En fait, les

mouvements modernistes européens continuent de fournir beaucoup

d'inspiration à leurs homologues «musulmans» et, par conséquent,

comprendre le modernisme occidental nous aide à comprendre les objectifs

de ceux qui cherchent à moderniser les enseignements et les valeurs

islamiques.

Le mouvement moderniste tire ses origines de l'Europe médiévale, dont le

point de vue fondamental est que la religion doit changer en fonction des

circonstances. Ils croyaient que la plupart des dogmes ou enseignements de

l'Église étaient des nouveautés nées de circonstances historiques particulières

tout au long de l'histoire de l'Église. Ils voyaient dans l'Église une simple

institution humaine et, en tant que telle, pas la vérité absolue.

Le modernisme a initié une approche rationaliste de la Bible qui adopte une

vision sceptique des miracles et de l'historicité des récits bibliques. Cette

approche visait à évaluer le sens de la Bible en se concentrant uniquement

sur le texte et en ignorant ce que les pères de l'Église avaient historiquement

enseigné à son sujet. Cette façon de voir le La Bible devint très populaire

dans les églises protestantes et se retrouva dans les églises catholiques.

C'était une émanation du concept de 'sola scriptura' qui affirme que la Bible

est la parole écrite de Dieu qui s'auto authentifie, qui est claire pour le lecteur

rationnel. La Bible est son propre interprète (les Écritures interprètent les

Écritures) et suffit à elle seule pour être l'autorité finale de la doctrine

chrétienne.

Les excès de l'Église chrétienne dans l'Europe médiévale et l'idée que l'Église

constituait un obstacle au progrès social, scientifique et culturel ont renforcé

l'idée de la séparation de l'Église et de l'État, donnant ainsi lieu à la laïcité.

Les philosophes européens modernes ont joué un rôle important dans la

construction du modernisme en utilisant la philosophie pour intégrer les

écritures chrétiennes et juives à un apprentissage séculier. Collectivement,

ces tendances étaient perçues comme une «pensée progressive» et il a été

affirmé avec force que la religion doit être principalement causée et centrée

sur les sentiments des croyants.

En 1864, le pape Pie IX publia un document intitulé «Le syllabus des erreurs»

qui condamnait les idées selon lesquelles la raison humaine est l'unique

arbitre de la vérité et du mensonge; et a rejeté les appels au pape de se

réconcilier et d’accepter le progrès, le libéralisme et la civilisation moderne.

Ce document a été largement ignoré car la tendance à intégrer des valeurs

laïques et à «s’intégrer» à l’époque était fermement établie; et plutôt que

d'être une source de correction, elle devait elle-même être réinterprétée par

l'apologétique catholique.

L'évolution des idées, semblable au dogme chrétien de 'sola fide '(être sauvé

par la foi seule), devint une justification pour constamment actualiser ou

Page 12: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

plutôt dégrader les normes de la moralité. La doctrine de la sola fide affirme

que c'est uniquement sur la base de la foi du croyant que leurs transgressions

de la loi de Dieu sont pardonnées. Alors que les normes morales avaient

fortement évolué au cours du XXe siècle, un catholique aurait déjà dû nier sa

foi pour se livrer à certaines des actions de ses contemporains. Maintenant,

«en citant que les dogmes peuvent changer», il était possible de «mettre à

jour» la morale catholique sans se soucier d'éventuelles contradictions.

Modernistes, néo-philosophes et laïcs ont réussi à transformer le visage du

christianisme en son noyau même. Ils l'ont forcé à faire des concessions

illimitées, jusqu'à ce que même l'acte ou la déclaration hérétique le plus

scandaleuse soit ignoré. Tout semble être permis à tout le monde jusqu'à ce

qu'il ne reste plus grand chose à distinguer entre un humaniste chrétien et un

humaniste laïque.

LES MODERNISTES APPELLENT A TRANSFORMER L’ISLAM :

Le Messager d’Allah (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) nous a informés que des

groupes de sa Umma suivraient les déviations des générations passées. Il a

dit: « Vous suivrez certainement les voies de ceux qui sont venus avant vous,

empan par empan, coudée par coudée, jusqu’au point que s’ils entrent dans

le trou d’un lézard, vous y entrerez aussi !» Ils dirent (les compagnons) : « Ô

Messager d’Allâh ! (Veux-tu dire) les juifs et les chrétiens ?» Il répondit : « Et qui

d’autres qu’eux !? (Rapporté par Al-Bukhary 7320]

Ce Hadith décrit avec précision l'attitude et le résultat final des «modernistes

musulmans» qui imitèrent leurs homologues chrétiens jusqu'à ce qu'ils les

suivent dans le trou de la déviation et de la mécréance. Ce qui va suivre sont

les caractéristiques des modernistes :

1. Selon les modernistes, la pensée et les valeurs d'une société sont

étroitement liées à son environnement et à sa situation historique, et il est

nécessaire de se conformer et d'adapter la religion aux exigences et aux

nécessités de son époque. Ainsi, les interprétations et compréhensions

« archaïques » doivent être modifiées pour s’adapter à la société moderne. Ils

soutiennent que les gens du temps du Prophète (‘Alayhi salat wa salam) ont

fait ce qu'ils croyaient le mieux leur convenir, et que les gens d'aujourd'hui

doivent agir comme il convient aux temps modernes. Par exemple, en ce qui

concerne le hadith, « Aucun peuple qui placera une femme au pouvoir ne

prospérera jamais. » [Hadith rapporté par Al-Bukhary]

Yusuf al-Qaradawi a dit concernant ce hadith: « Cela est limité à l’ère du

Prophète (‘Alayhi salat wa salam) quand le pouvoir était aux hommes de

manière absolue mais plus maintenant. » [Nadwa fi Qanat bi Tarikh 4/7]

Muhammad Abduh (le moderniste) écrit à propos de la question du nombre

d'épouses autorisé pour un homme :

Page 13: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

« Il est demandé aux ‘Ulémas de réviser cette question ... le Din a été révélé

pour le bien-être de la population et son bien-être et son fondement est de

prévenir les dommages et la destruction. Donc, s'il y a quelque chose qui

cause la corruption à un âge qui n'était pas tel auparavant, alors, sans aucun

doute, la décision devrait être changée et modifiée conformément au

présent. » [Tafsir al-Manar 4/349-350]

Il suffit de répondre que l’Islam est une religion complète et que, lors du

dernier sermon du Prophète (Salla Allahu ‘alayhi wa salam), Allah a révélé au

sujet de ce dernier Din : « Aujourd’hui, j’ai parachevé votre religion pour vous,

complété Ma faveur sur vous et agrée pour vous l’Islam comme votre

religion… » (Sourate Al-Maida – V.3) La signification de ce verset est que jusqu'à la fin des temps, les gens n'auront

besoin ni d'une nouvelle Shari'a, ni d'un nouvel ensemble de règles pour régir

leurs vies, et la Shari'a du Prophète (‘Alayhi salat wa salam) leur suffira. Le

Messager d'Allah (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) a dit: « Je n'ai rien omis qui

puisse vous rapprocher du Paradis, mais je vous l'ai commandé; et rien ne

vous éloignera de l'Enfer si ce n'est que je vous ai commandé de le faire. »

[Rapporté par Ibn Majah - Sunnan] Les maux fondamentaux qui nuisent au bien-être social, économique et

spirituel des peuples, tels que la cupidité, la misère, la jalousie, la haine,

l’injustice, le manque de considération, la luxure, la malhonnêteté, etc. sont

les mêmes aujourd’hui qu’au temps du Prophète (‘Alayhi salat wa salam).

Quand on lit les histoires des nations précédentes dans le Qur’an et les raisons

pour lesquelles elles ont prospéré ou se sont égarées, nous les voyons très

pertinentes pour la période contemporaine, par exemple; l'histoire du mal de

l'homosexualité qui a affligé le peuple du Prophète de Luth.

2. « Les modernistes considèrent que le temps présent est plus avancé que

celui du Prophète (‘Alayhi salat wa salam) et ils appellent à la réforme de la

religion revendiquant l'avancement de la société. » (**) Cependant, leur objectif n'est pas de tirer profit des avancées

scientifiques ni de préparer la société pour l'avenir, mais ils cherchent à

transformer les enseignements religieux conformément à la culture moderne

avec l'aide de la philosophie.

Hassan at-Turabi a dit : « Nous devons revoir nos principes de la jurisprudence

Islamique et selon moi, une nouvelle révision saine des principes de

jurisprudence commençant avec le Qur’an. Dans le même temps, nous

n’avons besoin de nouvelles interprétations du Qur’an, si vous lisiez les

exégèses qui circule parmi nous, vous verrez qu'ils sont liés aux incidents qui se

sont produits au moment où l’exégèse a été formulé. [Tajdid al-Fiqh al-Islami

p.25-26]

3. Afin de rendre le Qur’an en concordance avec les valeurs modernes, les

modernistes ont besoin d’interprétés les injonctions Coraniques

indépendamment sans aucune entrave et sans y mêler la Sunna ou les

Page 14: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

paroles des Salafs qui détermine le vrai sens et intentions des versets. Donc

l’argument des Mu’tazilites doit s’appliquer, la raison devant la Révélation et

présenté comme l’opinion majoritaire.

Muhammad ‘Abduh a affirmé que la nation islamique avait accepté (le point

de vue des Mu’tazilites) : « ...à l'exception de quelques-uns qui peuvent être ignorés ; si al-’Aql contredit

an-Naql, alors ce qui est prouvé par la raison doit être pris. » [Al-Islam wa an-

Nasraniya p.56] La déclaration de Mohammed ‘Abduh n’est valable que s’il fait référence

aux Mu’tazilites, à (certains) Ash'arites et à leurs semblables. Mais quant à

Ahlus-Sunnah, ils ne donnent pas la priorité à la raison par rapport aux paroles

du Messager (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) comme le savent les imams de

Din tels que l'Imam Malik, Shafi'i, Ahmad, Ishaq ibn Rahwiya, Sufyan ath-

Thawri, ibnul-Mubarak, ibn ‘Uyaynah, ad-Darimi et autres. Loin d’être

majoritairement «d’al-’Aql sur Naql», c’est un principe hérétique rejeté à une

écrasante majorité. Cependant, pour les modernistes, ce principe hérétique

est si essentiel que Fahmi Huwaidi (considéré comme un journaliste «islamiste»)

considère que suivre le Naql (textes du Coran et de la Sunna) est une idole

d’adoration, a-t-il déclaré : « Le culte des idoles n'est pas simplement un culte des idoles, mais plutôt le

culte des idoles de nos jours a été représenté par… l'adoration des textes… » [Majallah n°235, p.178]

4. Les modernistes prétendent que le Qur’an ne peut être réellement une

source de guidée aussi longtemps que l’on peut l’interpréter

indépendamment dans le présent et donc ils rejettent la Sunna comme

détaillant le Qur’an et étant une source indépendante d’enseignements

Islamiques, surtout dans la ‘Aqida (croyance).

Muhammad ‘Abduh écrit : « Quoi qu'il en soit, il nous est demandé d'éliminer les commandements dans

le hadith et de ne pas le laisser diriger notre Aqida, nous prenons ce qui est

dans les textes du Qur’an et ce qui est en accord avec la raison. » [Tafsir Juz

Amma, p.186]

Les modernistes ont fait de la raison (al-’Aql) leur juge pour déterminer lequel des ahadiths sont acceptables, préférant les principes généraux aux

principes spécifiques. Concernant le hadith, « Il n'y a pas de fils né parmi les

enfants d'Adam, sans que Shaytan le touche. Un enfant pleure donc fort au

moment de la naissance à cause du contact de Shaytan, excepté Maryam

et son enfant. » [Sahih al-Bukhary (641)]

Remarques de Zamakhshari (Mu’tazilite) : « Allah seul connaît l'authenticité (de ce hadith), car si cela était vrai, cela

signifierait que Shaytan aspire à séduire tous les nouveaux-nés à l'exception

de Maryam et de son fils; ils sont donc tous deux exempts de péché et, de la

Page 15: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

même manière, à qui correspond leur description. … Le début du cri du

toucher est une représentation de son envie… La réalité du toucher n'est pas

ce que les gens pensent. Non. Si Shaytan devait contrôler les gens, le monde

aurait été rempli de cris… » [Tafsir al-Kashshaf (1-385,386)]

5. Les modernistes divisent la Sunna en «Sunna Tashri'ah» et «Ghayr Tashri'ah».

Ils considèrent la « Aqida, Salat, Zakat, Hajj et autres cultes de base comme

Sunnah Tashri'ah. Mais les ahadiths qui parlent des affaires publiques en

général et des règles et règlements sont selon eux sont «Ghayr Tashri'ah», qui

ne doivent pas nécessairement être mis en œuvre. Ceci explique leur

aversion pour le jugement de la Sunna.

Muhammad ‘Abduh a déclaré : « Ce qui relève de la Sunna des questions de politique, ce sont des questions

matérielles et non religieuse. Il en était ainsi même à l'époque du Prophète

(‘Alayhi salat wa salam) et par conséquent, il était sujet à la shura

(consultation), au ray(avis) et à l'ijtihad (et pouvait donc être), accepté,

rejeté, modifié et complété. » [Al-Islam wa as-Sultan ad-Diniya 104]

Muhammad ‘Abduh dit à propos de l'interdiction du pouvoir

(gouvernemental) des femmes : « Ce que nous avons dans notre héritage à propos de la question de la

domination des femmes, c'est une pensée islamique et une opinion juridique

et un Ijtihad juridique et cela ne vient pas d'Allah ... »

Au sujet du hadith du Messager d'Allah, « Aucun peuple ne pourra jamais

prospérer si une femme est placée sous son autorité. »

Abduh dit: « C’est une prophétie politique du Messager sur l’échec des Majus - c’est eux

qui ont été gouvernés par une femme. Ce n’est pas une ordonnance de

prohibition pour le leadership des femmes, ni générale ni spécifique. C’était

un cas exceptionnel. … » [Al-Islam wal Mustaqbil 282,232]

Ainsi, nous avons vu comment les modernistes tentent d'imposer leur

interprétation au texte, tout comme les Mu'tazilah à propos de laquelle

Shaykh al-Islam Ibn Taymiyah écrit : « De telles personnes ont fait du Ray (opinion personnelle) leurs croyances

fondamentales et y ont ensuite présenté les paroles du Qur’an (prendre,

rejeter et interpréter sur cette base), - elles n'ont pas de prédécesseurs (dans

cet acte / cette méthodologie) des Sahabah et des Tabi’in, ni des imams des

musulmans; ni dans leurs opinions ni dans leurs discours… » [Majmu’ al-Fatawa

(13/358)]

6. Un élément des modernistes expriment des opinions favorables à Wahdat

al-Adyan (unité des religions). Jamal al-Din al Afghani a déclaré :

Page 16: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

« Les trois religions (judaïsme, christianisme et islam) sont globalement en

accord d’iidéologie et d'objectifs, donc s'il y a une lacune dans l'une de ses

décisions concernant le bien absolu, elle devrait être complétée avec l'autre

... En cela, je vois un grand espoir que les trois religions puissent être unies, tout

comme elles sont unies dans leur essence, leur fondement et leur objectif, et

avec cette union, l'humanité se dirigera vers la paix - un grand pas dans

cette courte vie. » [al-A'mal al-Kamila de Jamal ad-Din al-Afghani, recueillies

par Muhammad Ammarah, p.294-5]

Muhammad Ammarah dit:

« Les différences entre les Musulmans et les Gens du livre ne sont pas

dangereuses. Quand ils sortent de la Foi, ils sont guidés par (une autre)

religion du Seigneur. » [Tajdid al-Fiqh Islami, 82. Cité dans Al-Asraniyun, 309]

Yusuf al-Qaradawi dit à propos des chrétiens :

« Chaque problème parmi nous est similaire, nous sommes des enfants de la

même patrie, notre destin est identique, notre Ummah est identique, dis-je à

nos frères chrétiens, certains peuvent s'opposer à ce que je les appelle

comme frères (pour les seuls mu'minin [les croyants] sont des frères), oui nous

sommes mumin et ils sont mu'min (seulement) d'une manière différente. "

[Le programme as-Shari'ah wal-Hayat du 12/10/1997, et il l'avoue dans ses

livres comme Fatawa mu'asirah (2/668)]

7. Une autre secte qui fait partie de la tendance moderniste est celle de ceux

qui rejettent les ahadiths. Tandis que la maladie de l'abandon du hadith se

retrouve à des degrés divers chez tous les modernistes, les rejetteurs de

ahadiths sont allés plus loin dans leur rejet généralisé de tout ou de la plupart

des hadiths, raison pour laquelle ils innovent avec des idées encore plus

étrangères à l'islam -interpréter même les adorations de base comme la salat

(la prière) et le siyam (le jeûne).

8. «Néo-modernistes» ou progressistes.

Ils constituent la nouvelle vague d'individus occidentalisés se prétendant

«réformateurs musulmans», avec un message singulier pour redéfinir l'islam

d'une manière qui corresponde aux sensibilités de la culture et des valeurs

occidentales.

Parmi eux, on trouve des universitaires, des journalistes, des activistes

autoproclamés et d'autres basés aux États-Unis ou en Europe, tous séduits par

les opportunités lucratives nées de l'appétit vorace des médias pour des

musulmans apologétiques parlant de «problèmes au sein de l'islam».

Certaines de ces personnes ne sont même pas d'origine musulmane, comme

les ismaéliens ou les qadianis; ou d'autres personnes qui sont des charlatans,

des rafidahs, des communistes iraniens, des modernistes égyptiens ou d'autres

personnes laïques non pratiquantes possédant une connaissance

rudimentaire de l'islam.

Page 17: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Ensemble, ils forment un mouvement politique surnommé «musulmans

progressistes» qui n'a pas d'objectifs ni de programme cohérents, mis à part

des déclarations opposées à l'islam ou aux intérêts musulmans, comme par

exemple le fait qu'une femme dirige une prière mixte d'hommes et de

femmes pour une khutbah du vendredi dans une église, inviter un pasteur

chrétien à participer à la khutbah du vendredi, à exprimer son soutien aux

mariages homosexuels, à interdire le niqab et à lancer des accusations

contre des organisations caritatives et organisations islamiques.

LA RELIGION BASEE SUR L’EMOTION :

Les "progressistes" manifestent une attitude qui ressemble beaucoup à celle

du moderniste chrétien, c’est-à-dire qu’ils accordent plus de crédit aux

sentiments des gens qu’aux textes révélés. C'est pourquoi on les trouve

souvent en train de parler de «l'esprit de l'islam» afin d'éviter de suivre les

enseignements spécifiques du Coran et de la Sunna.

Par exemple, ils affirment que le texte du Qur’an ne dit aux femmes que de

s'habiller modestement et n'aiment pas parler des détails spécifiques du hijab

et dit que nous devons seulement suivre «l'esprit» de la loi. Naturellement, les

modernistes / progressistes sont satisfaits du point de vue des Murjiah selon

lequel la foi n’est une croyance que dans le cœur et que les actions des

membres ne font pas partie de la foi, c’est-à-dire de la «sola fide progressive»

! Les néo-progressistes sont même allés plus loin en définissant un athée qui a

des affinités culturelles ou sociales envers les musulmans comme des

«musulmans».

REMISE EN CAUSE DES SUJETS AGRÉÉS :

Lorsqu'une question a été acceptée par consensus parmi les générations

précédentes, les opinions particulières de ceux qui viendront plus tard ne

briseront pas ce consensus et ne feront pas de cette question un sujet

controversé. Cependant, les "progressistes" défendent des opinions étranges /

hérétiques afin de mettre fin aux questions convenues comme contestées;

puis insister pour suivre l'opinion marginale sur la vision traditionnelle. Ils

recherchent et promeuvent les opinions étranges et erronées d'anciens

savants, ou acceptent les avis de véritables déviants et d'hérétiques quand ils

s'y adossent.

Comme il est évident, les «progressistes» imitent de près l’idée chrétienne

moderne que les directives scripturaires sont une vérité relative et non

absolue. Ce qu’ils oublient, c’est que, contrairement au christianisme, les

textes islamiques ainsi que leur interprétation préliminaire par le Prophète

(‘Alayhi salat wa salam) et ses Compagnons sont préservés et disponibles

aujourd’hui de manière à ce que l’on puisse s'y référer pour déterminer l’état

initial des choses et distinguer entre injonctions religieuses et quelles sont les

pratiques culturelles.

Page 18: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Les «progressistes» cherchent à rendre l'Islam plus humain en lui retirant des

pratiques qui n'en font pas partie, comme les mariages forcés et les crimes

d'honneur. De ce fait, ils ont révélé que leur ignorance et leurs préjugés à

l’égard de l’islam étaient au même niveau que ceux des médias

occidentaux auxquels ils s'adressaient.

Les «progressistes» peuvent être de fervents partisans d'une pensée

indépendante, mais ce n'est en réalité que la maladie séculaire de la

philosophie dans une nouvelle tenue. C'est pourquoi nous les trouvons en

quête de conseils auprès des travaux d'Ibn Sina et d'Ibn Rushd. Ils ont

également des points de vue extrêmement déformés sur le concept d'Ijtihad

et sur le moment où les érudits islamiques recourent à l'Ijtihad pour en déduire

des décisions.

CEUX QUI REJETTENT LES AHADITHS (CORANISTES) :

Allah a dit dans le Qur’an :

« Ô vous qui avez cru ! Ne devancez pas Allah et Son Messager. Et craignez

Allah, Allah est Audient et Omniscient. » (Sourate al-Hujurat – V.1)

Ibn ‘Abbas (Radiya Allahu ‘anhu), le grand commentateur du Qur’an - a

expliqué ce verset d'une manière qui montre sa pertinence pour toutes les

générations qui ont suivi l'époque des Messagers. Il a dit qu'en ne se mettant

pas en avant, on entendait: « Ne dites rien qui soit en contradiction avec le

Qur’an et la Sunna. » Dans cet ordre d'idées, nous comprenons le verset

suivant de cette sourate : « Ô vous qui croyez ! N'élevez pas la voix au-dessus

de la voix du Prophète, et ne haussez pas le ton en lui parlant, comme vous le

haussez les uns avec les autres, sinon vos œuvres deviendraient vaines sans

que vous vous en rendiez compte. »

Pour nous, l'interdiction d'élever nos voix au-dessus de celle du Prophète

(Salla Allahu ‘alayhi wa salam) signifie ne pas transmettre des opinions et des

arguments en présence des enseignements du Messager (‘Alayhi salat wa

salam) s'abstenant le plus significativement de toute interprétation interdite et

non fondée sur le Qur’an mais basée sur une opinion. Ceci alors que nous

avons avec nous les explications du Prophète (‘Alayhi salat wa salam), celui

chargé par Allah de transmettre et d’expliquer son message. « Et vers toi,

Nous avons fait descendre le Qur’an, pour que tu exposes clairement aux

gens ce qu’on a fait descendre pour eux et afin qu’ils réfléchissent. » (Sourate

An-Nahl – V.44)

Et sans aucun doute, le Messager d'Allah (‘Alayhi salat wa salam) s'est

acquitté de cette responsabilité de manière à ce que quiconque se

détourne de ces directives n'ait à s'en prendre à lui-même. Il a dit : «… je ne

voudrais voir personne parmi vous le Jour de la Résurrection, portant à son

cou un cheval qui bêlera ou portant à son cou un cheval qui hennirait, un tel

homme dira » O Messager d'Allah, intercède auprès d'Allah pour moi! "Et je

répondrai:" Je ne peux pas vous aider, car je vous ai transmis le message.»

Page 19: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

La sévère prudence de ne pas élever la voix en présence du Messager

(‘Alayhi salat wa salam) a été donnée à un moment où il était inconcevable

de défier ses enseignements. On raconte qu'après la révélation de ces

versets de Sourat al-Hujurat à propos de l'élévation de voix en présence du

Messager, Umar a parlé si doucement que le Prophète (Salla Allahu ‘alayhi

wa salam) a dû lui demander de se répéter pour être compris. (Voir Tafsir

d’ibn Kathir) De même, Anas bin Malik a raconté: « Quand cet Ayah (49: 2) a

été révélé, Thabit bin Qays, dont la voix était (naturellement) forte, a dit : « Je

suis de ceux qui ont élevés la voix au-dessus de la voix du messager d'Allah.

Je suis parmi les les habitants du feu. Mes bonnes actions ont été faites en

vain. » Il est resté dans sa maison angoissé jusqu'à ce que le Messager d'Allah

(‘Alayhi salat wa salam) se rende compte de son absence. Quand

l'appréhension de Thabit a été transmise au Prophète (‘Alayhi salat wa

salam), il a dit: « Non, il (Thabit) est parmi les habitants du Paradis. »

Ces incidents témoignent de la compréhension et de la prise de conscience

par les Sahabah du statut élevé du Prophète (‘Alayhi salat wa salam) que

des voix ont élevé, non pas au lieu mais en présence du Messager, causés

une telle peur dans leurs cœurs. Le Sahabah ne s'opposaient jamais au

Messager d’Allah (Salla Allahu ‘alayhi wa salam), ne le contredisaient pas,

n'exprimaient pas son opinion, ne mettaient pas en doute ou n'exprimaient

rien de moins que la soumission complète aux ordres du Prophète (‘Alayhi

salat wa salam). C'est dans ce contexte que le Messager d'Allah (Salla Allahu

‘alayhi wa salam) a mis en garde contre ce qui était impensable pour ses

fidèles Compagnons. Il a dit : « Est-ce que l'un de vous, assis sur son canapé,

s'imagine qu'Allah n'a interdit que ce qui se trouve dans ce Coran ? Par Allah,

j'ai prêché, commandé et interdit diverses choses aussi nombreuses que

celles qui sont trouvé dans le Qur’an ou plus. » Il a informé: « En effet, j'ai

apporté le Qur’an et quelque chose de similaire, mais le moment viendra où

un homme allongé sur son canapé dira : « Gardez ce Qur’an, ce que vous y

trouverez être licite (Halal), considérez-le comme admissible, et ce que vous y

trouvez interdit (Haram), considérez-le comme interdit… » [Abu Dawood

(3044)]

L’EGAREMENT DES REJETEURS DE AHADITHS :

La prophétie du Messager d'Allah (‘Alayhi salat wa salam) s'est matérialisée

lorsqu'une préséance dangereuse a été établie après l'ère des pieux

prédécesseurs. Ahlul-Kalam, ainsi que des érudits du Fiqh et des Usul, ont

déduit certaines règles et, dans leur extrémisme, ont soumis le hadith à ces

règles de sorte que, si le hadith était conforme à ces règles, elles étaient

acceptées; et si elles étaient contraires à ces règles, les hadiths n'étaient pas

suivis. Ils ont donc effectivement renversé l'affaire et le hadith est soumis à ces

règles déduites, au lieu d'être le juge et le critère. [Voir, Le hadith est une

preuve en soi de Shaikh al-Albani] Règles par exemple : « Les questions de

‘Aqida ne sont pas prises de ahadith ahad et «les ahadiths qui ajoutent une

Page 20: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

règle au Qur’an ne sont pas acceptés ! »

Ceux qui ont suivi cette voie égarée ont continué sur cette voie jusqu'à ce

que certains groupes rejettent catégoriquement les ahadiths et en

contestent l'autorité. Leurs motivations étaient les mêmes que celles d’Ahlul-

Kalam avant eux, c’est-à-dire de mettre de côté le hadith et de tracer la voie

des opinions, des philosophies et des conjectures dans le Din.

Les rejeteurs de ahadiths (Coranistes) ont des orientations différentes…

1. Certains rejettent catégoriquement le Hadith comme Rashad Khalifa. (*1)

2. Certains ne rejettent pas catégoriquement les Ahadiths, mais réduisent son

statut à de simples traditions et fables, et n'approuvent que les Ahadiths qu'ils

considèrent comme cohérent avec leur compréhension du Qur’an comme

Ghulam Parvez (* 2).

(*1) Rashad Khalifa est un immigré égyptien arrivé aux USA qui a proclamé

avoir trouvé un motif mathématique impliquant «le nombre 19» et ses

multiples dans tout le Qur’an. Il a prétendu que cette découverte était un

miracle qui venait des Messagers et s’est déclaré Messager sur cette base.

Son engouement pour le chiffre 19 l’a amené à rejeter deux versets du

Qur’an qui ne correspondaient pas à son calcul (c’est-à-dire les versets 9:

128-129). Il a affirmé que le Prophète (‘Alayhi salat wa salam) n’avait aucune

fonction à part de transmettre le Qur’an et qu’il ne l’expliquait pas ni ne

l’interprétait. Rashad Khalifa a rejeté catégoriquement le hadith et a déclaré

quiconque témoignant de « Muhammad Rassulullah » dans la Shahada

comme un mushrik (un polythéiste) ».

(*2) Gulam Parvez était un fonctionnaire du gouvernement indien avant la

partition, avant de travailler pour le gouvernement central pakistanais. Il était

le fondateur du « Tolu-i-Islam Trust » et est l'auteur de nombreux ouvrages dans

lesquels il a partagé ses idées sur le rejet du hadith.

3. Certains ont mis en doute l'authenticité de toute la collection de ahadiths

dont l'utilité - comme ils le prétendent - est de nature dépendante

secondaire, à l'instar d'Amin Ahsan Islahi (* 3).

(*3) Amin Ahsan Islahi était un journaliste né à Azamgarh. Il a repris l’idée de

Hamiduddin Farahi de délibération directe sur le Qur’an et a été l’un des

membres fondateurs de « Jama’at Islami » de Moulana Maududi.

CARACTERISTIQUES DES REJETEURS DE AHADITHS

(CORANISTES) :

Malgré les différences d'approche, les Rejeteurs de hadith partagent les traits

communs suivants :

Page 21: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

a) Ils ont jeté des doutes sur la validité du processus par lequel les hadiths

sont déclarés authentiques ou fabriqués.

Selon eux, il est impossible de faire la distinction entre un hadith

authentique et inauthentique, ou bien la science de Hadith ne peut

pas prouver l'authenticité d'une narration avec certitude. Leur

incertitude est le résultat de leur ignorance ou de leur manque

d'appréciation correcte de la science de la vérification du hadith.

b) Ils ne respectent pas les accords unanimes entre les spécialistes du

hadith du passé, comme l'accord sur l'authenticité de l'Ahadiths

recueillis dans le Sahih al-Bukhary et le Sahih Muslim à propos duquel

l'imam an-Nawawi (rahimahullah) a déclaré dans son introduction dans

son Sharh Muslim (1/14), « les érudits s'accordent pour dire que Les livres

après le Qur’an sont les deux Sahih d’al-Bukhary et de Muslim qui ont

été acceptés par la Ummah. Le livre d'al-Bukhary est plus solide et le

plus bénéfique des deux. »

c) Ils font valoir avec force que l'interprétation du Qur’an ne se limite pas

à la compréhension des générations précédentes de l'Islam, mais que

le Qur’an devrait être ouvert à interprétation conformément à la

pensée moderne.

d) Ils ont pour ambition d'insinuer un nouvel ordre social et religieux pour

les musulmans, ce qu'ils justifient en interprétant mal le Livre d'Allah. Ils

cherchent une « renaissance islamique » pour changer la façon dont

les musulmans comprennent le Din. Par conséquent, on trouve souvent

les noms de Rejeteurs de Hadith associés à des interprétations

hérétiques d'enseignements islamiques bien acceptés.

DES GENS APPELANT AU MAL SE FAISANT PASSER POUR DES

REFORMATEURS :

Comme toutes les innovations et déviations dangereuses par rapport au Din,

le Fitna du rejet du hadith se présente sous une apparence qui interpelle le

respect des gens pour le Din d'Allah. Certains Rejeteurs de hadiths prétendent

être des défenseurs de l'honneur du Prophète (‘Alayhi salat wa salam) quand

ils rejettent un hadith authentique de Sahih al-Bukhary qui mentionne l'âge de

l'épouse du Prophète ‘Aisha (Radiya Allahu ‘anha) au moment de la

consommation de son mariage ou du hadith sur le Messager d'Allah (Salla

Allahu ‘alayhi wa salam) qui a été touché par la magie. Ils considèrent ces

Ahadiths inacceptables et une cause pour les critiques de l'Islam d'attaquer

le Messager !

Page 22: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Leur solution consiste à jeter des doutes sur le processus même de

transmission et de vérification du hadith et à priver les musulmans de tout le

trésor de la connaissance héritée du Prophète (‘Alayhi salat wa salam).

Leur appel tire sa force de l'ignorance générale quant au processus de

vérification de l'authenticité ou de l'inauthenticité des ahadiths.

L'ironie de la question est que les adeptes du rejet des ahadiths souhaitent

défendre l'honneur du Prophète (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) en rendant

insignifiant son statut d'exemple, d'enseignant et d'explicateur du Qur’an.

Les opposants au hadith, comme Gulam Perwez, se considèrent comme des

avant-gardes de la loi islamique contre la laïcité.

Mais que reste-t-il de la loi islamique lorsque vous limitez la Sunna et exposez

le Qur’an à une interprétation erronée jusqu'à ce que chaque personne

ayant une opinion ait sa propre interprétation personnelle du Qur’an ? Dans

un contexte de sectarisme accru, où des groupes religieux se querellent

ouvertement, les rejeteurs de ahadiths se présentent comme des libéraux,

des progressistes qui souhaitent rassembler toutes les sectes dans un livre

convenu, le Qur’an.

Cependant, la réalité est que les Rejeteurs de ahadiths ne sont ni libéraux ni

progressistes. Ils se présentent comme libéraux en ce sens qu'ils ne sont pas

opposés aux opinions divergentes. Mais une analyse plus approfondie montre

que ceux qui rejettent le hadith déclarent que ceux qui ne souscrivent pas à

leur interprétation personnelle du Qur’an sont des égarés et des mécréants.

Pour être progressiste, le progrès consiste à suivre la loi d'Allah et non à la

changer. Enfin, en ce qui concerne l'unification des différentes sectes sous la

bannière du Qur’an, ces sectes sont déjà unies sur le texte du Qur’an. C'est

l'interprétation sur laquelle il y a désaccord. Et c’est exactement le type de

désaccord constaté entre les Rejeteurs de ahadiths eux-mêmes (exemples à

venir). Il n’y a donc aucune substance dans cette revendication non plus. En

conséquence, la seule chose que les Coranistes ont réussi à faire en

répandant des doutes sur les textes de l’Islam est d’ouvrir la voie à une

attaque de la loi islamique par ses ennemis et remettre en question des

croyances et des pratiques qui ont toujours été acceptées par consensus.

C'est pourquoi nous trouvons les « laïcards », « modernistes », « progressistes »

et tous ceux qui ont tout intérêt à soumettre l'influence de l'Islam en tant que

législation et loi ont pris le train des détracteurs des ahadiths pour avoir trouvé

une cause commune avec eux. Ces groupes rivalisent maintenant avec ceux

qui rejettent le hadith et concoctent des interprétations erronées de l’Islam,

toujours plus étranges.

Page 23: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

AUTORITE ET SIGNIFICATION DE LA SUNNA EN ISLAM :

1. L’exemple du Messager d’Allah (‘Alayhi salat wa salam) fait partit de l’Islam

et sera protégé jusqu’au Jour Dernier. Allah dit : « En effet, vous avez dans le

Messager d’Allah, un excellent modèle à suivre pour quiconque espère en

Allah et au Jour dernier et invoque Allah fréquemment. » (Sourate Al-Ahzab –

V.21)

L'islam est une religion universelle et ses enseignements s'adressent à tous les

hommes et à tous les âges et tant que les gens auront besoin d'être guidés,

l'exemple du Prophète (‘Alayhi salat wa salam) sera préservé. « Et Nous ne

t’avons envoyé qu’en tant qu’annonciateur et avertisseur pour toute

l’humanité. » (Sourate As-Saba – V.28)

Au contraire, le but même d’envoyer un messager humain était que les gens

le prennent comme exemple dans leur vie quotidienne : « Dis : ‘S’il y avait sur

terre des Anges marchant tranquillement, Nous aurions certes fait descendre

sur eux du ciel un Ange-Messager.’ » (Sourate Al-Isra – V.95)

2. Le Messager d'Allah (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) a reçu des révélations à

côté du Qur’an. Allah a dit : « En vérité c’est Nous qui avons fait descendre le

Qur’an et c’est Nous qui en sommes gardien. » (Sourate Al-Hijr – V.9)

Quiconque croit en Allah en tant que Seigneur Suprême doit accepter que la

guidée qu’Allah a envoyé soit protégée tant qu’il est nécessaire, dans le cas

de l’islam, jusqu’au dernier jour. La question demeure: le Qur’an est-il la seule

source de guidée qui ait été révélée par Allah comme les opposants au

hadith se disputent ou le Messager d’Allah (‘Alayhi salat wa salam) a-t-il reçu

une révélation d'Allah qui ne fait pas partie du Qur’an ?

Le Qur’an lui-même fait référence à une révélation reçue d'Allah qui ne se

trouve pas dans le Qur’an et ci-dessous voici quelques exemples :

1) Allah dit dans le Qur’an : « Et nous n’avions établi la direction (Qibla

direction de la prière vers Jérusalem) vers laquelle tu te tournais que

pour savoir qui suit le Messager (Muhammad). » (Sourate Al-Baqara –

V.143). Ce verset montre qu'Allah a attribué la Qibla précédente des

musulmans, mais il n'y a pas de verset dans le Qur’an qui désigne

Jérusalem comme la Qibla précédente. Cela signifie qu'il doit exister

une forme alternative de "Wahy" (révélation) en dehors du Qur’an par

laquelle Allah a révélé le commandement précédent de faire face à

Jérusalem.

2) « Lorsque le Prophète confia un secret à l’une de ses épouses et qu’elle

l’eut divulgué et qu’Allah l’en eut informé, celui-ci en fit connaître une

partie et passa sur une partie. Puis, quand il l’en eut informée elle dit: «

Page 24: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Qui t’en a donné nouvelle?» Il dit: «C’est l’Omniscient, le Parfaitement

Connaisseur qui m’en a avisé ». (Sourate At-Tahrim – V.3)

Le verset dit : "Allah l’en eut informé" et pourtant, il n'y a pas de verset

dans le Qur’an qui mentionne cela.

3) « Son rassemblement (dans ton cœur et sa fixation dans ta mémoire)

Nous incombent, ainsi que la façon de le réciter. » (Sourate Al-Qiyama

– V.17)

Le Qur’an tel qu'il a été recueilli ne correspond pas à l'ordre dans lequel

il a été révélé, et s'il appartient à Allah de recueillir le Qur’an, il n'y a pas

de versets dans le Qur’an qui mentionnent la disposition des versets.

Cette information se trouve dans la Sunna.

4) Le Qur’an mentionne l’adhan (l’appel à la prière : « Et lorsque vous

faites l’appel à la Ṣalāt, ils la prennent en raillerie et jeu. » (Sourate Al-

Ma’ida – V.58) et : « Ô vous qui avez cru! Quand on appelle à la Ṣalāt

du jour du Vendredi, accourez à l’invocation d’Allah et laissez tout

négoce. » (Sourate Al-Jumu’a – V.9)

Ces versets témoignent que l'Adhan fait partie de la religion de l'Islam

mais il n'y a pas de verset dans le Qur’an qui décrit l'Adhan aux

croyants. Cet ordre se trouve dans l'autre révélation - la Sunna.

Ce sont des preuves qui montrent que le Messager d'Allah (‘Alayhi salat

wa salam) a effectivement reçu une révélation en dehors du Qur’an; et

puisque cette révélation constitue un guide bénéfique, elle sera

préservée.

3. La Sunna est en elle-même une Révélation d’Allah

Allah mentionne à plusieurs reprises « al-Hikma » révélé dans le Qur’an. Il dit :

« Allah a fait descendre sur toi le Livre et la Sagesse, et t’a enseigné ce que tu

ne savais pas. » (Sourate An-Nisa – V.113)

« C’est Lui qui a envoyé à des gens sans Livre (les Arabes) un Messager des

leurs qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la

Sagesse, bien qu’ils étaient auparavant dans un égarement évident, »

(Sourate Al-Jumu’a – V.2)

« Et gardez dans vos mémoires ce qui, dans vos foyers, est récité des versets

d’Allah et de la sagesse. » (Sourate Al-Ahzab – V.34)

Ces versets montrent;

(i) Al-Hikma est révélé par Allah.

(ii) Il est du devoir du Messager (Salla Allahu ‘alayhi wa salam)

d'enseigner la Hikma.

Page 25: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

(iii) C'est quelque chose de récité et rappelé dans la maison du

Prophète (‘Alayhi salat wa salam).

Rien dans le statut et la position ne peut être mentionné aux côtés du

Qur’an, à l'exception de la Sunna du Prophète Muhammad (Salla

Allahu ‘alayhi wa salam). Cet honneur ne peut être donné à la sagesse

conventionnelle héritée du passé ni même aux livres donnés aux

nations précédentes.

À l'époque des Sahabah, une telle « sagesse » n'a pas été prise en compte,

comme en témoignent les incidents suivants…

‘Imran bin Hussayn a dit : « Le Prophète (‘Alayhi salat wa salam a déclaré:

'Haya' n'apporte rien, si ce n'est du bien. » Bashir ibn Ka'b a alors dit : « C'est

écrit dans le document de sagesse: ‘Haya’ conduit à la solennité; Haya

conduit à la tranquillité (paix d'esprit). »

‘Imran lui dit: « Je te raconte la parole du messager d'Allah et tu parles de ton

papier (livre de sagesse)? » Quand ‘Umar vint voir le Prophète (Salla Allahu

‘alayhi wa salam), il dit : « Nous entendons là les narrations des Juifs, qui nous

plaisent, alors ne devrions-nous pas en écrire quelques-unes ? » Après quoi, il

(le Prophète) dit : « Voulez-vous être dérouté comme les Juifs et les Chrétiens

ont été déroutés ? Je vous ai apporté une guidée brillante et pure et si le

Prophète MUsa était en vie, il ne lui resterait plus d'autre choix que de me

suivre. » (Rapporté par At-Tirmidhi)

Par conséquent, l'Imam Ash-Shafi’i (rahimahullah) dit en expliquant le verset à

propos de la Hikma : « Allah a donc mentionné son livre, c.-à-d. Le Qur’an et

(il a également mentionné) la Hikma. J'ai entendu dire que ceux qui sont

instruits dans le Qur’an - que j'approuve - soutenez que Hikma est la Sunna du

Messager d'Allah (‘Alayhi salat wa salam). C'est comme ce que [Allah Lui-

même] a dit mais Allah sait mieux !

Car le Qur’an est mentionné [le premier], suivi de la Sagesse; [alors] Allah a

mentionné sa faveur à l'humanité en leur enseignant le Qur’an et la Sagesse.

Ainsi, il n'est pas permis à la Hikma d'être appelée ici [n'importe quoi] sauf la

Sunna du Messager d'Allah. Car [Hikmah] est étroitement lié au Livre d’Allah,

et Allah a imposé le devoir d’obéissance à Son messager, et imposé aux

hommes l'obligation d'obéir à ses ordres. Ainsi, il n'est pas permis de

considérer quelque chose comme un devoir que celui énoncé dans le

Qur’an et la Sunna de son Messager (Salla Allahu ‘alayhi wa salam). Car

[Allah], comme nous venons de le dire, prescrivait que la croyance en son

Messager serait associée à la croyance en lui. » (Ar-Risala)

En outre, le Livre et la Hikma ne sont pas identiques, car le mot" Hikmah "n'est

jamais utilisé pour le Livre ou le mot «Livre» utilisé pour «Hikmah», ce sont deux

entités distinctes et séparées.

Page 26: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

4. Le Qur’an doit être compris comme Allah le veut. Allah dit : « Son

rassemblement (dans ton cœur et sa fixation dans ta mémoire) Nous

incombent, ainsi que la façon de le réciter. Quand donc Nous le récitons, suis

sa récitation. A Nous, ensuite incombera son explication. » (Sourate Al-

Qiyama – V.17-19)

Ce verset indique que le texte du Qur’an ainsi que son explication ont été

envoyés par Allah.

Allah a dit aussi : « (Nous les avons envoyés) avec des preuves évidentes et

des livres saints. Et vers toi, Nous avons fait descendre le Qur’an, pour que tu

exposes clairement aux gens ce qu’on a fait descendre pour eux et afin qu’ils

réfléchissent. » (Sourate An-Nahl – V.44)

Ce verset mentionne que le Message requiert une explication et le Messager

d’Allah (‘Alayhi salat wa salam) est celui qui a été désigné pour la donner.

Cette explication n’est pas seulement nécessaire pour les gens au temps du

Prophète (Salla Allahu ‘alayhi wa salam), mais à toutes les générations

suivantes jusqu’au Jour dernier. Au contraire, plus le temps est éloigné du

Prophète (‘Alayhi salat wa salam), plus il était nécessaire de résoudre les

différences de compréhension en se référant à l'état initial des choses.

En outre, ce verset donne également des instructions sur l'ordre dans lequel le

Qur’an doit être compris. Tout d'abord, le Messager (Salla Allahu ‘alayhiw wa

salam) explique clairement la révélation d'Allah à l'humanité, puis celle-ci

réfléchit. Les gens ne sont pas libres de laisser leurs pensées et de spéculer sur

le message du Qur’an tout en ignorant les enseignements du Messager

(‘Alayhi salat wa salam).

Selon les rejeteurs de Hadith, « Allah lui-même déclare dans le Qur’an que

c'est lui qui explique le Qur’an. Cela signifie que le Qur’an s’explique lui-

même ». Mais pourquoi alors les Rejeteurs de hadith ne se sont-ils pas

contentés du texte du Qur’an et ont-ils écrit d'énormes volumes pour discuter

et expliquer le Qur’an ?

Tout simplement, parce qu’il y a des versets qui s’expliquent les uns des autres

et il y a d’autres versets qui requiert l’explication de la Sunna.

5. Le Qur’an ne peut être correctement compris qu'à la lumière de la Sunna.

L'une des tâches les plus importantes avec lesquelles le Messager d'Allah

(Salla Allahu ‘alayhi wa salam) a été envoyé était de transmettre le Qur’an à

l'humanité et de l'enseigner. Allah dit : « Allah a très certainement fait une

faveur aux croyants lorsqu’Il a envoyé chez eux un messager de parmi eux-

mêmes, qui leur récite Ses versets, les purifie et leur enseigne le Livre et la

Sagesse, bien qu’ils fussent auparavant dans un égarement évident. »

(Sourate Al-‘Imran – V.164)

Page 27: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

« (Nous les avons envoyés) avec des preuves évidentes et des livres saints. Et

vers toi, Nous avons fait descendre le Qur’an, pour que tu exposes clairement

aux gens ce qu’on a fait descendre pour eux et afin qu’ils réfléchissent. »

(Sourate An-Nahl – V.44)

La Sunna explique les commandements du Qur’an en détails. Par exemple,

Allah ordonne à Ses serviteurs dans sourate Al-Baqara – V.43 : « …

accomplissez la Salat et acquittez-vous de la Zakat. »

Le Qur’an ne contient pas de détails sur le commandement d'établir la Salat,

tels que le nombre requis de prières quotidiennes, les unités de prières (rak'ah)

et la récitation dans chaque mode de prière, ainsi que la manière

d'accomplir la prière du début à la fin, etc. Toutes ces directives doivent être

prises à partir de la Sunna.

Similairement, Allah ordonne dans la sourate Al-Jumu’a, v.9 : « « Ô vous qui

avez cru! Quand on appelle à la Ṣalāt du jour du Vendredi… »

Les paroles de l'appel à la prière (Adhan) sont connues de la Sunna. De

même, toutes les questions sur la Zakat, par exemple, le montant minimum

pour lequel elle devient payable, le pourcentage payé, le type de richesses,

de biens et d'animaux pour lequel le Zakat est obligatoire, etc. sont

clairement expliqués par le Prophète (‘Alayhi salat wa salam). D’autres actes

importants d’adorations comme le jeûne et le Hajj sont brièvement abordés

dans le Qur’an et pour des injonctions détaillées, les musulmans doivent se

référer à la Sunna.

Un autre exemple est la punition Coranique du voleur. « Coupez la main du

voleur, homme ou femme, en récompense de ce qu'ils ont commis ... »

(Sourate Al-Ma’ida – V.38)

Ce verset prescrit la punition, mais la Sunna désigne le montant minimum

pour qu’elle soit appliquée. Le Messager d'Allah (‘Alayhi salat wa salam) a dit

: « La main du voleur sera coupée s'il vole un quart de dinar ou plus. »

[Rapporté par Al-Bukhary]

Remarque: la manière dont les rejeteurs de hadith expliquent ce verset fournit

un aperçu bénéfique de leur méthodologie et de leurs contradictions.

Rashad Khalifa traduit ce verset comme suit :

« Le voleur, homme ou femme, vous marquerez leurs mains comme une

punition pour leur crime", puis commente : « La pratique consistant à couper

la main du voleur, telle que décrétée par les faux musulmans, est une

pratique satanique sans fondement coranique. » [Traduction de Rashad

Khalifa]

Page 28: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Par conséquent, le Qur’an lui-même n'a pas de base coranique lorsque les

Rejeteurs de hadith n'aiment pas quelque chose qu'il contient. Rashad Khalifa

a utilisé des calculs mathématiques pour interpréter le fait de couper la main

comme un marquage.

Ghulam Perwez dit à propos de ce verset :

« S'agissant d'un voleur, homme ou femme, il convient de leur imposer de

telles restrictions qui les rendent incapables de commettre un tel crime. »

Il commente,

« Le sens littéral du texte est" se couper les mains ". Lorsque l’Ordre divin de

Rabubiyyat sera établi, il sera garanti à chacun un moyen de subsistance. Si

quelqu'un commet un vol dans de telles circonstances, elle mérite la plus

haute peine. » [Traduction de Perwez]

Nous pouvons voir qu'après tous les longs débats des Rejeteurs de Hadith que

le Qur’an s'explique et n'a pas besoin de la Sunna pour le clarifier, nous

trouvons Perwez ajoutant des clauses non coraniques à la loi coranique pour

limiter les circonstances dans lesquelles cette peine est appliquée.

La Sunna établit un sens, lorsque plusieurs significations sont possibles. Le

Qur’an prescrit: « Coupez la main du voleur, homme ou femme ... » mais ne

précise pas ce que signifie une main. La Sunna explique que la main signifie

«du poignet vers le bas».

Le Qur’an explique la règle et les manières du Tayammum en ces termes:

« … si vous êtes malade ou en voyage, ou si l'un de vous deux vient de

répondre à l'appel de la nature, ou si vous avez été en contact avec des

femmes et que vous ne trouviez pas d'eau, effectuez ensuite Tayammum

(ablution sèche) avec de la terre propre et frottez-vous le visage et les

mains. » La Sunna explique que les mains dans ce verset ne signifient que les

paumes. Le mot «main» peut avoir plusieurs sens, mais la Sunna précise le sens

approprié pour chaque décision.

Un autre exemple est celui de la parole d’Allah: « Et ceux qui ‘yaknizu’ (kanz

veut dire amasser) de l’or et de l’argent, et ne le dépensent pas dans le

sentier d’Allah, annonce leur un douloureux supplice. »

Apparemment, ce verset signifie que toute forme de thésaurisation ou de

collecte d’argent qui n’est pas dépensée dans le sentier d’Allah sera

condamnée au tourment douloureux, mais la Sunna précise que Kanz se

réfère à la richesse sur laquelle Zakat n’a pas été payée.

La Sunna peut spécifier une exception à une règle générale. Dans Sourate Al-

Ma’ida – V.3 : « Vous sont interdits la bête trouvée morte, le sang… »

Page 29: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

La règle générale dans ce verset interdit toutes bêtes mortes et toutes les

formes de sang mais le Prophète (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) fait des

exceptions à cette règle. « Deux animaux morts et deux types de sang ont

été autorisés. Pour les deux animaux morts, ce sont des poissons et les

sauterelles. Quant aux deux sangs, ils sont le foie et la rate. » [Tafsir Ibn Kathir]

La Sunna donne aussi des injonctions supplémentaires dans de nombreuses

questions. Allah a dit : « Ceux qui suivent le Messager, le Prophète illettré qu’ils

trouvent écrit (mentionné) chez eux dans la Thora et l’Evangile. Il leur ordonne

le convenable, leur défend le blâmable, leur rend licites les bonnes choses,

leur interdit les mauvaises, et leur ôte le fardeau et les jougs qui étaient sur

eux. Ceux qui croiront en lui, le soutiendront, lui porteront secours et suivront

la lumière descendue avec lui ; ceux-là seront les gagnants. » (Sourate Al-

A’raf – V.157)

Un certain nombre d'injonctions religieuses émanent donc de la Sunna, à

l'instar de l'interdiction de la chair des ânes, des chiens, des animaux avec

canines et des oiseaux de proie. Il a dit que les vêtements en or et en soie

sont Halal pour les femmes et Haram pour les hommes, etc.

Insuffisance de la langue seule pour comprendre le Qur’an.

Il n’existe aucune possibilité pour quiconque, avec toute sa connaissance de

l’arabe, de comprendre le Noble Qur’an sans la Sunna. Les Sahabah étaient

les plus compétents dans la langue dans laquelle le Qur’an fut révélé à une

époque où l'arabe n'était pas terni par l'inexactitude de la langue parlée ou

ses erreurs grammaticales. Pourtant, ils ont erré dans la compréhension des

versets en s’appuyant uniquement sur le langage. Voici quelques exemples…

- Allah dit dans le Qur’an : « Ceux qui ont cru et n’ont point troublé la

pureté de leur foi par quelque injustice (association), ceux-là ont la

sécurité; et ce sont eux les bien-guidés ». (Sourate Al-An’am – V.82)

Lorsque ce verset fut révélé, les Sahabah ont compris le mot « Dhulm »

dans son sens large, qui signifie « tout acte répréhensible », ce qui

suscitait beaucoup d'inquiétude, car personne n'était à l'abri de tout

acte répréhensible. Le Prophète (‘Alayhi salat wa salam) a expliqué

que « Dhulm » dans ce verset fait référence au Shirk (polythéisme).

- « ... mangez et buvez jusqu’à ce que se distingue, pour vous, le fil

blanc de l’aube du fil noir de la nuit. » (Sourate Al-Baqara – V.187)

Ce verset décrit le moment où le jeûne commence. Un Compagnon a

littéralement compris ce verset et a dormi avec deux fils sous son oreiller

pour déterminer quand le jeûne devrait commencer. Le Prophète

(‘Alayhi salat wa salam) a expliqué que le fil noir et blanc fait en réalité

référence à la strie blanche de l'aube et aux ténèbres de la nuit.

Page 30: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

- Les opposants au hadith affirment que le Qur’an est un livre détaillé

qui ne nécessite aucune autre source pour le compléter - pas même la

Sunna. Malgré cela, nous avons vu comment Ghulam Parwez a ajouté

des clauses supplémentaires à l'ordre de couper la main du voleur. De

plus, les Rejeteurs de hadith se contredisent sérieusement lorsqu'ils

écrivent des volumes détaillés expliquant et délibérant sur le Qur’an et

proposent des règles et conditions supplémentaires aux ordres du

Qur’an.

Un autre exemple de ceci est le commentaire de Rashad Khalifa sur le

verset: « Ceux qui mangent [pratiquent] le ribâ ne se tiennent (au jour

du Jugement dernier) que comme se tient celui que le toucher de

Satan a bouleversé. »

Rashad KhalIfa a commenté ce verset :

« C’est un principe économique bien établi que la consommation

excessive des intérêts sur les prêts peuvent complètement détruire un

pays entier. Au cours des dernières années, nous avons assisté à la

dévastation des économies de nombreux pays où des intérêts excessifs

sont imputés. L'intérêt normal - moins de 20% - où personne n'est victime

et tout le monde est satisfait n'est pas l'usure. »

La condition des 20% n'est pas mentionnée dans le Qur’an. Pour

souligner que le Qur’an n’a pas besoin d’explications supplémentaires,

les Coranistes citent : « Et Nous avons fait descendre sur toi le Livre,

comme un exposé explicite de toute chose, ainsi qu’un guide, une

grâce et une bonne annonce aux Musulmans. » (Sourate An-Nahl –

V.89) et : « Nous n’avons rien omis d’écrire dans le Livre. » (Sourate Al-

An’am – V.38)

Pour une compréhension correcte, nous nous référons au verset

complet c’est à dire « Nulle bête marchant sur terre, nul oiseau volant

de ses ailes, qui ne soit comme vous en communauté. Nous n’avons

rien omis d’écrire dans le Livre. Puis, c’est vers leur Seigneur qu’ils seront

ramenés. » (Sourate Al-An’am – V.38)

Une interprétation est que « le livre » dans ce verset se réfère à la

tablette préservée dans laquelle Allah a enregistré tout ce qui se passe,

et ceci est similaire à un autre verset : « Il n’y a point de bête sur terre

dont la subsistance n’incombe à Allah qui connaît son gîte et son

dépôt; tout est dans un Livre explicite. » (Sourate Hud – V.6)

Même si l'on interprète « le livre » comme étant le Qur’an, alors Allah n'a

pas négligé d'y mentionner le devoir du Prophète (Salla Allahu ‘alayhi

wa salam) en tant qu'exemple, enseignant et explicateur du Qur’an et

l'obéissance au Prophète (‘Alayhi salat wa salam) est ordonné dans

soixante-dix versets. Bien que "le livre" ne contienne pas de détails sur

Page 31: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

les prières et le jeûne, il n'a pas négligé de diriger les croyants vers

l'exemple du Prophète (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) où il peut être

trouvé. Et la même explication est valable pour l’autre verset similaire,

c’est-à-dire: « Nous vous avons envoyé le Livre (le Qur’an) comme une

exposition de tout… »

6. La protection d’Allah pour le « Dhikr » inclus toute la religion. Allah a

dit :

« En vérité c’est Nous qui avons fait descendre le Dhikr, et c’est Nous qui

en sommes gardien. » (Sourate Hijr – V.9)

Le mot 'Dhikr' a été utilisé dans le livre d'Allah pour désigner le Qur’an,

le Din en général, le souvenir d'Allah, la prière du vendredi (62: 9) et le

Messager d'Allah (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) comme dans le verset

: « Allah a en effet envoyé à vous un Dhikr (rappel). Un messager qui

vous récite les versets d'Allah. » (Sourate At-Talaq – V.10-11) Par

conséquent, Allah a promis de protéger le Qur’an, sa compréhension,

l'exemple de Son messager, la prière et tous les aspects de la religion

qui sont collectivement «le Dhikr». Le texte du Qur’an ne sera pas

protégé si sa compréhension, qui est contenu dans la Sunna n'est pas

protégé.

De plus, si quelqu'un veut restreindre le sens de «Dhikr» au Qur’an, il doit alors

présenter une preuve. Une partie des Coranistes affirme que le Qur’an était la

seule révélation et que, par conséquent, Dhikr fait exclusivement référence

au Qur’an. Nous avons déjà répondu à cet argument en citant des exemples

montrant que le Qur’an lui-même fait référence à une révélation en dehors

de celui-ci. Un autre groupe de Coranistes affirme que la guidance

supplémentaire reçu par le Messager (‘Alayhi salat wa salam) ne concernait

que son époque. Cet argument est faux, car les dernières générations qui

n'ont pas de messager vivant parmi elles ont davantage besoin des directives

et des explications qui ont été révélées en dehors du Qur’an. Ce groupe

affirme également que le Messager d’Allah (‘Alayhi salat wa salam) lui-même

n'a pris aucune mesure pour préserver le hadith, comme ce fut le cas pour

préserver le Qur’an. Nous allons éclaircir la question dans les pages suivantes.

DÉFINIR LA SUNNA ET LE HADITH :

La Sunna est composée des paroles, des actions et des approbations

silencieuses du Messager d'Allah (‘Alayhi salat wa salam). La Sunna se réfère

également à la bonne ‘Aqida (croyance) et aux adorations, par opposition

aux innovations, raison pour laquelle de nombreux érudits se réfèrent à leurs

livres sur la ‘Aqida, comme l’ouvrage' As-Sunna 'de l'Imam Ahmed, « As-

Sunna » d’al-Khallal, « Sharhus-Sunnah » d’al-Barbahari.

Page 32: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Les récits authentiques qui nous sont parvenus sur les paroles, les actions et les

approbations du Messager d'Allah (‘Alayhi salat wa salam) sont appelés

hadith. La Sunna est donc contenue dans les ahadiths authentiques et autres.

PRESERVATION DU HADITH :

De ce qui précède, nous avons vu l’importance de la Sunna en tant que

source de la religion et c’est une conséquence naturelle du fait que l’étude

de Hadith a été une poursuite constante depuis le début de l’Islam jusqu’à

nos jours.

Les Compagnons du Prophète (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) ont observés

avec empressement ce qu'il a dit et fait et l'ont mémorisé fidèlement.

Certains d'entre eux ont même enregistré les ahadiths en écrivant des

«Sahifas». Les Ahadiths ont été transmis de génération en génération parmi les

plus dignes de confiance dans un effort considérable qui a préservé non

seulement les mots exacts du Messager d’Allah (‘Alayhi salat wa salam), mais

également toute la chaîne de narration et la condition des narrateurs

(mémoire, période, croyances, etc.). Cette manière et cette minutie avec

lesquelles les ahadiths ont été préservés sont uniques et incomparables dans

l'histoire littéraire, et il est nécessaire d'étudier la science de la vérification du

hadith afin de l'apprécier réellement.

Pour avoir un bon aperçu de la manière dont les textes islamiques ont été

préservés, nous commençons par comprendre la méthodologie de

compilation du Qur’an afin de pouvoir la comparer à la méthodologie de

compilation du Hadith.

COMPILATION DU QUR’AN :

Allah a dit : « Il est Celui qui a envoyé chez les ummiyyûn un Messager issu

d'eux-mêmes, » (Sourate Al-Jumu’a – V.2)

Étant pour la plupart illettré, le mode principal par lequel les Arabes ont

préservé leurs connaissances comme la poésie et l'histoire a été par la

mémorisation. Lorsque le Qur’an a également été révélé, il a été mémorisé

par les Sahabah et, en outre, le Prophète (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) leur

a confié la tâche d’écrire le Qur’an. Au moment de la mort du Prophète

(‘Alayhi salat wa salam), tout le Qur’an avait été vérifié et écrit sur divers

matériaux tels que le tissu, la pierre, les feuilles de palmiers, etc., et restait

éparpillé sous forme de fragments sous la possession de divers Sahabah.

Il n'avait pas été compilé sous forme de livre car, du vivant du Prophète (Salla

Allahu ‘alayhi wa salam), le Qur’an était continuellement révélé et l'ordre des

versets n'était pas chronologique. Il n’y avait pas non plus de nécessité

Page 33: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

urgente en raison du grand nombre de mémorisateurs précis et de récitateurs

du Qur’an.

Au cours du califat d’Abou Bakr as-Saddiq, de nombreux mémorisateurs du

Qur’an ont été tués au cours de batailles et une décision collective a été

prise de compiler le Qur’an en un seul livre afin de le préserver.

La tâche extrêmement importante a été confiée à Zayd ibn Thabit, qui a

commencé à rassembler le Qur’an à partir de ce qui était écrit sur des tiges

de palmier, de fines pierres blanches ainsi que des hommes qui le

connaissaient par cœur.

Zayd ibn Thabit, bien qu’il soit un mémorisateur du Qur’an lui-même, était

méthodique dans sa compilation et n’acceptait pas d’écrire un verset avant

que deux Sahabah aient témoigné qu’ils l’avaient entendu du Messager

d’Allah (Salla Allahu ‘alayhi wa salam). De cette manière, tout le Qur’an a

été vérifié et écrit sur du cuir. Il est resté avec Abou Bakr jusqu'à sa mort, puis

avec ‘Umar jusqu'à la fin de sa vie, puis avec Hafsah, fille d'Omar et épouse

du Prophète (‘Alayhi salat wa salam).

À l'époque d'Uthman ibn Affan, l'empire islamique s'était étendu très loin et

on enseignait aux gens la récitation du Qur’an en sept dialectes différents (le

Qur’an était révélé en sept dialectes). Cela a commencé à semer la

confusion dans des provinces lointaines et il a été décidé de faire une copie

officielle standardisée du manuscrit d’Abou Bakr et de limiter la population à

la réciter. D'autres copies ont été réalisées à partir de cette copie connue

sous le nom de «Mushaf Uthman» et ont été envoyées dans différentes parties

de l'empire islamique. Ce Mushaf n’était pas voyéllisé (c’est-à-dire qu’il

n’avait aucun signe diacritique). L'ajout de marques diacritiques au Mushaf

s'est produit à l'époque d'Abd al-Malik ibn Marwan pour faciliter la récitation.

COMPILATION DU HADITH :

Comme le Qur’an, les paroles et les actions du Prophète (‘Alayhi salat wa

salam) ont été préservées principalement au moment des Sahabah par

mémorisation et elles ont également été consignées. Cela était dû aux

encouragements et à la direction du Messager d’Allah lui-même, qui a

déclaré : « Puisse Allah rayonner l’homme qui a entendu ce que j’ai dit et l’a

gardé dans sa mémoire jusqu’à ce qu’il le transmette à un autre. Peut-être

que celui à qui il a confié a une meilleure compréhension que lui. » (At-

Tirmidhi) Il a également dit : « Transmettez de moi, même un seul verset. Vous

pouvez rapporter sans crainte des enfants d'Israël. Toute personne qui ment

délibérément sur moi, qu’il prépare sa place en Enfer. » (Al-Bukhary)

Le Prophète (‘Alayhi salat wa salam) a également précisé la nécessité de

préserver et de transmettre avec précision le Hadith lorsqu'il a averti: « Mentir

Page 34: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

sur moi n'est pas comme mentir sur quelqu'un d'autre. Celui qui ment sur moi

laisse le prendre sa place en Enfer. » Cette affaire était si grave qu’à

l’époque du Messager (Salla Allahu ‘alayhi wa salam), le fait de mentir autour

de lui était puni de mort.

Abu Hurayra (Radiya Allahu ‘anhu a dit : « Les gens disent que j'ai rapporté de

nombreux ahadiths. S'il n'y avait pas eu deux versets dans le Qur’an, je

n'aurais pas rapporté un seul Hadith et les versets sont : « Certes ceux qui

cachent ce que Nous avons fait descendre en fait de preuves et de guide

après l’exposé que Nous en avons fait aux gens, dans le Livre, voilà ceux

qu’Allah maudit et que les maudisseurs maudissent, sauf ceux qui se sont

repentis, corrigés et déclarés: d’eux Je reçois le repentir. Car c’est Moi,

l’Accueillant au repentir, le Miséricordieux. » (Sourate Al-Baqara – V.159-160)

Sans doute, nos frères Muhajir (émigrés) étaient occupés au marché avec

leurs affaires; et nos frères Ansari étaient occupés à leurs biens (agriculture).

Mais je restais collé à la parole du Messager d'Allah (‘Alayhi salat wa salam)

avec ce qui me remplirait l'estomac et j'assistais à ce qu'ils ne fréquentaient

pas et je mémorisais ce qu'ils ne mémorisaient pas. » (Rapporté par Al-

Bukhary 3/118)

Célèbres mémorisateurs de Hadith parmi les Sahabas :

Abu Hurayra, ‘Abdullah Ibn ‘Abbas, ‘Aisha, ‘Abdullah Ibn ‘Umar, Jabir Ibn

‘Abdullah, Anas Ibn Maalik et Abu Sa'id al-Khudri. Chacun d’entre eux ont

mémorisés plus de 1000 Ahadiths.

Célèbres mémorisateurs de Hadith parmi les Tabi’in :

Sa'id Ibn al-Mussayab, ‘Urwah Ibn Zubair, Salim Ibn ‘Abdullah Ibn ‘Umar (le fils

d’Abdullah Ibn ‘Umar) and Naf'i (le servant d’Abdullah Ibn ‘Umar).

L’ÉCRITURE DU HADITH :

Des références à l'écriture du hadith peuvent être trouvées dans divers récits.

Quelques exemples sont mentionnés ci-dessous :

1. ‘Abdullah ibn ‘Umar ibn al-As a déclaré qu'ils avaient l'habitude

d'enregistrer tout ce qu'ils avaient entendu du Prophète (Salla Allahu ‘alayhi

wa salam) jusqu'à ce qu'ils soient avertis que celui-ci était un être humain qui

pouvait être fâché par moments et heureux parfois. ‘Abdullah a cessé

d'écrire les Ahadiths jusqu'à ce qu'il demande (à nouveau) au Messager

d'Allah (‘Alayhi salat wa salam), qui a dit : « Écris (mon hadith), par Celui qui a

mon âme dans Sa main, rien ne la quitte (la bouche du Prophète) sauf la

vérité. » [Rapporté par Abu Dawud n°2/695]

Page 35: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

2. Al-Bukhary a rapporté dans son Sahih qu'Abou Hourayra a dit :

« On ne peut trouver aucun des Compagnons du Messager d'Allah relatant

plus de Ahadiths que moi, à l'exception d'Abdullah ibn Amr, car il avait

l'habitude d'enregistrer le hadith pendant que je ne le faisais pas. »

3. Al-Bukhary a rapporté qu'un homme du Yémen est venu voir le Prophète

(‘Alayhi salat wa salam) le jour de la conquête de La Mecque et lui a

demandé s'il pouvait faire enregistrer son discours. Le Prophète (Salla Allahu

‘alayhi wa salam) a alors approuvé et a dit à quelqu'un: « Écrivez-le pour le

père de etc. »

Al-Azami, dans son ouvrage « Études sur la littérature du début des ahadiths »

(p. 34-60), a répertorié et énuméré plus d’une cinquantaine de Compagnons

du Prophète (‘Alayhi salat wa salam) qui ont écrit des Ahadiths. Il a énuméré

quatre-vingt-sept des érudits de la fin du premier et du début du IIe siècle qui

ont enregistré le hadith. Ensuite, il a répertorié, dès le début du IIe siècle, 251

personnes qui ont collecté et enregistré le hadith. C'est ainsi qu'al-Azami a

produit une liste de 437 érudits ayant enregistrés les Ahadiths. Tous ont vécu

et sont décédés avant l'an 250 A.H. Nombre d'entre eux sont antérieurs à

l'époque d'Umar ibn ‘Abdul-Aziz, qui aurait été le premier à demander la

compilation / collecte de hadith.

Al-Azami a dit:

« J'ai établi dans ma thèse de doctorat au début de la littérature du hadith

que, même au premier siècle de l'Hijra, plusieurs centaines de livrets de hadith

étaient en circulation. Si nous ajoutons cent ans de plus, il serait difficile

d'énumérer la quantité de livrets, qui étaient en circulation. Même selon

l’estimation la plus conservatrice, ils étaient plusieurs milliers. »

[Étude de la Méthodologie et la Littérature du Hadith p.64]

Il a également démontré dans son doctorat la raison pour laquelle aucun ou

très peu d'entre eux existent encore aujourd'hui :

« Ces livres n’ont pas été détruits ni péris, mais ont été absorbés par les

travaux des auteurs ultérieurs. Lorsque les livres de type encyclopédie ont été

produits, les chercheurs n’ont pas ressenti la nécessité de conserver les

premiers livres ou livrets et donc au fur et à mesure, ils ont disparus. »

[Étude de la Méthodologie et la Littérature du Hadith p.64]

Page 36: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

LA SAHIFA D’HAMMAM IBN MUNABBIH :

Parmi les premières collections de hadith en particulier qui mérite une

attention particulière. C’est le Sahabi Hammam ibn Munabbih. C’est en fait

un recueil écrit de hadith que le compagnon Abu Hurayrah a dicté à son

élève Hammam. Depuis qu’Abou Hurayrah est mort vers 58AH (ou quelque 48

ans après la mort du Prophète), cette collection a été dictée à Hammam à

un moment donné à compter de cette date.

L'imam Ahmad Ibn Hanbal a incorporé toute l'œuvre à l'exception de deux

hadiths dans son célèbre Musnad. As-Sulami (un muhaddith) a pour sa part

poursuivi la transmission de cette collection en tant qu'œuvre indépendante.

Il a été continuellement transmis jusqu'au 9ème siècle, date du manuscrit de

Berlin, l'un des quatre manuscrits de cette œuvre qui existe encore.

Depuis que les ahadiths dans le Musnad d’Ahmad ont été compilés selon les

Compagnons qui ont raconté le Hadith. Il est très facile de trouver tous les

hadiths de Hammam sous l'autorité d'Abou Hurayrah dans cette collection.

D'autres livres où les ahadiths sont classés selon les thèmes du Fiqh ont

également incorporé une grande partie de cette Sahifa.

Une étude du Sahih al-Bukhary et du Sahih Muslim démontrera ce qui suit.

Parmi les 137 hadiths de la Sahifa de Hammam:

-29 sont enregistrés à la fois par al-Bukhary et par Muslim

-22 autres sont enregistrés par al-Bukharee

-48 autres sont enregistrés uniquement par Muslim.

Ainsi, 99 des 137 hadiths se trouvent soit dans les deux Sahih soit dans le

Bukhary ou Sahih Muslim.

Il est intéressant de noter que tous les ouvrages suivants contenant

beaucoup, sinon tous, des ahadiths de cette sahifa sont maintenant publié s:

al-Jami al-Sahih d'al-Bukhary, Sahih de Muslim, Musnad d'Ahmad, Musannad

d'Abdul Razzaq, Ma 'Mars Jami. Toutes ces collections peuvent être étudiées

pour constater que même les paroles du hadith n’ont pas changées depuis

l’époque d’Abou Hourayrah jusqu’à l’époque d’al-Bukhary ».

STRUCTURE DU HADITH ET METHODOLOGIE DE SON

AUTHENTIFICATION :

Le Sanad (chaîne de transmission) et le Matn (texte) :

Voici un exemple de hadith :

Musaddad nous a dit que Yahya l'avait informé de Shu'bah, de Qatadah,

d'Anas du Prophète (‘Alayhi salat wa salam), qu'il a dit : « Aucun de vous ne

Page 37: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

croit vraiment jusqu'à ce qu'il aime pour son frère ce qu'il aime pour lui-

même. » [Rapporté par Al-Bukhary]

Cela signifie que l'Imam al-Bukhary, érudit du Hadith, a écrit dans son livre

'Sahih al-Bukhary' la déclaration « Aucun de vous ne croit vraiment…», qu'il a

entendue de son professeur Musaddad, qui l'a entendu de son professeur

Yahya, qui a été informé par son professeur Shu'ba qu'il l'avait entendu par

son professeur Qatadah, un élève du compagnon du Prophète (Salla Allahu

‘alayhi wa salam), qui l'avait entendu citer par le Sahabi (compagnon) Anas

ibn Malik du Prophète Muhammad (Salla Allahu ‘alayhi wa salam). Ainsi, un

hadith se compose de deux parties principales le Sanad et le Matn.

Le Sanad : Sanad ou Isnad, est la chaîne de narrateurs qui mènent au texte

du Hadith. Le Sanad est composé de tous ceux qui ont narré le texte, en

commençant par le dernier narrateur (qui enregistre le hadith dans son livre)

et en terminant par le Prophète (Salla Allahu ‘alayhi wa salam). Voici la

Sanad du hadith mentionnée précédemment ... Al-Bukhary> Musaddad>

Yahya> Shu'bah> Qatadah> Anas> Le Prophète Muhammad (‘Alayhi salat

wa salam).

Le Matn : Le texte du hadith ou de ce que le Prophète (Salla Allahu ‘alayhi

wa salam) a réellement dit ou fait s'appelle le Matn. Dans le hadith

mentionné précédemment, le Matn dit: « Aucun de vous ne croit vraiment

avant ..."

Même si le texte (Matn) d'un Hadith peut sembler logique et raisonnable, il a

besoin d'un Sanad authentique avec des rapporteurs fiables pour être

acceptable. Le Sanad est donc la partie la plus importante du Hadith, car

c'est le pont menant au Hadith lui-même. Abdullah ibn al-Moubarak

(d.181AH), l'un des enseignants de l'imam al-Bukhary, a déclaré : « L'Isnad fait

partit de la religion. S’il n’y avait pas l'Isnad, tout le monde pourrait dire ce

qu'il voudrait. » Il faut donc veiller à ne prendre sa religion à des personnes

dignes de confiance qui peuvent retracer ce qu’elles ont dit au Prophète

(‘Alayhi salat wa salam), ce que l’on ne peut faire qu’avec l’utilisation

d’isnad. Pendant la vie du Prophète (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) et après

sa mort, ses Compagnons (Sahabah) se référaient directement à lui, citant

ses paroles. Les successeurs (Tabi'un) ont emboîté le pas ; certains d'entre eux

citaient le Prophète (‘Alayhi salat wa salam) à travers les Compagnons,

d'autres omettaient l'autorité intermédiaire (un tel Hadith s'appelle Mursal).

À l'époque des successeurs, ils étaient l'un des deux narrateurs entre eux et le

Prophète (‘Alayhi salat wa salam). Mais à partir de ce moment-là, la

nécessité de vérifier chaque isnad augmenta, comme l’imam Malik (mort en

Page 38: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

179) disait: « Le premier à utiliser l’isnad était Ibn Shihab al-Zuhri (mort en 124)».

[Ibn Abu Hatim Ar-Razi – Al-Jarh wa ta’dil]

La nécessité de vérifier le hadith a augmenté parce que diverses sectes sont

apparues parmi les musulmans qui ont fabriqué des Hadith. Ibn Sirin (d.110),

un successeur, a déclaré: « Ils ne posaient aucune question à propos de

l'Isnad. Mais lorsque la fitna a eu lieu, ils ont dit: 'Nommez-nous vos hommes.’

Ainsi, les récits d'Ahlus -Sunnah (Adhérents à la Sunna) seraient acceptés,

tandis que ceux d'Ahlul-Bid’a (Adhérents aux Innovations) ne seraient pas

acceptés. » [Sharh an-Nawawi du Sahih Muslim]

Après les premières années, l'isnad et son utilisation appropriée sont devenus

normalisés et ses connaissances sont devenues une branche indépendante

du Hadith (connue sous le nom d'Ilm al-Jarh wal-Ta'dil). Cela a continué

jusqu'à ce que les grandes collections de hadith aient été compilées au

troisième siècle. En fait, la tradition de relier le hadith par leurs isnads s'est

poursuivie jusqu'au Ve siècle.

Après cette époque, les livres étaient principalement transmis par ijaza

(permission donnée à un autre de transmettre ses livres ou son hadith), bien

qu'il existe encore aujourd'hui quelques érudits qui peuvent rapporter un

hadith avec une chaîne complète d'eux-mêmes au Prophète (‘Alayhi salat

wa salam).

Muhammad ibn Hatim ibn al-Mudhaffar a écrit: « En vérité, Allah a honoré et

distingué cette nation et l'a élevée au-dessus des autres par l'utilisation de

l'isnad. Aucune des nations précédentes ou actuelles n'a d'isnads

ininterrompues. Elles ont des pages (anciennes) en leur possession, mais leurs

livres ont été mélangés avec leurs rapports historiques et ils ne sont pas en

mesure de faire la distinction entre ce qui a été à l'origine révélé comme

étant la Torah ou l'Evangile et ce qui a été ajouté plus tard de rapports qui

ont été pris de narrateurs non dignes de confiance (ou, probablement,

inconnus). » [Al-Mukhtasar fi ‘ilm rijal al-athar, p.18]

DOUTES ET LEURS REPONSES :

Doute n°1 : Les ahadiths n’étaient pas écrits

Parwez a écrit :

« … Si la mémoire suffisait à constituer une ressource viable sur laquelle

compter, pourquoi alors ressentit-on le besoin de faire dicter et écrire le

Qur’an sur papier, puis de le réciter de nouveau pour écarter toute possibilité

d'erreurs ou de fautes au cours du processus d’écriture du Qur’an? Si un

Page 39: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

disciple du Messager avait appris par cœur ces hadiths ou ces paroles du

Messager, nous ne serions toujours pas en mesure de le confirmer tant que

ces paroles n'auraient pas été vérifiées et que le sceau d'approbation leur

aurait été donné par le Messager Muhammad lui-même, nous ne pouvons

pas compter sur elles (ces paroles). » [Statut actuel du hadith, chapitre 1]

Réponse :

1. Les procédures qui ont été adoptées pour préserver le Qur’an sont toutes

mentionnées dans le Hadith. En citant le hadith comme preuve, Parwez a par

inadvertance accepté l’autorité et le caractère indispensable du hadith.

2. Nous avons vu que la mémorisation était le principal moyen de préserver le

Qur’an. Les parchemins écrits du Qur’an sont restés éparpillés jusqu'à ce qu'ils

soient rassemblés à l'époque d'Abou Bakr. De même, les hadiths ont

également été préservés principalement par mémorisation et beaucoup

d'entre eux ont été écrits.

3. Certains Rejeteurs de hadith ont spéculés que le Qur’an a été entièrement

compilé dans un livre par le Prophète (‘Alayhi salat wa salam) lui-même, mais

cette compilation n'a pas été trouvée. Si l'écriture était le principal moyen par

lequel le Qur’an devait être préservé, comment cette compilation pourrait-

elle ne pas exister ? La plus ancienne compilation écrite du Qur’an, qui est

considéré comme l'un des Mushaf de ‘Uthman, est exposée au musée

Topkapi à Istanbul, en Turquie.

4. "Le sceau d'approbation" pour les Sahaba a été fourni par Allah, le Très

Glorieux, comme le dit le Qur’an : « Les tout premiers [croyants] parmi les

Emigrés et les Auxiliaires et ceux qui les ont suivis dans un beau

comportement, Allah les agrée, et ils L’agréent. » (Sourate At-Tawba – V.100)

Un groupe de personnes qui attribue le mensonge au Messager (Salla Allahu

‘alayhi wa salam) ou qui négligerait de transmettre ses paroles après avoir

averti du risque de mentir sur le Prophète (Salla Allahu ‘alayhi wa salam)

mériterait-il d'être décrit comme « Allah les agrée » ?

5. Le fait que des précautions supplémentaires aient été prises dans la

préservation du Qur’an ne signifie pas que le hadith n’a pas été préservé ou

n’étaient pas destinés à être protégés.

Doute n°2 : Aucun effort n’a été fait pour préserver le hadith

Parwez a écrit à propos de la préservation de Hadith :

Page 40: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

« … A travers les questions de l’esprit, si les ahadiths sont si significatif, pourquoi

le Messager n'a-t-il pas pris les mêmes mesures que dans le cas du Saint

Qur’an? Au contraire, nous trouvons dans un hadith, qui dit clairement que

Muhammad : « Ne rien dicter de ma part, sauf le Qur’an. Si quelqu'un d'entre

vous a écrit un mot autre que le « Qur’an, effacez-le ! »

[Statut actuel du hadith, chapitre 1]

Réponse :

1. Nous avons vu précédemment que le messager d'Allah (‘Alayhi salat wa

salam) a encouragé la mémorisation et la transmission de Hadith.

2. L'interdiction d'écrire autre chose que le Qur’an était une ordonnance

provisoire et une précaution de ne pas mélanger le Qur’an et le Hadith.

Sinon, les ahadiths ont été écrits en présence du Messager d'Allah (‘Alayhi

salat wa salam) (les récits ont été mentionnés plus tôt).

3. C'est ridicule de la part de Parwez de citer un Hadith pour prouver qu'ils

n'étaient pas fait pour être préservés !

Doute 3 : Chaque narrateur de la chaîne (l’isnad) comprend-il correctement

le hadith ?

Parwez écrit :

« Pouvez-vous vous porter garant du caractère de l'individu qui vous rapporte

le hadith ? Comment pouvez-vous dire avec autorité que toutes les

personnes qui rapportaient les paroles de Messager étaient sincères de cœur

ou pouvait-on compter sur elles ? Il ne s'agit pas d'avoir confiance chez ces

auteurs, l’aspect le plus important est qu’ils soient capables de comprendre

parfaitement une déclaration et de l’interpréter correctement.

Si nous pouvons prouver que dans les deux ou deux siècles et demi, les mots

sont capables de rester dans leur forme originale, alors je pense que nous

avons résolu le plus grand mystère de notre époque ... C'est impossible ! »

[Statut actuel du hadith, chapitre 1]

Réponse :

1. La façon dont laquelle le Qur’an a été transmis est le même que celui

utilisé pour la transmission des ahadiths - de génération en génération. Les

individus qui ont transmis le Qur’an sont les mêmes que ceux qui ont transmis

le hadith. Accepter l'un et rejeter l'autre défie la raison. De plus, la promesse

de protection apportée par le Qur’an doit également s’appliquer au Hadith

car il ne sert à rien de protéger les mots mais pas l’interprétation.

Page 41: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

2. Les informations transmises au moyen de sanad ont une authenticité

supérieure.

Les érudits modernes citent les sources de paroles et de faits importants dans

des ouvrages religieux. Même dans les travaux les plus soigneusement

documentés, il existe deux inconvénients,

a) Dans le cas d'œuvres publiées, il y a peu de possibilité de vérifier s'il y a des

fautes d'impression ou d'autres inexactitudes; cela ne se produirait pas si l'on

ne dépendait d'une œuvre qu'après avoir entendu l'auteur lui-même, ou

obtenu une copie certifiée conforme par l'auteur, ou s'il s'agit d'œuvres

anciennes de ceux qui ont eu la possibilité de l'entendre auteur ou son

émetteur agréé.

(b) On est content maintenant de jour en jour avec sa source immédiate,

sans trop se soucier de retrouver les sources précédentes de cette source,

témoin de l'événement. Dans les travaux du hadith, l'affaire a été différente…

"

[Hamidullah Muhammad – Sahifa Hammam Ibn Munabih]

3. Les narrateurs de Hadith transmettent les paroles exactes du Messager

d’Allah (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) et non son explication, comme l'imam

Shafi’i l'a expliqué dans ar-Risaalah (370-371), « … il (le narrateur du hadith)

devrait être l'un de ceux qui peuvent rapporter la hadith tel qu’il l’a entendu,

non pas sur le sens mais avec la formulation exacte, car s’il raconte sur la

base du sens et non avec la formulation exacte, et qu’il n’a pas

connaissance des interprétations possibles, il peut modifier par inadvertance

ce qui est halal en haram. Mais s’il le raconte exactement, il n’y a aucune

crainte que cela change. »

Doute 4 : Le rassemblement et la vérification du hadith est un effort humain

Abul A'la Maududi (le fondateur de Jamat Islami) a écrit :

« Il ne fait aucun doute que le matériel fourni sur les pionniers a une immense

valeur pour les futurs narrateurs de Hadith. La seule question est de savoir

dans quelle mesure ces personnes sont complètement dignes de confiance.

Après tout, elles l’étaient toutes mais reste des êtres humains et nous ne

devons pas nous attendre à ce qu'elles aillent au-delà l'étendue des limites

humaines. Nous ne pouvons pas non plus garantir qu'ils peuvent compenser

la lacune humaine. Comment pouvez-vous affirmer avec certitude que tout

ce qu'ils racontent est infaillible lorsque les auteurs eux-mêmes n'en sont pas

sûrs ? »

Page 42: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Il soutient en outre :

« Par ces exemples, nous ne sous-entendons nullement que leur recherche est

nulle. Notre but est uniquement de faire comprendre que les narrateurs

n'étaient que des humains. Ils n'étaient pas au-dessus des imperfections

humaines. Il est alors obligatoire que quiconque dit qu’ils sont dignes de

confiance doivent être pris avec respect. »

[Tafhimat 1/318]

Réponse :

Il nous suffit de citer l'Imam Ibn al-Qayyim pour répondre à ceux qui ne sont

pas satisfaits de la science de la vérification du Hadith lors de la

détermination de l'authenticité des ahadiths.

L'Imam Ibn al-Qayyim a dit : « S'ils disent: 'Les khabars et les ahadiths du

Messager ne mènent pas à la certitude », ils disent alors la vérité sur eux-

mêmes. Ils n'acceptent pas ces hadiths avec certitude. Par conséquent, ils se

décrivent. Cependant, ils ne disent pas la vérité quand ils prétendent

qu'Ahlul-Hadith et le peuple de Sunna ressentent la même chose. » Il a

également ajouté : « Ils ne connaissent pas les différentes façons de rapporter

un hadith, ce qui a conduit les gens de Sunna à être certain de cela. Par

conséquent, leur affirmation «Nous n’avons aucune certitude quant à sa

validité» ne s’applique pas aux autres…

Il en va de même lorsque l’on dit qu’il ressent de la douleur, du plaisir, de

l’amour ou de la haine, mais qu’une autre personne le défend, essayant de

prouver qu’il ne ressent pas de douleur, de souffrance, d’amour ou de haine.

Il essaie de créer de nombreux doutes, comme s'il disait: « Je ne ressens pas

ce que vous ressentez, donc ce que vous ressentez est faux parce que nous

ne le partageons pas ! » C'est le vrai égarement.

Par conséquent, le dicton suivant est vrai: « Je dis à celui qui nous présente sa

faute comme un cadeau, goûtez ce que nous ressentons et, ensuite, blâmez-

nous, si vous pouvez. » Nous conseillons à ces personnes de concentrer leur

attention sur ce avec quoi le Messager d’Allah (Salla Allahu ‘alayhi wa salam)

a été envoyé. Conservez, recherchez et collectez-le. Étudiez le caractère de

ceux qui l'ont rapporté. Et quand il s'avère que c'est correct, ne l'évitez pas

pour autre chose. Faites de la Sunna le but ultime et le désir derrière vos

efforts ... Alors, et alors seulement, vous saurez,

'Les khabars du Messager d'Allah (‘Alayhi salat wa salam) mènent-ils à la

certitude ou pas ? »

Cependant, si vous lisez (les Khabars du Messager) et que vous ne leur

demandez pas d'informations, ils ne vous mèneront pas à la certitude. Même

si vous dites qu'ils ne vous mènent pas au Dhan, alors vous vous décrivez

Page 43: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

réellement et décrivez ce que vous avez gagné et dont vous avez bénéficié

(les Khabars du Messager d'Allah). »

ANALYSE DE L’EXTRÊME EGAREMENT DES CORANISTES :

Déduire la manière d’adorer (Allah) en l’absence de la Sunna :

Les Coranistes sont confrontés à une situation difficile dans laquelle ils trouvent

des ordres dans le Qur’an pour établir les prières et les autres formes

d'adoration, mais ils n'y trouvent pas les détails requis pour les exécuter. Ils

sont donc obligés de chercher indirectement des instructions dans la Sunnah

ou de contredire l’affirmation selon laquelle le Qur’an est "suffisant et

explicite" en ajoutant des clauses, des règles ou en modifiant complètement

le sens des adorations.

Face au problème de la définition des adorations en l’absence du hadith :

La solution de Rashad Khalifa était de dire :

« Toutes les pratiques religieuses en lslam nous ont été données par Ibrahim et

le Prophète lui-même a suivi la voie d'Ibrahim. Par conséquent, nous devons

prendre nos cultes d'Ibrahim. »

[Le Site International des Soumis unis]

Commentaire :

I) Si aucune forme de guidance non coranique n'a pas sa place dans l'islam,

alors pourquoi la voie (sunna) d'Ibrahim est-elle évoquée dans les affaires du

Din ? Si la réponse à cette question est l'approbation par le Qur’an de la voie

d'Ibrahim (‘Alayhi salam), il en va de même pour la Sunna du Prophète

Muhammad (Salla Allahu ‘alayhi wa salam).

ii) Comment est-il possible que la Sunna du Prophète Ibrahim dont le statut de

prophète ait été limité soit préservée par Allah et que la Sunna du Prophète

Muhammad (‘Alayhi salat wa salam) dont la prophétie continue jusqu'au

Jour dernier ne soit pas préservé ?

iii) Les Coranistes peuvent-ils montrer une chaîne ininterrompue de narrations

d'Ibrahimm à Rashad Khalifa, de telle sorte que le chemin d'Ibrahim soit vérifié

et authentifié ? Ils ne pourront jamais le montrer, mais dans le cas du hadith

du Prophète Muhammad (Salla Allahu ‘alayhi wa salam), il existe alors des

dizaines de milliers de chaînes de ce type permettant de vérifier et

d'authentifier le hadith.

Page 44: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

iv) Comment le chemin d'Ibrahim sera-t-il tracé? Avons-nous des archives

historiques dont l'authenticité est aussi absolue que celle du Qur’an ou allons-

nous déduire le chemin d'Ibrahim des pratiques actuelles des musulmans

fondées sur a Sunna de Muhammad (et cela accepte en fait la sunna)? Ou

le chemin d'Ibrahim sera-t-il déduit de ceux qui revendiquent des racines

abrahamiques comme les Juifs, les Chrétiens, les Druzes ou les Sabéens ?

v) Qu'est-ce qui est plus fiable à déterminer ? La manière authentique du

Prophète Muhammad (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) tirée des vastes

volumes de la littérature du hadith et des récits colossaux sur les narrateurs de

hadith qui existent aujourd'hui avec nous ou la voie d'Ibrahim qui n'en a pas

et qui dépendrait des pratiques et traditions extrêmement différentes qui

existent entre les différentes religions qui se revendique des racines

abrahamiques !

La solution de Ghulam Parwez à cette situation est le rejet catégorique de la

compréhension bien connue de la Salat. Il affirme que le salat a perdu sa

signification religieuse et est simplement un symbole national. Selon lui,

l'unique raison de ne pas abandonner le salat est "parce que des" symboles

nationaux "tels que" salat "aident à maintenir l'harmonie dans la société.

Toutefois, si un gouvernement fondé sur un" système Coranique "se crée, il

aura l'autorité de changer les piliers de l'islam. »

Ghulam Parwez dit à propos des prières individuelles :

« Aussi loin que notre compréhension puisse aller, nous n’avons jamais trouvé

des consignes pour la Salat individuelle dans le Qur’an. »

[Les divers aspects de la prière]

Et il a interprété la prière en groupe comme étant "un rassemblement liée au

temps où, après l'appréciation d’Allah, et à son obéissance et de sa

subordination, des questions importantes sont consultées mutuellement. C'est

ce que l'on appelle la congrégation de la Salat liée au temps de

"consultation mutuelle" et "établissement de Salat" se sont réunis. "As-salatul

jam'ia (la prière en groupe)", donc, en entendant ses paroles, les gens se

réunissaient et la discussion sur cette question était considérée. Cela montre

aussi clairement à quoi ressemblait l’exposition de Salat à cette époque. »

[Les divers aspects de la prière]

Commentaire :

I) Les ahadiths sont nécessaires pour ceux qui souhaitent suivre l'Islam tel

qu'enseigné par le Messager d'Allah (Salla Allahu ‘alayhi wa salam), et

Page 45: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

compris par les Sahabah. Quant à ceux qui souhaitent inventer leur

propre religion et interpréter le Qur’an comme ils le souhaitent, ils n'ont

en effet pas besoin de la Sunna.

ii) Les affirmations de Parwez selon lesquelles, lorsque les gens étaient

appelés avec les mots «As-Salatul Jami'a», ils se réunissaient pour se

consulter mutuellement. Etant donné que cela n'est pas mentionné

dans le Qur’an, sur quelle base s'est-il basé sur des "directives non

coraniques" pour expliquer le "concept coranique" de la prière en

groupe ?

En outre, quelle est la source de cette information ? Il n’est ni

mentionné dans le Hadith ni dans aucune trace historique ?

iii) Dans ses écrits, Parwez cite abondamment l'histoire. Il cite même des

extraits de « l'Encyclopédie Britannique », même si l'enregistrement et la

préservation du hadith sont de loin supérieurs et méticuleux à

l'enregistrement de l'histoire.

iv) De l'avis de Parwez, l'État a le pouvoir de réinterpréter même les

piliers de l'Islam et, par conséquent, il le soumet à l'État. Son point de

vue est que l'Etat est lui-même la religion et l’Islam. Il dit: « Dans la

religion, toute la vie de l'homme est en obéissance à un ordre collectif.

Dans la phraséologie moderne, on l'appellerait" État ". En d’autres

termes, pour agir sur la religion, il est nécessaire d’avoir un «État

indépendant». (Les raisons du déclin des musulmans)

Amin Islahi, qui a une orientation légèrement différente en ce qui

concerne les hadiths, face à la même situation, a proposé sa propre

solution. Il dit :

«À ma connaissance, il n’existe pas de hadith qui satisfasse le

définition de khabar at-tawatur. (C’est-à-dire un hadith Mutawatir). »

(Différence entre hadith et Sunna)

Ainsi, à son avis, tous les ahadiths sont des ahad et ne peuvent être des

sources indépendantes de croyances ou d’actions. Cependant, il accepte le

rôle du Prophète (Salla Allahu ‘alayhi wa salam) en tant qu'enseignant du

Qur’an et dit :

« Le point de vue de ceux qui ne croient pas en la Sunna, c’est-à-dire que le

rôle du Prophète (‘Alayhi salat wa salam) est simplement celui d’un courrier

que délivre la poste est absolument dénué de fondement et insensé. Le

Prophète (‘Alayhi salat wa salam) n’est pas uniquement un messager qui a

délivré le Livre à l’humanité mais est simultanément un enseignant de la

Page 46: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Shari’a et un purificateur d’âmes. » Et il déclare : « La Sunna nous lie autant

que le Qur’an lui-même. »

Son point de vue est que :

« La Sunna n'a pas été fondée sur les ahadiths, qui ont une perspective

inhérente d’avoir raison ou tort… Au contraire, elle repose sur l’adhésion

perpétuelle de la Ummah à celle-ci. De même que la véracité du Qur’an est

prouvée par la perpétuité de l'adhésion verbale, la véracité de la Sunna est

également prouvée par la perpétuité de l'adhésion de la Ummah à celle-ci.

Par exemple, nous n'avons pas adopté les prières, le pèlerinage, etc. dans

tous leurs détails, car quelques narrateurs nous les ont expliquées, mais nous

agissons de manière particulière parce que le Prophète (Salla Allahu ‘alayhi

wa salam) a agi en conséquence. Par la suite, par son intermédiaire, il a

appris aux Compagnons, et à travers eux, les disciples des compagnons, puis

leurs successeurs, appris par les disciples. De cette manière, les générations

suivantes ont continué à apprendre par l’intermédiaire de leurs

prédécesseurs. Dans le cas où les enregistrements narratifs témoignent

également à cet effet, cela devrait être considéré comme un témoignage

supplémentaire. » (Fin de citation)

Commentaire :

1) Le mécontentement des Rejeteurs de hadiths face à la science de la

vérification de Hadith est un signe de leur ignorance des différents modes de

transmission du hadith, comme l'a souligné l'imam Ibn al-Qayyim.

2. Le mode de transmission décrit par « l'adhésion perpétuelle de la Umma »,

c’est-à-dire que les compagnons ont appris du Prophète (Salla Allahu ‘alayhi

wa salam) et l’ont enseigné à la génération suivante, et à la génération

suivante à ceux qui les ont suivis, et c’est la même chose que le mode de

transmission par lequel le hadith a été transmis, mais seulement dans le cas

du Hadith, il a été transmis méticuleusement par une génération d'érudits du

hadiths à la suivante et constituaient des individus voués à la vérification, à la

mémorisation, à la collecte et à la transmission précise du hadith. Quant à la

Umma au sens large, avec le temps, ils se sont scindés en sectes et en

groupes, en désaccord en raison d'interprétations différentes, de pratiques

culturelles adoptées et d'innovations. Comment distinguer les actions

« perpétuellement respectées par la Ummah » et celles qui l'ont été

introduites plus tard ? Par conséquent, il est évident que le savoir sera transmis

de manière authentique et précise.

Page 47: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

3. Même si Amin Islahi dit, « la Sunna nous lie autant que le Qur’an lui-même ».

Il rend cette déclaration dénuée de sens en excluant de la Sunna le hadith

(les déclarations authentiquement transmises du Prophète (‘Alayhi salat wa

salam).

Au total, la source du din selon lui est exclusivement le Qur’an; et il accepte

les rituels religieux répandus au sens le plus large puisqu'il n'y a aucun moyen

d'authentifier les détails spécifiques des adorations sans faire référence au

hadith. C’est exactement ce que Parvez accepte comme étant le din.

4. Accepter les pratiques religieuses existantes donne à Parwez et à Amin

Islahi la commodité de ne pas être obligés d'expliquer les détails spécifiques

des adorations et beaucoup d’autres questions du Qur’an.

Ainsi, ils peuvent exclure le hadith en tant que source définie et

indépendante de la religion sans fournir d’alternative à cela.

5. En dépit de tous les efforts déployés, aucun des trois opposants au hadith

ne pourrait réellement se libérer de sa dépendance à l'égard des

connaissances acquises grâce au hadith. Rashad Khalifa doit corriger son

problème en acceptant le hadith au nom de « Sunna d’Ibrahim ».

Amin Islahi a dû accepter le hadith en le décrivant plutôt comme une

« adhésion perpétuelle de la Ummah ».

Ghulam Parwez a reconnu par inadvertance le hadith en le qualifiant de

« recherche historique », comme il l'écrit dans le livre "Islam - un défi à la

religion » :

« Le livre qu’Allah a donné à Muhammad (‘Alayhi salat wa salam) par

révélation et qu'Il a transmis aux musulmans sous la forme dans laquelle nous

le connaissons aujourd'hui. Les preuves internes fournies par le Qur’an lui-

même ainsi que des recherches historiques prouvent sans l'ombre d'un doute

que même une virgule du texte coranique original n'a pas été modifiée ou ne

le sera probablement pas à l'avenir. »

Quelles recherches historiques couvrent les détails de la collection et de la

préservation du Qur’an en dehors de la littérature du hadith ?

ANNEXE : UNE REPONSE AUX DOUTES PROPAGES PAR

MAULANA MAWDUDI SUR LA SCIENCE DE VERIFICATION DU

HADITH

Maulana Mawdudi expose longuement ses points de vue sur le hadith et la

science de vérification du hadith dans son ouvrage « Tafhimat Vol.1 – p.359 -

362 » où il dit : « … Notre intention est plutôt de préciser que ceux (les

Muhaddithin) qui ont critiqué ou loué des individus étaient après tout des

Page 48: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

humains. Ils avaient aussi des faiblesses humaines. Est-il nécessaire que ceux

qu'ils ont déclarés dignes de confiance soient dignes de confiance dans tous

leurs récits… De plus, déterminer avec précision la mémoire de chaque

individu, sa bonne intention et sa maîtrise de soi, etc., est encore plus

difficile… C'est grâce à cela et des raisons similaires pour lesquelles la

connaissance de l’isnad, du Jarh et Ta'dil ne peut être considérée comme

correcte dans son intégralité. Ce matériel est fiable dans la mesure où il aide

dans la recherche de la Sunnah et d'Athar du Prophète (‘Alayhi salat wa

salam) et peut être dûment pris en considération, mais ce n'est pas de son

statut qu'on puisse s'y fier complètement. »

A la page 356/357, il écrit :

« La première chose qui est examinée pour juger une narration est le statut

des narrateurs. À cet égard, chaque narrateur est examiné de différentes

manières, qu'il soit un menteur, insouciant dans ses narrations, pécheur ou

hérétique, douteux ou faible. En sa mémoire, si son état est inconnu ou si son

état est connu, le statut des narrateurs a été examiné par les Muhaddithin,

qui a ainsi présenté une collection glorieuse sur Asma 'ar-Rijal (l'étude des

narrateurs). Lesquelles sont sans aucun doute inestimables. Mais que parmi

celles-ci ne sont-elles pas sujettes aux erreurs ? Tout d’abord, il est difficile de

connaître avec exactitude la biographie des narrateurs, leur mémoire et leurs

autres qualités intérieures. Deuxièmement, les personnes qui se sont formé

une opinion à leur sujet n’étaient pas eux-mêmes exempt des faiblesses

humaines. Le Nafs (désirs) accompagne tout le monde et il est fort possible

que des opinions personnelles se soient immiscées dans la formation d'une

opinion, bonne ou mauvaise, sur des individus… »

Clarification :

Premièrement: la science du hadith et de l'isnads (chaînes de narrateurs) est

l'une des caractéristiques spéciales de cette Umma. Aucune autre nation, à

l'instar de cette Umma, n'a prêté attention aux chaînes de narration par

lesquelles leurs livres et leur religion ont été transmis. C'est pourquoi les textes

d'autres nations ont été soumis à des distorsions et des fabrications, et il leur

est devenu impossible de connaître la religion pure et de se renseigner sur les

récits des Prophètes de manière solide et authentifiée. Les érudits du hadith

se sont efforcés d'atteindre une position éminente dans ce domaine, comme

Allah les a honorés en s'efforçant de préserver sa religion et la Sunna de Son

Prophète (‘Alayhi salat wa salam).

Muhammad ibn Hatim ibn al-Muzaffar (Rahimahullah) a déclaré :

« Allah a honoré cette Ummah et l'a favorisée par rapport aux autres en la

bénissant avec l'Isnad. Aucune autre nation n'a cette bénédiction, et ils ne

Page 49: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

font pas la distinction entre ce qui a été révélé dans la Torah et Ia Bible et ce

qui a été apporté par leurs Prophètes, et ce qui S'ajoutent à leurs livres de

narrations transmises de sources non authentiques. Cette Ummah rapporte le

hadith d'un individu digne de confiance, connu à son époque pour sa

sincérité et son honnêteté, d'une personne avec les mêmes caractères que

lui, et ainsi de suite jusqu'à la fin de la chaîne des narrateurs. Ensuite, ils ont

recherché très attentivement qui avait la mémoire la plus forte et la plus

précise, et qui passait plus de temps avec celui à qui le hadith avait été

transmis et qui passait moins de temps, puis ils écrivaient le hadith de plus de

vingt chaînes de narration, afin de pouvoir être sûr d'avoir éliminé toute faute

ou erreur, et ils l'ont écrite exactement telle qu'elle a été racontée. C'est l'une

des plus grandes bénédictions qu'Allah a accordé à cette Ummah. Nous

demandons à Allah de nous inspirer à le remercier pour cette bénédiction et

nous lui demandons de nous rendre inébranlables et de nous guider vers ce

qui nous rapprochera de Lui et nous obligera à obéir à Lui. »

[Sharaf ashab al-hadith (40)]

Deuxièmement: ce sont les meilleurs qui se sont efforcés de faire en sorte que

leur jugement et leur transmission du hadith se fassent sur la base de

l’honnêteté et de la sincérité, et ce sont eux qui se sont efforcés d’éviter les

fautes et les erreurs étant le plus haut exemple d'équité et d'éviter le

favoritisme lorsqu'il s'agit de préserver la religion d'Allah. Nous voyons donc

‘Ali ibn al-Madini dire que son père était un da'if (faible) et il savait que cette

décision concernant son père garantirait la fin de sa position d'érudit, mais

cela ne l'a pas empêché de déclarer son opinion le concernant (la cause de

la religion passe avant les liens du sang).

Al-Khatib al-Baghdadi (Rahimaullah) a dit :

“Aucun des gens du hadith ne devrait manifester de favoritisme à l'égard de

la science du hadith, que ce soit envers son père ou son fils. » ‘Ali Ibn ‘Abd

Allah al-Madini, un érudit éminent du hadith à son époque, n’a jamais même

rapporté une lettre suggérant que son père était fort dans le hadith, plutôt ce

qui a été rapporté de lui était le contraire de cela. »

[Sharaf ashab al-hadith (41)]

Ibn Hibban a dit dans al-Majruhin (2/15):

« ‘Ali ibn al-Madini a été interrogé sur son père et il a répondu: « Demande à

quelqu'un d'autre. Ils ont dit: « Nous te demandons à toi. » Il a fait une pause

puis il a relevé sa tête et a dit : « Si cela a à voir avec la religion ; mon père est

da'if (faible). »

Page 50: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Yahya ibn Ma'in a parlé d'un de ses amis qu'il aimait et al-Husayn ibn Hibban

a raconté qu'il avait parlé de Muhammad ibn Salim al-Qadi :

« Par Allah, il est notre ami et il nous est cher, mais il n'y a aucun moyen de le

louer et je ne recommande à personne de rapporter de lui ou d'encourager

les autres à le faire. » Et il a dit : « Par Allah, il a beaucoup entendu et il est

bien connu, mais il ne se limite pas à ce qu'il a entendu, il inclut plutôt des

choses qu'il n'a pas entendues. » Je lui ai dit : « Devrait-il être rapporté de lui

? » Il a dit, « Non. » [Tarikh Baghdad (5/325)]

Jarir ibn ‘Abd al Hamid a déclaré à propos de son frère Anas : « On ne doit

pas rapporter de lui. Il dit des mensonges quand il parle aux gens. »

[Al-Jarh wal Ta’dil 2/289]

L'imam al-Bukhary a beaucoup rapporté dans son Sahih de son shaykh,

Muhammad ibn Yahya al-Dhuhali, en dépit du préjudice qu'il a subi à la suite

d'un malentendu entre lui et le shaykh qui l'a abandonné. Mais cette inimitié

ne l'a pas empêché d'accepter et de raconter son hadith.

Ils accepteraient le hadith de ceux qui avaient des opinions et des croyances

différentes - s’il était prouvé que (le narrateur) était honnête et sincère. Le fait

qu'un narrateur soit un disciple de la Bid’a ne les a pas empêchés de le juger

sur la base de l'équité, car ils ont tenu compte des Paroles d'Allah : « Ô les

croyants! Soyez stricts (dans vos devoirs) envers Allah et (soyez) des témoins

équitables. Et que la haine pour un peuple ne vous incite pas à être injustes.

Pratiquez l’équité: cela est plus proche de la piété. Et craignez Allah. Car

Allah est certes Parfaitement Connaisseur de ce que vous faites. » (Sourate Al-

Ma’ida – V.8)

Yahya ibn Ma'in a été interrogé sur Sa’id ibn Khuthaym et il a répondu :

« Il est un Kufi (de la ville de Kufa) et il n’y a rien qui cloche avec lui; il est

digne de confiance. » Il a été dit à Yahya : « Est-il chiite ? »

Il a dit: « Un chiite de confiance, un Qadari de confiance. »

[Tahdib al-Kamal 10/414]

Troisièmement, tout comme ils comprenaient le sérieux de ternir illégalement

l'honneur des personnes, ils comprenaient également le sérieux de mal parler

d'un narrateur, car cela pouvait avoir une incidence sur l'acceptation ou le

rejet du hadith du Messager d'Allah (Salla Allahu ‘alayhi wa salam).

Muhammad ibn Sirin a dit : « Cette connaissance est le fondement de la

religion, alors veillez de qui vous apprenez votre religion. » [Rapporté par

Muslim dans son introduction de son Sahih]

Page 51: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Ibn Daqiq al-Eid a dit :

« L'honneur des musulmans est une fosse aux enfers. Deux groupes se tiennent

au bord de cette fosse: les muhaddithin et les juges. »

[Tadrib al-Rawi 2/369]

Une telle piété et une telle conscience doivent inévitablement avoir un grand

effet d'équité et chercher à avoir raison quand on juge les narrateurs. C’est

ce qui a été stipulé par les érudits pour tous ceux qui veulent interroger les

narrateurs et porter un jugement à leur sujet.

Ad-Dhahabi a déclaré dans al-Muqizah (82) :

« Juger les narrateurs nécessite beaucoup de piété et de liberté, et doit

posséder une expérience approfondie de la science du hadith, de ses fautes

et de ses narrateurs. »

Al-Mu'allimi (rahimahullah) a déclaré dans al-Tankil (1/54) :

« Les imams du hadith sont compétents et prudents et s'efforcent d'éviter les

erreurs, mais ils diffèrent à cet égard. »

Quatrièmement: Oui, aucun d’entre eux n’est infaillible et il est possible qu’il y

ait des erreurs dans ce que certains d’entre eux disent. Il est également

possible que certaines de ces erreurs soient dues à l'amour ou à la haine de

quelqu'un. Certaines choses de cette nature se sont effectivement produites,

car aucun être humain ne peut en être totalement exempt. Mais cela ne

devrait pas être une raison de douter de tous leurs jugements, et ce pour les

raisons suivantes :

1 - Parce que ce sont là quelques erreurs par rapport au grand héritage laissé

par les plus grands érudits du hadith et d’al jarh wal ta'dil, dont la grande

majorité est basée sur l’honnêteté et l’équité. Il est donc injuste de négliger

cela à cause de quelques erreurs.

2 - Parce que les érudits ont souligné ces erreurs et les ont soulignées dans

leurs commentaires. Quel que soit le motif, qu'il s'agisse d'inimitié, d'envie ou

d'une différence de madhab, ils rejetteraient les jugements injustes et

rendraient des jugements équitables concernant un narrateur spécifique.

En conséquence, aucun des érudits n'a accepté l'opinion de l'imam Malik

concernant Muhammad ibn Ishaq, l'auteur d'al-Maghazi, selon laquelle il était

l'un menteur, fabricateurs de hadith, quand ils ont compris que cette

déclaration était fondée sur le ressentiment et des raisons personnelles. Ils le

jugeaient plutôt comme «hasan al-hadith» (c’est-à-dire un bon narrateur) et

les principaux spécialistes du hadith utilisaient ses paroles comme preuves.

Page 52: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

Et ils n'ont pas accepté le point de vue d'al-Nasa'i concernant Ahmad ibn

Salih al-Masri, ni celui de Rabi'ah concernant Abu'l-Zinad 'Abd-Allah ibn

Dhakwan. Voir al-Raf 'wa'l-Takmil (409-432).

Abu Hatim al-Razi (Rahimahullah) a dit :

« Il n'y a jamais eu de pays depuis qu'Allah a créé des gardes d'Adam qui

préservent l'héritage des Messagers, sauf dans cette Umma. Un homme lui dit

: « O Abu Hatim, il y a peut-être des récits sans fondement et qui ne sont pas

sains ? » Il a dit: « Leurs érudits reconnaîtront le bon de l’affaiblissement.

Alors ils ont préservé cette science (du hadith) afin que les gens qui sont après

eux aient pu distinguer entre les informations et les conserver. » Puis il dit :

« Qu'Allah ait pitié d'Abu Zur'ah; par Allah, il s'est efforcé de préserver

l'héritage du Messager d'Allah (‘Alayhi salat wa salam). » [Sharaf ashab al-

Hadith]

Vous devriez comprendre qu'Allah a préservé cette religion par Sa grâce et

Sa bénédiction et que la Sunna a été préservée et qu'Allah a garanti de

préserver Sa religion. Il n’est donc pas possible pour les érudits d’accepter à

l’unanimité d’authentifier un narrateur faible, de critiquer ou de condamner

un bon narrateur.

Au contraire, vous constaterez inévitablement que la vérité et l’équité sont

très évidentes dans les opinions de la majorité des savants et dans la plupart

des questions de religion.

L'imam al-Dhahabi (rahimahullah) a déclaré à al-Muqizah (84) :

« Le même Imam peut être plus généreux ou plus aimable à l'égard d'une

narration conforme à son madhab ou au madhab de son shaykh que

d'autres rapports qui disent le contraire. Mais seuls les prophètes sont

infaillibles. Mais cette religion est soutenue et protégée par Allah, qu’il soit

exalté et que ses érudits ne se mettent jamais d’accord sur un égarement, ni

délibérément ni par erreur, de sorte que deux érudits ne seront jamais

d’accord pour classer un narrateur faible comme sain ou un narrateur sain

comme faible.

Leurs différences porteront plutôt sur la force ou la faiblesse du narrateur.

Celui qui prononce de tels jugements parle de ses propres efforts, de sa force

et de ses connaissances. S'il se trouve qu'il commet une erreur de jugement, il

n'aura alors qu'une récompense. Et Allah est la source de force. »

Ibn Kathir a déclaré dans al-Ba'ith al-Hathith (1/11) :

« Quant aux paroles de ces imams qui ont pris en charge cette tâche

(d'examiner le hadith), ils devraient être acceptés sans question ni mention

Page 53: 1 LA PHILOSOPHIE ET SON CONFLIT AVEC L‘ISLAM

de la raison, en raison de leur connaissance et de leur profonde

compréhension de ce domaine, et en raison de leur réputation d'être connus

pour l’honnêteté, religieusement engagé, expérimenté et sincère, en

particulier s’ils conviennent à l’unanimité qu’un narrateur est faible, ou qu’il

doit être ignoré, ou un menteur, etc. Le muhaddith qualifié n’hésitera pas à

être d’accord avec eux lorsqu’ils prendront une décision de cette nature en

raison de leur honnêteté, de leur loyauté et de leur sincérité. C'est pourquoi

ash-Shafi'i a déclaré à plusieurs reprises, lorsqu'il commentait les ahadiths :

« Aucun des érudits ne considérerait ce hadith comme étant sain », alors il le

rejetterait et ne le citerait pas comme une preuve sur cette base.

Enfin, on devrait se contenter de la bénédiction qu'Allah a accordée à cette

Ummah au moyen de cette branche noble de la connaissance, et ne pas se

laisser emporter par des doutes sur les ahadiths authentiques. La raison nous

dit que nous ne devrions pas rejeter les efforts de milliers d’érudits sincères au

cours des siècles sur la base de quelques erreurs ici et là. Pour apprécier la

science de la vérification de Hadith, il faut s’efforcer de lire les nombreux

livres sur le sujet, et l’on ne peut s’empêcher de s’étonner des énormes efforts

déployés pour vérifier un seul hadith. Même l'orientaliste Margoliouth a

déclaré : « Les musulmans peuvent se vanter de leur science du hadith. »